Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-05-30
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 30 mai 1926 30 mai 1926
Description : 1926/05/30 (N20281). 1926/05/30 (N20281).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7552334f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
11 PSAJRIAL, AN 134. - Nil 29.281 U YIKGT CSTnâBB DIMANCHE 3» MAI IMS - N» M 3*1
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE O
ABONNEMENTS:
la aft 3* Imm
SMM&S~t~CM 40* 21, II*
Fbavcb sv Cocoarn» 48 28* 19*
Esbaxsbs à 6 73 « SI» 90*
idnster t»at»* la» comtrmntMtiêM
au Oirecteur
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
POUR LA PUBLICITÉ. S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
C~ï S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATIONs.
38. boulevard de Straaboursr, P..A.RJ:e-xe
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES s
Rédactiea et Adaiuistratioa: lord 24-90, 24*91. — Après 10 heures du soir : Loutre 04-36
tRIBUNE LIBRE
Pour le Bon sens
De fréquents articles, parus ici com-
me ailleurs, ont durement souligné l'in-
compétence économique de nos repré-
sentants. Mais il ne semble pas que le
vrai remède de ce mal national ait été
trouvé.
Pour quelques Français, les violents,
c'est la dictature seule qui devra opérer.
Le Pays, doux mouton, suivra aveuglé-
ment un ou plusieurs infaillibles bergers
(jusqu'à l'abattoir inclus, sans doute ?)
Mais le Pays se méfie des ambitions per-
sonnelles et l'obéissance passive n'est
plus son fait.
Pour d'autres Français, plus nom-
breux, républicains ceux-là, le Pays ap-
pellerait enfin ses compétences écono-
miques à la préparation des lois que 1 in-
compétence de la Chambre discuterait
ou voterait ensuite.
Remède bien imparfait, l'incompeten-
ce restant encore souveraine.
Il faut donc trouver mieux. Mais peut-
être faudrait-il ausculter le Pays de plus
près.
Emprisonné dans une forme trop étroi-
te, il veut du mouvement, de l'air. Il ap-
pelle les méthodes nouvelles qui lui per-
mettront de vivre.
Ceux qui l'aiment le voient malade.
Mais que font-ils ?
Voyez avec quelles mains pieuses ils
touchent sa tunique trop serrée! Loin de
l'en dévêtir, il* ne s'appliquent qu'à y
mettre de nouveaux ornements, à y faire
de 1)p\JV'êÜX plis.
Qui délivrera ce beau corps robuste
de sa vieille friperie pour le voir, tel qu'il
est, dans sa vérité nue ?
Et pourquoi craindre le nouveau, le
pratique, s'il apporte le salut ? Y aurait-
il vraiment péril pour la République à
dépouiller sa vieille enveloppe, à se mo-
derniser ?
L'ancien qu'on veut maintenir, ce
n'est que de la forme, de la fo-o-orme.
Quand on pense à faire contrôler des
compétences par une Chambre incompé-
tente, n est-ce pas seulement par souci
de la fo-o-orme ?
Ne serait-il pas plus simple et plus lo-
gique de dire au pays : Ne prends plus
tes députés à la loterie. Choisisses
seulement parmi les compétences. Elis-
, les, sans musique électorale, dans le cal-
me, parmi ceux que leur fonction et les
services rendus dans leur corporation
prouvent compétents au point de vue
économique.
Que ceux-là, réunis, appliquent ta vo-
lonté et que le Sénat, assemblée régio-
nale, ait seul le droit de s'opposer à leurs
décisions. Mieux : qu'il en discute avec
eux dans une assemblée nationale à nom-
bre réduit.
Voilà ce que le bon sens indique clai-
rement. Pourquoi n'est-ce pas adapté
déjà ?
Parce que la pdlitique, telle qu'elle
est comprise, fait vivre nombre d'inuti-
les, lesquels se trouveraient brusquement
sans emploi si une forme nouvelle, logi-
que, de représentation s imposait. Ces
mouches du coche parent donc, de toutes
leurs forces, au remplacement du vieil
attelage qu'elles semblent aider.
Faut-il que nous tombions encore plus
bas pour que tous les Français qui se tai-
sent, bien que pensant ce qui est dit ici,
manifestent leur volonté, consentent à
réagir en réclamant le seul mode écono-
mique de représentation qui convienne
au pays : l'assemblée professionnelle,
dont les membres seront pris dans les
conseils des corporations ?
Ce n'est plus qu'un jeu de rassem-
bler ces conseils. Les chambres de com-
merce, les chambres syndicales patrona-
les et ouvrières offrent leurs éléments où
l'opinion publique n'a plus qu'à choisir,
chaque électeur votant dans sa corpora-
tion, bien entendu. •
La Constitution de 1875 permet la
dissolution de la Chambre des députés.
Si le respect des habitudes, même des
mauvaises, faisait encore retarder cette
dissolution, il importe que dans deux
ans, aux prochaines élections, l'assem-
blée professionnelle remplace une Cham-
bre issue de la politique dans ce qu'elle
comporte de plus mauvais.
Cela, tous les bons Français doivent
l'exiger et le préparer, dès aujourd'hui.
Henri VINCENT.
■
EDITORIAL
lei
Un peu de mesUre::
Il est des hommes, en vé-
rité, bien difficiles à conten-
ter. Ils ne parviennent à se
mettre d'accord ni avec les
autres ni avec eux-mêmes,
car leur esprit est constam-
ment tourmenté.
Ainsi, voici plusieurs jours, M. Camille
Aymard chantait pouille à M. Steeg dans
la Liberté. Et de quel ton î
Il reprochait au Résident général de
la République française au Maroc d'avoir
retardé la grande offensive militaire du
printemps par les pourparlers d'Oudjda ;
et il déclarait que hl. Steeg serait res-
ponsable des morts que cette criminelle
temporisation allait causer. Je crois mê-
me me rappeler qu'il dressait contre lui
la vindicte des « mères en deuil ».
Aujourd'hui que les habiles négocia-
tions de M. Steeg combinées avec
l'avance des troupes françaises ont pro-
voqu'é la reddition d'Abd el Krim, pré-
cipité le succès de nos armes, et arrêté
l'effusion du sang français ; il me sem-
blait que la satisfaction de M. Camille
Aymard dût être vive.
Point.
Il s'avance derechef avec « ses mil-
liers de mères en deuil », et il accuse le
pacificateur de vouloir « honorer le
bourreau de nos soldats » (?)
Oserai-je répliquer tout d'abord que
ces incessantes évocations des «mères en
dueil » me semblent excessives.
Déjà M. Edouard Herriot abusait
de ces images sacrées lorsqu'il voulait
que, par -Sa Grâce, « les mères en deuil
puissent regarder leurs petits enfants
sans trembler ».
Images sacrées, j'y insiste, qu'il ne
faut toucher qu'avec piété, d'une main
purifiée et légère. Les « mères en deuil »,
comme toutes les autres victimes de la
guerre, forment une théorie auguste qui
ne doit pas être mêlée à nos discussions
politiques ni à nos discordes civiles.
Elles appartiennent uniquement au
culte de la - Patrie, dont nul ne saurait
s'arroger un monopole de desservant.
Je ne crois pas davantage que le
génie, la tradition, la générosité et la
noblesse de la France, doivent nous in-
citer à des représailles féroces contre
un ennemi qui se rend.
