Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-12-08
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 décembre 1926 08 décembre 1926
Description : 1926/12/08 (N20473). 1926/12/08 (N20473).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75519828
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
18 FRIMAIRE. AN 135. — Nit 20.473
Le Numéro » VINGT-CINQ CENTIMES
MERCREDI 8 DECEMBRE 1926. Nil 20.473
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE -VACQUERIE
MiONlNiiMbiN i s.
la Il Kx Mb trito -
SEINS & S.-BT-01S3 40 21 1 Il
FKANCB BT COLOKTES 45 23 12
ETRANGES 75 38 20
'Adressât toutes les communications
au Directeur
t v m
Fonarfftettra (1869)
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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:"n <." "-"" - .n,
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Crise et Spéculation
•3» • C
II n'y a pas de crise. Chut !
Entendu.
Il n'y a pas de crise mais les achats
sont raréfiés, les ventes diminuées, la
production entravée, le débauchage or-
ganisé, et le chômage commencé.
Le coût de la vie reste élevé; l'hiver
s'annonce rude; le charbon est rare.
Je ne dramatise rien. Je n'écris pas
pour jeter la panique.
Je pense au contraire que le seul
moyen de circonscrire l'incendie est de
donner l'alarme. Je maintiens que l'opi-
nion publique — qui sait se montrer
courageuse — n'a pas été suffisamment
avertie des événements qui devaienrné
cessairement se produire, ni prémunie
contre eux.
Si. D'aucuns l'ont entrepris : les ex-
perts si judicieusement désignés par M.
Raoul Péret.
Si je me reporte au remarquable rap-
port du comité des experts -. qui l'a lu,
qui l'a cru ? — je lis (page 41) ces li-
gnes prophétiques :
« L'apparence actuelle de grande pros-
périté économique ne peut continuer.
Des difficultés certaines s'élèveront.
Mais il convient de remarquer qu'elles
sont inévitables pour demain et qu'elles
seraient pires plus tard. »
Et le comité des experts n'hésitait pas
à envisager « la crise nécessaire », la
« crise inévitable ».
Ce langage courageux n'a pas été
tenu assez: haut, ni répandu assez loin,
pouf" què^'opimon pubUque l'entendît et
je comprît.
Je me demande même si, malgré les
avertissements et les conseils des diri-
geants des grands groupements économi-
ques, la majorité des industriels et des
commerçants en a compris le sens et la
portée.
A mon avis, il appartenait au gouver-
nement de mieux persuader l'esprit pu-
blic de l'approche inéluctable de « la
grande pénitence ».
Car l'insouciance des Français se re-
fuse à croire à l'orage tant qu'il n'a pas
éclaté, et s'empresse de l'oublier dès
qu'il est passé,
Je crains donc que la plupart des hon-
nêtes commerçants et industriels soient
surpris par le grain comme l'ont été les
honnêtes rentiers, les honnêtes prêteurs,
les honnêtes contribuables, tous les hon-
nêtes gens de France qui n'avaient pas
l'esprit porté à la spéculation.
Par contre, ce sont tous les spécula-
teurs, tous les mercantis, tous les frau-
deurs, tous les fauteurs de pactes de fa-
mine qui, depuis la guerre, profitent de
toutes les crises et de tous les désastres
de la patrie.
Que le franc dégringole, que le franc
regrimpe; qu'il y ait hausse, qu'il y ait
baisse; qu'il y ait stabilisation ou reva-
lorisation; la spéculation gagne à tout
coup et tire ses meilleurs profits de la
misère publique.
Il y a là toute une haute et basse pè-
gre dont la fortune est liée à l'infortune
de la France.
Contre cette spéculation ignoble, tout
un arsenal de nouvelles lois a été formé.
[ (Comme si les bonnes vieilles lois, fer-
* _:-.--.- ¡..-
La livre à 124.85
Le ,', dollar à 25.84
Livre ; 124 95
Dollar 25 84
Pratuc suisse. 499 »»
Peseta 392 »»
Belga .-. 358,50
Belga 358 50
Florin. 1.0S2' 50
Lire. 111 75
Leu 13 10
Rentenmark 616 »»
LES RENTES FRANÇAISES
3 0/0 49 35 contre 49 60
4 0/0 1917 45 10 contre 45 05
5 0/0 1915.16 53 70 contre 53 85
mement appliquées, ne suffisaient pas ! )
Mais cette législation nouvelle est inef-
ficace, pour la bonne raison que le gou-
vernement ne donne pas d'instructions
énergiques aux parquets, et que la confu-
sion des pouvoirs soumet l'indépen-
dance du judiciaire à la démagogie de
l'électif.
Si nos Maîtres veulent que le pays en-
dure vaillamment et patiemment le mal
qui va l'affliger, il faut qu'ils lui donnent
par des mesures préventives implacables
la certitude que la crise est causée uni-
quement par des réflexes économiques
inévitables, et que la spéculation n' y a
— privée de la complicité des pouvoirs
publics — ni sa part, ni son profit. ,
Edmond du MESNIL.
rwf ♦ »>♦<■ »
A LA PRESIDENCE
DE LA COMMISSION DES FINANCES
La commission des finances s'est réunie
hier pour nommer son président, en rempla-
cement de M. Henry Simon, décédé. M. Malvy
a été élu président par 28 voix contre 7 à
M. Prevet et 2 abstentions. Rappelons que
M. Malvy était déjà président de la commis-
sion des finances, 'qu'il dut la quitter pour
entrer au ministère de l'intérieur, et qu'il
fut remplacé à la présidence de la commis-
sion par le regretté M. Henry Simon, auquel
il succède aujourd'hui.
L'ESPRIT DE LOCARXO
Nouvel incident
en gare de Vintimille
JOI
Nice, 7 décembre — Un nouvel incident
s'est produit la nuit dernière en gare de Vin-
timirie : un dortoir où reposaient des chemi-
nots français a. été envahi par un groupe de
miliciens qui les réveillèrent brutalement et
se livrèrent à une fouille minutieuse.
A la suite de cet incident; les employés de
la Compagnie P.-L.-M. ont déclaré qu'ils
étaient prêts à ne plus conduire les machines
au delà du pont Saint-Louis.
——.————————— e - .-c.. ——————-—————-
I a discourite rouge
La Chambre vient de commencer l'examen
de la loi de finances.
Le budget des recettes sera-t-il voté en
temps utile, comme l'a été le budget des dé-
penses ?
Tout porte à croire que socialistes et com-
munistes vont, à nouveau, jomdre leurs efforts
pour retarder le plus possible les travaux de
la Chambre.
Nous avons icdiqué, dans nos comptes ren-
dus des dernières séances, les moyens d obs-
truction employés par l'extrême-gauche : de-
mandes de renvoi, de suppression de chapi-
tres, amendements, demandes de scrutin, en
plus d'interventions à propos de tout et de
rien.
Notre confrère le Temps a eu l'heureuse
idée cle donner quelques chiffres pour fixer
les idées à cet égard. , •
Du 1 3 novembre au 3 décembre, la Cham-
bre a consacré 30 séances à la discussion bud-
gétaire.
Au cours de ces s éances, on relève un total
de 293 interventions importantes à l'actif de'
l'extrême-gauche : 156 interventions de la
part des socialistes, qui sont 97, et 1 37 de la
part des communistes, qui ne sont que 28, ce
qui fait une moyenne de 5 interventions de la
part de chaque membre de ce dernier groupe.
Parmi les communistes, M. Piquemal a pris
17 fois la parole, M. Clamamus 15 fois, M.
Berthon 13 fois, MM. Baroux et Duclos 1 I
fois, MM. Vaillant-Couturier et Ernest La-
font — on se rappelle l'incident violent pro-
voqué par ce dernier — 10 fois.
