Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-09-21
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 septembre 1920 21 septembre 1920
Description : 1920/09/21 (N18182). 1920/09/21 (N18182).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7552693b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
f
r V JOUR COMPLEMENTAIRE. AN 128.=*- N* 18.182?* '» '- "',.; --.,. -Ce numéro : QUINZE CENTIMES MARDI 21 SEPTEMBRE 1930. — N° 18.112.
Fondateurs (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un aD Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE.. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.., 41 » 22 » IL *
ETRANGER 49 » 25 » 13 N
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au directeur.
1 $
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Rédacteur en chofi
LEON ARCHIMBAUD
DEPUTE
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TRIBUNE LIBRE
*
Le controle ouvrier des usines
) ( -
Le patronat de droit di-
vin succombe. Les actes
des ouvriers italiens vien-
nent d'en assurer la trans-
formation.
La prétendue vague de
paresse qui ralentit depuis
l'armistice la production est une crise
(l'autorité Les ouvriers travaillent
moins, parce que nul mobile ne les incite
plus à se courber sous le joug du pa-
tron.
Nous avons déjà signalé cet état de
choses et demandé qu'une organisation
nouvelle du travail industriel — car
nette crise est exclusivement industrielle
et non paysanne — crée le moteur qui
donnera à l'ouvrier d'usine la moralité
professionnelle sans laquelle la produc-
tion périclite.
Tout le monde sentait la nécessité de
la recherche d'un nouvel équilibre des
forces sociales. M. Noblemaire dans
ses discours, comme la C.G.T. dans ses
grèves de mai.
Malheureusement, la phobie bolche-
fiste hantait les esprits et, d'un côté
Jomme de l'autre de la barricade, la
rainte de faire tomber le pays dans une
lésorganisation semblable à celle de la
Russie a arrêté les élans et dénaturé les
sfforts.
@f.fjJr¡p
Les événements d'Italie apportent de
l'a clarté dans la situation. Là, point de
désordres sanglants, point de mouve-
ment politique ; les ouvriers se sont em-
parés des usines et, loin de les détruire
ou de les piller, ont essayé d'en assurer
le ravitaillement et le fonctionnement.
Ils ont donc, lorsque des bonnes volon-
tés se sont manifestées, fait appel au
concours des patrons, du parlement, du
gouvernement. Le roi a conservé son
h'ône et les ouvriers ont obtenu qu'une
mesure légalie leur accorde un droit de
contrôle sur le. fonctionnement des usi-
nes. a pris une attitude décon-
M. Giolitti a pris une attitude décon-
certante peut-être pour: ceux qui ne
comprennent, pas la force de l'évolution
sociale actuelle, mais que les événe-
ments d'Italie @t d'ailleurs avaient ren-
due nécessaire. « Il n'est plus admÍssi-
ble, a-t-il dit aux industriels italiens,
que, clans une grande usine, un seul
homme exerce une autorité sans contrôle
sur des milliers d'autres. Les travail-
leurs doivent être mis dans la possibilité
tc contribuer au bon fonctionnement de
l'entreprise. »
Pour si révolutionnaire que cette atti-
tude puisse paraître, c'est une satisfac-
tion minimum accordée aux ouvriers.
Lorsqu'on a suivi avec soin les événe-
ments d'Italie, lorsqu'on a vu comment
les ouvriers italiens des usines occupées
assuraient eux-mêmes la discipline dans
le travail, on a pu se rendre compte que
Y autorité efficace venait de passer-en-
tre les mains de ceux qui pouvaient la
créer et appliquer les justes sanctions.
Dams une usine, la morale profession-
- nelle réapparaîtra lorsque la conscience
ouvrière collective s'exprimera contre
les individus immoraux. C'est ce qu'ont
réalisé les Italiens et c'est pourquoi les
patrons et le gouvernement ont compris
qu'un accord qui faisait disparaître le
patronat de droit divin était Inécessaire.
Les industriels ont accepté en principe
le contrôle syndical appliqué par voie
législative. Ils y ont mis des conditions
auxquelles nous nie pouvons que sous-
crire et qu'il est de l'intérêt des ou-
vriers d'accepter, puisqu'ils sont en mê-
me temps que producteurs dans un
étroit domaine consommateurs dans tous
4ts domaines.
Les patrons ont donc demandé que
:e contrôle ouvrier soit équivalent à utie
collaboration au lieu d'entraîner une
sorte d'hégémonie des organisations
syndicales. Ils veulent quie cette colla-
boration implique le partage de la res-
ponsabilité entre les travailleurs, les
techniciens et les patrons. Enfin, ils font
leur le poi'nt de vue si élevé auquel
s' est placée depuis plusieurs mois la
C.G.T. française, en demandant que le
contrôle ouvrier soit exercé dans l'in-
térêt de la collectivité sans entraver la
Jiberté nécessaire au développement des
industries nationales.
Nous sommes fort heureusement loin
des méthodes bolchevistes, puisque la
reconstruction de la société se fait, non
sur des ruines de l'ancienne, mais avec
(
les éléments vivants de la société ac-
tuelle.
En France, la parole est maintenant
aux partis politiques qui veulent abou-
tir à une vraie collaboration de classes.
L'Italie a tracé la voie. Le contrôle ou-
vrier impose, certes, la disparition de
bien des préjugés économiques et so-
ciaux, mais, appliqué loyalement, il ga-
rantit au pays une ère nouvelle de pros-
périté par le développement de la pro-
duction.
J.-M. LAHY.
EDITORIAL
1
,.,.
Sur le pavois
Pour hisser M, Miller and
sur le pavois, tous semblent
d'accord : ceux qui veulent
le « prestige de la France »,
ceux qui veulent du bien au
président du conseil et ceux
qui veulent sa place.
Ainsi, les grands intérêts qu'on invo-
que finissent généralement par évoquer
des intérêts particuliers ; et (l'aucuns
s'imaginent sincèrement servir la Fran-
ce dès qu'ils se sont servi un porte-
feuille.
En l'instant où j'écris" M. Millerand
s'est laissé violer. Je m'y attendais. La
résistance des grandes coquettes est ra-
rement irréductible et, dans la plupart
des viols, il sied de faire sa petite y art
au consentement tacite.
L'élection présidentielle prends celte
fois-ci, un tour assez particulier. La
tendance d'aucuns est moins de grouper
des suffrages sur un homme que d'em-
prunter le prestige d'un homme pour
transformer line fonction.
En un mot, il s'agirait de donner in-
directement à la présidence de la Répu-
blique une manière de pouvoir exécu-
til.
C'est, du même coup, rapetisser le
rôle constitutionnel du président du con-
seil, pourtant seul responsable devant le
Parlement.
Le mot brutal et drôle, prononcé na-
guère par H. Clemenceau ; « Je vote
pour le plus bêle », changerait donc sim-
plement d'adresse, elle président de la
République serait amené à ne choisir le
chef du gouvernement que parmi les
comparses.
Sinon, double emploi, mésentente,
heurt entre deux astres 'de première
grandeur. Deux soleils s'excluent dans
la même constellation parlementaire, qui
ne comporte que la pluralité des lunes.
Mais ce sont là jeux d'après Congrès.
Aujourd'hui, contentons-nous du chat
perché. Le chat qui se perche, c'est Mil-
lerand.
EDMOND DU MESNIL.
La prise de possession du Togo
par les autorités françaises
Le ministre des colonies vient d'être in-
formé par un câblogramme du gouverne
ment de l'Afrique occidentale que les opé-
rations de prise de possession par r auto-
rité française des territoires du Togo dé-
volus à la France seront terminées le 30
septembre. La passation des services par
l'administration anglaise à. l'administra-
tion française est en cours d'achèvement.
L'entrée officielle des représentants fran-
çais à Lomé, capitale du Togo, et le départ
.des autorités anglaises auront lieui le 1er oc-
tobre.
Cette, occupation, dont M. Albert Sarraut
avait, dès le mois de^ juillet, notifié les dis-
positions au gouvernement de l'Afrique oc-
cidentale française, est l'application de
l'accord intervenu au début du même mois
sur les instances du ministre des colonies
entre le gouvernement français et le cabi-
net de Saint-James.
En prévision de cette prise de possession,
une série de décrets récents, ainsi que le
Temps l'annonçait récemment, ont préparé
le régime budgétaire du Togo,, organisé le
conseil d'administration qui setra placé au-
près du commissaire, de la République et
nommé les fonctionnaires de lai justice et
des finances qui assureront l'action admi-
nistrative. *
Dans le projet de budget de 1921, le mi-
nistre des colonies a inscrit des crédits des-
tinés à certains travaux au Togo, notam-
ment à la réfection du wharf eV, des voies
levées.. -
On dit»..
