Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-02-01
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1921 01 février 1921
Description : 1921/02/01 (N18315). 1921/02/01 (N18315).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7552826m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
12 PLUVIOSE, AN 129. - 18.315.
t& nwaàro : QUINZE CBNTIM&I
MARDI 1er FEVRIER 1921. - Nn 18.315.
Fondateurs (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER .,. 49 » 25 » 13 »
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Bûaactaar en chef 8
i LEON ARCHIMBAUD
DEPUTE
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TRIBUNE LIBRE
»
Faut-il être optimiste?
) (
Nous avons passé par les
émotions les plus diverses
pendant toute la durée du
Conseil suprême. D'abord,
tout allait très mal : on
n'entendait et on ne lisait
que des notes pessimistes.
Désaccords entre le Premier français et
le Premier anglais, manque d'accord
au sein de la délégation française. M.
Lloyd George se retirait sous sa teinte
pendant vingt-quatre heures, laissant
à une commission, dont il ne 'voulait
personnellement pas faire partie et que
présidait M. Briand, le soin de débrouil-
ler 1 echeveau fort embrouillé et de
trouver des solutions et des formules
d'entente.. ,\!" --
Au pessimisme, brusquement, ont suc-
cédé l'optimisme et l'enthousiasme. En
un tournemain, dans une nuit, tout s'é-
tait arrangé, toutes les questions se
trouvaient, sinon résolues, du moins
orientées vers des solutions définitives —
ainsi s'exprime le communiqué officiel.
M. Lloyd George est enchanté de M.
Briand et explique que. s'il l'a quelque
peu tarabusté, c'était uniquement pour
non bien et à cause de la grande affec-
tion qu'il lui porte. M. Briand est ravi
'de son collègue anglais, des Belges et
de tout le monde, et tout le monde, en
lisant le communiqué qui donne les ré-
sultats de la Conférence, est également
iravi ou paraît l'être.
Pour augmenter notre joie, on nous
affirme que les Allemands seront fort
mécontents.
Tout est bien qui finit bien. La Confé-
rence a bien fini,. rien n'est cassé ;
l'entente s'est faite : le front unique des
Alliés est reconstitué ! Il y manque ce-
pendant les Etats-Unis. Cette lacune
n'est peut-être pas sans inconvénients :
» ce trou, dans le front, est regrettable.
'Mais la perfection n'est pas de ce mon-
ide. Il y a toujours quelque ombre au
tableau. Quand on pense combien ce ta-
bleau était obscur au début des travaux
(lu Conseil suprême et combien il s'est
éclairci, l'ombre que continue à projeteï
sur lui l'attitude des Etats-Unis peai-
être tenue pour presque négligeable.
Cette fois, c'est une affaire entendue.
nous tenons l'Allemagne. Elle va être
bbligée de payer et de désarmer effec-
tivement. *
Nous voici donc, enfin, autorisés à
être optimistes, puisque tout ce qui fait
autorité nous en donne le conseil et
l'exemple. Soyons optimistes. Mais l'op-
timisme ne doit pas cependant aller
jusqu'au parti pris de ne rien discuter.
Nous serons d'autant plus optismistes
que mous nous serons mieux rendu
compte, par une étude attentive des
faits, que ceux-ci justifient pleinement
notre optimisme.
Voyons un peu quels sont les résultats
ie la Conférence dont nous avons lieu
de nous réjouir sincèrement.
Malgré les pronostics fâcheux, au-
cune rupture ne s'est produite entre
les Alliés. Les membres du Conseil su-
prême se sont quittés en parfait ac-
cord, en se donnant rendez-vous à Lon-
dres pour le mois prochain. Avoir réussi
à éviter un mal dangereux, c'est évi-
demment un bien. Il faut mettre ce bien
a factif de ceux à qui il est dû. Il
feemble qu'on doive en attribuer le prin-
cipal mérite à l'habileté manœuvrière
Ide notre président du conseil. Il faut
J'en féliciter.
On peut tenir également pour un ré-
sultat heureux le fait d'être arrivé à
Ides précisions sur le chiffre de la dette
allemande et sur les modalités de paie-
ment. On discutait depuis longtemps à
ce sujet : l'entente est faite.
Les Alliés recevront 226 milliards en
;42 annuités fixes. A ces annuités.fixes
doivent s'ajouter des annuités variables
demandées à un prélèvement de 12
ad valorem sur le montant des exporta-
tions allemandes. Ce système est ingé-
nieux : il ne reste plus qu'à savoir s'il
sera pratique.
Les annuités variables ont pour but
kle faire participer les Alliés au dévelop-
pement de la prospérité allemande si
vivement désiré par quelques-uns d'en-
tre eux et que nous avons officiellement
déclaré vouloir favoriser.
En manœuvrant pour arriver à cette
entente qui est une transaction, on peut
dire que notre Premier et les ministres
(nui l'assistaient ont fait de la bonne be-
sogne. Au point de vue des réparations,
tien d'aussi-positif n'avait encore été
décidé entre Alliés.
11 ne reste plus qu'à transformer ces
résolutions en réalités, c'est-à-dire à
obtenir que les Allemands s'y'soumet-
tant et les exécutent. Voilà le hic. Quel-
les mesures a-t-on prises pour cela ?
D'ahorn, on portera à la connaissance
des débiteurs, par lettre que signera M.
Hîinnrt. les décisions de la Conférence.
Toutefois, on ne leur (notifiera pas cel-
les qui sont relatives aux sanctions.
Pourquoi donc ? Far courtoisie, dit le
communiqué, et dans l'espoir que l'Alle-
magne accomplira d'elle-même ses obli-
gations. Nous pouvons bien croire que
cette explication n'a été donnée que
parce qu'on ne voulait pas publier la
vraie. Et la vraie n'est-elle pas qu'une
nouvelle Conférence se réunira le 28 f6-
vrier à Londres, à laquelle seront ap-
pelés les Allemands, et que les Alliés
n'ont pas osé garantir que dans cette
Conférence rien Ille serait changé à ce
qu'ils venaient de décider tant au sujet
des sanctions qu'au sujet du contrôle ?
Déjà, à San-Remo, on avait pris des
engagements au sujet des sanctions. On
n'en a pas usé et cependant il y a eu
matière.
Les prochaines Conférences prévues
mettent donc un gros point d'interro-
gation au bas des résolutions qui vien-
nent d'être prises. Les déceptions cau-
sées par les Conférences antérieures,
dont les décisions nous avaient été pré-
sentées en leur temps comme très satis-
faisantes, nous conseillent de ne pas
nous laisser aller cette fois encore à un
optimisme excessif. Ouvrons le projet
de budget pour 1921. Plus de 16 mil-
liards de dépenses sont prévues pour la
restauration des régions envahies. Quel-
les ressources nous apporteront, dès
cette année, étant donné le droit de
priorité de la Belgique, les versements
id'e l'Allemagne ? Autant dire, aucune.
Et alors !
Gaston DOUMERCUE,
Sénateur,
ancien président du Conseil.
EDITORIAL --"
J a 1
L'école du bon sens
Il devient bien malaisé de
parler franc! « Bolche-
visle », grogne celui-ci,
« Pessimiste », bougonne
celui-là.
M. René Viviani, lui-
même, de donner dans ce travers.
En un article prémonitoire du Petit
Journal, il tance en ces termes : « On ne
paiera pas ! C'est en disant ces choses
qu'on prépare la résistance des Alle-
mands et quon affaiblit l'instrument
déjà délicat à manier que constitue cette
sorte d'avenant explicatif du traité. »
Eh là ! tout doux, mon cher président
confrère f
En prévoyant le refus de paiement de
VAllemagne, en demandant aux Alliés de
préciser dès maintenant leur volonté et
leurs moyens de contrainte, on ne pré-
pare pas la résistance des Allemands,
mais le recouvrement de leur dette.
Je ne saisis pas très bien ce que peut
être « une sorte d'avenant explicatif qui
constitue un instrument », car je ne suis
point un grand jongleur d'hyperboles et
de métaphores.
