Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-06
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 septembre 1921 06 septembre 1921
Description : 1921/09/06 (N18533). 1921/09/06 (N18533).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
20 Fructidor, An 129. — N° 18533
te otuaéro : QUINZE CENTIMES
T -
Mardi 6 Septembre 1921. — N° 18533
* Fondateurs (SBS9) »
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Ion un Sixatcb Trâcnftf*
SEINE & S.-ET-OISB. 3S la 33 » le »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 B il »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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OPINIONS
-
La limilafion des armements navals
Le problème de la limitation des armements
Bavais se présente sous un tout autre aspect
que celui de la réduction des armements mili-
taires. La défaite de l'Allemagne a, à mon
, singulièrement simplifié celui-ci ; la des-
truction de ses flottes et la perte de son em-
pjrj colonial n'ont, en rien, modifié celui-là,
Que les alliés et associés elfe la grande guerre
comme le traité de Versai lles leur en donne
le droit et leur en impose le devoir, exigent
et poursuivent sans faiblesse le désarmement
effectif de l'Allemagne, qu'ils constituent ute
commission de contrôle chargée de veiller avec
un soin attentif à ce que l'Allemagne, restant
ciesara&ée, ne devienne plus un danger paur la
paix, et l'en aura fait un pas considérable dans
le sens du désarmement général sur terre. Je
ne vois pas quelle est celle des nations conti-
nentales, plus particulièrement intéressées à la
solution de ce problème, qui pourrait y faire
obstacle. Ce n'est pas, bien certainement, du
côté cb la France, que viendront les difficul-
tés, le jour où elle pourra considérer sa sécu-
rité comme absolument garantie et assurée.
La limitation des armements navals intéresse
surtout les puissances maritimes. Sans mécon-
naître l'importance de la question pour des na-
tiens plus terrestres que maritimes, telles la
France, l'Italie, PEspagne, que le problème
méditerranéen ne saurait laisser indifférentes, il
est permis de penser que la réduction ou la li-
mitation des armements sur mer est d'un inté-
rêt beaucoup plus immédiat et beaucoup plus
considérable pour l'Angleterre, les Etats-Unis
et le Japon. Leur position géographique même
l'indique. Et je ne crois pas m'aventurer beau-
coup en disant que la question du Pacifique.
qui di vi se, depuis longtemps déjà, la Granck
République américaine et l'Empire du Soleil
Levant, ne fut pas complètement étrangère à
la décision du président Harding de convoquer
ls conférence de Washington.
-«9*.
La situation la plus délicate est assurément
elle de la Grande-Bretagne. Ce n'est un sc-
xsi pour personne que l' Angleterre a pour-
rai vi, pendant plus de deux siècles, inlassa-
blement, et avec un esprit de suite qui honore
la plus haut degré ses hommes d'Etat, son
lève d'hégémonie des mers. La Hollande.
i''fop3gne, la France savent ce qu'il leur a
coûté d'avoir voulu lui disputer la suprématie
rMritime. N'est-ce pas enfin, — outre sa fidé-
lité aux traités qui garantissaient la. neutralité
c;i.e la Belgique, — parce que la mariine alle-
mande oonmmençait à i. lui porter ombrage,
qu'elle s'est résolument engagée dans la lutte
contre l'Allemagne : le soin qu'elle a pris-à
supprimer immédiatement la puissance mari-
time allemande permet du moins, de le sup-
poser.
C'est que la maîtrise de la mer est pour
le Royaume-Uni une nécessité absolue. Au
concours institué, en 1902, par le « Royal
United Service Institution », au sujet du rôle
de la marine en temps de guerre, l'officier an-
glais qui obtint le premier prix écrivait dans
sco mémoire : « Il est nécessaire, pour notre
existence comme Empire, que nous ayons la
commandement de la mer. Pour nous, la ma-
rine de commerce est le seul moyen de comma-
ni cation possible avec ces divers fragments de
l'Empire (les possessions coloniales). Les tou-
tes commerciales sont nos chemins de fer et
nos routes militaires. » Et un peu plus loin :
CI Mess si nos navires venaient à être chassés
des mers, l'Empire tomberait en morceaux par
faute 'de communications entre ses diverses par-
ités. » Sa conclusion, la voici : « Le comman-
dement de la mer n'est donc point pour r Em-
"ire britannique, une simple formule, MAIS
HiEN, UNE NECESSITE ABSOLUE.
Sans cela, c'est indiscutable, l'Empire est dé-
membré." En un mot, NOS FRONTIERES
SQtJT LES COTES DE L'ENNEMI. »
Je m'excuse de la longueur de ces citâtions.
Mais combien n'éclairent-elles pas le sujet que
nous nous proposons de traiter ! Pour conser-
ver cette maîtrise des océans, 1 Angleterre n'a
reculé devant aucun sacrifice. Il suffit de sui-
vre, année par année, le développement de
Sm budget naval. Pour être toujours à même
de-lutter victorieusement contre celles des puis-
sances maritimes qui pourraient encore être ten-
tées de lui disputer cette suprématie, elle a
proclamé et longtemps appliqué, avec une in-
flexible rigueur, le principe du « double éten-
dard M. Ce principe CQusiste; on le sait, à avoir
toujours une flotte capable de lutter contre les
fyues réunies des deux puissances maritimes
és plus fortes. Il implique la mise en chantier
de deux cuirassés, chaque fois que ces puis-
sances en construisent un. « Va-t-on bientôt
s'arrêter ? Et à quel chiffre ? » demande M.
Hôhe:rtson aux Communes, au cours de la dis-
cussion du budget de 190 1-1902. « Il n y a
pas de limite pouvant être déterminée pour cet-
te dépense, » répond le Premier lord de l'A-
mirauté. re et ta-
Il y avait une limite. L'extraordinaire et ta-
pide développement des marines allemande,
française, japonaise, américaine, amena le gou-
vernement britannique à modifier légèrement sa
doctrine. Le principe du « double étendard »
fut remplacé par celui de la « marge de sé-
curité ». La « marge de sécurité-» devait être
oe 60 pour 100, c' est-à-dire que la flotte an-
g aise devait toujours être supérieure de 60
pour 100 à la flotte de la plus puissante na-
ion maritime après la Grande-Bretagne. Telle
était avant la Grande Guerre la nouvelle doc-
trine de l'Amirauté britannique. Et aujour-
d'hui > L'égalité, si l' on en croit les déclara-
tions cb M. Lloyd George, ces jours derniers,
à la Chambre des Communes, semble lui suf -
fira
,
Quelque hypothèse qu'on envisage, l'An.
gleterre ne saurait, à parler franc, admettre un
changement quelconque dans sa situation pri-
vilégiée sur mer. Plus que jamais, la maîtrise
de la mer lui «st nécessaire Dour le maintien
de ses communications avec les diverses parties
de son empire, accru encore de la plupart des
colonies allemandes. Plus que jamais, les rou-
tes commerciales sont ses chemins de fer et ses
routes militaires. La marine allemande a. dis-
paru. La marine française et la manne italien-
ne — la première surtout — ont été si cruel-
lement éprouvées pendant la guerre qu'elles ne
sauraient constituer une menace pour la Gran-
de-Bretagne. Par contre, le Japon a singuliè-
rement développé la sienne et les Etats-Unis
l' ont suivi dans cet accroissement des arme-
ments navals.
Quelle est la situation de ces deux grandes
nations en face l'une de l'autre ? Quelle est la
situation de l'Angleterre et des Dominions en
face de chacune de ces deux puissances ?
D'autre part, comment concilier le princi-
pe anglais de la « suprématie » avec celui des
Etats-Unis de la « liberté des mers ? » Au-
tant d'éléments, de facteurs, dont il est im-
possible de ne pas tenir compte, quand on
étudie le problème de la limitation des arme-
ments navals. Nus y reviendrons,
Henri MICHEL,
Ancien sénateur, ancien rapporteur
du budget de la marine.
r'
ÉDITORIAL
IJHISTOIRB
et les histoires
Lorsque je considère Je quelle façon les
contemporains de la grande guerre préparent
l'Histoire avec des histoires, j'ai grand peur
que tous les enseignements de mes bons maî-
tres du lycée Henri IV n'aient été que des
« bobards » et je comprends l'unique souci
de Fustel de Coulanges : « Donnez-moi un
texte 1 »
Léon Daudet souffrira que je lui dise
que sa persistance à sacrifier au culte des
fausses idoles, par la légeiide Joffre, est
pour confondre mon entendement.
Lorsqu'il écrit dans r Action Française :
« Joffre ne dépassa pas le délai de quinze
jours pour prendre sa revanche, faisant ainsi
une seule bataille à issue victorieuse de ces
deux formidables chocs, dont le premier
nous avait été contraire », il cède au pen-
chant du romancier, plutôt qu'au sens criti-
que de l' historien.