Les membres de l'extrême gauche auraient
pu s'abstenir de prendre une telle part aux
débats, puisqu'ils sont décidés à ne pas voter
le budget.
Or, si l'on attribue une durée moyenne
de 10 minutes à chacune des 293 interven-
tions signalées plus haut, on arrive à un chif-
fre d'environ quarante-huit heures.
La Chambre ayant siégé, en moyenne, sept
heures par jour, l'obstruction socialiste et
communiste représente un retard de sept jours
pour le vote du budget.
Enfin, 25 scrutins ont eu lieu à la demande
des communistes et 1 7 à la demande des so-
cialistes. Au total 42 scrutins. Chaque scrutin,
sans pointage, réclamant au moins un quart
d'heure, ce total équivaut à une perte de 10
heures, soit deux longues séances d'après-
midi.
Donc, sept jours pour les discours, un jour
au moins pour les scrutins, on voit que, si les
socialistes et les communistes avaient gardé le
silence que leur imposait leur attitude en ma-
tière budgétaire, l'examen du budget des dé-
penses aurait pu être terminé, non le samedi
4 décembre à 3 heures du matin, mais le 25
novembre à la fin de l'après-midi..
Quant à la Société des Nations, M. Tchitchérine af-
firme qu'il ne peut retenir un éclat de rire homérique
lorsqu'il entend dire qu'elle pourrait assurer la Répu-
blique des Soviets contre les Allemands ou lui donner
une sécurité quelconque.
LES AGENCES.
LES POURPARLERS DE GENEVE
Contrôle militaire el droit de regard
-:>-IH::
La journée de lundi a été marquée à Ge-
nève par un entretien de la plus haute si-
gnification, qui souligne que la négociation
entre les alliés et l'Allemagne est orientée
vsrs un examen général de la situation. En
effet, alors qu'on ne parlait, au début de l'a-
prcs-midi, que d'une nouvelle rencontre de
:,T. Briand .avec M. Ptrescp'^n t :wxit-0*"
avec sir Austen Chamberlain, ce dernier, vers
18 heures, réunissait les représentants de la
France, de l'Allemagne, de la Belgique et le
délégué de l'Italie, au conseil de la Société
des nations, le sénateur Scialcja. Cette déli-
bération s'est prolongée jusqu'après 20 heu-
res. Au moment de se séparer, l'es ministres
ont fait tous la même réponse à ceux qui
les questionnaient, c'est à savoir que cette
conversation en commun serait suivie d'au-
tres, et probablement dès mardi matin. Ils ont
dit leur satisfaction des progrès déjà, réali-
sés et leur espoir « d'arriver à un accord
satisfaisant ». Cette phrase, d'ailleurs con-
cetée -avant l'issue, de la séance, a' même
pris la ,form d'un communiqué. La déclara-
tion collective suivante a été, en effet, pu-
bliée :
« Nous avons eu, ce soir, pour la première
fois, une conversation en commun. Nous som-
mes contents des progrès réalisés jusqu'ici
et nous espérons arriver à un accord satis-
faisant. »
Au cours de cette conversation en commun
on a repris les points discutés dimanche dans
des entrevues particulières sur l'état du dé-
sarmement de l'Allemagne, les mesures que
le Reich doit encore prendre pour satisfaire
aux demandes de la conférence des ambas-
sadeurs, enfin l'organisation das commis-
.sions d'investigation qui doivent entrer en
fonctions immédiatement après le retrait de
la éomniission interalliée de contrôle mili-
taire. Selon l'expression employée par M.
Briand, la question de Sa suppression du
contrôle interallié en Allemagne et celle du
pian des investigations que le conseil de la
Société des nations serait amené à envisager
dans des cas précis ien vue du contrôle des
mesures de désarmement imposées par les
traités de paix se sont cette fois officielle-
znt rencontrées et elles ont été examinées
simultanément. Quant au système de con-
trôle que Je gouvernement français désire
voir introduire dans la zone rhénane démili-
tarfsée. il est fort probable que ce sera l'ob-
jet d'une négociation prochaine entre Paris
et Berlin.
Si l'on songe à l'unité parfaite de vues qui
existe entre la France, la Grande-Bretagne
et la Belgique, on est amené à penser que
la résistance de M. Stresemann est pour une
bonne partie du domaine de la tactique. Le
ministre allemand ne cache guère que, pour
des raisons de politique intérieure, il tient
beaucoup à voir cesser le contrôle de la com-
mission interalliée. Ce résultat pourrait être
atteint Veut-ètre* si M. Stresemann ne de-
mande point à ses collègues du conseil de
décider dès maintenant une revision du plan
d'investigations établi en 1924, ce qui im-
pliquerait le renvoi du problème aux experts.
La journée d'hier
Le deuxième entretien collectif des repré-
sentants de la France, de la Grande-Bretagne,
de l'Allemagne, de h Belgique et de l'Italie
qui devai'. avoir lieu hier n.atin fut ajourné
il la fin d'2 l'après-midi. Miis cette inaction
n'était qu'apparente, car la plupart des dé-
légués eurent des conversations nombreuses.
Les entrevues de M. Briand
"* "M. Sri and, notamment, s'est entretenu avele
M. Berès des délibérations de lundi, et il a
mis au courant le ministre des affaires étran-
gères de Tchécoslovaquie de là position ac-
tuelle de la négociation. Le ministre français
des affaires étrangères a également vu M.
Zalesld.
Une rencontre Vandervelde-Stresemann
De son cet.?. ïe ministre des affaires étran-
gères de Belgique a rendu visite à M. Stre-
semann. A un journaliste belge, M. Vander-
vslde a déclaré que sa visite avait avant tout
nn caractère de courtoisie, car il n'avait pas
encore eu l'occasion de rencontrer personnel-
lement son collègue allemand. La conversa-
tion a porté davantage sur la politique gé-
nérale que sur les questions examinées en ce
moment à Genève. Interrogé sur ce point, M.
Vandervelde a constaté que selon lui tout al-
lait bien. que l'entretien de lundi des cinq
délégués avait été sQigneusement préparé. et
en particulier par les conversations de Pa-
ris. que le terrain était donc déjà déblayé
quand se sont engagées, a Genève, les prises
4e contact de dimanche, et à plus forte rai-
son au moment où le délégué de la Belgique
a eu l'occasion de délibérer en commun avec
ses collègues de France, de Grande-Bretagne.
d'Allemagne et d'Italie. En terminant ses
brèves explications, M. Vandervtelde a re-
connu que les négociations actuelles de Ge-
nève sur le contrôle interallié de l'Alliemagne
et sur le plan d'investigations Adopté en 1924
parjé conseil de la. Société des nations. sont
'an peu par les nouvelles que l'on
attend ici de la commission de contrôle à
Berlin eu de la conférence des ambassadeurs.
Notons à ce propos que M. Massigli. secré-
taire de la conférence des ambassadeurs, est
arrivé hier à Genève.
Les démarches du délégué italien
De son côté le sénateur Scialoja, délégué
de l'Italie, n'est pas resté inactif. Après sa
longue conversation de lundi avec M. Strese-
mann, le délégué de l'Italie a vu hier M.
Gauss, jurisconsulte de la délégation du
Reich. Il était accompagné par M. Pilotti,
conseiller à la Cour de cassation italienne.
C'est sans doute ce fait qui a permis à Quel-
ques journalistes italiens de dire ce matin qu>e
M. Scialoja pose à Genève les bases juridi-
ques d'un traité d'arbitrage et d'amitié qui
serait prochainement signé entre l'Italie et
l'Allemagne. Ce bruit doit cependant être ac-
cueilli avec réserve, car il a été impossible
de le contrôler.
M. Chamberlain travaille
Quant à sir Austen ChamberJain, il s'est
attaché durant cette matinée à préparer ler.
affaires courantes inscrites à l'ordre du jour
de la 43e session du conseil.