Mais je sais bien qu'après avoir éteint
les lumières dans le ciel, il faut allumer
sa lanterne sur la terre pour éviter de
faire patatras le long de « Vinstrument
constitué par Vavenant ».
- M. Poincaré, ancien président de la
République et rédacteur au Matin (bon
Dieu ! que nous avons donc de chies
confrères), nous explique précisément —
ou tout au moins s'y efforce — la situa-
tion de la malheureuse Allemagne.
Juché sur trois colonnes. (Napoléon
s'est contenté d'une), le signataire du
traité de paix nous incite à la méfiance.
D'ailleurs, le ton de la presse alle-
mande n'indique pas que nos Boches
soient disposés à payer.
On nous parle de « mobiliser la dette
allemande ».
Bon succès si la créance est certaine.
Echec piteux si le prêteur doit douter
de l'échéance.
Qu'on nous ôte donc de ces sornettes
(Je pédant, et que ceux qui prétendent
faire la leçon aux » pessimistes » com-
mencent par aller à l'école du bon sens.
Il n'y a qu'un seul moyen de servir
efficacement Vintérêt français, cest de
« mobiliser », onml la créance, les por-
teurs de contrainte chargés de l'exé-
cuie:
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
En Passant
Le culte des héros
Les Grecs de jadis élevaient au rang 'de
demi-dieux les, hommes qui, dans leur Z, vie,
avaient à la patrie rendu des services écla-
tants. Socrate, Platon, Eschyle, Sophocle,
Léonidas furent, après leur mort, les héros
nationaux auxquels le peuple rendait un
culte et faisait même des sacrifices.
On continuait à les associer à la vie quo-
tidienne. Réunis aux Iles Fortunées ou aux
Champs Elysées, ils suivaient d'un œil scep-
tique et bienveillant les pauvres gestes des
hommes, les inspiraient et les guidaient.
Chaque cité, chaque caste avait ses protec-
teurs familiers qu'on honorait. Les morts
étaient associés à la vie des vivants.
Je voudrais que, sans tomber pour v cela
dans un idéalisme exagéré, notre peuple de
France, reprenant la tradition antique, con-
servât, pieux et fidèle, le culte du héros-
symbole qui dort sous. l'Arc de Triomphe.
De toutes les manifestations populaires
que fit naître la récente glorification du Sol-
dat anonyme, l'une 'des plus touchantes est
ce geste des enfants de Paris, qui, à tour de
rôle, fleuriront chaque jeudi le tombeau de
leur grand frère, le Poilu. L'hommage des
humbles et des petits est toujours le plus
émouvant et le plus spontané.
Car le Poilu est un humble aussi : on ne
l'a noint choisi parmi les chefs ; on a voulu
qu'il soit tout\ simplement un soldat, de
ceux qui sont morts dans l'ombre, sans faire
parler d'eux, de ceux qui le mieux incar-
nent le courage modeste, l'abnégation sans
phrase, l'héroïsme sans tintamarre.
A la leçon du passé, les petits Français
et les petites Françaises puiseront les plus
sains exemples. Et, le soir, à la table fami-
liale, racontant leur visite à la dalle sacrée,
ils feront évoquer l'image de celui qui tomba
pour la France et que, même dans la houle
quotidienne, nous n'avons pas le droit d'ou-
blier. On dira : « Il était à Verdun. Il a
été blessé. Il croyait bleu l'avenir!. » Et,
un jour de l'année « serait son jour, à lui
tout seul, non point celui des autres morts,
mais celui des héros de la guerre.
Et ainsi serait perpétué par les ans et les
générations, ce culte de l'honneur et du sa-
crifice que déjà réclagnait Chateaubriand,
que voulait peu après Carlyle, et même, plus
récemment, Nietzsche, le moins antipathique
des Allemands du xlxe siècle.
Et la dignité française ne saurait qu'y ga-
gner.
-. Raymond LANGE.
«sa-fi2*
Autrefois
L'absinthe hygiénique
— Crois-tu, ces médecins ? disait un bohe-
me à un de ses amis. Ils m'ont ordonné de
la camomille, à moi !
— Eh bien ! qu'as-tu fait ?
— Je l'ai dans mon absinthe.
Aujourd'hui
Quand on conspire.
Dans quelques jours, le maréchal Pil.
sudski, président de la République polonai.
se, sera notre hôte. Figure très sympathi-
que d'homme d'Etat doublé d'un homme
d'action,
Avant la guerre, il donna des preuves
multiples de son énergie, tant en s'évadant
de Sibérie où il avait été envoyé comme
conspirateur, qu'en organisant en Pologne,
de concert avec les terroristes russes, la
guerre contre le tsarisme abhorré.
Ce fut en ce temps de sa vie qu'il n'hé-
sita pas, dit-on, à aller jusqu'à dévaliser
les trains-poste russes pour fournir d'ar-
gent la caisse de son parti — le parti de
l'indépendance. Qui veut la fin veut les
moyens : c'est surtout en matière de cons-
piration, que vaut cet adage.
4>
A l'instar de Cabrion
La rue ues Abbesses, a Montmartre,
était hier matin en émoi. Devant le n° 4,
stationna:ient une centaine de personnes
qu'à leurs mentons bleus (les hornmes), à
leur teint pâli par les fards (les femmes)
on reconnaissait aisément pour des ar-
tistes dramatiques.
— C'est un film qu'on va tourner, expli-
quaient les gens renseignés. Vous allez
voir arriver le « moulin à calé ».
Soudain, et bien que l'appareil cinémato-
graphique ne fût pas encore là, la scène se
corsa. Une femme apparut sur le seuil de
l'immeuble, portant un seau d'eau, bran-
dissant un balai, proférant des menace.
Et l'on eut l'explication. de ce petit drame.
La veille avait paru dans un journal •lu
soir un avis d'un mauvais plaisant snnon
çant que des artistes des deux sexes s'oient
demandés pour le thédtre et le cinéma.
« S'adresser à la concierge, 4, rue des Ab.
besses 1).
Et, depuis la première heure, celait 1, n
défilé ininterrompu chez la digne « piv.
lette » qui, à la fin exaspérée, perdait pi*
tience et recourait au balai, son arme na-
turelle.
C'est ainsi que Cabrion, le- facétieux ra-
pin des Mystères de Paris, envoyait set-
amis réclamer à son portier chauve une mè.
che de ses cheveux en souvenir.
o
Education pratique
On se plaignait autrefois que l'enseigne-
ment des lycées était trop classique et ne
tenait pas assez compte des nécessités de la
vie pratique.
Peut-être, pour réformer cet abus, est-an
tombé d'un excès dans l'autre.
Voici quelles étaient, il y a une quinzaine
de jours, les questions posées, pour une
leçon de choses », aux élèves de troisième
année: du lycée de jeunes filles Jules-Ferry,
c'est-à-dire à des fillettes de douze ans en-
viron :
(i Leçons de choses : Citer les cinquante-
trois ponts jetés sur la traversée de la Seine
à Paris, les cimetières, les lignes d'auto-
bus passant place Clichy et les quartiers
qu'ils desservent. »
Sans doute a-t-on voulu préparer ces jeu-
nes lycéennes au rôle éventuel de wattwo-
men ou de cochères de fiacre. Il n'y a pas
de sots métiers.
Le Tapin.
<
La confiance en la France
Il ne faut pas trop médire (le la con-
fiance témoignée par nos compatriotes en
la solidité du crédit de la France.
Si fréquents qu'aient été les appels de
fonds, jamais ils ne furent vains : bien au
contraire, on y répondit toujours avec un
empressement favorafcile.
Au cours de la seule année 1920, le public
apporta à l'Etat français la. coquette som-
me de 55 milliards, dont 21 milliards sous-
erits volontairement en emprunt 5 %, puis
6 %, en obligations du Crédit Foncier, em-
prunt du Crédit national. Ajoutons à cette
somme 17 milliards versés à l'occasion d'a-
chats de Bons du trés'or, 12 à 13 milliards
de rocettes budgétaires et 4 à 5 milliards
d'impôts nouveaux.