Tous les témoignages concordent aujour-
d'hui (depuis le général Bonnal jusqu'au
général Clergerie, chers à l'Action Fran-
çaise), pour établir la prodigieuse impré-
voyant de ce casemier du génie improvisé
généralissime.
Quand l'aile droite allemande s'étalait
déjà sur la Belgique, Al. Joffre disait au gé-
néral Lanrezac : « Je n'ai pas l'impression
que les Allemands aient là quelque chose
de sérieux )J. Il laissait s'engager les malheu-
reuses offensives de Lorraine, il perdait la
bataille de Charleroi avec des effectifs su-
périeurs à ceux des Boches ; il précipitait
la retraite pour recourir au système de Vau-
ban, qui devait nous sauver sur l'Y scr ; il
abandonnait dix de nos plus riches départe-
ments à la fureur dévastatrice de l'ennemi ;
il s'apprêtait à franchir la Seine, abandon-
nant Verdun et Paris ; lorsque Galliéni, et
Galliéni seul, eut l'intuition géniale-
malgré la résistance du général Joffre —
d'engager la bataille de l'Ourcq, animatrice
de la. Marne.
D'ailleurs, Léon Daudet est grand admi-
rateur du « Tigre » qu'il appelle (en se
faisant sans doute une pinte de bon sang) :
le « glorieux vieillard ».
Comment explique-t-il donc que le « glo-
rieux vieillard », le « Père la Victoire »,
le « Sauveur Providentiel », ait pu fendre
brutalement l'oreille au général Joffre, si
ce dernier était bien ce conducteur génial de
nos armées françaises ?
Ou Clemenceau a commis un acte de
forfaiture, un crime contre la Nation, en sa-
crifiant un grand capitaine, animateur des
victoires ; ou Joffre n'était qu'un chef inca-
pable que la Convention eût associé au sort
de Custine.
C'est — pour parler comme, naguère, M.
Charles Dupuy - « s'enfermer dans un di-
lemme ».
Je m'étonne que Léon Daudet n'ait ja-
mais voulu nous en sortir. >
EDMOND DU MESNIL.
La répartition
du milliard allemand
Londres, à septembre. — La Westmins-
ter Gazette, traitant de la question des ré-
parations, dit que la France a maintenant
définitivement refusé de ratifier l'accord
conclu à Paris, par lequel le milliard de
marks or payé par l'Allemagne au 31 août
devait aller à la Belgique et à l'Angleterre,
sa propre parl devant provenir du profit
des mines1 de la Sarre.
« Ainsi que nous l'avons dit, ajoute ie
journai, il y a quelques jours, ce serait une
faute de notre part que de nous montrer
trop avides dans cette question. D'autre
part, le gouvernement français a fait an
arrangement avec l'Allemagne pour qu'une
partie du paiement des réparations et du
matériel soit destinée 4 la restauration des
régions dévastées. Nous applaudissons à
cet arrangement, que nous avons nous-
même bien des fois suggéré, mais il est
dair que tous ces paiements variés doi-
vent être crédités à un compte commun,
ou bien il en résultera des embrouillements
à ji'en plus finir, a
Ea passant
Un congrès de noirs
Qui oserait mettre en doute la civilisation
des noirs ? Ils tiennent des congrès : à Bruxel -
les, à Paris, ils palabrent. Comme il convient,
il ne sont pas d'accord : on ne voit, dam tou-
tes ces délibérations, que du bleu.
Mais, aa fait, quel est donc le lien qui unit
tous ces hommes de couleur ? Quel intérêt
commun ont M. Diagne, Marcus Garvey,
les noirs d'Afrique, et ceux d'Asie, et les
« coloredmen » des Etats-Unis ?
Sont-ils de la même race ? Les ethnogra-
phes haussent les épaules. De la même reli-
gion ? Nul n'oserait le prétendre. Se ratta-
chent-ils aux mêmes pays ? M. Diagne se pro-
clame, avant tout, Français, d, au Congrès de
Bruxelles, un sujet anglais qui parlait au nom
des Américains de couleur fut vivement pris
à parti.
Alors ? Il reste cet élément commun à tous
les nègres, qu'ils sont noirs- Et encore le iMg-
ment n' est-il pas exactement le même : pour
vous en convaincre, regardez quand ils sont
à leurs bancs, MM. Diagne, Candace et Bois-
neuf. La teinte varie.
Voyez-vous un Congrès de blancs ? De la
Scandinavie au Portugal, et de Hambourg à
Marseille, tous les congressistes devraient étre
d'accord, parce qu'ils sont pâles de teint !
Alphonse Allais n'j? aûait pas pensé
Et les Jaunes ? Mettez d'accord, si vous
pouooz, Chinois et Japonais, pour ne parler
que de ceux-ci.
L'ambition des noire, réunis rue Blancke, ne
ca point jusqu'au paradoxe de revendication
commune à tous les hommes de même couleerr.
Ils veulent, en derrière analyse, assurer les
droits civiques desrindigènes. Il y a longtemps
que la Ligue des Droits de r Homme s'est
préoccupée de les défendre. Et notre ami Mon-
tel n'a pas attendu les objurgations des dépu-
tés noirs pour prendra en mam la cause de
ceux qui n'ont pas encore l' honneur de possé-
der le bulletin de vole.
La France de la Révolution ne connaît que
des citoyens français : blancs, noirs, jaunes
ou sémrtes. Et elle ne peut qu'offrir son exem-
ple et le rappel des principc3 aux républicains
des Etats-Unis. — J. L.
La fuite de Jéroboam
Jéroboam Mandél n'est plus président du
Conseil général de la Gironde.
Voilà un département qui commence à
se désinfecter. Sentant sa défaite certaine
— malgré sa manœuvre de la. dernière heu-
re, où il agita éperdument la peau du « Ti-
gre », — l'ancienne mouche du coche cle-
menciste n'a pas osé affronter la bataille
et a « retiré » sa candidature.
Le glas de la défaite sonnera désormais
dans toute la Gironde aux longues oreilles
de Jéroboam. C'est la fuite. en E-gypte.
M. fandel n'est plus président
Bordeaux, 5 septembre. — M. Mande!
n'est plus président du Conseil général de
la Gironde. Une réunion préparatoire se
tint le matin : M. Mandel déclara ne pas,
vouloir se présenter aux suffrages de ses
collègues, mais 'il se réserva de poser sa
candidature à la séance du Conseil générai.
Un ferme républicain, M. Catien, désigné
comme président par 25 voix sur 40 vo-
tants, fut alors élu président par 33 voix
sur 50 votants.
Lire dans ce Numéro :
EN 2" PAGE :
— Après le refus de M. de Valera.
- Les lettres de cachet sous la 3e République.
EN 3* PAGE :
- Le pain est cher. A qui la faute ?
- Les retraites veulent vivre dignement.
La véritdble cause
du "malaise" alsacien
M. Hugues Simon, correspondant à Pa-
ris de la République, le grand organe stras-
bourgeois, nous adresse la protestation sui-
vante :
Plusieurs grands journaux parisiens pu-
blient des correspondances d'Alsace-Lor-
raine, articles hâtifs d'enquêteurs mal in-
formés qui tendraient à faire croire que la
plupart des Alsaciens seraient des germu-
nophiles. Les uns prétendent que les cléri-
caux sont influencés par « les Boches » ;
d'après îes autres, ce sont les radicaux,, les
socialistes ou les communistes qui sont
manœuvres par les Allemands.
Nous ne voulons pas douter de la bonne
foi de ces correspondants ou de ces repor-
ters, mais les erreurs qu'ils commettent
sont en train de constituer un danger pour
la causa française à l'étranger et même en
Alsace-Lorraine.
En effet, ces journaux parisiens donnent
de la sorte les meilleurs arguments aux
pangermanistes.
Et il n'y a rien de plus offensant pour les
Alsaciens-Lorrains eux-mêmes que la lec-
ture d'un article où leur journai est dénon-
cé comme recevant de l'argent de propa-
gande allemand, et où on insinue que telle
ou telle grève est fomentée par des menées
ixxl es. Ces articles exercent naturellement
une forte dépression sur l'opinion publique
alsacienne-lorraine, car il n'y a aujourd'hui
un setu parti politique dans le pays bien
français, qui n'ait pas été dénoncé par les
uns ou les autres comme bochisant.
