Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-09-20
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 septembre 1920 20 septembre 1920
Description : 1920/09/20 (N18181). 1920/09/20 (N18181).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
7
t» JOUR COWLPLEMENTAÎRE, AN 128. — N^18.i81, MBumôMsQUBMZËCBNTÎMES '--- ., -..- LUNDI 20 SEPTEMBRE 1920. - N° 18.181.
Fondateurs (1869)»
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE
Gambetta et la Constitution
><■»«» < — 1 1 11
On transportera au Pan-
théon le cœur de Gambetta,
ce grand cœur qui battait
pour la France et la Répu-
blique. Nous devons à l'il-
lustre homme d'Etat le vote
de la Constitution et la pre-
mière proposition de revisioin. Nous lui
exprimerons notre reconnaissance et
nous montrerons aux républicains timo-
rés la nécessité de reviser en leur expo-
sant comment le tribun a rempli sa ta-
DIH*
En février 1875, les circonstances sont
tragiques. Le sort de la République va se
décider. L'Assemblée nationale est appe-
lée à se prononcer, sur le projet de Cons-
titution élaboré par la commission réac-
tionlnaire des Trente.
L'article premier du projet des Trente
stipulait :
<( Article premier. — Le Sénat est
composé : 1° de sénateurs de droit ;
2° de sénateurs nommés par décret du
président de la République ; 3° de séna-
teurs nommés par les départements et
les colonies. »
Les deux premières catégories étaient
inamovibles. Les sénateurs de droit
étaient des maréchaux, amiraux et car-
dinaux, etc. La troisième catégorie fai-
sait élire les sénateurs par les délégués
des conseils municipaux, à raison de un
délégué par conseil municipal quelle que
fut l'importance de la commune. Paris
avec deux millions d'habitants avait un
seul délégué comme Orly avec deux
cents habitaints.
Ce sont ces incroyables dispositions
qu'il fallait ratifier. Après le vote de
l'amendement Delsol, l'Assemblée natio-
nale décide, pa,r 508 voix contre 174,
de passer à une deuxième délibération
sur le projet de la commission des
Trente.
flt¡/lJ ©
Cette deuxième délibération a lieu le
11 février. C'est ici que se produit l'in-
cident émouvant qui tint en suspens les
des H nées du pays.
Pour donner une satisfaction de prin-
cipe aux républicains qui rechignaient
au vote du projet de la commission et
pour séparer des monarchistes les bona-
partistes qui formaient l'appoint de la
majorité réactionnaire de l'Assemblée
nationale, M. Pascal Duprat soutient cet
amendement : « Le Sénat est électif. Il
rst nommé par les mêmes électeurs que
la Chambre des députés. » L'amende-
ment est adopté par 322 voix contre 310
sur 632 votants.
Les républicains de toutes nuances
avaient voté pour, ainsi que le bloc des
bonapartistes, Rouher en tête.
L'émotion fut énorme. Le lendemain,
M. Antonin Lcfèvre-Pontalis, au nom de
la commission 4/es Trente, et le général
de Cissey, vice-président du conseil, mi-
nistre de la guerre, au nom du gouverne-
ment, déclarent ne pas continuer à pren-
dre part à la seconde délibération.
L'Assemblée, consultée sur le passage
i à une troisième délibération, décide,
par 368 voix contre 345 sur 713 votants,
de ne pas passer à une troisième délibé-
ration. Les bonapartistes avaient, cette
fois, changé de tactique et voté avec les
royalistes.
© ® ®
v L'édifice constitutionnel était par
terre et l'on voyait poindre la proposi-
tion Méplain qui organisait la dictature
militaire en concédant à Mac-Mahon le
droit de veto et de dissolution. Les répu-
blicains comprirent le danger et leur
courage seconda leur clairvoyance. Dans
son curieux ouvrage : De Bordeaux à
Fersailles, Ranc a raconté comment
Gambetta sauva la situation. I.e grand
tribun se montra un incomparable tacti-
cien.
Le-duc d'Audiffred-Pasquier, M. Boelier
et quelques orléanistes de marque qui
avaient en horreur le bonapartisme et
redoutaient de faire son jeu. décidèrent
Mac-Mahon à accepter la nomination
des sénateurs inamovibles par l'Assem-
blée nationale. On convoque alors les
groupes de gauche. Il s'agissait de leur
faire adopter le projet Wallon tel qu'il
est sorti des débats.
Le centre gauche s'y rallie aisément,
la gauche républicaine plus diffietk-
ment. Restait à obtenir l'adhésion indis-
pensable de l'extrême gauche. Ranc a
fait de cette séance historique ce récit
saisissant :
« Adversaires et partisans des tran-
sactions proposées sentaient que le sort
même de la République était en jeu.Gam-
betta enleva le vote dans une allocution
(fui toucha jusqu'à ses contradicteurs.
On raconte qu'à ces dernières paroles
]'émotion des auditeurs était extrême,
émotion qui gagna jusqu'aux délégués
du centre gauche et du groupe Laver-
gne qui assistaient à la réunion. Nul
spectacle plus grand, en effet, que celui
de ces républicains ardents, convaincus,
qui abandonnaient les traditions de leur
parti pour accomplir un devoir, pour
sauver la République en péril ! »
En répondant à l'appel de Gambetta
et en votant la Constitution malgré ses
tares, les républicains de 1875 ont sauvé
la République. C'est aux républicains de
1920 de lui donner une Constitution dé-
mocratique et d'opérer une revision
comme Gambetta, président du conseil,
en a fait la proposition.
J.-L. BONNET, -
Président de ta Fédération radicaït
et radicale-socialiste de la Seine.
EDITORIAL
- -
Images de chez nous
Un clair dimanche de
septembre le soleil adouci
par les rigueurs de l'été ;
dans les vallonnements de
la lJlain., la grande nappe
verte des luzernes 7) priées
par la rosée du matin. n'-"_-- c-.----
La route traverse des villages et des
bourgs dont les noms évoquent la vieille
France. Saint-Brice-sous-Forêt, le Mes-
nil-Aubry, Mareil-en-France, Luzarches :
on dirait des appels de coqs gaulois
dans l'aube utyonnante.
Dans son cadre de forêts, Chantilly
ëtale la splendide ordonnance de sa ma-
jeslté.
L'harmonie des lignes « à la françai-
se » a tracé ses allées, ses charrmilles,
ses quinconces, ses pelouses, ses parter-
res et ses étangs.
A flanc de coteau, un bouquet de
fleurs posé à l'orée des bois : Vineuil-
saint-Firmin, où le Beauvoîsis incline
vers le Vallois.
Et voici Senlis, aux mes, paisibles,
aux vieilles demeures provinciales, cein-
turée de remparts, enlacée pai le cours
élégant de la Nonette, qui chante sur ses
cailloux b'tillants les vieilles chansons du
passe.
Les pas rêtohnent sur les pavés iné-
gaux, où passa le carrosse Ide Mgr de
Chamillarcl et les équipages de chasse
du « bon roi Henri ».
Entre les grands sycomores 'dord les
branches s'enlacent et mêlent leurs nids
abandonnés, les bancs de piètre offrent
leur mousse aux derniers rayons du so-
leil automnal.
Dans l'air limpide, les cloches des
'églises et des monastères tintent avec
leurs aiccents d'autrefois. Leurs voix
mélancoliques se répondent au-dessus
des vieilles maisons aux tuiles sombres,
où de vieilles choses et de vieilles gens
ont passé, au fil éternel des jours. 1
Partout, la sérénité des pierres an-
ciennes. Dans les rues qui dévalent, les
maisons tantôt de guingois, tantôt no-
blement alignées, offrent leurs balustra-
des, leurs balcons forgés, leurs portails
de chêne où se rive le bronze du heur-
toir et leurs vitres troubles et veréâtres
derrière quoi tant de visages disparus
ont guetté des amours et des espoirs et
-vu arriver les peines.
Soudain, au détour d'une ruelle, où
des viornes rougeoyantes s'accrochent
au grès d'un portique : une vision d'hor-
reur.
La trace de la guerre, l'empreinte im-
monde du Boche: la souillure, le rava-
ge, l'incendie, l'anéantissement de toute
une cité de beauté.