Il y a La de quoi ne pas désespérer de la
vitalité française, surtout dans les années
qui suivent le choc de la guerre.
Il y a surtout de quoi éclaircir les plus
sombres horizons.
Car les bas de laine ne sont pas vides en-
core !
————— —————.
Il faudrait s'entendre
La préfecture de p'oMce a décidé, il y
a quelques semaines, d'illuminer Paris à
giorno. Tous les becs de gaz sont allumés ;
toutes les lampes à arc jettent leurs flots
de lumière blanche : Paris est redevenu ce
qu'il était avant la guerre. En certains en-
droits, — la place de la Concorde, par
exemple, où, après neuf heures du soir, ii
ne passe que de rares promeneurs, - il y
en a presque trfop.
Mais ne nous plaignons pa§ que la mariee
soit trop belle. - *
L'on serait donc tenté de croire, devant
cette débauche d'éclairage, qu'il n'y a plus
de restrictions pour les particuliers.
Or, dans les méandres des arrêtés, des
règlements, des restrictions rapportées, il
y a de quoi ne plus "oir clair du tout.
» Et les commerçants se demandent s'ils
peuvent illuminer à volonté. L'un d'entre
eux, en effet, qui avait cru pouvoir impu-
nément dépasser de quelques centaines
d'hectowatts la consommation permise,
s'est vu rappelé à l'ordre par la préfecture
de police.
Et comme, dans le même temps, il est de
grands magasins qui continuent à ne pas
connaître les restrictions, on ne comprend
plus très bien.
Quelques précisions ne seraient pas inu-
tiles. -
-————— —————-
Economies de bouts de chandelles!
Aux temps heureux et lointains, où les
commerçants et l'Etat lui-rn.êm étaient
généreux ou habiles, les fumeurs trou-
vaient chez les marchands de tabac des
allumeurs, sortes de veilleuses à gaz ja-
mais éteintes et qui communiquaient le
feu nécessaire.
Le cigare acheté, on pouvait aussitôt
rallumer. C'était simple, pratique et ça ne
coûtait pas grand'chose aux commerçants.
Mais l'Etat s'est ému de cette concur-
rence déloyale ! Car l'Etat est marchand
d'allumettes.
De doctes, fonctionnaires ont, après mûre
réflexion, fait l'observation profonde que
chaque fumeur, qui trouvait le feu chez le
marchand de tabac, économisait une allu-
mette de la Régie — et quand nous di-
sons une, c'est par pure indulgence, car il
faut en moyenne trois allumettes françai-
ses pour allumer un cigare, l'une qui ne
prend pas, l'autre qui s'éteint immédiate-
ment et la troisième qui daigne enfin bril-
ler après hésitation.
Et comme il faut beaucoup consommer
pour faire rentrer dans les caisses de M.
Doumer les deniers sonnants et trébu-
chants, on a décidé de supprimer les allu-
meurs.
Si mesquin que soit le geste, il semble au
premier abord se résoudre en bénéfices
pour le Trésor.
Mais si l'on réfléchit une seconde, on
s'aperçoit que le fumeur qui, jadis, allu-
mait facilement, et immédiatement, son ci-
gare ne l'allume aujourd'hui que quelques
secondes, voire quelques minutes après.
En multipliant par quelques millions dans
une année ces minutes, on arrive à une
pile imposante de boîtes de cigares qui ne
sont pas fumés.
Et comme l'Etat n'est pas seulement
marchand d'allumettes, mais aussi mar-
chand de tabac, ce bénéfice supputé (com-
me diraient les commerçants) aboutit à une
perte précise.
Et pour peu que le client, n'ayant pas
trouvé le feu à portée de sa main le deman-
de au coin de la rue au premier fumeur
venu, l'Etat ayant cru faire une belle in-
vention. sera purement et simplement
roulé.
Comme quoi, avant de prendre une déci-
sion, MM. les fonctionnaires du ministère
des finances doivent se montrer psycho-
logues, et éclairer leur lanterne ., avant
d'éteindre les allumeurs.
ACCIDENT DE CHEMIN DE FER
QUINZE BLESSÉS
Hier après-midi, à 4 h. 25, le train de
voyageurs 4-87, partant de Perpignan ê
3 h. 15, et se dirigeant sur Villefranche-
du-Conflent, a été tamponné à 500 mètres
en aval de la gare de Vinca, par le train
de marchandises 2.492, se -dirigeant sur
Perpignan. Les locomotives des deux trains
se sont télescopées.
Une quinzaine de blessés ont été dégagés
des débris du matériel. Un seul, le conduc-
teur d'une locomotive, est sérieusement at-
teint. Les dégâts sont considérables.
Un train de secours est parti de Perpi-
gnan il 17 heures. Le parquet de Prades
s'est rendu sur les lieux.
, L'ACTUALITÉ
— ♦
Autour des Communistes
> oto- ( I
( Le Procureur de la République surseoit à l'ou-
verture d'une Instruction.— Cependant, les investigations
de la police continuent. - Une nouvelle arrestation.
,
La police a continué hier ses recherches
concentrant l'action en France d'un certain
nombre d'étrangers suspects de propagande
révolutionnaire.
Cette allaire, dont la Sûreté générale et
le Service des renseignemexiîlsi généraux
de la Préfecture de ponce mènent parallè-
lement, semble devoir se terminer par l'é-
largissement général de tous les preivenus.
En ellet, une conférence a eu lieu, hier, dQ
3 à 5 heures, au Parquet. M. Scdiea^ctelin,
procureur de la République, avait convoqué
M. Ducrocq, directeur de la police judiciai-
re ; Dumas, directeur du Service des rensei-
gnements généraux à la Préfecture de po-
lice ; Faralicq,, commissaire adjoint à la
police judiciaire, et le secrétaire de ce der.
nier, M. Pinaud.
On y a parlé du fameux complot, mais
après examen de la situation, le procureur
de la République a décidé de surseoir; à
l'ouverture d'une instruction.
Aujourd'hui, le procureur die la Républi-
que se prononcera d'une façon définitive.
Quoi qu'il en soit, les recherches conti-
nuent, tant à Paris qu'en province, et nous
bornant à notre rôle d'informateur, nous
allons en donner ici les résultats, tels qu'ils
nous sont rapportés par les fonctionnaires
chargés de poursuivre l'affaire.
Le premier indice
C'est un fait banal qui mit la police en
éveil au sujet de cette affaire des faux
passeports..
Yin décembre dernier, un boulanger de
Sceaux, après avoir servi sa clientèle la
matin, trouvait sur son comptoir un pa-
quet enveloppé dans .un journal.
Le boulanger mit ce paquet dans son
tiroir et crut que le client distrait vien-
drait rechercher les papiers et les mor-
ceaux de bois ainsi emballés dans du pa-
pier journal.
Personne ne vint le lendemain et la bou-
langère, plus curieuse que son mari, ouvrit
enfin le petit colis et regarda, attentivement
ce qu'il contena.it. Elle s'aperçut alors qu'il
s'agissait de passeports en blanc, de passe-
ports remplis et souvent contrMés, et que
les petits cubes de bois étaient autant de
cachets.
Le commerçant, intrigué, alla porter le
paquet à la police.
Bien entendu, il ne vint personne les
jours suivants.
A Paris la police judiciaire contrôla, soi-
gneusement les documents ainsi décou-
vetrs. Elle- se rendit, compte que les cachets
étaient autant de faux et que les passe-
ports étaient, les uns bien authentiques et
les autres, en blanc, tout prêts à être rem-
plis. Les passeports authentiques devaient,
sans nul doute, servir de modèles à ceux
qu'il fallait préparer, car on ise remclât
compte quie les faux cachets étaient, les re-
productions de ceux qui figuraient; sur les
pièces réelles.
La police judiciaire prévint le gouverne-
ment qui mit on branle tout l'appareil po-
licier et les résultats ne se firent pas at-
tendre.
Les subsides des agents
L'on recherche par quels moyens les
sommes considérables expédiées de Moscou
aux agents bolchevistes de Paris, de l'aveu
même des soviets, leur parvenaient, où el-
les étaient (léposées et comment eJles
étaiept réparties.
Plusieurs commissaires de police ont reçu
mission de contrôler dans des établisse-
ments de crédit et dans des banques pri-
vées l'existence de comptes de chèques si-
gnalés à la Sûreté générale comme étant
ouverts au profit de communistes, et d'en
rechercher l'origine.
Des sommes importantes auraient été
touchées, paraît-il, dans une banque de la
rive droite par l'un des inculpés. Celui-d
aura à fournir incessamment des explica-
tions sur l'emploi de cet argent.
Une nouvelle arrestation
M. Gaud, commissaire aux renseigne-
ments généraux, a procédé à l'arrestation
de M. Ker, rédacteur à la Vie Ouvrière.
On sait que la Vie Ouvrière était dirigée
par M. Monatte, impliqué dans le complot
du mois de mai.
M. Ker est, pour l'instant,-inculpé com-
me les autres personnages appréhendés
d'hier, en application des articles 153 et
154 du code pénal, pour falsification de pas-
seports. Très répandu dans les milieux so-
cialistes et syndicalistes, Il passait pour un
extrémiste notoire. Il a été longtemps secré-
taire de l'école communiste marxiste, 49,
rue de Bretne..
Sa femme, Madeleine Ker, est également
une propagandiste communiste active.
Une perquisition a été faite à leur domi-
cile. Il en résulte que Ker dont le vrai nom
est Keim, est originaire de Firminy (Loiret
Il a été professeur.
Perquisitions diverses en province
Dans toute la France, la police tend ses
filets.
La police de la sûreté bordelaise a per-
quisitionné chez divers militants commu-
nistes, dont un nommé Thibaudeau.
Au domicile de ce dernier, la perquisition
a amené la découverte de documents éta-
blissant l'organisation de groupes commu-
nistes et donnant les noms de leurs adhé-
rents. ,
Un groupe dit a Clarté » est dirigé par
deux professeurs, l'un de lycée et l'autre de
faculté, et compte quatre-vingts adhérons
appartenant aux milieux intellectuels.
Ce groupe rédige des tracts et des bro-
chures extrémistes.
Un second groupe, dit « Groupe Pm-
dhon )), recrute ses adhérents dans les
milieux ouvriers et a créé à Bncahn, dans
le quartier des quais, une maison du f eupl»
où il donne des conférences.
Thibaudeau a. ét.é laissé en liberté et f:-
cune arrestation n'a suivi les perquisitions.
D'autre part, à Nice, de nombreuses per-
quisitions ont été opérées dans différents
immeubles de la ville et dans un hôtel m;
lu police a saisi une volumineuse i OI'n\)-
pendance du faux docteur ZalewsKy.
Au bureau central de la poste, un cour-
rier important a été également saisi par les
soins du service de la sûreté.
Comment fut arrêté
Zalewsky-Abramovitch.
L' « Eclaireur » annonce ainsi l'arresta- J
tion d'Abramovitch : * *
C'est au moment où M. Abramovitch al-
lait entrer en relations avec les soviets d'I-
talie que, très discrètement, et après des
recherches rapides et fructueuses, lcn
agents arrêtèrent l'agitateur.
Le bref colloque suivant s'engagea :
- Mais pourquoi m'arrêtez-vous ?
- On ne vous arrête pas, on vous nc.
compagne.
I.e faux docteur Zalewsky comprit qu'il
était tout à fait inutile d'insister: peut-
être aussi craignait-il le scandale et, quit-
tant son hôtel sous bonne escorte, il fut
embarqué le même jour pour Paris.
En même temps qu'elle! procédait à l'ar-
restation ci'Abramoviteh, la police gardait
à vue la compagne du révolutionnaire çiiii
à son accent, paraît originaire d'AIIemaTUtt.
Celle-ci. nullement émue, demanda qu on
ne la séparât pas de son enfant âgé de dix
mois et qu'elle est obligée d'allaiter, ce qui
lui fut accordé.
Ce n'est que ce matin que Ja compagne
d'Abramovitch a été mise en état d'arresta-
tion et conduite au commissariat .central..
La police vient, en outre, d'arrêter à l'hô-
tel où elle logeait une jeune femme se di-
sant russe mais que l'on suppose être aussi 1
allemande et qui aurait servi le couple sus-
pect comme femme de chambre. Il est éta-
Ni maintenant qu'elle était la collaboratrice
d'Abramovitch '; elle s'était mise déj* en
rapport avec un personnage suspect dt
Nice.
LE PROCES D'ORLÉANS
Les bandits des Aubrais
devant la Cour d'Assises.
Orléans, 31 janvier. — Cest aujourd'hui
qu'a commencé devant la Cour d'assises du
Loiret, présidée par M. le conseiller Ba-
bille, assisté de Me Sauty, avocat général,
le procès dies bandits de la gare dés Aur
brais.
Les accusés sont au nombre de dix :
Kiffer (Georges-Louis), 33 ans, né à Sotteville-
les-Rouen (Seine - ItiléTieure), camionneur a
Paris.
Houchy (Jean-Gaston), 25 ans, né à Libourno
(Gironde;, se disant comptable, domicilié à Li-
bourne.
.ltlné-Peufac (Loire-Inférieure), chauffeur à Paris.
Moreau (Alarcei), 3i ans, né à Puteaux (Seine),
employé à Paris.
Couliou (Yves-Alexandre-Joseph), 30 ans, né à
Quimperlé (Finistère). sans profession connue.
Maillard ( lpt i on se-Augits t c - Josep h), 36 ans, né
à .pel'rjers-en-Beaufi.wl (Manche), épicier à Paris,
84. rue de Sèvres.
Roussilte (Aristide), 59 ans, né à Paris \12pi,
représentant de commerce à Paris.
Heimer (Jacques), .50 ans, né à Jassy (Rouma-
nie), soldeur à Clichy, 23, rue de Neuitty.
"> Woog (René), 22 ans, né à Clichy, employé à
Paris.
vVoog (Emile-Isaac), 29 ans, né à Paris (17*
arf.), employé à Paris.
Un de leurs complices a réussi à déjouer
toutes les recherches de ln. police, c'est un
nommé Rrunaud (Joseph-Amédée), 43 ans,
né au Péchereau (arrondissement. l(]Je Ghâ-
.teatN'Ol1/X), le ?6 février 1877, pans protfes-
okai ni domicile connu.
Des deux principaux accusés, l'un, Rou-
chy, marche avec difficulté. Il s'appuie
su ruffie canne à la suite de la blessure qu'il
a reçue à la jambe, lors de la bataille de
l'auberge de Machelainville, quand il fut
arrêté. Il paraît décidé à se détendre énetr-
giquement. L'autre, Kiffer, dont l'allure et
la physionomie ne sont pas antipathiques,
mois qui est très déprimé, comparait devant
le jury, enveloppé dans unie lourde peau de
bique.
L'acte d'accusation
Après les interrogatoires d'identité, le
greffier a donné lecture de l'acte d'accusa-
tion, document très long que l'on ne peut
(l,ule résumer :
Le 22 mars 1920, vers 5 heures du matin,
M. Bardin, poseur à la Compagnie d'Or-
léans, était avisé que des individus char-
geaient dans une voilure automobile, sta-
tionnant près du souterrain, ao lieu dit
« La Fosse aux Loups », des caisses parais-
sant volées. »
Une semaine plus tard, dans la nuit du
2G au 27 mars, les mêmes individus arrivés,
dans deux voitures automobiles recommen-
cèrent leur exploit.
Ils avaient été aperçus par des surveil-
lants qui, téléphonique-ment, avertirent le
personnel de la garé qui accourut. Une ba-
taille à coups de revolver s'engagea. Ur
employé de chemin de fer fut. tue. lPendan\
qu'on le relevait, les bandits sautèrent dans
t& nwaàro : QUINZE CBNTIM&I
MARDI 1er FEVRIER 1921. - Nn 18.315.
Fondateurs (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER .,. 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
au directeur.
Bûaactaar en chef 8
i LEON ARCHIMBAUD
DEPUTE
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ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
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Directeur: EDMOND DU MESNIL
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Rédaction et afiUMstratlon : Nord 24-90,24-91.—Après 10 a. du soir : Gutenberg 00-70
TRIBUNE LIBRE
»
Faut-il être optimiste?
) (
Nous avons passé par les
émotions les plus diverses
pendant toute la durée du
Conseil suprême. D'abord,
tout allait très mal : on
n'entendait et on ne lisait
que des notes pessimistes.
Désaccords entre le Premier français et
le Premier anglais, manque d'accord
au sein de la délégation française. M.
Lloyd George se retirait sous sa teinte
pendant vingt-quatre heures, laissant
à une commission, dont il ne 'voulait
personnellement pas faire partie et que
présidait M. Briand, le soin de débrouil-
ler 1 echeveau fort embrouillé et de
trouver des solutions et des formules
d'entente.. ,\!" --
Au pessimisme, brusquement, ont suc-
cédé l'optimisme et l'enthousiasme. En
un tournemain, dans une nuit, tout s'é-
tait arrangé, toutes les questions se
trouvaient, sinon résolues, du moins
orientées vers des solutions définitives —
ainsi s'exprime le communiqué officiel.
M. Lloyd George est enchanté de M.
Briand et explique que. s'il l'a quelque
peu tarabusté, c'était uniquement pour
non bien et à cause de la grande affec-
tion qu'il lui porte. M. Briand est ravi
'de son collègue anglais, des Belges et
de tout le monde, et tout le monde, en
lisant le communiqué qui donne les ré-
sultats de la Conférence, est également
iravi ou paraît l'être.
Pour augmenter notre joie, on nous
affirme que les Allemands seront fort
mécontents.
Tout est bien qui finit bien. La Confé-
rence a bien fini,. rien n'est cassé ;
l'entente s'est faite : le front unique des
Alliés est reconstitué ! Il y manque ce-
pendant les Etats-Unis. Cette lacune
n'est peut-être pas sans inconvénients :
» ce trou, dans le front, est regrettable.
'Mais la perfection n'est pas de ce mon-
ide. Il y a toujours quelque ombre au
tableau. Quand on pense combien ce ta-
bleau était obscur au début des travaux
(lu Conseil suprême et combien il s'est
éclairci, l'ombre que continue à projeteï
sur lui l'attitude des Etats-Unis peai-
être tenue pour presque négligeable.
Cette fois, c'est une affaire entendue.
nous tenons l'Allemagne. Elle va être
bbligée de payer et de désarmer effec-
tivement. *
Nous voici donc, enfin, autorisés à
être optimistes, puisque tout ce qui fait
autorité nous en donne le conseil et
l'exemple. Soyons optimistes. Mais l'op-
timisme ne doit pas cependant aller
jusqu'au parti pris de ne rien discuter.
Nous serons d'autant plus optismistes
que mous nous serons mieux rendu
compte, par une étude attentive des
faits, que ceux-ci justifient pleinement
notre optimisme.
Voyons un peu quels sont les résultats
ie la Conférence dont nous avons lieu
de nous réjouir sincèrement.
Malgré les pronostics fâcheux, au-
cune rupture ne s'est produite entre
les Alliés. Les membres du Conseil su-
prême se sont quittés en parfait ac-
cord, en se donnant rendez-vous à Lon-
dres pour le mois prochain. Avoir réussi
à éviter un mal dangereux, c'est évi-
demment un bien. Il faut mettre ce bien
a factif de ceux à qui il est dû. Il
feemble qu'on doive en attribuer le prin-
cipal mérite à l'habileté manœuvrière
Ide notre président du conseil. Il faut
J'en féliciter.
On peut tenir également pour un ré-
sultat heureux le fait d'être arrivé à
Ides précisions sur le chiffre de la dette
allemande et sur les modalités de paie-
ment. On discutait depuis longtemps à
ce sujet : l'entente est faite.
Les Alliés recevront 226 milliards en
;42 annuités fixes. A ces annuités.fixes
doivent s'ajouter des annuités variables
demandées à un prélèvement de 12
ad valorem sur le montant des exporta-
tions allemandes. Ce système est ingé-
nieux : il ne reste plus qu'à savoir s'il
sera pratique.
Les annuités variables ont pour but
kle faire participer les Alliés au dévelop-
pement de la prospérité allemande si
vivement désiré par quelques-uns d'en-
tre eux et que nous avons officiellement
déclaré vouloir favoriser.
En manœuvrant pour arriver à cette
entente qui est une transaction, on peut
dire que notre Premier et les ministres
(nui l'assistaient ont fait de la bonne be-
sogne. Au point de vue des réparations,
tien d'aussi-positif n'avait encore été
décidé entre Alliés.
11 ne reste plus qu'à transformer ces
résolutions en réalités, c'est-à-dire à
obtenir que les Allemands s'y'soumet-
tant et les exécutent. Voilà le hic. Quel-
les mesures a-t-on prises pour cela ?
D'ahorn, on portera à la connaissance
des débiteurs, par lettre que signera M.
Hîinnrt. les décisions de la Conférence.
Toutefois, on ne leur (notifiera pas cel-
les qui sont relatives aux sanctions.
Pourquoi donc ? Far courtoisie, dit le
communiqué, et dans l'espoir que l'Alle-
magne accomplira d'elle-même ses obli-
gations. Nous pouvons bien croire que
cette explication n'a été donnée que
parce qu'on ne voulait pas publier la
vraie. Et la vraie n'est-elle pas qu'une
nouvelle Conférence se réunira le 28 f6-
vrier à Londres, à laquelle seront ap-
pelés les Allemands, et que les Alliés
n'ont pas osé garantir que dans cette
Conférence rien Ille serait changé à ce
qu'ils venaient de décider tant au sujet
des sanctions qu'au sujet du contrôle ?
Déjà, à San-Remo, on avait pris des
engagements au sujet des sanctions. On
n'en a pas usé et cependant il y a eu
matière.
Les prochaines Conférences prévues
mettent donc un gros point d'interro-
gation au bas des résolutions qui vien-
nent d'être prises. Les déceptions cau-
sées par les Conférences antérieures,
dont les décisions nous avaient été pré-
sentées en leur temps comme très satis-
faisantes, nous conseillent de ne pas
nous laisser aller cette fois encore à un
optimisme excessif. Ouvrons le projet
de budget pour 1921. Plus de 16 mil-
liards de dépenses sont prévues pour la
restauration des régions envahies. Quel-
les ressources nous apporteront, dès
cette année, étant donné le droit de
priorité de la Belgique, les versements
id'e l'Allemagne ? Autant dire, aucune.
Et alors !
Gaston DOUMERCUE,
Sénateur,
ancien président du Conseil.
EDITORIAL --"
J a 1
L'école du bon sens
Il devient bien malaisé de
parler franc! « Bolche-
visle », grogne celui-ci,
« Pessimiste », bougonne
celui-là.
M. René Viviani, lui-
même, de donner dans ce travers.
En un article prémonitoire du Petit
Journal, il tance en ces termes : « On ne
paiera pas ! C'est en disant ces choses
qu'on prépare la résistance des Alle-
mands et quon affaiblit l'instrument
déjà délicat à manier que constitue cette
sorte d'avenant explicatif du traité. »
Eh là ! tout doux, mon cher président
confrère f
En prévoyant le refus de paiement de
VAllemagne, en demandant aux Alliés de
préciser dès maintenant leur volonté et
leurs moyens de contrainte, on ne pré-
pare pas la résistance des Allemands,
mais le recouvrement de leur dette.
Je ne saisis pas très bien ce que peut
être « une sorte d'avenant explicatif qui
constitue un instrument », car je ne suis
point un grand jongleur d'hyperboles et
de métaphores.
Mais je sais bien qu'après avoir éteint
les lumières dans le ciel, il faut allumer
sa lanterne sur la terre pour éviter de
faire patatras le long de « Vinstrument
constitué par Vavenant ».
- M. Poincaré, ancien président de la
République et rédacteur au Matin (bon
Dieu ! que nous avons donc de chies
confrères), nous explique précisément —
ou tout au moins s'y efforce — la situa-
tion de la malheureuse Allemagne.
Juché sur trois colonnes. (Napoléon
s'est contenté d'une), le signataire du
traité de paix nous incite à la méfiance.
D'ailleurs, le ton de la presse alle-
mande n'indique pas que nos Boches
soient disposés à payer.
On nous parle de « mobiliser la dette
allemande ».
Bon succès si la créance est certaine.
Echec piteux si le prêteur doit douter
de l'échéance.
Qu'on nous ôte donc de ces sornettes
(Je pédant, et que ceux qui prétendent
faire la leçon aux » pessimistes » com-
mencent par aller à l'école du bon sens.
Il n'y a qu'un seul moyen de servir
efficacement Vintérêt français, cest de
« mobiliser », onml la créance, les por-
teurs de contrainte chargés de l'exé-
cuie:
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
En Passant
Le culte des héros
Les Grecs de jadis élevaient au rang 'de
demi-dieux les, hommes qui, dans leur Z, vie,
avaient à la patrie rendu des services écla-
tants. Socrate, Platon, Eschyle, Sophocle,
Léonidas furent, après leur mort, les héros
nationaux auxquels le peuple rendait un
culte et faisait même des sacrifices.
On continuait à les associer à la vie quo-
tidienne. Réunis aux Iles Fortunées ou aux
Champs Elysées, ils suivaient d'un œil scep-
tique et bienveillant les pauvres gestes des
hommes, les inspiraient et les guidaient.
Chaque cité, chaque caste avait ses protec-
teurs familiers qu'on honorait. Les morts
étaient associés à la vie des vivants.
Je voudrais que, sans tomber pour v cela
dans un idéalisme exagéré, notre peuple de
France, reprenant la tradition antique, con-
servât, pieux et fidèle, le culte du héros-
symbole qui dort sous. l'Arc de Triomphe.
De toutes les manifestations populaires
que fit naître la récente glorification du Sol-
dat anonyme, l'une 'des plus touchantes est
ce geste des enfants de Paris, qui, à tour de
rôle, fleuriront chaque jeudi le tombeau de
leur grand frère, le Poilu. L'hommage des
humbles et des petits est toujours le plus
émouvant et le plus spontané.
Car le Poilu est un humble aussi : on ne
l'a noint choisi parmi les chefs ; on a voulu
qu'il soit tout\ simplement un soldat, de
ceux qui sont morts dans l'ombre, sans faire
parler d'eux, de ceux qui le mieux incar-
nent le courage modeste, l'abnégation sans
phrase, l'héroïsme sans tintamarre.
A la leçon du passé, les petits Français
et les petites Françaises puiseront les plus
sains exemples. Et, le soir, à la table fami-
liale, racontant leur visite à la dalle sacrée,
ils feront évoquer l'image de celui qui tomba
pour la France et que, même dans la houle
quotidienne, nous n'avons pas le droit d'ou-
blier. On dira : « Il était à Verdun. Il a
été blessé. Il croyait bleu l'avenir!. » Et,
un jour de l'année « serait son jour, à lui
tout seul, non point celui des autres morts,
mais celui des héros de la guerre.
Et ainsi serait perpétué par les ans et les
générations, ce culte de l'honneur et du sa-
crifice que déjà réclagnait Chateaubriand,
que voulait peu après Carlyle, et même, plus
récemment, Nietzsche, le moins antipathique
des Allemands du xlxe siècle.
Et la dignité française ne saurait qu'y ga-
gner.
-. Raymond LANGE.
«sa-fi2*
Autrefois
L'absinthe hygiénique
— Crois-tu, ces médecins ? disait un bohe-
me à un de ses amis. Ils m'ont ordonné de
la camomille, à moi !
— Eh bien ! qu'as-tu fait ?
— Je l'ai dans mon absinthe.
Aujourd'hui
Quand on conspire.
Dans quelques jours, le maréchal Pil.
sudski, président de la République polonai.
se, sera notre hôte. Figure très sympathi-
que d'homme d'Etat doublé d'un homme
d'action,
Avant la guerre, il donna des preuves
multiples de son énergie, tant en s'évadant
de Sibérie où il avait été envoyé comme
conspirateur, qu'en organisant en Pologne,
de concert avec les terroristes russes, la
guerre contre le tsarisme abhorré.
Ce fut en ce temps de sa vie qu'il n'hé-
sita pas, dit-on, à aller jusqu'à dévaliser
les trains-poste russes pour fournir d'ar-
gent la caisse de son parti — le parti de
l'indépendance. Qui veut la fin veut les
moyens : c'est surtout en matière de cons-
piration, que vaut cet adage.
4>
A l'instar de Cabrion
La rue ues Abbesses, a Montmartre,
était hier matin en émoi. Devant le n° 4,
stationna:ient une centaine de personnes
qu'à leurs mentons bleus (les hornmes), à
leur teint pâli par les fards (les femmes)
on reconnaissait aisément pour des ar-
tistes dramatiques.
— C'est un film qu'on va tourner, expli-
quaient les gens renseignés. Vous allez
voir arriver le « moulin à calé ».
Soudain, et bien que l'appareil cinémato-
graphique ne fût pas encore là, la scène se
corsa. Une femme apparut sur le seuil de
l'immeuble, portant un seau d'eau, bran-
dissant un balai, proférant des menace.
Et l'on eut l'explication. de ce petit drame.
La veille avait paru dans un journal •lu
soir un avis d'un mauvais plaisant snnon
çant que des artistes des deux sexes s'oient
demandés pour le thédtre et le cinéma.
« S'adresser à la concierge, 4, rue des Ab.
besses 1).
Et, depuis la première heure, celait 1, n
défilé ininterrompu chez la digne « piv.
lette » qui, à la fin exaspérée, perdait pi*
tience et recourait au balai, son arme na-
turelle.
C'est ainsi que Cabrion, le- facétieux ra-
pin des Mystères de Paris, envoyait set-
amis réclamer à son portier chauve une mè.
che de ses cheveux en souvenir.
o
Education pratique
On se plaignait autrefois que l'enseigne-
ment des lycées était trop classique et ne
tenait pas assez compte des nécessités de la
vie pratique.
Peut-être, pour réformer cet abus, est-an
tombé d'un excès dans l'autre.
Voici quelles étaient, il y a une quinzaine
de jours, les questions posées, pour une
leçon de choses », aux élèves de troisième
année: du lycée de jeunes filles Jules-Ferry,
c'est-à-dire à des fillettes de douze ans en-
viron :
(i Leçons de choses : Citer les cinquante-
trois ponts jetés sur la traversée de la Seine
à Paris, les cimetières, les lignes d'auto-
bus passant place Clichy et les quartiers
qu'ils desservent. »
Sans doute a-t-on voulu préparer ces jeu-
nes lycéennes au rôle éventuel de wattwo-
men ou de cochères de fiacre. Il n'y a pas
de sots métiers.
Le Tapin.
<
La confiance en la France
Il ne faut pas trop médire (le la con-
fiance témoignée par nos compatriotes en
la solidité du crédit de la France.
Si fréquents qu'aient été les appels de
fonds, jamais ils ne furent vains : bien au
contraire, on y répondit toujours avec un
empressement favorafcile.
Au cours de la seule année 1920, le public
apporta à l'Etat français la. coquette som-
me de 55 milliards, dont 21 milliards sous-
erits volontairement en emprunt 5 %, puis
6 %, en obligations du Crédit Foncier, em-
prunt du Crédit national. Ajoutons à cette
somme 17 milliards versés à l'occasion d'a-
chats de Bons du trés'or, 12 à 13 milliards
de rocettes budgétaires et 4 à 5 milliards
d'impôts nouveaux.
Il y a La de quoi ne pas désespérer de la
vitalité française, surtout dans les années
qui suivent le choc de la guerre.
Il y a surtout de quoi éclaircir les plus
sombres horizons.
Car les bas de laine ne sont pas vides en-
core !
————— —————.
Il faudrait s'entendre
La préfecture de p'oMce a décidé, il y
a quelques semaines, d'illuminer Paris à
giorno. Tous les becs de gaz sont allumés ;
toutes les lampes à arc jettent leurs flots
de lumière blanche : Paris est redevenu ce
qu'il était avant la guerre. En certains en-
droits, — la place de la Concorde, par
exemple, où, après neuf heures du soir, ii
ne passe que de rares promeneurs, - il y
en a presque trfop.
Mais ne nous plaignons pa§ que la mariee
soit trop belle. - *
L'on serait donc tenté de croire, devant
cette débauche d'éclairage, qu'il n'y a plus
de restrictions pour les particuliers.
Or, dans les méandres des arrêtés, des
règlements, des restrictions rapportées, il
y a de quoi ne plus "oir clair du tout.
» Et les commerçants se demandent s'ils
peuvent illuminer à volonté. L'un d'entre
eux, en effet, qui avait cru pouvoir impu-
nément dépasser de quelques centaines
d'hectowatts la consommation permise,
s'est vu rappelé à l'ordre par la préfecture
de police.
Et comme, dans le même temps, il est de
grands magasins qui continuent à ne pas
connaître les restrictions, on ne comprend
plus très bien.
Quelques précisions ne seraient pas inu-
tiles. -
-————— —————-
Economies de bouts de chandelles!
Aux temps heureux et lointains, où les
commerçants et l'Etat lui-rn.êm étaient
généreux ou habiles, les fumeurs trou-
vaient chez les marchands de tabac des
allumeurs, sortes de veilleuses à gaz ja-
mais éteintes et qui communiquaient le
feu nécessaire.
Le cigare acheté, on pouvait aussitôt
rallumer. C'était simple, pratique et ça ne
coûtait pas grand'chose aux commerçants.
Mais l'Etat s'est ému de cette concur-
rence déloyale ! Car l'Etat est marchand
d'allumettes.
De doctes, fonctionnaires ont, après mûre
réflexion, fait l'observation profonde que
chaque fumeur, qui trouvait le feu chez le
marchand de tabac, économisait une allu-
mette de la Régie — et quand nous di-
sons une, c'est par pure indulgence, car il
faut en moyenne trois allumettes françai-
ses pour allumer un cigare, l'une qui ne
prend pas, l'autre qui s'éteint immédiate-
ment et la troisième qui daigne enfin bril-
ler après hésitation.
Et comme il faut beaucoup consommer
pour faire rentrer dans les caisses de M.
Doumer les deniers sonnants et trébu-
chants, on a décidé de supprimer les allu-
meurs.
Si mesquin que soit le geste, il semble au
premier abord se résoudre en bénéfices
pour le Trésor.
Mais si l'on réfléchit une seconde, on
s'aperçoit que le fumeur qui, jadis, allu-
mait facilement, et immédiatement, son ci-
gare ne l'allume aujourd'hui que quelques
secondes, voire quelques minutes après.
En multipliant par quelques millions dans
une année ces minutes, on arrive à une
pile imposante de boîtes de cigares qui ne
sont pas fumés.
Et comme l'Etat n'est pas seulement
marchand d'allumettes, mais aussi mar-
chand de tabac, ce bénéfice supputé (com-
me diraient les commerçants) aboutit à une
perte précise.
Et pour peu que le client, n'ayant pas
trouvé le feu à portée de sa main le deman-
de au coin de la rue au premier fumeur
venu, l'Etat ayant cru faire une belle in-
vention. sera purement et simplement
roulé.
Comme quoi, avant de prendre une déci-
sion, MM. les fonctionnaires du ministère
des finances doivent se montrer psycho-
logues, et éclairer leur lanterne ., avant
d'éteindre les allumeurs.
ACCIDENT DE CHEMIN DE FER
QUINZE BLESSÉS
Hier après-midi, à 4 h. 25, le train de
voyageurs 4-87, partant de Perpignan ê
3 h. 15, et se dirigeant sur Villefranche-
du-Conflent, a été tamponné à 500 mètres
en aval de la gare de Vinca, par le train
de marchandises 2.492, se -dirigeant sur
Perpignan. Les locomotives des deux trains
se sont télescopées.
Une quinzaine de blessés ont été dégagés
des débris du matériel. Un seul, le conduc-
teur d'une locomotive, est sérieusement at-
teint. Les dégâts sont considérables.
Un train de secours est parti de Perpi-
gnan il 17 heures. Le parquet de Prades
s'est rendu sur les lieux.
, L'ACTUALITÉ
— ♦
Autour des Communistes
> oto- ( I
( Le Procureur de la République surseoit à l'ou-
verture d'une Instruction.— Cependant, les investigations
de la police continuent. - Une nouvelle arrestation.
,
La police a continué hier ses recherches
concentrant l'action en France d'un certain
nombre d'étrangers suspects de propagande
révolutionnaire.
Cette allaire, dont la Sûreté générale et
le Service des renseignemexiîlsi généraux
de la Préfecture de ponce mènent parallè-
lement, semble devoir se terminer par l'é-
largissement général de tous les preivenus.
En ellet, une conférence a eu lieu, hier, dQ
3 à 5 heures, au Parquet. M. Scdiea^ctelin,
procureur de la République, avait convoqué
M. Ducrocq, directeur de la police judiciai-
re ; Dumas, directeur du Service des rensei-
gnements généraux à la Préfecture de po-
lice ; Faralicq,, commissaire adjoint à la
police judiciaire, et le secrétaire de ce der.
nier, M. Pinaud.
On y a parlé du fameux complot, mais
après examen de la situation, le procureur
de la République a décidé de surseoir; à
l'ouverture d'une instruction.
Aujourd'hui, le procureur die la Républi-
que se prononcera d'une façon définitive.
Quoi qu'il en soit, les recherches conti-
nuent, tant à Paris qu'en province, et nous
bornant à notre rôle d'informateur, nous
allons en donner ici les résultats, tels qu'ils
nous sont rapportés par les fonctionnaires
chargés de poursuivre l'affaire.
Le premier indice
C'est un fait banal qui mit la police en
éveil au sujet de cette affaire des faux
passeports..
Yin décembre dernier, un boulanger de
Sceaux, après avoir servi sa clientèle la
matin, trouvait sur son comptoir un pa-
quet enveloppé dans .un journal.
Le boulanger mit ce paquet dans son
tiroir et crut que le client distrait vien-
drait rechercher les papiers et les mor-
ceaux de bois ainsi emballés dans du pa-
pier journal.
Personne ne vint le lendemain et la bou-
langère, plus curieuse que son mari, ouvrit
enfin le petit colis et regarda, attentivement
ce qu'il contena.it. Elle s'aperçut alors qu'il
s'agissait de passeports en blanc, de passe-
ports remplis et souvent contrMés, et que
les petits cubes de bois étaient autant de
cachets.
Le commerçant, intrigué, alla porter le
paquet à la police.
Bien entendu, il ne vint personne les
jours suivants.
A Paris la police judiciaire contrôla, soi-
gneusement les documents ainsi décou-
vetrs. Elle- se rendit, compte que les cachets
étaient autant de faux et que les passe-
ports étaient, les uns bien authentiques et
les autres, en blanc, tout prêts à être rem-
plis. Les passeports authentiques devaient,
sans nul doute, servir de modèles à ceux
qu'il fallait préparer, car on ise remclât
compte quie les faux cachets étaient, les re-
productions de ceux qui figuraient; sur les
pièces réelles.
La police judiciaire prévint le gouverne-
ment qui mit on branle tout l'appareil po-
licier et les résultats ne se firent pas at-
tendre.
Les subsides des agents
L'on recherche par quels moyens les
sommes considérables expédiées de Moscou
aux agents bolchevistes de Paris, de l'aveu
même des soviets, leur parvenaient, où el-
les étaient (léposées et comment eJles
étaiept réparties.
Plusieurs commissaires de police ont reçu
mission de contrôler dans des établisse-
ments de crédit et dans des banques pri-
vées l'existence de comptes de chèques si-
gnalés à la Sûreté générale comme étant
ouverts au profit de communistes, et d'en
rechercher l'origine.
Des sommes importantes auraient été
touchées, paraît-il, dans une banque de la
rive droite par l'un des inculpés. Celui-d
aura à fournir incessamment des explica-
tions sur l'emploi de cet argent.
Une nouvelle arrestation
M. Gaud, commissaire aux renseigne-
ments généraux, a procédé à l'arrestation
de M. Ker, rédacteur à la Vie Ouvrière.
On sait que la Vie Ouvrière était dirigée
par M. Monatte, impliqué dans le complot
du mois de mai.
M. Ker est, pour l'instant,-inculpé com-
me les autres personnages appréhendés
d'hier, en application des articles 153 et
154 du code pénal, pour falsification de pas-
seports. Très répandu dans les milieux so-
cialistes et syndicalistes, Il passait pour un
extrémiste notoire. Il a été longtemps secré-
taire de l'école communiste marxiste, 49,
rue de Bretne..
Sa femme, Madeleine Ker, est également
une propagandiste communiste active.
Une perquisition a été faite à leur domi-
cile. Il en résulte que Ker dont le vrai nom
est Keim, est originaire de Firminy (Loiret
Il a été professeur.
Perquisitions diverses en province
Dans toute la France, la police tend ses
filets.
La police de la sûreté bordelaise a per-
quisitionné chez divers militants commu-
nistes, dont un nommé Thibaudeau.
Au domicile de ce dernier, la perquisition
a amené la découverte de documents éta-
blissant l'organisation de groupes commu-
nistes et donnant les noms de leurs adhé-
rents. ,
Un groupe dit a Clarté » est dirigé par
deux professeurs, l'un de lycée et l'autre de
faculté, et compte quatre-vingts adhérons
appartenant aux milieux intellectuels.
Ce groupe rédige des tracts et des bro-
chures extrémistes.
Un second groupe, dit « Groupe Pm-
dhon )), recrute ses adhérents dans les
milieux ouvriers et a créé à Bncahn, dans
le quartier des quais, une maison du f eupl»
où il donne des conférences.
Thibaudeau a. ét.é laissé en liberté et f:-
cune arrestation n'a suivi les perquisitions.
D'autre part, à Nice, de nombreuses per-
quisitions ont été opérées dans différents
immeubles de la ville et dans un hôtel m;
lu police a saisi une volumineuse i OI'n\)-
pendance du faux docteur ZalewsKy.
Au bureau central de la poste, un cour-
rier important a été également saisi par les
soins du service de la sûreté.
Comment fut arrêté
Zalewsky-Abramovitch.
L' « Eclaireur » annonce ainsi l'arresta- J
tion d'Abramovitch : * *
C'est au moment où M. Abramovitch al-
lait entrer en relations avec les soviets d'I-
talie que, très discrètement, et après des
recherches rapides et fructueuses, lcn
agents arrêtèrent l'agitateur.
Le bref colloque suivant s'engagea :
- Mais pourquoi m'arrêtez-vous ?
- On ne vous arrête pas, on vous nc.
compagne.
I.e faux docteur Zalewsky comprit qu'il
était tout à fait inutile d'insister: peut-
être aussi craignait-il le scandale et, quit-
tant son hôtel sous bonne escorte, il fut
embarqué le même jour pour Paris.
En même temps qu'elle! procédait à l'ar-
restation ci'Abramoviteh, la police gardait
à vue la compagne du révolutionnaire çiiii
à son accent, paraît originaire d'AIIemaTUtt.
Celle-ci. nullement émue, demanda qu on
ne la séparât pas de son enfant âgé de dix
mois et qu'elle est obligée d'allaiter, ce qui
lui fut accordé.
Ce n'est que ce matin que Ja compagne
d'Abramovitch a été mise en état d'arresta-
tion et conduite au commissariat .central..
La police vient, en outre, d'arrêter à l'hô-
tel où elle logeait une jeune femme se di-
sant russe mais que l'on suppose être aussi 1
allemande et qui aurait servi le couple sus-
pect comme femme de chambre. Il est éta-
Ni maintenant qu'elle était la collaboratrice
d'Abramovitch '; elle s'était mise déj* en
rapport avec un personnage suspect dt
Nice.
LE PROCES D'ORLÉANS
Les bandits des Aubrais
devant la Cour d'Assises.
Orléans, 31 janvier. — Cest aujourd'hui
qu'a commencé devant la Cour d'assises du
Loiret, présidée par M. le conseiller Ba-
bille, assisté de Me Sauty, avocat général,
le procès dies bandits de la gare dés Aur
brais.
Les accusés sont au nombre de dix :
Kiffer (Georges-Louis), 33 ans, né à Sotteville-
les-Rouen (Seine - ItiléTieure), camionneur a
Paris.
Houchy (Jean-Gaston), 25 ans, né à Libourno
(Gironde;, se disant comptable, domicilié à Li-
bourne.
.ltl
Moreau (Alarcei), 3i ans, né à Puteaux (Seine),
employé à Paris.
Couliou (Yves-Alexandre-Joseph), 30 ans, né à
Quimperlé (Finistère). sans profession connue.
Maillard ( lpt i on se-Augits t c - Josep h), 36 ans, né
à .pel'rjers-en-Beaufi.wl (Manche), épicier à Paris,
84. rue de Sèvres.
Roussilte (Aristide), 59 ans, né à Paris \12pi,
représentant de commerce à Paris.
Heimer (Jacques), .50 ans, né à Jassy (Rouma-
nie), soldeur à Clichy, 23, rue de Neuitty.
"> Woog (René), 22 ans, né à Clichy, employé à
Paris.
vVoog (Emile-Isaac), 29 ans, né à Paris (17*
arf.), employé à Paris.
Un de leurs complices a réussi à déjouer
toutes les recherches de ln. police, c'est un
nommé Rrunaud (Joseph-Amédée), 43 ans,
né au Péchereau (arrondissement. l(]Je Ghâ-
.teatN'Ol1/X), le ?6 février 1877, pans protfes-
okai ni domicile connu.
Des deux principaux accusés, l'un, Rou-
chy, marche avec difficulté. Il s'appuie
su ruffie canne à la suite de la blessure qu'il
a reçue à la jambe, lors de la bataille de
l'auberge de Machelainville, quand il fut
arrêté. Il paraît décidé à se détendre énetr-
giquement. L'autre, Kiffer, dont l'allure et
la physionomie ne sont pas antipathiques,
mois qui est très déprimé, comparait devant
le jury, enveloppé dans unie lourde peau de
bique.
L'acte d'accusation
Après les interrogatoires d'identité, le
greffier a donné lecture de l'acte d'accusa-
tion, document très long que l'on ne peut
(l,ule résumer :
Le 22 mars 1920, vers 5 heures du matin,
M. Bardin, poseur à la Compagnie d'Or-
léans, était avisé que des individus char-
geaient dans une voilure automobile, sta-
tionnant près du souterrain, ao lieu dit
« La Fosse aux Loups », des caisses parais-
sant volées. »
Une semaine plus tard, dans la nuit du
2G au 27 mars, les mêmes individus arrivés,
dans deux voitures automobiles recommen-
cèrent leur exploit.
Ils avaient été aperçus par des surveil-
lants qui, téléphonique-ment, avertirent le
personnel de la garé qui accourut. Une ba-
taille à coups de revolver s'engagea. Ur
employé de chemin de fer fut. tue. lPendan\
qu'on le relevait, les bandits sautèrent dans
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