Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-06-11
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 11 juin 1914 11 juin 1914
Description : 1914/06/11 (N16189). 1914/06/11 (N16189).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7552526k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
M" 16,189. — 23 PRÂÎRIÀIT, AN 122.
CTRQ ÏÎÈNTIMES tE HUMERa
3EUDI 11 aUIN 1914. ,- MI 16,189,
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AUGUSTEVACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE !
-.:+- <
Le Rôle Social de la Science
« de
Répondant à une enquête
dont nous nous flattons d'a-
voir contribué à démontrer
l'intérêt, M. le député Jean
Hennessy s'exprime de la
sorte : « L'application des
découvertes scientifiques accroît chaque
jour la dépendance des hommes entre
eux ». Le sens de la phrase est ambigu.
M. de Curel voit dans la science la
dernière idole ; il prétend qu'on lui of-
fre des sacrifices humains. Moins tra-
gique, plus perfide, M. Hennessy voit
également dans la science une idole qui
veut ou ne veut pas, qui permet et qui
interdit. Réalisme abusif : la science est
tout simplement l'ensemble des connais-
sances grâce auxquelles nous nous ef-
forçons, avec un succès croissant, de
faire du monde ce que nous voulons
qu'il soit. La science est notre servan-
te ; ce n'est pas nous qui sommes à son
service.
Ne confondons pas la science avec
son objet. L'objet de la science, c'est-
à-dire le monde, est ce qu'il est, nous
n'y pouvons rien. En nous la connais-
sance est serve : elle constate, et c'est
tout ; mais l'activité volontaire, éclai-
rée par la science, est libre. Dans le
monde, tel qu'il est, et que nous ne
pouvons modifier, nous faisons de plus
v en plus ce que nous voulons ; et la con-
naissance nous sert, bien loin de nous
paralyser, elle ne reconnaît les néces-
sités que pour s'ingénier à les tourner.
Exemple : le milieu dans lequel nous
vivons, et que nous appelons la matière,
est soumis à la pesanteur. Nous ne pou-
vons pas faire que la pesanteur ne soit
pas. Mais nous pouvons nous arranger
de telle manière que la pesanteur ne
nous soit plus un obstacle. On a com-
mencé par en faire un auxiliaire utile :
c'est ainsi qu'elle anime les rouages
d'une horloge à poids, et qu'elle meut
la roue d'un moulin à eau. Alors on a
fait mieux : sans la supprimer en elle-
même, on a fait qu'à notre égard, elle
soit comme si elle n'existait pas. Etu-
diant mieux la pesanteur, l'homme a
appris que le gaz, l'air y compris, sont
eux-mêmes pesants ; il s'agissait donc
de produire des gaz moins pesants que
l'air, et, grâce à eux, il a échappé à la
nécessité qui semblait le river au sol.
Il a appris que l'air est soumis à 1 iner-
tie, et l'hélice portée par une surface
de sustentation lui a ouvert toutes gran-
des les voies de l'atmosphère. Grâce à
la science, nous avons fait, dans un
monde imposé, ce que nous voulions
faire. Les obstacles, ce n'est pas la
science qui nous les a opposés ; elle
nous a servi justement à-les surmonter.
Il serait vraiment fâcheux qu'après
avoir illustré de tant d'exemples des
,. dissertations sur le thème : savoir, c'est
prévoir et pouvoir, il nous fallût, comme
nous y convie M. Jean Hennessy, admet-
tre aujourd'hui que savoir c'est pré-
voir. qu'il faudra se résigner. L'hom-
me ne se résigne pas, et la science est
l'auxiliaire de sa rébellion. Grâce à
elle, nous ferons ce que nous voudrons,
selon nos goûts : soit de l'indépen-
dance, soit de l'indépendance indivi-
duelle. Notre choix est libre.
Et, avec tout cela, il y a un fait :
c'est que les progrès des sciences expé-
rimentales ont correspondu depuis cent
ans à un progrès de l'interdépendance.
Simple coïncidence ? Non pas. Nous ne
croypns guère à des coïncidences qui se
poursuivront pendant un siècle. Alors ?
Alors, c'est bien simple.
La science n'a pas plus de besoins
que de volontés ; il n'en est pas de mê-
me des savants ; si soustraits qu'ils le
veuillent aux préoccupations basses, il
leur faut vivre ; il y a même, à côté de
ceux qui poursuivent des recherches dé-
sintéressées, des ingénieurs, des inven-
teurs qui, pour être savants, n'en sont
pas moins doués d'un robuste appétit.
Il s'ensuit que la science est en quelque
sorte à l'encan.
Qui se l'appropriera ? Quelques indi-
vidus, ou l'Etat, syndic de tous les in-
dividus ? L'Etat n'aurait rien innové,
en France, s'il avait sollicité, stimulé,
subventionné et princièrement récom-
pensé les savants et les inventeurs qui
auraient contribué à faire les individus
plus puissants, donc plus indépendants :
les rois ont été pendant des siècles les
syndics des petits contre les grands.
