Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-02-25
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 février 1921 25 février 1921
Description : 1921/02/25 (N18339). 1921/02/25 (N18339).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75528508
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
I VïMÔSË, AN Î2l - N.o 18.339. te ïïmém : udïNZB CSNttMEâ VENDREDI 28 FEVRIER 1921. - IP 18.33».
Fondatutrime (1869) »
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE
An seuil de la Maison-Blanche
) - +M- (
Dans quelques jours, le
président Woodrow Wilson
sortira de cette Maison-
Blanche où il vécut des
heures aussi dramatiques
que celles que connut, pen-
dant la Sécession, le grand
Abraham Lincoln.
Il est permis de prévoir que l'oeuvre
ilu président Wilson ne disparaîtra pas
tout entière avec celui qui abandonne le
pouvoir, terrassé par la maladie, vaincu
par le suffrage populaire, mais ayant en-
nobli, par ses paroles et par ses actes,
la cause de l'humanité.
Non, l'intervention des Etats-Unis
dans l'immense drame déclenché par
l'Allemagne fut trop décisive pour qu'il
soit possible maintenant à ses hommes
d'Etat, d'esquisser des gestes à la Pon-
ce Pilate ou de déclarer qu'ils font table
rase du passé.
L'arrivée de l'armée .américaine en
Europe fit osciller la balance en notre
faveur. La victoire fut écrasante. Guil-
laume II, condamné par Wilson, se ré-
fugiait en Hollande.
Ainsi, par son intervention kMcisive
dans les affaires européennes, associée
aux vieilles nations, la jeune République
américaine se plaçait, d'un seul coup,
au premier rang des plus graindes puis-
rntioe?,.
L'ambition du président tendit à faire
îonsacrer ce résultat prestigieux par le
Sraité de Paris. En cette partie de son
Dffuvre, il semble avoir momentanément
échoué. L'opinion de ses concitoyens 'ne
l'à pas suivi, les polémiques ont obscurci
les données du problème qui reste tou-
jours le même : comment garantir la
paix ?
Le président Wilson a voulu engager
toutes les nations du monde dans un
pacte de coopération fraternelle. Et,
pour qu'il fût clair aux yeux ide tous
qu il ne s'agissait pas d'un pacte théori-
que, il a insisté vivement pour que ce
pacte fît. partie du traité de paix, le
dominât.
L'événement a prouvé qu'il s'était
lourdement trompé.
Le peuple, dont il était l'élu, me l'a
pas suivi. »
Alors, nous avons assisté à ce specta-
cle paradoxal mais tragique et dont
nous sommes la victime, d'un grand
homme d'Etat, qui parlait au nom de
cent millions d'hommes, chercher ensuite
à convaincre ceux dont il passait pour
avoir traduit la volonté.
Ah ! cette tournée de septembre 1919
dû le président Wilson multiplie les dis-
cours et les objurgations, trouve les ac-
I{nts les plus déchirants pour démontrer
aux citoyens des Etats-Unis qu'ils n'ont
Jpa le droit, après tant de sacrifices et
d'héroïsme, de déserter le devoir, de
tourner le dos à l'idéal, de ne pas rati-
fiéti- le traité de Versailles et le pacte ¡dIe
la Société des nations !
L'angoisse du président est poignan-
te. N'a-t-il pas pris de terribles respon-
sabilités ? N'a-t-il pas obtenu que la
France s'en fie, pour la défense de sa
frontière, à la Société des nations, et eu
attendant que celle-ci ait forgé ses or-
ganes. à une alliance franco-américaine
et franco-britannique ?
Et voici que la polémique défigure
chez lui, chez nous et chez d'autres ses
TMbles principes î Le voici accusé, d'un
hhut à l'autre du territoire de la Répu-
blique, d'avoir diminué l'indépendance
dp. la Nation et d'avoir lié les mains des
citoyens.
Terrassé par la maladie, le président
Wilson a pu assister, enfermé à la Mai-
son-Blanche, à la ruine momentanée de
son œuvre, ruine consacrée par la dé-
faite retentissante du parti qui l'avait
soutenu.
Nous disons cependant ruine momen-
tanée, car enfin, si Woodrow Wilson a
porté aussi loin et aussi haut l'idée de
la Société des nations, nous ne saurions
oublier que ses prétliécesseurs, et sur-
tout Théodore Roosevelt," au nom du
parti républicain, s'étaient affirmés,
avec combien de ténacité, les champions
de l'arbitrage permanent entre les na-
tions.
républicains, pourraient-ils renier
complètement leurs principes ?
Si nous dégageons de leurs discours
tout ce qui appartient à la polémique,
si nous voulons ne tenir compte ni
des formules outrancières ni des habilej
tés des Germano-Américains qui jouant
gCllrjeu à la manière illustrée par Berns-
torff, il reste que le parti républicain,
avec le nouveau président Harding et M.
Root, prétend reprendre 1-a question au
point où l'avaient laissée MM. Roosevelt
et Taft.
Et c'est pourquoi M. Elihu Root, qui
combattit si vivement le président Wil-
son, a participé à la Haye à la création
de « la Cour de jrsiiee internationale ».
,(La Cour de justice internationale, dé-
ii
clarait-il à M. Léon Bourgeois, c'est la
base de toute l'organisation internatio-
nale et cela, du moins, les Etats-Unis
l'accepteront. »
La déclaration est d'importance ex-
trême. La Cour de justice internationale
est à la fois, selon l'expression de M.
Léon Bourgeois, le fondement et le cou-
ronnement de la Société des nations.
Sans elle, la Société ne saurait vraiment
fonctionner.
Par elle, la conception des républi-
cains, si elle se rattache à l'œuvre en-
treprise en 1899 et continuée en 1905,
se reliera inévitablement aux progrès
accomplis en 1920 pendant l'absence des
Etats-Unis.
Et ainsi, au-dessus ides personnes et
au-dessus des partis, la République amé-
ricaine, après un moment d'hésitation
et de recueillement, se décidera sans
doute à démontrer la continuité de sa
politique en faveur de la paix.
C'est le vœu que nous formons au mo-
ment où le président. Wilson va recevoir
le président Harding, au seuil de la
Maison-Blanche.
LGUIS RIPAULT,
Vice-président du comité exécutif
du Parti Radical et Radical-Socialiste.
<+•
EDITORIAL
Piétinements
L'Histoire vit-elle jamais
pareilles histoires ?
Les beaux traités de paix
que voilà ! et comme leurs
auteurs sont bien venus de
prendre le Ion pércmvtoirc.
Grâce à eux, la Victoire finit en exé-
gèse.
Ce ne sont que gloses, commentaires,
explications, interprétations. Quant 'à
l'exécution, autant en emporte le Bo-
che !
Les vaincus s'agitent, se démènent,
vrotestent comme de vilains diables.
Pour un peu ce seront des victimes. Con-
férence des 'Alliés, conseils des ambas-
sadeurs, séances de la Société des na-
tions, tout le monde donne de la voix
dans ce même temps et à contre-temps.
Quelque chose comme le thé de Mme
Gibout, concierge de la Tour de Babel.
Que voulez-vous le génie des augures
de la paix est ainsi fait qu'ils ont cru
pouvoir supprimer la Russie, l'Autriche,
la Turquie sans ébranler l'équilibre du
monde. A. ne considérer que le problème
oriental, jugez aujourd'hui du beau ré-
sultat. La question d'Orient (qui est po-
sée depuis que le soleil s'est avisé de se
lever de ce côté de l'univers) demeure
un nid de guêpes.
A Londres, nous avons deux déléga-
tions turques — celle d'Angora et celle
de Constantinople — peste ! Nous avons
deux délégations grecques — celle
de M. Calogeropoulous et celle de
M. Venizetos — fichtre ! Sans comp-
1er les Bulgares de M. Raïko Daska-
loff, bougre 1
Cependant, l'Allemagne fortifie ses
positions el son oppositioTl. M. Simons
exprime Vintention de prononcer un dis-
cours au îleichstag afin d'exposer le
programme des réparations que le gou-
vernement allemand apportera à la Con-
férence. Il entend obtenir un vote de
confiance qui équivaudra à un mandat
impératif.
