Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-05-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mai 1921 19 mai 1921
Description : 1921/05/19 (N18422). 1921/05/19 (N18422).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7552932p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
Il FLOREAL, AN 129.. - N° 18.422,
lA numéro : QUINZE CENTIMES
JEUDI 19 MAI 1921. - No 18.422.
Fondateurs (1809) a
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un ar. Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 a 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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TRIBUNE LIBRE
r
La mobilisation de la créance allemande
- ) .+- ;:.:-.
Le ministère des finan-
ces prodigue chaque jour,
dans tous les journaux de
France, une publicité va-
riée, ressassant sans cesse
aux lecteurs die toutes opi-
nions et de toutes classes
de multiples arguments, très bien choi-
sis en général, en vue d'incitler les
Français à souscrire à de nouvelles
émissions de Bons de la Défense illatio-
nale. ne méco,,inais pas le succès de
Je ne méconnais pas te succès de
cette publicité, puisque les souscrip-
tions affluent. Le ministre des finances
trouve ainsi un supplément appréciable
de moyens oe trésorerie, et si l'on con-
sidère la somme immense des besoins
actuels, on ne pourrait que se féliciter
de ces résultats si.
Si ce système d'émission, à jet con-
tinu, de bons du Trésor à 5 n'avait
le grave inconvénient de n'être après
tout qu'une émission de papier-mon-
naie, sans contre-partie réelle, mais
portant intérêts à la dharge de l'Etat.
Le paiement des arrérages des bons
'émis coûte au Trésor public environ
4 milliard et demi par an. Il y a lieu
d'ajouter à cette dépense une trentaine
de millions représentant, d'une part, le
coût de la publicité payée aux périodi-
ques, et, d'autre part, le montant des
commissions allouées aux banques et
aux comptables chargés du placement
de ces bons.
La proposition de loi qu'Aubriot, Le-
vasseur, Rozier et moi avons déposée
permettra, par l'émission d'une somme
de billets de banque équivalente au
montant de ces bons, de les racheter et,
en les retirant de la circulation, de
faire économiser 1 milliard et demi au
budget. Les adversaires de notre projet
ne peuvent nier que l'émission de mon-
naie fiduciaire que nous proposons, si
elle est destinée à racheter ces bons, ne
puisse présenter la même utilité pour le
pays que l'émission de ces bons. Elle
aura l'avantage d'atténuer notablement
Îles charges fiscales des citoyens, puis-
que ces billets ne seront pas productifs
d'intérêts. Donc, si l'on admet que la
'« planche à assignats » puisse fonction-
ner sans inconvénients pour fabriquer
des Bons de la Défense nationale, qu'au-
cune encaisse métallique ne garantit,
doit-on admettre a jortiori que la même
f planche » produise, en remplacement
de ces bons, des « billets de banque »
qui, eux, auraient une garantie : notre
créance sur l'Allemagne ?
Ce procédé serait, en outre, plus
équitable et plus démocratique que l'é-
imission des bons. En effet, ceux-ci, mal-
gré l'institution des bons de 5 francs et
de 20 francs, ne peuvent guère être
acquis par la masse. Si celle-ci a des
disponibilités, elle les place en achats de
rentes 6 Le placement qu'elle a la
faculté d'effectuer en bons pour des pe-
tites sommes inférieures à 100 francs,
étant à l'échéance d'un an, ne la tente
guère. Il paraît donc peu équitable 4e
faire supporter à l'ensemble des contri-
buables une charge annuelle de 1,500
milions pour permettre le service d'in-
térêts à 5 à une partie restreinte de
la population.
J'ajouterai que l'on ne saurait pré-
voir, à la suite de l'émission de ces (bil-
lets de banque, destinés à remplacer les
bons émis, des répercussions financières
et économiques plus graves que celles
qui sont, dès maintenant, la conséquen-
ce de l'émission de ces bons. Ce rem-
placement. je le répète, ne peut nuire
qu'aux banques qui, toutes; perçoivent
Ides commissions pour le placement des
bons et dont quelques-unes gagnent, en
outre, de fortes sommes en escomptant,
à taux élevé, des bons non échus à leurs
détenteurs dans le besoin.
L'Etat, soit pour le paiement des pri-
mes de démobilisation, soit pour d'au-
tres paiements, a obligé ses créanciers
à recevoir ces bons. Il leur a nettement
conféré ainsi l'usage d'un billet de ban-
que. Nous voulons simplement rempla-
cer ces billets de banque portant inté-
rêt par d'autres qui m'occasionneront
plus aucune charge aux contribuables.
Si les premiers n'ont pu encourir le re-
proche de contribuer à la baisse de no-
tre change et à la hausse des prix, il
semble que les seconds doivent encore
bien moins avoir de telles conséquen-
ces.
GEORGES-BARTHELEMY,
Député du Pas-de-Calais,
.——————————————— ———————————————
EDITORIAL
Canossa sans Rome
Sur la rouie de Canossa,
voici donc M. Jonnart qui
trotte menu, à pas feutrés,
le chapeau sur les yeux,
courbé sous le laix des re-
mords de la République
française.
L'aimable ambassadeur, en vérité !
et plus « extraordinaire » encore que ne
le pourrait supposer l'ombre de l'hon-
nête M. Hornais.
Ce grand spécialiste des « missions
temporaires » se devait de terminer son
circuit administratif et diplomatique
'dans la Ville Eternelle.
Puisse, du moins, l'état de sa santé l'y
maintenir in ssecula saeculorum. Cest-
une des grâces que je lui souhaite.
La nomination de cet éminent Maître
Jacques de la petite politique et des
Grandes Affaires prête, chez mes con-
frères, Ci des commentaires fort plai-
sants j
M. de Monzie, dans le Matin, en tient
naturellement pour le titre de son re-
marquable livre : Rome sans Canossa.
Quand on a eu un tort, le mieux,
n'est-il pas vrai ? est encore l'y persis-
ter. Ça finit par vous donner une appa-
rence de raison, et le brillant dilettan-
tisme de M. de Monzie excel!e au jeu des
paradoxes qu'il nous donne le plus sé-
rieusement du monde comme des vérités
révélées.
S'il est exact que les plus mauvaises
causes exigent les plus grands avocats,
on conçoit que l'ambassade au Saint-
Siège ait remis son dossier à M. de Mon-
zie.
Sa thèse a, d'ailleurs, formé déjà des
flisciples considérables. :
Le Temps, dont l'éternelle jeunesse se
prête à tous les jeux de l'esprit, se
montre d'une spirituelle causticité.
Il a entrepris de nous enseigner — en
étouffant son rire dans le troisième tour
de sa haute cravate de doctrinaire —
que la présence de M. Jonnart à Rome
est. pour y défendre « toutes les lois
laïques ».
Le seigneur Jupiter sait dorer la pilule 1
C'est clair, disait l'autre.
A enregistrer successivement l'aban-
don de la loi de dévolution, les « capu-
cinades » de Notre-Dame en faveur de
Napoléon, la mobilisation générale des
prêtres autour de Jeanne d'Arc leur vic-
time, la nomination d'un aumônier-ins-
pecteur-général des armées du Rhin (!),
j'avais bien deviné qu'il s'agissait dé.
tendre sur le monde les bienfaits de la
laïcité.
Il est donc tout naturel que M. lou-
nart s'en aille à Rome pour rallier la
Congrégation de la Propagande à la po-
litique de M. Combes.
En somme, si je comprends bien, M.
Jonnart est chargé de relier lé Petit
Père au Saint-Père par le canal de
Suez.
Beau programme a mettre en lalin 'de
curés.
Bonne chance ! monsieur l'ambassa-
deur.
La paille au c.hapeau et le feu de-
dans !
Et si le séjour de Rome vou£ déplaît,
revenez-nous bien vite assumer un a mi.;
sion temporaire tlahs un cabinet anti-
clérical.