Mais vous savez bien que, depuis Adam
Smith et le libéralisme économique jus-
qu'à Spencer et le nihilisme administra-
tif, un imment courant d'auto-mter-
ventionnisme a paralysé au dix-neuviè-
me siècle la volonté de l'Etat. L'Etat se
désintéressant de tout, tout s'est passé
en dehors de lui-
Au profit de qui ? De ceux qui con-
sentaient à payer les inventeurs et les
savants. Mais ceux-ci n'avaient de
chances d'aboutir à quelque chose qu'en
mettant la science au service des bail-
leurs de fonds. Vous représentez-vous
l'accueil réservé au naïf inventeur qui
aurait été trouver un banquier pour lui
dire : « J'ai inventé un moyen de per-
mettre à chacun d'extraire de l'atmos-
père, sans l'aide d'autrui, sans dépen-
se ou presque, un procédé de chauffa-
ge ». Le banquier lui aurait ri au nez :
« Mais, mon bon ami, en quoi voulez-
vous que votre invention m'intéresse ?
Trouvez-moi quelque chose qui mette
sous ma dépendance vingt millions de
clients et dix mille ouvriers, et ma cais-
se vous sera ouverte ». On cherchait, et
on trouvait.
C'est ainsi que la criminelle absten-
tion de l'Etat condamnait la science —
qui pouvait servir aussi bien des des-
seins tout contraires — à accroître la
dépendance entre les hommes.
Lucien CORNET,
'Stnateyr,
LA POLITIQUE
UNE MAUVAISE FARCE 1
Tandis qu'un ministère se
forme, on vous jette, au cou-
rant de l'information, des
noms qui ne vous donnent
qu'une idée imprécise et in-
complète de la « liste ».
Un coup de téléphone : « Delcassé à
la Marine. » Ah 1 voilà qui est parlait.
Un pneumatique : « Jean Dupuy ac-
cepte. » Très bien, tout à fait bien. Ex-
cellent choix à tous égards.
Un rédacteur se précipite, essoufflé t
« Bourgeois en est. Son médecin l'a
sevré. » Admirable 1
M. Léon Bourgeois est malade cha-
que fois qu'il s'agit de servir son parti.
Il ne reprend des forces que pour le
desservir. Etrange maladie.
Puis les fausses nouvelles. Noulens
reste. Nouléns part. Noulens revient.
Noulens repart.:
Et Jacquier ? Très importante la dé-
cision de Jacquier.
Jacquier reste, non, il ne reste plus.
Ah 1 mon dieu. Ça va maL
Enfin, on a la liste complète avec les
portraits de ces Messieurs.
On regarde la liste et on se preftfd à
se trotter les yeux, à se pincer les bras.
Dormirais-je ?
Eh ! non, c'est bien Ribot, notre
vieux Ribot, adversaire de toutes les:
lois laïques et sociales, qui combattit i
Gambetta, Ferry, Waldeck, Brisson,,
Combes, — tous les républicains, - et
qui préside ce ministère.
— Tiens, Chautemps à la Marine;
ccmme il a vieilli.
— Vous vous trompez, moin: cher, ce
n'est pas le fils, ni le neveu, ni l'omcle.
C'est le père.
'- Et Peytral ? Il est bien jeune.
— Mais non, vous vous trompez en-
core ; ce n'est pas le député, c'est le
sénateur. C'est celui qui fut mi)nistre
ovec Goblet.
— Ah 1 oui, Goblet. Et pourquoi n'en
tst-il pas Goblet, et Lepère, et Dufaure ?
- Parce qu'ils sont morts, Monsieur.
—: C'est une raison. Mais c'est dom-
mage. Ça manque de « jeunes M.
— Comnient ça manque de jeunes J
rft Guernier et Maunoury, etc.
- Connais pas du tout.;
- Tiens. moi non plus.
Tels qu'ils sont, les nouveaux minis-
tres donnent, il est vrai, l'impression
do convives qui, se trouvant treize à
table, ont. au dernier moment, invité
plusieurs. « quatorzième ».
Ainsi, la farce 'de M. Alexandre Ri-
bot est impayable. Je le savais pianiste ;
j'ignorais qu'il fût humoriste. C'est
vraiment le prince des auteurs gais.
Sa résurrection, son programme, la
conviction qu'il a de grouper une ma..
jorité républicaine : voilà du plus haut
comique. C'est, comme disait Bo'Ssuet,
à « s'en taper le derrière par terre ».
Ce Cabinet, en vérité, je vous le dis,
est un tel anachronisme qu'an y a fait
figurer jusu'à Abel.
J'avais bien 'deviné que c'etait un
« film » antédiluvien.
Abel, à l'heure où la politique n'est
plus qu'une ruée de frères ennemis,
est une trouvaille.
Abel, je n'ai pas l'honneur de vous
connaître, Mais, permettez-moi un con-
seil. Méfiez-vous des idées de juin qui
sont funestes, et du vendredi qui est
jour de Vénus. Vénus est déesse de l'a-
mour, l'amour ne vous a iamais réussi.
Cain rôdé par là.
EDMOND DU MESNIL.
LESON-DIT
I
NOTRE AGENDA)
ujourd'hui jeudis
Lever du soleil, 3 h. 50 matin
Coucher du soleil, 7 h. 51 soir.
Lever de la lune, 11 h. 5 soir.
Coucher de la lune, 6 h. 43 matin.,
Courses à Chantilly.
AUTREFOIS
Le Rap-fel du 11 juin 1878 i
La souscription publique ouverte le 1* mai
1877 pour le tombeau de Michelet, a réuni
la somme de 35.892 francs; c'est un touchant
hommage à la mémoire de Michelet.
- A Berlin, depuis l'attentat, il y a deux
cents sergents de ville supplémentaires!
Sic vos, non vobis.,
- Un médecin, nommé Scribart,étant mort,
un plaisant fit sur lui Cette épitaphe i
Le médecin Seribart, des suites d'un gros rhume,
Est mort la nuit dernière, à l'âge de trente ans,
Il est l'auteur d'un excellent volume
Intitulé : « l'Art de vivre longtemps. »
AUJOURD'HUI
publicité pittoresque
Un quotidien de l'Hérault publie cette
annonce :
ce Allez passer vos vacan-ces à PouliÍvas-
les Plots. — Station balnéaire. — Casino. —
Hôtels confortables. — Ecuries et garages
pour familles avec enfants. »
Un. Plan.
Nous demandions, après le combat de
Taza, où s'arrêterait la folie de oOOnquête
des généraux qui ont entrepris de « paci-
fier » le Maroc.
On peut commencer à croire qu'ils ne
veulent pas s'arrêter du tout.
La colonne du général Baumgarten ayant
effectué une marche de Sidi-Bel-Kacem à
l'oued. Arba, à travers un terrain extrême-
ment difficile, l'avant-garde de droite a été
harcelée par un parti de Riffains, qui se
sont montrés très entreprenants.
Nous savons bien que gràce à d'habiles
dispositions prises par le colonel Boyer, les
tentatives de l'ennemi, pour atteindre le
gros de la colonne, ont été déjouées, mais
nous avons eu dix-huit blessés.
Quant à l'utilité de cette marche de Sidi-
Bel-Kacem à l'oued Arba, avouons-le, elle
nous échappe.
M. Clemenceau deïnande vainement avec
la plus louable insistance quel est notre
plan d'occupation. Il serait temps que le
Gouvernement le fit connaître avec préci-
sion.
Mais, au fait, en a-t-il un ?
; ;
ENCORE UN
Encore un ouvrier, détenu & la Santé
pour faits de grève et qui est au régime de
droit commun.
Encore un déni de justice.
Encore un défi à la légalité.
Voici, heureusement, à la tête de la
chancellerie, en la personne de M. Ribot,
un homme qui, durant quarante ans, n'a
jamais abordé Ja tribune sans affirmer,
en se frappant la poitrine, qu'il incarnait
la liberté et le droit. Nous sommes curieux
de le voir à l'oeuvre, dans son propre dé-
partement.
Va-t-il faire respecter enfin la circulaire
Briand ?
Va-t-il tolérer encore des abus contre les-
quels la presse de toutes opinions ne cesse
de protester.
Va-t-il, en chef, agir en juste répu-
blicain ou en ex-procureur impérial ?
L'ACTUALITÉ
s- :♦ » «
Le nouveau Ministère
90
L'IMPRESSION DANS LES MILIEUX POLITIQUES
Une réunion des radicaux unifiés à la Chambre
* ..--+- ,
Une déception attendait les journalistes
rue de Tournon, au domicile de M. Ribot.
On avait, annoncé, en effet, qu'un Con-
seil se tiendrait dans la matinée. Mais nul
ne savait où. Au-ssi, tout naturellement,
photographes et journalistes reprirent-ils le
chemin si parcouru ces derniers jours, du
numéro 6 de la rue de Tournon. Mais là,
personne, nulle animation.
Tout naturellement, on songea, que peut-
être, les nouveaux ministres se réunis-
saient déjà à l'Elysée.
En effet, vers onze heures, MM. Marc
i Ré ville et Clémentel arrivaient à pied au
.palais présidentiel. Puis, on vit M. Abel,
nouveau ministre du Travail, .pénétrer en
taxi dans la cour d'honneur de l'Elysée,
bientôt suivi du coupé de M. Ribot, lequel
était accompagné de M. Chautemps. Vin-
rent ensuite fM, Bourgeois, Dessove, Jean
Dupuy, Peytral, et enfin M. Maunoury, qui
ne semblait guère se presser.
PRESENTATION OFFICIELLE
Dès que les nouveaux ministres furent
tous là, la présentation officielle eut lieu
dans le Salon des Ambassadeurs. M. Poin-
caré tint à s'entretenir personnellement
avec chacun des nouveaux ministres.
Quand M. Ribot et ses collaborateurs
quittèrent l'Elysée, ils déclarèrent que le
prochain Conseil de cabinet aurait lieu ce
soir, à cinq heures.
La Déclaration ministérielle sera lue au
Sénat par M. Peytral, et à la Chambre par
M. Ribot.
Ceci, d'ailleurs, n'est pas sans causer
quelque émotion dans les couloirs du Pa-
lais-Bourbon, où il y a bien longtemps qu'on
n'a eu l'occasion d'entendre l'ancien colla-
borateur de M. MéEne.
Notons qu'à leur sortie de l'Elysée, les
nouveaux ministres ne savaient pas enco-
re comment seraient exactement répartis
les sous-secrétariats d'Etat.