Aujourd'hui
« Millerandage »
Le Nouveau Larousse nous donne. cette
définition :
« MILLERAND, se dit des raisins atteints
de. millerandage ».
Et, immédiatement après
« MILLERANDAGE, n. m. Avortement cons-
titutionnel ou accidentel du raisin, qui se
manifeste par une réduction considérable
du volume et de la quantité des grains. »
On voit qu'il n'en est point en politique
comme en viticulture. Il serait difficile, en
effet, de voir un « avortement constitution-
nel » dans le cas de M., Millerand qui ac-
cédera jeudi à la magistrature la plus hau-
te prévue par la Constitution.
• *
La consigne
'* C'est dans le train, entre Vienne et Var-
sovie, en lisant le Daily Mail, que notre
collaborateur et ami Edouard Herriot con-
nut que la crise présidentielle :était ouverte
et le Parlement convoqué pour jeudi en As-
semblée nationale.
En consultant l'horaire avec un ami qui
l'accompagnait, le député-maire de Lyon
vit que ïOrient-express s'arrêtait depuis
quelque temps dans une petite station tou-
te proche, en pleine campagne. Mais il fal-
lait y passer une partie de la nuit.
Bravement, les deux voyageurs s'enve-
loppèrent dans leurs couvertures et s'ins-
tallèrent pour dormir sur un banc de l'uni-
que salle de la station. -.
Ils avaient recommandé à un employé
boche (qui d'ailleurs refusa ensuite tout
pourboire) de les prévenir quand il en ec-
rait temps..
Fidèle — trop fidèle même — à sa con'si-
gne, l'employé les secouait consciencieuse-
ment toutes les heures :
— Dormez, leur disait-il, le train a du
retard.
M. Herriot, en racontant hier cette his-
toire, ajoutait :
— C'est bien la première fois de ma vie
qu'on m'a réveillé pour me faire dormir.
Le Tapin.
La bonne nouyelle 0 blé
tre son procédé pour obtenir de merveilleu-
ses récoltes de froment et la manière de
s'en servir. Elle est simple. Il s'agit de
tourner et de retourner le champ, comme
le laboureur de la fable, afin que l'air et
la lumèire le pénètrent, de faire germer les
grains dans une. solution fertilisante et
nourrissante et de les semer en les mettant
en contact, dans la terre, mécaniquement,
avec un grain de phosphate. Tout cela pa-
raît fort intelligent. Le grand avantage du
système Pion-Gaud ne serait probablement
pas de nous rendre exportateurs de blé,
mais, plus simplement, de nous permettre
de ne pas importer et d'économiser des en-
grais, 'ce qui faciliterait les frais de défri-
dhage du sol nourricier.'
Il y a là le point de départ d'améliora-
tions culturales qui peuvent être fort im-
portantes..
————— > ■>-»-<■ ♦- -————
Le taudis assassin
M. François Lebon, dans I'OE, uvre, part
en guerre contre le taudis. Il assure :
L'entassement des humains dans certaines vil-
les est incroyable. Une maison sise dans le
quartier Saint-Paul, à Paris, et qui abritait G8
locataires en 1013. en contient actuellement 271.
Une autre, dont la vieille façade du XYJIl" siè-
cle orne une rue pittoresque qui unit le boule-
vard Saint-Germain aux quais, compte une
vingtaine de pièces où s'entassent 94 locataires.
Dans les rues qui rayonnent autour de la place
de la Nation, l'encombrement n'est pas moin-
dre.
Le tronc d'arbre creux des premiers âges, la
caverne des troglodytes se sont transformés, en
maisons, en hôtels, en palais, en casernes, en
ateliers, en hôpitaux. C'est un progrès, dira.-t-
on. Moins grand qu'on ne le pense, quand on
considère l'entassement des citadins dans des
logis sans lumière et sans air.
Paris a doublé sa population et va di-
minuer le nombre des immeubles habita-
bles. Car les maisons qui se sont trans-
formées en banques et en cinémas ont re-
jeté leurs locataires qui se sont débrouillés
comme ils ont pu.
Il faut, évidemment, lutter contre le tau-
dis car,avant de faire des enfants, il con-
vient, d'abord, de protéger ceux qui vi-
vent en les empêchant de mourir.
Mais il n'est qu'un moyen pratique et
c'est de bâtir.
LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
M. Millerand est candidat
i ■
■■ —
Le Président du Conseil annonce officiellement
qu'il se présentera aux suffrages du Congrès. - M. Léon Bourgeois
refuse formellement toute candidature.
» mynm-$,
Nous recevons, de M. Millorand la décla-
ration suivante :
J'ai défini, dans mon discours du 7 no-
vembre 1919, la politique de progrès social,
d'ordre, de travail et d'union qui se carac-
térise à 1 extérieur, par l'application inté-
grale du traité de Versailles et la défense
des principes sur lesquels il r&pose, d'ac-
cord avec nos Alliés ; à l'intérieur, par le
maintien des lois organiques de la Répu-
blique, la restauration et le développement
de^toutes nos foross économiques, la décen-
tralisation et, le moment venu, l'améliora-
tion que l'expérience a montré nécessaire
de nos lois constitutionnelles.
Depuis huit mois, soutenu par la con-
fiance du Parlement, j'ai détendu et appli-
qué d'une manière méthodique et suivi cette
politique.
Je pense, et j'en ai donné les raisons,
que je ne puis la servir nulte part aussi uti-
lement qu'à la présidence du conseil.
Si, néanmoins, la majorité des deux
Chambres estime préférable ma présence
à l'Elysée pour maintenir et poursuivre
cette politique nationale, si elle pense com-
me moi que le président de la République,
s'il ne doit jamais être l'homme d'un parti,
paut et doit être l'homme d'une politique
arrêtée et appliquée, en étroite collabora-
tion avec ses ministres, je ne me déroberai
pas à l'appel de la représentation nationale.
LES DÉMARCHES
AUPRÈS JDE M. MILLERAND
Des démarches instantes n'avaient pas
cessé depuis deux jours d'être faites auprès
de M. Millerand en vue de fléchir sa résis-
tance.
Hier matin, en particulier M. Millerand,
arrivé à dix heures au quai d'Orsay, ve-
nant de Versailles, avait reçu, entre dix
heures et midi, dans l'ordre suivant, les
dé-Pu tés dont voici les noms :
MM. Chabrun (Mayenne), Boissard (Cote-
d'ur}, Belle t. (Haute-Garonne), Persil (Loir-
et-Cher), Yalude (Cher), Colrat (Seine-et-
Oise), p.uis MM. Briand et Barthou.
Tous ces députés avaient insisté pour que
M. Millerand consentit à poser sa candida-
fure-
M. Raoul péret, président de la Chambre,
rentré à Paris, revenant de Poitiers, décla-
rait également que la candidature de M.
Millerand lui paraissait désignée de préfé-
rence à toute autre.
M. Millerand n'avait donné à toutes ces
démarches aucune réponse ferme.
Cependant, on apprenait, d«aps l'après-
midi, que le président du Conseil, à l'issue
du déjeuner d'adieu offert à M. Matsui, am-
bassadeur du Japon, s'était rendu à Ram-
bouillet et certains affirmaient que c'était
surtout pour aviser le premier M. Descha-
nel de son acceptation à la candidature —
aussitôt que ce dernier lui aurait remis son
message de démission.
En effet, h, sept heures du soir, les jour-
nalistes convoqués au quai d'Orsay rece-
vaient communication 'cl'e la déclaration
qu'on a lue plus haut. - t
Ceux qui ne sont pas candidats
M. LÉON BOURGEOIS
Nous croyons savoir qu'un certain nom-
bre de démarches ont été faites ces jours
derniers auprès de M. Léop Bourgeois, pré-
sident du Sénat, pour le prier de poser sa
candidature.
Léon Bourgeois a répondu à tous ses
interlocuteurs : « Je ne veux pas être can-
didat contre M. Millerand, et même si Je
président du Conseil n'acceptait pas la can-
didature, je ne me présenterais pas. Je veux
me consacrer tout entier à la Société des
Nations. » La décision de M. Léon Bour-
geois est, dit-on, irrévocable.
LE MARÉCHAL FOCH
Interviewé à la fête bretonne, qui avait
lieu au parc de Kcrnègnes, près de Morlaix,
le maréchal Foch a confirmé qu'il n'avait
nullement l'intention Kie poser sa candida-
ture à la présidence de la République, ainsi
que certaines, personnes en avaient fait
courir le bruit.
AUJOURD'HUI
LA DQOBIiE SÉflflCE DES CaABES
La Chambre se l'éuniora, on le sait, en
même, temps que le bénat, aujourd'hui, à
trois heures. La séance, dans chaque as-
semblée, sera \très courte. Dans chacune
d'elles, lecture sera faite par le président
du message, par lequel M. Paul Deschanel
donne s'Ô. démission, message que M. Mille-
rand1 a transmis aux présidents des deux
assemblées hier soir, à son retour de Ram-
Douillet.
Jusqu'à présent, dams les trois cas anté-
rieurs où le chef de l'Etat avait donné sa
démission, le maréchal de Mac-Mahon en
janvier 1879, M, Jules Grévy en décembre
1887 et M. Casimir-Perier en janvier 1895,
on s'était borné dans chaque Chambre à
prendre acte du message formulant cette
décisidiii.
Dans le cas actuel, le président de la
Chambre a considéré que les circonstances
pénibles dans lesquelles M. Deschanel avait
été amené à abandonner la première ma-
gistrature de la République faisaient un de-
voir à celui qui l'avait remplacé au Palais-
Bourbon de lui adresser un témoignage de
sympathie.
M. Raoul Péret compte donc, après avoir
donné lecture de la lettre de démission, pro-'
noncer quelques paroles pour exprimer au
président démissionnaire lés regrets de la
Chambre et ses vœnx en faveur d'un réta-
blissement aussi rapide que possible.
Sains aucun doute, M. Millerand, prési-
dent du Conseil, s'associera à cette, déda
ration au nom du gouvernement.
Il est probable également que la Chambre
profitera de la présenceXde M. Millerand à
la séance, soit à son entrée dans l'hémicy-
cle, soit à son apparition à la trihuine, peut
marquer, son désir de le voir entrer à l'Ely..
sée.
Après que le président de la 'Chambre
aura donné communication du message, il
lira les articles de la loi constitutionnelle
prescrivant la réunion de l'Assemblée ma-
tionale en vue de l'élection tdu nouveau chef
de l'Etat : puis il consultera la Chambre
sur le jour de sa prochaine réunion, q.ui,
selon toutes probabilités, sera fixée au sa-
medi 25 septembre.
La même procédure sera suivie au
Luxembourg, où M. Léon Bourgeois adres-
sera également ,un adieu sympathique à M.
Deschanel.
LES RÉUNIONS DES GROUPES
Les députés ont commencé à arriver des
départements en grand nombre, et les réu-
nions des principaux groupes sont déjà con-
voquées.
Hier, à la fin de l'après-midi, devait se
Réunir le groupe des républicains de gau-
che.
(Lire la suite ea deuxième page.)
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
- -' 'e -
LA RÉCONCILIATION POLONO-LITHMIENNE )
autour du tapis vert
du Conseil de la Société des Nations
—————————— )"-ffl+oo < ———————————
La Société des Nations et
) ses partisans et ses adversai-
res. A ceux qui étaient ten-
tés d'en nier L'existence, etle
vient d'aftirmer qu'elle vit
bel et bien. Si c'était un
mythe, ce-mythe prend corps
et se livre à des actes d'une
importance internationale considérable.
C'est ainsi qu'au cours -de sa neuvième
session qu'il vient de tenir à Parip le Con..
seil de la Société des Nations a abordé la
question des îles d'Aland, le différend en-.
tre la Lithuanie et la Pologne, les inci-
dents relatifs à l'administration du bassin
de la Sarre, les droits de la Belgique sur
les districts d'Eupen et de Malmédy.
Dans la première question, il s'est dé-
claré compétent et a décidé de mettre à
l'étude un règlement qui mettrait fin, par,
conséquent, au litige pendant entre la Suè-
de et la Finlande.
En ce qui concerne la Lithuanie et la Po-
logne il a invité les deux parties à prendre
rengagement de se retirer provisoirement
chacune au delà de la ligne de démarca-
tion du 8 décembre 1919.
Cette décision, adoptée sur l'avis du rap-
porteur, M. Hymans, avait été précédée di-
manche par des conférences entre ce der-
nier et les délégués de la Pologne et de la
Lithuanie : MM. de Voldemar et Pade-
rewsld.
On sait ce qui s'est passé ensuite publi-
quement, les deux adversaires de la veille
se tendant une main fraternelle et pre-
nant à témoin la Société des Nations.
S'il ne dépendait que des délégués, le
conflit pourrait être considéré comme ter-
miné, mais les pouvoirs de ceux-ci vont-
ils jusque-là ? Les pourparlers de Kalvarya
ne prennent pas une aussi bonne tournure.
Il y a lieu toutefois de supposer que le
coup de théâtre qui vient de se produire à
Paris aura sa répercussion.
La Lithuanie a en quelque sorte cause
gagnée. Tout le monde, y compris M. Pa-
derewski, semble reconnaître la nécessité
de rendre juistice à la Lithuanie et de faire
respecter, pour commencer, la neutralité
de son territoire. C'est, d'ailleurs, comme
l'a constaté M. Humans, hier matin, dans
l'intérêt de la paix générale en Europe.
Allons, la question de la Lithuanie est
dans une bonne voie et on ne peut que s'en
féliciter. ,
L'administration du bassin de la Sarre
avait été incriminée par le délégué surrois
Boch, un nom. prédestiné. Le rapporteur
Caclamanos, un neutre, a eu le bon esprit
de laisser tomber la protestation du Boche
et de donner quitus à la commission. Il
en advient à peu près de même des pro-
testations allemandes contre l'attribution
définitive à la Belgique d'Eupen et Mal-
médy.. Louis BRESSE.
1
* La neuvième session
La neuvième session du conseil de la So-
ciété des Nations a été close hier matin par.
une séance publique tenue au Petit-Luxem-
bourg, sous la présidence de M. Léon Bour-
geois Le. délégué français avait à sa droite
MM. Fisher (Empire britannique), Matsui
(Japon), da Cunlia (Brésil), Caclamanos
(Grèce) ; à sa gauche, M. Hymans (Belgi-
que), Quinones de Léon (Espagne), Ferra-
ris Italie), et Mounet, secretaire général
adjoint de la Société des Nations.
A la table du conseil, en face de M. Léon
Bourgeois, avaient pris place exceptionnel-
leinemt, en raison de l'examen de la question
des lies. Aland qui venait en tète de l'oi-dro
du jour, MM. Enckell, représentant la Fin-
lande, et Brantmg, président du Conseil des
ministres de Suède.
M. Léon-Bourgeois a ouvert la séance par
une brève allocution. « Nous n'en sommes
plus, a-t-il dit, à la période des discours,
mais à la période des actes successifs, ré-
pétés et méthodiquement enchaînés. » Il a
remercié le gouvernement espagnol dr, soitt
apporté à la préparation de cette neuvième
session du conseil de la Société des Nations
à l'ordre idu jour de laquelle sont utiscritea
des affaires d'une importance internationale
considérable Et, d'autre part, il a exprimé
les regrets qu'emiporte M. Matsui, ap.pelé
par le gouvernement japonais à d'autres
ionctions.
» -
Le conflit polono-lithuanien
La principale question à l'ordre du jour
est celle du différend antre la Lithuanie et
la Pologne. M. Paderewski, représentant la
Pologne, et M. Voldemar, représentant la
Lithuapie, sont invités à prendre place à la
table du conseil.
M. Hymans, rapporteur, rappelle com-
ment le gouvernement polonais saisit, le 5
septembre, le conseil de la Société des Na*
tions d'une demande d'intervention en vue
de prévenir la guerre antre la Pologne et
la Lithuanie.
Au cours des discussions qui ont eu lieu
devant le conseil, le représentant de la Po-
logne a été amené à préciser que le o.angeT
de guerre résultait, suivant l'avis de soit
gouivernement, de la présence de troupes
lithuaniennes à l'ouest -de da limite assignée
provisoirement à la Pologne par la décla-
ration du Conseil Suprême datée du 8 dé-
cembre 1919. Le représentant de la Lithua-
nie a fait observer de son côté que la décla-
ration du Conseil Suprême du 8 décembre
tKUO. à supposer qu'elle eût la portée que
lui donnait le gouvernement polonais, était
juridiquement dépourvue de caractère obli-
gatoire vis-à-vis du gouvernement lithua-
nien ; qu'au surplus, en vertu d'un traité
de paix conclu par son gouvernement le 12
j.uiUct 1920 avec le gouvernement des So-
viets. un autre tracé avait été partiellement
arrêté comme frontière de la Lithuanie, tra-
cé Gui devait être complété, aux termes du
traité, suivant accord à intervenir entre la
Pologne et la Lithuanien
La neutralité de la Lithuanie
On ne demande pas au conseil, dit M.
Hymans, une solution définitive de ce diffé-
rend, non plus que des autres questions liti-
gieuses actuellement pendantes entre la Po-
logne et la LithuaDie. Une conférence .s'est ou-
verte à Kelwarya, entre les représentants des
deux Etats. Il est à espérer que des négacif
tions directes aboutiront à la conclusion de
la paix sur des bases 'définitives. Mais l'inter-
vention immédiate du conseil apparaît comme
nécessaire, m vue de faire adopter par les
Etats intéressés, lithuanien et polonais, à titrât
provisoire et sous réserve de tous leurs droits,
une ligne de démarcation des zones d'oqcupa-
tion.
Dans sa recherche d'une sdlutim, le OOIIlsejf
est foncé de prendre en considération une cin
constance d'une tapcwtance capitale : rital
de guerre existant entre la Pologpe et Je gom.
vernement des Soviets. Le conseil a été in-
formé par ies représentants de Lithuanie et
de Pologne qu'une partie de la Lithuanie, zone
de Grodno et Lida, est actuellement encore
occupée par des troupes bolchevistes.
Cette circonstance domine le problème, car
i: est bien difficile qu'une ligne de démarcation
provisoire quelconque soit adoptée entre la
itlhuanie et la Pologne, tant que le territoire
de la Lithuanie est partiellement occupé par
des troupes bolchevistes en guerre avec ",a
Pologne. Cette occupation permet difficilement
à 'la Lithuanie de (refuser à la Pologne la fa-
tuité d'utiliser militaireimient le temtoiire i-
thuanien. Il est évident que si la neutralité du
territoire lithuanien n'affit pas également ras--
pectée par les belligérants bolchevistes et po..
lonais, toute démarcation provisoire entre Li-
thuanie, et Pologne devient inopérante.
Ce respect de la neutralité de la Lithuanie
est dams les vœux du peuple lithuanien. Il me
(paraît également conforme ô l'intérêt de la
paix ,générale en Europe que le conseil s'effor-
ce d'assurer, et je ne crois pas, d'autre part, ;
qu'il soit de nature à léser les intérêts légiti-
mes des beLligérants. < 1
Nous savons à ce sujet, par une déclaration
du représentant de la Lithuanie, que le gouver-
nement des Sorviets s'est déclaré prêt, aux ter-
mes d'un télégramme émanant de M. Tchitche-
rine, en date du 5 septembre, à évacuer tout
fie territoire de la Lithuanie, si le gouverne-
ment lithuanien peut rga'ooIbti-r le i respect de
cette neutralité par la Pologne.
Les propositions du Conseil ,
En conséquence, le Rapporteur propose au
conseil, oui l'adopte à l'unanimité, la réso-
lution suivante, également approuvée par
les représentants de la Pologne et de tu
Lithuanie :
Le conseil de la Société des nations, apprml-
vant le rapport du représentant de la Belgi-
que :
a) Considérant que la cessation immédiate
des hostilités est la condition indispensable de
toute intervention utile dit conseil de la Société
des nations, adresse le plus pressaitt appel aux
gouvernements lithuanien et polonais afin qu'ils
prennent d'urgence les mesures nécessaires
pour empêcher tout acte d'hostilité entre leurs
troupes ;
b) Propose aux gouvernements de Lithuanie
et de Pologne de prendre les engagements ré-
ciproques ci-après :
1* Le gouvernement lithuanien adopte com-
me ligne de démarcation proviSoire, sous ré-
serve de tous ses droits territoriaux, et en al-
tendant le- résultat des négociations directes
avec. la Polo fine, le tracé arrêté par le conseil
suprême des alliés dans sa déclaration du 8
décembre J019, et s'engagc à retirer ses trou-
pes du territoire sftué à l'ouest de cette ligne l.
2* Le gouvernement de la Pologne prend
l'engagement, sous réserve' de ions ses droits
territoriaux, de respecter, au cours de la guer-
re qui sévit actuellement entre la Pologne et
le gouvernèmerii des Soviets, la neutralité du
territoire occupé par la Lithuanie à l'est de
la ligne de démarcation spécifiée d-des. Ils à
condition que le respceJ de cette neutralité soit
obtenu également des autorités soviétiques par
la Lithuanie.
c) Offre aux gouvernements lithuanien, et
polonais, au cas où ils acceptent le présent ar-
rangement provisoire, de Résigner une com-
mission chargée de veiller sur place à la
stricte observation, par les parties intéressées,
des obligations résultant pour elles de celte
convention ;
d) Çhargc son président de désigner des re-
présentants pour recevoir les réponses des
gouvernements lithuanien et polonais, leur
continuer l'assistance prêtée par le conseil,
procéder éventuellement, à la désignation de la
commission prévue par les présentes résolu.
lions et faire un rapport au conseil à sa pro-,
chaine session.
Discours du délégué lithuanien
A ce moment, le délégué lithuanien de-
mande la parole. M. Voldemar s'exprime en
français. Après avoir remercié la Société
des Nations de son intervention en vue de
régler le différend litlmano-polonais, et par-
ticulièrement M. Léon bourgeois, arbitre
impartial et apôtee de la solidarité inter-
natiotnale en vue de la paix, il ajoute :
Au moment où vous avez été saisi du diffé.
rend, la guerre paraissait inévitable. Actuelle
ment, à tla suite do vos pressantes exhorta-
tions, j'emporte le ferme espoir que le gouver-
nement de la Pologne et le mien sauront Úvi-"
ter toutes hostilités, en attendant l'application
du présent règlement. Je puis vous donner l'as-
surance que mon gouvernement n'épargnera
rien pour atteindre ce résultat.
Toute la nation lithuanienne, qui aspire à la
(paix, verra un bon augure dans le fait que le
représentant de l'héroïque Belgique fut rappor-
teur dans sa cause, oer la Lithuanie, elle
aussi, a inscrit dans le premier traité interna-
tional qu'elle a passé a,près la résurrection, à
la nouvelle vie indépendante, son aspiration à
la neutralité permanente. '>
Discours de M. Paderewski
M. Paderewski s'associe aux paroles qui
viennent d'être prononcées, dit-il. « par mon
collègue et non adversaire, car le conflit *
n'existe plus, je l'espère. » Et il ajoute :
Parmi les telles et nobles tâches* que la So-
ciété des mations s'est imposées, se trouve, celle
de mettre îles petites nations à l'abri dè l'a-
gression des grands Etats. Or, la Pologne est
peut-être tirop petite pour un 'grand Etat, niais
elle est 'beaucoup trop grande pour une petite
nati-om. Son cas est singulier.
Par suite de circonstances fâcheuses et re-
•grettaibles, s'élant trouvée en conllit. aveo 'a
Lithuanie, une nation sœur, sœur cadette plu-
tôt, la Pologne a estimé qu'il était de son dp-
voir, non seulement d'éviter la guerre, mais de
faire un bon exemple. Aussi, le ()I"Verrwnll'll.t
polonais s'est-il adressé à la Société des na*
tions pour solliciter «on intervention j)Ut"')!a-
trice. 11 -se folicite aujourd'hui et il est heureux
de constater que vous avez bien voulu acquies-
cer si gracieusement à sa demande et lui don-
mer une solution prompte et équitable.
J'ai télégraiphié hier soir à mon gouverne-
ment le texte de la résolution adoptée cl je
suis -sûr qu'il p-rendra toutes les mesures né-
cessaircs afin d'exécuter les propositions que
le conseil de la Société des nations a bien vou-
lu formuler. Al. le délégué de la Lithuanie,
mon honoré collègue, qui a déployé pendant
les débats toutes les telles qualités de sa r:u',
si pleine de sève, si malheureuse, si-loyale. >t
intelligente et si ten/tee, a fait une démarche
analogue, j'en suis onvamcu, et je ne doute
pas qu'elle n'atteigne le même OOsult.uL Nous
n'avons donc, monsieur le délégué, qu'à nous
féliciter tous les deux de cette 'heureuse solu-
r V JOUR COMPLEMENTAIRE. AN 128.=*- N* 18.182?* '» '- "',.; --.,. -Ce numéro : QUINZE CENTIMES MARDI 21 SEPTEMBRE 1930. — N° 18.112.
Fondateurs (1869) i
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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Un aD Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE.. 38 n 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.., 41 » 22 » IL *
ETRANGER 49 » 25 » 13 N
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LEON ARCHIMBAUD
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Boulevard de Strasbourg, 38 — PARIS
Directeur : EDMOND DU MESNIL
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Rédaction et administration : Nord 24-90,24-91.— Après 10 à du soir : Gutemberg 00-70
TRIBUNE LIBRE
*
Le controle ouvrier des usines
) ( -
Le patronat de droit di-
vin succombe. Les actes
des ouvriers italiens vien-
nent d'en assurer la trans-
formation.
La prétendue vague de
paresse qui ralentit depuis
l'armistice la production est une crise
(l'autorité Les ouvriers travaillent
moins, parce que nul mobile ne les incite
plus à se courber sous le joug du pa-
tron.
Nous avons déjà signalé cet état de
choses et demandé qu'une organisation
nouvelle du travail industriel — car
nette crise est exclusivement industrielle
et non paysanne — crée le moteur qui
donnera à l'ouvrier d'usine la moralité
professionnelle sans laquelle la produc-
tion périclite.
Tout le monde sentait la nécessité de
la recherche d'un nouvel équilibre des
forces sociales. M. Noblemaire dans
ses discours, comme la C.G.T. dans ses
grèves de mai.
Malheureusement, la phobie bolche-
fiste hantait les esprits et, d'un côté
Jomme de l'autre de la barricade, la
rainte de faire tomber le pays dans une
lésorganisation semblable à celle de la
Russie a arrêté les élans et dénaturé les
sfforts.
@f.fjJr¡p
Les événements d'Italie apportent de
l'a clarté dans la situation. Là, point de
désordres sanglants, point de mouve-
ment politique ; les ouvriers se sont em-
parés des usines et, loin de les détruire
ou de les piller, ont essayé d'en assurer
le ravitaillement et le fonctionnement.
Ils ont donc, lorsque des bonnes volon-
tés se sont manifestées, fait appel au
concours des patrons, du parlement, du
gouvernement. Le roi a conservé son
h'ône et les ouvriers ont obtenu qu'une
mesure légalie leur accorde un droit de
contrôle sur le. fonctionnement des usi-
nes. a pris une attitude décon-
M. Giolitti a pris une attitude décon-
certante peut-être pour: ceux qui ne
comprennent, pas la force de l'évolution
sociale actuelle, mais que les événe-
ments d'Italie @t d'ailleurs avaient ren-
due nécessaire. « Il n'est plus admÍssi-
ble, a-t-il dit aux industriels italiens,
que, clans une grande usine, un seul
homme exerce une autorité sans contrôle
sur des milliers d'autres. Les travail-
leurs doivent être mis dans la possibilité
tc contribuer au bon fonctionnement de
l'entreprise. »
Pour si révolutionnaire que cette atti-
tude puisse paraître, c'est une satisfac-
tion minimum accordée aux ouvriers.
Lorsqu'on a suivi avec soin les événe-
ments d'Italie, lorsqu'on a vu comment
les ouvriers italiens des usines occupées
assuraient eux-mêmes la discipline dans
le travail, on a pu se rendre compte que
Y autorité efficace venait de passer-en-
tre les mains de ceux qui pouvaient la
créer et appliquer les justes sanctions.
Dams une usine, la morale profession-
- nelle réapparaîtra lorsque la conscience
ouvrière collective s'exprimera contre
les individus immoraux. C'est ce qu'ont
réalisé les Italiens et c'est pourquoi les
patrons et le gouvernement ont compris
qu'un accord qui faisait disparaître le
patronat de droit divin était Inécessaire.
Les industriels ont accepté en principe
le contrôle syndical appliqué par voie
législative. Ils y ont mis des conditions
auxquelles nous nie pouvons que sous-
crire et qu'il est de l'intérêt des ou-
vriers d'accepter, puisqu'ils sont en mê-
me temps que producteurs dans un
étroit domaine consommateurs dans tous
4ts domaines.
Les patrons ont donc demandé que
:e contrôle ouvrier soit équivalent à utie
collaboration au lieu d'entraîner une
sorte d'hégémonie des organisations
syndicales. Ils veulent quie cette colla-
boration implique le partage de la res-
ponsabilité entre les travailleurs, les
techniciens et les patrons. Enfin, ils font
leur le poi'nt de vue si élevé auquel
s' est placée depuis plusieurs mois la
C.G.T. française, en demandant que le
contrôle ouvrier soit exercé dans l'in-
térêt de la collectivité sans entraver la
Jiberté nécessaire au développement des
industries nationales.
Nous sommes fort heureusement loin
des méthodes bolchevistes, puisque la
reconstruction de la société se fait, non
sur des ruines de l'ancienne, mais avec
(
les éléments vivants de la société ac-
tuelle.
En France, la parole est maintenant
aux partis politiques qui veulent abou-
tir à une vraie collaboration de classes.
L'Italie a tracé la voie. Le contrôle ou-
vrier impose, certes, la disparition de
bien des préjugés économiques et so-
ciaux, mais, appliqué loyalement, il ga-
rantit au pays une ère nouvelle de pros-
périté par le développement de la pro-
duction.
J.-M. LAHY.
EDITORIAL
1
,.,.
Sur le pavois
Pour hisser M, Miller and
sur le pavois, tous semblent
d'accord : ceux qui veulent
le « prestige de la France »,
ceux qui veulent du bien au
président du conseil et ceux
qui veulent sa place.
Ainsi, les grands intérêts qu'on invo-
que finissent généralement par évoquer
des intérêts particuliers ; et (l'aucuns
s'imaginent sincèrement servir la Fran-
ce dès qu'ils se sont servi un porte-
feuille.
En l'instant où j'écris" M. Millerand
s'est laissé violer. Je m'y attendais. La
résistance des grandes coquettes est ra-
rement irréductible et, dans la plupart
des viols, il sied de faire sa petite y art
au consentement tacite.
L'élection présidentielle prends celte
fois-ci, un tour assez particulier. La
tendance d'aucuns est moins de grouper
des suffrages sur un homme que d'em-
prunter le prestige d'un homme pour
transformer line fonction.
En un mot, il s'agirait de donner in-
directement à la présidence de la Répu-
blique une manière de pouvoir exécu-
til.
C'est, du même coup, rapetisser le
rôle constitutionnel du président du con-
seil, pourtant seul responsable devant le
Parlement.
Le mot brutal et drôle, prononcé na-
guère par H. Clemenceau ; « Je vote
pour le plus bêle », changerait donc sim-
plement d'adresse, elle président de la
République serait amené à ne choisir le
chef du gouvernement que parmi les
comparses.
Sinon, double emploi, mésentente,
heurt entre deux astres 'de première
grandeur. Deux soleils s'excluent dans
la même constellation parlementaire, qui
ne comporte que la pluralité des lunes.
Mais ce sont là jeux d'après Congrès.
Aujourd'hui, contentons-nous du chat
perché. Le chat qui se perche, c'est Mil-
lerand.
EDMOND DU MESNIL.
La prise de possession du Togo
par les autorités françaises
Le ministre des colonies vient d'être in-
formé par un câblogramme du gouverne
ment de l'Afrique occidentale que les opé-
rations de prise de possession par r auto-
rité française des territoires du Togo dé-
volus à la France seront terminées le 30
septembre. La passation des services par
l'administration anglaise à. l'administra-
tion française est en cours d'achèvement.
L'entrée officielle des représentants fran-
çais à Lomé, capitale du Togo, et le départ
.des autorités anglaises auront lieui le 1er oc-
tobre.
Cette, occupation, dont M. Albert Sarraut
avait, dès le mois de^ juillet, notifié les dis-
positions au gouvernement de l'Afrique oc-
cidentale française, est l'application de
l'accord intervenu au début du même mois
sur les instances du ministre des colonies
entre le gouvernement français et le cabi-
net de Saint-James.
En prévision de cette prise de possession,
une série de décrets récents, ainsi que le
Temps l'annonçait récemment, ont préparé
le régime budgétaire du Togo,, organisé le
conseil d'administration qui setra placé au-
près du commissaire, de la République et
nommé les fonctionnaires de lai justice et
des finances qui assureront l'action admi-
nistrative. *
Dans le projet de budget de 1921, le mi-
nistre des colonies a inscrit des crédits des-
tinés à certains travaux au Togo, notam-
ment à la réfection du wharf eV, des voies
levées.. -
On dit»..
Aujourd'hui
« Millerandage »
Le Nouveau Larousse nous donne. cette
définition :
« MILLERAND, se dit des raisins atteints
de. millerandage ».
Et, immédiatement après
« MILLERANDAGE, n. m. Avortement cons-
titutionnel ou accidentel du raisin, qui se
manifeste par une réduction considérable
du volume et de la quantité des grains. »
On voit qu'il n'en est point en politique
comme en viticulture. Il serait difficile, en
effet, de voir un « avortement constitution-
nel » dans le cas de M., Millerand qui ac-
cédera jeudi à la magistrature la plus hau-
te prévue par la Constitution.
• *
La consigne
'* C'est dans le train, entre Vienne et Var-
sovie, en lisant le Daily Mail, que notre
collaborateur et ami Edouard Herriot con-
nut que la crise présidentielle :était ouverte
et le Parlement convoqué pour jeudi en As-
semblée nationale.
En consultant l'horaire avec un ami qui
l'accompagnait, le député-maire de Lyon
vit que ïOrient-express s'arrêtait depuis
quelque temps dans une petite station tou-
te proche, en pleine campagne. Mais il fal-
lait y passer une partie de la nuit.
Bravement, les deux voyageurs s'enve-
loppèrent dans leurs couvertures et s'ins-
tallèrent pour dormir sur un banc de l'uni-
que salle de la station. -.
Ils avaient recommandé à un employé
boche (qui d'ailleurs refusa ensuite tout
pourboire) de les prévenir quand il en ec-
rait temps..
Fidèle — trop fidèle même — à sa con'si-
gne, l'employé les secouait consciencieuse-
ment toutes les heures :
— Dormez, leur disait-il, le train a du
retard.
M. Herriot, en racontant hier cette his-
toire, ajoutait :
— C'est bien la première fois de ma vie
qu'on m'a réveillé pour me faire dormir.
Le Tapin.
La bonne nouyelle 0 blé
tre son procédé pour obtenir de merveilleu-
ses récoltes de froment et la manière de
s'en servir. Elle est simple. Il s'agit de
tourner et de retourner le champ, comme
le laboureur de la fable, afin que l'air et
la lumèire le pénètrent, de faire germer les
grains dans une. solution fertilisante et
nourrissante et de les semer en les mettant
en contact, dans la terre, mécaniquement,
avec un grain de phosphate. Tout cela pa-
raît fort intelligent. Le grand avantage du
système Pion-Gaud ne serait probablement
pas de nous rendre exportateurs de blé,
mais, plus simplement, de nous permettre
de ne pas importer et d'économiser des en-
grais, 'ce qui faciliterait les frais de défri-
dhage du sol nourricier.'
Il y a là le point de départ d'améliora-
tions culturales qui peuvent être fort im-
portantes..
————— > ■>-»-<■ ♦- -————
Le taudis assassin
M. François Lebon, dans I'OE, uvre, part
en guerre contre le taudis. Il assure :
L'entassement des humains dans certaines vil-
les est incroyable. Une maison sise dans le
quartier Saint-Paul, à Paris, et qui abritait G8
locataires en 1013. en contient actuellement 271.
Une autre, dont la vieille façade du XYJIl" siè-
cle orne une rue pittoresque qui unit le boule-
vard Saint-Germain aux quais, compte une
vingtaine de pièces où s'entassent 94 locataires.
Dans les rues qui rayonnent autour de la place
de la Nation, l'encombrement n'est pas moin-
dre.
Le tronc d'arbre creux des premiers âges, la
caverne des troglodytes se sont transformés, en
maisons, en hôtels, en palais, en casernes, en
ateliers, en hôpitaux. C'est un progrès, dira.-t-
on. Moins grand qu'on ne le pense, quand on
considère l'entassement des citadins dans des
logis sans lumière et sans air.
Paris a doublé sa population et va di-
minuer le nombre des immeubles habita-
bles. Car les maisons qui se sont trans-
formées en banques et en cinémas ont re-
jeté leurs locataires qui se sont débrouillés
comme ils ont pu.
Il faut, évidemment, lutter contre le tau-
dis car,avant de faire des enfants, il con-
vient, d'abord, de protéger ceux qui vi-
vent en les empêchant de mourir.
Mais il n'est qu'un moyen pratique et
c'est de bâtir.
LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
M. Millerand est candidat
i ■
■■ —
Le Président du Conseil annonce officiellement
qu'il se présentera aux suffrages du Congrès. - M. Léon Bourgeois
refuse formellement toute candidature.
» mynm-$,
Nous recevons, de M. Millorand la décla-
ration suivante :
J'ai défini, dans mon discours du 7 no-
vembre 1919, la politique de progrès social,
d'ordre, de travail et d'union qui se carac-
térise à 1 extérieur, par l'application inté-
grale du traité de Versailles et la défense
des principes sur lesquels il r&pose, d'ac-
cord avec nos Alliés ; à l'intérieur, par le
maintien des lois organiques de la Répu-
blique, la restauration et le développement
de^toutes nos foross économiques, la décen-
tralisation et, le moment venu, l'améliora-
tion que l'expérience a montré nécessaire
de nos lois constitutionnelles.
Depuis huit mois, soutenu par la con-
fiance du Parlement, j'ai détendu et appli-
qué d'une manière méthodique et suivi cette
politique.
Je pense, et j'en ai donné les raisons,
que je ne puis la servir nulte part aussi uti-
lement qu'à la présidence du conseil.
Si, néanmoins, la majorité des deux
Chambres estime préférable ma présence
à l'Elysée pour maintenir et poursuivre
cette politique nationale, si elle pense com-
me moi que le président de la République,
s'il ne doit jamais être l'homme d'un parti,
paut et doit être l'homme d'une politique
arrêtée et appliquée, en étroite collabora-
tion avec ses ministres, je ne me déroberai
pas à l'appel de la représentation nationale.
LES DÉMARCHES
AUPRÈS JDE M. MILLERAND
Des démarches instantes n'avaient pas
cessé depuis deux jours d'être faites auprès
de M. Millerand en vue de fléchir sa résis-
tance.
Hier matin, en particulier M. Millerand,
arrivé à dix heures au quai d'Orsay, ve-
nant de Versailles, avait reçu, entre dix
heures et midi, dans l'ordre suivant, les
dé-Pu tés dont voici les noms :
MM. Chabrun (Mayenne), Boissard (Cote-
d'ur}, Belle t. (Haute-Garonne), Persil (Loir-
et-Cher), Yalude (Cher), Colrat (Seine-et-
Oise), p.uis MM. Briand et Barthou.
Tous ces députés avaient insisté pour que
M. Millerand consentit à poser sa candida-
fure-
M. Raoul péret, président de la Chambre,
rentré à Paris, revenant de Poitiers, décla-
rait également que la candidature de M.
Millerand lui paraissait désignée de préfé-
rence à toute autre.
M. Millerand n'avait donné à toutes ces
démarches aucune réponse ferme.
Cependant, on apprenait, d«aps l'après-
midi, que le président du Conseil, à l'issue
du déjeuner d'adieu offert à M. Matsui, am-
bassadeur du Japon, s'était rendu à Ram-
bouillet et certains affirmaient que c'était
surtout pour aviser le premier M. Descha-
nel de son acceptation à la candidature —
aussitôt que ce dernier lui aurait remis son
message de démission.
En effet, h, sept heures du soir, les jour-
nalistes convoqués au quai d'Orsay rece-
vaient communication 'cl'e la déclaration
qu'on a lue plus haut. - t
Ceux qui ne sont pas candidats
M. LÉON BOURGEOIS
Nous croyons savoir qu'un certain nom-
bre de démarches ont été faites ces jours
derniers auprès de M. Léop Bourgeois, pré-
sident du Sénat, pour le prier de poser sa
candidature.
Léon Bourgeois a répondu à tous ses
interlocuteurs : « Je ne veux pas être can-
didat contre M. Millerand, et même si Je
président du Conseil n'acceptait pas la can-
didature, je ne me présenterais pas. Je veux
me consacrer tout entier à la Société des
Nations. » La décision de M. Léon Bour-
geois est, dit-on, irrévocable.
LE MARÉCHAL FOCH
Interviewé à la fête bretonne, qui avait
lieu au parc de Kcrnègnes, près de Morlaix,
le maréchal Foch a confirmé qu'il n'avait
nullement l'intention Kie poser sa candida-
ture à la présidence de la République, ainsi
que certaines, personnes en avaient fait
courir le bruit.
AUJOURD'HUI
LA DQOBIiE SÉflflCE DES CaABES
La Chambre se l'éuniora, on le sait, en
même, temps que le bénat, aujourd'hui, à
trois heures. La séance, dans chaque as-
semblée, sera \très courte. Dans chacune
d'elles, lecture sera faite par le président
du message, par lequel M. Paul Deschanel
donne s'Ô. démission, message que M. Mille-
rand1 a transmis aux présidents des deux
assemblées hier soir, à son retour de Ram-
Douillet.
Jusqu'à présent, dams les trois cas anté-
rieurs où le chef de l'Etat avait donné sa
démission, le maréchal de Mac-Mahon en
janvier 1879, M, Jules Grévy en décembre
1887 et M. Casimir-Perier en janvier 1895,
on s'était borné dans chaque Chambre à
prendre acte du message formulant cette
décisidiii.
Dans le cas actuel, le président de la
Chambre a considéré que les circonstances
pénibles dans lesquelles M. Deschanel avait
été amené à abandonner la première ma-
gistrature de la République faisaient un de-
voir à celui qui l'avait remplacé au Palais-
Bourbon de lui adresser un témoignage de
sympathie.
M. Raoul Péret compte donc, après avoir
donné lecture de la lettre de démission, pro-'
noncer quelques paroles pour exprimer au
président démissionnaire lés regrets de la
Chambre et ses vœnx en faveur d'un réta-
blissement aussi rapide que possible.
Sains aucun doute, M. Millerand, prési-
dent du Conseil, s'associera à cette, déda
ration au nom du gouvernement.
Il est probable également que la Chambre
profitera de la présenceXde M. Millerand à
la séance, soit à son entrée dans l'hémicy-
cle, soit à son apparition à la trihuine, peut
marquer, son désir de le voir entrer à l'Ely..
sée.
Après que le président de la 'Chambre
aura donné communication du message, il
lira les articles de la loi constitutionnelle
prescrivant la réunion de l'Assemblée ma-
tionale en vue de l'élection tdu nouveau chef
de l'Etat : puis il consultera la Chambre
sur le jour de sa prochaine réunion, q.ui,
selon toutes probabilités, sera fixée au sa-
medi 25 septembre.
La même procédure sera suivie au
Luxembourg, où M. Léon Bourgeois adres-
sera également ,un adieu sympathique à M.
Deschanel.
LES RÉUNIONS DES GROUPES
Les députés ont commencé à arriver des
départements en grand nombre, et les réu-
nions des principaux groupes sont déjà con-
voquées.
Hier, à la fin de l'après-midi, devait se
Réunir le groupe des républicains de gau-
che.
(Lire la suite ea deuxième page.)
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
- -' 'e -
LA RÉCONCILIATION POLONO-LITHMIENNE )
autour du tapis vert
du Conseil de la Société des Nations
—————————— )"-ffl+oo < ———————————
La Société des Nations et
) ses partisans et ses adversai-
res. A ceux qui étaient ten-
tés d'en nier L'existence, etle
vient d'aftirmer qu'elle vit
bel et bien. Si c'était un
mythe, ce-mythe prend corps
et se livre à des actes d'une
importance internationale considérable.
C'est ainsi qu'au cours -de sa neuvième
session qu'il vient de tenir à Parip le Con..
seil de la Société des Nations a abordé la
question des îles d'Aland, le différend en-.
tre la Lithuanie et la Pologne, les inci-
dents relatifs à l'administration du bassin
de la Sarre, les droits de la Belgique sur
les districts d'Eupen et de Malmédy.
Dans la première question, il s'est dé-
claré compétent et a décidé de mettre à
l'étude un règlement qui mettrait fin, par,
conséquent, au litige pendant entre la Suè-
de et la Finlande.
En ce qui concerne la Lithuanie et la Po-
logne il a invité les deux parties à prendre
rengagement de se retirer provisoirement
chacune au delà de la ligne de démarca-
tion du 8 décembre 1919.
Cette décision, adoptée sur l'avis du rap-
porteur, M. Hymans, avait été précédée di-
manche par des conférences entre ce der-
nier et les délégués de la Pologne et de la
Lithuanie : MM. de Voldemar et Pade-
rewsld.
On sait ce qui s'est passé ensuite publi-
quement, les deux adversaires de la veille
se tendant une main fraternelle et pre-
nant à témoin la Société des Nations.
S'il ne dépendait que des délégués, le
conflit pourrait être considéré comme ter-
miné, mais les pouvoirs de ceux-ci vont-
ils jusque-là ? Les pourparlers de Kalvarya
ne prennent pas une aussi bonne tournure.
Il y a lieu toutefois de supposer que le
coup de théâtre qui vient de se produire à
Paris aura sa répercussion.
La Lithuanie a en quelque sorte cause
gagnée. Tout le monde, y compris M. Pa-
derewski, semble reconnaître la nécessité
de rendre juistice à la Lithuanie et de faire
respecter, pour commencer, la neutralité
de son territoire. C'est, d'ailleurs, comme
l'a constaté M. Humans, hier matin, dans
l'intérêt de la paix générale en Europe.
Allons, la question de la Lithuanie est
dans une bonne voie et on ne peut que s'en
féliciter. ,
L'administration du bassin de la Sarre
avait été incriminée par le délégué surrois
Boch, un nom. prédestiné. Le rapporteur
Caclamanos, un neutre, a eu le bon esprit
de laisser tomber la protestation du Boche
et de donner quitus à la commission. Il
en advient à peu près de même des pro-
testations allemandes contre l'attribution
définitive à la Belgique d'Eupen et Mal-
médy.. Louis BRESSE.
1
* La neuvième session
La neuvième session du conseil de la So-
ciété des Nations a été close hier matin par.
une séance publique tenue au Petit-Luxem-
bourg, sous la présidence de M. Léon Bour-
geois Le. délégué français avait à sa droite
MM. Fisher (Empire britannique), Matsui
(Japon), da Cunlia (Brésil), Caclamanos
(Grèce) ; à sa gauche, M. Hymans (Belgi-
que), Quinones de Léon (Espagne), Ferra-
ris Italie), et Mounet, secretaire général
adjoint de la Société des Nations.
A la table du conseil, en face de M. Léon
Bourgeois, avaient pris place exceptionnel-
leinemt, en raison de l'examen de la question
des lies. Aland qui venait en tète de l'oi-dro
du jour, MM. Enckell, représentant la Fin-
lande, et Brantmg, président du Conseil des
ministres de Suède.
M. Léon-Bourgeois a ouvert la séance par
une brève allocution. « Nous n'en sommes
plus, a-t-il dit, à la période des discours,
mais à la période des actes successifs, ré-
pétés et méthodiquement enchaînés. » Il a
remercié le gouvernement espagnol dr, soitt
apporté à la préparation de cette neuvième
session du conseil de la Société des Nations
à l'ordre idu jour de laquelle sont utiscritea
des affaires d'une importance internationale
considérable Et, d'autre part, il a exprimé
les regrets qu'emiporte M. Matsui, ap.pelé
par le gouvernement japonais à d'autres
ionctions.
» -
Le conflit polono-lithuanien
La principale question à l'ordre du jour
est celle du différend antre la Lithuanie et
la Pologne. M. Paderewski, représentant la
Pologne, et M. Voldemar, représentant la
Lithuapie, sont invités à prendre place à la
table du conseil.
M. Hymans, rapporteur, rappelle com-
ment le gouvernement polonais saisit, le 5
septembre, le conseil de la Société des Na*
tions d'une demande d'intervention en vue
de prévenir la guerre antre la Pologne et
la Lithuanie.
Au cours des discussions qui ont eu lieu
devant le conseil, le représentant de la Po-
logne a été amené à préciser que le o.angeT
de guerre résultait, suivant l'avis de soit
gouivernement, de la présence de troupes
lithuaniennes à l'ouest -de da limite assignée
provisoirement à la Pologne par la décla-
ration du Conseil Suprême datée du 8 dé-
cembre 1919. Le représentant de la Lithua-
nie a fait observer de son côté que la décla-
ration du Conseil Suprême du 8 décembre
tKUO. à supposer qu'elle eût la portée que
lui donnait le gouvernement polonais, était
juridiquement dépourvue de caractère obli-
gatoire vis-à-vis du gouvernement lithua-
nien ; qu'au surplus, en vertu d'un traité
de paix conclu par son gouvernement le 12
j.uiUct 1920 avec le gouvernement des So-
viets. un autre tracé avait été partiellement
arrêté comme frontière de la Lithuanie, tra-
cé Gui devait être complété, aux termes du
traité, suivant accord à intervenir entre la
Pologne et la Lithuanien
La neutralité de la Lithuanie
On ne demande pas au conseil, dit M.
Hymans, une solution définitive de ce diffé-
rend, non plus que des autres questions liti-
gieuses actuellement pendantes entre la Po-
logne et la LithuaDie. Une conférence .s'est ou-
verte à Kelwarya, entre les représentants des
deux Etats. Il est à espérer que des négacif
tions directes aboutiront à la conclusion de
la paix sur des bases 'définitives. Mais l'inter-
vention immédiate du conseil apparaît comme
nécessaire, m vue de faire adopter par les
Etats intéressés, lithuanien et polonais, à titrât
provisoire et sous réserve de tous leurs droits,
une ligne de démarcation des zones d'oqcupa-
tion.
Dans sa recherche d'une sdlutim, le OOIIlsejf
est foncé de prendre en considération une cin
constance d'une tapcwtance capitale : rital
de guerre existant entre la Pologpe et Je gom.
vernement des Soviets. Le conseil a été in-
formé par ies représentants de Lithuanie et
de Pologne qu'une partie de la Lithuanie, zone
de Grodno et Lida, est actuellement encore
occupée par des troupes bolchevistes.
Cette circonstance domine le problème, car
i: est bien difficile qu'une ligne de démarcation
provisoire quelconque soit adoptée entre la
itlhuanie et la Pologne, tant que le territoire
de la Lithuanie est partiellement occupé par
des troupes bolchevistes en guerre avec ",a
Pologne. Cette occupation permet difficilement
à 'la Lithuanie de (refuser à la Pologne la fa-
tuité d'utiliser militaireimient le temtoiire i-
thuanien. Il est évident que si la neutralité du
territoire lithuanien n'affit pas également ras--
pectée par les belligérants bolchevistes et po..
lonais, toute démarcation provisoire entre Li-
thuanie, et Pologne devient inopérante.
Ce respect de la neutralité de la Lithuanie
est dams les vœux du peuple lithuanien. Il me
(paraît également conforme ô l'intérêt de la
paix ,générale en Europe que le conseil s'effor-
ce d'assurer, et je ne crois pas, d'autre part, ;
qu'il soit de nature à léser les intérêts légiti-
mes des beLligérants. < 1
Nous savons à ce sujet, par une déclaration
du représentant de la Lithuanie, que le gouver-
nement des Sorviets s'est déclaré prêt, aux ter-
mes d'un télégramme émanant de M. Tchitche-
rine, en date du 5 septembre, à évacuer tout
fie territoire de la Lithuanie, si le gouverne-
ment lithuanien peut rga'ooIbti-r le i respect de
cette neutralité par la Pologne.
Les propositions du Conseil ,
En conséquence, le Rapporteur propose au
conseil, oui l'adopte à l'unanimité, la réso-
lution suivante, également approuvée par
les représentants de la Pologne et de tu
Lithuanie :
Le conseil de la Société des nations, apprml-
vant le rapport du représentant de la Belgi-
que :
a) Considérant que la cessation immédiate
des hostilités est la condition indispensable de
toute intervention utile dit conseil de la Société
des nations, adresse le plus pressaitt appel aux
gouvernements lithuanien et polonais afin qu'ils
prennent d'urgence les mesures nécessaires
pour empêcher tout acte d'hostilité entre leurs
troupes ;
b) Propose aux gouvernements de Lithuanie
et de Pologne de prendre les engagements ré-
ciproques ci-après :
1* Le gouvernement lithuanien adopte com-
me ligne de démarcation proviSoire, sous ré-
serve de tous ses droits territoriaux, et en al-
tendant le- résultat des négociations directes
avec. la Polo fine, le tracé arrêté par le conseil
suprême des alliés dans sa déclaration du 8
décembre J019, et s'engagc à retirer ses trou-
pes du territoire sftué à l'ouest de cette ligne l.
2* Le gouvernement de la Pologne prend
l'engagement, sous réserve' de ions ses droits
territoriaux, de respecter, au cours de la guer-
re qui sévit actuellement entre la Pologne et
le gouvernèmerii des Soviets, la neutralité du
territoire occupé par la Lithuanie à l'est de
la ligne de démarcation spécifiée d-des. Ils à
condition que le respceJ de cette neutralité soit
obtenu également des autorités soviétiques par
la Lithuanie.
c) Offre aux gouvernements lithuanien, et
polonais, au cas où ils acceptent le présent ar-
rangement provisoire, de Résigner une com-
mission chargée de veiller sur place à la
stricte observation, par les parties intéressées,
des obligations résultant pour elles de celte
convention ;
d) Çhargc son président de désigner des re-
présentants pour recevoir les réponses des
gouvernements lithuanien et polonais, leur
continuer l'assistance prêtée par le conseil,
procéder éventuellement, à la désignation de la
commission prévue par les présentes résolu.
lions et faire un rapport au conseil à sa pro-,
chaine session.
Discours du délégué lithuanien
A ce moment, le délégué lithuanien de-
mande la parole. M. Voldemar s'exprime en
français. Après avoir remercié la Société
des Nations de son intervention en vue de
régler le différend litlmano-polonais, et par-
ticulièrement M. Léon bourgeois, arbitre
impartial et apôtee de la solidarité inter-
natiotnale en vue de la paix, il ajoute :
Au moment où vous avez été saisi du diffé.
rend, la guerre paraissait inévitable. Actuelle
ment, à tla suite do vos pressantes exhorta-
tions, j'emporte le ferme espoir que le gouver-
nement de la Pologne et le mien sauront Úvi-"
ter toutes hostilités, en attendant l'application
du présent règlement. Je puis vous donner l'as-
surance que mon gouvernement n'épargnera
rien pour atteindre ce résultat.
Toute la nation lithuanienne, qui aspire à la
(paix, verra un bon augure dans le fait que le
représentant de l'héroïque Belgique fut rappor-
teur dans sa cause, oer la Lithuanie, elle
aussi, a inscrit dans le premier traité interna-
tional qu'elle a passé a,près la résurrection, à
la nouvelle vie indépendante, son aspiration à
la neutralité permanente. '>
Discours de M. Paderewski
M. Paderewski s'associe aux paroles qui
viennent d'être prononcées, dit-il. « par mon
collègue et non adversaire, car le conflit *
n'existe plus, je l'espère. » Et il ajoute :
Parmi les telles et nobles tâches* que la So-
ciété des mations s'est imposées, se trouve, celle
de mettre îles petites nations à l'abri dè l'a-
gression des grands Etats. Or, la Pologne est
peut-être tirop petite pour un 'grand Etat, niais
elle est 'beaucoup trop grande pour une petite
nati-om. Son cas est singulier.
Par suite de circonstances fâcheuses et re-
•grettaibles, s'élant trouvée en conllit. aveo 'a
Lithuanie, une nation sœur, sœur cadette plu-
tôt, la Pologne a estimé qu'il était de son dp-
voir, non seulement d'éviter la guerre, mais de
faire un bon exemple. Aussi, le ()I"Verrwnll'll.t
polonais s'est-il adressé à la Société des na*
tions pour solliciter «on intervention j)Ut"')!a-
trice. 11 -se folicite aujourd'hui et il est heureux
de constater que vous avez bien voulu acquies-
cer si gracieusement à sa demande et lui don-
mer une solution prompte et équitable.
J'ai télégraiphié hier soir à mon gouverne-
ment le texte de la résolution adoptée cl je
suis -sûr qu'il p-rendra toutes les mesures né-
cessaircs afin d'exécuter les propositions que
le conseil de la Société des nations a bien vou-
lu formuler. Al. le délégué de la Lithuanie,
mon honoré collègue, qui a déployé pendant
les débats toutes les telles qualités de sa r:u',
si pleine de sève, si malheureuse, si-loyale. >t
intelligente et si ten/tee, a fait une démarche
analogue, j'en suis onvamcu, et je ne doute
pas qu'elle n'atteigne le même OOsult.uL Nous
n'avons donc, monsieur le délégué, qu'à nous
féliciter tous les deux de cette 'heureuse solu-
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