(Voir la suite en deuxième page.)
-..--: ,-,/. AUX ÉTATS-UNIS 1
.-. '-, ..-:..,- -- ;.
o
Le 69e Congrès américain
—
M. Coolidge donne le dure de son message
..c ————
Washington, 7 décembre. - Après l'ouver-
ture de sa dernière session, le 69e congrès
s'était ajourné à aujourd'hui.
La séance d'aujourd'hui à midi a été la
plus importante, en raison même du message
présidentiel lu par M. Coolidge et dont voici
les principaux passages.
Le président Cool:dge, faisant allusion à la
défense du territoire national, a déclaré que.
la défense nationale du pays était basée sur
des intentions pacifiques. Il a insisté sur LI.
paix et sur la prospérité qui règnciu aux
Ltals-Unis, ajoatallt. que, en dépit lic cer-
tains problèmes diplomatiques assez rdus et
dont les solutions demeurent on suspens, il
uy avait pas de conflits armes.
Le président recommande que l'on continue
à sa: vre la politique actuelle. Il insiste sur
la nécessité, pour le gouvernement, de faire
le plus possible d'économies.
Il fait remarquer que la politique de défen-
se nationale, basée sur les intentions paci.
fiques du pays, est suffisamment indiquée
par le fait que l'on maintient un effectif de
réserve équivalent à 610.000 hommes qui coû-
te annuellement au Trésor 680 millions de
dollars.. ,
En ce qui concerne les tarifs douaniers
protecteurs des Etats-Unis, c'est à eux que
M. Coolidge attribue la prospérité actuelle
du pays..
Défense nationale, armements, arbitrages
Le président déclare insister une fois en-
core sur le besoin de réduire la dette de
guerre intérieure afin de consacrer des som-
mes plus abondantes à renforcer la puissance
de la défense nationale.
Il fait entendre un avertissement contre la
course aux armements entre les nations et
presse les Etats-Unis de considérer leur rè-
gle de désarmement comme un exemple des-
tiné à enseigner le monde.
Le monde devrait également noter que les
Etats-Unis ont soumis à l'arbitrage les con-
flits qui ont pu s'élever entre eux et d'autrea
puissances, bien qu'ils fussent capables de
défendre eux-mêmes leurs propres droits.
Après avoir fortement stigmatisé le recours
aux armes dans les conflits internationaux, le
président Coolidge ajoute :
« Pendant des années entières, nous avons
supplié les nations de désarmer. Récemment
encore, nous avons exprimé notre désir de
faire partie des traités en vue de la Hmita-
tion de tous les types d'unités navales, con-
formément à la proportion adoptée à la con-
férence de Washington. Notre offre demeure
toujours ouverte. »
La politique extérieure
Parlant ensuite de la politique extérieure
des Etats-Unis, le président proclame qu'elle
est basée sur la paix et le respect mutuel des
nations.
« Nous n'avons, dit-il, pas d'ennemis tra-
ditionnels. Nous ne sommes embarrassée sur
aucun territoire en discussion, nos frontières
ne sont pas fortifiées. Nous ne craignons per-
sonne et personne ne nous craint. »
Le président n'a pas mentionné le Mexique,
mais on pense que la phrase suivante s'ap-
pliquait à ce pays :
« Nous avons suffisamment de forces pour
être certains que personne ne peut nous accu-
ser de faiblesse, encore que nous soyons lents
à nous mettre en colère. »
La prohibition ,
En ce qui concerne la prohibition, le pré-
sident évite de prendre parti, déclarant seu-
lement que la loi doit être appliquée, mais
que les adversaires de la prohibition - sont;
autorisés à chercher à modifier la l*:i sèche
par les moyens légaux.
Les critiques de l'étranger
Faisant alors allusion aux critiques des
Etats-Unis qui s'élèvent à l'étranger notam-
ment en Europe, et qui ont ému oeiucoup
de citoyens américains, le président Cooîidge
demande qu'on n'y donne pas d'attention.
(Voire la suite en dernière hcurc\
UNE POLITIQUE DE STABILISATION PROGRESSIVE
M. Poincaré a fait hier
)
d'importantes déclarations
————-———— J I c ——-—————
« Le budget de 1927 n'est pas à la merci d'une spéculation qui e
tendrait à relever le cours des changes. »
« Le gouvernement n'a jamais eu l'illusion qu'un redressement
puisse se faire sans sacrifices ; mais il a conjuré un désastre, mis fin
à une série d'inflations red outables, commencé l'amortissement de
la dette, assuré l'équilibre f inancier et prouvé aux nations que la
France pouvait faire ce re dressement par elle-même, sans subir les
conditions de l'étranger. »
M. Nogaro avait servi hier matin, à la
Chambre, un apéritif un peu amer. A
l'en croire, la confiance ne serait, qu'une
« panique à renversement », et les « mo-
nopoleurs » mettraient en danger la Ré-
publique.
Moins sombrc, .1/. Vincent-Auriol
s'était chargé du digestif. Mais tout en
cúllslatant quun « immense, espoir »,
une « fièvre de victoire » se manifes-
tent dans le pays, le député socialiste
montra que la crise économique la plus
rude commence.
C'est ainsi que débuta la discussion du
budget, des recettes. M. Poincaré, pour
laconique qu'il fut ces dernières semai-
nes. ne pouvait faire môins que de ré-
pondre.
Il le fit avec un petit air alerte qui
réjouit fort la Chambre. Aimable, par-
fois moqueur, mais toujours souriant, il
se défendit de trop pirler. « On me
dit : vous avéz un plan, comme Trochu.
mais personne ne le connaît. Sans
doute. C'est que la spéculation s'empare
de la moindre de nos paroles, et que je
ne veux à aucun prix favoriser certaines
manœuvres.
Celle réserve faite, le président du
conseil entreprit de montrer que le gou-
vernement ne pratique pas la politique
de l'autruche.
Aussitôt le budget voté, pour conjurer
l'inévitable crise économique, M. Poin-
cltrc proposera aux Chambres un pro-
gramme dont l'effet sera de multiplier
la production métropolitaine et colo-
niale.
En sornrne., pour le président dit con-
seil, non seulement on doit être opti.
miste, mais encore on le peut, car les
résultats acquis permettent maintenant
tous les espoirs. A chaque jour sa tâche.
Hier, l'arrêt de la chtlte dans l'abîme in-
flalioniste.Aujourd'hui, le vote d'un bud-
get équilibré. Demain, la stabilisation
non pas peut-être légale, mais préparée
méthodiquement par une politique sage
fit une vigilance de tous les instants.
Ainsi le défilé redoutable pourra être
franchi sans accident grave.
On a beaucoup applaudi, hier, la
causticité juvénile et l'optimisme rai-
sonné de M. Poincaré.
Entre temps — survivance de la poli-
Ucalillerie — la droite avait fait Ventrée
do MM. Arnould et Barbier, les nou-
veaux députés (lllticarteUistes des Vos-
ges, et la commission des finances avait
Tetait de M. Malvy son président. Il fal-
lait un calculateur.
,-, n Jean GOLDSKY.
Intervention du président
du Conseil
La Chambre venait d'écouter sagement un
intéressant discours de M. Vincent Auriol,
grand argentier présomptif du parti blumitlé.
« C'est Poincaré qui appliquera l'impôt sur
le capital » avait conclu, pince sans rire, M.
Bedouce. s* -
C'est alors que le président du Conseil, une
liasse de documents à la main, monta à la
tribune. - 1
Il déclare d'abord que la préoccupation do-
minante du gouvernement est de faire en
sorte que le budget de 1927 soit voté avant
la fin de décembre, en vue de rétablir l'ordre
financier. Il épargnera donc à la Chambre
des redites imiti-Ies.