Toutefois, on donnait comme certaine la
liste suivante :
Intérieur .M. Le Cherpy ;
Marine marchande M. Guernier ;
Beaux-Arts M. AbflJ Ferry ;
Guerre .,. M. Margaine.
CE QUE SERA LA DECLARATION
MINISTERIELLE
Le ministère Ribot se présentera vendre-
di devant les Chambres. Les termes de la
déclaration ministérielle seront, aupara-
vant, arrêtés définitivement en Conseil de
cabinet. Tous les membres du gouverne-
ment en connaissent d'ailleurs les grandes
lignes qui leur ont été exposées hier par
M. Ribot et qu'ils ont approuvées.
Sur l'a question militaire, le gouverne-
ment sera très net. La présence de M. Del-
cassé au ministère de la guerre peut, sur
ce point, être considérée comme une indi-
cation précise. La déclaration affirmera la
nécessité de poursuivre sans défaillance
l'application de la loi de trois ans, les cir-
constances qui l'ont rendue nécessaire
n'ayant pas changé. Le gouvernement dé-
clarera toutefois qu'il étudiera des projets
de loi concernant la préparation militaire
de la jeunesse, l'utilisation des réserves et
l'organisation des camps d'instruction.
La question financière fera, naturelle-
ment, l'objet des principales préoccupations
du gouvernement. La déclaration annonce-
ra le dépôt d'un projet d'emprunt. Elle fera
connaître l'intention du gouvernement de
demander au Sénat d'accepter, dans le
budget de 1914, l'incorporation de l'impôt
global sur le revenu tel que M. René Re-
noult l'a fait voter par la Chambre ayant
la fin de la dernière législature, et de vo-
ter les quatre cèdules dont la commission
sénatoriale est actuellement saisie. Enfin:
la déclaration annoncera le dépôt, pouii
1915, d'un projet d'impôt sur le capital.
Au sujet de la réforme électorale, le ca-
binet se déclarera prêt à -rechercher un
terrain d'entente entre les républicains et'
entre les deux Chambres. Il ajoutera qu'il
ne posera pas sur ce point la question- de
confiance, laissiant à chacun de ses mem-
bres sa liberté d'action.
Le nouveau cabinet fera connaître son
intention de suutenir devant le Sénat les
projets sur la fréquentation scolaire et la
défense laïque votés par la Chambre. La
présence de M. Dessoye au ministère d%
1 Instruction publique est une indication
sur ce point.
Un passage de la déclaration insistera
sur 1 importance des lois sociales qui per-
mettront l'amélioration du sort des travail-
leurs.
Enfin, après avoir dit le soin que le gouH
vernement mettra à fortifier nos amitiés et
nos alliances, la déclaration se terminera
par un appel chaleureux aux députés ré-
publicains, radicaux et radicaux socialis-
tes pour une œuvre de progrès et d'union..
LE GROUPE RADICAL SOCIALISTE
Le groupe radical et radical socialiste
s'est réuni, hier, pour délibérer sur l'atti-
tude à prendre vendredi, vis-à-vis du ca-
binet Ribot.
Une Jongue discussion s'engagea, au
cours de laquelle MM. Puech, Malvy, Pe-
.doya, Franklin-Bouillon, Lafferre, Tissier,.
André Hesse, Thierry-Cazes, etc. prirent
successivement la parole.
M. Puech a rappelé qu'il avait déposé, il
y a quelque temps déjà, une interpellation
sur la politique générale et qu'il comptait
la développer..
Le groupe a désigné à l'unanimité M.
Dalimier, pour intervenir en son nom darta
le débat.
M. Franklin-Bouillon a alors fait obser-
ver qu'en présence de la situation, il était
de toute nécessité d'observer la discipline,
et de se conformer au règlement adopté par
le groupe dans l'ancienne Chambre.
M. Treignier mit alors aux voix l'appli-
cation de l'article 2 du règlement élaboré
par le Congrès de Pau qui prévoit que les
membres du groupe sont tenus d'observer
lés décisions prises par plus des deux tiers
des votante, la majorité des membres do
groupe étant présents.
Cette motion a été adoptée par 109 voix
contre 4 et 2 bulletins blancs.
Après ce vote, M. Malvy a déclaré qu'il
se proposait d'intervenir dans le débat s'il
était fait allusion aux incidents qui ont
marqué la constitution du cabinet Viviani.
Plusieurs membres firent observer en-
suite qu'ils avaient quelques scrupules à
voter contre le cabinet qui comprenait M.,
Bourgeois, l'un des chefs les plus respectés
du parti radical, mais on leur fit remarquer
que toute considération personnelle devait
disparaître devant l'intérêt général et que
dans ces conditions, il convenait avant tout
de se conformer à la disciplinè du Parti.
A l'issue de ce débat, le groupe a décidé
1° de voter contre la priorité de tout ordre
du jour qui serait accepté par le Gouver-
nement ; 2° pour la priorité de tout ordre
du jour de défiance au Gouvernement.
Voici, d'autre part, le procès-verbal qui
nous a été communiqué à l'issue de cette
réunion :
« Le groupe du parti républicain radical
et radical socialiste s'est réuni le 10 juin
à 2 heures. 115 membres étaient présents.
« Après l'examen de la situation politi-
que, le groupe a été unanime à déclarer
que le ministère Ribot, par sa composition
même, ne pouvant s'appuyer que sur une
majorité de droite, le devoir du parti répu"
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Le Rôle Social de la Science
« de
Répondant à une enquête
dont nous nous flattons d'a-
voir contribué à démontrer
l'intérêt, M. le député Jean
Hennessy s'exprime de la
sorte : « L'application des
découvertes scientifiques accroît chaque
jour la dépendance des hommes entre
eux ». Le sens de la phrase est ambigu.
M. de Curel voit dans la science la
dernière idole ; il prétend qu'on lui of-
fre des sacrifices humains. Moins tra-
gique, plus perfide, M. Hennessy voit
également dans la science une idole qui
veut ou ne veut pas, qui permet et qui
interdit. Réalisme abusif : la science est
tout simplement l'ensemble des connais-
sances grâce auxquelles nous nous ef-
forçons, avec un succès croissant, de
faire du monde ce que nous voulons
qu'il soit. La science est notre servan-
te ; ce n'est pas nous qui sommes à son
service.
Ne confondons pas la science avec
son objet. L'objet de la science, c'est-
à-dire le monde, est ce qu'il est, nous
n'y pouvons rien. En nous la connais-
sance est serve : elle constate, et c'est
tout ; mais l'activité volontaire, éclai-
rée par la science, est libre. Dans le
monde, tel qu'il est, et que nous ne
pouvons modifier, nous faisons de plus
v en plus ce que nous voulons ; et la con-
naissance nous sert, bien loin de nous
paralyser, elle ne reconnaît les néces-
sités que pour s'ingénier à les tourner.
Exemple : le milieu dans lequel nous
vivons, et que nous appelons la matière,
est soumis à la pesanteur. Nous ne pou-
vons pas faire que la pesanteur ne soit
pas. Mais nous pouvons nous arranger
de telle manière que la pesanteur ne
nous soit plus un obstacle. On a com-
mencé par en faire un auxiliaire utile :
c'est ainsi qu'elle anime les rouages
d'une horloge à poids, et qu'elle meut
la roue d'un moulin à eau. Alors on a
fait mieux : sans la supprimer en elle-
même, on a fait qu'à notre égard, elle
soit comme si elle n'existait pas. Etu-
diant mieux la pesanteur, l'homme a
appris que le gaz, l'air y compris, sont
eux-mêmes pesants ; il s'agissait donc
de produire des gaz moins pesants que
l'air, et, grâce à eux, il a échappé à la
nécessité qui semblait le river au sol.
Il a appris que l'air est soumis à 1 iner-
tie, et l'hélice portée par une surface
de sustentation lui a ouvert toutes gran-
des les voies de l'atmosphère. Grâce à
la science, nous avons fait, dans un
monde imposé, ce que nous voulions
faire. Les obstacles, ce n'est pas la
science qui nous les a opposés ; elle
nous a servi justement à-les surmonter.
Il serait vraiment fâcheux qu'après
avoir illustré de tant d'exemples des
,. dissertations sur le thème : savoir, c'est
prévoir et pouvoir, il nous fallût, comme
nous y convie M. Jean Hennessy, admet-
tre aujourd'hui que savoir c'est pré-
voir. qu'il faudra se résigner. L'hom-
me ne se résigne pas, et la science est
l'auxiliaire de sa rébellion. Grâce à
elle, nous ferons ce que nous voudrons,
selon nos goûts : soit de l'indépen-
dance, soit de l'indépendance indivi-
duelle. Notre choix est libre.
Et, avec tout cela, il y a un fait :
c'est que les progrès des sciences expé-
rimentales ont correspondu depuis cent
ans à un progrès de l'interdépendance.
Simple coïncidence ? Non pas. Nous ne
croypns guère à des coïncidences qui se
poursuivront pendant un siècle. Alors ?
Alors, c'est bien simple.
La science n'a pas plus de besoins
que de volontés ; il n'en est pas de mê-
me des savants ; si soustraits qu'ils le
veuillent aux préoccupations basses, il
leur faut vivre ; il y a même, à côté de
ceux qui poursuivent des recherches dé-
sintéressées, des ingénieurs, des inven-
teurs qui, pour être savants, n'en sont
pas moins doués d'un robuste appétit.
Il s'ensuit que la science est en quelque
sorte à l'encan.
Qui se l'appropriera ? Quelques indi-
vidus, ou l'Etat, syndic de tous les in-
dividus ? L'Etat n'aurait rien innové,
en France, s'il avait sollicité, stimulé,
subventionné et princièrement récom-
pensé les savants et les inventeurs qui
auraient contribué à faire les individus
plus puissants, donc plus indépendants :
les rois ont été pendant des siècles les
syndics des petits contre les grands.