L'empereur Guillaume a été un grand
Saigneur de la guerre, autrement plus
coupable que ce chef riffain, qui après
tout est un demi-civilisé qui défendait
sa terre. L'empereur d'Allemagne a ap-
pliqué sa « kultur » à la violation du
droit humain, au parjure, à l'invasion,
au massacre de millions d'hommes, à
la dévastation de riches provinces, à l'in-
cendie et à la démolition de villes fa-
meuses ou de cités charmantes, il a ac-
cumulé — en les aggravant par le pro-
grès (?) scientifique — toutes les hor-
reurs de la guerre, toutes les ruines, les
misères, et lés souffrances humaines, et
il fume paisiblement sa bonne pipe de
faïence en Hollande devant ses parter-
res de tulipes et de dahlias.
Or, je n'ai pas encore entendu dire
que mon très distingué confrère M. Ca-
mille Aymard eût organisé une « des
excursions du dimanche » de La Liberté
dans les Pays-Bas pour y surprendre, y
prendre, et y pendre cet ancien empe-
reur de sac sans corde.
Au demeurant, la France, qu'animent
toujours la douceur et la générosité cel-
tiques, n'a l'esprit ni du Talmud ni de la
loi du lynch.
Même si elle soumettait des peuples
anthropophages, il ne lui viendrait pas
l'idée de leur appliquer la peine du ta-
lion.
C'est bien assez que les Français se
plaisent si fâcheusement à se manger
le nez entre eux, sans qu'ils en viennent
encore * 1" "rer leurs prisonniers.
Edmond du MESNIL
LA SEDITION PORTUGAISE f
Ces mutins marchent
sur Lisbonne
■ -080
Une rencontre est probable avec
les troupes gouvernementales
Les nouvelles arrivées de Lisbonne sont peu
nombreuses, une censure sévère continuant
à être exercée par le gouvernement portu-
gais. On sait cependant que la huitième di-
vision d'infanterie de Braiga a donné le si-
gnal de la révolte. La division qui est en
garnison à Porto s'est jointe à elle avec
diverses unités. pour marcher sur la capi-
tale. Le général Gomès Costa, commandant les
troupes mutinées, a adressé une proclama-
tion à la population l'invitant à rester calme.
Le comité révolutionnaire a, de son côté, som-
mé le président de la République do consti-
tuer un gouvernement républicain, pris en
dehors du Parlement.
!Le cabinet portugais s'est réuni d'urgence
dans la journée du 28 pour examiner la situa-
tion.
Un communiqué officiel publié dit que deux
colonnes de troupes, placées sous le comman-
dement du général Perès, ont été immédiate-
ment formées à Porto et Vianna do Castello
et ont reçu l'ordre de se diriger sans délai
sur Braga.
IÆ. Conpagnie des chemins de fer a refusé
de transporter les troupes gouvernementales
qui doivent se porter à la rencontre des mu-
tins.
Un communiqué officiel
Lisbonne, 28 mai. - Le gouvernement com-
munique la note suivante :
Une tranquillité absolue règne dans tous
le pays. La sédition s'est limitée à quelques
éléments de la division de Braga comman-
dée paf le général Gomes Costa.
Deux colonnes sont organisées à Porto pour
aller réduire les séditieux de Braga.
Ce que demandent les insurgés
Lisbonne, 28 mai. - Les chefs du mouve-
ment insurrectionnel ont invité le président
de la République à constituer un gouverne-
ment républicain pris en dehors du Parle-
ment et à convoquer les chefs des partis po-
litiques.
Le monopole des taibacs serait la cause de
la sédition militaire.
.1 II II • II. J « ■ M - -
La crise charbonnière britannique
Le roi' décide la promulgation de « Fétat
d'urgence nationale »
Londres, 29 mai. — Le roi George V a
tenu aujourd'hui, au palais de Buckingham,
un conseil privé de la Couronne.
Quelques heures plus tard, la London Ga-
zette publiait un supplément contenant une
proclamation royale dans laquelle il est dit
que puisque la grève des mineure continue,
l' « état d'urgence nationale », qui avait
été déclaré le 30 avril, est prolongé pour une
durée d'un mois.
La Constitution anglaise est telle, en ; effet,
que l'état d'urgence ne peut durer plus d'un
mois à moins qu'il ne soit renouvelé pour
une période de 30 jours, par une décision du
roi. ,
Les intentions du gouvernement
Le cabinet britannique se réunira mardi
prochain, afin de décider de la déclaration
qu'il fera., dans le courant de l'après-midi, de-
vant la Chamfbre des Communes.
Le gouvernement serait assez favorable-
ment disposé à faire siennes les recomman-
dations de M. Franck Hodges, ancien secré-
taire de la Fédération des mineurs, et qui
peuvent se résumer comme suit :
[Reconstruction de l'industrie charbon-
nière sur les bases mentionnées dans le rap-
port de la commission royale d'enquête ;
Répartition, comme suit des recettes de l'in-
dustrie charbonnière : 87 p. 100 aux salai-
res, 13 p. 100 aux bénéfices.
Maintien des salaires actuels.
Sept heures et demie de travail par jour
tau lieu de sept.
Maintien du nouveau subside gouverne-
mental de 3 millions de livres pendant que
les patrons et ouvriers feront connaître, par
un vote, leurs décisions sur les propositions
ci-dessus.
Doit-on supprimer
les deux frères siamois ?
La question passionne toute l'Amérique
New-York, 29 mai. - Une tempête de pro-
testations indignées se fait entendre sur
toute l'étendue du territoire américain à la
nouvelle que des docteurs préconisent la sup-
pression de deux frères siamois qui viennent
d'être mis au monde à Soothbond, dans la
province d'Indiana. Les docteurs répliquent
que, plus tard, les deux frères siamois ne
sauraient être qu'un fardeau inutile pour la
société, mais l'opinion publique n'est pas de
cet avis. Cependant, le père s'est rangé à
l'avis des médecins, tandis que la mère s'y
oppose énergiquement.
Les deux frères siamois sont en parfaite
santé et ont gagné une livre depuis leur nais-
sance.
Il est toujours possible de faire la guerre.
Mais pour fonder quelque chose en colonisa-
tion, il faut être en paix avec ses voisins.
Maréchal BUGEAUD.
t#<'. L'ACTUAL ITË
d -
Lapacificaliondu Maroc
» • *.
«. Venez à nous sans arrière-pensée. Faites-nous oublier les maux que
vous avez causés et nous vous assurerons la paix et le bien-être pour
vous et vos familles da ns le respect affectueux de vos mœurs
et de vos croyances. Nous vous apporterons la tranquilité, l'ordre, la
santé, la justice et la prospérité, qui accompagnent partout le drapeau
français, » Th. STEEG;
1VI. Steeg, résident général, a adressé de
Taounat aux tribus riffaines l'émouvante
proclamation suivante :
0 gens des tribus du Nord, administrés
de 8. M. le sultan Moulai Youssef et de la
grande nation protectrice, la France, je suis
heureux de vous annoncer qu'en ce jour,
15 dji el Kaada 1344 (27 mai 1926), nous en-
trons dans une période de paix et de prospé-
rité. La France, amie de l'Islam, grande puis-
sance musulmane dans le monde, vous ac-
cueille, bien que les derniers et tardivement
venus, âveo beaucoup de sollicitude, de géné-
rosité et de clémence. Elle ne vous accueille
pas covntie des enfants méchants qu'elle veut
frapper. Non ! non ! non ! Bile est assez
formidablement puissante pour être indul-
gente et elle vous reçoit dans son sein com-
me- des gens égarés qui avez compris votre
erreur et qui revenez à elle tout repentants.
