Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-04-28
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 avril 1926 28 avril 1926
Description : 1926/04/28 (N20249). 1926/04/28 (N20249).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
1. 9 FLO REAL, AN 134. - N° 20.249 , - ," La Numéro t TINGT iïknkiMES 0 4 MERCREDI 28 AVRIL 1926. - N* 20.249
Fondateurs (1869):
- - * VICTOR HUGO - - -
AUGUSTE V ACQUERIII
ABONNEMENTS:
» a ma* --
San & S.-*T-Oira 40 21' f lia
FBAKCB » Commibs 45 29, 11*
Etbanoeb 75' 38r 20'
âdnsggr .Iia, un communlcattên»
au Oinotaur
; ( , -., Ír,.
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
POUR LA 'PUBLICITÉ, S'ADRESSER
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TRiBjUME LIBRE
Joffre et Castelnau
..— « ———
L'affaire de la Carcasse, — j'entends
parler du tapage que la représentation
de cette pièce a suscité ces jours der-
niers, — résulte de l'intervention du
général de Castellnau. Le héros du
Grand-Couronné, en effet, a cru devoir
prendre la défense de ses camarades,
ridiculisés dans la personne d'un as-
sez sale bonhomme, égoïste et fort peu
soucieux du devoir patriotique.
M. François de Tessan, qui est le di-
'recteur parisien de Ha Dépêche (de Tou-
louse), — fort amie, comme on sait, du
maréchal Joffre, — pofite de l'occasion
pour nous révéler qu'une sourde jalou-
sie" existe entre ces deux grands chefs.
Dans, un article plein de verve et
d'une très solide argumentation, notre
confrère reproche au général de Cas-
te Inau. « qui se pose en symbole de la
discipline», et qui ne tolère pas qu'on
attribue de basses pensées à quelqu'un
du haut commandement, il lui repro-
che, dis-je, de s'être :1:ivré à d'assez vi-
laines manœuvres, soit directement,
soit par personnes interposées, pour
abattre le généralissime dont peut-être
'il convoitait la succession.
Jean de Picrrefeu, dans son G. Q- G.
Secteur I, a fait allusion à cette lutte
sourde de l'inférieur contre son supé-
rieur, lutte qu'il semble attribuer non
a. celui-ci, qui y serait resté étranger,
mais à son entourage. Il accuse, en
particulier, un officier de son état-ma-
jor, le commandant Camus, de n'avoir
pas cessé « de communiquer avec l'ar-
rière et de mener, dans îles cercles hos-
tiles à Joffre, de savantes offfensives ».
Les commandements que j'ai exer-
cés pendant la guerre m'avant tenu
éloigné de Chantilly, j'ignore ce qui a
•pu. s'y passer, et je ne connais, des in-
trigues qui s'y sont nouées, que. ce que
'tl'a.i appris par bribes, grâce à des con-
fidences sur la valeur desquelles je fais
toutes mes réserves.
En revanche, je suis en état de don-
ner quelques précisions assez sûres au
sujet de la mésentente dénoncée par
Pitrefeu et de Tessan. :
Un les divisionnaires qui avaient
* servi boum les orâvés de Joffre, alors
que a flw-ci était à "la tête du corps
d'armée, se présenta aux Invalides pour
rendre visite à son ancien chef, et le
hasard t}¡'y amena au moment même où
Joffre était au ministère.
— Si je vous ai fait attendre.- dit-il
pour s'excuser, quand il revint, c'est
que M. Messimy m'a fait appeler pour
m'offrir la vice-présidence du conseil
supérieur de la guerre.
- Et vous avez accepté, mon géné-
ral ?
- Oui. J'ai accepté.
Mt le divisionnaire de féliciter le nou-
veau généralissime éventuel de son élé-
vation à un tel poste.
Mais, en même temps, comme il ne
pouvait pas ignorer l'insuffisance en
stratégie d'un homme qu'il avait vu à.
1 ûeùvrc, il ne lui cacha pas l'étouiie-
ment — pour ne pas dire : les crain-
tes -:-, .-que lui inspirait la nouvelle de
cette élévation-
Mon vieux condisciple — Joffre a fait
se.-s classes de mathématiques spéciales
avec moi au lycée Charlemagne,-
mon vieux condisciple était trop fin
pour s'y tromper. Il répliqua modeste-
ment qu'il se rendait compte de ses in-
suffisances.
! --.. Mais rassurez-vous, ajouta-t-il, je
n'ai accepté que pour deux raisons-
D'abord, il est certain quïili n'y aura
pas de guerre- Ensuite j'ai trouvé, pour
me mettre au courant de mon métier,
un maître en art militaire, très rensei-
gné sur les doctrines les plus récentes.
Or, il s'agissait précisément du gé-
néral de Castelnau. Celui-ci avait, été
chef d'élat-major- de son camarade de
promotion Tremeau, au temps où ledit
Tremeau avait été « généralissime dé-
signé ». Il était donc le dépositaire de
ia pensée de cet éminent cavalier (ou,
si vous préférez, de e cavalier qui
passait pour éminent).
Bref, ayant dû se démettre de ses
fonctions pour raison de santé, Tre-
meau conseilla à Joffre de prendre des
leçons de Castelnau. Le conseil fut
suivi. Et le professeur enseig" na no-
tamment à son élève les vertusde l'of-
fensive, vertus qu'ils ont mises l'un et
l'autre, à repreuve, respectivement à
Charleroi et à Mohrange.
Mais, bien a^ant la mobilisation de
1914 ils s'étaient séparés.
Du jour où il s'était jugé suffisam-
ment instruit, en effet, aie disciple
s'était débarrassé de son maître, de qui
la tutelle lui semblait' trop pesante. Il
craignait que, sachant le rôle joué par
Castelnau auprès de lui, on le considé-
rât comme un pantin entre les mains
de son. subordonné,, et que le ridicule
de cette situation lui nuisît dans le
monde militaire. Nous ne voyons que
trop. de généraux accepter de n'être
que les exécuteurs de la volonté de
quelqu'un de leurs subordonnés, de
leur chef d'état-major ou d'un de leurs.
officiers d'ordonnance-
Bien entendu, l'inférieur évincé sup-
porte difficilement sa disgrâce. Il ne
se plaignit pas, étant, soldat discipliné
et respectueux des formes. Mais il ne
put s'empêcher de penser de Joffre,
d'abord, qu'il avait, montré bien de l'in-
gratitude à son égard, ensuite, qu'il
avait bien mail profité de ses leçons, et
- que. enfin, celui des deux qui méritait
de Vbmm^rïer l'autre était justement
celui gui se trouvait en' sous-ordre, -
Et voilà toute l'histoire.
Il est très naturel que Castelnau n'ait
pas été content, et que, malgré sa man-
suétude évangélique, il l'ait témoigné
ou il ait permis à d'autres de le témoi-
gner pour lui.
Pour peu qu'on connaisse l'âme hu-
maine, on conviendra qu'il était im-
possible qu'il) en fût autrement.
Lieutenant-colonel Emile MAYER.
m f H»-» i — i
EDITORIAL
Les dettes interalliées
Plus de partis. Voici la
France unanime.
M. Pierre Bertrand et le
Quotidien pensent tout de
même que M. Jacques Bain-
ville et l'Action française. Le
Parlement, la Nation ne sau-
raient souscrire à des accords contraires
à l'équité, à l'honneur et au sens com-
mun. La conscience de notre Peuple s'y
-relluse : d'abord parce qu'elle est pro-
fondément sensible à l'iniquité, ensuite
parce quelles accords proposés grève-
raient pendant soixante-deux ans toutes
les catégories de contribuables français
d'une charge intolérable.
Aussi le même instinct inné de justice
qui jetait naguère les Français au se-
cours de l'indépendance américaine les
détournerait-il de la République amie si
elle persistait dans son intolérable des-
sein. Sans doute nos maîtres débiles et
éphémères ont commis des fautes à pro-
pos du règlement des dettes interalliées.
