Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-02-23
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 février 1921 23 février 1921
Description : 1921/02/23 (N18337). 1921/02/23 (N18337).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75528486
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
4 VENTOSE, AN 129. — N° 18.337.
ú8 numéro : QUINZE CENTIMES
MERCREDI 23 FEVRIER 121.-- Nf) 18.337.
Fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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TRIBUNE LIBRE
La doctrine démocratique
+.. <:
C'est une surprise —
dont il faut nous féliciter
— de trouver sous urne
plume républicaine le plus
vif réquisitoire contre les
idées républicaines en ma-
tière d'éducation. Il vaut la
peine d'en prendre connaissance et d'y
répondre.
Que, s'adressant à M. Herriot, M. le
sénateur Lucien Cornet fasse des objec
tiorfs à ce qu'on appelle abréviative-
ment l'école unique, nous ne songerions
pas à nous en étonner. Difficultés d'exé-
cution, nécessité de mesures de transi-
tion, obligation :de créer l'école primai-
re modèle avant d'en faire le vestibule
du lycée, changements dans les pro-
grammes, changements dans les habi-
tudes, toutes ces considérations et bien
fautres peuvent être invoquées contre
les risques d'une improvisation.
Mais c'est à d'autres arguments qu'w
recours M. Cornet. Nous retiendrons les
deux principaux.
Iif1tlP(IJ
« Daps la campagne en faveur de
l'école unique, il semble qu'il y ait un
détestable esprit de simulacre : on
poursuit un semblant d'égalité. Quand
on aura forcé les riches à mettre leurs
enfants dans l'école des pauvres, à quoi
pourra-t-on aboutir, sinon à provoquer
d'une part de l'envie, de l'autre du dé-
dain, et cela dans des âmes d'enfant ! »
Pour éviter ce fâcheux résultat, l'hono-
rable sénateur ne voit qu'un moyen :
c'est non pas d'étendre jusqu'au lycée,
mais au contraire d'abolir même à l'é-
cole primaire la gratuité. « Le jour
qui viendra, peut-être prochainement,
où l'obligatoii cessera d'être légale, par-
ce qu'elle sera entrée dans les mœurs,
la gratuité cessera aussitôt d'être né-
cessaire. Ce n'est que dans un cas d'ex-
trême misère qu'une pareille mesure de-
vrait être" prise. Faire de la gratuité
une règle, c'est proprement une erreur
monstrueuse. »
II est bien vrai que, jusqu'ici, l'école
primaire seule a supprimé toute rétri-
bution scolaire. L'enseignement secon-
daire reste payant, c'est-à-dire que la
société elle-même met à l'entrée une
barrière suffisante pour en faire le pri-
vilège d'une certaine classe sociale. Et
c'est précisément oc caractère d'ensei-
gnement de classe qu'il faudra bien abo'
lir.
Mais, en attendant, nous ne sommes
pas seuls au monde et le monde n'est
pas resté stationnaire. Il n'y a peut-
être plus ni en Europe ni en Amérique
une seule nation qui n'ait reconnu la
nécessité — j'entends la nécessité dic-
tée par l'intérêt le plus évident — non
pas de restreindre, mais d'étendre la
gratuité de renseignement.
Je ne citerai pas, parce qu'il est trop
éclatant, l'exemple des Etats-Unis : la
plus grande démocratie du monde assu-
re la gratuité absolue non seulement à
l'école primaire de 6 à 14 ans, mais
aux écoles secondaires de 14 à 18 ans.
Et le résultat est un effectif de lycéens
et lycéennes dépassant aujourd'hui un
million et demi d'élèves 1
Mais plus près de nous, quels efforts
significatifs ! Celui de l'Allemagne,
bien qu'accompli un peu à la prussien-
ne, peut-il nous laisser indifférents ? En
pleine guerre, les grandes villes ont dé-
cidé d'aller prendre d'office, dans les
écoles primaires, les enfants et les ado-
lescents les mieux doués pour les faire
passer gratuitement à l'enseignement
secondaire, classique ou technique et
aux êtudessupérieures, sans reculef
même devant, l'obligation de verser un
subside aux familles ouvrières.
Nous-mêmes, malgré tant d'hésita-
tion, et comme pour satisfaire notre
conscience par une mesure provisoire,
ne venons-nous pas. hier' encore, sur
l'éloquente adj uration de Pierre Ra-
meil, d'ajouter quelques millions au
fonds des bourses ? Et M. Cornet, qui
les votera certainement, songera-t-il en-
core à éviter tout ce qui ressemble même
de loin à la mendicité ?
L'autre argument de l'honorable sé-
nateur nous choque surtout parce qu'il
est d'une profonde injustice.
« Si M. Herriot parle d'école unique,
c'est évidemment "our supprimer l'en-
seignement confessionnel. Attaquer de
front les convictions religieuses des gens
l'ii leur imposant la fréquentation d'une
école donnée, c'est renouveler la politi-
que de Louis XIV. »
Le papier souffre tout sans doute.
Mais M. Cornet a lu dans l'Officiel et
dans je ne sais combien d'écrits authen-
tiques les déclarations formelles du dé-
puté-maire de Lyon contre le monopole
rte l'enseignement. Comment peut-il en
faire ahstratioii jusqu'à le considérer
comme évidemment liante de cette pas-
sion de « supprimer l'enseignement con-
fessionnel » ? Est-ce au sénateur de
l'Yonne qu'il faut faire relire les pages
de Paul Bert d'il y a quarante ans ? Il
en retrouverait l'esprit dans les belles
et simples paroles d'hier où M. Doumer
définissait la laïcité par le respect ab-
solu de toutes les consciences.
c[fJ@Jc{J;
La vérité, est que nous avons franchi
une étape et qu'il va falloir entamer la
suivante.
La troisième République a installé en
France l'école laïque. C'est par là qu'il
fallait commencer, mais il n'est pas
possible d'en rester là. Les autres ont
marché ; marchons ! Comme eux, mieux
qu'eux, si possible, donnons un lende-
main à l'école. Ne permettons plus
qu'elle jette à la rue des enfauits de
douze ans, en feignant de les croire bien
armés pour la vie. Dans notre organisa-
tion sociale actuelle, l'école primaire
ne mène à rien, parce qu'elle s'arrête
brusquement : il faut qu'elle mène à
tout, en se continuant jusque dans l'a-
dolescence et en rayonnant même sur
l'apprentissage.
La société n'aura vraiment payé sa
dette à l'enfance et assuré son avenir
que le jour où elle pourra dire en toute
sincérité : « Il n'y a pas un seul de
mes enfants à qui je n'aie offert tous
les moyens de développement non en
proportion de la fortune de ses parents,
mais en raison de ses aptitudes et dans
la mesure de son mérite. »
Ferdinand BUISSON,
député de Paris.
EDITORIAL<
A Londres
Chaque jour nous vien-
dra de Londres notre
« Communiqué » quotidien.
La paix est décidément
aussi difficile à faire que la
guerre.
Toutefois. il est encore permis d'es-
pérer que celle-ci durera au moins au-
tant que celle-là.
Tout dépend de Vattitude de l'Entente
en lace- des Boches.
Aussi, j'apprécie médiocrement la mé-
thode inaugurée par la Conférence.
Il semble qu'elle veuille traiter d'a-
bord les sujets accessoires qui sont pré-
cisément ceux où les Alliés risquent d'a-
voir des vues divergentes.
Après la Conférence de Paris, où un
accord semblait établi, il eût été logi-
que et expédient de poursuivre sans dé-
semparer la conversation sur VAllema-
gnc.
Désarmement, réparations sont les
deux clefs.de voûte de la paix mondiale.
Nos nouveaux amis les Grecs, nos
anciens amis les Turcs pouvaient, du-
rant quelques jours, faire antichambre.
Sur le pavé du roi, l'équipage de Sè-
vres devait céder le pas à celui de Ver-
sailles.
En adoptant la procédure contraire :
deux risques.