Mais vous savez bien que, depuis Adam
Smith et le libéralisme économique jus-
qu'à Spencer et le nihilisme administra-
tif, un imment courant d'auto-mter-
ventionnisme a paralysé au dix-neuviè-
me siècle la volonté de l'Etat. L'Etat se
désintéressant de tout, tout s'est passé
en dehors de lui-
Au profit de qui ? De ceux qui con-
sentaient à payer les inventeurs et les
savants. Mais ceux-ci n'avaient de
chances d'aboutir à quelque chose qu'en
mettant la science au service des bail-
leurs de fonds. Vous représentez-vous
l'accueil réservé au naïf inventeur qui
aurait été trouver un banquier pour lui
dire : « J'ai inventé un moyen de per-
mettre à chacun d'extraire de l'atmos-
père, sans l'aide d'autrui, sans dépen-
se ou presque, un procédé de chauffa-
ge ». Le banquier lui aurait ri au nez :
« Mais, mon bon ami, en quoi voulez-
vous que votre invention m'intéresse ?
Trouvez-moi quelque chose qui mette
sous ma dépendance vingt millions de
clients et dix mille ouvriers, et ma cais-
se vous sera ouverte ». On cherchait, et
on trouvait.
C'est ainsi que la criminelle absten-
tion de l'Etat condamnait la science —
qui pouvait servir aussi bien des des-
seins tout contraires — à accroître la
dépendance entre les hommes.
Lucien CORNET,
'Stnateyr,
LA POLITIQUE
UNE MAUVAISE FARCE 1
Tandis qu'un ministère se
forme, on vous jette, au cou-
rant de l'information, des
noms qui ne vous donnent
qu'une idée imprécise et in-
complète de la « liste ».
Un coup de téléphone : « Delcassé à
la Marine. » Ah 1 voilà qui est parlait.
Un pneumatique : « Jean Dupuy ac-
cepte. » Très bien, tout à fait bien. Ex-
cellent choix à tous égards.
Un rédacteur se précipite, essoufflé t
« Bourgeois en est. Son médecin l'a
sevré. » Admirable 1
M. Léon Bourgeois est malade cha-
que fois qu'il s'agit de servir son parti.
Il ne reprend des forces que pour le
desservir. Etrange maladie.
Puis les fausses nouvelles. Noulens
reste. Nouléns part. Noulens revient.
Noulens repart.:
Et Jacquier ? Très importante la dé-
cision de Jacquier.
Jacquier reste, non, il ne reste plus.
Ah 1 mon dieu. Ça va maL
Enfin, on a la liste complète avec les
portraits de ces Messieurs.
On regarde la liste et on se preftfd à
se trotter les yeux, à se pincer les bras.
Dormirais-je ?
Eh ! non, c'est bien Ribot, notre
vieux Ribot, adversaire de toutes les:
lois laïques et sociales, qui combattit i
Gambetta, Ferry, Waldeck, Brisson,,
Combes, — tous les républicains, - et
qui préside ce ministère.
— Tiens, Chautemps à la Marine;
ccmme il a vieilli.
— Vous vous trompez, moin: cher, ce
n'est pas le fils, ni le neveu, ni l'omcle.
C'est le père.
'- Et Peytral ? Il est bien jeune.
— Mais non, vous vous trompez en-
core ; ce n'est pas le député, c'est le
sénateur. C'est celui qui fut mi)nistre
ovec Goblet.
— Ah 1 oui, Goblet. Et pourquoi n'en
tst-il pas Goblet, et Lepère, et Dufaure ?
- Parce qu'ils sont morts, Monsieur.
—: C'est une raison. Mais c'est dom-
mage. Ça manque de « jeunes M.
— Comnient ça manque de jeunes J
rft Guernier et Maunoury, etc.
- Connais pas du tout.;
- Tiens. moi non plus.
Tels qu'ils sont, les nouveaux minis-
tres donnent, il est vrai, l'impression
do convives qui, se trouvant treize à
table, ont. au dernier moment, invité
plusieurs. « quatorzième ».
Ainsi, la farce 'de M. Alexandre Ri-
bot est impayable. Je le savais pianiste ;
j'ignorais qu'il fût humoriste. C'est
vraiment le prince des auteurs gais.
Sa résurrection, son programme, la
conviction qu'il a de grouper une ma..
jorité républicaine : voilà du plus haut
comique. C'est, comme disait Bo'Ssuet,
à « s'en taper le derrière par terre ».
Ce Cabinet, en vérité, je vous le dis,
est un tel anachronisme qu'an y a fait
figurer jusu'à Abel.
J'avais bien 'deviné que c'etait un
« film » antédiluvien.
Abel, à l'heure où la politique n'est
plus qu'une ruée de frères ennemis,
est une trouvaille.
Abel, je n'ai pas l'honneur de vous
connaître, Mais, permettez-moi un con-
seil. Méfiez-vous des idées de juin qui
sont funestes, et du vendredi qui est
jour de Vénus. Vénus est déesse de l'a-
mour, l'amour ne vous a iamais réussi.
Cain rôdé par là.
EDMOND DU MESNIL.
LESON-DIT
I
NOTRE AGENDA)
ujourd'hui jeudis
Lever du soleil, 3 h. 50 matin
Coucher du soleil, 7 h. 51 soir.
Lever de la lune, 11 h. 5 soir.
Coucher de la lune, 6 h. 43 matin.,
Courses à Chantilly.
AUTREFOIS
Le Rap-fel du 11 juin 1878 i
La souscription publique ouverte le 1* mai
1877 pour le tombeau de Michelet, a réuni
la somme de 35.892 francs; c'est un touchant
hommage à la mémoire de Michelet.
- A Berlin, depuis l'attentat, il y a deux
cents sergents de ville supplémentaires!
Sic vos, non vobis.,
- Un médecin, nommé Scribart,étant mort,
un plaisant fit sur lui Cette épitaphe i
Le médecin Seribart, des suites d'un gros rhume,
Est mort la nuit dernière, à l'âge de trente ans,
Il est l'auteur d'un excellent volume
Intitulé : « l'Art de vivre longtemps. »
AUJOURD'HUI
publicité pittoresque
Un quotidien de l'Hérault publie cette
annonce :
ce Allez passer vos vacan-ces à PouliÍvas-
les Plots. — Station balnéaire. — Casino. —
Hôtels confortables. — Ecuries et garages
pour familles avec enfants. »
Un. Plan.
Nous demandions, après le combat de
Taza, où s'arrêterait la folie de oOOnquête
des généraux qui ont entrepris de « paci-
fier » le Maroc.
On peut commencer à croire qu'ils ne
veulent pas s'arrêter du tout.
La colonne du général Baumgarten ayant
effectué une marche de Sidi-Bel-Kacem à
l'oued. Arba, à travers un terrain extrême-
ment difficile, l'avant-garde de droite a été
harcelée par un parti de Riffains, qui se
sont montrés très entreprenants.
Nous savons bien que gràce à d'habiles
dispositions prises par le colonel Boyer, les
tentatives de l'ennemi, pour atteindre le
gros de la colonne, ont été déjouées, mais
nous avons eu dix-huit blessés.
Quant à l'utilité de cette marche de Sidi-
Bel-Kacem à l'oued Arba, avouons-le, elle
nous échappe.
M. Clemenceau deïnande vainement avec
la plus louable insistance quel est notre
plan d'occupation. Il serait temps que le
Gouvernement le fit connaître avec préci-
sion.
Mais, au fait, en a-t-il un ?
; ;
ENCORE UN
Encore un ouvrier, détenu & la Santé
pour faits de grève et qui est au régime de
droit commun.
Encore un déni de justice.
Encore un défi à la légalité.
Voici, heureusement, à la tête de la
chancellerie, en la personne de M. Ribot,
un homme qui, durant quarante ans, n'a
jamais abordé Ja tribune sans affirmer,
en se frappant la poitrine, qu'il incarnait
la liberté et le droit. Nous sommes curieux
de le voir à l'oeuvre, dans son propre dé-
partement.
Va-t-il faire respecter enfin la circulaire
Briand ?
Va-t-il tolérer encore des abus contre les-
quels la presse de toutes opinions ne cesse
de protester.
Va-t-il, en chef, agir en juste répu-
blicain ou en ex-procureur impérial ?
L'ACTUALITÉ
s- :♦ » «
Le nouveau Ministère
90
L'IMPRESSION DANS LES MILIEUX POLITIQUES
Une réunion des radicaux unifiés à la Chambre
* ..--+- ,
Une déception attendait les journalistes
rue de Tournon, au domicile de M. Ribot.
On avait, annoncé, en effet, qu'un Con-
seil se tiendrait dans la matinée. Mais nul
ne savait où. Au-ssi, tout naturellement,
photographes et journalistes reprirent-ils le
chemin si parcouru ces derniers jours, du
numéro 6 de la rue de Tournon. Mais là,
personne, nulle animation.
Tout naturellement, on songea, que peut-
être, les nouveaux ministres se réunis-
saient déjà à l'Elysée.
En effet, vers onze heures, MM. Marc
i Ré ville et Clémentel arrivaient à pied au
.palais présidentiel. Puis, on vit M. Abel,
nouveau ministre du Travail, .pénétrer en
taxi dans la cour d'honneur de l'Elysée,
bientôt suivi du coupé de M. Ribot, lequel
était accompagné de M. Chautemps. Vin-
rent ensuite fM, Bourgeois, Dessove, Jean
Dupuy, Peytral, et enfin M. Maunoury, qui
ne semblait guère se presser.
PRESENTATION OFFICIELLE
Dès que les nouveaux ministres furent
tous là, la présentation officielle eut lieu
dans le Salon des Ambassadeurs. M. Poin-
caré tint à s'entretenir personnellement
avec chacun des nouveaux ministres.
Quand M. Ribot et ses collaborateurs
quittèrent l'Elysée, ils déclarèrent que le
prochain Conseil de cabinet aurait lieu ce
soir, à cinq heures.
La Déclaration ministérielle sera lue au
Sénat par M. Peytral, et à la Chambre par
M. Ribot.
Ceci, d'ailleurs, n'est pas sans causer
quelque émotion dans les couloirs du Pa-
lais-Bourbon, où il y a bien longtemps qu'on
n'a eu l'occasion d'entendre l'ancien colla-
borateur de M. MéEne.
Notons qu'à leur sortie de l'Elysée, les
nouveaux ministres ne savaient pas enco-
re comment seraient exactement répartis
les sous-secrétariats d'Etat.
Toutefois, on donnait comme certaine la
liste suivante :
Intérieur .M. Le Cherpy ;
Marine marchande M. Guernier ;
Beaux-Arts M. AbflJ Ferry ;
Guerre .,. M. Margaine.
CE QUE SERA LA DECLARATION
MINISTERIELLE
Le ministère Ribot se présentera vendre-
di devant les Chambres. Les termes de la
déclaration ministérielle seront, aupara-
vant, arrêtés définitivement en Conseil de
cabinet. Tous les membres du gouverne-
ment en connaissent d'ailleurs les grandes
lignes qui leur ont été exposées hier par
M. Ribot et qu'ils ont approuvées.
Sur l'a question militaire, le gouverne-
ment sera très net. La présence de M. Del-
cassé au ministère de la guerre peut, sur
ce point, être considérée comme une indi-
cation précise. La déclaration affirmera la
nécessité de poursuivre sans défaillance
l'application de la loi de trois ans, les cir-
constances qui l'ont rendue nécessaire
n'ayant pas changé. Le gouvernement dé-
clarera toutefois qu'il étudiera des projets
de loi concernant la préparation militaire
de la jeunesse, l'utilisation des réserves et
l'organisation des camps d'instruction.
La question financière fera, naturelle-
ment, l'objet des principales préoccupations
du gouvernement. La déclaration annonce-
ra le dépôt d'un projet d'emprunt. Elle fera
connaître l'intention du gouvernement de
demander au Sénat d'accepter, dans le
budget de 1914, l'incorporation de l'impôt
global sur le revenu tel que M. René Re-
noult l'a fait voter par la Chambre ayant
la fin de la dernière législature, et de vo-
ter les quatre cèdules dont la commission
sénatoriale est actuellement saisie. Enfin:
la déclaration annoncera le dépôt, pouii
1915, d'un projet d'impôt sur le capital.
Au sujet de la réforme électorale, le ca-
binet se déclarera prêt à -rechercher un
terrain d'entente entre les républicains et'
entre les deux Chambres. Il ajoutera qu'il
ne posera pas sur ce point la question- de
confiance, laissiant à chacun de ses mem-
bres sa liberté d'action.
Le nouveau cabinet fera connaître son
intention de suutenir devant le Sénat les
projets sur la fréquentation scolaire et la
défense laïque votés par la Chambre. La
présence de M. Dessoye au ministère d%
1 Instruction publique est une indication
sur ce point.
Un passage de la déclaration insistera
sur 1 importance des lois sociales qui per-
mettront l'amélioration du sort des travail-
leurs.
Enfin, après avoir dit le soin que le gouH
vernement mettra à fortifier nos amitiés et
nos alliances, la déclaration se terminera
par un appel chaleureux aux députés ré-
publicains, radicaux et radicaux socialis-
tes pour une œuvre de progrès et d'union..
LE GROUPE RADICAL SOCIALISTE
Le groupe radical et radical socialiste
s'est réuni, hier, pour délibérer sur l'atti-
tude à prendre vendredi, vis-à-vis du ca-
binet Ribot.
Une Jongue discussion s'engagea, au
cours de laquelle MM. Puech, Malvy, Pe-
.doya, Franklin-Bouillon, Lafferre, Tissier,.
André Hesse, Thierry-Cazes, etc. prirent
successivement la parole.
M. Puech a rappelé qu'il avait déposé, il
y a quelque temps déjà, une interpellation
sur la politique générale et qu'il comptait
la développer..
Le groupe a désigné à l'unanimité M.
Dalimier, pour intervenir en son nom darta
le débat.
M. Franklin-Bouillon a alors fait obser-
ver qu'en présence de la situation, il était
de toute nécessité d'observer la discipline,
et de se conformer au règlement adopté par
le groupe dans l'ancienne Chambre.
M. Treignier mit alors aux voix l'appli-
cation de l'article 2 du règlement élaboré
par le Congrès de Pau qui prévoit que les
membres du groupe sont tenus d'observer
lés décisions prises par plus des deux tiers
des votante, la majorité des membres do
groupe étant présents.
Cette motion a été adoptée par 109 voix
contre 4 et 2 bulletins blancs.
Après ce vote, M. Malvy a déclaré qu'il
se proposait d'intervenir dans le débat s'il
était fait allusion aux incidents qui ont
marqué la constitution du cabinet Viviani.
Plusieurs membres firent observer en-
suite qu'ils avaient quelques scrupules à
voter contre le cabinet qui comprenait M.,
Bourgeois, l'un des chefs les plus respectés
du parti radical, mais on leur fit remarquer
que toute considération personnelle devait
disparaître devant l'intérêt général et que
dans ces conditions, il convenait avant tout
de se conformer à la disciplinè du Parti.
A l'issue de ce débat, le groupe a décidé
1° de voter contre la priorité de tout ordre
du jour qui serait accepté par le Gouver-
nement ; 2° pour la priorité de tout ordre
du jour de défiance au Gouvernement.
Voici, d'autre part, le procès-verbal qui
nous a été communiqué à l'issue de cette
réunion :
« Le groupe du parti républicain radical
et radical socialiste s'est réuni le 10 juin
à 2 heures. 115 membres étaient présents.
« Après l'examen de la situation politi-
que, le groupe a été unanime à déclarer
que le ministère Ribot, par sa composition
même, ne pouvant s'appuyer que sur une
majorité de droite, le devoir du parti répu"
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