Elle out liera le mal que vous lui avez t'1it,
parce qu'elle est grande, forte, et aussi très
généreuse. Elle aurait pu, si elle avait voulu,
employer sa force et sa puissance, toute sa
flotte aérienne, ses gros canons et ses vail-
lants soldats qui ont fait leurs preuves sur
tous les champs de bataille, aui ont libéré le
territoire de la France envahie et qui se sont
toujours couverts de gloire. Si es enfants
sont des soldats et s'ils se battent pour une
nollt cause, ils savent aussi, quind l'heure
de la paix a sonné, travailler pour le hl de
tous, dans Vordre et duns In JOIe.
Aujourd'hui, 15 dji el Kaada 1314, Abd el
Krim, qui vous a conduits jusqu'ici dans
Verreur, qui fut l'auteur de vos malheurs, de
votre ruine, de la perte de vos récoltes, de
vos troupeaux, qui a dressé des frères contre
des frères et fait couler le sang parmi vous,
lui, Abd el Krim, vient repentant à la France
et lui demande de lui accorder l'aman. 8. M.
le sultan et le représentant de la France l'ût-
tendent d'un moment à Vautre, car il doit
être conduit à eux. Il a passé nos lignes fran-
çaises, après avoir renfu. tous. les prisonniers
sans distinction de nationalité. de race ou de
religion,, et il place sous la protection de la
France, toute sa famille, ses biens et sa per-
sonne et s'en remet à sa magnanimité.
Oui, ô gens de tribus, Abd el Krim sera
responsable devant le Très-Haut et le Tout-
Puissant. Il portera le poids de tous ses châ-
timents. Ce sera sa plus grande punition.
S.M. le sultan Moulai Yotissef (que Dieu
l'assiste), décidera du sort de l'homme qui a
jeté dans l'erreur et les souffrances des po-
pulations paisibles qui ne demandaient qu'à
travailler dans l'ordre, la paix et la concorde
Tenez à nous sans arrière-pensée. Faites-
nous oublier les. 1naux que vous avez causés
et nous vous assurerons la pain; et le bien-
être pour veui et vos familles dans le res-
pect affectueux de vos mœurs et de vos
croyances. Nous vous apporterons la tranquil-
lité, l'ordre, ta santé, la justice et la pros-
périté, qui accompagnent partout la drapeau
français.
Félicitations aux troupes
M. Steeg a écrit au général Boichut la let-
tre suivante :
Cher général,
J'ai vécu si près de vous et de vos troupes,
au cours de ces derniers mois, que ma joie
se confond avec la vôtre et la leur. Félicitez-
les en mon nom pour leur ténacité et leur
crâne vaillance. Grâce à elles, la France et
le Maroc aperçoivent un avenir prochain de
labeur fécond dans la concorde et la paix.
Remerciez aussi les officiers du service des
renseignements, qui furent à la fois éner-
giques et politiques avertis. Une fois de plus,
la France triomiphe par le courage et la jus-
tice.
Le général Boichut a répondu ainsi à M.
Steeg :
Je suis heureux de transmettre aux magni-
fiques troupes régulières et supplétives place.
sous mes ordres et à leurs chefs l'expression
de vos hautes félicitations. Elles constituent la
plus belle récompense de leur abnégation et
de leur sacrifice.
En terminant ainsi l'œuvre de leurs vaillants
devanciers, nos troupes ont conscience d'avoir
largement contribué, par leurs rapides efforts,
à l'établissement de la pacification définitive
si ardemment désirée par tous.
Le maréchal Lyautey a envoyé le télé-
gramme suivaiit à M. Steeg :
J'applaudis bien chaleureusement au succès
éclatant et à ce qu'il assure au Maroc de sé-
curité et de paix. 1
Le résident général a envoyé la réponse
ci-après :
Mefci de votre télégramme; ma pensée est
avec vous en ces jours où, par la vaillance
de nos armes, triomphe notre politique fran-
taise de fermeté, de jusffë« et de bienveillance
*
âtiractivè.
Nouvelle mission du général Simon
M. Painlevé, ministre de la guerre, a con-
firmé que le général Simon se rend au Maroc
pour entrer en contact avec les autorités es-
pagnoles. Les Conversations auxquelles il par-
ticipera ne viseront pas des rectifications
de frontières entre les zones française et es-
pagnole, mais tendront à fixer les bases du
statut du Rif. Il étudiera également les ques-
tions militaires et économiques posées par
la victoire franco-espagnole, celles en parti-
culier qui concernent les tribus qui se trou-
vent à cheval sur les deux zones.
Le général Simon est arrivé hier matin à
Marseille. Il s'est rendu à bord du « Tim-
gad », courrier d'Alger, qui a levé l'ancre à
midi. •
UNE REPONSE 'AUX AGITES DU CARTEL
Le gouvernement se prononce
contre toute novation fiscale
< 8HoC8 -
Il manifeste sa volonté d'apaisement
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
ont tenu hier deux conseils de cabinet, sous
la présidence de M. Briand.
A l'issue de la seconde réunion, qui, com-
mencée à 15 heures ne s'est terminée qu'à
17 heures, M. Daniélou, sous-secrétaire d'Etat
à la présidence du conseil, a communiqué à
la presse une note officielle résumant les
deux délibérations gouvernementales de la
journée. Dans cette importante communica-
tion le gouvernement précise les grandes li-
gnes de sa politique ainsi que l'attitude qu'il
est résolu de prendre publiquement. Celle-ci
peut se résumer en ces quelques mots : ré-
tablissement de la confiance et volonté d'a-
paisement dans la justice fiscale.
Voici d'ailleurs, le texte de la note offi-
cielle :
Le gouvernement, après une étude prolon-
gée dû problème financier, au cours des deux
conseils de ce jour, a estimé que son devoir
est de consacrer toute son activité au redres-
sement du franc, à Vexolusion, quant à pré-
sent, de toute. autre question.
Il a approuvé la composition du comité
d'experts choisis par le ministre des finances
avec mission de surveiller les mouvements
du marché et de suggérer toutes décisions
utiles à la défense de notre devise.
Pas d'impôts nouveaux
Pour le surplus et s'agissant d'aller au plus
pressé, il se refuse à envisager une aggrava-
tion des charges d'impôts qui serait incompa-
tible avec la nécessité de rendre confiance à
notre épargne. ,
Il décide de procéder d'urgence à la codifi-
cation systématique prévue par la loi du
29 avril 1926, afin de dégager une limite de
charges. tant par catégorie de contribuables
que par nature de taxation.
L'établissement de ce plafond fiscal. fera
l'objet d'un projet soumis au Parlement. Mais
dès maintenant le gouvernement envisage
l'ouverture à la Banquç de France d'un comp-
te spécial auquel seraient versés ou virés les
capitaux libellés en monnaie étrangère qui
ont pu être constitués hors de France par
nos nationaux et dont les propriétaires fran-
çais seraient en droit d'invoquer le rapatrie-
ment, la liberté des capitaux ne pouvant être
rendue - selon le vœu exprimé par la confé-
rence interparlementaire de Londres —
qu'après un retour massif des capitaux em-
portés.