Permettre à nos bons amis les An-
glais de « se servir » — qu'on me passe
cette expression triviale — copieuse-
ment en Orient.
Aborder le problème allemand après
quelques froissements de susceptibilités
entre Alliés et montrer un front toujours
cc uniqxie », mais un peu ridé et moins
résolu.
Nos chers amis les Anglais ont cette
tendance naturelle à régler d'abord les
petites affaires qui les intéressent ; puis,
la monnaie d'échange épuisée, de se
tourner vers l'excellent partenaire et de
lui dire ; « Est-ce que vous tenez vrai-
ment beaucoup à celte dernière chose-
là ? »
Nous comptons, d'un cœur ardent et
d'une âme rassurée, stir la diplomatie
de M. Aristide Briand pour bien faire
comprendre aux amis, aux Alliés, aux
adversaires, au monde entier, que la
France « tient » décidément beaucoup
à cette dernière chose-là : n'êtrc pas
complètement frustrée des « grandes
réparations du droit ».
La dame de Verdun succombe sous
ses lauriers. Il est temps de la susten-
ter par quelques beaux fruits de la Vic-
toire.
EDMOND DU MESNIL. j
On dit.
Autrefois
Entre artistes
Curie Vernet étant allé au Panthéon
voir les peintures que Gros venait d'g exé-
cuter, regardait sans rien dire la coupole
du temple.
Gros, étonne et mortifié de ce silence, se
ftécide à demander à Vernet s'il n'est pas
satis fait.
— Si fait, si fait, répond l'autre. C'est
très bien, mais c'est un peu plus gros que
nature.
<3>
Certificat de vie
Au début de la Révolution, un colporteur,
pour piquer la curiosité des acheteurs,
criait par les rues : « Demandez la Mort
de l'abbé Maury »
L'abbé passe, entend, s'approchc très
vexé et détache au colporteur un vigoureux
coup de pied au derrière :
— Tiens! dit-il. Si je suis mort, la
croiras maintenant aux revenants.
•SSW82»
Aujourd'hui
Statistique
Dans certaine comédie de Labiche, un
M. Magis, statisticien, s'occupe gravement
à calculer la multiplication du charançon
des blés, dans les campagnes, étant donné
que le charençon se reproduit environ sept
fois par minute.
Voici que d'autres, au dire de Bonsoir,
ont calculé quelle quantité de tabac un
fumeur ordinaire peut consommer en cin-
quante ans. A raison de 33 cigarettes par
jour, elle est représentée, parait-il, pur une
cigarette de 35 Idlomcires.
On llilllflne généralement une allumette
par cigarette. il en faut consomnier
638.000 pour allumer les cigarettes qu'un
homme ordinaire fume eu trente-cinq ails.
Si on brûle une allumette chaque fois
qu'on allume une cigarette, on brûle en
trcnte-cinq ans, 12 kilomètres d'allumettes
environ. 6
Une reste plus qu'à, établir avec ces
dormées, le nombre d'arbres nécessaires
pour fabriquer ces allumettes.
Et ainsi de suite.
o
Pauvres femmes
Soyons fières, mesdames, Tous les Cre-
sus 7}'appartiennent pas au sexe laid.
La plus riche fut Mme Russell Sage, qui
possédait quatre cent vhn/l-riiiq nii/lillll,-:,
Mais elle les a déjà, paraît-il, fortement
écornés.
Ensuite vient Mme Green, qui a quatre
cents millions et ne dépense pas dix mille
francs par au. Après un mari rssui île
grande vie, elle est revenue à la stricte
économie.
Sur le même ranq se place Mme Von
Boltlcn, la fille de Krupp.
Mme Avne Wollfra. millions : Mme
Grecl, une Mexicaine, jouît d'un revenu
estimé à 25 millions. La duchesse de Rox-
hnrqh, 125 ; la comtesse Szecheng, née
G lad g s Vanderbilt, 70 ; la fille de sir Blun-
dell Maple, 50,
Cette évaluation a été faite avant la
guerre ; il serait curieux de connaître le
chiffre exact actuel car, naturellement,
Veau va toujours à la rivière.
Le Tapm.
Propagande et calomnies
C'est d'Amérique que nous vient la lu.
iiiiére sur les prétendus méfaits des troupes
noires en Allemagne.
L'on suit toutes les plaintes fielleuses, les
lamentations injustifiées ati-x-queites se livrè-
rent les Boches à ce sujet. Nous en avons
d'ailleurs déjà fait justice, preuves en
main.
Mais le Sénat américain vient de publier
un document définitif, résultat d'une en-
quête faite par le département d'Etai, les
comités des affaires étrangères des deux
Chambres, le général Allen et le commis-
saire Dre sel.
Et ii'est aujourd'hui prouvé que toutes
ies accusations sont fausses et sont unique-
ment de la propagande allemande.
Le rapport du général Allen est caracté-
ristique. toutes les histoires de crimes sont
fausses. Quant aux soi-d'isant attaques de
femmes, elles sont, au contraire, le. résul-
tat de la prostitution qui sévit en Allemagne.
Nous n'avions, ici même, jamais dit autre
chose. Mais il n'est pas sans valeur que
cette opinion soit émise formellement par
Utll témoin autorisé.
El, maintenant, q.ue les Bocihes ne nous
rehnttellib plus les oreilles avec leur vertu
outragée ! -
Procédés commerciaux allemands
.--. "- ,",,--..
Lorsqu'il s'agit de faire du commerce, les
Allemands ne reculent devant aucun sacri-
fice.
La -Gazelle de Bruxelles raconte que le
représentant belge d'une firme allemande
u envoyé à un. négociant en gros la lettre
suivante :
« La maison X., de Herun, vous invite
à son stand de la foire de Leipzig qui aura
lieu prochainement. Kl le intervient pour v-i>«
frais de voyage jusqu'à concurrence de :
1° voyage payé en seconde classe, aller et
retour; 2" frais de déplacement quatre
jours : deux jours à Leipzig et deux joues
de voyage. Cette firme n'émet qu'une seule
condition: c'est que vous lui passiez um
ordre d'une valeur de 20.000 marks. »
Ce n'est que lorsqu'il s'agit de répara-
tions qu'on ne trouve pas d'argent à BewliJ/l.
La levée des restrictions
et la liberté du commerce
Les ministres et sous-seorélaires d'Etat
tW sont réunis hier soir, à U heures, en con-
seil de cabine!, au ministère, de la justice,
sous la présidence de M. Pierre Marraud,
ministre de l'intérieur, en. l'absence de M.
Bonnevay, garde des sceaux, retenu au
Sénat par la discussion de la loi sur les
loyers.
Sur la. proposition de M. Le Trocquer,
ministre décidé la suspension provisoire de l'appli-
cation de diverses mesures l'eshic!ives de
la consonuontion de l'énergie élecl rique.
Le conseil a procédé ensuite à un échan-
ge de vues relatif au retour progressif :'i la
liberté commerciale.
Les ministres se réuniront vendredi pro-
chain en conseil à l'Elysée, sous la prési-
dence de M. Millerand.
La Conférence de Londres
"r
Fayçal est jugé indésirable. — Les deux délégations
turques seront entendues aujourd'hui.
Après une journée bien
chargcc, la cWL,¡ercncc a jugé
utile de se remettre des la-
ligues du. début en s'accor-
dant un jour de répit.
La veille, on avait entendu
les Grecs et leurs fanfaron-
nades, que M. Lioyd George
à fait au sérieux. î ioum,,
britannique a un faible avoue pour les
Grecs et il a obtenu que ceux-ci se voient
réserver l'avantage' lièlrc les premiers à
ouvrir le feu■ ,
En l'absence des Turcs, le général Gun-
raud s'est chargé de répondre, sur l'incita-
tion de M. Briand, et il n'a. pas eu de mal
à démontrer ce que nous n'avons cessé
d'écrire, à savoir la faiblesse constitutive
de l'armée grccque.
En vain, M. Calogeropoulos et le chef de
l'étal-major hellénique ont voulu prouver
que, pour venir à bout du gouvernement
d'Angora, ce n'était pas une question de
supériorité numérique, mais de valeur mi*
litaire.
