Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-01-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 janvier 1921 12 janvier 1921
Description : 1921/01/12 (N18295). 1921/01/12 (N18295).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
22 NIVOSE, AN 129. — N° 18.295. Le numéro : UUINZE CENTIMES MERCREDI 12 JANVIER 1921. — N° 18.295.
Fondateurs (1869) 8
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AUGUSTE VACQUERIE
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Rédaction et administration : Nord 24-90, 24-91.— Après 10 L disoîr : GatenlBrgOO-TO
TRIBUNE LIBRE
Armements américains
—_—— ) -.- ,
'« Je veux acclamer le
jour où l'Amérique sera la
plus éminente des natiops
maritimes. J'espère, que
nous pourrons trouver un
moyen de travailler à la
réduction des armements - ;
mais, jusqu'à ce que ce jour vienne, je
veux, pour la défense de l'Amérique,
une flotte qui soit égale aux aspirations
de ce pays. Et je veux que nos navires
marchands voguent vers tous les mar-
chés du monde. » Ainsi parlait le prési-
dent Harding au retour d'un voyage
d'études qu'il avait fait au canal de
Panama. Mais le ministre de la marine
du président Wilson, M. Daniels, avait
déjà dressé un vaste programme naval
qui prévoit la construction on trois an-
nées de quatre-vingt-huit navires de
guerre. En outre, il s'était opposé à la
motion du sénateur Borah demandant
au président d'inviter la Grande-Breta-
gne et le Japon à s'associer aux EUitsr
Unis pour réduire de 50 les program-
mes d'armements navals des trois puis-
sances.
En même temps, le tlépa.r.tm-ent de
la marine réalisait un vaste projet de
reorganisation stratégique. Il n'accorde
plus à l'Atlantique qu'une importance
secondaire : les bases navales sont ré-
duites sur cet océan à peu près au
quart du type adopté pour le Pacifique,
et l'argent ainsi économisé est dépensé
sur les côtes occidentales. Ainsi, con-
trairement à diverses informations qui
faisaient allusion à la rivalité anglo-
américaine, il résulte des dispositions
techniques prises par la marine améri-
caine que le Japon seul, et non l'Angle-
terre, préoccupe les Etats-Unis.
Bien que le ton des journaux soit en
général conciliant, les hommes d'Etat
américains et l'opinion suivent avec
une extrême attention les négociations
engagées entre les deux gouvernements
au sujet de l'immigration japonaise en
Californie. La presse signale l'établis-
sement d'une grande base militaire ja-
ponaise à l'extrémité méridionale de
Formose, à 350 milles environ de l'ex-
trémité septentrionale des' Philippines,
les intentions du Japon sur la totalité
de Sakhaline, son peu d'empressement
à participer au consortium en Chine,
ses immenses achats de riz dans ce pays
et la campagne « impérialiste » menée
par les militaristes japonais.
Le gouvernement américain a reçu de
l'Angleterre elle-même l'assurance, con-
firmée par les déclarations répétées des
milieux officiels du Japon, qu'aux ter-
mes du traité d'alliance entre les deux
nations l'empire britannique n'est aucu-
nement obligé de prendre parti contre
les Etats-Unis s'ils entraient en conflit
avec le Japon. D'ailleurs, mieux encore
que par les affirmations des diploma-
tes, le gouvernement de Washing-
ton est pleinement rassuré sur ce
point par les négociations officieu-
ses qui ont été engagées par les chefs
Uii parti républicain avec les principaux
hommes d'Etat des Dominions britanni-
ques de l'océan Pacifique. La Grande
Guerre, à laquelle leurs soldats partici-
pèrent avec tant de bravoure, a fortifié
et développé leurs sentiments d'indépen-
dance vis-à-vis de la métropole. Ils ont
pleinement conscience de la solidarité
d'intérêts qui les unit au peuple améri-
cain. Le sénateur Lodge, d'ont on con-
naît les relations cordiales avec le pré-
sident Harding, disait récemment : « Il
est un accord que j'aimerais beaucoup
& conclure : c'est un accord aVec le Ca-
nada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande,
eu sujet de l'immigration asiatique.
Leur danger est le même que le nôtre
-et l'ombre épaisse s'étand sur l'Austra-
lie. » En réalité, de nombreux faits
montrent que cet accord existe déjà,offi-
cieusement, entre les Etats-Unis et les
Dominions « pour la défense de la race
blanche ».
« L'Australie, déclarait dernièrement
son premier ministre, salue avec joie
chaque navire de guerre mis en chantier
par l'Amérique. » La Nouvelle-Zélande
s'inquiète de l'accroissement de sa po-
pulation asiatique, étudie contre la pa-
cifique et formidable invasion jaune de
nouvelles mesures de protection. Le
Canada s'inquiète du même péril. Mal-
gré l'opposition du gouvernement bri-
tannique, il prétend avoir un représen-
tant diplomatique particulier à Wa-
- shington et même placer, le cas échéant,
sous le commandement suprême d'un
amiral américain, sa flotte du Pacifi-
que constituée surtout de croiseurs et
de destroyers dont l'Angleterre vient de
lui faire don. Il a arrêté, d'accord avec
les Etats-Unis, les mesures propres à
garantir la sécurité de la côte canadien-
ne et à assurer l'utilisation des bases
américaines de cet océan Dar sa pro-
pre flotte. L'action commune des deux
pays a été réglée et précisée.
Certes, il ne faudrait point conclure
de tous ces faits que les républicains
américains envisagent une crise pro-
chaine, un conflit imminent entre leur
pays et le Japon. Les financiers et les
hommes d'affaires ne manifestent au-
cune inquiétude à cet égard et semblent
avoir confiance dans le maintien de la
paix. Ils pensent qu'elle sera mieux as-
surée et qu'une entente sur la limita-
tion des armements sera d'autant plus
facile à conclure que leur pays paraî-
tra mieux en mesure d'assurer lui-mê-
me, par sa propre force et les accords
conclus, sa propspérité et sa sécurité.
Edouard DALADIER,
député du Vaucluse.
■Il —■ lin
EDITORIAL
Le cabinet Bonnevay
Cependant que nous
consultions les augures
électoraux,, il s'est produit
un événement considérable.
Les « Aragoins » sont
entrés dans le sentier 'de la
guerre et M. Bonnevay, leur grand ca-
cique, s'est proclamé président du con-
seil à Lyon.
M. Isaac, qui était présent bien que
toujours absent, n'en revenait pas. Le
pauvre homme ! il n'est jamais ques-
tion que de son sacrifice.
Ce ministère Bonnevay, constitué a
côté du ministère Leygues, donne une
solution originale aux compétitions mi-
nistérielles.
Il répond, d'autre part, à l'objection
des pessimistes : « Nous n'avons pas
de gouvernement ».
Comment 1 vous n'avez pas 'de gou-
vernement ?
En voici deux ; celui du pays et celui
de M. Bonnevay, intronisé par M. jtra"
go, prince 'des Aragoins,, en République
d'Aragoinie.
Le seul tort de M. Bonnevay, prësi-
dent du conseil in pàrtibus, est d'avoir
cédé au penchant d'une déclaration mi-
nistérielle.
Il ne s'est pas rendu compte que la
principale force des Aragoins tenait à
leur silence.,
Les grands silencieux impressionnent
le vulgaire.
— Ah ! vous verrez quand ils parle-
ront.
Il laut toujours donner il croire au
miracle.
Ainsiyt M. Bonnevay passait pour avoir
des idées géniales, précisément parce
qu'il ne les avait pas exprimées.
Mais il a parlé a Lyon !
Du coup, à Paris, M. Arago n'accède
plus a la vice-présidence de la Chambre
que par 296 voix sur 600 députés.
Vous allez voir que le cabinet Bonne-
vay va tomber en même temps que l'au-
tre.
EDMOND DU MESNIL.
LE MONUMENT GflLUENI
Une délégation des élus de Paris
se rendra à Saint-Raphaël
La - municipalité de Saint-Raphaël vient
et être avisée que M. Autrand, préfet de
la Seine, accompagné d'une délégation du
conseil général, de la Seine et du conseil
municipal de Paris, arrivera samedi soir
pour assister à l'inauguration du monu-
ment du général GalJiéni. Des délégations
de l'Ile-de-France sont également annon-
cées. Les navires de l'escadre de la Médi-
terranée occidentale mouilleront dès samedi
cri rade de Saint-Raphaël*
Le maire de Saint-Raphaël il été infor-
mé que M, Paul Deschanel viendra assister
dimanche à l'inauguration du monument
Galliéni.
Un hommage au soldat inconnu
M. Soleri, sous-secrétaire (l'Etat du ravi-
taillement italien, s'est rendu hier à midi,
accompagné de ses secrétaires, MM. Batti-
ni et Scrouzio, à l'Arc de Triomphe de
l'Etoile où il a déposé une gerbe de fleurs
en hommage au soldat inconnu français.
On dit.
En Passant
Vague d'économie
Tout de même, et quoi qu'eu disent les
pessimistes, la mentalité publique évolue.
A l'heure du réveil après la. tourmente, se
précipita la" vague des exubérances géné-
reuses ; aujourd'hui se traîne la vague des
économies prudentes; demain, par petites
lames insidieuses et successives, déferlera la
vague de baisse.
Au lendemain des grands remous, se ré-
veillent tout naturellement, avec l'énergie
des mouvements trop longtemps contenus,
les aspirations de joie, d'épanchement,
d'expansion que, jusqu'alors, ont réfrénées
les années de contrainte. L'armistice signé,
et la victoire acquise, - cette victoire que
nous croyions radieuse - les élans se don-
nèrent libre cours : on eut le droit de lâcher
bride à toutes les fantaisies et de mettre à
la vie le sourire qui sied au triomphe. Les
nouveaux riches, nés le la guerre, éberlués
par leur fortune récente, eurent hâte de se
donner un cadre et une atmosphère en rap-
port avec leurs jeunes succès. Les nouveaux
pauvres tentèrent, en vain le plus souvent,
de lutter pour conserver leur place acquise.
Ce fut l'ère des prodigalités insouciantes,
de l'argent jeté par les fenêtres, des dou-
zaines de pinces à sucre, — une pour cha-
que invité, — naïvement achetées chez l'or-
fèvre. Ce fut le triomphe des dancings où
le Champagne coûtait cent francs la bou-
teille, le règne des colliers de perles, encer-
clant des cous grassouillets, celui des anti-
quaires, casant à des clients n'y voyant
goutte, du Louis XV maquillé à Charonne.
Tout beau!
Les plus purs enthousiasmes s'éteignent
comme feu de paille 1
On s'aperçut, un jour, que l'on 'était allé
trop loin.
Et alors, on n'acheta plus du tout !
Les marchands se plaignent de ne voit
en leur boutique pas même l'ombre d'un
client : la vague d'économie étend son flot
lent et berceur.
Elle n'est cependant pas la vague de
baisse. Pas encore.
La seconde est un fait, la première est un
état d'âme. Car les hommes sont comme les
moutons de Panurge : un mouvement quel-
conque est toujours contagieux. Les nababs
improvisés n'eurent même pas le temps de
se frotter les yeux que, déjà, ils s'aperce-
vaient, que le Pactole ne résiste pas aux
coups immodérés. Et les dancings sont vi-
des, les théâtres voient tomber leurs re-
cettes ; au Pari Mutuel, on joue moin-s ; les
boîtes de luxe ne font plus leurs frais, et
personne ne veut plus d'auto!
C'est une loi non pas économique, mais
simplement humaine que les hausses fréné-
tiques sont suivies d'arrêts pleins de malai-
se.
C'est, 'dans la danse des prix, la seconde
figure, un peu languissante et pénible.
Attendons la troisième : la baisse.
Raymond LANGE.
sweid
Autrefois
La veine
Les ennemis de Beaumarchais lui fai-
saient ,une détestable réputation d'aven-
turier.
— Cependant, leur disait-on, il réussit
'dans tout ce qu'il entreprend.
- Parce qu'il a une chance insolente.
Mais n'empêche qu'il finira pendu.
- Oui, dit Sophie Amould ; il sera pen-
d.'u., Mais la corde cassera.
tSMS*
Aujourd'hui
Légion d'honneur
Dans la promotion exceptionnelle de la
Légion d'honneur, au titre du ministère de
l'intérieur, nous ., notons avec un plaisir
tout particulier la nomination au grade de
chevalier, de M. Aulneau, qui fut le dis-
tingué et dévoué directeur du cabinet de
M. Paul Deschanel à la présidence de la
République, et de nos excellents confrères
Garapon, de l'Echo de Paris, et Paul Ber-
sonnat, de l'Intransigeant.
Par ici la sortie
L'entrée et le départ mystérieux de Mme
Clara Zetkin ont eu. un résultat imprévu :
la modification de notre code pénal.
Le gouvernement vient en effet de dépo-
rer à la Chambre un projet de loi tendant
à frapper d'une peine de six mois à trois
ans de prison, le fait de franchir ou tenter
de franchir les frontières terrestres ou ma-
ritimes de la France en dehors des points
de passage fixés par arrêté préfectoral.
En outre, le gouvernement estime qu'il
11 a lieu. de punir les complices ayant faci-
lité ces infractions avec la même sévérité
que les délinquants coupables d'avoir fal-
sifié un passeport ou fabriqué un faux titre
ae passage.
n est vraisemblable que, dans l'applica-
tion, des atténuations devront être appor-
tées à cette réglementation, sous peine de
xfenare impossible tout pacage et culture
,.rur les fonds traversés par la ligne fron-
tière.
Dans l'autobus
Un autobus Madeleine-Bastille (raconte
notre confrère Bonsoir) s'arrête brusque-
ment boulevard Saint-Martin. Il est en pan-
ne '; tes voyageurs descendent et réclament
le remboursement du voyage qu'ils n'ont
pas effectué.
Le receveur assure qu'il ne peut rendre
l'argent, malgré les protestations des voya-
geu.rs.
— Adressez-vous à la compagnie ! s'é-
crie l'employé. Je n'y peux rien.
Ainsi se pose une fois de plus la ques-
tion. La compagnie des autobus doit-elle
rembourser les voyageurs restés en pan-
ifie ?
,Les voyageurs voudraient bien le savoir !
-' Le Tapm-
Des faits, des sanctions, soye P,
Le groupe radical et radical-socialiste
de la Chambre s'est réuni hier matin pour
piotester « contre l'attitude d'un gouverne-
ment qui, se réclamant de l'union natio-
nale, a toléré que certains de ses membres,
usant de l'autorité qu'ils tiennent de leurs
fonctions, aient pratiqué la candidature
officielle au cours des élections sénatoriales
et se soient livrés à des attaques violentes
contre une fraction importante de l'opinion
républicaine ».
Parlait !
Et maintenant ?
C'est très joli de voter des ordres du
jour, de lancer des proclamations, de ré-
pandre des communiqués !
Mais après ?
Nous sommes submergés de manifestes
indignés, de tracts protestataires qui res-
tent lettre morte. Nous en sommes aussi
excédés.
Car ils ont exactement l'effet d'un cautère
sur une jambe de bois !
Si louable que soit l'intention de nos
amis, leur geste est insuffisant. Il faut
qu'il soit suivi d'actes formels, de sanc-
tions précises.
Il y aurait à « encaisser » entre autres
le coup des Basses-Alpes, une venici-ie, la-
mentable. Il est inadmissible qu'un mi-
l'':sLI'O se payant a'audacc mette dans la
balance électorale son portefeuille minis-
tériel pour dépouiller de son mandat un
vieux républicain loyal, intègre, dont le
passé politique est inattaquable.
Et si l'on songe que le jeune ministre
intrigant osait jadis se proclamer le com-
pagnon politique de son concurrent d'hier,
l'on ne peut observer, sans écœurement
les louches intrigues, le,s tractations hon-
teuses dont il a payé sa victoire.
C'est abuser de la bonne foi, de l'honnê-
teté reconnue du corps électoral que de
faire miroiter à ses yeux les avantages du
pouvoir.
Et lorsque la manœuvre aboutit à un dé-
tournement 'de confiance, elle doit être
condamnée, comme une véritable escroque-
rie moraile.
Des discours, des décisions verbales et
platoniques, c'est bien.
Mais ce sont des actes qu'il faut et 'des
sanctions !
——————.—— ;—•
Un succès du droit
sur l'arbitraire
L'appel lancé par certains Français,
Edouard Herriot, Paul-Boncour, Léon
Blum en tête, par des socialistes d'Angle-
terre, de Russie, en faveur des quatre
commissaires du peuple hongrois condam-
nés à mort par le gouvernement de l'ami-
ral Horty a enfin été entendu.
M. Georges Leygues a informé hier les
députés protestataires que les quatre mi-
litants sont maintenant hors de danger.
Leur peine est commuée et le dictateur
hongrois a ajouté qu'il était disposé à
échanger les quatre victimes de la terreur
blanche et de la réaction contre des offi-
ciers hongrois prisonniers en Russie.
Nous avons communiqué, il y a quel-
ques jours, la lettre adressée à notre émi-
nent ami Edouard llerriot, par le délégué
du gouvernement royal hongrois, protes-
tant contre les fausses nouvelles répandues
par «ayant un intérêt trop visiible à calomnier
le pouvoir hongrois ».
On ne saurait s'élever avec assez d'indi-
gnation contre le scandaleux arbitraire qui
fit condamner à mort les communistes
poursuivis pour fait politique.
Les juges hongrois, contre tous les usa-
ges du droit, ont transformé un délit die
droit commun en un délit politique.
Ce détournement des lois constitue une
honteuse survivance d'impérialisme.
L'opinion 'du manGe est heureusement
intervenue et a été écoutée.
C'est la preuve qu'elle a encore quel-
que valeur et que lorsque sa voix sait s'é -
lever avec quelque énergie, elle sait aussi
s'imposer.
Puisse-t-elle se faire entendre plus sou-
vent.
Puisse la voix de la, raison dominant la
rumeur confuse des champions de l'iniqui-
té faire triompher enfin par le monde, le
règne de la justice !
Harakiri
Jfelas ! trois fois hélas ! les blés ne mû-
riront plus et les vignes n'auront plus de
grappes et le cheptel va mourir.
Imitant les Samouraïs nippons, qui,
après la défaite, s'ouvrent le ventre, M.
Ricard, battu, abandonne le ministère de
l'agriculture.
Adieu, veaux, vaches, cochons, couvée !.
C'eût été cependant un spectacle origi-
nal de voir, au sein d'un cabinet se di-
sant républicain, un ministre qui fut ou-
vertement candidat réactionnaire ! Quel-
le force pour le cabinet ! quelle joie chez
les Aragoins !
Mais M. Ricard s'armant du canif 'de M.
Leygues, offre ses tripes en holocauste aux
électeurs du Finistère.
Les Bretons ont toutes les veines !
La démission est officielle
A,u cours du conseil des ministres, qui
s'est tenu hier matai à l'Elysée, M. J.-H. Ri-
card, ministre de l'agricullllllre, a remis sa
démission à M. Georges Leygues.
M. Ricard avait pris la décision de quitter
le ministère à la suite de son échec aux élec-
tions sénatoriales dans le Finistère.
Le nouveau ministre n'est pas encore dé-
signé. *
On assurait dans la soirée que le choix
du président du conseil Be porterait sur M.
Thoumyre, sous-secrétaire d'Etat au ravi-
taillement. M. Thoumyre resterait ainsi
d: ns le ministère avec un portefeuille, tan-
dis que le sous-secrétariat dont il est titu-
io;r© serait supprimé.
LA RENTRÉE DES CHAMBRES
————-
be Cabinet en péril
- ) -+0 ( '1
LA FIXATION DE L'ORDRE DU JOUR ET LES
INTERPELLATIONS SUR LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
Le président du Conseil posera la question
de confiance sur l'ajournement de la discussion.
ta»
La session ordinaire des
Chambres françaises pour
1921 s'est ouver te, Ihier, sui-
vant le cérémonial accou-
tumé c'est-à-dire, domine
nous l'indiquons un peu
plus loin, sans incident.
du moins en séance.
Mais on prévoit pour au-
jourd'hui un gros débat à
la Chambre.
La ~fixation de l'ordre du jour amènera
fatalement sur le tapis la date des interpel-
lations de MM. Bokanowski, Raynaud, La-
cotte, etc., sur da politique extérieure (l'u
gouvernement et notamment sur la façon
dont celui-ci entend faire exéci (el' le traité
de Versailles, en ce qui regarde le dès-ar-
mement de l'Allemagne.
Ouvrira-t-on le débat, ou bien le reculera-
t-on jusqu'après la conférence interalliée qui
doit commencer le 19 janvier et se poursui-
vra vraisemblablement pendant une se-
maine ?
C'est là Itllne question de vie ou de mort
pour le cabinet et les meilleurs amis du mi-
nistère ne dissimulent pas assez leur inquié-
tude, qui perce à travers un certain optimis-
me tdJe commande.
Pour la discussion immédiate
Trois des principaux groupes de la Cham-
bre, celui de l'Entente républicaine, celui de
la Gauche démocratique et le Grouipe radi-
cal-socialiste, se sont réunis séparément,
hier matin, pour examiner la situation au
mjoimeot de la reprise des travaux parlemen-
taires.
La discussion a porté principalement sur
la question de l'ajournement jusqu'à l'issue
de la conférence des interpellations iniscotas
à l'ordre du jour.
Dans chacun de ces groupes, la majorité
(l'unanimité même au Groupe radical-socia-
liste) s'est prononcée en faveur de la discus-
sion immédiate, c'est-à-dire aussitôt après
l'installation du bureau définitif.
Il Il est bien clair, dans ces conditions, que
si les trois groupes tiennent aujourd'hui pa-
role, c'est plus de 400 voix qui feront bloc
contre le cabinet. Mais tiendront-ils ? Voilà
le hic.
Pour l'ajournement
Or, M. Leygues a déclaré, hier, à de nom-
breux députés, qu'il demanderait l'ajourne-
ment de toutes les interpellaitioiis sur la poli-
tique extérieure ; d'abord parce que rien ne
prouve que le débat engagé aujourd'hui se-
rait terminé à temps pour ne pas gêner la
conférence interalliée ; ensuibe parce que le
gouvernement ou serait condamné à refu-
ser de répondre â. certaines questions des
interpellateurs ou serait amené à fournir à
la tribune certains arguments qu'il préfère
conserver intacts pour la conférence.
Le président d.u conseil a affirmé, d'autre
part, qu'il poserait la question de confiance.
MM. Léon Bérard et André Lefèvre, in-
terrogés dans les couloirs, étaient d'avis que
le président du conseil jouait gros jeu et
courait à un échec à peu près certain,
M. Raynaud, lui, ne verrait — disait-il —
aucun inconvénient à l'ajournement de la
discussion. Mais à une condition, pourtant :
c'est qu'à propos de la fixation de la date il
puisse donner sur son interpellation des in-
dications suffisantes pour que le ministre
des affaires étrangères, après la conférence
interalliée, ne vienne pas dire : et Nous
avons fait ceci, ou cela, dans i'ignorance où
nous étions des sentiments du Parlement. »
Eu un mot, ce n'est pas un vote que dé-
sire M. Raynaud, c'est éclairer le gouverne-
ment par avance sur la volonté uu Parle-
ment et du pays. Mais quand on met le
doigt dans l'engrenage, le bras risque d'y-
passer tout entier.
L'Interpellation Deyris
Cependant, à la fin de la journée d'hier,
en répandait le bruit que le président du
conseil s'était mis d'accord avec les inter-
pellateurs ainsi qu'avec tous ceux qui de-
vaient intervenir dans le débat et que l'a-
journement était chose entendue.
Tout semblait donc en voie d'apaisement,
lorsqu'on apprenait brusquement qu unto
nouvelle embuche surgissait. 1
M. Deyris député des Landes, avait dé-
posé sur le bureau de la Chambre une de-
mande d'interpellation sur la politique gé-
nérale du gouvernement.
M. Deyris, ajootait-on, en demandera la
ciscussion immédiate aujourd'hui.
Les choses en sont là. De toutes façons,
que le cabinet tombe ou ne tombe pas ce
Itc.ir, ce n'est qu'une affaire de jours — pas
même de semaines.
L'affaire Ricard-Thoumyre-Queuilie
Aussi, les embarras créés au gouverne-
ment par le blackboulage de M. Ricard aux
élections sénatoriales et par la démission
au ministre de l'agriculture passaient-ils
iuer un peu au second plan, bien qu'à tout
prendre l'histoire ne manque pas d'intérêt.,
On avait prononcé, pour succéder à' M.
Hicard, un certain nombre de noms : ceux
de MM. Dariac, Pierre Viala et Thou-
myre.
Ce dernier paraissait tenir la corde et
avoir le plus de chances.
On sait, en effet, que le député de la Sei-
ne-Inférieure, sous-secrétaire d'Etat au ra-
vitaillement, va bientôt se trouver sans pla-
ce, par suite de la suppression de son demi-
portefeuille.
p, En l'appelant à l'agriculture, on lui trou-
vait une occupation, sans dépenses nouv-b-
les.
Mais M. Queuille, sous-secrétaire d'Etat
à l'agriculture, ne l'entendit pas ainsi. Il
trouva excessif qu'on appelât un ail'
sous-secrétaire d'Etat,. moins qualifié qiié
lui-même par ses compétences, à un poste
tîui lui revenait en quelque sorte de jdn r»
Et il menaça, dit-on, de partir en clacpKini
Iii porte si l'on prenait M. Thoumyre.
Le résultat de ces froissements fut que
M. Leygues qui a, par ailleurs, "autres
ctats à fouetter, n'a pas pris de décision et.
oue le successeur de M. Ricard n'a pas -été
encore nommé. Z- *"*
Voici, d'ailleurs, qu'une autre <>eîn,vi-
sion menace de se greffer sur celle de v
Picard. Celui-ci part parce qu'il est battu.
M. François-Marsal, raconte-t-on, s'en irait.
au contraire, parce qu'il a été élu -et qu'il
juge les sénateurs trop nombreux dans 3r
cabinet : d'autres disent parce qL îl sent
que la galère ministérielle fait eau de par-
tout et qu'il préfère être au sec le jour pro-
chain du naufrage.
Ajoutons que cette décision de M. -
!>al n'a encore rien d'officiel. Ce n'est qv ih
bruit qui rôde et qui restera peut-être un
simple bruit, si le ministère est déiuis^oïi
naire ce soir. — Y.
ir 9
A la Chambre, élection du Bureau
e I -
M. RAOUL PÉRET EST RÉÉLU PRÉSIDENT
PAR 374 VOIX SUR 391 VOTANTS
La Chambre a effectué, hier, sa rentrée,
rentrée qui, à part un incident de couloirs
relaté d'autre part, fut particulièrement cal-
me. Il est vrai que la séance fut tout entière
consacrée aux scrutins pour la nomination
du bureau définitif..
A 14 h. précises, le sympathique et vénéré
doyen de la Chambre, M. Jules Siègiried,
fait son entrée, escorté des Eliacins de la
Chambre, au nombre desquels nous remar-
quons notre ami Saget, le capitaine Fonck.
M. Vallat, M. Joly, etc.
Discours du doyen d'âge
M. Siegiried, étonnant de jeunesse et de
vigueur, déclare ouverte la session ordinaire
pour l'année 1W1, et d'une voix ferme et bien
timbrée, prononce la belle allocution sui-
vante, interrompue à tout instant pair les
applaudissements à peu près unanimes de
l'assemblée :,
Mes chers collègues,
Une fois encore mon âge m'appelle à l'hon-
neur de vous présider, et je veux eii proliter,
non pour ~m'appesantir sur les difficultés, du
présent, aii-ais pour tirer de ma vieiile expérience
une confiance réconfortante.
ijans doute, le retour à la vie normale est
plus lent <|Ue nous ne l'espérions après notre ad-
mirable vicloire ; notre situation financière et
préoccupante, le coût do la vie reste élevé. les
changes nous sont toujours défavorables. Mais
le grand effort fiscal que nous avons fait assure
requilibre de notre budget ordinaire, et la forte
augmentation de nos exportations est en train
d'améliorer rapidement notre situation écono-
mique.
Ayons donc confiance dans l'avenir, et. en je-
tant un coup d'œil sur le passé, constatons les
progrès accomplis.
Je me reporte à la Révolution de 1848. à la-
quelle j'ai assisté ; la vie des travailleurs était
Gure à cette époque : l'ouvrier industriel travail-
lait douze heures par jour, quelquefois treize
pour un sahure Inlftlme ; il était mal nourrI.
mal vêtu, mal logé ; il ne possédait pas le droit
d'association.
Il n'y avait à cette oépoquo ni gaz. ni électri-
cité. ni tramways, à peine quelques tronçons doR
chemins de fer, peu de bateaux à vapeur, et
pour toute communication rapide on ne d'
que du télégraphe Chappe 1
La République, qui ouvrait une ère d,- iiL 'lé
et de progrès social, est trop vite remplacée par
l'Empire, qui nous conduit à la guerre et à la
défaite.
Heureusement, après dix-neuf années, la Ré-
publique nous rend le gouvernement du Pays
par le Pays et nous apporte ce beau programme
de liberté, d'égalité ei de fraternité, qui marque
les tus nobles aspirations de la France démo-
cratioue.
La France se relève rapidement ; les idées les
plus généreuses, parfois les plus avancées, sont
preseniees et défendues J)ai- 'Une élite de ,}-.(.l'
triotes. dont ~j'aime à evoquer la mémoire tou-
jours vivant : les Thiers, les Gambetta, les
Ferry, les \Va'Jdeck-n.ousS('au, les Jaurès, pour
ne citer que les morts. Elles se traduisent par
les lois scolaires, ics lois d'hygiène, d'assistance
et de prévoyance, qui font J'honneur de notre
régime républicain et qui ont si grandement
amélioré la situation matérielle et morale dea
travailleurs.
Actuellement, nos orjvrters d'industrie fon.
Une journée de travail qui ne dépasse pas léga-
lement huit heures, pour laquelle ils touchent
un salaire combien plus satisfaisant que celui
d'autrefois ! Qui oserait dire. malgré les dilli-
cultés du moment, que leur condition n'est pas
bien supérieure à ce qu'elle était au milieu du
siècle dernier ?
Le progrès est donc évident et considérable ;
~mats il n'a pas été réalisé seulement dans Je do-
maine économique, il s'est accompli aussi dans
le domaine social.
Rejetons donc loin de nous les idées de lutte
do classes : Tous les citoyens français ont les
mômes droits et les mêmes devoirs et méritent
le 'rooJ!w respect. quelle que soit leur situation.
Travaillons donc tons ensemble pour l'amé-
lioration sociale indéfinie. Rien de durable ne se
fonde sur la haine, il reste toujours vrai que
l'union seule fail la force.
Avec cette année nouvelle, après une victoire
splendide qui a refait l'unité française en nous
rendant r AL<;::\!('e <'t la Lorraine, recommençons
à vivre comme à l'aurore d'un siècle nouveau
Si chacun s'efforce d'obéir à la voix sacrée du
devoir, quel slr et magnifique avenir de pro-
grès. de fraternité et de paix sera réservé A
notre France bien aimée !
Ces nobles paroles, ce panégyrique éio-
Fondateurs (1869) 8
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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Rédaction et administration : Nord 24-90, 24-91.— Après 10 L disoîr : GatenlBrgOO-TO
TRIBUNE LIBRE
Armements américains
—_—— ) -.- ,
'« Je veux acclamer le
jour où l'Amérique sera la
plus éminente des natiops
maritimes. J'espère, que
nous pourrons trouver un
moyen de travailler à la
réduction des armements - ;
mais, jusqu'à ce que ce jour vienne, je
veux, pour la défense de l'Amérique,
une flotte qui soit égale aux aspirations
de ce pays. Et je veux que nos navires
marchands voguent vers tous les mar-
chés du monde. » Ainsi parlait le prési-
dent Harding au retour d'un voyage
d'études qu'il avait fait au canal de
Panama. Mais le ministre de la marine
du président Wilson, M. Daniels, avait
déjà dressé un vaste programme naval
qui prévoit la construction on trois an-
nées de quatre-vingt-huit navires de
guerre. En outre, il s'était opposé à la
motion du sénateur Borah demandant
au président d'inviter la Grande-Breta-
gne et le Japon à s'associer aux EUitsr
Unis pour réduire de 50 les program-
mes d'armements navals des trois puis-
sances.
En même temps, le tlépa.r.tm-ent de
la marine réalisait un vaste projet de
reorganisation stratégique. Il n'accorde
plus à l'Atlantique qu'une importance
secondaire : les bases navales sont ré-
duites sur cet océan à peu près au
quart du type adopté pour le Pacifique,
et l'argent ainsi économisé est dépensé
sur les côtes occidentales. Ainsi, con-
trairement à diverses informations qui
faisaient allusion à la rivalité anglo-
américaine, il résulte des dispositions
techniques prises par la marine améri-
caine que le Japon seul, et non l'Angle-
terre, préoccupe les Etats-Unis.
Bien que le ton des journaux soit en
général conciliant, les hommes d'Etat
américains et l'opinion suivent avec
une extrême attention les négociations
engagées entre les deux gouvernements
au sujet de l'immigration japonaise en
Californie. La presse signale l'établis-
sement d'une grande base militaire ja-
ponaise à l'extrémité méridionale de
Formose, à 350 milles environ de l'ex-
trémité septentrionale des' Philippines,
les intentions du Japon sur la totalité
de Sakhaline, son peu d'empressement
à participer au consortium en Chine,
ses immenses achats de riz dans ce pays
et la campagne « impérialiste » menée
par les militaristes japonais.
Le gouvernement américain a reçu de
l'Angleterre elle-même l'assurance, con-
firmée par les déclarations répétées des
milieux officiels du Japon, qu'aux ter-
mes du traité d'alliance entre les deux
nations l'empire britannique n'est aucu-
nement obligé de prendre parti contre
les Etats-Unis s'ils entraient en conflit
avec le Japon. D'ailleurs, mieux encore
que par les affirmations des diploma-
tes, le gouvernement de Washing-
ton est pleinement rassuré sur ce
point par les négociations officieu-
ses qui ont été engagées par les chefs
Uii parti républicain avec les principaux
hommes d'Etat des Dominions britanni-
ques de l'océan Pacifique. La Grande
Guerre, à laquelle leurs soldats partici-
pèrent avec tant de bravoure, a fortifié
et développé leurs sentiments d'indépen-
dance vis-à-vis de la métropole. Ils ont
pleinement conscience de la solidarité
d'intérêts qui les unit au peuple améri-
cain. Le sénateur Lodge, d'ont on con-
naît les relations cordiales avec le pré-
sident Harding, disait récemment : « Il
est un accord que j'aimerais beaucoup
& conclure : c'est un accord aVec le Ca-
nada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande,
eu sujet de l'immigration asiatique.
Leur danger est le même que le nôtre
-et l'ombre épaisse s'étand sur l'Austra-
lie. » En réalité, de nombreux faits
montrent que cet accord existe déjà,offi-
cieusement, entre les Etats-Unis et les
Dominions « pour la défense de la race
blanche ».
« L'Australie, déclarait dernièrement
son premier ministre, salue avec joie
chaque navire de guerre mis en chantier
par l'Amérique. » La Nouvelle-Zélande
s'inquiète de l'accroissement de sa po-
pulation asiatique, étudie contre la pa-
cifique et formidable invasion jaune de
nouvelles mesures de protection. Le
Canada s'inquiète du même péril. Mal-
gré l'opposition du gouvernement bri-
tannique, il prétend avoir un représen-
tant diplomatique particulier à Wa-
- shington et même placer, le cas échéant,
sous le commandement suprême d'un
amiral américain, sa flotte du Pacifi-
que constituée surtout de croiseurs et
de destroyers dont l'Angleterre vient de
lui faire don. Il a arrêté, d'accord avec
les Etats-Unis, les mesures propres à
garantir la sécurité de la côte canadien-
ne et à assurer l'utilisation des bases
américaines de cet océan Dar sa pro-
pre flotte. L'action commune des deux
pays a été réglée et précisée.
Certes, il ne faudrait point conclure
de tous ces faits que les républicains
américains envisagent une crise pro-
chaine, un conflit imminent entre leur
pays et le Japon. Les financiers et les
hommes d'affaires ne manifestent au-
cune inquiétude à cet égard et semblent
avoir confiance dans le maintien de la
paix. Ils pensent qu'elle sera mieux as-
surée et qu'une entente sur la limita-
tion des armements sera d'autant plus
facile à conclure que leur pays paraî-
tra mieux en mesure d'assurer lui-mê-
me, par sa propre force et les accords
conclus, sa propspérité et sa sécurité.
Edouard DALADIER,
député du Vaucluse.
■Il —■ lin
EDITORIAL
Le cabinet Bonnevay
Cependant que nous
consultions les augures
électoraux,, il s'est produit
un événement considérable.
Les « Aragoins » sont
entrés dans le sentier 'de la
guerre et M. Bonnevay, leur grand ca-
cique, s'est proclamé président du con-
seil à Lyon.
M. Isaac, qui était présent bien que
toujours absent, n'en revenait pas. Le
pauvre homme ! il n'est jamais ques-
tion que de son sacrifice.
Ce ministère Bonnevay, constitué a
côté du ministère Leygues, donne une
solution originale aux compétitions mi-
nistérielles.
Il répond, d'autre part, à l'objection
des pessimistes : « Nous n'avons pas
de gouvernement ».
Comment 1 vous n'avez pas 'de gou-
vernement ?
En voici deux ; celui du pays et celui
de M. Bonnevay, intronisé par M. jtra"
go, prince 'des Aragoins,, en République
d'Aragoinie.
Le seul tort de M. Bonnevay, prësi-
dent du conseil in pàrtibus, est d'avoir
cédé au penchant d'une déclaration mi-
nistérielle.
Il ne s'est pas rendu compte que la
principale force des Aragoins tenait à
leur silence.,
Les grands silencieux impressionnent
le vulgaire.
— Ah ! vous verrez quand ils parle-
ront.
Il laut toujours donner il croire au
miracle.
Ainsiyt M. Bonnevay passait pour avoir
des idées géniales, précisément parce
qu'il ne les avait pas exprimées.
Mais il a parlé a Lyon !
Du coup, à Paris, M. Arago n'accède
plus a la vice-présidence de la Chambre
que par 296 voix sur 600 députés.
Vous allez voir que le cabinet Bonne-
vay va tomber en même temps que l'au-
tre.
EDMOND DU MESNIL.
LE MONUMENT GflLUENI
Une délégation des élus de Paris
se rendra à Saint-Raphaël
La - municipalité de Saint-Raphaël vient
et être avisée que M. Autrand, préfet de
la Seine, accompagné d'une délégation du
conseil général, de la Seine et du conseil
municipal de Paris, arrivera samedi soir
pour assister à l'inauguration du monu-
ment du général GalJiéni. Des délégations
de l'Ile-de-France sont également annon-
cées. Les navires de l'escadre de la Médi-
terranée occidentale mouilleront dès samedi
cri rade de Saint-Raphaël*
Le maire de Saint-Raphaël il été infor-
mé que M, Paul Deschanel viendra assister
dimanche à l'inauguration du monument
Galliéni.
Un hommage au soldat inconnu
M. Soleri, sous-secrétaire (l'Etat du ravi-
taillement italien, s'est rendu hier à midi,
accompagné de ses secrétaires, MM. Batti-
ni et Scrouzio, à l'Arc de Triomphe de
l'Etoile où il a déposé une gerbe de fleurs
en hommage au soldat inconnu français.
On dit.
En Passant
Vague d'économie
Tout de même, et quoi qu'eu disent les
pessimistes, la mentalité publique évolue.
A l'heure du réveil après la. tourmente, se
précipita la" vague des exubérances géné-
reuses ; aujourd'hui se traîne la vague des
économies prudentes; demain, par petites
lames insidieuses et successives, déferlera la
vague de baisse.
Au lendemain des grands remous, se ré-
veillent tout naturellement, avec l'énergie
des mouvements trop longtemps contenus,
les aspirations de joie, d'épanchement,
d'expansion que, jusqu'alors, ont réfrénées
les années de contrainte. L'armistice signé,
et la victoire acquise, - cette victoire que
nous croyions radieuse - les élans se don-
nèrent libre cours : on eut le droit de lâcher
bride à toutes les fantaisies et de mettre à
la vie le sourire qui sied au triomphe. Les
nouveaux riches, nés le la guerre, éberlués
par leur fortune récente, eurent hâte de se
donner un cadre et une atmosphère en rap-
port avec leurs jeunes succès. Les nouveaux
pauvres tentèrent, en vain le plus souvent,
de lutter pour conserver leur place acquise.
Ce fut l'ère des prodigalités insouciantes,
de l'argent jeté par les fenêtres, des dou-
zaines de pinces à sucre, — une pour cha-
que invité, — naïvement achetées chez l'or-
fèvre. Ce fut le triomphe des dancings où
le Champagne coûtait cent francs la bou-
teille, le règne des colliers de perles, encer-
clant des cous grassouillets, celui des anti-
quaires, casant à des clients n'y voyant
goutte, du Louis XV maquillé à Charonne.
Tout beau!
Les plus purs enthousiasmes s'éteignent
comme feu de paille 1
On s'aperçut, un jour, que l'on 'était allé
trop loin.
Et alors, on n'acheta plus du tout !
Les marchands se plaignent de ne voit
en leur boutique pas même l'ombre d'un
client : la vague d'économie étend son flot
lent et berceur.
Elle n'est cependant pas la vague de
baisse. Pas encore.
La seconde est un fait, la première est un
état d'âme. Car les hommes sont comme les
moutons de Panurge : un mouvement quel-
conque est toujours contagieux. Les nababs
improvisés n'eurent même pas le temps de
se frotter les yeux que, déjà, ils s'aperce-
vaient, que le Pactole ne résiste pas aux
coups immodérés. Et les dancings sont vi-
des, les théâtres voient tomber leurs re-
cettes ; au Pari Mutuel, on joue moin-s ; les
boîtes de luxe ne font plus leurs frais, et
personne ne veut plus d'auto!
C'est une loi non pas économique, mais
simplement humaine que les hausses fréné-
tiques sont suivies d'arrêts pleins de malai-
se.
C'est, 'dans la danse des prix, la seconde
figure, un peu languissante et pénible.
Attendons la troisième : la baisse.
Raymond LANGE.
sweid
Autrefois
La veine
Les ennemis de Beaumarchais lui fai-
saient ,une détestable réputation d'aven-
turier.
— Cependant, leur disait-on, il réussit
'dans tout ce qu'il entreprend.
- Parce qu'il a une chance insolente.
Mais n'empêche qu'il finira pendu.
- Oui, dit Sophie Amould ; il sera pen-
d.'u., Mais la corde cassera.
tSMS*
Aujourd'hui
Légion d'honneur
Dans la promotion exceptionnelle de la
Légion d'honneur, au titre du ministère de
l'intérieur, nous ., notons avec un plaisir
tout particulier la nomination au grade de
chevalier, de M. Aulneau, qui fut le dis-
tingué et dévoué directeur du cabinet de
M. Paul Deschanel à la présidence de la
République, et de nos excellents confrères
Garapon, de l'Echo de Paris, et Paul Ber-
sonnat, de l'Intransigeant.
Par ici la sortie
L'entrée et le départ mystérieux de Mme
Clara Zetkin ont eu. un résultat imprévu :
la modification de notre code pénal.
Le gouvernement vient en effet de dépo-
rer à la Chambre un projet de loi tendant
à frapper d'une peine de six mois à trois
ans de prison, le fait de franchir ou tenter
de franchir les frontières terrestres ou ma-
ritimes de la France en dehors des points
de passage fixés par arrêté préfectoral.
En outre, le gouvernement estime qu'il
11 a lieu. de punir les complices ayant faci-
lité ces infractions avec la même sévérité
que les délinquants coupables d'avoir fal-
sifié un passeport ou fabriqué un faux titre
ae passage.
n est vraisemblable que, dans l'applica-
tion, des atténuations devront être appor-
tées à cette réglementation, sous peine de
xfenare impossible tout pacage et culture
,.rur les fonds traversés par la ligne fron-
tière.
Dans l'autobus
Un autobus Madeleine-Bastille (raconte
notre confrère Bonsoir) s'arrête brusque-
ment boulevard Saint-Martin. Il est en pan-
ne '; tes voyageurs descendent et réclament
le remboursement du voyage qu'ils n'ont
pas effectué.
Le receveur assure qu'il ne peut rendre
l'argent, malgré les protestations des voya-
geu.rs.
— Adressez-vous à la compagnie ! s'é-
crie l'employé. Je n'y peux rien.
Ainsi se pose une fois de plus la ques-
tion. La compagnie des autobus doit-elle
rembourser les voyageurs restés en pan-
ifie ?
,Les voyageurs voudraient bien le savoir !
-' Le Tapm-
Des faits, des sanctions, soye P,
Le groupe radical et radical-socialiste
de la Chambre s'est réuni hier matin pour
piotester « contre l'attitude d'un gouverne-
ment qui, se réclamant de l'union natio-
nale, a toléré que certains de ses membres,
usant de l'autorité qu'ils tiennent de leurs
fonctions, aient pratiqué la candidature
officielle au cours des élections sénatoriales
et se soient livrés à des attaques violentes
contre une fraction importante de l'opinion
républicaine ».
Parlait !
Et maintenant ?
C'est très joli de voter des ordres du
jour, de lancer des proclamations, de ré-
pandre des communiqués !
Mais après ?
Nous sommes submergés de manifestes
indignés, de tracts protestataires qui res-
tent lettre morte. Nous en sommes aussi
excédés.
Car ils ont exactement l'effet d'un cautère
sur une jambe de bois !
Si louable que soit l'intention de nos
amis, leur geste est insuffisant. Il faut
qu'il soit suivi d'actes formels, de sanc-
tions précises.
Il y aurait à « encaisser » entre autres
le coup des Basses-Alpes, une venici-ie, la-
mentable. Il est inadmissible qu'un mi-
l'':sLI'O se payant a'audacc mette dans la
balance électorale son portefeuille minis-
tériel pour dépouiller de son mandat un
vieux républicain loyal, intègre, dont le
passé politique est inattaquable.
Et si l'on songe que le jeune ministre
intrigant osait jadis se proclamer le com-
pagnon politique de son concurrent d'hier,
l'on ne peut observer, sans écœurement
les louches intrigues, le,s tractations hon-
teuses dont il a payé sa victoire.
C'est abuser de la bonne foi, de l'honnê-
teté reconnue du corps électoral que de
faire miroiter à ses yeux les avantages du
pouvoir.
Et lorsque la manœuvre aboutit à un dé-
tournement 'de confiance, elle doit être
condamnée, comme une véritable escroque-
rie moraile.
Des discours, des décisions verbales et
platoniques, c'est bien.
Mais ce sont des actes qu'il faut et 'des
sanctions !
——————.—— ;—•
Un succès du droit
sur l'arbitraire
L'appel lancé par certains Français,
Edouard Herriot, Paul-Boncour, Léon
Blum en tête, par des socialistes d'Angle-
terre, de Russie, en faveur des quatre
commissaires du peuple hongrois condam-
nés à mort par le gouvernement de l'ami-
ral Horty a enfin été entendu.
M. Georges Leygues a informé hier les
députés protestataires que les quatre mi-
litants sont maintenant hors de danger.
Leur peine est commuée et le dictateur
hongrois a ajouté qu'il était disposé à
échanger les quatre victimes de la terreur
blanche et de la réaction contre des offi-
ciers hongrois prisonniers en Russie.
Nous avons communiqué, il y a quel-
ques jours, la lettre adressée à notre émi-
nent ami Edouard llerriot, par le délégué
du gouvernement royal hongrois, protes-
tant contre les fausses nouvelles répandues
par «
le pouvoir hongrois ».
On ne saurait s'élever avec assez d'indi-
gnation contre le scandaleux arbitraire qui
fit condamner à mort les communistes
poursuivis pour fait politique.
Les juges hongrois, contre tous les usa-
ges du droit, ont transformé un délit die
droit commun en un délit politique.
Ce détournement des lois constitue une
honteuse survivance d'impérialisme.
L'opinion 'du manGe est heureusement
intervenue et a été écoutée.
C'est la preuve qu'elle a encore quel-
que valeur et que lorsque sa voix sait s'é -
lever avec quelque énergie, elle sait aussi
s'imposer.
Puisse-t-elle se faire entendre plus sou-
vent.
Puisse la voix de la, raison dominant la
rumeur confuse des champions de l'iniqui-
té faire triompher enfin par le monde, le
règne de la justice !
Harakiri
Jfelas ! trois fois hélas ! les blés ne mû-
riront plus et les vignes n'auront plus de
grappes et le cheptel va mourir.
Imitant les Samouraïs nippons, qui,
après la défaite, s'ouvrent le ventre, M.
Ricard, battu, abandonne le ministère de
l'agriculture.
Adieu, veaux, vaches, cochons, couvée !.
C'eût été cependant un spectacle origi-
nal de voir, au sein d'un cabinet se di-
sant républicain, un ministre qui fut ou-
vertement candidat réactionnaire ! Quel-
le force pour le cabinet ! quelle joie chez
les Aragoins !
Mais M. Ricard s'armant du canif 'de M.
Leygues, offre ses tripes en holocauste aux
électeurs du Finistère.
Les Bretons ont toutes les veines !
La démission est officielle
A,u cours du conseil des ministres, qui
s'est tenu hier matai à l'Elysée, M. J.-H. Ri-
card, ministre de l'agricullllllre, a remis sa
démission à M. Georges Leygues.
M. Ricard avait pris la décision de quitter
le ministère à la suite de son échec aux élec-
tions sénatoriales dans le Finistère.
Le nouveau ministre n'est pas encore dé-
signé. *
On assurait dans la soirée que le choix
du président du conseil Be porterait sur M.
Thoumyre, sous-secrétaire d'Etat au ravi-
taillement. M. Thoumyre resterait ainsi
d: ns le ministère avec un portefeuille, tan-
dis que le sous-secrétariat dont il est titu-
io;r© serait supprimé.
LA RENTRÉE DES CHAMBRES
————-
be Cabinet en péril
- ) -+0 ( '1
LA FIXATION DE L'ORDRE DU JOUR ET LES
INTERPELLATIONS SUR LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
Le président du Conseil posera la question
de confiance sur l'ajournement de la discussion.
ta»
La session ordinaire des
Chambres françaises pour
1921 s'est ouver te, Ihier, sui-
vant le cérémonial accou-
tumé c'est-à-dire, domine
nous l'indiquons un peu
plus loin, sans incident.
du moins en séance.
Mais on prévoit pour au-
jourd'hui un gros débat à
la Chambre.
La ~fixation de l'ordre du jour amènera
fatalement sur le tapis la date des interpel-
lations de MM. Bokanowski, Raynaud, La-
cotte, etc., sur da politique extérieure (l'u
gouvernement et notamment sur la façon
dont celui-ci entend faire exéci (el' le traité
de Versailles, en ce qui regarde le dès-ar-
mement de l'Allemagne.
Ouvrira-t-on le débat, ou bien le reculera-
t-on jusqu'après la conférence interalliée qui
doit commencer le 19 janvier et se poursui-
vra vraisemblablement pendant une se-
maine ?
C'est là Itllne question de vie ou de mort
pour le cabinet et les meilleurs amis du mi-
nistère ne dissimulent pas assez leur inquié-
tude, qui perce à travers un certain optimis-
me tdJe commande.
Pour la discussion immédiate
Trois des principaux groupes de la Cham-
bre, celui de l'Entente républicaine, celui de
la Gauche démocratique et le Grouipe radi-
cal-socialiste, se sont réunis séparément,
hier matin, pour examiner la situation au
mjoimeot de la reprise des travaux parlemen-
taires.
La discussion a porté principalement sur
la question de l'ajournement jusqu'à l'issue
de la conférence des interpellations iniscotas
à l'ordre du jour.
Dans chacun de ces groupes, la majorité
(l'unanimité même au Groupe radical-socia-
liste) s'est prononcée en faveur de la discus-
sion immédiate, c'est-à-dire aussitôt après
l'installation du bureau définitif.
Il Il est bien clair, dans ces conditions, que
si les trois groupes tiennent aujourd'hui pa-
role, c'est plus de 400 voix qui feront bloc
contre le cabinet. Mais tiendront-ils ? Voilà
le hic.
Pour l'ajournement
Or, M. Leygues a déclaré, hier, à de nom-
breux députés, qu'il demanderait l'ajourne-
ment de toutes les interpellaitioiis sur la poli-
tique extérieure ; d'abord parce que rien ne
prouve que le débat engagé aujourd'hui se-
rait terminé à temps pour ne pas gêner la
conférence interalliée ; ensuibe parce que le
gouvernement ou serait condamné à refu-
ser de répondre â. certaines questions des
interpellateurs ou serait amené à fournir à
la tribune certains arguments qu'il préfère
conserver intacts pour la conférence.
Le président d.u conseil a affirmé, d'autre
part, qu'il poserait la question de confiance.
MM. Léon Bérard et André Lefèvre, in-
terrogés dans les couloirs, étaient d'avis que
le président du conseil jouait gros jeu et
courait à un échec à peu près certain,
M. Raynaud, lui, ne verrait — disait-il —
aucun inconvénient à l'ajournement de la
discussion. Mais à une condition, pourtant :
c'est qu'à propos de la fixation de la date il
puisse donner sur son interpellation des in-
dications suffisantes pour que le ministre
des affaires étrangères, après la conférence
interalliée, ne vienne pas dire : et Nous
avons fait ceci, ou cela, dans i'ignorance où
nous étions des sentiments du Parlement. »
Eu un mot, ce n'est pas un vote que dé-
sire M. Raynaud, c'est éclairer le gouverne-
ment par avance sur la volonté uu Parle-
ment et du pays. Mais quand on met le
doigt dans l'engrenage, le bras risque d'y-
passer tout entier.
L'Interpellation Deyris
Cependant, à la fin de la journée d'hier,
en répandait le bruit que le président du
conseil s'était mis d'accord avec les inter-
pellateurs ainsi qu'avec tous ceux qui de-
vaient intervenir dans le débat et que l'a-
journement était chose entendue.
Tout semblait donc en voie d'apaisement,
lorsqu'on apprenait brusquement qu unto
nouvelle embuche surgissait. 1
M. Deyris député des Landes, avait dé-
posé sur le bureau de la Chambre une de-
mande d'interpellation sur la politique gé-
nérale du gouvernement.
M. Deyris, ajootait-on, en demandera la
ciscussion immédiate aujourd'hui.
Les choses en sont là. De toutes façons,
que le cabinet tombe ou ne tombe pas ce
Itc.ir, ce n'est qu'une affaire de jours — pas
même de semaines.
L'affaire Ricard-Thoumyre-Queuilie
Aussi, les embarras créés au gouverne-
ment par le blackboulage de M. Ricard aux
élections sénatoriales et par la démission
au ministre de l'agriculture passaient-ils
iuer un peu au second plan, bien qu'à tout
prendre l'histoire ne manque pas d'intérêt.,
On avait prononcé, pour succéder à' M.
Hicard, un certain nombre de noms : ceux
de MM. Dariac, Pierre Viala et Thou-
myre.
Ce dernier paraissait tenir la corde et
avoir le plus de chances.
On sait, en effet, que le député de la Sei-
ne-Inférieure, sous-secrétaire d'Etat au ra-
vitaillement, va bientôt se trouver sans pla-
ce, par suite de la suppression de son demi-
portefeuille.
p, En l'appelant à l'agriculture, on lui trou-
vait une occupation, sans dépenses nouv-b-
les.
Mais M. Queuille, sous-secrétaire d'Etat
à l'agriculture, ne l'entendit pas ainsi. Il
trouva excessif qu'on appelât un ail'
sous-secrétaire d'Etat,. moins qualifié qiié
lui-même par ses compétences, à un poste
tîui lui revenait en quelque sorte de jdn r»
Et il menaça, dit-on, de partir en clacpKini
Iii porte si l'on prenait M. Thoumyre.
Le résultat de ces froissements fut que
M. Leygues qui a, par ailleurs, "autres
ctats à fouetter, n'a pas pris de décision et.
oue le successeur de M. Ricard n'a pas -été
encore nommé. Z- *"*
Voici, d'ailleurs, qu'une autre <>eîn,vi-
sion menace de se greffer sur celle de v
Picard. Celui-ci part parce qu'il est battu.
M. François-Marsal, raconte-t-on, s'en irait.
au contraire, parce qu'il a été élu -et qu'il
juge les sénateurs trop nombreux dans 3r
cabinet : d'autres disent parce qL îl sent
que la galère ministérielle fait eau de par-
tout et qu'il préfère être au sec le jour pro-
chain du naufrage.
Ajoutons que cette décision de M. -
!>al n'a encore rien d'officiel. Ce n'est qv ih
bruit qui rôde et qui restera peut-être un
simple bruit, si le ministère est déiuis^oïi
naire ce soir. — Y.
ir 9
A la Chambre, élection du Bureau
e I -
M. RAOUL PÉRET EST RÉÉLU PRÉSIDENT
PAR 374 VOIX SUR 391 VOTANTS
La Chambre a effectué, hier, sa rentrée,
rentrée qui, à part un incident de couloirs
relaté d'autre part, fut particulièrement cal-
me. Il est vrai que la séance fut tout entière
consacrée aux scrutins pour la nomination
du bureau définitif..
A 14 h. précises, le sympathique et vénéré
doyen de la Chambre, M. Jules Siègiried,
fait son entrée, escorté des Eliacins de la
Chambre, au nombre desquels nous remar-
quons notre ami Saget, le capitaine Fonck.
M. Vallat, M. Joly, etc.
Discours du doyen d'âge
M. Siegiried, étonnant de jeunesse et de
vigueur, déclare ouverte la session ordinaire
pour l'année 1W1, et d'une voix ferme et bien
timbrée, prononce la belle allocution sui-
vante, interrompue à tout instant pair les
applaudissements à peu près unanimes de
l'assemblée :,
Mes chers collègues,
Une fois encore mon âge m'appelle à l'hon-
neur de vous présider, et je veux eii proliter,
non pour ~m'appesantir sur les difficultés, du
présent, aii-ais pour tirer de ma vieiile expérience
une confiance réconfortante.
ijans doute, le retour à la vie normale est
plus lent <|Ue nous ne l'espérions après notre ad-
mirable vicloire ; notre situation financière et
préoccupante, le coût do la vie reste élevé. les
changes nous sont toujours défavorables. Mais
le grand effort fiscal que nous avons fait assure
requilibre de notre budget ordinaire, et la forte
augmentation de nos exportations est en train
d'améliorer rapidement notre situation écono-
mique.
Ayons donc confiance dans l'avenir, et. en je-
tant un coup d'œil sur le passé, constatons les
progrès accomplis.
Je me reporte à la Révolution de 1848. à la-
quelle j'ai assisté ; la vie des travailleurs était
Gure à cette époque : l'ouvrier industriel travail-
lait douze heures par jour, quelquefois treize
pour un sahure Inlftlme ; il était mal nourrI.
mal vêtu, mal logé ; il ne possédait pas le droit
d'association.
Il n'y avait à cette oépoquo ni gaz. ni électri-
cité. ni tramways, à peine quelques tronçons doR
chemins de fer, peu de bateaux à vapeur, et
pour toute communication rapide on ne d'
que du télégraphe Chappe 1
La République, qui ouvrait une ère d,- iiL 'lé
et de progrès social, est trop vite remplacée par
l'Empire, qui nous conduit à la guerre et à la
défaite.
Heureusement, après dix-neuf années, la Ré-
publique nous rend le gouvernement du Pays
par le Pays et nous apporte ce beau programme
de liberté, d'égalité ei de fraternité, qui marque
les tus nobles aspirations de la France démo-
cratioue.
La France se relève rapidement ; les idées les
plus généreuses, parfois les plus avancées, sont
preseniees et défendues J)ai- 'Une élite de ,}-.(.l'
triotes. dont ~j'aime à evoquer la mémoire tou-
jours vivant : les Thiers, les Gambetta, les
Ferry, les \Va'Jdeck-n.ousS('au, les Jaurès, pour
ne citer que les morts. Elles se traduisent par
les lois scolaires, ics lois d'hygiène, d'assistance
et de prévoyance, qui font J'honneur de notre
régime républicain et qui ont si grandement
amélioré la situation matérielle et morale dea
travailleurs.
Actuellement, nos orjvrters d'industrie fon.
Une journée de travail qui ne dépasse pas léga-
lement huit heures, pour laquelle ils touchent
un salaire combien plus satisfaisant que celui
d'autrefois ! Qui oserait dire. malgré les dilli-
cultés du moment, que leur condition n'est pas
bien supérieure à ce qu'elle était au milieu du
siècle dernier ?
Le progrès est donc évident et considérable ;
~mats il n'a pas été réalisé seulement dans Je do-
maine économique, il s'est accompli aussi dans
le domaine social.
Rejetons donc loin de nous les idées de lutte
do classes : Tous les citoyens français ont les
mômes droits et les mêmes devoirs et méritent
le 'rooJ!w respect. quelle que soit leur situation.
Travaillons donc tons ensemble pour l'amé-
lioration sociale indéfinie. Rien de durable ne se
fonde sur la haine, il reste toujours vrai que
l'union seule fail la force.
Avec cette année nouvelle, après une victoire
splendide qui a refait l'unité française en nous
rendant r AL<;::\!('e <'t la Lorraine, recommençons
à vivre comme à l'aurore d'un siècle nouveau
Si chacun s'efforce d'obéir à la voix sacrée du
devoir, quel slr et magnifique avenir de pro-
grès. de fraternité et de paix sera réservé A
notre France bien aimée !
Ces nobles paroles, ce panégyrique éio-
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