Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-01-22
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 janvier 1921 22 janvier 1921
Description : 1921/01/22 (N18305). 1921/01/22 (N18305).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75528167
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
*
fcfLuvrosErAN Í. - No i&M ** rotrtNZfi cmrmkg samedi 22 janvier mi. - No is.sos.
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VICTOR HUGO
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,t 1 TRIBUNE LIBRE
- .0-
Il n'y a pas de travail pour les chômeurs
dans les régions libérées -
— -+--..- (
n y a quelque temps —
oh ! pas très longtemps !
— un de nos anciens mi-
nistres, celui du travail,
particulièrement bien pla-
cé pourtant pour savoir
à quoi s'en tenir, affirmait
péremptoirement qu il n'y avait pas de
chômeurs en France !
C'était aller un peu fort Les milliers
d'ouvriers qui se trouvent actuellement
sur le pavé par suite de la fermeture de
leurs usines n'étaient pas inconnus des
services officiels, bien que la misère ne
les eût pas encore mis dans la pénible
Obligation de solliciter des secours.
Devant le toile général provoqué par
cette impudente affirmation, le gou-
vernement s'est décidé à reconnaître
l'évidence. Aussi bien, il ne lui était
plus possible de la nier, les usines, étei-
gnait leurs feux étant chaque jour plus
nombreuses et partout l'armée des
sans-travail s'augmentant dans des
proportions inquiétantes.
Mais, ayant admis qu'il y a des cliô-
tneurs, il a entrepris de persuader à
l'opinion, publique que beaucoup chô-
ment volontairement et ne veulent pas
aller travailler là où l'ouvrage ne man-
que pas, c'est-à-dire dans les régions
tibél'éM.
Je n'exagère pas, comme on pour-
rait le croire. Voici, en effet, un pas-
sage des déclarations faites la semaine
dernière à l'un de nos confrères pari-
siens par un haut fonctionnaire du mi-
nistère des régions libérées, et qui ont
iéfé reproduites par toute la presse,
obéissant, évidemment, à un mot d'or-
tïre :
D'autre part, on ne fait pas ce q'on veut
fles ouvriers.
Y-ous croyez que le terrassier et le ma-
fon parisiens sans travail veulent aller dans
ile Nord ? Ils s'y refusent énergiquement.
'-_:es entrepreneurs rencontrent une résis-
Sance extraordinaire. Sauf leis gens du Cen-
re, ceux du Limousin par exemple, qui
expatrient volontiers, le travailleur fran-
cais aime son pays, et veut y rester.
On ne fait pas non plus changer facile-
tncut un homme de métier. On ne s'impro-
fvise pas maçon ou fouilleur de terre. Et.
puis, il y a une 'espèce d'orgueil corporatif.
Dans le Nord, même, les filateurs qui dl.
JiiP'nt reCuisent presque tous de faire du dé-
laiement ou de la construction. Et on a vu
ce phénomène extraordinaire : les rn-mOllir!;
de Lens n'ont pas voulu collaborer au dé-
platement de Lens. Ils ont préféré aller al
vingt kilomètres de chez eux travailler dans
les mines de Bruay. Le mineur vent, la mine.,
u" métallurgiste la forge et le filateur la fi-
lature..
A la lecture de ces déclarations, on
c demande ce qu'il faut le plus admi-
Hcr du cynisme de leur auteur ou de la
maïvete des bons lecteurs de La Liberté,
ffi laquelle ces déclarations ont été fai-
tes, qui croient certainement, dur com-
me fer, que les régions,libérées n'atten-
fcfcnt plus que de la main-d'œuvre pour
jse reconstituer et qui, sans nul doute,
étonnent et s'indignent lorsqu'ils li-
sent, les récrimkiations des élus des si-
nistrés.
Certes, le travail ne manque pas dans
nos ruines. Il y en a encore pendant
longtemps pour tous ceux qui voudront
nous aider à les relever. -
Mais, pour travailler, la bonne vo-
lonté ne suffit pas. Il en faut encore
Ses moyens matérielsles matériaux et,
pour payer le tout, de l'argent. Oui, de
argent, voilà ce qu'il nous faut, beau-
coup -d'argent. Et c'est ce dont nous
manquons le plus, surtout depuis quel-
ques mois. Voilà ce que nous ne cessons
yde réclamer du gouvernement. Et, hé-
jjlas ! il faut le dire et le redire sans
cesse, parce que c'est la vérité, voilà
ce que nous avons le plus de peine à ob"
ijjtenir d'une trésorerie aux abois, rédui-
rte aux expédienis. et d'un Parlement,
Chambre et Séhat, dont la majorité, si
telle ne se désintéresse pas de notre re-
Plftl>SiUI/';'. n'y attache pas assez ,d'im-
portance, préoccupée qu'elle est par
d'autrès problèmes secondaires, tel ce-
lui de ja reprise des relations avec Io
Vatican. Comme si le retour à l'équili-
bre économique, à une situation finan-
cière normale, n'était pas conditionuéa
"HU' la restauration des départements
«dévastés, par la reprise de leur activité
industrielle et commerciale d'avant-
guerre !
Lorsqu'on se décidera à nous donner
ide l'argent, tout l'argent qu'il nous
faut, c'est-à-dire les milliards que
Allemagne nous doit et qu'elle ne nous
paie pas, alors, mais alors seulement,
41 y aura du travail pour tous les cou'-
rageux dans les régions libérées.
Encore fe^4j'û-i-il qu 'ol). Glit pris des
ftesurcs Z)Qr assurer aux travailleurs
des conditions de vie moins pénibles
que celles qu'ils sont obligés de subir
actuellement. Tant qu'on n'aura rien
fait pour leur -procurer des logements
plus confortables que Jes baraquements
où ils campent toujours, plus de deux
MIS après l'armistice, tant qu'on n'aura
pas compris que l'ouvrier a., plus que
tout autre, besoin de vivre en famille
— ce qui lui est impossible presque
partout, faute d'habitations — le re-
crutement de la main-d'œuvre néces-
saire aux travaux de reconstitution
sera difficile.
Mais, répétons-le. nous n'en som-
mes pas, malheureusement, à l'époque
où, au lieu d'une crise de chômage,
nous aurons à déplorer une crise do
main-d'œuvre. Il ne manque pas de tra-
vail chez nous, c'est vrai. Cependant,
on ne travaille pas et on ne peut pas
travailler, parce qu'on n'a pas d'ar-
gent.
Prétendre que les chômeurs trouve-
raient à s'employer dans les régions
libérées, c'est leur faire espérer l'im-
possible. C'est aussi tromper l'opinion
publique que de lui dire qu'il ne nous
manque que des bras pour relever nos
maisons, nos usines et remettre nos
terres en état.
C'est, à la fois, un mensonge et une
mauvaise action.
CEORGES-BARTHELEMY,
Député du Pas-de-Calais,
.————————————
EDITORIAL
8*8 -
Le mandat de la France
Avant de s'asseoir à la
nouvelle Conférence in-
teralliée, M. Aristide Briand
a tenu a éclairer sa lan-
terne devant les représen-
tants du pays.
C'est la vraie méthode politique qui
convienne a un peuple libre.
Il a lallu des majorités serviles,
courbées sous la cravache clémenciste,
pour tolérer qu'il en fût autrement.
Trop longtemps nous avons haleté
rdans une atmosphère irrespirable d'état
de siège, de censure, d'éteignoir.
Ceux qui prétendaient alors nous re-
présenter avaient sans cesse un doigt
sur les lèvres et un autre dans l'œil.
Ils abusaient de la diplomatie des
«< mains libres » pour aboutir à la po-
litique des « mains vides ».
M. Aristide Briand a estimé, avec
faison, que des éclaircissements n'im..
cliquaient pas un mandat impératif et
que les représentants de la Nation
avaient d'autres droits que d'entériner
des faits accomplis.
Le point sur lequel le président. du
conseil a concentré la lumière est la ne
cessité de l'accord étroit entre les Al-
liés pour poursuivre Vexécution du irai.
té de Versailles.
En effet, même si le Boche renâclé et
se dérobe, il ne peut être pris contre lui
de sanction, ni exercé de, contrainte
qu'après concert des Alliés:
Ainsi le veulent l'esprit et la lettre
''d'e ce traité misérable dont une des
tares indélébiles est de n'avoir ni exigé
de gages de l'Allemagne, ni prévu et
précisé les moyens de lui imposer lo
respeft des « chiffons de papier ».
S'it nous faut réunir une Conférence
chaque fois que VAllemagne éludera un
des innombrables articles des conven-
tions signées par elle, nous perdrons'
autant de temps à convaincre nos Al-
liés qu'à contraindre nos adversaires,
et le monde embourbé dans cet imbro-
glio diplomatique 'd¡c}JlItltrera sous la
menace éternelle des conflits ranimés.
Souhaitons donc que M. Aristide
Briand convainque de ces vérités essen-
tielles le chef du gouvernement anfllai.
Et puisse la confiance du Parlement
lui inspirer ces actes dignes de la Fran-
ce, par quoi un grand peuple, mutilé
par la guerre, affirme sa créance sanc-
tifiée par le sang de ses martyrs.
f.M._p m mwul.
On dit.
Aujourd'hui
La boîte de cigares
On nous conte cette bonne histoire :
Un professeur de violon, qui fait partie r1
l'orchestre d'un de nos plus grands music-
halls, reçut cette année d'un de ses élèves
pour ses étrennes, une botte de cigares.
Et l'élève d'expliquer :
-':;' Papa l'avait reçue de son patron, l-
bananier. Mais il a dit : « Ce cochon-là,
m'envoyer des cigares, quand j'attendai, 50-J
francs fit gratification. Tu les porteras, à
ton professeur de violon. »
Le musicien, tout en souriant de la naïveté
de l'enfant, ouvre avec un canif la botte
clouée et il aperçoit, sur le premier rang, fix
billet de 1.000 francs teut neuf :
— Tiens, mon enfant, dit-il, rapporte ça (;
Ion papa. Je garde les cigares. mais dis-
lui que soit patron n'est pas si cochon qu'il
croyait.
v Le Tapin.
LES POMMES DU UOISIN
Apologue
Les amis de M. Raoul Péret ne souhai-
taient généralement pas qu'il devint prési-
dent dit conseil.
Comme il s'ouvrait à l'un d'eux de son
intention de former un grand ministère,
dont feraient partie les grands ténors dIt
Parlement, cet ami lui tint ce langage :
- Imaginez un imprésario qui, pour mon-
ter un spectacle mirobolant, annonce qu'il
a obtenu le concours des plus grandes ve-
dettes. Tout le. monde applaudit son alli-
che. Puis vient le jour de la représentation.
Succès pou'r le premier acte. A qui jette-t-on
des ficurs ? Aux vedettes. Au second acte,
il y a encore des fleurs. Elles sont toujours
pour les vedettes. Mais au troisième, cela
se gâte, le public se l'dclte. A qui jette-t-on
les pommes cuites ? A l'imprésario. Eh
bien ! dans cette combinaison, mon cher
ami, l'imprésario, c'est vous. ,
M. Raoul Péret fut, paraît-il, très frappé
par cet apologue.
(Le Cri de Paris.)
La conjonction des centres
Durant cette crise, M. Arago se multi-
plia. n conféra avec M. Millerand, avec M.
Péret, avec M. Briand il porta■ à ce dernier
les doléances et Im exigences (Ü., son groupe
et quand le cabinet fut constitué, il revint
triomphant et déclara : f
— Je n'ai pas beaucoup connu ,mon
grand-père, mais ta me souviens de ce qus
me disait mon père qui a beaucoup connu
M. Thiers. Or, ce fut un des regrets les
plus vifs de M. Thiers de n'avoir pas pu
réaliser la conjonction des centres.
« C'est ma fierté d'avoir réalisé celle con-
jonction des centres ! »
(Aux Ecoutes.)
-
Le budget de 1907
Qui l'eût cru, dans la foule ignorante dont
nous faisons tous partie ? Le budget de
1U07 n'est- pas encore réglé ! La chose est
vraie, bien qu'invraisemblable. Quoi qu'il
en soit, voici quelques précisions :
Le projet de loi portant règlement défini-
tif du budget de l'exercice 1907 a été soumis
à la Chambre des députés le 23 décembre
1908 et, n'ayant pas été volé avant la fin de
la législature, déposé de nouveau dans la
séance du 30 juin 1910.
Il a donné lieu à divers rapports IJllrticu-
liers et à un rapport général déposé le 29
mars 1912.
il a-êté voté par la Chambre dans sa
séance du 6 novembre 191 o.
L'état de guerre a retardé examen qui
devait en être fatt par le Sénat.
Enfin, après multiples péripéties et nom-
breux atermoiements, ce projet de loi a été
déposé au Sénat, à la fin de l'année D'PO.
Nous disons 1920 (séance du 23 décembre),
Tout arrive.
(La Renaissance.)
«sa«2»
Utilisation des ananas
On assure que, dans le but de remplacer
,avantageusement l'essence et le pétrole,
dont les prix sont loin d'être rectifiés, plu-
sieurs savants auraient trouvé le moyen de
substituer à ces carburants l'alcool tire di-
rectement des ananas.
Il paraît, en effet, que 45 ananas suffi-
sent pour donner un litre d'alcool à 45 de-
grés, soit un degré par ananas.
Avouons que cette découverte n'est, (si
nous osons dire) pas bananc. Mais quant à
faire marcher des autos avec le produit de
ces ananas, nOllS croyons bien que ce sera
comme des dales'!
(Le Canard Enchaîné.)
"S&~3"
Les cercles vicieux
Par ordt'c du ministère de l'intérieur dé-
missionné, les cercles fermés pourront, dé-
sormais, rester ouverts après une heure du
matin, mais les cercles ouverts devront fer-
mer à minuit. C'est clair !
(Le Merle Diane.)
———♦ —
Le commerce de l'Allemagne
Les journaux alleinan>d.s 'publient la ré-
ponse du gouvernement allemand à l'une
dns ipiesliions posées a Bruxelles concer-
nant le commerce, extérieur de l'Allemagne.
Le chiffre des «xporlatious est donné par
le tableau suivant : ,
mipon. expert.
Eu tonnes
Movenne de • 1911 à 1913. 70 (Î.S9 (jli -Ij;:¡
Année 1919 9 'lï OS3
8 Itf)8 13 t)18
Janvier à juin.3V20 8 40S 13 OIS
En millions de marks-or
Moyenne de 19L1 à 1J3. 10 380 033
Année 1919 6 003 2 078
Janvier à juin 1980 .4 130 1 7<0;
11 est à remarquer que le mark-or repré- 1
sentait, en 1919. 4,8 marks-papier, ,et, en]
1920 il équivalait à 14,5 marks-papier. j
Candidature officielle
Nous avons signalé hier, à la réproba-
tion du Séna.ti, les méfaits de la candidature
officielle dans les Basses-Alpes.
Ija Corse a opnnu les mêmes pratiques
scandaleuses.
Dans ies Basses-Alpes, M. Honnorat, mi-
nistre de l'instruction publique, opérait pour
son compte.
En Corse, M. Landry, ministre de la ma-
rinc, operait pour le compte de ses amis.
Dès le 10 décembre, le c'hef de son secré-
tariat particulier s'était rendu en Corse et
avait parcouru les communes au nom de
son ministre. A Sartène, notamment, il a
promis sinécures et récompenses officielles
aux délégués sénatoriaux qui « voteraient
bien ».
Le chef du secrétariat particulier fut bien-
tôt suivi d'un attaché du caibinet du minis-
tre, qui exerça la même pression officielle.
Puis, le ministre; de la marine débarqua
en personne. C'est tout juste s'il ne se fit
pas accompagner par -une escadre.
Dès le 4 janvier, il installa son quartier
général à Ajaccio, recrutant les délégués
sénatoriaux, promettant postes et emplois.
Le jour même de l'élection, devant la pré-
fecture, en présence die tous les délégués
assemblés, il prit un bulletân de vote où
figuraient ses candidats, et le montra osten.
siblement comme le labarum de la candi-
dature officielle.
Il s'ensuivit un déplacement de trois voix
on faveur de la liste du ministre de la rna-
rine 1
De tels faits de pression sont-ils admis-
sables ?
Le Sénat tolérera-t-il que les sièges de la
haute assemblée deviennent-une prime à la
pression administrative et à la corruption ?
Permettrons-nous que nos moeurs publi-
ques soient corrompues par la Alcrcantc, ou
viciées par des représentants indignes d'un
gouvernement républicain ?
Si tout est pourri dans le monde dos poli-
ticiens, ne vous étonnez pas du vent de
révolte qui commence à souffler dans la
Nation, et qui balaiera tous les exploiteur
de l'idéal démocratique !
- .-. -
Des têtes
Comme il a bien fait ce pygméo rageur
de Forgeot de jeter le masque du « Bloc
national » et de nous montrer telle qu'elle
est l'âme du réacteur.
Du moins, voilà qui est franc, qui sent son
« ordre moral » et qui nous ramène aux
belles jo'ur.ae'c.-i du Seize Mai.
Enfin, voici la traduction exacte de
l'union sacrée telle que la conçoivent cea
messieurs.
Guerre au prolétariat ! Guerre à l'esprit
laïque ! Guerre aux fonctionnaires fidèles
à l'idéal républicain ! Des têtes ! des tètes J
Ces jîensrlà, éternels « culs-blancs » du
terrorisme réactkmna.ire, se croyant déjà
les plus forts, réclament leurs Viciâmes.
Et la séquelle des spéculateurs, des pro-
fiteurs, des Sffaiiieii.i-s d'applaudir 4 tou!
ramure.
Hardi ! bonnes genss excitez, Iéveillell
l'instinct populaire. Montrez-vons donc, l'ace
nue, aiin que le peuple vous reconnaisse
bien.
Des tètes, tricoteurs de sacristie ?
Venez donc les prendre.
.-..--
Un pacte de famine
*
Oui ou non, M. Vilgrain, sous-secrétaire
d'Etat au ravitaillement du ministère Cle-
menceau, a t-it abusé de ses liantes fonc-
tions pour organiser, à son profit, un nou-
veau pacte de famine
Oui ou non, ce représentant, dans le gou-
vernement, de M. L.-L..Dreyfus, uu des
gros spéculateurs de blé du monde, a-t-jj
formé un trust pour se rendre maître de la
fabrication du pain ?
De pareils attentats contre le Bien Public,
punis par le rode, s'ils sont avéré», demeu-
reront-ils impunis ? V
Avons-nous un gouvorneniienl ?
A VOnS-IWIJSUIl garde des sceaux?
Avons-nous llill procureur général ?
l'oairquoi s'adliarnent-ils sur de petits de-
linquants, sur les syndicalistes, et épar-
gnent-ils la ha,ll!tc pègre, qui exploite la
France, mutilée par la guerre?
Pourquoi ?
.:
Avant et après
•vwt wvv
M. Barthou, académicien disert, consa-
crait, il y a quelques jours, à l'édification
politique des jeunes amies de cousine Yvon-
ne, un article hebdomadaire dans les An-
nales politiques et littéraires.
AI. Barthou, ministre, ne va plus pouvoir
continuer à entretenir des grands problè-
mes sociaux et diplomatiques ses jeunes lec-
trices, .,..
Et ce sera dommage.
Mais comme le nouveau ministre est un
homme satfe o-t de précaution, il avait, dès
avant la fin de la crise, donné son article
régulier,
Et voUit comment M. Barthou, ministre,
rompant les précédents établis, écrivait, hier
encore, dans l'organe hebdomadaire des
jeunes filles de bonne famille,
Le piquant est que son étude traite préci-
sément « des raisons ei des leçons d'une
cri e Il. ,-
11 est original de voir comment, M. Bar-
blmllt délHlté, envisage la situation.
En matière de Imunces, écrit-il, l'heure
est passée des expédients : il faut des
remèdes. En politique étrangère, l'heure
est passée tHis formules et des promesses : il
faut des réalités. Les deux questions sont
liées l'une à l'autre, et comme les répara-
tions ou les garanties que nous devons ob-
tenir de l'Allemagne dépendent des alliés,
c'est auprès d'eux qu'il faut tout d'abord
agir. La crise ministérielle a été un avertis-
sement. La France fait crédit à ses amis,
mais les vraies amitiés sont celles qui s'ex-
pliquent avec une cordiale franchise. Le
temps est venu d'aoutir. »
M. Barthou, ministre, aurait-il écrit les
mêmes paroles ?
lin tout cas, elles sont de bop augure
L'ACTUALITÉ
«
M. Briand répond
aux interpellateurs
DISCOURS DE M. HERRIOT AU NOM DU PARTI RADICAL
-----f. --'"
Le nouveau ministère obtient la confiance
par 475 voix contre 68
Après le discours réac-
* tionnaire de M. Forgeot,
qui a suivi la lecture de la
Déclaration ministérielle,
le président du conseil a
tenu à prendre la parole
dès Le début de la séance
d'hier. De fait, la petite
formalité de l'adoption du
procès - verbal accomplie,
M. Briand monte à la tri-
bune.
Il l'a occupée pendant près de deux heu-
res. On connaît l'éloquence charmante et
persuasive de M. Briand. Son discours
d'hier en a donné une nouvelle preuve.
M>"- - -
Discours de M. Briand
Le président du conseil débute ainsi :
M. Aristide Briand, président du conseil. —
Dans la situation grave où nous sommes, à
l'heure où va s'engager pour de longues années
le destin de notre pays, je 'îiiiemlirais si, sentant
les lourdes responsabilités qui pèsent sur moi,
.je .vous disais que je ne suis pas ému.
Je viens vous exposer tes raisons que vous
aurez de m'accorder ou de. me refuser votre con-
fiance. Quoi qu'il arrive, H faut que vous PUIS-
siez vous déterminer en toute connaissance de
cause, et en toule clarté. (Très )bien ! très bien !j
Actuellement, le mieux, pour vous comme pour
le gouvernement, serait d'asseoir votre confiance
sur la base solide d'une action suivie de résul-
tats ; malheureusement, je ne puis vous apporter
pour l'instant que des paroles. Je les appor-
terai du moins aussi rapides, aussi directes que
possible,. -
Entre vous et nous, qu'il soit bien entendu
(lue le. gouvernement poursuit un but qu'il va
déterminer, par des moyens yu'j[ va vous indi-
quer, et que si, connaissant ce but et ce moyen,
vous nous donnez votre confiance, que ce soit
une confiance entière et durable.
Demain, s'ouvrira la Conférence des Alliés.
Nous nous y rencontrerons dans une atmos-
phère de cordialité réelle et'de confiance m'u-
tuelle, donc dans d'excellentes conditions de
travail. Je veux aller à cette réunion avec toute
la dignité et toute l'aulorité d'un premier mi-
nistre français, ayant la charge des atiaires ex-
térieures de son pays, qui n'oublie pas que ce
pays s'appelle la France, et que, mandataire, il
a le .droit de demander au Parlement qui le sou-
tiendra toute la liberté des négociations indis-
pensables. (Vifs applaudissements.)
Je sais aussi qu'il y a une question de tact et
de conliance vis-à-vis de nos alliés : il ne peut
être dans l'esprit d'aucun de nous lier les mains
à l'heure difficile des négociations. Mais je
trouve légitime, utile, que, lorsqu'un Parlement
neconle- toute sa confiance, à une heure grave,
il ne le fasse qu'en connaissance de cause. Vous
avez donc le droit d'exiger de votre gouverne-
ment qu'il apporte ici ses directives, l'exposé du
but qu'il poursuit et des méthodes qu'il compte
employer.
Je crois que nous sommes d'accord.
La composition du ministère
Ces prémices posées,les diverses questions développées la veille
par les interpellateurs et d'abord la compo-
sition du cabinet et, sur un ton de douce
ironie, presque à mi-voix, il dit :
M. Briand. — Il ne serait digne ni de vous ni
de moi qu'un long débat s'instituât sur la com-
position du cabinet,
J'ai l'habitude des crises ministérielles ; celle-
ci est la septième que je suis appelé à dénouer.
Les crises s'ouvrent et se dénouent parmi les
hOulliUlCS ; elles font apparaître à leur surface
pas mal de sentiments nobles et généreux, mais,
de-ci. de-là, se font jour aussi quelques préoc-
cupations qui ne .sont pas toujours d'une no-
blesse égale. (Sourires). Le jour où les crises ne
seront plus ce qu'elles sont, quel bonheur pour
ceux qui auront à ics résoudre.! Elles témoigne-
ront que nous sommes parvenus à urr degré
d'éducation civique qui nous rendrait tout pro.
ches de la perfection : nous n'y sommes pas en-
core. (Applaudissements et rires).
Quant à la composition même du cabinet, l'ai
voulu, dans un large esprit d'union républicaine
dominé par des préoccupations de solidarité na-
tionale, grouper des hommes d'une bonne vo-
lonté éprouvée, capables d'apporter des conseils
utiles et de gérer eflicacement leurs départe-
ments.
Il est singulier que, lorsqu'un homme est libre,
qu'il circule dans les couloirs et ngit en simple
député, il est parfait. On lè désigne pour les plus
nauts emplois. Il est rapporteur général, prési-
dent de grandes commissions ; bref, il a toutes
les qualités, mais, aussitôt qu'il apparaït avec
un portefeuille sous le bras, alors, il n'est plus
dans le cabinet qu'un ami, cil on reproche 'lJ¡
président du Conseil qu'il sacrifie les intérêts
généraux il des considérations, d'ailleurs parfai-
tement touchantes, d'amitié.
Ainsi, on a parlé de mon ami Guisit'hau. J'BÍ-
me mes amis, et. en ce qui concerne mes enne-
mis politiques, j'ai conscience de n'avoir jamais.
contre eux, abusé du pouvoir. (Vives acclama-
lions à gauche et à l'extrême gauche'. (!u,ist'hau
a été maire, un grand maire d'une des grandes
villes de France. Il IJ/dé ici de ceux auxquels on
voulait bien attribuer- quelques qu a filés, puis-
qu'on l'avait nommé président de la commission'r
des colonies.
Il ne faut donc pas s'étonner si. à l'appui de
ses titres, se sont ajoutées quelques considéra-
tiom d'amitié qu'il n'est pas îpauvais - croyez-
le, monsieur Forgeot. de maintenir dans la poli-/
tique. 'Applaudissements.)
M. Barlîiou Œxelamationsv — oh ! messieurs,
ce n'est pas moi qui ai sollicite l'interpellation :
je dois surtout des explications, et je les donne-
rai. erres fiien l très bien !' -- donc. M. B.irîh.m
était président de la eonutussion des affaires ex-
térieures. On a fait éIut contre lui, lorsque je
l'ai appelé au ministère de la guerre, d'un dis-
cours sur les affaires russes. Je ne vois rien de
grave fondamentalement entre ce que disait
alors M. Barthou et ce que fera le gouvernement.
Et la 'voix s'élève, l'ironie devient mor-
dante et voilà M. Briand qui s'adresse à M.
Forgeot : la Chambre l'écoute avec une at-
tention profonde d'où n'est pas exclue la
s>;ni,pa.t.l1i,e :
Briand. — Mais, monsieur Forgeot, et — vous
le verrez vous-même quand vous serez au pou-
voir, et vous y serez, — ce que vous avez devant
vous, ce ne sont pas des individus avant chacun
leurs idées personnelles et auxquels on a sou-
vent reproché les articles qu'ils ont écrits, les
discussions qu'ils ont, soutenues, ce. sont des
hommes, qui, membres d'un gouvernement se
sont mis d'accord sur la politique que je dois
vous exposer.
Vous avez, monsieur Forgeot, un esprit intui-
tif admirable et vous possédez, en quelque sorte,
des antennes. Vous avez marqué quelque inquié-
tude en prévision du 1er mai prochain. Je suis
un homme qui a eu sa jeunesse, ses enthousias-
mes ; mais, aussi, je suis un homme qui a eu
souvent la responsabilité du pouvoir. d
Je me suis trouvé six fois à la tête du gouver-
nement Si certains angles ne s'étaient pas ar-
rondis en moi, je serais un piètre sire. Je suis
comme ces frustes cailloux qui longtemps ont
roule dans le fond du torrent ; mais ils n'ont
cependant pas perdu tous leurs angles, et, si je
n'ai pas perdu tous mes souvenirs de jeunesse,
je vois d'ici, au point de vue social, pourquoi et
comment.
Bien des- routes vers la liberté se sont ouver-
tes qui n'existaient pas autrefois. Aujourd'hui,
toute idée de violence est folle. Pour aboutir à
quoi ? Pour donner au monde du travail quels
avantages ?
Lorsque, à des heures graves, je me suis
trouvé dans la nécessité de prendre, dans l'in-
térêt de mon pays, des mesures pénibles, dou-
loureuses, je les ai prises. Et demain, monsieur
Forgeot, si le moindre trouble menaçait le pays,
le pays me trouverait à son service. (Applaudis-
sements.)
L'exécution du traité
Puis, le président du conseil vient au fait.
M. Forgeot a parlé de l'exécution du traité
et a apporté une thèse.
L'orateur se méfie des thèses "et de
mots t il a le souci de servir l'intérêt de ia
France au maximum. C'est sa seule préoc
cupation.. C'est une rude bataille à laquell
on va et, pour l'affronter, il faut autre cho-
se que le goût du pouvoir. On a dit qu'il
serait abominable que la Victoire n'apporte
pas aux vainqueurs qui ont tant souffert' ce
qu'ils sont en droit d'attendre : et, dans
un beau mouivement qui soulève les applau-
dissements de la Chambre, d'une voix vi-
brante, M. Briand s'écrie :
M. Briand. — Il serait trop injuste que l'Alle-
magne, ayant attaqué le monde civilisé dans la
personne de la Belgique et dans la personne de
la France, put se retirer de la lutte, avec ses
usines, sa terre, ses mines intactes, et que,
demain, par l'effet des conditions du change,
ayant en quelque sorte obtenu un traité de
Francfort à rebours qui laisse à ses industries
le marché du monde, elle édifie de nouveau sa
fortune sur les misères qu'elle a faites. Cela,
jamais, ce n'est pas possible. (Vifs applaudis-
sements.)
Après deux ans, le peuple ne veut plus de ces
formules vagues. N'aura-t il pas enfin des réali-
tés tangibles La sanction de la victoire ne com-
mencera-t-elle pas à apparaître ? Le peuple fran-
tais, qui n'oublie pas qu'il a la force et qui sait
de quelle manière on en a usé contre lui lors-
qu'elle était de l'autre côté, dit : « Je ne com-
prends plus. a Il faut qu'il comprenne et que
le gouvernement et le Parlement agissent d'ac-
cord pour lui donner la compréhension de sa
victoire par les résultats qui lui en seront' ap-
portés. (Applaudissements.)
Est-ce à dire que la France veuille user de sa
force d'une manière systématique ? Nos enne-
mis mènent contre nous une campagne qui con-
siste à dire que, si nous ne voulons pas faire
connaître notre créance, c'est que nous voulons
user de notre armée pour des fins impérialistes.
Je dis à la face du monde que ce n'est pas vrai.
(Vifs applaudissements.)
La France n'a jamais mieux mérité la con-
fiance et l'admiration du monde entier qu'à
l'heure présente. Et à ceux qui voient ce mal-
heureux pays ravagé rester calme, discuter, s'et-
forcer.de ne rien faire d'irréparable, essayer de
dissiper le malaise qui pèse sur le monde, et le
brouillard qui l'enveioppe, nous pouvons dire:
« Chapeau bas.! la France le mérite. » (Vifs ap-
plaudissements.)
Mais il no- faut pas que cette longue pa-
tience puisse être interprétée comme juin
signe de faiblesse. L'orateur n'a pas le goût
des manifestations violentes. Oui, disent ses
adversaires, c'est un homme souple, mais
qui n'a pas beaucoup de caractère, q,uti est
sans fermeté (et la Chambne de rire). Ce
n'est pe.ux-être pas PJieiwe de mettre entre
ses mains débiles les destinées de la France.
(Nouveaux rires.) Il a cependant) donné
quelques exemples de fermeté et il saura
en donner de nouveaux.
Les possibilités de l'Allemagne
Puis, le président du conseil, en termes
énergiques, examine tes possibilités de l'Al-
lemagne, ses deléances sur sa situation, do-
léances que l'orateur n'est tenu d'accepter
que sous bénéfice d'inventaire, et M. Briand
expose nettement ses vues sur la nécessité
de faire paver l'Allemagne qui a des facul-
tés de production formidables et qui tra-
vaille à force. Ce qui importe, c'est de sor-
tir de l'imprécision et de faire apparaître
notre créance, et entre les alliés l'effort doit
être fait à fond pour obtenir le maximum
de paiement. Il y a déjà des négociations
engagées, et le président du conseil rend
hommage à sun prédécesseur en disant que
ce n'est pas lui qui rompit la solidarité mi-
nistérielle. Il y a. devant nous un large
champ de liberté ; nous pouvons obtenir
des résultats immédiat et précis.
Le traité de Versailles est peut-être im-
pLXJait, mais il est et c'est quelque chose
de positif : il nous donne le droit, de voir si
l'Allemagne a fait tous les efforts fiscaux
et si elle ne. dissimule pas, par des gaspil-
lages apparents, une partie de ses ressour-
ces. Entre deux faillites, si on doit arriver
à cette extrémité, ce qui serait scandaleux
c'est que l'Allemagne y éch^pAt, alors que
la France y tomberait Ce qu'il faut, avant
tout, c'est être d'accord avec nos alliés. C'est «
grâce à l'unité d'yotion qu'on a gagné la
guerre. w' le froitit 4c paix, il faut établir
fcfLuvrosErAN Í. - No i&M ** rotrtNZfi cmrmkg samedi 22 janvier mi. - No is.sos.
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Rédaction et administration: Nord 24-90,24-91-— Après 10h. ni soir : Guttenberg 00-70
,t 1 TRIBUNE LIBRE
- .0-
Il n'y a pas de travail pour les chômeurs
dans les régions libérées -
— -+--..- (
n y a quelque temps —
oh ! pas très longtemps !
— un de nos anciens mi-
nistres, celui du travail,
particulièrement bien pla-
cé pourtant pour savoir
à quoi s'en tenir, affirmait
péremptoirement qu il n'y avait pas de
chômeurs en France !
C'était aller un peu fort Les milliers
d'ouvriers qui se trouvent actuellement
sur le pavé par suite de la fermeture de
leurs usines n'étaient pas inconnus des
services officiels, bien que la misère ne
les eût pas encore mis dans la pénible
Obligation de solliciter des secours.
Devant le toile général provoqué par
cette impudente affirmation, le gou-
vernement s'est décidé à reconnaître
l'évidence. Aussi bien, il ne lui était
plus possible de la nier, les usines, étei-
gnait leurs feux étant chaque jour plus
nombreuses et partout l'armée des
sans-travail s'augmentant dans des
proportions inquiétantes.
Mais, ayant admis qu'il y a des cliô-
tneurs, il a entrepris de persuader à
l'opinion, publique que beaucoup chô-
ment volontairement et ne veulent pas
aller travailler là où l'ouvrage ne man-
que pas, c'est-à-dire dans les régions
tibél'éM.
Je n'exagère pas, comme on pour-
rait le croire. Voici, en effet, un pas-
sage des déclarations faites la semaine
dernière à l'un de nos confrères pari-
siens par un haut fonctionnaire du mi-
nistère des régions libérées, et qui ont
iéfé reproduites par toute la presse,
obéissant, évidemment, à un mot d'or-
tïre :
D'autre part, on ne fait pas ce q'on veut
fles ouvriers.
Y-ous croyez que le terrassier et le ma-
fon parisiens sans travail veulent aller dans
ile Nord ? Ils s'y refusent énergiquement.
'-_:es entrepreneurs rencontrent une résis-
Sance extraordinaire. Sauf leis gens du Cen-
re, ceux du Limousin par exemple, qui
expatrient volontiers, le travailleur fran-
cais aime son pays, et veut y rester.
On ne fait pas non plus changer facile-
tncut un homme de métier. On ne s'impro-
fvise pas maçon ou fouilleur de terre. Et.
puis, il y a une 'espèce d'orgueil corporatif.
Dans le Nord, même, les filateurs qui dl.
JiiP'nt reCuisent presque tous de faire du dé-
laiement ou de la construction. Et on a vu
ce phénomène extraordinaire : les rn-mOllir!;
de Lens n'ont pas voulu collaborer au dé-
platement de Lens. Ils ont préféré aller al
vingt kilomètres de chez eux travailler dans
les mines de Bruay. Le mineur vent, la mine.,
u" métallurgiste la forge et le filateur la fi-
lature..
A la lecture de ces déclarations, on
c demande ce qu'il faut le plus admi-
Hcr du cynisme de leur auteur ou de la
maïvete des bons lecteurs de La Liberté,
ffi laquelle ces déclarations ont été fai-
tes, qui croient certainement, dur com-
me fer, que les régions,libérées n'atten-
fcfcnt plus que de la main-d'œuvre pour
jse reconstituer et qui, sans nul doute,
étonnent et s'indignent lorsqu'ils li-
sent, les récrimkiations des élus des si-
nistrés.
Certes, le travail ne manque pas dans
nos ruines. Il y en a encore pendant
longtemps pour tous ceux qui voudront
nous aider à les relever. -
Mais, pour travailler, la bonne vo-
lonté ne suffit pas. Il en faut encore
Ses moyens matérielsles matériaux et,
pour payer le tout, de l'argent. Oui, de
argent, voilà ce qu'il nous faut, beau-
coup -d'argent. Et c'est ce dont nous
manquons le plus, surtout depuis quel-
ques mois. Voilà ce que nous ne cessons
yde réclamer du gouvernement. Et, hé-
jjlas ! il faut le dire et le redire sans
cesse, parce que c'est la vérité, voilà
ce que nous avons le plus de peine à ob"
ijjtenir d'une trésorerie aux abois, rédui-
rte aux expédienis. et d'un Parlement,
Chambre et Séhat, dont la majorité, si
telle ne se désintéresse pas de notre re-
Plftl>SiUI/';'. n'y attache pas assez ,d'im-
portance, préoccupée qu'elle est par
d'autrès problèmes secondaires, tel ce-
lui de ja reprise des relations avec Io
Vatican. Comme si le retour à l'équili-
bre économique, à une situation finan-
cière normale, n'était pas conditionuéa
"HU' la restauration des départements
«dévastés, par la reprise de leur activité
industrielle et commerciale d'avant-
guerre !
Lorsqu'on se décidera à nous donner
ide l'argent, tout l'argent qu'il nous
faut, c'est-à-dire les milliards que
Allemagne nous doit et qu'elle ne nous
paie pas, alors, mais alors seulement,
41 y aura du travail pour tous les cou'-
rageux dans les régions libérées.
Encore fe^4j'û-i-il qu 'ol). Glit pris des
ftesurcs Z)Qr assurer aux travailleurs
des conditions de vie moins pénibles
que celles qu'ils sont obligés de subir
actuellement. Tant qu'on n'aura rien
fait pour leur -procurer des logements
plus confortables que Jes baraquements
où ils campent toujours, plus de deux
MIS après l'armistice, tant qu'on n'aura
pas compris que l'ouvrier a., plus que
tout autre, besoin de vivre en famille
— ce qui lui est impossible presque
partout, faute d'habitations — le re-
crutement de la main-d'œuvre néces-
saire aux travaux de reconstitution
sera difficile.
Mais, répétons-le. nous n'en som-
mes pas, malheureusement, à l'époque
où, au lieu d'une crise de chômage,
nous aurons à déplorer une crise do
main-d'œuvre. Il ne manque pas de tra-
vail chez nous, c'est vrai. Cependant,
on ne travaille pas et on ne peut pas
travailler, parce qu'on n'a pas d'ar-
gent.
Prétendre que les chômeurs trouve-
raient à s'employer dans les régions
libérées, c'est leur faire espérer l'im-
possible. C'est aussi tromper l'opinion
publique que de lui dire qu'il ne nous
manque que des bras pour relever nos
maisons, nos usines et remettre nos
terres en état.
C'est, à la fois, un mensonge et une
mauvaise action.
CEORGES-BARTHELEMY,
Député du Pas-de-Calais,
.————————————
EDITORIAL
8*8 -
Le mandat de la France
Avant de s'asseoir à la
nouvelle Conférence in-
teralliée, M. Aristide Briand
a tenu a éclairer sa lan-
terne devant les représen-
tants du pays.
C'est la vraie méthode politique qui
convienne a un peuple libre.
Il a lallu des majorités serviles,
courbées sous la cravache clémenciste,
pour tolérer qu'il en fût autrement.
Trop longtemps nous avons haleté
rdans une atmosphère irrespirable d'état
de siège, de censure, d'éteignoir.
Ceux qui prétendaient alors nous re-
présenter avaient sans cesse un doigt
sur les lèvres et un autre dans l'œil.
Ils abusaient de la diplomatie des
«< mains libres » pour aboutir à la po-
litique des « mains vides ».
M. Aristide Briand a estimé, avec
faison, que des éclaircissements n'im..
cliquaient pas un mandat impératif et
que les représentants de la Nation
avaient d'autres droits que d'entériner
des faits accomplis.
Le point sur lequel le président. du
conseil a concentré la lumière est la ne
cessité de l'accord étroit entre les Al-
liés pour poursuivre Vexécution du irai.
té de Versailles.
En effet, même si le Boche renâclé et
se dérobe, il ne peut être pris contre lui
de sanction, ni exercé de, contrainte
qu'après concert des Alliés:
Ainsi le veulent l'esprit et la lettre
''d'e ce traité misérable dont une des
tares indélébiles est de n'avoir ni exigé
de gages de l'Allemagne, ni prévu et
précisé les moyens de lui imposer lo
respeft des « chiffons de papier ».
S'it nous faut réunir une Conférence
chaque fois que VAllemagne éludera un
des innombrables articles des conven-
tions signées par elle, nous perdrons'
autant de temps à convaincre nos Al-
liés qu'à contraindre nos adversaires,
et le monde embourbé dans cet imbro-
glio diplomatique 'd¡c}JlItltrera sous la
menace éternelle des conflits ranimés.
Souhaitons donc que M. Aristide
Briand convainque de ces vérités essen-
tielles le chef du gouvernement anfllai.
Et puisse la confiance du Parlement
lui inspirer ces actes dignes de la Fran-
ce, par quoi un grand peuple, mutilé
par la guerre, affirme sa créance sanc-
tifiée par le sang de ses martyrs.
f.M._p m mwul.
On dit.
Aujourd'hui
La boîte de cigares
On nous conte cette bonne histoire :
Un professeur de violon, qui fait partie r1
l'orchestre d'un de nos plus grands music-
halls, reçut cette année d'un de ses élèves
pour ses étrennes, une botte de cigares.
Et l'élève d'expliquer :
-':;' Papa l'avait reçue de son patron, l-
bananier. Mais il a dit : « Ce cochon-là,
m'envoyer des cigares, quand j'attendai, 50-J
francs fit gratification. Tu les porteras, à
ton professeur de violon. »
Le musicien, tout en souriant de la naïveté
de l'enfant, ouvre avec un canif la botte
clouée et il aperçoit, sur le premier rang, fix
billet de 1.000 francs teut neuf :
— Tiens, mon enfant, dit-il, rapporte ça (;
Ion papa. Je garde les cigares. mais dis-
lui que soit patron n'est pas si cochon qu'il
croyait.
v Le Tapin.
LES POMMES DU UOISIN
Apologue
Les amis de M. Raoul Péret ne souhai-
taient généralement pas qu'il devint prési-
dent dit conseil.
Comme il s'ouvrait à l'un d'eux de son
intention de former un grand ministère,
dont feraient partie les grands ténors dIt
Parlement, cet ami lui tint ce langage :
- Imaginez un imprésario qui, pour mon-
ter un spectacle mirobolant, annonce qu'il
a obtenu le concours des plus grandes ve-
dettes. Tout le. monde applaudit son alli-
che. Puis vient le jour de la représentation.
Succès pou'r le premier acte. A qui jette-t-on
des ficurs ? Aux vedettes. Au second acte,
il y a encore des fleurs. Elles sont toujours
pour les vedettes. Mais au troisième, cela
se gâte, le public se l'dclte. A qui jette-t-on
les pommes cuites ? A l'imprésario. Eh
bien ! dans cette combinaison, mon cher
ami, l'imprésario, c'est vous. ,
M. Raoul Péret fut, paraît-il, très frappé
par cet apologue.
(Le Cri de Paris.)
La conjonction des centres
Durant cette crise, M. Arago se multi-
plia. n conféra avec M. Millerand, avec M.
Péret, avec M. Briand il porta■ à ce dernier
les doléances et Im exigences (Ü., son groupe
et quand le cabinet fut constitué, il revint
triomphant et déclara : f
— Je n'ai pas beaucoup connu ,mon
grand-père, mais ta me souviens de ce qus
me disait mon père qui a beaucoup connu
M. Thiers. Or, ce fut un des regrets les
plus vifs de M. Thiers de n'avoir pas pu
réaliser la conjonction des centres.
« C'est ma fierté d'avoir réalisé celle con-
jonction des centres ! »
(Aux Ecoutes.)
-
Le budget de 1907
Qui l'eût cru, dans la foule ignorante dont
nous faisons tous partie ? Le budget de
1U07 n'est- pas encore réglé ! La chose est
vraie, bien qu'invraisemblable. Quoi qu'il
en soit, voici quelques précisions :
Le projet de loi portant règlement défini-
tif du budget de l'exercice 1907 a été soumis
à la Chambre des députés le 23 décembre
1908 et, n'ayant pas été volé avant la fin de
la législature, déposé de nouveau dans la
séance du 30 juin 1910.
Il a donné lieu à divers rapports IJllrticu-
liers et à un rapport général déposé le 29
mars 1912.
il a-êté voté par la Chambre dans sa
séance du 6 novembre 191 o.
L'état de guerre a retardé examen qui
devait en être fatt par le Sénat.
Enfin, après multiples péripéties et nom-
breux atermoiements, ce projet de loi a été
déposé au Sénat, à la fin de l'année D'PO.
Nous disons 1920 (séance du 23 décembre),
Tout arrive.
(La Renaissance.)
«sa«2»
Utilisation des ananas
On assure que, dans le but de remplacer
,avantageusement l'essence et le pétrole,
dont les prix sont loin d'être rectifiés, plu-
sieurs savants auraient trouvé le moyen de
substituer à ces carburants l'alcool tire di-
rectement des ananas.
Il paraît, en effet, que 45 ananas suffi-
sent pour donner un litre d'alcool à 45 de-
grés, soit un degré par ananas.
Avouons que cette découverte n'est, (si
nous osons dire) pas bananc. Mais quant à
faire marcher des autos avec le produit de
ces ananas, nOllS croyons bien que ce sera
comme des dales'!
(Le Canard Enchaîné.)
"S&~3"
Les cercles vicieux
Par ordt'c du ministère de l'intérieur dé-
missionné, les cercles fermés pourront, dé-
sormais, rester ouverts après une heure du
matin, mais les cercles ouverts devront fer-
mer à minuit. C'est clair !
(Le Merle Diane.)
———♦ —
Le commerce de l'Allemagne
Les journaux alleinan>d.s 'publient la ré-
ponse du gouvernement allemand à l'une
dns ipiesliions posées a Bruxelles concer-
nant le commerce, extérieur de l'Allemagne.
Le chiffre des «xporlatious est donné par
le tableau suivant : ,
mipon. expert.
Eu tonnes
Movenne de • 1911 à 1913. 70 (Î.S9 (jli -Ij;:¡
Année 1919 9 'lï OS3
8 Itf)8 13 t)18
Janvier à juin.3V20 8 40S 13 OIS
En millions de marks-or
Moyenne de 19L1 à 1J3. 10 380 033
Année 1919 6 003 2 078
Janvier à juin 1980 .4 130 1 7<0;
11 est à remarquer que le mark-or repré- 1
sentait, en 1919. 4,8 marks-papier, ,et, en]
1920 il équivalait à 14,5 marks-papier. j
Candidature officielle
Nous avons signalé hier, à la réproba-
tion du Séna.ti, les méfaits de la candidature
officielle dans les Basses-Alpes.
Ija Corse a opnnu les mêmes pratiques
scandaleuses.
Dans ies Basses-Alpes, M. Honnorat, mi-
nistre de l'instruction publique, opérait pour
son compte.
En Corse, M. Landry, ministre de la ma-
rinc, operait pour le compte de ses amis.
Dès le 10 décembre, le c'hef de son secré-
tariat particulier s'était rendu en Corse et
avait parcouru les communes au nom de
son ministre. A Sartène, notamment, il a
promis sinécures et récompenses officielles
aux délégués sénatoriaux qui « voteraient
bien ».
Le chef du secrétariat particulier fut bien-
tôt suivi d'un attaché du caibinet du minis-
tre, qui exerça la même pression officielle.
Puis, le ministre; de la marine débarqua
en personne. C'est tout juste s'il ne se fit
pas accompagner par -une escadre.
Dès le 4 janvier, il installa son quartier
général à Ajaccio, recrutant les délégués
sénatoriaux, promettant postes et emplois.
Le jour même de l'élection, devant la pré-
fecture, en présence die tous les délégués
assemblés, il prit un bulletân de vote où
figuraient ses candidats, et le montra osten.
siblement comme le labarum de la candi-
dature officielle.
Il s'ensuivit un déplacement de trois voix
on faveur de la liste du ministre de la rna-
rine 1
De tels faits de pression sont-ils admis-
sables ?
Le Sénat tolérera-t-il que les sièges de la
haute assemblée deviennent-une prime à la
pression administrative et à la corruption ?
Permettrons-nous que nos moeurs publi-
ques soient corrompues par la Alcrcantc, ou
viciées par des représentants indignes d'un
gouvernement républicain ?
Si tout est pourri dans le monde dos poli-
ticiens, ne vous étonnez pas du vent de
révolte qui commence à souffler dans la
Nation, et qui balaiera tous les exploiteur
de l'idéal démocratique !
- .-. -
Des têtes
Comme il a bien fait ce pygméo rageur
de Forgeot de jeter le masque du « Bloc
national » et de nous montrer telle qu'elle
est l'âme du réacteur.
Du moins, voilà qui est franc, qui sent son
« ordre moral » et qui nous ramène aux
belles jo'ur.ae'c.-i du Seize Mai.
Enfin, voici la traduction exacte de
l'union sacrée telle que la conçoivent cea
messieurs.
Guerre au prolétariat ! Guerre à l'esprit
laïque ! Guerre aux fonctionnaires fidèles
à l'idéal républicain ! Des têtes ! des tètes J
Ces jîensrlà, éternels « culs-blancs » du
terrorisme réactkmna.ire, se croyant déjà
les plus forts, réclament leurs Viciâmes.
Et la séquelle des spéculateurs, des pro-
fiteurs, des Sffaiiieii.i-s d'applaudir 4 tou!
ramure.
Hardi ! bonnes genss excitez, Iéveillell
l'instinct populaire. Montrez-vons donc, l'ace
nue, aiin que le peuple vous reconnaisse
bien.
Des tètes, tricoteurs de sacristie ?
Venez donc les prendre.
.-..--
Un pacte de famine
*
Oui ou non, M. Vilgrain, sous-secrétaire
d'Etat au ravitaillement du ministère Cle-
menceau, a t-it abusé de ses liantes fonc-
tions pour organiser, à son profit, un nou-
veau pacte de famine
Oui ou non, ce représentant, dans le gou-
vernement, de M. L.-L..Dreyfus, uu des
gros spéculateurs de blé du monde, a-t-jj
formé un trust pour se rendre maître de la
fabrication du pain ?
De pareils attentats contre le Bien Public,
punis par le rode, s'ils sont avéré», demeu-
reront-ils impunis ? V
Avons-nous un gouvorneniienl ?
A VOnS-IWIJSUIl garde des sceaux?
Avons-nous llill procureur général ?
l'oairquoi s'adliarnent-ils sur de petits de-
linquants, sur les syndicalistes, et épar-
gnent-ils la ha,ll!tc pègre, qui exploite la
France, mutilée par la guerre?
Pourquoi ?
.:
Avant et après
•vwt wvv
M. Barthou, académicien disert, consa-
crait, il y a quelques jours, à l'édification
politique des jeunes amies de cousine Yvon-
ne, un article hebdomadaire dans les An-
nales politiques et littéraires.
AI. Barthou, ministre, ne va plus pouvoir
continuer à entretenir des grands problè-
mes sociaux et diplomatiques ses jeunes lec-
trices, .,..
Et ce sera dommage.
Mais comme le nouveau ministre est un
homme satfe o-t de précaution, il avait, dès
avant la fin de la crise, donné son article
régulier,
Et voUit comment M. Barthou, ministre,
rompant les précédents établis, écrivait, hier
encore, dans l'organe hebdomadaire des
jeunes filles de bonne famille,
Le piquant est que son étude traite préci-
sément « des raisons ei des leçons d'une
cri e Il. ,-
11 est original de voir comment, M. Bar-
blmllt délHlté, envisage la situation.
En matière de Imunces, écrit-il, l'heure
est passée des expédients : il faut des
remèdes. En politique étrangère, l'heure
est passée tHis formules et des promesses : il
faut des réalités. Les deux questions sont
liées l'une à l'autre, et comme les répara-
tions ou les garanties que nous devons ob-
tenir de l'Allemagne dépendent des alliés,
c'est auprès d'eux qu'il faut tout d'abord
agir. La crise ministérielle a été un avertis-
sement. La France fait crédit à ses amis,
mais les vraies amitiés sont celles qui s'ex-
pliquent avec une cordiale franchise. Le
temps est venu d'aoutir. »
M. Barthou, ministre, aurait-il écrit les
mêmes paroles ?
lin tout cas, elles sont de bop augure
L'ACTUALITÉ
«
M. Briand répond
aux interpellateurs
DISCOURS DE M. HERRIOT AU NOM DU PARTI RADICAL
-----f. --'"
Le nouveau ministère obtient la confiance
par 475 voix contre 68
Après le discours réac-
* tionnaire de M. Forgeot,
qui a suivi la lecture de la
Déclaration ministérielle,
le président du conseil a
tenu à prendre la parole
dès Le début de la séance
d'hier. De fait, la petite
formalité de l'adoption du
procès - verbal accomplie,
M. Briand monte à la tri-
bune.
Il l'a occupée pendant près de deux heu-
res. On connaît l'éloquence charmante et
persuasive de M. Briand. Son discours
d'hier en a donné une nouvelle preuve.
M>"- - -
Discours de M. Briand
Le président du conseil débute ainsi :
M. Aristide Briand, président du conseil. —
Dans la situation grave où nous sommes, à
l'heure où va s'engager pour de longues années
le destin de notre pays, je 'îiiiemlirais si, sentant
les lourdes responsabilités qui pèsent sur moi,
.je .vous disais que je ne suis pas ému.
Je viens vous exposer tes raisons que vous
aurez de m'accorder ou de. me refuser votre con-
fiance. Quoi qu'il arrive, H faut que vous PUIS-
siez vous déterminer en toute connaissance de
cause, et en toule clarté. (Très )bien ! très bien !j
Actuellement, le mieux, pour vous comme pour
le gouvernement, serait d'asseoir votre confiance
sur la base solide d'une action suivie de résul-
tats ; malheureusement, je ne puis vous apporter
pour l'instant que des paroles. Je les appor-
terai du moins aussi rapides, aussi directes que
possible,. -
Entre vous et nous, qu'il soit bien entendu
(lue le. gouvernement poursuit un but qu'il va
déterminer, par des moyens yu'j[ va vous indi-
quer, et que si, connaissant ce but et ce moyen,
vous nous donnez votre confiance, que ce soit
une confiance entière et durable.
Demain, s'ouvrira la Conférence des Alliés.
Nous nous y rencontrerons dans une atmos-
phère de cordialité réelle et'de confiance m'u-
tuelle, donc dans d'excellentes conditions de
travail. Je veux aller à cette réunion avec toute
la dignité et toute l'aulorité d'un premier mi-
nistre français, ayant la charge des atiaires ex-
térieures de son pays, qui n'oublie pas que ce
pays s'appelle la France, et que, mandataire, il
a le .droit de demander au Parlement qui le sou-
tiendra toute la liberté des négociations indis-
pensables. (Vifs applaudissements.)
Je sais aussi qu'il y a une question de tact et
de conliance vis-à-vis de nos alliés : il ne peut
être dans l'esprit d'aucun de nous lier les mains
à l'heure difficile des négociations. Mais je
trouve légitime, utile, que, lorsqu'un Parlement
neconle- toute sa confiance, à une heure grave,
il ne le fasse qu'en connaissance de cause. Vous
avez donc le droit d'exiger de votre gouverne-
ment qu'il apporte ici ses directives, l'exposé du
but qu'il poursuit et des méthodes qu'il compte
employer.
Je crois que nous sommes d'accord.
La composition du ministère
Ces prémices posées,
par les interpellateurs et d'abord la compo-
sition du cabinet et, sur un ton de douce
ironie, presque à mi-voix, il dit :
M. Briand. — Il ne serait digne ni de vous ni
de moi qu'un long débat s'instituât sur la com-
position du cabinet,
J'ai l'habitude des crises ministérielles ; celle-
ci est la septième que je suis appelé à dénouer.
Les crises s'ouvrent et se dénouent parmi les
hOulliUlCS ; elles font apparaître à leur surface
pas mal de sentiments nobles et généreux, mais,
de-ci. de-là, se font jour aussi quelques préoc-
cupations qui ne .sont pas toujours d'une no-
blesse égale. (Sourires). Le jour où les crises ne
seront plus ce qu'elles sont, quel bonheur pour
ceux qui auront à ics résoudre.! Elles témoigne-
ront que nous sommes parvenus à urr degré
d'éducation civique qui nous rendrait tout pro.
ches de la perfection : nous n'y sommes pas en-
core. (Applaudissements et rires).
Quant à la composition même du cabinet, l'ai
voulu, dans un large esprit d'union républicaine
dominé par des préoccupations de solidarité na-
tionale, grouper des hommes d'une bonne vo-
lonté éprouvée, capables d'apporter des conseils
utiles et de gérer eflicacement leurs départe-
ments.
Il est singulier que, lorsqu'un homme est libre,
qu'il circule dans les couloirs et ngit en simple
député, il est parfait. On lè désigne pour les plus
nauts emplois. Il est rapporteur général, prési-
dent de grandes commissions ; bref, il a toutes
les qualités, mais, aussitôt qu'il apparaït avec
un portefeuille sous le bras, alors, il n'est plus
dans le cabinet qu'un ami, cil on reproche 'lJ¡
président du Conseil qu'il sacrifie les intérêts
généraux il des considérations, d'ailleurs parfai-
tement touchantes, d'amitié.
Ainsi, on a parlé de mon ami Guisit'hau. J'BÍ-
me mes amis, et. en ce qui concerne mes enne-
mis politiques, j'ai conscience de n'avoir jamais.
contre eux, abusé du pouvoir. (Vives acclama-
lions à gauche et à l'extrême gauche'. (!u,ist'hau
a été maire, un grand maire d'une des grandes
villes de France. Il IJ/dé ici de ceux auxquels on
voulait bien attribuer- quelques qu a filés, puis-
qu'on l'avait nommé président de la commission'r
des colonies.
Il ne faut donc pas s'étonner si. à l'appui de
ses titres, se sont ajoutées quelques considéra-
tiom d'amitié qu'il n'est pas îpauvais - croyez-
le, monsieur Forgeot. de maintenir dans la poli-/
tique. 'Applaudissements.)
M. Barlîiou Œxelamationsv — oh ! messieurs,
ce n'est pas moi qui ai sollicite l'interpellation :
je dois surtout des explications, et je les donne-
rai. erres fiien l très bien !' -- donc. M. B.irîh.m
était président de la eonutussion des affaires ex-
térieures. On a fait éIut contre lui, lorsque je
l'ai appelé au ministère de la guerre, d'un dis-
cours sur les affaires russes. Je ne vois rien de
grave fondamentalement entre ce que disait
alors M. Barthou et ce que fera le gouvernement.
Et la 'voix s'élève, l'ironie devient mor-
dante et voilà M. Briand qui s'adresse à M.
Forgeot : la Chambre l'écoute avec une at-
tention profonde d'où n'est pas exclue la
s>;ni,pa.t.l1i,e :
Briand. — Mais, monsieur Forgeot, et — vous
le verrez vous-même quand vous serez au pou-
voir, et vous y serez, — ce que vous avez devant
vous, ce ne sont pas des individus avant chacun
leurs idées personnelles et auxquels on a sou-
vent reproché les articles qu'ils ont écrits, les
discussions qu'ils ont, soutenues, ce. sont des
hommes, qui, membres d'un gouvernement se
sont mis d'accord sur la politique que je dois
vous exposer.
Vous avez, monsieur Forgeot, un esprit intui-
tif admirable et vous possédez, en quelque sorte,
des antennes. Vous avez marqué quelque inquié-
tude en prévision du 1er mai prochain. Je suis
un homme qui a eu sa jeunesse, ses enthousias-
mes ; mais, aussi, je suis un homme qui a eu
souvent la responsabilité du pouvoir. d
Je me suis trouvé six fois à la tête du gouver-
nement Si certains angles ne s'étaient pas ar-
rondis en moi, je serais un piètre sire. Je suis
comme ces frustes cailloux qui longtemps ont
roule dans le fond du torrent ; mais ils n'ont
cependant pas perdu tous leurs angles, et, si je
n'ai pas perdu tous mes souvenirs de jeunesse,
je vois d'ici, au point de vue social, pourquoi et
comment.
Bien des- routes vers la liberté se sont ouver-
tes qui n'existaient pas autrefois. Aujourd'hui,
toute idée de violence est folle. Pour aboutir à
quoi ? Pour donner au monde du travail quels
avantages ?
Lorsque, à des heures graves, je me suis
trouvé dans la nécessité de prendre, dans l'in-
térêt de mon pays, des mesures pénibles, dou-
loureuses, je les ai prises. Et demain, monsieur
Forgeot, si le moindre trouble menaçait le pays,
le pays me trouverait à son service. (Applaudis-
sements.)
L'exécution du traité
Puis, le président du conseil vient au fait.
M. Forgeot a parlé de l'exécution du traité
et a apporté une thèse.
L'orateur se méfie des thèses "et de
mots t il a le souci de servir l'intérêt de ia
France au maximum. C'est sa seule préoc
cupation.. C'est une rude bataille à laquell
on va et, pour l'affronter, il faut autre cho-
se que le goût du pouvoir. On a dit qu'il
serait abominable que la Victoire n'apporte
pas aux vainqueurs qui ont tant souffert' ce
qu'ils sont en droit d'attendre : et, dans
un beau mouivement qui soulève les applau-
dissements de la Chambre, d'une voix vi-
brante, M. Briand s'écrie :
M. Briand. — Il serait trop injuste que l'Alle-
magne, ayant attaqué le monde civilisé dans la
personne de la Belgique et dans la personne de
la France, put se retirer de la lutte, avec ses
usines, sa terre, ses mines intactes, et que,
demain, par l'effet des conditions du change,
ayant en quelque sorte obtenu un traité de
Francfort à rebours qui laisse à ses industries
le marché du monde, elle édifie de nouveau sa
fortune sur les misères qu'elle a faites. Cela,
jamais, ce n'est pas possible. (Vifs applaudis-
sements.)
Après deux ans, le peuple ne veut plus de ces
formules vagues. N'aura-t il pas enfin des réali-
tés tangibles La sanction de la victoire ne com-
mencera-t-elle pas à apparaître ? Le peuple fran-
tais, qui n'oublie pas qu'il a la force et qui sait
de quelle manière on en a usé contre lui lors-
qu'elle était de l'autre côté, dit : « Je ne com-
prends plus. a Il faut qu'il comprenne et que
le gouvernement et le Parlement agissent d'ac-
cord pour lui donner la compréhension de sa
victoire par les résultats qui lui en seront' ap-
portés. (Applaudissements.)
Est-ce à dire que la France veuille user de sa
force d'une manière systématique ? Nos enne-
mis mènent contre nous une campagne qui con-
siste à dire que, si nous ne voulons pas faire
connaître notre créance, c'est que nous voulons
user de notre armée pour des fins impérialistes.
Je dis à la face du monde que ce n'est pas vrai.
(Vifs applaudissements.)
La France n'a jamais mieux mérité la con-
fiance et l'admiration du monde entier qu'à
l'heure présente. Et à ceux qui voient ce mal-
heureux pays ravagé rester calme, discuter, s'et-
forcer.de ne rien faire d'irréparable, essayer de
dissiper le malaise qui pèse sur le monde, et le
brouillard qui l'enveioppe, nous pouvons dire:
« Chapeau bas.! la France le mérite. » (Vifs ap-
plaudissements.)
Mais il no- faut pas que cette longue pa-
tience puisse être interprétée comme juin
signe de faiblesse. L'orateur n'a pas le goût
des manifestations violentes. Oui, disent ses
adversaires, c'est un homme souple, mais
qui n'a pas beaucoup de caractère, q,uti est
sans fermeté (et la Chambne de rire). Ce
n'est pe.ux-être pas PJieiwe de mettre entre
ses mains débiles les destinées de la France.
(Nouveaux rires.) Il a cependant) donné
quelques exemples de fermeté et il saura
en donner de nouveaux.
Les possibilités de l'Allemagne
Puis, le président du conseil, en termes
énergiques, examine tes possibilités de l'Al-
lemagne, ses deléances sur sa situation, do-
léances que l'orateur n'est tenu d'accepter
que sous bénéfice d'inventaire, et M. Briand
expose nettement ses vues sur la nécessité
de faire paver l'Allemagne qui a des facul-
tés de production formidables et qui tra-
vaille à force. Ce qui importe, c'est de sor-
tir de l'imprécision et de faire apparaître
notre créance, et entre les alliés l'effort doit
être fait à fond pour obtenir le maximum
de paiement. Il y a déjà des négociations
engagées, et le président du conseil rend
hommage à sun prédécesseur en disant que
ce n'est pas lui qui rompit la solidarité mi-
nistérielle. Il y a. devant nous un large
champ de liberté ; nous pouvons obtenir
des résultats immédiat et précis.
Le traité de Versailles est peut-être im-
pLXJait, mais il est et c'est quelque chose
de positif : il nous donne le droit, de voir si
l'Allemagne a fait tous les efforts fiscaux
et si elle ne. dissimule pas, par des gaspil-
lages apparents, une partie de ses ressour-
ces. Entre deux faillites, si on doit arriver
à cette extrémité, ce qui serait scandaleux
c'est que l'Allemagne y éch^pAt, alors que
la France y tomberait Ce qu'il faut, avant
tout, c'est être d'accord avec nos alliés. C'est «
grâce à l'unité d'yotion qu'on a gagné la
guerre. w' le froitit 4c paix, il faut établir
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