Il reste fidèle à son principe essentiel, pré-
paration de l'assainissement financier par des
mesures préalables, dont la première est le
parachèvement de l'équilibre budgétaire.
L'unité budgétaire
En ce sens, des progrès continus se sont
poursuivis depuis la guerre.
M. Poincaré. — Le déficit a été progres-
sivement réduit, malgré la carence prolon-
gée de l'Allemagne (Applaudissements à
droite), de 48 milliards en 1919 à 1 mil-'
liard. 195 millions en 1925.
Cependant notre dette à court terme gros-
sissait démesurément et un jour est venu où
la Trésorerie a recouru à des expédients d'in-
flation qui ont avili le billet, provoqué la
hausse des prix et bousculé l'équilibre bud-
gétaire.
En juillet dernier, un devoir s'imposait au
gouvernement : couvrir toutes les charges
permanentes par des ressources p'érmanentes.
De 1;V, les impôts créés par. la loi du 3 août.
Il s'ept attaché, d'autre part, à. rétablir
l'unité budgétaire. La prudence commande,
en effet, de ne pas laisser disperser autour
du budget de nouveaux germes d'endette-
ment.
En ce qui concerne le remboursement à la
Banque, il est exigé avant tout par l'intérêt
de l'Etat et. des citoyens. Rien. en effet, n'a
plus aggravé la situation générale que les
emprunts faite à la circulation dans ces deux
dernières années.
M. Bedouoe. — Reste à savoir qui a rendu
l'appel à la circulation nécessaire.
Pas de remèdes empoisonnés
Le président du Conseil dit que le gouver-
nement fera tout pour éviter une crise qui
provoquerait la tentation de recourir de nou-
veau à des « remèdes empoisonnés ».
Pour mettre l'équilibre à l'abri de toute
chance de rupture, il a inscrit dans le bud-
get les sommes nécessaires au paiement des
dettes extérieures auxquelles les recettà
Dawes ne permettent pas de faire fàce.
M. Poincaré. — Deux échéances de la dette
intérieure ont été exclues du budget. A celle
du l"r février, 1.400 mi-Uions. 11 sera fait face
par une émission de bons à. dix ans. Le 25
septembre, 4.587 niillions de bons viendront
à échéance, ilais le renouvellement en sera
en grande partie aisauré, si l'on continue une
politique de prévoyance et de fermeté.
Quant aux régions sinistrées, les ressour-
ces Dawes y restent affectées, et un emprunt
de liquidation pourra être envisagé pour
l'achèvement de réparations qui intéressent
la France entière. (Applaudissements à,
droite.)
Le gouvernement remercie la Chambre da
l'activité et du soin consciencieux avec les-
quels eille a examiné les chapitres de dépen-
ses soumis à son appréciation.
Les dépenses prévues à 39.382 millions par
le projet du gouvernement ont été augmen-
tées de quelques centaines de millions par les*
votes de la Chambre et l'excédent de recettes
primitivement envisagé a été tellement en-
tamé qu'aucune recette ne peut être désor-
mais abandonnée.
Le gouvernement a eu recours d'abord eC
des économies sur tous les ministères, écoao-*
mies qui portent en elles des germes d'éco.
nomies llouvelies. (Interruptions à l'extrême
gauche.)
Dès août, le Parlement a voté les impôts
nouveaux qui étaient nécessaires pour com-
bler le déficit de 1926 et assurer l'équilibre.
de 1927. La majoration du droit sur les bois-
sons hygiéniques et la taxe civique disparaî-
tront. du reste, dès la fin de décembre. (Ap-
plaudissements d. droite. — Interruptions
l'extrême gauche communiste.)
L'amortissement -- of
L'équilibre budgétaire n'est qu'une partie
de l'œuvre qui incombe aux pouvoirs publies*
L'amortissement, progressif de la' dette pu-
blique est également une nécessité vitale.
8 milliards sont prévus pour y faire face
en 1927.
L'orateur rappelle que la dette publique ab-
sorbe plus de la moitié de nos ressources,
que nous avons 1>0 milliards de dette perpé-
tuelle, 36 milliards de dette à court terme et
34 milliards de dette flottante.
Il constate que nos dépenses civiles et mi-
litaires sont moindres qu'en 1914 (Applaudis-
sements), que c'est notre dette qui pèse le
plus lourdement sur notre budget, et que rien
ne doit être fait ou dit qui puisse affaiblir
le crédit public, c'est-à-dire la confiance en
la parole de la France. (Applaudissements à.
droite et sur divers bancs.)
Pour amortir, le gouvernement fera appel
à trois sortes de produits : ressources bud-
gétaires, prélèvements sur les versements al-
lemande, disponibilités de la Caisse auto-
nome.
Les une disent qu'on amortit trop, d'autres;
pas assez. L'essentiel est de marquer la vo-
lonté de la France de rembourser ses deti
tes dans la mesure de ses facultés.
Dès octobre, la Omisse autonome a conso-
lidé 3 milliards de Bons de la Défense natio-
nale et par plusieurs opérations, le Trésor ai
transformé 5 milliards et demi de dettes ex-
térieures exigibles en dettes amortissables.
Trois émissions faites à cet effet, en Suisse
et en Hollande, et couvertes un très grand
nombre de fois, ont prouvé que nos voisins
ont en notre avenir la plus ferme confiance,-
(Applaudissements.)
M. André BertliOn. — Parlez-nous de la'
dette à l'égard de l'Amérique.
M. le président du conseil. — Nous avons
payé à l'Amérique et à l'Angleterre les
échéances de cette année et nous sommes en
mesure, quelque décision que prenne la Chaiti,
bre, de faire face aux échéances de l'an pro-
chain. (Applaudissements.)
M. C'hassaing. — Votre masse de ma,nœu
vre est-elle productive d'intérêts ?
Le président du Conseil répond qu'une par-
tie importante de nos devises est en dépôt
-dans les banques étrangères et il ajoute que
ces devises ont été acquises surtout à l'aide
d'excédents budgétaires.
« Le budget de 1927 n'est donc pas à la
merci d'une spéculation qui tendrait à rele-
ver le cours des changes. » (Applaudissements
à droite.)
M. Poincaré. — Sans doute, l'assainisse-
ment financier n'est pas l'assainissement
monétaire ; mais il en est la condition néces-
saire et préalable.
Tout récemment, M. Jêze a. écrit qu'une
stabilisation légale serait encore prématurée,
qu'une stabilisation de fait doit la précéder,
mais qu'une toile stabilisation ne se décrète
pas, qu'elle s'obtient par la sagesse, par le
rétablissement progressif de l'équilibre dans
tous les domaines. (Applaudissements.)
Vers la stabilisation
On a demandé au gouvernement ses inten-
tions, quand et à quel prix il stabilisera.
Chaque fois que le chef du gouvernement a
répondu, si discrètement que ce fût, la spé-
culation s'est emparée de ses moindres pro-
pos. Il n'a aucun désir de favoriser de telles
manœuvres. (Applaudissements.)
31. Poincaré. — Les industriels qui expor-
tent sont fort gênés par l'incertitude des
cours ; d'autres sont atteints par la hausse
du franc comme l'ont été par sa baisse es
retraités et petits rentiers. M. Nogaro, comme
M. Romier, ont sagement parlé de stabilise-
tion par paliers.
La vérité est que lâ aussi le fait doit pré-
céder le droit. Or, le fait résulte de conditions
qui ne sont pas toutes réalisées, mais qui se
réalisent peu à peu.
