Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-02-05
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 février 1927 05 février 1927
Description : 1927/02/05 (N20532). 1927/02/05 (N20532).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7552041j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
17 PLUVIOSE. AN 135.. W 20332
Le Numéro i VUtGT-CMQ CENTIMES
SAMEDI 5 FEVRIER 1927. — N° 20.532
fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
A.bONJSjiM £ .i\ la
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Frakcb BT GOLOXIES 45 28 * 12
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Fondateurs 11869 J
VICTOR HUGO
AUGUSTE V CQUERIE
POUR LA PUBLICITE. S ADRESSEf-
AUX SUREAUX OU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAiS DANS
TOUS LES BUREAUX OE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATION : | D8. 8 RDMONH DU M" ESNIL R \, '; TÉLÉPHONES: -,
38, boulevard de Strasbourg. PARIS-Xe | Directeur : EDMOND DU MESNIL | Rédaction et Administrations: Nord 24-90, 24-91) - Après 19 h du soir: ~04-~
, TRIBUNE LIBRE
France et Allemagne
Que ridée d'Europe soit dans l'air,
c'est un t'ait. Que beaucoup d'excellents
esprits soient persuadés que le rappro-
chement franco ailenjand est possible et
désirable, c'est un autre fait. Mais je
lie sais jusqu'à quel point, tout en usant
des mêmes termes, on les comprend
d'une façon identique, de part et d'autre
du Rhin, et j'en veux trouver la preuve
-dans une * lettre que je viens de rece-
voir; et qui me paraît être d'un social-
démoorate, en tout cas d'un homme de
gauche.',- II, est vrai que - la rauche en
Ariemagne, c etait, aux dernières nou-
.vetNes, ce brave monsieur Marx, chef du
centre catholique, qui, sur d'ordre de
Gasparri, vient de jeter tout son parti
dans la vaste gueule nationaliste.
Donc, voici ce que me dit mon corres-
pondant (je tais son nom parce que je
n'ai pas la permission de le :
Vous êtes, convaincu, que TEurope (conti-
néntote) : s'organisera nécessairement. se
base, son point de?départ, sera le bloc franco-
allemand. Mais, une synthèse franco-aile-
viande,, ne Valons nous pas déjà ? N'est-ce pas
l'Alsace-Lorraine, 81brtout. l'Alsace, Stras-
bourg ? Cette Alsace d'Origine germanique,
puis rattachée à la France et imprégnée de
culture '• française, surtout dans ses couches
supérieures, — tandis que le peuple où pour-
tant l'élite. recrute ses éléments restait ce
qtfïl avait ■ été, — ensuite redevenue alle-
mande, c'est-à-dire retrempée dans la culture
ok ses origines, et enfin revenue à la France
poùrnc pas être absorbée par l'idée purement
allemande,, à un moment pourtant où l'Alle-
magne semblaitmontée à son .apogée, cette
Alsace constamment obligée dé résister aux
tentatives d'acoapatrernent exclusif de l'est
mt djç Touest, est ainsi amenée à prendre cons-
c elle-même, à. se demander que suis-
! ? Et elle se répondait, : ni l'un, ni l'autre.
nUfiç les deux à la fois, la synthèse franco-
allemande, dont le symbole est la flèche
élancée de la cathédrale de Strasbourg, etc.
|1 ne faut pas'négliger un pareil té-
moignage, et Cûlllme: ce correspondant
paraît exprimer une pensée que beau-
coup de gens de gauche en Allemagne
et même de social-démocrates trouvent
juste, il f^i'és.say«i?^"#ui montrer qu'il
pense non pas en Biîropée'n eomîiiè il
j't> QJO\&' eÎt Allemand, asters
bel et bien en Allemand authentique qui
prétend,laisser ouvert un débàt pour-
tant fermé depuis 1918.
«Cette Alsace d'origine germanique »,
dit ( notre correspondant, et tout aussi-
tôt ; vous voyez se profiler le concept
de race, générateur de guerre. Notez
que, d'ailleurs, des Français ont prouvé
ou cru prouver que. non seulement les
Alsaciens, mais les Rhénans étaient des
CeIt., Voilà. déjà la dispute engagée.
Celtes ou Germains ?
Mais allons plus loin. Si nous trou-
vons-chez l'Alsacien un mélange pro-
bable - de sang gaulois et de sang ger-
main, en tout cas un bilinguisme évi-
dent, .appuyé. sur la connaissance de
de f deux littératures et l'amour de. deux
cult'ures,' que devrons-nous dire de cette
région rhénane si fortement imprégnée
au •-XVIIe,* XVIIIe et même au XIXe
siècle de culture française, sur ce Lan-
dau-, et ce Sarrelouis français jusqu'en
1815, sur ceti- état d'esprit rhénan : qui
de 1791; à 1815 s'avéra si nettement
francophile -. et même français ?
De. toute évidence, cé qui est vrai en
Alsace l'est également sur toute la rive
gauche du Rhin, et c'est d'Aix-la-Cha-
peifîle à Mulhouse, et de Mayence à
Trèves et aux portes de Metz, comme
de Strasbourg aux Vosges que règne ce
souci de bilinguisme et de double cul-
ture, servi par le sentiment, d'une
double tradition.
Mais que mon correspondant prenne
garde" à ceci. Tandis que la langue
alsacienne ou même la langue alle-
mande elUe-même sont respectées en
AIsaoo, 'aujourd'hui, tandis que de 1791
à 1815 nous avons parfaitement respecté
dans les départements de la Roër, du
Mont-Tonnerre, de ilia Sarre et du Rhin*
et-Moselle, cette même langue et cette
même culture, dès 1815, la Prusse a
entrepris en Rhénanie la chasse aux
mots et aux sentiments français (voir le
roman-de Glara Viebig, roman alle-
mand : La Garde au Rhin) ; et dès 1871,
mon correspondant le. sait, l'Allemagne
a entrepris.' la dénationalisation systé-;
matique de l'Alsace, et même de la Lor-
raine messine.
Voilà les faits;
Disons donc que la synthèse franco-
allemande est constituée non par l'Al-
sace, mais par l'Alsace et la Rhénanie;
disons aussi que lorsque l'Allemagne do-
mine ces pays, elle essaie d'en chasser
la culture française, tandis que lorsque
aa. France les domine elle y respecte la
culture allemande. Je ne tire pas de
conclusions. Je me hâte même d'ajouter
que c'est probablement moins -l'Alle-
magne qui est cause de cette incompré-
hension que: la; Prusse,. ce peuple de
métis germano-slaves, fait pour donner
des militaires au monde avec prédomi-
nance du type sous-officier. Mais ce que
j'avance n'en est pas-moins vrai pour
[cela.
Allons plus loin.
Aujoùi,d'hui, -.acü-Lor r i-iiie, est re-
devenue française ; l'Allemagne a con-
servé la Rhénanie. Or, en Alsace, persis-
tance et développement des idées régio-
palistes, développement qui, malgré cer-
taines erreurs administratives, n'est pas
entravé par la masse des citoyens Iran-
çais- En Rhénanie, poursuite et persé-
cution des républicains rhénans, des
régionalistes rhénans que les ultrana-
- ;alistés prussiens et bavarois traitent
de séparatistes et de traîtres à la patrie,
tandis qu'il est prouvé qu'ils n'ont ja-
mais voulu que se séparer (comme
c'était leur droit) de la Prusse conser-
vatrice à laquelle rien ne les rattache
pour constituer un Etat régional répu-
blicain dans le cadre fédératif alle-
mand.
Or, que mon correspondant essaie
quelques instants d'imaginer ce tabileau
dont l'Allemagne n'a pas voulu et dont,
sans doute, la France eut souhaité la
réalisation : une A'Isace, fortement rat-
tachée à la Nation française, mais jouis-
sant de libertés régionales ; une Rhé-
nanip fnrtamp.nf. vfit.faphno à U Mofmn i
- "1 ":' 4. KV XU/ ClllUil
allemande, majs indépendante alClminis-
trativement de la Prusse et jouissant
de libertés régionales; qu'il imagine la
culture allemande développée à l'Uni-
versité de Strasbourg, la culture fran-
çaise développée aux universités rhéna-
nes. Ne voit-ii pas que, la frontière di&-
meurantee qu'elle est, •cette collaboration
des deux langues et des deux enflures
depuis la frontière suisse jusqu'à la
frontière de Hollande, particulièrement
poursuivie, dans les deux régions, par
les esprits et par les groupes régionaux,
entraînait non seulement la Paix, mais
la collaboration franco-aililemande ?
Et, du coup, l'organisation de PEu:,
rope ?
C'était une idée pratique. Mon corres-
pondant ne doit pas la trouver à son
goût. Et presque personne en Alle-
magne.
C'est parce qu'en Allemagne le chef
de la gauche, le docteur Marx, a sensi-
blement les mêmes idées que le géné-
ral de Castelnau chez nous.
Et voilà pourquoi te violon français
et le fifre allemand ne jouent pas d'ac-
cord. Ça viendra.
Pierre DOMINIQUE.
1 -
EDITORIAL
ui»ii »ei i
,
« BouIe-de-Suif » radicale
Ah ! madame Sganarelle-Archimbaud;
ah ! ma pauvre vieille chère femme à
barbe.
Ça y est. Quelle râclée ! justes dieux,
quelle râclée
Je vous l'avais, annoncée hier ; mais
je ne pensais pas être si bon prophète
dès ce malin.
A vec son air de n'y pas toucher et son
allure dégingandée et indolente, M.
Léon Blum est j'éroce; impitoyable.
Impossible de mieux désarticuler,
désosser, disséquer, dépiauter un pau-
vre bougre de programme radical.
Eh bien ! M. Maurice Sarraut peut
sê vanter d'avoir eu une fameuse idée,
en essayant d'établir les points de rap-
prochement entre le radicalisme et le
socialisme.
M. Léon Blum s'empare des déclara-
tions de M. Maurice Sarraut aussi bien
que du programme « social » du parti
radical rédige à Bordeaux, et sa dialec-
tique nerveuse en laisse si peu de chose,
qu'il me semble que c'est moins que
rien.
L'arricle de M. Léon Blum dans le
Populaire n'l'si pas seulement une cri-
tique acérée de l'idéologie radicale, c'est
-, je l'écris sans malice — un chef-
d'œuvre d'exposition. Il est impossible
dQ résumer à'l.'tJ.c une concision et une
clarté plus parfaites, en moins de deux
cents lignes, l'origine et la doctrine du
salariat, du capitalisme et du proléta-
riat.
Conclusions : l'érnancipation dit pro-
létariat exige la suppression du sala-
riat. La suppression du salarial com-
mande la transformation totale du ré-
gime de la propriété.
Seule la Révolution sociale peut opé-
rer cette translormation. Ergo : le ra-
dicalisme, en s'imaginant améliore? la
condition des salariés « dans le cadre
de la société actuelle », radieaillonne,
éperdument.
Encore une fois, -- M. Léon Blum
vous le démontre — entre le socialisme
et le radicalisme, ni le principe, ni le
but. ni les moyens ne peuvent être com-
muns.
A part ça, associons-rtous quand
même, car cette bonne madame Sga-
narelle radicale, peut, après tout, re-
prendre le rôle de « Boule-de-Suif n.
Vous connaissez la plaisante nOlt-
velle de Guy de Maupassant, et cette
Boulè-de-Suif est devenue classique.
Ainsi, va donc ton chemin, ma pau-
vre Roule-de-Suif valoisienne ! Subis
ton médiocre destin. Le socialisme
S.FIO. a-besoin de toi « pendant un
temps donné ». -
Puis, ayant tiré de toi. tout ce qu'il
attend de ta crédulité niaise, ou il t'ab-
sorbera jusqu'aux tripettes, ou il te re-
jettera, dégonflée ait carrefour de « l an-
tagonisme des classes ».
Cependant, M. Edouard Herriot con-
tinuera à suivre son propre enterrement,
en tenant « Chignol » par la main, et
M. Maurice Sarraut jouera sur le ga-
loubet des meneurs de chèvres :
« Si la Garonne avait voulu»
1 Edmond du MESNIL.
Il ne peut pas être quest ion d'une véritable récon-
ciliation aussi longtemps qu'un soldat étranger se trou-
vera sur le territoire allemand.
Comte WESTARP.
leader nationaliste.
(Discours au Reichstag le 3 février.)
APRES LA DECLARATION MINISTERIELLE ALLEMANDE
Le château de cartes de M. Marx
t <
A peine édifié, le cabinet est déjà ébranlé
par les exigences des nationalistes
Doue,- le nouveau cabinet allemand s'étant
présenté devant le Reichstag, le chancelier
Marx a donné lecture de la déclaration minis-
térieHe.
Le document est tel qu'on pouvait l'atten-
dre. Il n'y manque aucune des assurances
destinées à rassurer l'étranger, et, en ce qui
concerne particulièrement la politique de rap-
prochement franco-alennand, la déclaration
n'efforce de poser en principe que la parti-
cipation des nationalistes n'entraînera aucun
changement et que « tous les memlbres du
cabinet sont d'accord pour persévérer dans
la~voie adoptée ».
L'accord règne.
Dans la pratiqua, jusqu'à quel point cet ac-
cord entre les partis de coalition est-il réa-
lisé ou s'il l'a été à un moment quelconque,
eonbinùera-t-il d'exister ? C'est une autre
question. Ce qu'il convient de remarquer,
pour l'instant, c'est que le programme exiposé
au Reichstag, par le Dr Marx, au nom du bloc
des .droites, aurait pu l'être tout aussi bien
au nom d'un ministère de grande coalition ou
même d'un ministère de gauche s'appuyant
sur la coalition de We,imar. La Constitution
républicaine et le drapeau républicain sont
formellement reconnus ; la Reichswehr de-
vra être soustraite à toutes les Influences
politiques, quelles qu'elles soient ; en ma-
tière de politique extérieure, la renonciation
à l'idée de revanche est expressément affir-
mée ; et, pour ce qui est de l'évacuation des
tèffitoiree rhénans, artidle de foi que même
un gouvernement de gauche n'aurait pM
manque d'inscrire à son programme, le Dr
lu x f. fait preuve d'une très grande modéra-
tion dans les termes.
.Mais en apparence seulement
Dans cette première manifestation, si ré-
publicainement et si pacifiquement orthodoxe,
d'un gouvernement réactionnaire, il 'n'y a
rien qui doive surprendre. Il était évident
Que le nouveau cabinet ferait tout pour dis-
siper, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, les
défiances que sa formation avait provoquées.
Si cependant on veut se faire une idée exacte
des sentiments avec lesquels les nationalistes
arrivent au pouvoir, il faut se reporter au
discours que le comte Westarp a prononcé
au Reichstag, après que le Dr Marx eut
4 on né lecture de la déclaration ministérielle.
Les restrictions nationalistes
Bien plus que cette déclaration, ce sont,
en effet, les paroles de leader nationaliste
qui donnent à la journée -de vendredi son ca-
ractère et son relief véritables. Elles consti-
tuent une addition remarquable au programme
gouvernemental tel que le Dr Marx l'a ex-
posé et elles peuvent, comme M. Blun le no-
tait hier matin au Journal, se résumer do
la façon suivante :
1° Le parti nationaliste n'est pas solidaire
du gouvernement quant aux concessions fai-
tes aux alliés, relativement aux forteresses
de l'Est ;
2° Les nationalistes n'ont jamais pris le
moindre engagement vis-à-vis d'aucun parti.
Le manifeste républicain du contre n'a pas
servi aux pourparlers qui ont préludé à la
formation du cabinet. Ce manifeste ne peut,
en conooquence, être reconnu par les natio-
naux-allemands ;
30 Les nationalistes n'ont renoncé à aucune
de leurs convictions ni à aucun des points
da leur programme ;
4° Ils proclament qu'aussi longtemps qu'il
y aura un soldat étranger sur le territoire
allemand il ne pourra pas être question d'en-
tente :
50TLs réclament que la question des res-
ponsabilités de la guerre soit portée devant
un tribunal d'arbitrage ;,
'-,60 Ils reconnaissent, cependant, que Lô-
carno et l'adhésion du Rei'dft à la S.P.N.
constituent la base juridique de la politique
allemande ;
7° Ils déclarent que le fait, pour eux, d'avoir
reconnu la légitimité de l'Eta,t ne signifie
pas qu'ils aient reconnu intérieurement la lé-
gitimité du régime républicain ; ils affir-
ment néanmoins être disposés à défendre la
Constitution de Weimar et, s'ils soulignent
qu'ils sont d'accord pour que l'on interdise
à la Reichswehr d'entretenir des rapports
avec les associations illégales, ils n'en tien-
nent pas moins à proclamer la haute valeur
du mouvement patriotique.
(Voir la suite en deuxième page)
ri'" If. U' viiiî -. ------
UN PEU DE STATISTIQUE
La vague de chômage s'amplifie
Le nombre des chômeurs secourus a augmenté
de 11.503 en une semaine
Suivant. la statistique publiée hier matin au
Journal officiel par le ministère du travail,
le chômage s'est encore aggravé sensiblement
au cours de la dernière semaine. Le nombre
des chômeurs secourus (qui ne comporte
qu'une partie des sans-travail) était, à la
date du 3 février, de 56.275 (dont 43.115 à
Paris et dans le département de la Seine). au
lieu de 45.222, le 27 janvier. L'augmentation
du nombre des chômeurs secourus a donc été,
d'une semaine à l'autre. de 11.053.
Voici les renseignements officiellement don-
nés par le ministère du travail :
D'après les renseignements reçus le 3 fé-
vrier 1927, 12 fonds de chômage départemen-
taux sur 31 et 98 fonds municipaux sur 233
fonctionnent.
Le nombre des chômeurs inscrits est de
56.275. dont 41.698 hommes et 14.577 femmes.
La semaine précédente, le nombre des chô-
meurs bénéficiaires d'allocations était de
45.222 (33.706 hommes et 11.516 femmes), soit
pour cette semaine une augmentation tl3
11.000 unités environ.
A Paris
A la date du 2ï> janvier 1927, le fonds de
chômage de la Ville de Paris compte 25.576
chômeurs inscrits (17.847 hommes et 7.729
femmes) contre 21.419 la semaine précédente:
ceux des autres communes de la Seine, 17.539
(13.250 hommes et 4.289 femmes), au lieu -2o
13.702 la semaine précédente.
On compte surtout, à Paris et dans la Seine,
des chômeurs inscrits dans les groupes pro-
fessionnels suivants : industries des métaux
S.922 (7.335 homme et 1.5S7 femmes) ; indus-
tries du bois, 4.238; industries du vêtement,
8.451. dont 2.587: femmes ; industries des cuirs
et peaux, 3.240, dont 2.040 hommes et 1.200
femmes; entreprises de bâtiment, 3.239 ;
commerce de l'alimentation, 1.596 (1.047 hom-
mes et 549 femmes) ; services de transport,
1.312 ; employés de bureau, 1.324; travaux di-
vers de manœuvres, 12.316, dont 8.742 jouî-
mes et 3.574 femmes.
En province
Dans les autres département, le nombre des
chômeurs inscrits s'établit comme suit : Hau-
te-Vienne, 3.000; Rhône, 2.544; Nord, 1.430;
Bouches-du-Rhône, 957; Ille-et-Vilaine. 632 :
Vauèluse. 628; Bas-Rhin, 621; Loire-Infé-
rieure, 556; Somme 527; Loire 474; Meurtlw-
et-Moselle. 21S: Gard, 100; Maine-et-Loire,
et Tarn 155 chrcun; Calvados, 140; Drôme e?
Morbihan, 130 chacun ; Indre-et-Loire, 125 ;
Loiret et Pas-'dé-Calais, '110 chacun ; Doubs,
100. etc. n
Au cours de la précédente crise de chômage,
eu mars 1921, le nombre maximum des chô-
meurs secourus s'est élevé à 91.225. Ce nom.
bre était descendu progressivement ; il était
en janvier 1-922, de 10,071; en janvier 1923,
2.674; en janvier 1924, 1.227; en janvier 1925.
705; en janvier 1926, 547.
Depuis le mois de décembre 1926, le nom-
bre des chômeurs inscrits a suivi la progres-
sion suivante : le 8 décembre, 1.396; le 23
décembre, 6.703; le 6 janvier, 17.178; le 27
janvier. 45.222, et" le 3 février, le nombre
s'élève à 56.275.
Le mouvement global des offres
et demandes d'emplois
D'autre part, le mouvement officiel des de-
mandes et des offres d'emploi a été te sui-
vant au cours de la semaine du 24 au 29 jan-
vir :
73.074 demandes d'emploi n'ont pu être sa-
tisfaites à la fin des opérations de la semaine;
elles émanent de 51.646 hommes et 21.428
femmes. La semaine précédente, le nombre
des demandes non satisfaites était de 36.808
(36.743+65).
La différence pour cette semaine, soit
36.200 unités, provient presque entièrement
d'une correction apportée dans les statisti-
ques. Jusqu'ici. dans le département de la
Seine et plusieurs autres départements com-
prenant de grands centres industriels, la liai-
son n'avait pu être assurée strictement entre
le service du contrôle des chômeurs secou-
rus et les services de placement. Cette liai-
son vient d'être établie et, par suite, dans
presque tous les départements, le nombre des
chômeurs secourus est maintenant compris
dans la statistique des demandes d'emploi non
satisfaites à la fin de la semaine.
Les offres d'emploi uon satisfaites, au nom-
bre de 4.620, sont relatives à 2.282 hommes et
à. 2.338 femmes. La semaine précédente, le
nombre de ces offres, était de 4.512 (4.477 +
35).
Dans la Seine
L'Office départemental de la Seine accuse
48.569) demandes non satisfaites (33.654 hom-
mes et 14.715 femmes), soit 66 0/0 du total.
La semaine dernière.- il en accusait 20.159.
La différence, qui est de 28.410 unités, pro-
vient presque' entièrement des corrections
apportées aux statistiques à la suite de la
liaison établie entre le service du contrôle
des chômeurs secourus et les services de pla-
cement.
( Voir la suite en deuxième page)
- AU PALAIS-BOURBON ','
La cause du chômage
c'est l'inflation
-
M. Poincare l a démontré, hier, à la Chambre
en réponse aux interpellateurs
Cette troisième' séance consacrée au chô-
mage s'ouvre à 15 heures, sous la présidence
de M., Fernand Bouisson. Le président du
Conseil et le ministre de travail sont au banc
du gouvernement
M. Ernest Lafont
M. Ernest Lafont, le premier, a la parole.
Il constate avec regret que les chiffres four-
nis par les statistiques officielles dépassent
les prévisions, les plus pessimistes quand à
l'accroissement du chômage au cours de la
dernière semaine.
Puis s'engage entre l'orateur communiste
indépendant et M. Poincaré une discussion
sur les statistiques officielles et officieuses.
M. Lafont termine en parlant des mesures
à prendre, à quoi le président du conseil ri-
poste que des projets de lois sont déposés
dont l'élaboration pourrait pallier à la crise,
et que le temps perdu avec les interpellations
trouverait là meilleur emploi.
M. Garchery
M. Garchery proteste contre l'insuffisance
des secours de chômage.
Un chÕnteur, dit-il, touche 4 fr. 50 s'il est
célibataire : s'il est marié, 6 fr. 50; s'il a un
enfant, 8 fr. 50; s'il a trois enfants; 12 fr.,
soit 2 fr. 40 par personne. Et comme on pré-
tend encourager les familles nombreuses, si
le chômeur a cinq, six ou huit enfants, jamais
il ne touche plus de 12 fr. ! (Applaudissements
sur les bancs du parti communiste.)
De pareilles indemnités constituent une au-
nwne, et le plafond à 12 francs est odieux.
(Applaudissements sur les mêmes bancs.) M.
le ministre a parlé de l'indice, lequel est cal-
culé sur 45 denrées. Je connais un indice plus
juste qui permet de mieux mesurer le pouvoir
d'achat du chômeur : c'est te prix des den-
rées de première nécessité.
Voici une famille de 5 personnes. Que peut-
elle acheter avec 1,2 fr. ? Quand elle a pris
5 livres de pain à 2 fr. 50 le kilo, elle a dé-
pcftêé 5 tf. 60. 5 livrés de pomntes de terre,
ce n'est pàs excessif ççvime quantité, mais
oela fait 3 tr. 25. Avec 200 ffrctfftîms. de sain-
doux on atteint Il fr. 95.
(Test ensuite la qtitiàtt des expulsions qui
sert d'argument au député communiste. M.
Barthou lui répond d'ailleurs que des instruc-
tions ont été données aux parquets pour les
éviter.
La réponse du président du conseil
M. Poincaré prend alors la parole.
« Ce n'est pas, dit-il, avec une douce philo-
sophie, mais avec une attention scrupuleuse
que, dans le cours de ce débat, j'ai noté les
conseils et aussi les critiques adressés au
gouvernement.
« Si je me refuee à prendre au tragique
une situation que certaines personnes peu-
vent être intéressées à représenter sous le
jour le plus sombre, j'ai toujours considéré
que le devoir du gouvernement était de la
prendre au sérieux.
« Les difficultés économiques de l'heure
présente étaient depuis longtemps inévita-
bles. Les attribuer à la politique monétaire
du gouvernement c'est abuser étrangement
du post hoc propter hoc.Ces difficultés avaient
été annoncées par tous les observateurs com-
pétents et notamment par les experts, les-
quels avaient même indiqué que la crise se-
rait beaucoup plus grave, si l'on laissait le
franc se déprécier davantage.
« Mais ils ne cachent point qu'il ne pouvait
y avoir aucun moyen de mettre fin à l'insta-
bilité monétaire et aux désordres financiefs
sane traverser une période critique.
« Nous supportons les conséquences inéluc-
tables de faits bien antérieurs à ces six der-
niers mois. Je ne dis pas cela, pour disculper
le gouvernement actuel, je le dis moins en-
core pour accuser aucun de ceux qui m'ont
précédé.
« Toute discussion rétrospective serait,
d'ailleurs, aussi stérile que dangereuse. La
France, cruellement appauvrie par la guerre
et la lourde dépense des régions dévastées
laissée à sa charge par la longue carence de
l'Allemagne, a cependant joui pendant un
certain temps d'une richesse illusoire qui, tôt
ou tard, devait s'évanoúir.
« Cette prospérité artificielle, elle la de-
vait à l'inflation. Déjà, pendant la guerre,
la France avait été obligée de fabriquer une
énorme quantité de monnaie fiduciaire pour,
faire face à des dépenses essentiellement des-
tructives et stériles, stériles au point de vue
économique.
« Depuis lors, en 1925 et au commence-
ment de 1926, diverses émissions de billets
ont eu 'lieu, destinées au remboursement des
bons de la défense nationale.
fi Aujourd'hui les bons de la défense, loin
de manquer de souscripteurs, sont recherchés
avec un empressement que nous avons dû,
ces jours derniers, décourager.
c Les inflations successives que, comme
sénateur, je ne me suis jamais résigné à
voter, pèsent sur l'état de choses actuel. El-
les ont diminué le pouvoir d'achat de la mon-
naie et entrainé la hausse des prix. EHes
"°)+.+++++++++++'4'.01'+'10'11 Ill+++++
; La livre à 123.32 i
[ Le dollar à 25.42 !
5 m
= Livre.,.,. 123 32 :
: DoUar. , 25 42 i
: Franc suisse 489 >
5 Peseta 420 12 :
: Belga. 353 25 i
: Florin 1.017 75 :
Lire 108 95 :
! Rentellmark. 60-1 »
■ Rentenmarb 60-1 » :
: LES RENTES FRANÇAISES:
LES RENTES FRANÇAtSES
2 3 0/0 53 50 contre 53 7" :
: 5 0/0 1915-16 68 55 contre 69 20 S
: 4 0/0 1917 56 90 contre 57 65 :
"iiaiiiiiiiiiiiitMSdiiiiiiaiiiMMiittiiMiidttrtsMii" I
ont déprécié le franc, et elles ont été une
cause de détraquement de tout notre orga-
nisme économique.
(f On a décrit cent fois ce triste spectacle :
la fièvre des affaires, le mépris de l'épargne,
la hâte des commerçants et industriels à.
s'approvisionner en devises étrangères, et à
poursuivre à l'excès leurs immobilisations !
« Tant que subsistent les funestes effets de
L'inflation. les stocks grossissent, les achats
d'immeubles se multiplient, et. d'autre, part,
les prix intérieurs diminuent par rapport au
marché international. L'industrie se laisse
entraîner à intensifier parfois arbitrairement
-«es exportations ; elle- n'en reste pas moins
condamnée aux achats de matières premières -
étrangères à prix d'or, de' sorte qu'elle vend
à perte et vide. comme on l'a dit souvent, le
pays de sa substance.
« En même temps,les étrangers envahissent
en foule les pays à change dépréciés : c'est
ainsi que les chômeurs anglais viennent se
reposer sur les côtes normandes,que les Amé.
ricains achètent des terres et des maisons eu-
France et qu'une partie du patrimoine natio-
nal devient l'objet d'aliénations progressives.
« Les prix papier augmentent d'autant plus -
que' la circulation s'accroît davantage : c'est
ce que les pre'esseurs de droit et d'économie
politique appellent la théorie quantitative.
« L'exemple des paix voisins qu iont connu
cet excès de circulation fiduciaire ne fait que
confirmer cette théorie; sans doute, il n'y a
pas parallélisme absolu entre la courbe de la
circulation et celle de prix, mais il y a ac-
tion et réaction réciproque.
« Donc, à la base de tout, il y a l'inflation,
la funeste, la fatale inflation, c'est-à-dire 'la
création arbitraire, d'un pouvoir d'achat, 'et
il n'y a pas de diversion, si ingénieuse qu'ellô
soit, qui puisse détruire cette vérité histo-
rique.
« Une phase de réadaptation peut-elle succé-
der à cette phase d'inflation ? Le jour où
apparaissent les prodromes de ç#tte' crise sa
Iutalre, je ne nie pas que la tâche du gou-
vernement ne fût d'ett enrayer les effeà jrfa-
sttoirèS, surtout dans;';\"in'mtm des ô
qui ea sont les victimes inattxrfftesT
« Il confient donc d'escompter les faîïsL çfe
face, sans les exagérer dans un intérêt dè
parti, ce que, d'ailleurs, personne n'a fa.it à
cette tribune. Il ne convient pas davantage
de les nier.
« Quelle a donc été l'action
du gouvernement ? »
Telle' est la question à laquelle M. Poincaré
répond avec tous les détails et chiffres dési-
rables. Ces (détails et ces chiffres, on les côn
naît déjà. Ce sont ceux qui furent précédem-
ment fournis à. la commission des finances-
quant à la. situation monétaire' et fournis à.
1' « Officiel) quant à la situation du chômage.
Le président du conseil passe alors à l'exa.. :
men des diverses solutions préconisées par le
gouvernement : travaux d'intérêt public, : di-
minution de la main-d'œuvre étrangère' eti
surtout, réorganisation économique du pays.
Et c'est sur ce point qu'il conclut : , -,
« Le problème est donc vaste et comporte
de multiples solutions.
« Nous retiendrons les suggestions du con-
seil économique et nous soumettrons de toute
urgence des projets au Parlement.
« Mais je le répète en terminant, il ne faut
ni exagérer, ni exploiter les difficultés actuel-
les. La cause essentielle en a été l'inflation,
massive et la crise eût été autrement redou-
table, si cette inflation avait continué..
« A la faveur de la stabilité de fait, rêvei!-.
Ions une activité normale de l'industrie,
poussons le consommateur à sortir, de son
abstention, donnons l'impression du calme .et
du sang-froid et ce pays, si rjche en ressour-
ces matérielles et morales, retrouvera rapide-
ment la plénitude de sa santé et le maximum
de son énergie. (Applaudissements sur ou
grand nombre de bancs.)
Il est 18 h. 30. ;
La suite de la discussion est renvoyée à
vendredi.
La Chambre ne tiendra pas séance avant
mardi 15 heures.
—————————————.. ,
LES FAITS ET LES IDEES
La situation financière
vue par M. Cailiaux
0+0
La revue « The Banker » vient de publier
eous le titre : « Les finances, l'Economie
française », une longue étude' de M: JoePh ,.
Cailiaux, qu'il noua , a semblé. intéressant d«*
soumettre à nos lecteurs à titre documen-
taire.
L'ancien président du conseil s'efforce" de
déterminer les causes « purement politiques -
at psychologiques 7, — car. assure-t-il. il y
a eu pendant les cinq derniers mois, augmen
tation et non pas diminution de la dette pu~
blique, — de la situation financière. Et, pour
en arriver à sa démonstration, M. Cailiaux
fait l'historique des fluctuations du franc de-
puis 1924 et des événements politiques qui
les ont déterminées. -
C'est ainsi qu'il arrive à la fin du cabinet
Herriot et à la hausse excessive de la livre.;
QUi' atteint un" jour lùcoUfs de 246 francs, à.
l'échec de sa tentâtivo pour former un nou-
veau ministère.
Ls retour de la confiance
« Alors, tout changea comme par enchan-
tement. En un tournemain, l'assemblée naodi*
fia. sou roulement intérieur de façon à disci-
Il:::ç"r sévèrement ses débats.
« wn un tournemain, elle accorda au nou-
vel : gouvernement que H. Poincaré, battu
; ;.;:..ÎGS coutures deux ans plus tôt dans lef4
comico's électoraux, reçut mission de former -
er. remplacement du ministère movt-né de M.
HerV'.ot, tout ce qu'il demandait : des taxes:
Le Numéro i VUtGT-CMQ CENTIMES
SAMEDI 5 FEVRIER 1927. — N° 20.532
fondateurs (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
A.bONJSjiM £ .i\ la
te a ats mu r. -
sa & &-Wwom 40 21* il,
Frakcb BT GOLOXIES 45 28 * 12
Etbakobb 75 38 20
idm9op teutts 1ft communitatteat
au Directeur
IbJ £ h ^Kd9HHflBÉs|^k Jr
Sb B p---- '■ •-j h I H ^E&6|gR$9M9a^^l sHEc? ■^Hr|^mHHH|RhRb
Fondateurs 11869 J
VICTOR HUGO
AUGUSTE V CQUERIE
POUR LA PUBLICITE. S ADRESSEf-
AUX SUREAUX OU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAiS DANS
TOUS LES BUREAUX OE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATION : | D8. 8 RDMONH DU M" ESNIL R \, '; TÉLÉPHONES: -,
38, boulevard de Strasbourg. PARIS-Xe | Directeur : EDMOND DU MESNIL | Rédaction et Administrations: Nord 24-90, 24-91) - Après 19 h du soir: ~04-~
, TRIBUNE LIBRE
France et Allemagne
Que ridée d'Europe soit dans l'air,
c'est un t'ait. Que beaucoup d'excellents
esprits soient persuadés que le rappro-
chement franco ailenjand est possible et
désirable, c'est un autre fait. Mais je
lie sais jusqu'à quel point, tout en usant
des mêmes termes, on les comprend
d'une façon identique, de part et d'autre
du Rhin, et j'en veux trouver la preuve
-dans une * lettre que je viens de rece-
voir; et qui me paraît être d'un social-
démoorate, en tout cas d'un homme de
gauche.',- II, est vrai que - la rauche en
Ariemagne, c etait, aux dernières nou-
.vetNes, ce brave monsieur Marx, chef du
centre catholique, qui, sur d'ordre de
Gasparri, vient de jeter tout son parti
dans la vaste gueule nationaliste.
Donc, voici ce que me dit mon corres-
pondant (je tais son nom parce que je
n'ai pas la permission de le :
Vous êtes, convaincu, que TEurope (conti-
néntote) : s'organisera nécessairement. se
base, son point de?départ, sera le bloc franco-
allemand. Mais, une synthèse franco-aile-
viande,, ne Valons nous pas déjà ? N'est-ce pas
l'Alsace-Lorraine, 81brtout. l'Alsace, Stras-
bourg ? Cette Alsace d'Origine germanique,
puis rattachée à la France et imprégnée de
culture '• française, surtout dans ses couches
supérieures, — tandis que le peuple où pour-
tant l'élite. recrute ses éléments restait ce
qtfïl avait ■ été, — ensuite redevenue alle-
mande, c'est-à-dire retrempée dans la culture
ok ses origines, et enfin revenue à la France
poùrnc pas être absorbée par l'idée purement
allemande,, à un moment pourtant où l'Alle-
magne semblaitmontée à son .apogée, cette
Alsace constamment obligée dé résister aux
tentatives d'acoapatrernent exclusif de l'est
mt djç Touest, est ainsi amenée à prendre cons-
c elle-même, à. se demander que suis-
! ? Et elle se répondait, : ni l'un, ni l'autre.
nUfiç les deux à la fois, la synthèse franco-
allemande, dont le symbole est la flèche
élancée de la cathédrale de Strasbourg, etc.
|1 ne faut pas'négliger un pareil té-
moignage, et Cûlllme: ce correspondant
paraît exprimer une pensée que beau-
coup de gens de gauche en Allemagne
et même de social-démocrates trouvent
juste, il f^i'és.say«i?^"#ui montrer qu'il
pense non pas en Biîropée'n eomîiiè il
j't> QJO\&' eÎt Allemand, asters
bel et bien en Allemand authentique qui
prétend,laisser ouvert un débàt pour-
tant fermé depuis 1918.
«Cette Alsace d'origine germanique »,
dit ( notre correspondant, et tout aussi-
tôt ; vous voyez se profiler le concept
de race, générateur de guerre. Notez
que, d'ailleurs, des Français ont prouvé
ou cru prouver que. non seulement les
Alsaciens, mais les Rhénans étaient des
CeIt., Voilà. déjà la dispute engagée.
Celtes ou Germains ?
Mais allons plus loin. Si nous trou-
vons-chez l'Alsacien un mélange pro-
bable - de sang gaulois et de sang ger-
main, en tout cas un bilinguisme évi-
dent, .appuyé. sur la connaissance de
de f deux littératures et l'amour de. deux
cult'ures,' que devrons-nous dire de cette
région rhénane si fortement imprégnée
au •-XVIIe,* XVIIIe et même au XIXe
siècle de culture française, sur ce Lan-
dau-, et ce Sarrelouis français jusqu'en
1815, sur ceti- état d'esprit rhénan : qui
de 1791; à 1815 s'avéra si nettement
francophile -. et même français ?
De. toute évidence, cé qui est vrai en
Alsace l'est également sur toute la rive
gauche du Rhin, et c'est d'Aix-la-Cha-
peifîle à Mulhouse, et de Mayence à
Trèves et aux portes de Metz, comme
de Strasbourg aux Vosges que règne ce
souci de bilinguisme et de double cul-
ture, servi par le sentiment, d'une
double tradition.
Mais que mon correspondant prenne
garde" à ceci. Tandis que la langue
alsacienne ou même la langue alle-
mande elUe-même sont respectées en
AIsaoo, 'aujourd'hui, tandis que de 1791
à 1815 nous avons parfaitement respecté
dans les départements de la Roër, du
Mont-Tonnerre, de ilia Sarre et du Rhin*
et-Moselle, cette même langue et cette
même culture, dès 1815, la Prusse a
entrepris en Rhénanie la chasse aux
mots et aux sentiments français (voir le
roman-de Glara Viebig, roman alle-
mand : La Garde au Rhin) ; et dès 1871,
mon correspondant le. sait, l'Allemagne
a entrepris.' la dénationalisation systé-;
matique de l'Alsace, et même de la Lor-
raine messine.
Voilà les faits;
Disons donc que la synthèse franco-
allemande est constituée non par l'Al-
sace, mais par l'Alsace et la Rhénanie;
disons aussi que lorsque l'Allemagne do-
mine ces pays, elle essaie d'en chasser
la culture française, tandis que lorsque
aa. France les domine elle y respecte la
culture allemande. Je ne tire pas de
conclusions. Je me hâte même d'ajouter
que c'est probablement moins -l'Alle-
magne qui est cause de cette incompré-
hension que: la; Prusse,. ce peuple de
métis germano-slaves, fait pour donner
des militaires au monde avec prédomi-
nance du type sous-officier. Mais ce que
j'avance n'en est pas-moins vrai pour
[cela.
Allons plus loin.
Aujoùi,d'hui, -.acü-Lor r i-iiie, est re-
devenue française ; l'Allemagne a con-
servé la Rhénanie. Or, en Alsace, persis-
tance et développement des idées régio-
palistes, développement qui, malgré cer-
taines erreurs administratives, n'est pas
entravé par la masse des citoyens Iran-
çais- En Rhénanie, poursuite et persé-
cution des républicains rhénans, des
régionalistes rhénans que les ultrana-
- ;alistés prussiens et bavarois traitent
de séparatistes et de traîtres à la patrie,
tandis qu'il est prouvé qu'ils n'ont ja-
mais voulu que se séparer (comme
c'était leur droit) de la Prusse conser-
vatrice à laquelle rien ne les rattache
pour constituer un Etat régional répu-
blicain dans le cadre fédératif alle-
mand.
Or, que mon correspondant essaie
quelques instants d'imaginer ce tabileau
dont l'Allemagne n'a pas voulu et dont,
sans doute, la France eut souhaité la
réalisation : une A'Isace, fortement rat-
tachée à la Nation française, mais jouis-
sant de libertés régionales ; une Rhé-
nanip fnrtamp.nf. vfit.faphno à U Mofmn i
- "1 ":' 4. KV XU/ ClllUil
allemande, majs indépendante alClminis-
trativement de la Prusse et jouissant
de libertés régionales; qu'il imagine la
culture allemande développée à l'Uni-
versité de Strasbourg, la culture fran-
çaise développée aux universités rhéna-
nes. Ne voit-ii pas que, la frontière di&-
meurantee qu'elle est, •cette collaboration
des deux langues et des deux enflures
depuis la frontière suisse jusqu'à la
frontière de Hollande, particulièrement
poursuivie, dans les deux régions, par
les esprits et par les groupes régionaux,
entraînait non seulement la Paix, mais
la collaboration franco-aililemande ?
Et, du coup, l'organisation de PEu:,
rope ?
C'était une idée pratique. Mon corres-
pondant ne doit pas la trouver à son
goût. Et presque personne en Alle-
magne.
C'est parce qu'en Allemagne le chef
de la gauche, le docteur Marx, a sensi-
blement les mêmes idées que le géné-
ral de Castelnau chez nous.
Et voilà pourquoi te violon français
et le fifre allemand ne jouent pas d'ac-
cord. Ça viendra.
Pierre DOMINIQUE.
1 -
EDITORIAL
ui»ii »ei i
,
« BouIe-de-Suif » radicale
Ah ! madame Sganarelle-Archimbaud;
ah ! ma pauvre vieille chère femme à
barbe.
Ça y est. Quelle râclée ! justes dieux,
quelle râclée
Je vous l'avais, annoncée hier ; mais
je ne pensais pas être si bon prophète
dès ce malin.
A vec son air de n'y pas toucher et son
allure dégingandée et indolente, M.
Léon Blum est j'éroce; impitoyable.
Impossible de mieux désarticuler,
désosser, disséquer, dépiauter un pau-
vre bougre de programme radical.
Eh bien ! M. Maurice Sarraut peut
sê vanter d'avoir eu une fameuse idée,
en essayant d'établir les points de rap-
prochement entre le radicalisme et le
socialisme.
M. Léon Blum s'empare des déclara-
tions de M. Maurice Sarraut aussi bien
que du programme « social » du parti
radical rédige à Bordeaux, et sa dialec-
tique nerveuse en laisse si peu de chose,
qu'il me semble que c'est moins que
rien.
L'arricle de M. Léon Blum dans le
Populaire n'l'si pas seulement une cri-
tique acérée de l'idéologie radicale, c'est
-, je l'écris sans malice — un chef-
d'œuvre d'exposition. Il est impossible
dQ résumer à'l.'tJ.c une concision et une
clarté plus parfaites, en moins de deux
cents lignes, l'origine et la doctrine du
salariat, du capitalisme et du proléta-
riat.
Conclusions : l'érnancipation dit pro-
létariat exige la suppression du sala-
riat. La suppression du salarial com-
mande la transformation totale du ré-
gime de la propriété.
Seule la Révolution sociale peut opé-
rer cette translormation. Ergo : le ra-
dicalisme, en s'imaginant améliore? la
condition des salariés « dans le cadre
de la société actuelle », radieaillonne,
éperdument.
Encore une fois, -- M. Léon Blum
vous le démontre — entre le socialisme
et le radicalisme, ni le principe, ni le
but. ni les moyens ne peuvent être com-
muns.
A part ça, associons-rtous quand
même, car cette bonne madame Sga-
narelle radicale, peut, après tout, re-
prendre le rôle de « Boule-de-Suif n.
Vous connaissez la plaisante nOlt-
velle de Guy de Maupassant, et cette
Boulè-de-Suif est devenue classique.
Ainsi, va donc ton chemin, ma pau-
vre Roule-de-Suif valoisienne ! Subis
ton médiocre destin. Le socialisme
S.FIO. a-besoin de toi « pendant un
temps donné ». -
Puis, ayant tiré de toi. tout ce qu'il
attend de ta crédulité niaise, ou il t'ab-
sorbera jusqu'aux tripettes, ou il te re-
jettera, dégonflée ait carrefour de « l an-
tagonisme des classes ».
Cependant, M. Edouard Herriot con-
tinuera à suivre son propre enterrement,
en tenant « Chignol » par la main, et
M. Maurice Sarraut jouera sur le ga-
loubet des meneurs de chèvres :
« Si la Garonne avait voulu»
1 Edmond du MESNIL.
Il ne peut pas être quest ion d'une véritable récon-
ciliation aussi longtemps qu'un soldat étranger se trou-
vera sur le territoire allemand.
Comte WESTARP.
leader nationaliste.
(Discours au Reichstag le 3 février.)
APRES LA DECLARATION MINISTERIELLE ALLEMANDE
Le château de cartes de M. Marx
t <
A peine édifié, le cabinet est déjà ébranlé
par les exigences des nationalistes
Doue,- le nouveau cabinet allemand s'étant
présenté devant le Reichstag, le chancelier
Marx a donné lecture de la déclaration minis-
térieHe.
Le document est tel qu'on pouvait l'atten-
dre. Il n'y manque aucune des assurances
destinées à rassurer l'étranger, et, en ce qui
concerne particulièrement la politique de rap-
prochement franco-alennand, la déclaration
n'efforce de poser en principe que la parti-
cipation des nationalistes n'entraînera aucun
changement et que « tous les memlbres du
cabinet sont d'accord pour persévérer dans
la~voie adoptée ».
L'accord règne.
Dans la pratiqua, jusqu'à quel point cet ac-
cord entre les partis de coalition est-il réa-
lisé ou s'il l'a été à un moment quelconque,
eonbinùera-t-il d'exister ? C'est une autre
question. Ce qu'il convient de remarquer,
pour l'instant, c'est que le programme exiposé
au Reichstag, par le Dr Marx, au nom du bloc
des .droites, aurait pu l'être tout aussi bien
au nom d'un ministère de grande coalition ou
même d'un ministère de gauche s'appuyant
sur la coalition de We,imar. La Constitution
républicaine et le drapeau républicain sont
formellement reconnus ; la Reichswehr de-
vra être soustraite à toutes les Influences
politiques, quelles qu'elles soient ; en ma-
tière de politique extérieure, la renonciation
à l'idée de revanche est expressément affir-
mée ; et, pour ce qui est de l'évacuation des
tèffitoiree rhénans, artidle de foi que même
un gouvernement de gauche n'aurait pM
manque d'inscrire à son programme, le Dr
lu x f. fait preuve d'une très grande modéra-
tion dans les termes.
.Mais en apparence seulement
Dans cette première manifestation, si ré-
publicainement et si pacifiquement orthodoxe,
d'un gouvernement réactionnaire, il 'n'y a
rien qui doive surprendre. Il était évident
Que le nouveau cabinet ferait tout pour dis-
siper, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, les
défiances que sa formation avait provoquées.
Si cependant on veut se faire une idée exacte
des sentiments avec lesquels les nationalistes
arrivent au pouvoir, il faut se reporter au
discours que le comte Westarp a prononcé
au Reichstag, après que le Dr Marx eut
4 on né lecture de la déclaration ministérielle.
Les restrictions nationalistes
Bien plus que cette déclaration, ce sont,
en effet, les paroles de leader nationaliste
qui donnent à la journée -de vendredi son ca-
ractère et son relief véritables. Elles consti-
tuent une addition remarquable au programme
gouvernemental tel que le Dr Marx l'a ex-
posé et elles peuvent, comme M. Blun le no-
tait hier matin au Journal, se résumer do
la façon suivante :
1° Le parti nationaliste n'est pas solidaire
du gouvernement quant aux concessions fai-
tes aux alliés, relativement aux forteresses
de l'Est ;
2° Les nationalistes n'ont jamais pris le
moindre engagement vis-à-vis d'aucun parti.
Le manifeste républicain du contre n'a pas
servi aux pourparlers qui ont préludé à la
formation du cabinet. Ce manifeste ne peut,
en conooquence, être reconnu par les natio-
naux-allemands ;
30 Les nationalistes n'ont renoncé à aucune
de leurs convictions ni à aucun des points
da leur programme ;
4° Ils proclament qu'aussi longtemps qu'il
y aura un soldat étranger sur le territoire
allemand il ne pourra pas être question d'en-
tente :
50TLs réclament que la question des res-
ponsabilités de la guerre soit portée devant
un tribunal d'arbitrage ;,
'-,60 Ils reconnaissent, cependant, que Lô-
carno et l'adhésion du Rei'dft à la S.P.N.
constituent la base juridique de la politique
allemande ;
7° Ils déclarent que le fait, pour eux, d'avoir
reconnu la légitimité de l'Eta,t ne signifie
pas qu'ils aient reconnu intérieurement la lé-
gitimité du régime républicain ; ils affir-
ment néanmoins être disposés à défendre la
Constitution de Weimar et, s'ils soulignent
qu'ils sont d'accord pour que l'on interdise
à la Reichswehr d'entretenir des rapports
avec les associations illégales, ils n'en tien-
nent pas moins à proclamer la haute valeur
du mouvement patriotique.
(Voir la suite en deuxième page)
ri'" If. U' viiiî -. ------
UN PEU DE STATISTIQUE
La vague de chômage s'amplifie
Le nombre des chômeurs secourus a augmenté
de 11.503 en une semaine
Suivant. la statistique publiée hier matin au
Journal officiel par le ministère du travail,
le chômage s'est encore aggravé sensiblement
au cours de la dernière semaine. Le nombre
des chômeurs secourus (qui ne comporte
qu'une partie des sans-travail) était, à la
date du 3 février, de 56.275 (dont 43.115 à
Paris et dans le département de la Seine). au
lieu de 45.222, le 27 janvier. L'augmentation
du nombre des chômeurs secourus a donc été,
d'une semaine à l'autre. de 11.053.
Voici les renseignements officiellement don-
nés par le ministère du travail :
D'après les renseignements reçus le 3 fé-
vrier 1927, 12 fonds de chômage départemen-
taux sur 31 et 98 fonds municipaux sur 233
fonctionnent.
Le nombre des chômeurs inscrits est de
56.275. dont 41.698 hommes et 14.577 femmes.
La semaine précédente, le nombre des chô-
meurs bénéficiaires d'allocations était de
45.222 (33.706 hommes et 11.516 femmes), soit
pour cette semaine une augmentation tl3
11.000 unités environ.
A Paris
A la date du 2ï> janvier 1927, le fonds de
chômage de la Ville de Paris compte 25.576
chômeurs inscrits (17.847 hommes et 7.729
femmes) contre 21.419 la semaine précédente:
ceux des autres communes de la Seine, 17.539
(13.250 hommes et 4.289 femmes), au lieu -2o
13.702 la semaine précédente.
On compte surtout, à Paris et dans la Seine,
des chômeurs inscrits dans les groupes pro-
fessionnels suivants : industries des métaux
S.922 (7.335 homme et 1.5S7 femmes) ; indus-
tries du bois, 4.238; industries du vêtement,
8.451. dont 2.587: femmes ; industries des cuirs
et peaux, 3.240, dont 2.040 hommes et 1.200
femmes; entreprises de bâtiment, 3.239 ;
commerce de l'alimentation, 1.596 (1.047 hom-
mes et 549 femmes) ; services de transport,
1.312 ; employés de bureau, 1.324; travaux di-
vers de manœuvres, 12.316, dont 8.742 jouî-
mes et 3.574 femmes.
En province
Dans les autres département, le nombre des
chômeurs inscrits s'établit comme suit : Hau-
te-Vienne, 3.000; Rhône, 2.544; Nord, 1.430;
Bouches-du-Rhône, 957; Ille-et-Vilaine. 632 :
Vauèluse. 628; Bas-Rhin, 621; Loire-Infé-
rieure, 556; Somme 527; Loire 474; Meurtlw-
et-Moselle. 21S: Gard, 100; Maine-et-Loire,
et Tarn 155 chrcun; Calvados, 140; Drôme e?
Morbihan, 130 chacun ; Indre-et-Loire, 125 ;
Loiret et Pas-'dé-Calais, '110 chacun ; Doubs,
100. etc. n
Au cours de la précédente crise de chômage,
eu mars 1921, le nombre maximum des chô-
meurs secourus s'est élevé à 91.225. Ce nom.
bre était descendu progressivement ; il était
en janvier 1-922, de 10,071; en janvier 1923,
2.674; en janvier 1924, 1.227; en janvier 1925.
705; en janvier 1926, 547.
Depuis le mois de décembre 1926, le nom-
bre des chômeurs inscrits a suivi la progres-
sion suivante : le 8 décembre, 1.396; le 23
décembre, 6.703; le 6 janvier, 17.178; le 27
janvier. 45.222, et" le 3 février, le nombre
s'élève à 56.275.
Le mouvement global des offres
et demandes d'emplois
D'autre part, le mouvement officiel des de-
mandes et des offres d'emploi a été te sui-
vant au cours de la semaine du 24 au 29 jan-
vir :
73.074 demandes d'emploi n'ont pu être sa-
tisfaites à la fin des opérations de la semaine;
elles émanent de 51.646 hommes et 21.428
femmes. La semaine précédente, le nombre
des demandes non satisfaites était de 36.808
(36.743+65).
La différence pour cette semaine, soit
36.200 unités, provient presque entièrement
d'une correction apportée dans les statisti-
ques. Jusqu'ici. dans le département de la
Seine et plusieurs autres départements com-
prenant de grands centres industriels, la liai-
son n'avait pu être assurée strictement entre
le service du contrôle des chômeurs secou-
rus et les services de placement. Cette liai-
son vient d'être établie et, par suite, dans
presque tous les départements, le nombre des
chômeurs secourus est maintenant compris
dans la statistique des demandes d'emploi non
satisfaites à la fin de la semaine.
Les offres d'emploi uon satisfaites, au nom-
bre de 4.620, sont relatives à 2.282 hommes et
à. 2.338 femmes. La semaine précédente, le
nombre de ces offres, était de 4.512 (4.477 +
35).
Dans la Seine
L'Office départemental de la Seine accuse
48.569) demandes non satisfaites (33.654 hom-
mes et 14.715 femmes), soit 66 0/0 du total.
La semaine dernière.- il en accusait 20.159.
La différence, qui est de 28.410 unités, pro-
vient presque' entièrement des corrections
apportées aux statistiques à la suite de la
liaison établie entre le service du contrôle
des chômeurs secourus et les services de pla-
cement.
( Voir la suite en deuxième page)
- AU PALAIS-BOURBON ','
La cause du chômage
c'est l'inflation
-
M. Poincare l a démontré, hier, à la Chambre
en réponse aux interpellateurs
Cette troisième' séance consacrée au chô-
mage s'ouvre à 15 heures, sous la présidence
de M., Fernand Bouisson. Le président du
Conseil et le ministre de travail sont au banc
du gouvernement
M. Ernest Lafont
M. Ernest Lafont, le premier, a la parole.
Il constate avec regret que les chiffres four-
nis par les statistiques officielles dépassent
les prévisions, les plus pessimistes quand à
l'accroissement du chômage au cours de la
dernière semaine.
Puis s'engage entre l'orateur communiste
indépendant et M. Poincaré une discussion
sur les statistiques officielles et officieuses.
M. Lafont termine en parlant des mesures
à prendre, à quoi le président du conseil ri-
poste que des projets de lois sont déposés
dont l'élaboration pourrait pallier à la crise,
et que le temps perdu avec les interpellations
trouverait là meilleur emploi.
M. Garchery
M. Garchery proteste contre l'insuffisance
des secours de chômage.
Un chÕnteur, dit-il, touche 4 fr. 50 s'il est
célibataire : s'il est marié, 6 fr. 50; s'il a un
enfant, 8 fr. 50; s'il a trois enfants; 12 fr.,
soit 2 fr. 40 par personne. Et comme on pré-
tend encourager les familles nombreuses, si
le chômeur a cinq, six ou huit enfants, jamais
il ne touche plus de 12 fr. ! (Applaudissements
sur les bancs du parti communiste.)
De pareilles indemnités constituent une au-
nwne, et le plafond à 12 francs est odieux.
(Applaudissements sur les mêmes bancs.) M.
le ministre a parlé de l'indice, lequel est cal-
culé sur 45 denrées. Je connais un indice plus
juste qui permet de mieux mesurer le pouvoir
d'achat du chômeur : c'est te prix des den-
rées de première nécessité.
Voici une famille de 5 personnes. Que peut-
elle acheter avec 1,2 fr. ? Quand elle a pris
5 livres de pain à 2 fr. 50 le kilo, elle a dé-
pcftêé 5 tf. 60. 5 livrés de pomntes de terre,
ce n'est pàs excessif ççvime quantité, mais
oela fait 3 tr. 25. Avec 200 ffrctfftîms. de sain-
doux on atteint Il fr. 95.
(Test ensuite la qtitiàtt des expulsions qui
sert d'argument au député communiste. M.
Barthou lui répond d'ailleurs que des instruc-
tions ont été données aux parquets pour les
éviter.
La réponse du président du conseil
M. Poincaré prend alors la parole.
« Ce n'est pas, dit-il, avec une douce philo-
sophie, mais avec une attention scrupuleuse
que, dans le cours de ce débat, j'ai noté les
conseils et aussi les critiques adressés au
gouvernement.
« Si je me refuee à prendre au tragique
une situation que certaines personnes peu-
vent être intéressées à représenter sous le
jour le plus sombre, j'ai toujours considéré
que le devoir du gouvernement était de la
prendre au sérieux.
« Les difficultés économiques de l'heure
présente étaient depuis longtemps inévita-
bles. Les attribuer à la politique monétaire
du gouvernement c'est abuser étrangement
du post hoc propter hoc.Ces difficultés avaient
été annoncées par tous les observateurs com-
pétents et notamment par les experts, les-
quels avaient même indiqué que la crise se-
rait beaucoup plus grave, si l'on laissait le
franc se déprécier davantage.
« Mais ils ne cachent point qu'il ne pouvait
y avoir aucun moyen de mettre fin à l'insta-
bilité monétaire et aux désordres financiefs
sane traverser une période critique.
« Nous supportons les conséquences inéluc-
tables de faits bien antérieurs à ces six der-
niers mois. Je ne dis pas cela, pour disculper
le gouvernement actuel, je le dis moins en-
core pour accuser aucun de ceux qui m'ont
précédé.
« Toute discussion rétrospective serait,
d'ailleurs, aussi stérile que dangereuse. La
France, cruellement appauvrie par la guerre
et la lourde dépense des régions dévastées
laissée à sa charge par la longue carence de
l'Allemagne, a cependant joui pendant un
certain temps d'une richesse illusoire qui, tôt
ou tard, devait s'évanoúir.
« Cette prospérité artificielle, elle la de-
vait à l'inflation. Déjà, pendant la guerre,
la France avait été obligée de fabriquer une
énorme quantité de monnaie fiduciaire pour,
faire face à des dépenses essentiellement des-
tructives et stériles, stériles au point de vue
économique.
« Depuis lors, en 1925 et au commence-
ment de 1926, diverses émissions de billets
ont eu 'lieu, destinées au remboursement des
bons de la défense nationale.
fi Aujourd'hui les bons de la défense, loin
de manquer de souscripteurs, sont recherchés
avec un empressement que nous avons dû,
ces jours derniers, décourager.
c Les inflations successives que, comme
sénateur, je ne me suis jamais résigné à
voter, pèsent sur l'état de choses actuel. El-
les ont diminué le pouvoir d'achat de la mon-
naie et entrainé la hausse des prix. EHes
"°)+.+++++++++++'4'.01'+'10'11 Ill+++++
; La livre à 123.32 i
[ Le dollar à 25.42 !
5 m
= Livre.,.,. 123 32 :
: DoUar. , 25 42 i
: Franc suisse 489 >
5 Peseta 420 12 :
: Belga. 353 25 i
: Florin 1.017 75 :
Lire 108 95 :
! Rentellmark. 60-1 »
■ Rentenmarb 60-1 » :
: LES RENTES FRANÇAISES:
LES RENTES FRANÇAtSES
2 3 0/0 53 50 contre 53 7" :
: 5 0/0 1915-16 68 55 contre 69 20 S
: 4 0/0 1917 56 90 contre 57 65 :
"iiaiiiiiiiiiiiitMSdiiiiiiaiiiMMiittiiMiidttrtsMii" I
ont déprécié le franc, et elles ont été une
cause de détraquement de tout notre orga-
nisme économique.
(f On a décrit cent fois ce triste spectacle :
la fièvre des affaires, le mépris de l'épargne,
la hâte des commerçants et industriels à.
s'approvisionner en devises étrangères, et à
poursuivre à l'excès leurs immobilisations !
« Tant que subsistent les funestes effets de
L'inflation. les stocks grossissent, les achats
d'immeubles se multiplient, et. d'autre, part,
les prix intérieurs diminuent par rapport au
marché international. L'industrie se laisse
entraîner à intensifier parfois arbitrairement
-«es exportations ; elle- n'en reste pas moins
condamnée aux achats de matières premières -
étrangères à prix d'or, de' sorte qu'elle vend
à perte et vide. comme on l'a dit souvent, le
pays de sa substance.
« En même temps,les étrangers envahissent
en foule les pays à change dépréciés : c'est
ainsi que les chômeurs anglais viennent se
reposer sur les côtes normandes,que les Amé.
ricains achètent des terres et des maisons eu-
France et qu'une partie du patrimoine natio-
nal devient l'objet d'aliénations progressives.
« Les prix papier augmentent d'autant plus -
que' la circulation s'accroît davantage : c'est
ce que les pre'esseurs de droit et d'économie
politique appellent la théorie quantitative.
« L'exemple des paix voisins qu iont connu
cet excès de circulation fiduciaire ne fait que
confirmer cette théorie; sans doute, il n'y a
pas parallélisme absolu entre la courbe de la
circulation et celle de prix, mais il y a ac-
tion et réaction réciproque.
« Donc, à la base de tout, il y a l'inflation,
la funeste, la fatale inflation, c'est-à-dire 'la
création arbitraire, d'un pouvoir d'achat, 'et
il n'y a pas de diversion, si ingénieuse qu'ellô
soit, qui puisse détruire cette vérité histo-
rique.
« Une phase de réadaptation peut-elle succé-
der à cette phase d'inflation ? Le jour où
apparaissent les prodromes de ç#tte' crise sa
Iutalre, je ne nie pas que la tâche du gou-
vernement ne fût d'ett enrayer les effeà jrfa-
sttoirèS, surtout dans;';\"in'mtm des ô
qui ea sont les victimes inattxrfftesT
« Il confient donc d'escompter les faîïsL çfe
face, sans les exagérer dans un intérêt dè
parti, ce que, d'ailleurs, personne n'a fa.it à
cette tribune. Il ne convient pas davantage
de les nier.
« Quelle a donc été l'action
du gouvernement ? »
Telle' est la question à laquelle M. Poincaré
répond avec tous les détails et chiffres dési-
rables. Ces (détails et ces chiffres, on les côn
naît déjà. Ce sont ceux qui furent précédem-
ment fournis à. la commission des finances-
quant à la. situation monétaire' et fournis à.
1' « Officiel) quant à la situation du chômage.
Le président du conseil passe alors à l'exa.. :
men des diverses solutions préconisées par le
gouvernement : travaux d'intérêt public, : di-
minution de la main-d'œuvre étrangère' eti
surtout, réorganisation économique du pays.
Et c'est sur ce point qu'il conclut : , -,
« Le problème est donc vaste et comporte
de multiples solutions.
« Nous retiendrons les suggestions du con-
seil économique et nous soumettrons de toute
urgence des projets au Parlement.
« Mais je le répète en terminant, il ne faut
ni exagérer, ni exploiter les difficultés actuel-
les. La cause essentielle en a été l'inflation,
massive et la crise eût été autrement redou-
table, si cette inflation avait continué..
« A la faveur de la stabilité de fait, rêvei!-.
Ions une activité normale de l'industrie,
poussons le consommateur à sortir, de son
abstention, donnons l'impression du calme .et
du sang-froid et ce pays, si rjche en ressour-
ces matérielles et morales, retrouvera rapide-
ment la plénitude de sa santé et le maximum
de son énergie. (Applaudissements sur ou
grand nombre de bancs.)
Il est 18 h. 30. ;
La suite de la discussion est renvoyée à
vendredi.
La Chambre ne tiendra pas séance avant
mardi 15 heures.
—————————————.. ,
LES FAITS ET LES IDEES
La situation financière
vue par M. Cailiaux
0+0
La revue « The Banker » vient de publier
eous le titre : « Les finances, l'Economie
française », une longue étude' de M: JoePh ,.
Cailiaux, qu'il noua , a semblé. intéressant d«*
soumettre à nos lecteurs à titre documen-
taire.
L'ancien président du conseil s'efforce" de
déterminer les causes « purement politiques -
at psychologiques 7, — car. assure-t-il. il y
a eu pendant les cinq derniers mois, augmen
tation et non pas diminution de la dette pu~
blique, — de la situation financière. Et, pour
en arriver à sa démonstration, M. Cailiaux
fait l'historique des fluctuations du franc de-
puis 1924 et des événements politiques qui
les ont déterminées. -
C'est ainsi qu'il arrive à la fin du cabinet
Herriot et à la hausse excessive de la livre.;
QUi' atteint un" jour lùcoUfs de 246 francs, à.
l'échec de sa tentâtivo pour former un nou-
veau ministère.
Ls retour de la confiance
« Alors, tout changea comme par enchan-
tement. En un tournemain, l'assemblée naodi*
fia. sou roulement intérieur de façon à disci-
Il:::ç"r sévèrement ses débats.
« wn un tournemain, elle accorda au nou-
vel : gouvernement que H. Poincaré, battu
; ;.;:..ÎGS coutures deux ans plus tôt dans lef4
comico's électoraux, reçut mission de former -
er. remplacement du ministère movt-né de M.
HerV'.ot, tout ce qu'il demandait : des taxes:
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