Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-01-17
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 janvier 1921 17 janvier 1921
Description : 1921/01/17 (N18300). 1921/01/17 (N18300).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
, 17NW083B/ AN12S. 1 £ 3M £ J CI ftuméfo ; QtJINEE CENTIMES 17 JANVIER 1921. — N9 18.3G0.
Fondateurs (IBBOf >
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Sixmois Troismois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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TRIBUNE LIBRE
.—————<
Ne jouons pas sur les mots
———————— ).+ ————— ;—
Le Temps, journal grave,
affecte parfois des allures
de pince-sans-rire. Au len-
demain des élections sénato-
riales, il m'a fait l'honneur
ue nie railler à propos des
espérances que j'avais ion-
deco ..i journée du 9, esperanees qui,
il J CU croire, ne s'e sont pas réalisees.
J'avais, en effet, affirmé que les élec-
tions se feraient « à gauche ». Le plus
curieux, c'est que, même après avoir lu
l'article du Temps, je suis, encore plus,
de mon opinion. Point n'est besoin, pour
cela, de peser au trébuchet les résultats
du scrutin. Il suffit d'avoir des yeux et
de, vouloir se rendre à l'évidence.
Certes, nous n'avions pas la naïveté
d'attendre de ce renouvellement partiel
un changement radical des hommes et
des idées. Chacun sait que le sismogra-
phe sénatorial n'inscrit jamais que de
médiocres oscillations. Pour des ques-
tions personnelles, et par des manœu-
vres qui ne furent pas toujours d'une
élégance raffinée, deux ou trois de nos
amis, il est vrai, ne sont pas revenus.
Mais, à côté de ces pertes, que de
gains solides, et substantiels, dont nous
avons lieu de nous réjouir ! Voici les
Côtes-du-Nord qui sont envahies par la
vague républicaine. La Bretagne bouge.
Des républicains socialistes nous arri-
vent du pays des Chouans. M. Ricard,
ministre de l'agriculture, a été congédié
vivement par les délégués du Finistère.
Mieux que cela. Là même où la repré-
sentation n'a pas changé, a soufflé un
esprit nouveau, et non pas précisément
dans le sens que le Temps désirerait. Il
est tel département où les élus, qui au-
raient. peut-être hésité il y a six semai-
nes, sool rentrés au Sénat avec l'inten-
tion très ferme et le mandat très net de
votjL-r. contre L'ambassade du Vatican.
Si le Temps se montre enchanté, c'est
qu'il est de bonne composition. Laissons-
le donc à son illusion. Et ne lui cher-
chons pas une querelle de chiffres. Mais,
tout de même, prions-le de ne pas trop
jouer sur les mots.
« Elections « de bon sens », dit-il, qui
ont montré que le pays ne voulait « ni
réaction ni révolution ». Serrons d'un
peu près ces formules élastiques et com-
modes dans lesquelles tout peut entrer.
Et, en les employant à notre tour — car
nous n'hésitons pas à les employer —
donnons-leur leur véritable signification
républicaine.
Où commence, pour le Temps, la réac-
tion ? Il en recule indéfiniment les li-
mites. C'est assez à la mode aujour-
d'hui, depuis le Bloc national. C'est
ainsi que les monarchistes bretons éli-
minés dans les Côtes-du-Nord sont sim-
plement « des éléments qui n'apparais-
mien,t.pas comme étant d'un républica-
nisme assez sûr ». L'euphémisme est dé-
licieux qui transforme des Chouans avé-
rés en républicains un peu tièdes.
Que voilà une frontière politique bien
nébuleusement estompée ! A droite, on
éloigne à l'infini, jusnu'à le supprimer,
le poteau de démarcation. A gauche, au
contraire, on le rapproche. Car, si on
baptise, d'un côté, les pires réactionnai-
res républicains, de l'autre on feint de
confondre les radicaux avec les socialis-
tes pour les vouer tous ensemble aux
gémonies. Ceci rappelle la désinvolture,
•pour ne pas prononcer un mot plus sé-
vère. avec laquelle le défunt M. Hicard
traitait nos collègues républicains du Fi-
nistère qu'il qualifiait — et pour qui les
sonnait, on voit combien le qualificatif
Hait juste ! — « d'élément de désorgani-
sation sociale ».
En vérité, casuistique pure que tout
pela ; distinguos subtils par où l'on
veut prouver que le blanc est noir, et
inversement ; art savant, mais puéril,
de mettre les mots à la torture pour leur
faire dire ce que précisément ils 11e di-
sait pas ! i
« Ni réaction, ni révolution », c'est
aussi notre devise, celle qui inspirait
hier le magnifique discours, à Cavaillon,
de notre collègue Herriot.
Mais, pour nous, la réaction ne se vo-
latilise pas en républieanismes de plus
en plus déteints et effilochés. Elle est
CfUclfJllc chose de précis et de positif.
Elle comprend et groupe, de quelque
nom duo 1. elles s'affublent provisoire-
ment, toutes les entreprises de désor-
ganisation républicaine ». Elle englobe,
avec les monarchistes impénitents, ou les
bonapartistes mal convertis, tous les
opportunistes dhier. tous les « Bloc na-
tional » d'aujourd'hui, tous ceux qui
Tout u kamarad. » pour mieux étrangler
la République toujours cordialement dé-
lestée. Tous ceux-là, nous les niellons
dans le même sac, et nous les combat-
tons tous ensemble. loyalement, à visière
liéeouver'e. sans haine pour les hommes,
mais heurtant résolument principe con-
tre principe.
Et, de même, avec une égale fermeté.
nous écartons la révolution, si l'on en-
tend par ce mot toutes ces sanglantes
et vaines tentatives de rénovation socia-
le par la violence contre lesquelles s'in-
surgent à la fois la conscience et l'his-
toire. Chez nous, quoi qu'en dise le
Temps, aucune affinité avec les bolche-
viks ou bolchevisants, quels qu'ils
soient ; aucun désir d'aller à une « In-
ternationale », que ce soit la première
ou la troisième ; ou plutôt l'aspiration
ardente et raisonnée vers la seule Inter-
nationale qui puisse conserver les patries
en sauvegardant la paix du monde, cette
Société des nations dont les débuts sont
difficiles, mais dont l'avenir sera ra-
dieux, simple gland qui deviendra chêne !
Mais .aucune sympathie non plus pour
les beati possidentes qui trouvent tout
pour le mieux dans le meilleur des mon-
des,/ pour ces répugnants Augustes qui
estiment la Pologne suffisamment ivre
quand ils ont, eux, largement bu, pour
tous les requins, mercantis, profiteurs
et autres égoïstes repus dont la fortune
insolente insulte à l'universelle détresse.
Entre ces deux pôles, également inhos-
pitaliers, nous sommes en train de dé-
fricher le vaste domaine où doit défini-
tivement s'installer la démocratie. Nous
convions à travailler avec nous tous les
hommes de bonne volonté qui affirment
d'un même cœur la République et la pa-
trie. Nous préparerons ensemble cette
incessante et 'progressive révolution des
mœurs, des lois, des esprits et des cons-
ciences d'où sortiront, l'une après l'au-
tre, toutes les réformes sociales, d'où
surgira un jour le monde nouveau.
Et, pour ce faire, nous voulons dès
maintenant cimenter le bloc républicain
de gauche, pour lo distinguer de l'au-
tre, qui n'est ni de gauche ni républi-
cain.
On le voit, notre géographie politique
n'est pas celle du Temps. Je vous disais
bien que nous ne donnions pas le même
sens aux mêmes mots !
Jean PHILIP,
Sénateur (fjj Gers.
EDITORIAL
1 8.
Le ministère
M. Aristide Briand a ren-
du au président de la Répu-
blique le service de consti-
tuer un ministère. Il lui res-
te à donner à la France un
gouvernement. Sa tâche eSt
singulièrement ardue ; le devoir national
est de la lui faciliter.
On trouve toujours douze ministres à
grouper autour d'un président du conseil
en guise de citron. On rencontre rare-
ment des hommes dont le caractère
s'inspire des règles essentielles de
l'Etal.
Pami nos nouveaux Maîtres, rien que
des noms connus ; quelques-uns trop
connus.
M. Aristide Briand, empêché de tailler
largement dans le neuf, a stoppé avec
habit été un vieux manteau d'Arlequin.'
Mais, paix à ces hommes de bonne vo-
lonté !
Le retour de M. Aristide Briand aux
affaires étrangères est, du moins, pour
nous rassurer. Son habileté s'efforcera
de 7ious donner le maximum d'avanta-
ges et sa prudence de nous exposer au
minimum de risques.
Il est l'homme politique français le
mieux qualifié jxnir discuter sans rai-
deur, pour traiter sans forfanterie, pour
négocier (WCC vue égale autorité avec nos
adversaires et nos amis.
Sa souplesse a déjà affronté la rai-
deur britannique. M. Lloyd George re-
trouvera en lui un partenaire à sa taille
qui connaît bien son jeu et qui sut nous
valoir naguère des avantages malheu-
reusement inexploités.
Aujourd'hui, la partie n'est plus la
même. les fautes de la politique démen-
ciste, tes méfaits du traité de Versailles
ont bouleversé l'échiquier,
M. Aristide Briand, s'il parvient à ré-
tablir la partie et à en tirer l'épingle de
la France, sera mis par l'histoire au
rang des plus grands serviteurs de notre
pays.
EDMOND DU MESNIL.
P.-S. - J'oubliais ! M. Bonnevay est
ministre. Sauvés, mon Dieu, nous som-
mes sauvés au nom du Sacré-Cœur 1
?'A:-;''-':::@:;
i LES NOUVEAUX MINISTRES j
S Ce matin, paraît, au Journal Officiel, les décrets nommant les nouveaux rhinis- w
W trcs. Le septième cabinet lîriaiïd est ainsi compose : wn
1 Présidence et Affaires étrangères MM. BRIAND, députe. M
justice BONNEVAY, député. (É
a) Intérieur MARRAUD, sénateur. us
ai. Guerre BARTHOU, député. j|j
I, Marine ; GUIST'HAU, député. j|
Finances. - Paul DOUMER, sénateur. S
Régions libérées et réparations LOUCHEUR, député. S
instruction publique., Léon Bérard, député. a
Agriculture LEFEBVRE DU PREY, député. W
Commercé ., Lucien DIOR, député. w
Travail, Assurance et Prévoyance soc. DANIEL-VINCENT, député. i
Pensions MAGINOT, député. w
Travaux publics., LE TROCQUER, député. f|
Clozics' : Albert SARRAUT, député. É
llyglime, Assistance et Santé p.t'¡{ique LEREDU, député. f$j
1 LES SOUS-SECRÉTAIRES D'ÉTAT j
1 Les sous-secrétaires d'Etat, seront désignés dans une réunion qui sera tenue ce ||
W matin, u. 9 heures. Sous réserve de quelques modifications, nous croyons savoir w
w que la répartition des idemi-portcteuilles' serait ainsi faite : 'RW
Présidence du Conseil .:or.:, ,.. - MM, TISSIER, sénateur. $8
(H Affaires étrangères , DANIELOU, député. (®
H Guerre .,..,.,:,..,.: OSSOLA, député. $
Intérieur .¿. COLRAT, député. jgl
|| Postes et Télégraphes PAISANT, député. Ij
H Enseignement technique .-. -: '-' ,..,' VIDAL, député. ||
H Mines BORREL, député.
j» Régions libérées ,.:. LUGOL, député.
r.tJ;rtJct¡ 'S&~S'
On dit.
Autrefois
Cachez vos cartes
Le célèbre millionnaire, Samuel Bernard,
était gravement malade. L'abbé Linguel,
curé de Saint-Sulpice, l'obsédait par une
infinité de ruses pieuses pour l'amener à
faire un don important à sa fabrique. Le
m'oribond, bien qu'il eût quatre-vingts ans;
avait gardé tonle la gaîté et la finesse de
son esprit. Se tournant vers le curé, il lui
dit ;
« Cachez vos cartes, Monsieur, je vois.
dans votre jeu ».
-e
Le roi et le bouffon
r i»
Un grand seigneur de la cour de Fran-
çais 1"T avait menacé Triboulet, le lJOlIUonJ
a/l. l'oi, de le faire périr sous le bâton pour
s'être permis de parler de lui avec Iropj'
d'irrévérence.
Triboulet se plaignit au roi qui lui dit •'
« Si quelqu'un, avait la hardiesse de te tuer,
je le ferais pendre un quart d'heure.
après ».
- te Ah ! Sire. répliqua le bouffon, s'il
plaisait à Votre Majesté de le faire pendre
un quart d'heure avant ! »
Aujourd'hui
Bio-photo-graphies
Plusieurs ministrables - ou se croyaitit
tels — avaient préparé leur biographie,
qu'ils avaient en poche, sous enveloppe,
toute prête à être remise aux journalistes
au cas où le sort, aidé de M. Briand, le§
placerait sur la liste des élus définitifs.
Certains avaient même joint leur pitotoio
graphie à cet auto-panégyrique, afin que la
notice ftit accompagnée de son illtislratiomi
Hélas ! la plupart en furent pour leurs
frais. Mais l'homme ne vit-il pas surtout
d'espérance ? Et la boite de Pandore n'est-
elle pas la plus éternellement humaine d,4
toutes les tfdtoles ?
MW
Les thuriféraires
Samedi soir, lorsque M Briand parlant
aux journalistes, convoqués par lui dans Ici
cabinet de son ami M. Peycelon, directeur
du. Journal officiel — Iljouta., après coup,
le nom de M. Marraud à la liste des person-
nalités qu'il disait ac'oir consulté, uns voix
mwrmuray - approbative :
-- Ah! oui, Marraud, très bien, excel-
lent choix!
Et quelques autres voix appuyèrent, en
faux-bourdon :
- Très bon ! très bon!
71/V Briand qui sait que M. Marraud, yd'
nateur du Lot-et-Garonne est à peu près
aussi inconnu des Parisiens que le Poilu
de l'Arc de Tr&mphe, eut un clignement
d'ueii énigmatique qui semblait dire :
- N'est-ce pas ?.
Mais le président du conseil avait le sou-
rire.
Avenue du Bois
Pendant tout l'après-midi d'hier, Vavenue
du Bois de Boulogne, toujours si animée,
présenta un redoublement d'animation.
Devant le n° 50, demeure de M. Arago.
s'alignaient nombreux taxis de louage et
voitures de maître.
La concierge, très fière d'une affluence
bien propre à donner Wie limlre idée dIt
lustre de ses locataires, contemplut siec
orgueil la file des véhicules :
- ç:1 fait riche, observa quelqu'un.
— Hum ! fit un sceptique, il ne faut pas
toujours se fier au apparences. J'ai connu,
un directeur de spectacles q à co-
chers cl des chauffeurs pour venir, à l'heure
de l(t' rcprésentalioll, stationner un quart,
d'heure devant son théâtre. Moyennant
quarante à cinquante francs par jour, il
passait ; aH/sr pour avoir la plus chic des
clientèles. Ça ne, l'a pas empêché de faire
de mauvaises affaires.
- Vous n'allez pas insinuer qu'un hom-
me politique sérieux imiterait jamais un
--- Le ciel me préserve d'une pareille s 1.1. P.
nasition 1 Le Tapm.
Les insatiables
L'on s'attendait à voir le nom de M. Ara-
go dans la nouvelle combinaison ministé-
rielle. Sans avoir fuit, comme son colh\guc
M. Bonnevay, acte de camMatiure avant la
lettre dans un discours retentissant, l'on
peut dire que le président de l'Entente se
serait laissu faire une douce violence.
Mais encore y mettait-il des conditions.
C'est ainsi qu'npl'ès que M. Briand lui eut
offert l'agriculture. ou. un autre, n'enga-
geant point la politique diu cabinet, M.
Arago ne crut pas que sa dignité lui permit
d'accepter un ministère secondaire.
Jl aurait, évidemment, accepté rin gros
portefeuille, - pourquoi pas les affaires
étrangères, M. François Arago ayant été
secrétaire d'ambassade ?
Mais la haute compétence du dhef des
aragoins ne pouvait se contenter d'un ma-
roquin de deuxième qualité !
Et M. Arago repoussa les offres de M.
Briand, qui n'insista pas.
Comment donc !
Aussi bien, après avoir déclaré que deux
ministères suffiraient à sort bonheur, le
groupe du Bloc national se montrait plus
exigeant et demandait trois portefeuilles !
Sans doute, un pour le pasteur Soulier ?
Et avec çà ?
— ——— > ■t-HW » ■ -
L'Allemagne hostile
au relèvement du mark
Nous signalions, il y a quelques jours,
que l'Allemagne - semblait s'accommoder
parfaitement de Ja Laisse actuelle du mark
et qu'elle se servait de ce moyen pour api-
toyer l'Europe sur son sort.
Le Stock Exchange Gazelle, repre-
nant le ,même thème, l'illustre d'un certain
nombre de faits d'ordre économique et fi-
nancier et conclut que l'Allemagne déploie
flujourd'li.ui plus d'application et d'habileté
à mettre à profit la dépréciation du mark
qu'a la combattre. Elle y trouve deux avan-
tagea ;
Elle peut plus facilement faire figuredigente dans les conférences financières
roinmc celle de Bruxelles. Elle ouvre, d'au,.
trc part, à son commerce d'exportation
tous les marchés .ext.érieur:::;, sans concur-
rence possible de la part de l'Angleterre
pL de la France.
Il est évident qu'avec le mark à 23 ccn-
jtimes, payer un ouvrier 4U marks par jour
uivaut à lui donner 9 francs.
L'Allemagne s'assure donc ainsi une
main-d'œuvre à un prix très inférieur à
celuI que paient ses concurrents. Aussi, les
marchés espagnols, suédois tt, même an-
glais. belges et français commencent-ils à
être inondés de produits germaniques.
Cependant, toute combinaison n'est pas
éternellc. La conférence de Bruxelles a dé-
JA prouvé à l'Allemagne quo les alliés sa-
.vi.l.Ít',nt lire 4 travers son jeu.
Qu'clle cesse donc d'afficher une détresse
factice. Au lendemain de la bataille de la
Marne, les généraux allemands ont montré
qu'ils étaient capables de s'adapter aux
situations nouvelles. Au lendemain des dis-
cussions financières irie Bruxelles, que les
hommes d'affaires de Berlin fassent de
ÏÛGnie.
Jouer la misère et la banqueroute est. une
comédie que nous sommes * à ne
l'us prendre au sérieux plus longtemps.
Que l'Allemagne reconnaisse franche-
ïnent qu'il..n'y a. qu'une attitude possible :•
celle du débiteur qui reconnaît sa dette..
s,4 qui iVnî'°. Elle s'en, trouvera mieux. et
iious'-aussi'"!
—————————
SOUSCRIPTION
Nous., publierons, demain, la qua-
trième liste de ta souscription que nous
avons ouverte, parmi nos amis et
lecteurs, en faveur d'une arande infor-
tune*
L'ACTUALITÉ
« ---
L'hommage de la France
= au général Galliéni =
Vainqueur de la Marne
- ).+ o - < l
L'INAUGURATION DU MONUMENT DE SAINT-RAPHAEL
Saint-Raphaël, où le général Galliéni ai-
mait à villégiaturer, où il a demandé à dor-
mir de son dernier sommeil, a rendu hier
à l'ancien commandant de l'armée de Pa-
ris un suprême hommage.
Le monument Galliéni, dont l'inaugura-
tion avait amené dans la coquette station
de la Côte d'Azur une foule considérable,
consiste en un buste du général, œuvre d.u
sculpteur Maillard, placé sur un piédestal
quadrangulaire aux faces desquelles des
inscriptions rappellent la brillante et glo-
rieuse carrière de Galliéni. Sur la face an-
térieure :
« Au général Galliéni, 1849-1916. Ministre
de la guerre, gouverneur militaire de Pa-
ris, commandant l'armée. de Paris, la
France reconnaissante. »
Au-dessous, l'ordre du jour fameux du
3 septembre 1914 :
u J'ai reçu le mandat de défendre Paris
contre l'envahisseur. ce mandat, je le rem-
plirait jusqu'au bout. »
Sur les autres faces, on lit : Sénégal,
Soudan, lndo-Chine, gouverneur général de
Madagascar, pacificateur et administra-
teur de l'Ile ; la défense de Paris, la Marne,
l'Ourcq, 1914.
A la base du piédestal, une petite plaque
de cuivre porte i'nscription : « Au général
Galliéni, son élève et ami Lyautey D.
Tel est le monument dont le général Man-
gin, remplaçant le ministre de la guerre
démissionnaire, a présidé la cérémonie d'i-
nauguration.
Un temps superbe a favorisé la fête de
l'inauguration du monument Galliéni. La
foule, dès le matin, a. envahi les rues pa-
voisées. en attendant l'arrivée du rapide
de Paris.
Des automobiles ont amené le général
Monroe, commandant du 15e corps d'ar-
mée, le vice-amiral Sagot-Duvauroux, pré-
fet du 5°. arrondissement maritime, repré-
sentant le ministre de lax marine, des délé-
gations de diverses villes de Provence et de
la principauté de Monaco et le consul géné-
ral d'Italie, Paul Burdesé, représentant le
gouvernement italien.
Dicours du général Mangin
Plusieurs discours sont prononcés au
pied du monument. Le général Mangin
prend ia parole au nom du ministre de la
guerre, empêché. Il évoque toute la car-
rière du général Galliéni, qui commence
avec l'Année terrible et se déroule à tra-
vers toute l'épopée coloniaJe de la troisiè-
me république et s'achève dans l'apothéose
do la victoire.
Si nous fixons nos regards sur ce bronze, dit-
il, nous y voyons un fils de noire pays, au clair
bon gens, à l'imagination précise ; à la décision
prompte, mûrie dans la profondeur des médita-
tions constantes : son intelligence s'est élargie
et élevée par la réflexioai et tas lectures person-
nelles ; libérée de toute entrave, de toute for-
mule rigide, elle ne doit rien qu'à elle-même ;
la leçon des événements a élargi peu à peu son
regard ; son sens de l'action s'est développé par
l'action ; il est inaitro des,autres parce qu'il est
maître de soi ; c'est le chef complet.
Le général retrace les étapes de la vie
de l'illustre soldat et c'est comme le dé-
roulement, dans une fresque admirable, de
toute notre histoire coloniale. Il fait l'élo-
ge du chef et l'éloge de l'administrateur, du
reconstructeur qui, après la conquête par
les armes, sait que l'action politique la do-
mine et qu'elle est de beaucoup la partie
la plus importante.
Après s'être étendu longuement sur le
rôle exceptionnel de Galliéni à Madagascar,
le général arrive à la page ultime, — qui
sera la plus illustre — die la vie du grand
soldat.
La mobilisation le trouve ici même, à Saint-
Raphaël, où venait de l'atteindre le deuil le plus
cruel. Rappele à Paris, .c'est de là qu'il suit les
premières opérations. Le 26 août, il prend les
fonctions de gouverneur et de commandant (les
armées de Paris.
Monsieur le président dû conseil municipal de
Paris, vous allez nous dire comment il assura
cette tâche ; les paroles qu'il trouva, après le
départ du gouvernement, pour inspirer aux Pa-
risiens la confiance dont il était animé ; vous
nous ferez revivre ces journées des 3 et 4 sep-
tembre, où le regard de l'aigle discerna le glis-
sement de l'armée von Klück à l'est de Paris,
et le moment de passer à l'attaque. Grâce à
cette vue de génie, le général Jo~re put avan-
cer l'heure de la contre-offensive générale qu'il
avait préparée, et livrer la bataille de la Marne.,
L'imprudence de von Kluck s'explique : en
bonne règle, une année qui bat en retraite doit
être poursuivie à marches forcées, sans lui lais-
ser de répit. Un camp retranché se présente, H
faut le négliger, car sa garnison, .surtout s'il
s'agit de la capitale d'un grand Etat, est fixêo
uar la défense des organisations fortifiées, et son
gouverneur ne saurait l'aventurer sans engager,
gravement sa responsabilité. « Nous avons peat-
tUre été trop savants ». dit-il à un de ses inter-
locuteurs après la-bataille. Et à un autre, Sué-
dois : « Si vous voulez les raisons matérielles de
l'cchec, reportez-vous aux journaux du temps :
lis vous parleront du manque de munitions, du
ravitaillement défectueux ; tout ceci est exact.
Mais il y a une raison qui prime les autresv IUTIO
raison qui, à mon avis, est entièrement décisive,
car elle a permis aux autres de se manifester.
Eh bien, dit von Klück en appuyant sur chaque
syllabe et en me regardant attentivement, c'est
l aptitude tout à fait extraordinaire au soldat
français de se ressaisir rapidement. Cest là un
facteur qui se traduit difficilement en chiffres ,h
qui, par conséquent, déroute le calculateur la
plus précis et le plus prévoyant. Que des hon.
mes se fassent tuer sur place, c'est là une chOt1
bien connue et escomptée dans chaque plan Ce;
bataille : on prévoit que les compagnies X, Y, z.
doivent se fairo tuer sans reculer à tel: endroit
précis pendant tant et tant de temps, et on en
tire des conclusions utiles. s, que desdioiniries
ayant reculé pendant dix jours — et la voix de
von Kluck semble s'altérer, — que des hommes
couchés par terre et à demi morts de fatigue
puissent reprendre le fusil et attaquer au son du
clairon, c'est là une chose avec laquelle nous
n'avons jamais appris à compter ; c'est là un a
possibilité dont il n'a jamais été question dans
nos écoles de guerre. »
Ces soldats admirables avaient des chefs '.di..
gncs freUX, qui savaient pouvoir tout leur de-
mander. qui ont vu clairement 1a Iffianœuyr(t
victorieuse, qui l'ont poursuivie avec une vo-
lonté tenace. Le général Galliéni laisse le gé-
néral .Út':.l)uI'Y mener la bataille, mais xi
pou::5<'. lis renforts toujours plus au nord,—a
l'endroit critique. Si la gauche française s'ini~e-
elii, tecxTPnient sous une pression violente. il
sal' tai p^r ^uoder que la contre-attaque alle-
mande ''-!:l. ':: dernier sursaut de la bête traquée,
couvrant sa retraite désespérée, et qu'il faut
tenir à tout prix. Dans cette grande bataille da
la Marne, chacun est bien à sa pince et y donne
tout son effort : est-il besoin de chercher ailleurs
le secret de cette victoire ?
Le général Mangin n'eUiêve son imprès-
sionnant discours sur ces mots :
A la France, il laisse des élèves, dont le meil-
leur, le général Lyautey. sait réaliser au Maroc
iujc œuvre digne du général Galliéni. 11 laisse
une doctrine, et aucun cîief de guerre ne pen*
plus opérer outre-mer sans t'appliquer, 11 laisse
le grand estcMI-a d'une vie haute et droite, leRI.t
sa stature, lumineuse comme son regard d'acier,
frappée au co:n d'une médaille antique, comme
était son visage ascétique. Il laisse à la France
une armée coloniale indigène : Madagascar a
fourni, au cours de la grande guerre, I¡O.fJO(.
hommes ; !'Indoütliiw. 100.000 ; l'Afrique noire,
180.000. Tout l'ensemble va lui donner normale-
ment 200.000 soldais en permanence ; il y a
4C millions de Français blancs, mais 60 millions
de Français de couleur sont maintenant leurs
frères de sang : telle est l'œuvre dont le général
Galliéni fut le meilleur artisan.
(La suite en deuxième page).
LA CRISE MINISTÉRIELLE 1
Les dernières démarches de M. Briand
pour la constitution de son ministère
: « ;
Ainsi que nous l'avons annoncé ihier,
rendez-vous avait été pris pour onze heu-
res. à l'Elysée, par M. Briand, qui devait
appor ter a M. Millerand la liste de ses col-
laborateurs.
M. Briand arriva à t'hèiure dite au pa-
lais présidentiel où il eut, avec le président
de la République, un entretien qui dura
environ un quart d'heure et à l'issue du-
quel il fit la déclaration suivante :
— Je suis venu voir le président de la
République pour le mettre au courant des
différentes opérations que j'avais réalisées
et de celles qui restaient à accomplir. J'es-
père avoir fini vers cinq ou six heures, et
je reviendrai alors dire au président sii j'ac-
cepte définitivement la mission qu'il m'a
confiée.
Comme on lui posait cette question :
- Peut-on savoir, monsieur le président,
quels sont les points qui restent on sus-
pens ?
M. Briand répondit :
- Une ou deux attributions de poa tefeml-
les, des détails de discussion de program-
ine et de question de mise au point.
La combinaison à midi
Voici comment. à la fm dû la matinée
d'hier, se présentait, à peu près. la com-
lùlûisoal. en ce qu-i concerne l'attributu/n
des portefeuilles :
MM. Aristide Briand (présidence d': Con-
seil et Affaires étrangères) ; X. (Justice) ;
Mal'l"lU;d (Intérieur) ; Barthou (Guerre) ;
Guist'hau ou Doumer (Marine) ; Doumer ou
Oharles-Duimont (Finances) ; Bérard (Ins-
truction publique) ; Daniel-Vinvent (Com-
merce) ; Le Trocquer rrrava.ux publics) ;
1
Leredu ou Dior (Agriculture) r Bonnevay
(Travail) ; Maginol (Pensions) ; Strauss
(Hygiène) ; Sarraut (Colonies) ; Loucheur
(Régions libérées).
M. Raiberti qui, tout d'abord, devait faire)
partie de la nouvelle combinaison, ne figu-
rait plus dans la liste. M. Haibeati, en effet,
estimant que sa place était seulement à la
guerre et le portefeuille en étant attribué
à M. Barhou, se relirait de la combinaison,
malgré l'insistance de M Bi-j-aaid pour lui
faire accepter un autre poste, notamment
celui do la justice.
Aucun nom n'était. encore désigné pour
le ministère de la justice.
Si M. Doumer ne pouvait être aux finan-
ces, c'est à M. Charles Du-mont que M.
Briand demanderait d'accepter la di ..ect.tOllf
de ce département et, dans ce cas, c'est
la marine que M. Briand offrirait a M-
Doumer.
Il n'était pas encore prononcé de noms
nour l'attribution des sous-secrétariats d'E-
tat
Les démarches de l'après-midi
Dans l'après-midi, c'est place de l'Aima,
au domiciie do M. Guist'hau, ami person-
nel de M Briand, que se porte lïntérét"
de ceux qui suivent la crise heure par
heure. C'est ici. en effet, que se donnent les
ron-dez-vcMis pour les dernières consulta-
tions — et aussi les coups de téléphone.
A partir de trois heures, arrivent slJcees.
sivement MM. Fabry, !!}ees;neal) - et la
plupart des nouveaux collaborateurs d«
M. Briand.
A 3 heures et qwt M. Briand, qui a dS.
jeuné avec M- Guist'hau. monte en auto-
Fondateurs (IBBOf >
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Sixmois Troismois
SEINE & S.-ET-OISE. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
ETRANGER 49 » 25 » 13 »
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LEON ARCHIMBAUD
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Rédaction et administration : Nord 24-90,24-91.— Après 10 h. du soir : Gutenberg 00-70
TRIBUNE LIBRE
.—————<
Ne jouons pas sur les mots
———————— ).+ ————— ;—
Le Temps, journal grave,
affecte parfois des allures
de pince-sans-rire. Au len-
demain des élections sénato-
riales, il m'a fait l'honneur
ue nie railler à propos des
espérances que j'avais ion-
deco ..i journée du 9, esperanees qui,
il J CU croire, ne s'e sont pas réalisees.
J'avais, en effet, affirmé que les élec-
tions se feraient « à gauche ». Le plus
curieux, c'est que, même après avoir lu
l'article du Temps, je suis, encore plus,
de mon opinion. Point n'est besoin, pour
cela, de peser au trébuchet les résultats
du scrutin. Il suffit d'avoir des yeux et
de, vouloir se rendre à l'évidence.
Certes, nous n'avions pas la naïveté
d'attendre de ce renouvellement partiel
un changement radical des hommes et
des idées. Chacun sait que le sismogra-
phe sénatorial n'inscrit jamais que de
médiocres oscillations. Pour des ques-
tions personnelles, et par des manœu-
vres qui ne furent pas toujours d'une
élégance raffinée, deux ou trois de nos
amis, il est vrai, ne sont pas revenus.
Mais, à côté de ces pertes, que de
gains solides, et substantiels, dont nous
avons lieu de nous réjouir ! Voici les
Côtes-du-Nord qui sont envahies par la
vague républicaine. La Bretagne bouge.
Des républicains socialistes nous arri-
vent du pays des Chouans. M. Ricard,
ministre de l'agriculture, a été congédié
vivement par les délégués du Finistère.
Mieux que cela. Là même où la repré-
sentation n'a pas changé, a soufflé un
esprit nouveau, et non pas précisément
dans le sens que le Temps désirerait. Il
est tel département où les élus, qui au-
raient. peut-être hésité il y a six semai-
nes, sool rentrés au Sénat avec l'inten-
tion très ferme et le mandat très net de
votjL-r. contre L'ambassade du Vatican.
Si le Temps se montre enchanté, c'est
qu'il est de bonne composition. Laissons-
le donc à son illusion. Et ne lui cher-
chons pas une querelle de chiffres. Mais,
tout de même, prions-le de ne pas trop
jouer sur les mots.
« Elections « de bon sens », dit-il, qui
ont montré que le pays ne voulait « ni
réaction ni révolution ». Serrons d'un
peu près ces formules élastiques et com-
modes dans lesquelles tout peut entrer.
Et, en les employant à notre tour — car
nous n'hésitons pas à les employer —
donnons-leur leur véritable signification
républicaine.
Où commence, pour le Temps, la réac-
tion ? Il en recule indéfiniment les li-
mites. C'est assez à la mode aujour-
d'hui, depuis le Bloc national. C'est
ainsi que les monarchistes bretons éli-
minés dans les Côtes-du-Nord sont sim-
plement « des éléments qui n'apparais-
mien,t.pas comme étant d'un républica-
nisme assez sûr ». L'euphémisme est dé-
licieux qui transforme des Chouans avé-
rés en républicains un peu tièdes.
Que voilà une frontière politique bien
nébuleusement estompée ! A droite, on
éloigne à l'infini, jusnu'à le supprimer,
le poteau de démarcation. A gauche, au
contraire, on le rapproche. Car, si on
baptise, d'un côté, les pires réactionnai-
res républicains, de l'autre on feint de
confondre les radicaux avec les socialis-
tes pour les vouer tous ensemble aux
gémonies. Ceci rappelle la désinvolture,
•pour ne pas prononcer un mot plus sé-
vère. avec laquelle le défunt M. Hicard
traitait nos collègues républicains du Fi-
nistère qu'il qualifiait — et pour qui les
sonnait, on voit combien le qualificatif
Hait juste ! — « d'élément de désorgani-
sation sociale ».
En vérité, casuistique pure que tout
pela ; distinguos subtils par où l'on
veut prouver que le blanc est noir, et
inversement ; art savant, mais puéril,
de mettre les mots à la torture pour leur
faire dire ce que précisément ils 11e di-
sait pas ! i
« Ni réaction, ni révolution », c'est
aussi notre devise, celle qui inspirait
hier le magnifique discours, à Cavaillon,
de notre collègue Herriot.
Mais, pour nous, la réaction ne se vo-
latilise pas en républieanismes de plus
en plus déteints et effilochés. Elle est
CfUclfJllc chose de précis et de positif.
Elle comprend et groupe, de quelque
nom duo 1. elles s'affublent provisoire-
ment, toutes les entreprises de désor-
ganisation républicaine ». Elle englobe,
avec les monarchistes impénitents, ou les
bonapartistes mal convertis, tous les
opportunistes dhier. tous les « Bloc na-
tional » d'aujourd'hui, tous ceux qui
Tout u kamarad. » pour mieux étrangler
la République toujours cordialement dé-
lestée. Tous ceux-là, nous les niellons
dans le même sac, et nous les combat-
tons tous ensemble. loyalement, à visière
liéeouver'e. sans haine pour les hommes,
mais heurtant résolument principe con-
tre principe.
Et, de même, avec une égale fermeté.
nous écartons la révolution, si l'on en-
tend par ce mot toutes ces sanglantes
et vaines tentatives de rénovation socia-
le par la violence contre lesquelles s'in-
surgent à la fois la conscience et l'his-
toire. Chez nous, quoi qu'en dise le
Temps, aucune affinité avec les bolche-
viks ou bolchevisants, quels qu'ils
soient ; aucun désir d'aller à une « In-
ternationale », que ce soit la première
ou la troisième ; ou plutôt l'aspiration
ardente et raisonnée vers la seule Inter-
nationale qui puisse conserver les patries
en sauvegardant la paix du monde, cette
Société des nations dont les débuts sont
difficiles, mais dont l'avenir sera ra-
dieux, simple gland qui deviendra chêne !
Mais .aucune sympathie non plus pour
les beati possidentes qui trouvent tout
pour le mieux dans le meilleur des mon-
des,/ pour ces répugnants Augustes qui
estiment la Pologne suffisamment ivre
quand ils ont, eux, largement bu, pour
tous les requins, mercantis, profiteurs
et autres égoïstes repus dont la fortune
insolente insulte à l'universelle détresse.
Entre ces deux pôles, également inhos-
pitaliers, nous sommes en train de dé-
fricher le vaste domaine où doit défini-
tivement s'installer la démocratie. Nous
convions à travailler avec nous tous les
hommes de bonne volonté qui affirment
d'un même cœur la République et la pa-
trie. Nous préparerons ensemble cette
incessante et 'progressive révolution des
mœurs, des lois, des esprits et des cons-
ciences d'où sortiront, l'une après l'au-
tre, toutes les réformes sociales, d'où
surgira un jour le monde nouveau.
Et, pour ce faire, nous voulons dès
maintenant cimenter le bloc républicain
de gauche, pour lo distinguer de l'au-
tre, qui n'est ni de gauche ni républi-
cain.
On le voit, notre géographie politique
n'est pas celle du Temps. Je vous disais
bien que nous ne donnions pas le même
sens aux mêmes mots !
Jean PHILIP,
Sénateur (fjj Gers.
EDITORIAL
1 8.
Le ministère
M. Aristide Briand a ren-
du au président de la Répu-
blique le service de consti-
tuer un ministère. Il lui res-
te à donner à la France un
gouvernement. Sa tâche eSt
singulièrement ardue ; le devoir national
est de la lui faciliter.
On trouve toujours douze ministres à
grouper autour d'un président du conseil
en guise de citron. On rencontre rare-
ment des hommes dont le caractère
s'inspire des règles essentielles de
l'Etal.
Pami nos nouveaux Maîtres, rien que
des noms connus ; quelques-uns trop
connus.
M. Aristide Briand, empêché de tailler
largement dans le neuf, a stoppé avec
habit été un vieux manteau d'Arlequin.'
Mais, paix à ces hommes de bonne vo-
lonté !
Le retour de M. Aristide Briand aux
affaires étrangères est, du moins, pour
nous rassurer. Son habileté s'efforcera
de 7ious donner le maximum d'avanta-
ges et sa prudence de nous exposer au
minimum de risques.
Il est l'homme politique français le
mieux qualifié jxnir discuter sans rai-
deur, pour traiter sans forfanterie, pour
négocier (WCC vue égale autorité avec nos
adversaires et nos amis.
Sa souplesse a déjà affronté la rai-
deur britannique. M. Lloyd George re-
trouvera en lui un partenaire à sa taille
qui connaît bien son jeu et qui sut nous
valoir naguère des avantages malheu-
reusement inexploités.
Aujourd'hui, la partie n'est plus la
même. les fautes de la politique démen-
ciste, tes méfaits du traité de Versailles
ont bouleversé l'échiquier,
M. Aristide Briand, s'il parvient à ré-
tablir la partie et à en tirer l'épingle de
la France, sera mis par l'histoire au
rang des plus grands serviteurs de notre
pays.
EDMOND DU MESNIL.
P.-S. - J'oubliais ! M. Bonnevay est
ministre. Sauvés, mon Dieu, nous som-
mes sauvés au nom du Sacré-Cœur 1
?'A:-;''-':::@:;
i LES NOUVEAUX MINISTRES j
S Ce matin, paraît, au Journal Officiel, les décrets nommant les nouveaux rhinis- w
W trcs. Le septième cabinet lîriaiïd est ainsi compose : wn
1 Présidence et Affaires étrangères MM. BRIAND, députe. M
justice BONNEVAY, député. (É
a) Intérieur MARRAUD, sénateur. us
ai. Guerre BARTHOU, député. j|j
I, Marine ; GUIST'HAU, député. j|
Finances. - Paul DOUMER, sénateur. S
Régions libérées et réparations LOUCHEUR, député. S
instruction publique., Léon Bérard, député. a
Agriculture LEFEBVRE DU PREY, député. W
Commercé ., Lucien DIOR, député. w
Travail, Assurance et Prévoyance soc. DANIEL-VINCENT, député. i
Pensions MAGINOT, député. w
Travaux publics., LE TROCQUER, député. f|
Clozics' : Albert SARRAUT, député. É
llyglime, Assistance et Santé p.t'¡{ique LEREDU, député. f$j
1 LES SOUS-SECRÉTAIRES D'ÉTAT j
1 Les sous-secrétaires d'Etat, seront désignés dans une réunion qui sera tenue ce ||
W matin, u. 9 heures. Sous réserve de quelques modifications, nous croyons savoir w
w que la répartition des idemi-portcteuilles' serait ainsi faite : 'RW
Présidence du Conseil .:or.:, ,.. - MM, TISSIER, sénateur. $8
(H Affaires étrangères , DANIELOU, député. (®
H Guerre .,..,.,:,..,.: OSSOLA, député. $
Intérieur .¿. COLRAT, député. jgl
|| Postes et Télégraphes PAISANT, député. Ij
H Enseignement technique .-. -: '-' ,..,' VIDAL, député. ||
H Mines BORREL, député.
j» Régions libérées ,.:. LUGOL, député.
r.tJ;rtJct¡ 'S&~S'
On dit.
Autrefois
Cachez vos cartes
Le célèbre millionnaire, Samuel Bernard,
était gravement malade. L'abbé Linguel,
curé de Saint-Sulpice, l'obsédait par une
infinité de ruses pieuses pour l'amener à
faire un don important à sa fabrique. Le
m'oribond, bien qu'il eût quatre-vingts ans;
avait gardé tonle la gaîté et la finesse de
son esprit. Se tournant vers le curé, il lui
dit ;
« Cachez vos cartes, Monsieur, je vois.
dans votre jeu ».
-e
Le roi et le bouffon
r i»
Un grand seigneur de la cour de Fran-
çais 1"T avait menacé Triboulet, le lJOlIUonJ
a/l. l'oi, de le faire périr sous le bâton pour
s'être permis de parler de lui avec Iropj'
d'irrévérence.
Triboulet se plaignit au roi qui lui dit •'
« Si quelqu'un, avait la hardiesse de te tuer,
je le ferais pendre un quart d'heure.
après ».
- te Ah ! Sire. répliqua le bouffon, s'il
plaisait à Votre Majesté de le faire pendre
un quart d'heure avant ! »
Aujourd'hui
Bio-photo-graphies
Plusieurs ministrables - ou se croyaitit
tels — avaient préparé leur biographie,
qu'ils avaient en poche, sous enveloppe,
toute prête à être remise aux journalistes
au cas où le sort, aidé de M. Briand, le§
placerait sur la liste des élus définitifs.
Certains avaient même joint leur pitotoio
graphie à cet auto-panégyrique, afin que la
notice ftit accompagnée de son illtislratiomi
Hélas ! la plupart en furent pour leurs
frais. Mais l'homme ne vit-il pas surtout
d'espérance ? Et la boite de Pandore n'est-
elle pas la plus éternellement humaine d,4
toutes les tfdtoles ?
MW
Les thuriféraires
Samedi soir, lorsque M Briand parlant
aux journalistes, convoqués par lui dans Ici
cabinet de son ami M. Peycelon, directeur
du. Journal officiel — Iljouta., après coup,
le nom de M. Marraud à la liste des person-
nalités qu'il disait ac'oir consulté, uns voix
mwrmuray - approbative :
-- Ah! oui, Marraud, très bien, excel-
lent choix!
Et quelques autres voix appuyèrent, en
faux-bourdon :
- Très bon ! très bon!
71/V Briand qui sait que M. Marraud, yd'
nateur du Lot-et-Garonne est à peu près
aussi inconnu des Parisiens que le Poilu
de l'Arc de Tr&mphe, eut un clignement
d'ueii énigmatique qui semblait dire :
- N'est-ce pas ?.
Mais le président du conseil avait le sou-
rire.
Avenue du Bois
Pendant tout l'après-midi d'hier, Vavenue
du Bois de Boulogne, toujours si animée,
présenta un redoublement d'animation.
Devant le n° 50, demeure de M. Arago.
s'alignaient nombreux taxis de louage et
voitures de maître.
La concierge, très fière d'une affluence
bien propre à donner Wie limlre idée dIt
lustre de ses locataires, contemplut siec
orgueil la file des véhicules :
- ç:1 fait riche, observa quelqu'un.
— Hum ! fit un sceptique, il ne faut pas
toujours se fier au apparences. J'ai connu,
un directeur de spectacles q à co-
chers cl des chauffeurs pour venir, à l'heure
de l(t' rcprésentalioll, stationner un quart,
d'heure devant son théâtre. Moyennant
quarante à cinquante francs par jour, il
passait ; aH/sr pour avoir la plus chic des
clientèles. Ça ne, l'a pas empêché de faire
de mauvaises affaires.
- Vous n'allez pas insinuer qu'un hom-
me politique sérieux imiterait jamais un
--- Le ciel me préserve d'une pareille s 1.1. P.
nasition 1 Le Tapm.
Les insatiables
L'on s'attendait à voir le nom de M. Ara-
go dans la nouvelle combinaison ministé-
rielle. Sans avoir fuit, comme son colh\guc
M. Bonnevay, acte de camMatiure avant la
lettre dans un discours retentissant, l'on
peut dire que le président de l'Entente se
serait laissu faire une douce violence.
Mais encore y mettait-il des conditions.
C'est ainsi qu'npl'ès que M. Briand lui eut
offert l'agriculture. ou. un autre, n'enga-
geant point la politique diu cabinet, M.
Arago ne crut pas que sa dignité lui permit
d'accepter un ministère secondaire.
Jl aurait, évidemment, accepté rin gros
portefeuille, - pourquoi pas les affaires
étrangères, M. François Arago ayant été
secrétaire d'ambassade ?
Mais la haute compétence du dhef des
aragoins ne pouvait se contenter d'un ma-
roquin de deuxième qualité !
Et M. Arago repoussa les offres de M.
Briand, qui n'insista pas.
Comment donc !
Aussi bien, après avoir déclaré que deux
ministères suffiraient à sort bonheur, le
groupe du Bloc national se montrait plus
exigeant et demandait trois portefeuilles !
Sans doute, un pour le pasteur Soulier ?
Et avec çà ?
— ——— > ■t-HW » ■ -
L'Allemagne hostile
au relèvement du mark
Nous signalions, il y a quelques jours,
que l'Allemagne - semblait s'accommoder
parfaitement de Ja Laisse actuelle du mark
et qu'elle se servait de ce moyen pour api-
toyer l'Europe sur son sort.
Le Stock Exchange Gazelle, repre-
nant le ,même thème, l'illustre d'un certain
nombre de faits d'ordre économique et fi-
nancier et conclut que l'Allemagne déploie
flujourd'li.ui plus d'application et d'habileté
à mettre à profit la dépréciation du mark
qu'a la combattre. Elle y trouve deux avan-
tagea ;
Elle peut plus facilement faire figure
roinmc celle de Bruxelles. Elle ouvre, d'au,.
trc part, à son commerce d'exportation
tous les marchés .ext.érieur:::;, sans concur-
rence possible de la part de l'Angleterre
pL de la France.
Il est évident qu'avec le mark à 23 ccn-
jtimes, payer un ouvrier 4U marks par jour
uivaut à lui donner 9 francs.
L'Allemagne s'assure donc ainsi une
main-d'œuvre à un prix très inférieur à
celuI que paient ses concurrents. Aussi, les
marchés espagnols, suédois tt, même an-
glais. belges et français commencent-ils à
être inondés de produits germaniques.
Cependant, toute combinaison n'est pas
éternellc. La conférence de Bruxelles a dé-
JA prouvé à l'Allemagne quo les alliés sa-
.vi.l.Ít',nt lire 4 travers son jeu.
Qu'clle cesse donc d'afficher une détresse
factice. Au lendemain de la bataille de la
Marne, les généraux allemands ont montré
qu'ils étaient capables de s'adapter aux
situations nouvelles. Au lendemain des dis-
cussions financières irie Bruxelles, que les
hommes d'affaires de Berlin fassent de
ÏÛGnie.
Jouer la misère et la banqueroute est. une
comédie que nous sommes * à ne
l'us prendre au sérieux plus longtemps.
Que l'Allemagne reconnaisse franche-
ïnent qu'il..n'y a. qu'une attitude possible :•
celle du débiteur qui reconnaît sa dette..
s,4 qui iVnî'°. Elle s'en, trouvera mieux. et
iious'-aussi'"!
—————————
SOUSCRIPTION
Nous., publierons, demain, la qua-
trième liste de ta souscription que nous
avons ouverte, parmi nos amis et
lecteurs, en faveur d'une arande infor-
tune*
L'ACTUALITÉ
« ---
L'hommage de la France
= au général Galliéni =
Vainqueur de la Marne
- ).+ o - < l
L'INAUGURATION DU MONUMENT DE SAINT-RAPHAEL
Saint-Raphaël, où le général Galliéni ai-
mait à villégiaturer, où il a demandé à dor-
mir de son dernier sommeil, a rendu hier
à l'ancien commandant de l'armée de Pa-
ris un suprême hommage.
Le monument Galliéni, dont l'inaugura-
tion avait amené dans la coquette station
de la Côte d'Azur une foule considérable,
consiste en un buste du général, œuvre d.u
sculpteur Maillard, placé sur un piédestal
quadrangulaire aux faces desquelles des
inscriptions rappellent la brillante et glo-
rieuse carrière de Galliéni. Sur la face an-
térieure :
« Au général Galliéni, 1849-1916. Ministre
de la guerre, gouverneur militaire de Pa-
ris, commandant l'armée. de Paris, la
France reconnaissante. »
Au-dessous, l'ordre du jour fameux du
3 septembre 1914 :
u J'ai reçu le mandat de défendre Paris
contre l'envahisseur. ce mandat, je le rem-
plirait jusqu'au bout. »
Sur les autres faces, on lit : Sénégal,
Soudan, lndo-Chine, gouverneur général de
Madagascar, pacificateur et administra-
teur de l'Ile ; la défense de Paris, la Marne,
l'Ourcq, 1914.
A la base du piédestal, une petite plaque
de cuivre porte i'nscription : « Au général
Galliéni, son élève et ami Lyautey D.
Tel est le monument dont le général Man-
gin, remplaçant le ministre de la guerre
démissionnaire, a présidé la cérémonie d'i-
nauguration.
Un temps superbe a favorisé la fête de
l'inauguration du monument Galliéni. La
foule, dès le matin, a. envahi les rues pa-
voisées. en attendant l'arrivée du rapide
de Paris.
Des automobiles ont amené le général
Monroe, commandant du 15e corps d'ar-
mée, le vice-amiral Sagot-Duvauroux, pré-
fet du 5°. arrondissement maritime, repré-
sentant le ministre de lax marine, des délé-
gations de diverses villes de Provence et de
la principauté de Monaco et le consul géné-
ral d'Italie, Paul Burdesé, représentant le
gouvernement italien.
Dicours du général Mangin
Plusieurs discours sont prononcés au
pied du monument. Le général Mangin
prend ia parole au nom du ministre de la
guerre, empêché. Il évoque toute la car-
rière du général Galliéni, qui commence
avec l'Année terrible et se déroule à tra-
vers toute l'épopée coloniaJe de la troisiè-
me république et s'achève dans l'apothéose
do la victoire.
Si nous fixons nos regards sur ce bronze, dit-
il, nous y voyons un fils de noire pays, au clair
bon gens, à l'imagination précise ; à la décision
prompte, mûrie dans la profondeur des médita-
tions constantes : son intelligence s'est élargie
et élevée par la réflexioai et tas lectures person-
nelles ; libérée de toute entrave, de toute for-
mule rigide, elle ne doit rien qu'à elle-même ;
la leçon des événements a élargi peu à peu son
regard ; son sens de l'action s'est développé par
l'action ; il est inaitro des,autres parce qu'il est
maître de soi ; c'est le chef complet.
Le général retrace les étapes de la vie
de l'illustre soldat et c'est comme le dé-
roulement, dans une fresque admirable, de
toute notre histoire coloniale. Il fait l'élo-
ge du chef et l'éloge de l'administrateur, du
reconstructeur qui, après la conquête par
les armes, sait que l'action politique la do-
mine et qu'elle est de beaucoup la partie
la plus importante.
Après s'être étendu longuement sur le
rôle exceptionnel de Galliéni à Madagascar,
le général arrive à la page ultime, — qui
sera la plus illustre — die la vie du grand
soldat.
La mobilisation le trouve ici même, à Saint-
Raphaël, où venait de l'atteindre le deuil le plus
cruel. Rappele à Paris, .c'est de là qu'il suit les
premières opérations. Le 26 août, il prend les
fonctions de gouverneur et de commandant (les
armées de Paris.
Monsieur le président dû conseil municipal de
Paris, vous allez nous dire comment il assura
cette tâche ; les paroles qu'il trouva, après le
départ du gouvernement, pour inspirer aux Pa-
risiens la confiance dont il était animé ; vous
nous ferez revivre ces journées des 3 et 4 sep-
tembre, où le regard de l'aigle discerna le glis-
sement de l'armée von Klück à l'est de Paris,
et le moment de passer à l'attaque. Grâce à
cette vue de génie, le général Jo~re put avan-
cer l'heure de la contre-offensive générale qu'il
avait préparée, et livrer la bataille de la Marne.,
L'imprudence de von Kluck s'explique : en
bonne règle, une année qui bat en retraite doit
être poursuivie à marches forcées, sans lui lais-
ser de répit. Un camp retranché se présente, H
faut le négliger, car sa garnison, .surtout s'il
s'agit de la capitale d'un grand Etat, est fixêo
uar la défense des organisations fortifiées, et son
gouverneur ne saurait l'aventurer sans engager,
gravement sa responsabilité. « Nous avons peat-
tUre été trop savants ». dit-il à un de ses inter-
locuteurs après la-bataille. Et à un autre, Sué-
dois : « Si vous voulez les raisons matérielles de
l'cchec, reportez-vous aux journaux du temps :
lis vous parleront du manque de munitions, du
ravitaillement défectueux ; tout ceci est exact.
Mais il y a une raison qui prime les autresv IUTIO
raison qui, à mon avis, est entièrement décisive,
car elle a permis aux autres de se manifester.
Eh bien, dit von Klück en appuyant sur chaque
syllabe et en me regardant attentivement, c'est
l aptitude tout à fait extraordinaire au soldat
français de se ressaisir rapidement. Cest là un
facteur qui se traduit difficilement en chiffres ,h
qui, par conséquent, déroute le calculateur la
plus précis et le plus prévoyant. Que des hon.
mes se fassent tuer sur place, c'est là une chOt1
bien connue et escomptée dans chaque plan Ce;
bataille : on prévoit que les compagnies X, Y, z.
doivent se fairo tuer sans reculer à tel: endroit
précis pendant tant et tant de temps, et on en
tire des conclusions utiles. s, que desdioiniries
ayant reculé pendant dix jours — et la voix de
von Kluck semble s'altérer, — que des hommes
couchés par terre et à demi morts de fatigue
puissent reprendre le fusil et attaquer au son du
clairon, c'est là une chose avec laquelle nous
n'avons jamais appris à compter ; c'est là un a
possibilité dont il n'a jamais été question dans
nos écoles de guerre. »
Ces soldats admirables avaient des chefs '.di..
gncs freUX, qui savaient pouvoir tout leur de-
mander. qui ont vu clairement 1a Iffianœuyr(t
victorieuse, qui l'ont poursuivie avec une vo-
lonté tenace. Le général Galliéni laisse le gé-
néral .Út':.l)uI'Y mener la bataille, mais xi
pou::5<'. lis renforts toujours plus au nord,—a
l'endroit critique. Si la gauche française s'ini~e-
elii, tecxTPnient sous une pression violente. il
sal' tai p^r ^uoder que la contre-attaque alle-
mande ''-!:l. ':: dernier sursaut de la bête traquée,
couvrant sa retraite désespérée, et qu'il faut
tenir à tout prix. Dans cette grande bataille da
la Marne, chacun est bien à sa pince et y donne
tout son effort : est-il besoin de chercher ailleurs
le secret de cette victoire ?
Le général Mangin n'eUiêve son imprès-
sionnant discours sur ces mots :
A la France, il laisse des élèves, dont le meil-
leur, le général Lyautey. sait réaliser au Maroc
iujc œuvre digne du général Galliéni. 11 laisse
une doctrine, et aucun cîief de guerre ne pen*
plus opérer outre-mer sans t'appliquer, 11 laisse
le grand estcMI-a d'une vie haute et droite, leRI.t
sa stature, lumineuse comme son regard d'acier,
frappée au co:n d'une médaille antique, comme
était son visage ascétique. Il laisse à la France
une armée coloniale indigène : Madagascar a
fourni, au cours de la grande guerre, I¡O.fJO(.
hommes ; !'Indoütliiw. 100.000 ; l'Afrique noire,
180.000. Tout l'ensemble va lui donner normale-
ment 200.000 soldais en permanence ; il y a
4C millions de Français blancs, mais 60 millions
de Français de couleur sont maintenant leurs
frères de sang : telle est l'œuvre dont le général
Galliéni fut le meilleur artisan.
(La suite en deuxième page).
LA CRISE MINISTÉRIELLE 1
Les dernières démarches de M. Briand
pour la constitution de son ministère
: « ;
Ainsi que nous l'avons annoncé ihier,
rendez-vous avait été pris pour onze heu-
res. à l'Elysée, par M. Briand, qui devait
appor ter a M. Millerand la liste de ses col-
laborateurs.
M. Briand arriva à t'hèiure dite au pa-
lais présidentiel où il eut, avec le président
de la République, un entretien qui dura
environ un quart d'heure et à l'issue du-
quel il fit la déclaration suivante :
— Je suis venu voir le président de la
République pour le mettre au courant des
différentes opérations que j'avais réalisées
et de celles qui restaient à accomplir. J'es-
père avoir fini vers cinq ou six heures, et
je reviendrai alors dire au président sii j'ac-
cepte définitivement la mission qu'il m'a
confiée.
Comme on lui posait cette question :
- Peut-on savoir, monsieur le président,
quels sont les points qui restent on sus-
pens ?
M. Briand répondit :
- Une ou deux attributions de poa tefeml-
les, des détails de discussion de program-
ine et de question de mise au point.
La combinaison à midi
Voici comment. à la fm dû la matinée
d'hier, se présentait, à peu près. la com-
lùlûisoal. en ce qu-i concerne l'attributu/n
des portefeuilles :
MM. Aristide Briand (présidence d': Con-
seil et Affaires étrangères) ; X. (Justice) ;
Mal'l"lU;d (Intérieur) ; Barthou (Guerre) ;
Guist'hau ou Doumer (Marine) ; Doumer ou
Oharles-Duimont (Finances) ; Bérard (Ins-
truction publique) ; Daniel-Vinvent (Com-
merce) ; Le Trocquer rrrava.ux publics) ;
1
Leredu ou Dior (Agriculture) r Bonnevay
(Travail) ; Maginol (Pensions) ; Strauss
(Hygiène) ; Sarraut (Colonies) ; Loucheur
(Régions libérées).
M. Raiberti qui, tout d'abord, devait faire)
partie de la nouvelle combinaison, ne figu-
rait plus dans la liste. M. Haibeati, en effet,
estimant que sa place était seulement à la
guerre et le portefeuille en étant attribué
à M. Barhou, se relirait de la combinaison,
malgré l'insistance de M Bi-j-aaid pour lui
faire accepter un autre poste, notamment
celui do la justice.
Aucun nom n'était. encore désigné pour
le ministère de la justice.
Si M. Doumer ne pouvait être aux finan-
ces, c'est à M. Charles Du-mont que M.
Briand demanderait d'accepter la di ..ect.tOllf
de ce département et, dans ce cas, c'est
la marine que M. Briand offrirait a M-
Doumer.
Il n'était pas encore prononcé de noms
nour l'attribution des sous-secrétariats d'E-
tat
Les démarches de l'après-midi
Dans l'après-midi, c'est place de l'Aima,
au domiciie do M. Guist'hau, ami person-
nel de M Briand, que se porte lïntérét"
de ceux qui suivent la crise heure par
heure. C'est ici. en effet, que se donnent les
ron-dez-vcMis pour les dernières consulta-
tions — et aussi les coups de téléphone.
A partir de trois heures, arrivent slJcees.
sivement MM. Fabry, !!}ees;neal) - et la
plupart des nouveaux collaborateurs d«
M. Briand.
A 3 heures et qwt M. Briand, qui a dS.
jeuné avec M- Guist'hau. monte en auto-
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