Car si tous les chemins mènent a
Rome, il doit bien y en avoir un - qu*
diable ! - qui en revient.
EDMOND OU MESNIL.
On dit,..
En Passant
La Barbe
Eh bien, quoi qu'en disent les élégants
adeptes de la mode, quoi qu'en disent éga-
lement les gens pratiques qui prétendent
que c'est plus commode pour manger la sou-
pe. quoi qu'en disent enfin les hygiénistes
qui assurent que « le poil est un porteur de
microbes », les thommes 'à barbe ont infini-
ment plus de charme, à notre avis, que tous
ces visages rasés 1
Les belles moustaches longues de nos an-
cêtres les Gaulois étaient vraiment une pa-
rure l La barbe fleurie de Charlemagne fut
chantée dans les vieux poèmes — et elle le
méritait, certes! — Et que de jolis sourires
galants, spirituels, ironiques, fiers et ten-
dres se cachaient discrètement et de façon
charmante dans la barbe de François Ier et
dans celle du Béarnais, et parmi les fines
barbiches et les moustaches conquérantes
des mousquetaires!!.
Pourquoi donc « nos hommes » d'aujour-
d'hui veulent-ils tous suivre cette mode
atroce qui les fait ressembler à des valets de
chambre ou à des curés?
Autour d'une bouche virile se marquent de
bonne heure des plis durs qui vieillissent te
visage tout entier et lui donnent une expres-
sion sèche et désabusée qu'une barbe flo..
confieuse adoucirait si bien!.
Sans compter que la peau, rendue rugueu-
se et bleuâtre par le service fréquent du ra-
soir, n'est ni jolie à l'œil, ni bien douce au
baiser des lèvres féminines.
Combien les ondes chatoyantes, blondes ou
brunes, noires ou fauves, sont d'un effet
plus agréable!. et combien la moustache
audacieusement relevée donne d'allure jolie
à un mâle visage!
En somme, c'est une coquetterie bien mal
comprise que de se couper la barbe, puisque
cette coquetterie n'embellit pas; et puis, on
ne gagne jamais rien à retoucher l'œuvre de
la nature — dame Nature ne fait rien en
vain. — Nous voulons voir, dans la barbe,
l'indice de la force et de la puissance mascu-
line. l'homme perd ainsi beaucoup de son
prestige en même temps que de son charme
par l'abandon de cet avantage naturel. ne
le sait-il pas?
Pourquoi donc faire tant de sacrifices inu-
tiles, hélas!.
Serait-ce pour satisfaire aux exigences où
féminisme, et rendre l'homme l'égal de la
femme?.
Oh 1 alors. nous n'aurions plus rien 'à
réclamer. et ce serait bien malheureux ! !..»
♦ GAB.
Autrefois
La passion de l'anatomie
La comtesse de Coigny mourut très jeu-
ne. Le bruit courut alors que sa passion
pour l'anatomie en était cause et qu'elle
était morte victime du « mauvais air ». On
assurait en effet qu'elle ne voyageait ja-
mais sans a-voir un cadavre à disséquer,
lan.ç le coffre de sa berline.
Elle avait modelé en cire des pièces re-
présentant diverses parties du corps 7tu.
main et gui jouaient la nature à s'y mé-
prendre. Un jour qu'elle les faisait admi-
rer au prince de Ligne :
— Merveilleux ! s'écria cel-ui-ci. Il n'y
manque vraiment que la puanteur.
Aujourd'hui
Esprit de couloirs
Au Palais-Bourbon.
— Ces « occupationnistes » sont de ter-
ribles gens. Il leur faut la Ruhr ou Iqr
peau de Briand. -
— Oui, ils chantent, comme Maunce
Boukay :
Las de t'attendre aans la Ruhr
Je lance de petits pavés.
— Et cœtera !..
Le Tapin.
A nos Lecteurs
En complet accord avec nous, notre colla-
borateur et ami Léon Archimbaud résigne,
à dater de ce jour, ses fonctions de rédac-
teur en chef de notre journal.
A l'expérience, nous avons considéré,
d'une part, que le mandat d'un député,
membre 'de plusieurs commissions, chargé
de rapports, est trop absorbant pour se
concilier avec les fonctions de rédacteur en
chef. -..-
D'autre part, nous avons reconnu que le
rôle d'un parlementaire, tenu à des rela-
tions de camaraderie avec ses collègues des
deux Assemblées, est difficilement compa-
tible avec le poste de rédacteur en chef
d'un journal d'opinion et de combat, jaloux
de son indépendance et de son franc par-
ler, et dont la libre critique est appelée à
s'exercer à l'occasion sur la personnalité
et les actes des parlementaires.
Léon Archimbaud demeure le coUabora-
teur de notre journal, auquel il donnera des
articles en - Tribune Libre.
Nous confions le poste de rédacteur en
chef à notre vaillant secrétaire général de
la rédaction, Raymond Lange, dont nos
amis ont su apprécier, comme nous-mêmes,
le jeune talent souple et varié, la belle hu-
meur et la vigueur batailleuse ainsi que le
dévouement fidèle à notre chère et vieille
maison.
La Direction.
-
Le général en robe
L'abbé Rémond, que le ministre de la
guerre a décidé de nommer aumônier ins-
pecteur de l'armée du Rhin, aura le grade,
la solde et les prestations d'un général de
brigade.
Dans iles prestations, l'on compte sans
doute l'entretien de son cheval de bataille
et le prix des feuilles de chêne, brodées
sur un chapeau romain !
C'est ainsi que le gouvernement pour-
suit la politique d'économies qu'il prêche
aux contribuables.
Avions-nous bien besoin d'un général en
robe ? On ne voit pas l'édlat nouveau qu'en
peut tirer notre prestige auprès des popu-
lations rhénanes. D'autant que, pour ne
pas faire de jaloux, il va nous falloir bien-
tôt un général pasteur et un général rab-
bin.
Décidément, il coûte cher, le Bloc natio-
nal !
! - .-+---
BON APPÉTIT MESSIEURS !
Donc, nos ministres intègres et nos re-
présentants qui ne le sont pas moins, vont
enfin tpouvoir s'asseoir à leur table.
Aujourd'hui est un'grand jour au Pa-
lais-Bourbon. Non seulement l'on entendra
M. Tardieu, et peut-être Mandel, mais l'on
inaugurera le restaurant parlementaire.
Une salle avenante, peinte en gris clair,
recevra les députés qui, pour sept francs,
pourront déjeuner.
Voici le menu :
Hors-d'œuvre ou potage
Une entrée
Un plat de viande garni
Un fromage ou un deséert.
Le café et le vin ne sont pas compris,
on le voit, dans le prix fixe. Il y a déjà des
députés qui s'en plaignent.
M. Alexandre Duval avaii. proposé un
premier prix de onze francs. On trouva que
c'était trop cher et l'on s'arrêta au repas
à sept francs.
Mais que nos' parlementaires se méfient,
si le Mandel veut leur servir un discours :
car les médecins ont toujours affirmé qu'il
était très mauvais de trop rire pendant la
digestion 1
1 LES SABOTEURS DE LA PAIX
Les yeux qui s'ouvrent et les langues qui se délient
m. m i >■»(»» -
[Nous avons reçu de M. de Villeneuve-Trans,
,ancien attaché à l'ambassade de Washington,
la lettre suivante, que nous nous faisons un
devoir de publier sans commentaires (aujour-
d'hui, du moins)
On ne saurait trouver préface plus tuile a la
nouvelle défense que doit présenter aujourd nui
M. André Tardieu des « saboteurs du traité
de paix ».
Monsieur le directeur.
