Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-08-24
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 août 1921 24 août 1921
Description : 1921/08/24 (N18517). 1921/08/24 (N18517).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7553027k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
30 Thermidor, An 129. — N* 18511
Le numéro : QQffNXB GENTOsSB
Mercredi 24 août 1921. — No 18511
rentraieui-0 »
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUBRIB
ABONNEMENTS
Un au Six Mis Itobmii*
- - -
SEINE & S.-ET-OÎSE. 33 * 89 » 10 )t
FRANCE & COLONIE».. 41 * 22 » 11 »
ETRMfGD 49 » î5 a 13 »
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RAYMOND LANGB
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OPINIONS
* bes nécrophages *
— - M,. .,.J._,;,,-<\,;-o:-. ,,----.--
Dans la ville d'eaux, où je soigne un
vieux souvenir de la guerre, j'ai emporté des
livres. Parmi eux, un dont le simple titre,
rouge sur blanc : Renoir. me promettait de
revivre toutes les fulgurations, de pénétrer un
peu plus avant dans le mystère de ce magi-
cien, qui trouvait des couleurs auxquelles le
temps lui-même collaborait, donnant des va-
leurs qui ajoutaient aux luxuriances de la
palette.
Hélas ! Quelle rage ont donc les gens,
eitôt mort un grand homme, de dépouiller
son intimité comme d'autres les cadavres !
Voilà un grand, très grand peintre; pen-
dant des siècles, des générations viendront
se débarbouiller les yeux avec sa peinture;
elle sera génératrice d'émotions, que peut-
être il n'a pas soupçonnées ; comme tant
d'oeuvres d'art, qui dépassent le but même
de l'artisan de génie auquel nous les devons:
tel nu ira plus avant dans l'âme, que n'y
pensait l'auteur, qui ne se souciait peut-être
que des jeux du soleil sur le dos d'un mo-
dèle bien en chair. et encore, quand je
dis le dos ! Tel portrait nous fera rêver à
l'infini, alors que, seule, ce jour-là, l'inté-
ressait la qualité de la lumière sur une peau
de femme. Et ces fleurs qui parfument pour
l'éternité, dans quel simple jardin ont-elles
été cueillies ? A quoi bon alors nous ins-
truire de ce que pensait le peintre d' une fem-
me, d'un événement, d'un livre ? Les juge-
ments, même sur un art où il peut y avoir
matière à enseignements précieux, doivent-
ils être livrés au décousu de boutades, de
saillies d'atelier, influencées par la dispo-
sition du moment, l'heure du jour et l'état
de la digestion ?
Et puis, qu'on nous fiche donc la paix
avec l'opinion des grands hommes sur les
oeuvres des autres : ce qui vaut, c' est ce
qu'ils ont fait, ce n'est pas ce qu'ils pensent.
On se souvient des pauvretés que débitait un
Tolstoï lui-même, quand il jugeait Shakes-
peare, cet autre sensuel. Et pourtant, l' œu-
vre du génie dans les choses de l'intelli-
gence comporte nécessairement une part d'es-
prit critique et de compréhension. Elle peut
taire absolument défaut au plus grand des
sculpteurs ou des peintres. Le père Corot
devait avoir — heureusement — des vues
très vagues sur la littérature. Qu estce que
cela me fait ce que Rencir pensait de Flau-
bert !
Mais de savoir qu'un jour après déjeuner,
ou après dîner, en fumant, ou en flânant,
un maître qu'on admire, ait pu dire de
telles sottises en parlant de Madame Bo-
vary, ce chef-d'œuvre, cela me gêne. Je
n'aime pas qu'il ait raillé si grossièrement
le sentiment, pas toujours averti, mais tou-
chant, qui entraîne la foule aux morceaux
des musées.
Et parce que le ha&ard ou l'amitié ont
voulu que quelqu'un vive dans l'intimité d'un
grand artiste, voilà que pour toujours celui-
ci sera fixé dans la mémoire des hommes,
non sous les traits de ses chefs-d œuvre,
qui sont sa vraie pensée, mais sous les traits
disparates et invérifiés, qui résultent de pro-
pos abandonnés, que la réflexion aurait sans
doute rectifiés, qui ne sont peut-être qu'une
apparence et un malentendu, et qu'il a plu
à l' interlocuteur de noter sitôt tenus, et
de publier dès le cercueil clos et quand leur
auteur ne peut plus démentir ou corriger.
Je n 'ai pas eu l'honneur de connaître
Renoir. J 'ai eu celui de connaître^J^gdiji.
Je sais tout ce qu'au profond de lui-même,
il y avait de matois et de rusé, et qui se
mélangeait curieusement au sublime artiste,
deux fois homme de la terre, par son génie
à la modeler, et par son côté de paysan ma-
dré.
Mais jamais, au grand jamais, il n'a pu
tenir les propos grotesques du parvenu et du
snob qu' on lui prête dans ce livre, et qui
par la force des choses, semblent mêler Re-
noir au dénigrement de Rodin. S'il les a
tenus, ce sont paroles sans consistance, qui
dépendaient du ton, de l'atmosphère, des
circonstances, et qu'une parole sui vante de-
vait contredire; à aucun titre ils ne peuvent
servir légitimement à fixer l'image de Ro-
din.
N'en est-il pas de même pour certains
propos, vraiment trop médiocres, qu'on prête
à Renoir dans ce li vre ; à qui j'en veux de
diminuer un maître, peut-être, et c'est ce
qu'il y a de pis ! en croyant le grandir ?
C'est affaire de ses héritiers et non la mien-
ne.
Mais ces mœurs, cette manie qui
grandit, de publier les boutades, les lettres,
les petits papiers ,les digestions et les purges
des grands personnages sont notre affaire à
tous, car elles touchent à ce qui nous est le
plus nécessaire : à notre faculté d'admiration
et d'enthousiasme.
J. PAUL BONCOUR.
- I T O R Ï A L
ÉDITORIAL
Les clairons importuns
---.. w .- _.--
Si les régions dévastées n'existaient pas,
il faudrait les inventer. Elles viennent, en
effet, de fournir à M. Poincaré l'occasion
d'un de ces grands discours où l'éminent
,homme d'Etat aime à flageller de son Verbe
cinglant ses successeurs au pouvoir, et va
jusqu'à, parfois, battre le rappel des engagés
volontaires pour Rerlin.
Déjà, la semaine dernière, M. André Tar-
dieu avait, dans l'Illustration. agité un gre-
lot batailleur. Les Chambres sont en vacan-
ces : il faut bien alimenter la lutte et main-
tenir en haleine les élans belliqueux.
Loin de nous la pensée de traiter par le
mépris la souffrance des populations libérées.
Quatre ans durant, sous la botte infâme de
l'agresseur, elles gravirent le plus dur des
calvaires. Et, lorsqu'à nouveau, tintèrent
les cloches de la paix, animés d'une foi
sacrée, avec un courage tenace et cette ad-
'mirable fidélité à la terre maternelle, les
déracinés tragiques s'accroupirent devant
leurs ruines éparses, avec la volonté de re-
naître et la volonté de revivre. S'accrochant
désespérément à des bribes de murs écrou-
lés, fouillant le sol de leurs doigts meurtris,
relevant pierre par pierre leurs maisons, rani-
ment la glèbe bourrée de mitraille, vivifiant
les cendres innombrables, ils surent, avec
l'énergie des espoirs obstinés, faire jaillir
un sang nouveau dans un pays paralysé.
Les résultats, hélas, ne furent pas toujours
à la hauteur des efforts entêtés et du travail
tenace.
La main de l'homme est parfois impuis-
sente à rendre toute la vie là où fut toute la
mort.
Des villages entiers sont encore à terre :
« Chavignon. 300 maisons à plat, pas une
reconstruite. dit M. Tardieu ; Anizy, 296
maisons à plat, deux réparations, pas de
reconstruction. Une coopérative de re-
construction, réunissant huit communes, et
dont les dossiers de dommages représentent
une valeur de reconstruction de 60 millions,
n'a touché en deux ans et demi, que un
million 800.000 francs. A cette allure-là,
,la reconstruction durera soixante-dix ans.
Une commune de 300 maisons toules détrui-
ses, dont la valeur est de huit millions n'a-
vait touché, en 1920, que 14.000 francs pour
reconstruction. »
Et M. Tardieu de conclure : « Pourquoi ?
Parce que l'Allemagne n'a pas payé ce que
h Traité de Versailles mettait à sa charge
ietque la France n'est pas à même de payer
c sa placè ».
Nous y sommes ! Ah 1 l'admirable outil
qft ce Traité de Versailles et les mauvais
ouvriers que ceux qui ne savait l'exploiter
Ah! si M. Tardieu était là, et M. Poincaré.
et même Clemenceau et le bouffon Mandel,
que n'aurions-nous pas déjà vu? Et ce cri
de guerre de reprendre : « A la Ruhr, à
Berlin ! Haut les cœurs l On les aura 1 »
Et les trompettes sonnent le ralliement; et
les armes se polissent dans l'ombre ; et le
chœur des vieillards du Bloc National, d'en-
tonner le refrain belliqueux; et les tourneurs
d'obus. les marchands de canons, toute la
pègre mercantile qui, sur ses ors sanglants,
veut d'autres ors sanglants, de frétiller d'es-
poir à Vidée des prochaines curées!
Certes, nous n'avons nullement l'idée de
prêcher vis-à-vis de l'A llemagne la moin-
dre faiblease, ou la moindre abstention. La
guerre qui Jut faite pour le Droit, nous a
fait les vainqueurs du Droit ; et c'est en
son nom que la France peut parler.
Mais ce n'est pas par une campagne d'ex-
citation factice, ce n'est pas en créant un
courant d'énervement troublant que l'on ren-
dra à notre pays cette force harmonieuse dont
il a besoin pour renaître. Le travail, —
celui du Nord, comme celui de nos autres
provinces, — a besoin, pour s'épanouir, d'u-
ne certitude de paix.
La France, aujourd'hui, a le choix entre
deux politiques: une politique de guerre, à la
traîne de tous les va-t-en guerre dont les nuits
sont hantées par Berlin, et qui parachèvera
son splendide isolement par le monde ; et
une politique de paix, qui, sans rien abdi-
quer de nos revendications ni de notre di-
gnité, nous fasse, dans la certitude de notre
juste cause et de notre force, regarder l'ho-
rizon de sang-froid.
Et si les fruits de la paix furent parfois
amers, n'est-ce pas plutôt dans ce traité,
que ses Thuriféraires dressent livre saint,
qu'il faut chercher la source empoisonnée
de nos déconvenues ?
Aux clairons de ralliement, mettons une
sourdine pour n'entendre que la voix du
Droit qui, tôt ou tard, dominant les murmu-
res passionnés, saura s imposer avec sa puis-
sance généreuse et son autorité dôminatrice.
Raymond LANGE.
L'état de santé du roi
Alexandre de Serbie
L'état de S. M. le roi Alexandre-est sa-
tisfaisant. L'amélioration continue. Tempé-
rature mat.mele 37,5 ; température vespé-
rale 38.:;. Pouls 98. Le 23 août.
(Signé) : Professeur Bernard Oroéo : doc-
tw de Patiente.
Déconvenue communiste
MOUFFLARD EST PARTI
RATTRAPERA-T-ON MOUFFLARD?
Le citoyen Gaston Moufflard était com-
muniste, ce qui, après tout, était bien son
droit.
Mais c'était un communiste comme pas
un. A Paris, à Pantin, il organisait réu-
nions sur réunions et meetings sur mee-
tings. Il parlait, clamait sa foi en Lénine
à tous les échos. Aux coups de main, il
n'était pas le dernier, encore qu'assez pru-
dent de nature il leur préférât les coups
de gueule, où l'on ne risque jamais qu'une
contradiction verbale toujours facile à re-
lever
Bref, le citoyen Moufflard était un pur
entre les pure.
Le parti n'est point défiant, c'est là son
moindre défaut. Il résolut de récompenser
Moufflard, déjà secrétaire de la section de
Pantin. Mais Moufflard avait d'autres ca-
pacités qu'un gouvernement sage ne pou-
vait laisser inactives. C'était un remarqua-
ble financr, un peu dans le genre du ci-
toyen Roraette. On nomma Moufflard ad-
ministrateur délégué de la Société inter-
communale de ravitaillement de Pantin.
C'est un titre. Moufflard d'abord lui fit
honneur. Mais, hélas! à tâter les gros
sous, on en prend vite le goût. Et, un
beau jonx.dft La.J&Ji j,uillet.^Jkloufflard> pré-
textant des courses à faire, des notes à
payer, brûla soudain la politesse à la So-
ciété intercommunale, à Pantin, à la rue
Candale et, par surcroît, à sa femme qui
n'en est pas encore revenue.
Lui non plus, Moufflard, n'est pas re-
venu. Et il n'a pas renvoyé les cent mille
francs qui manquent à sa caisse.
Faut-il tirer une moralité de cette his-
toire? Mais à quoi bon, quand notre con-
frère le Populaire s'en est parfaitement
chargé :
« Dernièrement, dit-il, Y Humanité triom-
phait de ce que, parmi les fonctionnaires
des régions dévastées compromis dans des
histoires de majorations de dépenses de
reconstruction, figurait un maire cc dissi-
dent ». Nous ne l'imiterons pas, estimant
que les fautes sont individuelles.
« Mais, peut-être, les bons bougres qui
ne veulent pas tenir compte de3 services
passés, et qui sont toujours prêts à em-
boîter le pas à celui qui crie fort, même
si on ne le connaît pas ou si on le connaît
trop, pourront tirer de l'histoire du sur-
extrémiste Moufflard un utile enseigne-
ment. »
Le prix du pain
Va-t-on supprimer les K cartu
préférentielles »
Lorsque lea bénéficiaires de tickets de
pain à prix réduit se présentèrent, au cébut
du mois d'août, à la mairie de leurs arron-
dissements, de leur canton ou de leur com-
mune, ils eurent la désagréable surprise de
ne se les voir accorder que jusqu'au com-
mencement de cette semaine. Depuis, les
préfets n'ont encore reçu aucune instruction
concernant le renouvellement de ces tickets.
Or, on sait que ceux-ci avaient été insti-
tués lors de la taxation du prix du pain à
1 fr. 30 et qu'ils devaient normalement pren
(Ire fln avec la taxe, c'est-à-dire le 31 juil-
let. Et comme à cette date, le crédit de
000 millions voté à cet effet n'était pas en-
tièrement épuisé, on décida de prolonger le
régime du pain à prix récrit jusqu'au 21
août.
Que va faire aujourd'hui le gouverne-
ment ? Nous croyons savoir que M. Faisant,
sous-secrétaire d'Etat au Ravitaillement, a
préparé un décret portant prorogation du
régime du pain à prix réduit, pendant encore
quelques semaines ; le dégrèvement quoti-
dien accordé aux bénéficiaires étant toute-
fois réduit à 0 fr. 05 ou.O fr. 10, en raison de
la baisse du prix du pain.
En passant
Le Penseur" voyageur
Les Parisiens sédentaires et fidèles à leur
bonne ville qui, par ces temps de tournées
Coo!k et d'étrangers, le nez en l'air, confem-
plant religieusement ce que Bædeker leur or-
donne d'admirer, veulent, eux aussi, jouer les
Anglais ébaubis ou les provinciaux en balade,
ont un momeni d'émoi en visitant le Panthéon.
le sais bien que ça ne se fait pas, quand en
est Parisien, de visiter le Panthéon: c'est pour-
quoi l'on profite des vacances pour que per-
sonne ne Vous evie.
Jadis, donc, au pied des marches du Tem-
ple, on était accueilli par le Penseur Je Ro-
din. Ce n'est pas que sa bienvenue fût parti-
culièrement souriante ; il vous recevait avec un
air grognon et rébarbatif, avait l'air de manger
son poing et de ronger son frein dans taie
étemelle position inconfortable
Eh bien, le Penseur n'est plus là 1
Qu'est devenu le Penseur ? Une âme chari-
table s'est-elle irouvéequi. prise de pitié pour
l'équilibre instable de l'homme des Cavernes,
a voulu l'asseoir dans un fauteuil ? Est-il
parti, las de contempler la mairie du V* et la
Faculté de Droit, vers quelque plage jo)
A-t-il été enlevé par une Américaine, amou-
reuse de sa musculature ? Ou bien, après avoir
mangé son poing, a-t-il fini par se manger tout
entier, au point qu'il n'en reste plus rien ?
Grave problème, et qui nous émut justement.
Résolu à percer ce mystère. nous cherchâ-
mes ; et noiu trouvâmes-
Rassurez-vous : le Penseur n'a été ni enlevé
par une belle étrangère, ni loué pour la saison
par un tenancier de casino. Il est tout simple-
ment rentré chez son père, à l'Hôtel Biron,
rue de Varerme. où il receora avec plaisir
toutes les personnes désireuses de lui présenter
leurs hommages. — JIM.
Les effets de la pluie
Les légumes baissent aux Halles
La. pluie qui est abondamment tombée
ces jours derniers un peu sur toute la
France, aura du moins eu un effet appré-
ciable : celui de. faire naisser le cours des
légumes verts.
Les haricots verts qui coûtaient, aux
Halles, 150 francs les 100 kilos, la semaine
dernière, étaient, hier matin, à 80 et 120
francs.
Les salades, en huit jours, dont tombées
de iJUO francs les 100 kilos à 80 et 100 francs.
,- La pommé de terre de Bretagne est ac-
tuellement à 45 et 50 francs au lieu de 70
francs, cours d'il y a quinze jours.
On annonce d'ailleurs de Hollande et d'I-
talie une récolte très abondante.
Les carottes valent 100 francs et 120
francs les 100 kilos au lieu de 140 et 170
francs la semaine précédente.
Et voilà qui va calmer un peu les craintes
de nos ménagères.
Et la viande. en province
Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), 23 août.
- Les bouchers viennent de consentir une
baisse nouvelle qui va, selon qualité, de
0 fr. 50 à 2 francs par kilo.
Chambéry, 23 août — Les bouchers ont
baissé de un franc au kilo toutes les vian-
des de 2e qualité, et mis les viapdes de
première qualité en proportion des prix du
bétail sur pied.
Lire dans ce Numéro :
EN 2* PAGE :
— La Société des nations et la Hauie-
Silésie.
EN 3e PAGE :
- L'Allemagne paiera.
LA POLITIQUE ETRANGERE
La situation parlementaire en Allemagne
Les vacances parlementaires allemandes ont
donné au cabinet Wirth quelques semaines de
tranquillité relative. Mais les campagnes cou-,
tre le gouvernement, sournoises et répétées,
n ont guère cessé et les arguments servis par
les conservateurs ont mis en évidence la fra-
gilité de 1. éqiYtibre parlementaire. Cet équi-
libre est trop instable pour qu'à la rentrée un
regroupement des partis ne soit pas indispensa-
ble. Ce regroupement s' effectuera-tii dans le
sens d'un bloc sociaiiste ou dans le sens d'un
bloc bourgeois ! C'est la question que la
presse allemande agate depuis des semaines
sans pouvoir la résoudre.
Les populaires cherchent à constituer une
coalition des partis non-socialistes ; les natio-
nalistes semblent assez peu disposés à entrer
dans cette voie, tandis que le centre l' approuve
pleinement. Seuls, les démocrates s'opposent
catégoriquement à une combinaison de ce
genre qui leur terait perdre toute influence.
Une autre coalition, ébauchée par Thimme.
grouperait les populaires, le centre, les démo-
crates et les socialistes majoritaires.
D'après lui, de nombreux majoritaires ap-
prouveraient ce projet. Leur nouveau pro-
gramme montre qu'ils s'éloignent de plus en
plus des idées révolutionnaire Sans doute,
beaucoup d'entre eux rêvent d'une réconcilia-
tion avec les indépendants. Mais les têtes poli-
tiques du parti réfléchissent que la formation
d'un bloc sociaiiste pourrait provoquer par
réaction celle d'un bloc bourgeois, et aboutir
à une défaite électorale des socialistes.
Il est certain que les socialistes sont très hé-
sitants et très divisés. Mais les partisans d'une
union entre les majoritaires et les indépendants
sont plus nombreux que ne le déclare Trananie.
Le seul obstacle sérieux à cette union semble
être la question de la participation des socia-
listes à un gouvernement bourgeois, participa-
tion à laquelle les indépendants se ref usent
formellement. Certains majoritaires prétencent
même forroeg un aMtvonMMeot r.
tous les partis, de gauche et du centre — les
communistes exceptés — et admettant même
les populaires.
Il est évident que la seule union des majori-
taires et des indépendants ne leur donnerait
pas la majorité au Parlement et qu'une combi-
naison échafaudée sur ces bases ne présente-
rait pas plus de stabilité que le cabinet actuel.
Si les indépendants persistent dans leur intran-
sigeance.. les partis de gauche risquent de se
voir peu à peu totalement éliminés des affai-
res. C'est pourquoi certains majoritaires les
conjurent à accepter au moins la collaboration
dos démocrates, malgré l'attitucte conservatrice
de quelques membres de ce parti. C'est la
thèse que soutient le ministre saxon Ferllisch
(majoritaire) :
« Sans doute, clt-il, certains démocrates ne
le sont que de nom, et on comprend la répu-
gnance des indépendants à collaborer avec eux.
Mais comme en politique, il ne s'agit sou-
vent que de choisir entre deux maux le moin-
cke, comme il faut à l'avenir défendre la Ré-
publique, la démocratie, et par là tout le sort;
du socialisme contre le péril réactionnaire, la
question est pour les socialistes d'avoir comme
alliés tout ce qui. en principe, reconnaît la Ré-
publique et la démocratie.
« Comme on ne peut s'entendre avec 1«*
communistes, il ne reste plus qu'à se mettre
d'accord avec ceux des bourgeois qui s'enga-
gent à soutenir la République et la démocra-
tie ».
On le voit, le nombre des combinaibons po-
litiques est assez limité. Il faut espérer que les
indépendants comprendront la justesse des
arguments présentés par F ellisch. Au point de
vue. des rapports franco-all, nous n a-
vons rien à gagner à l'instabilité gouvernemen-
tale allemande et la combinaison préconisée
par le mi ni stre saxon paraît seule susceptible
cTêtre viable d' abord, et de présenter ensuite
des garanties oe bonne volonté pour 1. exécu.
LES NÉGOCIATIONS ANGLO-IRLANDAISE -
ba question de l'Ulster
La cessation des hostilités entre l'An-
gleterre et l'Irlande a placé la question de
l'Ulster au premier plan. Le président du
Conseil britannique et le président de îa
République irlandaise cherchent un moyeu
de s'entendre, mais les colons britanniques
qui habitent la région nord-est de l'Ile
Verte restent rigoureusement à l'écart de
ces pourparlers.
L'Usister est l'une des quatre provinces
qui constituent l'Irlande. Sur les 32 comtés
de l'Irlande, 9 appartiennent à l'Ulster ;
sur ces 9, 4 seulement ont accusé une ma-
jorité pro-anglaise aux dernières élections
parlementaires et sur ces 4, il n'y en a pas
un seul dont tous les députés soient unio-
nistes. En effet, la majorité unioniste n'est
forte que dans la ville de Belfast et le comté
adjacent d'Antrim. L'unionisme a même
perdu beaucoup de terrain sur ces deux
points, d'après les dernières indications
fournies par les élections municipales. En
raison de ces faits, les dirigeants aristo-
cratiques et indu&triels ont pris peur. Avec
l'appui de M. Lioyd George, oui a découpé
arbitrairement dans la chair de l'Irlande
un Ulster politique, dont on a exclu Les
trois comtés ou la majorité républicaine
était écrasante. Aux élections de 1920, deux
autres comtés ont voté pour la sécession;
Il reste donc quatre comtés unionistes sur
trente-deux et encore tout panachés d'oppo-
sition.
La question de l'Ulster est donc récente.
Les protestants de l'Ulster ont dans le pas.
sé lutté côté à côte avec les catholiques
pour la libération de leur pays. Mais au
cours du dernier siècle la population de
Belfast a passé de 120.000 à 400.000 âmes,
en raison d'une émigration consideisjyle
d'Ecossais et d'Anglais venus du Yorkshire
et de Lancashire. Ce n'est cependant point
une raison pour écarteler la plus ancienne
et la plus definie des nationalités européen-
nes. La France admettrait-elle que sous
prétexte d'immigration allemande depuis
cinquante ans, on constituait Strasbourg
et sa banlieue, par exemple, en un « corps
séparé » de l'Alsace ?
Les six comtés de l'Ulster ne constituent
qu'une minorité unioniste. Quelque respec-
tables que soient les droits de cette mino-
rité, elle reste une minorité. A-t-on refusé
à la Bohême son indépendance parce
qu'elle compte une minorité. de 35 d'Alle-
mands loyalistes ? ou à la Pologne parce
que les éléments étrangers dépassent 36 .!
L'unité géographique de l'Irlande est
composée par la nature même. L'unité his-
torique et politique de 1 lie s'est conservée
à travers les siècles malgré les efforts per-
sévérants du gouvernement anglais pour
contraindre le peuple irlandais à abandon-
ner tout espoir. La politique anglaise, poli-
tique d'oppression intellectuelle et maté-
rielle, a toujours eu pour but de maintenir
éloignés du reste de la nation les nouveaux
éléments venus du dehors et d'entretenir
au sein du pays des germes de division et
de faiblesse. Maigre tout, la nation irlan-
daise a gardé son unité , elle a conservé
une vigoureuse conscience de sa nations.
lité ; elle est parvenue à absorber tous les
éléments étrangers.
Aux élections qui eurent ;lLL. je io uiu.1
dernier 80 des suffrages sont ailés aux
candidats républicains et nationalistes et,
malgré la présence de l'élément anglais
dans le Nord-Est, 20% seulement sont allés
aux candidats unionistes. Ces élections
n'ont fait que démontrer l'existence d'une
Irlande aussi unie politiquement que n'im-
porte quel autre pays du monde à l'houra
actuelle, et plus unie que bien d'autres ne
le seraient s'ils se trouvaient dans une si-
tuation semblable.
Malgré les promesses faites a l'lrtande
pendant la guerre, M. Uoyd George veut
consacrer la séparation de l'Ulster du reste
du pays et maintenir ainsi tous les privi-
lèges de descendants des émigrés britanni-
ques. C'est toujours l'ancienne devise :
Divide et Imper a et cela montre le carac-
tère purement fictif des concessions offertes
à l'Irlande par le Cabinet de Londres.
Tant que l'Angleterre continuera, com-
me par le passé, à soutenir l'intransigeance
et la domination de Belfast, les Unionistes
du Nord-Est seront partisans du statu quo.
Mais le jour où l'Angleterre se désintéres-
sera de l'Irlande, en s'engageant à n'a..
puyer par la force armée aucun des parus
irlandais et en les laissant libres de s'en-
tendre et de régler leurs affaires eux-mè-
mes sur un pied d'égalité, la raison d'être
de cette intransigeance disparaîtra aussi-
tÓl Et alors, il y a toute raison de croire
que la République irlandaise traitera avec
justice et même avec bienveillance les des-
cendants de ces émigrés britanniques mal-
gré le tort qu'ils ont fait à leur pays d'adop-
tion.
LA V ZE CJELÈRE ET LES SALAIRES
* *
Commissions paritaires, Commissions régionales
et statististique générale de la France
On sadt quelle lutte s organise actuelle-
ment, au sein de la classe ouvrière, contre
toute diminution de salaires, contre toute
suppression d indemnité de vie chère.. Hier
encore, a son dernier congrès, le conseil na-
tional de la Féderation postale votai & un
retentissant ordre du jour protestant contre
la suppression des V20 francs d indemni-
té annuelle. Et voici que chaque jour nous
apporte, avec ses greves, de semblables pro-
testations : c'est, dans la région Roubalx-
Tourcoing, l'importante greve du textile
avec ses 60.000 chômeurs ; ce sont, à Lyon,
ise terrassiers et les maçons quittant les
chantiers plutôt que d'aocepter la diminu-
tion de 0 fr. 25 de l'heure imposee par le
patronat ; c'est l'ordre du jour de 1 union
départementale des syndicats du Nord re-
poussant le tameux coefficient 3,36 auquel
&boutissent les dernières commissions régio-
nales.
Ur, un des principaux griefs du patronat
contre le salariat est précisément la résis-
tance de ce dernier aux décisions des com-
missions.
On sait, en effet, que pour pouvoir éva-
luer d'une façon précise la répercussion de
1 augmentation de la vie sur les salaires ou
sur les primes spéciales aooordéès bous le
nom de vie chère, il a été oréé, dès 1919,
dans les grands centres, des commissions
paritaires composées d'un nombre égal d'ou-
vriers et de patrons, qui avaient pour fonu..
tion de rechercher, à l'aide de tous docu-
ments possibles, le coût de la vie, ahu d'éta-
bli r le rapport le plus exact possible entre
le gain de6 ouvriers et le prix de la vie.
Il semble donc, à première vue, que le
grief patronal soit assez juste. Car, dans
ces commissions, où l'intérêt de chaque par-
tie est également sauvegardé, comment con-
cevoir une résistance qui ne soit point fon-
dée '?
Mais, en réalité, le grief patronal tomne
dès qu'on envisage les choses telles qu'elles
devraient l'être selon le désir de l'une ou
de l'autre des parties en cause.
Ne pas confondre : commissions pari-
taires et commissions officielles du
coùt de la vie.
En premier lieu, distinguons :
Il y a des commissions paritaires toutes
instituées en vertu de conventions collec-
tives. Les commissions paritaires, encore
qu'elles soient encouragées par le ministè-
re du Travail et qu'eiles transmettent leurs
résultats obtenus d'un commun aooord à
la direction du Travail, ne sont pas des
commissions officielles, fonctionnant com-
me un organisme privé, au sein de chaque
industrie, n'étant jarpais astreintes à un
nombre limité. pouvant se multiplier au-
tant qu'elles le désirent, elles constituent
autant d'organismes privés, fonctionnant
aux côtés des commissions officielles, aux
travaux desquelles les ne prennent aucune
part. ,
Il n'est guère qu'une commission pari-
taire officielle : celle des forts uiarit-imes,
instituée le 4 août 1919, sur les instructions
du ministre du Travail et du ministre des
Travaux Publics, en vue de mettre fin a
un conflit qui paralysait complètement de-
puis plusieurs jours le port du Havre, et
avec mission d établir des tarifs de salai-
res par professions et catégories d'ouvriers.
Or, remarquons-le. partout où des OOJt'"
missions paritaires de ce genre, officielles
ou privées, ont été créées, partout leurs
décisions ont été- en général, respec.
Notons, en particulier pour des industries
minières et métallurgiques, qu'après réu-
nion des commissions paritaires, des dimi
nutions de salaires ont été aemp" mas
protestations, dans les différente centres
ci-après :
Angers : i fr. 60 environ par jour sur
salaire total journalier, en avril 1921.
Bordeaux : de 0 fr. 80 à 1 fr. 60 par jour
sur l'indemnité de vie chère, suivant les
catégories d'ouvriers (1,60 pour le manœu-
vre), en avril 1921.
Hou'ges : 2 fr. par jour, soit 1 fr. le 15
mai 1921," 1 fr. le 15 juin 1921.
Calais : diminution de l'indemnité de vie
chère variable suivant les catégories d'ou-
vriers, 2.fr. 95 par jour pour le niMKBUvre:
Diminution effectuée de janvier a juin
1921, par paliers mensuels en exécution ae
l'accord du 27 mars 1920.
Greil : 10 0/0 sur le salaire total du bor-
dereau de paye, le 16 mai 1921.
Dijon : 1 fr. 50 par jour environ SUT la
vie chère, le 9 mai 1921.
• Les commissions officielles
Et il y a les commissions officielles, ré-
gionales, départementales ou locales, toutes,
rattachées a une commission oentrale d'é-
tudes relatives au coût de la vie, créée par
decret du 19 février 1920 et siégeant à fa-
ris au ministère du Travail, boa but a été
spécifié u'ailà ces termes : « Suivre les va-
riations aes oours, constater périodique-
ment leur répercussion sur le coût de la
vie, rechercher les causes des variations
qu'elle aura relevees et proposer les me-
sures que ces constatations lui paraîtront
appeler. »
Pour La constitution des commissions ré-
gionales, les chambres de commerce étant
appelées à fournir d'importants élèments
ci information, on décida, en principe, d'a-
dopter la division de la France en régions
économiques. Notons que ces commissions
sont uniquement chargées de rassembler et
d'élaborer des informations certaines en
vue de fournir une base solide toutes les
fois qu'il s'agira de tenir un compte exact
des variations du coût de la vie.
Pour une famille ouvrière de composition
moyenne, — 4 personnes — la commission
détermine, pour chacune des cinq grandes
catégories alimentation, éclairage et chaui-
fage, logement, habillement, dépenses di-
verses), un indice partiel représentant ce.
qu est deveuu une dépense supposée égale
à 100 en 1914. En comparant la répartition
d'une dépense de 100 fr. entre les cinq ca-
tégories et le coefficient d'augmentation de
chaque catégorie, on obtient l'indice glo-
bal.
Des chiffres contradictoires
Or, en prenant pour base 100 en 1914, voici
quelques-uns des derniers chiffres commu-
niqués au ministère du travail, par les com-
missions régionales, départementales ou lo-
cales :
Paris 1er trim. 1921. 338
2" trim. 1921., 307
Lille t.,. Février 1921. 368
Juin 1921. 336
Besançon. jivril 1920 328
Avril 1921. 320
Chalon-sur-Saône. Mai 1921. 340
Juillet 1921. 361
Ma.rseille.u Mai 1921. 320
Jujn 1921. 310
Montpellier Janvier 1921 400
Juin ]921. 400
Il n'est PU besoin de jeter un long coup
d'oeil sur cette liste de chiffres pour remar-
Le numéro : QQffNXB GENTOsSB
Mercredi 24 août 1921. — No 18511
rentraieui-0 »
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUBRIB
ABONNEMENTS
Un au Six Mis Itobmii*
- - -
SEINE & S.-ET-OÎSE. 33 * 89 » 10 )t
FRANCE & COLONIE».. 41 * 22 » 11 »
ETRMfGD 49 » î5 a 13 »
Adresser toutes les communication.
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Hédactew mm mhmtt
RAYMOND LANGB
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tMudOl « Itdltttntui : UN 24-90.24-81-— iptt 10I. <1 Kir : BlttliMH 00-10
OPINIONS
* bes nécrophages *
— - M,. .,.J._,;,,-<\,;-o:-. ,,----.--
Dans la ville d'eaux, où je soigne un
vieux souvenir de la guerre, j'ai emporté des
livres. Parmi eux, un dont le simple titre,
rouge sur blanc : Renoir. me promettait de
revivre toutes les fulgurations, de pénétrer un
peu plus avant dans le mystère de ce magi-
cien, qui trouvait des couleurs auxquelles le
temps lui-même collaborait, donnant des va-
leurs qui ajoutaient aux luxuriances de la
palette.
Hélas ! Quelle rage ont donc les gens,
eitôt mort un grand homme, de dépouiller
son intimité comme d'autres les cadavres !
Voilà un grand, très grand peintre; pen-
dant des siècles, des générations viendront
se débarbouiller les yeux avec sa peinture;
elle sera génératrice d'émotions, que peut-
être il n'a pas soupçonnées ; comme tant
d'oeuvres d'art, qui dépassent le but même
de l'artisan de génie auquel nous les devons:
tel nu ira plus avant dans l'âme, que n'y
pensait l'auteur, qui ne se souciait peut-être
que des jeux du soleil sur le dos d'un mo-
dèle bien en chair. et encore, quand je
dis le dos ! Tel portrait nous fera rêver à
l'infini, alors que, seule, ce jour-là, l'inté-
ressait la qualité de la lumière sur une peau
de femme. Et ces fleurs qui parfument pour
l'éternité, dans quel simple jardin ont-elles
été cueillies ? A quoi bon alors nous ins-
truire de ce que pensait le peintre d' une fem-
me, d'un événement, d'un livre ? Les juge-
ments, même sur un art où il peut y avoir
matière à enseignements précieux, doivent-
ils être livrés au décousu de boutades, de
saillies d'atelier, influencées par la dispo-
sition du moment, l'heure du jour et l'état
de la digestion ?
Et puis, qu'on nous fiche donc la paix
avec l'opinion des grands hommes sur les
oeuvres des autres : ce qui vaut, c' est ce
qu'ils ont fait, ce n'est pas ce qu'ils pensent.
On se souvient des pauvretés que débitait un
Tolstoï lui-même, quand il jugeait Shakes-
peare, cet autre sensuel. Et pourtant, l' œu-
vre du génie dans les choses de l'intelli-
gence comporte nécessairement une part d'es-
prit critique et de compréhension. Elle peut
taire absolument défaut au plus grand des
sculpteurs ou des peintres. Le père Corot
devait avoir — heureusement — des vues
très vagues sur la littérature. Qu estce que
cela me fait ce que Rencir pensait de Flau-
bert !
Mais de savoir qu'un jour après déjeuner,
ou après dîner, en fumant, ou en flânant,
un maître qu'on admire, ait pu dire de
telles sottises en parlant de Madame Bo-
vary, ce chef-d'œuvre, cela me gêne. Je
n'aime pas qu'il ait raillé si grossièrement
le sentiment, pas toujours averti, mais tou-
chant, qui entraîne la foule aux morceaux
des musées.
Et parce que le ha&ard ou l'amitié ont
voulu que quelqu'un vive dans l'intimité d'un
grand artiste, voilà que pour toujours celui-
ci sera fixé dans la mémoire des hommes,
non sous les traits de ses chefs-d œuvre,
qui sont sa vraie pensée, mais sous les traits
disparates et invérifiés, qui résultent de pro-
pos abandonnés, que la réflexion aurait sans
doute rectifiés, qui ne sont peut-être qu'une
apparence et un malentendu, et qu'il a plu
à l' interlocuteur de noter sitôt tenus, et
de publier dès le cercueil clos et quand leur
auteur ne peut plus démentir ou corriger.
Je n 'ai pas eu l'honneur de connaître
Renoir. J 'ai eu celui de connaître^J^gdiji.
Je sais tout ce qu'au profond de lui-même,
il y avait de matois et de rusé, et qui se
mélangeait curieusement au sublime artiste,
deux fois homme de la terre, par son génie
à la modeler, et par son côté de paysan ma-
dré.
Mais jamais, au grand jamais, il n'a pu
tenir les propos grotesques du parvenu et du
snob qu' on lui prête dans ce livre, et qui
par la force des choses, semblent mêler Re-
noir au dénigrement de Rodin. S'il les a
tenus, ce sont paroles sans consistance, qui
dépendaient du ton, de l'atmosphère, des
circonstances, et qu'une parole sui vante de-
vait contredire; à aucun titre ils ne peuvent
servir légitimement à fixer l'image de Ro-
din.
N'en est-il pas de même pour certains
propos, vraiment trop médiocres, qu'on prête
à Renoir dans ce li vre ; à qui j'en veux de
diminuer un maître, peut-être, et c'est ce
qu'il y a de pis ! en croyant le grandir ?
C'est affaire de ses héritiers et non la mien-
ne.
Mais ces mœurs, cette manie qui
grandit, de publier les boutades, les lettres,
les petits papiers ,les digestions et les purges
des grands personnages sont notre affaire à
tous, car elles touchent à ce qui nous est le
plus nécessaire : à notre faculté d'admiration
et d'enthousiasme.
J. PAUL BONCOUR.
- I T O R Ï A L
ÉDITORIAL
Les clairons importuns
---.. w .- _.--
Si les régions dévastées n'existaient pas,
il faudrait les inventer. Elles viennent, en
effet, de fournir à M. Poincaré l'occasion
d'un de ces grands discours où l'éminent
,homme d'Etat aime à flageller de son Verbe
cinglant ses successeurs au pouvoir, et va
jusqu'à, parfois, battre le rappel des engagés
volontaires pour Rerlin.
Déjà, la semaine dernière, M. André Tar-
dieu avait, dans l'Illustration. agité un gre-
lot batailleur. Les Chambres sont en vacan-
ces : il faut bien alimenter la lutte et main-
tenir en haleine les élans belliqueux.
Loin de nous la pensée de traiter par le
mépris la souffrance des populations libérées.
Quatre ans durant, sous la botte infâme de
l'agresseur, elles gravirent le plus dur des
calvaires. Et, lorsqu'à nouveau, tintèrent
les cloches de la paix, animés d'une foi
sacrée, avec un courage tenace et cette ad-
'mirable fidélité à la terre maternelle, les
déracinés tragiques s'accroupirent devant
leurs ruines éparses, avec la volonté de re-
naître et la volonté de revivre. S'accrochant
désespérément à des bribes de murs écrou-
lés, fouillant le sol de leurs doigts meurtris,
relevant pierre par pierre leurs maisons, rani-
ment la glèbe bourrée de mitraille, vivifiant
les cendres innombrables, ils surent, avec
l'énergie des espoirs obstinés, faire jaillir
un sang nouveau dans un pays paralysé.
Les résultats, hélas, ne furent pas toujours
à la hauteur des efforts entêtés et du travail
tenace.
La main de l'homme est parfois impuis-
sente à rendre toute la vie là où fut toute la
mort.
Des villages entiers sont encore à terre :
« Chavignon. 300 maisons à plat, pas une
reconstruite. dit M. Tardieu ; Anizy, 296
maisons à plat, deux réparations, pas de
reconstruction. Une coopérative de re-
construction, réunissant huit communes, et
dont les dossiers de dommages représentent
une valeur de reconstruction de 60 millions,
n'a touché en deux ans et demi, que un
million 800.000 francs. A cette allure-là,
,la reconstruction durera soixante-dix ans.
Une commune de 300 maisons toules détrui-
ses, dont la valeur est de huit millions n'a-
vait touché, en 1920, que 14.000 francs pour
reconstruction. »
Et M. Tardieu de conclure : « Pourquoi ?
Parce que l'Allemagne n'a pas payé ce que
h Traité de Versailles mettait à sa charge
ietque la France n'est pas à même de payer
c sa placè ».
Nous y sommes ! Ah 1 l'admirable outil
qft ce Traité de Versailles et les mauvais
ouvriers que ceux qui ne savait l'exploiter
Ah! si M. Tardieu était là, et M. Poincaré.
et même Clemenceau et le bouffon Mandel,
que n'aurions-nous pas déjà vu? Et ce cri
de guerre de reprendre : « A la Ruhr, à
Berlin ! Haut les cœurs l On les aura 1 »
Et les trompettes sonnent le ralliement; et
les armes se polissent dans l'ombre ; et le
chœur des vieillards du Bloc National, d'en-
tonner le refrain belliqueux; et les tourneurs
d'obus. les marchands de canons, toute la
pègre mercantile qui, sur ses ors sanglants,
veut d'autres ors sanglants, de frétiller d'es-
poir à Vidée des prochaines curées!
Certes, nous n'avons nullement l'idée de
prêcher vis-à-vis de l'A llemagne la moin-
dre faiblease, ou la moindre abstention. La
guerre qui Jut faite pour le Droit, nous a
fait les vainqueurs du Droit ; et c'est en
son nom que la France peut parler.
Mais ce n'est pas par une campagne d'ex-
citation factice, ce n'est pas en créant un
courant d'énervement troublant que l'on ren-
dra à notre pays cette force harmonieuse dont
il a besoin pour renaître. Le travail, —
celui du Nord, comme celui de nos autres
provinces, — a besoin, pour s'épanouir, d'u-
ne certitude de paix.
La France, aujourd'hui, a le choix entre
deux politiques: une politique de guerre, à la
traîne de tous les va-t-en guerre dont les nuits
sont hantées par Berlin, et qui parachèvera
son splendide isolement par le monde ; et
une politique de paix, qui, sans rien abdi-
quer de nos revendications ni de notre di-
gnité, nous fasse, dans la certitude de notre
juste cause et de notre force, regarder l'ho-
rizon de sang-froid.
Et si les fruits de la paix furent parfois
amers, n'est-ce pas plutôt dans ce traité,
que ses Thuriféraires dressent livre saint,
qu'il faut chercher la source empoisonnée
de nos déconvenues ?
Aux clairons de ralliement, mettons une
sourdine pour n'entendre que la voix du
Droit qui, tôt ou tard, dominant les murmu-
res passionnés, saura s imposer avec sa puis-
sance généreuse et son autorité dôminatrice.
Raymond LANGE.
L'état de santé du roi
Alexandre de Serbie
L'état de S. M. le roi Alexandre-est sa-
tisfaisant. L'amélioration continue. Tempé-
rature mat.mele 37,5 ; température vespé-
rale 38.:;. Pouls 98. Le 23 août.
(Signé) : Professeur Bernard Oroéo : doc-
tw de Patiente.
Déconvenue communiste
MOUFFLARD EST PARTI
RATTRAPERA-T-ON MOUFFLARD?
Le citoyen Gaston Moufflard était com-
muniste, ce qui, après tout, était bien son
droit.
Mais c'était un communiste comme pas
un. A Paris, à Pantin, il organisait réu-
nions sur réunions et meetings sur mee-
tings. Il parlait, clamait sa foi en Lénine
à tous les échos. Aux coups de main, il
n'était pas le dernier, encore qu'assez pru-
dent de nature il leur préférât les coups
de gueule, où l'on ne risque jamais qu'une
contradiction verbale toujours facile à re-
lever
Bref, le citoyen Moufflard était un pur
entre les pure.
Le parti n'est point défiant, c'est là son
moindre défaut. Il résolut de récompenser
Moufflard, déjà secrétaire de la section de
Pantin. Mais Moufflard avait d'autres ca-
pacités qu'un gouvernement sage ne pou-
vait laisser inactives. C'était un remarqua-
ble financr, un peu dans le genre du ci-
toyen Roraette. On nomma Moufflard ad-
ministrateur délégué de la Société inter-
communale de ravitaillement de Pantin.
C'est un titre. Moufflard d'abord lui fit
honneur. Mais, hélas! à tâter les gros
sous, on en prend vite le goût. Et, un
beau jonx.dft La.J&Ji j,uillet.^Jkloufflard> pré-
textant des courses à faire, des notes à
payer, brûla soudain la politesse à la So-
ciété intercommunale, à Pantin, à la rue
Candale et, par surcroît, à sa femme qui
n'en est pas encore revenue.
Lui non plus, Moufflard, n'est pas re-
venu. Et il n'a pas renvoyé les cent mille
francs qui manquent à sa caisse.
Faut-il tirer une moralité de cette his-
toire? Mais à quoi bon, quand notre con-
frère le Populaire s'en est parfaitement
chargé :
« Dernièrement, dit-il, Y Humanité triom-
phait de ce que, parmi les fonctionnaires
des régions dévastées compromis dans des
histoires de majorations de dépenses de
reconstruction, figurait un maire cc dissi-
dent ». Nous ne l'imiterons pas, estimant
que les fautes sont individuelles.
« Mais, peut-être, les bons bougres qui
ne veulent pas tenir compte de3 services
passés, et qui sont toujours prêts à em-
boîter le pas à celui qui crie fort, même
si on ne le connaît pas ou si on le connaît
trop, pourront tirer de l'histoire du sur-
extrémiste Moufflard un utile enseigne-
ment. »
Le prix du pain
Va-t-on supprimer les K cartu
préférentielles »
Lorsque lea bénéficiaires de tickets de
pain à prix réduit se présentèrent, au cébut
du mois d'août, à la mairie de leurs arron-
dissements, de leur canton ou de leur com-
mune, ils eurent la désagréable surprise de
ne se les voir accorder que jusqu'au com-
mencement de cette semaine. Depuis, les
préfets n'ont encore reçu aucune instruction
concernant le renouvellement de ces tickets.
Or, on sait que ceux-ci avaient été insti-
tués lors de la taxation du prix du pain à
1 fr. 30 et qu'ils devaient normalement pren
(Ire fln avec la taxe, c'est-à-dire le 31 juil-
let. Et comme à cette date, le crédit de
000 millions voté à cet effet n'était pas en-
tièrement épuisé, on décida de prolonger le
régime du pain à prix récrit jusqu'au 21
août.
Que va faire aujourd'hui le gouverne-
ment ? Nous croyons savoir que M. Faisant,
sous-secrétaire d'Etat au Ravitaillement, a
préparé un décret portant prorogation du
régime du pain à prix réduit, pendant encore
quelques semaines ; le dégrèvement quoti-
dien accordé aux bénéficiaires étant toute-
fois réduit à 0 fr. 05 ou.O fr. 10, en raison de
la baisse du prix du pain.
En passant
Le Penseur" voyageur
Les Parisiens sédentaires et fidèles à leur
bonne ville qui, par ces temps de tournées
Coo!k et d'étrangers, le nez en l'air, confem-
plant religieusement ce que Bædeker leur or-
donne d'admirer, veulent, eux aussi, jouer les
Anglais ébaubis ou les provinciaux en balade,
ont un momeni d'émoi en visitant le Panthéon.
le sais bien que ça ne se fait pas, quand en
est Parisien, de visiter le Panthéon: c'est pour-
quoi l'on profite des vacances pour que per-
sonne ne Vous evie.
Jadis, donc, au pied des marches du Tem-
ple, on était accueilli par le Penseur Je Ro-
din. Ce n'est pas que sa bienvenue fût parti-
culièrement souriante ; il vous recevait avec un
air grognon et rébarbatif, avait l'air de manger
son poing et de ronger son frein dans taie
étemelle position inconfortable
Eh bien, le Penseur n'est plus là 1
Qu'est devenu le Penseur ? Une âme chari-
table s'est-elle irouvéequi. prise de pitié pour
l'équilibre instable de l'homme des Cavernes,
a voulu l'asseoir dans un fauteuil ? Est-il
parti, las de contempler la mairie du V* et la
Faculté de Droit, vers quelque plage jo)
A-t-il été enlevé par une Américaine, amou-
reuse de sa musculature ? Ou bien, après avoir
mangé son poing, a-t-il fini par se manger tout
entier, au point qu'il n'en reste plus rien ?
Grave problème, et qui nous émut justement.
Résolu à percer ce mystère. nous cherchâ-
mes ; et noiu trouvâmes-
Rassurez-vous : le Penseur n'a été ni enlevé
par une belle étrangère, ni loué pour la saison
par un tenancier de casino. Il est tout simple-
ment rentré chez son père, à l'Hôtel Biron,
rue de Varerme. où il receora avec plaisir
toutes les personnes désireuses de lui présenter
leurs hommages. — JIM.
Les effets de la pluie
Les légumes baissent aux Halles
La. pluie qui est abondamment tombée
ces jours derniers un peu sur toute la
France, aura du moins eu un effet appré-
ciable : celui de. faire naisser le cours des
légumes verts.
Les haricots verts qui coûtaient, aux
Halles, 150 francs les 100 kilos, la semaine
dernière, étaient, hier matin, à 80 et 120
francs.
Les salades, en huit jours, dont tombées
de iJUO francs les 100 kilos à 80 et 100 francs.
,- La pommé de terre de Bretagne est ac-
tuellement à 45 et 50 francs au lieu de 70
francs, cours d'il y a quinze jours.
On annonce d'ailleurs de Hollande et d'I-
talie une récolte très abondante.
Les carottes valent 100 francs et 120
francs les 100 kilos au lieu de 140 et 170
francs la semaine précédente.
Et voilà qui va calmer un peu les craintes
de nos ménagères.
Et la viande. en province
Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), 23 août.
- Les bouchers viennent de consentir une
baisse nouvelle qui va, selon qualité, de
0 fr. 50 à 2 francs par kilo.
Chambéry, 23 août — Les bouchers ont
baissé de un franc au kilo toutes les vian-
des de 2e qualité, et mis les viapdes de
première qualité en proportion des prix du
bétail sur pied.
Lire dans ce Numéro :
EN 2* PAGE :
— La Société des nations et la Hauie-
Silésie.
EN 3e PAGE :
- L'Allemagne paiera.
LA POLITIQUE ETRANGERE
La situation parlementaire en Allemagne
Les vacances parlementaires allemandes ont
donné au cabinet Wirth quelques semaines de
tranquillité relative. Mais les campagnes cou-,
tre le gouvernement, sournoises et répétées,
n ont guère cessé et les arguments servis par
les conservateurs ont mis en évidence la fra-
gilité de 1. éqiYtibre parlementaire. Cet équi-
libre est trop instable pour qu'à la rentrée un
regroupement des partis ne soit pas indispensa-
ble. Ce regroupement s' effectuera-tii dans le
sens d'un bloc sociaiiste ou dans le sens d'un
bloc bourgeois ! C'est la question que la
presse allemande agate depuis des semaines
sans pouvoir la résoudre.
Les populaires cherchent à constituer une
coalition des partis non-socialistes ; les natio-
nalistes semblent assez peu disposés à entrer
dans cette voie, tandis que le centre l' approuve
pleinement. Seuls, les démocrates s'opposent
catégoriquement à une combinaison de ce
genre qui leur terait perdre toute influence.
Une autre coalition, ébauchée par Thimme.
grouperait les populaires, le centre, les démo-
crates et les socialistes majoritaires.
D'après lui, de nombreux majoritaires ap-
prouveraient ce projet. Leur nouveau pro-
gramme montre qu'ils s'éloignent de plus en
plus des idées révolutionnaire Sans doute,
beaucoup d'entre eux rêvent d'une réconcilia-
tion avec les indépendants. Mais les têtes poli-
tiques du parti réfléchissent que la formation
d'un bloc sociaiiste pourrait provoquer par
réaction celle d'un bloc bourgeois, et aboutir
à une défaite électorale des socialistes.
Il est certain que les socialistes sont très hé-
sitants et très divisés. Mais les partisans d'une
union entre les majoritaires et les indépendants
sont plus nombreux que ne le déclare Trananie.
Le seul obstacle sérieux à cette union semble
être la question de la participation des socia-
listes à un gouvernement bourgeois, participa-
tion à laquelle les indépendants se ref usent
formellement. Certains majoritaires prétencent
même forroeg un aMtvonMMeot r.
tous les partis, de gauche et du centre — les
communistes exceptés — et admettant même
les populaires.
Il est évident que la seule union des majori-
taires et des indépendants ne leur donnerait
pas la majorité au Parlement et qu'une combi-
naison échafaudée sur ces bases ne présente-
rait pas plus de stabilité que le cabinet actuel.
Si les indépendants persistent dans leur intran-
sigeance.. les partis de gauche risquent de se
voir peu à peu totalement éliminés des affai-
res. C'est pourquoi certains majoritaires les
conjurent à accepter au moins la collaboration
dos démocrates, malgré l'attitucte conservatrice
de quelques membres de ce parti. C'est la
thèse que soutient le ministre saxon Ferllisch
(majoritaire) :
« Sans doute, clt-il, certains démocrates ne
le sont que de nom, et on comprend la répu-
gnance des indépendants à collaborer avec eux.
Mais comme en politique, il ne s'agit sou-
vent que de choisir entre deux maux le moin-
cke, comme il faut à l'avenir défendre la Ré-
publique, la démocratie, et par là tout le sort;
du socialisme contre le péril réactionnaire, la
question est pour les socialistes d'avoir comme
alliés tout ce qui. en principe, reconnaît la Ré-
publique et la démocratie.
« Comme on ne peut s'entendre avec 1«*
communistes, il ne reste plus qu'à se mettre
d'accord avec ceux des bourgeois qui s'enga-
gent à soutenir la République et la démocra-
tie ».
On le voit, le nombre des combinaibons po-
litiques est assez limité. Il faut espérer que les
indépendants comprendront la justesse des
arguments présentés par F ellisch. Au point de
vue. des rapports franco-all, nous n a-
vons rien à gagner à l'instabilité gouvernemen-
tale allemande et la combinaison préconisée
par le mi ni stre saxon paraît seule susceptible
cTêtre viable d' abord, et de présenter ensuite
des garanties oe bonne volonté pour 1. exécu.
LES NÉGOCIATIONS ANGLO-IRLANDAISE -
ba question de l'Ulster
La cessation des hostilités entre l'An-
gleterre et l'Irlande a placé la question de
l'Ulster au premier plan. Le président du
Conseil britannique et le président de îa
République irlandaise cherchent un moyeu
de s'entendre, mais les colons britanniques
qui habitent la région nord-est de l'Ile
Verte restent rigoureusement à l'écart de
ces pourparlers.
L'Usister est l'une des quatre provinces
qui constituent l'Irlande. Sur les 32 comtés
de l'Irlande, 9 appartiennent à l'Ulster ;
sur ces 9, 4 seulement ont accusé une ma-
jorité pro-anglaise aux dernières élections
parlementaires et sur ces 4, il n'y en a pas
un seul dont tous les députés soient unio-
nistes. En effet, la majorité unioniste n'est
forte que dans la ville de Belfast et le comté
adjacent d'Antrim. L'unionisme a même
perdu beaucoup de terrain sur ces deux
points, d'après les dernières indications
fournies par les élections municipales. En
raison de ces faits, les dirigeants aristo-
cratiques et indu&triels ont pris peur. Avec
l'appui de M. Lioyd George, oui a découpé
arbitrairement dans la chair de l'Irlande
un Ulster politique, dont on a exclu Les
trois comtés ou la majorité républicaine
était écrasante. Aux élections de 1920, deux
autres comtés ont voté pour la sécession;
Il reste donc quatre comtés unionistes sur
trente-deux et encore tout panachés d'oppo-
sition.
La question de l'Ulster est donc récente.
Les protestants de l'Ulster ont dans le pas.
sé lutté côté à côte avec les catholiques
pour la libération de leur pays. Mais au
cours du dernier siècle la population de
Belfast a passé de 120.000 à 400.000 âmes,
en raison d'une émigration consideisjyle
d'Ecossais et d'Anglais venus du Yorkshire
et de Lancashire. Ce n'est cependant point
une raison pour écarteler la plus ancienne
et la plus definie des nationalités européen-
nes. La France admettrait-elle que sous
prétexte d'immigration allemande depuis
cinquante ans, on constituait Strasbourg
et sa banlieue, par exemple, en un « corps
séparé » de l'Alsace ?
Les six comtés de l'Ulster ne constituent
qu'une minorité unioniste. Quelque respec-
tables que soient les droits de cette mino-
rité, elle reste une minorité. A-t-on refusé
à la Bohême son indépendance parce
qu'elle compte une minorité. de 35 d'Alle-
mands loyalistes ? ou à la Pologne parce
que les éléments étrangers dépassent 36 .!
L'unité géographique de l'Irlande est
composée par la nature même. L'unité his-
torique et politique de 1 lie s'est conservée
à travers les siècles malgré les efforts per-
sévérants du gouvernement anglais pour
contraindre le peuple irlandais à abandon-
ner tout espoir. La politique anglaise, poli-
tique d'oppression intellectuelle et maté-
rielle, a toujours eu pour but de maintenir
éloignés du reste de la nation les nouveaux
éléments venus du dehors et d'entretenir
au sein du pays des germes de division et
de faiblesse. Maigre tout, la nation irlan-
daise a gardé son unité , elle a conservé
une vigoureuse conscience de sa nations.
lité ; elle est parvenue à absorber tous les
éléments étrangers.
Aux élections qui eurent ;lLL. je io uiu.1
dernier 80 des suffrages sont ailés aux
candidats républicains et nationalistes et,
malgré la présence de l'élément anglais
dans le Nord-Est, 20% seulement sont allés
aux candidats unionistes. Ces élections
n'ont fait que démontrer l'existence d'une
Irlande aussi unie politiquement que n'im-
porte quel autre pays du monde à l'houra
actuelle, et plus unie que bien d'autres ne
le seraient s'ils se trouvaient dans une si-
tuation semblable.
Malgré les promesses faites a l'lrtande
pendant la guerre, M. Uoyd George veut
consacrer la séparation de l'Ulster du reste
du pays et maintenir ainsi tous les privi-
lèges de descendants des émigrés britanni-
ques. C'est toujours l'ancienne devise :
Divide et Imper a et cela montre le carac-
tère purement fictif des concessions offertes
à l'Irlande par le Cabinet de Londres.
Tant que l'Angleterre continuera, com-
me par le passé, à soutenir l'intransigeance
et la domination de Belfast, les Unionistes
du Nord-Est seront partisans du statu quo.
Mais le jour où l'Angleterre se désintéres-
sera de l'Irlande, en s'engageant à n'a..
puyer par la force armée aucun des parus
irlandais et en les laissant libres de s'en-
tendre et de régler leurs affaires eux-mè-
mes sur un pied d'égalité, la raison d'être
de cette intransigeance disparaîtra aussi-
tÓl Et alors, il y a toute raison de croire
que la République irlandaise traitera avec
justice et même avec bienveillance les des-
cendants de ces émigrés britanniques mal-
gré le tort qu'ils ont fait à leur pays d'adop-
tion.
LA V ZE CJELÈRE ET LES SALAIRES
* *
Commissions paritaires, Commissions régionales
et statististique générale de la France
On sadt quelle lutte s organise actuelle-
ment, au sein de la classe ouvrière, contre
toute diminution de salaires, contre toute
suppression d indemnité de vie chère.. Hier
encore, a son dernier congrès, le conseil na-
tional de la Féderation postale votai & un
retentissant ordre du jour protestant contre
la suppression des V20 francs d indemni-
té annuelle. Et voici que chaque jour nous
apporte, avec ses greves, de semblables pro-
testations : c'est, dans la région Roubalx-
Tourcoing, l'importante greve du textile
avec ses 60.000 chômeurs ; ce sont, à Lyon,
ise terrassiers et les maçons quittant les
chantiers plutôt que d'aocepter la diminu-
tion de 0 fr. 25 de l'heure imposee par le
patronat ; c'est l'ordre du jour de 1 union
départementale des syndicats du Nord re-
poussant le tameux coefficient 3,36 auquel
&boutissent les dernières commissions régio-
nales.
Ur, un des principaux griefs du patronat
contre le salariat est précisément la résis-
tance de ce dernier aux décisions des com-
missions.
On sait, en effet, que pour pouvoir éva-
luer d'une façon précise la répercussion de
1 augmentation de la vie sur les salaires ou
sur les primes spéciales aooordéès bous le
nom de vie chère, il a été oréé, dès 1919,
dans les grands centres, des commissions
paritaires composées d'un nombre égal d'ou-
vriers et de patrons, qui avaient pour fonu..
tion de rechercher, à l'aide de tous docu-
ments possibles, le coût de la vie, ahu d'éta-
bli r le rapport le plus exact possible entre
le gain de6 ouvriers et le prix de la vie.
Il semble donc, à première vue, que le
grief patronal soit assez juste. Car, dans
ces commissions, où l'intérêt de chaque par-
tie est également sauvegardé, comment con-
cevoir une résistance qui ne soit point fon-
dée '?
Mais, en réalité, le grief patronal tomne
dès qu'on envisage les choses telles qu'elles
devraient l'être selon le désir de l'une ou
de l'autre des parties en cause.
Ne pas confondre : commissions pari-
taires et commissions officielles du
coùt de la vie.
En premier lieu, distinguons :
Il y a des commissions paritaires toutes
instituées en vertu de conventions collec-
tives. Les commissions paritaires, encore
qu'elles soient encouragées par le ministè-
re du Travail et qu'eiles transmettent leurs
résultats obtenus d'un commun aooord à
la direction du Travail, ne sont pas des
commissions officielles, fonctionnant com-
me un organisme privé, au sein de chaque
industrie, n'étant jarpais astreintes à un
nombre limité. pouvant se multiplier au-
tant qu'elles le désirent, elles constituent
autant d'organismes privés, fonctionnant
aux côtés des commissions officielles, aux
travaux desquelles les ne prennent aucune
part. ,
Il n'est guère qu'une commission pari-
taire officielle : celle des forts uiarit-imes,
instituée le 4 août 1919, sur les instructions
du ministre du Travail et du ministre des
Travaux Publics, en vue de mettre fin a
un conflit qui paralysait complètement de-
puis plusieurs jours le port du Havre, et
avec mission d établir des tarifs de salai-
res par professions et catégories d'ouvriers.
Or, remarquons-le. partout où des OOJt'"
missions paritaires de ce genre, officielles
ou privées, ont été créées, partout leurs
décisions ont été- en général, respec.
Notons, en particulier pour des industries
minières et métallurgiques, qu'après réu-
nion des commissions paritaires, des dimi
nutions de salaires ont été aemp" mas
protestations, dans les différente centres
ci-après :
Angers : i fr. 60 environ par jour sur
salaire total journalier, en avril 1921.
Bordeaux : de 0 fr. 80 à 1 fr. 60 par jour
sur l'indemnité de vie chère, suivant les
catégories d'ouvriers (1,60 pour le manœu-
vre), en avril 1921.
Hou'ges : 2 fr. par jour, soit 1 fr. le 15
mai 1921," 1 fr. le 15 juin 1921.
Calais : diminution de l'indemnité de vie
chère variable suivant les catégories d'ou-
vriers, 2.fr. 95 par jour pour le niMKBUvre:
Diminution effectuée de janvier a juin
1921, par paliers mensuels en exécution ae
l'accord du 27 mars 1920.
Greil : 10 0/0 sur le salaire total du bor-
dereau de paye, le 16 mai 1921.
Dijon : 1 fr. 50 par jour environ SUT la
vie chère, le 9 mai 1921.
• Les commissions officielles
Et il y a les commissions officielles, ré-
gionales, départementales ou locales, toutes,
rattachées a une commission oentrale d'é-
tudes relatives au coût de la vie, créée par
decret du 19 février 1920 et siégeant à fa-
ris au ministère du Travail, boa but a été
spécifié u'ailà ces termes : « Suivre les va-
riations aes oours, constater périodique-
ment leur répercussion sur le coût de la
vie, rechercher les causes des variations
qu'elle aura relevees et proposer les me-
sures que ces constatations lui paraîtront
appeler. »
Pour La constitution des commissions ré-
gionales, les chambres de commerce étant
appelées à fournir d'importants élèments
ci information, on décida, en principe, d'a-
dopter la division de la France en régions
économiques. Notons que ces commissions
sont uniquement chargées de rassembler et
d'élaborer des informations certaines en
vue de fournir une base solide toutes les
fois qu'il s'agira de tenir un compte exact
des variations du coût de la vie.
Pour une famille ouvrière de composition
moyenne, — 4 personnes — la commission
détermine, pour chacune des cinq grandes
catégories alimentation, éclairage et chaui-
fage, logement, habillement, dépenses di-
verses), un indice partiel représentant ce.
qu est deveuu une dépense supposée égale
à 100 en 1914. En comparant la répartition
d'une dépense de 100 fr. entre les cinq ca-
tégories et le coefficient d'augmentation de
chaque catégorie, on obtient l'indice glo-
bal.
Des chiffres contradictoires
Or, en prenant pour base 100 en 1914, voici
quelques-uns des derniers chiffres commu-
niqués au ministère du travail, par les com-
missions régionales, départementales ou lo-
cales :
Paris 1er trim. 1921. 338
2" trim. 1921., 307
Lille t.,. Février 1921. 368
Juin 1921. 336
Besançon. jivril 1920 328
Avril 1921. 320
Chalon-sur-Saône. Mai 1921. 340
Juillet 1921. 361
Ma.rseille.u Mai 1921. 320
Jujn 1921. 310
Montpellier Janvier 1921 400
Juin ]921. 400
Il n'est PU besoin de jeter un long coup
d'oeil sur cette liste de chiffres pour remar-
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