Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-09-23
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 septembre 1920 23 septembre 1920
Description : 1920/09/23 (N18184). 1920/09/23 (N18184).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
1 VENDEMIAIRE AIt -129. - No 1M84.
te numéro: : QUiNZE CENTIMES
JEUDI 23 SEPTEMBRE 1920. - Ne 16.184.
Fondateurs (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISR. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » Il »
ETRANGER .:. 49 » 25 » 13 »
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LEON ARCHIMBAUD
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TRIBUNE LIBRE
- ——————
Quels sont exactement
les pouvoirs du Président de la République ?
• ) .+.( -
Cette question me fut po-
sée, en des temps préfacho-
diques, par M. Larnaud'e, à
la fin de ma première année
de doctorat. Elle semble
« la belle question » ? N'en
croyez rien. Le futur doyen
de l'Ecole de Droit se montrait cle-ja
rosse aux examens et justifiait 1 estam-
pe de Barrère où il est représenté, avec
{Ill réalisme criant, en ses fonctions de
président du jury colérique, appliquant
« la question » à un étudiant hâve et
pustuleux.
Je m'en tirai grâce au cours de M.
Chavegrin, que nous commentions, de
Moro-Giaffri et moi, en de p':;¡'ipatéti-
ques et nocturnes causeries sur le coup
d'Etat de 51.
ilJcæ <©
Les attributions du chef de l'Etat,
qu'on accotutum-e de ttious représenter
comme ligoté par la Constitution, sont
vraiment dictatoriales. Les voici résu-
niées :
Loi du 25 février 1875, article 3 : « Le
président de la République a l'initiative
des lois, concurremment avec les mem-
bres des deux Chambres. Il en surveille
et assure l'exécution. Il a le droit de
faire grâce. Il dispose de la force armée.
Il nomme à tous les emplois civils et
militaires. Il préside les solennités 'na-
tionales. Les envoyés et les ambassa-
deurs des puissances étrangères sont ac-
crédités près de lui. Chacun de ses ac-
tes doit être contresigné par un minis-
tre. »
L'article 4 lui confère spécialement
le pouvoir de (nommer, sous certaines
conditions, les conseillers d'Etat.
L'article 5 lui attribue le pouvoir de
flissoudre la Chambre des députés, avec
avis conforme du Sénat.
L'article 6 de la loi du 16 juillet
1875 lui donne le message, lu à la tribune
par un ministre, comme moyen de com-
muniquer avec les deux Assemblées.
C'est l'usage fondé sur le principe de la
séparation des pouvoirs, principe qu'au-
cune de nos lois constitutionnelles ne
consacre formellement, qui interdit au
président de prendre part, aux Cham-
bres mêmes, à la discussion et aux votes
'des lois dont il a l'initiative, et aiieiin
texte ne lui interdit de siéger au Par-
lement et d'y prendre la. parole. Bien
plus, le même article 6 lui permet de
demander au Parlement une nouvelle
délibération, avant de promulguer une
loi, qu'il desapprouve : c'est le veto sus-
pensif.
Enfin, l'article 8 de la loi du 25 fé-
vrier i S75 lui donne, comme aux Charn-
bresJe droit de déclarer qu'il y a lieu de
reviser les lois constitutionnelles et de
réunir, à cet effet, le Congrès ou Assem-
jbléo nationale.
En somme, un usage constant empê-
che seul le président de la République
de préparer lui-même un texte de loi
qu'il juge utile. Le contreseing d'un
ministre est une pure formalité. Suppo-
sons que le président veuille faire voter
le service de deux atns ou une répression
efficace de la mercante, et que le mi-
nistre de la guerre ou le garde des
sceaux refusent de « marcher ». D'a-
bord, le président pourrait « démission-
ner » le ministre récalcitrant sans at-
tendre qu'il soit renversé par les Cham-
bres ; il pourrait, plus simplement, fai-
re contresigner son projet de loi par un
autre ministre quelconque, fût-ce par
celui de l'agriculture ou des travaux
publics, et faire soutenir son texte de-
vant lie Parlement par le général secré-
taire de la présidence (ou par son chef
de cabinet) qui prendrait alors le titre
att commissaire du gouvernement.
Quant à surveiller « l'exécution des
lois », c'est par décrets que cette pré-
rogative s'exerce. Tout au plus, le pré-
sident dit, en conseil des ministres :
« 11 me semble que telle loi n'est plus
obéie, que telle prescription légale tom-
))e en désuétude., il y aurait lieu de
faire un décret. » Mais rien ne s'oppo-
serait à ce que le texte fût préparé à la
présidence et contresigné par un minis-
tre.
Le président qui reçoit les ambassa-
deurs, négocie et ratifie les traités de
ipaix et de commerce, ceux qui engagent
les finances de l'Etat, à charge d'en don-
mer connaissance aux Chambres aussitôt
que l'intérêt et la sûreté de l'Etat le
qiermettent (article 8 die la loi du 16 juil-
let 1875), cela lui attribue la direction
entière de notre politique extérieure.
Enfin, s'il ne peut déclarer la guerre
jsans l'assentiment, des Chambres (article
19, même loi), tous les auteurs admettent
ique le président peut diriger et soutenir
au besoin sans elles une guerre déclarée
par l'ennemi.
En somme, le président ne dépend des
Chambres que par son mode d'élection,
par les deux Assemblées réunies en Con-
grès et par le contreseing obligatoire de
chacun de ses actes par un ministre.
Ce mode d'élection est le résultat de
l'expérience : la Constitution de 48 avait
fait élire pour 4 ans le président, com-
me l'Assemblée unique par le suffrage
universel. Ils tenaient les mêmes pou-
voirs de la même source. Le conflit et
la confusion devaient se produire et ils
se sont produits.
Voilà aussi la raison de la durée des
pouvoirs du président fixée à 7 ans,
quand la Chambre est renouvelée tous
les 4 ans, et celle du droit de dissolution
donné au président par la Constitution
de 1875, tandis que les deux Assemblées,
même réunies en Congrès, n'ont pas le
droit de le révoquer. Tous les spécialis-
tes sont de cet avis, depuis M. Pierre
jusqu'à M. Esmein, en passant par M.
Batbie, l'ami de M. Wallon, le père de
la Constitution de 1875.
Je termine par deux questions :
Que deviendra, pour les intellectuels
non-députés ni sénateurs, l'égalité de-
vant la loi si on donne aux chambres de
commerce et aux syndicats de travail-
leurs manuels des voix dans l'élection à
la présidence ?
Et que deviendra la République elle-
même, si l'on adopte un suffrage uni-
versel, ou presque, dont l'engouement
pourra porter à la présidence un mili-
taire clérical, qui ne se fera pas scru-
pule d'exercer, jusqu'à leur limite lit-
térale, les pouvoirs, tous les pouvoirs
qu'il tiendra de la Constitution de 75 ?
OLIVIER GUIHENEUC.
-.00 à
EDITORIAL
Erreur au départ
Je crois bien que, dès
qu'il s'agit de la présiden-
ce de la République, tout le
mânde per4 la tête.
En voilà encore une his-
toire !
Quelle mouche du « char de l'Etat »
a donc piqué M. Mitterrand.
Déjà, au moment de l'élection Poin-
caré, il faillit faire sauter toute la bou-
tique avec son affaire du Paty de Clam.
Cette fois, il manque de se faire sauter
.soi-même et il coupe de ses propres
mains sa majorité !.
A quoi rime cette déclaration « sur la
politique » d'un président de la Répu-
blique et de ses ministres ?
Violé lui-même, M. Millerand préten-
drait-il à son tour violer la Constitu-
tion ?
C'est ce que Piron appelait, je crois,
la guirlande de Vénus. Tout de même,
ça ne devrait pas se faire en politique.
Naturellement, des esprits austères et
pointilleux ont fort mal goûté l'aven-
twre.
Les conciles en ont disputé et près dj
trois cents voix se sont hier détournées
de M. Miller and.
Il y a deux jours, sa candidature était
accueillie par un concert unanime.
Tous les concurrents s'effaçaient, tous
les partis tombaient d'accord.
Je commence à croire que M. Mille-
rand aime les i(ff¿, ullés au rtJinf de
s'en créer pour les vaincre.
Je souhaite que tout finisse pour le
mieux dans le meilleur des mondes.
L'avertissement donné par les gauches
sera salutaire.
Il est seulement dommage que la
« bande à Clemenceau » ait tenu sa par-
tie dans cette algarade.
Entendre d'anciens valets de Tigre,
qui subissaient non seulement la griffe
du maître mais le coup de sifflet du Man-
del, protester contre une « tentative de
pouvoir personnel », c'est grand comme
le nez de Jéroboam et gros comme le legs
de Chauchard l
Maintenant, chers parlementaires,
bon voyage à Versailles !
Que les dieux vous gardent et vous ti-
rent des « Réservoirs » !
Et, tout de même, en votant, tâchez
de confondre la République et la Fran-
ce 1
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
Autrefois
« Le roi a parlé »
Un paysan de Beauce, venu à Paris, avait
visité le Louvre. De retour en son pays,
il se glorifiait de Ie.e que le roi Henri IV
lui etît parlé, un jour qu'il se trouvait sur
son chemin.
— Et que t'a-t-il dit ? lui demanda-t-on.
— Il m'a dit : « Range-toi donc, grosse
bête ! »
:.ca.-
Les deux nez
François d'Alençon, frère de Henri 111,
avait le nez partagé en deux.
Comme il était un des personnages les
plus fourbes de son temps, on disait à la
Cour, pour expliquer la chose :
— A double face, il faut deux nez !
@(fjJ(gI
Aujourd'hui
La vie chère en Amérique
D'après les statistiques du bureau du
travail aux Etats-Unis, il ressort que le
coût de la vie, de décembre 1919 à juin
1920, a augmenté de tc,ent pour cent.
C'est Détroit qui détient le record de la
cherté. L'augmenttaion du coût de la vie a
été de 136 ; te pourcentage est de lVd,%
à New-York
L'augmentation moyenne ne s'est pas fait
sentir également en toute chose ; ainsi, l'hCb-
billement a monté de 200,8 pour les hom-
mes et 258,8 pour les femmes. Les ar-
ticles de nourriture accusent une hausse de
105,3 Les meubles ont monté de 205,1
Timbres austro-allemands
Les Autrichiens qui, bien, que corespon-
sables de la guerre mondiale et battus
comme il n'est point permis de l'être da-
vantage, ont néanmoins été traitas par
l'Entente avec des égards.
Ils ne parlent que de leur rattachement
éventuel à l'Allemagne, et cela malgré la
volonté, maintes fois manifestée de l'En-
tente. Comme pour braver cette volonté
ils viennent d'inscrire en exergue sur
leurs nouveaux timbres-poste ; Deutschoeg-
terreich (Autriche-Allemande), alors que
l'Entente leur a clairement signifié que ,le
nom officiel de leur pays devait être : Au-
triche tout court.
Mais M. Lloyd George trouvera sans
doute cela tout naturel. Le Tapin.
L'inflation fiduciaire
est-elle cause de la vie chère?
i-
On a souvent .posé cette question. Le pre-
mier, M. Edmond Laskine démontra, bl'il-
lamment, que la vie chère était due à l'in-
suffisance de la production et non pas à la
planche à assignats. >
M. Charles Gide, avec qui nous n'avons
pas été toujours d'accord, chargé officielle-
ment, pour la France, d'un rapport sur
l'inflation fiduciaire, vient de conclure que
l'inflation de la circulation monétaire ne
peut guère avoir d'influence sur les prix,
car, dit-il, « l'augmentation des prix s'est
surtout affirmée depuis la fin de la guerre,
tandis que l'émission des billets n'a subi
qu'une légère augmentation depuis lors n.
Et il démontre, d'ailleurs, que l'augmen-
tation de la circulation n'a été que de 22
p. cent en 1918 et de 2 p. cent depuis la
fin de 1919, tandis que la vie a augmenté
de plus de -80 p. cent. Il n'y a donc aucune
corrélation entre ces deux catégories de
chiffres.
C'est l'évidence, au moins pour la Fran-
ce, car en Allemagne la vérité est un peu
différente.
Les billets de banque étaient basés sur
l'or, avant la guerre. Ils sont, aujourd'hui,
gagés par le crédit des nations. La circu-
lation peut donc être plus intensive.
Il faut, évidemment, diminuer ce flot
énorme de papier afin de ne pas trop en-
combrer Pavenir, Mais on le peut surtout
par la contribution du quart, que nous
n'avons cas cessé de défendre ici.
Mais, pour annihiler la vie chère, il faut
produire et, par conséquent, travailler.
Les femmes et les rats
Les femmes ont peur des souris, c'est un
fait bien connu. Mais elles ont une plus
grande terreur encore des rats car ils leur
valent toutes'sortes d'embêtements.
Comme un ordre du préfet de police obli-
ge à ne pas sortir les poubelles avant sept
heures du matin, elles ne peuvent vider
leurs ordures qu'à cette heure matinale.
Nous avons réclamé la visite du camion
automobile entre huit et dix heures dur
soir.
Voudra-t-on organiser l'enlèvement des
ordures de façon à n'embêter personne,
pas même les Parisiennes ?
L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
LA RÉUNION PLÉNIÈRE
Par 528 voix M. Miller and est proclamé
candidat unique à la Présidence de la République
——— »»>♦<■♦ ■ ■
La journée d'hier a vu
consacrer la candidature de
M. Millerand à la présidence
de la République. Dans la
matinée pourtant les groupes
radicaux des deux assemblées
avaient essayé de canaliser
les inquiétudes qu'avait fait
surgir la note.à la presse un
peu malencontreuse du prési-
dent du conseil - relativement aux pouvoirs de
l'Exécutif : il n'y avait là qu'une manifesta-
tion* de doctrine qui ne ,visait pas la person-
nalité du chef actuel du gouvernement, mais
voulait constituer un avertissement. De\part
e.t d'autre il semble que cela ait été ainsi
compris, les personnalités qualifiées du parti
radical ne voulant pas gêner, pour une ques-
tion de personne notre action extérieure.
,
LA RÉUNION DES GAUCHES
Les groupes de gauche étaient convoqués
hier matin : on apprend de suite que les
républicains socialistes, dont fait partie Ah
Aristide Briand, se ralliaient à La candida-
ture Millerand, et M. de Kerguézec, leur
porte-parole, communiquait à la presse la
note suivante :
M de Kerguézec, député des Cûtes-du-Nord,
secrétaire générai du groupe républicain so-
cialiste de la Chambre, est venu ce matin au
Sénat dire à M. Gaston Doumergue que le grou-
pe avait décidé à l'unanimité de soutonar la
candidature die M. Millerand et que, par convo-
quent il n'assisterait pas à la réunion des
groupes radicaux convoquée pour le mercredi
matin au palais du Luxembourg.
La réunion ne comprenait donc plus que
les membres de la Gauche démocratique du
Sénat et ceux du groupe radical et radical-
socialiste de la Chambre
Une centaine de membres étaient pré-
sents
Notre ami Gaston Doumergue présidait.
Tout de suite, on parut d'accord pour doé-
cider de voter au premier tour de scrutin, a
la réunion plénière, soit pour M..Bourgeois,
soit pour M. Raoul Péret, et, au second
tour, pour celui des deux qui aurait réuni le
plus de soutirages.
Mais déjà M. Bourgeois s'était récusé par
la lettre ci-dessous adressée à M. Doumer-
gue.
Le refus de M. Bourgeois
Mon cher président et ami,
Les journaux m'apprennent qu'un certain
nombre de nos couegues 1 aui aient l inten-
tion de porter leurs suffrages sur mon nom
à la réunion qui doit se tenir aujourd'hui
au Hénal.
Je persiste dans mon refus de toute 'can-
didature et je vous serais reconnaissant de
le faire savoir à nos collègues. Tous con-
naissent les motifs d'une, décision que i,ai
déjà bien souvent affirmée.
Je suis passionnément attaché à l'œuvre
de la Société des Nalions, où j'ai le grand
honneur de représenter ia France. Je crois
qu'il y a là, pour l'avenir de notre patrie,
comme pour la paix générale, la plus sûre
des garanties.
Or il y a incompatibilité entre les fonc-
tions de président de la République et cel-
les de membre du conseil de la Société.
Dites à nos amis tous mes regrets de ne
pouvoir répondre à leur appel. Ils savent
bien que je continuerai A servir de toutes
mes forces les idées de liberté républicaine
et de justice sociale pour lesquelles je n'ai
cessé de combattre depuis tant d'années.
Votre bien cordialement dévoué, 1
Léon BOURGEOIS.
La discussion n'en continua pas moins.
M. Doumergue reluit l'historique des in-
cidents qui s'étaient produits peinidant la
journée de mardi, 11 ajouta qu'il n'avait été
fait aucune démarche auprès de q.ui que ce
lût. « Nous allons à la bataille, dit-il, non
pas pour combattre un homme, mais ipo-ur
défendre des principes. Nous ne voulons pas
que le président de la République cesse
d'être uin arbitre. Pour éviter toute compro-
mission. votons pour des principes. Or, il
y a deux iiommes qui sont au-iaessus des
partis, c'est le président dui Sénat et .le pré-
sident de la Chambre des déoutés. Nous
pouvons faire notre manifestation en met-
tant leurs noms dans l'urne, même sans
leur agrément. »
M. Gaston Doumergue donna alors lecture
de la lettre de M. Léon Bourgeois, dont on
a lu le texte d'autre part.
M. Paul Strauss prit la parole afin de dis-
siper le malentendu qui s'était produit et
donna lecture des nouvelles déclarations fai-
tes par M. Millerand à plusieurs sénateurs.
M. Renaud rappela les faits suivants.
Lorsque M. Casimir-Perier envoya, le 3 juil-
let lS'J-i-, au Parlement le message où il disait
qu'il ne laisserait pas méconnaître par les
Chambres les pouvoirs que la -Constitution
lui avait donnés, M. Millerand 'se leva pour
opposer la politique du suffrage universel
à la politique' de l'Elysée.
M. René Renoult alors proposa à la réu-
nion la résolution suivante, qui fut adoptée
a l'unanimité moins 7 voix et des absten-
tions :
Le groupe de la gauche démocratique du Sé-
nat et lo groupe radical sociahste de la Cham-
bre, auxquels s'étaient joints un certain nom-
bre de membres d'autres groupes républicains
des deux AHsemblées, réunis sous la présiden-
ce de M. Gaston Doumergue, ont adopté, après
avoir entendu l'exposé de la situation présenté
pat' le président, ainsi que la lecture d'une let-
tre de M. Léon Bourgeois, déclinant personnel-
lement la candidature, ia décision suivante :
« Résolus à maintenir- au président de la Ré-
publiqtte le rôle d'arbitre impartial des partis
et répudiant uine conception nolitique nouvelle
qui aurait, pour effet d'installer à l'Elysée une
politique personnelle, décident pour manifester
leuns sentimcnts, certainement conformes a
ceux du pays républicain, de porter au pre-
mier touir de scrutin de la réunion préparatoire
leurs suffrages sur le nom de l'un ou l'autre
des présidents du Sénat et de ta Chambre, ar-
bitres impart;aux des partis et gardiens vigi-
lants de l'institution parlementaire. »
Le refus de M. Raoul Péret
En présance de la lettre par laquelle M.
Léon Bourgeois refuse toute candidature,
une délégation bres, ayant à sa tête M. Alexandre Bérard,
sénateur, et M. Renard, député. se rendit
auprès de M. Raoul Péret pour lui deman-
der d'accepter la candidature à l'Elysée. Le
président de la Chambre maintint son -refus,
persistant dans l'attitude qu'il avait obser-
vée depuis le début de la crise présiden-
tielle.
On alla déjeuner en attendant la réunion
plénière.
(Voir la suite en 2* page.)
L'EMPIRE D'ALEXANDRE
————— ♦
L'Héritage impossible
——————— )+D (
M. Georges Leygues prétendrait
recueillir la succession.
ENCORE!
Les 15 millions de Chauchard et l'amour de
Mandel ne lui suffisent donc pas ?
———————— .--+--
Le vrai peut qiu.elcfuteîfais n'être pas
vraisemblable : aussi l'invraiserrublaible
peut-il d'aventure devendrwai.
Voici donc, sous l'inspiration sour-
noise du Jéroboam Mande.l, M. Georges
Levgues cité patrmi les successeurs
éventuels de M. Millerand à la (Prési-
dence du conseil,
M. Jéroboam Maindel, qui no doute de
rien, pias même de soi, a déjà improvisé
M. Leygues, ministre de la marine, du
temps du Bon-Plaisir clemenciste.
M. Leygueis à la marine, lui qui n'a-
vait jamais conmui que le. vaisseau de
l'Africaine dans les coulisses de l'Opéra,
c'était déjà coquet.
Muis président du conseil après le
scanidiale Chauchard, alors -que l'étran-
gClr a les yeux fixés >sur le gouvernement
de la France, ce serait parfaitement
odieux et grotesque.
M. Jéroboam Mandel exagère. Cet af-
freux pou, tombé de la crinière du Ti-
gre, rongé par son prurit d'influence, a
beau vouloir se iracorocher au dernier
cheveu de M. Georges Leygues, 1-ombre
du grand Meroanti Chauchard s'oppose
à ce que le Parlement français soit ba-
foué devant l'Univers.
Le scandale Chauchard
On oublie trop vite. La nouvelle Cham-
bre connaît -mal l'histoire de ses devan-
cières et les histoires des politiciens.
CependUint en 1909 les cou'loim du
Palrlement étaient en émoi. M. Chau-
chard, un des fondaîeutrs des grands nuar
gasins dtu Louvre, venait de mioiuair:
Dans la succession scandaleuse de: ce
Roi de la Mercante, M. Georges Ley-
gues héritait de la bagatelle de 15 mil-
li-ons.
M. Georges Leygues, il est vraij, avait
cultivé cet héritage avec un soin vrai-
ment merveilleux.
Chaque l'ois que: M. Chauchard mon-
tait d'un gnide dans la Légion d'hon-
neur, M. Leygues montait d'un codicille
dans la succession.
Le scandale était énorme.
Un de nos spirituels confrères écri-
vait alors :
« M. Chauchard nurait dû formules ainsi
ses volontés posthumes : je laisse quinze
millions à M. Leygues que je lui dois (prix
convenu) pour un grand-cordon de la Légion
d'honneur. »
Des députés s'émurent. Il fut question
de déposer un projet de. loi « interdisant
à tout homme politique ayant occupé des
fonctions ministérielles d'hériter, sous
quelque forme que ce soit, de toute per-
son-rw présentée pair liui durant son pas-
sage au pouvoir, pour l'iabtention d'un
grade dans l'ordre national de la Légion
d'honneur ».
En fait M. Georges Leygues n'avait
pas ménagé le ruban ; tout le coupon
de rouge y avait passé.
M. Leygues se trouve ainsi un des
précurseurs de la. tousse illicite du ru-
ban, car 15 imiillions potuir un grand cor-
don — s'il vous plaît ! - ce n'est pas
donné.
Cependant M. Georges Leygues ne se
contentait ¡pas — dès qu'il devenait mi-
nistre — de faire avancer M. Chauchard
d'un grade, dans la Légion d'honneur :
il présidait encore lefe banquets solen-
nels que M. Chauchard s'offrait à soi-
même, entoiuiré de faméliques et de flat-
teurs. Il y prononçait le discours de cir-
constance.
Oh ! ces discours.
C'est le monument le pilut plat, le
plus ridicule, le plus extravagant de
la flatterie humwne.
Oncques Ine vit jamais, (pareils coups
d'encensoir.
Le nez de M- Chauchard résistait ce-
pendant. Même l'imtbécile multimillion-
naire décida de faire imprimer ces pa-
négyriques en lettres d'or, et de les faire
illustrer par Benjamin Constant. Une
reliure merveilleuse, constellée de gem-
mes. les enfermait comme dhns un
écrin.
Nous avons eu sous les yeux un des
rares exemplaire© de cette brochure qui
eut deux "éditions. L'une antérieure,
l'autre postérieure au « Grand Cordon ».
Nous déplorons que le cadre d'un
journal ne nous permette pas la repro-
duction intégrale des discours chau-
chardèsques de M. Georges Leygues.
Quelques extraite choisis, dignes de
l'anthologie des plus illustres panégy-
ristes, suffiront à l'édificiaition du lec*
teur. Ecoutez et méditez :
Chauchard, dieu de l'Olympe i
« Et vous, mon cher ami, quand nbus
vous voyons si droit, le front haut, le re-
gard vif, inébranlable dans votre force
valme, nous songeons à quelqu'un de ces
dieux qui fuyaient l'Olympe pour vivre au
milieu des mortels.
« Si votre existence n'est pas celle d'un
dieu, c'est au moins celle d'un demi-dieu ! >»
(Déjeuner du 10 mai 1906)
Dans un autre discours, M. Georges
Leygués, s'écriait :
Le magasin du Louvre
transformé en Panthéon National
« Vous êtes une des grandes figures du
Panthéon National. Votre nom est inscrit
à côté de celui des écrivains, des savants,
des artist, des grands capitaines, qui ont
assuré la puissance et le prestige du
pays. »
Et palpa Chauehai'd', sans vergogne"
de donner le signal ides applaudisse-
ments et de crier de sa petite voix aigre-
lette : « Ah ! bravo ! bravo ! »
Mais ce « grand cordon » devait en en-
tendre bien d'Iaiutres.
La diplomatie n'est qu'un jeu d'enfant
« Que d'aptitudes, cher ami, et quelle va-
riété de connaissances il vous a fallu pour
satisfaire la complexité infinie de votre œu-
vre ! Quelle finesse ! Quel tact ! Quelle
psychologie il vous a fallu pour prévenir,
deviner, inspirer, diriger!
« Votre œuvre est une œuvre supérieure
de science et d'art auprès de laquelle la
diplomatie n'est qu'un jeu d'enfant. »
(Déjeuner du 8 juin 1907)
Chauchard armé de foi en dedans
et de' fer en dehors
« Nature exeptimnelle, Chauchard était
soutenu par un enthousiasme brûlant pour
son rêve colossal, et servi par les qualités
physiques les plus éminentes : nature pa-
reille à celle de ces admirables chevaliers
du temps jadis dont parle l'histoiren : « ar-
més de Ici en dedans et de fer en dehors ! »
Pan ! pan ! dans le portefeuille.
Mais M. Georges Leygues, infatiga-
ble, de récidiver :
Le bienfaiteur national, le philanthrope,
15 millions de pourboire
« An milieu de l'Apre bataille, Chau-
chard, nourrissait en silence les pensées les
plus nobles et les plus délicates. Nous sa-
vons maintenant que s'il a voulu être l'un
d s rti: économiques, c'était uniquement
pour suivre l'inclination intime de son
cœur et pouvoir devenir un bienfaiteur na-
tional, le plus parfait des amis et le plus
grand des philanthropes. »
Enfin, le bouquet :
« Vous avez épuisé toutes les satisfac-
tions humaines que l'ambition la plus éri-
geante et la plus fière peut souhaiter. De-
puis la fondation de la Légion d'honneur,
vous êtes .le premier, vous êtes le seul re-
présentant de l'industrie et du commerce
qui ait' été promu à la dignité de Grand
Cordon. -
« Maintenant vous n'avez d'égaux que les
chefs d Etats, et les citoyens illustres qui,
par leur vaillance ou leur génie, sont l'or-
gueil et la. force de la Patrie. »
(Déjeuner du 16 novembre 1907)
L'infortuné Chauchard ne pouvait ré-
sister longtemps à Un pareil '!'égme,
Que voulieiz-vous qu'il fît ? Comme la.
grenouille du bon -La Fontaine, il se
gonfla tellement qu'il. mourut.
M. Georges Leygues (voyez caisse!}
toucha enfin le prix die son éloquence
et de son ruban, ci : 15 millions.
Son premier volume do vers la Lyre
d'Airain n'avait pas connu cette la!ubaine.
« Poète prends ton luth 1)..,..
M. Georges Leygues a bien fait d a-
bandonner la lyre pour la tirehie.
Le baiser de Chauchard valait plus
que le baiser de la Muse.
Après cela si vous voulez donner la
succession de M. Millerand à M. Lev-
gues : ne vous gênez pas ! -
Ce sera le dernier t31Cte du Leyquutaire
Universel. -
Il tombera sous les sifflets.
Jean d'AIGREMONT.
LES COULISSES
DU PARLEMENT
-
Qui donnera l'investiture ?
M. Pierre, l'aimable secrétaire général de
la présidence de la Chambre, qui est, comme
on sait, un vivant répertoire de droit consti-
tutionnel, a été fort occupé hier à résoudre
un point de protocole et de politique. D'ordi-
naire, l'investiture du président de la Répu-
blique a lieu un mois après sa nomination.
Mais ici, étant données les raisons de la dé-
mission de M. Deschanel, son successeur en-
trera en fonctions immédiatement.
Qui donnera l'investiture à M. Millerand,
que l'on peut considérer déjà comme élu. ?
Sera-ce M. Léon Bourgeois, président de
l'Assemblée nationale, ou bien M. Lhopiteau,
garde des sceaux, vice-président du conseil
'et, comme tel, chef du gouvernement ? Au-
cune solution à cette difficulté n'a encore été
adoptée.
Toujours est-il que M. Millerand ne don-
te numéro: : QUiNZE CENTIMES
JEUDI 23 SEPTEMBRE 1920. - Ne 16.184.
Fondateurs (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISR. 38 » 20 » 10 »
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TRIBUNE LIBRE
- ——————
Quels sont exactement
les pouvoirs du Président de la République ?
• ) .+.( -
Cette question me fut po-
sée, en des temps préfacho-
diques, par M. Larnaud'e, à
la fin de ma première année
de doctorat. Elle semble
« la belle question » ? N'en
croyez rien. Le futur doyen
de l'Ecole de Droit se montrait cle-ja
rosse aux examens et justifiait 1 estam-
pe de Barrère où il est représenté, avec
{Ill réalisme criant, en ses fonctions de
président du jury colérique, appliquant
« la question » à un étudiant hâve et
pustuleux.
Je m'en tirai grâce au cours de M.
Chavegrin, que nous commentions, de
Moro-Giaffri et moi, en de p':;¡'ipatéti-
ques et nocturnes causeries sur le coup
d'Etat de 51.
ilJcæ <©
Les attributions du chef de l'Etat,
qu'on accotutum-e de ttious représenter
comme ligoté par la Constitution, sont
vraiment dictatoriales. Les voici résu-
niées :
Loi du 25 février 1875, article 3 : « Le
président de la République a l'initiative
des lois, concurremment avec les mem-
bres des deux Chambres. Il en surveille
et assure l'exécution. Il a le droit de
faire grâce. Il dispose de la force armée.
Il nomme à tous les emplois civils et
militaires. Il préside les solennités 'na-
tionales. Les envoyés et les ambassa-
deurs des puissances étrangères sont ac-
crédités près de lui. Chacun de ses ac-
tes doit être contresigné par un minis-
tre. »
L'article 4 lui confère spécialement
le pouvoir de (nommer, sous certaines
conditions, les conseillers d'Etat.
L'article 5 lui attribue le pouvoir de
flissoudre la Chambre des députés, avec
avis conforme du Sénat.
L'article 6 de la loi du 16 juillet
1875 lui donne le message, lu à la tribune
par un ministre, comme moyen de com-
muniquer avec les deux Assemblées.
C'est l'usage fondé sur le principe de la
séparation des pouvoirs, principe qu'au-
cune de nos lois constitutionnelles ne
consacre formellement, qui interdit au
président de prendre part, aux Cham-
bres mêmes, à la discussion et aux votes
'des lois dont il a l'initiative, et aiieiin
texte ne lui interdit de siéger au Par-
lement et d'y prendre la. parole. Bien
plus, le même article 6 lui permet de
demander au Parlement une nouvelle
délibération, avant de promulguer une
loi, qu'il desapprouve : c'est le veto sus-
pensif.
Enfin, l'article 8 de la loi du 25 fé-
vrier i S75 lui donne, comme aux Charn-
bresJe droit de déclarer qu'il y a lieu de
reviser les lois constitutionnelles et de
réunir, à cet effet, le Congrès ou Assem-
jbléo nationale.
En somme, un usage constant empê-
che seul le président de la République
de préparer lui-même un texte de loi
qu'il juge utile. Le contreseing d'un
ministre est une pure formalité. Suppo-
sons que le président veuille faire voter
le service de deux atns ou une répression
efficace de la mercante, et que le mi-
nistre de la guerre ou le garde des
sceaux refusent de « marcher ». D'a-
bord, le président pourrait « démission-
ner » le ministre récalcitrant sans at-
tendre qu'il soit renversé par les Cham-
bres ; il pourrait, plus simplement, fai-
re contresigner son projet de loi par un
autre ministre quelconque, fût-ce par
celui de l'agriculture ou des travaux
publics, et faire soutenir son texte de-
vant lie Parlement par le général secré-
taire de la présidence (ou par son chef
de cabinet) qui prendrait alors le titre
att commissaire du gouvernement.
Quant à surveiller « l'exécution des
lois », c'est par décrets que cette pré-
rogative s'exerce. Tout au plus, le pré-
sident dit, en conseil des ministres :
« 11 me semble que telle loi n'est plus
obéie, que telle prescription légale tom-
))e en désuétude., il y aurait lieu de
faire un décret. » Mais rien ne s'oppo-
serait à ce que le texte fût préparé à la
présidence et contresigné par un minis-
tre.
Le président qui reçoit les ambassa-
deurs, négocie et ratifie les traités de
ipaix et de commerce, ceux qui engagent
les finances de l'Etat, à charge d'en don-
mer connaissance aux Chambres aussitôt
que l'intérêt et la sûreté de l'Etat le
qiermettent (article 8 die la loi du 16 juil-
let 1875), cela lui attribue la direction
entière de notre politique extérieure.
Enfin, s'il ne peut déclarer la guerre
jsans l'assentiment, des Chambres (article
19, même loi), tous les auteurs admettent
ique le président peut diriger et soutenir
au besoin sans elles une guerre déclarée
par l'ennemi.
En somme, le président ne dépend des
Chambres que par son mode d'élection,
par les deux Assemblées réunies en Con-
grès et par le contreseing obligatoire de
chacun de ses actes par un ministre.
Ce mode d'élection est le résultat de
l'expérience : la Constitution de 48 avait
fait élire pour 4 ans le président, com-
me l'Assemblée unique par le suffrage
universel. Ils tenaient les mêmes pou-
voirs de la même source. Le conflit et
la confusion devaient se produire et ils
se sont produits.
Voilà aussi la raison de la durée des
pouvoirs du président fixée à 7 ans,
quand la Chambre est renouvelée tous
les 4 ans, et celle du droit de dissolution
donné au président par la Constitution
de 1875, tandis que les deux Assemblées,
même réunies en Congrès, n'ont pas le
droit de le révoquer. Tous les spécialis-
tes sont de cet avis, depuis M. Pierre
jusqu'à M. Esmein, en passant par M.
Batbie, l'ami de M. Wallon, le père de
la Constitution de 1875.
Je termine par deux questions :
Que deviendra, pour les intellectuels
non-députés ni sénateurs, l'égalité de-
vant la loi si on donne aux chambres de
commerce et aux syndicats de travail-
leurs manuels des voix dans l'élection à
la présidence ?
Et que deviendra la République elle-
même, si l'on adopte un suffrage uni-
versel, ou presque, dont l'engouement
pourra porter à la présidence un mili-
taire clérical, qui ne se fera pas scru-
pule d'exercer, jusqu'à leur limite lit-
térale, les pouvoirs, tous les pouvoirs
qu'il tiendra de la Constitution de 75 ?
OLIVIER GUIHENEUC.
-.00 à
EDITORIAL
Erreur au départ
Je crois bien que, dès
qu'il s'agit de la présiden-
ce de la République, tout le
mânde per4 la tête.
En voilà encore une his-
toire !
Quelle mouche du « char de l'Etat »
a donc piqué M. Mitterrand.
Déjà, au moment de l'élection Poin-
caré, il faillit faire sauter toute la bou-
tique avec son affaire du Paty de Clam.
Cette fois, il manque de se faire sauter
.soi-même et il coupe de ses propres
mains sa majorité !.
A quoi rime cette déclaration « sur la
politique » d'un président de la Répu-
blique et de ses ministres ?
Violé lui-même, M. Millerand préten-
drait-il à son tour violer la Constitu-
tion ?
C'est ce que Piron appelait, je crois,
la guirlande de Vénus. Tout de même,
ça ne devrait pas se faire en politique.
Naturellement, des esprits austères et
pointilleux ont fort mal goûté l'aven-
twre.
Les conciles en ont disputé et près dj
trois cents voix se sont hier détournées
de M. Miller and.
Il y a deux jours, sa candidature était
accueillie par un concert unanime.
Tous les concurrents s'effaçaient, tous
les partis tombaient d'accord.
Je commence à croire que M. Mille-
rand aime les i(ff¿, ullés au rtJinf de
s'en créer pour les vaincre.
Je souhaite que tout finisse pour le
mieux dans le meilleur des mondes.
L'avertissement donné par les gauches
sera salutaire.
Il est seulement dommage que la
« bande à Clemenceau » ait tenu sa par-
tie dans cette algarade.
Entendre d'anciens valets de Tigre,
qui subissaient non seulement la griffe
du maître mais le coup de sifflet du Man-
del, protester contre une « tentative de
pouvoir personnel », c'est grand comme
le nez de Jéroboam et gros comme le legs
de Chauchard l
Maintenant, chers parlementaires,
bon voyage à Versailles !
Que les dieux vous gardent et vous ti-
rent des « Réservoirs » !
Et, tout de même, en votant, tâchez
de confondre la République et la Fran-
ce 1
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
Autrefois
« Le roi a parlé »
Un paysan de Beauce, venu à Paris, avait
visité le Louvre. De retour en son pays,
il se glorifiait de Ie.e que le roi Henri IV
lui etît parlé, un jour qu'il se trouvait sur
son chemin.
— Et que t'a-t-il dit ? lui demanda-t-on.
— Il m'a dit : « Range-toi donc, grosse
bête ! »
:.ca.-
Les deux nez
François d'Alençon, frère de Henri 111,
avait le nez partagé en deux.
Comme il était un des personnages les
plus fourbes de son temps, on disait à la
Cour, pour expliquer la chose :
— A double face, il faut deux nez !
@(fjJ(gI
Aujourd'hui
La vie chère en Amérique
D'après les statistiques du bureau du
travail aux Etats-Unis, il ressort que le
coût de la vie, de décembre 1919 à juin
1920, a augmenté de tc,ent pour cent.
C'est Détroit qui détient le record de la
cherté. L'augmenttaion du coût de la vie a
été de 136 ; te pourcentage est de lVd,%
à New-York
L'augmentation moyenne ne s'est pas fait
sentir également en toute chose ; ainsi, l'hCb-
billement a monté de 200,8 pour les hom-
mes et 258,8 pour les femmes. Les ar-
ticles de nourriture accusent une hausse de
105,3 Les meubles ont monté de 205,1
Timbres austro-allemands
Les Autrichiens qui, bien, que corespon-
sables de la guerre mondiale et battus
comme il n'est point permis de l'être da-
vantage, ont néanmoins été traitas par
l'Entente avec des égards.
Ils ne parlent que de leur rattachement
éventuel à l'Allemagne, et cela malgré la
volonté, maintes fois manifestée de l'En-
tente. Comme pour braver cette volonté
ils viennent d'inscrire en exergue sur
leurs nouveaux timbres-poste ; Deutschoeg-
terreich (Autriche-Allemande), alors que
l'Entente leur a clairement signifié que ,le
nom officiel de leur pays devait être : Au-
triche tout court.
Mais M. Lloyd George trouvera sans
doute cela tout naturel. Le Tapin.
L'inflation fiduciaire
est-elle cause de la vie chère?
i-
On a souvent .posé cette question. Le pre-
mier, M. Edmond Laskine démontra, bl'il-
lamment, que la vie chère était due à l'in-
suffisance de la production et non pas à la
planche à assignats. >
M. Charles Gide, avec qui nous n'avons
pas été toujours d'accord, chargé officielle-
ment, pour la France, d'un rapport sur
l'inflation fiduciaire, vient de conclure que
l'inflation de la circulation monétaire ne
peut guère avoir d'influence sur les prix,
car, dit-il, « l'augmentation des prix s'est
surtout affirmée depuis la fin de la guerre,
tandis que l'émission des billets n'a subi
qu'une légère augmentation depuis lors n.
Et il démontre, d'ailleurs, que l'augmen-
tation de la circulation n'a été que de 22
p. cent en 1918 et de 2 p. cent depuis la
fin de 1919, tandis que la vie a augmenté
de plus de -80 p. cent. Il n'y a donc aucune
corrélation entre ces deux catégories de
chiffres.
C'est l'évidence, au moins pour la Fran-
ce, car en Allemagne la vérité est un peu
différente.
Les billets de banque étaient basés sur
l'or, avant la guerre. Ils sont, aujourd'hui,
gagés par le crédit des nations. La circu-
lation peut donc être plus intensive.
Il faut, évidemment, diminuer ce flot
énorme de papier afin de ne pas trop en-
combrer Pavenir, Mais on le peut surtout
par la contribution du quart, que nous
n'avons cas cessé de défendre ici.
Mais, pour annihiler la vie chère, il faut
produire et, par conséquent, travailler.
Les femmes et les rats
Les femmes ont peur des souris, c'est un
fait bien connu. Mais elles ont une plus
grande terreur encore des rats car ils leur
valent toutes'sortes d'embêtements.
Comme un ordre du préfet de police obli-
ge à ne pas sortir les poubelles avant sept
heures du matin, elles ne peuvent vider
leurs ordures qu'à cette heure matinale.
Nous avons réclamé la visite du camion
automobile entre huit et dix heures dur
soir.
Voudra-t-on organiser l'enlèvement des
ordures de façon à n'embêter personne,
pas même les Parisiennes ?
L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
LA RÉUNION PLÉNIÈRE
Par 528 voix M. Miller and est proclamé
candidat unique à la Présidence de la République
——— »»>♦<■♦ ■ ■
La journée d'hier a vu
consacrer la candidature de
M. Millerand à la présidence
de la République. Dans la
matinée pourtant les groupes
radicaux des deux assemblées
avaient essayé de canaliser
les inquiétudes qu'avait fait
surgir la note.à la presse un
peu malencontreuse du prési-
dent du conseil - relativement aux pouvoirs de
l'Exécutif : il n'y avait là qu'une manifesta-
tion* de doctrine qui ne ,visait pas la person-
nalité du chef actuel du gouvernement, mais
voulait constituer un avertissement. De\part
e.t d'autre il semble que cela ait été ainsi
compris, les personnalités qualifiées du parti
radical ne voulant pas gêner, pour une ques-
tion de personne notre action extérieure.
,
LA RÉUNION DES GAUCHES
Les groupes de gauche étaient convoqués
hier matin : on apprend de suite que les
républicains socialistes, dont fait partie Ah
Aristide Briand, se ralliaient à La candida-
ture Millerand, et M. de Kerguézec, leur
porte-parole, communiquait à la presse la
note suivante :
M de Kerguézec, député des Cûtes-du-Nord,
secrétaire générai du groupe républicain so-
cialiste de la Chambre, est venu ce matin au
Sénat dire à M. Gaston Doumergue que le grou-
pe avait décidé à l'unanimité de soutonar la
candidature die M. Millerand et que, par convo-
quent il n'assisterait pas à la réunion des
groupes radicaux convoquée pour le mercredi
matin au palais du Luxembourg.
La réunion ne comprenait donc plus que
les membres de la Gauche démocratique du
Sénat et ceux du groupe radical et radical-
socialiste de la Chambre
Une centaine de membres étaient pré-
sents
Notre ami Gaston Doumergue présidait.
Tout de suite, on parut d'accord pour doé-
cider de voter au premier tour de scrutin, a
la réunion plénière, soit pour M..Bourgeois,
soit pour M. Raoul Péret, et, au second
tour, pour celui des deux qui aurait réuni le
plus de soutirages.
Mais déjà M. Bourgeois s'était récusé par
la lettre ci-dessous adressée à M. Doumer-
gue.
Le refus de M. Bourgeois
Mon cher président et ami,
Les journaux m'apprennent qu'un certain
nombre de nos couegues 1 aui aient l inten-
tion de porter leurs suffrages sur mon nom
à la réunion qui doit se tenir aujourd'hui
au Hénal.
Je persiste dans mon refus de toute 'can-
didature et je vous serais reconnaissant de
le faire savoir à nos collègues. Tous con-
naissent les motifs d'une, décision que i,ai
déjà bien souvent affirmée.
Je suis passionnément attaché à l'œuvre
de la Société des Nalions, où j'ai le grand
honneur de représenter ia France. Je crois
qu'il y a là, pour l'avenir de notre patrie,
comme pour la paix générale, la plus sûre
des garanties.
Or il y a incompatibilité entre les fonc-
tions de président de la République et cel-
les de membre du conseil de la Société.
Dites à nos amis tous mes regrets de ne
pouvoir répondre à leur appel. Ils savent
bien que je continuerai A servir de toutes
mes forces les idées de liberté républicaine
et de justice sociale pour lesquelles je n'ai
cessé de combattre depuis tant d'années.
Votre bien cordialement dévoué, 1
Léon BOURGEOIS.
La discussion n'en continua pas moins.
M. Doumergue reluit l'historique des in-
cidents qui s'étaient produits peinidant la
journée de mardi, 11 ajouta qu'il n'avait été
fait aucune démarche auprès de q.ui que ce
lût. « Nous allons à la bataille, dit-il, non
pas pour combattre un homme, mais ipo-ur
défendre des principes. Nous ne voulons pas
que le président de la République cesse
d'être uin arbitre. Pour éviter toute compro-
mission. votons pour des principes. Or, il
y a deux iiommes qui sont au-iaessus des
partis, c'est le président dui Sénat et .le pré-
sident de la Chambre des déoutés. Nous
pouvons faire notre manifestation en met-
tant leurs noms dans l'urne, même sans
leur agrément. »
M. Gaston Doumergue donna alors lecture
de la lettre de M. Léon Bourgeois, dont on
a lu le texte d'autre part.
M. Paul Strauss prit la parole afin de dis-
siper le malentendu qui s'était produit et
donna lecture des nouvelles déclarations fai-
tes par M. Millerand à plusieurs sénateurs.
M. Renaud rappela les faits suivants.
Lorsque M. Casimir-Perier envoya, le 3 juil-
let lS'J-i-, au Parlement le message où il disait
qu'il ne laisserait pas méconnaître par les
Chambres les pouvoirs que la -Constitution
lui avait donnés, M. Millerand 'se leva pour
opposer la politique du suffrage universel
à la politique' de l'Elysée.
M. René Renoult alors proposa à la réu-
nion la résolution suivante, qui fut adoptée
a l'unanimité moins 7 voix et des absten-
tions :
Le groupe de la gauche démocratique du Sé-
nat et lo groupe radical sociahste de la Cham-
bre, auxquels s'étaient joints un certain nom-
bre de membres d'autres groupes républicains
des deux AHsemblées, réunis sous la présiden-
ce de M. Gaston Doumergue, ont adopté, après
avoir entendu l'exposé de la situation présenté
pat' le président, ainsi que la lecture d'une let-
tre de M. Léon Bourgeois, déclinant personnel-
lement la candidature, ia décision suivante :
« Résolus à maintenir- au président de la Ré-
publiqtte le rôle d'arbitre impartial des partis
et répudiant uine conception nolitique nouvelle
qui aurait, pour effet d'installer à l'Elysée une
politique personnelle, décident pour manifester
leuns sentimcnts, certainement conformes a
ceux du pays républicain, de porter au pre-
mier touir de scrutin de la réunion préparatoire
leurs suffrages sur le nom de l'un ou l'autre
des présidents du Sénat et de ta Chambre, ar-
bitres impart;aux des partis et gardiens vigi-
lants de l'institution parlementaire. »
Le refus de M. Raoul Péret
En présance de la lettre par laquelle M.
Léon Bourgeois refuse toute candidature,
une délégation
sénateur, et M. Renard, député. se rendit
auprès de M. Raoul Péret pour lui deman-
der d'accepter la candidature à l'Elysée. Le
président de la Chambre maintint son -refus,
persistant dans l'attitude qu'il avait obser-
vée depuis le début de la crise présiden-
tielle.
On alla déjeuner en attendant la réunion
plénière.
(Voir la suite en 2* page.)
L'EMPIRE D'ALEXANDRE
————— ♦
L'Héritage impossible
——————— )+D (
M. Georges Leygues prétendrait
recueillir la succession.
ENCORE!
Les 15 millions de Chauchard et l'amour de
Mandel ne lui suffisent donc pas ?
———————— .--+--
Le vrai peut qiu.elcfuteîfais n'être pas
vraisemblable : aussi l'invraiserrublaible
peut-il d'aventure devendrwai.
Voici donc, sous l'inspiration sour-
noise du Jéroboam Mande.l, M. Georges
Levgues cité patrmi les successeurs
éventuels de M. Millerand à la (Prési-
dence du conseil,
M. Jéroboam Maindel, qui no doute de
rien, pias même de soi, a déjà improvisé
M. Leygues, ministre de la marine, du
temps du Bon-Plaisir clemenciste.
M. Leygueis à la marine, lui qui n'a-
vait jamais conmui que le. vaisseau de
l'Africaine dans les coulisses de l'Opéra,
c'était déjà coquet.
Muis président du conseil après le
scanidiale Chauchard, alors -que l'étran-
gClr a les yeux fixés >sur le gouvernement
de la France, ce serait parfaitement
odieux et grotesque.
M. Jéroboam Mandel exagère. Cet af-
freux pou, tombé de la crinière du Ti-
gre, rongé par son prurit d'influence, a
beau vouloir se iracorocher au dernier
cheveu de M. Georges Leygues, 1-ombre
du grand Meroanti Chauchard s'oppose
à ce que le Parlement français soit ba-
foué devant l'Univers.
Le scandale Chauchard
On oublie trop vite. La nouvelle Cham-
bre connaît -mal l'histoire de ses devan-
cières et les histoires des politiciens.
CependUint en 1909 les cou'loim du
Palrlement étaient en émoi. M. Chau-
chard, un des fondaîeutrs des grands nuar
gasins dtu Louvre, venait de mioiuair:
Dans la succession scandaleuse de: ce
Roi de la Mercante, M. Georges Ley-
gues héritait de la bagatelle de 15 mil-
li-ons.
M. Georges Leygues, il est vraij, avait
cultivé cet héritage avec un soin vrai-
ment merveilleux.
Chaque l'ois que: M. Chauchard mon-
tait d'un gnide dans la Légion d'hon-
neur, M. Leygues montait d'un codicille
dans la succession.
Le scandale était énorme.
Un de nos spirituels confrères écri-
vait alors :
« M. Chauchard nurait dû formules ainsi
ses volontés posthumes : je laisse quinze
millions à M. Leygues que je lui dois (prix
convenu) pour un grand-cordon de la Légion
d'honneur. »
Des députés s'émurent. Il fut question
de déposer un projet de. loi « interdisant
à tout homme politique ayant occupé des
fonctions ministérielles d'hériter, sous
quelque forme que ce soit, de toute per-
son-rw présentée pair liui durant son pas-
sage au pouvoir, pour l'iabtention d'un
grade dans l'ordre national de la Légion
d'honneur ».
En fait M. Georges Leygues n'avait
pas ménagé le ruban ; tout le coupon
de rouge y avait passé.
M. Leygues se trouve ainsi un des
précurseurs de la. tousse illicite du ru-
ban, car 15 imiillions potuir un grand cor-
don — s'il vous plaît ! - ce n'est pas
donné.
Cependant M. Georges Leygues ne se
contentait ¡pas — dès qu'il devenait mi-
nistre — de faire avancer M. Chauchard
d'un grade, dans la Légion d'honneur :
il présidait encore lefe banquets solen-
nels que M. Chauchard s'offrait à soi-
même, entoiuiré de faméliques et de flat-
teurs. Il y prononçait le discours de cir-
constance.
Oh ! ces discours.
C'est le monument le pilut plat, le
plus ridicule, le plus extravagant de
la flatterie humwne.
Oncques Ine vit jamais, (pareils coups
d'encensoir.
Le nez de M- Chauchard résistait ce-
pendant. Même l'imtbécile multimillion-
naire décida de faire imprimer ces pa-
négyriques en lettres d'or, et de les faire
illustrer par Benjamin Constant. Une
reliure merveilleuse, constellée de gem-
mes. les enfermait comme dhns un
écrin.
Nous avons eu sous les yeux un des
rares exemplaire© de cette brochure qui
eut deux "éditions. L'une antérieure,
l'autre postérieure au « Grand Cordon ».
Nous déplorons que le cadre d'un
journal ne nous permette pas la repro-
duction intégrale des discours chau-
chardèsques de M. Georges Leygues.
Quelques extraite choisis, dignes de
l'anthologie des plus illustres panégy-
ristes, suffiront à l'édificiaition du lec*
teur. Ecoutez et méditez :
Chauchard, dieu de l'Olympe i
« Et vous, mon cher ami, quand nbus
vous voyons si droit, le front haut, le re-
gard vif, inébranlable dans votre force
valme, nous songeons à quelqu'un de ces
dieux qui fuyaient l'Olympe pour vivre au
milieu des mortels.
« Si votre existence n'est pas celle d'un
dieu, c'est au moins celle d'un demi-dieu ! >»
(Déjeuner du 10 mai 1906)
Dans un autre discours, M. Georges
Leygués, s'écriait :
Le magasin du Louvre
transformé en Panthéon National
« Vous êtes une des grandes figures du
Panthéon National. Votre nom est inscrit
à côté de celui des écrivains, des savants,
des artist, des grands capitaines, qui ont
assuré la puissance et le prestige du
pays. »
Et palpa Chauehai'd', sans vergogne"
de donner le signal ides applaudisse-
ments et de crier de sa petite voix aigre-
lette : « Ah ! bravo ! bravo ! »
Mais ce « grand cordon » devait en en-
tendre bien d'Iaiutres.
La diplomatie n'est qu'un jeu d'enfant
« Que d'aptitudes, cher ami, et quelle va-
riété de connaissances il vous a fallu pour
satisfaire la complexité infinie de votre œu-
vre ! Quelle finesse ! Quel tact ! Quelle
psychologie il vous a fallu pour prévenir,
deviner, inspirer, diriger!
« Votre œuvre est une œuvre supérieure
de science et d'art auprès de laquelle la
diplomatie n'est qu'un jeu d'enfant. »
(Déjeuner du 8 juin 1907)
Chauchard armé de foi en dedans
et de' fer en dehors
« Nature exeptimnelle, Chauchard était
soutenu par un enthousiasme brûlant pour
son rêve colossal, et servi par les qualités
physiques les plus éminentes : nature pa-
reille à celle de ces admirables chevaliers
du temps jadis dont parle l'histoiren : « ar-
més de Ici en dedans et de fer en dehors ! »
Pan ! pan ! dans le portefeuille.
Mais M. Georges Leygues, infatiga-
ble, de récidiver :
Le bienfaiteur national, le philanthrope,
15 millions de pourboire
« An milieu de l'Apre bataille, Chau-
chard, nourrissait en silence les pensées les
plus nobles et les plus délicates. Nous sa-
vons maintenant que s'il a voulu être l'un
d s rti: économiques, c'était uniquement
pour suivre l'inclination intime de son
cœur et pouvoir devenir un bienfaiteur na-
tional, le plus parfait des amis et le plus
grand des philanthropes. »
Enfin, le bouquet :
« Vous avez épuisé toutes les satisfac-
tions humaines que l'ambition la plus éri-
geante et la plus fière peut souhaiter. De-
puis la fondation de la Légion d'honneur,
vous êtes .le premier, vous êtes le seul re-
présentant de l'industrie et du commerce
qui ait' été promu à la dignité de Grand
Cordon. -
« Maintenant vous n'avez d'égaux que les
chefs d Etats, et les citoyens illustres qui,
par leur vaillance ou leur génie, sont l'or-
gueil et la. force de la Patrie. »
(Déjeuner du 16 novembre 1907)
L'infortuné Chauchard ne pouvait ré-
sister longtemps à Un pareil '!'égme,
Que voulieiz-vous qu'il fît ? Comme la.
grenouille du bon -La Fontaine, il se
gonfla tellement qu'il. mourut.
M. Georges Leygues (voyez caisse!}
toucha enfin le prix die son éloquence
et de son ruban, ci : 15 millions.
Son premier volume do vers la Lyre
d'Airain n'avait pas connu cette la!ubaine.
« Poète prends ton luth 1)..,..
M. Georges Leygues a bien fait d a-
bandonner la lyre pour la tirehie.
Le baiser de Chauchard valait plus
que le baiser de la Muse.
Après cela si vous voulez donner la
succession de M. Millerand à M. Lev-
gues : ne vous gênez pas ! -
Ce sera le dernier t31Cte du Leyquutaire
Universel. -
Il tombera sous les sifflets.
Jean d'AIGREMONT.
LES COULISSES
DU PARLEMENT
-
Qui donnera l'investiture ?
M. Pierre, l'aimable secrétaire général de
la présidence de la Chambre, qui est, comme
on sait, un vivant répertoire de droit consti-
tutionnel, a été fort occupé hier à résoudre
un point de protocole et de politique. D'ordi-
naire, l'investiture du président de la Répu-
blique a lieu un mois après sa nomination.
Mais ici, étant données les raisons de la dé-
mission de M. Deschanel, son successeur en-
trera en fonctions immédiatement.
Qui donnera l'investiture à M. Millerand,
que l'on peut considérer déjà comme élu. ?
Sera-ce M. Léon Bourgeois, président de
l'Assemblée nationale, ou bien M. Lhopiteau,
garde des sceaux, vice-président du conseil
'et, comme tel, chef du gouvernement ? Au-
cune solution à cette difficulté n'a encore été
adoptée.
Toujours est-il que M. Millerand ne don-
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