Le Rappel a reproduit récemment in ar-
ticle de M. Stéphane Lauzanne dans Jp-que)
est cité un passage de mon livre A l'Am.
bassade de Washington. Lorsque j'écrivais
cet ouvrage, voici une année, 1 oeuvre ne-
faste de M. Clemenceau et de ses collabora-
teurs plongeait notre pays dans un peni-
blo malaise. Le traité, que les hautaines et
audacieuses affirmations de ses auteurs ten.
daient à foire admettre, -en face de l'opinion
inquiète, comme un traité tabou, nous pri-
vait de l'appui de nos meilleurs, de nos
vrais amis, les Américains.
Aux Etats-Unis, cependant, Wilson et ses
partisans étaient sévèrement jugés par
leurs concitoyens et le Sénat opposait un
veto irréductible à leurs aventureuses déci-
sions.
L'accusation de M. Stéphane Lauzanne
est trop nette pour qu'on puisse, cette fois
encore blanchir en quelques mots les ac
tes de nos représentants au Congrès de
TJaix. Car enfin le Sénat américain avait au-
tant sinon plus, de pouvoirs que Wilson,
et l'on ne pouvait l'ignorer ! Il serait enfan.
tin de prétendre qu'aux yeux de la France
le président des Etats-Unis était la seule
autorité réelle et, qu'en adoptant un point
de vue différent l'on se serait immiscé dans
la politique intérieure d'un Etat étranger
M Clemenceau a un esprit trop subtile et
ses anciens colla-borateurs connaissent trop
bien leur, histoire pour ignorer qu'un homo
me d'Etat a mille moyens détournés pour
agir efficacement en de semblables conjonc.
tnres.
Je me bornerai à rappeler les manœu-
vres dont usa Cavour afin de ne donner
que d'illusoires satisfactions à Napoléon IIJ
et la fameuse séance du Reichstag, en plei-
ne affaire du Luxembourg, au cours de la-
quelle Bismarck se faisait interpeller par
un député nationaliste, son compère. Au
lendemain de l'armistice, la politique fran-
çaise n'aurait dû avoir qu'un but : améner
un compromis entre les tendances wilso-
niennes et celles des Alliés, que partageai1
le Capitole.
Combien de fois cette nécessité fut-elle si-
gnalée à notre chargé d'affaires à Wa-
sington ! Hélas ! pendant les mois de dé-
cembre 1918, de janvier et de février 1919,
ses télégrammes au quai d'Orsay restaient
flottants et amollis de réticences. Après la
démarche pressante du sénateur IBrandegue
(2 janvier), l'on écrivait sur les attributions
du Sénat un rapport pompeux, étroitement
inspiré de l'historien Brice, qui ne pouvait
dessiller les yeux de nos dirigeants. Il était
d'ailleurs exceptionnel qu'un membre de
l'ambassade assistât aux séances du Sénat.
Un diplomate ne peut que redouter d'indui-
re en erreur son gouvernement lorsqu'il ne
prend pas les moyens de bien connaître les
affaires du pays où il se trouve.
Il est certaines déformations profession-
nelles qui coûtent cher à un pays. Ici il
s'agit d'une nonchalance que l'on croit de
bon goût et d'un souci constant d'intérêts
qui ne concordent point du tout avec l'in-
térêt national ; là, d'un esprit de dictature
qui écarte de soi toute surveillance et tous
conseils. En Amérique, quand se produi-
sent de tels abus on ne tarde pas à rappe-
ler à l'ordre ceux qui en sont coupables.
Telle ou telle commission du Sénat n'hésite
pas, soutenue par l'opinion, à faire compa-
raître devant elle les fonctionnaires négli-
gents, si haut placés qu'ils soient,.
Dans une saine démocratie la menace de
sanctions ne doit-elle pas exister partout ?
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
l'assurance de ma haute considération.
R. de VILLENEUVE-TRANS.
1
L'ACTUALITÉ
M. Lloyd George ne décolère pas
IL MAINTIENT SON PINT DE VUE ET ACCUSE
LA PRESSE FRANÇAISE D'ENVENIMER LE DÉBAT
., ..JI.8
La parole est à M. Briand
pour définir et défendre, la
politique qu'il a suivie à
Londres et depuis. Le besoin
d'une politique vigilante, n'ex-
cluant ni la fermeté ni la
prudence, ne s'est jamais im-
posé davantage que dans ces
aerniers temps. Les boutefeux ne manquent
pas, sans compter les raisons ou occasions
de conflits en Europe et en Asie.
Il s'en est fallu de peu, récemment,
qu'une action combinée des puissances
voisines de la Bulgarie contre cette derniè-
re ne suivît ou ne précédât l'insurrection
de la Haute-Silésie. Tout danger ne paraît
pas à ce sujet conjuré. Le correspondant
du Temps à Sofia mande en effet qu'une
note verbale du gouvernement hellénique
a été remise, hier matin, au gouvernement
bulgare, qui est accusé, entre autres, de
favoriser la désertion des soldats grecs à
la frontière de Thrace.
>« Pareil prétexte, ajoute M., Gentizon,
rappelle la fable du loup et de Vagneau. LA
situation est, en tout cas, trouble, et on ne
doit pas oublier que l'autorité morale de
la France, si puissante chez les peuples
balkaniques, peut grandement contribuer à
la paix et à la concorde dans le Proche
Orient. »
Nous nous tuons, depuis longtemps, 'à le
répéter. Mais il n'est pas. besoin de le dire
à nos autorités consulaires. Elles veillent,
et si, dans les Balkans, le projet de créer
un fait accompli n'a pas été réalisé, c'est
à leurs sages avis qu'on le doit.
Qui donc a intérêt à compliquer la situa-
tion dans le prodhe Orient pendant que
notre attention est retenue ailleurs ?
Demain, on interpellera sur la politique
de la France dans l'Europe centrale.
Allemagne ou Est européen, Europe cen-
trale ou méridionale, moyen Orient, c'est
tout un. Il s'agit de notre position diplo-
matique et militaire que peuvent gravement
affecter des changements comme celui que
l'on voudrait voir se produire dans nos re-
lations avec Angora (recommencement des
hostilités en Cilicie), l'avance des troupes
de Constantin avec l'approbation britanni-
que contre Constantinople ou une nouvelle
offensive de l'armée roùge en Pologne.
C'est toujours cette position diplomatique
et militaire qui est en jeu avec les trou-
bles de la Haute-Silésie, troubles qui n'au-
raient probablement pas eu lieu si le désac-
eord mis en relief par M. Lloyd George
n'avait pas existé.
Quand cet homme d'Etat accuse là presse
française, avec la vivacité de l'autre jour,
de dénaturer ses paroles, on a le vague
soupçon que le chef du gouvernement bri-
tannique ne nous a pas encore pardonné
notre indépendance.
Louis BRESSE.
'——— ———.
DÉCLARATIONS DE M. LLOYD GEORGE
M. Lloyd George a fait à l'agence Reu-
ter les déclarations suivantes :
« Je maintiens les déclarations que j'ai
faites à la Chambre des communes au
sujet de la Silésie. Naturellement, je n'ac-
cepte la responsabilité que de ce que j'ai
vraiment dit et non des comptes rendus
tronqués et dénaturés reproduits par la
presse française.
« L'approbation presque unanime donnée
tant par la presse américaine et italienne
que par la presse britannique au sentiment
que j'ai exprimé montre que les grandes
nations qui étaient aux côtés de la France,
dans l'ouest, veulent interpréter équitalble-
ment le traité de Versailles.
« Je n'ai jamais été témoin d'une telle
unanimité sur aucune question. Toutes les
nuanc'es d'opinion dans ces trois pays ont
adopté les mêmes vues. Il serait -malheu-
reux que la presse française adoptât des
vues différentes. Nous devons tolérer des
divergences d'opinion entre nous.
« Avec tout le respect possible, qu'il me
soit possible de dire à la presse française
que l'habitude de traiter dhaque expres-
sion d'une opinion alliée qui ne coïncide pas
avec la sienne, comme une impertinence,
est très préjudiciable. Si l'on persiste dans
cette disposition d'esprit, ce sera fatal à
toute entente.
Les brouillards à l'horizon
\c L'attitude adoptée par l'opinion publi-
que britannique, américaine et italienne,
sur la question de la Silésie. ne devrait pas
offenser la France. Cette opinion publique
s'en tient au traité de Versailles ; elle veut
appliquer les clauses du traité avec justice,
qu'elles soient pour ou contre l'Allemagne.
Le sort de la Haute-Silésie doit être décidé
par le - conseil suprême et non pas par Kor-
fanty. Il ne peut être permis aux enfants du
traité de ersser impunément la vaisselle de
l'Europe. On doit leur imposer un frein ;
sinon, il y aura constamment des difficultés.
ci Le cours des événements à venir ne
peut pas être prévu. Les brouillards à l'ho-
rizon sont plus épais qu'à l'ordinaire. Pres-
que tout dépendra de l'unité entre AlliJés. »
M. Lloyd George ajoute :
« En dehors des otligâtions du traité, des
événements qui ne peuvent être prévus
doivent déterminer les groupements futurs
des nations ; l'avenir du monde et spécia-
lement l'avenir de l'Europe sera déterminé
par d'anciennes ou de nouvelles amitiés.
« Dans ces circonstances, le traité de Ver-
sailles est un document d'une importance
infmie, particulièrement pour les nations de
l'Entente. Il nous rapproche, alors que tant
de choses peuvent nulS diviser. Ceux qui
font des stipulations du traité un objet de
prévention et de colère pourront bien ne
pas attendre longtemps avant de le regret-
ter. Le peuple britannique ne recule devant
aucune partie de sa responsabilité en vertu
du traité. Il y a des difficultés temporaires
qui rendent difficile pause nous de disposer
de troupes ; ces difficultés, je l'espère, se-
ront bientôt aplanies. »
L'attitude de l'Angleterre
M. Lloyd George attire l'attention sur le
fait qu'à la récente conférence, il laissa en-
tendra que la Grande-Bretagne était prête,
si- l'Allemagne refusait les conditions da
conseil allié, de mettre la flotte britannique
à la disposition des Alliés pour toute opé-
ration qui pourrait être décidée.
M. Lloyd George ajoute :
« Le gouvernement britannique était très
désireux de voir le partage de la Haute-Si.
lésie réglé à la conférence de Londres. Tous
les faits relatifs au plébiscite étaient con-
nus. Néanmoins, nos alliés n'étaient pas
prêts à entamer la discussion. Nous noua
en tiendrons fidèlement à la décision prise
par la majorité des puissances qui ont une
voix au chapitre en vertu du traité, en ce
qui concerne le tracé de la frontière sllé-
sienne, quelle que soit cette décision.
« Mais, étant entrée dans une grande
guerre et ayant subi des pertes gigantes-
ques en défendant un vieux traité auquel
notre- pays était partie, la Grande-Breta-
gne ne peut pas consentir à se tenir à
l'écairt, tandis qu'on piétine un traité que
ses représentamts ont signé il y a moins de
deux ans.
« Nous acceptons entièrement le plébis-
cite comme étant le désir du peuple de la
Silésie. »
• -»-»»»«■ - » ■
Pour une politipe d'entente
Le président du conseil, que ne. paraît
guère gêner le souci d'affronter aujourd'hui
les feux d'un grand débat parlementaire, «
de nouveau affirmé, hier SOIir, en recevant
les représentants de la presse, son inten-
tion de continuer à faire une politique d'oo
tente avec les Alliés.
M. Briand n'a donné aucune assurances
quant à la réunion d'une nouvelle confé*
rence.
Il s'est borné à observer que la dernière
session du conseil suprême avait fait ga-
gner quelque terrain, puisque le Reichstag
avait reconnu par son voite la délaite de
l'Allemagne.
M. Briand a eu quelques paroles où ne
perçait pas la moindre acrimonie pour la
grande irritation qui s'était manifestée de
J autre côté du canal et dont un écho nbus
vient encore à travers les nouvelles décla-
rations de M. Lloyd George. -
»
Nos Immortels
* aux champs
--., MM *
L'ACADÉMIE FRANÇAISE REÇOIT ACHANTILLY
LES MEMBRES DE L'ACADÉMIE BELGE.
C est hier que l'Académie française a
reçu,en son princier domaine de Chantilly,
l'Académie de langue et littérature fran-
çaises de Belgique.
Il est bon de savoir que cette Académie
beige ne se confond nullement avec l'A-
cadémie royale de Belgique, qui est, d'ail-
leurs, en partie littéraire, en partie scien-
tifique. L Académie de langue française fut
fondée en 192u, par M. Destrée, ministre
des sciences et des arts. Elle ne compte
donc qu'une année d'existence et a pour,
objet, dans ses deux sections, philologie et
littérature, la défense- et la haute culture
de la langue française. Elle s'oppose, à ce
titre, à l'académie flamingante. Composée
de vingt membres, elle peut comprendre
dans son sein des étrangers et, heureuse.
innovation, les femmes y peuvent être'
élues. Son président, M. Albert Giraud, ré-
dacteur à l'Etoile belge, est un poète par-
nassien de grand talent.
Les assistants
Les membres de notre illustre compagnie
qui assistèrent, hier, au déjeuner "de Chan-
tilly, étaient au nom'bre de vingt et un :
MM. Doumic, directeur ; Brieux, chan-
celier ; Masson, secrétaire perpétuel ; Bar-
thou, Poincaré, le maréchal Joffre, Ribot,
Baudrillart, Lavedan, de La Gorce, Ba-
zin, Bordeaux, Prévost, Boylesve, de
Regnier, Donnay, Capus, Hanotaux* de
Fiers et Bédier.
Les délégués de l'Académie belge étaient :
MM. Albert Giraud, directeur ; Gustave
van Zype, secrétaire perpétuel ; Maurice
Maeterlinck, A. Doutrepont, Ekfumd, Jules
Feller, Ivan Gilkin, Jean Haust, Hubert
Krain, Albert Mockel, Fernand Séverin,
Paul Spaak, Maurice Wilmotte, Max El-
kamp, Emile van Arenbergh, Valère Gille,
Louis IDelattre, G. Doutrepont et Char-
tier.
M. Carton de Wiart, président du ron.
seil des ministres du royaume de Belgique,
accompagnait la délégation.
Les présentations des académiciens bel-
ges aux académiciens français eurent lieu
à la grille de la salle du Jeu de Paume.
C'est M. Massou qui en a eu la charge.
M. Carton de Wiart a un mot aimable
pour chacun des hôtes français. Il s'en-
tretient assez longuement avec le maréchal
Joffre.
Il - table, en fer à cheval, est dressée
dans la salle du Jeu de Paume, près de
la tente du duc d'Aumale, face au supertbe
carrosse et aux drapeaux du grand Condé.
Au début du déjeuner, qui est servi à
une heure dans la salle du Jeu de Paume,
M. Frédéric Masson, secrétaire perpé-
tuel, a pris la parole pour excuser M. La-
visse, premier conservateur du musée de
Chantilly, qui, retenu à Paris par son état
de santé, n'avait pu venir recevoir ses
confrères de Belgique ; et il a donné lec-
ture ensuite d'une allocution de M. La-
visse qui rappelle cette anecdote ;
Je ne sais quel jour de l'année 1867. un train
sortait de la gare du Nord, emportant le roi de
Prusse Guillaume I"r, venu h Pans à l'ocrasion
de l'exposition universelle : dans sa suite cj
trouvait le oomte de Bismarck.
Un service d'honneur accomnagnait le roi
lA numéro : QUINZE CENTIMES
JEUDI 19 MAI 1921. - No 18.422.
Fondateurs (1809) a
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un ar. Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 a 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER. 49 » 25 » 13 »
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RAYMOND LANGE
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Directeur : EDMOND DU MESNIL
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Rédaction et administration : Nord 24-90.24-91.— Après 10 h. du soir : Gutenbera 00-70
TRIBUNE LIBRE
r
La mobilisation de la créance allemande
- ) .+- ;:.:-.
Le ministère des finan-
ces prodigue chaque jour,
dans tous les journaux de
France, une publicité va-
riée, ressassant sans cesse
aux lecteurs die toutes opi-
nions et de toutes classes
de multiples arguments, très bien choi-
sis en général, en vue d'incitler les
Français à souscrire à de nouvelles
émissions de Bons de la Défense illatio-
nale. ne méco,,inais pas le succès de
Je ne méconnais pas te succès de
cette publicité, puisque les souscrip-
tions affluent. Le ministre des finances
trouve ainsi un supplément appréciable
de moyens oe trésorerie, et si l'on con-
sidère la somme immense des besoins
actuels, on ne pourrait que se féliciter
de ces résultats si.
Si ce système d'émission, à jet con-
tinu, de bons du Trésor à 5 n'avait
le grave inconvénient de n'être après
tout qu'une émission de papier-mon-
naie, sans contre-partie réelle, mais
portant intérêts à la dharge de l'Etat.
Le paiement des arrérages des bons
'émis coûte au Trésor public environ
4 milliard et demi par an. Il y a lieu
d'ajouter à cette dépense une trentaine
de millions représentant, d'une part, le
coût de la publicité payée aux périodi-
ques, et, d'autre part, le montant des
commissions allouées aux banques et
aux comptables chargés du placement
de ces bons.
La proposition de loi qu'Aubriot, Le-
vasseur, Rozier et moi avons déposée
permettra, par l'émission d'une somme
de billets de banque équivalente au
montant de ces bons, de les racheter et,
en les retirant de la circulation, de
faire économiser 1 milliard et demi au
budget. Les adversaires de notre projet
ne peuvent nier que l'émission de mon-
naie fiduciaire que nous proposons, si
elle est destinée à racheter ces bons, ne
puisse présenter la même utilité pour le
pays que l'émission de ces bons. Elle
aura l'avantage d'atténuer notablement
Îles charges fiscales des citoyens, puis-
que ces billets ne seront pas productifs
d'intérêts. Donc, si l'on admet que la
'« planche à assignats » puisse fonction-
ner sans inconvénients pour fabriquer
des Bons de la Défense nationale, qu'au-
cune encaisse métallique ne garantit,
doit-on admettre a jortiori que la même
f planche » produise, en remplacement
de ces bons, des « billets de banque »
qui, eux, auraient une garantie : notre
créance sur l'Allemagne ?
Ce procédé serait, en outre, plus
équitable et plus démocratique que l'é-
imission des bons. En effet, ceux-ci, mal-
gré l'institution des bons de 5 francs et
de 20 francs, ne peuvent guère être
acquis par la masse. Si celle-ci a des
disponibilités, elle les place en achats de
rentes 6 Le placement qu'elle a la
faculté d'effectuer en bons pour des pe-
tites sommes inférieures à 100 francs,
étant à l'échéance d'un an, ne la tente
guère. Il paraît donc peu équitable 4e
faire supporter à l'ensemble des contri-
buables une charge annuelle de 1,500
milions pour permettre le service d'in-
térêts à 5 à une partie restreinte de
la population.
J'ajouterai que l'on ne saurait pré-
voir, à la suite de l'émission de ces (bil-
lets de banque, destinés à remplacer les
bons émis, des répercussions financières
et économiques plus graves que celles
qui sont, dès maintenant, la conséquen-
ce de l'émission de ces bons. Ce rem-
placement. je le répète, ne peut nuire
qu'aux banques qui, toutes; perçoivent
Ides commissions pour le placement des
bons et dont quelques-unes gagnent, en
outre, de fortes sommes en escomptant,
à taux élevé, des bons non échus à leurs
détenteurs dans le besoin.
L'Etat, soit pour le paiement des pri-
mes de démobilisation, soit pour d'au-
tres paiements, a obligé ses créanciers
à recevoir ces bons. Il leur a nettement
conféré ainsi l'usage d'un billet de ban-
que. Nous voulons simplement rempla-
cer ces billets de banque portant inté-
rêt par d'autres qui m'occasionneront
plus aucune charge aux contribuables.
Si les premiers n'ont pu encourir le re-
proche de contribuer à la baisse de no-
tre change et à la hausse des prix, il
semble que les seconds doivent encore
bien moins avoir de telles conséquen-
ces.
GEORGES-BARTHELEMY,
Député du Pas-de-Calais,
.——————————————— ———————————————
EDITORIAL
Canossa sans Rome
Sur la rouie de Canossa,
voici donc M. Jonnart qui
trotte menu, à pas feutrés,
le chapeau sur les yeux,
courbé sous le laix des re-
mords de la République
française.
L'aimable ambassadeur, en vérité !
et plus « extraordinaire » encore que ne
le pourrait supposer l'ombre de l'hon-
nête M. Hornais.
Ce grand spécialiste des « missions
temporaires » se devait de terminer son
circuit administratif et diplomatique
'dans la Ville Eternelle.
Puisse, du moins, l'état de sa santé l'y
maintenir in ssecula saeculorum. Cest-
une des grâces que je lui souhaite.
La nomination de cet éminent Maître
Jacques de la petite politique et des
Grandes Affaires prête, chez mes con-
frères, Ci des commentaires fort plai-
sants j
M. de Monzie, dans le Matin, en tient
naturellement pour le titre de son re-
marquable livre : Rome sans Canossa.
Quand on a eu un tort, le mieux,
n'est-il pas vrai ? est encore l'y persis-
ter. Ça finit par vous donner une appa-
rence de raison, et le brillant dilettan-
tisme de M. de Monzie excel!e au jeu des
paradoxes qu'il nous donne le plus sé-
rieusement du monde comme des vérités
révélées.
S'il est exact que les plus mauvaises
causes exigent les plus grands avocats,
on conçoit que l'ambassade au Saint-
Siège ait remis son dossier à M. de Mon-
zie.
Sa thèse a, d'ailleurs, formé déjà des
flisciples considérables. :
Le Temps, dont l'éternelle jeunesse se
prête à tous les jeux de l'esprit, se
montre d'une spirituelle causticité.
Il a entrepris de nous enseigner — en
étouffant son rire dans le troisième tour
de sa haute cravate de doctrinaire —
que la présence de M. Jonnart à Rome
est. pour y défendre « toutes les lois
laïques ».
Le seigneur Jupiter sait dorer la pilule 1
C'est clair, disait l'autre.
A enregistrer successivement l'aban-
don de la loi de dévolution, les « capu-
cinades » de Notre-Dame en faveur de
Napoléon, la mobilisation générale des
prêtres autour de Jeanne d'Arc leur vic-
time, la nomination d'un aumônier-ins-
pecteur-général des armées du Rhin (!),
j'avais bien deviné qu'il s'agissait dé.
tendre sur le monde les bienfaits de la
laïcité.
Il est donc tout naturel que M. lou-
nart s'en aille à Rome pour rallier la
Congrégation de la Propagande à la po-
litique de M. Combes.
En somme, si je comprends bien, M.
Jonnart est chargé de relier lé Petit
Père au Saint-Père par le canal de
Suez.
Beau programme a mettre en lalin 'de
curés.
Bonne chance ! monsieur l'ambassa-
deur.
La paille au c.hapeau et le feu de-
dans !
Et si le séjour de Rome vou£ déplaît,
revenez-nous bien vite assumer un a mi.;
sion temporaire tlahs un cabinet anti-
clérical.
Car si tous les chemins mènent a
Rome, il doit bien y en avoir un - qu*
diable ! - qui en revient.
EDMOND OU MESNIL.
On dit,..
En Passant
La Barbe
Eh bien, quoi qu'en disent les élégants
adeptes de la mode, quoi qu'en disent éga-
lement les gens pratiques qui prétendent
que c'est plus commode pour manger la sou-
pe. quoi qu'en disent enfin les hygiénistes
qui assurent que « le poil est un porteur de
microbes », les thommes 'à barbe ont infini-
ment plus de charme, à notre avis, que tous
ces visages rasés 1
Les belles moustaches longues de nos an-
cêtres les Gaulois étaient vraiment une pa-
rure l La barbe fleurie de Charlemagne fut
chantée dans les vieux poèmes — et elle le
méritait, certes! — Et que de jolis sourires
galants, spirituels, ironiques, fiers et ten-
dres se cachaient discrètement et de façon
charmante dans la barbe de François Ier et
dans celle du Béarnais, et parmi les fines
barbiches et les moustaches conquérantes
des mousquetaires!!.
Pourquoi donc « nos hommes » d'aujour-
d'hui veulent-ils tous suivre cette mode
atroce qui les fait ressembler à des valets de
chambre ou à des curés?
Autour d'une bouche virile se marquent de
bonne heure des plis durs qui vieillissent te
visage tout entier et lui donnent une expres-
sion sèche et désabusée qu'une barbe flo..
confieuse adoucirait si bien!.
Sans compter que la peau, rendue rugueu-
se et bleuâtre par le service fréquent du ra-
soir, n'est ni jolie à l'œil, ni bien douce au
baiser des lèvres féminines.
Combien les ondes chatoyantes, blondes ou
brunes, noires ou fauves, sont d'un effet
plus agréable!. et combien la moustache
audacieusement relevée donne d'allure jolie
à un mâle visage!
En somme, c'est une coquetterie bien mal
comprise que de se couper la barbe, puisque
cette coquetterie n'embellit pas; et puis, on
ne gagne jamais rien à retoucher l'œuvre de
la nature — dame Nature ne fait rien en
vain. — Nous voulons voir, dans la barbe,
l'indice de la force et de la puissance mascu-
line. l'homme perd ainsi beaucoup de son
prestige en même temps que de son charme
par l'abandon de cet avantage naturel. ne
le sait-il pas?
Pourquoi donc faire tant de sacrifices inu-
tiles, hélas!.
Serait-ce pour satisfaire aux exigences où
féminisme, et rendre l'homme l'égal de la
femme?.
Oh 1 alors. nous n'aurions plus rien 'à
réclamer. et ce serait bien malheureux ! !..»
♦ GAB.
Autrefois
La passion de l'anatomie
La comtesse de Coigny mourut très jeu-
ne. Le bruit courut alors que sa passion
pour l'anatomie en était cause et qu'elle
était morte victime du « mauvais air ». On
assurait en effet qu'elle ne voyageait ja-
mais sans a-voir un cadavre à disséquer,
lan.ç le coffre de sa berline.
Elle avait modelé en cire des pièces re-
présentant diverses parties du corps 7tu.
main et gui jouaient la nature à s'y mé-
prendre. Un jour qu'elle les faisait admi-
rer au prince de Ligne :
— Merveilleux ! s'écria cel-ui-ci. Il n'y
manque vraiment que la puanteur.
Aujourd'hui
Esprit de couloirs
Au Palais-Bourbon.
— Ces « occupationnistes » sont de ter-
ribles gens. Il leur faut la Ruhr ou Iqr
peau de Briand. -
— Oui, ils chantent, comme Maunce
Boukay :
Las de t'attendre aans la Ruhr
Je lance de petits pavés.
— Et cœtera !..
Le Tapin.
A nos Lecteurs
En complet accord avec nous, notre colla-
borateur et ami Léon Archimbaud résigne,
à dater de ce jour, ses fonctions de rédac-
teur en chef de notre journal.
A l'expérience, nous avons considéré,
d'une part, que le mandat d'un député,
membre 'de plusieurs commissions, chargé
de rapports, est trop absorbant pour se
concilier avec les fonctions de rédacteur en
chef. -..-
D'autre part, nous avons reconnu que le
rôle d'un parlementaire, tenu à des rela-
tions de camaraderie avec ses collègues des
deux Assemblées, est difficilement compa-
tible avec le poste de rédacteur en chef
d'un journal d'opinion et de combat, jaloux
de son indépendance et de son franc par-
ler, et dont la libre critique est appelée à
s'exercer à l'occasion sur la personnalité
et les actes des parlementaires.
Léon Archimbaud demeure le coUabora-
teur de notre journal, auquel il donnera des
articles en - Tribune Libre.
Nous confions le poste de rédacteur en
chef à notre vaillant secrétaire général de
la rédaction, Raymond Lange, dont nos
amis ont su apprécier, comme nous-mêmes,
le jeune talent souple et varié, la belle hu-
meur et la vigueur batailleuse ainsi que le
dévouement fidèle à notre chère et vieille
maison.
La Direction.
-
Le général en robe
L'abbé Rémond, que le ministre de la
guerre a décidé de nommer aumônier ins-
pecteur de l'armée du Rhin, aura le grade,
la solde et les prestations d'un général de
brigade.
Dans iles prestations, l'on compte sans
doute l'entretien de son cheval de bataille
et le prix des feuilles de chêne, brodées
sur un chapeau romain !
C'est ainsi que le gouvernement pour-
suit la politique d'économies qu'il prêche
aux contribuables.
Avions-nous bien besoin d'un général en
robe ? On ne voit pas l'édlat nouveau qu'en
peut tirer notre prestige auprès des popu-
lations rhénanes. D'autant que, pour ne
pas faire de jaloux, il va nous falloir bien-
tôt un général pasteur et un général rab-
bin.
Décidément, il coûte cher, le Bloc natio-
nal !
! - .-+---
BON APPÉTIT MESSIEURS !
Donc, nos ministres intègres et nos re-
présentants qui ne le sont pas moins, vont
enfin tpouvoir s'asseoir à leur table.
Aujourd'hui est un'grand jour au Pa-
lais-Bourbon. Non seulement l'on entendra
M. Tardieu, et peut-être Mandel, mais l'on
inaugurera le restaurant parlementaire.
Une salle avenante, peinte en gris clair,
recevra les députés qui, pour sept francs,
pourront déjeuner.
Voici le menu :
Hors-d'œuvre ou potage
Une entrée
Un plat de viande garni
Un fromage ou un deséert.
Le café et le vin ne sont pas compris,
on le voit, dans le prix fixe. Il y a déjà des
députés qui s'en plaignent.
M. Alexandre Duval avaii. proposé un
premier prix de onze francs. On trouva que
c'était trop cher et l'on s'arrêta au repas
à sept francs.
Mais que nos' parlementaires se méfient,
si le Mandel veut leur servir un discours :
car les médecins ont toujours affirmé qu'il
était très mauvais de trop rire pendant la
digestion 1
1 LES SABOTEURS DE LA PAIX
Les yeux qui s'ouvrent et les langues qui se délient
m. m i >■»(»» -
[Nous avons reçu de M. de Villeneuve-Trans,
,ancien attaché à l'ambassade de Washington,
la lettre suivante, que nous nous faisons un
devoir de publier sans commentaires (aujour-
d'hui, du moins)
On ne saurait trouver préface plus tuile a la
nouvelle défense que doit présenter aujourd nui
M. André Tardieu des « saboteurs du traité
de paix ».
Monsieur le directeur.
Le Rappel a reproduit récemment in ar-
ticle de M. Stéphane Lauzanne dans Jp-que)
est cité un passage de mon livre A l'Am.
bassade de Washington. Lorsque j'écrivais
cet ouvrage, voici une année, 1 oeuvre ne-
faste de M. Clemenceau et de ses collabora-
teurs plongeait notre pays dans un peni-
blo malaise. Le traité, que les hautaines et
audacieuses affirmations de ses auteurs ten.
daient à foire admettre, -en face de l'opinion
inquiète, comme un traité tabou, nous pri-
vait de l'appui de nos meilleurs, de nos
vrais amis, les Américains.
Aux Etats-Unis, cependant, Wilson et ses
partisans étaient sévèrement jugés par
leurs concitoyens et le Sénat opposait un
veto irréductible à leurs aventureuses déci-
sions.
L'accusation de M. Stéphane Lauzanne
est trop nette pour qu'on puisse, cette fois
encore blanchir en quelques mots les ac
tes de nos représentants au Congrès de
TJaix. Car enfin le Sénat américain avait au-
tant sinon plus, de pouvoirs que Wilson,
et l'on ne pouvait l'ignorer ! Il serait enfan.
tin de prétendre qu'aux yeux de la France
le président des Etats-Unis était la seule
autorité réelle et, qu'en adoptant un point
de vue différent l'on se serait immiscé dans
la politique intérieure d'un Etat étranger
M Clemenceau a un esprit trop subtile et
ses anciens colla-borateurs connaissent trop
bien leur, histoire pour ignorer qu'un homo
me d'Etat a mille moyens détournés pour
agir efficacement en de semblables conjonc.
tnres.
Je me bornerai à rappeler les manœu-
vres dont usa Cavour afin de ne donner
que d'illusoires satisfactions à Napoléon IIJ
et la fameuse séance du Reichstag, en plei-
ne affaire du Luxembourg, au cours de la-
quelle Bismarck se faisait interpeller par
un député nationaliste, son compère. Au
lendemain de l'armistice, la politique fran-
çaise n'aurait dû avoir qu'un but : améner
un compromis entre les tendances wilso-
niennes et celles des Alliés, que partageai1
le Capitole.
Combien de fois cette nécessité fut-elle si-
gnalée à notre chargé d'affaires à Wa-
sington ! Hélas ! pendant les mois de dé-
cembre 1918, de janvier et de février 1919,
ses télégrammes au quai d'Orsay restaient
flottants et amollis de réticences. Après la
démarche pressante du sénateur IBrandegue
(2 janvier), l'on écrivait sur les attributions
du Sénat un rapport pompeux, étroitement
inspiré de l'historien Brice, qui ne pouvait
dessiller les yeux de nos dirigeants. Il était
d'ailleurs exceptionnel qu'un membre de
l'ambassade assistât aux séances du Sénat.
Un diplomate ne peut que redouter d'indui-
re en erreur son gouvernement lorsqu'il ne
prend pas les moyens de bien connaître les
affaires du pays où il se trouve.
Il est certaines déformations profession-
nelles qui coûtent cher à un pays. Ici il
s'agit d'une nonchalance que l'on croit de
bon goût et d'un souci constant d'intérêts
qui ne concordent point du tout avec l'in-
térêt national ; là, d'un esprit de dictature
qui écarte de soi toute surveillance et tous
conseils. En Amérique, quand se produi-
sent de tels abus on ne tarde pas à rappe-
ler à l'ordre ceux qui en sont coupables.
Telle ou telle commission du Sénat n'hésite
pas, soutenue par l'opinion, à faire compa-
raître devant elle les fonctionnaires négli-
gents, si haut placés qu'ils soient,.
Dans une saine démocratie la menace de
sanctions ne doit-elle pas exister partout ?
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
l'assurance de ma haute considération.
R. de VILLENEUVE-TRANS.
1
L'ACTUALITÉ
M. Lloyd George ne décolère pas
IL MAINTIENT SON PINT DE VUE ET ACCUSE
LA PRESSE FRANÇAISE D'ENVENIMER LE DÉBAT
., ..JI.8
La parole est à M. Briand
pour définir et défendre, la
politique qu'il a suivie à
Londres et depuis. Le besoin
d'une politique vigilante, n'ex-
cluant ni la fermeté ni la
prudence, ne s'est jamais im-
posé davantage que dans ces
aerniers temps. Les boutefeux ne manquent
pas, sans compter les raisons ou occasions
de conflits en Europe et en Asie.
Il s'en est fallu de peu, récemment,
qu'une action combinée des puissances
voisines de la Bulgarie contre cette derniè-
re ne suivît ou ne précédât l'insurrection
de la Haute-Silésie. Tout danger ne paraît
pas à ce sujet conjuré. Le correspondant
du Temps à Sofia mande en effet qu'une
note verbale du gouvernement hellénique
a été remise, hier matin, au gouvernement
bulgare, qui est accusé, entre autres, de
favoriser la désertion des soldats grecs à
la frontière de Thrace.
>« Pareil prétexte, ajoute M., Gentizon,
rappelle la fable du loup et de Vagneau. LA
situation est, en tout cas, trouble, et on ne
doit pas oublier que l'autorité morale de
la France, si puissante chez les peuples
balkaniques, peut grandement contribuer à
la paix et à la concorde dans le Proche
Orient. »
Nous nous tuons, depuis longtemps, 'à le
répéter. Mais il n'est pas. besoin de le dire
à nos autorités consulaires. Elles veillent,
et si, dans les Balkans, le projet de créer
un fait accompli n'a pas été réalisé, c'est
à leurs sages avis qu'on le doit.
Qui donc a intérêt à compliquer la situa-
tion dans le prodhe Orient pendant que
notre attention est retenue ailleurs ?
Demain, on interpellera sur la politique
de la France dans l'Europe centrale.
Allemagne ou Est européen, Europe cen-
trale ou méridionale, moyen Orient, c'est
tout un. Il s'agit de notre position diplo-
matique et militaire que peuvent gravement
affecter des changements comme celui que
l'on voudrait voir se produire dans nos re-
lations avec Angora (recommencement des
hostilités en Cilicie), l'avance des troupes
de Constantin avec l'approbation britanni-
que contre Constantinople ou une nouvelle
offensive de l'armée roùge en Pologne.
C'est toujours cette position diplomatique
et militaire qui est en jeu avec les trou-
bles de la Haute-Silésie, troubles qui n'au-
raient probablement pas eu lieu si le désac-
eord mis en relief par M. Lloyd George
n'avait pas existé.
Quand cet homme d'Etat accuse là presse
française, avec la vivacité de l'autre jour,
de dénaturer ses paroles, on a le vague
soupçon que le chef du gouvernement bri-
tannique ne nous a pas encore pardonné
notre indépendance.
Louis BRESSE.
'——— ———.
DÉCLARATIONS DE M. LLOYD GEORGE
M. Lloyd George a fait à l'agence Reu-
ter les déclarations suivantes :
« Je maintiens les déclarations que j'ai
faites à la Chambre des communes au
sujet de la Silésie. Naturellement, je n'ac-
cepte la responsabilité que de ce que j'ai
vraiment dit et non des comptes rendus
tronqués et dénaturés reproduits par la
presse française.
« L'approbation presque unanime donnée
tant par la presse américaine et italienne
que par la presse britannique au sentiment
que j'ai exprimé montre que les grandes
nations qui étaient aux côtés de la France,
dans l'ouest, veulent interpréter équitalble-
ment le traité de Versailles.
« Je n'ai jamais été témoin d'une telle
unanimité sur aucune question. Toutes les
nuanc'es d'opinion dans ces trois pays ont
adopté les mêmes vues. Il serait -malheu-
reux que la presse française adoptât des
vues différentes. Nous devons tolérer des
divergences d'opinion entre nous.
« Avec tout le respect possible, qu'il me
soit possible de dire à la presse française
que l'habitude de traiter dhaque expres-
sion d'une opinion alliée qui ne coïncide pas
avec la sienne, comme une impertinence,
est très préjudiciable. Si l'on persiste dans
cette disposition d'esprit, ce sera fatal à
toute entente.
Les brouillards à l'horizon
\c L'attitude adoptée par l'opinion publi-
que britannique, américaine et italienne,
sur la question de la Silésie. ne devrait pas
offenser la France. Cette opinion publique
s'en tient au traité de Versailles ; elle veut
appliquer les clauses du traité avec justice,
qu'elles soient pour ou contre l'Allemagne.
Le sort de la Haute-Silésie doit être décidé
par le - conseil suprême et non pas par Kor-
fanty. Il ne peut être permis aux enfants du
traité de ersser impunément la vaisselle de
l'Europe. On doit leur imposer un frein ;
sinon, il y aura constamment des difficultés.
ci Le cours des événements à venir ne
peut pas être prévu. Les brouillards à l'ho-
rizon sont plus épais qu'à l'ordinaire. Pres-
que tout dépendra de l'unité entre AlliJés. »
M. Lloyd George ajoute :
« En dehors des otligâtions du traité, des
événements qui ne peuvent être prévus
doivent déterminer les groupements futurs
des nations ; l'avenir du monde et spécia-
lement l'avenir de l'Europe sera déterminé
par d'anciennes ou de nouvelles amitiés.
« Dans ces circonstances, le traité de Ver-
sailles est un document d'une importance
infmie, particulièrement pour les nations de
l'Entente. Il nous rapproche, alors que tant
de choses peuvent nulS diviser. Ceux qui
font des stipulations du traité un objet de
prévention et de colère pourront bien ne
pas attendre longtemps avant de le regret-
ter. Le peuple britannique ne recule devant
aucune partie de sa responsabilité en vertu
du traité. Il y a des difficultés temporaires
qui rendent difficile pause nous de disposer
de troupes ; ces difficultés, je l'espère, se-
ront bientôt aplanies. »
L'attitude de l'Angleterre
M. Lloyd George attire l'attention sur le
fait qu'à la récente conférence, il laissa en-
tendra que la Grande-Bretagne était prête,
si- l'Allemagne refusait les conditions da
conseil allié, de mettre la flotte britannique
à la disposition des Alliés pour toute opé-
ration qui pourrait être décidée.
M. Lloyd George ajoute :
« Le gouvernement britannique était très
désireux de voir le partage de la Haute-Si.
lésie réglé à la conférence de Londres. Tous
les faits relatifs au plébiscite étaient con-
nus. Néanmoins, nos alliés n'étaient pas
prêts à entamer la discussion. Nous noua
en tiendrons fidèlement à la décision prise
par la majorité des puissances qui ont une
voix au chapitre en vertu du traité, en ce
qui concerne le tracé de la frontière sllé-
sienne, quelle que soit cette décision.
« Mais, étant entrée dans une grande
guerre et ayant subi des pertes gigantes-
ques en défendant un vieux traité auquel
notre- pays était partie, la Grande-Breta-
gne ne peut pas consentir à se tenir à
l'écairt, tandis qu'on piétine un traité que
ses représentamts ont signé il y a moins de
deux ans.
« Nous acceptons entièrement le plébis-
cite comme étant le désir du peuple de la
Silésie. »
• -»-»»»«■ - » ■
Pour une politipe d'entente
Le président du conseil, que ne. paraît
guère gêner le souci d'affronter aujourd'hui
les feux d'un grand débat parlementaire, «
de nouveau affirmé, hier SOIir, en recevant
les représentants de la presse, son inten-
tion de continuer à faire une politique d'oo
tente avec les Alliés.
M. Briand n'a donné aucune assurances
quant à la réunion d'une nouvelle confé*
rence.
Il s'est borné à observer que la dernière
session du conseil suprême avait fait ga-
gner quelque terrain, puisque le Reichstag
avait reconnu par son voite la délaite de
l'Allemagne.
M. Briand a eu quelques paroles où ne
perçait pas la moindre acrimonie pour la
grande irritation qui s'était manifestée de
J autre côté du canal et dont un écho nbus
vient encore à travers les nouvelles décla-
rations de M. Lloyd George. -
»
Nos Immortels
* aux champs
--., MM *
L'ACADÉMIE FRANÇAISE REÇOIT ACHANTILLY
LES MEMBRES DE L'ACADÉMIE BELGE.
C est hier que l'Académie française a
reçu,en son princier domaine de Chantilly,
l'Académie de langue et littérature fran-
çaises de Belgique.
Il est bon de savoir que cette Académie
beige ne se confond nullement avec l'A-
cadémie royale de Belgique, qui est, d'ail-
leurs, en partie littéraire, en partie scien-
tifique. L Académie de langue française fut
fondée en 192u, par M. Destrée, ministre
des sciences et des arts. Elle ne compte
donc qu'une année d'existence et a pour,
objet, dans ses deux sections, philologie et
littérature, la défense- et la haute culture
de la langue française. Elle s'oppose, à ce
titre, à l'académie flamingante. Composée
de vingt membres, elle peut comprendre
dans son sein des étrangers et, heureuse.
innovation, les femmes y peuvent être'
élues. Son président, M. Albert Giraud, ré-
dacteur à l'Etoile belge, est un poète par-
nassien de grand talent.
Les assistants
Les membres de notre illustre compagnie
qui assistèrent, hier, au déjeuner "de Chan-
tilly, étaient au nom'bre de vingt et un :
MM. Doumic, directeur ; Brieux, chan-
celier ; Masson, secrétaire perpétuel ; Bar-
thou, Poincaré, le maréchal Joffre, Ribot,
Baudrillart, Lavedan, de La Gorce, Ba-
zin, Bordeaux, Prévost, Boylesve, de
Regnier, Donnay, Capus, Hanotaux* de
Fiers et Bédier.
Les délégués de l'Académie belge étaient :
MM. Albert Giraud, directeur ; Gustave
van Zype, secrétaire perpétuel ; Maurice
Maeterlinck, A. Doutrepont, Ekfumd, Jules
Feller, Ivan Gilkin, Jean Haust, Hubert
Krain, Albert Mockel, Fernand Séverin,
Paul Spaak, Maurice Wilmotte, Max El-
kamp, Emile van Arenbergh, Valère Gille,
Louis IDelattre, G. Doutrepont et Char-
tier.
M. Carton de Wiart, président du ron.
seil des ministres du royaume de Belgique,
accompagnait la délégation.
Les présentations des académiciens bel-
ges aux académiciens français eurent lieu
à la grille de la salle du Jeu de Paume.
C'est M. Massou qui en a eu la charge.
M. Carton de Wiart a un mot aimable
pour chacun des hôtes français. Il s'en-
tretient assez longuement avec le maréchal
Joffre.
Il - table, en fer à cheval, est dressée
dans la salle du Jeu de Paume, près de
la tente du duc d'Aumale, face au supertbe
carrosse et aux drapeaux du grand Condé.
Au début du déjeuner, qui est servi à
une heure dans la salle du Jeu de Paume,
M. Frédéric Masson, secrétaire perpé-
tuel, a pris la parole pour excuser M. La-
visse, premier conservateur du musée de
Chantilly, qui, retenu à Paris par son état
de santé, n'avait pu venir recevoir ses
confrères de Belgique ; et il a donné lec-
ture ensuite d'une allocution de M. La-
visse qui rappelle cette anecdote ;
Je ne sais quel jour de l'année 1867. un train
sortait de la gare du Nord, emportant le roi de
Prusse Guillaume I"r, venu h Pans à l'ocrasion
de l'exposition universelle : dans sa suite cj
trouvait le oomte de Bismarck.
Un service d'honneur accomnagnait le roi
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