De quelque façon que l'on veuille agir, il
y a un défilé qu'on ne peut franchir sans
accident. Ce n'est certes pas dans une sotte
pensée de vanité qu'avant de chercher à sta-
biliser, le gouvernement a voulu revaloriser
le franc. Mais malgré tout le mal est moins
grand aujourd'hui que si la hausse Vêtait ag""
gravée. Et, quoi qu'on en dise, les eymptô-
Le Numéro » VINGT-CINQ CENTIMES
MERCREDI 8 DECEMBRE 1926. Nil 20.473
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE -VACQUERIE
MiONlNiiMbiN i s.
la Il Kx Mb trito -
SEINS & S.-BT-01S3 40 21 1 Il
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'Adressât toutes les communications
au Directeur
t v m
Fonarfftettra (1869)
VICTOR HUGO
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ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
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38, boulevard de S"trasbourq, FARIs-xe
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:"n <." "-"" - .n,
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Crise et Spéculation
•3» • C
II n'y a pas de crise. Chut !
Entendu.
Il n'y a pas de crise mais les achats
sont raréfiés, les ventes diminuées, la
production entravée, le débauchage or-
ganisé, et le chômage commencé.
Le coût de la vie reste élevé; l'hiver
s'annonce rude; le charbon est rare.
Je ne dramatise rien. Je n'écris pas
pour jeter la panique.
Je pense au contraire que le seul
moyen de circonscrire l'incendie est de
donner l'alarme. Je maintiens que l'opi-
nion publique — qui sait se montrer
courageuse — n'a pas été suffisamment
avertie des événements qui devaienrné
cessairement se produire, ni prémunie
contre eux.
Si. D'aucuns l'ont entrepris : les ex-
perts si judicieusement désignés par M.
Raoul Péret.
Si je me reporte au remarquable rap-
port du comité des experts -. qui l'a lu,
qui l'a cru ? — je lis (page 41) ces li-
gnes prophétiques :
« L'apparence actuelle de grande pros-
périté économique ne peut continuer.
Des difficultés certaines s'élèveront.
Mais il convient de remarquer qu'elles
sont inévitables pour demain et qu'elles
seraient pires plus tard. »
Et le comité des experts n'hésitait pas
à envisager « la crise nécessaire », la
« crise inévitable ».
Ce langage courageux n'a pas été
tenu assez: haut, ni répandu assez loin,
pouf" què^'opimon pubUque l'entendît et
je comprît.
Je me demande même si, malgré les
avertissements et les conseils des diri-
geants des grands groupements économi-
ques, la majorité des industriels et des
commerçants en a compris le sens et la
portée.
A mon avis, il appartenait au gouver-
nement de mieux persuader l'esprit pu-
blic de l'approche inéluctable de « la
grande pénitence ».
Car l'insouciance des Français se re-
fuse à croire à l'orage tant qu'il n'a pas
éclaté, et s'empresse de l'oublier dès
qu'il est passé,
Je crains donc que la plupart des hon-
nêtes commerçants et industriels soient
surpris par le grain comme l'ont été les
honnêtes rentiers, les honnêtes prêteurs,
les honnêtes contribuables, tous les hon-
nêtes gens de France qui n'avaient pas
l'esprit porté à la spéculation.
Par contre, ce sont tous les spécula-
teurs, tous les mercantis, tous les frau-
deurs, tous les fauteurs de pactes de fa-
mine qui, depuis la guerre, profitent de
toutes les crises et de tous les désastres
de la patrie.
Que le franc dégringole, que le franc
regrimpe; qu'il y ait hausse, qu'il y ait
baisse; qu'il y ait stabilisation ou reva-
lorisation; la spéculation gagne à tout
coup et tire ses meilleurs profits de la
misère publique.
Il y a là toute une haute et basse pè-
gre dont la fortune est liée à l'infortune
de la France.
Contre cette spéculation ignoble, tout
un arsenal de nouvelles lois a été formé.
[ (Comme si les bonnes vieilles lois, fer-
* _:-.--.- ¡..-
La livre à 124.85
Le ,', dollar à 25.84
Livre ; 124 95
Dollar 25 84
Pratuc suisse. 499 »»
Peseta 392 »»
Belga .-. 358,50
Belga 358 50
Florin. 1.0S2' 50
Lire. 111 75
Leu 13 10
Rentenmark 616 »»
LES RENTES FRANÇAISES
3 0/0 49 35 contre 49 60
4 0/0 1917 45 10 contre 45 05
5 0/0 1915.16 53 70 contre 53 85
mement appliquées, ne suffisaient pas ! )
Mais cette législation nouvelle est inef-
ficace, pour la bonne raison que le gou-
vernement ne donne pas d'instructions
énergiques aux parquets, et que la confu-
sion des pouvoirs soumet l'indépen-
dance du judiciaire à la démagogie de
l'électif.
Si nos Maîtres veulent que le pays en-
dure vaillamment et patiemment le mal
qui va l'affliger, il faut qu'ils lui donnent
par des mesures préventives implacables
la certitude que la crise est causée uni-
quement par des réflexes économiques
inévitables, et que la spéculation n' y a
— privée de la complicité des pouvoirs
publics — ni sa part, ni son profit. ,
Edmond du MESNIL.
rwf ♦ »>♦<■ »
A LA PRESIDENCE
DE LA COMMISSION DES FINANCES
La commission des finances s'est réunie
hier pour nommer son président, en rempla-
cement de M. Henry Simon, décédé. M. Malvy
a été élu président par 28 voix contre 7 à
M. Prevet et 2 abstentions. Rappelons que
M. Malvy était déjà président de la commis-
sion des finances, 'qu'il dut la quitter pour
entrer au ministère de l'intérieur, et qu'il
fut remplacé à la présidence de la commis-
sion par le regretté M. Henry Simon, auquel
il succède aujourd'hui.
L'ESPRIT DE LOCARXO
Nouvel incident
en gare de Vintimille
JOI
Nice, 7 décembre — Un nouvel incident
s'est produit la nuit dernière en gare de Vin-
timirie : un dortoir où reposaient des chemi-
nots français a. été envahi par un groupe de
miliciens qui les réveillèrent brutalement et
se livrèrent à une fouille minutieuse.
A la suite de cet incident; les employés de
la Compagnie P.-L.-M. ont déclaré qu'ils
étaient prêts à ne plus conduire les machines
au delà du pont Saint-Louis.
——.————————— e - .-c.. ——————-—————-
I a discourite rouge
La Chambre vient de commencer l'examen
de la loi de finances.
Le budget des recettes sera-t-il voté en
temps utile, comme l'a été le budget des dé-
penses ?
Tout porte à croire que socialistes et com-
munistes vont, à nouveau, jomdre leurs efforts
pour retarder le plus possible les travaux de
la Chambre.
Nous avons icdiqué, dans nos comptes ren-
dus des dernières séances, les moyens d obs-
truction employés par l'extrême-gauche : de-
mandes de renvoi, de suppression de chapi-
tres, amendements, demandes de scrutin, en
plus d'interventions à propos de tout et de
rien.
Notre confrère le Temps a eu l'heureuse
idée cle donner quelques chiffres pour fixer
les idées à cet égard. , •
Du 1 3 novembre au 3 décembre, la Cham-
bre a consacré 30 séances à la discussion bud-
gétaire.
Au cours de ces s éances, on relève un total
de 293 interventions importantes à l'actif de'
l'extrême-gauche : 156 interventions de la
part des socialistes, qui sont 97, et 1 37 de la
part des communistes, qui ne sont que 28, ce
qui fait une moyenne de 5 interventions de la
part de chaque membre de ce dernier groupe.
Parmi les communistes, M. Piquemal a pris
17 fois la parole, M. Clamamus 15 fois, M.
Berthon 13 fois, MM. Baroux et Duclos 1 I
fois, MM. Vaillant-Couturier et Ernest La-
font — on se rappelle l'incident violent pro-
voqué par ce dernier — 10 fois.
Les membres de l'extrême gauche auraient
pu s'abstenir de prendre une telle part aux
débats, puisqu'ils sont décidés à ne pas voter
le budget.
Or, si l'on attribue une durée moyenne
de 10 minutes à chacune des 293 interven-
tions signalées plus haut, on arrive à un chif-
fre d'environ quarante-huit heures.
La Chambre ayant siégé, en moyenne, sept
heures par jour, l'obstruction socialiste et
communiste représente un retard de sept jours
pour le vote du budget.
Enfin, 25 scrutins ont eu lieu à la demande
des communistes et 1 7 à la demande des so-
cialistes. Au total 42 scrutins. Chaque scrutin,
sans pointage, réclamant au moins un quart
d'heure, ce total équivaut à une perte de 10
heures, soit deux longues séances d'après-
midi.
Donc, sept jours pour les discours, un jour
au moins pour les scrutins, on voit que, si les
socialistes et les communistes avaient gardé le
silence que leur imposait leur attitude en ma-
tière budgétaire, l'examen du budget des dé-
penses aurait pu être terminé, non le samedi
4 décembre à 3 heures du matin, mais le 25
novembre à la fin de l'après-midi..
Quant à la Société des Nations, M. Tchitchérine af-
firme qu'il ne peut retenir un éclat de rire homérique
lorsqu'il entend dire qu'elle pourrait assurer la Répu-
blique des Soviets contre les Allemands ou lui donner
une sécurité quelconque.
LES AGENCES.
LES POURPARLERS DE GENEVE
Contrôle militaire el droit de regard
-:>-IH::
La journée de lundi a été marquée à Ge-
nève par un entretien de la plus haute si-
gnification, qui souligne que la négociation
entre les alliés et l'Allemagne est orientée
vsrs un examen général de la situation. En
effet, alors qu'on ne parlait, au début de l'a-
prcs-midi, que d'une nouvelle rencontre de
:,T. Briand .avec M. Ptrescp'^n t :wxit-0*"
avec sir Austen Chamberlain, ce dernier, vers
18 heures, réunissait les représentants de la
France, de l'Allemagne, de la Belgique et le
délégué de l'Italie, au conseil de la Société
des nations, le sénateur Scialcja. Cette déli-
bération s'est prolongée jusqu'après 20 heu-
res. Au moment de se séparer, l'es ministres
ont fait tous la même réponse à ceux qui
les questionnaient, c'est à savoir que cette
conversation en commun serait suivie d'au-
tres, et probablement dès mardi matin. Ils ont
dit leur satisfaction des progrès déjà, réali-
sés et leur espoir « d'arriver à un accord
satisfaisant ». Cette phrase, d'ailleurs con-
cetée -avant l'issue, de la séance, a' même
pris la ,form d'un communiqué. La déclara-
tion collective suivante a été, en effet, pu-
bliée :
« Nous avons eu, ce soir, pour la première
fois, une conversation en commun. Nous som-
mes contents des progrès réalisés jusqu'ici
et nous espérons arriver à un accord satis-
faisant. »
Au cours de cette conversation en commun
on a repris les points discutés dimanche dans
des entrevues particulières sur l'état du dé-
sarmement de l'Allemagne, les mesures que
le Reich doit encore prendre pour satisfaire
aux demandes de la conférence des ambas-
sadeurs, enfin l'organisation das commis-
.sions d'investigation qui doivent entrer en
fonctions immédiatement après le retrait de
la éomniission interalliée de contrôle mili-
taire. Selon l'expression employée par M.
Briand, la question de Sa suppression du
contrôle interallié en Allemagne et celle du
pian des investigations que le conseil de la
Société des nations serait amené à envisager
dans des cas précis ien vue du contrôle des
mesures de désarmement imposées par les
traités de paix se sont cette fois officielle-
znt rencontrées et elles ont été examinées
simultanément. Quant au système de con-
trôle que Je gouvernement français désire
voir introduire dans la zone rhénane démili-
tarfsée. il est fort probable que ce sera l'ob-
jet d'une négociation prochaine entre Paris
et Berlin.
Si l'on songe à l'unité parfaite de vues qui
existe entre la France, la Grande-Bretagne
et la Belgique, on est amené à penser que
la résistance de M. Stresemann est pour une
bonne partie du domaine de la tactique. Le
ministre allemand ne cache guère que, pour
des raisons de politique intérieure, il tient
beaucoup à voir cesser le contrôle de la com-
mission interalliée. Ce résultat pourrait être
atteint Veut-ètre* si M. Stresemann ne de-
mande point à ses collègues du conseil de
décider dès maintenant une revision du plan
d'investigations établi en 1924, ce qui im-
pliquerait le renvoi du problème aux experts.
La journée d'hier
Le deuxième entretien collectif des repré-
sentants de la France, de la Grande-Bretagne,
de l'Allemagne, de h Belgique et de l'Italie
qui devai'. avoir lieu hier n.atin fut ajourné
il la fin d'2 l'après-midi. Miis cette inaction
n'était qu'apparente, car la plupart des dé-
légués eurent des conversations nombreuses.
Les entrevues de M. Briand
"* "M. Sri and, notamment, s'est entretenu avele
M. Berès des délibérations de lundi, et il a
mis au courant le ministre des affaires étran-
gères de Tchécoslovaquie de là position ac-
tuelle de la négociation. Le ministre français
des affaires étrangères a également vu M.
Zalesld.
Une rencontre Vandervelde-Stresemann
De son cet.?. ïe ministre des affaires étran-
gères de Belgique a rendu visite à M. Stre-
semann. A un journaliste belge, M. Vander-
vslde a déclaré que sa visite avait avant tout
nn caractère de courtoisie, car il n'avait pas
encore eu l'occasion de rencontrer personnel-
lement son collègue allemand. La conversa-
tion a porté davantage sur la politique gé-
nérale que sur les questions examinées en ce
moment à Genève. Interrogé sur ce point, M.
Vandervelde a constaté que selon lui tout al-
lait bien. que l'entretien de lundi des cinq
délégués avait été sQigneusement préparé. et
en particulier par les conversations de Pa-
ris. que le terrain était donc déjà déblayé
quand se sont engagées, a Genève, les prises
4e contact de dimanche, et à plus forte rai-
son au moment où le délégué de la Belgique
a eu l'occasion de délibérer en commun avec
ses collègues de France, de Grande-Bretagne.
d'Allemagne et d'Italie. En terminant ses
brèves explications, M. Vandervtelde a re-
connu que les négociations actuelles de Ge-
nève sur le contrôle interallié de l'Alliemagne
et sur le plan d'investigations Adopté en 1924
parjé conseil de la. Société des nations. sont
'an peu par les nouvelles que l'on
attend ici de la commission de contrôle à
Berlin eu de la conférence des ambassadeurs.
Notons à ce propos que M. Massigli. secré-
taire de la conférence des ambassadeurs, est
arrivé hier à Genève.
Les démarches du délégué italien
De son côté le sénateur Scialoja, délégué
de l'Italie, n'est pas resté inactif. Après sa
longue conversation de lundi avec M. Strese-
mann, le délégué de l'Italie a vu hier M.
Gauss, jurisconsulte de la délégation du
Reich. Il était accompagné par M. Pilotti,
conseiller à la Cour de cassation italienne.
C'est sans doute ce fait qui a permis à Quel-
ques journalistes italiens de dire ce matin qu>e
M. Scialoja pose à Genève les bases juridi-
ques d'un traité d'arbitrage et d'amitié qui
serait prochainement signé entre l'Italie et
l'Allemagne. Ce bruit doit cependant être ac-
cueilli avec réserve, car il a été impossible
de le contrôler.
M. Chamberlain travaille
Quant à sir Austen ChamberJain, il s'est
attaché durant cette matinée à préparer ler.
affaires courantes inscrites à l'ordre du jour
de la 43e session du conseil.
(Voir la suite en deuxième page.)
-..--: ,-,/. AUX ÉTATS-UNIS 1
.-. '-, ..-:..,- -- ;.
o
Le 69e Congrès américain
—
M. Coolidge donne le dure de son message
..c ————
Washington, 7 décembre. - Après l'ouver-
ture de sa dernière session, le 69e congrès
s'était ajourné à aujourd'hui.
La séance d'aujourd'hui à midi a été la
plus importante, en raison même du message
présidentiel lu par M. Coolidge et dont voici
les principaux passages.
Le président Cool:dge, faisant allusion à la
défense du territoire national, a déclaré que.
la défense nationale du pays était basée sur
des intentions pacifiques. Il a insisté sur LI.
paix et sur la prospérité qui règnciu aux
Ltals-Unis, ajoatallt. que, en dépit lic cer-
tains problèmes diplomatiques assez rdus et
dont les solutions demeurent on suspens, il
uy avait pas de conflits armes.
Le président recommande que l'on continue
à sa: vre la politique actuelle. Il insiste sur
la nécessité, pour le gouvernement, de faire
le plus possible d'économies.
Il fait remarquer que la politique de défen-
se nationale, basée sur les intentions paci.
fiques du pays, est suffisamment indiquée
par le fait que l'on maintient un effectif de
réserve équivalent à 610.000 hommes qui coû-
te annuellement au Trésor 680 millions de
dollars.. ,
En ce qui concerne les tarifs douaniers
protecteurs des Etats-Unis, c'est à eux que
M. Coolidge attribue la prospérité actuelle
du pays..
Défense nationale, armements, arbitrages
Le président déclare insister une fois en-
core sur le besoin de réduire la dette de
guerre intérieure afin de consacrer des som-
mes plus abondantes à renforcer la puissance
de la défense nationale.
Il fait entendre un avertissement contre la
course aux armements entre les nations et
presse les Etats-Unis de considérer leur rè-
gle de désarmement comme un exemple des-
tiné à enseigner le monde.
Le monde devrait également noter que les
Etats-Unis ont soumis à l'arbitrage les con-
flits qui ont pu s'élever entre eux et d'autrea
puissances, bien qu'ils fussent capables de
défendre eux-mêmes leurs propres droits.
Après avoir fortement stigmatisé le recours
aux armes dans les conflits internationaux, le
président Coolidge ajoute :
« Pendant des années entières, nous avons
supplié les nations de désarmer. Récemment
encore, nous avons exprimé notre désir de
faire partie des traités en vue de la Hmita-
tion de tous les types d'unités navales, con-
formément à la proportion adoptée à la con-
férence de Washington. Notre offre demeure
toujours ouverte. »
La politique extérieure
Parlant ensuite de la politique extérieure
des Etats-Unis, le président proclame qu'elle
est basée sur la paix et le respect mutuel des
nations.
« Nous n'avons, dit-il, pas d'ennemis tra-
ditionnels. Nous ne sommes embarrassée sur
aucun territoire en discussion, nos frontières
ne sont pas fortifiées. Nous ne craignons per-
sonne et personne ne nous craint. »
Le président n'a pas mentionné le Mexique,
mais on pense que la phrase suivante s'ap-
pliquait à ce pays :
« Nous avons suffisamment de forces pour
être certains que personne ne peut nous accu-
ser de faiblesse, encore que nous soyons lents
à nous mettre en colère. »
La prohibition ,
En ce qui concerne la prohibition, le pré-
sident évite de prendre parti, déclarant seu-
lement que la loi doit être appliquée, mais
que les adversaires de la prohibition - sont;
autorisés à chercher à modifier la l*:i sèche
par les moyens légaux.
Les critiques de l'étranger
Faisant alors allusion aux critiques des
Etats-Unis qui s'élèvent à l'étranger notam-
ment en Europe, et qui ont ému oeiucoup
de citoyens américains, le président Cooîidge
demande qu'on n'y donne pas d'attention.
(Voire la suite en dernière hcurc\
UNE POLITIQUE DE STABILISATION PROGRESSIVE
M. Poincaré a fait hier
)
d'importantes déclarations
————-———— J I c ——-—————
« Le budget de 1927 n'est pas à la merci d'une spéculation qui e
tendrait à relever le cours des changes. »
« Le gouvernement n'a jamais eu l'illusion qu'un redressement
puisse se faire sans sacrifices ; mais il a conjuré un désastre, mis fin
à une série d'inflations red outables, commencé l'amortissement de
la dette, assuré l'équilibre f inancier et prouvé aux nations que la
France pouvait faire ce re dressement par elle-même, sans subir les
conditions de l'étranger. »
M. Nogaro avait servi hier matin, à la
Chambre, un apéritif un peu amer. A
l'en croire, la confiance ne serait, qu'une
« panique à renversement », et les « mo-
nopoleurs » mettraient en danger la Ré-
publique.
Moins sombrc, .1/. Vincent-Auriol
s'était chargé du digestif. Mais tout en
cúllslatant quun « immense, espoir »,
une « fièvre de victoire » se manifes-
tent dans le pays, le député socialiste
montra que la crise économique la plus
rude commence.
C'est ainsi que débuta la discussion du
budget, des recettes. M. Poincaré, pour
laconique qu'il fut ces dernières semai-
nes. ne pouvait faire môins que de ré-
pondre.
Il le fit avec un petit air alerte qui
réjouit fort la Chambre. Aimable, par-
fois moqueur, mais toujours souriant, il
se défendit de trop pirler. « On me
dit : vous avéz un plan, comme Trochu.
mais personne ne le connaît. Sans
doute. C'est que la spéculation s'empare
de la moindre de nos paroles, et que je
ne veux à aucun prix favoriser certaines
manœuvres.
Celle réserve faite, le président du
conseil entreprit de montrer que le gou-
vernement ne pratique pas la politique
de l'autruche.
Aussitôt le budget voté, pour conjurer
l'inévitable crise économique, M. Poin-
cltrc proposera aux Chambres un pro-
gramme dont l'effet sera de multiplier
la production métropolitaine et colo-
niale.
En sornrne., pour le président dit con-
seil, non seulement on doit être opti.
miste, mais encore on le peut, car les
résultats acquis permettent maintenant
tous les espoirs. A chaque jour sa tâche.
Hier, l'arrêt de la chtlte dans l'abîme in-
flalioniste.Aujourd'hui, le vote d'un bud-
get équilibré. Demain, la stabilisation
non pas peut-être légale, mais préparée
méthodiquement par une politique sage
fit une vigilance de tous les instants.
Ainsi le défilé redoutable pourra être
franchi sans accident grave.
On a beaucoup applaudi, hier, la
causticité juvénile et l'optimisme rai-
sonné de M. Poincaré.
Entre temps — survivance de la poli-
Ucalillerie — la droite avait fait Ventrée
do MM. Arnould et Barbier, les nou-
veaux députés (lllticarteUistes des Vos-
ges, et la commission des finances avait
Tetait de M. Malvy son président. Il fal-
lait un calculateur.
,-, n Jean GOLDSKY.
Intervention du président
du Conseil
La Chambre venait d'écouter sagement un
intéressant discours de M. Vincent Auriol,
grand argentier présomptif du parti blumitlé.
« C'est Poincaré qui appliquera l'impôt sur
le capital » avait conclu, pince sans rire, M.
Bedouce. s* -
C'est alors que le président du Conseil, une
liasse de documents à la main, monta à la
tribune. - 1
Il déclare d'abord que la préoccupation do-
minante du gouvernement est de faire en
sorte que le budget de 1927 soit voté avant
la fin de décembre, en vue de rétablir l'ordre
financier. Il épargnera donc à la Chambre
des redites imiti-Ies.
Il reste fidèle à son principe essentiel, pré-
paration de l'assainissement financier par des
mesures préalables, dont la première est le
parachèvement de l'équilibre budgétaire.