Vous entendez bien ? Ce sont les vain-
cus qui donnent des « mandats impéra-
tifs ». Nous en sommes là, que non seu-
lement ils discutent te traité au lieu de
l'exécuter, mais qu'ils prétendent poser
leurs conditions.
C'est vraiment un spectacle inconce-
vable et qui justifie ce mot d'un des
officiers, préposés à la garde des por-
tes de la Conférence : « Il me semble
que je suis devenu Ve concierge d'une
maison d'aliénés. »
Encore une conférence ou deux et
vous verrez que, de concessions en con-
cessions, c'est à la France qu'on finira
par demander une indemnité !
EDMOND DU MESNIL.
La Pensée des Autres
La France est la gardienne de ce qui
reste de justice dans le monde. Mais
c'est son tour aujourd'hui d'élever la
voix et d'exiger — la dernière - la
part qui lui est due.
Alfred CAPUS.
(GaulO!ts.) -
On dih.<
En Passant
Pour nos amis les chevaux
Quelque temps avant la guerre on s'était
ému des œillères des chevaux ; on avait fini
par convenir qu'elles étaient tout à fait inu-
tiles et qu'il serait charitable de les suppri-
mer.
Certaines âmes généreuses avaient com-
mencé a donner le bon exemple, et l'on pou-
vait rencontrer, de temps à autre, quelques-
uns de nos braves serviteurs débarrassés en-
fin de ces instruments de la tyrannie hu-
maina.
Mais la guerre est venue. On n'eut plus
le temps de penser au bien-être des chevaux.
Et, depuis la fin des hostilités, on n'a !pas
encore trouvé le loisir de s'en occuper de
nouveau sans doute, car tous ceux — ou
presque - que l'on rencontre portent les
cruelles œillères.
Pauvres bêtes !. Si courageuses, si rési-
gnées, si dociles, qui donnent a l'homme
toute leur force, toute leur intelligence et
souvent tout leur cœur, et qui ont perdu à
jamais la liberté, le premier des biens 1 Faut-
il encore que le champ de leur regard soit
borné ?. Faut-il qu'elles ne voient unique-
ment que la route à suivre pour le service du
maître ?. Route monotone et sèche, route à
l'horizon resserré, prolongée à l'infini. sym-
bole de leur triste vie de travaux forcés, de
courses sans fin, exempte de toute fantaisie,
de tout plaisir, de tout caprice t.,.
Si vraiment « les chevaux possèdent l'âme
si proche de la nôtre, dont parle Maeterlinck
dans l'Hôte inconnu, quelle ne doit pas être
la torture affreuse de leur vie !. et combien
devraient-ils nous haïr !.
Peut-être, naguère, en voyant apparaître les
premières automobiles, ont-ils admiré d.
leurs grands yeux calmes ces voitures « qui
savent se passer de chevaux. » et sans
doute au fond de leur âme affaissée a-t-il
passé un rêve. un vague espoir de n'être
bientôt plus nécessaires à l'homme et de re-
tourner enfin à la savane ancestrale, mener
la vie joyeuse et fougueuse de la nature sau-
vage et libre.
Hélas ! pauvre cheval, tu seras sous le
joug humain jusqu'à la consommation des
siècles !. Tu ne retrouveras jamais la.
liberté !.
Mais ton maître, le « Roi de la création »,
s'il était Vraiment digne du titre qu'il s'ar-
roge, devrait se montrer généreux à ton
égard et songer enfin à élargir ton horizon
en supprimant ces œillères qui doivent être
si rudes à ta pauvre âme d'esclave intelligent
et doux 1 #
GAB.
«S&82i
Aujourd'hui
Concours de combustible
On sait qu'un concours public a été ou,
vert par la préfecture de la Seine sur les
meilleurs moyens d'économiser le combus-
tible.
Parmi les répmises très nombreuses qui
sont arrivées à l'Hôtel de Ville. il en est
qui ne manquèrent pas d'originalité.
Celle-ci, par exemple, envoyée par un
ancien professeur d'école libre, devenu cui-
sinier ;
Ce concurrent préconise notamment de
dîner, le soir, d'un potage froid et d'une
tartine de pain beurre an miel.
Perfectionnons son système en insinuant
que le meilleur moyen d'économiser le com-
bustible est de ne jamais faire de feu.
Le Ta pin.
Lire en 2me page :
LE PARTI RADICAL'
DESAVOUE M. BONNET,
..,,¡ ..,.
ez; - , DEUX EXCLUSIONS
Consécration
de la candidature officielle
à
Le Sénat vient d'émettre un vote qui
surprendra l'opinion publique.
Par 152 voix contre 116, la Haute Assem-
blée a repoussé la nomination d'une com-
mission d'enquête sur les élections des
Basses-Alpes.
Franchement, elle a eu tort. D'abord
parce que, en validant M. André Honnorat,
ancien ministre de l'instruction publique
— même par un vote de dédaigneuse piue
— elle a consacré les abus les plus scanda-
leux de la candidature officielle.
Ensuite parce qu'elle attente à. son propre
prestige et à la haute opinion qu'on a gé-
néralement de sa moralité politique.
M. Honnorat, ancien ministre de l'ins-
truction publique, élu (?) député par une
voix, de majorité reprise à M. de Villeneu-
ve, élu (?) sénateur par trois voix pipées à
son bienfaiteur et ami Henri-Michel, entre
au Sénat par la porte basse, marqué de
suspicion légitime par 116 de ses collè-
gues.
Si M. André Honnorat avait un peu de
fierté, il provoquerait, de lui-même, une
Rouville élection.
Simple hypothèse. *
--- > m w » ■
Un succès diplomatique (?)
Il s'agissait de répartir entre les vain-
queurs les câbles allemands. La. France
n'était — comme d'habitude — pas bien
gourmande: Elle réclamait l'attribution du
câble qui relie Brest aux Etats-Unis.
C'était, smnble-t-il, tout naturel, Brest
étant encore on France, bien que port de
débarquement américain pendant la guerre.
Mais les Etats-Unis ne l'entendirent point
ainsi. Sans doute, la guerre a-t-elle cOlIlpfè.
temcnt rainé nos associés ; sans doute,
avons-nous, chez eux, la réputation d'être
très riches.
Ils sont allés jusqu'à nous menacer, si
nos demandes étaient admises, de refuser
ele recevoir nos communications par câ-
ides.
L'Amérique nous avait habitués à plus
de délicatesse et plus de générosité.
Et. — comme d'habitude encore. — nous
avons cédé.
Le cble de Brest est attribué aux Améri-
ains.
Et ça nous fait un. succès diplomatique
de plus !
4*. =
L'entourage du Pape
On annonce que Benoit XV vient dei nom-
mer à la charge de vice-camerlingue le
protonotaire apostolique Boncompagni, qui
fut marié deux fois et attacha son nom à
certaines spéculations d'un fâcheux souve-
nir.
Mais l'on considère qu'e la désignation du
Monsignor n'est qu'une marque de défé-
rence accordée par le Pape au patriciat ro-
main dont aucun membre n'est revêtu de
la dignité cardinalice.
Cependant, ce qu'on oublie trop, c'est que
CM prélat, aussi bien durant la guerre que
depuis la conclusion de la paix, n'a jamais
perdu une occasion de témoigner de ses
sentimente hostiles à la France.
Est-ce pour faciliter la tâche de l'ambas-
sadeur futur de la République que le Saint-
Père attribue à un de nos adversaires avé-
rés une des plus hautes charges de la cu-
rie ?
Et c'est une preuve de plus que nous
avons toutes raisons de nous méfier des
soi-disant sourires vaticanesques !
UN PROCES POLITIQUE
L'attentat contre M. Uenizelos
"i liiin ■
Les débats du procès des deux anciens
officiers de l'armée grecque, qui tentèrent
d'assassiner M. Voinzelos, commenceront
cet après-midi devant la cour d'assises de
la Seine.
Le 12 août, c'est-à-dire quelques jours
après la conclusion du traité de Sèvres,
M. Venizetos se rendait à la garé de Lyon
à 8 h. 30 pour prendre le train de 8 h. 35
via Modane.
En raison de certains bruits d'attentats
possibles, son départ avait été tenu secret.
Accompagné de M. Coromilas, ministre
de Grèce à Rome, et de son secrétaire par-
ticulier M. Marcantonakis, le président du
conseil hellène se diri-gea vers le quai où
stationnait le train en. partance.
Là, l'attendaient M. Athos Romanos, mi-
nistre de Grèce à Paris et divers'membres
ge la légation.
Alors qu'il saluait M..AUtOS Romanos s'a-
vançant à sa rencontre, des coups de revol-
ver retentirent.
On venait de tirer sur M. Venizelos qui,
atteint à l'épaule gauche, fit un brusque
écart. Mais tandis que la foule se précipi-
tait sur le meurtrier, deux autres détona-
tions se faisaient entendre et l'on voyait un
second individu dont le bras, armé d'un
revolver, était dirigé dans la direction du
président du conseil hellène.
M. Athos Romanos s'élança, sur lui, et, ie
prenant à bras-le-corps, tâcha, de le mat-
triser. Des agents survinrent qui prêtè-
rent main forte au ministre.
Comme on l'arrêtait, l'individu s'écria' "■
Il Je suis officier de la. marine grecque ; si
je ne l'avais pas eu ici, je l'aurais eu à
Athènes. Vive la liberté ! »
Cet homme était Tserepis ; l'autre, qu'on
dut arracher à la foule qui voulait le lyn-
cher, était Kyriakis.
Quels étaient ces hommes ?
Le premier, Apostolas Tserepis, né te
31 décembre 1880, à Aïtolicou (G-rècto), qui
exerçait la profession de journaliste, direc-
teur du Journal de la Bourse d'Athènes,
était arrivé en France depuis deux mç,is. IJ
était descendu au Grand Hôtel
Le .second, Georges-André Kyriakis, né
à Corinthe, en octobre 1897, lieutenant du
génie grec, demeurait hôtci du Rhône, 5,
rue Jean-Jacques-Rousscau.
Le mobile de l'attentat
A quel mobile avaient obéi ces deux hom-
mes 1
— Je suis, a déclaré Tserepis, un ancien ofli-
eier de l'entourage du roi Constantin, et j'en
ai toujours voulu au président Vcinzelos, qui
u. sacrifié te peuple grec à l'Entente. DCjà, en
1919, j'avais l'intention de tuer le chef du gou-
vernement hellénique, car « des motifs patrio-
tiques se joignent des ressentiments personnels.
C'est à lui que je dois d'avoir été cassé de mon.
grade en 1916 ; d'avoir été longtemps exilé,
Quand j'a.i pu revenir en Grecs, je me suis mis
au service dû mes frères de misère, car le
peuple souffre, est malheureux par la faute du
président C'est raod qui ai conçu le plan de
l'attentat.
J'ai été chassé de la marine grecque à cause
de ma fidélité à Constantin et pour avoir traité
l'amiral Coudouriotis de « ramolli », Je n'en
ai garde nul ressentiment personnel. Je ne
connais pas la haine. Je ne connais que l'amour
du prochain tel que le Christ l'a enseigné. Mon
Uniique but dans la vie est die nie sacrilier pour
l'humanité. Venizelos était le tyran de mon
pays. Installé à Athènes par les Alliés, il y sou-
tenait leurs intérêts contre Ja volonté du peuple
grcc. J'ai considéré comme un devoir de mettre
Hill fut-ce par un meurtre, à cette situation.
Préméditation
L'attentat a été longuement prémédité.
Tserepis qui, dès 1019, avait conçu des
projets de vengeance, avait rencontré Ky-
riakis, officier rayé, comme lui, des cadres
de l'armée grecque. Les deux hommes
ayant appris que Venizeios allait quitter la
France s'étaient concertés le matin, 12
août, dans un café voisin de l'Opéra. Ky-
riakis se procura des revolvers et, le soir,
après avoir rôdé aux abords de l'hôtel où
logeait M. Venizelos, les deux hommes e
rendaient, en taxi, à. la gare de Lyon.
Les débats qui commencent aujourd'hui,
dureront deux jours ; M* Moro-Giafferi dé"
fendra tes acçiisés.
)
L'ACTUALITÉ
• 0 :
L'Allemagne refusera de signer
EN PLEINE CONNAISSANCE DES CONSEQUENCES
les accords de la Conférence de Paris
> (
« NOUS RESTERONS FERMES », DIT M. VON SIMONS
■ fliw«
On mande de Berlin que le conseil éco-
nomique d'Empire s'est- occupé, hier, de la
conférence de Londres et des contre-propo-
sitions allemandes. Prenant la parole la
premier, le président, M. von Braun, a fait
à nouveau un tableau très sombre de la
situation économique de l'Allemagne et a
déclaré : « Le peuple allemand préférera
l'effondrement pLuîtôt que de signer lui-mê-
me les engagements qui le condamneraient
à l'esclavage. »
Prenant la parole ensuite, le docteur von
Simons, ministre des affaires étrangères,
tout en gardant le silence sur les contre-
propositions allemandes, a exposé la cri-
tique des décisions de Paris qu'il présen-
tera à Londres.
LE DESARMEMENT
« Le gouvernement d'Empire, dit-il, est
disposé à remplir loyalement, dans le cadre
du traité de Versailles, les obligations rela-
tives au désarmement que nous ont impo-
sées le traité de paix et les conventions de
Spa, et dans la forme sous laquelle elles
sont maintenant imposées à Paris au peuple
allemand, mais avec des délais plus modé-
rés. Militairement, nous nous sommes dé-
pouillés à peu près jusqu'à notre chemise
et on ne saurait parler sérieusement, d'une
attaque de notre part contre d'autres peu
ples. "Nous ferons de notre mieux pour faire
disparaître les insuffisances critiquées dans
Les décisions de Paris, mais, toutefois, en
restant toujours dans la limite de ce que le
traité nous impose. »
M. Simons incrimine alors certaines exi
gences militaires de l'Entente qu'il déclare
avoir pour but réel de paraly&er l'industrie
allemande. Il mentionne la question des
moteurs Diesel, la divulgation des procédés
rhimiq'ues secrets, le'sens trop étendu don-
né à l'expression « matériel de guerre ».
LES REPARATIONS
Il est hors de doute que dans la question
des réparations noulSo aurons un assaut ex-
trêmement dur à soutenir, cair les décisions
de Parts ne sont pas usne oréa.liion arbitraire,
mais le résultat final, elt, suivant moi, préci-
pité, de luttes ardentes, résultat qui a pour
but de satisfaire aux nécessités absolues,
financières et économiques de nos adver-
saires. Maintenant, ils se sont mis d'accord
sur cette question et. il sera prodigieuse-
ment difficile d'amener nos adversaires à
passer de cet accord à un autre accord. Sans
une entente sur la base générale des inté-
rets de rtois adversaires, nous ne devons
pas espérer aboutir à Londres à des résul-
tats jposiliifs et nous devons établir nos con
ire-propositions de façon à pouvoir comptei
sur une entente avec nos adversaires.
« On dit, dans la presse fll'muçaiise, qu'il
ne s'agit à Londres que de la réalisation
des décisions de Paris. Alors, c'est inutile-
ment qtue nous allons à Londres, car je con-
sidère comme absolument impossible d'ap-
pliquer et d'exécuter ces décisions.
La taxe de 12 010
(t Je me bornerai aux deux points sui-
vants : impossibilité de payer les annuiitea
et impossibilité dii- prélèvement des 12
sur les exportations.
« Nous ne pourrons payer les six milliards
de mark s-or annuels qu'a.vec un excédent
correspondant des importations. Vu la né
cessité pour nous d'importer des matières
premières, cet excédent n'est réalisable
qu'en sacrifiant nos besoins intérieurs. Ce
chiffre est inspiré par -un optimime fou,
d'autant plus que nos adversaires ne ciller-
chent nullement à nous rendre possible cette
exportation. Partout, dès maintenant, il se
manifeste au contraire une tendance à res-
treindre nos exportations, car on redoute
la concurrence allemande favorisée par un
change bas. Que dire alors du prélèvement
de 12 .°lr. ? On nous a déclaré : « Si vous n'y
consentez pas, on vous infligera des tarifs
différentiels. »
« Ce serait une erreur. L'industrie alle-
mande d'exportation qui, seule, devra sup-
porter cette charge, ne saurait y résister.
Le ohémage va bientôt nous atteindre aussi.
Ge qu'on nous demande exprime seulement
la volonté de ruiner l'industrie allemande
en faveur des industries étrangères. Mais
cela aboutirait à la ruine économique de
ces pays eux-mêmes et nos adversaires
agissant ainsi contre leur propre intérêt en
condamnant le peuple allemand à ce ser-
vage de 42 ans qui est contraire aux enga-
gements solennels pris par eux et par
nous. »
Les contre-propositions
« Mais la critique ne suffit pas. Aussi
avons-nous élaboré des contre-propositions
pratiques qui tiennent compte des besoins
d3 nos adversaires. Il s'agit avant tout de
tenir compte des très grands besoins finan-
cierct de la France.
« L'exécution du traité ne doit pas nous
ruiner au point de compromettre notre fa-
culté de vivre et de produire. Le ministère
eo prononcera demain au sujet de ces pro-
positions sur lesquelles les experts n'ont
pu que très difficilement se mettre d'ac-
cord. Nous ne les divulguerons que quand
elles seront connues de nos adversaires.
Toutefois, nous donnerons des renseigne-
ments généraux à la prochaine séance de la
commission du conseil d'Empire, aux chefs
des partie politiques.
¡,' Le gouvernement tient à ce que la gran-
de majorité du peuple allemand lui crie :
« Reste ferme » et « Nous comptons que tu
restera ferme. » Alors, nous aussi, nous
resterons ferme. » De cela, vous pouvez être
convaincus. Nous avons conscience de la
responsabilité qui nous incombera à Lon-
dres. »
Les sanctions prévues
sont contraires au traité?
« Je profite de ces dernières occasions
pour exprimer de nouveau devant l'opinion
allemande la ferme conviction qu'il erait
contraire au traité et au droit qu'un refus
provoquât des sanctions.
« Le traité n'en prévoit que si nous ne
remplissons pas nos obligations. Or.. nos
obligations ne nous ont même pas été ooCOlIl-
muniquées sous une forme telle qu'elles
puissent être considérées comme une déci-
sion acceptée par nous et nous n'avons mè-
me pas eu le temps utile de les examiner.
Ces messieurs de là-bas prennent des an-
nées pour rédiger leurs conditions et ne
nous laissent que quelques jours pour nous
prononcer.
Ma conviction est que, d'après l'équité
et le droit, il np devrait pas encore y avoir
de sanctions. Mais, d'autre part, certains,
symptômes indiquent qu'un refus sera iiw
terprété comme une révolte de l'Allemagne
et qu'il y aura des sanctions. Elles seraient
lourdes pour la vie économique allemande.
Ce ne saurait être la tâche des délégués al-
lemands à Londres que de donner l'impres-
sion que nous acceptons leur risque le cœur
léger ; mais leur tâche est de faire ressor-
tir que- nous avons la bonne volonté de col-
laborer au projet commun de reconstruc-
tion. Mais il faut faire' autrement cette re-
construction. Il n'est pas humainement pos-
sible qu'un seul peuple répare tous les dom-
mages causés à 27 autres peuples. Ceux qui
le croient s'illusionnent eux-mêmes et trom-
pent leurs propres peuples. »
La tâche de reconstruction
doit être commune
« Toutefois, le gouvernement allemand ri
pour programme d'exécuter le. traité dans
les limites du possible. Mais celles-ci npl,
vont pas, à beaucoup près, aussi loin que
le croient nos adversaires. Il s'agit ici d'une1
lâche de reconstruction commune à toute
l'humanité civilisée. Même ceux qui furent
spectateurs. de la guerre doivent y collabo-
rer. La réparation n'est pas seulement une
œuvre intellectuelle qui doit se pénétrer
d'une conception nouvelle des rapports ei-i.
tre les peuples. On ne doit pas insister SUIT
la menace des sanctions. Ce n'est pas ainsi
que nous .pourrons libérer le monde des
suites de la guerre. »
M. Simons met, en terminant, en garde
contre toute aventure politique qui pourrait
être tentée ces jours-ci par des éléments
perturbateurs.
De vifs applaudissements accueillent le
discours de M. Simons.
LA RÉSOLUTION
M. de Siemens prononce quelques paro-
les contre les décisions de Paris.
Puis, la résolution suivante est adoptée
à l'unanimité :
Le conseil économique d'Empire estime
de son devoir d'attester devant le pays et
le monde qu'il considère comme inexécuta-
bles les demandes formulées dans la note
de Paris. Il demande donc au gouverne-
ment de rester dans les limites extrêmes
des capacités de l'Allemagne en ce qui con-
cerne l'accomplissement de l'obligation d-3
réparer.
«Si une entente était impossible sur cette
base, il prie unanimement et instamment le
gouvernement, en pleine connaissance des
conséquences, de persister dans son refus
des propositions adverses, M
— —
A LONDRES
Les Turcs s'entendent
POUR RÉCLAMER LA REVISION
du Traité de Sèvres
ET LES GRECS FONT CONNAITRE
LEUR POINT DE VUE
La conférence montre une
grande hdte à liquider l'at
taire gréco-turque. Les délé-
gués turcs sont venus appor-
1er les précisions qui leur,
avaient été réclamées la veil*
le. Celles-ci portent en pre-
mier lieu sur les statistIÍllues
et les statistiques prouvent une chose : c'est
que les parties cédée à. la Grèce sont bien
turques sous tous les rapports.
Il existe bien des minorités grecques en
Thrace et à Smyrne. Si l'on part de là, on
trouverait également une importante colo-
nie grecque à Marseille. L'idée n'est jamais.
venue cependant à personne de vouloir dé.,
tacher notre grand port de la Méditerranée
pour le rattâcher à la Grèce. Ce qui est vrai
de Marseille l'est aussi de Srnyyne. ,
Il suffit de mettre le pied sur les quais
de Smyrne pour voir se, lJro{ile¡". au loin le
haut plateau d'Anatolie. il domine en quel-
que sorte la région. C'est dire que l'étran-
ger qui s y installera n'y sera jamais à
demeure et qu'il lui faudra, en tout temps,
un déploiement de forces, considérables
pour s'y maintenir.
Smyrne ne fait pas seulement partie de
l'y Anaiolie, elle lui est aussi indispensable.
Mais de même que l'Anatolie ne saurait
se passer d'elle, Smyrne serait condamnée
à mort, à une mort lente si elle se trouvait
longtemps coupée du reste de l'Anatolie.
Quant à la Thrace, c'est comme en Macé-
doine, vous y trouvez, des Turcs ou des
Bulgares, mais nulle part, sauf dans quel-
ques rares localités, des Grecs.
Il faut une grande dose de mauvaise ?io-
lonté pour refuser de le reconnaître et pour
taxer les Turcs d'extravagance lorsqu'ils
osent le dire.
N'a-t-on pas poussé la perfidie jusqu'à
faire entendre que si 1rs Grecs avaient vnr.
armée, l'embryon de cette armée avait été
Fondatutrime (1869) »
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Siimois Trois mois
Seïne & S.-ET-OlSE. 38 n 20 » 10 »
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TRIBUNE LIBRE
An seuil de la Maison-Blanche
) - +M- (
Dans quelques jours, le
président Woodrow Wilson
sortira de cette Maison-
Blanche où il vécut des
heures aussi dramatiques
que celles que connut, pen-
dant la Sécession, le grand
Abraham Lincoln.
Il est permis de prévoir que l'oeuvre
ilu président Wilson ne disparaîtra pas
tout entière avec celui qui abandonne le
pouvoir, terrassé par la maladie, vaincu
par le suffrage populaire, mais ayant en-
nobli, par ses paroles et par ses actes,
la cause de l'humanité.
Non, l'intervention des Etats-Unis
dans l'immense drame déclenché par
l'Allemagne fut trop décisive pour qu'il
soit possible maintenant à ses hommes
d'Etat, d'esquisser des gestes à la Pon-
ce Pilate ou de déclarer qu'ils font table
rase du passé.
L'arrivée de l'armée .américaine en
Europe fit osciller la balance en notre
faveur. La victoire fut écrasante. Guil-
laume II, condamné par Wilson, se ré-
fugiait en Hollande.
Ainsi, par son intervention kMcisive
dans les affaires européennes, associée
aux vieilles nations, la jeune République
américaine se plaçait, d'un seul coup,
au premier rang des plus graindes puis-
rntioe?,.
L'ambition du président tendit à faire
îonsacrer ce résultat prestigieux par le
Sraité de Paris. En cette partie de son
Dffuvre, il semble avoir momentanément
échoué. L'opinion de ses concitoyens 'ne
l'à pas suivi, les polémiques ont obscurci
les données du problème qui reste tou-
jours le même : comment garantir la
paix ?
Le président Wilson a voulu engager
toutes les nations du monde dans un
pacte de coopération fraternelle. Et,
pour qu'il fût clair aux yeux ide tous
qu il ne s'agissait pas d'un pacte théori-
que, il a insisté vivement pour que ce
pacte fît. partie du traité de paix, le
dominât.
L'événement a prouvé qu'il s'était
lourdement trompé.
Le peuple, dont il était l'élu, me l'a
pas suivi. »
Alors, nous avons assisté à ce specta-
cle paradoxal mais tragique et dont
nous sommes la victime, d'un grand
homme d'Etat, qui parlait au nom de
cent millions d'hommes, chercher ensuite
à convaincre ceux dont il passait pour
avoir traduit la volonté.
Ah ! cette tournée de septembre 1919
dû le président Wilson multiplie les dis-
cours et les objurgations, trouve les ac-
I{nts les plus déchirants pour démontrer
aux citoyens des Etats-Unis qu'ils n'ont
Jpa le droit, après tant de sacrifices et
d'héroïsme, de déserter le devoir, de
tourner le dos à l'idéal, de ne pas rati-
fiéti- le traité de Versailles et le pacte ¡dIe
la Société des nations !
L'angoisse du président est poignan-
te. N'a-t-il pas pris de terribles respon-
sabilités ? N'a-t-il pas obtenu que la
France s'en fie, pour la défense de sa
frontière, à la Société des nations, et eu
attendant que celle-ci ait forgé ses or-
ganes. à une alliance franco-américaine
et franco-britannique ?
Et voici que la polémique défigure
chez lui, chez nous et chez d'autres ses
TMbles principes î Le voici accusé, d'un
hhut à l'autre du territoire de la Répu-
blique, d'avoir diminué l'indépendance
dp. la Nation et d'avoir lié les mains des
citoyens.
Terrassé par la maladie, le président
Wilson a pu assister, enfermé à la Mai-
son-Blanche, à la ruine momentanée de
son œuvre, ruine consacrée par la dé-
faite retentissante du parti qui l'avait
soutenu.
Nous disons cependant ruine momen-
tanée, car enfin, si Woodrow Wilson a
porté aussi loin et aussi haut l'idée de
la Société des nations, nous ne saurions
oublier que ses prétliécesseurs, et sur-
tout Théodore Roosevelt," au nom du
parti républicain, s'étaient affirmés,
avec combien de ténacité, les champions
de l'arbitrage permanent entre les na-
tions.
républicains, pourraient-ils renier
complètement leurs principes ?
Si nous dégageons de leurs discours
tout ce qui appartient à la polémique,
si nous voulons ne tenir compte ni
des formules outrancières ni des habilej
tés des Germano-Américains qui jouant
gCllrjeu à la manière illustrée par Berns-
torff, il reste que le parti républicain,
avec le nouveau président Harding et M.
Root, prétend reprendre 1-a question au
point où l'avaient laissée MM. Roosevelt
et Taft.
Et c'est pourquoi M. Elihu Root, qui
combattit si vivement le président Wil-
son, a participé à la Haye à la création
de « la Cour de jrsiiee internationale ».
,(La Cour de justice internationale, dé-
ii
clarait-il à M. Léon Bourgeois, c'est la
base de toute l'organisation internatio-
nale et cela, du moins, les Etats-Unis
l'accepteront. »
La déclaration est d'importance ex-
trême. La Cour de justice internationale
est à la fois, selon l'expression de M.
Léon Bourgeois, le fondement et le cou-
ronnement de la Société des nations.
Sans elle, la Société ne saurait vraiment
fonctionner.
Par elle, la conception des républi-
cains, si elle se rattache à l'œuvre en-
treprise en 1899 et continuée en 1905,
se reliera inévitablement aux progrès
accomplis en 1920 pendant l'absence des
Etats-Unis.
Et ainsi, au-dessus ides personnes et
au-dessus des partis, la République amé-
ricaine, après un moment d'hésitation
et de recueillement, se décidera sans
doute à démontrer la continuité de sa
politique en faveur de la paix.
C'est le vœu que nous formons au mo-
ment où le président. Wilson va recevoir
le président Harding, au seuil de la
Maison-Blanche.
LGUIS RIPAULT,
Vice-président du comité exécutif
du Parti Radical et Radical-Socialiste.
<+•
EDITORIAL
Piétinements
L'Histoire vit-elle jamais
pareilles histoires ?
Les beaux traités de paix
que voilà ! et comme leurs
auteurs sont bien venus de
prendre le Ion pércmvtoirc.
Grâce à eux, la Victoire finit en exé-
gèse.
Ce ne sont que gloses, commentaires,
explications, interprétations. Quant 'à
l'exécution, autant en emporte le Bo-
che !
Les vaincus s'agitent, se démènent,
vrotestent comme de vilains diables.
Pour un peu ce seront des victimes. Con-
férence des 'Alliés, conseils des ambas-
sadeurs, séances de la Société des na-
tions, tout le monde donne de la voix
dans ce même temps et à contre-temps.
Quelque chose comme le thé de Mme
Gibout, concierge de la Tour de Babel.
Que voulez-vous le génie des augures
de la paix est ainsi fait qu'ils ont cru
pouvoir supprimer la Russie, l'Autriche,
la Turquie sans ébranler l'équilibre du
monde. A. ne considérer que le problème
oriental, jugez aujourd'hui du beau ré-
sultat. La question d'Orient (qui est po-
sée depuis que le soleil s'est avisé de se
lever de ce côté de l'univers) demeure
un nid de guêpes.
A Londres, nous avons deux déléga-
tions turques — celle d'Angora et celle
de Constantinople — peste ! Nous avons
deux délégations grecques — celle
de M. Calogeropoulous et celle de
M. Venizetos — fichtre ! Sans comp-
1er les Bulgares de M. Raïko Daska-
loff, bougre 1
Cependant, l'Allemagne fortifie ses
positions el son oppositioTl. M. Simons
exprime Vintention de prononcer un dis-
cours au îleichstag afin d'exposer le
programme des réparations que le gou-
vernement allemand apportera à la Con-
férence. Il entend obtenir un vote de
confiance qui équivaudra à un mandat
impératif.