Qui veut trop prouver ne prouve ricn,
comme l'a très bien fait ressortir notre
Gouraud, Il n'a pas eu de mal à montrer
aux Grecs qu'en, fait de valeur militaire
nous venions de faire l'expérience nous
Inènws, à Aïntab, que les forces dont. dis-
pose Moustapha Kemal étaient loin d'^ èlre
méprisables.
Les Grecs n'ont pas lieu encore de crier
victoire et ils sont moins avancés peut'
ùtre qu'ils ne se le figurent.
Les Turcs seront entendus vraisemblable-
ment ce matin et ils n'auront pas de peine
il faire comprendre (t M. Lloyd, George qu'il
fait fausse roule s'il s'obstine à ne pas
vouloir compter avec la l'éalité:
C'est à ■désirer. Que le traité, de Sèvres
ne soit pas revisé comme le réclftme la lo-
gique des choses et ce qui ne se sera pus
accompli paeifu'iuement ne tmy/cra à se
raire par la victoire.
Les événements en train de s'accomplir
en Perse et dans le Caucase indiquent suf-
fisamment la nécessité de ne pas attendre,
davantage pour rétablir la paix en Orient.
Les Anyluis g sont plux intéressés que
nous. Louis BRESSE.
La deuxième journée
Questions secondaires
La réunion des chefs des délégations
alliées, mardi jinili.ii, a été assez, courte.
Elle a été consacrée au règlement de ques-
tions secondaires. On a décidé d'admettre
une représentation des Arabes pour quie
ceux-ci puissent faire coimaifre, au mèmia
libre que le gouvernement d'Angora, leur-
point de vue &ur la situaUion en Orient par
rapport a.u traité de Sèvres.
L'émir Fayçal avait, demandé à être l'n,
tendu personnellement, mais sa requete lut
repousséc en raison des relations diJlki hls
qui existent entre lui et le gouvernement
français. C'est un représentant du roi Hus-
sein, Hadad, qui sera cihairigé d'exposer de-
vant la conférence la sikïa.nion eu Mésopo-
tamie.
Les plénipotentiaires alliés se sont IllJia
d'accord pour l'aire publier, le plus tôt pos-
sible, un livre blanc cfonicnant toutes les
disposition wrètÓes par les Alliés au cours
de leurs délibérations coHectin':::\ deputis la
mise en vigueur du traité de Versailles.
Le gouverneniicinf lithuanien, dent la con-
férence de Paris avait décidé d'ajourner la
reconnaissance jusqu'après le plébiscite de
VÜna, a demandé et obtenu d'être entendu
pour exposer l'intérêt qu'il attache à uaio
reconnaissance immédiate.
Il n'y a pas eu de séance plénière dans
rapr/ç's-midi au palais de ::::n:!U Il-J HmlCS, en
raison de l'indisposition de Tewfik pacha.
Les deux délégations turques sont- seule-
ment convoquées pour ce matin 11 h. 15.
Les plénipotentiaires alliés conféreront en-
semble avant leur arrivée.
M. Briand sur la tombe
du Tommy inconnu
M. Aristide Briand, accointpagué du géné-
ral Go'uraud, s'est reijdti à l'abbave de
Westminster, où i! a déposé une palme on
argent sur la tombe du soldai anglais in-
connu.
Puis, le président du conseil et sa suite
sont allés devant le cénotaphe aux m01'11
de la grande guerre à. White lla.ll, où ils
ont placé une magnifique gerbe de fleurs,
ainsi qu'au consulat de.France, où il a été
apposé une plaque commémorâtive en l'hon-
hc.ur d'-s Français résidant à Londres,
morts pour la patrie.
Le séjour de M. Briand
en Angleterre
M. Briand a été invité par M. Lioyd
George à se rendre samedi prochain, à Che-
queirs, villégiature des premiers ministres
britanniques, pour y passer la journée Ù-è
dimanche, il n'est donc pas p.rotbabie que
M. Briand puisse revenir , ù Paris-cette se>
nmine, comme on l'avait, annoncé.
M. Loucheur part pour Londres
M. Loucheur, ministre des régions libé-
l'ées, accompagné de M. Uesse, son sous-
chef de cabinet, se rendant à la conflérenee,
a quitté Paris hier. Il est arrivé à Londres
dans la soirée.
L'ACTUALITÉ
♦
A la recherché d'un complot
) - Ol. < ———————
Zalewskl revendique la responsabilité
de sa propagande communiste.— Mais il se défend
énergiquement d'être IIŒiI de Moscou.
Hier. M. Jousselin, en présence de M9
Torrès. a interrogé Zalewski. Celui-ci,
avant Ide répondre, a tout d'abord fait la
déclaration suivante :
« Je suis communiste »
« Pour la première fois, aujourd'hui, de-
puis mon arrestation, la présence de mon
défenseur et. camarade Henri Torrès me
fournit la garantie que mes réponses se-
ront lidèlement transcrites.
« Je n'hésite donc pas à vous déclarer
que je suis prêt à assumer toutes mes res-
ponsabilités et à revendiquer fièrement de-
vant vous. avec ma. qualité de militant
communiste, mon droit de propager mes
opinions en tout temps et en tous pays.
ii Si l'idée de collaborer à la diffusion de
l'idée communiste caractérise à la fois un
délit de menées anarchistes et un crime
contre la sûreté de l'Etal, je remercie sa
justice bourgeoise de m'avoir choisi pour
cette poursuite qui m'honore en grandis-
sant singulièrement mes attributions et
mon importance.
« Je ne suis pas l'œil de Moscou »
CI COluwe en témoignent tous mes pa-
piers, je m'appelle Frantisezh Zalewski ; je
n'ai aucune raison de dissimuler que j'ai
également milité autrefois, sous le pseudo-
nyme d'Abramowitch, que j'ai adopté, en
1911. après mon évasion de Sibérie.
« Je n'ai jamais eu l'honneur d'apparte-
mr. à aucun titre, au gouvernement des
Soviets et je n'ai jamais rempli, pour son
compte, aucune fonction, aucune déléga-
tion.
« Je n'ai jamais été commissaire du peu-
ple, ni membre d'aucune commission extra-
ordinaire. Mon rôle est plus modeste.
L'Internationale communiste m'a confié lu
soin d'éditer, en diverses nations d'Europe,
et en diverses langues, un organe de doc-
trine et de documentation : l'Internationale
communiste. C'est pour cet objet très dé-
inique j'ai séjourné en France et mon seul
regret est de n'avoir pu vaincre les diffi-
cultés matérielles et techniques qui ont
entravé la réalisation de mon projet.
Il Je déplore que, pour le fait de m'avoir
rendu service, par devoir de solidarité,
des personnes étrangères à mon en-
treprise, aient été arbitrairement mêlées à
mon affaire,
II Il n'y a, devant vous, qu'un responsa-
ble : c'est moi. Ceci dit. j'accepte votre pro-
cès ridicule qui témoigne ] d (ill(''¡¡H,' rll la
peur qu'inspire: aux gouvernements bour-
geois, un hunuble mililaul de l'Internatio-
nale communiste. »
L'INTERROGATOIRE
Quand Zalewski eut terminé ta lecture de
sa. (téciuration, M. Jousselin procéda, à
l'interrogatoire :
— Vous avez, pris le nom d'Alexandre
A'bramow ilcii et c'est sous ce nom que vous
avez été ariélé en Suisse ?
— Je n'ai jamais été arrêté en Suisse.
J'ai pris le llOlt d'Abra.mowilch et celui
d'Alexandre, mais jamais simultanément.
— Vous n'avez jamais reçu du gouverne-
ment des Soviets une mission ?
—- Non.. Je n'ai reçu que celle d'éditer,
à titre officieux, la revue communiste.
- - Par qui cette tâche vous u-t-clle été
confiée 2
— Je n'ai aucun intérêt à fadlitcr la tÙ-
che de la julice bourgeoise. Elle n'a qu'à
s'adresser à la Sûreté.