C'est là une des principales causes du
« malaise » alsacien. Ni la question de la
tangue, ni la question des fonctionnaires.
ni la. question de la valorisation n'ont ren-
du la population alsacienne-lorraine aussi
sensible — car elle est légitimement frois-
sée - que le sentiment de ne pas être com-
prise à l'intérieur de îa France,que l'impres-
sion d'être jugée d'après des articles d'en-
voyés spéciaux, qui, sans connaître la lan-
gue et les mœurs du pays, incapables de
lire la plupart de nos journaux, se font ins-
pi.rer par quelques personnages dangereux
et écrivent sans contrôle de funestes con-
tre-vérités. — Hugues SIMON.
Les réformes de M. Leullier
UNE UTILE ORDONNANCE
M. Leullier, préfet de police, vient Je
prier M. Guichard, directeur de la, police
municipale, de vouloir bien faire afficher
et tenir constamment à jour dans tous 15
postes de police de Paris la listé des phar-
macies qui restent ouvertes ; :.
10 Jusqu'à 22 heures ;
2° Pendant toute la nuit : ,,
,) Pendant ia journée des dimanches et
jours fériés.
Cette liste sera communiquée dans tous
les postes à toute personne qui s'y présen-
tera et en fera la demande.
Le même renseignement pourra être de-
mandé par téléphone soit à la direction Ce
la police municipale (Préfecture de police,
Gobelins 43-80 à 43-89.), soit au siège des
dix districts (voir annuaire des téléphones,
à Préfecture de police, commissaires divi-
sionnaires).
De 10 heures du soir à 5 h. 30 du matin,
les personnes qui auraient une ordonnan-
ce urgente à faire exécuter et qui seraient
empêchées, en raison de la distance de se
rendre dans l'une des pharmacies ouvertes
pourront s'adresser dans un poste de po-
lice où un gardien de la paix cycliste sera
mis à leur disposition pour aller faire pré-
parer les médicaments et les porter au do-
micile du malade.
Le concours des gardiens cyclistes ne se-
ra accordé que si les .ordonnances à exé-
cuter pendant la nuit portent de la .main
des médecins traitants la mention « extrê-
me urgence n,
La démolition de la Grande Roue
Les travaux de démolition de la Grande
Roue, qui avaient été commencés en no-
vembre et abandonnés quelques semaines
plus tard, ont été repris hier matin.
LA POLITIQUE ETRANGERE
Le différend serbo-roumain à propos de Banat
---
L'entrée en vigueur du traité de Trianon
va rendre définitif le partage du Banat, enlevé
à la Hongrie et remis par le Conseil suprême,
partie à la Roumanie, partie à la Yougo-Sla-
vie, sans que d' ailleurs ni l' une ni l' autre de
ces deux puissances s'en montre satisfaite.
Il a pu sembler un instant que le différend
entre nos deux alliés balkaniques allait s a-
planir ; c'est tout au moins l'impression qui se
dégageait des négociations entamées entre les
deux pays. Toutefois, si l'on observe avec
quelque attention les manifestations de l'opi-
nion publique, tant à Belgrade qu'à Bucarest,
on se rend compte qu' aucune des deux parties
ne considère en réalité le partage du Banat
comme satisfaisant.
Ainsi, à Belgrade, on paraît n attendre qu u.
ne occasion favorable pour demander la revi-
sion en faveur de la Yougo-Slavie ce la ligne
de démarcation. La presse serbe revient avec
insistance sur ce problème et déclare que M-
mais le royaume S. H. S. ne consentira à
abandonner définitivement à la Roumanie des
territoires auxquels il estime avoir droit. Une
broshure, intitulée « La question du Banat ),
publiée à Paris, résume en termes violents les
griefs des Serbes contre les Roumains. L'au-
teur de la brochure, qui signe modestement
« Impartial », estime que la Roumanie s'est
agrandie outre mesure, même aux dépens ce
son alliée la Selbie qui, pourtant, a supporte
durant la guerre des sacrifices bien plus lourds.
Tandis que l'étendue de la Yougo-Slavie n 'C£!
que cb 243.000 kilomètres carrés, avec \¡ne
poulation de 13 imitions d habitants, la Rou-
manie, qui n* a subi que deux ans de guerre,
qui n'a eu que la' moitié de son territoire en.
rab. oui a signé avec l'ennemi une paix se-
parée, a réussi à tripler le chiffre de ses ha-
bitants et l'étendue de son territoire. L'auteur
de la brochure ne dissimule pas son dépit qui,
dit-il, est celui de tous ses compatriotes, de
voi si peu récompensée la vaillante, Serbie, l'e
tous les Alliés celui qui a le plus souffert du-
rant la guerre-
Bien que les Scribes ne soient pas en majorité
dans le Banat — saura-t-on jamais quelle est
la nationalité qui domine dans cette poussière
ck peuples — ils estiment que dans la cons-
cience nationale, le Banat a toujours été con-
sidéré comme une province foncièrement serbe
à travers les siècles, une province où se trouve
le berceau des plus anciennes familles du pays
et où l'on rencontre les plus anciens monas-
tères de l'Eglise serbe. « Impartial » en con-
clut naturellement à la nécessité d'un nouveau
partage du Banat, partage favorable à la You-
go-Slavie,
- De leur côté, les Roumains sont mécon-
tents. Ils se plaignent de ce que le Conseil
suprême ait permis le morcellement d'une ré-
gion qui forme une unité géographique et éco-
nomique et qui, selon eux, devait leur reve-
nir intégralement.
Pour nous, il se dégage une leçon de ces
reproches et de ces récriminations. La faute
de nos négociateurs a été de ne pas organiser
à temps dans le Banat un plébiscite qui dit
indiqué la volonté des habitants. Autrefois, le
Banat était une province riche et paisible. Il
est aujourd'hui déchiré par des tiraillements
aggravés par la rivalité des deux Etats qui se
disputent sa possession. Une région fertile, qui
jadis, nous envoyait le surplus d* ses récoltes,
est menacée aujourd'hui de sombrer dans l'a-
narchie, le cJéfaut:& production et la déca-
dence économique. Une faute de plus à la
p hiatse des rédacteurs des traités de paix.
I Q A GENEVE Q
La seconde Assemblée à la Société
des Nations s'est ouverte hier
L'Assemblée générale de la Société des
nations s'est ouverte., hier, à Geuève, pour
la seconde fois depuis la. constitution de
la, Ligue. Quarante-huit Etats sont reé-
sentés. Deux membres de laLigue, toute-
fois, n'ont pas envoyé de délègues. Ce sont
l'Argentine et le Salvador. Par contre, les
représentants des nouveaux Etats postu-
lants, de la Lithuaniej de l'Esthonie, de
la Lettonie et de ia Hongrie attendent
dans la coulisse une invitation à siéger.
La candidature de l'Allemagne n'a pas
été présentée par le gouvernement du
Reich et la question ne sera pas posée à
moins qu'un avocat improvisé ne se lève
et ne défende pour son propre compte une
idée qui est chère, entre toutes, à plus d'un
pays.
Le programme des débats
Les principales questions inscrites à l'or-
dre du jour sont les suivantes :
Admission '* de la Hongrie dans )a. Société
des nations ; amendements au Pacte; dé-
sarmement; élection à la Cour permanente
internationale de justice; différend polo-
no-lithuanien; frontières d'Albanie.
L'admission de la Hongrie
La Hongrie a demandé son admission
dans la Société, et cetre admission ne sem-
ble pas, au premier abord, soulever de dif-
ficulté. Cependant, on ne peut pas affir-
mer qu'elle sera prononcée sans ce bat, car
les Etats héritiers de l'Autriche-Rongrie :
Tchéco-Slovaquie, Roumanie, Serbo-Croa-
tie sont membres de la Société des nations
et conservent à l'égard de la Hongrie une
certaine méfiance.
Les amendements au Pacte
On a vu ces jours-ci qu'une commission
spéciale s'était occupee de la grosse ques-
tion des amendements au Pacte. Déjà, lora
de la revision de juin dernier, M. iiaifour
avait eu l intention de soulever la queecion
de certaines modifications dans la rédac-
tion du Pacte. Sur l'intervention de la dé-
légation française, qui estimait opportun
d'attendre la presence des Etats-Unis, le
problème fut ajourné. Il a été repris; on
sait que le Canada a demandé, dès l'an
dernier, la suppression pure et simple de
l'article 10, par lequel iéô membrèà de la
Sociétés des nations se garantissent 'mw."
tjueilemenl leur indépendance et leur inté-
gralité territoriale. Malgré l'opposition dé
ia France, représentée par M. Noblemaire,
la commission spéciale a décidé de prendre
e. considération le projet canadien. Maie
êlle ne proposera pas à l'Assemblée la, sup-
pression de cet article; elle se bornera à
demander que la teneur en soit modifiée.
-' Le sort de l'Albanie
Les Albanais se plaignent que leur terri-
toire est. en partie occupé arbitrairement
au nord par les Serbes, au sud par les
Grecs.