Monuments et maisons effondrés ca-
chent sous leurs décombres des sculptu-
res vénérables, léchées par les flammqs,
des meubles précieux, des 'étoffes rares,
des œuvres d'art délicates mutilées,
merveilles que Vart et le goût de nos an-
cêtres avaient serties, assemblées, et que.
le temps lui-même n'avait pas osé attela
dre de ses morsures.
Le crépuscule venait envelopper de
son suaire de mélancolie ces vestiges
d'un passé majestueux et doux, qui ex-
primaient l'âme de notre race.
Sur le chemin du retourdans une
clairière, ce fut l'alignement funèbre de
mille petites croix de bois noir qui lit-
lonnaient le champ de martyre de nos
vainqueurs de VOurcq.
Leurs corps, retournés à la terre rdes
aïeux, ont formé là le rempart sacré où
se brisa le flot des barbares. < 1
Et toutes ces stèles du souvenir sem-
blaient se dresser dans la n'làt tombante
pour nous rappeler le devoir de ne pas
oublier. trop tôt !
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
En Passant
La soif de l'or
Autrefois, dans les familles bourgeoises, j
même de fortune modeste, on n'aimait pas
voir les jeunes filles travailler pour gagner
leur vie; il semblait que ce fût un déshon-
neur. La femme devait rester au foyer.
Aujourd'hui, c'est tout le contraire : il
faut que tout le monde travaille, car on a,
plus que jamais, besoin d'argent!. Toutes
les jeunes filles ont aujourd'hui une profes-
sion — même dans les familles fortunées.
Cela serait certainement un bien — parce
qu'il est toujours beau de travailler. Mais
pourquoi cette soif du lucre qui est vraiment
le fond de ce mouvement?
Car ce n'est pas par amour de l'art que
telle jeune personne cultive sa 'Voix. Non!
C'est pour arriver à gagner beaucoup d'ar-
gent!. Elle a peut-être « un million dans le
gosier » !. -
Ce n'est pas parce qu'on reconnaît à Mlle
X. un cerveau spécialement doué pour les
études scientifiques qu'on veut en faire un
chimiste. Non! C'est parce que ses parents
ont l'idée qu'on peut se faire une « très belle
situation » dans cette branche!
Et l'on passe des examens, et l'on pioche
comme quatre les sciences arides. pour
l'amour de l'or, tout simplement. 1
i On sera riche!. On aura des bonnes pour
faire la cuisine, pour soigner la maison,
pour élever les enfants!
Et, d'abord, on n'aura pas tant d'enfants
que ça !. On n'a pas le temps d'avoir des
mioches !. Il faut d'abord gagner de l'ar-
gent! beaucoup d'argent!!.
.Hélas! pour quoi donc faire?. Quelle est
donc cette soif inextinguible de richesse qui
tient en ce moment notre pauvre monde?.
Chacun veut être plus riche que son frère !
Et jamais le démon de la vanité ne nous
a tellement possédés !
C'est pourtant si bon de travailler sans
hâte, d'étudier sans fatigue, de jouir des
attraits de la vie sans courir la foire aux
vanités!. C'est si bon d'avoir des loisirs
pour méditer sur toutes choses, pour contem-
pler ce qui est beau, pour se reposer agréa-
blement et surtout pour se délecter parmi
les douceurs de la vie familiale!. C'est si
bon de pouvoir profiter, sans orgueil aucun,
du bien-être créé pour tous ceux que nous
aimons par nos mains laborieuses, habiles,
mais nullement cupidesl.
Il n'y a vraiment pas besoin de tant d'or
pour être heureux! Gab.
Autrefois
Mystificateurs
A l'époque où l'on voyageait en 'dili-
gence, le peintre Carie Vernet. rencontra
dans le coche un gros petit bourgeois dont
il se promit de s'amteer.
A la première, côte où l'on descendit
pour soulager les chevaux, Vartiste entre-
prit son compagnon de route :
— Tenez ! Je saule ce tossé, faites-en au-
tant.
Et comme l'autre se récusait :
— Je vous parie un diner que vgxts ne
sautez pas.
Le petit gros prit son élan et avec mille
efforts franchit le fostfé.
Un peu plus loin, nouveau fossé, plus
large ; nouveau pari, nouvelle réussite du
bourgeois.
A la fin de la journée le peintre, de fossé
en lossé, avait perdu cinq dîners.
— Ecoutez, lui dit alors le bourgeois :
une politesse en vaut une autre ; vous me
devez cinq diners, acceptez cinq placeS
pour mes prochains débuts.
— Vos débuts ? Qui étes-vous donc ?
— Je suis clown au cirque Franconi.
@ @)
Aujourd'hui
On ne fume pas à l'intérieur
Nous avons assez protesté contre la
négligence des receveurs de tramways et
d'autobus qui, en dépit des règlements for-
mels, laissent complaisamment fumer dans
leurs voitures certains voyageurs goujats,
pour ne pas marquer un bon point à ceux
de ces employés qui exécutent leur consi-
gne.
Inscrivons donc au livre d'or le préposé
à la recette d'une voiture Pigalle-llalle
aux Vins — grand barbu, frisant la cin-
quantaine — qui, hier, ayant très poli-
ment prié un voyageur de VinVériewr de
jeter sa cigarette et celui-ci taisant la
sourde oreille, lui dit, sans se fd'cher mais
d'un ton sans réplique ;
— Monsieur, je vous ai rappelé qu'il est
interdit de fumer ici. Vous avez le
choix : éteindre ou aller fumer sur la
plate-forme. Sinon je vous dépose sur la
voie pub!ique.
L'antre obtempéra sans piper (c'était
d'ailleurs une cigarette). Mais le cu-
rieux est que la plupart des occupants de
Vautobus parurent trouver excessif le zèle
de ce receveur qui ne faisait que son de-
voir, et cela dans leur intérêt commun.
Nous sommes décidément;L.!.,JJ. drôle de
peuple.
Les mystères du Midi
Il se passe dans le Midi des choses vrai-
ment troublantes :
A Larrossore (raconte la Liberté du Sud-
Oucsl) les deux lïéres A., vivant à la maison
Mandochoinea, sont ino-rts dans La journée de
samedi, à la suite d'atroces so-uitrances. lis
venaient ds manger, a avoué l'un des décédés,
une poule malade, le dimanche .précédent. No-
tre distingué et zélé maire, M. Diesse, a voulu
se renseigner. Aussi a-t-il ordonné l'autopsie
des malades, ce qui a été fait par le Eympa-
thique docteur Jacquwin, do l'hôpital militaire.
A Bize (imprimerie Petit Méridional), le jCiune
ELienne Dat, 17 ans, conduisait une èharrette
attelée do deux chevaux, lorsque l'un de ceux-
ci le frappa d'un violent coup, qe pied, qui de-
vait étre mortel. Relevé en toute hâte et trans-
porté à son domicile, il put être rappelé à la
vie.
Les obsèques eurent lieu vendredi matin.
Ainsi, tandis qu'à Larrcssore on autop-
sie des malades sous prétexte qu'ils avouent
être dôcédés, à Bize on enterre des morts
quoiqu'ils aient été rappelés à la vie !
Dans quels temps vivons-nous ?.
Le Tapiju
Le ïfDll fle captrôle de la presse
L'un de nos confrères républicains de
province, le Petit Haut-Marnais, qui s'im-
prime à Chaumont, soutient en ce mo-
ment une polémique contre M. Dessin, dé-
puté de la Haute-Mame, qui mérite quel-
ques commentaires.
Il ne s'agit rien moins que de savoir
qui, du journal ou du député, contrôlera
l'autre.
Le Petit Haut-Marnais revendique un
droit de critique sur tous les votes et tous
les actes du député. 1
S'il en est ainsi, riposte le député piqué
au vif, j'exercerai mon droit de répondre
dans vos colonnes chaque fois qu'il sera
question de moi.
Nous n'avons pas à nous immiscer dans
cette polémique locale. Nous n'envisa-
geons ici que la liberté de critique de la
presse sur les élus de la nation. Assuré-
ment, M. Dessin peut user, comme tout,
citoyen français, du droit de réponse, mais
pourquoi ne pas s'accommoder gentiment
des mœurs en usage dans le monde politi-
que ? v
M. Dessin peut d'autant moins se fâ-
cher que la presse contrôle ses votes
qu'issu de l'Action libérale il se déclare
aujourd'hui républicain sans avoir perdu
la confiance du clan réactionnaire !
