Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-02-02
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 février 1921 02 février 1921
Description : 1921/02/02 (N18316). 1921/02/02 (N18316).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
13 PLUVIOSE, AN 129. - 18.316. 1 'MERCBEDI 2 FEVRIER t92t. - KG t8.318.
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il* VICTOR HUGO H 1
AUGUSTE VACQUERIE
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FRANCE & COLONIES.. , 41 » 22 » 11 »
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TRIBUNE LIBRE
'ne
Le maréchal Pilsudski
) ( —f
Le maréchal Pilsudski,
généralisme et chef de
l'Etat polonais, va être
l'hôte de la France.
Que nos compatriotes
qui ne connaissent la Po-
logne que par la légende —
et ils sont légion -=- ne s'attendent pas
à voir débarquer un personnage vêtu
d'un somptueux costume oriental. Le
maréchal affecte dans sa mise une ex-
trême simplicité : point de lévite de ve-
lours ni de ceinture de soie aux cou-
leurs voyantes,point de chapska ni d'ai-
grette ; dans la vie quotidienne, comme
dans les plus grandes solennités, Jo-
zef Pilsudski est invariablement habillé
petite- casqpifiUe plate grise,
d'une vareuse courte en drap grils-bleu
à boutons de corne, .d'un pantalon noir
à passepoil rouge. Nul autre insigne
que la croix du « Virtitu militari »,
l'unique et antique ordre polonais ; um
grand sabre — gigantesque — et des
Éperons qui tintent, quand claquent ses
talons, sont les seuls signes tangibles de
Sa haute dignité militaire.
Sa physionomie est connue : cheveux
tn brosse, à peine grisonnants, regard
d'une implacable dureté et quelque
peu faux sous des sourcils en broussail-
le, moustaches hérissées aux pointes
tombantes, mâchoire carrée et massive
dénotant une invincible volonté ; d'une
taille au-dessus de la moyenne, la pa-
role brève, le geste saccadé, tel appa-
raît celui qui préside aux destinées de
la Pologne.
Jozef Pilsudski est né en novembre
1S67 aux environs de Wilna, d'une fa-
mille noble ruinée par l'insurrection de
1863 et d'imprudentes tentatives indus-
trielles. Mis au gymnase de Wilna avec
son frère Bronislaw, le jeune Jozef,
surnommé « Zing », s'y montre détes-
table élève, paresseux, entêté, rebelle à
toute discipline. En cachette, il lit tous
les ouvrages qu'il peut se procurer sur
Napoléon, son idole, qu'il rêve déjà d'é-
galer -un jour. Plein d'ascendant sur ses
jeunes camarades, il fonde parmi eux
son club secret à tendances révolution-
naires, nihilistes même..
En 1885, Pilsudski, reçu bachelier,
quitte Wilna pour l'Université de Cra-
covie où il commence des études die mé-
decine. C'est le début pour lui d'une
existence agitée, pleine d'avatars. Imbii
des théories de Tolstoï, Dostoïewski,
il fréquente plus les clubs que l'amphi-
théâtre. Expulsé de l'Université pour
la part qu'il a prise à un complot, il
retourne à Wilna d'où, de nouveau
compromis dans une conspiration con-
tre le tsar, il est déporté en Sibérie.
Gracié cimq ans après, en 1892, il re-
vient à Wilna, plus exalté que jamais.
Sa mère, en mourant, lui a laissé quel-
ques ressources : il les consacre a la
formation d'un parti dont il sera le
chef, le parti polonais socialiste, et à
la création d'un journal révolution-
naire, Robotnik,
C'est à ce moment qu'il fait la con-
naissance de Roman Dmowski, le chef
du parti national polonais — modéré
ft conservateur — et entre en conflit
avec lui. Dmowski refusant de le sui-
vre dans une voie qu'il estime nuisible
aux intérêts de la Pologne. Pilsudski:
en effet, mu par la haine du Russe, ce
qui sera la règle de toute sa vie, rêve
de déclencher en Russie ùne formidable
insurrection. Dans ce but, il se rend à
Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiew, Odes-
sa, pendant que le Robotnik, traqué par
ta police, paraît à Lodz. Arrêté et de
nouveau déporté en Sibérie, il réussit
à s'évader et se réfugie à Londres. En
1902, il se fixe à Cracovie d'où, dit-on,
* il dirige des bandes armées qui, pen-
dant de longs mois, se livrent à de mys-
térieux attentats contre les trains et les
convois russes. \> Í" .1 -4
En 1905, la guerre russo-japonaise
lui semble une occasion favorable pour
reprendre son projet de soulèvement en
Russie et il se rend au Japon pour y de-
mander aide et subsides. Il échoue, à
a suite d'une nouvelle intervention de
Dmowski, et regagne Cracovie où il
tente la création d'une organisation se
crête militaire parmi les étudiants po-
lonais de Galicie.
En 4914, l'Autriche mobilise les lé-
gions polonaises qui forment trois bri-
gades et combattent, dans les rangs des
centraux, contre l'armée russe. Pilsuds-
Jd reçoit, avec le grade de major (chef
île bataillon) le commandement d'une
ria ces brigades.
Après la chute de Varsovie, les lÚ-
tforts polona-ises sont désignées pour
former le noyau de l'armée polonaise
dont l'Allemagne a décidé la création.
Elles sont, dans ce but, transportées à
Varsovie où elleis prêtent serment au
« gouvernement général de Varsovie ».
On connaît l'échec de cette tentative ;
sauf quelques défaillances individuelles,
les Polonais ne cédèrent ni aux promes-
ses ni aux menaces allemandes. « Les
Allemands, écrivit à cette occasion le
colonel Feyler, ont pu, une fois de plus,
conquérir du terrain : une fois de plus,
ils n'ont pas réussi à conquérir des
hommes. Après Anvers, Varsovie. » Que
se passa-t-il alors entre Pilsudski et von
Baseler, le gouverneur général de Var-
sovie ? Il est assez difficile dte le sa-
voir de façon précise. Partisans et ad-
versaires du maréchal — et ces der-
niers sont nombreux — ont, à ce sujet,
chacun une version différente. Toujours
est-il que Pilsudski dut quitter Varsovie
et fut kiterné en Allemagne. Il y resta
jusqu'au moment de la débâcle alle-
mande finale. A ce moment, ramené par
train spécial, il eut une brève entrevue
avec von Baseler. Le lendemain, le gou-
vernement général et les troupes alle-
mandes quittaient Varsovie avec armes
et bagages et Pilsudski se proclamait
chef de l'Etat polonais et généralissime.
Une Diète hâtivement convoquée quel-
ques jours après le confirmait dans ce
double titre et, en mai dernier, après la
prise de Kiew, le général Pilsudski re-
cevait de ses troupes le titre de ma-
réchal de Pologne.
Quel a été son rôle comme chef
d'Etat depuis près de deux ans ? II
serait prématuré de formuler un juge-
ment quelconque et surtout difficile d'e
le faire avec impartialité, car, si ses
partisans le portent aux mues et le com-
parent volontiers à un Napoléon, ses
adversaires qui sont nombreux, peut-
être les deux tiers de la Pologne culti-
vée, le jugent et l'apprécient avec une
particulière sévérité. Certes, la tâche
qui lui incombe est lourde et dure,
sans précédent dans l'Histoire. Cela
suffit à expliquer pourquoi l'avenir de
la Pologne est encore si incertain.
Le maréchal Pilsudski est-il un fran-
cophile ardent ? On n'oserait se pro-
noncer. Mais ce que nous ne devons pas
ignorer, c'est que, dans son entourage
immédiat, certains de ses intimes com-
me Sosnkowski, Sokoluicki et autres
ne le sont pas. La preuve en est dans
l'échec complet de la mission du géné-
ral Henrys, daps les difficultés et les
résistances qu'éprouve son successeur
pour faire adopter nos idées et nos mé-
thodes, dans le peu d'enthousiasme
avec lequel nos instructeurs sont écou-
tés, dans l'âpreté avec laquelle est dis-
euté le rôle joué par nos officiers en
juillet et août dernier, et qui pourtant
sauva la Pologne.
Duraat son séjour parmi nous, le ma-
réchal va sans doute aborder un grand
nombre de questions importantes, no-
tamment la convention militaire proje-
tée entre la France et la Pologne. Celte
convention répond à la fois à notre dé-
sir de soutenir une fois de plus la Poj
logne et de nous assurer d'une « mar-
che » solide sur le flanc die la Prusse
orientale.
Mais ne soyons pas dupes, une fois
de plus, de notre idéalisme généreux.
Sachons pratiquer avec le maréchal
Pilsudski la politique très réaliste du
« donnant donnant ».
Notre assistance éventuelle à la Polo-
gne, sous quelque forme qu'elle se pro-
duise, doit être conditionnée par la for-
mation immédiate d'une solide armée
polonaise, instruite et encadrée par nos
soins.
Le premier gage de sincérité que
puisse nous donner le maréchal Pil-
sudski est de mettre un terme aux résis-
tances sourdes que mous n'avons cessé
de rencontrer en Pologne dans toutes
nos tentatives de réorganisation admi-
nistrative, économique ou militaire.
, ô *
* *
'———————°— —————————'
A nos Lecteurs
e
LA QUESTION POLONAISE
Nous recommandons à l'atten-
tion de nos lecteurs une série de
notes que nous allons publier sur
la situation vraie de la Pologne.
Ces notes originales — dont la
première est consacrée au maréchal
Pilsudski — émanent d'une person-
nalité française qui vient de passer
deux années en Pologne, dans un
poste où elle a pu former — de pre-
..itiière main — une documentation
JI'> ,. •
aussi précise que précieuse.
L'opinion publique, l'opinion.
parlementaire en particulier, con-
naissent peu ou mal le véritable
aspect de la situation polonaise,
Dans l'intérêt même de la Polo-
gne et pour éviter que notre poli-
tique ne tâtonne et ne s'égare, le
moment est venu d'exposer précisé-
ment les faits et de montrer la
vérité.
On dit.
En Passant
Amitié diplomatique
Il est des expressions consacrées qu'on
emploie toujours, de façon variable, en telle
ou telle circonstance. et lorsque nous y
songeons un peu, lorsque nous en voulons
approfondir le sens, nous restons étonnés du
vague et même du vide des mots.
Ainsi, dès que l'un de nos « Premiers » se
rencontre avec une personnalité étrangère, il
est d'usage de dire qu'ils sont « tout à fait
enchantés l'un de l'autre », qu'il y a entre
eux une « grande sympathie », une « chaude
cordialité », etc., etc.
Bien sûr, apparemment cela existe —«■ c'est
Un effet de la plus stricte politesse - mais
mieux vaudrait, je.petise, qu'on n'en parlât
pas, car cela existe-t-il bien, autrement qu'en
apparence f.
Vous rappelez-vous les belles lettres qu'é
changèrent jadis notre président de la répu-
blique d'alors et le tzar .Nicolas ?. Que de
mots affectueux ! tendres même !. C'était
touchant !. Cependant, au moment ou tant
de' terribles malheurs s'afe-ttaient sur l'info*',
tuné tzar, a-t-on jamais mentionné que Mon-
sieur Poincaré ait beaucoup souffert dans
son amitié et qu'il ait versé des larmes de
compassion profonde ?. Non !. L'amitié
officielle, l'amitié diplomatique est réelle.
ment bien peu de chose !.
Ces jours derniers, le monde entier a eu
les yeux fixés sur notre président du conseil
et sur M. Lloyd George qui travaillaient en-
semble à la réfection du Grand Traité. On
les a vus à Paris, on les xeverra à Londres.
Naturellement ces Messieurs « son enchan-
tés l'un de l'autre ». On nous dit non seule-
ment qu'ils sympathisèrent très fort, mais
encore qu'ils se ressemblent comme deux
trères !. » *
Cela est très beau ! et tout de suite nous
en augurons qu'ils ne peuvent manquer de
s'entendre et de nous obtenir, de leurs confé-
rences, un résultat inespéré.
Mais, vraiment, faut-il y croire, oui ou
non ?. N'est-ce pas seulement une sympa-
thie officielle. illusoire ?.
Qui sait !
François Ier et Charles-Quint semblaient
fraterniser le jour de l'ouverture du camp du
Drap d'Or.
Et, si nous remontons plus haut parmi les
âges, Salomon et la reine de Saba sympathi-
saient plus délicieusement encore. Ce qui
n'empêcha pas le roi d'Israël d'être tout dé-
concerté et de changer un peu de sentiments
le jour où il s'aperçut que Balkis avait du
poil aux jambes.
Gab.
*S2e&2*
Aujourd'hui
Charité chrétienne
- *
M. l'abbé X, premier vicaire d'une ê>4U-
se de Paris, porte beau — mais il ne lJo/':tJ
pas bon.
Comme il marchandait quelques menus
objets, ces jours-ci, dans un grand magasin
de la rive droite, une vendeuse murmura à
une de ses collègues :
— Touchons du fer!
Elle croyait, dans sa candeur naïve, que
toucher du fer à la. vue d'un curé, portait
chance pour la vente.
Mais l'abbé X. ne l'entendait pas uvisi.
Il alla se plaindre à un inspectenr, exi-
geant que sa plainte montât jusqu'à la di-
rection, bien qu'il n'ignorât point que c'était
la renvoi à peu près certain de la « coupa-
ble ».
Deux heures plus tard, en effet, la ren-
deuse était mise à ta porte et jetée sur le
pave.
Ce beau trait de charité chrétienne méri-
tait d'être signalé à l'archevêque de Paris.
C'est chose faite, Monsieur l'abbé.
Le Tapin.
Toujours l'incohérence
L'on a dit aux commissions de la Cham-
bre et du Sénat les millions .que coûtaient
'à la France les expéditions de Syrie et de
Palestine. L'on a dit aussi la politique in-
''*uojnsfaiite et, trébuchante que, malgré
l'énergie montrée par le général Gouraud,
nous avions suivie en Orient. Mais ce
qu'on n'a pas dit assez, c'est que nos sol-
dats continuent, à être jetés dans ce gouf-
fre lointain où la guerre continue.
Comme on veut ménager la Métropole,
on a recours aux troupes noires. L'Afrique
orientale française, pendant la seule année
1920, a envové 23.000 hommes sur les di-
vers théâtres d'opérations extérieures.
Seulement, ces Africains étaient, jadis,
utiles aussi dans leur pays. Eux' partis,
c'est la main-d'œuvre qui diminue, l'ac-
tivité qui est paralysée, l'essor économi-
que de toute une colonie qui est entravé.
Le port de Dakar avait, en fin juillet, 23
navires en rade : le 10 décembre dernier,
il en avait, 3 ou 4. Sur les quais, plus de
travailleurs la 'vie s'arrête.
Le .cours de l'existence s'en ressent na-
turellement. Le riz, qui valait de 30 à 50
centimes le kilo il y a tsix moirt coûte
3 francs. Le vêtement indigène est passé
(11;) francs à 80 francs, tout l'épanouis-
sciant comme relat de notre colonie est
frappé: les hommes sont employés ail-
leurs.
Ce sont là choses auxquelles chez nous,
.nn ne songe pas assez. Tout se tient. Le
bien qu'on tente de faire ici est payé par
du mal qu'on fait là.
C'est le fait de la coupable incohérence
qui préside à notre politique. r
Quand s'en inquiétera-t-on ?
————— IWIHI «■
Que la baisse
est difficile à maintenir!
C'est toujours la même comédie.
Un produit a-t-il tendance à Ibaisser ? Im-
médiatement, le producteur, en le raréfiant,
entrave le mouvement en cours.
Ah ! l'on connaît trop bien la loi de l'of-
fre et de la demande chez les fournisseurs.
iHier encore, le fait s'est produit sur la
viande. A la baisse sensible de ces jours
derniers a succédé un nouveau sursaut de
hausse.
Pourquoi ?
Parce que le cultivateur, non pressé de
livrer ses bœufs et ses moutons, préfère
les garder que de les donner à un prix
moindre que celui auquel il est accoutumé.
Mais si les consommateurs tiennent bon
et n'achètent pas, un jour viendra tout de
même où, las de voir à l'étaible- des ibiètes
sur lesquelles ils comptaient, les paysans
les livreront.
On a dit, répété, pendant la guerre, que
la victoire serait à, celui des adversaires qui
tiendrait un quart-d'heure de plus que l'au-
tre.
Dans la lutte engagée entre le produc-
teur rapace et le consommateur tenace, la
formule peut être répétée.
Il faut donc que ce soit le brave public
qui tienne bon ; il n'en est pas à une res-
triction près.
La baisse couronnera sa patience.
Mais que c'est donc difficile de remonter
le courant 1
qb.
Notre Souscription
Nous insistons auprès de nos lecteurs
pour qu'ils nous adressent Tour obole en
faveur d'une GRANDE INFORTCNE.
Leur zèle se ralentit fâcheusement.
Notre devoir est de le stimuler en fai-
sant appel à leur esprit de solidarité
humaine.
EDITORIAL
Economies fâcheuses
__———— ,.
Entrevue du ministre
des finances et de son per-
sonnel..
Demande : angmenta-
tion des traitements.
Réponse : nécessité des
économies budgétaires.
Et de se séparer mécontents les uns
des autres.
Voilà qui n'est point pour remédier à
la crise profonde de la fonction publique.
L'administration française est comme
le. café de la du Barry : elle t. le
camp. 4
Le favoritisme, le traitement de fa-
mine — malaise moral et malaise phy-
sique — en chassent progressivement
l'élite. Bientôt, la fonction publique en
France, qui pouvait être donnée pour
modèle au monde, ne comportera plus
que les ratés et les impuissants.
Quel homme d'initiative intelligente
et d'énergie productrice se contenterait
d'un emploi médiocre qui ne lui donne
plus ni sécurité d'avenir, ni honneur,
ni profit ?
« Les affaires » (le vent de mercan-
tilisme soufflant) continueront d'écré-
mer - si j'ose dire — l'administra-
Non. française, et ce qui reste de l'os-
sature même de l'Etat se dissoudra à
son tour.
Voilà pour contribuer à fortifier les
intérêts particuliers contre le Bien pu-
blic et à affaiblir une société qui ne sait
plus retenir ses défenseurs naturels.
Le dissentiment qui s'est produit en-
tre le ministre des finances et son per-
sonnel s'ajoute aux autres 'rnanifeslta-
tions qui auraient dû frapper l'atten-
tion des pouvoirs publics.
Le système draconien des économies
ne vaut rien contre des nécessités vita-
les.
Un ministre des finances, digne de
sa fonction, ne doit pas être seulement
le couperet de la guillotine budgétaire.
Son génie doit s'appliquer, mieux qu'à
des restrictions de bout de chandelles.
à la création de ressources inédites, à
l'industrialisation des services sans
rendement, à la recherche d'une fisca-
lité nouvelle.
Au demeurant, le contrasie est pour
choquer l'équité populaire d'un minis-
ire qui reçoit annuellement 100,000
francs de l'Etat et Q00,000 francs de
société' financière, et qui chicane 10
francs par mois à des auxiliaires misé.
reux.
Quand on porte ceinture dorée, il ne
sied pas d'offrir à autrui que la bou-
cle.
"",II. eu muai.
L'ACTUALITÉ
L'Allemagne cherchera-t-elle.
A ÉLUDER SES DETTES?
—) ".0 (
M. Simons déclare au Reichstag ne pquvoir négocier sut
les bases de l'Entente. — Il fera des contre-propositions
■ ■ t M
* Les Allemands ne se mon-
trent pas très satisfaits des
décisions de la, conférence de
Paris. 1'ls poussent les hauts
cris, ne voulant rien savoir, de
ce qui a été fait.
« lté crient; donc ils paie-
- ront », disait Mazarin. Nous
avons au besoin des sanctions pour les
forcer, à s'exécuter. La belle affaire, si
nous ne comptons que sur les deux mil-
liards d'annuité, une aumône, pourt bour
cler notre budget.
Il y a un remède auquel ont pensé MM.
Lloyd George et Briand lorsqu'ils mettaient
la dernière main aux accords de Paris, la
mobilisation de notre créance sur. l'Alle-
magne en recourant à l'emprunt.
Mais, auparavant, le règlement des det-
tes interalliées va s'imposer, comme le
donnait à entendre M. Lloyd George.
La situation changerait du tout au tout.
La France doit cinquante milliards à l'A-
mérique, vingt-cinq à l'Angleterre et quel-
ques autres à des neutres. L'Angleterre,
pour son compte, s'est passablement en-
dettée aussi de l'autre côté de l'Atlanti-
que.
Je crois bien, si mes informations sont
exactes, que la venue de l'ambassadeur
d'Angleterre à Washington n'était pas non
plus tout à fait étrangère à celte situation.
If apparaît donc que l'Amérique. absente
de la conférence de Paris,devient un /acteur
de premier ordre dès qu'il s'agit de liqui-
der la dette de l'Allemagne.
Nous aurions le plus grand tort de nous
mettre, nous ou les Anglais, les Amé-
ricains à dos en ayant l'air de vouloir con-
sidérer l'Amérique comme une quantité
négligeable
Les Américains ne nous sont d'ailleurs
nullement défavorables, ne possédant nulle
part des intérêts qui entrent en collision
avec les nôtres.
Il n'en- est peut-être pas tout à fait de
même en ce qui regarde nos voisins. D'où
lite. courant lentement en faveur du relève-
ment de la France et que souligne déjà le
fait que té Trésor américain a renoncé
spontanément, au paiement des intérêts que
nous lui devions.
Ce courant' va même plus loin en propo-
sant d'annuler purement et simplement la
dette inscrite à notre compte.
Je sais bien que ce n'est pas encore fait
et c'est pourquoi je trouve éminemment
utile de reproduire les lignes si patrioti-
ques qu'écrivait ici Olivier Guiheneuc :
« Nous éprouvons le besion de nous ap-
puyer sur des alliés robustes. Pourquoi pas
les Etats-Unis. ? »
C'était vrai avant la. conférence et c'est
encore plus juste après. L'amitié améri-
caine nous a valu la victoire.
Louis BRESSE.
ILS RESISTENT
Il *——
La presse allemande continue de fulmi-
ner contre l'accord du 29 janvier.
La Taegliche Rundschau écrit à ce sujet
sur la conférence de Paris : « Pas un hom-
me d'Etat allemand ne pourrait se résou-
dre à apposer sa signature sons ces pro-
positions. Nous ne pouvons pas consentir,
à discuter sur ces bases. Nous devons exi-
ger qllP le peu de droits que le traité de
Versailles nous a laissés soit respectés. Le
gouvernement adoptera probablement ce
point de vue à la séance du Reichstag et
il fera une déclaration dans ce sens. »
Le Vorwaerls déclare que le dernier mot
n'a nas encore été dit dans la question des
sommes à payer par l'Allemagne :
» Nous ne pourrons pas êtilè forcés à
Londres de signer une nouvelle conven-
tion à la manière de Spa. Aucun gouverne-
ment allemand n'acceptera les proposi-
tions de Paris, car, en Allemagne, il n'y a
personne nui les considère comme exécu-
tables. L'Ententp devra renoncer à un env
gagement consenti. Cet. engagement serait
plus agréable à la France, qui devra se
contenter de dicter des ordres si on ne
trouve nag à Londres une autre base de
négociations. Il
Le Vorwaerts essaie de démontrer que
les décisions de Paris dépassent de beau-
coup les droits que le traité de Versailles
conférait aux Alliés. -
Avant la séance du Reichstag
Comme nous l'avions annoncé, le Reichs
tag s'est, réuni hier après-midi pour exa-
miner la note des Alliés.
Avant la séance, les pourparlers entre la
ministre des affaires étrangères et les
chefs de partis se sont poursuivis toute la
matinée en vue d'une entente sur l'attitude
à observer au cours des débats.
En même temps, la commission des
affaires étrangères étudiait les notifica.
tions de l'Entente.
L'impression assez générale était qu'en
présence de la situation actuelle, il conve-
nait d'élargir la base du gouvernement
par l'entrée des socialistes majoritaires
dans le cabinet. Toutefois, rien n'indi
quait encore que ceux-ci fussent disposés
à prendre une part des responsabilités.
'()'un autre côté, on annonçait que Mi
Simons avait offert sa démission, la veille,
au cours de la séance du cabinet d'Em-
pire. Il avait exposé qu'en prenant la di
rectlon des affaires étrangères, son pr.
gramme comportait l'exécution du traita
de paix jusqu'à l'extrême limite du possi-
ble et que les décisions prises à Paris ren-
daient impossible l'exécution du traité.
Sur les instances de ses collègues, M
Simons avait retiré sa démission.
Cette information fut démentie par lo
suite.
On apprenait enfin que l'ambassadeur
de France, M. Laurent, avait, eu un entre- (
tien, au ministère des affaires étrangères, :
avec M. Simons. et que M. Bergmann
avait été rappelé à Berlin pour faire 111)
rapport au gouvernement sur les pégoeia
lions poursuivies à Paris.
LA SÉANCE
Berlin refuse de négocier
sur les bases de l'Entente
Berlin, 1er février. -- La séance d'au-
jourd'hui avait attiré au dehors quelques
curieux. Les tribunes sont pleines ; tous
les ministres sont présents.
A 4 h. 30, la séance s'ouvre et M. Si
mons, ministre des affaires étrangères,
donne lecture de la déclaration gouverne-
mentale.
Après un bref exposé historique, il mani.
feste la plus vive surpris. de ¡'i¡t¡andlln
brusque du projet Seydoux, préconisé. PHI'
les représentants de la France et de l'An.
gleterre et justifie le gouveru^an-ni ..u
reproche de n'avoir rien proposé en rap-
peJant les propositions faites par lui à Spa,
propositions fatalement un peu vagues, vu
les nombreux éléments dlincertitude jac
tUG!c.
'M. Simons qualifie - la note de l'Entente
de « résultat précipité d'une négociation dif-
ficile. »
Très Ibref sur le désarmement, il déclara
que le gouvernement exécutera loyalement
ses obligations et va prendre contact avec
les gouvernements des Etats allemands.
La question des réparations est ensuite
longuement traitée.
La déclaration gouvernementale lue pat
M. Simons constitue une longue critique
des décisions .te. l'Entente et formule en
terminant les précisions suivantes :
c N'ayant pas encore reçu d'invitation à
la conférence de Londres, le gouvernement
allemand ne peut ni refuser ni accepter d'y
participer, mais il déclare dès maintenant,
qu'il se refuse à négocier sur la base 'd.è.
décisions de l'Entente et qu'il va formule
des contre-propositions. »
En deuxième page :
LA DISCUSSION DU BUDGET
Une intervention de M. Archimbaud
En Dernière Heure ":
LA SEANCE DU REICHSTAG
(Suite)
11,
Il y a complot
dit le Parquet
ET QUATRE DES COMMUNISTES
SONT ECROUÉS
A force de chercher, de perquisitionner
et de compulser les documents saisis, le
complot bolcheviste qui se tramait contre
notre régime a finalement été découvert.
Et, comme un complot ne peut être ourdi
saoïs conspirateurs, on en a trouvé quatwe
parmi ceux que la police avait gardés à sa
disposition à la suite dies perquisitions que
lion sait.
Nommons-les : Radami Voullevitch, Vel-
lezar Kossanovitcih, Milan Guenativitdh,
tous trois sujets serbes, et Louis Keim, dit
Ker, collaborateur à la « Vie Commune ».
Inculpés de crime contre la sûreté inté-
rieure de l'Etat et d'infraction à la loi de
1894 sur les menées anarchistes, ces qua-
tre communistes ont été mis à la disposi-
tion de M. Jousselin, qui leur a fait subur,
dans la .soirée, l'interrogatoire d'identifié.
Ils ont, ensuite, pris le chemin de la Santé.
Quant aux autres étrangers, compris
dasns le récent coup de filet, ils feront "/}IHfi
doute l'objet d'arrêtés d'expulsion.
L'assassinat
de M. Bessarabo
SA UEUUE DÉCLARE AU JUGE
ÊTRE SEULE COUPABLE
Hieir, en présence de M" Campinchi e,
Cuvillier-Lhéritier, Mme Bessarabo a été
interrogée de 2 à 5 h. 30 par M. Bonin.
Il s'agissait, pour le magistrat, de savoir
qui, de la mère ou de la fille, avait tué
M. Bessarabo.
— A deux reprises, lui dit le magistrat,
vous avez déclaré être l'auteur de la mort.
Maintenez-vous ces affirmations ?
Mme Bessarabo baisse les yeux et arde
le silence ; puis, d'une voix calme* :
— Je suis accusée d'avoir_ tué et volé
c'est à vous d'en faire la preuve.
— Ce n'est pas la question : maintenez
vous vos déclarations ?
Après un silence :
- Je reconnais ce que j'ai dit.
- Ce qui importe, ce qui est. capital,
c'est de savoir si vous êtes la meurtrière.
Ici, Mme Bessarabo se trouble ; elle de-
mande à consulter ses avocats, ce qui lui
est accordé.
Après dix minutes d'interruption, l'in.
terrogatoire reprrnd. Dès la reprise, l'in-
culpée déclare :
— Je suis Ja seule coupable.
v Fondateur* (1369): h
il* VICTOR HUGO H 1
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Sixmois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 a 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. , 41 » 22 » 11 »
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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Li LEON ARCHIMBAUD
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TRIBUNE LIBRE
'ne
Le maréchal Pilsudski
) ( —f
Le maréchal Pilsudski,
généralisme et chef de
l'Etat polonais, va être
l'hôte de la France.
Que nos compatriotes
qui ne connaissent la Po-
logne que par la légende —
et ils sont légion -=- ne s'attendent pas
à voir débarquer un personnage vêtu
d'un somptueux costume oriental. Le
maréchal affecte dans sa mise une ex-
trême simplicité : point de lévite de ve-
lours ni de ceinture de soie aux cou-
leurs voyantes,point de chapska ni d'ai-
grette ; dans la vie quotidienne, comme
dans les plus grandes solennités, Jo-
zef Pilsudski est invariablement habillé
petite- casqpifiUe plate grise,
d'une vareuse courte en drap grils-bleu
à boutons de corne, .d'un pantalon noir
à passepoil rouge. Nul autre insigne
que la croix du « Virtitu militari »,
l'unique et antique ordre polonais ; um
grand sabre — gigantesque — et des
Éperons qui tintent, quand claquent ses
talons, sont les seuls signes tangibles de
Sa haute dignité militaire.
Sa physionomie est connue : cheveux
tn brosse, à peine grisonnants, regard
d'une implacable dureté et quelque
peu faux sous des sourcils en broussail-
le, moustaches hérissées aux pointes
tombantes, mâchoire carrée et massive
dénotant une invincible volonté ; d'une
taille au-dessus de la moyenne, la pa-
role brève, le geste saccadé, tel appa-
raît celui qui préside aux destinées de
la Pologne.
Jozef Pilsudski est né en novembre
1S67 aux environs de Wilna, d'une fa-
mille noble ruinée par l'insurrection de
1863 et d'imprudentes tentatives indus-
trielles. Mis au gymnase de Wilna avec
son frère Bronislaw, le jeune Jozef,
surnommé « Zing », s'y montre détes-
table élève, paresseux, entêté, rebelle à
toute discipline. En cachette, il lit tous
les ouvrages qu'il peut se procurer sur
Napoléon, son idole, qu'il rêve déjà d'é-
galer -un jour. Plein d'ascendant sur ses
jeunes camarades, il fonde parmi eux
son club secret à tendances révolution-
naires, nihilistes même..
En 1885, Pilsudski, reçu bachelier,
quitte Wilna pour l'Université de Cra-
covie où il commence des études die mé-
decine. C'est le début pour lui d'une
existence agitée, pleine d'avatars. Imbii
des théories de Tolstoï, Dostoïewski,
il fréquente plus les clubs que l'amphi-
théâtre. Expulsé de l'Université pour
la part qu'il a prise à un complot, il
retourne à Wilna d'où, de nouveau
compromis dans une conspiration con-
tre le tsar, il est déporté en Sibérie.
Gracié cimq ans après, en 1892, il re-
vient à Wilna, plus exalté que jamais.
Sa mère, en mourant, lui a laissé quel-
ques ressources : il les consacre a la
formation d'un parti dont il sera le
chef, le parti polonais socialiste, et à
la création d'un journal révolution-
naire, Robotnik,
C'est à ce moment qu'il fait la con-
naissance de Roman Dmowski, le chef
du parti national polonais — modéré
ft conservateur — et entre en conflit
avec lui. Dmowski refusant de le sui-
vre dans une voie qu'il estime nuisible
aux intérêts de la Pologne. Pilsudski:
en effet, mu par la haine du Russe, ce
qui sera la règle de toute sa vie, rêve
de déclencher en Russie ùne formidable
insurrection. Dans ce but, il se rend à
Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiew, Odes-
sa, pendant que le Robotnik, traqué par
ta police, paraît à Lodz. Arrêté et de
nouveau déporté en Sibérie, il réussit
à s'évader et se réfugie à Londres. En
1902, il se fixe à Cracovie d'où, dit-on,
* il dirige des bandes armées qui, pen-
dant de longs mois, se livrent à de mys-
térieux attentats contre les trains et les
convois russes. \> Í" .1 -4
En 1905, la guerre russo-japonaise
lui semble une occasion favorable pour
reprendre son projet de soulèvement en
Russie et il se rend au Japon pour y de-
mander aide et subsides. Il échoue, à
a suite d'une nouvelle intervention de
Dmowski, et regagne Cracovie où il
tente la création d'une organisation se
crête militaire parmi les étudiants po-
lonais de Galicie.
En 4914, l'Autriche mobilise les lé-
gions polonaises qui forment trois bri-
gades et combattent, dans les rangs des
centraux, contre l'armée russe. Pilsuds-
Jd reçoit, avec le grade de major (chef
île bataillon) le commandement d'une
ria ces brigades.
Après la chute de Varsovie, les lÚ-
tforts polona-ises sont désignées pour
former le noyau de l'armée polonaise
dont l'Allemagne a décidé la création.
Elles sont, dans ce but, transportées à
Varsovie où elleis prêtent serment au
« gouvernement général de Varsovie ».
On connaît l'échec de cette tentative ;
sauf quelques défaillances individuelles,
les Polonais ne cédèrent ni aux promes-
ses ni aux menaces allemandes. « Les
Allemands, écrivit à cette occasion le
colonel Feyler, ont pu, une fois de plus,
conquérir du terrain : une fois de plus,
ils n'ont pas réussi à conquérir des
hommes. Après Anvers, Varsovie. » Que
se passa-t-il alors entre Pilsudski et von
Baseler, le gouverneur général de Var-
sovie ? Il est assez difficile dte le sa-
voir de façon précise. Partisans et ad-
versaires du maréchal — et ces der-
niers sont nombreux — ont, à ce sujet,
chacun une version différente. Toujours
est-il que Pilsudski dut quitter Varsovie
et fut kiterné en Allemagne. Il y resta
jusqu'au moment de la débâcle alle-
mande finale. A ce moment, ramené par
train spécial, il eut une brève entrevue
avec von Baseler. Le lendemain, le gou-
vernement général et les troupes alle-
mandes quittaient Varsovie avec armes
et bagages et Pilsudski se proclamait
chef de l'Etat polonais et généralissime.
Une Diète hâtivement convoquée quel-
ques jours après le confirmait dans ce
double titre et, en mai dernier, après la
prise de Kiew, le général Pilsudski re-
cevait de ses troupes le titre de ma-
réchal de Pologne.
Quel a été son rôle comme chef
d'Etat depuis près de deux ans ? II
serait prématuré de formuler un juge-
ment quelconque et surtout difficile d'e
le faire avec impartialité, car, si ses
partisans le portent aux mues et le com-
parent volontiers à un Napoléon, ses
adversaires qui sont nombreux, peut-
être les deux tiers de la Pologne culti-
vée, le jugent et l'apprécient avec une
particulière sévérité. Certes, la tâche
qui lui incombe est lourde et dure,
sans précédent dans l'Histoire. Cela
suffit à expliquer pourquoi l'avenir de
la Pologne est encore si incertain.
Le maréchal Pilsudski est-il un fran-
cophile ardent ? On n'oserait se pro-
noncer. Mais ce que nous ne devons pas
ignorer, c'est que, dans son entourage
immédiat, certains de ses intimes com-
me Sosnkowski, Sokoluicki et autres
ne le sont pas. La preuve en est dans
l'échec complet de la mission du géné-
ral Henrys, daps les difficultés et les
résistances qu'éprouve son successeur
pour faire adopter nos idées et nos mé-
thodes, dans le peu d'enthousiasme
avec lequel nos instructeurs sont écou-
tés, dans l'âpreté avec laquelle est dis-
euté le rôle joué par nos officiers en
juillet et août dernier, et qui pourtant
sauva la Pologne.
Duraat son séjour parmi nous, le ma-
réchal va sans doute aborder un grand
nombre de questions importantes, no-
tamment la convention militaire proje-
tée entre la France et la Pologne. Celte
convention répond à la fois à notre dé-
sir de soutenir une fois de plus la Poj
logne et de nous assurer d'une « mar-
che » solide sur le flanc die la Prusse
orientale.
Mais ne soyons pas dupes, une fois
de plus, de notre idéalisme généreux.
Sachons pratiquer avec le maréchal
Pilsudski la politique très réaliste du
« donnant donnant ».
Notre assistance éventuelle à la Polo-
gne, sous quelque forme qu'elle se pro-
duise, doit être conditionnée par la for-
mation immédiate d'une solide armée
polonaise, instruite et encadrée par nos
soins.
Le premier gage de sincérité que
puisse nous donner le maréchal Pil-
sudski est de mettre un terme aux résis-
tances sourdes que mous n'avons cessé
de rencontrer en Pologne dans toutes
nos tentatives de réorganisation admi-
nistrative, économique ou militaire.
, ô *
* *
'———————°— —————————'
A nos Lecteurs
e
LA QUESTION POLONAISE
Nous recommandons à l'atten-
tion de nos lecteurs une série de
notes que nous allons publier sur
la situation vraie de la Pologne.
Ces notes originales — dont la
première est consacrée au maréchal
Pilsudski — émanent d'une person-
nalité française qui vient de passer
deux années en Pologne, dans un
poste où elle a pu former — de pre-
..itiière main — une documentation
JI'> ,. •
aussi précise que précieuse.
L'opinion publique, l'opinion.
parlementaire en particulier, con-
naissent peu ou mal le véritable
aspect de la situation polonaise,
Dans l'intérêt même de la Polo-
gne et pour éviter que notre poli-
tique ne tâtonne et ne s'égare, le
moment est venu d'exposer précisé-
ment les faits et de montrer la
vérité.
On dit.
En Passant
Amitié diplomatique
Il est des expressions consacrées qu'on
emploie toujours, de façon variable, en telle
ou telle circonstance. et lorsque nous y
songeons un peu, lorsque nous en voulons
approfondir le sens, nous restons étonnés du
vague et même du vide des mots.
Ainsi, dès que l'un de nos « Premiers » se
rencontre avec une personnalité étrangère, il
est d'usage de dire qu'ils sont « tout à fait
enchantés l'un de l'autre », qu'il y a entre
eux une « grande sympathie », une « chaude
cordialité », etc., etc.
Bien sûr, apparemment cela existe —«■ c'est
Un effet de la plus stricte politesse - mais
mieux vaudrait, je.petise, qu'on n'en parlât
pas, car cela existe-t-il bien, autrement qu'en
apparence f.
Vous rappelez-vous les belles lettres qu'é
changèrent jadis notre président de la répu-
blique d'alors et le tzar .Nicolas ?. Que de
mots affectueux ! tendres même !. C'était
touchant !. Cependant, au moment ou tant
de' terribles malheurs s'afe-ttaient sur l'info*',
tuné tzar, a-t-on jamais mentionné que Mon-
sieur Poincaré ait beaucoup souffert dans
son amitié et qu'il ait versé des larmes de
compassion profonde ?. Non !. L'amitié
officielle, l'amitié diplomatique est réelle.
ment bien peu de chose !.
Ces jours derniers, le monde entier a eu
les yeux fixés sur notre président du conseil
et sur M. Lloyd George qui travaillaient en-
semble à la réfection du Grand Traité. On
les a vus à Paris, on les xeverra à Londres.
Naturellement ces Messieurs « son enchan-
tés l'un de l'autre ». On nous dit non seule-
ment qu'ils sympathisèrent très fort, mais
encore qu'ils se ressemblent comme deux
trères !. » *
Cela est très beau ! et tout de suite nous
en augurons qu'ils ne peuvent manquer de
s'entendre et de nous obtenir, de leurs confé-
rences, un résultat inespéré.
Mais, vraiment, faut-il y croire, oui ou
non ?. N'est-ce pas seulement une sympa-
thie officielle. illusoire ?.
Qui sait !
François Ier et Charles-Quint semblaient
fraterniser le jour de l'ouverture du camp du
Drap d'Or.
Et, si nous remontons plus haut parmi les
âges, Salomon et la reine de Saba sympathi-
saient plus délicieusement encore. Ce qui
n'empêcha pas le roi d'Israël d'être tout dé-
concerté et de changer un peu de sentiments
le jour où il s'aperçut que Balkis avait du
poil aux jambes.
Gab.
*S2e&2*
Aujourd'hui
Charité chrétienne
- *
M. l'abbé X, premier vicaire d'une ê>4U-
se de Paris, porte beau — mais il ne lJo/':tJ
pas bon.
Comme il marchandait quelques menus
objets, ces jours-ci, dans un grand magasin
de la rive droite, une vendeuse murmura à
une de ses collègues :
— Touchons du fer!
Elle croyait, dans sa candeur naïve, que
toucher du fer à la. vue d'un curé, portait
chance pour la vente.
Mais l'abbé X. ne l'entendait pas uvisi.
Il alla se plaindre à un inspectenr, exi-
geant que sa plainte montât jusqu'à la di-
rection, bien qu'il n'ignorât point que c'était
la renvoi à peu près certain de la « coupa-
ble ».
Deux heures plus tard, en effet, la ren-
deuse était mise à ta porte et jetée sur le
pave.
Ce beau trait de charité chrétienne méri-
tait d'être signalé à l'archevêque de Paris.
C'est chose faite, Monsieur l'abbé.
Le Tapin.
Toujours l'incohérence
L'on a dit aux commissions de la Cham-
bre et du Sénat les millions .que coûtaient
'à la France les expéditions de Syrie et de
Palestine. L'on a dit aussi la politique in-
''*uojnsfaiite et, trébuchante que, malgré
l'énergie montrée par le général Gouraud,
nous avions suivie en Orient. Mais ce
qu'on n'a pas dit assez, c'est que nos sol-
dats continuent, à être jetés dans ce gouf-
fre lointain où la guerre continue.
Comme on veut ménager la Métropole,
on a recours aux troupes noires. L'Afrique
orientale française, pendant la seule année
1920, a envové 23.000 hommes sur les di-
vers théâtres d'opérations extérieures.
Seulement, ces Africains étaient, jadis,
utiles aussi dans leur pays. Eux' partis,
c'est la main-d'œuvre qui diminue, l'ac-
tivité qui est paralysée, l'essor économi-
que de toute une colonie qui est entravé.
Le port de Dakar avait, en fin juillet, 23
navires en rade : le 10 décembre dernier,
il en avait, 3 ou 4. Sur les quais, plus de
travailleurs la 'vie s'arrête.
Le .cours de l'existence s'en ressent na-
turellement. Le riz, qui valait de 30 à 50
centimes le kilo il y a tsix moirt coûte
3 francs. Le vêtement indigène est passé
(11;) francs à 80 francs, tout l'épanouis-
sciant comme relat de notre colonie est
frappé: les hommes sont employés ail-
leurs.
Ce sont là choses auxquelles chez nous,
.nn ne songe pas assez. Tout se tient. Le
bien qu'on tente de faire ici est payé par
du mal qu'on fait là.
C'est le fait de la coupable incohérence
qui préside à notre politique. r
Quand s'en inquiétera-t-on ?
————— IWIHI «■
Que la baisse
est difficile à maintenir!
C'est toujours la même comédie.
Un produit a-t-il tendance à Ibaisser ? Im-
médiatement, le producteur, en le raréfiant,
entrave le mouvement en cours.
Ah ! l'on connaît trop bien la loi de l'of-
fre et de la demande chez les fournisseurs.
iHier encore, le fait s'est produit sur la
viande. A la baisse sensible de ces jours
derniers a succédé un nouveau sursaut de
hausse.
Pourquoi ?
Parce que le cultivateur, non pressé de
livrer ses bœufs et ses moutons, préfère
les garder que de les donner à un prix
moindre que celui auquel il est accoutumé.
Mais si les consommateurs tiennent bon
et n'achètent pas, un jour viendra tout de
même où, las de voir à l'étaible- des ibiètes
sur lesquelles ils comptaient, les paysans
les livreront.
On a dit, répété, pendant la guerre, que
la victoire serait à, celui des adversaires qui
tiendrait un quart-d'heure de plus que l'au-
tre.
Dans la lutte engagée entre le produc-
teur rapace et le consommateur tenace, la
formule peut être répétée.
Il faut donc que ce soit le brave public
qui tienne bon ; il n'en est pas à une res-
triction près.
La baisse couronnera sa patience.
Mais que c'est donc difficile de remonter
le courant 1
qb.
Notre Souscription
Nous insistons auprès de nos lecteurs
pour qu'ils nous adressent Tour obole en
faveur d'une GRANDE INFORTCNE.
Leur zèle se ralentit fâcheusement.
Notre devoir est de le stimuler en fai-
sant appel à leur esprit de solidarité
humaine.
EDITORIAL
Economies fâcheuses
__———— ,.
Entrevue du ministre
des finances et de son per-
sonnel..
Demande : angmenta-
tion des traitements.
Réponse : nécessité des
économies budgétaires.
Et de se séparer mécontents les uns
des autres.
Voilà qui n'est point pour remédier à
la crise profonde de la fonction publique.
L'administration française est comme
le. café de la du Barry : elle t. le
camp. 4
Le favoritisme, le traitement de fa-
mine — malaise moral et malaise phy-
sique — en chassent progressivement
l'élite. Bientôt, la fonction publique en
France, qui pouvait être donnée pour
modèle au monde, ne comportera plus
que les ratés et les impuissants.
Quel homme d'initiative intelligente
et d'énergie productrice se contenterait
d'un emploi médiocre qui ne lui donne
plus ni sécurité d'avenir, ni honneur,
ni profit ?
« Les affaires » (le vent de mercan-
tilisme soufflant) continueront d'écré-
mer - si j'ose dire — l'administra-
Non. française, et ce qui reste de l'os-
sature même de l'Etat se dissoudra à
son tour.
Voilà pour contribuer à fortifier les
intérêts particuliers contre le Bien pu-
blic et à affaiblir une société qui ne sait
plus retenir ses défenseurs naturels.
Le dissentiment qui s'est produit en-
tre le ministre des finances et son per-
sonnel s'ajoute aux autres 'rnanifeslta-
tions qui auraient dû frapper l'atten-
tion des pouvoirs publics.
Le système draconien des économies
ne vaut rien contre des nécessités vita-
les.
Un ministre des finances, digne de
sa fonction, ne doit pas être seulement
le couperet de la guillotine budgétaire.
Son génie doit s'appliquer, mieux qu'à
des restrictions de bout de chandelles.
à la création de ressources inédites, à
l'industrialisation des services sans
rendement, à la recherche d'une fisca-
lité nouvelle.
Au demeurant, le contrasie est pour
choquer l'équité populaire d'un minis-
ire qui reçoit annuellement 100,000
francs de l'Etat et Q00,000 francs de
société' financière, et qui chicane 10
francs par mois à des auxiliaires misé.
reux.
Quand on porte ceinture dorée, il ne
sied pas d'offrir à autrui que la bou-
cle.
"",II. eu muai.
L'ACTUALITÉ
L'Allemagne cherchera-t-elle.
A ÉLUDER SES DETTES?
—) ".0 (
M. Simons déclare au Reichstag ne pquvoir négocier sut
les bases de l'Entente. — Il fera des contre-propositions
■ ■ t M
* Les Allemands ne se mon-
trent pas très satisfaits des
décisions de la, conférence de
Paris. 1'ls poussent les hauts
cris, ne voulant rien savoir, de
ce qui a été fait.
« lté crient; donc ils paie-
- ront », disait Mazarin. Nous
avons au besoin des sanctions pour les
forcer, à s'exécuter. La belle affaire, si
nous ne comptons que sur les deux mil-
liards d'annuité, une aumône, pourt bour
cler notre budget.
Il y a un remède auquel ont pensé MM.
Lloyd George et Briand lorsqu'ils mettaient
la dernière main aux accords de Paris, la
mobilisation de notre créance sur. l'Alle-
magne en recourant à l'emprunt.
Mais, auparavant, le règlement des det-
tes interalliées va s'imposer, comme le
donnait à entendre M. Lloyd George.
La situation changerait du tout au tout.
La France doit cinquante milliards à l'A-
mérique, vingt-cinq à l'Angleterre et quel-
ques autres à des neutres. L'Angleterre,
pour son compte, s'est passablement en-
dettée aussi de l'autre côté de l'Atlanti-
que.
Je crois bien, si mes informations sont
exactes, que la venue de l'ambassadeur
d'Angleterre à Washington n'était pas non
plus tout à fait étrangère à celte situation.
If apparaît donc que l'Amérique. absente
de la conférence de Paris,devient un /acteur
de premier ordre dès qu'il s'agit de liqui-
der la dette de l'Allemagne.
Nous aurions le plus grand tort de nous
mettre, nous ou les Anglais, les Amé-
ricains à dos en ayant l'air de vouloir con-
sidérer l'Amérique comme une quantité
négligeable
Les Américains ne nous sont d'ailleurs
nullement défavorables, ne possédant nulle
part des intérêts qui entrent en collision
avec les nôtres.
Il n'en- est peut-être pas tout à fait de
même en ce qui regarde nos voisins. D'où
lite. courant lentement en faveur du relève-
ment de la France et que souligne déjà le
fait que té Trésor américain a renoncé
spontanément, au paiement des intérêts que
nous lui devions.
Ce courant' va même plus loin en propo-
sant d'annuler purement et simplement la
dette inscrite à notre compte.
Je sais bien que ce n'est pas encore fait
et c'est pourquoi je trouve éminemment
utile de reproduire les lignes si patrioti-
ques qu'écrivait ici Olivier Guiheneuc :
« Nous éprouvons le besion de nous ap-
puyer sur des alliés robustes. Pourquoi pas
les Etats-Unis. ? »
C'était vrai avant la. conférence et c'est
encore plus juste après. L'amitié améri-
caine nous a valu la victoire.
Louis BRESSE.
ILS RESISTENT
Il *——
La presse allemande continue de fulmi-
ner contre l'accord du 29 janvier.
La Taegliche Rundschau écrit à ce sujet
sur la conférence de Paris : « Pas un hom-
me d'Etat allemand ne pourrait se résou-
dre à apposer sa signature sons ces pro-
positions. Nous ne pouvons pas consentir,
à discuter sur ces bases. Nous devons exi-
ger qllP le peu de droits que le traité de
Versailles nous a laissés soit respectés. Le
gouvernement adoptera probablement ce
point de vue à la séance du Reichstag et
il fera une déclaration dans ce sens. »
Le Vorwaerls déclare que le dernier mot
n'a nas encore été dit dans la question des
sommes à payer par l'Allemagne :
» Nous ne pourrons pas êtilè forcés à
Londres de signer une nouvelle conven-
tion à la manière de Spa. Aucun gouverne-
ment allemand n'acceptera les proposi-
tions de Paris, car, en Allemagne, il n'y a
personne nui les considère comme exécu-
tables. L'Ententp devra renoncer à un env
gagement consenti. Cet. engagement serait
plus agréable à la France, qui devra se
contenter de dicter des ordres si on ne
trouve nag à Londres une autre base de
négociations. Il
Le Vorwaerts essaie de démontrer que
les décisions de Paris dépassent de beau-
coup les droits que le traité de Versailles
conférait aux Alliés. -
Avant la séance du Reichstag
Comme nous l'avions annoncé, le Reichs
tag s'est, réuni hier après-midi pour exa-
miner la note des Alliés.
Avant la séance, les pourparlers entre la
ministre des affaires étrangères et les
chefs de partis se sont poursuivis toute la
matinée en vue d'une entente sur l'attitude
à observer au cours des débats.
En même temps, la commission des
affaires étrangères étudiait les notifica.
tions de l'Entente.
L'impression assez générale était qu'en
présence de la situation actuelle, il conve-
nait d'élargir la base du gouvernement
par l'entrée des socialistes majoritaires
dans le cabinet. Toutefois, rien n'indi
quait encore que ceux-ci fussent disposés
à prendre une part des responsabilités.
'()'un autre côté, on annonçait que Mi
Simons avait offert sa démission, la veille,
au cours de la séance du cabinet d'Em-
pire. Il avait exposé qu'en prenant la di
rectlon des affaires étrangères, son pr.
gramme comportait l'exécution du traita
de paix jusqu'à l'extrême limite du possi-
ble et que les décisions prises à Paris ren-
daient impossible l'exécution du traité.
Sur les instances de ses collègues, M
Simons avait retiré sa démission.
Cette information fut démentie par lo
suite.
On apprenait enfin que l'ambassadeur
de France, M. Laurent, avait, eu un entre- (
tien, au ministère des affaires étrangères, :
avec M. Simons. et que M. Bergmann
avait été rappelé à Berlin pour faire 111)
rapport au gouvernement sur les pégoeia
lions poursuivies à Paris.
LA SÉANCE
Berlin refuse de négocier
sur les bases de l'Entente
Berlin, 1er février. -- La séance d'au-
jourd'hui avait attiré au dehors quelques
curieux. Les tribunes sont pleines ; tous
les ministres sont présents.
A 4 h. 30, la séance s'ouvre et M. Si
mons, ministre des affaires étrangères,
donne lecture de la déclaration gouverne-
mentale.
Après un bref exposé historique, il mani.
feste la plus vive surpris. de ¡'i¡t¡andlln
brusque du projet Seydoux, préconisé. PHI'
les représentants de la France et de l'An.
gleterre et justifie le gouveru^an-ni ..u
reproche de n'avoir rien proposé en rap-
peJant les propositions faites par lui à Spa,
propositions fatalement un peu vagues, vu
les nombreux éléments dlincertitude jac
tUG!c.
'M. Simons qualifie - la note de l'Entente
de « résultat précipité d'une négociation dif-
ficile. »
Très Ibref sur le désarmement, il déclara
que le gouvernement exécutera loyalement
ses obligations et va prendre contact avec
les gouvernements des Etats allemands.
La question des réparations est ensuite
longuement traitée.
La déclaration gouvernementale lue pat
M. Simons constitue une longue critique
des décisions .te. l'Entente et formule en
terminant les précisions suivantes :
c N'ayant pas encore reçu d'invitation à
la conférence de Londres, le gouvernement
allemand ne peut ni refuser ni accepter d'y
participer, mais il déclare dès maintenant,
qu'il se refuse à négocier sur la base 'd.è.
décisions de l'Entente et qu'il va formule
des contre-propositions. »
En deuxième page :
LA DISCUSSION DU BUDGET
Une intervention de M. Archimbaud
En Dernière Heure ":
LA SEANCE DU REICHSTAG
(Suite)
11,
Il y a complot
dit le Parquet
ET QUATRE DES COMMUNISTES
SONT ECROUÉS
A force de chercher, de perquisitionner
et de compulser les documents saisis, le
complot bolcheviste qui se tramait contre
notre régime a finalement été découvert.
Et, comme un complot ne peut être ourdi
saoïs conspirateurs, on en a trouvé quatwe
parmi ceux que la police avait gardés à sa
disposition à la suite dies perquisitions que
lion sait.
Nommons-les : Radami Voullevitch, Vel-
lezar Kossanovitcih, Milan Guenativitdh,
tous trois sujets serbes, et Louis Keim, dit
Ker, collaborateur à la « Vie Commune ».
Inculpés de crime contre la sûreté inté-
rieure de l'Etat et d'infraction à la loi de
1894 sur les menées anarchistes, ces qua-
tre communistes ont été mis à la disposi-
tion de M. Jousselin, qui leur a fait subur,
dans la .soirée, l'interrogatoire d'identifié.
Ils ont, ensuite, pris le chemin de la Santé.
Quant aux autres étrangers, compris
dasns le récent coup de filet, ils feront "/}IHfi
doute l'objet d'arrêtés d'expulsion.
L'assassinat
de M. Bessarabo
SA UEUUE DÉCLARE AU JUGE
ÊTRE SEULE COUPABLE
Hieir, en présence de M" Campinchi e,
Cuvillier-Lhéritier, Mme Bessarabo a été
interrogée de 2 à 5 h. 30 par M. Bonin.
Il s'agissait, pour le magistrat, de savoir
qui, de la mère ou de la fille, avait tué
M. Bessarabo.
— A deux reprises, lui dit le magistrat,
vous avez déclaré être l'auteur de la mort.
Maintenez-vous ces affirmations ?
Mme Bessarabo baisse les yeux et arde
le silence ; puis, d'une voix calme* :
— Je suis accusée d'avoir_ tué et volé
c'est à vous d'en faire la preuve.
— Ce n'est pas la question : maintenez
vous vos déclarations ?
Après un silence :
- Je reconnais ce que j'ai dit.
- Ce qui importe, ce qui est. capital,
c'est de savoir si vous êtes la meurtrière.
Ici, Mme Bessarabo se trouble ; elle de-
mande à consulter ses avocats, ce qui lui
est accordé.
Après dix minutes d'interruption, l'in.
terrogatoire reprrnd. Dès la reprise, l'in-
culpée déclare :
— Je suis Ja seule coupable.
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