Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-04
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 septembre 1921 04 septembre 1921
Description : 1921/09/04 (N18531). 1921/09/04 (N18531).
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
11 Fructidor, An 129. — N° 18531 Le numéro : QUINZE nmimMTM Dimanche 4 septembre 1921. - N° 18531
pondatoure disoup a
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un sa Six nuls fuite aoto
SEINE A S..n-Ots&' 38 « 29 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » IL a
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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OPINIONS
La double session de la S. D. N.
Le dimanche 29 août dernier, le Conseil
exécutif de la S D. N. a ouvert sa session
pour discuter la question & plébiscite silésien.
Le lundi 5 septembre, rA:Ibl de la S.
D. N. ae réunit pour la seconde fois. il est
bon d'insister sur la signification de cette dou-
ble session.
Les espoirs infinis qu'avait suscités l'idée
wilsonienne se sont envolés. Personne ne croit
plus que la Société des nations soit une pana-
cée universelle, suffisante à l' apaisement de tou-
tes les querelles, et disposant d'une force mo-
rale et matérielle capable d' arrêter toutes les
guerres. Mais à l'enthousiasme inconsidéré du
début ont succédé un découragement et un
scepticisme exagérés. il est faux que la S. D.
N., qui ne suint pas à tout, ne soit bonne à
rien. Malgré l'hostilité des gouvernements, qui
y voient une rivale ; l' abstention des Etats-
Unis, qui y voient un instrument d'hégémonie
britannique ; l'indifférence de l'opinion, qui ne
s'explique pas ses difficultés, la £ >. D. N. ,'it.
s 'obstine à vivre, et progressivement se dé-
gage de sa gangue.
Car la conception du Pacte était pour elle
une véritable gangue d' où il lui faut sortir pour
ne pas étouffer. La coalition victorieuse de
l'Allemagne avait voulu faire d'elle un pro-
longement de l'Entente, une sorte de Sainte-
Aiiiance, analogue par les buts et les moyens
à celle de 1815. Les buts ? Maintenir l'état
de choses territorial et politique issu de la
guerre ; dresser contre l'Allemagne et ses al-
liés une coalition quasi-universelle, où se trou-
veraient englobés les neutres de bonne volon-
té ; exercer sur le monde une sorte de pouvoir
oligarchique, de coondominium des cinq puis-
sances victorieuses, dans lequel se retrouvait
la prépondérance anglai se, au même titre et
pour les mêmes raisons qu' elle existe dans la
quintuple alliance. Les moyens ? Donner tous
les pouvoirs effectifs au Conseil, composé des
représentants des grande puissances et de
quelques neutres choisis, et ne laisser à l'As-
semblée que l'ombre d'une compétence, des
attributions surtout honorifiques, bien qu' elle
soit axoposée des représentants de tous les
membres de la Société, qu' elle puisse seule
prétendre à incarner quelque jour la volonté
des peuples.
Ce système n'avait qu'une valeur de circous-
tance. A prendre la forme d'une coalition, il
devait se dissoudre une fois écarté le péril
qui l'avait fait naître ; à se comporter comme
une alliance ou une ligue, il eût abouti à sus-
citer contre lui une coutre-ligue des Etats ex-
clus et à devenir un instrument de guerre au
lieu d'une œuvre de paix ; à se constituer sur
le modèle d'une Sainte-Alliance ou d'un gou-
vernement aristocratique, il revenait à une for-
mule politique périmée, tyrannique et dange-
reuse- La démocratie américaine avait de jus-
les motifs de le redouter. Les échecs succes-
jifs des interventions politiques du Conseil dans
les questions de Uthuanie, de Pologne, d'Ar-
ménie, de Russie, des Aaland, etc., ont don-
né la mesure de cette entreprise de domination
politique. Emanation de l' Entente, elle était,
comme l'Entente et ses Ccwiseuls suprêmes,
vouée à une sorte d'avortement.
Je ne crois même pas que l' on puisse tirer
un argument bien opérant en faveur de ta
compétence da Conseil exécutif, de l'abdica-
tion que le Conseil suprême vient de faire en-
tre ses mains, dans l'affaire de Haute-Silésie.
Le Conseil de la S. D. N. est trop dépendant
des gouvernements de l'Entente pour pouvoir
la départager. S'il y parvient, ce sera .en pro-
fitant de la session parallèle de l'Assemblée
pour l'en saisir indirectement ou s'inspirer de
ses vues ; ou bien en se dégageant de sa les-
ponsabilité sur des arbitres, des conseillers
juridiques. ou — mieux encore — sur la Cour
de Justice internationale qui doit être organi-
liée à Genève. Réjouissons-nous que l'Entente
rait constaté sa carence et implicitement avoué
que les fonctions qu'elle s'attribuait revien-
nent de droit à la S. D. N. Mais ne nous
dissimulons pas que ce n'est pas la S. D. N.
actuelle, la S. l). N. dirigée par le Conseil
qui peut les exercer efficacement. Ce sera la
S. D. N. de demain, celle qui se dégage de
ses langes, la S. D. N. de l'Assenée et de
la Cour de Justice.
C'est pourquoi cette seconde session de l'As-
semblée qui va s'ouvrir le 5 est un fait d'une
importance capitale. On y va discuter les amen-
dements au Pacte qui furent écartés r an pas-
sé. L'Assemblée peut, si elle en a l'énergi-
que volonté, reprendre l'œuvre par elle ébau-
chée l'an passé, c'est-à-dire conquérir, à la
force du poignet, la place prépondérante dans
la S. D. N. Déjà, le Conseil a pris l'engage-
ment de lui soumettre son rapport annuel ; de
le discuter devant elle ; d'accepter ses direc-
tives ; de lui reconnaître une compétence, en
principe égale à la sienne propre. Il lui a
laissé prendre en main les cordons de la bour-
se, prérogative essentielle. Mais il reste -n.
core beaucoup à faire-
Il faut d'abord que l'Assemblée, qui, sur
ce point, a compétence exclusive, fasse de la
S. D. N. une Société politique universelle,
en y admettant d'office toutes les personnalités
internationales, c' est-à-dire tous les Etats pré-
sentant - les caractéristiques de l'Etat.
Il faut ensuite que les délégués à l' Assern-
!>léa cessent d'être les envoyés des gouverne-
ments pour deveni r les éius des peuples. On
pocrrait, en particu lier, comme cela a été pro-
posé à la Chambre française, par Marc San-
gnier, faire faire la désignation par les Par-
lements, et non plus par les ministères des af-
faires étrangères. Ainsi s'ébaucherait une As-
semblée vraiment représentative, au sens cons.
titutionnel du mot, et non plus dplomahque.
A cette Assemblé-?, il faudrait ccwîSer des
pouvoirs de contrôle effectiis sur le Conseil,
en attendant qu' elle puisse être appelée à en
élire tous les membres, et non pas seulement
les quatres membres complémentaires, seuleinent
i.
tants des puissances qui n'y ont qu'un siège
temporaire, ce qui est aujourd'hui le cas. Le
Conseil serait ainsi réduit à n'être que l'exécu-
teur de ses décisions, et comme sa Commis-
sion permanente.
Enfin, il est de toute urgence que le Con-
seil et l'Assemblée utilisent leur double ses-
sion, pour élire de concert les magistrats qui
doivent composer la Cour de Justice interna-
tionale. Les ratifications nécessaires du statut
spécial de cette Cour sont réunies ; il faut
que cet organe puisse fonctionner le plus tôt
possible. On ne saurait compter, en effet, que
sur la force morale de ses premières sentences,
pour attirer à lui la compétence qui lui revient,
soit en matière arbitrale, soit en matière » pro-
prement juridictionnelle, par les litiges d'ordre
juridique.
Tels sont, non pas sans doute les seuls,
mais les principaux objets d'activité qui s' of-
frent à l'Assemblée. Si elle comble les es,
pérances que les pacifiques mettent en elle,
elle aura atteint un résultat essentiel : par
l'universalité, par la séparation des pouvoirs
délibérant, exécutif et judiciaire, elle aura
créé une véritable Société politique des Etats.
Elle aura posé les fondements indestructibles
da l'organisation juridique des peuples, vers
laquelle halète l'humanité. Et dès Ion, quels
que puissent être ses avatars, l'œuvre se dé-
veloppera avec plus ou moins de rapidité, par-
ce qu'elle aura pour bases la vérité scientifi-
que et la nécessité sociale.
Georges SCELLE.
Professeur de droit international
à la Faculté de Dijon.
ÉDITORIAL
Autour
des "Protocols
Le mariage de la jeune Ere Nouvelle et
du vieux Rappel a donné — malgré les dis-
proportions a âge des conjointe - une lune
de miel parfaite.
Il n'en arrive pas moins aux ménages les
plus unis quelques divergences de pensée.
C'est ainsi que M. Enric F. Braunstein, que
je n'ai pas l'honneur de connaître, vient
J'exprimer sur l'antisémitisme des idées qui
contredisent celles que j'exposai précisément
lors de la publication des Protocols.
Les dieux — et même le Dieu des juifs,
— me gardent J'engager ici une. polémique
avec un écrivain dont le Rappel a indirec-
tement accueilli la prose. Je laisse à feu
Camille Pelletan l'inimitable originalité de
s'être pris aux cheveux — et il en avait 1
— dans son journal avec tous ceux qui y
collaboraient. - Je n'en conserve pas moins,
sur le sémitisme et l'antisémitisme, une opi-
nion que j'exprimerai de nouveau quelque
jour. En attendant, je me contenterai de
marquer combien la thèse de M. Enric F.
Braunstein diffère de celle de Bernard La-
zare, qui pourtant était orfèvre.
D'ailleurs, toute la question juive, de quel -
que point de vue qu'on l'étudie et à quelque
conclusion qu'elle incite, ne saurait tenir
dans le fait divers publié par le Times au
sujet des PIotocols.
En Lithuanie, en Pologne, en Roumanie,
en Russie, et — si j'ose ajouter — dansée
reste du monde, elle revêt un caractère so-
cial, national, ethnique, el il serait tout
de même enfantin de nous donner à croire
que les pogroms, d'une part, comme, les
contre-pogroms d'un Bela Kuhn, de l'autre,
ne sont que das jeux improvisés par des
dilettantes insouciants.
L'influence de la « dispersion » sur l'évo-
lution et les révolutions des peuples n'est
pas un mythe. Sir Herbert Samuel, haut-
commissaire anglais en Palestine, existe et
aussi Lord Reading (alias Rufus Isaac) et
encore Sir Philip Sassoon, qui s'entend si
bien à accommoder les cocktails de M. David
Lloyd George.
Nous reviendrons une autre fois, en toute
impartialité, sur ce grand sujet. Car les
nécessités de la mise en pages ont des rai-
sons que la raison connaît. Et si le Royaume
de Dieu est vaste, l'éditorial est court.
ËDftfûND OU MESNIL.
Violentes attaques
contre Melilla
Tanger, 3 septembre. — Dans les milieux
politiques, un considère comme étant tou-
jours très serieuses la situation militaire
dans la zone Lara ile Tétouan. La repri-
se des positions de Tefer a coûté de lourds
sacrifices. Les communications entre les
divers centres sont mauvaises et les con-
vois continuent à être attaqués. Un dee
forts de 1 enceinte de Mélilia, assiégé à
coups de grenades par les rebelles, a été
pris par eux. Il a été ensuite repris par
les troupes espagnoles, mais au prix de
grosses difficultés. ,.,
Cependant la dernière journée a été
relativement calme. Au cours d'une ex-
cursion qu'ils faisaient dans la région de
Marchica, les anciens ministres Finies et
Rivas essuyèrent la fusillade des rebelles
sLarvs ètrp, atteints.
L'envoi de troupes à Melilla, continue.
VOIR EN TROISIEME PAGE :
Tjifo DERNIERES NOUVELLES
En passant
Anthropophagie
Je ne sais quel philosophe écrivit, un
jour, im bouquin, exprès pour démontrer
que l'anthropophagie était {Ule de la guer-
re. C'est, je crois bien, M. de Quatrefages,
encore que je ne veuille, à cg suiet, rien ai-
firmer. Quoi qu'il en soit, ce philosophe
n'eut sans doute guère de mal à développer
son principe, à l'étayer de preuves, à le
livrer, tout chaud, à ta médiUiiion de ses
semblables, il y a beau jour que chacun
sait la guerre yunérairice de tous les maux,
et que l'homme est un loup pour l'homme.
Mais ce que le sais, e est qu'il est aur
i()'Uf'ti.' Inu aes gens, de par le monde, qui
pourraient l&isserter de la chose aussi bien
que M. de Quatrefages, avec toute sa scien-
ce. El ce sont les clients dit boucher berli-
nois Grossmann.
Ce boucher est accusé, en effet, non seu-
lement d'avoir occis et coupe en morceaux
12 à la lemmes, — admirez, je vous prie, à
ce propos la précision du chroniqueur qui
nous rapporte le lait, et pour qui le nom-
bre exact, en cette affaire, ne semble pas
d'une grosse importance, — mais encore de
les avoir débitées à sa clientèle sous (orme
de viande de veau, de côtelettes premières,
et de chair à pâté.
J'ignore si, pour sa citéjense, ce Gross-
mann aura l'outrecuidance de se comparer
à Landru ou à Barbe-Bleue, mais à mon
sens il aurait tort. Le premier juge venu
aurait tôt fait de lui rétorquer qu'entre lui
et Landru il y a autant de différence qu'en-
tre M. Van Dvnge-u, et Delacroix, par exem-
ple. Car l'un faisait de l'art pour l'art, et
l'autre ne fait de l'art que sous prétexte
de le vendre. Or, dans ce dernier cas, il
arrive toujours que la fouie, prise au piè-
ge, se retourne et se prenne de colère. A
preuve, c'est que, sans la police, elle met-
trait en morceaux, depuis trois jours, la
boutique de Grossmann, avec autant de
dexterité, ma loi, que la plus belle fuite de
gai du monde. 7'andis que Gambais, tou-
jours paisible, se louera très cher à quel-
que majesté aurifère d'outre-Atlantique.
Mais j'indique à Grossmann le livre de M.
de Quatrefages, — ou de son frère, si ce
n'est lui. La belle plaidoirie que, d'avance,
je lui vois faire 1 Eh quoi ! une guerre qui
tuait à peine quelques hommes engendrait
l'anthropophagie, et cette autre, qui fit 10
millions de victimes, ne le ferait point ? Et
depuis quand, s'il vous plaît, les mêmes
causes n'engendrent-elles pas les mêmes el-
fets ?
Si, cependant, M. de Quatrefages n'arri-
vait pas à convaincre ses juges, je raUe-
rais encore à Grossmann cette maxime nè-
gre, comme dernier argument : « Le bou-
cher ne connaît pas la qualité de la béte ».
C'est quelquefois vrai au Soudan. C'est,
malgré M. Paisant, toujours vrai à Paris.
Que ne te serait-ce à Berlin, d'autant plus
qu'entre l'Allemagne et la France, U y a
bien le Rhin, mais pas de Pyrénées, que je
sache.
FLIP.
Le soldat américain inconnu
La cérémonie aura lieu le 10 novembre
Washington, 2 septembre. — C'est le cui-
rassé Olympia qui ramènera de France le
corps d'un soldat américain inconnu.
D'après le projet actuel, le navire serait
rentré aux Etats-Unis le 10 novembre, la
veille du jour de la cérémonie qui doit
avoir lieu à Arlington.
Le maréchal Foch assistera à la cérémo-
nie.
Controverse stratégique
Lopinion d'un poilu
Nous recevons cCvm de nos abonnés la
très belle lettre qu'on va Ure :
Dans votre intéressant article : « Con-
troverse stratégique », vous écrivez : « On
se demande cOituttent eeÍtbi en g~t il (C&s-
teln&u) v/j'tt te res-pom&àle de Mor/uitige a
pu devenir le vainqueur de 1918. »
Parce que la guerre se plait a faire ré-
gner partout ia cjoanoe et le hasard, aux-
quels ie gouvernement, dans le désarroi, a
laissé s ajouter le régime du bon plaisir ;
Parce que Pooh. et son chef (,a"inau
communiaient U" les mêmes idées philo-
sophiques, sans quoi le premier eût été li-
woge comme tant d'autres;
.farce que, dans ia suite, œsigiie par le
G. Q. G. pour être limogé, ia chute du mi-
nistre fit dliiérer la signature que le suc-
cesseur ne voulût pas donner;
Parce que Clemenceau, qui aimait les
paradoxes et se moquait de la justice,
trouva u amusant » de mettre à la tête de
l'armée le « capucin botté » comme il l'ap-
pelait iui-memie ;
Parce que Focji arrivait au moment où
les Allemands, sentant que la victoire leur
échappait par suite de la manière dont
les Américains envisageaient la lutte, déci-
daient de rompre le combat.
Quant à la conduite générale des opéra-
tions, elle est du domaine de tout homme
instruit, intelligent, ayant du sang-froid,
du caractère, et disposant d'un état-major
à hauteur de* sa mission.
Dans les grade6 subalternes, il faut d<-.
connaissances tactique& qui ne s'acquièrent
que par l'étude et une longue pratique.
Dans le rôle du commandement suprême
entrent en ligne d'autres facteurs, éco-
nomiques, diplomatiques, psychologiques,
etc., qui font que les pramners perdent de
leur importance pour le grand chef. de
La vérité est que du haut en bas de
l'échelle, les officiers ne s'étaient pas assez
recueillis pour comprendre ce que serait
la guerre future; ils ont été surpris et so
sont laissés conduire par les événements.
Les principes de la stratégie sont éter-
nellement vrais, ce sont ceux qui ont été
appliqués par Annibal, César, Napoléon,
etc., eUï. Il appartient au commandement
de mettre à leur service les progrès de ton-
tes sortes.
Un exemple. Napoléon a écrit : « Pour
vaincre l'ennemi, il faut le manœuvrer w.
En 1914, il ne saurait être question de le
faire à 1& manière de la division Masséna.
Dès la stabilisation, les Allemands ont
cherché la manœuvre par les sous-marins.
Nous aurions dû leb chercher dans l'air.
La guerre, qui avait deux dimensions, est
maintenant à quatre.
Ce qui ne peut être contesté, c'est què
notre soldat a été sublime. Ce qui ne peut
être contesté, c'est qu'ils sont tombée près
de deux millions en nous léguant ce testa-
ment : « Que, ce soit la dernière guerre! »
Si demaIn, la terrible lutte doit repren-
dre, c'est encore lui, le soldat, qui de la
victoire sera le principal artisan. L'in-
fanterie, grâce aux avions de débarque-
ment, fondra sur sa proie comme l'aigle
ou le faucon.
Il n'y aura plus d'arrière ni de iront, de
combattants et de non-combattants, mais
une zone de mort dont tous les habitants
seront considérés comme belligérants.
L'éducation des peuples et des individus
peut seule nous épargner de nouveaux car-
nages. Le traité de paix n'en parle pas,
n'a rien prévu.
Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur,
l'assurance de mes-sentiments distinguée.
G. PINAUD, ex-officier.
LA POLITIQUE - ETRANGERE
L'amitié franco-italienne
Nous avons publié, il y a quelques jours,
les principales clauses du traité commercial
qui vient d'être signé à Berlin entre l'Alle-
magne et l'Italie. Ce traité va resserrer encore
les liens économiques qui unissent l'Italie au
Reich et il suffit de jeter un coup d'œil sur
les articles du traité pour s' apercevoir combien
il est favorable aux intérêts allemands et com-
bien il risque de compromettre les échanges
commerciaux entre la France et l'Italie.
Ce traité est le fruit d'une action lente, pa-
tiente, habile en même temps que dénuée de
scrupules, entreprise par les agents allemands
en Italie depuis l'armistice- Le texte — que
l'Allemagne déclare apocryphe — cF un rap-
port élaboré par l'attaché commercial allemand
à Rome et publié par un journal italien qui
en garantit l'authenticité, a jeté ces jours der-
niers une lumière inquiétante sur les buts pour-
suivis par les Allemands en Italie et les mé-
thodes emp l oyées par eux.
Que les documents en question soient apo-
cryphes ou non, il n'en demeure pas moins que
l'Allemagne fait à l'heure actuelle un os
effort pour conquérir le marché italien et qu el-
le ne rencontre pas dans cette entreprise de
bien sérieux obstacles. La question nous in-
téresse au premier chef, par ses répercussions
sur notre situation économique d'abord, par
ses conséquences politiques ensuite. L'Allema-
gne est actuellement en pleine renaissance tn-
dustrielle et commerciale. Elle cherche de tous
côtés de nouveaux débouchés. D'où vient qu'el-
le ait trouvé en Italie un terrain particulière-
ment favorable ? L'affaiblissement de l'amitié
franco-italienne, nettement sensible aux yeux
de tous, n'est-elle point la cause principale
de ce phénomène ?
Assurément, la presse italienne porte une
grosse part de responsabilité dW la crise qui
affecte les rapports franco-italiens. Sans mesu-
re, sans justice, beaucoup de journaux transal-
pins nous reprochent de ne pas avoir soutenu
les revendications italiennes à Versailles, prin-
cipalement ea ce qui concerne les problèmes de
l'Adriatique. Us oublient que la faiblesse de
M. Clemenceau se heurtait alors à la volonté
tenace d'un Uoyd George et d'un Wilson. Ils
nous accusent en termes violents et trop souvent
injurieux, de crimes que nous n avons pas com-
mis. Certes, cette attitude n'est pas faite pc«
«dbfltû: le? différent
D'autre part, qu'avons-nous fait pour em-
pêcher la crise ? Nous avons organisé en Sor-
bonne ou ailleurs des manifestations où des dis-
cours brillants ont été prononcés. Etait-ce suf-
fisant ? Non, certes.
Dans le dernier numéro de la Renaissance,
M. Henry Lapauze, qui étudie cette inquié-
tante question, insiste sur la transformation su-
bie en quelques années par l'Italie.
— Lorsqu' on voyage en Italie, écrit-il, on
est frappé des changements qui s' y opèrent
comme à vue d'oeil. Des terres, incultes jusque
là, verdoient maintenant, retournées par la
charrue. Les mines font sauter les blocs de ro.
chers pour pennettre au réseau des routes et
des voies ferrées de s'allonger. Des usines peu-
plent les vallées où chantent les sources et où
dévalent les torrents, houille blanche utilisée
dans un pays qui manque de charbon. Même à
cette heure de crise, l'Italie est au labeur.
Ses grandes cités industrielles sont l'animation
même : ouvriers ou paysans, employés ou bour-
geois, personne ici — sauf quelques isolés -
ne reste improductif.
« Attendez encore quelques, années et vous
verrez ce qui surgira de ce sol si longtemps
stérile.
« VŒlà ce que les Italiens, justement fiers de
leur effort quotidien, voudraient que les Fran-
çais ne s'obstinent pas plus longtemps à ne
point considérer. »
M. Henry Lapauze a raison. L'ignorance
où nous sommes des progrès de l'Italie dans
le domaine économique, l'indolence que mani-
festent nos milieux industriels et commerciaux
à son égard, le mauvais fonctionnement de nos
organes économiques officiels en Italie, le parti-
pris avec lequel nous considérons toujours l'}.
talie comme une sorte de « réserve » euro-
péennes des Beaux-Arts, assez semblable à ces
parcs nationaux des Etats-Unis où l'on conser-
ve intacte la faune et la flore d'une région,
pour la documentation des générations à venir,
tout ceci aggrave les malentendus superficiels
et ouvre toute grandb la parte de l'italie à la
pénétration économique allemande. Il est temps
de changer de méthode et de conclure avec nos
amis italiens une alliance d'ordre économique
et pratique dont les coMécptCOMe politiques ue
MWMaot êta» ::;';J:'
LES ACCORDS WIMJLMCIJBJRB
Autour des Conseils
4» Précisions et rectifications
Le bruit avait couru hier de la démission
de M. Doumer. La nouvelle était inexacte.
Cependant, le ministre des finances avait
manifesté quelque mécontentement des ré-
cits parus sur la séance du conseil des mi-
nistres.
Certains journaux avaient dit, en effet,
que M Doumer avait défendu ies accords
du 13 août et que le Conseil les avait
repoussés dans leur eneemble. La réalité
est autre, et la note ci-dessous, communi-
quée par la présidence du Conseil, remet
les choses au point :
Certains journaux, en dehors de ta com-
nication officielle faite par te gouverne-
ment, ont publtii des uiformations d'après
lesquelles Le Conseil des ministres aurait
repousse en bloc les solutions financières
du 13 août.
La verite, c'est que le Conseil des minis-
tru. à l'unanim/Ue de ses membres> y com-
pris le ministre des finances, a considéré
que certaines de ces resolutions u,PPfJiai¿"'lbt
des redressements en rapport avec le traité
de Versailles et avec les états de payements
fixés par la commission des réparations,
dont Ú convenait, d'autre part, de main-
tenir toutes les prérogatives.
Le Conseil a ators chargé le ministre des
finances et le président du Conseil, mi-
nistre des affaires étrangères, d'engager
des négociations avec les alliés pour oote-
nir d'eux les modifications nécessaires.
Que s'est-il passé au Conseil
des ministres ?
Que s'est-il donc passé exactement aux
deux Conseils qui ont examiné les accords
du 13 août ?
Quelques-uns de nos confrères prétendent
le savoir.
Ecoutons-les, sous réserve de la rectifi-
cation précise du gouvernement sur un
point essentiel.
Voici le recit de Bonsoir :
M. Briand, clair, incisif, exposa les faits
avec la logique cf'u.n président d'assises.
D'accord, oaxx l'opinion publique, M.
Briand juge inacceptables les réalisations
financières du 13 août, signées par M.
Doumer. M. Loucheur, par la suite, dis-
courut. Cet ancien ingémewr se fit juriste
et financier. Il expliqua que M. Doumer
avait accepté définitivement les accords
pi « sonnèrent si faux » en France par la
itbite.
M. Loucheur était si éloquent que M.
D, enthousiasmé, vota avec tous
les ministres présents le rejet, des conven-
tions qu'il avait négociées et acceptées.
M. Loucheur fut tout ébaubi de cette
« conversion spontanée ».
L'attitude de M. Doumer
L'Echo de Paris, qui ne met en scène
que M. Doumer, déorit un coup de théâ-
tre :
Il y a eu un coup de théâtre, mais pus
dans le sens que d'aïucusu envisageaient :
la démission de Vhonorable ministre ar-
finances, qu'on disait absolument décide
à défendre l'accord. Après une discussion
assez orageuse, on a eu l'agréable surprise
de voir M. le r/unastre des ftnxwices prendre
l'initiative de combattre lui-même, avec
l'âpreté qu'on lui reconnaît, l'accord qu'il
avait signé ad referendum.
M. Doumer a déclaré dans quelles c()-n,.
diiions et à la suite de quelles négociations
avec le ministre du Trésor britannique et
avec le ministre des finances belge, M.
Theunis, il avait dû, à son corps déjen-
dant, se ranger à l'avis de ses collègues,
mais il se rangeait d'avance à une démar-
ch-e tendant à obtenir de nos allies une
nouvelle conférence financière, destine« «
reviser, dans le sens de nos revendications,
ce qui avait été convenu 1-,: mot m dernier.
Linierver.;ic/v.~G.
Le Matin fait intervenir M. Maginot ;
L'exposé de aI. Paul Doumer n'était
point encore terminé que déjà des protes-
tations s'étaient fait entendre. Notamment
M. Maginot, ministre des pensions, s'etait
élevé avec force contre l'idée qu'on eût pu
envisager, fût-ce un seul instant, la pos-
sibilité d'infliger à la France une nou-
velle réduction de sa creance.
Sur cet incident assez vif, la séance du
matin prit fin. Dans la cour de ï £ lyséet à
la sortie des m'illbistres, on remarqua la fi-
gure renfrognte de M. Maginot et ta moue
de M. Anst-ide Briand, gu4 contrastaient
avec le sourire de M. Paul Doumer.
Ce que M. Doumer aurait ou savoir
M. Eugène Lautier ( l'Homme Libre)
analyse iee arguments qu'aurait développés
.l. Doumer, et les critique :
Le ministre des finances s; est âiteAdtu
par deux sortes d'arguments :
1° Un argument de fond. — Il a prétendu
que les accords antérieurs l'obligeaient à
coniresigner les exigences de nos alliés 10'1',.
mulées le 13 août.
2° Un argument de forme. — il a pré-
tendu qu'il n'avait accepté que sous con-
dition d'en référer au C on&eil des minis-
tres.
Ces deux arguments sont contradictoire*.
On ttotf aisément que si M. Paul Doumer
avait été tenu et contraint par les accords
antérieurs, il n'aurait pu formuler qW
acceptation pure àt simple et non pas twwç
acceptation ad référendum.
En outre, ces arguments sont faux. Pat
exemple, Li question de la Sarre avait êti
réglée par la CQmmMsiol/l- des réparations.
M. Paul Doumer, s'il avait mieux connu
son sujet, oe serait opposé énergiquement
à ce qu'elle lût évoquée devant la Conf
rence interalliée.
Tel est le tableau compacité que présente
la presse des délibérations ministérielles.
Nous en avons reproduit les traite essen-
tiels à titre d'information Mais, quelle
qu'ait été la nature du débat, il reste, com-
me l'indique la note que nous publions ei.
dessus, que la décision a été prise à l'una-
nimité. Il n'y a donc plus oë question Dou-
mer. — G.
L'AIDE A LA RUSSIE
1111
Le message de la Commission internationale
M à Tchitcherine M
Ainsi que nous l'avons annoncé, M. Nou-
lens, président de la commission interna-
tionale de secours à la Russie affamée, a
adressé à Tchikherine, commissaire aux af-
faires étrangères du gouvernement soviéti-
que, un télégramme dont le texte avait été
arrêté jeudi par la commission. Voici ce
document :
Paris, te 2 septembre. — La commission
désignée par le Conseil suprême pour étu-
dier et proposer les moyens de venir en ai-
de au peuple russe, victime de la famine et
des épidémies, et dans le seul but humani-
taire d'organiser une assistance effective,
a décidé à l'unanimité qu'il était essentiel,
pour remplir sa tâche, d'envoyer en Russie
un comité d'experts chargés de mener sur
place une enquête rapide et approfondie
sur l'importance des besoins et les moyens
d'y répondre le plus tôt possible et le plus
efficacement possible.
En conséquence, la Commission a décidé
de s'adresser au gouvernement des Soviets
pour qu'il accorde à ce comité d'études,
dont la composition et le champ d'inves-
tigations sont établis ci-après, les facilités
nécessairse pour procéder à des constata-
tions qui feront devant elle l'objet d'un rap-
port aussi prompt que possible.
Les informations dont dispose la Commis-
sion lui permettent de supposer que les ex-
perts conduiraient leur enquête d'une fa-
çon particulièrement expéditive, s'ils se
rendaient d'abord à Novorossisk ou Rostof
et de là à Moscou à travers la zone affa-
mée.
La Commission ne peut douter que sa
proposition rencontrera l'assentiment du
gouvernement des soviets. Les experts se-
ront prêts à partir pour la Russie aussitôt
que le gouvernement des Soviets aura don-
né son consentement à la proposition et
fourni l'assurance que les experts rencon-
treront les facilités nécessaires pour procé-
der à leur enquête.
Le Comité d'études se composera d'une
trentaine de personnes, appartenant aux
nationalités des cinq puissances représen-
tées dans la Commission internationale et
choisies en tant qu'experts au, point de vue
famine, transports, soins médicaux, agri-
culture, agent administratif, Croix-Rouge,
interprètes ; leurs noms seront communi-
qués ultérieurement.
L'objet de la mission est précisé dans le
mémorandum ci-desous qui énumère les
questions à étudier ;
1° Zone et étendue de !a famine, et nom-
bre des personnes atteintes.
2° Importance présente et à prévoir d'.
migration d'habitants menacés par la fa.
mine.
3° Etendue et développement possible des
maladies épidémiques.
4° Dans quelle mesure les ensemence-
ments pourront se faire cette année et
l'année prochaine dans les .zones où sévit
la famine.
5° Importance et emplacement des stocks
de nourriture et des excédents de moisson
disponibles qui pourront être utilisés dans
les zone où sévit la famine. Pertes et res-
sources des animaux, de boucherie.
6° Etat des transports terrestres et flu-
viaux en général et plus particulièrement
entre les régions présentant un excédent et
les régions en proie à la famine, ainsi que
les ports d'entrée de l'intérieur. Pertes
constatées en animaux de trait et moyens
de charrois. Ressources existantes. Stocks
de fourrages.
7° Mesures prises par le gouvernement
des Soviets pour traiter les problèmes ci-
dessus. Organisations existantes ou en voiq
de dévelopement pour les objets suivants :
a) Prélèvement de grains dans les ré-
gions présentant un excédent ;
b) Distribution de nourriture et de diver-
ses céréales de semences dans les régions
en proie à la famine ;
e) Traitement des personnes malades soit
par suite d'épidémies, soit par manque de
nourriture. Moyens préventifs de lutter
contre ies épidémies ;
d.) Soins spéciaux donnés aux enfants ;
e) Mise en culture de la zone en proie à
la famine ,
jf) Répartition des denrées et des objets
de première nécessité à l'intérieur et échan-
ge des produits.
80 Mesures a prendre pour rendre plus
effectives l'organisation des secours tant
aux produits et instruments dont l'impor-
tation est particulièrement nécessaire, et
désignation des zones où ils doivent être
distribués.
9° Examen des possibilités de ravitaille-
ment extérieur par zones territoriales.
Les instructions ci-dessus qui sont don-
nées au Comité d'études ne peuvent être
exécutées que si le gouvernement des So-
viets donne aux membres de la mission tou-
tes les facilités pour se transporter dans
les régions qu'il doivent visiter et si Les au-
torités locales sont invitées à fournir tous
les renseignements utiles et l'assistance né-
cessaire au bon résultat de l'entreprise.
Signé : J. NOULE.S.
UNE DECLARATION IT A LIEJvNE
Au cours de la dernière séance de la
Commission internationale dé sgoonuK il.
pondatoure disoup a
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un sa Six nuls fuite aoto
SEINE A S..n-Ots&' 38 « 29 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » IL a
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
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RAYMOND LANGE
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OPINIONS
La double session de la S. D. N.
Le dimanche 29 août dernier, le Conseil
exécutif de la S D. N. a ouvert sa session
pour discuter la question & plébiscite silésien.
Le lundi 5 septembre, rA:Ibl de la S.
D. N. ae réunit pour la seconde fois. il est
bon d'insister sur la signification de cette dou-
ble session.
Les espoirs infinis qu'avait suscités l'idée
wilsonienne se sont envolés. Personne ne croit
plus que la Société des nations soit une pana-
cée universelle, suffisante à l' apaisement de tou-
tes les querelles, et disposant d'une force mo-
rale et matérielle capable d' arrêter toutes les
guerres. Mais à l'enthousiasme inconsidéré du
début ont succédé un découragement et un
scepticisme exagérés. il est faux que la S. D.
N., qui ne suint pas à tout, ne soit bonne à
rien. Malgré l'hostilité des gouvernements, qui
y voient une rivale ; l' abstention des Etats-
Unis, qui y voient un instrument d'hégémonie
britannique ; l'indifférence de l'opinion, qui ne
s'explique pas ses difficultés, la £ >. D. N. ,'it.
s 'obstine à vivre, et progressivement se dé-
gage de sa gangue.
Car la conception du Pacte était pour elle
une véritable gangue d' où il lui faut sortir pour
ne pas étouffer. La coalition victorieuse de
l'Allemagne avait voulu faire d'elle un pro-
longement de l'Entente, une sorte de Sainte-
Aiiiance, analogue par les buts et les moyens
à celle de 1815. Les buts ? Maintenir l'état
de choses territorial et politique issu de la
guerre ; dresser contre l'Allemagne et ses al-
liés une coalition quasi-universelle, où se trou-
veraient englobés les neutres de bonne volon-
té ; exercer sur le monde une sorte de pouvoir
oligarchique, de coondominium des cinq puis-
sances victorieuses, dans lequel se retrouvait
la prépondérance anglai se, au même titre et
pour les mêmes raisons qu' elle existe dans la
quintuple alliance. Les moyens ? Donner tous
les pouvoirs effectifs au Conseil, composé des
représentants des grande puissances et de
quelques neutres choisis, et ne laisser à l'As-
semblée que l'ombre d'une compétence, des
attributions surtout honorifiques, bien qu' elle
soit axoposée des représentants de tous les
membres de la Société, qu' elle puisse seule
prétendre à incarner quelque jour la volonté
des peuples.
Ce système n'avait qu'une valeur de circous-
tance. A prendre la forme d'une coalition, il
devait se dissoudre une fois écarté le péril
qui l'avait fait naître ; à se comporter comme
une alliance ou une ligue, il eût abouti à sus-
citer contre lui une coutre-ligue des Etats ex-
clus et à devenir un instrument de guerre au
lieu d'une œuvre de paix ; à se constituer sur
le modèle d'une Sainte-Alliance ou d'un gou-
vernement aristocratique, il revenait à une for-
mule politique périmée, tyrannique et dange-
reuse- La démocratie américaine avait de jus-
les motifs de le redouter. Les échecs succes-
jifs des interventions politiques du Conseil dans
les questions de Uthuanie, de Pologne, d'Ar-
ménie, de Russie, des Aaland, etc., ont don-
né la mesure de cette entreprise de domination
politique. Emanation de l' Entente, elle était,
comme l'Entente et ses Ccwiseuls suprêmes,
vouée à une sorte d'avortement.
Je ne crois même pas que l' on puisse tirer
un argument bien opérant en faveur de ta
compétence da Conseil exécutif, de l'abdica-
tion que le Conseil suprême vient de faire en-
tre ses mains, dans l'affaire de Haute-Silésie.
Le Conseil de la S. D. N. est trop dépendant
des gouvernements de l'Entente pour pouvoir
la départager. S'il y parvient, ce sera .en pro-
fitant de la session parallèle de l'Assemblée
pour l'en saisir indirectement ou s'inspirer de
ses vues ; ou bien en se dégageant de sa les-
ponsabilité sur des arbitres, des conseillers
juridiques. ou — mieux encore — sur la Cour
de Justice internationale qui doit être organi-
liée à Genève. Réjouissons-nous que l'Entente
rait constaté sa carence et implicitement avoué
que les fonctions qu'elle s'attribuait revien-
nent de droit à la S. D. N. Mais ne nous
dissimulons pas que ce n'est pas la S. D. N.
actuelle, la S. l). N. dirigée par le Conseil
qui peut les exercer efficacement. Ce sera la
S. D. N. de demain, celle qui se dégage de
ses langes, la S. D. N. de l'Assenée et de
la Cour de Justice.
C'est pourquoi cette seconde session de l'As-
semblée qui va s'ouvrir le 5 est un fait d'une
importance capitale. On y va discuter les amen-
dements au Pacte qui furent écartés r an pas-
sé. L'Assemblée peut, si elle en a l'énergi-
que volonté, reprendre l'œuvre par elle ébau-
chée l'an passé, c'est-à-dire conquérir, à la
force du poignet, la place prépondérante dans
la S. D. N. Déjà, le Conseil a pris l'engage-
ment de lui soumettre son rapport annuel ; de
le discuter devant elle ; d'accepter ses direc-
tives ; de lui reconnaître une compétence, en
principe égale à la sienne propre. Il lui a
laissé prendre en main les cordons de la bour-
se, prérogative essentielle. Mais il reste -n.
core beaucoup à faire-
Il faut d'abord que l'Assemblée, qui, sur
ce point, a compétence exclusive, fasse de la
S. D. N. une Société politique universelle,
en y admettant d'office toutes les personnalités
internationales, c' est-à-dire tous les Etats pré-
sentant - les caractéristiques de l'Etat.
Il faut ensuite que les délégués à l' Assern-
!>léa cessent d'être les envoyés des gouverne-
ments pour deveni r les éius des peuples. On
pocrrait, en particu lier, comme cela a été pro-
posé à la Chambre française, par Marc San-
gnier, faire faire la désignation par les Par-
lements, et non plus par les ministères des af-
faires étrangères. Ainsi s'ébaucherait une As-
semblée vraiment représentative, au sens cons.
titutionnel du mot, et non plus dplomahque.
A cette Assemblé-?, il faudrait ccwîSer des
pouvoirs de contrôle effectiis sur le Conseil,
en attendant qu' elle puisse être appelée à en
élire tous les membres, et non pas seulement
les quatres membres complémentaires, seuleinent
i.
tants des puissances qui n'y ont qu'un siège
temporaire, ce qui est aujourd'hui le cas. Le
Conseil serait ainsi réduit à n'être que l'exécu-
teur de ses décisions, et comme sa Commis-
sion permanente.
Enfin, il est de toute urgence que le Con-
seil et l'Assemblée utilisent leur double ses-
sion, pour élire de concert les magistrats qui
doivent composer la Cour de Justice interna-
tionale. Les ratifications nécessaires du statut
spécial de cette Cour sont réunies ; il faut
que cet organe puisse fonctionner le plus tôt
possible. On ne saurait compter, en effet, que
sur la force morale de ses premières sentences,
pour attirer à lui la compétence qui lui revient,
soit en matière arbitrale, soit en matière » pro-
prement juridictionnelle, par les litiges d'ordre
juridique.
Tels sont, non pas sans doute les seuls,
mais les principaux objets d'activité qui s' of-
frent à l'Assemblée. Si elle comble les es,
pérances que les pacifiques mettent en elle,
elle aura atteint un résultat essentiel : par
l'universalité, par la séparation des pouvoirs
délibérant, exécutif et judiciaire, elle aura
créé une véritable Société politique des Etats.
Elle aura posé les fondements indestructibles
da l'organisation juridique des peuples, vers
laquelle halète l'humanité. Et dès Ion, quels
que puissent être ses avatars, l'œuvre se dé-
veloppera avec plus ou moins de rapidité, par-
ce qu'elle aura pour bases la vérité scientifi-
que et la nécessité sociale.
Georges SCELLE.
Professeur de droit international
à la Faculté de Dijon.
ÉDITORIAL
Autour
des "Protocols
Le mariage de la jeune Ere Nouvelle et
du vieux Rappel a donné — malgré les dis-
proportions a âge des conjointe - une lune
de miel parfaite.
Il n'en arrive pas moins aux ménages les
plus unis quelques divergences de pensée.
C'est ainsi que M. Enric F. Braunstein, que
je n'ai pas l'honneur de connaître, vient
J'exprimer sur l'antisémitisme des idées qui
contredisent celles que j'exposai précisément
lors de la publication des Protocols.
Les dieux — et même le Dieu des juifs,
— me gardent J'engager ici une. polémique
avec un écrivain dont le Rappel a indirec-
tement accueilli la prose. Je laisse à feu
Camille Pelletan l'inimitable originalité de
s'être pris aux cheveux — et il en avait 1
— dans son journal avec tous ceux qui y
collaboraient. - Je n'en conserve pas moins,
sur le sémitisme et l'antisémitisme, une opi-
nion que j'exprimerai de nouveau quelque
jour. En attendant, je me contenterai de
marquer combien la thèse de M. Enric F.
Braunstein diffère de celle de Bernard La-
zare, qui pourtant était orfèvre.
D'ailleurs, toute la question juive, de quel -
que point de vue qu'on l'étudie et à quelque
conclusion qu'elle incite, ne saurait tenir
dans le fait divers publié par le Times au
sujet des PIotocols.
En Lithuanie, en Pologne, en Roumanie,
en Russie, et — si j'ose ajouter — dansée
reste du monde, elle revêt un caractère so-
cial, national, ethnique, el il serait tout
de même enfantin de nous donner à croire
que les pogroms, d'une part, comme, les
contre-pogroms d'un Bela Kuhn, de l'autre,
ne sont que das jeux improvisés par des
dilettantes insouciants.
L'influence de la « dispersion » sur l'évo-
lution et les révolutions des peuples n'est
pas un mythe. Sir Herbert Samuel, haut-
commissaire anglais en Palestine, existe et
aussi Lord Reading (alias Rufus Isaac) et
encore Sir Philip Sassoon, qui s'entend si
bien à accommoder les cocktails de M. David
Lloyd George.
Nous reviendrons une autre fois, en toute
impartialité, sur ce grand sujet. Car les
nécessités de la mise en pages ont des rai-
sons que la raison connaît. Et si le Royaume
de Dieu est vaste, l'éditorial est court.
ËDftfûND OU MESNIL.
Violentes attaques
contre Melilla
Tanger, 3 septembre. — Dans les milieux
politiques, un considère comme étant tou-
jours très serieuses la situation militaire
dans la zone Lara ile Tétouan. La repri-
se des positions de Tefer a coûté de lourds
sacrifices. Les communications entre les
divers centres sont mauvaises et les con-
vois continuent à être attaqués. Un dee
forts de 1 enceinte de Mélilia, assiégé à
coups de grenades par les rebelles, a été
pris par eux. Il a été ensuite repris par
les troupes espagnoles, mais au prix de
grosses difficultés. ,.,
Cependant la dernière journée a été
relativement calme. Au cours d'une ex-
cursion qu'ils faisaient dans la région de
Marchica, les anciens ministres Finies et
Rivas essuyèrent la fusillade des rebelles
sLarvs ètrp, atteints.
L'envoi de troupes à Melilla, continue.
VOIR EN TROISIEME PAGE :
Tjifo DERNIERES NOUVELLES
En passant
Anthropophagie
Je ne sais quel philosophe écrivit, un
jour, im bouquin, exprès pour démontrer
que l'anthropophagie était {Ule de la guer-
re. C'est, je crois bien, M. de Quatrefages,
encore que je ne veuille, à cg suiet, rien ai-
firmer. Quoi qu'il en soit, ce philosophe
n'eut sans doute guère de mal à développer
son principe, à l'étayer de preuves, à le
livrer, tout chaud, à ta médiUiiion de ses
semblables, il y a beau jour que chacun
sait la guerre yunérairice de tous les maux,
et que l'homme est un loup pour l'homme.
Mais ce que le sais, e est qu'il est aur
i()'Uf'ti.' Inu aes gens, de par le monde, qui
pourraient l&isserter de la chose aussi bien
que M. de Quatrefages, avec toute sa scien-
ce. El ce sont les clients dit boucher berli-
nois Grossmann.
Ce boucher est accusé, en effet, non seu-
lement d'avoir occis et coupe en morceaux
12 à la lemmes, — admirez, je vous prie, à
ce propos la précision du chroniqueur qui
nous rapporte le lait, et pour qui le nom-
bre exact, en cette affaire, ne semble pas
d'une grosse importance, — mais encore de
les avoir débitées à sa clientèle sous (orme
de viande de veau, de côtelettes premières,
et de chair à pâté.
J'ignore si, pour sa citéjense, ce Gross-
mann aura l'outrecuidance de se comparer
à Landru ou à Barbe-Bleue, mais à mon
sens il aurait tort. Le premier juge venu
aurait tôt fait de lui rétorquer qu'entre lui
et Landru il y a autant de différence qu'en-
tre M. Van Dvnge-u, et Delacroix, par exem-
ple. Car l'un faisait de l'art pour l'art, et
l'autre ne fait de l'art que sous prétexte
de le vendre. Or, dans ce dernier cas, il
arrive toujours que la fouie, prise au piè-
ge, se retourne et se prenne de colère. A
preuve, c'est que, sans la police, elle met-
trait en morceaux, depuis trois jours, la
boutique de Grossmann, avec autant de
dexterité, ma loi, que la plus belle fuite de
gai du monde. 7'andis que Gambais, tou-
jours paisible, se louera très cher à quel-
que majesté aurifère d'outre-Atlantique.
Mais j'indique à Grossmann le livre de M.
de Quatrefages, — ou de son frère, si ce
n'est lui. La belle plaidoirie que, d'avance,
je lui vois faire 1 Eh quoi ! une guerre qui
tuait à peine quelques hommes engendrait
l'anthropophagie, et cette autre, qui fit 10
millions de victimes, ne le ferait point ? Et
depuis quand, s'il vous plaît, les mêmes
causes n'engendrent-elles pas les mêmes el-
fets ?
Si, cependant, M. de Quatrefages n'arri-
vait pas à convaincre ses juges, je raUe-
rais encore à Grossmann cette maxime nè-
gre, comme dernier argument : « Le bou-
cher ne connaît pas la qualité de la béte ».
C'est quelquefois vrai au Soudan. C'est,
malgré M. Paisant, toujours vrai à Paris.
Que ne te serait-ce à Berlin, d'autant plus
qu'entre l'Allemagne et la France, U y a
bien le Rhin, mais pas de Pyrénées, que je
sache.
FLIP.
Le soldat américain inconnu
La cérémonie aura lieu le 10 novembre
Washington, 2 septembre. — C'est le cui-
rassé Olympia qui ramènera de France le
corps d'un soldat américain inconnu.
D'après le projet actuel, le navire serait
rentré aux Etats-Unis le 10 novembre, la
veille du jour de la cérémonie qui doit
avoir lieu à Arlington.
Le maréchal Foch assistera à la cérémo-
nie.
Controverse stratégique
Lopinion d'un poilu
Nous recevons cCvm de nos abonnés la
très belle lettre qu'on va Ure :
Dans votre intéressant article : « Con-
troverse stratégique », vous écrivez : « On
se demande cOituttent eeÍtbi en g~t il (C&s-
teln&u) v/j'tt te res-pom&àle de Mor/uitige a
pu devenir le vainqueur de 1918. »
Parce que la guerre se plait a faire ré-
gner partout ia cjoanoe et le hasard, aux-
quels ie gouvernement, dans le désarroi, a
laissé s ajouter le régime du bon plaisir ;
Parce que Pooh. et son chef (,a"inau
communiaient U" les mêmes idées philo-
sophiques, sans quoi le premier eût été li-
woge comme tant d'autres;
.farce que, dans ia suite, œsigiie par le
G. Q. G. pour être limogé, ia chute du mi-
nistre fit dliiérer la signature que le suc-
cesseur ne voulût pas donner;
Parce que Clemenceau, qui aimait les
paradoxes et se moquait de la justice,
trouva u amusant » de mettre à la tête de
l'armée le « capucin botté » comme il l'ap-
pelait iui-memie ;
Parce que Focji arrivait au moment où
les Allemands, sentant que la victoire leur
échappait par suite de la manière dont
les Américains envisageaient la lutte, déci-
daient de rompre le combat.
Quant à la conduite générale des opéra-
tions, elle est du domaine de tout homme
instruit, intelligent, ayant du sang-froid,
du caractère, et disposant d'un état-major
à hauteur de* sa mission.
Dans les grade6 subalternes, il faut d<-.
connaissances tactique& qui ne s'acquièrent
que par l'étude et une longue pratique.
Dans le rôle du commandement suprême
entrent en ligne d'autres facteurs, éco-
nomiques, diplomatiques, psychologiques,
etc., qui font que les pramners perdent de
leur importance pour le grand chef. de
La vérité est que du haut en bas de
l'échelle, les officiers ne s'étaient pas assez
recueillis pour comprendre ce que serait
la guerre future; ils ont été surpris et so
sont laissés conduire par les événements.
Les principes de la stratégie sont éter-
nellement vrais, ce sont ceux qui ont été
appliqués par Annibal, César, Napoléon,
etc., eUï. Il appartient au commandement
de mettre à leur service les progrès de ton-
tes sortes.
Un exemple. Napoléon a écrit : « Pour
vaincre l'ennemi, il faut le manœuvrer w.
En 1914, il ne saurait être question de le
faire à 1& manière de la division Masséna.
Dès la stabilisation, les Allemands ont
cherché la manœuvre par les sous-marins.
Nous aurions dû leb chercher dans l'air.
La guerre, qui avait deux dimensions, est
maintenant à quatre.
Ce qui ne peut être contesté, c'est què
notre soldat a été sublime. Ce qui ne peut
être contesté, c'est qu'ils sont tombée près
de deux millions en nous léguant ce testa-
ment : « Que, ce soit la dernière guerre! »
Si demaIn, la terrible lutte doit repren-
dre, c'est encore lui, le soldat, qui de la
victoire sera le principal artisan. L'in-
fanterie, grâce aux avions de débarque-
ment, fondra sur sa proie comme l'aigle
ou le faucon.
Il n'y aura plus d'arrière ni de iront, de
combattants et de non-combattants, mais
une zone de mort dont tous les habitants
seront considérés comme belligérants.
L'éducation des peuples et des individus
peut seule nous épargner de nouveaux car-
nages. Le traité de paix n'en parle pas,
n'a rien prévu.
Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur,
l'assurance de mes-sentiments distinguée.
G. PINAUD, ex-officier.
LA POLITIQUE - ETRANGERE
L'amitié franco-italienne
Nous avons publié, il y a quelques jours,
les principales clauses du traité commercial
qui vient d'être signé à Berlin entre l'Alle-
magne et l'Italie. Ce traité va resserrer encore
les liens économiques qui unissent l'Italie au
Reich et il suffit de jeter un coup d'œil sur
les articles du traité pour s' apercevoir combien
il est favorable aux intérêts allemands et com-
bien il risque de compromettre les échanges
commerciaux entre la France et l'Italie.
Ce traité est le fruit d'une action lente, pa-
tiente, habile en même temps que dénuée de
scrupules, entreprise par les agents allemands
en Italie depuis l'armistice- Le texte — que
l'Allemagne déclare apocryphe — cF un rap-
port élaboré par l'attaché commercial allemand
à Rome et publié par un journal italien qui
en garantit l'authenticité, a jeté ces jours der-
niers une lumière inquiétante sur les buts pour-
suivis par les Allemands en Italie et les mé-
thodes emp l oyées par eux.
Que les documents en question soient apo-
cryphes ou non, il n'en demeure pas moins que
l'Allemagne fait à l'heure actuelle un os
effort pour conquérir le marché italien et qu el-
le ne rencontre pas dans cette entreprise de
bien sérieux obstacles. La question nous in-
téresse au premier chef, par ses répercussions
sur notre situation économique d'abord, par
ses conséquences politiques ensuite. L'Allema-
gne est actuellement en pleine renaissance tn-
dustrielle et commerciale. Elle cherche de tous
côtés de nouveaux débouchés. D'où vient qu'el-
le ait trouvé en Italie un terrain particulière-
ment favorable ? L'affaiblissement de l'amitié
franco-italienne, nettement sensible aux yeux
de tous, n'est-elle point la cause principale
de ce phénomène ?
Assurément, la presse italienne porte une
grosse part de responsabilité dW la crise qui
affecte les rapports franco-italiens. Sans mesu-
re, sans justice, beaucoup de journaux transal-
pins nous reprochent de ne pas avoir soutenu
les revendications italiennes à Versailles, prin-
cipalement ea ce qui concerne les problèmes de
l'Adriatique. Us oublient que la faiblesse de
M. Clemenceau se heurtait alors à la volonté
tenace d'un Uoyd George et d'un Wilson. Ils
nous accusent en termes violents et trop souvent
injurieux, de crimes que nous n avons pas com-
mis. Certes, cette attitude n'est pas faite pc«
«dbfltû: le? différent
D'autre part, qu'avons-nous fait pour em-
pêcher la crise ? Nous avons organisé en Sor-
bonne ou ailleurs des manifestations où des dis-
cours brillants ont été prononcés. Etait-ce suf-
fisant ? Non, certes.
Dans le dernier numéro de la Renaissance,
M. Henry Lapauze, qui étudie cette inquié-
tante question, insiste sur la transformation su-
bie en quelques années par l'Italie.
— Lorsqu' on voyage en Italie, écrit-il, on
est frappé des changements qui s' y opèrent
comme à vue d'oeil. Des terres, incultes jusque
là, verdoient maintenant, retournées par la
charrue. Les mines font sauter les blocs de ro.
chers pour pennettre au réseau des routes et
des voies ferrées de s'allonger. Des usines peu-
plent les vallées où chantent les sources et où
dévalent les torrents, houille blanche utilisée
dans un pays qui manque de charbon. Même à
cette heure de crise, l'Italie est au labeur.
Ses grandes cités industrielles sont l'animation
même : ouvriers ou paysans, employés ou bour-
geois, personne ici — sauf quelques isolés -
ne reste improductif.
« Attendez encore quelques, années et vous
verrez ce qui surgira de ce sol si longtemps
stérile.
« VŒlà ce que les Italiens, justement fiers de
leur effort quotidien, voudraient que les Fran-
çais ne s'obstinent pas plus longtemps à ne
point considérer. »
M. Henry Lapauze a raison. L'ignorance
où nous sommes des progrès de l'Italie dans
le domaine économique, l'indolence que mani-
festent nos milieux industriels et commerciaux
à son égard, le mauvais fonctionnement de nos
organes économiques officiels en Italie, le parti-
pris avec lequel nous considérons toujours l'}.
talie comme une sorte de « réserve » euro-
péennes des Beaux-Arts, assez semblable à ces
parcs nationaux des Etats-Unis où l'on conser-
ve intacte la faune et la flore d'une région,
pour la documentation des générations à venir,
tout ceci aggrave les malentendus superficiels
et ouvre toute grandb la parte de l'italie à la
pénétration économique allemande. Il est temps
de changer de méthode et de conclure avec nos
amis italiens une alliance d'ordre économique
et pratique dont les coMécptCOMe politiques ue
MWMaot êta» ::;';J:'
LES ACCORDS WIMJLMCIJBJRB
Autour des Conseils
4» Précisions et rectifications
Le bruit avait couru hier de la démission
de M. Doumer. La nouvelle était inexacte.
Cependant, le ministre des finances avait
manifesté quelque mécontentement des ré-
cits parus sur la séance du conseil des mi-
nistres.
Certains journaux avaient dit, en effet,
que M Doumer avait défendu ies accords
du 13 août et que le Conseil les avait
repoussés dans leur eneemble. La réalité
est autre, et la note ci-dessous, communi-
quée par la présidence du Conseil, remet
les choses au point :
Certains journaux, en dehors de ta com-
nication officielle faite par te gouverne-
ment, ont publtii des uiformations d'après
lesquelles Le Conseil des ministres aurait
repousse en bloc les solutions financières
du 13 août.
La verite, c'est que le Conseil des minis-
tru. à l'unanim/Ue de ses membres> y com-
pris le ministre des finances, a considéré
que certaines de ces resolutions u,PPfJiai¿"'lbt
des redressements en rapport avec le traité
de Versailles et avec les états de payements
fixés par la commission des réparations,
dont Ú convenait, d'autre part, de main-
tenir toutes les prérogatives.
Le Conseil a ators chargé le ministre des
finances et le président du Conseil, mi-
nistre des affaires étrangères, d'engager
des négociations avec les alliés pour oote-
nir d'eux les modifications nécessaires.
Que s'est-il passé au Conseil
des ministres ?
Que s'est-il donc passé exactement aux
deux Conseils qui ont examiné les accords
du 13 août ?
Quelques-uns de nos confrères prétendent
le savoir.
Ecoutons-les, sous réserve de la rectifi-
cation précise du gouvernement sur un
point essentiel.
Voici le recit de Bonsoir :
M. Briand, clair, incisif, exposa les faits
avec la logique cf'u.n président d'assises.
D'accord, oaxx l'opinion publique, M.
Briand juge inacceptables les réalisations
financières du 13 août, signées par M.
Doumer. M. Loucheur, par la suite, dis-
courut. Cet ancien ingémewr se fit juriste
et financier. Il expliqua que M. Doumer
avait accepté définitivement les accords
pi « sonnèrent si faux » en France par la
itbite.
M. Loucheur était si éloquent que M.
D, enthousiasmé, vota avec tous
les ministres présents le rejet, des conven-
tions qu'il avait négociées et acceptées.
M. Loucheur fut tout ébaubi de cette
« conversion spontanée ».
L'attitude de M. Doumer
L'Echo de Paris, qui ne met en scène
que M. Doumer, déorit un coup de théâ-
tre :
Il y a eu un coup de théâtre, mais pus
dans le sens que d'aïucusu envisageaient :
la démission de Vhonorable ministre ar-
finances, qu'on disait absolument décide
à défendre l'accord. Après une discussion
assez orageuse, on a eu l'agréable surprise
de voir M. le r/unastre des ftnxwices prendre
l'initiative de combattre lui-même, avec
l'âpreté qu'on lui reconnaît, l'accord qu'il
avait signé ad referendum.
M. Doumer a déclaré dans quelles c()-n,.
diiions et à la suite de quelles négociations
avec le ministre du Trésor britannique et
avec le ministre des finances belge, M.
Theunis, il avait dû, à son corps déjen-
dant, se ranger à l'avis de ses collègues,
mais il se rangeait d'avance à une démar-
ch-e tendant à obtenir de nos allies une
nouvelle conférence financière, destine« «
reviser, dans le sens de nos revendications,
ce qui avait été convenu 1-,: mot m dernier.
Linierver.;ic/v.~G.
Le Matin fait intervenir M. Maginot ;
L'exposé de aI. Paul Doumer n'était
point encore terminé que déjà des protes-
tations s'étaient fait entendre. Notamment
M. Maginot, ministre des pensions, s'etait
élevé avec force contre l'idée qu'on eût pu
envisager, fût-ce un seul instant, la pos-
sibilité d'infliger à la France une nou-
velle réduction de sa creance.
Sur cet incident assez vif, la séance du
matin prit fin. Dans la cour de ï £ lyséet à
la sortie des m'illbistres, on remarqua la fi-
gure renfrognte de M. Maginot et ta moue
de M. Anst-ide Briand, gu4 contrastaient
avec le sourire de M. Paul Doumer.
Ce que M. Doumer aurait ou savoir
M. Eugène Lautier ( l'Homme Libre)
analyse iee arguments qu'aurait développés
.l. Doumer, et les critique :
Le ministre des finances s; est âiteAdtu
par deux sortes d'arguments :
1° Un argument de fond. — Il a prétendu
que les accords antérieurs l'obligeaient à
coniresigner les exigences de nos alliés 10'1',.
mulées le 13 août.
2° Un argument de forme. — il a pré-
tendu qu'il n'avait accepté que sous con-
dition d'en référer au C on&eil des minis-
tres.
Ces deux arguments sont contradictoire*.
On ttotf aisément que si M. Paul Doumer
avait été tenu et contraint par les accords
antérieurs, il n'aurait pu formuler qW
acceptation pure àt simple et non pas twwç
acceptation ad référendum.
En outre, ces arguments sont faux. Pat
exemple, Li question de la Sarre avait êti
réglée par la CQmmMsiol/l- des réparations.
M. Paul Doumer, s'il avait mieux connu
son sujet, oe serait opposé énergiquement
à ce qu'elle lût évoquée devant la Conf
rence interalliée.
Tel est le tableau compacité que présente
la presse des délibérations ministérielles.
Nous en avons reproduit les traite essen-
tiels à titre d'information Mais, quelle
qu'ait été la nature du débat, il reste, com-
me l'indique la note que nous publions ei.
dessus, que la décision a été prise à l'una-
nimité. Il n'y a donc plus oë question Dou-
mer. — G.
L'AIDE A LA RUSSIE
1111
Le message de la Commission internationale
M à Tchitcherine M
Ainsi que nous l'avons annoncé, M. Nou-
lens, président de la commission interna-
tionale de secours à la Russie affamée, a
adressé à Tchikherine, commissaire aux af-
faires étrangères du gouvernement soviéti-
que, un télégramme dont le texte avait été
arrêté jeudi par la commission. Voici ce
document :
Paris, te 2 septembre. — La commission
désignée par le Conseil suprême pour étu-
dier et proposer les moyens de venir en ai-
de au peuple russe, victime de la famine et
des épidémies, et dans le seul but humani-
taire d'organiser une assistance effective,
a décidé à l'unanimité qu'il était essentiel,
pour remplir sa tâche, d'envoyer en Russie
un comité d'experts chargés de mener sur
place une enquête rapide et approfondie
sur l'importance des besoins et les moyens
d'y répondre le plus tôt possible et le plus
efficacement possible.
En conséquence, la Commission a décidé
de s'adresser au gouvernement des Soviets
pour qu'il accorde à ce comité d'études,
dont la composition et le champ d'inves-
tigations sont établis ci-après, les facilités
nécessairse pour procéder à des constata-
tions qui feront devant elle l'objet d'un rap-
port aussi prompt que possible.
Les informations dont dispose la Commis-
sion lui permettent de supposer que les ex-
perts conduiraient leur enquête d'une fa-
çon particulièrement expéditive, s'ils se
rendaient d'abord à Novorossisk ou Rostof
et de là à Moscou à travers la zone affa-
mée.
La Commission ne peut douter que sa
proposition rencontrera l'assentiment du
gouvernement des soviets. Les experts se-
ront prêts à partir pour la Russie aussitôt
que le gouvernement des Soviets aura don-
né son consentement à la proposition et
fourni l'assurance que les experts rencon-
treront les facilités nécessaires pour procé-
der à leur enquête.
Le Comité d'études se composera d'une
trentaine de personnes, appartenant aux
nationalités des cinq puissances représen-
tées dans la Commission internationale et
choisies en tant qu'experts au, point de vue
famine, transports, soins médicaux, agri-
culture, agent administratif, Croix-Rouge,
interprètes ; leurs noms seront communi-
qués ultérieurement.
L'objet de la mission est précisé dans le
mémorandum ci-desous qui énumère les
questions à étudier ;
1° Zone et étendue de !a famine, et nom-
bre des personnes atteintes.
2° Importance présente et à prévoir d'.
migration d'habitants menacés par la fa.
mine.
3° Etendue et développement possible des
maladies épidémiques.
4° Dans quelle mesure les ensemence-
ments pourront se faire cette année et
l'année prochaine dans les .zones où sévit
la famine.
5° Importance et emplacement des stocks
de nourriture et des excédents de moisson
disponibles qui pourront être utilisés dans
les zone où sévit la famine. Pertes et res-
sources des animaux, de boucherie.
6° Etat des transports terrestres et flu-
viaux en général et plus particulièrement
entre les régions présentant un excédent et
les régions en proie à la famine, ainsi que
les ports d'entrée de l'intérieur. Pertes
constatées en animaux de trait et moyens
de charrois. Ressources existantes. Stocks
de fourrages.
7° Mesures prises par le gouvernement
des Soviets pour traiter les problèmes ci-
dessus. Organisations existantes ou en voiq
de dévelopement pour les objets suivants :
a) Prélèvement de grains dans les ré-
gions présentant un excédent ;
b) Distribution de nourriture et de diver-
ses céréales de semences dans les régions
en proie à la famine ;
e) Traitement des personnes malades soit
par suite d'épidémies, soit par manque de
nourriture. Moyens préventifs de lutter
contre ies épidémies ;
d.) Soins spéciaux donnés aux enfants ;
e) Mise en culture de la zone en proie à
la famine ,
jf) Répartition des denrées et des objets
de première nécessité à l'intérieur et échan-
ge des produits.
80 Mesures a prendre pour rendre plus
effectives l'organisation des secours tant
aux produits et instruments dont l'impor-
tation est particulièrement nécessaire, et
désignation des zones où ils doivent être
distribués.
9° Examen des possibilités de ravitaille-
ment extérieur par zones territoriales.
Les instructions ci-dessus qui sont don-
nées au Comité d'études ne peuvent être
exécutées que si le gouvernement des So-
viets donne aux membres de la mission tou-
tes les facilités pour se transporter dans
les régions qu'il doivent visiter et si Les au-
torités locales sont invitées à fournir tous
les renseignements utiles et l'assistance né-
cessaire au bon résultat de l'entreprise.
Signé : J. NOULE.S.
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Commission internationale dé sgoonuK il.
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