Vous entendez bien ? Ce sont les vain-
cus qui donnent des « mandats impéra-
tifs ». Nous en sommes là, que non seu-
lement ils discutent te traité au lieu de
l'exécuter, mais qu'ils prétendent poser
leurs conditions.
C'est vraiment un spectacle inconce-
vable et qui justifie ce mot d'un des
officiers, préposés à la garde des por-
tes de la Conférence : « Il me semble
que je suis devenu Ve concierge d'une
maison d'aliénés. »
Encore une conférence ou deux et
vous verrez que, de concessions en con-
cessions, c'est à la France qu'on finira
par demander une indemnité !
EDMOND DU MESNIL.
La Pensée des Autres
La France est la gardienne de ce qui
reste de justice dans le monde. Mais
c'est son tour aujourd'hui d'élever la
voix et d'exiger — la dernière - la
part qui lui est due.
Alfred CAPUS.
(GaulO!ts.) -
On dih.<
En Passant
Pour nos amis les chevaux
Quelque temps avant la guerre on s'était
ému des œillères des chevaux ; on avait fini
par convenir qu'elles étaient tout à fait inu-
tiles et qu'il serait charitable de les suppri-
mer.
Certaines âmes généreuses avaient com-
mencé a donner le bon exemple, et l'on pou-
vait rencontrer, de temps à autre, quelques-
uns de nos braves serviteurs débarrassés en-
fin de ces instruments de la tyrannie hu-
maina.
Mais la guerre est venue. On n'eut plus
le temps de penser au bien-être des chevaux.
Et, depuis la fin des hostilités, on n'a !pas
encore trouvé le loisir de s'en occuper de
nouveau sans doute, car tous ceux — ou
presque - que l'on rencontre portent les
cruelles œillères.
Pauvres bêtes !. Si courageuses, si rési-
gnées, si dociles, qui donnent a l'homme
toute leur force, toute leur intelligence et
souvent tout leur cœur, et qui ont perdu à
jamais la liberté, le premier des biens 1 Faut-
il encore que le champ de leur regard soit
borné ?. Faut-il qu'elles ne voient unique-
ment que la route à suivre pour le service du
maître ?. Route monotone et sèche, route à
l'horizon resserré, prolongée à l'infini. sym-
bole de leur triste vie de travaux forcés, de
courses sans fin, exempte de toute fantaisie,
de tout plaisir, de tout caprice t.,.
Si vraiment « les chevaux possèdent l'âme
si proche de la nôtre, dont parle Maeterlinck
dans l'Hôte inconnu, quelle ne doit pas être
la torture affreuse de leur vie !. et combien
devraient-ils nous haïr !.
Peut-être, naguère, en voyant apparaître les
premières automobiles, ont-ils admiré d.
leurs grands yeux calmes ces voitures « qui
savent se passer de chevaux. » et sans
doute au fond de leur âme affaissée a-t-il
passé un rêve. un vague espoir de n'être
bientôt plus nécessaires à l'homme et de re-
tourner enfin à la savane ancestrale, mener
la vie joyeuse et fougueuse de la nature sau-
vage et libre.
Hélas ! pauvre cheval, tu seras sous le
joug humain jusqu'à la consommation des
siècles !. Tu ne retrouveras jamais la.
liberté !.
Mais ton maître, le « Roi de la création »,
s'il était Vraiment digne du titre qu'il s'ar-
roge, devrait se montrer généreux à ton
égard et songer enfin à élargir ton horizon
en supprimant ces œillères qui doivent être
si rudes à ta pauvre âme d'esclave intelligent
et doux 1 #
GAB.
«S&82i
Aujourd'hui
Concours de combustible
On sait qu'un concours public a été ou,
vert par la préfecture de la Seine sur les
meilleurs moyens d'économiser le combus-
tible.
Parmi les répmises très nombreuses qui
sont arrivées à l'Hôtel de Ville. il en est
qui ne manquèrent pas d'originalité.
Celle-ci, par exemple, envoyée par un
ancien professeur d'école libre, devenu cui-
sinier ;
Ce concurrent préconise notamment de
dîner, le soir, d'un potage froid et d'une
tartine de pain beurre an miel.
Perfectionnons son système en insinuant
que le meilleur moyen d'économiser le com-
bustible est de ne jamais faire de feu.
Le Ta pin.
Lire en 2me page :
LE PARTI RADICAL'
DESAVOUE M. BONNET,
..,,¡ ..,.
ez; - , DEUX EXCLUSIONS
Consécration
de la candidature officielle
à
Le Sénat vient d'émettre un vote qui
surprendra l'opinion publique.
Par 152 voix contre 116, la Haute Assem-
blée a repoussé la nomination d'une com-
mission d'enquête sur les élections des
Basses-Alpes.
Franchement, elle a eu tort. D'abord
parce que, en validant M. André Honnorat,
ancien ministre de l'instruction publique
— même par un vote de dédaigneuse piue
— elle a consacré les abus les plus scanda-
leux de la candidature officielle.
Ensuite parce qu'elle attente à. son propre
prestige et à la haute opinion qu'on a gé-
néralement de sa moralité politique.
M. Honnorat, ancien ministre de l'ins-
truction publique, élu (?) député par une
voix, de majorité reprise à M. de Villeneu-
ve, élu (?) sénateur par trois voix pipées à
son bienfaiteur et ami Henri-Michel, entre
au Sénat par la porte basse, marqué de
suspicion légitime par 116 de ses collè-
gues.
Si M. André Honnorat avait un peu de
fierté, il provoquerait, de lui-même, une
Rouville élection.
Simple hypothèse. *
--- > m w » ■
Un succès diplomatique (?)
Il s'agissait de répartir entre les vain-
queurs les câbles allemands. La. France
n'était — comme d'habitude — pas bien
gourmande: Elle réclamait l'attribution du
câble qui relie Brest aux Etats-Unis.
C'était, smnble-t-il, tout naturel, Brest
étant encore on France, bien que port de
débarquement américain pendant la guerre.
Mais les Etats-Unis ne l'entendirent point
ainsi. Sans doute, la guerre a-t-elle cOlIlpfè.
temcnt rainé nos associés ; sans doute,
avons-nous, chez eux, la réputation d'être
très riches.
Ils sont allés jusqu'à nous menacer, si
nos demandes étaient admises, de refuser
ele recevoir nos communications par câ-
ides.
L'Amérique nous avait habitués à plus
de délicatesse et plus de générosité.
Et. — comme d'habitude encore. — nous
avons cédé.
Le cble de Brest est attribué aux Améri-
ains.
Et ça nous fait un. succès diplomatique
de plus !
4*. =
L'entourage du Pape
On annonce que Benoit XV vient dei nom-
mer à la charge de vice-camerlingue le
protonotaire apostolique Boncompagni, qui
fut marié deux fois et attacha son nom à
certaines spéculations d'un fâcheux souve-
nir.
Mais l'on considère qu'e la désignation du
Monsignor n'est qu'une marque de défé-
rence accordée par le Pape au patriciat ro-
main dont aucun membre n'est revêtu de
la dignité cardinalice.
Cependant, ce qu'on oublie trop, c'est que
CM prélat, aussi bien durant la guerre que
depuis la conclusion de la paix, n'a jamais
perdu une occasion de témoigner de ses
sentimente hostiles à la France.
Est-ce pour faciliter la tâche de l'ambas-
sadeur futur de la République que le Saint-
Père attribue à un de nos adversaires avé-
rés une des plus hautes charges de la cu-
rie ?
Et c'est une preuve de plus que nous
avons toutes raisons de nous méfier des
soi-disant sourires vaticanesques !
UN PROCES POLITIQUE
L'attentat contre M. Uenizelos
"i liiin ■
Les débats du procès des deux anciens
officiers de l'armée grecque, qui tentèrent
d'assassiner M. Voinzelos, commenceront
cet après-midi devant la cour d'assises de
la Seine.
Le 12 août, c'est-à-dire quelques jours
après la conclusion du traité de Sèvres,
M. Venizetos se rendait à la garé de Lyon
à 8 h. 30 pour prendre le train de 8 h. 35
via Modane.
En raison de certains bruits d'attentats
possibles, son départ avait été tenu secret.
Accompagné de M. Coromilas, ministre
de Grèce à Rome, et de son secrétaire par-
ticulier M. Marcantonakis, le président du
conseil hellène se diri-gea vers le quai où
stationnait le train en. partance.
Là, l'attendaient M. Athos Romanos, mi-
nistre de Grèce à Paris et divers'membres
ge la légation.
Alors qu'il saluait M..AUtOS Romanos s'a-
vançant à sa rencontre, des coups de revol-
ver retentirent.
On venait de tirer sur M. Venizelos qui,
atteint à l'épaule gauche, fit un brusque
écart. Mais tandis que la foule se précipi-
tait sur le meurtrier, deux autres détona-
tions se faisaient entendre et l'on voyait un
second individu dont le bras, armé d'un
revolver, était dirigé dans la direction du
président du conseil hellène.
M. Athos Romanos s'élança, sur lui, et, ie
prenant à bras-le-corps, tâcha, de le mat-
triser. Des agents survinrent qui prêtè-
rent main forte au ministre.
Comme on l'arrêtait, l'individu s'écria' "■
Il Je suis officier de la. marine grecque ; si
je ne l'avais pas eu ici, je l'aurais eu à
Athènes. Vive la liberté ! »
Cet homme était Tserepis ; l'autre, qu'on
dut arracher à la foule qui voulait le lyn-
cher, était Kyriakis.
Quels étaient ces hommes ?
Le premier, Apostolas Tserepis, né te
31 décembre 1880, à Aïtolicou (G-rècto), qui
exerçait la profession de journaliste, direc-
teur du Journal de la Bourse d'Athènes,
était arrivé en France depuis deux mç,is. IJ
était descendu au Grand Hôtel
Le .second, Georges-André Kyriakis, né
à Corinthe, en octobre 1897, lieutenant du
génie grec, demeurait hôtci du Rhône, 5,
rue Jean-Jacques-Rousscau.
Le mobile de l'attentat
A quel mobile avaient obéi ces deux hom-
mes 1
— Je suis, a déclaré Tserepis, un ancien ofli-
eier de l'entourage du roi Constantin, et j'en
ai toujours voulu au président Vcinzelos, qui
u. sacrifié te peuple grec à l'Entente. DCjà, en
1919, j'avais l'intention de tuer le chef du gou-
vernement hellénique, car « des motifs patrio-
tiques se joignent des ressentiments personnels.
C'est à lui que je dois d'avoir été cassé de mon.
grade en 1916 ; d'avoir été longtemps exilé,
Quand j'a.i pu revenir en Grecs, je me suis mis
au service dû mes frères de misère, car le
peuple souffre, est malheureux par la faute du
président C'est raod qui ai conçu le plan de
l'attentat.
J'ai été chassé de la marine grecque à cause
de ma fidélité à Constantin et pour avoir traité
l'amiral Coudouriotis de « ramolli », Je n'en
ai garde nul ressentiment personnel. Je ne
connais pas la haine. Je ne connais que l'amour
du prochain tel que le Christ l'a enseigné. Mon
Uniique but dans la vie est die nie sacrilier pour
l'humanité. Venizelos était le tyran de mon
pays. Installé à Athènes par les Alliés, il y sou-
tenait leurs intérêts contre Ja volonté du peuple
grcc. J'ai considéré comme un devoir de mettre
Hill fut-ce par un meurtre, à cette situation.
Préméditation
L'attentat a été longuement prémédité.
Tserepis qui, dès 1019, avait conçu des
projets de vengeance, avait rencontré Ky-
riakis, officier rayé, comme lui, des cadres
de l'armée grecque. Les deux hommes
ayant appris que Venizeios allait quitter la
France s'étaient concertés le matin, 12
août, dans un café voisin de l'Opéra. Ky-
riakis se procura des revolvers et, le soir,
après avoir rôdé aux abords de l'hôtel où
logeait M. Venizelos, les deux hommes e
rendaient, en taxi, à. la gare de Lyon.
Les débats qui commencent aujourd'hui,
dureront deux jours ; M* Moro-Giafferi dé"
fendra tes acçiisés.
)
L'ACTUALITÉ
• 0 :
L'Allemagne refusera de signer
EN PLEINE CONNAISSANCE DES CONSEQUENCES
les accords de la Conférence de Paris
> (
« NOUS RESTERONS FERMES », DIT M. VON SIMONS
■ fliw«
On mande de Berlin que le conseil éco-
nomique d'Empire s'est- occupé, hier, de la
conférence de Londres et des contre-propo-
sitions allemandes. Prenant la parole la
premier, le président, M. von Braun, a fait
à nouveau un tableau très sombre de la
situation économique de l'Allemagne et a
déclaré : « Le peuple allemand préférera
l'effondrement pLuîtôt que de signer lui-mê-
me les engagements qui le condamneraient
à l'esclavage. »
Prenant la parole ensuite, le docteur von
Simons, ministre des affaires étrangères,
tout en gardant le silence sur les contre-
propositions allemandes, a exposé la cri-
tique des décisions de Paris qu'il présen-
tera à Londres.
LE DESARMEMENT
« Le gouvernement d'Empire, dit-il, est
disposé à remplir loyalement, dans le cadre
du traité de Versailles, les obligations rela-
tives au désarmement que nous ont impo-
sées le traité de paix et les conventions de
Spa, et dans la forme sous laquelle elles
sont maintenant imposées à Paris au peuple
allemand, mais avec des délais plus modé-
rés. Militairement, nous nous sommes dé-
pouillés à peu près jusqu'à notre chemise
et on ne saurait parler sérieusement, d'une
attaque de notre part contre d'autres peu
ples. "Nous ferons de notre mieux pour faire
disparaître les insuffisances critiquées dans
Les décisions de Paris, mais, toutefois, en
restant toujours dans la limite de ce que le
traité nous impose. »
M. Simons incrimine alors certaines exi
gences militaires de l'Entente qu'il déclare
avoir pour but réel de paraly&er l'industrie
allemande. Il mentionne la question des
moteurs Diesel, la divulgation des procédés
rhimiq'ues secrets, le'sens trop étendu don-
né à l'expression « matériel de guerre ».
LES REPARATIONS
Il est hors de doute que dans la question
des réparations noulSo aurons un assaut ex-
trêmement dur à soutenir, cair les décisions
de Parts ne sont pas usne oréa.liion arbitraire,
mais le résultat final, elt, suivant moi, préci-
pité, de luttes ardentes, résultat qui a pour
but de satisfaire aux nécessités absolues,
financières et économiques de nos adver-
saires. Maintenant, ils se sont mis d'accord
sur cette question et. il sera prodigieuse-
ment difficile d'amener nos adversaires à
passer de cet accord à un autre accord. Sans
une entente sur la base générale des inté-
rets de rtois adversaires, nous ne devons
pas espérer aboutir à Londres à des résul-
tats jposiliifs et nous devons établir nos con
ire-propositions de façon à pouvoir comptei
sur une entente avec nos adversaires.
« On dit, dans la presse fll'muçaiise, qu'il
ne s'agit à Londres que de la réalisation
des décisions de Paris. Alors, c'est inutile-
ment qtue nous allons à Londres, car je con-
sidère comme absolument impossible d'ap-
pliquer et d'exécuter ces décisions.
La taxe de 12 010
(t Je me bornerai aux deux points sui-
vants : impossibilité de payer les annuiitea
et impossibilité dii- prélèvement des 12
sur les exportations.
« Nous ne pourrons payer les six milliards
de mark s-or annuels qu'a.vec un excédent
correspondant des importations. Vu la né
cessité pour nous d'importer des matières
premières, cet excédent n'est réalisable
qu'en sacrifiant nos besoins intérieurs. Ce
chiffre est inspiré par -un optimime fou,
d'autant plus que nos adversaires ne ciller-
chent nullement à nous rendre possible cette
exportation. Partout, dès maintenant, il se
manifeste au contraire une tendance à res-
treindre nos exportations, car on redoute
la concurrence allemande favorisée par un
change bas. Que dire alors du prélèvement
de 12 .°lr. ? On nous a déclaré : « Si vous n'y
consentez pas, on vous infligera des tarifs
différentiels. »
« Ce serait une erreur. L'industrie alle-
mande d'exportation qui, seule, devra sup-
porter cette charge, ne saurait y résister.
Le ohémage va bientôt nous atteindre aussi.
Ge qu'on nous demande exprime seulement
la volonté de ruiner l'industrie allemande
en faveur des industries étrangères. Mais
cela aboutirait à la ruine économique de
ces pays eux-mêmes et nos adversaires
agissant ainsi contre leur propre intérêt en
condamnant le peuple allemand à ce ser-
vage de 42 ans qui est contraire aux enga-
gements solennels pris par eux et par
nous. »
Les contre-propositions
« Mais la critique ne suffit pas. Aussi
avons-nous élaboré des contre-propositions
pratiques qui tiennent compte des besoins
d3 nos adversaires. Il s'agit avant tout de
tenir compte des très grands besoins finan-
cierct de la France.
« L'exécution du traité ne doit pas nous
ruiner au point de compromettre notre fa-
culté de vivre et de produire. Le ministère
eo prononcera demain au sujet de ces pro-
positions sur lesquelles les experts n'ont
pu que très difficilement se mettre d'ac-
cord. Nous ne les divulguerons que quand
elles seront connues de nos adversaires.
Toutefois, nous donnerons des renseigne-
ments généraux à la prochaine séance de la
commission du conseil d'Empire, aux chefs
des partie politiques.
¡,' Le gouvernement tient à ce que la gran-
de majorité du peuple allemand lui crie :
« Reste ferme » et « Nous comptons que tu
restera ferme. » Alors, nous aussi, nous
resterons ferme. » De cela, vous pouvez être
convaincus. Nous avons conscience de la
responsabilité qui nous incombera à Lon-
dres. »
Les sanctions prévues
sont contraires au traité?
« Je profite de ces dernières occasions
pour exprimer de nouveau devant l'opinion
allemande la ferme conviction qu'il erait
contraire au traité et au droit qu'un refus
provoquât des sanctions.
« Le traité n'en prévoit que si nous ne
remplissons pas nos obligations. Or.. nos
obligations ne nous ont même pas été ooCOlIl-
muniquées sous une forme telle qu'elles
puissent être considérées comme une déci-
sion acceptée par nous et nous n'avons mè-
me pas eu le temps utile de les examiner.
Ces messieurs de là-bas prennent des an-
nées pour rédiger leurs conditions et ne
nous laissent que quelques jours pour nous
prononcer.
Ma conviction est que, d'après l'équité
et le droit, il np devrait pas encore y avoir
de sanctions. Mais, d'autre part, certains,
symptômes indiquent qu'un refus sera iiw
terprété comme une révolte de l'Allemagne
et qu'il y aura des sanctions. Elles seraient
lourdes pour la vie économique allemande.
Ce ne saurait être la tâche des délégués al-
lemands à Londres que de donner l'impres-
sion que nous acceptons leur risque le cœur
léger ; mais leur tâche est de faire ressor-
tir que- nous avons la bonne volonté de col-
laborer au projet commun de reconstruc-
tion. Mais il faut faire' autrement cette re-
construction. Il n'est pas humainement pos-
sible qu'un seul peuple répare tous les dom-
mages causés à 27 autres peuples. Ceux qui
le croient s'illusionnent eux-mêmes et trom-
pent leurs propres peuples. »
La tâche de reconstruction
doit être commune
« Toutefois, le gouvernement allemand ri
pour programme d'exécuter le. traité dans
les limites du possible. Mais celles-ci npl,
vont pas, à beaucoup près, aussi loin que
le croient nos adversaires. Il s'agit ici d'une1
lâche de reconstruction commune à toute
l'humanité civilisée. Même ceux qui furent
spectateurs. de la guerre doivent y collabo-
rer. La réparation n'est pas seulement une
œuvre intellectuelle qui doit se pénétrer
d'une conception nouvelle des rapports ei-i.
tre les peuples. On ne doit pas insister SUIT
la menace des sanctions. Ce n'est pas ainsi
que nous .pourrons libérer le monde des
suites de la guerre. »
M. Simons met, en terminant, en garde
contre toute aventure politique qui pourrait
être tentée ces jours-ci par des éléments
perturbateurs.
De vifs applaudissements accueillent le
discours de M. Simons.
LA RÉSOLUTION
M. de Siemens prononce quelques paro-
les contre les décisions de Paris.
Puis, la résolution suivante est adoptée
à l'unanimité :
Le conseil économique d'Empire estime
de son devoir d'attester devant le pays et
le monde qu'il considère comme inexécuta-
bles les demandes formulées dans la note
de Paris. Il demande donc au gouverne-
ment de rester dans les limites extrêmes
des capacités de l'Allemagne en ce qui con-
cerne l'accomplissement de l'obligation d-3
réparer.
«Si une entente était impossible sur cette
base, il prie unanimement et instamment le
gouvernement, en pleine connaissance des
conséquences, de persister dans son refus
des propositions adverses, M
— —
A LONDRES
Les Turcs s'entendent
POUR RÉCLAMER LA REVISION
du Traité de Sèvres
ET LES GRECS FONT CONNAITRE
LEUR POINT DE VUE
La conférence montre une
grande hdte à liquider l'at
taire gréco-turque. Les délé-
gués turcs sont venus appor-
1er les précisions qui leur,
avaient été réclamées la veil*
le. Celles-ci portent en pre-
mier lieu sur les statistIÍllues
et les statistiques prouvent une chose : c'est
que les parties cédée à. la Grèce sont bien
turques sous tous les rapports.
Il existe bien des minorités grecques en
Thrace et à Smyrne. Si l'on part de là, on
trouverait également une importante colo-
nie grecque à Marseille. L'idée n'est jamais.
venue cependant à personne de vouloir dé.,
tacher notre grand port de la Méditerranée
pour le rattâcher à la Grèce. Ce qui est vrai
de Marseille l'est aussi de Srnyyne. ,
Il suffit de mettre le pied sur les quais
de Smyrne pour voir se, lJro{ile¡". au loin le
haut plateau d'Anatolie. il domine en quel-
que sorte la région. C'est dire que l'étran-
ger qui s y installera n'y sera jamais à
demeure et qu'il lui faudra, en tout temps,
un déploiement de forces, considérables
pour s'y maintenir.
Smyrne ne fait pas seulement partie de
l'y Anaiolie, elle lui est aussi indispensable.
Mais de même que l'Anatolie ne saurait
se passer d'elle, Smyrne serait condamnée
à mort, à une mort lente si elle se trouvait
longtemps coupée du reste de l'Anatolie.
Quant à la Thrace, c'est comme en Macé-
doine, vous y trouvez, des Turcs ou des
Bulgares, mais nulle part, sauf dans quel-
ques rares localités, des Grecs.
Il faut une grande dose de mauvaise ?io-
lonté pour refuser de le reconnaître et pour
taxer les Turcs d'extravagance lorsqu'ils
osent le dire.
N'a-t-on pas poussé la perfidie jusqu'à
faire entendre que si 1rs Grecs avaient vnr.
armée, l'embryon de cette armée avait été
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