Le problème va. venir devant l'Assemblée,
qui devra fixer les frontières de l'Albanie ;
le problème est très délicat, notamment du
fait que la Grèce prétend que l'Epire a été
reconnue sa possession. On prévoit une op-
position serbo-grecque très forte à tous les
projets en faveur de l'Etat albanais.
La Cour de justice internationale
Mentionnons encore différents points que
l'Assemblée va avoir à examiner : une
proposition de la Tchéro-Slovaquie rela-
tive à la constitution de groupes légionaux
d'Etats, et surtout la nomination des mem-
bres de la Cour de justice internationale.
L'Assemblée va, en effet, procéder à la dé-
signation des juges de ce haut tribunal.
On estime que la session durera trois ou.
quatre semaines.
LA PREMIERE SEANCE
Genève, Õ septembre. — La séanoe d'ou-
verture de la seconde réunion du Conseil
de ia Société des nations a eu lieu ce ma-
tin. Comme 1 an dernier, l'Assemblée tient
s&ance clans la. salle de la Réformation.
Les délégués, a raison de trois délégués
principaux et de délégués suppléants, tiont
disposes par ordre alphabétique. Le hasard
de l'alphabet a fait de la France la voisine
de la Grèce et de la Finlande. A noter que
si la délégation argentine est absente, sa
place a éce réservée, pareille à toutes les
autres.
Bientôt la &alle est remplie de aelegués
de tous les pa.ys et de toutes les races :
voici des maharadjas avec leur turban, des
Japonais, des Chinois, des Scandinaves,
et le bataillon solide des Sud-Américains;
voici des femmes déléguées qui viennent de
Suède. et de Norvège; voici Mme Vacares-
co, déléguée de la Roumanie et voici lea
vedettes de l'Assemblée : lord Robert Ce-
cil, MM. Balfour, Hymans, Ador, Braa-
ting, Viviani, Bourgeois, 1'1 ansen: Banès,*
Imperialii, Qumonès de Léon, etc.
Au bureau, ont pris place selon la Cons-
titution, le président en exercice du Con-
seil de la Société des nations, M. Welling-
ton Koo. ayant à sa gauche sir Eric Drum-
mond, secrétaire général de la Société des
nations, et à sa aroite M. Cammerlynck,
interprete du Conseil suprême.
A 11 h. 35, un coup de sonnette marque
l'ouverture de la deuxième séance de l'As-
semblée ds Genève. Un grand silence se
fait, M. Wellington Koo prononce alors
en anglais le discours d'usage.
Apres avoir souhaité la bienvenue aux
delégués, M. Wellington Koo retrace l'œu-
vre accomplie par la S. D. N. depuis sa
fondation, met sous les yeux de l'Assemblée
les grandes lignes de son programme, atr
tirant spécialement son attention sur le
grave problème des amendements au Pacte
du desarmement.
Il termine en. ces terujeji;
- « Chaque jour qui passe montre que la
Société établie par ia j/$ote n'est* éO %u-
cun sens du mot, un super-Etat, et toute
mon expérience de membre du Conseil n'a
fait que: m'en convaincre. Elle est une
union des nations, destinée à éviter les
horribles catastrophes de la guerre, un
moyen pratique de faciliter la conduite
des affaires internationales et de dévelop-
per, d'une façon générale, le bien-être do
l'humanité.
« Elle ne cherche pas à lier ses mem-
bres contre leur volonté ni à les forcer
à agir contre leur désir, mais a pour
objet d'assurer la réalisation de l'Idéal
universel de paix et de justice auquel
aspirent les gouvernements de tous les
peuples.
« C'est le but pour- lequel nous sommes
ici et je suis convaincu que nous ne sau-
rions échouer. H,
L'Assamblée a nommé alors une commis.
sion spéciale pour la vérification des pou-
voirs. Elle élira son président cet après-
midi. Le choix paraît) assez difficile. On
cite notamment; parmi les présidents pos
sibles les noms de MM. Ador (Suisse);
Scialoja, délégué de l'Italie, etc.
LA QUESTION HE S RACES
Le Congrès mondial des Noirs
demande une place à la Société des Nations
La question des races a, depuis Noé, fait
couler bien de l'encre et bien du sang, plus
de sang que d'encre, hélas! Et si certains
savants discutent aujourd hui et critiquent
la vieille division classique de l'humanité
en quatre races, blanche, noire, jaune et
rouge, il n en e.¡>;¡ pas moins vrai que dans
certaines parties au monde les nègres, par
le seul fait de leur pigmentation, ne sont
pas mis sur, le même pied que les « visages
pâles ». ,
Mais ce serait mal poser le problème que
de considérer le nègre comme un être en
soi, îait pour habiter on ne sait quelle
Sion africaine. Il n'y a pas de negres fran-
çais, anglais, américains. Mâi9 il y a des
citoyens français, anglais, américains, por-
tugais, qui sont noirs. Il y en a d'autres
qui sont indépendants, comme les insulai-
res d'Haïti et de la République clomini-
caine. Il y en a d'autres, enfin, qui vivent
à l'état sauvage, par le fait même du rude
climat équatorial, qui ne permet guère à
une race, tant qu'elle le subit, de s'élever
très haut daim l'échelle mentale.
Le problème noir, on le voit, est compli-
qué, et a des côtés physiologiques et ethni-
ques : où commence et où finit le nègre ?
Il a des cotés politiques : la condition
faite aux noirs dans certains pays du glo-
be, et aussi la vieille question coloniale.
Au reste, ce qui ressort le plus nettement
des débats de oe oongrè6, c'est que les noirs
demandent à être traités,, dans chaque na-
tion dont ils sont citoyens, sur le même
pied que les autres nationaux.
Comme disait M. Joseph Prudhomme :
« Ils font passer la oouleur de leur dra-
peau avant la oouleur de leur peau. »
Le programme du congrès
Quel est, au juste, le programme de ce
congrès, qui se tient rue Blandhe, et en est
à sa seconde journée de débats?
Notre confrère Pierre Bonardi en a don-
né un excellent résumé :
« Les indignènes qui vivent entre 1s
Sahara et le Cap de Bonne-Espérance sont
en marge de la vie civilisée et leurs frères
évolués voudraient les y faire entrer. De
plain-pied ou par étapes ?
ci Toute la question est là. et dans les
précédentes séances de Bruxelles, M. Dia-
gne, député a déjà fait admettre CUM rièn
ne se pouvait faire que par lente évolution.
« 11 y a quelque courage de la part de
M. Diagne a soutenir cette thèse qui rend
un peu contradictoire sa présence au Par-
lement français et même aans le gouverne-
ment en qualité de haut commissaire. En
effet, ses électeurs ont été placés sans cette
évolution reconnue nécessaire sur le plan
des citoyens français.
« Le congres, sous ia présidence de ce
parlementaire français, a d abord eu à sa
défendre des suggestions de Marcus Uar-
vey. Marcus Garvey, ayant débute dans la
vie comme typographe, est devenu une
puissante personnalité américaine. Il di-
rige des journaux et, une compagnie de
navigation. 11 estime que ce qu'il a réalisé,
n'importe quel nègre était capable de le
faire et il conclut que l'Afrique aoit être
rendue aux hommes de couleur qui sau-
ront s'y débrouiller sans les blancs. il
ajoute que si les blancs mettaient quelque
mauvaise volonté à débarrasser l'Afrique
de leur présence Importune, on saurait bien
les en chasser, et même les poursuivre jus-
que Europe.
Qu'on ne s'affole pas devant de pareilles
rodomontades, mais qu'on songe pourtant
que la race nègre constitue un tiers environ
cie la population terrestre. Le problème
posé par le congrus pan-africain vaut donc
qu'on s'y passionne. »
Ce sont ces divers problèmes qu'aura à
mettre au net le comité permanent du
congrès, il est ainsi composé :
MM. Diagne, deputé du Sénégal, prési
dent; Gratien Candace, député de la Gua
deloupe; Béton, professeur au lycee Saint
Louis; Ja-ckson, négociant américaln, éta.
bli à Paris ; le docteur Dubois, rédacteui
en chef du Crists, journal mensuel qui sou
tient, en Amérique, les intérêts des noirs,
J. de Magalhaens, médecin portugais, qui
appartient à l'Institut psychologique de
Paris. Tous ces messieurs sont gens de cou-
leur ainsi que Mme Hunt, femme du vice-
consul américain à Saint-Etienne, et Js
secrétaire générai du comité, ancien lieu-
tenant de l'armée américaine, M. Logan.
Le seul blanc (jui fasse partie du comité
est M. Spingarn, ancien capitaine de l'ar-
mée américaine" et le plus grand a-mi des
noirs en Amérique.