Le conseil estime qu'il ne saurait être
question d'innovation fiscale dans cette pé-
riode où le salut du franc est en cause.
.ni de controverse doctrinale
Le gouvernement décide de donner une
suite et une conclusion aux rapports du co-
mité supérieur d'enquête sur la compression
des dépenses administratives, civiles et mi-
litaires. -
Le conseil persiste à penser qu'il y aurait
inconvénient, dans les circonstances qui nous
pressent, à engager une controverse doctri-
nale dont le développement risquerait de fai-
re nattre des alarmes dommageables pour le
crédit public et contraires d'ailleurs à la vo-
lonté d'apaisement de la justice fiscale, qui
est celle du gouvernement. Le conseil compte
sur les Chambres pour reporter à une date
ultérieure ce débat de durée; sur les Cham-
bres et sur le Pays pour admettre que toute
initiative du gouvernement soit employée à
l'œuvre de sauvegarde immédiate.
Le franc victime de la politique
Interrogé au sujet de la récente reprise de
la livre, M. Raoul Péret n'a pas caché que
l'incertitude de la situation politique intérieu-
re n'était pas étrangère à la hausse enregis-
trée. Mercredi dernier, en eEfet, le franc était
demandé sur les principales places étrangè-
res. Or le débat qui s'est institué le lende-
main devant la Chambre a influencé les
cours en notre défaveur. C'est ce qui fait que
le gouvernement a été amené à envisager de
nouvelles mesures en vue de poursuivre le
redressement du franc.
LE RETOUR DU NEGOCIATEUR
M. Henry Bérenger
est à Paris
C8C11
Il a conféré dès hier soir
avec MM. Briand et Raoul Péret
M. Henry Bérenger, ambassadeur de France
à Wasgington, est arrivé à Paris, hier soir,
à 16 h. 45.
Une foule considérable de parents et d'amis
l'attendait sur le quai de la giare Saint-La-
zare. On y remarquait : MM. de Monzie, Da-
niélou, Peycelon, représentant M. Briand ;'
Levass-eur, haut-commissaire aux loyers ;
Toussaint-Luca, représentant M. Raoul Péret;
Myron T. Herrick, ambassadeur des Etats-
Unis. Après avoir serré les nombreuses
mains tendues vers lui et s'être prêté aux
opérations des photographes, M. Henry Bé-
'renger a pris place dans son auto pour ga-
gner immédiatement le Quai d'Orsay.
Au ministère des affaires étrangères
L'ambassadeur de France est arrivé a if
ministère des affaires étrangères au moment
où le conseil de cabinet se terminait. Il fut
immédiatement introduit auprès de M. Briand
auquel il rendit compte de la mission qu'il
vient de remplir aux Etats-Unis.
C'est en présence de MM. Pierre Laml,
garde des sceaux ; Jean Durand, ministre
de l'intérieur ; Raoul Péret, ministre des
finances ; Paul Painlevé, ministre de la
guerre, et de Monzie, ministre des travaux
publics, que M. Aristide Briand a conféré
avec M. Henry Bérenger.
La réunion s'est terminée à 18 heures.
MM. Raoul Péret et Henry Bérenger ie
sont rendus ensuite au ministère des finan-
ces où ils ont eu une entrevue avec M. Ro-
bineau, gouverneur de la Banque de France.
Déclarations de M. Bérenger
Parlant de l'accord qu'il vient de négocier
à Washington, M. Henry Bérenger a t'lêclarâ
que c'était une transaction entre les finan- •
ces de la France et les finances des Etats-
Unis.
« Le créancier, a poursuivi l'ambassadeur,
n'a pas tout exigé. Le débiteur n'a pas tout'
refusé. J'ai assez de confiince dans la sa-
gesse clairvoyante de mes collègues du Parle-
ment pour croire que cet accord sera promp-
tement ratifié. Aucune revalorisation - qua
dis-ije. ? aucune stabilisation du franc - n'dl
possible sans un règlement préalable de tft
dette extérieure. Sans doute, il y & les dis-
cussions .dans lés journaux et il y aura dtt
débats dans les Assemblées ; mais n'esta
pas l'honneur des démocraties libres"qu'il en
soit ainsi ?
- « En France comme aux Etats-Unis, la li-
berté de la presse existe aussi réellement
que la liberté de la tribune. Pas plus que
vous nous n'avons et ne supporterions de
dictature, ni de censure. Mais les libres dis-
cussions n'excluent pas les sages conclusions.
Aussi je suis convaincu que la démocratie
française voudra mettre fin, pour sa part, à
un malentendu qui finirait par altérer ses re-
lations avec la démocratie américaine..
« Les malentendus d'argent ne sont pas
des plus profonds mais ils peuvent devenir
des plus dangereux. Ils corrompent les ami-
tiés les plus solides. Ils éveillent le soupçon
chez les uns et l'envie chez les autres. Le
créancier finit par voir dans son débitant
un dissipateur qui se moque de lui. Le débi-
teur finit par voir dans son créancier un
avare qui veut le dépouiller.
« Faute d'un règlement de sa dette, la
France n'a-t-elle pas vu se développer aux
Etats-Unis toute une campagne d'articles et
de discours affirmant que nos paysans et
nos ouvriers ne payaient pas d'impôts, que £
le devoir fiscal était insuffisamment observé
chez nous ? Ces idées se sont répandues et
enracinées jusque dans le Parlement améri-
cain. J'ai dû lutter pied à pied contre elles
dès mon arrivée à Washington, dans d'inces-
santes conversations avefc de nombreux sé-
nateurs et représentants américains.
-————————
Le Congrès de l'Alliance
Internationale
pour le suffrage des femmes
Le Congrès n'est pas encore officiellement
commencé et pourtant déjà l'activité règne
et le travail est intense à la vieille Sorbonne.
où jamais encore n'ont été réunies à la fois
tant de femmes issues de tant de pays étran-
gers- Chaque jour voit arriver de nombreuses
déléguées venant des contrées lointaines et qui
ne cachent pas leur satisfaction de se rencon-
trer à Paris. Ici, une doctoresse yougoslave
parle de la prostitution avec une députée au
Reichstag; là, une déléguée roumaine expli-
que à une Hindoue drapée dans de riches voi-
les multicolores qu' une loi récente permet aux
femmes de Roumanie qui épousent un étranger
de conserver leur nationalité; dans un vaste
fauteuil, une Japonaise toute frêle et toute me-
nue lit* un journal de son pays et sourit genti-
ment à une journaliste grecque qui vient l'in-
terviewer.
Dans les vastes salons mis si aimablement à
la disposition du Congrès par Mme Paul
Lapie, la femme du Recteur de l'Université
de Paris, à qui va toute la gratitude des con-
gressistes, siegent les commissions préliminai-
res du. Congrès. Autour d'une immense table
se réunissent un certain -nombre de déléguées,
chacun s'est inscrite à la commission qui l'in-
téressa le plus, et où sont discutées les ques-
tions sur lesquelles elle possède une certaine
compétence.
L'une des commissions s'occupe de la natio-
nalité de la femme mariée et travaille à obte-
nir pour la femme qui épouse un étranger le
droit de choisir entre sa nationalité d'origine
et celle de son mari. Des juristes de tous les
pays disent quelle est la situation chez elles
et quelles réformes on pourrait apporter ; en
Suède, en Norvège, au Danemark, er\ Roi,,
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE O
ABONNEMENTS:
la aft 3* Imm
SMM&S~t~CM 40* 21, II*
Fbavcb sv Cocoarn» 48 28* 19*
Esbaxsbs à 6 73 « SI» 90*
idnster t»at»* la» comtrmntMtiêM
au Oirecteur
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
POUR LA PUBLICITÉ. S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
C~ï S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATIONs.
38. boulevard de Straaboursr, P..A.RJ:e-xe
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES s
Rédactiea et Adaiuistratioa: lord 24-90, 24*91. — Après 10 heures du soir : Loutre 04-36
tRIBUNE LIBRE
Pour le Bon sens
De fréquents articles, parus ici com-
me ailleurs, ont durement souligné l'in-
compétence économique de nos repré-
sentants. Mais il ne semble pas que le
vrai remède de ce mal national ait été
trouvé.
Pour quelques Français, les violents,
c'est la dictature seule qui devra opérer.
Le Pays, doux mouton, suivra aveuglé-
ment un ou plusieurs infaillibles bergers
(jusqu'à l'abattoir inclus, sans doute ?)
Mais le Pays se méfie des ambitions per-
sonnelles et l'obéissance passive n'est
plus son fait.
Pour d'autres Français, plus nom-
breux, républicains ceux-là, le Pays ap-
pellerait enfin ses compétences écono-
miques à la préparation des lois que 1 in-
compétence de la Chambre discuterait
ou voterait ensuite.
Remède bien imparfait, l'incompeten-
ce restant encore souveraine.
Il faut donc trouver mieux. Mais peut-
être faudrait-il ausculter le Pays de plus
près.
Emprisonné dans une forme trop étroi-
te, il veut du mouvement, de l'air. Il ap-
pelle les méthodes nouvelles qui lui per-
mettront de vivre.
Ceux qui l'aiment le voient malade.
Mais que font-ils ?
Voyez avec quelles mains pieuses ils
touchent sa tunique trop serrée! Loin de
l'en dévêtir, il* ne s'appliquent qu'à y
mettre de nouveaux ornements, à y faire
de 1)p\JV'êÜX plis.
Qui délivrera ce beau corps robuste
de sa vieille friperie pour le voir, tel qu'il
est, dans sa vérité nue ?
Et pourquoi craindre le nouveau, le
pratique, s'il apporte le salut ? Y aurait-
il vraiment péril pour la République à
dépouiller sa vieille enveloppe, à se mo-
derniser ?
L'ancien qu'on veut maintenir, ce
n'est que de la forme, de la fo-o-orme.
Quand on pense à faire contrôler des
compétences par une Chambre incompé-
tente, n est-ce pas seulement par souci
de la fo-o-orme ?
Ne serait-il pas plus simple et plus lo-
gique de dire au pays : Ne prends plus
tes députés à la loterie. Choisisses
seulement parmi les compétences. Elis-
, les, sans musique électorale, dans le cal-
me, parmi ceux que leur fonction et les
services rendus dans leur corporation
prouvent compétents au point de vue
économique.
Que ceux-là, réunis, appliquent ta vo-
lonté et que le Sénat, assemblée régio-
nale, ait seul le droit de s'opposer à leurs
décisions. Mieux : qu'il en discute avec
eux dans une assemblée nationale à nom-
bre réduit.
Voilà ce que le bon sens indique clai-
rement. Pourquoi n'est-ce pas adapté
déjà ?
Parce que la pdlitique, telle qu'elle
est comprise, fait vivre nombre d'inuti-
les, lesquels se trouveraient brusquement
sans emploi si une forme nouvelle, logi-
que, de représentation s imposait. Ces
mouches du coche parent donc, de toutes
leurs forces, au remplacement du vieil
attelage qu'elles semblent aider.
Faut-il que nous tombions encore plus
bas pour que tous les Français qui se tai-
sent, bien que pensant ce qui est dit ici,
manifestent leur volonté, consentent à
réagir en réclamant le seul mode écono-
mique de représentation qui convienne
au pays : l'assemblée professionnelle,
dont les membres seront pris dans les
conseils des corporations ?
Ce n'est plus qu'un jeu de rassem-
bler ces conseils. Les chambres de com-
merce, les chambres syndicales patrona-
les et ouvrières offrent leurs éléments où
l'opinion publique n'a plus qu'à choisir,
chaque électeur votant dans sa corpora-
tion, bien entendu. •
La Constitution de 1875 permet la
dissolution de la Chambre des députés.
Si le respect des habitudes, même des
mauvaises, faisait encore retarder cette
dissolution, il importe que dans deux
ans, aux prochaines élections, l'assem-
blée professionnelle remplace une Cham-
bre issue de la politique dans ce qu'elle
comporte de plus mauvais.
Cela, tous les bons Français doivent
l'exiger et le préparer, dès aujourd'hui.
Henri VINCENT.
■
EDITORIAL
lei
Un peu de mesUre::
Il est des hommes, en vé-
rité, bien difficiles à conten-
ter. Ils ne parviennent à se
mettre d'accord ni avec les
autres ni avec eux-mêmes,
car leur esprit est constam-
ment tourmenté.
Ainsi, voici plusieurs jours, M. Camille
Aymard chantait pouille à M. Steeg dans
la Liberté. Et de quel ton î
Il reprochait au Résident général de
la République française au Maroc d'avoir
retardé la grande offensive militaire du
printemps par les pourparlers d'Oudjda ;
et il déclarait que hl. Steeg serait res-
ponsable des morts que cette criminelle
temporisation allait causer. Je crois mê-
me me rappeler qu'il dressait contre lui
la vindicte des « mères en deuil ».
Aujourd'hui que les habiles négocia-
tions de M. Steeg combinées avec
l'avance des troupes françaises ont pro-
voqu'é la reddition d'Abd el Krim, pré-
cipité le succès de nos armes, et arrêté
l'effusion du sang français ; il me sem-
blait que la satisfaction de M. Camille
Aymard dût être vive.
Point.
Il s'avance derechef avec « ses mil-
liers de mères en deuil », et il accuse le
pacificateur de vouloir « honorer le
bourreau de nos soldats » (?)
Oserai-je répliquer tout d'abord que
ces incessantes évocations des «mères en
dueil » me semblent excessives.
Déjà M. Edouard Herriot abusait
de ces images sacrées lorsqu'il voulait
que, par -Sa Grâce, « les mères en deuil
puissent regarder leurs petits enfants
sans trembler ».
Images sacrées, j'y insiste, qu'il ne
faut toucher qu'avec piété, d'une main
purifiée et légère. Les « mères en deuil »,
comme toutes les autres victimes de la
guerre, forment une théorie auguste qui
ne doit pas être mêlée à nos discussions
politiques ni à nos discordes civiles.
Elles appartiennent uniquement au
culte de la - Patrie, dont nul ne saurait
s'arroger un monopole de desservant.
Je ne crois pas davantage que le
génie, la tradition, la générosité et la
noblesse de la France, doivent nous in-
citer à des représailles féroces contre
un ennemi qui se rend.
L'empereur Guillaume a été un grand
Saigneur de la guerre, autrement plus
coupable que ce chef riffain, qui après
tout est un demi-civilisé qui défendait
sa terre. L'empereur d'Allemagne a ap-
pliqué sa « kultur » à la violation du
droit humain, au parjure, à l'invasion,
au massacre de millions d'hommes, à
la dévastation de riches provinces, à l'in-
cendie et à la démolition de villes fa-
meuses ou de cités charmantes, il a ac-
cumulé — en les aggravant par le pro-
grès (?) scientifique — toutes les hor-
reurs de la guerre, toutes les ruines, les
misères, et lés souffrances humaines, et
il fume paisiblement sa bonne pipe de
faïence en Hollande devant ses parter-
res de tulipes et de dahlias.
Or, je n'ai pas encore entendu dire
que mon très distingué confrère M. Ca-
mille Aymard eût organisé une « des
excursions du dimanche » de La Liberté
dans les Pays-Bas pour y surprendre, y
prendre, et y pendre cet ancien empe-
reur de sac sans corde.
Au demeurant, la France, qu'animent
toujours la douceur et la générosité cel-
tiques, n'a l'esprit ni du Talmud ni de la
loi du lynch.
Même si elle soumettait des peuples
anthropophages, il ne lui viendrait pas
l'idée de leur appliquer la peine du ta-
lion.
C'est bien assez que les Français se
plaisent si fâcheusement à se manger
le nez entre eux, sans qu'ils en viennent
encore * 1" "rer leurs prisonniers.
Edmond du MESNIL
LA SEDITION PORTUGAISE f
Ces mutins marchent
sur Lisbonne
■ -080
Une rencontre est probable avec
les troupes gouvernementales
Les nouvelles arrivées de Lisbonne sont peu
nombreuses, une censure sévère continuant
à être exercée par le gouvernement portu-
gais. On sait cependant que la huitième di-
vision d'infanterie de Braiga a donné le si-
gnal de la révolte. La division qui est en
garnison à Porto s'est jointe à elle avec
diverses unités. pour marcher sur la capi-
tale. Le général Gomès Costa, commandant les
troupes mutinées, a adressé une proclama-
tion à la population l'invitant à rester calme.
Le comité révolutionnaire a, de son côté, som-
mé le président de la République do consti-
tuer un gouvernement républicain, pris en
dehors du Parlement.
!Le cabinet portugais s'est réuni d'urgence
dans la journée du 28 pour examiner la situa-
tion.
Un communiqué officiel publié dit que deux
colonnes de troupes, placées sous le comman-
dement du général Perès, ont été immédiate-
ment formées à Porto et Vianna do Castello
et ont reçu l'ordre de se diriger sans délai
sur Braga.
IÆ. Conpagnie des chemins de fer a refusé
de transporter les troupes gouvernementales
qui doivent se porter à la rencontre des mu-
tins.
Un communiqué officiel
Lisbonne, 28 mai. - Le gouvernement com-
munique la note suivante :
Une tranquillité absolue règne dans tous
le pays. La sédition s'est limitée à quelques
éléments de la division de Braga comman-
dée paf le général Gomes Costa.
Deux colonnes sont organisées à Porto pour
aller réduire les séditieux de Braga.
Ce que demandent les insurgés
Lisbonne, 28 mai. - Les chefs du mouve-
ment insurrectionnel ont invité le président
de la République à constituer un gouverne-
ment républicain pris en dehors du Parle-
ment et à convoquer les chefs des partis po-
litiques.
Le monopole des taibacs serait la cause de
la sédition militaire.
.1 II II • II. J « ■ M - -
La crise charbonnière britannique
Le roi' décide la promulgation de « Fétat
d'urgence nationale »
Londres, 29 mai. — Le roi George V a
tenu aujourd'hui, au palais de Buckingham,
un conseil privé de la Couronne.
Quelques heures plus tard, la London Ga-
zette publiait un supplément contenant une
proclamation royale dans laquelle il est dit
que puisque la grève des mineure continue,
l' « état d'urgence nationale », qui avait
été déclaré le 30 avril, est prolongé pour une
durée d'un mois.
La Constitution anglaise est telle, en ; effet,
que l'état d'urgence ne peut durer plus d'un
mois à moins qu'il ne soit renouvelé pour
une période de 30 jours, par une décision du
roi. ,
Les intentions du gouvernement
Le cabinet britannique se réunira mardi
prochain, afin de décider de la déclaration
qu'il fera., dans le courant de l'après-midi, de-
vant la Chamfbre des Communes.
Le gouvernement serait assez favorable-
ment disposé à faire siennes les recomman-
dations de M. Franck Hodges, ancien secré-
taire de la Fédération des mineurs, et qui
peuvent se résumer comme suit :
[Reconstruction de l'industrie charbon-
nière sur les bases mentionnées dans le rap-
port de la commission royale d'enquête ;
Répartition, comme suit des recettes de l'in-
dustrie charbonnière : 87 p. 100 aux salai-
res, 13 p. 100 aux bénéfices.
Maintien des salaires actuels.
Sept heures et demie de travail par jour
tau lieu de sept.
Maintien du nouveau subside gouverne-
mental de 3 millions de livres pendant que
les patrons et ouvriers feront connaître, par
un vote, leurs décisions sur les propositions
ci-dessus.
Doit-on supprimer
les deux frères siamois ?
La question passionne toute l'Amérique
New-York, 29 mai. - Une tempête de pro-
testations indignées se fait entendre sur
toute l'étendue du territoire américain à la
nouvelle que des docteurs préconisent la sup-
pression de deux frères siamois qui viennent
d'être mis au monde à Soothbond, dans la
province d'Indiana. Les docteurs répliquent
que, plus tard, les deux frères siamois ne
sauraient être qu'un fardeau inutile pour la
société, mais l'opinion publique n'est pas de
cet avis. Cependant, le père s'est rangé à
l'avis des médecins, tandis que la mère s'y
oppose énergiquement.
Les deux frères siamois sont en parfaite
santé et ont gagné une livre depuis leur nais-
sance.
Il est toujours possible de faire la guerre.
Mais pour fonder quelque chose en colonisa-
tion, il faut être en paix avec ses voisins.
Maréchal BUGEAUD.
t#<'. L'ACTUAL ITË
d -
Lapacificaliondu Maroc
» • *.
«. Venez à nous sans arrière-pensée. Faites-nous oublier les maux que
vous avez causés et nous vous assurerons la paix et le bien-être pour
vous et vos familles da ns le respect affectueux de vos mœurs
et de vos croyances. Nous vous apporterons la tranquilité, l'ordre, la
santé, la justice et la prospérité, qui accompagnent partout le drapeau
français, » Th. STEEG;
1VI. Steeg, résident général, a adressé de
Taounat aux tribus riffaines l'émouvante
proclamation suivante :
0 gens des tribus du Nord, administrés
de 8. M. le sultan Moulai Youssef et de la
grande nation protectrice, la France, je suis
heureux de vous annoncer qu'en ce jour,
15 dji el Kaada 1344 (27 mai 1926), nous en-
trons dans une période de paix et de prospé-
rité. La France, amie de l'Islam, grande puis-
sance musulmane dans le monde, vous ac-
cueille, bien que les derniers et tardivement
venus, âveo beaucoup de sollicitude, de géné-
rosité et de clémence. Elle ne vous accueille
pas covntie des enfants méchants qu'elle veut
frapper. Non ! non ! non ! Bile est assez
formidablement puissante pour être indul-
gente et elle vous reçoit dans son sein com-
me- des gens égarés qui avez compris votre
erreur et qui revenez à elle tout repentants.
Elle out liera le mal que vous lui avez t'1it,
parce qu'elle est grande, forte, et aussi très
généreuse. Elle aurait pu, si elle avait voulu,
employer sa force et sa puissance, toute sa
flotte aérienne, ses gros canons et ses vail-
lants soldats qui ont fait leurs preuves sur
tous les champs de bataille, aui ont libéré le
territoire de la France envahie et qui se sont
toujours couverts de gloire. Si es enfants
sont des soldats et s'ils se battent pour une
nollt cause, ils savent aussi, quind l'heure
de la paix a sonné, travailler pour le hl de
tous, dans Vordre et duns In JOIe.
Aujourd'hui, 15 dji el Kaada 1314, Abd el
Krim, qui vous a conduits jusqu'ici dans
Verreur, qui fut l'auteur de vos malheurs, de
votre ruine, de la perte de vos récoltes, de
vos troupeaux, qui a dressé des frères contre
des frères et fait couler le sang parmi vous,
lui, Abd el Krim, vient repentant à la France
et lui demande de lui accorder l'aman. 8. M.
le sultan et le représentant de la France l'ût-
tendent d'un moment à Vautre, car il doit
être conduit à eux. Il a passé nos lignes fran-
çaises, après avoir renfu. tous. les prisonniers
sans distinction de nationalité. de race ou de
religion,, et il place sous la protection de la
France, toute sa famille, ses biens et sa per-
sonne et s'en remet à sa magnanimité.
Oui, ô gens de tribus, Abd el Krim sera
responsable devant le Très-Haut et le Tout-
Puissant. Il portera le poids de tous ses châ-
timents. Ce sera sa plus grande punition.
S.M. le sultan Moulai Yotissef (que Dieu
l'assiste), décidera du sort de l'homme qui a
jeté dans l'erreur et les souffrances des po-
pulations paisibles qui ne demandaient qu'à
travailler dans l'ordre, la paix et la concorde
Tenez à nous sans arrière-pensée. Faites-
nous oublier les. 1naux que vous avez causés
et nous vous assurerons la pain; et le bien-
être pour veui et vos familles dans le res-
pect affectueux de vos mœurs et de vos
croyances. Nous vous apporterons la tranquil-
lité, l'ordre, ta santé, la justice et la pros-
périté, qui accompagnent partout la drapeau
français.
Félicitations aux troupes
M. Steeg a écrit au général Boichut la let-
tre suivante :
Cher général,
J'ai vécu si près de vous et de vos troupes,
au cours de ces derniers mois, que ma joie
se confond avec la vôtre et la leur. Félicitez-
les en mon nom pour leur ténacité et leur
crâne vaillance. Grâce à elles, la France et
le Maroc aperçoivent un avenir prochain de
labeur fécond dans la concorde et la paix.
Remerciez aussi les officiers du service des
renseignements, qui furent à la fois éner-
giques et politiques avertis. Une fois de plus,
la France triomiphe par le courage et la jus-
tice.
Le général Boichut a répondu ainsi à M.
Steeg :
Je suis heureux de transmettre aux magni-
fiques troupes régulières et supplétives place.
sous mes ordres et à leurs chefs l'expression
de vos hautes félicitations. Elles constituent la
plus belle récompense de leur abnégation et
de leur sacrifice.
En terminant ainsi l'œuvre de leurs vaillants
devanciers, nos troupes ont conscience d'avoir
largement contribué, par leurs rapides efforts,
à l'établissement de la pacification définitive
si ardemment désirée par tous.
Le maréchal Lyautey a envoyé le télé-
gramme suivaiit à M. Steeg :
J'applaudis bien chaleureusement au succès
éclatant et à ce qu'il assure au Maroc de sé-
curité et de paix. 1
Le résident général a envoyé la réponse
ci-après :
Mefci de votre télégramme; ma pensée est
avec vous en ces jours où, par la vaillance
de nos armes, triomphe notre politique fran-
taise de fermeté, de jusffë« et de bienveillance
*
âtiractivè.
Nouvelle mission du général Simon
M. Painlevé, ministre de la guerre, a con-
firmé que le général Simon se rend au Maroc
pour entrer en contact avec les autorités es-
pagnoles. Les Conversations auxquelles il par-
ticipera ne viseront pas des rectifications
de frontières entre les zones française et es-
pagnole, mais tendront à fixer les bases du
statut du Rif. Il étudiera également les ques-
tions militaires et économiques posées par
la victoire franco-espagnole, celles en parti-
culier qui concernent les tribus qui se trou-
vent à cheval sur les deux zones.
Le général Simon est arrivé hier matin à
Marseille. Il s'est rendu à bord du « Tim-
gad », courrier d'Alger, qui a levé l'ancre à
midi. •
UNE REPONSE 'AUX AGITES DU CARTEL
Le gouvernement se prononce
contre toute novation fiscale
< 8HoC8 -
Il manifeste sa volonté d'apaisement
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
ont tenu hier deux conseils de cabinet, sous
la présidence de M. Briand.
A l'issue de la seconde réunion, qui, com-
mencée à 15 heures ne s'est terminée qu'à
17 heures, M. Daniélou, sous-secrétaire d'Etat
à la présidence du conseil, a communiqué à
la presse une note officielle résumant les
deux délibérations gouvernementales de la
journée. Dans cette importante communica-
tion le gouvernement précise les grandes li-
gnes de sa politique ainsi que l'attitude qu'il
est résolu de prendre publiquement. Celle-ci
peut se résumer en ces quelques mots : ré-
tablissement de la confiance et volonté d'a-
paisement dans la justice fiscale.
Voici d'ailleurs, le texte de la note offi-
cielle :
Le gouvernement, après une étude prolon-
gée dû problème financier, au cours des deux
conseils de ce jour, a estimé que son devoir
est de consacrer toute son activité au redres-
sement du franc, à Vexolusion, quant à pré-
sent, de toute. autre question.
Il a approuvé la composition du comité
d'experts choisis par le ministre des finances
avec mission de surveiller les mouvements
du marché et de suggérer toutes décisions
utiles à la défense de notre devise.
Pas d'impôts nouveaux
Pour le surplus et s'agissant d'aller au plus
pressé, il se refuse à envisager une aggrava-
tion des charges d'impôts qui serait incompa-
tible avec la nécessité de rendre confiance à
notre épargne. ,
Il décide de procéder d'urgence à la codifi-
cation systématique prévue par la loi du
29 avril 1926, afin de dégager une limite de
charges. tant par catégorie de contribuables
que par nature de taxation.
L'établissement de ce plafond fiscal. fera
l'objet d'un projet soumis au Parlement. Mais
dès maintenant le gouvernement envisage
l'ouverture à la Banquç de France d'un comp-
te spécial auquel seraient versés ou virés les
capitaux libellés en monnaie étrangère qui
ont pu être constitués hors de France par
nos nationaux et dont les propriétaires fran-
çais seraient en droit d'invoquer le rapatrie-
ment, la liberté des capitaux ne pouvant être
rendue - selon le vœu exprimé par la confé-
rence interparlementaire de Londres —
qu'après un retour massif des capitaux em-
portés.
Le conseil estime qu'il ne saurait être
question d'innovation fiscale dans cette pé-
riode où le salut du franc est en cause.
.ni de controverse doctrinale
Le gouvernement décide de donner une
suite et une conclusion aux rapports du co-
mité supérieur d'enquête sur la compression
des dépenses administratives, civiles et mi-
litaires. -
Le conseil persiste à penser qu'il y aurait
inconvénient, dans les circonstances qui nous
pressent, à engager une controverse doctri-
nale dont le développement risquerait de fai-
re nattre des alarmes dommageables pour le
crédit public et contraires d'ailleurs à la vo-
lonté d'apaisement de la justice fiscale, qui
est celle du gouvernement. Le conseil compte
sur les Chambres pour reporter à une date
ultérieure ce débat de durée; sur les Cham-
bres et sur le Pays pour admettre que toute
initiative du gouvernement soit employée à
l'œuvre de sauvegarde immédiate.
Le franc victime de la politique
Interrogé au sujet de la récente reprise de
la livre, M. Raoul Péret n'a pas caché que
l'incertitude de la situation politique intérieu-
re n'était pas étrangère à la hausse enregis-
trée. Mercredi dernier, en eEfet, le franc était
demandé sur les principales places étrangè-
res. Or le débat qui s'est institué le lende-
main devant la Chambre a influencé les
cours en notre défaveur. C'est ce qui fait que
le gouvernement a été amené à envisager de
nouvelles mesures en vue de poursuivre le
redressement du franc.
LE RETOUR DU NEGOCIATEUR
M. Henry Bérenger
est à Paris
C8C11
Il a conféré dès hier soir
avec MM. Briand et Raoul Péret
M. Henry Bérenger, ambassadeur de France
à Wasgington, est arrivé à Paris, hier soir,
à 16 h. 45.
Une foule considérable de parents et d'amis
l'attendait sur le quai de la giare Saint-La-
zare. On y remarquait : MM. de Monzie, Da-
niélou, Peycelon, représentant M. Briand ;'
Levass-eur, haut-commissaire aux loyers ;
Toussaint-Luca, représentant M. Raoul Péret;
Myron T. Herrick, ambassadeur des Etats-
Unis. Après avoir serré les nombreuses
mains tendues vers lui et s'être prêté aux
opérations des photographes, M. Henry Bé-
'renger a pris place dans son auto pour ga-
gner immédiatement le Quai d'Orsay.
Au ministère des affaires étrangères
L'ambassadeur de France est arrivé a if
ministère des affaires étrangères au moment
où le conseil de cabinet se terminait. Il fut
immédiatement introduit auprès de M. Briand
auquel il rendit compte de la mission qu'il
vient de remplir aux Etats-Unis.
C'est en présence de MM. Pierre Laml,
garde des sceaux ; Jean Durand, ministre
de l'intérieur ; Raoul Péret, ministre des
finances ; Paul Painlevé, ministre de la
guerre, et de Monzie, ministre des travaux
publics, que M. Aristide Briand a conféré
avec M. Henry Bérenger.
La réunion s'est terminée à 18 heures.
MM. Raoul Péret et Henry Bérenger ie
sont rendus ensuite au ministère des finan-
ces où ils ont eu une entrevue avec M. Ro-
bineau, gouverneur de la Banque de France.
Déclarations de M. Bérenger
Parlant de l'accord qu'il vient de négocier
à Washington, M. Henry Bérenger a t'lêclarâ
que c'était une transaction entre les finan- •
ces de la France et les finances des Etats-
Unis.
« Le créancier, a poursuivi l'ambassadeur,
n'a pas tout exigé. Le débiteur n'a pas tout'
refusé. J'ai assez de confiince dans la sa-
gesse clairvoyante de mes collègues du Parle-
ment pour croire que cet accord sera promp-
tement ratifié. Aucune revalorisation - qua
dis-ije. ? aucune stabilisation du franc - n'dl
possible sans un règlement préalable de tft
dette extérieure. Sans doute, il y & les dis-
cussions .dans lés journaux et il y aura dtt
débats dans les Assemblées ; mais n'esta
pas l'honneur des démocraties libres"qu'il en
soit ainsi ?
- « En France comme aux Etats-Unis, la li-
berté de la presse existe aussi réellement
que la liberté de la tribune. Pas plus que
vous nous n'avons et ne supporterions de
dictature, ni de censure. Mais les libres dis-
cussions n'excluent pas les sages conclusions.
Aussi je suis convaincu que la démocratie
française voudra mettre fin, pour sa part, à
un malentendu qui finirait par altérer ses re-
lations avec la démocratie américaine..
« Les malentendus d'argent ne sont pas
des plus profonds mais ils peuvent devenir
des plus dangereux. Ils corrompent les ami-
tiés les plus solides. Ils éveillent le soupçon
chez les uns et l'envie chez les autres. Le
créancier finit par voir dans son débitant
un dissipateur qui se moque de lui. Le débi-
teur finit par voir dans son créancier un
avare qui veut le dépouiller.
« Faute d'un règlement de sa dette, la
France n'a-t-elle pas vu se développer aux
Etats-Unis toute une campagne d'articles et
de discours affirmant que nos paysans et
nos ouvriers ne payaient pas d'impôts, que £
le devoir fiscal était insuffisamment observé
chez nous ? Ces idées se sont répandues et
enracinées jusque dans le Parlement améri-
cain. J'ai dû lutter pied à pied contre elles
dès mon arrivée à Washington, dans d'inces-
santes conversations avefc de nombreux sé-
nateurs et représentants américains.
-————————
Le Congrès de l'Alliance
Internationale
pour le suffrage des femmes
Le Congrès n'est pas encore officiellement
commencé et pourtant déjà l'activité règne
et le travail est intense à la vieille Sorbonne.
où jamais encore n'ont été réunies à la fois
tant de femmes issues de tant de pays étran-
gers- Chaque jour voit arriver de nombreuses
déléguées venant des contrées lointaines et qui
ne cachent pas leur satisfaction de se rencon-
trer à Paris. Ici, une doctoresse yougoslave
parle de la prostitution avec une députée au
Reichstag; là, une déléguée roumaine expli-
que à une Hindoue drapée dans de riches voi-
les multicolores qu' une loi récente permet aux
femmes de Roumanie qui épousent un étranger
de conserver leur nationalité; dans un vaste
fauteuil, une Japonaise toute frêle et toute me-
nue lit* un journal de son pays et sourit genti-
ment à une journaliste grecque qui vient l'in-
terviewer.
Dans les vastes salons mis si aimablement à
la disposition du Congrès par Mme Paul
Lapie, la femme du Recteur de l'Université
de Paris, à qui va toute la gratitude des con-
gressistes, siegent les commissions préliminai-
res du. Congrès. Autour d'une immense table
se réunissent un certain -nombre de déléguées,
chacun s'est inscrite à la commission qui l'in-
téressa le plus, et où sont discutées les ques-
tions sur lesquelles elle possède une certaine
compétence.
L'une des commissions s'occupe de la natio-
nalité de la femme mariée et travaille à obte-
nir pour la femme qui épouse un étranger le
droit de choisir entre sa nationalité d'origine
et celle de son mari. Des juristes de tous les
pays disent quelle est la situation chez elles
et quelles réformes on pourrait apporter ; en
Suède, en Norvège, au Danemark, er\ Roi,,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7552334f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7552334f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7552334f/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7552334f/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7552334f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7552334f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7552334f/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest