Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-02
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 02 septembre 1921 02 septembre 1921
Description : 1921/09/02 (N18529). 1921/09/02 (N18529).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553036j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
9 Fructidor, An 129. — N° 18529
Le numéro : QUINZE (MNTIUM
Vendredi 2 Septembre 1921. — N° 1852S
Fondaleur. (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIB
,- ABONNEMENTS
Un an Six mois Trtfsmol»
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 16 »
FRANCE & COLONIE8.. 41 » 22 » 11 »
Etranger 49 le 25 » 13 Il
Adresser toutes les communication..
au directeur.
JMdmetmut* mm mhmtê
RAYMOND LANGE
Pow la Publicité, s'adresser
aux bureaux du journal.
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
ADMINISTRATION & REDAC,TION :
Boulevard de Strasbourg, 38 — PARIS
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TELEPHONES :
SMactloi « jaiiiuiraiioi : Nord 24-90.24-91-— Après 10h. du sor : Gutenberg 00-18
1
o p inions :-.. :;
Les grèves du Nord
On parle peu, dans la presse, des grèves
qui se déroulent actuellement dans le Nord.
Il y a pourtant là un fait social d'une gra-
vité redoutable. Depuis de longs jours, l'in-
dustrie textile est arrêtée dans le centre le
plus important de France, et 60.000 ou-
vriers, guettés par la misère, se demandent
avec angoisse s'ils pourront tenir jusqu'au
bout. Ils ont jusqu'ici fait preuve du plus
grand calme. Mais des meneurs s'agitent, et
la faim est mauvaise conseillère. En outre,
le mouvement menace de s'étendre. Il est
temps que* ceux qui ont quelque qualité
pour résoudre le conflit s'y emploient de tou-
tes leurs forces.
On connaît la cause du conflit : un désac-
cord sur l'indice de cherté de vie. Il semble
que les commissions du coût de la vie de-
vraient rendre de tels désaccords impossi-
bles. Quoi de plus objectif que la science et
la statistique ? Avec des commissions stric-
tement paritaires, qui tiendraient à jour les
prix des denrées, des vêtements, avec la mar-
ie nécessaire pour certains à-côtés indispensa-
bles, on devrait établir au-dessus de toute
contestation le salaire-type d'une famille
d'ouvriers. Comment discuter les indications
d'un baromètre ?
Mais, dans le Nord, la composition de
cette commission n'a pas donné satisfaction
eux ouvriers, qui ont cessé d' y figurer. Dès
lors, ses indications sont devenues lettre-
morte.
Les patrons ont fait alors observer que
les salaires qu'ils donnaient étaient supé-
rieurs à ceux des autres régions, dans la mê-
me industrie, et qu' ainsi, ils étaient écra-
sés par cette concurrence inégale. Ils, ajou-
tent que le sursalaire familial qu'ils ont
adopté, et qui atteint 3 francs par enfant
au-dessous de 16 ans, a achevé d'épuiser
leurs disponibilités.
A quoi les ouvriers ripostent que la vie
est sans doute moins chère dans les régions
où les salaires sont plus faibles, et que le
sursalaire familial n'a fiétt à voir avec leurs
revendications. Libre aux patrons de favo-
riser lë. familles nombreuses. Mais la no-
tion du salaire, qui est la juste rémunération
d'un travail déterminé, ne doit pas en être
altérée. En outre, ils ajoutent que la situa-
» tion des patrons est loin d'être aussi cri-
tique qu'ils le prétendent, si l'on considère
leur train de vie. Enfin, ceux-ci ont assez
dit que la justification du capital, c'est le
risque. Le droit au gain a comme corollaire
la, résignation à la perte. A eux de montrer
.Ieur conscience patronale, en consentant à
perdre s'il le faut.
En dehors de l'obstination des populations
du Nord, aussi lentes à se rendre qu'à en-
trer en lutte, le conflit est encore aggravé
par des circonstances particulières. Le pré-
sident du syndicat patronal, M. Maton, est,
paraît-il, un homme fort entêté. En outre,
les patrons, au lieu de discuter eux-mêmes,
ont un représentant salarié qui, comme il ar-
rive toujours, s'acquitte de son mandat plus
âprement que ne le feraient les intéressés
eux-mêmes. D'autre part, les patrons se
prévalent de l' exemple de Mulhouse, où
les ouvriers ont dû capituler après 45 jours
de grève. Dans leur esprit, il n'y a qu'un
cap difficile à franchir, après quoi ils tien-
dront les ouvriers à leur merci. En attendant,
beaucoup d'entre eux passent leurs com-
mandes à d'autres usines, situées dans la
région parisienne ou dans l'Ouest, qu'ils ont
édifiées pendant la guerre.
De leur côté, les ouvriers avaient deux
millions en caisse. Des municipalités leur ont
Voté des secours, et le Conseil général a
décidé, en principe, d'en faire autant. Ils
sont également aidés par d'autres corpora-
tions, et ils escomptent la solidarité ouvriè-
le qui peut déclancher une grève générale.
Avec de telles données, la situation appa-
raît sans issue, s'il ne se produit pas, en
dehors des Intéressés, un grand effort de
conciliation. Le Conseil général du Nord
l'a compris et a demandé la modification,
dans un sens plus équitable, de la Commis-
sion du coût de la vie. Le ministre du Tra-
vail t'est rallié immédiatement à cette thè-
se. De leur côté, le préfet et l'inspecteur di-
visionnaire du Travail ne sont pas restés
inactifs. C'est ainsi que lundi ils convo-
quaient le comité de grève, et mardi les
patrons. Lés ouvriers ont exprimé la volonté
de discuter directement avec les patrons eux-
mêmes. Quant aux patrons, ils se sont divi-
sés : les uns — les petits — faisant preuve
d'un esprit de conciliation, ont répondu à la
convocation ; les autres se sont abstenus.
Pendant ce temps, le conflit s'envenime,
et la grève générale point à l'horizon. Com-
me toujours, les extrémistes des deux camps
se rejoignent dans l'intransigeance. Tandis
que les patrons refusent de causer, les com-
munistes invoquent la lutte des classes, et
refusent de distinguer les bons patrons des
mauvais. Il ne veulent d'aucune commission
du coût de la vie, et leurs intentions sont tel -
les que les dirigeants du syndicat ont dû dé-
cider d'arrêter à l'avance la liste des ora-
teurs dans les meetings, pour éviter leurs
provocations. Qu'adviendrait-il, en effet, si
des troubles éclataient, avec les 200 ou 300
gendarmes qui constituent la force armée du
département ? Ce serait alors l' envoi de
troupes avec toutes -ses conséquences.
Pour éviter d'en venir là. oour empêcher
la mort d'une industrie, la misère, et des
effusions possibles de sang, il faut à tout
prix en finir. Si jamais l' arbitrage fut néces-
saire, c'est bien en cette circonstance. Il se
trouve que les chefs véritables du mouve-
ment sont des hommes sages, qui ont jusqu'ici
maintenu le calme. D autre part, le Peu-
ple, organe officiel de la C. G. T., faisait
hier assez clairement appel à cet arbitrage.
L'arbitre désigné, c'est le ministre du
Travail. Par une heureuse fortune, ce pos-
te est occupé par un représentant du Nord,
M. Daniel Vincent, qui connaît bien ces
populations, leur état d'esprit et leurs besoins,
et qui est, en outre, particulièrement quali-
fié par son esprit de justice et de décision.
Lui seul peut intervenir avec toute l'auto-
rité et l'impartialité voulues. L'heure est
venue de lui donner la parole.
Yvon DELBOS.
Construisons
des maisons
La loterie nationale française1!
On a, en France, l'habitude de la cri-
tique. Ce ne serait pas là un défaut, au
contraire, si pour combattre des projets
raisonnables, on ne cherchait des argu-
ments « à côté ».
Aussi, pour lutter contre l'idée d'une
loterie nationale, idée émise depuis long-
temps, on a soulevé l'objection de l'im-
moralité du jeu. « Enrichir certains ci-
toyens, qui seront favorisés par la chan-
ce, avec l'argent de certains autres, que
le sort aura desservis, cest un exemple
déplorable », a-t-on dit.
Ne soyons point si pudibonds, pour
être un peu plus « pratiques ». La So-
ciété est ainsi faite que chaque geste des
individus qui la composent aboutit à ce
résultat : faire paser de la poche des
uns dans la poche des autres des som-
mes d'argent plus ou moins importan-
tes. L'inuustrie, le commerce, ont pour
fins avouées, cette opération. Les riches-
ses s'édifient sur ues ruines, et cela,
sans scrupule et même sous la protec-
tion des lois.
La lutte pour la vie n'est pas une in-
vention de principe : c'est un fait. En-
core, celui qui y succombe ne le fait
jamais exprès.
Or, ceux qui se livrent au jeu pour
« gagner » de l'argent n'y ont jamais été
contraints. Ils ne peuvent se plaindre
à personne le jour où ils perdent ; ils
n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes.
Et, d'autre part, il n'y a pas de loi pro-
hibitive qui tienne devant la passion du
joueur de baccara, par exemple. On a,
au contraire, pris le sage parti de régle-
menter les jeux de cette espèce, qui lais-
esnt ainsi quelques profits à l'Etat.
Celui-ci n'est point effarouché de pal-
per l'argent qui lui vient des maisons
closes et des droits de circulation des
pierreuses.
Comment hésiterait-il à encaisser le
bénéfice d'opérations librement consen-
ties entre citoyens et à prélever, comme
il le fait pour le pari mutuel'aux courses
hippiques, une juste contribution ?
il y a un Etat en Europe qui ne vit
presque exclusivement que du rapport
de sa loterie nationale. Ce ne sont pas
seulement ses sujets qui contribuent à
faire le succès, de cê jeu. La loterie d'Es-
pagne, interdite en France, y a des ama-
teurs fervents et assidus. Ainsi, de l'ar-
gent français passe les Pyrénées plu-
sieurs fois par mois, alors qu'il resterait
en France si le moyen était donné aux
citoyens français de tenter, chez eux, la
chance de réaliser quelques gains de la
même manière.
Faut-il donc dédaigner une source im-
portante de revenus pour l'Etat, sous le
prétexte qu'elle serait impure ? La catho-
lique Espagne, qui s'y connaît en vertu,
ne s'est pas embarrassée de ce scrupule
puéril, et elle a bien raison, car ainsi
elle allège les impôts forcés, causes sou-
vent des pires catastrophes politiques.
Imitons son exemple, mais en consa-
crant exclusivement les bénéfices de la
Loterie Nationale française à la cons-
truction de maisons d'habitation. Quand
la France, devenue propriétaire d'im-
meubles bâtis, pourra loger tout son
monde — et cela peut vite arriver —
nous verrons à quoi elle pourra utiliser
les profits de sa loterie. Peut-être à éten-
dre davantage renseignement dans le
peuple français, à combattre la crimina-
lité, à doter chaque citoyen d'un gagne-
pain.
Et cela, n'est-ce pas, n'a rien d'im-
moral 7 - ■
Que nos législateurs y pensent sans
parti-pris, et qu ils apportent leur con-
cours a la proposition de loi, préparée
actuellement par M. FiOri, député d'Al-
ger, et plusieurs de ses collègues, ten-
dant à 1 institution d'une Loterie Natio-
nale en France.
Ch. BRANTHOMME.
(1) Voir notre numéro du 28 août.
-=':::::'::i _.-
M. Briand reçoit M. Loucheur
M. Aristide Briand, président du conseil,
s'est entretenu luer, au ministère des alfai-
res étrangères; avec M. Loucheur, au sujet
des détails des accords que le ministre des
régions libérées a conclus- récemment à
Wirsbaiien avec M. Walter Rathenau, sous
réserva de l'approbation des scauverneirçeïits
français .ttfc aïi £ HiiaiKL
ÉDITORIAL
LE TIGRE
DANS LE MAQUIS
Grand e nouvelle de. Corse. M. Clemen-
ceau a pris le maquis. Après le sabotage
de la victoire et la subordination de la Fran-
ce à l'Angleterre, c'était le parti le plus
sage. Rien ne vaut un massif de lentisques
pour masquer la perspective d'une Haute-
Cour.
Les mânes des Bellacoscia ne manqueront
pas d'accueillir le vieil Anacharsis avec al-
légresse. N'a-t-il pas, au cours de sa vie,
« dégringolé plus de pontes » ministériels
que tous les bandits corses réunis de gendar-
mes ?
D'ailleurs, les exploits fameux de Cor-
nélius Herz sont pour dépasser ceux d'Hadji-
Stravos en personne, st leurs échos pour
remplir toutes les cavernes de l'Ile embau-
mée. A parcourir la Corse, M. Clemenceau
apprendra enfin à connaître et à admirer
la grâce sauvage de ses sites, là vertu de
ses lemmes, le courage de ses hommes, tout
ce qui forme l'attrait captivant de cettc ter*
re étrange et délicieuse, qu'il proposait en
1871, à l'Assemblée nationale d'abandon-
ner à l'Italie.
La Corse à l'Italie, le Tonkin à la Chi-
ne, l'Egypte, Constantinople, la Mésopo-
tamie, Mossoul, à l'Angleterre : M. Cle-
menceau ne s'est jamais montré chiche de
libéralités, qui ne coûtaient qu'à la France.
Dans ses jours de largesse, il céderait jus-
qu'au prépuce de Mandel pour un sourire
de Lloyd George.
On se montre généralement surpris de
cette manie ambulatoire, qui pousse si tar-
divement M. Clemenceaù sur tous les che-
mins du globe. Ne dirait-on pas qu'il y pro-
mène son remords, sans parvenir à apaiser
sa conscience, a l'approche du grand cré-
puscule ?
Au demeurant, la présence d'un Tigre
venu de la jungle parlementaire dans le ma-
quis, ne pourra qu'enrichir la faune de la
Corse, qui, jusqu'ici, comprenait surtout des
merles.
Dommage, que le vieux fauve, qui va
rôder autour de la maison natale de Napo-
lêop, soit de l'espèce dont on confectionne
les descentes de lit dé raiigléleïm.
EDMOND PU MESNIL.
La chasse aux bandits
COUPS DE FUSIL
ET CHIENS POLICIERS, A CETTE
Montpellier, 1er seplembre. - M. Boillot,
percepteur, priait dans sa sacoche des va-
leurs pour près d'un n^illon, lorsqu'il fut
violemment frappé à la tète par derrière
par trois bandits qui prirent la sacoche et
s'enfuirent en tirant des coups de revolver
sur ceux qui les poursuivaient. Un agent,
M. Poucliei, fut assez grièvement blessé au
ventre, mais un automobiliste, qui venait
en sens inverse, tira sur les bandits avec
un fusil chargé de chevrotines.
Un des bandits fut tué, un autre blessé;
le troisième s'enfuit avec la sacoche, mais,
grâce au concours de chiens policiers, il
fut bientôt arrêté et déclara 'se nommer
Garcia Antonio, né à Valence (Espagne). Le
bandit blessé se nomme Auguste Marohetti,
25 ans, né à Paris. L'identité du bandit tué
n'est pas établie encore. L'état du percep-
teur est grave, ainsi que celui de l'agent
blessé.
EN DEUXIEME PAGE :
Le transfert de la Hongrie occidentale.
EN DERNIERE HEURE :
Le Conseil de la S. D. N. et la Haute-
Silésie.
En passant
Où l'on reparle
des jetons-fantômes
Il y a un certain nombre de plaisanteries à
rebondissement, avec lesquelles on amuse la
foule : celle des jetons-fantômes est du nombre.
Combien de fOds leur naissance fut-elle en-
ooncée, il Vaut mieux ne pas le rechercher, car
ceux qui ont encore conservé l'espérance de les
voir un jour powraient se décourager à jamais.
De temps en temps, quand on n'en paria
point pendant un ou aeux mois, un journaliste
va faire un tour à la Monnaie et rapporte le
lendemain les promesses qu'on lui fit. « C'est
pour bientôt, ne désespérez pas ! Dam huit
jours..- dans un mais !. » Et le silence, à
nouveau, se fait : Et les jetons ne sortent pas
plus qu'avant.
L'on seraii tenté de croire qu'il n'a jamais
été dans l'intention de l'Administration de les
frapper. Le prestige de l'illusion est tel qu'en
s'est peut-être dit qu'en annonçant au bon peu-
ple des petits ronds d'aluminium, on arrivera
du même coup à guérir toutes les maladies am-
bulantes que traînent à leur suite les coupures
crasseuses, nauséabondes, gluantes et micro-
biennes.
- Mais non, il parait qu'il y a dam las caves
secrètes, — de combien secrètes ! — de l' Hô-
tel des Monnaies pour 35 millions de disques de
métal, mais qu'on attend' pour les meitre en cir-
culation « le moment favorable ». Qu'est-ce
que le « moment favorable » ? Mystère. On
affirme néanmoins que nous le verrom bientôt.