« Les renseignements que j'ai donnés à
:\ iee, je les rétracte aujourd'hui. En l'ab-.
sence de mon avocat, ma défense se trou-
vant par ce fait évincée, j'ai répondu ce
qu'il m'a plu.
« J'ai été en Russie eu 1920 ; j'ai quitte
ce pays en août 1920, après le congrès in-
ternational communiste ; congrès auquel
j'ai assisté à titre purement personnel,
sans avoir voix délibérative.
— Avez-vous fait connaissance de Cachin
et de Frossard à Moscou ?
- Je ne répondrai point a votre question
car elle met en cause des tiers. J'ai été à
Berlin six ou sept semaines, on un passe-
port tchécoslovaque m'a été délivré. Le 28
décembre, je me suis mis en route pour la
France où j'entrai par Delle.
— A Paris, vous avez été à l'Humanité :
qui vous accompagnait
— Je m'y suis réndu comme beaucoup
de militants, pour y discuter sur les ques-
tions sociales. Quant à la personne qui m'y
accompagnait, je ne peux vous le dire, et
cela, par principe. ,
« J'ai, comme beaucoup de socialistes
étrangers, assisté au congrès de Tours, en
décembre : je n'y ai point pris la parole:
j'étais là en simple spectateur.
« Je reconnais être rentré à Paris dans
la nuit du MO au 31 décembre. »
Les chèques
J'étais Hflm en France avec G chèques,
tirés par la Banque Otto Markievitch sur
l'AmcrÍ.{'[}n-Expl'css Banque ; le total s'éle-
vait. à 185.000 francs,. Cette somme répon-
dait à celle que j'avais versée en banque
Je n'avais point voulu apporter des espè-
res et cela en vue des règlements de doua-
ne. tandis qu'avec des chèques je n'avais
aucune difficulté à craindre.
Je les ai montrés à la douane et on ne
m'fl fait aucune observation.
Je ne puis vous dire par qui cette somme
m'avait été donnée ; mais elle était desti-
née ■> la llevve communiste.
J'ai déposé fi fie ces chèques à l'Améri-
can-Express. Le sixième, que j'avais gardé,
fut saisi par la police à Nice, le 31 janvier,
alors que je l'avais remis, pour encaisse-
ment. à la Compagnie algérienne.
Sur mon compte courant, j'ai tiré un chè-
que de 10.000 francs le 12 ; un de 25.000 le
29 ; un autre de 10.000 francs le 9 décem-
bre cf un quatrième de -H).000' ce même
jour.
— A que! usage destiniez-vous ces som-
mes ?
— Dès décembre, je m'étais rendu comp-
te nue ie ne parviendrais pas à vaincre Je
difficultés 'matérielles de mou édition de la
revue ; aussi, ai-je envoyé à l'étranger les
sommes touchées en décembre. Quant aux
sommes touchées en novembre (45.000 fr.),
je les ai utilisées pour mes besoins person-
nels et un achat de papier.
- Relations avec Dunois
Fin décembre, me voyant suivi par des
a.gents et ne voulant point être arrêté, je
résolus de partir pour l'étranger. Voulant
alors retirer mes fonds, par prudence, je
tins à m'adresser, pour le faire, à un quel-
conque membre du parti.
C'était le 2 janvier, un dimanche, tout
était fermé, c'est pourquoi je me rendis a
l'Humanité. J'y vis Dunois qui, par mal-
heur, se trouvait là. Il, a été obligé, par so-
lidarité internationale, d'accepter la de-
mande que je lui fis.
- Avez-vous dit :\ Dunois à quoi étaient
destinés les fonds ?
- Je ne suis, plus ; au reste, je ne faisais
pas mystère que les fonds étaient affectés
à l'Internationale communiste.
Il est exact que j'ai dit à Dunois de l'p.
tnetirc les fonds à un 'intermédiaire : '"1
l'a fait et j'ai envoyé l'argent à l'étran-
ger.
J'ai aussi reçu, de Dunois, 10.000 francs
au cours d'un vovago que je fis à Paris
du 15 au 18 janvier.
- Le 2 janvier, quittant Dunois, où avez
vous été ?
- Cela ne regarde que moi..Te suis arri-
vé à Nice le 20 janvier. J'avais l'intention
de passer en Italie.
Sur ce, l'interrogatoire prit fin.
Le saphir coupé en morceaux
Deux arrestations
A la suite de ]a plainte déposée '¡ t P.
comte Xavier Branicki, M. Lacomble;.. juge
.d'instruction, avait chargé M. Guil ,.,:.:',
commissaire à la police judiciaire, de v
der à une enquête.
Muni d'un mandat d'arrêt, M. Gui a; n'-
a procédé hier matin, à la première eurj,
a l'arrestation de Jules Fcucliwrang-i -.4
ans. En même temps que lui ont étt :;:!■ •
tés : Boghos Espenan. négociant en > :err^-,
fines, sujet turc, naturalisé français. domi-
cilié 54, boulevard Emile-Augier : son
Girayr Esperian, demeurant 54, avenue hle-
ber ; deux sujets russes, Joseph Knigenick,
fabricant de bracelets, 52, rue des Marais, et
Lipmann Alkovitzky, bijoutier en Belgique,
qui tient boutique à l'avis. X, rue de Prngirc.
A la suite d'un premier interrogatoire,
Knigenic et Alkovitzky, qui vendirent le sa-
phir aux trois premiers, ont été écroucs à la
Santé- Les trois autres lapidaires ont été mis
en liberté provisoire, moyennant une caution
de 150.000 francs pour chacun.
LA CHAMBRE
Le budget des Postes
EST VOTÉ
-0 1
Des projets sont en vue pour
l'amélioration des services
qui laissent à désirer
L'AMIRAL GUEPRATTE INTERVIENT
DANS LE BUDGET DE LA MARINE
La Chambre a continué,
hier matin, sous la prési-
dence de M. Arthur Grous-
sier, la discussion d-u. bud-
get des postes et télégra-
phes.
Dans la suite de la dis-
cussion générale, M. Mas-
son examine la crise des
différents services des P.
T. T. et déclare niw !':i.
pour une part, celte crise a été conjurée,
cela est du plus aux efforts et au dévoue-
ment du personnel qu'aux améliorations
réalisées par l'administration qui est trop
routinière et doit se transformer, car cl la
ne répond plus aux besoins moderne.
Il faut voter le plus tôt possible le projet
d'autonomie financière qui a été dépose.
Puis M. Masson passe en revue toutes les
réformes qu'il juge utiles et, après de très
longs développements, il déclare que le re-
mède à la situation actuelle c'est, en dehors
diu projet réalisant, l'autonomie financière,
la collaboration aux réformes du personnel
aui n'a jamais marchandé ses efforts et au-
quel on doit faire confiance.
L'exposé du rapporteur
On entend ensuite successivement M. Pé-
rinard, M. Léon Castel, M. Joseph Patureau-
Mirand, M. Roux-Freyssinenq, M. Petit,
M. Louis Deschamps et M. Pierre Robert,
rapporteur, prend la parole. En un style
très net et très clair, faisant preuve d'une
documentation avisée, le sympathique rap-
porteur développe les conclusions de SOI;
rapport très intéressant et très complet,
sans se priver de produire de nombreuses
critiques contre les errements actuels d€
l'administration. Il lui reproche d'abusel
des demandes de création d'emplois, alors
que le trafic a diminué à cause du relève-
ment des ta.rifs où l'on a dépassé la mesure
ce que conteste d'ailleurs le rapporteur gé-
néral, M. Charles Dumont. Mais M. Pierre
Robert maintient que pour certains articles
du tarif on a eu la main un peu lourde.
Il examine ensuite la question du person-
nel et préconise une meilleur^ organisatioï
des services, une amélioration des locaux
et ln. création d'équipes de renfort. Il vou
drait aussi qu'on reconnu au recrutement
régional. Quant aux employés supérieur
il est indispensable de les sélectionner et
ú8 numéro : QUINZE CENTIMES
MERCREDI 23 FEVRIER 121.-- Nf) 18.337.
Fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
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LEON ARCHIMBAUD
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Directeur: EDMOND DU MESNIL
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EMoi et admInIstration: Nord 24-90,24-91— Après 10h. du soir : Gntennera 00-70
TRIBUNE LIBRE
La doctrine démocratique
+.. <:
C'est une surprise —
dont il faut nous féliciter
— de trouver sous urne
plume républicaine le plus
vif réquisitoire contre les
idées républicaines en ma-
tière d'éducation. Il vaut la
peine d'en prendre connaissance et d'y
répondre.
Que, s'adressant à M. Herriot, M. le
sénateur Lucien Cornet fasse des objec
tiorfs à ce qu'on appelle abréviative-
ment l'école unique, nous ne songerions
pas à nous en étonner. Difficultés d'exé-
cution, nécessité de mesures de transi-
tion, obligation :de créer l'école primai-
re modèle avant d'en faire le vestibule
du lycée, changements dans les pro-
grammes, changements dans les habi-
tudes, toutes ces considérations et bien
fautres peuvent être invoquées contre
les risques d'une improvisation.
Mais c'est à d'autres arguments qu'w
recours M. Cornet. Nous retiendrons les
deux principaux.
Iif1tlP(IJ
« Daps la campagne en faveur de
l'école unique, il semble qu'il y ait un
détestable esprit de simulacre : on
poursuit un semblant d'égalité. Quand
on aura forcé les riches à mettre leurs
enfants dans l'école des pauvres, à quoi
pourra-t-on aboutir, sinon à provoquer
d'une part de l'envie, de l'autre du dé-
dain, et cela dans des âmes d'enfant ! »
Pour éviter ce fâcheux résultat, l'hono-
rable sénateur ne voit qu'un moyen :
c'est non pas d'étendre jusqu'au lycée,
mais au contraire d'abolir même à l'é-
cole primaire la gratuité. « Le jour
qui viendra, peut-être prochainement,
où l'obligatoii cessera d'être légale, par-
ce qu'elle sera entrée dans les mœurs,
la gratuité cessera aussitôt d'être né-
cessaire. Ce n'est que dans un cas d'ex-
trême misère qu'une pareille mesure de-
vrait être" prise. Faire de la gratuité
une règle, c'est proprement une erreur
monstrueuse. »
II est bien vrai que, jusqu'ici, l'école
primaire seule a supprimé toute rétri-
bution scolaire. L'enseignement secon-
daire reste payant, c'est-à-dire que la
société elle-même met à l'entrée une
barrière suffisante pour en faire le pri-
vilège d'une certaine classe sociale. Et
c'est précisément oc caractère d'ensei-
gnement de classe qu'il faudra bien abo'
lir.
Mais, en attendant, nous ne sommes
pas seuls au monde et le monde n'est
pas resté stationnaire. Il n'y a peut-
être plus ni en Europe ni en Amérique
une seule nation qui n'ait reconnu la
nécessité — j'entends la nécessité dic-
tée par l'intérêt le plus évident — non
pas de restreindre, mais d'étendre la
gratuité de renseignement.
Je ne citerai pas, parce qu'il est trop
éclatant, l'exemple des Etats-Unis : la
plus grande démocratie du monde assu-
re la gratuité absolue non seulement à
l'école primaire de 6 à 14 ans, mais
aux écoles secondaires de 14 à 18 ans.
Et le résultat est un effectif de lycéens
et lycéennes dépassant aujourd'hui un
million et demi d'élèves 1
Mais plus près de nous, quels efforts
significatifs ! Celui de l'Allemagne,
bien qu'accompli un peu à la prussien-
ne, peut-il nous laisser indifférents ? En
pleine guerre, les grandes villes ont dé-
cidé d'aller prendre d'office, dans les
écoles primaires, les enfants et les ado-
lescents les mieux doués pour les faire
passer gratuitement à l'enseignement
secondaire, classique ou technique et
aux êtudessupérieures, sans reculef
même devant, l'obligation de verser un
subside aux familles ouvrières.
Nous-mêmes, malgré tant d'hésita-
tion, et comme pour satisfaire notre
conscience par une mesure provisoire,
ne venons-nous pas. hier' encore, sur
l'éloquente adj uration de Pierre Ra-
meil, d'ajouter quelques millions au
fonds des bourses ? Et M. Cornet, qui
les votera certainement, songera-t-il en-
core à éviter tout ce qui ressemble même
de loin à la mendicité ?
L'autre argument de l'honorable sé-
nateur nous choque surtout parce qu'il
est d'une profonde injustice.
« Si M. Herriot parle d'école unique,
c'est évidemment "our supprimer l'en-
seignement confessionnel. Attaquer de
front les convictions religieuses des gens
l'ii leur imposant la fréquentation d'une
école donnée, c'est renouveler la politi-
que de Louis XIV. »
Le papier souffre tout sans doute.
Mais M. Cornet a lu dans l'Officiel et
dans je ne sais combien d'écrits authen-
tiques les déclarations formelles du dé-
puté-maire de Lyon contre le monopole
rte l'enseignement. Comment peut-il en
faire ahstratioii jusqu'à le considérer
comme évidemment liante de cette pas-
sion de « supprimer l'enseignement con-
fessionnel » ? Est-ce au sénateur de
l'Yonne qu'il faut faire relire les pages
de Paul Bert d'il y a quarante ans ? Il
en retrouverait l'esprit dans les belles
et simples paroles d'hier où M. Doumer
définissait la laïcité par le respect ab-
solu de toutes les consciences.
c[fJ@Jc{J;
La vérité, est que nous avons franchi
une étape et qu'il va falloir entamer la
suivante.
La troisième République a installé en
France l'école laïque. C'est par là qu'il
fallait commencer, mais il n'est pas
possible d'en rester là. Les autres ont
marché ; marchons ! Comme eux, mieux
qu'eux, si possible, donnons un lende-
main à l'école. Ne permettons plus
qu'elle jette à la rue des enfauits de
douze ans, en feignant de les croire bien
armés pour la vie. Dans notre organisa-
tion sociale actuelle, l'école primaire
ne mène à rien, parce qu'elle s'arrête
brusquement : il faut qu'elle mène à
tout, en se continuant jusque dans l'a-
dolescence et en rayonnant même sur
l'apprentissage.
La société n'aura vraiment payé sa
dette à l'enfance et assuré son avenir
que le jour où elle pourra dire en toute
sincérité : « Il n'y a pas un seul de
mes enfants à qui je n'aie offert tous
les moyens de développement non en
proportion de la fortune de ses parents,
mais en raison de ses aptitudes et dans
la mesure de son mérite. »
Ferdinand BUISSON,
député de Paris.
EDITORIAL<
A Londres
Chaque jour nous vien-
dra de Londres notre
« Communiqué » quotidien.
La paix est décidément
aussi difficile à faire que la
guerre.
Toutefois. il est encore permis d'es-
pérer que celle-ci durera au moins au-
tant que celle-là.
Tout dépend de Vattitude de l'Entente
en lace- des Boches.
Aussi, j'apprécie médiocrement la mé-
thode inaugurée par la Conférence.
Il semble qu'elle veuille traiter d'a-
bord les sujets accessoires qui sont pré-
cisément ceux où les Alliés risquent d'a-
voir des vues divergentes.
Après la Conférence de Paris, où un
accord semblait établi, il eût été logi-
que et expédient de poursuivre sans dé-
semparer la conversation sur VAllema-
gnc.
Désarmement, réparations sont les
deux clefs.de voûte de la paix mondiale.
Nos nouveaux amis les Grecs, nos
anciens amis les Turcs pouvaient, du-
rant quelques jours, faire antichambre.
Sur le pavé du roi, l'équipage de Sè-
vres devait céder le pas à celui de Ver-
sailles.
En adoptant la procédure contraire :
deux risques.