Ils n'ont pas posé le problème en temps
utile. Ils ne l'ont pas placé sur son vé-
ritable terrain. Ils n'ont pas débattu et
précisé le chiffre de notre dette. Ils n'ont
pas lié le paiement de nos dettes à l'a-
bandon de nos garanties, à la renoncia-
tion de nos gages, ,
Mais il n'en serait pais moins mons-
trueux que la France victorieuse fût trai-
tée plus durement par ses Alliés que ne
l'a été par eux l'Allemagne vaincue.
Nous avions aussi, nous autres Fran-
çais, le paiement d'ute dette, et d'une
dette sacrée, à exiger de nos agresseurs,
des destructeurs de nos cités, des rava-
geurs de notre sol, des meurtriers de nos
quinze cent mille morts.
Nous voulions exiger de l'Allemagne
la reconnaissance de sa lourde dette, et
lui imposer des paiements espacés sur
une quarantaine d'années.
« L'Allemagne paiera », avait-on dit.
Et, en fait, logiquement, honnêtement,
l'Allemagne aurait dû payer.
C'eût été une bien légère réparation
de son horrible crime contre l'humanité.
Or, nos bons amis anglo-saxons ont
commencé par encourager sa résistance.
Ils se sont tournés ensuite vers nous,
et M. Léon Bailby le rappelle fort à
propos dans l'Intransigeant, (c l'un des
négociateurs du traité de Versailles, l'un
des délégués les plus estimés des U.S.A..
le général Bliss, ami sincère de la Fran-
ce, et peu suspect de sympathie envers
les vaincus, disait : « Vous ne pouvçz
« pas faire peser sur trois ou quatre gé-
« nérations d'Alemands cette obliga-
« tion de payer que vous voulez leur
« imposer. C'est monstrueux. Et vous sa-
« vez bien qu'ils ne la tiendront pas. »
Alors, ce que les vaincus, de l'avis
même d'un Américain notoire, ne pou-
vaient tenir, pourquoi, par un abomina-
ble renversement des rôles, les vain-
queurs le tiendraient-ils ?
D'ailleurs, n'avons-nous pas déjà con-
senti un grand sacrifice en acceptant le
plan Dawes.
Ce plan Dawes, qui réduisait notre
créance sur l'Allemagne et allégeait les
charges de celle-ci, est de conception
américaine.
Si nous l'avons finalement accepté,
c'est uniquement dans la pensée qu'il
conditionnait dans l'avenir nos propres
facultés de paiement. C'est sur les re-
cettes du plan Dawes — laissées inten-
tionnellement en dehors de notre bud-
get — que doivent être prélevées les
sommes destinées au paiement de nos
dettes interalliées. p
Or, repoussant toute clause de garan-
tie, les Etats-Unis prétendraient exiger
de nous le paiement de nos annuités,
même si l'Allemagne se refusait (ce qui
arrivera lorsqu'elle se sentira assez for-.
te) à nous payer les siennes !
C'est une gageure indécente.
Il est incroyable qu'un gouvernement
ou que des négociateurs français puis-
sent seulement l'envisager.
Dans tous les cas, je veux croire avec
mes confrères de tous les partis qu'il ne
se "trouvera pas un Parlement français
pour l'admettre.
La France est prête à solder son Doit;
mais elle est résolue à sauvegarder son
Droit.
Edmond 4a
LE PREMIER MAI
L'ordre sera assuré
dans la rue
o»o
Les mesures les plus rigoureuses
seront prises à cet effet
M. Jean Durand, ministre de l'intérieur, a
indiqué hier au conseil des ministres les me-
sures d'ordre qu'il compte prendre à Paris
et en province pour la journée du premier
mai.
Quand il a quitté l'Elysée, M. Jeaa Durand
nous a fait à ce sujet la déclaration suivan-
te :
c Les dispositions les plus strictes vont
être prises à l'occasion du ter mai. L'ordre
sera assuré dans la rue, le gouvernement ne
pérmettra à aucun parti révolutionnaire de
le troubler. A Paris, tout cortège ainsi que le
port d'emblêmes séditieux seront formelle-
ment interdits.
« Ce soir même, a ajouté le ministre, je fe.
rai parvenir aux préfets des instructions pré-
cises et formelles en leur rappelant que leur
responsabilité personnelle est engagée dans
sette importante question du maintien de
l'ordre. »
M. Jean Durand a terminé en indiquant
que les étrangers seront, le 1er mai, l'objet
d'une surveillance toute spéciale.
« Il importe, a dit le ministre, que tout
étranger sache reconnaître l'hospitalité que
le pays lui offre en obsrvant le plus grand
calmè et en s'abstenant de participer à un
mouvement quelconque. Ceux qui tenteraient
de troubler l'ordre public seraient immédia-
tement arrêtés et expulsés. »
Les deux présidences
de M. Herriot
Nous avons annoncé que M. Herriot avai j,
été sollicité par un certain nombre de ses
amis de choisir entre 'la présidence de la
Chambre et celle du parti radical-socialiste.
M. Herriot avait le lendemain fait paraître
dans les agences une note aux termes de la-
quelle il déclarait n'avoir jamais songé à
abandonner la direction de son parti.
Or, hier, le bu-reau du comité exécutif du
parti radical-socialiste s'est réuni sous la pré-
sidence de M. Cuminal, sénateur, pour exa-
miner si à l'heure actuelle, le président Her-
riot devait choisir entre la présidence de la
Cbanabre et celle du parti radical-socialiste.
A d'unanimité, le bureau du comité exécutif
a décidé de lui demander de conserver à la
fois la présidence de la Chambre et celle du
parti., <
Cette démarche confirme donc l'informa-
tion que nous avions donnée, à savoir que
M. Herriot avait bien été sollicité par les
extrémistes du parti radical de choisir entre
l'une ou l'autre des deux présidences.
La décision prise ,par le bureau du comité
exécutif marque plus nettement encore la cas-
sure qui s'est faite entre l'aile gauche du
parti radical et le reste du parti.
Le prix du pain
ne dépassera pas 2 francs
M '1 w
Mais il sera moins blanc
Le kilo de pain .a passé hier à 1 fr 95
S'y maintiendra-t-il ? Non, sans doute; déjà
les boulangers, bonne âmes, assurent qu'il
ira sous peu à deux francs.
Cette menace, jointe à celle de la pluie
persistante, qui, deipuis huit jours, met en
péril les blÉs de printemps, inquiète le mi-
nistère de l'agriculture. Des mesures énergi-
ques vont incessamment être prises. Deux
francs est un prix limite que, sous aucun pré-
texte, le ministre ne veut voir dépa'sser.
L emploi de succédanés
En effet, hier, au conseil des ministres, M.
François Binet, ministre de l'agriculture, a
fait signer ua décret rendant obligatoire,
dans la proportion de 8 0/0, le mélange de
la farine de seigle à la farine de froment.
Dans les départements où le seigle est ra-
re, les préfets, après a.vis de la commission
départementale, pourront autoriser l'emploi,
dans la même proportion, de l'orge ou du riz.
Le ministre a été appelé à prendre cette
détermination à raison de la hausse cons-
tante du prix du pain, mais surtout dans la
crainte d'avoir une soudure difficile.
Le recensement en blé a fait apparaître un
battement d'environ 1 million de quintaux en
fixant la soudure au 15 juillet.
Mais, en raison de la qualité médiocre des
blés traités, ce battement pourrait se trou-
ver sensiblement réduit.
De plus, la période de mauvais temps que
nous traversons est susceptible de retarder
la soudure de quelques jours. En pareille
matière, il est donc bon de se montrer pré-
voyant, car si la soudure n'était pas obtenue,
il faudrait faire appel à des blés étrangers
qui coûteraient plus de 200 francs le quintal.
Notre situation financière ne nous permet
pas de le faire.
Si l'adjonction des succédanés est respec-
tée — et l'on y tiendra la main — nous pour.
rons alors atteindre la soudure et au moins
stabiliser le prix du pain.
Il faut considérer ceci, que la question de savoir si,
dans un conflit armé avec une tierce puissance, l'U-
nion soviétique est l'agresseur, avec effet d'engager
l'Allemagne, né peut être résolue qu'avec l'approba-
tion de cette dernière et que, de ce fait, une accusa-
tion éventuellement portée par d'autres puissances con-
tre l'Union soviétique et qui, de l'avis de l' Allemagne, ne serait pas
justifiée, n'obligerait pas celle-ci à participer à des mesures quelcon-
, ques motivées par l'article 16 du pacte de la Société des nations.
STRESEMANN.
(Extrait, de la note annexée au traité germano-russe.)
POUR LA PAIX AU MAROC
La Conférence d'Oudjda
,
a commence ses travaux
,— a» «c
A la demande des délégués riffains, la séance
a été coupée par de fréquentes interruptions
Oudjda, 27 avril. — Les délégués riffains
sont arrivés à pied au consulat à neuf heu-
res.
La séance a commencé aussitôt.
A 9 h. 30, les délégués riffains quittent la
fia-Ile des séances pour se retirer dans une
pièce voisine, où ils vont délibérer isolément
sur l'exposé général du programme de la
conférence que vient de présenter le général
Simon, et sur la réponse que Si Hohammed
Azerkane va développer.
La conférence d'Oudjda paraît devoir ne
ressember à aucune des négociations diplo-
matiques habituelles; c'est ainsi que les
«tances au lieu d'être continues vont être
coupées fréquemment d'interruptions pour
permettre aux trois délégués riffains de se
concerter, dans une salle à part, avant d'ex-
poser leur point de vue chaque fois qu'ils
seront amenés à prendre la parole
Pendant ce temps, les délégués espagnols
échangent leurs impressions en se prome-
nant sous la galerie ombragée et fleurie du
consulat aux abords duquel ne sont venus,
en dehors des journalistes, que de rares eu-,
rieux indigènes, accroupis au soleil. Tout ser-
vice d'ordre est donc inutile.
La premiêie suspension a duré 15 minutes.
La séance f lénifre a été reprise à î0 b. 0b;
«
à 10 h. 30, nouvel le sortie des Riffains pour
une seconde délibération qui prend fin à 11
heures. Les trois délégations reprenuent
alors la discussion.
Un communiqué
Oudjda. 27 avril. — Le communiqué sui-
vant a été remis à la presse :
Les trois délégations se sont réunies le 27
avril A 9 heures, an siège de la légion civile
d'Oudjda. Le président, au nom des deux dé-
légations française et espagnole a indiauô
aux délégués du. Rijf que cette réunion avait
pour "but de reprendre l'examen d'ensemble
des conditions qui leur avaient déjà été in-
diquées en vue de l'établissement de la paix.
Toutes ces conditions ont fait, en effet, déjà
l'objet d'un premier examen au cours des pré-
cédentes -réunions du cnmp Bèrteau:" et d'El
é.ioun.
Le génial Simon, parlant au nom des
deux délégations, a parlé aujourd'hui aux
délégués, riffains de l'application des con-
ditions de paix.
Après une suspension de séance de vingt
minutes, les délégués riffains ont répondu
à cet exposé.
La séance a été levée à 11 h. 16. Elle sera
reprise à■ 1'5 heurcB,
Les points de vue en présence
Le correspondant de l'Eavas donne sur
cette première séance les renseignements qui
suivent : --
Dès la première séance de travail, la con-
férence a abordé le fond même de son pro-
gramme. Le générail Simon a expôsé longue-
ment aux délégués rlffaln en entrant cette
fois-ci dans le détail des modalités d'applica-
tion, les conditions de paix arrêtées par les
délégations française et espagnole, dont les
grandes lignes avaient fait l'objet d'un exa-
men préliminaire lors des entrevues prépara-
toires du camip Berteaux et d'El Aïoun. Si
Mohamed Azerkane, au nom des Riflfains a
répondu que est exposé présentait diverses
objections, tant en ce qui concene l'éloigne-
ment d'A'bd el Krim que le désarmement des
tribus et l'échange des prisonniers.
Les points de vue en présence sont encore
très éloignés, comme il est bien naturel au
début d;une négociation mais ne paraissent
pas cependant - inconciliables avec de la pa-
tience et du bon vouloir, qualités qui ne
font pas défaut aux représentants franco-es-
pagnols.
C'est pourquoi les milieux de la conférence
se refusent à tout commentaire de façon à
éviter que des positions bien tranchées ne
soient prises publiquement de part et d'au-
tre, sur lesquelles il serait ultérieurement im-
possible de revenir. Ce travail de rapproche-
ment commencera dès cet après-midi.
La séance de l'après-midi
Voici le communiqué officiel qui a été
transmis à la presse à l'issue de la seconde
séance :
Les délégations espagnole et française ont,
au cours de leur quatrième réunion, qui s'est
tenue cet après-midi de 16 à 18 heures, pour-
suivi avec la délégation rififaine l'examen
des diverses questions relatives à la paix.
Elles ont plus spécialement étudié les me-
sures propres à assurer le maintien de la
sécurité et le respect des traités internatio-
naux.
Un échange de vues a également porté sur
le respect de la trêve ou suspension d'armes,
qui existe en fait depuis le 18 avril.
La prochaine séance aura lieu mercredi 28
avril à 9 heures du matin.
L'indifférence de la population
Oudjda, 27 avril. — Tta détail curieux et
qui ne laisse pas de surprendre les hôtes ac-
cidentels d Oudjda est l'indifférence parfaite
manifestée par la population de la ville. tant
indigène qu'européenne, à l'égard de la con.
férence et, plus particulièrement, des délé-
gués riffains. Ceux-ci circulent librement en
ville sans susciter le moindre sentiment
d hostilité, ni même de curiosité. Personne.
hiei, n était venu assister à leur arrivée;
personne, ce matin, ne se dérangea pour les
voir entrer ou sortir de la conférence.
Il résulte de cette indifférence qu'aucun in-
cident n'est à craindre et que le choix d'Oud-
jda comme siège de la conférence fut parti-
culièrement opportun. Plusieurs raisons moti.
vent. l'attitude de la population d'Oudjda.
Haddou passa ici la plus grande partie de son
existence et il compte dans la ville de nom-
breuses relations. De son côté, Azerkane fit
ici plusieurs séjours et a d'ailleurs laissé,
chez ceux qui l'approchèrent, une impression
plutôt sympathique.
Enfin, il ne faut pas oublier qu'Oudjd-a
commerça beaucoup, de tout temps, avec le
Riff. De plus, dans toute la région, comme
dans l'Algérie, on employait de nombreux
moissonneurs et travailleurs riffains : aussi.
verrait-on d'un œil favorable la reprise de re-,
lations courtoises avec les tribus soumises
à l'obédience d'Abd el Krim.
Déclarations de M. Steeg
Madrid, 27 avril. — M. Steeg. au mo.
ment de prendre le train pour Algésiras et
répondant à une question du représentant de
: agence Fabra, a déclaré en substance ;
Je m en vais enchanté de mon séjour à.
Madrid, surtout de la gentillesse et de la
sympathie dit roi, du président du conseil,
du ministre des Affaires étrangères et du
général Jordana, qui tous ont été pleins d'at-
tentions pour moi. Amnt de venir ici, fêtais
certain que l'accord des gouvernements fran-
çais et espagnol au sujet du problème maro-
cain était absolu, mais après les entretiens
que je vicîte d'avoir, je tiens, à déclarer que
la solidarité entre les deux pays est telle
que pas le moindre dissentiment n'existe, ni
sur là fond, ni sur les détails, et cela
non seulement sur les ùspects actuels, mais
ChUte sur l'orientation générale dudit 1-ro.
blême.
A la question : « Avez-vous quelque es-
poir que les négociations en cours aient des
résultats pratiques ? i. M Steeg a répoc
du :
Ce que j'ai c'est la certitude que si ce but
n'est pas atteint, ce ne sera certainement
pas par manque de volonté d'aboutir, d'es-
prit de conciliation et (le générosité de la
part de l'Espagne et de la France, car elles
font tout pour prouver, sans que le moindre
doute soit permis, leur désir véhément d'ob-
tenir la paix.
Si par malheur, on n'aboutissait pas à la
pai;r, le monde entier demeurera convaincu
que l'Espagne et la France ont fait tout ce
qui dépendait d'elles pour rattetindre.
Le journaliste insistant sur sa question,
M. Steeg a répondu :
J'fnsiste à mon tour sur ce que je viens
de dire : « Si on regarde dit côté de la Fran-
ce et de l'Espagne, tes espérances sont lé-
gitimes. C'est aux Riffains de démontrer s'ils
sont venus aux pourparlers avec le même
dessein de paix et 7a même bonne foi que
nous. l
LES DETTES INTERALLIEES
Washington étudie
nos propositions
On discute encore sur le montant
de nos premiers versements
Washington, 27 avril. — La commisaion
américaine des dettes s'est réunie aujour.
d'hui, ainsi que nous l'avions annoncé, pour
examiner de nouveau les propositions soumi-
ses par AI. Bérenger et relatives au règlement
de la dette de guerre française.
Il ne semble pas que M. Bérenger ait pu*
dès aujourd'hui même, répondre entièrement
aux remarques et observations qui lui étaient
faites par la commission des dettes.
Va-t-on aboutir ?
Londres, 27 avril. — « Pour autant que Ii
presse le sache, écrit le correspondant du
Times à Washington, aucune décision n'est
intervenue hier lorsque la Commission de
consolidation a examiné. iL nouveaux l'offre
française. M. Smoo,.persiste à croire que c'est
une erreur d'accepter annuellement vingts
cinq millions de dollars durant les cinq prei
mières années, non seulement parce que M.
Caillaux a offert quarante millions de dok
lars l'année dernière, mais parce que ce se"
rait fournir de nouvelles armes à l'opposition.
Toutefois, on croit que si les autres membres
de la Commission sont unanimes à approu-
ver l'offre française, M. Smoot se rangera à
leur avis; il le fera peut-être malgré lui, mais
il le fera quand même
« En somme, il y a tout lieu de croire que
nous assisterons cette semaine à la fin des
négociations et à l'acceptation de l'offre fran-
çaise, modifiée dans ses détails. Toutefois, les
messages venus de France durant la der-
nière séance, reflétant la confiance dans liae.
ceptation par la Commission de consolidation:
de ce qu'on lui offre et condamnant en même
temps l'accord prévu comme manquant de
générosité de la part de-l'Amérique, ne ser-
vent nullement la cause de la France et font
naître une certaine anxiété dans les milieux
de la Trésorerie.
« Quel sera cependant l'effet de cet .accord
sur les négociations en cours avec les ban-
quiers de New-York en vue de l'emprunt pour
la stabilisation du franc ? On sait déjà ce
qui s'est passé pour l'emprunt italien de 10Q
millions de dollars. Il - paraît que le public
n'a souscrit que pour 30 0/0. Nous verrons
maintenant èe qui arrivera pour .l'emprunt
belge qui, contrairement à l'emprunt italien..
ne sera lancé qu'après la ratification. Dans -
circonstances, il ne faudrait pas être sutpHé
si les banquiers américains attendaient jtfaMju'à
ce que le solde de l'emprunt italien att étit
absorbé et jusqu'à ce qu'ils connaissent la
sort réservé à l'emprunt belge avant d'arri-
ver- à un accord avec la France. »
'***————*————— * -»+«.. ————
Demain, «Paris-Phare»
,Cest demain que paraît le premier
numéro de Paris-Phare, mag-nifique-
ment illustré, bourré de textes vibrants
et attachants- JI sera très recherché de
tous ceux qui se passionnent pour la
rénovation républicaine et la moderni-
sation de l'Etat. Une très large plaoo esfi
faite aux lettres, aux arts, au théâtre.
Paris-Phare ouvre en outre une en-*
quête sur îtes moyens de sortir du gâchis.
Parmi les réponses qu'il publie sont celi
les de Joseph Caillaux, commentanfi
d'un mot décisif son récent discours du
Mans,, et celle de M. Georges Maus, pré"
sident de 3a Fédération des Commerçants;
défaiillanats de France, qui esquisse urf
programme du plus grand intérêt.
Paris-Phare sera en 'vente parUouf,.
mais il est prudent de retenir son numé..
ro dès aujourd'hui.
LES FAITS ET LES IDÉES
Un journal de combat
1 > .,..-# par Pierre DO::M:INIQUE.
cf De la lumière. » (Qœthe).
Evidemment, celui-ci en est un. Et
c'est peut-être pourquoi j'y écris- Les
journaux de cette famille-là, farniMe
noble entre toutes, se classent entre les
journaux d'information et ceux dits de
doctrine, qui, quand ils se rencontrent,
se disent gravement : « Nous sommes
la presse ».
Pas tout à fait, je crois.
Le journal d'information, c'est l'é-
cran qui paraît, disparaît. Telle nou-
velle, puis toile autre. Il s'agit de nour-
rir le public qui d'abord aime à bien
mander, à manger largement. Du pain
d'abord, à la française, le pain quoti-
dien, fourni par les Agences et puis la
nouveauté du jour, la vedette de l'heu-
re, le cri que l'on pousse à la minute
quelque part dans le monde.
Le journal de doctrine, clet la confé-
rence, le verre d'eau, l'habit noir, l'ex-
posé en long et en large d'un système,
de ce qu'on pensait bien et que l'on pré-
sente fort, proprement momifié, car dès
qu'i y a système, il y a du coup im-
mobilité et mort.
Donc, s'il n'y avait pas de journal de
combat, ou aurait le choix : ou bien
d'être volontairement et nécessairement
neutre, gris Manc avec les Mancs et gris
rouge avec les rouges, Gia nouvelle jetée
en pâture au public étant toujours cui-
sinée au goût du moment et assaison-
née par le ministre de l'intérieur glo-
rieusement régnant.
Ou bien d'être pesant, doctrinaire,
Royer-ollard en diaible et cravaté jus-
qu'aux oreilles, avec le ton noble, l'air
oratoire et un pantalon à sous-pieds.
Merci.
Eh quoi ! Que demandons-nous donc?
Avouons-le. Nous battre, tout simple-
ment, en toute lumière gt loyauté.
— Comment, nous dit Joseph Pru",
dhomme, il y en a encore de ces fous;
et vous en êtes.
-- Nous en sommes. Nous sommes
trois au moins. Et si vouloir se battre
est folie, Charfies. Albert; Jean Goldsky
et moi, nous voilà fous.
- Passons. Vos méthodes ?
Chercher l'adversaire et le battre.
«•oram populo, sous les regards du peu-
ple.
- On voit que la guerre a passé par
là. Et, votre drapeau ? pour continues
les
Cramponnez-vous. Nous en serons
tout bêtement pour la Révolution fran-
çaise ei ses hommes qui vuus paraissent
grands. Au delà, les prolongeant par la
pensée, préparateurs de leur action,
nous sa'luons toute rEcyclopédie pré-
parée par Descartes et par le grand Ra-
belais. Nous remonterions volontiers
jusqu'aux fabliaux, aux beffrois com-
munaux et aux cathédrales, pour vous
prouver que ce que nous cherchons, c'est
de nous bien enraciner au peuple.
— Je vous vois venir. Vous êtes des
V( cef/rand parti gui, au travers des siè
des, tantôt supportant la royauté Con-
tre les féodaux, tantôt se séparant de la
vieille monarchie infidèle à. sa mission;
nalionale, tantôt fondant, après quelles
luttes: la République, a constamment
combattu pour créeer, pour conserver,
pour élargir les libertés et les indépen-
dances françaises ».
— La phrase n'est pas mal. de qui
donc. est-elle ?
- De Caiîllaux.
-- Tous les mots en sont bons. Mais
poursuivons- Cette Révolution, on nous
l'a, gâchée. En 1850, Proudhon peut dire
qu'ayant justement détruit, elle n'a pas
.ÇQD,ê.t'rY!t A: vrai dire, elle n'a pas evi
s
Fondateurs (1869):
- - * VICTOR HUGO - - -
AUGUSTE V ACQUERIII
ABONNEMENTS:
» a ma* --
San & S.-*T-Oira 40 21' f lia
FBAKCB » Commibs 45 29, 11*
Etbanoeb 75' 38r 20'
âdnsggr .Iia, un communlcattên»
au Oinotaur
; ( , -., Ír,.
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
POUR LA 'PUBLICITÉ, S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION. ADMINISTRATION :
38, bouleva.rd de S"brets3ao\ao?cr, £ 9^JKXS"21*
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaction et Administration : Nord 24-90,24-91. — Après 10 heures da soir : Laure 04-36
TRiBjUME LIBRE
Joffre et Castelnau
..— « ———
L'affaire de la Carcasse, — j'entends
parler du tapage que la représentation
de cette pièce a suscité ces jours der-
niers, — résulte de l'intervention du
général de Castellnau. Le héros du
Grand-Couronné, en effet, a cru devoir
prendre la défense de ses camarades,
ridiculisés dans la personne d'un as-
sez sale bonhomme, égoïste et fort peu
soucieux du devoir patriotique.
M. François de Tessan, qui est le di-
'recteur parisien de Ha Dépêche (de Tou-
louse), — fort amie, comme on sait, du
maréchal Joffre, — pofite de l'occasion
pour nous révéler qu'une sourde jalou-
sie" existe entre ces deux grands chefs.
Dans, un article plein de verve et
d'une très solide argumentation, notre
confrère reproche au général de Cas-
te Inau. « qui se pose en symbole de la
discipline», et qui ne tolère pas qu'on
attribue de basses pensées à quelqu'un
du haut commandement, il lui repro-
che, dis-je, de s'être :1:ivré à d'assez vi-
laines manœuvres, soit directement,
soit par personnes interposées, pour
abattre le généralissime dont peut-être
'il convoitait la succession.
Jean de Picrrefeu, dans son G. Q- G.
Secteur I, a fait allusion à cette lutte
sourde de l'inférieur contre son supé-
rieur, lutte qu'il semble attribuer non
a. celui-ci, qui y serait resté étranger,
mais à son entourage. Il accuse, en
particulier, un officier de son état-ma-
jor, le commandant Camus, de n'avoir
pas cessé « de communiquer avec l'ar-
rière et de mener, dans îles cercles hos-
tiles à Joffre, de savantes offfensives ».
Les commandements que j'ai exer-
cés pendant la guerre m'avant tenu
éloigné de Chantilly, j'ignore ce qui a
•pu. s'y passer, et je ne connais, des in-
trigues qui s'y sont nouées, que. ce que
'tl'a.i appris par bribes, grâce à des con-
fidences sur la valeur desquelles je fais
toutes mes réserves.
En revanche, je suis en état de don-
ner quelques précisions assez sûres au
sujet de la mésentente dénoncée par
Pitrefeu et de Tessan. :
Un les divisionnaires qui avaient
* servi boum les orâvés de Joffre, alors
que a flw-ci était à "la tête du corps
d'armée, se présenta aux Invalides pour
rendre visite à son ancien chef, et le
hasard t}¡'y amena au moment même où
Joffre était au ministère.
— Si je vous ai fait attendre.- dit-il
pour s'excuser, quand il revint, c'est
que M. Messimy m'a fait appeler pour
m'offrir la vice-présidence du conseil
supérieur de la guerre.
- Et vous avez accepté, mon géné-
ral ?
- Oui. J'ai accepté.
Mt le divisionnaire de féliciter le nou-
veau généralissime éventuel de son élé-
vation à un tel poste.
Mais, en même temps, comme il ne
pouvait pas ignorer l'insuffisance en
stratégie d'un homme qu'il avait vu à.
1 ûeùvrc, il ne lui cacha pas l'étouiie-
ment — pour ne pas dire : les crain-
tes -:-, .-que lui inspirait la nouvelle de
cette élévation-
Mon vieux condisciple — Joffre a fait
se.-s classes de mathématiques spéciales
avec moi au lycée Charlemagne,-
mon vieux condisciple était trop fin
pour s'y tromper. Il répliqua modeste-
ment qu'il se rendait compte de ses in-
suffisances.
! --.. Mais rassurez-vous, ajouta-t-il, je
n'ai accepté que pour deux raisons-
D'abord, il est certain quïili n'y aura
pas de guerre- Ensuite j'ai trouvé, pour
me mettre au courant de mon métier,
un maître en art militaire, très rensei-
gné sur les doctrines les plus récentes.
Or, il s'agissait précisément du gé-
néral de Castelnau. Celui-ci avait, été
chef d'élat-major- de son camarade de
promotion Tremeau, au temps où ledit
Tremeau avait été « généralissime dé-
signé ». Il était donc le dépositaire de
ia pensée de cet éminent cavalier (ou,
si vous préférez, de e cavalier qui
passait pour éminent).
Bref, ayant dû se démettre de ses
fonctions pour raison de santé, Tre-
meau conseilla à Joffre de prendre des
leçons de Castelnau. Le conseil fut
suivi. Et le professeur enseig" na no-
tamment à son élève les vertusde l'of-
fensive, vertus qu'ils ont mises l'un et
l'autre, à repreuve, respectivement à
Charleroi et à Mohrange.
Mais, bien a^ant la mobilisation de
1914 ils s'étaient séparés.
Du jour où il s'était jugé suffisam-
ment instruit, en effet, aie disciple
s'était débarrassé de son maître, de qui
la tutelle lui semblait' trop pesante. Il
craignait que, sachant le rôle joué par
Castelnau auprès de lui, on le considé-
rât comme un pantin entre les mains
de son. subordonné,, et que le ridicule
de cette situation lui nuisît dans le
monde militaire. Nous ne voyons que
trop. de généraux accepter de n'être
que les exécuteurs de la volonté de
quelqu'un de leurs subordonnés, de
leur chef d'état-major ou d'un de leurs.
officiers d'ordonnance-
Bien entendu, l'inférieur évincé sup-
porte difficilement sa disgrâce. Il ne
se plaignit pas, étant, soldat discipliné
et respectueux des formes. Mais il ne
put s'empêcher de penser de Joffre,
d'abord, qu'il avait, montré bien de l'in-
gratitude à son égard, ensuite, qu'il
avait bien mail profité de ses leçons, et
- que. enfin, celui des deux qui méritait
de Vbmm^rïer l'autre était justement
celui gui se trouvait en' sous-ordre, -
Et voilà toute l'histoire.
Il est très naturel que Castelnau n'ait
pas été content, et que, malgré sa man-
suétude évangélique, il l'ait témoigné
ou il ait permis à d'autres de le témoi-
gner pour lui.
Pour peu qu'on connaisse l'âme hu-
maine, on conviendra qu'il était im-
possible qu'il) en fût autrement.
Lieutenant-colonel Emile MAYER.
m f H»-» i — i
EDITORIAL
Les dettes interalliées
Plus de partis. Voici la
France unanime.
M. Pierre Bertrand et le
Quotidien pensent tout de
même que M. Jacques Bain-
ville et l'Action française. Le
Parlement, la Nation ne sau-
raient souscrire à des accords contraires
à l'équité, à l'honneur et au sens com-
mun. La conscience de notre Peuple s'y
-relluse : d'abord parce qu'elle est pro-
fondément sensible à l'iniquité, ensuite
parce quelles accords proposés grève-
raient pendant soixante-deux ans toutes
les catégories de contribuables français
d'une charge intolérable.
Aussi le même instinct inné de justice
qui jetait naguère les Français au se-
cours de l'indépendance américaine les
détournerait-il de la République amie si
elle persistait dans son intolérable des-
sein. Sans doute nos maîtres débiles et
éphémères ont commis des fautes à pro-
pos du règlement des dettes interalliées.
Ils n'ont pas posé le problème en temps
utile. Ils ne l'ont pas placé sur son vé-
ritable terrain. Ils n'ont pas débattu et
précisé le chiffre de notre dette. Ils n'ont
pas lié le paiement de nos dettes à l'a-
bandon de nos garanties, à la renoncia-
tion de nos gages, ,
Mais il n'en serait pais moins mons-
trueux que la France victorieuse fût trai-
tée plus durement par ses Alliés que ne
l'a été par eux l'Allemagne vaincue.
Nous avions aussi, nous autres Fran-
çais, le paiement d'ute dette, et d'une
dette sacrée, à exiger de nos agresseurs,
des destructeurs de nos cités, des rava-
geurs de notre sol, des meurtriers de nos
quinze cent mille morts.
Nous voulions exiger de l'Allemagne
la reconnaissance de sa lourde dette, et
lui imposer des paiements espacés sur
une quarantaine d'années.
« L'Allemagne paiera », avait-on dit.
Et, en fait, logiquement, honnêtement,
l'Allemagne aurait dû payer.
C'eût été une bien légère réparation
de son horrible crime contre l'humanité.
Or, nos bons amis anglo-saxons ont
commencé par encourager sa résistance.
Ils se sont tournés ensuite vers nous,
et M. Léon Bailby le rappelle fort à
propos dans l'Intransigeant, (c l'un des
négociateurs du traité de Versailles, l'un
des délégués les plus estimés des U.S.A..
le général Bliss, ami sincère de la Fran-
ce, et peu suspect de sympathie envers
les vaincus, disait : « Vous ne pouvçz
« pas faire peser sur trois ou quatre gé-
« nérations d'Alemands cette obliga-
« tion de payer que vous voulez leur
« imposer. C'est monstrueux. Et vous sa-
« vez bien qu'ils ne la tiendront pas. »
Alors, ce que les vaincus, de l'avis
même d'un Américain notoire, ne pou-
vaient tenir, pourquoi, par un abomina-
ble renversement des rôles, les vain-
queurs le tiendraient-ils ?
D'ailleurs, n'avons-nous pas déjà con-
senti un grand sacrifice en acceptant le
plan Dawes.
Ce plan Dawes, qui réduisait notre
créance sur l'Allemagne et allégeait les
charges de celle-ci, est de conception
américaine.
Si nous l'avons finalement accepté,
c'est uniquement dans la pensée qu'il
conditionnait dans l'avenir nos propres
facultés de paiement. C'est sur les re-
cettes du plan Dawes — laissées inten-
tionnellement en dehors de notre bud-
get — que doivent être prélevées les
sommes destinées au paiement de nos
dettes interalliées. p
Or, repoussant toute clause de garan-
tie, les Etats-Unis prétendraient exiger
de nous le paiement de nos annuités,
même si l'Allemagne se refusait (ce qui
arrivera lorsqu'elle se sentira assez for-.
te) à nous payer les siennes !
C'est une gageure indécente.
Il est incroyable qu'un gouvernement
ou que des négociateurs français puis-
sent seulement l'envisager.
Dans tous les cas, je veux croire avec
mes confrères de tous les partis qu'il ne
se "trouvera pas un Parlement français
pour l'admettre.
La France est prête à solder son Doit;
mais elle est résolue à sauvegarder son
Droit.
Edmond 4a
LE PREMIER MAI
L'ordre sera assuré
dans la rue
o»o
Les mesures les plus rigoureuses
seront prises à cet effet
M. Jean Durand, ministre de l'intérieur, a
indiqué hier au conseil des ministres les me-
sures d'ordre qu'il compte prendre à Paris
et en province pour la journée du premier
mai.
Quand il a quitté l'Elysée, M. Jeaa Durand
nous a fait à ce sujet la déclaration suivan-
te :
c Les dispositions les plus strictes vont
être prises à l'occasion du ter mai. L'ordre
sera assuré dans la rue, le gouvernement ne
pérmettra à aucun parti révolutionnaire de
le troubler. A Paris, tout cortège ainsi que le
port d'emblêmes séditieux seront formelle-
ment interdits.
« Ce soir même, a ajouté le ministre, je fe.
rai parvenir aux préfets des instructions pré-
cises et formelles en leur rappelant que leur
responsabilité personnelle est engagée dans
sette importante question du maintien de
l'ordre. »
M. Jean Durand a terminé en indiquant
que les étrangers seront, le 1er mai, l'objet
d'une surveillance toute spéciale.
« Il importe, a dit le ministre, que tout
étranger sache reconnaître l'hospitalité que
le pays lui offre en obsrvant le plus grand
calmè et en s'abstenant de participer à un
mouvement quelconque. Ceux qui tenteraient
de troubler l'ordre public seraient immédia-
tement arrêtés et expulsés. »
Les deux présidences
de M. Herriot
Nous avons annoncé que M. Herriot avai j,
été sollicité par un certain nombre de ses
amis de choisir entre 'la présidence de la
Chambre et celle du parti radical-socialiste.
M. Herriot avait le lendemain fait paraître
dans les agences une note aux termes de la-
quelle il déclarait n'avoir jamais songé à
abandonner la direction de son parti.
Or, hier, le bu-reau du comité exécutif du
parti radical-socialiste s'est réuni sous la pré-
sidence de M. Cuminal, sénateur, pour exa-
miner si à l'heure actuelle, le président Her-
riot devait choisir entre la présidence de la
Cbanabre et celle du parti radical-socialiste.
A d'unanimité, le bureau du comité exécutif
a décidé de lui demander de conserver à la
fois la présidence de la Chambre et celle du
parti., <
Cette démarche confirme donc l'informa-
tion que nous avions donnée, à savoir que
M. Herriot avait bien été sollicité par les
extrémistes du parti radical de choisir entre
l'une ou l'autre des deux présidences.
La décision prise ,par le bureau du comité
exécutif marque plus nettement encore la cas-
sure qui s'est faite entre l'aile gauche du
parti radical et le reste du parti.
Le prix du pain
ne dépassera pas 2 francs
M '1 w
Mais il sera moins blanc
Le kilo de pain .a passé hier à 1 fr 95
S'y maintiendra-t-il ? Non, sans doute; déjà
les boulangers, bonne âmes, assurent qu'il
ira sous peu à deux francs.
Cette menace, jointe à celle de la pluie
persistante, qui, deipuis huit jours, met en
péril les blÉs de printemps, inquiète le mi-
nistère de l'agriculture. Des mesures énergi-
ques vont incessamment être prises. Deux
francs est un prix limite que, sous aucun pré-
texte, le ministre ne veut voir dépa'sser.
L emploi de succédanés
En effet, hier, au conseil des ministres, M.
François Binet, ministre de l'agriculture, a
fait signer ua décret rendant obligatoire,
dans la proportion de 8 0/0, le mélange de
la farine de seigle à la farine de froment.
Dans les départements où le seigle est ra-
re, les préfets, après a.vis de la commission
départementale, pourront autoriser l'emploi,
dans la même proportion, de l'orge ou du riz.
Le ministre a été appelé à prendre cette
détermination à raison de la hausse cons-
tante du prix du pain, mais surtout dans la
crainte d'avoir une soudure difficile.
Le recensement en blé a fait apparaître un
battement d'environ 1 million de quintaux en
fixant la soudure au 15 juillet.
Mais, en raison de la qualité médiocre des
blés traités, ce battement pourrait se trou-
ver sensiblement réduit.
De plus, la période de mauvais temps que
nous traversons est susceptible de retarder
la soudure de quelques jours. En pareille
matière, il est donc bon de se montrer pré-
voyant, car si la soudure n'était pas obtenue,
il faudrait faire appel à des blés étrangers
qui coûteraient plus de 200 francs le quintal.
Notre situation financière ne nous permet
pas de le faire.
Si l'adjonction des succédanés est respec-
tée — et l'on y tiendra la main — nous pour.
rons alors atteindre la soudure et au moins
stabiliser le prix du pain.
Il faut considérer ceci, que la question de savoir si,
dans un conflit armé avec une tierce puissance, l'U-
nion soviétique est l'agresseur, avec effet d'engager
l'Allemagne, né peut être résolue qu'avec l'approba-
tion de cette dernière et que, de ce fait, une accusa-
tion éventuellement portée par d'autres puissances con-
tre l'Union soviétique et qui, de l'avis de l' Allemagne, ne serait pas
justifiée, n'obligerait pas celle-ci à participer à des mesures quelcon-
, ques motivées par l'article 16 du pacte de la Société des nations.
STRESEMANN.
(Extrait, de la note annexée au traité germano-russe.)
POUR LA PAIX AU MAROC
La Conférence d'Oudjda
,
a commence ses travaux
,— a» «c
A la demande des délégués riffains, la séance
a été coupée par de fréquentes interruptions
Oudjda, 27 avril. — Les délégués riffains
sont arrivés à pied au consulat à neuf heu-
res.
La séance a commencé aussitôt.
A 9 h. 30, les délégués riffains quittent la
fia-Ile des séances pour se retirer dans une
pièce voisine, où ils vont délibérer isolément
sur l'exposé général du programme de la
conférence que vient de présenter le général
Simon, et sur la réponse que Si Hohammed
Azerkane va développer.
La conférence d'Oudjda paraît devoir ne
ressember à aucune des négociations diplo-
matiques habituelles; c'est ainsi que les
«tances au lieu d'être continues vont être
coupées fréquemment d'interruptions pour
permettre aux trois délégués riffains de se
concerter, dans une salle à part, avant d'ex-
poser leur point de vue chaque fois qu'ils
seront amenés à prendre la parole
Pendant ce temps, les délégués espagnols
échangent leurs impressions en se prome-
nant sous la galerie ombragée et fleurie du
consulat aux abords duquel ne sont venus,
en dehors des journalistes, que de rares eu-,
rieux indigènes, accroupis au soleil. Tout ser-
vice d'ordre est donc inutile.
La premiêie suspension a duré 15 minutes.
La séance f lénifre a été reprise à î0 b. 0b;
«
à 10 h. 30, nouvel le sortie des Riffains pour
une seconde délibération qui prend fin à 11
heures. Les trois délégations reprenuent
alors la discussion.
Un communiqué
Oudjda. 27 avril. — Le communiqué sui-
vant a été remis à la presse :
Les trois délégations se sont réunies le 27
avril A 9 heures, an siège de la légion civile
d'Oudjda. Le président, au nom des deux dé-
légations française et espagnole a indiauô
aux délégués du. Rijf que cette réunion avait
pour "but de reprendre l'examen d'ensemble
des conditions qui leur avaient déjà été in-
diquées en vue de l'établissement de la paix.
Toutes ces conditions ont fait, en effet, déjà
l'objet d'un premier examen au cours des pré-
cédentes -réunions du cnmp Bèrteau:" et d'El
é.ioun.
Le génial Simon, parlant au nom des
deux délégations, a parlé aujourd'hui aux
délégués, riffains de l'application des con-
ditions de paix.
Après une suspension de séance de vingt
minutes, les délégués riffains ont répondu
à cet exposé.
La séance a été levée à 11 h. 16. Elle sera
reprise à■ 1'5 heurcB,
Les points de vue en présence
Le correspondant de l'Eavas donne sur
cette première séance les renseignements qui
suivent : --
Dès la première séance de travail, la con-
férence a abordé le fond même de son pro-
gramme. Le générail Simon a expôsé longue-
ment aux délégués rlffaln en entrant cette
fois-ci dans le détail des modalités d'applica-
tion, les conditions de paix arrêtées par les
délégations française et espagnole, dont les
grandes lignes avaient fait l'objet d'un exa-
men préliminaire lors des entrevues prépara-
toires du camip Berteaux et d'El Aïoun. Si
Mohamed Azerkane, au nom des Riflfains a
répondu que est exposé présentait diverses
objections, tant en ce qui concene l'éloigne-
ment d'A'bd el Krim que le désarmement des
tribus et l'échange des prisonniers.
Les points de vue en présence sont encore
très éloignés, comme il est bien naturel au
début d;une négociation mais ne paraissent
pas cependant - inconciliables avec de la pa-
tience et du bon vouloir, qualités qui ne
font pas défaut aux représentants franco-es-
pagnols.
C'est pourquoi les milieux de la conférence
se refusent à tout commentaire de façon à
éviter que des positions bien tranchées ne
soient prises publiquement de part et d'au-
tre, sur lesquelles il serait ultérieurement im-
possible de revenir. Ce travail de rapproche-
ment commencera dès cet après-midi.
La séance de l'après-midi
Voici le communiqué officiel qui a été
transmis à la presse à l'issue de la seconde
séance :
Les délégations espagnole et française ont,
au cours de leur quatrième réunion, qui s'est
tenue cet après-midi de 16 à 18 heures, pour-
suivi avec la délégation rififaine l'examen
des diverses questions relatives à la paix.
Elles ont plus spécialement étudié les me-
sures propres à assurer le maintien de la
sécurité et le respect des traités internatio-
naux.
Un échange de vues a également porté sur
le respect de la trêve ou suspension d'armes,
qui existe en fait depuis le 18 avril.
La prochaine séance aura lieu mercredi 28
avril à 9 heures du matin.
L'indifférence de la population
Oudjda, 27 avril. — Tta détail curieux et
qui ne laisse pas de surprendre les hôtes ac-
cidentels d Oudjda est l'indifférence parfaite
manifestée par la population de la ville. tant
indigène qu'européenne, à l'égard de la con.
férence et, plus particulièrement, des délé-
gués riffains. Ceux-ci circulent librement en
ville sans susciter le moindre sentiment
d hostilité, ni même de curiosité. Personne.
hiei, n était venu assister à leur arrivée;
personne, ce matin, ne se dérangea pour les
voir entrer ou sortir de la conférence.
Il résulte de cette indifférence qu'aucun in-
cident n'est à craindre et que le choix d'Oud-
jda comme siège de la conférence fut parti-
culièrement opportun. Plusieurs raisons moti.
vent. l'attitude de la population d'Oudjda.
Haddou passa ici la plus grande partie de son
existence et il compte dans la ville de nom-
breuses relations. De son côté, Azerkane fit
ici plusieurs séjours et a d'ailleurs laissé,
chez ceux qui l'approchèrent, une impression
plutôt sympathique.
Enfin, il ne faut pas oublier qu'Oudjd-a
commerça beaucoup, de tout temps, avec le
Riff. De plus, dans toute la région, comme
dans l'Algérie, on employait de nombreux
moissonneurs et travailleurs riffains : aussi.
verrait-on d'un œil favorable la reprise de re-,
lations courtoises avec les tribus soumises
à l'obédience d'Abd el Krim.
Déclarations de M. Steeg
Madrid, 27 avril. — M. Steeg. au mo.
ment de prendre le train pour Algésiras et
répondant à une question du représentant de
: agence Fabra, a déclaré en substance ;
Je m en vais enchanté de mon séjour à.
Madrid, surtout de la gentillesse et de la
sympathie dit roi, du président du conseil,
du ministre des Affaires étrangères et du
général Jordana, qui tous ont été pleins d'at-
tentions pour moi. Amnt de venir ici, fêtais
certain que l'accord des gouvernements fran-
çais et espagnol au sujet du problème maro-
cain était absolu, mais après les entretiens
que je vicîte d'avoir, je tiens, à déclarer que
la solidarité entre les deux pays est telle
que pas le moindre dissentiment n'existe, ni
sur là fond, ni sur les détails, et cela
non seulement sur les ùspects actuels, mais
ChUte sur l'orientation générale dudit 1-ro.
blême.
A la question : « Avez-vous quelque es-
poir que les négociations en cours aient des
résultats pratiques ? i. M Steeg a répoc
du :
Ce que j'ai c'est la certitude que si ce but
n'est pas atteint, ce ne sera certainement
pas par manque de volonté d'aboutir, d'es-
prit de conciliation et (le générosité de la
part de l'Espagne et de la France, car elles
font tout pour prouver, sans que le moindre
doute soit permis, leur désir véhément d'ob-
tenir la paix.
Si par malheur, on n'aboutissait pas à la
pai;r, le monde entier demeurera convaincu
que l'Espagne et la France ont fait tout ce
qui dépendait d'elles pour rattetindre.
Le journaliste insistant sur sa question,
M. Steeg a répondu :
J'fnsiste à mon tour sur ce que je viens
de dire : « Si on regarde dit côté de la Fran-
ce et de l'Espagne, tes espérances sont lé-
gitimes. C'est aux Riffains de démontrer s'ils
sont venus aux pourparlers avec le même
dessein de paix et 7a même bonne foi que
nous. l
LES DETTES INTERALLIEES
Washington étudie
nos propositions
On discute encore sur le montant
de nos premiers versements
Washington, 27 avril. — La commisaion
américaine des dettes s'est réunie aujour.
d'hui, ainsi que nous l'avions annoncé, pour
examiner de nouveau les propositions soumi-
ses par AI. Bérenger et relatives au règlement
de la dette de guerre française.
Il ne semble pas que M. Bérenger ait pu*
dès aujourd'hui même, répondre entièrement
aux remarques et observations qui lui étaient
faites par la commission des dettes.
Va-t-on aboutir ?
Londres, 27 avril. — « Pour autant que Ii
presse le sache, écrit le correspondant du
Times à Washington, aucune décision n'est
intervenue hier lorsque la Commission de
consolidation a examiné. iL nouveaux l'offre
française. M. Smoo,.persiste à croire que c'est
une erreur d'accepter annuellement vingts
cinq millions de dollars durant les cinq prei
mières années, non seulement parce que M.
Caillaux a offert quarante millions de dok
lars l'année dernière, mais parce que ce se"
rait fournir de nouvelles armes à l'opposition.
Toutefois, on croit que si les autres membres
de la Commission sont unanimes à approu-
ver l'offre française, M. Smoot se rangera à
leur avis; il le fera peut-être malgré lui, mais
il le fera quand même
« En somme, il y a tout lieu de croire que
nous assisterons cette semaine à la fin des
négociations et à l'acceptation de l'offre fran-
çaise, modifiée dans ses détails. Toutefois, les
messages venus de France durant la der-
nière séance, reflétant la confiance dans liae.
ceptation par la Commission de consolidation:
de ce qu'on lui offre et condamnant en même
temps l'accord prévu comme manquant de
générosité de la part de-l'Amérique, ne ser-
vent nullement la cause de la France et font
naître une certaine anxiété dans les milieux
de la Trésorerie.
« Quel sera cependant l'effet de cet .accord
sur les négociations en cours avec les ban-
quiers de New-York en vue de l'emprunt pour
la stabilisation du franc ? On sait déjà ce
qui s'est passé pour l'emprunt italien de 10Q
millions de dollars. Il - paraît que le public
n'a souscrit que pour 30 0/0. Nous verrons
maintenant èe qui arrivera pour .l'emprunt
belge qui, contrairement à l'emprunt italien..
ne sera lancé qu'après la ratification. Dans -
circonstances, il ne faudrait pas être sutpHé
si les banquiers américains attendaient jtfaMju'à
ce que le solde de l'emprunt italien att étit
absorbé et jusqu'à ce qu'ils connaissent la
sort réservé à l'emprunt belge avant d'arri-
ver- à un accord avec la France. »
'***————*————— * -»+«.. ————
Demain, «Paris-Phare»
,Cest demain que paraît le premier
numéro de Paris-Phare, mag-nifique-
ment illustré, bourré de textes vibrants
et attachants- JI sera très recherché de
tous ceux qui se passionnent pour la
rénovation républicaine et la moderni-
sation de l'Etat. Une très large plaoo esfi
faite aux lettres, aux arts, au théâtre.
Paris-Phare ouvre en outre une en-*
quête sur îtes moyens de sortir du gâchis.
Parmi les réponses qu'il publie sont celi
les de Joseph Caillaux, commentanfi
d'un mot décisif son récent discours du
Mans,, et celle de M. Georges Maus, pré"
sident de 3a Fédération des Commerçants;
défaiillanats de France, qui esquisse urf
programme du plus grand intérêt.
Paris-Phare sera en 'vente parUouf,.
mais il est prudent de retenir son numé..
ro dès aujourd'hui.
LES FAITS ET LES IDÉES
Un journal de combat
1 > .,..-# par Pierre DO::M:INIQUE.
cf De la lumière. » (Qœthe).
Evidemment, celui-ci en est un. Et
c'est peut-être pourquoi j'y écris- Les
journaux de cette famille-là, farniMe
noble entre toutes, se classent entre les
journaux d'information et ceux dits de
doctrine, qui, quand ils se rencontrent,
se disent gravement : « Nous sommes
la presse ».
Pas tout à fait, je crois.
Le journal d'information, c'est l'é-
cran qui paraît, disparaît. Telle nou-
velle, puis toile autre. Il s'agit de nour-
rir le public qui d'abord aime à bien
mander, à manger largement. Du pain
d'abord, à la française, le pain quoti-
dien, fourni par les Agences et puis la
nouveauté du jour, la vedette de l'heu-
re, le cri que l'on pousse à la minute
quelque part dans le monde.
Le journal de doctrine, clet la confé-
rence, le verre d'eau, l'habit noir, l'ex-
posé en long et en large d'un système,
de ce qu'on pensait bien et que l'on pré-
sente fort, proprement momifié, car dès
qu'i y a système, il y a du coup im-
mobilité et mort.
Donc, s'il n'y avait pas de journal de
combat, ou aurait le choix : ou bien
d'être volontairement et nécessairement
neutre, gris Manc avec les Mancs et gris
rouge avec les rouges, Gia nouvelle jetée
en pâture au public étant toujours cui-
sinée au goût du moment et assaison-
née par le ministre de l'intérieur glo-
rieusement régnant.
Ou bien d'être pesant, doctrinaire,
Royer-ollard en diaible et cravaté jus-
qu'aux oreilles, avec le ton noble, l'air
oratoire et un pantalon à sous-pieds.
Merci.
Eh quoi ! Que demandons-nous donc?
Avouons-le. Nous battre, tout simple-
ment, en toute lumière gt loyauté.
— Comment, nous dit Joseph Pru",
dhomme, il y en a encore de ces fous;
et vous en êtes.
-- Nous en sommes. Nous sommes
trois au moins. Et si vouloir se battre
est folie, Charfies. Albert; Jean Goldsky
et moi, nous voilà fous.
- Passons. Vos méthodes ?
Chercher l'adversaire et le battre.
«•oram populo, sous les regards du peu-
ple.
- On voit que la guerre a passé par
là. Et, votre drapeau ? pour continues
les
Cramponnez-vous. Nous en serons
tout bêtement pour la Révolution fran-
çaise ei ses hommes qui vuus paraissent
grands. Au delà, les prolongeant par la
pensée, préparateurs de leur action,
nous sa'luons toute rEcyclopédie pré-
parée par Descartes et par le grand Ra-
belais. Nous remonterions volontiers
jusqu'aux fabliaux, aux beffrois com-
munaux et aux cathédrales, pour vous
prouver que ce que nous cherchons, c'est
de nous bien enraciner au peuple.
— Je vous vois venir. Vous êtes des
V( cef/rand parti gui, au travers des siè
des, tantôt supportant la royauté Con-
tre les féodaux, tantôt se séparant de la
vieille monarchie infidèle à. sa mission;
nalionale, tantôt fondant, après quelles
luttes: la République, a constamment
combattu pour créeer, pour conserver,
pour élargir les libertés et les indépen-
dances françaises ».
— La phrase n'est pas mal. de qui
donc. est-elle ?
- De Caiîllaux.
-- Tous les mots en sont bons. Mais
poursuivons- Cette Révolution, on nous
l'a, gâchée. En 1850, Proudhon peut dire
qu'ayant justement détruit, elle n'a pas
.ÇQD,ê.t'rY!t A: vrai dire, elle n'a pas evi
s
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