Il est de ceux qui excommunient les ra-
dicaux tous les jours mais qui se refu-
sent — et pour cause — à dire où finit leur
majorité républicaine. de droite !
Où finit-elle ? Sans doute à l'extrême-
droite de la droite. Elle ne saurait évi-
demment aller au delà.
Notre confrère déclare qu'il n'entend
point baisser pavillon devant l'irritable dé-
puté. Notre confrère a raison.
C'est le droit de l'électeur qu'il protège
en défendant le droit de la presse.
Comment écrire un journal si les neuf
cents botes du Palais-Bourbon et du
Luxembourg se mettaient à imiter M.
Dessin dans ses. desseins ?
■ —————
C'est bien dijjicile assurément
de ne pas faire de bêtises
Il y avait, au camp de Montoire, une ins-
tallation admirable, laite par les Américains,
pour drainer l'eau des marécages et assé-
cher le sôl. Nos alliés avaient posé des ca-
nalisations et des tuyaux de conduite pré-
cieux. L'administration des stocks a. com-
mencé la liquidation du camp en vendant
ces matériaux indispensables là où ils
étaient !
Résultat : le camp de Mointoire est sous
l'eau et les marchandises, accumulées y
pourrissent.
Il y a.vait, dans la Marne, cinq chemins de
fer à voie étroite qu'i avaient été créés poM
les besoins de l'année. Les premiers furent
dûs à l'intelligence volontaire du général
J.-B. Dumas, l'un des chefs les pluscompré-
hensifs. que nous ayons vu et qui vit, l'un-
des premiers, qu'il fallait appliquer la
science et l'industrie à la bataille.
Le département de la Marne voudrait les
acheter. Mais il est pauvre. On va lies ven.
dre au plus offrant et dernier enchérisseur.
Or ils sont indispensables sur place.
Mais le sous-secrétariat des stocks veut
faire une bonne affaire pour l'Etat. Il re.
fuse donc de laisser les chemins de fer de
la Marne à un prix inférieur à celui qui lui
est proposé ailleurs.
Brest, qui sera un grand port transatlan-
tique et qui l'était, pendant la guerre, man-
quait de canalisations d'caux douces. A
grands frais nos alliés étoiles en installè-
rent.
La ville de Brest et la Chambre de com-
merce voudraient les acheter.
Les stocks prétendent que le prix offert
est insuffisant et affirment qu'au poids seul
de la ferraille ils en tireraient plus d'ar-
gent.
De sorte que les installations risquent d'ê-
tre anéanties.
Demain elles coûteront fort cher si on
veut les rééditer.
En. l'occurrence l'administration fait pour
le mieux, évidemment. On. lui a reproché
avec raison de se laisser gruger par cer-
tains mercantis. La voici qui tient la dra-
gée haute et, au lieu de la féliciter, on la
blâme. C'est vraiment pas banal.
Il est des cas, évidemment, où des solu-
tions devraient être prévues pOIurménager
les intérêts de i'Etat et ceux des institu-
tions organiques de la France. Pourquor,
dans les chemins de fer vicinaux de la Mar-
ne,l'Etat n'aurait-il pas un intérêt et un droit
de contrôle ? Dans l'affaire des eaux du port
de Brest en plus de la somme fixe, offerœ
par la Chambre de commerce, pourquoi une
subvention annuelle ne serait-elle pas exi-
gée ?
Il paraît que ce ne sont pas là des mé-
thodes financièrie,s pour un Etat. Voilà une
étrange conception. Vaut-il mieux livrer a
la mercante un outillage précieux et qui
sera moins utile qu'il ne l'est sur place ?
M. Emmanuel Brousse est un esprit pra-
tique. Il a du bon sens. Il n'hésitera pas à
donner des ordres pour qu'on ne fasse pas
certaines opérations fructueuses en 'appa-
rence, mais qui, en réalité, coûteraient fort
cher au public.
——————————— —
f
Et le pétrole français ?
Vous vous souvenez qu'um geyser, brus-
quement, surgit on Limagne. Il projeta vers
les ci eux une source de -deux tonnes, du bi-
tame, du pétrole' et des eaux alcalines.
Il y a ià du pétrole.
A Vesse. près de Vichy, un flot de bitu-
me grimpe à six mètres de haut pendant
trois jours.
A Vais, dans l'Ardèche. il sautait è. quinze
mètres toutes les trois heures.
Voilà du pétrole.
Pourquoi ne poursuivrait-on pas les ira.,
cherches, d'arrache-pied, afin d'assurer à la
France
cherches, l'indépendance économique à la-
quelle elle a quelques droits ?
AVANT LE CONGRÈSf
♦ —— V
1 Lacandidature Millerand s'affirme
—————————— ).+D ( ——————————
LES DERNIÈRES IMPRESSIONS. - LES VISITES t VERSAILLES
— ——————
fit
M. Milleraigd, président du Conseil. a reçu
hier, à Versailles, un certain nombre d'hom-
mes politiques qui l'ont prié d'accepter la
candidature à la présidence de la Hépubli-
que.
Le président du Conseil n'a pas donné de
réponse définitive, mais il s'est, montré très
ému des sympathies qui se manifestent.
Aussi bien, les partisans de la candida-
ture Millerand s'atlirment chaque jour plus
nombreux et il est notoire que l'espoir gran-
dit en eux de voir; le président au Conseil
céder aux instances dont il est l'objet. Aussi
.prévoit-on que mardi prochain, à la séance
de la Chambre, quand il aura donné lecture
de la lettre de démission de M. Paul Des-
ohaneJ. die telles acclamations iront à lui
qu'il lui sera difficile de ne pas déférer aux
vœux de l'assemblée. On prévoit de même
qu'à l'issue de cette séance une imposante
délégation de la plupart des groupes parle-
mentaires, se faisant l'interprète de ces
vœux, saura trouver les paroles propres à
moidiifier sa décision et qu'enfin le lende-
main, au Sénat, dans les conférences prépa-
ratoires du congrès, le nombre des siuilra-
ges qui se porteront sur son inom serait tel
qu'il ne pourrait décliner l'honneur qui lui
est fait.
Il serait cependant nécessaire, pour évi-
ter les compétitions et les manœuvres de
couiloirs, que la candidature Millerand suit
nettement posée dès aujourd'hui
M. Raoul Péret. qui a passé la journée à
Poitiers, est rentré à Paris hier au soir, à
10 h. 35. 11 est probable qu'il conférera au-
jourd'hui avec M. Millerand.
Diverses personnalités politiques ont éga-
lement regagné hier la capitale.
Notre ami Herriot est arrivé de Prague à
onze heures du matin.
M. Georges Leygues a vu quelques-uns
de ses amis et le bruit courait qu'il aurait
eu une conférence avec MM. Tardieu, Lou-
ciheur, Klotz, qui lui auraient proposé la
candidature à la présidence idIe la Républi-
que.
M. Aristide Briand est arrivé dans la ma-
tinée, avenue Kléber, à son domocile.
On ne parle plus de la candidature Ide M.
Jonnart.
La réunion des groupes
L'activité politique sera grande aujour-
d'hui au Palais-Bo-urbon et au Luxembourg.
C'est le Sénat qui semble uromettre le
plus d'intérêt. Bon nombre de sénateurs
semblent émus à l'idée que pour la seconde
fois et consécutivement l'élu du congrès ne
parait pas devoir sortir des a-angs de la
haute assemblée. Un peu de mélancolie ac-
compagne la constatation de l'abandon
d'une tradition obère aux pères conscrits.
Le groupe (politique présidé par notre ami
M. Gaston Doumergue est convoqué pour
mardi, après une réuniop. de son comité di-
recteur, qui aura lieu aujourd'hui même. Le
bureau d'u groupe des libéraux se réunira
aussi cet après-midi pour examiner la situa-
tion. JI est à noter que c'est au sein de ce
.groupe que les plus grandes objections con-
tre la candidature de M. Jonnart ont été
soulevées.
N A la Chambre, le groupe du parti radical
se réunira mardi, à 10 heures du matin, au
61 bureau, sous la présidence de M. Renard.
Le groupe Arago (Entente démocratique),
mardi, à 10 heures et demie du matin, au
8e bureau.
Le groupe Gailhard-Bancel (Indépendants),
mardi, à 4 heures, au 6° bureau.
La transmission des pouvoirs
La cérémonie de la transmission des pou-
voirs, qui a lieu généralement le lomlemain
de l'élection présidentielle quand la vacance
de l'Elysée se produit par suite de dérnis-
sion, ou un mois après, quand l'élection sè,
produit à l'expiration normale des pouvois
du président, n'aura pas lieucette année.
Le successeur de M. Paul Deschainel se
rendrait simplement à Râmibouillet et ferait
une visite de déférence au président démis-
sionnaire avant de prendre possession de
l'Elysée.
En 1895. lors de la d'émission de M. Casi-
mir-Perier. en pleine crise ministérielle, au
lendemain de la démission du cabinet Du-
puy, M. Félix Faure, élu le 15 janvier à Ver-
•
sailles, reçut des mains de son prédéces-
seur démissionnaire le fardeau de la préSl
dence.
Les projets de M. Paul Deschanet
L'état de santé du président de la Répu-'
blique s'est amélioré depuis deux jours. M.
Paul Deschanel et sa famille ont exprimé
leur intention de quitter Rambouillet à la
fin d'e la semaine prochaine pour se rendre
en Bretagne ; ils séjourneront quelque
temps au château de Ja Vallée, le domaine
que M. et Mme René Brice possèdent près
de Rennes. »
M. et Mme Deschanel ont décidé d'haibiter
Paris cet hiver pour ne pas imiter rompre les*
études de leurs enfants. Il est possible ce-
pendant que, vers la fin de l'année, M. Des-
chanel se rende sur la Côte d'Azur.
L'histoire de la chute du président de la
République dans le petit canal du parc de
Rambouillet est formellement démqntie.
Dans l'entourage du président de la Répu-
blique, on entoure ce démenti des précisions
suivantes :
1° Ce .prétendu accident serait postérieur de
plusieurs heures à la convoca/tiion des méde-
cins ;
20 La disposition de l'appartement présiden-
tiel, situé au deuxième étage du otiateau, est
telle qu'il est matériellement impossible à M.
Deschanel de sortir de sa chaxnlbre sans passer,
soit par celle 'de Mme Deschanel, soit par celle
de Mlle Desclhanel. En omire, chacune de ces
deux dernières chambres s'ouvre sur un cauf-
loir dans lequel se tient jour et niuit un homme
de garde ;
3° La hauteur de l'eau dans le canal à l'en-
droit où M. Deschanel serait tombé ne dépasse
gnère 50 centimètres ;
40 Il a été lait allusion à l'inquiétude mani-
festée lors du prétendu accident par les mem-
bres de la maison civile et militaire. Or, le pré-
sident n'avait avec lui aucun de ses coHaUo-
ratauirs ordinaires. Ceux-ci, qui habitaient Pa-
ris, i étaient remplacés -par le commandant
Granger, inspecteur, des eaux et forêts, dont
la demeure est située à 800 mètres du château.
Ce n'est que le lendemain de l'alerte que l'ami-
ral Grandcléroent vint s'installer à demeure
auprès de M. Paul Deschanel.
— 4
AU CHATEAU DE VERSAILLES
1 --
Les visiteurs se pressaient nombreux,
hier, au château de Versailles, pour visiter
cette fameuse salle clu congrès « qui ne sert
que tous les sept ans », dit le gardien avec
une inébranlable conviction.
Après l'élection du président Deschanel.
la pendule haut perchée, remontée cepen-
dant pour, 15 jours, s'est arrêtée,. le jour
même, à 10 h. 30, ce qui fut pour les gar-
diens et interprètes un signe de mauvais ,
augure. Dûment graissée, vérifiée -et remon-
tée. elle sera remise en marche le jour mê-
me du congrès, à 9 heures du matin.
Les voitures du garde-meuble national se
succèdent d'heure en heure, apportant ve-
lours, chaises, fauteuils et bancs, que l'on
met en place dans .les salles de commis-
sion, salons et vestibules. Les tables de la
buvette, nappées de linoléum blanc, encom-
brent la galerie des Bustes et semblent des
autels élevés aux gloires frrançaisea,
Naturellement, le conservateur du château
a abdiqué tous ses pouvoirs au profit des
deux questeurs de la Chambre et du Sénat.
Ici, c'est la questure du Sénat qui a les plus
graindes prérogatives. M. le ouesteur Lenail
habite son appartement de l'aile des minis-
tres. M. le questeur Vieu est arrivé à la res-
cousse et habitera dans ses appartements,
car — et ce que le public ignore — tous les
questeurs de la Chambre et du Sénat sont
logés au château de Versailles dans les bà
timents situés à gauche et à droite die la
cour d'honneur.
Non seulement les questeurs du Luxem.
bourg et du Palais-Bourbon- ont droit au
logement, mais aussi les secrétaires géné-
raux de la présidence des deux Ohambres.
ainsi que les secrétaires généraux des deux
questures. M. Pierre et M. Ducom, secré-
taires généraux de la Chambre, habitent
tous deux le château. - M. Pierre est logé
dans le pavillon de Provence. M. Hustin,
par contre, n'a jamais habité ses fepparte
ments de Versailles, toujours cepeiridant à
sa disposition.
Les doux Compagnons de tous devoirs
pour l'art parfait
ILS ONT FAIT HIER DE LA MUTUALITÉ
, L
Et ils veulent que le bonheur de tous vienne de l'enseignement complet des métiers
——— ———
- Tope, la coterie !
Et les cannes furent croisées sur le pavé
de la rue Chariot devant les badauds ac-
courus.
Elles étaient belles, ces cannes, longues,
avec un pommeau d'ivoire et d'argent,
chaussées et (bottées d'oq ciiselé, douce-
ment caressées par un serpentin de soie
glissante ou maintenues par le lerng lacet
noir que Salomon voulut léguer à Soubise
et à Jacques.
— Union, Vertu, Génie, Travail !
Mais tous étaient partants. Compagnons
de l'Union compagnonnique, passants de
maître Jacques, loups et gavots du Devoir
de Liberté, disciples de Salomon, bons
drilles de Soubise, décorés des cordons
aux couleurs des vertus, s'en furent en
cortège vers les Arts et Métiers.
Les. aspirants, modestes apprentis,
étaient doucement conseillés par les com-
pagnons qui sont les conservateurs du bel-
œuvre.
Les rouleurs marchaient en tête. Et le
cortège traditionnel fit au grand amphi-
théâtre des Arts et Métiers l'assemblée la
plus attentive et la plus enthousiaste.
La Conférence
Ils s'étageaient sur les gradins, loups,
gavots, Indiens, passants, bons drilles,
chiens et renards, tous disposés à mettre
en commun les écus de six livres pour
l'entretien des vieux, des malades, des
veuves et des orphelins.
Car ils n'étaient venus que pour celà.
Compagnon a bon cœur. « Compagnons
comme le dit Al. Aubrun, directeur de la
mutualité au Musée social, doivent mettre
en commun les risques d'existence et les
moyens de lutte contre lQs risques.
« Telle est la mutualité. »
Ils parlèrent tous, mus par lu. llltmt
pensée généreuse, et approuvés, soutenue
par les promesses de M. Dhommée qui rà
présentait M. Coupât, sous-secrétaire ab
sent. « Mieux vaut recourir aux saints
qu'à Dieu. » Dieu ne s'était pas dérangé.
Les bons compagnons
Il y avait là M. Boyer Ernest, qui ouvrit
la séance. Il y avait aussi M. Vcrdon, pré-
sident des Compagnons charpentiers de
Liberté de Paris, qui nous lut un merveil-
leux rapport de M. Guillon.
Il y avait aussi les bons compagnons :
Larouille, président des c. charpentiers
DD.:. ; Meistergheim, Dubois, POlllet. Ra-
biot, Bonnin, Bourseau, Girard, Ou ml
Omer, Vignaud. Héron. x
Mais tous étaient aussi bons et nous som-
mes obligés de vous le dire pour ne pas con-
tinuer notre énumération qui ne finirait pas.