Mais comme on tire encore chaque jour de
nouveaux billets, il n'y a pas de raison pour que
nos espoirs ne soient pas déçus une fois de
plus.
A moins qu'on attende que nous soyons tous
empoisonnés par les coupures 1 - JIM.
Un bar saute
place du Havre
IL Y A 15 BLESSES
Hier matin, dans un bar Biard, situé 2,
rue d'Amsterdam et rue Saint-Lazare,
s'est produite une violente explosion qui a
fait plusieurs victimes.
En ouvrant son établissement, vers
4 h. 30, M. Antoine Desmelin, gérant, fut
surpris, par une forte odeuir de $az qui ré-
^aj iiait, tenante.
Il ouvrit immédiatement les portes du
bar en prenant soin de tenir fermée celle de
la petite salle pour éviter un courant d'air
qui pourrait provoquer un accident en ac-
tivant la flamme du percolateur.
Vers 5 heures, alors qu'une vingtaine de
personnes - des voyagéurs pour la plu-
part arrivés en gare Saint-Lazare par le
train de Cherbourg — se trouvaient dans
le bar, le gérant étant allé vérifier le comp-
teur, une explosion formidable se produnt,
aecompagnee de hautes flammes et provo-
quant la chute des grandes glaces de la
sale,.avec projection ,de vitres, de verres
et dobjtt: divers.
~L'e:".osion, qui fut entendue de tout le
quart, r avoisinant, a fait 15 victimes, duil
5 assez grièvement blessées, ont été trans-
portées d'urgenee à l'hôpital Beaujon.
Le > dégâts sont considérables. Le bar el
la salie de dégustation sont entièrement dé-
truil!: Le plafond menace de s'effondrer.
La déflagration fut si forte qu'on a retrou-
vé une chaise fichée par ses quatre pieds
dans le plafond.
Les vignerons aubois
font la grève de l'impôt
Troyes, 1er septembre. — Les vignerons
d'Avireylingey, dans un ordre du jour, ont
décidé de retuser les impôts de toute na-
ture tant que la régie n'aura pas restitué
aux vignerons 1 acquit « Champagne » qui
leur .permettra de vendre leurs vins au
commerce comme vins de Champagne.
LA POLITIQUE ETRANGERE
—— +-■»< < C -f
L'Allemagne républicaine
L'Allemagne sera un Etat démocratique ou
ne sera pas, a déclaré le chancelier Wirth sur
la tombe d'iirzberger. Et il a ajouté :
u Peuple allemand, réveille-toi ! Détourne-
toi de ceux qui veulent ce nouveau t'entraîner
dans le maiheur. Sois fidèle à l'idéal du nou-
vel Etat allemand qui te montrera le chemin
vers une nouvelle liberté. »
Cet appel énergique, la participation du
gouvernement à la manifestation de Berlin, les
mesures du cabinet Wirth contre l'agitation
nationaliste prouvent que le gouvernement ac-
tuel est résolu à défendre la république al-
lemande et à briser, avec l'aide du peuple,
la résistance insolente des réactionnaires mili-
taristes.
Et l'appui populaire ne lui fera certainement
pas défaut. La manifestation, imposante par
son calme, qui a groupé au Lustgarten plus
de cinq cent mille Berlinois, constitue à cet
égard un témoignage rassurant. Les hommes
qui étaient là s'opposaient à ceux qui prêchent
la guerre de revanche et le retour aux pires
excès impérialistes. Sans doute, parmi eux, on
voyait quelques milliers de manifestants mar-
chant à l'ombre du arapeau rouge et des pan-
cartes glorifiaient la Révolution mondiale..
Mais l'ensemble ce la démonstration avait en
sens très défini et franchement républicain.
Tous les orateurs, d'ailleurs, Wels, Braun,
Gresman, Lebedour, Rosenferld, Louise Ziests
ont souligné le caractère de la manifestation,
dirigée contre la réaction dont l'audace va
toujours croissant. Ils ont anncncé que le geste
des républicains n'était que le prélude d'une
lutte qui ne prendrait fin que le jour où les
militaristes seront récrits complètement à t''m.
oiùsaante. Ils cet déclaré» eofin.. oue Ja mani
festation de mercredi scellait l'union Définitive
des deux partis socialistes allemands pour la
défense de la République.
Ce n'est pas seulement à - Beriin que l'Al-
lemagne démocratique a pu compter ses dé-
fenseurs- Des manifestations semblables, toutes
aussi dignes, aussi calmes, aussi imposantes,
se sont déroulées en même temps à Magde-
bourg, à Hanovre, à Cassel, à Hambourg, à
Kiel, à Stuttgart, à Brème, à Essen, à Leip-
zig. Nulle part, les réactionnaires n'ont osé
affronter la foule républicaine. Les démons-
trations d'avant-hier leur feront probablement
comprendre que l'esprit allemand a évolué len-
tement, mais qu'il est désormais trop tard
pour qu' une tentative oie coup d'Etat réaction-
naire ne se heurte pas au -veto absolu des
masses populaires.
En combattant la réaction, les républicains
allemands travaillent pour la paix du monde.
Le cabinet Wirth, en les approuvant, en les
soutenant, acquiert des droits à notre appui.
Car, n'est-ce point la lourde tâche à laquelle
la France s'est attelée, que cette lutte contre
l'impérialisme militariste compromettant la sé-
curité de l'équilibre européen? Si les Alle-
mands eux-mêmes entendent nous aider à faire
la police dans leur propre pays et à nous en-
lever toute inquiétude au sujet des projets de
revanche de leurs anciens généraux et des
chefs de l'Orgesch, nous aurions tort de les
décourager, ou plutôt de ne pas les encou-
rager.
Beaucoup de paroles sages ont été pronon-
cées, avant-hier, en- Allemagne. Attendons les
actes, et orientons notre politique des répara-
tions CIt. éauecce.
L'AFFAIRE DES Il PROTOCOLSIl-
-vr -.
L'ANTISÉMITISME DÉMASQUÉ
L antisémitisme ne vit que aie l'ignorance
des foules. On le croyait mort, il renaît.
La vieille haine de race et de religion, qui
fit couler des flots de sang, qui inonda le
monde de souffrances affreuses, à travers les
siècles, régnera-t-elle à nouveau?
L'antisémitisme, pour les besoins de sa
cause, s'est toujours servi de tous les moyens,
sans discernement aucun. « Le but excuse les
moyens », fut la fameuse devise lancée par
les Jésuites. Et les élèves continuent à la pra-
tiquer à travers/ les âges : faux témoignages,
fausses interprétations des textes, rapts d'en-
fants pour en rejeter la responsabilité sur les
juifs innombrables accusations stupidbs de
meurtres rituels. Dans certains pays, ces pro-
vocations portent leurs détestables fruits: pilla-
ges et meurtres, confiscations de biens, pros-
criptiom.
Ailleurs, on tente d'émouvoir l'opinion, à
la manière d'Edouard Drumont, avec des do-
cuments truqués. Les fameux Protocols des
sages de Sien, imprimés et répandus large-
ment à travers le monde, sont reconnus l' œu-
vre d'un faussaire..
;Ollw
Mais d'abord que sont ces fameux Proto-
cois?
D'après les judéophobles, ce sont « les pro-
cès-verbaux » du premier congrès sioniste de
1897 — qui furent vol és et vendus à Serge
Nilus, lequel les fit paraître en 1901. Depuis,
il y eut plusieurs éditions en langue russe.
Pour suivre la clssémination de cette ivraie,
il faudrait parcourir toute l'histoire de la Rus-
sie tzanste et évoquer la lutte entre les moi-
nes thaumaturges qui se disputèrent les faveurs
de la Cour de Nicolas II.
L'instauration oie la révolution en Russie
déchaîna la tempête des haines. Le congrès
sioniste, qui préparait la création d' un Etat
juif, fut le prétexte attendu : ce que vou-
laient lesdiale. Les rois et empereurs étaient menacés
d'exil ou de mort. Pour réaliser ce plan in-
fernal, les juifs marchent en plein accord avec
les partis extrêmes. Les juifs et les francs-
maçons ont conclu une entente secrète. Il
fallait provoquer la guerre mondiale. Une fois
le triomphe de la démocratie obtenu, la ty-
rannie juive s'instaurerait si puissante que ja-
mais les Gentils ne pourraient revenir au pou-
voif. lJnine, Trotsky, Bêla. Ku Kurt Eiè-
ner, Gohn, HaaSe sont W.dore Henl. l'auteur de l'Etat juif, f rîmes-
maçons, iâux, ôe là Ligué des Droits
de l'Homme, des caillautistes, etc.
Tel est le plan, le grand complot des Sages
de Sioc.
La révolution allemande victorieuse, les
pangermanistes lancèrent une édition des Pro-
tocols pour discréditer la démocratie alle-
mande.
Une édition anglaise parut en 1920. Puis,
successivement, en Pologne, en France, en
Danemark, en Belgique, etc.
En France, trois maisons d'éditions répan-
dent ce poison : Urbain Gohier par la Vieille
France ; la Librairie Emile Paul Frères, par
une traduction de Mgr Jouin, et l'éditeur
Grasset, par une traduction de M. Roger
Lambelin, de l'Action françai.
Le cardinal Gaspari donne une préface :
« Sa Sainteté se plaît donc à Vous féliciter, et
à vous encourager dans vos travaux, dont l'in-
fluence peut être si féconde- »
Une main invisible tient le fil et lance des
milliers d'exemplaires. Des hommes politiques,
des journalistes en reçoivent des exemplaires
gracieusement.
En 1919, on proposa aux représentants
juifs des Etats-Unis l'achat du manuscrit.
Ils refusent. On l'édite aux Etats-Unis. L' ar-
chi-millionnaire Ford entre en scène. Il lait
tirer des dizaines de milliers d'exemplaires.
En France, les publications s'accumulent:
la Poussée juive chez l' Anglo-Saxon pat
l'infatigable Roger Lambelin ; le Péril juif,
par Georges Batault ; le Royaume de Dieu
et Quand Israël est toi, par les Tharaud, s' é-
talent en librairie, après avoir été publiés soit
dans la Revue hebdomadaire, soit par le Mer-
cure de France ou par la Revue des Deux
Mondes. Tous ces ouvrages développent l' an-
tienne cilu fameux plan de domination « juive ».
Et la campagne continue:
La princesse Raokivill écrit qu'elle eut un
jour l'occasion de voir, dans son sàlon, le ma-
nuscrit des Protocols ; que l' «Okrana ».
la fameuse police russe, les fit rédiger par
le trop fameux policier Ratchkousky; qu'ils
furent fabriqués à Paris, à la Bibliothèque
Nationale. Néanmoins, la propagande du taux
continue, inlassable.
Wilson, Taft s 'indignent, lancent une pro-
testation à travers le monde..- Wilson ?
« C'est un vendu aux juifs. »
Mais un jour un journaliste honnête décou-
vre le « Dialogue aux enfers entre Machiavel
et Montesquieu » et il y retrouve les prin-
cipaux passages des fameux Protocols.
Le Times publie un article sensationnel.
Le faux est découvert.
Nous poussons la curiosité jusqu à aller à
la Bibliothèque Nationale et nous trouvons le
volume ; cote L6 56, 1469 ; auteur? Mau-,
rice Joly, Le livre fut édité en 1864 à Brqxel-
les, contre Napoléon III. Et nous Iisoe
les Protocols. Malgré les innombrables tra-
ductions — car les éditions françaises- sont pu-
bliées non d'après l'original français, mais
d'après le texte russe ou anglais -les expres-
sions sont identiques. Les Proiocols ne sont
rien autre que les répliqués de Machiavel à
Montesquieu. 11- y a aussi des rempli
~** Lettres persanes et a i'Esprit
des fois. à l'Et;tnif
Tout récemment, dans l'Action française,
M. Jacques Bainville écrivait :
» Nous avions toujours eu. une certaine
méfiance à l'égard des Protocols, dont l'au-
thenticité nous avait paru demander un peu de
critique. Que les Protocols aient été forgés
il y a vingt am pour les besoins de telle cause
et peut-être par l'Okrand rosse, c'est possi-
ble (1). »
Oui, mais il ne suffit pas de dire : c'est
un faux. Il faut réparer le mal. Comment?
M. Bainville a le courage d'avouer qu'il fut
*« roulé » ; aura-t-il celui de réparer le mal.
en obligeant son collaborateur Roger Lambe-
lin à jeter son livre au pilon et à désavouei
son œuvre infâme?
ENRIC F. BRAUNSTEIN. -
{1) Action française, 19 août 1921. -6
L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE ET LES ACCORDS FINANCIERS
M M. Briand entend réserver JX
les prérogatives du gouvernement
C'est une tradition que la commission
des finances soit antiministérielle et l'on
a généralement interprété comme un acte
d hostilité à l'égard du cabinet, le ques-
tionnaire qu elle a adressé à M. Briand.
Le rapporteur général, M. Bokanowki,
se défend vivement et défend ses collègues
d'intentions aussi malignes.
« La commission des finances, déclare-t-
il, ne s'est nullement placée sur le terrain
politique. Elle a simplement voulu êtLI
renseignée exactement sur notre situation
financière, afin de mesurer l'effort fiscaJ
qui devra être demandé au pays.
« Depuis la guerre ,nous avons vécu dans
un régime d'approximation : les ministres
des finances n'ont cessé de déclarer que,
seule, la fixation des sommes à verser par
l'Allemagne pourrait leur permettre d'éta-
blir des prévisions et de tenter de réaliser
un équilibre parfait.
« Nous voulons arriHr à avoir un bud-
get de paix réel, et sinon normal, du moins
établi suivant des méthodes normales.
a Il était donc normal que nous désirions
être renseignes sur les versements que nous
pouvons attendre de l'Allemagne. Partant,
nous étions, en. droit cle réclamer des éclair-
cissements sur les accords du 13 août.
« Nous auriùns désiré nous en entretenir
avec le presiaent du Conseil, avant le Con-
seil des ministres qui doit se réunir ce
matin, des accords qui engagent, dans une
large mesure tout l'avenir financier du
pays. En les laissant passer sans rien dire,
nous craignions de nous voir reprocher d'y
avoir donné, par notre silence, une tacite
approbation
cc Nous ne voulons pas repousser ces ac-
cords à lJri-ori-r nous voulons seulement les
examiner avec toutes les explications qui
seront de nature à nous éclairer.
« La commission des finances a, non seu-
le ment le droit, mais le devoir, de s'éclai-
rer. Mais c'est dans un esprit de collabora-
tion avec le gouvernement qu'elle agit. »
La réponse de M. Briand
à la Commission des finances
M. Briand, rentré à Paris hier, a répondu
aussitôt à la lettre aue la commission de*
finances de la Chambre lui a fait parvenir
en lui envoyant le questionnaire que nous
avons publié sur les accords financiers.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de tous accuser réception
de la lettre que voué avez bien voulu m'a-
dresser le 30 août conjointement avec M. le
rapporteur général du budget spécial et par
laquelle vous m'avez fait part du désir de
la commission des finances de m'entendre
dans le plm bref délai ainsi que le ministre
des finances sur les accords financiers du
13 août.
En même temps et en VUe de faciliter
l'audition du gouvernement, vous n'avez
communiqué un questionnaire que vous
avez établi au nom de la commission.
Le gouvernement, bien avant de l'avoir
reçu, s'est saûi. de l'examen des différentes
questions qui sont cHoncées. Il va en déli-
bérer et dès que cela, me sera possible, je
me mettrai à votre disposition pour en con-
férer avec la commission des finances.
Veuillez agréer, etc.
Aristide BRU.\IJ.
Cette reponse a été lue hier après-midi
à La commission des finances par M. Mau-
noury, son président.
Immédiatement, il fut chargé d'envoyer
une nouvelle lettre à M. Briand, dans la-
quelle, tout en prenant acte de la promesse
que le président lui tait de venir devant
elle, la commission manifeste son espoir
« qu'aucune décision ne sera prise par l6.
gouvernement avant qu'elle n'ait obtenu,
les renseignements demandés n.
La taxé sur le chiffre d'affaires
La sous-commission fiscale n'accepte pas
qu'elle soit uniformément doublée
La sous-commission fiscale de lé Chambre
a examiné, hier matin, la proposition du
ministre des finances tendant à doubler la
taxé sur le chiffre d'affaires pour réaliser
Téquilibre du budget de 192»'.
Après une assez longue discussion au
cours de laquelle MM. lsaac, l.eboni j. R,),
kanovvski, Archimbatit, etc., prirent. f:'lit'
à tour la parole, la sous-commission dé-
Le numéro : QUINZE (MNTIUM
Vendredi 2 Septembre 1921. — N° 1852S
Fondaleur. (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIB
,- ABONNEMENTS
Un an Six mois Trtfsmol»
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 29 » 16 »
FRANCE & COLONIE8.. 41 » 22 » 11 »
Etranger 49 le 25 » 13 Il
Adresser toutes les communication..
au directeur.
JMdmetmut* mm mhmtê
RAYMOND LANGE
Pow la Publicité, s'adresser
aux bureaux du journal.
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
ADMINISTRATION & REDAC,TION :
Boulevard de Strasbourg, 38 — PARIS
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TELEPHONES :
SMactloi « jaiiiuiraiioi : Nord 24-90.24-91-— Après 10h. du sor : Gutenberg 00-18
1
o p inions :-.. :;
Les grèves du Nord
On parle peu, dans la presse, des grèves
qui se déroulent actuellement dans le Nord.
Il y a pourtant là un fait social d'une gra-
vité redoutable. Depuis de longs jours, l'in-
dustrie textile est arrêtée dans le centre le
plus important de France, et 60.000 ou-
vriers, guettés par la misère, se demandent
avec angoisse s'ils pourront tenir jusqu'au
bout. Ils ont jusqu'ici fait preuve du plus
grand calme. Mais des meneurs s'agitent, et
la faim est mauvaise conseillère. En outre,
le mouvement menace de s'étendre. Il est
temps que* ceux qui ont quelque qualité
pour résoudre le conflit s'y emploient de tou-
tes leurs forces.
On connaît la cause du conflit : un désac-
cord sur l'indice de cherté de vie. Il semble
que les commissions du coût de la vie de-
vraient rendre de tels désaccords impossi-
bles. Quoi de plus objectif que la science et
la statistique ? Avec des commissions stric-
tement paritaires, qui tiendraient à jour les
prix des denrées, des vêtements, avec la mar-
ie nécessaire pour certains à-côtés indispensa-
bles, on devrait établir au-dessus de toute
contestation le salaire-type d'une famille
d'ouvriers. Comment discuter les indications
d'un baromètre ?
Mais, dans le Nord, la composition de
cette commission n'a pas donné satisfaction
eux ouvriers, qui ont cessé d' y figurer. Dès
lors, ses indications sont devenues lettre-
morte.
Les patrons ont fait alors observer que
les salaires qu'ils donnaient étaient supé-
rieurs à ceux des autres régions, dans la mê-
me industrie, et qu' ainsi, ils étaient écra-
sés par cette concurrence inégale. Ils, ajou-
tent que le sursalaire familial qu'ils ont
adopté, et qui atteint 3 francs par enfant
au-dessous de 16 ans, a achevé d'épuiser
leurs disponibilités.
A quoi les ouvriers ripostent que la vie
est sans doute moins chère dans les régions
où les salaires sont plus faibles, et que le
sursalaire familial n'a fiétt à voir avec leurs
revendications. Libre aux patrons de favo-
riser lë. familles nombreuses. Mais la no-
tion du salaire, qui est la juste rémunération
d'un travail déterminé, ne doit pas en être
altérée. En outre, ils ajoutent que la situa-
» tion des patrons est loin d'être aussi cri-
tique qu'ils le prétendent, si l'on considère
leur train de vie. Enfin, ceux-ci ont assez
dit que la justification du capital, c'est le
risque. Le droit au gain a comme corollaire
la, résignation à la perte. A eux de montrer
.Ieur conscience patronale, en consentant à
perdre s'il le faut.
En dehors de l'obstination des populations
du Nord, aussi lentes à se rendre qu'à en-
trer en lutte, le conflit est encore aggravé
par des circonstances particulières. Le pré-
sident du syndicat patronal, M. Maton, est,
paraît-il, un homme fort entêté. En outre,
les patrons, au lieu de discuter eux-mêmes,
ont un représentant salarié qui, comme il ar-
rive toujours, s'acquitte de son mandat plus
âprement que ne le feraient les intéressés
eux-mêmes. D'autre part, les patrons se
prévalent de l' exemple de Mulhouse, où
les ouvriers ont dû capituler après 45 jours
de grève. Dans leur esprit, il n'y a qu'un
cap difficile à franchir, après quoi ils tien-
dront les ouvriers à leur merci. En attendant,
beaucoup d'entre eux passent leurs com-
mandes à d'autres usines, situées dans la
région parisienne ou dans l'Ouest, qu'ils ont
édifiées pendant la guerre.
De leur côté, les ouvriers avaient deux
millions en caisse. Des municipalités leur ont
Voté des secours, et le Conseil général a
décidé, en principe, d'en faire autant. Ils
sont également aidés par d'autres corpora-
tions, et ils escomptent la solidarité ouvriè-
le qui peut déclancher une grève générale.
Avec de telles données, la situation appa-
raît sans issue, s'il ne se produit pas, en
dehors des Intéressés, un grand effort de
conciliation. Le Conseil général du Nord
l'a compris et a demandé la modification,
dans un sens plus équitable, de la Commis-
sion du coût de la vie. Le ministre du Tra-
vail t'est rallié immédiatement à cette thè-
se. De leur côté, le préfet et l'inspecteur di-
visionnaire du Travail ne sont pas restés
inactifs. C'est ainsi que lundi ils convo-
quaient le comité de grève, et mardi les
patrons. Lés ouvriers ont exprimé la volonté
de discuter directement avec les patrons eux-
mêmes. Quant aux patrons, ils se sont divi-
sés : les uns — les petits — faisant preuve
d'un esprit de conciliation, ont répondu à la
convocation ; les autres se sont abstenus.
Pendant ce temps, le conflit s'envenime,
et la grève générale point à l'horizon. Com-
me toujours, les extrémistes des deux camps
se rejoignent dans l'intransigeance. Tandis
que les patrons refusent de causer, les com-
munistes invoquent la lutte des classes, et
refusent de distinguer les bons patrons des
mauvais. Il ne veulent d'aucune commission
du coût de la vie, et leurs intentions sont tel -
les que les dirigeants du syndicat ont dû dé-
cider d'arrêter à l'avance la liste des ora-
teurs dans les meetings, pour éviter leurs
provocations. Qu'adviendrait-il, en effet, si
des troubles éclataient, avec les 200 ou 300
gendarmes qui constituent la force armée du
département ? Ce serait alors l' envoi de
troupes avec toutes -ses conséquences.
Pour éviter d'en venir là. oour empêcher
la mort d'une industrie, la misère, et des
effusions possibles de sang, il faut à tout
prix en finir. Si jamais l' arbitrage fut néces-
saire, c'est bien en cette circonstance. Il se
trouve que les chefs véritables du mouve-
ment sont des hommes sages, qui ont jusqu'ici
maintenu le calme. D autre part, le Peu-
ple, organe officiel de la C. G. T., faisait
hier assez clairement appel à cet arbitrage.
L'arbitre désigné, c'est le ministre du
Travail. Par une heureuse fortune, ce pos-
te est occupé par un représentant du Nord,
M. Daniel Vincent, qui connaît bien ces
populations, leur état d'esprit et leurs besoins,
et qui est, en outre, particulièrement quali-
fié par son esprit de justice et de décision.
Lui seul peut intervenir avec toute l'auto-
rité et l'impartialité voulues. L'heure est
venue de lui donner la parole.
Yvon DELBOS.
Construisons
des maisons
La loterie nationale française1!
On a, en France, l'habitude de la cri-
tique. Ce ne serait pas là un défaut, au
contraire, si pour combattre des projets
raisonnables, on ne cherchait des argu-
ments « à côté ».
Aussi, pour lutter contre l'idée d'une
loterie nationale, idée émise depuis long-
temps, on a soulevé l'objection de l'im-
moralité du jeu. « Enrichir certains ci-
toyens, qui seront favorisés par la chan-
ce, avec l'argent de certains autres, que
le sort aura desservis, cest un exemple
déplorable », a-t-on dit.
Ne soyons point si pudibonds, pour
être un peu plus « pratiques ». La So-
ciété est ainsi faite que chaque geste des
individus qui la composent aboutit à ce
résultat : faire paser de la poche des
uns dans la poche des autres des som-
mes d'argent plus ou moins importan-
tes. L'inuustrie, le commerce, ont pour
fins avouées, cette opération. Les riches-
ses s'édifient sur ues ruines, et cela,
sans scrupule et même sous la protec-
tion des lois.
La lutte pour la vie n'est pas une in-
vention de principe : c'est un fait. En-
core, celui qui y succombe ne le fait
jamais exprès.
Or, ceux qui se livrent au jeu pour
« gagner » de l'argent n'y ont jamais été
contraints. Ils ne peuvent se plaindre
à personne le jour où ils perdent ; ils
n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes.
Et, d'autre part, il n'y a pas de loi pro-
hibitive qui tienne devant la passion du
joueur de baccara, par exemple. On a,
au contraire, pris le sage parti de régle-
menter les jeux de cette espèce, qui lais-
esnt ainsi quelques profits à l'Etat.
Celui-ci n'est point effarouché de pal-
per l'argent qui lui vient des maisons
closes et des droits de circulation des
pierreuses.
Comment hésiterait-il à encaisser le
bénéfice d'opérations librement consen-
ties entre citoyens et à prélever, comme
il le fait pour le pari mutuel'aux courses
hippiques, une juste contribution ?
il y a un Etat en Europe qui ne vit
presque exclusivement que du rapport
de sa loterie nationale. Ce ne sont pas
seulement ses sujets qui contribuent à
faire le succès, de cê jeu. La loterie d'Es-
pagne, interdite en France, y a des ama-
teurs fervents et assidus. Ainsi, de l'ar-
gent français passe les Pyrénées plu-
sieurs fois par mois, alors qu'il resterait
en France si le moyen était donné aux
citoyens français de tenter, chez eux, la
chance de réaliser quelques gains de la
même manière.
Faut-il donc dédaigner une source im-
portante de revenus pour l'Etat, sous le
prétexte qu'elle serait impure ? La catho-
lique Espagne, qui s'y connaît en vertu,
ne s'est pas embarrassée de ce scrupule
puéril, et elle a bien raison, car ainsi
elle allège les impôts forcés, causes sou-
vent des pires catastrophes politiques.
Imitons son exemple, mais en consa-
crant exclusivement les bénéfices de la
Loterie Nationale française à la cons-
truction de maisons d'habitation. Quand
la France, devenue propriétaire d'im-
meubles bâtis, pourra loger tout son
monde — et cela peut vite arriver —
nous verrons à quoi elle pourra utiliser
les profits de sa loterie. Peut-être à éten-
dre davantage renseignement dans le
peuple français, à combattre la crimina-
lité, à doter chaque citoyen d'un gagne-
pain.
Et cela, n'est-ce pas, n'a rien d'im-
moral 7 - ■
Que nos législateurs y pensent sans
parti-pris, et qu ils apportent leur con-
cours a la proposition de loi, préparée
actuellement par M. FiOri, député d'Al-
ger, et plusieurs de ses collègues, ten-
dant à 1 institution d'une Loterie Natio-
nale en France.
Ch. BRANTHOMME.
(1) Voir notre numéro du 28 août.
-=':::::'::i _.-
M. Briand reçoit M. Loucheur
M. Aristide Briand, président du conseil,
s'est entretenu luer, au ministère des alfai-
res étrangères; avec M. Loucheur, au sujet
des détails des accords que le ministre des
régions libérées a conclus- récemment à
Wirsbaiien avec M. Walter Rathenau, sous
réserva de l'approbation des scauverneirçeïits
français .ttfc aïi £ HiiaiKL
ÉDITORIAL
LE TIGRE
DANS LE MAQUIS
Grand e nouvelle de. Corse. M. Clemen-
ceau a pris le maquis. Après le sabotage
de la victoire et la subordination de la Fran-
ce à l'Angleterre, c'était le parti le plus
sage. Rien ne vaut un massif de lentisques
pour masquer la perspective d'une Haute-
Cour.
Les mânes des Bellacoscia ne manqueront
pas d'accueillir le vieil Anacharsis avec al-
légresse. N'a-t-il pas, au cours de sa vie,
« dégringolé plus de pontes » ministériels
que tous les bandits corses réunis de gendar-
mes ?
D'ailleurs, les exploits fameux de Cor-
nélius Herz sont pour dépasser ceux d'Hadji-
Stravos en personne, st leurs échos pour
remplir toutes les cavernes de l'Ile embau-
mée. A parcourir la Corse, M. Clemenceau
apprendra enfin à connaître et à admirer
la grâce sauvage de ses sites, là vertu de
ses lemmes, le courage de ses hommes, tout
ce qui forme l'attrait captivant de cettc ter*
re étrange et délicieuse, qu'il proposait en
1871, à l'Assemblée nationale d'abandon-
ner à l'Italie.
La Corse à l'Italie, le Tonkin à la Chi-
ne, l'Egypte, Constantinople, la Mésopo-
tamie, Mossoul, à l'Angleterre : M. Cle-
menceau ne s'est jamais montré chiche de
libéralités, qui ne coûtaient qu'à la France.
Dans ses jours de largesse, il céderait jus-
qu'au prépuce de Mandel pour un sourire
de Lloyd George.
On se montre généralement surpris de
cette manie ambulatoire, qui pousse si tar-
divement M. Clemenceaù sur tous les che-
mins du globe. Ne dirait-on pas qu'il y pro-
mène son remords, sans parvenir à apaiser
sa conscience, a l'approche du grand cré-
puscule ?
Au demeurant, la présence d'un Tigre
venu de la jungle parlementaire dans le ma-
quis, ne pourra qu'enrichir la faune de la
Corse, qui, jusqu'ici, comprenait surtout des
merles.
Dommage, que le vieux fauve, qui va
rôder autour de la maison natale de Napo-
lêop, soit de l'espèce dont on confectionne
les descentes de lit dé raiigléleïm.
EDMOND PU MESNIL.
La chasse aux bandits
COUPS DE FUSIL
ET CHIENS POLICIERS, A CETTE
Montpellier, 1er seplembre. - M. Boillot,
percepteur, priait dans sa sacoche des va-
leurs pour près d'un n^illon, lorsqu'il fut
violemment frappé à la tète par derrière
par trois bandits qui prirent la sacoche et
s'enfuirent en tirant des coups de revolver
sur ceux qui les poursuivaient. Un agent,
M. Poucliei, fut assez grièvement blessé au
ventre, mais un automobiliste, qui venait
en sens inverse, tira sur les bandits avec
un fusil chargé de chevrotines.
Un des bandits fut tué, un autre blessé;
le troisième s'enfuit avec la sacoche, mais,
grâce au concours de chiens policiers, il
fut bientôt arrêté et déclara 'se nommer
Garcia Antonio, né à Valence (Espagne). Le
bandit blessé se nomme Auguste Marohetti,
25 ans, né à Paris. L'identité du bandit tué
n'est pas établie encore. L'état du percep-
teur est grave, ainsi que celui de l'agent
blessé.
EN DEUXIEME PAGE :
Le transfert de la Hongrie occidentale.
EN DERNIERE HEURE :
Le Conseil de la S. D. N. et la Haute-
Silésie.
En passant
Où l'on reparle
des jetons-fantômes
Il y a un certain nombre de plaisanteries à
rebondissement, avec lesquelles on amuse la
foule : celle des jetons-fantômes est du nombre.
Combien de fOds leur naissance fut-elle en-
ooncée, il Vaut mieux ne pas le rechercher, car
ceux qui ont encore conservé l'espérance de les
voir un jour powraient se décourager à jamais.
De temps en temps, quand on n'en paria
point pendant un ou aeux mois, un journaliste
va faire un tour à la Monnaie et rapporte le
lendemain les promesses qu'on lui fit. « C'est
pour bientôt, ne désespérez pas ! Dam huit
jours..- dans un mais !. » Et le silence, à
nouveau, se fait : Et les jetons ne sortent pas
plus qu'avant.
L'on seraii tenté de croire qu'il n'a jamais
été dans l'intention de l'Administration de les
frapper. Le prestige de l'illusion est tel qu'en
s'est peut-être dit qu'en annonçant au bon peu-
ple des petits ronds d'aluminium, on arrivera
du même coup à guérir toutes les maladies am-
bulantes que traînent à leur suite les coupures
crasseuses, nauséabondes, gluantes et micro-
biennes.
- Mais non, il parait qu'il y a dam las caves
secrètes, — de combien secrètes ! — de l' Hô-
tel des Monnaies pour 35 millions de disques de
métal, mais qu'on attend' pour les meitre en cir-
culation « le moment favorable ». Qu'est-ce
que le « moment favorable » ? Mystère. On
affirme néanmoins que nous le verrom bientôt.
Mais comme on tire encore chaque jour de
nouveaux billets, il n'y a pas de raison pour que
nos espoirs ne soient pas déçus une fois de
plus.
A moins qu'on attende que nous soyons tous
empoisonnés par les coupures 1 - JIM.
Un bar saute
place du Havre
IL Y A 15 BLESSES
Hier matin, dans un bar Biard, situé 2,
rue d'Amsterdam et rue Saint-Lazare,
s'est produite une violente explosion qui a
fait plusieurs victimes.
En ouvrant son établissement, vers
4 h. 30, M. Antoine Desmelin, gérant, fut
surpris, par une forte odeuir de $az qui ré-
^aj iiait,
Il ouvrit immédiatement les portes du
bar en prenant soin de tenir fermée celle de
la petite salle pour éviter un courant d'air
qui pourrait provoquer un accident en ac-
tivant la flamme du percolateur.
Vers 5 heures, alors qu'une vingtaine de
personnes - des voyagéurs pour la plu-
part arrivés en gare Saint-Lazare par le
train de Cherbourg — se trouvaient dans
le bar, le gérant étant allé vérifier le comp-
teur, une explosion formidable se produnt,
aecompagnee de hautes flammes et provo-
quant la chute des grandes glaces de la
sale,.avec projection ,de vitres, de verres
et dobjtt: divers.
~L'e:".osion, qui fut entendue de tout le
quart, r avoisinant, a fait 15 victimes, duil
5 assez grièvement blessées, ont été trans-
portées d'urgenee à l'hôpital Beaujon.
Le > dégâts sont considérables. Le bar el
la salie de dégustation sont entièrement dé-
truil!: Le plafond menace de s'effondrer.
La déflagration fut si forte qu'on a retrou-
vé une chaise fichée par ses quatre pieds
dans le plafond.
Les vignerons aubois
font la grève de l'impôt
Troyes, 1er septembre. — Les vignerons
d'Avireylingey, dans un ordre du jour, ont
décidé de retuser les impôts de toute na-
ture tant que la régie n'aura pas restitué
aux vignerons 1 acquit « Champagne » qui
leur .permettra de vendre leurs vins au
commerce comme vins de Champagne.
LA POLITIQUE ETRANGERE
—— +-■»< < C -f
L'Allemagne républicaine
L'Allemagne sera un Etat démocratique ou
ne sera pas, a déclaré le chancelier Wirth sur
la tombe d'iirzberger. Et il a ajouté :
u Peuple allemand, réveille-toi ! Détourne-
toi de ceux qui veulent ce nouveau t'entraîner
dans le maiheur. Sois fidèle à l'idéal du nou-
vel Etat allemand qui te montrera le chemin
vers une nouvelle liberté. »
Cet appel énergique, la participation du
gouvernement à la manifestation de Berlin, les
mesures du cabinet Wirth contre l'agitation
nationaliste prouvent que le gouvernement ac-
tuel est résolu à défendre la république al-
lemande et à briser, avec l'aide du peuple,
la résistance insolente des réactionnaires mili-
taristes.
Et l'appui populaire ne lui fera certainement
pas défaut. La manifestation, imposante par
son calme, qui a groupé au Lustgarten plus
de cinq cent mille Berlinois, constitue à cet
égard un témoignage rassurant. Les hommes
qui étaient là s'opposaient à ceux qui prêchent
la guerre de revanche et le retour aux pires
excès impérialistes. Sans doute, parmi eux, on
voyait quelques milliers de manifestants mar-
chant à l'ombre du arapeau rouge et des pan-
cartes glorifiaient la Révolution mondiale..
Mais l'ensemble ce la démonstration avait en
sens très défini et franchement républicain.
Tous les orateurs, d'ailleurs, Wels, Braun,
Gresman, Lebedour, Rosenferld, Louise Ziests
ont souligné le caractère de la manifestation,
dirigée contre la réaction dont l'audace va
toujours croissant. Ils ont anncncé que le geste
des républicains n'était que le prélude d'une
lutte qui ne prendrait fin que le jour où les
militaristes seront récrits complètement à t''m.
oiùsaante. Ils cet déclaré» eofin.. oue Ja mani
festation de mercredi scellait l'union Définitive
des deux partis socialistes allemands pour la
défense de la République.
Ce n'est pas seulement à - Beriin que l'Al-
lemagne démocratique a pu compter ses dé-
fenseurs- Des manifestations semblables, toutes
aussi dignes, aussi calmes, aussi imposantes,
se sont déroulées en même temps à Magde-
bourg, à Hanovre, à Cassel, à Hambourg, à
Kiel, à Stuttgart, à Brème, à Essen, à Leip-
zig. Nulle part, les réactionnaires n'ont osé
affronter la foule républicaine. Les démons-
trations d'avant-hier leur feront probablement
comprendre que l'esprit allemand a évolué len-
tement, mais qu'il est désormais trop tard
pour qu' une tentative oie coup d'Etat réaction-
naire ne se heurte pas au -veto absolu des
masses populaires.
En combattant la réaction, les républicains
allemands travaillent pour la paix du monde.
Le cabinet Wirth, en les approuvant, en les
soutenant, acquiert des droits à notre appui.
Car, n'est-ce point la lourde tâche à laquelle
la France s'est attelée, que cette lutte contre
l'impérialisme militariste compromettant la sé-
curité de l'équilibre européen? Si les Alle-
mands eux-mêmes entendent nous aider à faire
la police dans leur propre pays et à nous en-
lever toute inquiétude au sujet des projets de
revanche de leurs anciens généraux et des
chefs de l'Orgesch, nous aurions tort de les
décourager, ou plutôt de ne pas les encou-
rager.
Beaucoup de paroles sages ont été pronon-
cées, avant-hier, en- Allemagne. Attendons les
actes, et orientons notre politique des répara-
tions CIt. éauecce.
L'AFFAIRE DES Il PROTOCOLSIl-
-vr -.
L'ANTISÉMITISME DÉMASQUÉ
L antisémitisme ne vit que aie l'ignorance
des foules. On le croyait mort, il renaît.
La vieille haine de race et de religion, qui
fit couler des flots de sang, qui inonda le
monde de souffrances affreuses, à travers les
siècles, régnera-t-elle à nouveau?
L'antisémitisme, pour les besoins de sa
cause, s'est toujours servi de tous les moyens,
sans discernement aucun. « Le but excuse les
moyens », fut la fameuse devise lancée par
les Jésuites. Et les élèves continuent à la pra-
tiquer à travers/ les âges : faux témoignages,
fausses interprétations des textes, rapts d'en-
fants pour en rejeter la responsabilité sur les
juifs innombrables accusations stupidbs de
meurtres rituels. Dans certains pays, ces pro-
vocations portent leurs détestables fruits: pilla-
ges et meurtres, confiscations de biens, pros-
criptiom.
Ailleurs, on tente d'émouvoir l'opinion, à
la manière d'Edouard Drumont, avec des do-
cuments truqués. Les fameux Protocols des
sages de Sien, imprimés et répandus large-
ment à travers le monde, sont reconnus l' œu-
vre d'un faussaire..
;Ollw
Mais d'abord que sont ces fameux Proto-
cois?
D'après les judéophobles, ce sont « les pro-
cès-verbaux » du premier congrès sioniste de
1897 — qui furent vol és et vendus à Serge
Nilus, lequel les fit paraître en 1901. Depuis,
il y eut plusieurs éditions en langue russe.
Pour suivre la clssémination de cette ivraie,
il faudrait parcourir toute l'histoire de la Rus-
sie tzanste et évoquer la lutte entre les moi-
nes thaumaturges qui se disputèrent les faveurs
de la Cour de Nicolas II.
L'instauration oie la révolution en Russie
déchaîna la tempête des haines. Le congrès
sioniste, qui préparait la création d' un Etat
juif, fut le prétexte attendu : ce que vou-
laient les
d'exil ou de mort. Pour réaliser ce plan in-
fernal, les juifs marchent en plein accord avec
les partis extrêmes. Les juifs et les francs-
maçons ont conclu une entente secrète. Il
fallait provoquer la guerre mondiale. Une fois
le triomphe de la démocratie obtenu, la ty-
rannie juive s'instaurerait si puissante que ja-
mais les Gentils ne pourraient revenir au pou-
voif. lJnine, Trotsky, Bêla. Ku Kurt Eiè-
ner, Gohn, HaaSe sont W.
maçons, iâux, ôe là Ligué des Droits
de l'Homme, des caillautistes, etc.
Tel est le plan, le grand complot des Sages
de Sioc.
La révolution allemande victorieuse, les
pangermanistes lancèrent une édition des Pro-
tocols pour discréditer la démocratie alle-
mande.
Une édition anglaise parut en 1920. Puis,
successivement, en Pologne, en France, en
Danemark, en Belgique, etc.
En France, trois maisons d'éditions répan-
dent ce poison : Urbain Gohier par la Vieille
France ; la Librairie Emile Paul Frères, par
une traduction de Mgr Jouin, et l'éditeur
Grasset, par une traduction de M. Roger
Lambelin, de l'Action françai.
Le cardinal Gaspari donne une préface :
« Sa Sainteté se plaît donc à Vous féliciter, et
à vous encourager dans vos travaux, dont l'in-
fluence peut être si féconde- »
Une main invisible tient le fil et lance des
milliers d'exemplaires. Des hommes politiques,
des journalistes en reçoivent des exemplaires
gracieusement.
En 1919, on proposa aux représentants
juifs des Etats-Unis l'achat du manuscrit.
Ils refusent. On l'édite aux Etats-Unis. L' ar-
chi-millionnaire Ford entre en scène. Il lait
tirer des dizaines de milliers d'exemplaires.
En France, les publications s'accumulent:
la Poussée juive chez l' Anglo-Saxon pat
l'infatigable Roger Lambelin ; le Péril juif,
par Georges Batault ; le Royaume de Dieu
et Quand Israël est toi, par les Tharaud, s' é-
talent en librairie, après avoir été publiés soit
dans la Revue hebdomadaire, soit par le Mer-
cure de France ou par la Revue des Deux
Mondes. Tous ces ouvrages développent l' an-
tienne cilu fameux plan de domination « juive ».
Et la campagne continue:
La princesse Raokivill écrit qu'elle eut un
jour l'occasion de voir, dans son sàlon, le ma-
nuscrit des Protocols ; que l' «Okrana ».
la fameuse police russe, les fit rédiger par
le trop fameux policier Ratchkousky; qu'ils
furent fabriqués à Paris, à la Bibliothèque
Nationale. Néanmoins, la propagande du taux
continue, inlassable.
Wilson, Taft s 'indignent, lancent une pro-
testation à travers le monde..- Wilson ?
« C'est un vendu aux juifs. »
Mais un jour un journaliste honnête décou-
vre le « Dialogue aux enfers entre Machiavel
et Montesquieu » et il y retrouve les prin-
cipaux passages des fameux Protocols.
Le Times publie un article sensationnel.
Le faux est découvert.
Nous poussons la curiosité jusqu à aller à
la Bibliothèque Nationale et nous trouvons le
volume ; cote L6 56, 1469 ; auteur? Mau-,
rice Joly, Le livre fut édité en 1864 à Brqxel-
les, contre Napoléon III. Et nous Iisoe
les Protocols. Malgré les innombrables tra-
ductions — car les éditions françaises- sont pu-
bliées non d'après l'original français, mais
d'après le texte russe ou anglais -les expres-
sions sont identiques. Les Proiocols ne sont
rien autre que les répliqués de Machiavel à
Montesquieu. 11- y a aussi des rempli
~** Lettres persanes et a i'Esprit
des fois. à l'Et;tnif
Tout récemment, dans l'Action française,
M. Jacques Bainville écrivait :
» Nous avions toujours eu. une certaine
méfiance à l'égard des Protocols, dont l'au-
thenticité nous avait paru demander un peu de
critique. Que les Protocols aient été forgés
il y a vingt am pour les besoins de telle cause
et peut-être par l'Okrand rosse, c'est possi-
ble (1). »
Oui, mais il ne suffit pas de dire : c'est
un faux. Il faut réparer le mal. Comment?
M. Bainville a le courage d'avouer qu'il fut
*« roulé » ; aura-t-il celui de réparer le mal.
en obligeant son collaborateur Roger Lambe-
lin à jeter son livre au pilon et à désavouei
son œuvre infâme?
ENRIC F. BRAUNSTEIN. -
{1) Action française, 19 août 1921. -6
L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE ET LES ACCORDS FINANCIERS
M M. Briand entend réserver JX
les prérogatives du gouvernement
C'est une tradition que la commission
des finances soit antiministérielle et l'on
a généralement interprété comme un acte
d hostilité à l'égard du cabinet, le ques-
tionnaire qu elle a adressé à M. Briand.
Le rapporteur général, M. Bokanowki,
se défend vivement et défend ses collègues
d'intentions aussi malignes.
« La commission des finances, déclare-t-
il, ne s'est nullement placée sur le terrain
politique. Elle a simplement voulu êtLI
renseignée exactement sur notre situation
financière, afin de mesurer l'effort fiscaJ
qui devra être demandé au pays.
« Depuis la guerre ,nous avons vécu dans
un régime d'approximation : les ministres
des finances n'ont cessé de déclarer que,
seule, la fixation des sommes à verser par
l'Allemagne pourrait leur permettre d'éta-
blir des prévisions et de tenter de réaliser
un équilibre parfait.
« Nous voulons arriHr à avoir un bud-
get de paix réel, et sinon normal, du moins
établi suivant des méthodes normales.
a Il était donc normal que nous désirions
être renseignes sur les versements que nous
pouvons attendre de l'Allemagne. Partant,
nous étions, en. droit cle réclamer des éclair-
cissements sur les accords du 13 août.
« Nous auriùns désiré nous en entretenir
avec le presiaent du Conseil, avant le Con-
seil des ministres qui doit se réunir ce
matin, des accords qui engagent, dans une
large mesure tout l'avenir financier du
pays. En les laissant passer sans rien dire,
nous craignions de nous voir reprocher d'y
avoir donné, par notre silence, une tacite
approbation
cc Nous ne voulons pas repousser ces ac-
cords à lJri-ori-r nous voulons seulement les
examiner avec toutes les explications qui
seront de nature à nous éclairer.
« La commission des finances a, non seu-
le ment le droit, mais le devoir, de s'éclai-
rer. Mais c'est dans un esprit de collabora-
tion avec le gouvernement qu'elle agit. »
La réponse de M. Briand
à la Commission des finances
M. Briand, rentré à Paris hier, a répondu
aussitôt à la lettre aue la commission de*
finances de la Chambre lui a fait parvenir
en lui envoyant le questionnaire que nous
avons publié sur les accords financiers.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de tous accuser réception
de la lettre que voué avez bien voulu m'a-
dresser le 30 août conjointement avec M. le
rapporteur général du budget spécial et par
laquelle vous m'avez fait part du désir de
la commission des finances de m'entendre
dans le plm bref délai ainsi que le ministre
des finances sur les accords financiers du
13 août.
En même temps et en VUe de faciliter
l'audition du gouvernement, vous n'avez
communiqué un questionnaire que vous
avez établi au nom de la commission.
Le gouvernement, bien avant de l'avoir
reçu, s'est saûi. de l'examen des différentes
questions qui sont cHoncées. Il va en déli-
bérer et dès que cela, me sera possible, je
me mettrai à votre disposition pour en con-
férer avec la commission des finances.
Veuillez agréer, etc.
Aristide BRU.\IJ.
Cette reponse a été lue hier après-midi
à La commission des finances par M. Mau-
noury, son président.
Immédiatement, il fut chargé d'envoyer
une nouvelle lettre à M. Briand, dans la-
quelle, tout en prenant acte de la promesse
que le président lui tait de venir devant
elle, la commission manifeste son espoir
« qu'aucune décision ne sera prise par l6.
gouvernement avant qu'elle n'ait obtenu,
les renseignements demandés n.
La taxé sur le chiffre d'affaires
La sous-commission fiscale n'accepte pas
qu'elle soit uniformément doublée
La sous-commission fiscale de lé Chambre
a examiné, hier matin, la proposition du
ministre des finances tendant à doubler la
taxé sur le chiffre d'affaires pour réaliser
Téquilibre du budget de 192»'.
Après une assez longue discussion au
cours de laquelle MM. lsaac, l.eboni j. R,),
kanovvski, Archimbatit, etc., prirent. f:'lit'
à tour la parole, la sous-commission dé-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Emy Amand Rose Emy Amand Rose /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Emy Amand Rose" or dc.contributor adj "Emy Amand Rose")Barré Louis Auguste Barré Louis Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Barré Louis Auguste" or dc.contributor adj "Barré Louis Auguste")
- Auteurs similaires Emy Amand Rose Emy Amand Rose /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Emy Amand Rose" or dc.contributor adj "Emy Amand Rose")Barré Louis Auguste Barré Louis Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Barré Louis Auguste" or dc.contributor adj "Barré Louis Auguste")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7553036j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7553036j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7553036j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7553036j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7553036j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7553036j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7553036j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest