29 PLUVIOSE, AN 135. — N° 20.544
lA ffuaiér* i vnQT-CSDVQ CTBVTHKCS
JEUDI 17 FEVRIER 105-7 — N° ?n ZÂÂ
Fondateurs (18€9)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaetioi
Emoi justifié
M. Paul Faure — dont je suis depuis
longtemps les manifestations avec un
intérêt qu'explique son talent — prend
naturellement la défense de l'Internatio-
nale Ouvrière Socialiste.
Il s'étonne que mon patriotisme soit
;« très en émoi ».
Il le serait à moins.
En effet ce n'est pas moi qui suspecte
l'Internationale de faire le jeu de l'Alle-
magne. C'est toute une lignée de socia-
listes français, authentiques, sans comp-
ter Bakounine dont les imprécations con-
tre le « marxisme auxiliaire du bismarc-
lrisme » sont fameuses.
Et le célèbre révolutionnaire russe
n'appartenait pas — j'ai hâte de l'ajou-
ter — au « monde du capitalisme » que
flétrit M. Paul Faure, ni même à la ré-
daction du Rappel.
D'ailleurs les faits sont là, faciles à
contrôler, irrécusables, pour marquer
févolution de l'Internationale sous la
prédominance allemande.
Depuis que le socialisme français a
perdu la direction de l'Internationale,
celle ci a manifestement servi les desseins
d'hégémonie allemande.
En 1870 comme en 1914, l'Allema-
gne a été utilement secondée par l'Inter-
nationale. Je ne voudrais pas voir se re-
produire les mêmes manœuvres en 1927.
Je ne doute pas de la bonne fo ni de
la sincérité de M. Paul Faure. Mais je
crains précisément qu'il ne soit dupe de
sa propre sincérité comme Jaurès le
fut en 1913.
n est vraiment inexplicable que des
esprits cultivés se refusent ainsi à tenir
compte de la « tartufferie nationale » de
l'Allemagne, et ne parviennent pas à
coeydr que le mot « socialisme »
n'a m même signification ni la même
portée en allemand et en français,
Pour mettre M. Paul Faure tout à l' ai-
se, je ne veux lui opposer que des socia-
listes orthodoxes et indiscutés. Je com-
mencerai même — je connais les bons
auteurs ! — par citer un anarchiste.
C'est en effet Kropotkine qui notait dans
ses Mémoires (pages 396-398) : « lors-
que la guerre de 1871 eut abouti à la
défaite complète de la France, les Alle-
mands s'efforcèrent de modifier la métho-
de et le but du socialisme tout entier ».
Dès 1872, Malon, Guesde, Brousse
combattaient de toute leur énergie
(( l'emprise marxiste », et dénonçaient
« la mainmise allemande sur le mou-
yement ouvrier de tous les pays. »
En 1873 un procès correctionnel (af-
faire Dentraigues) révélait la présence
en France d'agents allemands, que Gues-
de appelait « les proconsul s marxistes >>,
et qui étaient les devanciers des Sudekun,
Parvus, Scheidemann etc., que la social-
démocratie envoyait en 1914 dans divers
pays pour y travailler l'opinion ouvrière.
en faveur de l'Allemagne et contre la
France.
En 1873, à un Congrès de Genève,
Bakounine déclarait que : « la réaction
internationale avait son centre en Al-
lemagne, à Berlin, et qu'elle était repré-
sentée aussi bien par le socialisme de
Marx, que par la diplomatie de Bis-
marck, travaillant l'un et l'autre à la
pangermanisation de l'Europe ! »
Ce n'est pas « M. Edmond du Mesnil
qui écrit aussi gentiment dans le
Rappel », Monsieur Paul Faure.
C'est Bakounine qui dicte, alors que
je tiens la plume.
En 1913 et en 1914 la social-démo-
cratie, à son tour, berna et bafoua
Jaurès et les socialistes français.
Retenons ce trait.
En janvier 1913, les partis socialistes
allemands et français élaboraient en
commun « un manifeste pour la paix ».
(Tout comme aujourd'hui.)
, Le texte allemand et le texte français
furent affichés sur tous les murs de Paris,
et publiés dans tous' les journaux socia-
listes (1ermars 1913).
Ce « manifeste pour la paix » était
signé, entre autres, par tous les socialis-
tes allemands députés au Reichstag.
Or le 4 août 1914 ces mêmes députés
socialistes allemands, signataires du
« manifeste pour la paix », votaient tous
les crédits de guerre contre la France et
rejoignaient au pas de l'oie leur régi-
ment, au premier coup de sifflet du
Kaiser.
Cependant Jaurès était demeuré sourd
et aveugle jusqu'au premier coup de
canon.
Il déclamait contre ceux qui — com-
me moi, déjà ! - dénonçaient la « tar-
tufferie » et signalaient le péril de guerre.
Nous faisions, clamait-il, une « abo-
minable campagne d' affolement nationa-
liste ». Nous n'étions que des « patriotes
de tumulte et d'affaires». (Humanité,
février et mars 1913.)
Dans le même temps la tribune de la
Chambre retentissait des prophéties socia-
listes. M. Brizon vaticinait : « une guer-
re avec l'Allemagne est impossible !
Nous n'en voulons pas, et nos frères les
socialistes allemands non plus ! »
MM. Raffin-Dugens, Ducarouge, Com
père-Morel rendaient le même oracle :
« les socialistes allemands ne marcheront
pas ! »
Même le 12 juin 1914 M. Brizon in-
terrompait M. Ribot, qui s'inquiétait des
armements de l'Allemagne. « Pas con-
tre nous ! pas contre nous ! » hurlait-il.
Trois mois après la Belgique était
violée, la France envahie, dix départe-
ments français asservis par les « frères
socialistes allemands » !
De telles preuves répétées de sens poli-
tique et de clairvoyance dans le passé
récent ne m'autorisent-elles pas à de-
mander aujourd'hui à M. Paul Faure si
c'est la même duperie qui continue ?
L'Internationale doit-elle servir à dé-
nationaliser les peuples au bénéfice de
l'Allemagne ?
En 1871, la France vaincue, le socia-
lisme allemand tendit à l'établissement de
l'hégémonie allemande.
En 1914, les Français victorieux, le
socialisme français tend-il lui aussi, -
par un paradoxe monstrueux ! - au ré-
tablissement de l'hégémonie allemande ?
Si M. Paul Faure consentait « genti-
ment » à m'ôter de ce doute, je cesserais
incontinent d'être « très en émoi ».
Edmond du MESNIL.
Mon bon confrère et ami Emile Buré. qui
a officié jadis dans l'Eglise marxiste, en a
gardé un vague parfum d'encens dans sa bu-
rette. Miracle ! Il défendait hier Karl Marx
contre le grief d'hégémonie allemande. Ré-
ponse demain.
E. d. M.
L'«ACTI0N FRANÇAISE» ET LE VATICAN
Excommuniés ?
Plusieurs de nos confrères ont annoncé que
la pénalité religieuse la plus rigoureuse —
l'excommunication — ne tarderait pas à être
appliquée aux dirigeants de l'Action fran-
caise.
- Certains croient pouvoir préciser que les
« bulles » qui portent leur condamnation dé-
finitive sont déjà à Paris. Le grand dignitaire
catholique qui les détient se réserve seule-
ment d'en faire usage au moment qu'il ju-
gera le plus opportun.
Une dizaine de royalistes notoires seraient
mis « hors la communion », notamment MM.
Daudet, Maurras, Pujo, amiral Schwerer, Ber-
nard de Vesins, colonel Larpent.
——————————— ..Ho(.. ———————————-
M. Marcel Cachin
expulsé de Suisse
M. Marcel Cachin, député communiste, se
rendant en Roumanie pour assister au procès
du « camarade » Boris Stefanov, devait tra-
verser la Suisse. Les autorités helvétiques l'en
ont empêché, et M. Cachin, arrêté à Bâle, a
été refoulé sur- Paris, d'où il est reparti pour
Bucarest par l'Allemagne.
L'Humanité s'indigne fort de ce procédé,
qu'elle appelle une « saleté ». :« La Suisse
bourgeoise, dit-elle, a donné toute "sa bule-
sure. »
Peut-être. Mais alors, la France tant honnie
et pourtant si tolérante, aurait du bon ? Ga-
geons qui si M. Cachin pouvait "dire ce qu'il
pense, il le reconnaîtrait avec nous.
CONFIANCE !
Du discours Drononcé mardi à la Cham-
hre par M. Poincaré. il faut surtout re-
tenir :
10 Que. du 1er août 1926 au 1er février
1927. notre dette flottante a diminué de
2.235 millions :
2o Que la circulation fiduciaire qui. le
5 août 1926. s'élevait à 57 milliards 250
millions, n'était plus. le 3 février 1927.
que de 52 milliards 626 millions ;
3o Que nos échéances intérieures de
1927 sont dès à présent assurées aussi
bien que toutes nos échéances extériell-
re R ;
4o Que pour la première fois depuis
le 31 décembre 1921, l'Etat, à la fin de
1926. a pu rembourser 2 milliards à la
Banque de France. Ainsi, la limite lésais
des avances de la Banque à l'Etat. qui
était de 38 milliards 500 millions, a été
ramenée à 36 mL liards 500 millions.
« Et aujourd'hui, à l'heure où je parle,
a dit M. Poincaré. par rapport à ce maxi-
mum. nous avon une marge disponible
de 5 milliards et demi. »
Notre œuvre commune exige encore une très longue pa-
tience. Elle exige une vigilance de tous les instants. Dans
cette tâche ingrate, mais nécessaire, le gouvernement saura
toujours prendre ses responsa bilités. Il dira franchement à
la Chambre ce qu'il croit bon et ce qu'il croit mauvais, ce
qu'il croit possible et ce qu'il croit impossible. Il est convaincu
que, de son côté, la Chambre n'obéira qu'aux intérêts permanents du pays
et qu'elle continuera de prouver aux détracteurs du régime parlementaire
qu'une Assemblée de bons républicains et de bons patriotes est toujours en
France la meilleure ouvrière d'un redressement national.
Raymond POINCARE.
DEVANT, LA COMMISSION DE L'ARMEE
Les projets militaires
» » < ■
M. Raymond Poincaré insisf esur la nécessité de les voter
avant les grandes vacances
—————— »»«-«— ■
Le président 411 Conseil et le ministre de
la Guerre se sont rendus, hier après-midi,
devant la commission de l'Armée de la Cham-
bre. Le maréchal Foch et le général Debeney
les accompagnaient.
M. Raymond Poincaré, dans le début de
ses déclarations, a insisté sur l'urgence des
projets militaires et indiqué l'ordre dans le-
quel il demanderait à la Chambre de les
discuter.
< Le projet d'organisation générale de l'ar-
mée en temps de gue'rre semblait, a-t-il dit,
logiquement venir en discussion après le
projet d'organisation générale en temps de
paix (rapporté par M. Sénac), mais puisque
le rapport Boncour est prêt, le Gouverne'ment
en demandera la discussion le plus rapide-
ment possible avec l'espoir que la commis-
sion fera diligence pour l'examen du rapport
Sénac. »
Sur une' question posée par M. Renaudel, en
ce qui concerne les répercussions, que cette
méthode pourrait avoir sur l'ordre du. jour
de la Chambre et notamment sur la ques-
tion électorale, M. Poiiicâré a répondu que
le gouvetnement avait délibéré sur les pro-
jets militaires et qu'il était prêt, sur ce point,
tandis qu'il n'avait pas encore délibéré sur
la question électorale.
Il a en outre insisté sur la nécessité, pour
un gouvernement étroitement solidaire, de
veiller à ce que le vote du budget et des lois
xpilitaires soit effectué avant les grande's va-
cances.
Le président du Conseil a répondu ensuite
aux questions qui lui ont été posées. Puis le
maréchal Foch a fait un exposé très complet
des travaux de la Conférence des Am'bassa-
deurs. Il a notamment déclaré que dans l'état
actuel, on pourrait considérer que l'Allema-
gne a désarmé, mais contre une nation de
65 à 70 millions d'habitants, des précautions
s'imposent toujours.
Le ministre de la Guerre a ensuite donné
des renseismements détaillés sur le désarme-
ment de l'Allemagne.
A l'issue de la séance le compte rendu sui-
vant a été fourni à la presse :
« La Commission de l'armée de la Cham-
bre s'est réunie sous la présidence de M. Gi-
rod pour entendre un exposé des vues du
gouvernement en ce qui concerne la discus-
sion, à la Chambre, des projets de réorga-
nisation militatTe.
« Le président du conseil et le ministre
de la guerre assistaient à la séance, accom-
pagnés du maréchal Foeh et du général De-
beney, chef de l'état-major de l'armée.
« Le président du conseil a fait ressortir
.urgence qu'il y avait à discuter sans délai
les projets de réorganisation, et notamment
la projet portant organisation générale de
l'armêe.
« Le président a fait connaître aux membres
du gouvernement que la commission en au-
rait fini, dès la semaine prochaine, avec la
deuxième lecture du projet de loi d'organisa-
tion générale de la nation et que ce projet
pourrait venir devant la Chambre dès que te
gouvernement le désirerait ; qu'au surplus.
l'unanimité réalisée en commission sur ce
projet permettait d'espérer que la discussion
e séance pourrait être assez rapide. D'autre
pMtt la commission de l'armée avait déjà
dêbidé d'entamer le 25 de ce mois lo rapport
de M. Sénac sur l'organisation géùéra!© a©
l'armée et d'en poursuivre la discussion avec
la même rapidité que pour le projet d'organi-
sation générale de la nation.
« Après un échange de vues, la commission
de l'armée et le gouvernement ont pu consta-
ter leur accord sur la méthode de travail &
adopter pour faire aboutir le plus tôt possi-
ble à la. Chambre les projets militaires.
« La commission a ensuite entendu le maré-
chal Foch, le général Debeney, qui lui ont
apporté des précisions concernant le désan
me ment de l'Allemagne et notamment sur les
solutions apportées sur les récents accords
dans le problème des forteresse orientales de
l'Allemagne.
« Le président a vivement remercié le pré-
sident du Conseil, le ministre de la guerre
et leurs collaborateurs de leur intéressante
audition. »
LE DESARMEMENT NAVAL
JO
Après la réponse française
Ce qu'on en pense aux Etats-Unis
On mande de Washington que M. Kellogg,
secrétaire du département d'Etat, commen-
tant la note française remise mardi en ré-
ponse au mémorandum aréricain sur le dé-
sarmement naval, a fait les déclarations sui-
vantes :
Si l'attitude de la France à l'égard du
désarmement doit vire suivie par les autres
grandes puissances, on n'arrivera à aucune
solution véritable pendant des années entiè-
rest Je déclare que la Société des nations
n'a rien fait en vue du désarmement, Notre
proposition a été faite parce que nous recon-
naissons que le problème du désarmement est
extrêmement difficile à résoudre et que si
la question dit désarmement sur terre, sur
mer et dans les airs doit être examinée com-
me constituant un seul problème, s'appliquant
à toutes nations du nwnde, on sera des an-
nées avant (l'avoir réalisé la moindre solu-
tion.
Il est vrai que l'article 8 du pacte de la
Société des nations confie à cette dernière
la solution du problème du désarmement
Mais rien n'a été fait en ce sens, si ce n'est
à la conférence de Washington, en 1921. La
limitation des armements navals constitue
une proposition concrète qiii s'applique aux
cinq puissances visées et dont on peut s'oc-
cuper à la con/érenocde Genève, sans que
l'initiative américaine puisse entraver le trar
vail de cette conférence, ni lier les autres
puissances.
J'espère grandement qu'avant- la conférence
rie, Genève, le gouvernement français prétera
son appui à kt, réalisation de cet accord.
M. Kellogg a ex-pliqué ensuite qu'il n'avait
pas encore eu le temps d'étudier en détail
la note française. Toutefois, H a fait cette
remarque :
Il y a, me semble-t-il, plusieurs points dans
cette note qui doivent avoir été dictés par
tUt malentendu relatif à la portée précise
des propositions américaines.
Le président Coolidge a déclaré clairement
que les Etats-Unis ont l'intention de conti-
nuer à participer aux travaux de la coin-
mission préparatoire de la conférence du dé-
sarmement et qu'ils feront tous leurs efforts
pour contribuer utilement au succès final
de ces travauxf En effet,, le président a net-
tement exprimé la conviction que nçtre pro-
position constituerait une contribution au suc-
cès de la conférence du désarmement à Ge-
nève. Notre désir est de voir les efforts pour
le désarmement produire des résultats fmnté.
diats. Le désir du président était décarter
tout ce qui pourrait constituer un stimulant
à la course aux constructions navales en
établissant un accord en vue de les limiter.
En même temps, le président voulait pous-
ser les efforts communs vers une limitation
et. si possible, une réduction générale, des
armements.
Il me semble, a dit en terminant le se-
crétaire du département d'Etat. que l'ajour-
nement à une date indéterminée de tous
les efforts destinés à mettre un terme à la
course aux armements et à résoudre le pro-
blème de l-a limitation des constructions
navales constituerait un coup sérieux porté
à la cause tout entière du désarmement.
La partie de la proposition
américaine -
Une autre dépêche de Washington, anté-
rieure à la réception de la réponse fran-
çaise, fait (connaître les précisions qu'oin
donnait à la Maison Blanche sur la portée
de la proposition américaine :
La suggestion de M. Coolidge est eRSn.
tiellement motivée. suivant le porte-parole
du président, par son désir d'atteindre un
résultat pratique. C'est seulement en s.é»
parant le problème de la limitation navale
de vensemble complexe de la question du
désarmement débattue à Genève, que l'es-
voir est permis d'y donner une solution el-
fective, Une telle solution aura peu de
chances d'être obtenue si on admet dans la
discussion de nombreuses nations Qui.
n'aient point de marine ou en ayant une-
insipifiante, ne sont pas directement inté-
ressées dans la question.
Le porte-parole du président, répondant,
par avance, à certaines objections élevées
dans les milieux officiels français, a fait
valoir, à nouveau, que les pourparlers sug-
gérés par le président Coolidge ne cons-
titueraient nullement, en fait, une nouvelle
conférence.
<1oir la suite en deuxième page.).
DOCTRINES ET TACTIQUES
M. Maurice Sarraut
répond à M. Léon Blum
—————— ».c ——————
« Une mise au point générale des faits et des
doctrines en s9efforçant de ne pas oublier la
communauté des aspirations démocratiques qui
unit les deux partis. » Ainsi le président du parti
radical et radical-socialiste définit-il sa réponse.
Le Comité exécutif du Parti radical et ra-
dical-socialiste s'est réuni hier soir, Salle des
Fêtes, sous la présidence de M. Maurice Sar-
raut, son président.
Cette réunion avait surtout pour but une
sorte de mise au point de la discussion qui
s'est élevée ces temps-ci, dans la presse, en-
tre MM. Maurice Sarraut et Léon Blum sur
les doctrines respectives et les tactiques du
parti radical-socialiste et du parti S.F.I.O.
L'accès de la réunion ayant été refusé à
un certain nombre de représentants de la
presse — et nous avons été de ce nombre —
nous ne pouvons que donner ici les communi-
cations qu'on a daigné nous faire à l'issue de
la réunion.
Le discours
de M. Maurice Sarraut
En prenant la parole, qu'il gardera plus
d'une heure, le président du Comité exécutif
indiaue qu'en accord avec le bureau, il croit
devoir soumettre au Comité la réponse que
rend nécessaire la récente publication, dans
le Populaire, des articles de M. Léon Blum, où
sont mises en cause l'attitude passée, les ten-
dances, la doctrine et la tactique du Parti
radical.
Il rend hommage à la forme courtoise dont
le leader socialiste a su envelopper sa pensée :
« M. Léon Blum est. par la pénétration et la
souplesse de son inlelligence, par l'étendue
de sa culture, une des fortes personnalités dont
s'honore la République, et quelles que puis-
sent être ses divergences de vues avec le
Parti radical, celles-ci ne sauraient diminuer
l'estime que ce Parti éprouve pour son ta-
lent. »
M. Maurice Sarraut déclare qu'il se bor-
nera. d'ailleurs, sans faire œuvre de polémi
que pouvant fournir à de communs adversai-
res des armes contre le Parti radical et le
Parti socialiste, à tenter Une mise au point
générale des faits et des doctrines en s'effor-
çant de ne pas oublier la communauté des
aspirations démocratiques qui unit les deux
Partis.
La question de la participation
M. Léon Blum a entendu dégager son Parti
de toute responsabilité dans la non-participa-
tion au Pouvoir après le 11 mai.
Tout en reconnaissant la déception subie
par le pays, il déclare que le Parti socialiste
n'a eu aucune offre à refuser pour la raison
qu'aucune offrè ne lui a été faite.
Le président du Comité exécutif décrit l'at-
mosphère morale dans laquelle a évolué cette
grave question de la participation.
Il montre le courant très fort qui s'est pro-
duit dans une fraction importante de l'opi-
nion socialiste en faveur de la collaboration
gouvernementale, et comment M. Léon Blum,
dès le lendemain du 11 mai, prenait position
contre la participation en indiquant les diffi-
cultés redoutables qu'elle rencontrerait.
« Cette position, M. Paul Faure l'a prise
également, et avec plus de force encore, à la
Fédération de la Seine, le 25 mai.
« Donc, avant le Congrès qui devait fixer
l'attitude officielle du Parti, les dirigeants
les plus influents du Parti socialiste ne vou-
laient pas de la collaboration gouvernemen
taie. Ils la considéraient comme gênante à
plusieurs titres : pour l'Unité, pour la propa-
gande, pour les responsabilités au'elle pou-
vait entraîner.
« Que pouvait faire le Parti radical en pré-
sence de ces déclarations ?
« Ou bien ne pas insister sur la participa
tion que les plus qualifiés de ses alliés ju.
geaient si gênante pour eux-mêmes ;
« Ou bien déclarer nettement que, sans la
collaboration directe au gouvernement du
Parti socialiste, le Parti radical ne prendrait
pas la charge du Pouvoir.
« L'attitude de M. Herriot ne laisse Dlace à
aucun doute.
« Le chef du Parti radical considérait com-
me indispensable la participation socialiste.
« Son offre ressort nettement tant de ses
déclarations antérieures, que de la lettre da
1er juin qu'il adressait à M. Léon Blum. Cette
lettre n'était pas une confidence d'ami à ami.
mais l'offre d'un chef de Parti à un autre
Parti. Si, par la suite, M. Herriot ne s'est pas
refusé à former un cabinet privé de cette par-
ticipation, c'est qu'il a senti l'embarras cruel
dans lequel il risquait de mettre le Parti so-
cialiste et des hommes qu'il estimait profon-
dément. Et c'est alors qu'est intervenue, dans
les conditions qu'a indiquées M. Léon Blum,
la lettre du 2 juin, celle qu'on a appelée le
« contrat de soutien ».
« Il suffit, d'ailleurs, de se reporter tant à
l'ordre du jour voté par le Congrès socialiste
le 2 juin, qu'aux déclarations faites dans la
Revue de Paris par M. Paul Faure, pour re-
connaître que, de toute évidence, la partici-
pation gouvernementale, au lendemain du 11
mai et, ensuite, à diverses reprises, a été
offerte par le représentant qualifié du Parti
UOCX>O<>O<>O<>O<>O<>O<>O<>O
La livre à 123.65
Le dollar à 25.49
Livre 123 65
Dollar 25 49
Peseta 426 »»
Franc suisse. 490 25
Belga 354 50
Florin 1.020 25
Lire 110 50
Rentenmerk 604 »»
Leu. 14 80
LES RENTES FRANÇAISES
3 0/0 52 65 contre 52 85
5 0/0 1915-1« .67 10 contre 66 85
4 0/0 1917 55 95 contre 55 40
radical au Parti socialiste, et que, toujours,
le Parti socialiste l'a refusée.
« Faisons, de part et d'autre, comme ceU
se doit, entre deux grands partis, effort d'im-
partialité, et reconnaissons que si du senti-
ment formel de M. Léon Blum et de M. Paul
Faure. la participation n'était pas désirable
pour le Parti socialiste, le Parti radical et
son chef, en s'inclinant, non sans noblesse,
devant une décision arrêtée, qu'ils déploraient,
ont sacrifié, aux scrupules de conscience do
certains des dirigeants du Parti socialiste, ia
sauvegarde essentielle qu'il était au pouvoir
du socialisme de leur fournir dans le péril-
leux voyage qu'ils allaient entreprendre. »
M. Maurice Sarraut indique que le soutien
loyal et résolu des socialistes vis-à-vis du ca-
binet Herriot, et que l'appui qu'ils ont donn,
en certaines circonstances graves, à M. Pain-
levé et à M. Briand, ne pouvaient pas produire
tout l'effet que M. Léon Blum en espérait.
« Dans une bataille aussi rude que celle
qui s'est livrée de 1924 à 1926, on ne pou-
vait emporter la victoire que par la collabora.
tion étroite et loyale des deux Partis, pre-
nant, d'une main résolue, d'un commua
accord, la barre du gouvernail. »
M. Maurice Sarraut souhaite que, pour
l'avenir, l'expérience de ce passé tout récent
ne soit pas oubliée.
Les deux doctrines
Répondant ensuite à la thèse de M. Léon
Blum en ce qui touche les rapports du parti
radical et du parti socialiste au point de
vue de leur programme et de leu'r doctrine,
M. Maurice Sarraut résume ainsi le dilem-
me qui ressort de l'argumentation du lea-
der socialiste : le pays a à choisir entre
deux termes : ou la révolution sociale, que
les socialistes poursuivent et qu'ils déclarent
inévitable ; ou l'évolution sociale par la ré-
forme, vers laquelle tendent les rad~~;.
mais que le parti socialiste considéra t~
insuffisante.
« La. dispute n'est pas nouvelle. Elle du-
rera, probablement, b'en des lustres encore.
« La Révolution française a cependant
trouvé la véritable formule de l'action so-
ciale républicaine, — formule qui est restée
celle du parti radical — lorsqu'elle a dit :
« Les hommes naissent — et demeurent -
libres et égaux en droits. » C'est cette for-
mule qui contient, en germe, toute la doc-
trine du parti radical.
« Qu'il y ait des inégalités sociales, c'est
d'évidence. Comment y remédier ? Nous di-
sons. nous, radicaux, Dar une série de ré-
formes sociales aboutissant, notamment, à la
suppression du salariat. Les socialistes, eux,
disent : les réformes seront insuffisantes tant
que n'interviendra pas la suppression de la
société actuelle. Et c'est là qu'est la diffé-
rence. en effet décisive, entre nos deux doc-
trines.
« Celle du socialisme, — M. Léon Blum
le proclame — aiboutit inéluctablement à la
révolution par la lutte des classes.
« Nous fondons, nous, radicaux, notre doc-
trine sociale sur l'idée de la solidarrité..
« Nous prétendons que ce n'est point sur
la propriété ind viduelle qu'il faut faire por-
tav l'effort de transformation, mais sur la
condition humaine.
« Les radicaux ne voient, dans le sala-
riat. qu'une forme sociale transitoire et non
une Institution définitive dont la disparition
nécess'terait la mise en œuvre d'une révolu-
tion. »
M. Maurice Sarraut se refuse à admettre
qu'il soit indispensable de briser les cadres
de la société moderne pour franchir les de-
srés nouveaux qui séparent l'homme de la
pleine égalité sociale.
11 lÙ,,.t ni souhaitable, ni possible de sup-
primer la propriété individuelle. Elle est et
elle demeure, selon les radicaux, une condition
maîtresse de la dignité et de l'indépendance
humaines, en même temps que le stimrlant
indispensable de l'initiative et du travail.
Qu'il y ait des transformations désirables
cela n'est pas douteux. U.I. encore, les radi-
caux sont dans la tradition de la Révolution
française qui, hardiment, accorda à l'Etat un
droit éminent sur la propriété, la remaria,
la répartit à nouveau pour assurer plus de
justice, mais ne songea pas un seul jour à !a.
détruire.
Le parti radical n'a jamais soutenu d'autre
thèse. Et c'est dans ce sens que, d'accord avec
le parti socialiste, il s'est efforcé d'imprégner
la législation républicaine, depuis cinquante
ans. de cette notion de l'intérêt collectif ar-
rivant à corriger les abus et les erreurs de
l'individualisme.
« Jules Guesde comparait l'acte révolution-
naire à l'éclatement de la coquille de l'œuf
après le temps nécessaire à la gestation. Il
oubliait que cet éclatement est dû à fêclosion
normale du poussin, et que l'acte révolution-
naire qui consisterait à briser la coquille à.
coups de marteau ne donnerait pas des cou-
vées florissantes. »
M. Maurice Sarraut montre ensuite que la
doctrine collectiviste ne se vérifie pas à l'exa-
men des faits économiques.
« D'autres, avant les socialistes, ont promis,
et promettent le bonheur suprême : ils ont
soin de le situer hors de ce monde, ce qui
coupe à toute contradiction.
« L'effort des radicaux est plus terre à
terre, mais plus fécond en résultats. Il fait
confiance à la loi républicaine peur permet-
tre au prolétariat de franchir les degrés qui
doivent le mener vers les destinées plus hau-
tes qui l'atteudent.
« Il pense qu'il est plus sûr de continuer
& gravir l'escalier que de le jeter bas.)
Le devoir commun
Pour M. Maurice Sarraut, la doctrine so-
ciale du parti radical ne le cède en rien à la
générosité de la pensée socialiste.
Elle puise ses racines dans la tradition ré-
lA ffuaiér* i vnQT-CSDVQ CTBVTHKCS
JEUDI 17 FEVRIER 105-7 — N° ?n ZÂÂ
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38, boulevard de StrstsJDO-uxçy. PARIs-xe
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES :
Rédaetioi
Emoi justifié
M. Paul Faure — dont je suis depuis
longtemps les manifestations avec un
intérêt qu'explique son talent — prend
naturellement la défense de l'Internatio-
nale Ouvrière Socialiste.
Il s'étonne que mon patriotisme soit
;« très en émoi ».
Il le serait à moins.
En effet ce n'est pas moi qui suspecte
l'Internationale de faire le jeu de l'Alle-
magne. C'est toute une lignée de socia-
listes français, authentiques, sans comp-
ter Bakounine dont les imprécations con-
tre le « marxisme auxiliaire du bismarc-
lrisme » sont fameuses.
Et le célèbre révolutionnaire russe
n'appartenait pas — j'ai hâte de l'ajou-
ter — au « monde du capitalisme » que
flétrit M. Paul Faure, ni même à la ré-
daction du Rappel.
D'ailleurs les faits sont là, faciles à
contrôler, irrécusables, pour marquer
févolution de l'Internationale sous la
prédominance allemande.
Depuis que le socialisme français a
perdu la direction de l'Internationale,
celle ci a manifestement servi les desseins
d'hégémonie allemande.
En 1870 comme en 1914, l'Allema-
gne a été utilement secondée par l'Inter-
nationale. Je ne voudrais pas voir se re-
produire les mêmes manœuvres en 1927.
Je ne doute pas de la bonne fo ni de
la sincérité de M. Paul Faure. Mais je
crains précisément qu'il ne soit dupe de
sa propre sincérité comme Jaurès le
fut en 1913.
n est vraiment inexplicable que des
esprits cultivés se refusent ainsi à tenir
compte de la « tartufferie nationale » de
l'Allemagne, et ne parviennent pas à
coeydr que le mot « socialisme »
n'a m même signification ni la même
portée en allemand et en français,
Pour mettre M. Paul Faure tout à l' ai-
se, je ne veux lui opposer que des socia-
listes orthodoxes et indiscutés. Je com-
mencerai même — je connais les bons
auteurs ! — par citer un anarchiste.
C'est en effet Kropotkine qui notait dans
ses Mémoires (pages 396-398) : « lors-
que la guerre de 1871 eut abouti à la
défaite complète de la France, les Alle-
mands s'efforcèrent de modifier la métho-
de et le but du socialisme tout entier ».
Dès 1872, Malon, Guesde, Brousse
combattaient de toute leur énergie
(( l'emprise marxiste », et dénonçaient
« la mainmise allemande sur le mou-
yement ouvrier de tous les pays. »
En 1873 un procès correctionnel (af-
faire Dentraigues) révélait la présence
en France d'agents allemands, que Gues-
de appelait « les proconsul s marxistes >>,
et qui étaient les devanciers des Sudekun,
Parvus, Scheidemann etc., que la social-
démocratie envoyait en 1914 dans divers
pays pour y travailler l'opinion ouvrière.
en faveur de l'Allemagne et contre la
France.
En 1873, à un Congrès de Genève,
Bakounine déclarait que : « la réaction
internationale avait son centre en Al-
lemagne, à Berlin, et qu'elle était repré-
sentée aussi bien par le socialisme de
Marx, que par la diplomatie de Bis-
marck, travaillant l'un et l'autre à la
pangermanisation de l'Europe ! »
Ce n'est pas « M. Edmond du Mesnil
qui écrit aussi gentiment dans le
Rappel », Monsieur Paul Faure.
C'est Bakounine qui dicte, alors que
je tiens la plume.
En 1913 et en 1914 la social-démo-
cratie, à son tour, berna et bafoua
Jaurès et les socialistes français.
Retenons ce trait.
En janvier 1913, les partis socialistes
allemands et français élaboraient en
commun « un manifeste pour la paix ».
(Tout comme aujourd'hui.)
, Le texte allemand et le texte français
furent affichés sur tous les murs de Paris,
et publiés dans tous' les journaux socia-
listes (1ermars 1913).
Ce « manifeste pour la paix » était
signé, entre autres, par tous les socialis-
tes allemands députés au Reichstag.
Or le 4 août 1914 ces mêmes députés
socialistes allemands, signataires du
« manifeste pour la paix », votaient tous
les crédits de guerre contre la France et
rejoignaient au pas de l'oie leur régi-
ment, au premier coup de sifflet du
Kaiser.
Cependant Jaurès était demeuré sourd
et aveugle jusqu'au premier coup de
canon.
Il déclamait contre ceux qui — com-
me moi, déjà ! - dénonçaient la « tar-
tufferie » et signalaient le péril de guerre.
Nous faisions, clamait-il, une « abo-
minable campagne d' affolement nationa-
liste ». Nous n'étions que des « patriotes
de tumulte et d'affaires». (Humanité,
février et mars 1913.)
Dans le même temps la tribune de la
Chambre retentissait des prophéties socia-
listes. M. Brizon vaticinait : « une guer-
re avec l'Allemagne est impossible !
Nous n'en voulons pas, et nos frères les
socialistes allemands non plus ! »
MM. Raffin-Dugens, Ducarouge, Com
père-Morel rendaient le même oracle :
« les socialistes allemands ne marcheront
pas ! »
Même le 12 juin 1914 M. Brizon in-
terrompait M. Ribot, qui s'inquiétait des
armements de l'Allemagne. « Pas con-
tre nous ! pas contre nous ! » hurlait-il.
Trois mois après la Belgique était
violée, la France envahie, dix départe-
ments français asservis par les « frères
socialistes allemands » !
De telles preuves répétées de sens poli-
tique et de clairvoyance dans le passé
récent ne m'autorisent-elles pas à de-
mander aujourd'hui à M. Paul Faure si
c'est la même duperie qui continue ?
L'Internationale doit-elle servir à dé-
nationaliser les peuples au bénéfice de
l'Allemagne ?
En 1871, la France vaincue, le socia-
lisme allemand tendit à l'établissement de
l'hégémonie allemande.
En 1914, les Français victorieux, le
socialisme français tend-il lui aussi, -
par un paradoxe monstrueux ! - au ré-
tablissement de l'hégémonie allemande ?
Si M. Paul Faure consentait « genti-
ment » à m'ôter de ce doute, je cesserais
incontinent d'être « très en émoi ».
Edmond du MESNIL.
Mon bon confrère et ami Emile Buré. qui
a officié jadis dans l'Eglise marxiste, en a
gardé un vague parfum d'encens dans sa bu-
rette. Miracle ! Il défendait hier Karl Marx
contre le grief d'hégémonie allemande. Ré-
ponse demain.
E. d. M.
L'«ACTI0N FRANÇAISE» ET LE VATICAN
Excommuniés ?
Plusieurs de nos confrères ont annoncé que
la pénalité religieuse la plus rigoureuse —
l'excommunication — ne tarderait pas à être
appliquée aux dirigeants de l'Action fran-
caise.
- Certains croient pouvoir préciser que les
« bulles » qui portent leur condamnation dé-
finitive sont déjà à Paris. Le grand dignitaire
catholique qui les détient se réserve seule-
ment d'en faire usage au moment qu'il ju-
gera le plus opportun.
Une dizaine de royalistes notoires seraient
mis « hors la communion », notamment MM.
Daudet, Maurras, Pujo, amiral Schwerer, Ber-
nard de Vesins, colonel Larpent.
——————————— ..Ho(.. ———————————-
M. Marcel Cachin
expulsé de Suisse
M. Marcel Cachin, député communiste, se
rendant en Roumanie pour assister au procès
du « camarade » Boris Stefanov, devait tra-
verser la Suisse. Les autorités helvétiques l'en
ont empêché, et M. Cachin, arrêté à Bâle, a
été refoulé sur- Paris, d'où il est reparti pour
Bucarest par l'Allemagne.
L'Humanité s'indigne fort de ce procédé,
qu'elle appelle une « saleté ». :« La Suisse
bourgeoise, dit-elle, a donné toute "sa bule-
sure. »
Peut-être. Mais alors, la France tant honnie
et pourtant si tolérante, aurait du bon ? Ga-
geons qui si M. Cachin pouvait "dire ce qu'il
pense, il le reconnaîtrait avec nous.
CONFIANCE !
Du discours Drononcé mardi à la Cham-
hre par M. Poincaré. il faut surtout re-
tenir :
10 Que. du 1er août 1926 au 1er février
1927. notre dette flottante a diminué de
2.235 millions :
2o Que la circulation fiduciaire qui. le
5 août 1926. s'élevait à 57 milliards 250
millions, n'était plus. le 3 février 1927.
que de 52 milliards 626 millions ;
3o Que nos échéances intérieures de
1927 sont dès à présent assurées aussi
bien que toutes nos échéances extériell-
re R ;
4o Que pour la première fois depuis
le 31 décembre 1921, l'Etat, à la fin de
1926. a pu rembourser 2 milliards à la
Banque de France. Ainsi, la limite lésais
des avances de la Banque à l'Etat. qui
était de 38 milliards 500 millions, a été
ramenée à 36 mL liards 500 millions.
« Et aujourd'hui, à l'heure où je parle,
a dit M. Poincaré. par rapport à ce maxi-
mum. nous avon une marge disponible
de 5 milliards et demi. »
Notre œuvre commune exige encore une très longue pa-
tience. Elle exige une vigilance de tous les instants. Dans
cette tâche ingrate, mais nécessaire, le gouvernement saura
toujours prendre ses responsa bilités. Il dira franchement à
la Chambre ce qu'il croit bon et ce qu'il croit mauvais, ce
qu'il croit possible et ce qu'il croit impossible. Il est convaincu
que, de son côté, la Chambre n'obéira qu'aux intérêts permanents du pays
et qu'elle continuera de prouver aux détracteurs du régime parlementaire
qu'une Assemblée de bons républicains et de bons patriotes est toujours en
France la meilleure ouvrière d'un redressement national.
Raymond POINCARE.
DEVANT, LA COMMISSION DE L'ARMEE
Les projets militaires
» » < ■
M. Raymond Poincaré insisf esur la nécessité de les voter
avant les grandes vacances
—————— »»«-«— ■
Le président 411 Conseil et le ministre de
la Guerre se sont rendus, hier après-midi,
devant la commission de l'Armée de la Cham-
bre. Le maréchal Foch et le général Debeney
les accompagnaient.
M. Raymond Poincaré, dans le début de
ses déclarations, a insisté sur l'urgence des
projets militaires et indiqué l'ordre dans le-
quel il demanderait à la Chambre de les
discuter.
< Le projet d'organisation générale de l'ar-
mée en temps de gue'rre semblait, a-t-il dit,
logiquement venir en discussion après le
projet d'organisation générale en temps de
paix (rapporté par M. Sénac), mais puisque
le rapport Boncour est prêt, le Gouverne'ment
en demandera la discussion le plus rapide-
ment possible avec l'espoir que la commis-
sion fera diligence pour l'examen du rapport
Sénac. »
Sur une' question posée par M. Renaudel, en
ce qui concerne les répercussions, que cette
méthode pourrait avoir sur l'ordre du. jour
de la Chambre et notamment sur la ques-
tion électorale, M. Poiiicâré a répondu que
le gouvetnement avait délibéré sur les pro-
jets militaires et qu'il était prêt, sur ce point,
tandis qu'il n'avait pas encore délibéré sur
la question électorale.
Il a en outre insisté sur la nécessité, pour
un gouvernement étroitement solidaire, de
veiller à ce que le vote du budget et des lois
xpilitaires soit effectué avant les grande's va-
cances.
Le président du Conseil a répondu ensuite
aux questions qui lui ont été posées. Puis le
maréchal Foch a fait un exposé très complet
des travaux de la Conférence des Am'bassa-
deurs. Il a notamment déclaré que dans l'état
actuel, on pourrait considérer que l'Allema-
gne a désarmé, mais contre une nation de
65 à 70 millions d'habitants, des précautions
s'imposent toujours.
Le ministre de la Guerre a ensuite donné
des renseismements détaillés sur le désarme-
ment de l'Allemagne.
A l'issue de la séance le compte rendu sui-
vant a été fourni à la presse :
« La Commission de l'armée de la Cham-
bre s'est réunie sous la présidence de M. Gi-
rod pour entendre un exposé des vues du
gouvernement en ce qui concerne la discus-
sion, à la Chambre, des projets de réorga-
nisation militatTe.
« Le président du conseil et le ministre
de la guerre assistaient à la séance, accom-
pagnés du maréchal Foeh et du général De-
beney, chef de l'état-major de l'armée.
« Le président du conseil a fait ressortir
.urgence qu'il y avait à discuter sans délai
les projets de réorganisation, et notamment
la projet portant organisation générale de
l'armêe.
« Le président a fait connaître aux membres
du gouvernement que la commission en au-
rait fini, dès la semaine prochaine, avec la
deuxième lecture du projet de loi d'organisa-
tion générale de la nation et que ce projet
pourrait venir devant la Chambre dès que te
gouvernement le désirerait ; qu'au surplus.
l'unanimité réalisée en commission sur ce
projet permettait d'espérer que la discussion
e séance pourrait être assez rapide. D'autre
pMtt la commission de l'armée avait déjà
dêbidé d'entamer le 25 de ce mois lo rapport
de M. Sénac sur l'organisation géùéra!© a©
l'armée et d'en poursuivre la discussion avec
la même rapidité que pour le projet d'organi-
sation générale de la nation.
« Après un échange de vues, la commission
de l'armée et le gouvernement ont pu consta-
ter leur accord sur la méthode de travail &
adopter pour faire aboutir le plus tôt possi-
ble à la. Chambre les projets militaires.
« La commission a ensuite entendu le maré-
chal Foch, le général Debeney, qui lui ont
apporté des précisions concernant le désan
me ment de l'Allemagne et notamment sur les
solutions apportées sur les récents accords
dans le problème des forteresse orientales de
l'Allemagne.
« Le président a vivement remercié le pré-
sident du Conseil, le ministre de la guerre
et leurs collaborateurs de leur intéressante
audition. »
LE DESARMEMENT NAVAL
JO
Après la réponse française
Ce qu'on en pense aux Etats-Unis
On mande de Washington que M. Kellogg,
secrétaire du département d'Etat, commen-
tant la note française remise mardi en ré-
ponse au mémorandum aréricain sur le dé-
sarmement naval, a fait les déclarations sui-
vantes :
Si l'attitude de la France à l'égard du
désarmement doit vire suivie par les autres
grandes puissances, on n'arrivera à aucune
solution véritable pendant des années entiè-
rest Je déclare que la Société des nations
n'a rien fait en vue du désarmement, Notre
proposition a été faite parce que nous recon-
naissons que le problème du désarmement est
extrêmement difficile à résoudre et que si
la question dit désarmement sur terre, sur
mer et dans les airs doit être examinée com-
me constituant un seul problème, s'appliquant
à toutes nations du nwnde, on sera des an-
nées avant (l'avoir réalisé la moindre solu-
tion.
Il est vrai que l'article 8 du pacte de la
Société des nations confie à cette dernière
la solution du problème du désarmement
Mais rien n'a été fait en ce sens, si ce n'est
à la conférence de Washington, en 1921. La
limitation des armements navals constitue
une proposition concrète qiii s'applique aux
cinq puissances visées et dont on peut s'oc-
cuper à la con/érenocde Genève, sans que
l'initiative américaine puisse entraver le trar
vail de cette conférence, ni lier les autres
puissances.
J'espère grandement qu'avant- la conférence
rie, Genève, le gouvernement français prétera
son appui à kt, réalisation de cet accord.
M. Kellogg a ex-pliqué ensuite qu'il n'avait
pas encore eu le temps d'étudier en détail
la note française. Toutefois, H a fait cette
remarque :
Il y a, me semble-t-il, plusieurs points dans
cette note qui doivent avoir été dictés par
tUt malentendu relatif à la portée précise
des propositions américaines.
Le président Coolidge a déclaré clairement
que les Etats-Unis ont l'intention de conti-
nuer à participer aux travaux de la coin-
mission préparatoire de la conférence du dé-
sarmement et qu'ils feront tous leurs efforts
pour contribuer utilement au succès final
de ces travauxf En effet,, le président a net-
tement exprimé la conviction que nçtre pro-
position constituerait une contribution au suc-
cès de la conférence du désarmement à Ge-
nève. Notre désir est de voir les efforts pour
le désarmement produire des résultats fmnté.
diats. Le désir du président était décarter
tout ce qui pourrait constituer un stimulant
à la course aux constructions navales en
établissant un accord en vue de les limiter.
En même temps, le président voulait pous-
ser les efforts communs vers une limitation
et. si possible, une réduction générale, des
armements.
Il me semble, a dit en terminant le se-
crétaire du département d'Etat. que l'ajour-
nement à une date indéterminée de tous
les efforts destinés à mettre un terme à la
course aux armements et à résoudre le pro-
blème de l-a limitation des constructions
navales constituerait un coup sérieux porté
à la cause tout entière du désarmement.
La partie de la proposition
américaine -
Une autre dépêche de Washington, anté-
rieure à la réception de la réponse fran-
çaise, fait (connaître les précisions qu'oin
donnait à la Maison Blanche sur la portée
de la proposition américaine :
La suggestion de M. Coolidge est eRSn.
tiellement motivée. suivant le porte-parole
du président, par son désir d'atteindre un
résultat pratique. C'est seulement en s.é»
parant le problème de la limitation navale
de vensemble complexe de la question du
désarmement débattue à Genève, que l'es-
voir est permis d'y donner une solution el-
fective, Une telle solution aura peu de
chances d'être obtenue si on admet dans la
discussion de nombreuses nations Qui.
n'aient point de marine ou en ayant une-
insipifiante, ne sont pas directement inté-
ressées dans la question.
Le porte-parole du président, répondant,
par avance, à certaines objections élevées
dans les milieux officiels français, a fait
valoir, à nouveau, que les pourparlers sug-
gérés par le président Coolidge ne cons-
titueraient nullement, en fait, une nouvelle
conférence.
<1oir la suite en deuxième page.).
DOCTRINES ET TACTIQUES
M. Maurice Sarraut
répond à M. Léon Blum
—————— ».c ——————
« Une mise au point générale des faits et des
doctrines en s9efforçant de ne pas oublier la
communauté des aspirations démocratiques qui
unit les deux partis. » Ainsi le président du parti
radical et radical-socialiste définit-il sa réponse.
Le Comité exécutif du Parti radical et ra-
dical-socialiste s'est réuni hier soir, Salle des
Fêtes, sous la présidence de M. Maurice Sar-
raut, son président.
Cette réunion avait surtout pour but une
sorte de mise au point de la discussion qui
s'est élevée ces temps-ci, dans la presse, en-
tre MM. Maurice Sarraut et Léon Blum sur
les doctrines respectives et les tactiques du
parti radical-socialiste et du parti S.F.I.O.
L'accès de la réunion ayant été refusé à
un certain nombre de représentants de la
presse — et nous avons été de ce nombre —
nous ne pouvons que donner ici les communi-
cations qu'on a daigné nous faire à l'issue de
la réunion.
Le discours
de M. Maurice Sarraut
En prenant la parole, qu'il gardera plus
d'une heure, le président du Comité exécutif
indiaue qu'en accord avec le bureau, il croit
devoir soumettre au Comité la réponse que
rend nécessaire la récente publication, dans
le Populaire, des articles de M. Léon Blum, où
sont mises en cause l'attitude passée, les ten-
dances, la doctrine et la tactique du Parti
radical.
Il rend hommage à la forme courtoise dont
le leader socialiste a su envelopper sa pensée :
« M. Léon Blum est. par la pénétration et la
souplesse de son inlelligence, par l'étendue
de sa culture, une des fortes personnalités dont
s'honore la République, et quelles que puis-
sent être ses divergences de vues avec le
Parti radical, celles-ci ne sauraient diminuer
l'estime que ce Parti éprouve pour son ta-
lent. »
M. Maurice Sarraut déclare qu'il se bor-
nera. d'ailleurs, sans faire œuvre de polémi
que pouvant fournir à de communs adversai-
res des armes contre le Parti radical et le
Parti socialiste, à tenter Une mise au point
générale des faits et des doctrines en s'effor-
çant de ne pas oublier la communauté des
aspirations démocratiques qui unit les deux
Partis.
La question de la participation
M. Léon Blum a entendu dégager son Parti
de toute responsabilité dans la non-participa-
tion au Pouvoir après le 11 mai.
Tout en reconnaissant la déception subie
par le pays, il déclare que le Parti socialiste
n'a eu aucune offre à refuser pour la raison
qu'aucune offrè ne lui a été faite.
Le président du Comité exécutif décrit l'at-
mosphère morale dans laquelle a évolué cette
grave question de la participation.
Il montre le courant très fort qui s'est pro-
duit dans une fraction importante de l'opi-
nion socialiste en faveur de la collaboration
gouvernementale, et comment M. Léon Blum,
dès le lendemain du 11 mai, prenait position
contre la participation en indiquant les diffi-
cultés redoutables qu'elle rencontrerait.
« Cette position, M. Paul Faure l'a prise
également, et avec plus de force encore, à la
Fédération de la Seine, le 25 mai.
« Donc, avant le Congrès qui devait fixer
l'attitude officielle du Parti, les dirigeants
les plus influents du Parti socialiste ne vou-
laient pas de la collaboration gouvernemen
taie. Ils la considéraient comme gênante à
plusieurs titres : pour l'Unité, pour la propa-
gande, pour les responsabilités au'elle pou-
vait entraîner.
« Que pouvait faire le Parti radical en pré-
sence de ces déclarations ?
« Ou bien ne pas insister sur la participa
tion que les plus qualifiés de ses alliés ju.
geaient si gênante pour eux-mêmes ;
« Ou bien déclarer nettement que, sans la
collaboration directe au gouvernement du
Parti socialiste, le Parti radical ne prendrait
pas la charge du Pouvoir.
« L'attitude de M. Herriot ne laisse Dlace à
aucun doute.
« Le chef du Parti radical considérait com-
me indispensable la participation socialiste.
« Son offre ressort nettement tant de ses
déclarations antérieures, que de la lettre da
1er juin qu'il adressait à M. Léon Blum. Cette
lettre n'était pas une confidence d'ami à ami.
mais l'offre d'un chef de Parti à un autre
Parti. Si, par la suite, M. Herriot ne s'est pas
refusé à former un cabinet privé de cette par-
ticipation, c'est qu'il a senti l'embarras cruel
dans lequel il risquait de mettre le Parti so-
cialiste et des hommes qu'il estimait profon-
dément. Et c'est alors qu'est intervenue, dans
les conditions qu'a indiquées M. Léon Blum,
la lettre du 2 juin, celle qu'on a appelée le
« contrat de soutien ».
« Il suffit, d'ailleurs, de se reporter tant à
l'ordre du jour voté par le Congrès socialiste
le 2 juin, qu'aux déclarations faites dans la
Revue de Paris par M. Paul Faure, pour re-
connaître que, de toute évidence, la partici-
pation gouvernementale, au lendemain du 11
mai et, ensuite, à diverses reprises, a été
offerte par le représentant qualifié du Parti
UOCX>O<>O<>O<>O<>O<>O<>O<>O
La livre à 123.65
Le dollar à 25.49
Livre 123 65
Dollar 25 49
Peseta 426 »»
Franc suisse. 490 25
Belga 354 50
Florin 1.020 25
Lire 110 50
Rentenmerk 604 »»
Leu. 14 80
LES RENTES FRANÇAISES
3 0/0 52 65 contre 52 85
5 0/0 1915-1« .67 10 contre 66 85
4 0/0 1917 55 95 contre 55 40
radical au Parti socialiste, et que, toujours,
le Parti socialiste l'a refusée.
« Faisons, de part et d'autre, comme ceU
se doit, entre deux grands partis, effort d'im-
partialité, et reconnaissons que si du senti-
ment formel de M. Léon Blum et de M. Paul
Faure. la participation n'était pas désirable
pour le Parti socialiste, le Parti radical et
son chef, en s'inclinant, non sans noblesse,
devant une décision arrêtée, qu'ils déploraient,
ont sacrifié, aux scrupules de conscience do
certains des dirigeants du Parti socialiste, ia
sauvegarde essentielle qu'il était au pouvoir
du socialisme de leur fournir dans le péril-
leux voyage qu'ils allaient entreprendre. »
M. Maurice Sarraut indique que le soutien
loyal et résolu des socialistes vis-à-vis du ca-
binet Herriot, et que l'appui qu'ils ont donn,
en certaines circonstances graves, à M. Pain-
levé et à M. Briand, ne pouvaient pas produire
tout l'effet que M. Léon Blum en espérait.
« Dans une bataille aussi rude que celle
qui s'est livrée de 1924 à 1926, on ne pou-
vait emporter la victoire que par la collabora.
tion étroite et loyale des deux Partis, pre-
nant, d'une main résolue, d'un commua
accord, la barre du gouvernail. »
M. Maurice Sarraut souhaite que, pour
l'avenir, l'expérience de ce passé tout récent
ne soit pas oubliée.
Les deux doctrines
Répondant ensuite à la thèse de M. Léon
Blum en ce qui touche les rapports du parti
radical et du parti socialiste au point de
vue de leur programme et de leu'r doctrine,
M. Maurice Sarraut résume ainsi le dilem-
me qui ressort de l'argumentation du lea-
der socialiste : le pays a à choisir entre
deux termes : ou la révolution sociale, que
les socialistes poursuivent et qu'ils déclarent
inévitable ; ou l'évolution sociale par la ré-
forme, vers laquelle tendent les rad~~;.
mais que le parti socialiste considéra t~
insuffisante.
« La. dispute n'est pas nouvelle. Elle du-
rera, probablement, b'en des lustres encore.
« La Révolution française a cependant
trouvé la véritable formule de l'action so-
ciale républicaine, — formule qui est restée
celle du parti radical — lorsqu'elle a dit :
« Les hommes naissent — et demeurent -
libres et égaux en droits. » C'est cette for-
mule qui contient, en germe, toute la doc-
trine du parti radical.
« Qu'il y ait des inégalités sociales, c'est
d'évidence. Comment y remédier ? Nous di-
sons. nous, radicaux, Dar une série de ré-
formes sociales aboutissant, notamment, à la
suppression du salariat. Les socialistes, eux,
disent : les réformes seront insuffisantes tant
que n'interviendra pas la suppression de la
société actuelle. Et c'est là qu'est la diffé-
rence. en effet décisive, entre nos deux doc-
trines.
« Celle du socialisme, — M. Léon Blum
le proclame — aiboutit inéluctablement à la
révolution par la lutte des classes.
« Nous fondons, nous, radicaux, notre doc-
trine sociale sur l'idée de la solidarrité..
« Nous prétendons que ce n'est point sur
la propriété ind viduelle qu'il faut faire por-
tav l'effort de transformation, mais sur la
condition humaine.
« Les radicaux ne voient, dans le sala-
riat. qu'une forme sociale transitoire et non
une Institution définitive dont la disparition
nécess'terait la mise en œuvre d'une révolu-
tion. »
M. Maurice Sarraut se refuse à admettre
qu'il soit indispensable de briser les cadres
de la société moderne pour franchir les de-
srés nouveaux qui séparent l'homme de la
pleine égalité sociale.
11 lÙ,,.t ni souhaitable, ni possible de sup-
primer la propriété individuelle. Elle est et
elle demeure, selon les radicaux, une condition
maîtresse de la dignité et de l'indépendance
humaines, en même temps que le stimrlant
indispensable de l'initiative et du travail.
Qu'il y ait des transformations désirables
cela n'est pas douteux. U.I. encore, les radi-
caux sont dans la tradition de la Révolution
française qui, hardiment, accorda à l'Etat un
droit éminent sur la propriété, la remaria,
la répartit à nouveau pour assurer plus de
justice, mais ne songea pas un seul jour à !a.
détruire.
Le parti radical n'a jamais soutenu d'autre
thèse. Et c'est dans ce sens que, d'accord avec
le parti socialiste, il s'est efforcé d'imprégner
la législation républicaine, depuis cinquante
ans. de cette notion de l'intérêt collectif ar-
rivant à corriger les abus et les erreurs de
l'individualisme.
« Jules Guesde comparait l'acte révolution-
naire à l'éclatement de la coquille de l'œuf
après le temps nécessaire à la gestation. Il
oubliait que cet éclatement est dû à fêclosion
normale du poussin, et que l'acte révolution-
naire qui consisterait à briser la coquille à.
coups de marteau ne donnerait pas des cou-
vées florissantes. »
M. Maurice Sarraut montre ensuite que la
doctrine collectiviste ne se vérifie pas à l'exa-
men des faits économiques.
« D'autres, avant les socialistes, ont promis,
et promettent le bonheur suprême : ils ont
soin de le situer hors de ce monde, ce qui
coupe à toute contradiction.
« L'effort des radicaux est plus terre à
terre, mais plus fécond en résultats. Il fait
confiance à la loi républicaine peur permet-
tre au prolétariat de franchir les degrés qui
doivent le mener vers les destinées plus hau-
tes qui l'atteudent.
« Il pense qu'il est plus sûr de continuer
& gravir l'escalier que de le jeter bas.)
Le devoir commun
Pour M. Maurice Sarraut, la doctrine so-
ciale du parti radical ne le cède en rien à la
générosité de la pensée socialiste.
Elle puise ses racines dans la tradition ré-
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