M, Abel Boyer, que nous avons omis de
t» JOUR COWLPLEMENTAÎRE, AN 128. — N^18.i81, MBumôMsQUBMZËCBNTÎMES '--- ., -..- LUNDI 20 SEPTEMBRE 1920. - N° 18.181.
Fondateurs (1869)»
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE
Gambetta et la Constitution
><■»«» < — 1 1 11
On transportera au Pan-
théon le cœur de Gambetta,
ce grand cœur qui battait
pour la France et la Répu-
blique. Nous devons à l'il-
lustre homme d'Etat le vote
de la Constitution et la pre-
mière proposition de revisioin. Nous lui
exprimerons notre reconnaissance et
nous montrerons aux républicains timo-
rés la nécessité de reviser en leur expo-
sant comment le tribun a rempli sa ta-
DIH*
En février 1875, les circonstances sont
tragiques. Le sort de la République va se
décider. L'Assemblée nationale est appe-
lée à se prononcer, sur le projet de Cons-
titution élaboré par la commission réac-
tionlnaire des Trente.
L'article premier du projet des Trente
stipulait :
<( Article premier. — Le Sénat est
composé : 1° de sénateurs de droit ;
2° de sénateurs nommés par décret du
président de la République ; 3° de séna-
teurs nommés par les départements et
les colonies. »
Les deux premières catégories étaient
inamovibles. Les sénateurs de droit
étaient des maréchaux, amiraux et car-
dinaux, etc. La troisième catégorie fai-
sait élire les sénateurs par les délégués
des conseils municipaux, à raison de un
délégué par conseil municipal quelle que
fut l'importance de la commune. Paris
avec deux millions d'habitants avait un
seul délégué comme Orly avec deux
cents habitaints.
Ce sont ces incroyables dispositions
qu'il fallait ratifier. Après le vote de
l'amendement Delsol, l'Assemblée natio-
nale décide, pa,r 508 voix contre 174,
de passer à une deuxième délibération
sur le projet de la commission des
Trente.
flt¡/lJ ©
Cette deuxième délibération a lieu le
11 février. C'est ici que se produit l'in-
cident émouvant qui tint en suspens les
des H nées du pays.
Pour donner une satisfaction de prin-
cipe aux républicains qui rechignaient
au vote du projet de la commission et
pour séparer des monarchistes les bona-
partistes qui formaient l'appoint de la
majorité réactionnaire de l'Assemblée
nationale, M. Pascal Duprat soutient cet
amendement : « Le Sénat est électif. Il
rst nommé par les mêmes électeurs que
la Chambre des députés. » L'amende-
ment est adopté par 322 voix contre 310
sur 632 votants.
Les républicains de toutes nuances
avaient voté pour, ainsi que le bloc des
bonapartistes, Rouher en tête.
L'émotion fut énorme. Le lendemain,
M. Antonin Lcfèvre-Pontalis, au nom de
la commission 4/es Trente, et le général
de Cissey, vice-président du conseil, mi-
nistre de la guerre, au nom du gouverne-
ment, déclarent ne pas continuer à pren-
dre part à la seconde délibération.
L'Assemblée, consultée sur le passage
i à une troisième délibération, décide,
par 368 voix contre 345 sur 713 votants,
de ne pas passer à une troisième délibé-
ration. Les bonapartistes avaient, cette
fois, changé de tactique et voté avec les
royalistes.
© ® ®
v L'édifice constitutionnel était par
terre et l'on voyait poindre la proposi-
tion Méplain qui organisait la dictature
militaire en concédant à Mac-Mahon le
droit de veto et de dissolution. Les répu-
blicains comprirent le danger et leur
courage seconda leur clairvoyance. Dans
son curieux ouvrage : De Bordeaux à
Fersailles, Ranc a raconté comment
Gambetta sauva la situation. I.e grand
tribun se montra un incomparable tacti-
cien.
Le-duc d'Audiffred-Pasquier, M. Boelier
et quelques orléanistes de marque qui
avaient en horreur le bonapartisme et
redoutaient de faire son jeu. décidèrent
Mac-Mahon à accepter la nomination
des sénateurs inamovibles par l'Assem-
blée nationale. On convoque alors les
groupes de gauche. Il s'agissait de leur
faire adopter le projet Wallon tel qu'il
est sorti des débats.
Le centre gauche s'y rallie aisément,
la gauche républicaine plus diffietk-
ment. Restait à obtenir l'adhésion indis-
pensable de l'extrême gauche. Ranc a
fait de cette séance historique ce récit
saisissant :
« Adversaires et partisans des tran-
sactions proposées sentaient que le sort
même de la République était en jeu.Gam-
betta enleva le vote dans une allocution
(fui toucha jusqu'à ses contradicteurs.
On raconte qu'à ces dernières paroles
]'émotion des auditeurs était extrême,
émotion qui gagna jusqu'aux délégués
du centre gauche et du groupe Laver-
gne qui assistaient à la réunion. Nul
spectacle plus grand, en effet, que celui
de ces républicains ardents, convaincus,
qui abandonnaient les traditions de leur
parti pour accomplir un devoir, pour
sauver la République en péril ! »
En répondant à l'appel de Gambetta
et en votant la Constitution malgré ses
tares, les républicains de 1875 ont sauvé
la République. C'est aux républicains de
1920 de lui donner une Constitution dé-
mocratique et d'opérer une revision
comme Gambetta, président du conseil,
en a fait la proposition.
J.-L. BONNET, -
Président de ta Fédération radicaït
et radicale-socialiste de la Seine.
EDITORIAL
- -
Images de chez nous
Un clair dimanche de
septembre le soleil adouci
par les rigueurs de l'été ;
dans les vallonnements de
la lJlain., la grande nappe
verte des luzernes 7) priées
par la rosée du matin. n'-"_-- c-.----
La route traverse des villages et des
bourgs dont les noms évoquent la vieille
France. Saint-Brice-sous-Forêt, le Mes-
nil-Aubry, Mareil-en-France, Luzarches :
on dirait des appels de coqs gaulois
dans l'aube utyonnante.
Dans son cadre de forêts, Chantilly
ëtale la splendide ordonnance de sa ma-
jeslté.
L'harmonie des lignes « à la françai-
se » a tracé ses allées, ses charrmilles,
ses quinconces, ses pelouses, ses parter-
res et ses étangs.
A flanc de coteau, un bouquet de
fleurs posé à l'orée des bois : Vineuil-
saint-Firmin, où le Beauvoîsis incline
vers le Vallois.
Et voici Senlis, aux mes, paisibles,
aux vieilles demeures provinciales, cein-
turée de remparts, enlacée pai le cours
élégant de la Nonette, qui chante sur ses
cailloux b'tillants les vieilles chansons du
passe.
Les pas rêtohnent sur les pavés iné-
gaux, où passa le carrosse Ide Mgr de
Chamillarcl et les équipages de chasse
du « bon roi Henri ».
Entre les grands sycomores 'dord les
branches s'enlacent et mêlent leurs nids
abandonnés, les bancs de piètre offrent
leur mousse aux derniers rayons du so-
leil automnal.
Dans l'air limpide, les cloches des
'églises et des monastères tintent avec
leurs aiccents d'autrefois. Leurs voix
mélancoliques se répondent au-dessus
des vieilles maisons aux tuiles sombres,
où de vieilles choses et de vieilles gens
ont passé, au fil éternel des jours. 1
Partout, la sérénité des pierres an-
ciennes. Dans les rues qui dévalent, les
maisons tantôt de guingois, tantôt no-
blement alignées, offrent leurs balustra-
des, leurs balcons forgés, leurs portails
de chêne où se rive le bronze du heur-
toir et leurs vitres troubles et veréâtres
derrière quoi tant de visages disparus
ont guetté des amours et des espoirs et
-vu arriver les peines.
Soudain, au détour d'une ruelle, où
des viornes rougeoyantes s'accrochent
au grès d'un portique : une vision d'hor-
reur.
La trace de la guerre, l'empreinte im-
monde du Boche: la souillure, le rava-
ge, l'incendie, l'anéantissement de toute
une cité de beauté.
Monuments et maisons effondrés ca-
chent sous leurs décombres des sculptu-
res vénérables, léchées par les flammqs,
des meubles précieux, des 'étoffes rares,
des œuvres d'art délicates mutilées,
merveilles que Vart et le goût de nos an-
cêtres avaient serties, assemblées, et que.
le temps lui-même n'avait pas osé attela
dre de ses morsures.
Le crépuscule venait envelopper de
son suaire de mélancolie ces vestiges
d'un passé majestueux et doux, qui ex-
primaient l'âme de notre race.
Sur le chemin du retourdans une
clairière, ce fut l'alignement funèbre de
mille petites croix de bois noir qui lit-
lonnaient le champ de martyre de nos
vainqueurs de VOurcq.
Leurs corps, retournés à la terre rdes
aïeux, ont formé là le rempart sacré où
se brisa le flot des barbares. < 1
Et toutes ces stèles du souvenir sem-
blaient se dresser dans la n'làt tombante
pour nous rappeler le devoir de ne pas
oublier. trop tôt !
EDMOND DU MESNIL.
On dit.
En Passant
La soif de l'or
Autrefois, dans les familles bourgeoises, j
même de fortune modeste, on n'aimait pas
voir les jeunes filles travailler pour gagner
leur vie; il semblait que ce fût un déshon-
neur. La femme devait rester au foyer.
Aujourd'hui, c'est tout le contraire : il
faut que tout le monde travaille, car on a,
plus que jamais, besoin d'argent!. Toutes
les jeunes filles ont aujourd'hui une profes-
sion — même dans les familles fortunées.
Cela serait certainement un bien — parce
qu'il est toujours beau de travailler. Mais
pourquoi cette soif du lucre qui est vraiment
le fond de ce mouvement?
Car ce n'est pas par amour de l'art que
telle jeune personne cultive sa 'Voix. Non!
C'est pour arriver à gagner beaucoup d'ar-
gent!. Elle a peut-être « un million dans le
gosier » !. -
Ce n'est pas parce qu'on reconnaît à Mlle
X. un cerveau spécialement doué pour les
études scientifiques qu'on veut en faire un
chimiste. Non! C'est parce que ses parents
ont l'idée qu'on peut se faire une « très belle
situation » dans cette branche!
Et l'on passe des examens, et l'on pioche
comme quatre les sciences arides. pour
l'amour de l'or, tout simplement. 1
i On sera riche!. On aura des bonnes pour
faire la cuisine, pour soigner la maison,
pour élever les enfants!
Et, d'abord, on n'aura pas tant d'enfants
que ça !. On n'a pas le temps d'avoir des
mioches !. Il faut d'abord gagner de l'ar-
gent! beaucoup d'argent!!.
.Hélas! pour quoi donc faire?. Quelle est
donc cette soif inextinguible de richesse qui
tient en ce moment notre pauvre monde?.
Chacun veut être plus riche que son frère !
Et jamais le démon de la vanité ne nous
a tellement possédés !
C'est pourtant si bon de travailler sans
hâte, d'étudier sans fatigue, de jouir des
attraits de la vie sans courir la foire aux
vanités!. C'est si bon d'avoir des loisirs
pour méditer sur toutes choses, pour contem-
pler ce qui est beau, pour se reposer agréa-
blement et surtout pour se délecter parmi
les douceurs de la vie familiale!. C'est si
bon de pouvoir profiter, sans orgueil aucun,
du bien-être créé pour tous ceux que nous
aimons par nos mains laborieuses, habiles,
mais nullement cupidesl.
Il n'y a vraiment pas besoin de tant d'or
pour être heureux! Gab.
Autrefois
Mystificateurs
A l'époque où l'on voyageait en 'dili-
gence, le peintre Carie Vernet. rencontra
dans le coche un gros petit bourgeois dont
il se promit de s'amteer.
A la première, côte où l'on descendit
pour soulager les chevaux, Vartiste entre-
prit son compagnon de route :
— Tenez ! Je saule ce tossé, faites-en au-
tant.
Et comme l'autre se récusait :
— Je vous parie un diner que vgxts ne
sautez pas.
Le petit gros prit son élan et avec mille
efforts franchit le fostfé.
Un peu plus loin, nouveau fossé, plus
large ; nouveau pari, nouvelle réussite du
bourgeois.
A la fin de la journée le peintre, de fossé
en lossé, avait perdu cinq dîners.
— Ecoutez, lui dit alors le bourgeois :
une politesse en vaut une autre ; vous me
devez cinq diners, acceptez cinq placeS
pour mes prochains débuts.
— Vos débuts ? Qui étes-vous donc ?
— Je suis clown au cirque Franconi.
@ @)
Aujourd'hui
On ne fume pas à l'intérieur
Nous avons assez protesté contre la
négligence des receveurs de tramways et
d'autobus qui, en dépit des règlements for-
mels, laissent complaisamment fumer dans
leurs voitures certains voyageurs goujats,
pour ne pas marquer un bon point à ceux
de ces employés qui exécutent leur consi-
gne.
Inscrivons donc au livre d'or le préposé
à la recette d'une voiture Pigalle-llalle
aux Vins — grand barbu, frisant la cin-
quantaine — qui, hier, ayant très poli-
ment prié un voyageur de VinVériewr de
jeter sa cigarette et celui-ci taisant la
sourde oreille, lui dit, sans se fd'cher mais
d'un ton sans réplique ;
— Monsieur, je vous ai rappelé qu'il est
interdit de fumer ici. Vous avez le
choix : éteindre ou aller fumer sur la
plate-forme. Sinon je vous dépose sur la
voie pub!ique.
L'antre obtempéra sans piper (c'était
d'ailleurs une cigarette). Mais le cu-
rieux est que la plupart des occupants de
Vautobus parurent trouver excessif le zèle
de ce receveur qui ne faisait que son de-
voir, et cela dans leur intérêt commun.
Nous sommes décidément;L.!.,JJ. drôle de
peuple.
Les mystères du Midi
Il se passe dans le Midi des choses vrai-
ment troublantes :
A Larrossore (raconte la Liberté du Sud-
Oucsl) les deux lïéres A., vivant à la maison
Mandochoinea, sont ino-rts dans La journée de
samedi, à la suite d'atroces so-uitrances. lis
venaient ds manger, a avoué l'un des décédés,
une poule malade, le dimanche .précédent. No-
tre distingué et zélé maire, M. Diesse, a voulu
se renseigner. Aussi a-t-il ordonné l'autopsie
des malades, ce qui a été fait par le Eympa-
thique docteur Jacquwin, do l'hôpital militaire.
A Bize (imprimerie Petit Méridional), le jCiune
ELienne Dat, 17 ans, conduisait une èharrette
attelée do deux chevaux, lorsque l'un de ceux-
ci le frappa d'un violent coup, qe pied, qui de-
vait étre mortel. Relevé en toute hâte et trans-
porté à son domicile, il put être rappelé à la
vie.
Les obsèques eurent lieu vendredi matin.
Ainsi, tandis qu'à Larrcssore on autop-
sie des malades sous prétexte qu'ils avouent
être dôcédés, à Bize on enterre des morts
quoiqu'ils aient été rappelés à la vie !
Dans quels temps vivons-nous ?.
Le Tapiju
Le ïfDll fle captrôle de la presse
L'un de nos confrères républicains de
province, le Petit Haut-Marnais, qui s'im-
prime à Chaumont, soutient en ce mo-
ment une polémique contre M. Dessin, dé-
puté de la Haute-Mame, qui mérite quel-
ques commentaires.
Il ne s'agit rien moins que de savoir
qui, du journal ou du député, contrôlera
l'autre.
Le Petit Haut-Marnais revendique un
droit de critique sur tous les votes et tous
les actes du député. 1
S'il en est ainsi, riposte le député piqué
au vif, j'exercerai mon droit de répondre
dans vos colonnes chaque fois qu'il sera
question de moi.
Nous n'avons pas à nous immiscer dans
cette polémique locale. Nous n'envisa-
geons ici que la liberté de critique de la
presse sur les élus de la nation. Assuré-
ment, M. Dessin peut user, comme tout,
citoyen français, du droit de réponse, mais
pourquoi ne pas s'accommoder gentiment
des mœurs en usage dans le monde politi-
que ? v
M. Dessin peut d'autant moins se fâ-
cher que la presse contrôle ses votes
qu'issu de l'Action libérale il se déclare
aujourd'hui républicain sans avoir perdu
la confiance du clan réactionnaire !
Il est de ceux qui excommunient les ra-
dicaux tous les jours mais qui se refu-
sent — et pour cause — à dire où finit leur
majorité républicaine. de droite !
Où finit-elle ? Sans doute à l'extrême-
droite de la droite. Elle ne saurait évi-
demment aller au delà.
Notre confrère déclare qu'il n'entend
point baisser pavillon devant l'irritable dé-
puté. Notre confrère a raison.
C'est le droit de l'électeur qu'il protège
en défendant le droit de la presse.
Comment écrire un journal si les neuf
cents botes du Palais-Bourbon et du
Luxembourg se mettaient à imiter M.
Dessin dans ses. desseins ?
■ —————
C'est bien dijjicile assurément
de ne pas faire de bêtises
Il y avait, au camp de Montoire, une ins-
tallation admirable, laite par les Américains,
pour drainer l'eau des marécages et assé-
cher le sôl. Nos alliés avaient posé des ca-
nalisations et des tuyaux de conduite pré-
cieux. L'administration des stocks a. com-
mencé la liquidation du camp en vendant
ces matériaux indispensables là où ils
étaient !
Résultat : le camp de Mointoire est sous
l'eau et les marchandises, accumulées y
pourrissent.
Il y a.vait, dans la Marne, cinq chemins de
fer à voie étroite qu'i avaient été créés poM
les besoins de l'année. Les premiers furent
dûs à l'intelligence volontaire du général
J.-B. Dumas, l'un des chefs les pluscompré-
hensifs. que nous ayons vu et qui vit, l'un-
des premiers, qu'il fallait appliquer la
science et l'industrie à la bataille.
Le département de la Marne voudrait les
acheter. Mais il est pauvre. On va lies ven.
dre au plus offrant et dernier enchérisseur.
Or ils sont indispensables sur place.
Mais le sous-secrétariat des stocks veut
faire une bonne affaire pour l'Etat. Il re.
fuse donc de laisser les chemins de fer de
la Marne à un prix inférieur à celui qui lui
est proposé ailleurs.
Brest, qui sera un grand port transatlan-
tique et qui l'était, pendant la guerre, man-
quait de canalisations d'caux douces. A
grands frais nos alliés étoiles en installè-
rent.
La ville de Brest et la Chambre de com-
merce voudraient les acheter.
Les stocks prétendent que le prix offert
est insuffisant et affirment qu'au poids seul
de la ferraille ils en tireraient plus d'ar-
gent.
De sorte que les installations risquent d'ê-
tre anéanties.
Demain elles coûteront fort cher si on
veut les rééditer.
En. l'occurrence l'administration fait pour
le mieux, évidemment. On. lui a reproché
avec raison de se laisser gruger par cer-
tains mercantis. La voici qui tient la dra-
gée haute et, au lieu de la féliciter, on la
blâme. C'est vraiment pas banal.
Il est des cas, évidemment, où des solu-
tions devraient être prévues pOIurménager
les intérêts de i'Etat et ceux des institu-
tions organiques de la France. Pourquor,
dans les chemins de fer vicinaux de la Mar-
ne,l'Etat n'aurait-il pas un intérêt et un droit
de contrôle ? Dans l'affaire des eaux du port
de Brest en plus de la somme fixe, offerœ
par la Chambre de commerce, pourquoi une
subvention annuelle ne serait-elle pas exi-
gée ?
Il paraît que ce ne sont pas là des mé-
thodes financièrie,s pour un Etat. Voilà une
étrange conception. Vaut-il mieux livrer a
la mercante un outillage précieux et qui
sera moins utile qu'il ne l'est sur place ?
M. Emmanuel Brousse est un esprit pra-
tique. Il a du bon sens. Il n'hésitera pas à
donner des ordres pour qu'on ne fasse pas
certaines opérations fructueuses en 'appa-
rence, mais qui, en réalité, coûteraient fort
cher au public.
——————————— —
f
Et le pétrole français ?
Vous vous souvenez qu'um geyser, brus-
quement, surgit on Limagne. Il projeta vers
les ci eux une source de -deux tonnes, du bi-
tame, du pétrole' et des eaux alcalines.
Il y a ià du pétrole.
A Vesse. près de Vichy, un flot de bitu-
me grimpe à six mètres de haut pendant
trois jours.
A Vais, dans l'Ardèche. il sautait è. quinze
mètres toutes les trois heures.
Voilà du pétrole.
Pourquoi ne poursuivrait-on pas les ira.,
cherches, d'arrache-pied, afin d'assurer à la
France
cherches, l'indépendance économique à la-
quelle elle a quelques droits ?
AVANT LE CONGRÈSf
♦ —— V
1 Lacandidature Millerand s'affirme
—————————— ).+D ( ——————————
LES DERNIÈRES IMPRESSIONS. - LES VISITES t VERSAILLES
— ——————
fit
M. Milleraigd, président du Conseil. a reçu
hier, à Versailles, un certain nombre d'hom-
mes politiques qui l'ont prié d'accepter la
candidature à la présidence de la Hépubli-
que.
Le président du Conseil n'a pas donné de
réponse définitive, mais il s'est, montré très
ému des sympathies qui se manifestent.
Aussi bien, les partisans de la candida-
ture Millerand s'atlirment chaque jour plus
nombreux et il est notoire que l'espoir gran-
dit en eux de voir; le président au Conseil
céder aux instances dont il est l'objet. Aussi
.prévoit-on que mardi prochain, à la séance
de la Chambre, quand il aura donné lecture
de la lettre de démission de M. Paul Des-
ohaneJ. die telles acclamations iront à lui
qu'il lui sera difficile de ne pas déférer aux
vœux de l'assemblée. On prévoit de même
qu'à l'issue de cette séance une imposante
délégation de la plupart des groupes parle-
mentaires, se faisant l'interprète de ces
vœux, saura trouver les paroles propres à
moidiifier sa décision et qu'enfin le lende-
main, au Sénat, dans les conférences prépa-
ratoires du congrès, le nombre des siuilra-
ges qui se porteront sur son inom serait tel
qu'il ne pourrait décliner l'honneur qui lui
est fait.
Il serait cependant nécessaire, pour évi-
ter les compétitions et les manœuvres de
couiloirs, que la candidature Millerand suit
nettement posée dès aujourd'hui
M. Raoul Péret. qui a passé la journée à
Poitiers, est rentré à Paris hier au soir, à
10 h. 35. 11 est probable qu'il conférera au-
jourd'hui avec M. Millerand.
Diverses personnalités politiques ont éga-
lement regagné hier la capitale.
Notre ami Herriot est arrivé de Prague à
onze heures du matin.
M. Georges Leygues a vu quelques-uns
de ses amis et le bruit courait qu'il aurait
eu une conférence avec MM. Tardieu, Lou-
ciheur, Klotz, qui lui auraient proposé la
candidature à la présidence idIe la Républi-
que.
M. Aristide Briand est arrivé dans la ma-
tinée, avenue Kléber, à son domocile.
On ne parle plus de la candidature Ide M.
Jonnart.
La réunion des groupes
L'activité politique sera grande aujour-
d'hui au Palais-Bo-urbon et au Luxembourg.
C'est le Sénat qui semble uromettre le
plus d'intérêt. Bon nombre de sénateurs
semblent émus à l'idée que pour la seconde
fois et consécutivement l'élu du congrès ne
parait pas devoir sortir des a-angs de la
haute assemblée. Un peu de mélancolie ac-
compagne la constatation de l'abandon
d'une tradition obère aux pères conscrits.
Le groupe (politique présidé par notre ami
M. Gaston Doumergue est convoqué pour
mardi, après une réuniop. de son comité di-
recteur, qui aura lieu aujourd'hui même. Le
bureau d'u groupe des libéraux se réunira
aussi cet après-midi pour examiner la situa-
tion. JI est à noter que c'est au sein de ce
.groupe que les plus grandes objections con-
tre la candidature de M. Jonnart ont été
soulevées.
N A la Chambre, le groupe du parti radical
se réunira mardi, à 10 heures du matin, au
61 bureau, sous la présidence de M. Renard.
Le groupe Arago (Entente démocratique),
mardi, à 10 heures et demie du matin, au
8e bureau.
Le groupe Gailhard-Bancel (Indépendants),
mardi, à 4 heures, au 6° bureau.
La transmission des pouvoirs
La cérémonie de la transmission des pou-
voirs, qui a lieu généralement le lomlemain
de l'élection présidentielle quand la vacance
de l'Elysée se produit par suite de dérnis-
sion, ou un mois après, quand l'élection sè,
produit à l'expiration normale des pouvois
du président, n'aura pas lieucette année.
Le successeur de M. Paul Deschainel se
rendrait simplement à Râmibouillet et ferait
une visite de déférence au président démis-
sionnaire avant de prendre possession de
l'Elysée.
En 1895. lors de la d'émission de M. Casi-
mir-Perier. en pleine crise ministérielle, au
lendemain de la démission du cabinet Du-
puy, M. Félix Faure, élu le 15 janvier à Ver-
•
sailles, reçut des mains de son prédéces-
seur démissionnaire le fardeau de la préSl
dence.
Les projets de M. Paul Deschanet
L'état de santé du président de la Répu-'
blique s'est amélioré depuis deux jours. M.
Paul Deschanel et sa famille ont exprimé
leur intention de quitter Rambouillet à la
fin d'e la semaine prochaine pour se rendre
en Bretagne ; ils séjourneront quelque
temps au château de Ja Vallée, le domaine
que M. et Mme René Brice possèdent près
de Rennes. »
M. et Mme Deschanel ont décidé d'haibiter
Paris cet hiver pour ne pas imiter rompre les*
études de leurs enfants. Il est possible ce-
pendant que, vers la fin de l'année, M. Des-
chanel se rende sur la Côte d'Azur.
L'histoire de la chute du président de la
République dans le petit canal du parc de
Rambouillet est formellement démqntie.
Dans l'entourage du président de la Répu-
blique, on entoure ce démenti des précisions
suivantes :
1° Ce .prétendu accident serait postérieur de
plusieurs heures à la convoca/tiion des méde-
cins ;
20 La disposition de l'appartement présiden-
tiel, situé au deuxième étage du otiateau, est
telle qu'il est matériellement impossible à M.
Deschanel de sortir de sa chaxnlbre sans passer,
soit par celle 'de Mme Deschanel, soit par celle
de Mlle Desclhanel. En omire, chacune de ces
deux dernières chambres s'ouvre sur un cauf-
loir dans lequel se tient jour et niuit un homme
de garde ;
3° La hauteur de l'eau dans le canal à l'en-
droit où M. Deschanel serait tombé ne dépasse
gnère 50 centimètres ;
40 Il a été lait allusion à l'inquiétude mani-
festée lors du prétendu accident par les mem-
bres de la maison civile et militaire. Or, le pré-
sident n'avait avec lui aucun de ses coHaUo-
ratauirs ordinaires. Ceux-ci, qui habitaient Pa-
ris, i étaient remplacés -par le commandant
Granger, inspecteur, des eaux et forêts, dont
la demeure est située à 800 mètres du château.
Ce n'est que le lendemain de l'alerte que l'ami-
ral Grandcléroent vint s'installer à demeure
auprès de M. Paul Deschanel.
— 4
AU CHATEAU DE VERSAILLES
1 --
Les visiteurs se pressaient nombreux,
hier, au château de Versailles, pour visiter
cette fameuse salle clu congrès « qui ne sert
que tous les sept ans », dit le gardien avec
une inébranlable conviction.
Après l'élection du président Deschanel.
la pendule haut perchée, remontée cepen-
dant pour, 15 jours, s'est arrêtée,. le jour
même, à 10 h. 30, ce qui fut pour les gar-
diens et interprètes un signe de mauvais ,
augure. Dûment graissée, vérifiée -et remon-
tée. elle sera remise en marche le jour mê-
me du congrès, à 9 heures du matin.
Les voitures du garde-meuble national se
succèdent d'heure en heure, apportant ve-
lours, chaises, fauteuils et bancs, que l'on
met en place dans .les salles de commis-
sion, salons et vestibules. Les tables de la
buvette, nappées de linoléum blanc, encom-
brent la galerie des Bustes et semblent des
autels élevés aux gloires frrançaisea,
Naturellement, le conservateur du château
a abdiqué tous ses pouvoirs au profit des
deux questeurs de la Chambre et du Sénat.
Ici, c'est la questure du Sénat qui a les plus
graindes prérogatives. M. le ouesteur Lenail
habite son appartement de l'aile des minis-
tres. M. le questeur Vieu est arrivé à la res-
cousse et habitera dans ses appartements,
car — et ce que le public ignore — tous les
questeurs de la Chambre et du Sénat sont
logés au château de Versailles dans les bà
timents situés à gauche et à droite die la
cour d'honneur.
Non seulement les questeurs du Luxem.
bourg et du Palais-Bourbon- ont droit au
logement, mais aussi les secrétaires géné-
raux de la présidence des deux Ohambres.
ainsi que les secrétaires généraux des deux
questures. M. Pierre et M. Ducom, secré-
taires généraux de la Chambre, habitent
tous deux le château. - M. Pierre est logé
dans le pavillon de Provence. M. Hustin,
par contre, n'a jamais habité ses fepparte
ments de Versailles, toujours cepeiridant à
sa disposition.
Les doux Compagnons de tous devoirs
pour l'art parfait
ILS ONT FAIT HIER DE LA MUTUALITÉ
, L
Et ils veulent que le bonheur de tous vienne de l'enseignement complet des métiers
——— ———
- Tope, la coterie !
Et les cannes furent croisées sur le pavé
de la rue Chariot devant les badauds ac-
courus.
Elles étaient belles, ces cannes, longues,
avec un pommeau d'ivoire et d'argent,
chaussées et (bottées d'oq ciiselé, douce-
ment caressées par un serpentin de soie
glissante ou maintenues par le lerng lacet
noir que Salomon voulut léguer à Soubise
et à Jacques.
— Union, Vertu, Génie, Travail !
Mais tous étaient partants. Compagnons
de l'Union compagnonnique, passants de
maître Jacques, loups et gavots du Devoir
de Liberté, disciples de Salomon, bons
drilles de Soubise, décorés des cordons
aux couleurs des vertus, s'en furent en
cortège vers les Arts et Métiers.
Les. aspirants, modestes apprentis,
étaient doucement conseillés par les com-
pagnons qui sont les conservateurs du bel-
œuvre.
Les rouleurs marchaient en tête. Et le
cortège traditionnel fit au grand amphi-
théâtre des Arts et Métiers l'assemblée la
plus attentive et la plus enthousiaste.
La Conférence
Ils s'étageaient sur les gradins, loups,
gavots, Indiens, passants, bons drilles,
chiens et renards, tous disposés à mettre
en commun les écus de six livres pour
l'entretien des vieux, des malades, des
veuves et des orphelins.
Car ils n'étaient venus que pour celà.
Compagnon a bon cœur. « Compagnons
comme le dit Al. Aubrun, directeur de la
mutualité au Musée social, doivent mettre
en commun les risques d'existence et les
moyens de lutte contre lQs risques.
« Telle est la mutualité. »
Ils parlèrent tous, mus par lu. llltmt
pensée généreuse, et approuvés, soutenue
par les promesses de M. Dhommée qui rà
présentait M. Coupât, sous-secrétaire ab
sent. « Mieux vaut recourir aux saints
qu'à Dieu. » Dieu ne s'était pas dérangé.
Les bons compagnons
Il y avait là M. Boyer Ernest, qui ouvrit
la séance. Il y avait aussi M. Vcrdon, pré-
sident des Compagnons charpentiers de
Liberté de Paris, qui nous lut un merveil-
leux rapport de M. Guillon.
Il y avait aussi les bons compagnons :
Larouille, président des c. charpentiers
DD.:. ; Meistergheim, Dubois, POlllet. Ra-
biot, Bonnin, Bourseau, Girard, Ou ml
Omer, Vignaud. Héron. x
Mais tous étaient aussi bons et nous som-
mes obligés de vous le dire pour ne pas con-
tinuer notre énumération qui ne finirait pas.
M, Abel Boyer, que nous avons omis de
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