Et M. - dans un discours yiyement
te otuaéro : QUINZE CENTIMES
T -
Mardi 6 Septembre 1921. — N° 18533
* Fondateurs (SBS9) »
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Ion un Sixatcb Trâcnftf*
SEINE & S.-ET-OISB. 3S la 33 » le »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 B il »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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RMSHImiitStfdlISlntiai : lord 24-90,24-91— Après 10 1. Il soir : Gutenberg OO-ÎB
OPINIONS
-
La limilafion des armements navals
Le problème de la limitation des armements
Bavais se présente sous un tout autre aspect
que celui de la réduction des armements mili-
taires. La défaite de l'Allemagne a, à mon
, singulièrement simplifié celui-ci ; la des-
truction de ses flottes et la perte de son em-
pjrj colonial n'ont, en rien, modifié celui-là,
Que les alliés et associés elfe la grande guerre
comme le traité de Versai lles leur en donne
le droit et leur en impose le devoir, exigent
et poursuivent sans faiblesse le désarmement
effectif de l'Allemagne, qu'ils constituent ute
commission de contrôle chargée de veiller avec
un soin attentif à ce que l'Allemagne, restant
ciesara&ée, ne devienne plus un danger paur la
paix, et l'en aura fait un pas considérable dans
le sens du désarmement général sur terre. Je
ne vois pas quelle est celle des nations conti-
nentales, plus particulièrement intéressées à la
solution de ce problème, qui pourrait y faire
obstacle. Ce n'est pas, bien certainement, du
côté cb la France, que viendront les difficul-
tés, le jour où elle pourra considérer sa sécu-
rité comme absolument garantie et assurée.
La limitation des armements navals intéresse
surtout les puissances maritimes. Sans mécon-
naître l'importance de la question pour des na-
tiens plus terrestres que maritimes, telles la
France, l'Italie, PEspagne, que le problème
méditerranéen ne saurait laisser indifférentes, il
est permis de penser que la réduction ou la li-
mitation des armements sur mer est d'un inté-
rêt beaucoup plus immédiat et beaucoup plus
considérable pour l'Angleterre, les Etats-Unis
et le Japon. Leur position géographique même
l'indique. Et je ne crois pas m'aventurer beau-
coup en disant que la question du Pacifique.
qui di vi se, depuis longtemps déjà, la Granck
République américaine et l'Empire du Soleil
Levant, ne fut pas complètement étrangère à
la décision du président Harding de convoquer
ls conférence de Washington.
-«9*.
La situation la plus délicate est assurément
elle de la Grande-Bretagne. Ce n'est un sc-
xsi pour personne que l' Angleterre a pour-
rai vi, pendant plus de deux siècles, inlassa-
blement, et avec un esprit de suite qui honore
la plus haut degré ses hommes d'Etat, son
lève d'hégémonie des mers. La Hollande.
i''fop3gne, la France savent ce qu'il leur a
coûté d'avoir voulu lui disputer la suprématie
rMritime. N'est-ce pas enfin, — outre sa fidé-
lité aux traités qui garantissaient la. neutralité
c;i.e la Belgique, — parce que la mariine alle-
mande oonmmençait à i. lui porter ombrage,
qu'elle s'est résolument engagée dans la lutte
contre l'Allemagne : le soin qu'elle a pris-à
supprimer immédiatement la puissance mari-
time allemande permet du moins, de le sup-
poser.
C'est que la maîtrise de la mer est pour
le Royaume-Uni une nécessité absolue. Au
concours institué, en 1902, par le « Royal
United Service Institution », au sujet du rôle
de la marine en temps de guerre, l'officier an-
glais qui obtint le premier prix écrivait dans
sco mémoire : « Il est nécessaire, pour notre
existence comme Empire, que nous ayons la
commandement de la mer. Pour nous, la ma-
rine de commerce est le seul moyen de comma-
ni cation possible avec ces divers fragments de
l'Empire (les possessions coloniales). Les tou-
tes commerciales sont nos chemins de fer et
nos routes militaires. » Et un peu plus loin :
CI Mess si nos navires venaient à être chassés
des mers, l'Empire tomberait en morceaux par
faute 'de communications entre ses diverses par-
ités. » Sa conclusion, la voici : « Le comman-
dement de la mer n'est donc point pour r Em-
"ire britannique, une simple formule, MAIS
HiEN, UNE NECESSITE ABSOLUE.
Sans cela, c'est indiscutable, l'Empire est dé-
membré." En un mot, NOS FRONTIERES
SQtJT LES COTES DE L'ENNEMI. »
Je m'excuse de la longueur de ces citâtions.
Mais combien n'éclairent-elles pas le sujet que
nous nous proposons de traiter ! Pour conser-
ver cette maîtrise des océans, 1 Angleterre n'a
reculé devant aucun sacrifice. Il suffit de sui-
vre, année par année, le développement de
Sm budget naval. Pour être toujours à même
de-lutter victorieusement contre celles des puis-
sances maritimes qui pourraient encore être ten-
tées de lui disputer cette suprématie, elle a
proclamé et longtemps appliqué, avec une in-
flexible rigueur, le principe du « double éten-
dard M. Ce principe CQusiste; on le sait, à avoir
toujours une flotte capable de lutter contre les
fyues réunies des deux puissances maritimes
és plus fortes. Il implique la mise en chantier
de deux cuirassés, chaque fois que ces puis-
sances en construisent un. « Va-t-on bientôt
s'arrêter ? Et à quel chiffre ? » demande M.
Hôhe:rtson aux Communes, au cours de la dis-
cussion du budget de 190 1-1902. « Il n y a
pas de limite pouvant être déterminée pour cet-
te dépense, » répond le Premier lord de l'A-
mirauté. re et ta-
Il y avait une limite. L'extraordinaire et ta-
pide développement des marines allemande,
française, japonaise, américaine, amena le gou-
vernement britannique à modifier légèrement sa
doctrine. Le principe du « double étendard »
fut remplacé par celui de la « marge de sé-
curité ». La « marge de sécurité-» devait être
oe 60 pour 100, c' est-à-dire que la flotte an-
g aise devait toujours être supérieure de 60
pour 100 à la flotte de la plus puissante na-
ion maritime après la Grande-Bretagne. Telle
était avant la Grande Guerre la nouvelle doc-
trine de l'Amirauté britannique. Et aujour-
d'hui > L'égalité, si l' on en croit les déclara-
tions cb M. Lloyd George, ces jours derniers,
à la Chambre des Communes, semble lui suf -
fira
,
Quelque hypothèse qu'on envisage, l'An.
gleterre ne saurait, à parler franc, admettre un
changement quelconque dans sa situation pri-
vilégiée sur mer. Plus que jamais, la maîtrise
de la mer lui «st nécessaire Dour le maintien
de ses communications avec les diverses parties
de son empire, accru encore de la plupart des
colonies allemandes. Plus que jamais, les rou-
tes commerciales sont ses chemins de fer et ses
routes militaires. La marine allemande a. dis-
paru. La marine française et la manne italien-
ne — la première surtout — ont été si cruel-
lement éprouvées pendant la guerre qu'elles ne
sauraient constituer une menace pour la Gran-
de-Bretagne. Par contre, le Japon a singuliè-
rement développé la sienne et les Etats-Unis
l' ont suivi dans cet accroissement des arme-
ments navals.
Quelle est la situation de ces deux grandes
nations en face l'une de l'autre ? Quelle est la
situation de l'Angleterre et des Dominions en
face de chacune de ces deux puissances ?
D'autre part, comment concilier le princi-
pe anglais de la « suprématie » avec celui des
Etats-Unis de la « liberté des mers ? » Au-
tant d'éléments, de facteurs, dont il est im-
possible de ne pas tenir compte, quand on
étudie le problème de la limitation des arme-
ments navals. Nus y reviendrons,
Henri MICHEL,
Ancien sénateur, ancien rapporteur
du budget de la marine.
r'
ÉDITORIAL
IJHISTOIRB
et les histoires
Lorsque je considère Je quelle façon les
contemporains de la grande guerre préparent
l'Histoire avec des histoires, j'ai grand peur
que tous les enseignements de mes bons maî-
tres du lycée Henri IV n'aient été que des
« bobards » et je comprends l'unique souci
de Fustel de Coulanges : « Donnez-moi un
texte 1 »
Léon Daudet souffrira que je lui dise
que sa persistance à sacrifier au culte des
fausses idoles, par la légeiide Joffre, est
pour confondre mon entendement.
Lorsqu'il écrit dans r Action Française :
« Joffre ne dépassa pas le délai de quinze
jours pour prendre sa revanche, faisant ainsi
une seule bataille à issue victorieuse de ces
deux formidables chocs, dont le premier
nous avait été contraire », il cède au pen-
chant du romancier, plutôt qu'au sens criti-
que de l' historien.
Tous les témoignages concordent aujour-
d'hui (depuis le général Bonnal jusqu'au
général Clergerie, chers à l'Action Fran-
çaise), pour établir la prodigieuse impré-
voyant de ce casemier du génie improvisé
généralissime.
Quand l'aile droite allemande s'étalait
déjà sur la Belgique, Al. Joffre disait au gé-
néral Lanrezac : « Je n'ai pas l'impression
que les Allemands aient là quelque chose
de sérieux )J. Il laissait s'engager les malheu-
reuses offensives de Lorraine, il perdait la
bataille de Charleroi avec des effectifs su-
périeurs à ceux des Boches ; il précipitait
la retraite pour recourir au système de Vau-
ban, qui devait nous sauver sur l'Y scr ; il
abandonnait dix de nos plus riches départe-
ments à la fureur dévastatrice de l'ennemi ;
il s'apprêtait à franchir la Seine, abandon-
nant Verdun et Paris ; lorsque Galliéni, et
Galliéni seul, eut l'intuition géniale-
malgré la résistance du général Joffre —
d'engager la bataille de l'Ourcq, animatrice
de la. Marne.
D'ailleurs, Léon Daudet est grand admi-
rateur du « Tigre » qu'il appelle (en se
faisant sans doute une pinte de bon sang) :
le « glorieux vieillard ».
Comment explique-t-il donc que le « glo-
rieux vieillard », le « Père la Victoire »,
le « Sauveur Providentiel », ait pu fendre
brutalement l'oreille au général Joffre, si
ce dernier était bien ce conducteur génial de
nos armées françaises ?
Ou Clemenceau a commis un acte de
forfaiture, un crime contre la Nation, en sa-
crifiant un grand capitaine, animateur des
victoires ; ou Joffre n'était qu'un chef inca-
pable que la Convention eût associé au sort
de Custine.
C'est — pour parler comme, naguère, M.
Charles Dupuy - « s'enfermer dans un di-
lemme ».
Je m'étonne que Léon Daudet n'ait ja-
mais voulu nous en sortir. >
EDMOND DU MESNIL.
La répartition
du milliard allemand
Londres, à septembre. — La Westmins-
ter Gazette, traitant de la question des ré-
parations, dit que la France a maintenant
définitivement refusé de ratifier l'accord
conclu à Paris, par lequel le milliard de
marks or payé par l'Allemagne au 31 août
devait aller à la Belgique et à l'Angleterre,
sa propre parl devant provenir du profit
des mines1 de la Sarre.
« Ainsi que nous l'avons dit, ajoute ie
journai, il y a quelques jours, ce serait une
faute de notre part que de nous montrer
trop avides dans cette question. D'autre
part, le gouvernement français a fait an
arrangement avec l'Allemagne pour qu'une
partie du paiement des réparations et du
matériel soit destinée 4 la restauration des
régions dévastées. Nous applaudissons à
cet arrangement, que nous avons nous-
même bien des fois suggéré, mais il est
dair que tous ces paiements variés doi-
vent être crédités à un compte commun,
ou bien il en résultera des embrouillements
à ji'en plus finir, a
Ea passant
Un congrès de noirs
Qui oserait mettre en doute la civilisation
des noirs ? Ils tiennent des congrès : à Bruxel -
les, à Paris, ils palabrent. Comme il convient,
il ne sont pas d'accord : on ne voit, dam tou-
tes ces délibérations, que du bleu.
Mais, aa fait, quel est donc le lien qui unit
tous ces hommes de couleur ? Quel intérêt
commun ont M. Diagne, Marcus Garvey,
les noirs d'Afrique, et ceux d'Asie, et les
« coloredmen » des Etats-Unis ?
Sont-ils de la même race ? Les ethnogra-
phes haussent les épaules. De la même reli-
gion ? Nul n'oserait le prétendre. Se ratta-
chent-ils aux mêmes pays ? M. Diagne se pro-
clame, avant tout, Français, d, au Congrès de
Bruxelles, un sujet anglais qui parlait au nom
des Américains de couleur fut vivement pris
à parti.
Alors ? Il reste cet élément commun à tous
les nègres, qu'ils sont noirs- Et encore le iMg-
ment n' est-il pas exactement le même : pour
vous en convaincre, regardez quand ils sont
à leurs bancs, MM. Diagne, Candace et Bois-
neuf. La teinte varie.
Voyez-vous un Congrès de blancs ? De la
Scandinavie au Portugal, et de Hambourg à
Marseille, tous les congressistes devraient étre
d'accord, parce qu'ils sont pâles de teint !
Alphonse Allais n'j? aûait pas pensé
Et les Jaunes ? Mettez d'accord, si vous
pouooz, Chinois et Japonais, pour ne parler
que de ceux-ci.
L'ambition des noire, réunis rue Blancke, ne
ca point jusqu'au paradoxe de revendication
commune à tous les hommes de même couleerr.
Ils veulent, en derrière analyse, assurer les
droits civiques desrindigènes. Il y a longtemps
que la Ligue des Droits de r Homme s'est
préoccupée de les défendre. Et notre ami Mon-
tel n'a pas attendu les objurgations des dépu-
tés noirs pour prendra en mam la cause de
ceux qui n'ont pas encore l' honneur de possé-
der le bulletin de vole.
La France de la Révolution ne connaît que
des citoyens français : blancs, noirs, jaunes
ou sémrtes. Et elle ne peut qu'offrir son exem-
ple et le rappel des principc3 aux républicains
des Etats-Unis. — J. L.
La fuite de Jéroboam
Jéroboam Mandél n'est plus président du
Conseil général de la Gironde.
Voilà un département qui commence à
se désinfecter. Sentant sa défaite certaine
— malgré sa manœuvre de la. dernière heu-
re, où il agita éperdument la peau du « Ti-
gre », — l'ancienne mouche du coche cle-
menciste n'a pas osé affronter la bataille
et a « retiré » sa candidature.
Le glas de la défaite sonnera désormais
dans toute la Gironde aux longues oreilles
de Jéroboam. C'est la fuite. en E-gypte.
M. fandel n'est plus président
Bordeaux, 5 septembre. — M. Mande!
n'est plus président du Conseil général de
la Gironde. Une réunion préparatoire se
tint le matin : M. Mandel déclara ne pas,
vouloir se présenter aux suffrages de ses
collègues, mais 'il se réserva de poser sa
candidature à la séance du Conseil générai.
Un ferme républicain, M. Catien, désigné
comme président par 25 voix sur 40 vo-
tants, fut alors élu président par 33 voix
sur 50 votants.
Lire dans ce Numéro :
EN 2" PAGE :
— Après le refus de M. de Valera.
- Les lettres de cachet sous la 3e République.
EN 3* PAGE :
- Le pain est cher. A qui la faute ?
- Les retraites veulent vivre dignement.
La véritdble cause
du "malaise" alsacien
M. Hugues Simon, correspondant à Pa-
ris de la République, le grand organe stras-
bourgeois, nous adresse la protestation sui-
vante :
Plusieurs grands journaux parisiens pu-
blient des correspondances d'Alsace-Lor-
raine, articles hâtifs d'enquêteurs mal in-
formés qui tendraient à faire croire que la
plupart des Alsaciens seraient des germu-
nophiles. Les uns prétendent que les cléri-
caux sont influencés par « les Boches » ;
d'après îes autres, ce sont les radicaux,, les
socialistes ou les communistes qui sont
manœuvres par les Allemands.
Nous ne voulons pas douter de la bonne
foi de ces correspondants ou de ces repor-
ters, mais les erreurs qu'ils commettent
sont en train de constituer un danger pour
la causa française à l'étranger et même en
Alsace-Lorraine.
En effet, ces journaux parisiens donnent
de la sorte les meilleurs arguments aux
pangermanistes.
Et il n'y a rien de plus offensant pour les
Alsaciens-Lorrains eux-mêmes que la lec-
ture d'un article où leur journai est dénon-
cé comme recevant de l'argent de propa-
gande allemand, et où on insinue que telle
ou telle grève est fomentée par des menées
ixxl es. Ces articles exercent naturellement
une forte dépression sur l'opinion publique
alsacienne-lorraine, car il n'y a aujourd'hui
un setu parti politique dans le pays bien
français, qui n'ait pas été dénoncé par les
uns ou les autres comme bochisant.
C'est là une des principales causes du
« malaise » alsacien. Ni la question de la
tangue, ni la question des fonctionnaires.
ni la. question de la valorisation n'ont ren-
du la population alsacienne-lorraine aussi
sensible — car elle est légitimement frois-
sée - que le sentiment de ne pas être com-
prise à l'intérieur de îa France,que l'impres-
sion d'être jugée d'après des articles d'en-
voyés spéciaux, qui, sans connaître la lan-
gue et les mœurs du pays, incapables de
lire la plupart de nos journaux, se font ins-
pi.rer par quelques personnages dangereux
et écrivent sans contrôle de funestes con-
tre-vérités. — Hugues SIMON.
Les réformes de M. Leullier
UNE UTILE ORDONNANCE
M. Leullier, préfet de police, vient Je
prier M. Guichard, directeur de la, police
municipale, de vouloir bien faire afficher
et tenir constamment à jour dans tous 15
postes de police de Paris la listé des phar-
macies qui restent ouvertes ; :.
10 Jusqu'à 22 heures ;
2° Pendant toute la nuit : ,,
,) Pendant ia journée des dimanches et
jours fériés.
Cette liste sera communiquée dans tous
les postes à toute personne qui s'y présen-
tera et en fera la demande.
Le même renseignement pourra être de-
mandé par téléphone soit à la direction Ce
la police municipale (Préfecture de police,
Gobelins 43-80 à 43-89.), soit au siège des
dix districts (voir annuaire des téléphones,
à Préfecture de police, commissaires divi-
sionnaires).
De 10 heures du soir à 5 h. 30 du matin,
les personnes qui auraient une ordonnan-
ce urgente à faire exécuter et qui seraient
empêchées, en raison de la distance de se
rendre dans l'une des pharmacies ouvertes
pourront s'adresser dans un poste de po-
lice où un gardien de la paix cycliste sera
mis à leur disposition pour aller faire pré-
parer les médicaments et les porter au do-
micile du malade.
Le concours des gardiens cyclistes ne se-
ra accordé que si les .ordonnances à exé-
cuter pendant la nuit portent de la .main
des médecins traitants la mention « extrê-
me urgence n,
La démolition de la Grande Roue
Les travaux de démolition de la Grande
Roue, qui avaient été commencés en no-
vembre et abandonnés quelques semaines
plus tard, ont été repris hier matin.
LA POLITIQUE ETRANGERE
Le différend serbo-roumain à propos de Banat
---
L'entrée en vigueur du traité de Trianon
va rendre définitif le partage du Banat, enlevé
à la Hongrie et remis par le Conseil suprême,
partie à la Roumanie, partie à la Yougo-Sla-
vie, sans que d' ailleurs ni l' une ni l' autre de
ces deux puissances s'en montre satisfaite.
Il a pu sembler un instant que le différend
entre nos deux alliés balkaniques allait s a-
planir ; c'est tout au moins l'impression qui se
dégageait des négociations entamées entre les
deux pays. Toutefois, si l'on observe avec
quelque attention les manifestations de l'opi-
nion publique, tant à Belgrade qu'à Bucarest,
on se rend compte qu' aucune des deux parties
ne considère en réalité le partage du Banat
comme satisfaisant.
Ainsi, à Belgrade, on paraît n attendre qu u.
ne occasion favorable pour demander la revi-
sion en faveur de la Yougo-Slavie ce la ligne
de démarcation. La presse serbe revient avec
insistance sur ce problème et déclare que M-
mais le royaume S. H. S. ne consentira à
abandonner définitivement à la Roumanie des
territoires auxquels il estime avoir droit. Une
broshure, intitulée « La question du Banat ),
publiée à Paris, résume en termes violents les
griefs des Serbes contre les Roumains. L'au-
teur de la brochure, qui signe modestement
« Impartial », estime que la Roumanie s'est
agrandie outre mesure, même aux dépens ce
son alliée la Selbie qui, pourtant, a supporte
durant la guerre des sacrifices bien plus lourds.
Tandis que l'étendue de la Yougo-Slavie n 'C£!
que cb 243.000 kilomètres carrés, avec \¡ne
poulation de 13 imitions d habitants, la Rou-
manie, qui n* a subi que deux ans de guerre,
qui n'a eu que la' moitié de son territoire en.
rab. oui a signé avec l'ennemi une paix se-
parée, a réussi à tripler le chiffre de ses ha-
bitants et l'étendue de son territoire. L'auteur
de la brochure ne dissimule pas son dépit qui,
dit-il, est celui de tous ses compatriotes, de
voi si peu récompensée la vaillante, Serbie, l'e
tous les Alliés celui qui a le plus souffert du-
rant la guerre-
Bien que les Scribes ne soient pas en majorité
dans le Banat — saura-t-on jamais quelle est
la nationalité qui domine dans cette poussière
ck peuples — ils estiment que dans la cons-
cience nationale, le Banat a toujours été con-
sidéré comme une province foncièrement serbe
à travers les siècles, une province où se trouve
le berceau des plus anciennes familles du pays
et où l'on rencontre les plus anciens monas-
tères de l'Eglise serbe. « Impartial » en con-
clut naturellement à la nécessité d'un nouveau
partage du Banat, partage favorable à la You-
go-Slavie,
- De leur côté, les Roumains sont mécon-
tents. Ils se plaignent de ce que le Conseil
suprême ait permis le morcellement d'une ré-
gion qui forme une unité géographique et éco-
nomique et qui, selon eux, devait leur reve-
nir intégralement.
Pour nous, il se dégage une leçon de ces
reproches et de ces récriminations. La faute
de nos négociateurs a été de ne pas organiser
à temps dans le Banat un plébiscite qui dit
indiqué la volonté des habitants. Autrefois, le
Banat était une province riche et paisible. Il
est aujourd'hui déchiré par des tiraillements
aggravés par la rivalité des deux Etats qui se
disputent sa possession. Une région fertile, qui
jadis, nous envoyait le surplus d* ses récoltes,
est menacée aujourd'hui de sombrer dans l'a-
narchie, le cJéfaut:& production et la déca-
dence économique. Une faute de plus à la
p hiatse des rédacteurs des traités de paix.
I Q A GENEVE Q
La seconde Assemblée à la Société
des Nations s'est ouverte hier
L'Assemblée générale de la Société des
nations s'est ouverte., hier, à Geuève, pour
la seconde fois depuis la. constitution de
la, Ligue. Quarante-huit Etats sont reé-
sentés. Deux membres de laLigue, toute-
fois, n'ont pas envoyé de délègues. Ce sont
l'Argentine et le Salvador. Par contre, les
représentants des nouveaux Etats postu-
lants, de la Lithuaniej de l'Esthonie, de
la Lettonie et de ia Hongrie attendent
dans la coulisse une invitation à siéger.
La candidature de l'Allemagne n'a pas
été présentée par le gouvernement du
Reich et la question ne sera pas posée à
moins qu'un avocat improvisé ne se lève
et ne défende pour son propre compte une
idée qui est chère, entre toutes, à plus d'un
pays.
Le programme des débats
Les principales questions inscrites à l'or-
dre du jour sont les suivantes :
Admission '* de la Hongrie dans )a. Société
des nations ; amendements au Pacte; dé-
sarmement; élection à la Cour permanente
internationale de justice; différend polo-
no-lithuanien; frontières d'Albanie.
L'admission de la Hongrie
La Hongrie a demandé son admission
dans la Société, et cetre admission ne sem-
ble pas, au premier abord, soulever de dif-
ficulté. Cependant, on ne peut pas affir-
mer qu'elle sera prononcée sans ce bat, car
les Etats héritiers de l'Autriche-Rongrie :
Tchéco-Slovaquie, Roumanie, Serbo-Croa-
tie sont membres de la Société des nations
et conservent à l'égard de la Hongrie une
certaine méfiance.
Les amendements au Pacte
On a vu ces jours-ci qu'une commission
spéciale s'était occupee de la grosse ques-
tion des amendements au Pacte. Déjà, lora
de la revision de juin dernier, M. iiaifour
avait eu l intention de soulever la queecion
de certaines modifications dans la rédac-
tion du Pacte. Sur l'intervention de la dé-
légation française, qui estimait opportun
d'attendre la presence des Etats-Unis, le
problème fut ajourné. Il a été repris; on
sait que le Canada a demandé, dès l'an
dernier, la suppression pure et simple de
l'article 10, par lequel iéô membrèà de la
Sociétés des nations se garantissent 'mw."
tjueilemenl leur indépendance et leur inté-
gralité territoriale. Malgré l'opposition dé
ia France, représentée par M. Noblemaire,
la commission spéciale a décidé de prendre
e. considération le projet canadien. Maie
êlle ne proposera pas à l'Assemblée la, sup-
pression de cet article; elle se bornera à
demander que la teneur en soit modifiée.
-' Le sort de l'Albanie
Les Albanais se plaignent que leur terri-
toire est. en partie occupé arbitrairement
au nord par les Serbes, au sud par les
Grecs.