Permettre à nos bons amis les An-
glais de « se servir » — qu'on me passe
cette expression triviale — copieuse-
ment en Orient.
Aborder le problème allemand après
quelques froissements de susceptibilités
entre Alliés et montrer un front toujours
cc uniqxie », mais un peu ridé et moins
résolu.
Nos chers amis les Anglais ont cette
tendance naturelle à régler d'abord les
petites affaires qui les intéressent ; puis,
la monnaie d'échange épuisée, de se
tourner vers l'excellent partenaire et de
lui dire ; « Est-ce que vous tenez vrai-
ment beaucoup à celte dernière chose-
là ? »
Nous comptons, d'un cœur ardent et
d'une âme rassurée, stir la diplomatie
de M. Aristide Briand pour bien faire
comprendre aux amis, aux Alliés, aux
adversaires, au monde entier, que la
France « tient » décidément beaucoup
à cette dernière chose-là : n'êtrc pas
complètement frustrée des « grandes
réparations du droit ».
La dame de Verdun succombe sous
ses lauriers. Il est temps de la susten-
ter par quelques beaux fruits de la Vic-
toire.
EDMOND DU MESNIL. j
On dit.
Autrefois
Entre artistes
Curie Vernet étant allé au Panthéon
voir les peintures que Gros venait d'g exé-
cuter, regardait sans rien dire la coupole
du temple.
Gros, étonne et mortifié de ce silence, se
ftécide à demander à Vernet s'il n'est pas
satis fait.
— Si fait, si fait, répond l'autre. C'est
très bien, mais c'est un peu plus gros que
nature.
<3>
Certificat de vie
Au début de la Révolution, un colporteur,
pour piquer la curiosité des acheteurs,
criait par les rues : « Demandez la Mort
de l'abbé Maury »
L'abbé passe, entend, s'approchc très
vexé et détache au colporteur un vigoureux
coup de pied au derrière :
— Tiens! dit-il. Si je suis mort, la
croiras maintenant aux revenants.
•SSW82»
Aujourd'hui
Statistique
Dans certaine comédie de Labiche, un
M. Magis, statisticien, s'occupe gravement
à calculer la multiplication du charançon
des blés, dans les campagnes, étant donné
que le charençon se reproduit environ sept
fois par minute.
Voici que d'autres, au dire de Bonsoir,
ont calculé quelle quantité de tabac un
fumeur ordinaire peut consommer en cin-
quante ans. A raison de 33 cigarettes par
jour, elle est représentée, parait-il, pur une
cigarette de 35 Idlomcires.
On llilllflne généralement une allumette
par cigarette. il en faut consomnier
638.000 pour allumer les cigarettes qu'un
homme ordinaire fume eu trente-cinq ails.
Si on brûle une allumette chaque fois
qu'on allume une cigarette, on brûle en
trcnte-cinq ans, 12 kilomètres d'allumettes
environ. 6
Une reste plus qu'à, établir avec ces
dormées, le nombre d'arbres nécessaires
pour fabriquer ces allumettes.
Et ainsi de suite.
o
Pauvres femmes
Soyons fières, mesdames, Tous les Cre-
sus 7}'appartiennent pas au sexe laid.
La plus riche fut Mme Russell Sage, qui
possédait quatre cent vhn/l-riiiq nii/lillll,-:,
Mais elle les a déjà, paraît-il, fortement
écornés.
Ensuite vient Mme Green, qui a quatre
cents millions et ne dépense pas dix mille
francs par au. Après un mari rssui île
grande vie, elle est revenue à la stricte
économie.
Sur le même ranq se place Mme Von
Boltlcn, la fille de Krupp.
Mme Avne Wollfra. millions : Mme
Grecl, une Mexicaine, jouît d'un revenu
estimé à 25 millions. La duchesse de Rox-
hnrqh, 125 ; la comtesse Szecheng, née
G lad g s Vanderbilt, 70 ; la fille de sir Blun-
dell Maple, 50,
Cette évaluation a été faite avant la
guerre ; il serait curieux de connaître le
chiffre exact actuel car, naturellement,
Veau va toujours à la rivière.
Le Tapm.
Propagande et calomnies
C'est d'Amérique que nous vient la lu.
iiiiére sur les prétendus méfaits des troupes
noires en Allemagne.
L'on suit toutes les plaintes fielleuses, les
lamentations injustifiées ati-x-queites se livrè-
rent les Boches à ce sujet. Nous en avons
d'ailleurs déjà fait justice, preuves en
main.
Mais le Sénat américain vient de publier
un document définitif, résultat d'une en-
quête faite par le département d'Etai, les
comités des affaires étrangères des deux
Chambres, le général Allen et le commis-
saire Dre sel.
Et ii'est aujourd'hui prouvé que toutes
ies accusations sont fausses et sont unique-
ment de la propagande allemande.
Le rapport du général Allen est caracté-
ristique. toutes les histoires de crimes sont
fausses. Quant aux soi-d'isant attaques de
femmes, elles sont, au contraire, le. résul-
tat de la prostitution qui sévit en Allemagne.
Nous n'avions, ici même, jamais dit autre
chose. Mais il n'est pas sans valeur que
cette opinion soit émise formellement par
Utll témoin autorisé.
El, maintenant, q.ue les Bocihes ne nous
rehnttellib plus les oreilles avec leur vertu
outragée ! -
Procédés commerciaux allemands
.--. "- ,",,--..
Lorsqu'il s'agit de faire du commerce, les
Allemands ne reculent devant aucun sacri-
fice.
La -Gazelle de Bruxelles raconte que le
représentant belge d'une firme allemande
u envoyé à un. négociant en gros la lettre
suivante :
« La maison X., de Herun, vous invite
à son stand de la foire de Leipzig qui aura
lieu prochainement. Kl le intervient pour v-i>«
frais de voyage jusqu'à concurrence de :
1° voyage payé en seconde classe, aller et
retour; 2" frais de déplacement quatre
jours : deux jours à Leipzig et deux joues
de voyage. Cette firme n'émet qu'une seule
condition: c'est que vous lui passiez um
ordre d'une valeur de 20.000 marks. »
Ce n'est que lorsqu'il s'agit de répara-
tions qu'on ne trouve pas d'argent à BewliJ/l.
La levée des restrictions
et la liberté du commerce
Les ministres et sous-seorélaires d'Etat
tW sont réunis hier soir, à U heures, en con-
seil de cabine!, au ministère, de la justice,
sous la présidence de M. Pierre Marraud,
ministre de l'intérieur, en. l'absence de M.
Bonnevay, garde des sceaux, retenu au
Sénat par la discussion de la loi sur les
loyers.
Sur la. proposition de M. Le Trocquer,
ministre
cation de diverses mesures l'eshic!ives de
la consonuontion de l'énergie élecl rique.
Le conseil a procédé ensuite à un échan-
ge de vues relatif au retour progressif :'i la
liberté commerciale.
Les ministres se réuniront vendredi pro-
chain en conseil à l'Elysée, sous la prési-
dence de M. Millerand.
La Conférence de Londres
"r
Fayçal est jugé indésirable. — Les deux délégations
turques seront entendues aujourd'hui.
Après une journée bien
chargcc, la cWL,¡ercncc a jugé
utile de se remettre des la-
ligues du. début en s'accor-
dant un jour de répit.
La veille, on avait entendu
les Grecs et leurs fanfaron-
nades, que M. Lioyd George
à fait au sérieux. î ioum,,
britannique a un faible avoue pour les
Grecs et il a obtenu que ceux-ci se voient
réserver l'avantage' lièlrc les premiers à
ouvrir le feu■ ,
En l'absence des Turcs, le général Gun-
raud s'est chargé de répondre, sur l'incita-
tion de M. Briand, et il n'a. pas eu de mal
à démontrer ce que nous n'avons cessé
d'écrire, à savoir la faiblesse constitutive
de l'armée grccque.
En vain, M. Calogeropoulos et le chef de
l'étal-major hellénique ont voulu prouver
que, pour venir à bout du gouvernement
d'Angora, ce n'était pas une question de
supériorité numérique, mais de valeur mi*
litaire.
Qui veut trop prouver ne prouve ricn,
comme l'a très bien fait ressortir notre
Gouraud, Il n'a pas eu de mal à montrer
aux Grecs qu'en, fait de valeur militaire
nous venions de faire l'expérience nous
Inènws, à Aïntab, que les forces dont. dis-
pose Moustapha Kemal étaient loin d'^ èlre
méprisables.
Les Grecs n'ont pas lieu encore de crier
victoire et ils sont moins avancés peut'
ùtre qu'ils ne se le figurent.
Les Turcs seront entendus vraisemblable-
ment ce matin et ils n'auront pas de peine
il faire comprendre (t M. Lloyd, George qu'il
fait fausse roule s'il s'obstine à ne pas
vouloir compter avec la l'éalité:
C'est à ■désirer. Que le traité, de Sèvres
ne soit pas revisé comme le réclftme la lo-
gique des choses et ce qui ne se sera pus
accompli paeifu'iuement ne tmy/cra à se
raire par la victoire.
Les événements en train de s'accomplir
en Perse et dans le Caucase indiquent suf-
fisamment la nécessité de ne pas attendre,
davantage pour rétablir la paix en Orient.
Les Anyluis g sont plux intéressés que
nous. Louis BRESSE.
La deuxième journée
Questions secondaires
La réunion des chefs des délégations
alliées, mardi jinili.ii, a été assez, courte.
Elle a été consacrée au règlement de ques-
tions secondaires. On a décidé d'admettre
une représentation des Arabes pour quie
ceux-ci puissent faire coimaifre, au mèmia
libre que le gouvernement d'Angora, leur-
point de vue &ur la situaUion en Orient par
rapport a.u traité de Sèvres.
L'émir Fayçal avait, demandé à être l'n,
tendu personnellement, mais sa requete lut
repousséc en raison des relations diJlki hls
qui existent entre lui et le gouvernement
français. C'est un représentant du roi Hus-
sein, Hadad, qui sera cihairigé d'exposer de-
vant la conférence la sikïa.nion eu Mésopo-
tamie.
Les plénipotentiaires alliés se sont IllJia
d'accord pour l'aire publier, le plus tôt pos-
sible, un livre blanc cfonicnant toutes les
disposition wrètÓes par les Alliés au cours
de leurs délibérations coHectin':::\ deputis la
mise en vigueur du traité de Versailles.
Le gouverneniicinf lithuanien, dent la con-
férence de Paris avait décidé d'ajourner la
reconnaissance jusqu'après le plébiscite de
VÜna, a demandé et obtenu d'être entendu
pour exposer l'intérêt qu'il attache à uaio
reconnaissance immédiate.
Il n'y a pas eu de séance plénière dans
rapr/ç's-midi au palais de ::::n:!U Il-J HmlCS, en
raison de l'indisposition de Tewfik pacha.
Les deux délégations turques sont- seule-
ment convoquées pour ce matin 11 h. 15.
Les plénipotentiaires alliés conféreront en-
semble avant leur arrivée.
M. Briand sur la tombe
du Tommy inconnu
M. Aristide Briand, accointpagué du géné-
ral Go'uraud, s'est reijdti à l'abbave de
Westminster, où i! a déposé une palme on
argent sur la tombe du soldai anglais in-
connu.
Puis, le président du conseil et sa suite
sont allés devant le cénotaphe aux m01'11
de la grande guerre à. White lla.ll, où ils
ont placé une magnifique gerbe de fleurs,
ainsi qu'au consulat de.France, où il a été
apposé une plaque commémorâtive en l'hon-
hc.ur d'-s Français résidant à Londres,
morts pour la patrie.
Le séjour de M. Briand
en Angleterre
M. Briand a été invité par M. Lioyd
George à se rendre samedi prochain, à Che-
queirs, villégiature des premiers ministres
britanniques, pour y passer la journée Ù-è
dimanche, il n'est donc pas p.rotbabie que
M. Briand puisse revenir , ù Paris-cette se>
nmine, comme on l'avait, annoncé.
M. Loucheur part pour Londres
M. Loucheur, ministre des régions libé-
l'ées, accompagné de M. Uesse, son sous-
chef de cabinet, se rendant à la conflérenee,
a quitté Paris hier. Il est arrivé à Londres
dans la soirée.
L'ACTUALITÉ
♦
A la recherché d'un complot
) - Ol. < ———————
Zalewskl revendique la responsabilité
de sa propagande communiste.— Mais il se défend
énergiquement d'être IIŒiI de Moscou.
Hier. M. Jousselin, en présence de M9
Torrès. a interrogé Zalewski. Celui-ci,
avant Ide répondre, a tout d'abord fait la
déclaration suivante :
« Je suis communiste »
« Pour la première fois, aujourd'hui, de-
puis mon arrestation, la présence de mon
défenseur et. camarade Henri Torrès me
fournit la garantie que mes réponses se-
ront lidèlement transcrites.
« Je n'hésite donc pas à vous déclarer
que je suis prêt à assumer toutes mes res-
ponsabilités et à revendiquer fièrement de-
vant vous. avec ma. qualité de militant
communiste, mon droit de propager mes
opinions en tout temps et en tous pays.
ii Si l'idée de collaborer à la diffusion de
l'idée communiste caractérise à la fois un
délit de menées anarchistes et un crime
contre la sûreté de l'Etal, je remercie sa
justice bourgeoise de m'avoir choisi pour
cette poursuite qui m'honore en grandis-
sant singulièrement mes attributions et
mon importance.
« Je ne suis pas l'œil de Moscou »
CI COluwe en témoignent tous mes pa-
piers, je m'appelle Frantisezh Zalewski ; je
n'ai aucune raison de dissimuler que j'ai
également milité autrefois, sous le pseudo-
nyme d'Abramowitch, que j'ai adopté, en
1911. après mon évasion de Sibérie.
« Je n'ai jamais eu l'honneur d'apparte-
mr. à aucun titre, au gouvernement des
Soviets et je n'ai jamais rempli, pour son
compte, aucune fonction, aucune déléga-
tion.
« Je n'ai jamais été commissaire du peu-
ple, ni membre d'aucune commission extra-
ordinaire. Mon rôle est plus modeste.
L'Internationale communiste m'a confié lu
soin d'éditer, en diverses nations d'Europe,
et en diverses langues, un organe de doc-
trine et de documentation : l'Internationale
communiste. C'est pour cet objet très dé-
inique j'ai séjourné en France et mon seul
regret est de n'avoir pu vaincre les diffi-
cultés matérielles et techniques qui ont
entravé la réalisation de mon projet.
Il Je déplore que, pour le fait de m'avoir
rendu service, par devoir de solidarité,
des personnes étrangères à mon en-
treprise, aient été arbitrairement mêlées à
mon affaire,
II Il n'y a, devant vous, qu'un responsa-
ble : c'est moi. Ceci dit. j'accepte votre pro-
cès ridicule qui témoigne ] d (ill(''¡¡H,' rll la
peur qu'inspire: aux gouvernements bour-
geois, un hunuble mililaul de l'Internatio-
nale communiste. »
L'INTERROGATOIRE
Quand Zalewski eut terminé ta lecture de
sa. (téciuration, M. Jousselin procéda, à
l'interrogatoire :
— Vous avez, pris le nom d'Alexandre
A'bramow ilcii et c'est sous ce nom que vous
avez été ariélé en Suisse ?
— Je n'ai jamais été arrêté en Suisse.
J'ai pris le llOlt d'Abra.mowilch et celui
d'Alexandre, mais jamais simultanément.
— Vous n'avez jamais reçu du gouverne-
ment des Soviets une mission ?
—- Non.. Je n'ai reçu que celle d'éditer,
à titre officieux, la revue communiste.
- - Par qui cette tâche vous u-t-clle été
confiée 2
— Je n'ai aucun intérêt à fadlitcr la tÙ-
che de la julice bourgeoise. Elle n'a qu'à
s'adresser à la Sûreté.
« Les renseignements que j'ai donnés à
:\ iee, je les rétracte aujourd'hui. En l'ab-.
sence de mon avocat, ma défense se trou-
vant par ce fait évincée, j'ai répondu ce
qu'il m'a plu.
« J'ai été en Russie eu 1920 ; j'ai quitte
ce pays en août 1920, après le congrès in-
ternational communiste ; congrès auquel
j'ai assisté à titre purement personnel,
sans avoir voix délibérative.
— Avez-vous fait connaissance de Cachin
et de Frossard à Moscou ?
- Je ne répondrai point a votre question
car elle met en cause des tiers. J'ai été à
Berlin six ou sept semaines, on un passe-
port tchécoslovaque m'a été délivré. Le 28
décembre, je me suis mis en route pour la
France où j'entrai par Delle.
— A Paris, vous avez été à l'Humanité :
qui vous accompagnait
— Je m'y suis réndu comme beaucoup
de militants, pour y discuter sur les ques-
tions sociales. Quant à la personne qui m'y
accompagnait, je ne peux vous le dire, et
cela, par principe. ,
« J'ai, comme beaucoup de socialistes
étrangers, assisté au congrès de Tours, en
décembre : je n'y ai point pris la parole:
j'étais là en simple spectateur.
« Je reconnais être rentré à Paris dans
la nuit du MO au 31 décembre. »
Les chèques
J'étais Hflm en France avec G chèques,
tirés par la Banque Otto Markievitch sur
l'AmcrÍ.{'[}n-Expl'css Banque ; le total s'éle-
vait. à 185.000 francs,. Cette somme répon-
dait à celle que j'avais versée en banque
Je n'avais point voulu apporter des espè-
res et cela en vue des règlements de doua-
ne. tandis qu'avec des chèques je n'avais
aucune difficulté à craindre.
Je les ai montrés à la douane et on ne
m'fl fait aucune observation.
Je ne puis vous dire par qui cette somme
m'avait été donnée ; mais elle était desti-
née ■> la llevve communiste.
J'ai déposé fi fie ces chèques à l'Améri-
can-Express. Le sixième, que j'avais gardé,
fut saisi par la police à Nice, le 31 janvier,
alors que je l'avais remis, pour encaisse-
ment. à la Compagnie algérienne.
Sur mon compte courant, j'ai tiré un chè-
que de 10.000 francs le 12 ; un de 25.000 le
29 ; un autre de 10.000 francs le 9 décem-
bre cf un quatrième de -H).000' ce même
jour.
— A que! usage destiniez-vous ces som-
mes ?
— Dès décembre, je m'étais rendu comp-
te nue ie ne parviendrais pas à vaincre Je
difficultés 'matérielles de mou édition de la
revue ; aussi, ai-je envoyé à l'étranger les
sommes touchées en décembre. Quant aux
sommes touchées en novembre (45.000 fr.),
je les ai utilisées pour mes besoins person-
nels et un achat de papier.
- Relations avec Dunois
Fin décembre, me voyant suivi par des
a.gents et ne voulant point être arrêté, je
résolus de partir pour l'étranger. Voulant
alors retirer mes fonds, par prudence, je
tins à m'adresser, pour le faire, à un quel-
conque membre du parti.
C'était le 2 janvier, un dimanche, tout
était fermé, c'est pourquoi je me rendis a
l'Humanité. J'y vis Dunois qui, par mal-
heur, se trouvait là. Il, a été obligé, par so-
lidarité internationale, d'accepter la de-
mande que je lui fis.
- Avez-vous dit :\ Dunois à quoi étaient
destinés les fonds ?
- Je ne suis, plus ; au reste, je ne faisais
pas mystère que les fonds étaient affectés
à l'Internationale communiste.
Il est exact que j'ai dit à Dunois de l'p.
tnetirc les fonds à un 'intermédiaire : '"1
l'a fait et j'ai envoyé l'argent à l'étran-
ger.
J'ai aussi reçu, de Dunois, 10.000 francs
au cours d'un vovago que je fis à Paris
du 15 au 18 janvier.
- Le 2 janvier, quittant Dunois, où avez
vous été ?
- Cela ne regarde que moi..Te suis arri-
vé à Nice le 20 janvier. J'avais l'intention
de passer en Italie.
Sur ce, l'interrogatoire prit fin.
Le saphir coupé en morceaux
Deux arrestations
A la suite de ]a plainte déposée '¡ t P.
comte Xavier Branicki, M. Lacomble;.. juge
.d'instruction, avait chargé M. Guil ,.,:.:',
commissaire à la police judiciaire, de v
der à une enquête.
Muni d'un mandat d'arrêt, M. Gui a; n'-
a procédé hier matin, à la première eurj,
a l'arrestation de Jules Fcucliwrang-i -.4
ans. En même temps que lui ont étt :;:!■ •
tés : Boghos Espenan. négociant en > :err^-,
fines, sujet turc, naturalisé français. domi-
cilié 54, boulevard Emile-Augier : son
Girayr Esperian, demeurant 54, avenue hle-
ber ; deux sujets russes, Joseph Knigenick,
fabricant de bracelets, 52, rue des Marais, et
Lipmann Alkovitzky, bijoutier en Belgique,
qui tient boutique à l'avis. X, rue de Prngirc.
A la suite d'un premier interrogatoire,
Knigenic et Alkovitzky, qui vendirent le sa-
phir aux trois premiers, ont été écroucs à la
Santé- Les trois autres lapidaires ont été mis
en liberté provisoire, moyennant une caution
de 150.000 francs pour chacun.
LA CHAMBRE
Le budget des Postes
EST VOTÉ
-0 1
Des projets sont en vue pour
l'amélioration des services
qui laissent à désirer
L'AMIRAL GUEPRATTE INTERVIENT
DANS LE BUDGET DE LA MARINE
La Chambre a continué,
hier matin, sous la prési-
dence de M. Arthur Grous-
sier, la discussion d-u. bud-
get des postes et télégra-
phes.
Dans la suite de la dis-
cussion générale, M. Mas-
son examine la crise des
différents services des P.
T. T. et déclare niw !':i.
pour une part, celte crise a été conjurée,
cela est du plus aux efforts et au dévoue-
ment du personnel qu'aux améliorations
réalisées par l'administration qui est trop
routinière et doit se transformer, car cl la
ne répond plus aux besoins moderne.
Il faut voter le plus tôt possible le projet
d'autonomie financière qui a été dépose.
Puis M. Masson passe en revue toutes les
réformes qu'il juge utiles et, après de très
longs développements, il déclare que le re-
mède à la situation actuelle c'est, en dehors
diu projet réalisant, l'autonomie financière,
la collaboration aux réformes du personnel
aui n'a jamais marchandé ses efforts et au-
quel on doit faire confiance.
L'exposé du rapporteur
On entend ensuite successivement M. Pé-
rinard, M. Léon Castel, M. Joseph Patureau-
Mirand, M. Roux-Freyssinenq, M. Petit,
M. Louis Deschamps et M. Pierre Robert,
rapporteur, prend la parole. En un style
très net et très clair, faisant preuve d'une
documentation avisée, le sympathique rap-
porteur développe les conclusions de SOI;
rapport très intéressant et très complet,
sans se priver de produire de nombreuses
critiques contre les errements actuels d€
l'administration. Il lui reproche d'abusel
des demandes de création d'emplois, alors
que le trafic a diminué à cause du relève-
ment des ta.rifs où l'on a dépassé la mesure
ce que conteste d'ailleurs le rapporteur gé-
néral, M. Charles Dumont. Mais M. Pierre
Robert maintient que pour certains articles
du tarif on a eu la main un peu lourde.
Il examine ensuite la question du person-
nel et préconise une meilleur^ organisatioï
des services, une amélioration des locaux
et ln. création d'équipes de renfort. Il vou
drait aussi qu'on reconnu au recrutement
régional. Quant aux employés supérieur
il est indispensable de les sélectionner et
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