L'unité budgétaire
En ce sens, des progrès continus se sont
poursuivis depuis la guerre.
M. Poincaré. — Le déficit a été progres-
sivement réduit, malgré la carence prolon-
gée de l'Allemagne (Applaudissements à
droite), de 48 milliards en 1919 à 1 mil-'
liard. 195 millions en 1925.
Cependant notre dette à court terme gros-
sissait démesurément et un jour est venu où
la Trésorerie a recouru à des expédients d'in-
flation qui ont avili le billet, provoqué la
hausse des prix et bousculé l'équilibre bud-
gétaire.
En juillet dernier, un devoir s'imposait au
gouvernement : couvrir toutes les charges
permanentes par des ressources p'érmanentes.
De 1;V, les impôts créés par. la loi du 3 août.
Il s'ept attaché, d'autre part, à. rétablir
l'unité budgétaire. La prudence commande,
en effet, de ne pas laisser disperser autour
du budget de nouveaux germes d'endette-
ment.
En ce qui concerne le remboursement à la
Banque, il est exigé avant tout par l'intérêt
de l'Etat et. des citoyens. Rien. en effet, n'a
plus aggravé la situation générale que les
emprunts faite à la circulation dans ces deux
dernières années.
M. Bedouoe. — Reste à savoir qui a rendu
l'appel à la circulation nécessaire.
Pas de remèdes empoisonnés
Le président du Conseil dit que le gouver-
nement fera tout pour éviter une crise qui
provoquerait la tentation de recourir de nou-
veau à des « remèdes empoisonnés ».
Pour mettre l'équilibre à l'abri de toute
chance de rupture, il a inscrit dans le bud-
get les sommes nécessaires au paiement des
dettes extérieures auxquelles les recettà
Dawes ne permettent pas de faire fàce.
M. Poincaré. — Deux échéances de la dette
intérieure ont été exclues du budget. A celle
du l"r février, 1.400 mi-Uions. 11 sera fait face
par une émission de bons à. dix ans. Le 25
septembre, 4.587 niillions de bons viendront
à échéance, ilais le renouvellement en sera
en grande partie aisauré, si l'on continue une
politique de prévoyance et de fermeté.
Quant aux régions sinistrées, les ressour-
ces Dawes y restent affectées, et un emprunt
de liquidation pourra être envisagé pour
l'achèvement de réparations qui intéressent
la France entière. (Applaudissements à,
droite.)
Le gouvernement remercie la Chambre da
l'activité et du soin consciencieux avec les-
quels eille a examiné les chapitres de dépen-
ses soumis à son appréciation.
Les dépenses prévues à 39.382 millions par
le projet du gouvernement ont été augmen-
tées de quelques centaines de millions par les*
votes de la Chambre et l'excédent de recettes
primitivement envisagé a été tellement en-
tamé qu'aucune recette ne peut être désor-
mais abandonnée.
Le gouvernement a eu recours d'abord eC
des économies sur tous les ministères, écoao-*
mies qui portent en elles des germes d'éco.
nomies llouvelies. (Interruptions à l'extrême
gauche.)
Dès août, le Parlement a voté les impôts
nouveaux qui étaient nécessaires pour com-
bler le déficit de 1926 et assurer l'équilibre.
de 1927. La majoration du droit sur les bois-
sons hygiéniques et la taxe civique disparaî-
tront. du reste, dès la fin de décembre. (Ap-
plaudissements d. droite. — Interruptions
l'extrême gauche communiste.)
L'amortissement -- of
L'équilibre budgétaire n'est qu'une partie
de l'œuvre qui incombe aux pouvoirs publies*
L'amortissement, progressif de la' dette pu-
blique est également une nécessité vitale.
8 milliards sont prévus pour y faire face
en 1927.
L'orateur rappelle que la dette publique ab-
sorbe plus de la moitié de nos ressources,
que nous avons 1>0 milliards de dette perpé-
tuelle, 36 milliards de dette à court terme et
34 milliards de dette flottante.
Il constate que nos dépenses civiles et mi-
litaires sont moindres qu'en 1914 (Applaudis-
sements), que c'est notre dette qui pèse le
plus lourdement sur notre budget, et que rien
ne doit être fait ou dit qui puisse affaiblir
le crédit public, c'est-à-dire la confiance en
la parole de la France. (Applaudissements à.
droite et sur divers bancs.)
Pour amortir, le gouvernement fera appel
à trois sortes de produits : ressources bud-
gétaires, prélèvements sur les versements al-
lemande, disponibilités de la Caisse auto-
nome.
Les une disent qu'on amortit trop, d'autres;
pas assez. L'essentiel est de marquer la vo-
lonté de la France de rembourser ses deti
tes dans la mesure de ses facultés.
Dès octobre, la Omisse autonome a conso-
lidé 3 milliards de Bons de la Défense natio-
nale et par plusieurs opérations, le Trésor ai
transformé 5 milliards et demi de dettes ex-
térieures exigibles en dettes amortissables.
Trois émissions faites à cet effet, en Suisse
et en Hollande, et couvertes un très grand
nombre de fois, ont prouvé que nos voisins
ont en notre avenir la plus ferme confiance,-
(Applaudissements.)
M. André BertliOn. — Parlez-nous de la'
dette à l'égard de l'Amérique.
M. le président du conseil. — Nous avons
payé à l'Amérique et à l'Angleterre les
échéances de cette année et nous sommes en
mesure, quelque décision que prenne la Chaiti,
bre, de faire face aux échéances de l'an pro-
chain. (Applaudissements.)
M. C'hassaing. — Votre masse de ma,nœu
vre est-elle productive d'intérêts ?
Le président du Conseil répond qu'une par-
tie importante de nos devises est en dépôt
-dans les banques étrangères et il ajoute que
ces devises ont été acquises surtout à l'aide
d'excédents budgétaires.
« Le budget de 1927 n'est donc pas à la
merci d'une spéculation qui tendrait à rele-
ver le cours des changes. » (Applaudissements
à droite.)
M. Poincaré. — Sans doute, l'assainisse-
ment financier n'est pas l'assainissement
monétaire ; mais il en est la condition néces-
saire et préalable.
Tout récemment, M. Jêze a. écrit qu'une
stabilisation légale serait encore prématurée,
qu'une stabilisation de fait doit la précéder,
mais qu'une toile stabilisation ne se décrète
pas, qu'elle s'obtient par la sagesse, par le
rétablissement progressif de l'équilibre dans
tous les domaines. (Applaudissements.)
Vers la stabilisation
On a demandé au gouvernement ses inten-
tions, quand et à quel prix il stabilisera.
Chaque fois que le chef du gouvernement a
répondu, si discrètement que ce fût, la spé-
culation s'est emparée de ses moindres pro-
pos. Il n'a aucun désir de favoriser de telles
manœuvres. (Applaudissements.)
31. Poincaré. — Les industriels qui expor-
tent sont fort gênés par l'incertitude des
cours ; d'autres sont atteints par la hausse
du franc comme l'ont été par sa baisse es
retraités et petits rentiers. M. Nogaro, comme
M. Romier, ont sagement parlé de stabilise-
tion par paliers.
La vérité est que lâ aussi le fait doit pré-
céder le droit. Or, le fait résulte de conditions
qui ne sont pas toutes réalisées, mais qui se
réalisent peu à peu.
De quelque façon que l'on veuille agir, il
y a un défilé qu'on ne peut franchir sans
accident. Ce n'est certes pas dans une sotte
pensée de vanité qu'avant de chercher à sta-
biliser, le gouvernement a voulu revaloriser
le franc. Mais malgré tout le mal est moins
grand aujourd'hui que si la hausse Vêtait ag""
gravée. Et, quoi qu'on en dise, les eymptô-
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