Le problème va. venir devant l'Assemblée,
qui devra fixer les frontières de l'Albanie ;
le problème est très délicat, notamment du
fait que la Grèce prétend que l'Epire a été
reconnue sa possession. On prévoit une op-
position serbo-grecque très forte à tous les
projets en faveur de l'Etat albanais.
La Cour de justice internationale
Mentionnons encore différents points que
l'Assemblée va avoir à examiner : une
proposition de la Tchéro-Slovaquie rela-
tive à la constitution de groupes légionaux
d'Etats, et surtout la nomination des mem-
bres de la Cour de justice internationale.
L'Assemblée va, en effet, procéder à la dé-
signation des juges de ce haut tribunal.
On estime que la session durera trois ou.
quatre semaines.
LA PREMIERE SEANCE
Genève, Õ septembre. — La séanoe d'ou-
verture de la seconde réunion du Conseil
de ia Société des nations a eu lieu ce ma-
tin. Comme 1 an dernier, l'Assemblée tient
s&ance clans la. salle de la Réformation.
Les délégués, a raison de trois délégués
principaux et de délégués suppléants, tiont
disposes par ordre alphabétique. Le hasard
de l'alphabet a fait de la France la voisine
de la Grèce et de la Finlande. A noter que
si la délégation argentine est absente, sa
place a éce réservée, pareille à toutes les
autres.
Bientôt la &alle est remplie de aelegués
de tous les pa.ys et de toutes les races :
voici des maharadjas avec leur turban, des
Japonais, des Chinois, des Scandinaves,
et le bataillon solide des Sud-Américains;
voici des femmes déléguées qui viennent de
Suède. et de Norvège; voici Mme Vacares-
co, déléguée de la Roumanie et voici lea
vedettes de l'Assemblée : lord Robert Ce-
cil, MM. Balfour, Hymans, Ador, Braa-
ting, Viviani, Bourgeois, 1'1 ansen: Banès,*
Imperialii, Qumonès de Léon, etc.
Au bureau, ont pris place selon la Cons-
titution, le président en exercice du Con-
seil de la Société des nations, M. Welling-
ton Koo. ayant à sa gauche sir Eric Drum-
mond, secrétaire général de la Société des
nations, et à sa aroite M. Cammerlynck,
interprete du Conseil suprême.
A 11 h. 35, un coup de sonnette marque
l'ouverture de la deuxième séance de l'As-
semblée ds Genève. Un grand silence se
fait, M. Wellington Koo prononce alors
en anglais le discours d'usage.
Apres avoir souhaité la bienvenue aux
delégués, M. Wellington Koo retrace l'œu-
vre accomplie par la S. D. N. depuis sa
fondation, met sous les yeux de l'Assemblée
les grandes lignes de son programme, atr
tirant spécialement son attention sur le
grave problème des amendements au Pacte
du desarmement.
Il termine en. ces terujeji;
- « Chaque jour qui passe montre que la
Société établie par ia j/$ote n'est* éO %u-
cun sens du mot, un super-Etat, et toute
mon expérience de membre du Conseil n'a
fait que: m'en convaincre. Elle est une
union des nations, destinée à éviter les
horribles catastrophes de la guerre, un
moyen pratique de faciliter la conduite
des affaires internationales et de dévelop-
per, d'une façon générale, le bien-être do
l'humanité.
« Elle ne cherche pas à lier ses mem-
bres contre leur volonté ni à les forcer
à agir contre leur désir, mais a pour
objet d'assurer la réalisation de l'Idéal
universel de paix et de justice auquel
aspirent les gouvernements de tous les
peuples.
« C'est le but pour- lequel nous sommes
ici et je suis convaincu que nous ne sau-
rions échouer. H,
L'Assamblée a nommé alors une commis.
sion spéciale pour la vérification des pou-
voirs. Elle élira son président cet après-
midi. Le choix paraît) assez difficile. On
cite notamment; parmi les présidents pos
sibles les noms de MM. Ador (Suisse);
Scialoja, délégué de l'Italie, etc.
LA QUESTION HE S RACES
Le Congrès mondial des Noirs
demande une place à la Société des Nations
La question des races a, depuis Noé, fait
couler bien de l'encre et bien du sang, plus
de sang que d'encre, hélas! Et si certains
savants discutent aujourd hui et critiquent
la vieille division classique de l'humanité
en quatre races, blanche, noire, jaune et
rouge, il n en e.¡>;¡ pas moins vrai que dans
certaines parties au monde les nègres, par
le seul fait de leur pigmentation, ne sont
pas mis sur, le même pied que les « visages
pâles ». ,
Mais ce serait mal poser le problème que
de considérer le nègre comme un être en
soi, îait pour habiter on ne sait quelle
Sion africaine. Il n'y a pas de negres fran-
çais, anglais, américains. Mâi9 il y a des
citoyens français, anglais, américains, por-
tugais, qui sont noirs. Il y en a d'autres
qui sont indépendants, comme les insulai-
res d'Haïti et de la République clomini-
caine. Il y en a d'autres, enfin, qui vivent
à l'état sauvage, par le fait même du rude
climat équatorial, qui ne permet guère à
une race, tant qu'elle le subit, de s'élever
très haut daim l'échelle mentale.
Le problème noir, on le voit, est compli-
qué, et a des côtés physiologiques et ethni-
ques : où commence et où finit le nègre ?
Il a des cotés politiques : la condition
faite aux noirs dans certains pays du glo-
be, et aussi la vieille question coloniale.
Au reste, ce qui ressort le plus nettement
des débats de oe oongrè6, c'est que les noirs
demandent à être traités,, dans chaque na-
tion dont ils sont citoyens, sur le même
pied que les autres nationaux.
Comme disait M. Joseph Prudhomme :
« Ils font passer la oouleur de leur dra-
peau avant la oouleur de leur peau. »
Le programme du congrès
Quel est, au juste, le programme de ce
congrès, qui se tient rue Blandhe, et en est
à sa seconde journée de débats?
Notre confrère Pierre Bonardi en a don-
né un excellent résumé :
« Les indignènes qui vivent entre 1s
Sahara et le Cap de Bonne-Espérance sont
en marge de la vie civilisée et leurs frères
évolués voudraient les y faire entrer. De
plain-pied ou par étapes ?
ci Toute la question est là. et dans les
précédentes séances de Bruxelles, M. Dia-
gne, député a déjà fait admettre CUM rièn
ne se pouvait faire que par lente évolution.
« 11 y a quelque courage de la part de
M. Diagne a soutenir cette thèse qui rend
un peu contradictoire sa présence au Par-
lement français et même aans le gouverne-
ment en qualité de haut commissaire. En
effet, ses électeurs ont été placés sans cette
évolution reconnue nécessaire sur le plan
des citoyens français.
« Le congres, sous ia présidence de ce
parlementaire français, a d abord eu à sa
défendre des suggestions de Marcus Uar-
vey. Marcus Garvey, ayant débute dans la
vie comme typographe, est devenu une
puissante personnalité américaine. Il di-
rige des journaux et, une compagnie de
navigation. 11 estime que ce qu'il a réalisé,
n'importe quel nègre était capable de le
faire et il conclut que l'Afrique aoit être
rendue aux hommes de couleur qui sau-
ront s'y débrouiller sans les blancs. il
ajoute que si les blancs mettaient quelque
mauvaise volonté à débarrasser l'Afrique
de leur présence Importune, on saurait bien
les en chasser, et même les poursuivre jus-
que Europe.
Qu'on ne s'affole pas devant de pareilles
rodomontades, mais qu'on songe pourtant
que la race nègre constitue un tiers environ
cie la population terrestre. Le problème
posé par le congrus pan-africain vaut donc
qu'on s'y passionne. »
Ce sont ces divers problèmes qu'aura à
mettre au net le comité permanent du
congrès, il est ainsi composé :
MM. Diagne, deputé du Sénégal, prési
dent; Gratien Candace, député de la Gua
deloupe; Béton, professeur au lycee Saint
Louis; Ja-ckson, négociant américaln, éta.
bli à Paris ; le docteur Dubois, rédacteui
en chef du Crists, journal mensuel qui sou
tient, en Amérique, les intérêts des noirs,
J. de Magalhaens, médecin portugais, qui
appartient à l'Institut psychologique de
Paris. Tous ces messieurs sont gens de cou-
leur ainsi que Mme Hunt, femme du vice-
consul américain à Saint-Etienne, et Js
secrétaire générai du comité, ancien lieu-
tenant de l'armée américaine, M. Logan.
Le seul blanc (jui fasse partie du comité
est M. Spingarn, ancien capitaine de l'ar-
mée américaine" et le plus grand a-mi des
noirs en Amérique.
Et M. - dans un discours yiyement
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