Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-07-04
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 juillet 1926 04 juillet 1926
Description : 1926/07/04 (N20316). 1926/07/04 (N20316).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75518269
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
l' MEftSinnR. AN 134. — N° 20.316
Le Numéro : VINGT-CINQ CENTIMES
DIMANCHE 4 JUILLET 1926. — N 20 316
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ALOiNNEAlbiN la.
Ci 18 Six Bsis Trois BOIS
SEINE & S.-ET-OiSE 40 t 21» II *
FRANCE ET COLONIES 45 23 * 12 3
ETRANGER 75 38 203
Adresser toutes les communications
au Directeur
* Fondateurs ( 1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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Directeur : EDMOND DU MESNIL
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--..d ..,' TRIBUNE LIBRE
- - 1
En Français
— >> •- « ——
C'est d'Amérique, aujourd'hui, que
nous viennent les avis, les conseils, les
offres de collaboration financière.
Il y a là une part de cordialité et un
exemple dont nous pouvons nous réjouir.
Oui, l'exemple est bon. La jeune Amé-
rique nous prouve que la vieille Europe
n'a pas encore su s'organiser. Sans ce
contraste vivant qu'elle nous offre, nous
l'aurions ignoré longtemps encore.
Nous avons beaucoup à prendre au-
jourd'hui, outre-Atlantique, après y avoir
beaucoup apporté.
Ce rassemblement des forces d'un
vaste pays qui justifie vraiment son titre :
(( Etats-Unis », rien n'empêche, en ef-
fet, de l' appliquer progressivement à
l'Europe, en y respectant les différences
de races, de climat, de besoins, en l'arti-
culant ainsi qu' en Amérique.
Le groupement en associations, en co-
mités d'études, de recherches, des diver-
ses corporations qu'ils ont là-bas, nous
l'avons à peine ébauché. Finissons de
l'organiser.
Faisons que le producteur français
ait, comme là-bas, une part effective
dans la direction des affaires du pays.
L'avons-nous assez demandé ici-même!
Que, comme là-bas, la lutte sociale
perde de son acuité, par la satisfaction
des besoins, par l'accession au bien-être
du plus grand nombre, c'est également
souhaitable.
Les idées qui nous parviennent d'Amé-
rique sont surtout de cet ordre. La ques-
tion qu'elles traitent ou résolvent, 1 or-
ganisation pratique, est pour nous la plus
importante, la plus vitale actuellement,
de ce fait qu'elle fut la pljis négligée.
Nous le savon.s. Nous le sentons.
Cepçnjfcnt, ce qui vient de là-bas
nous semble surtout mercantile, trop ba-
sé sur la finance, trop à la merci de quel-
ques-uns qui en tiennent les fils. Som-
mes-nous donc républicains autrement
qu eux ? Ces rassemblements en trusts,
en fortunes formidables ne nous disent
rien. Ce système, comme nos systèmes
financiers, dévoilera peut être plus tard
les inconvénients de sa féodalité.
Et puis, cet amour du gigantesque ne
nous a pas encore pris.
Est-ce notre esprit de routine seule-
ment qu'il faut accuser de ce manque
d'entrain? Plus encore, reconnaissons
que ce qui convient à l'Américain peut
ne pas nous convenir entièrement.
Lui a rompu ses attaches de civilisa-
tion ancienne pour vivre sur un sol neuf.
Pour nous, ces liens subsistent intégrale-
ment dans notre immobilité.
On ne crée pas spontanément les ci-
vilisations. Ce ne sont que le temps et les
sacrifices en commun qui les affirment.
Etre jeune et bien portant ne suffit
pas pour faire un professeur. On peut
être un exemple. Exemple bon à suivre
mais qu'il faut compléter d'une mentalité
plus faite.
Aucun des pays jeunes, estimés ainsi
S leur valeur, ne nous démentira. N'est-
ce pas chez nous que ceux de leurs ci-
toyens qui veulent penser viennent forti-
fier leur pensée, la compléter de ce qui
est l'agrément délicat de la vie, sa part
proprement spirituelle dans le naturel :
les lettres et les arts, et voire même les
sciences.
Le souci de ce que nous avons à main-
tenir dans ces idées nous commande,
pour progresser, un compromis entre la
méthode américaine et la nôtre, une al-
liance de leur pratique et de notre men-
tal habituel qui pourrait bien, si nous sa-
vons l'effectuer, nous Temettre au pre-
mier plan avec toutes nos qualités enco-
re accrues. -
Evolués ainsi, nous reprendrions une
jeunesse nouvelle complétée de notre sa-
gesse acquise, sagesse qui ne comporte-
rait plus guère de désirs, sinon celui d'é-
tendre encore ce rayonnement moral
qu'on nous a accoutumés de considérer
comme notre patrimoine et que nous de-
yons continuer à justifier.
Ne - refusons donc pas les idées du
dehors dans le domaine où elles peuvent
nous bonifier mais repoussons énergi-
quement toute ingérence générale étran-
gère qui tendrait à nous prendre en re-
morque.
Aucune n'est encore en puissance de
nous régenter. Aucune ne peut, d'ail-
leurs, convenir à notre liberté.
Il y a en France autant de forces et
plus d'idées qu'en aucun pays du monde,
jût-il le plus neuf. A nous d'en disposer
pour qu'elles deviennent plus visibles en-
core et surtout plus effectives.
Remercions donc comme ils le méri-
tent les financiers et commerçants des
Etats-Unis qui s'intéressent à notre relè-
vement et indiquons leur surtout com-
bien ils peuvent le faciliter dès aujour-
d'hui, par la suppression de notre dette
de guerre. Ils doivent aisément compren-
dre qu'ils ne peuvent, dans leur richesse,
la réclamer à un pays à peine remis d'a-
voir lutté, avec leur aide, c'est vrai, mais
de tout son corps meurtri, pour la liberté
du monde, et plus rudement encore qu'il
,ne lutta, jadis, pour la leur.
Henri VINCENT.
EDITORIAL
Accès de vertu
La crise qui nous étreint,
prêtant fort à rire, la Cham-
bre s'est gaussée tout un
jour de l'aventure de M.
Maurice de Rothschild.
N'est-elle pas fort plai-
- sante, en effet ? - --
M. Maurice de Rothschild siège à la
Chambre des députés depuis deux ans,
sans en avoir le droit.
Il était toléré dans la salle des séan-
ces sans pouvoir piper ni voter. Le mo-
dèle des « muets du sérail ».
Il était le seul député dans ce cas. Il
formait ainsi à lui seul le groupe original
et peu encombrant des non-validés.
Son élection danse les Hautes-Alpes
avait été contestée dès l'origine. Elle
avait donné lieu à une enquête. Des
incidents scandaleux s'étaient produits, à
quoi fut mêlé un M. Cluzel, député so-
cialiste.
Bref, toute une Histoire, et des his-
toires à n'en plus finir.
Le dénouement s'est produit avant-
hier. Malgré un avis favorable du rap-
porteur de la commission d'enquête, M.
de Rothschild a été invalidé.
Ce fut, en vérité, une noble explosion
de vertu, et je comprends qu'il se soit
trouvé une majorité pour affirmer ces
principes d'abnégation, de désintéresse-
ment; d'austérité, de rigorisme qui pré-
sident aux campagnes électorales.
Nul n'ignore que les quatre-vingts ou
cent millions dépensés par les divers Par-
tis à l'occasion des dernières élections ont
été uniquement consacrés à des œuvres
de bienfaisance. Il n'y a pas d'exem-
ple non plus de l'intervention des pré-
fets, des sous-préfets et des fonction-
naires dans la préparation et la défense
dès listes électorales. La manne offi-
cielle est un mythe ou une calomnie,
et nul n'ignore que les élus ne doivent
jamais leur .élection, qu'à leur talent, à
leur mérite, et à leurs vertus.
M. de Rothschild faisait évidemment
tache dans un aréopage de rosières po-
litiques. Tous les « Prix de Vertu »,
qui avaient à le juger, sentaient « le
rouge de la honte leur monter au front ».
D'ailleurs, comme on le chante dans la
« Belle Hélène » : « son nom seul dis-
pense d'en dire plus long ».
Pour prononcer l'ostracisme, il ne
manquait en séance que ce pauvre M.
Jean Hennessy, dont les campagnes
électorales sont fameuses par leur parci-
monie et leur frugalité.
Malheureusement, M. Jean Hennessy
a exporté sa misère en Suisse, et nous
avons.perdu une belle occasion d'enten-
dre ce fils spirituel de M. de Monthyon
nous tenir un grand discours contre la
corruption électorale.
Avec cette logique rigoureuse, qui est
fia règle, la Chambre a donc. invalidé
M. de Rothschild après avoir, naguère,
validé M. Hennessy.
Il est vrai que M. Hennessy « était
du Cartel » (et comment !) cependant
que M. de Rothschild n'en est pas. La
vertu est aussi une question de groupe.
Quoi qu'il en soit, M. Maurice de
Rothschild ne doit pas être fâché d'être
relevé de sa position malcommode.
Je l'ai déjà écrit, je crois, il n'était
depuis deux ans, assis au Palkis-Bour-
bon que sur une fesse. C'est pour déter-
miner à la longue,^si ce n'est la cram-
pe des écrivains, du moins celle des ca-
valiers,
Quand il reviendra à la Chambre —
car ses électeurs sont, paraît-il, tentés
de l'y renvoyer - il n'aura qu'à chan-
ger de fesse.
La gauche après la droite. Une fois
son postère doré. en parfait équilibre, il
comprendra enfin toutes les subti-
lités de la vertu et de la politique.
Seulement, même en y mettant le
prix, il ne pourra jamais dire que « la
lumière lui est .venue d'en Haut ».
Edmond du MESNIL
Nous ne nous sauverons que s'il y a encore
place, entre des inquiétudes et des appétits,
pour des volonlés.
C.-J. GIGNOUX.
(La « Journée Industrielle »)
UN AVION TOMBE
L'accident de Tachov
L'identité des victimes correspond
aux voyageurs partis de Paris
L'avion commercial qui, se rendant de Nu-
remberg à Prague, s'est écrasé sur le sol,
vendredi, à Tachov, en Tchécoslovaquie, était
un tri-moteur appartenant à la Compagnie
Franco-Roumaine de navigation aérienne. Il
était piloté par l'aviateur Perrotey, a
L'avion emportait, outre le pilote et le mé-
canicien, quatre voyageurs. Ces six personnes
ont été tuées.
Au siège de la compagnie Franco-Roumai-
ne, on déclare ne pouvoir communiquer au-
cun renseignement, tant sur l'accident lui-
même que sur l'identité des victimes.
Nous avons pu néanmoins savoir, par une
enquête personnelle, que quatre voyageurs
étaient partis avant-hier de Paris avec des
billets pour les au delà de Nuremberg. C'é-
taient : M. Couteaux, qui se rendait à Cons-
tantinople; M. et Mme Dawson, à destination
de Prague, et M. Drang, à destination de
Vienne.
Suivant une dépêche de Strasbourg, arri-
vée cette nuit, l'identité des victimes corres-
pondrait à celle des voyageurs partis de Paris.
————— L --..-.
Pour l'amélioration
des races humaines
L'examen médical prénuptial est recommandé
par les Eugéniques
La Fédération internationale des organisa-
tions d'eugénique, qui ont pour but l'améliora-
tion des races humaines, vient de tenir une
conférence à Paris, au siégé de la Ligue des
Sociétés de la Crotx-Rquge, sous la prési-
dence du major Léonard Darwin.
L'èxamen médical prénuptial, les mariages
consanguins et l'immigratîon ont fait l'objet
d'intéresàants rapports qui furent suivis de
discussions très animées. Les communications
concernant la première question ont montré
notamment que l'examen médical prénuptial
tend à se généraliser, et qu'il est même rendu
obligatoire en Norvège, en Suède, au Dane-
mark, en Turquie, et dans diverses régions
des Etats-Unis.
—— —-— t 8H-48 <
M. Mellon vient en Europe
Washington, 3 juillet. — M. Mellon, secré-
taire du Trésor, s'embarquerait le 14 juillet
pour l'Europe. Il dément avoir échangé des
notes avec M. Caillaux au sujet de l'accord
sur .les dettes, ajoutant qu'il éviterait toute
conversation officieuse ou officielle, de ma-
nière à ne pas influencer le Parlement fran-
çais..
M. BINET VA-T-IL AGIR ?
Le scandale du pain
Il est nécessaire d'arrêter les manœuvres
de la spéculation
Renouvelant les déclarations qu'il avait fai-
tes à la Chambre, M. Binet, ministre de l'Agri-
culture, a annoncé vendredi au Sénat que des
mesures exceptionnelles étaient envisagées
pour juguler la spéculation sur les blés.
Quelles sont ces mesures envisagées par le
ministre ? La réquisition, la taxation ? Peut-
être. en tout cas, on peut affirmer que le pro-
jet de « déclaration obligatoire des récoltes ».
est d'ores et déjà mis à l'étude.
Cette déclaration existe pour le vin, si bien
que l'on sait, à tout instant, et à quelques
hectolitres près, ce qu'est notre production
annuelle de vin. Pour le blé, au' contraire, on
reste dans l'imprécision, on n'a que des esti-
mations, des à peu près, ce qui permet aux
agioteurs d'imaginer ou tout au moins d'uti-
liser tous les bruits qui sous-estiment ou qui
exagèrent l'importance de la moisson.
Une protestation des boulangers
Yvetot, 3 juillet. — Au cours de la der-
nière réunion, le syndicat de la. boulangerie
d'Yvetot a voté l'ordre du jour suivant :
« Considérant que le scandale du blé et du
grain grandit chaque jour, le blé ayant at-
teint une augmentation de 750 0/0 depuis
1914, que cette augmentation est injustifiée
et due à la spéculation.
« Invite M. le ministre de l'agriculture à
prendre, à l'avenir, des mesures plus éner-
giques, goit par la réquisition ou la déclara-
tion des récoltes panifiables et même aller
jusqu'à la taxe, si besoin est, afin d'éviter
toute hausse illicite. »
Un conflit à Aigueperse
Crmôn;tFrrand. 3 juillet. — Les bou-
langers d'Aigueperse avaient porté le prix
du pain à 2 fr, 50 le kilo à. partir du 1er juil-
let. Ge prix étant supérieur à la taxe, des
procès-verbaux ont été drèssés. En signe de
protestation, les boulangers ont fermé leurs
boutiques.
LA RESIDENCE FUTURE
d'Abd el Krim
Au ministère des Affaires étrangères, on
déclarait ce matin que, contrairement à la
nouvelle qui a* été publiée, aucune décision,
même de principe, n'a été prise jusqu'à pré-
sent en ce qui concerne la résidence future
d'Abd El Krim.
Il semble bien que le roghi sera interné
dans une colonie française de l'Afrique, mais
aucun accord n'est intervenu entre les gou-
vernements espagnol et français sur le choix
de cette colonie. • -
INDEPENDENCE DAY
Un discours de M. Chapsal au banquet
de la Chambre de Commerce américaine
-————————
Pour célébrer le jour anniversaire de l'In-
dépendance américaine,- qui tombe comme
on le sait, le 4 juillet, — la, Chambre de
commerce américaine a offert, hier soir,
un grand banquet auquel assistait M. Myron
T. Herryck, ambassadeur des Etats-Unis. Le
gouvernement français y était représenté par
M. Chapsal, ministre du commerce, et la
Ville de Paris par M. Godin; président du
Cônseil municipal. M. Briand, parti à Co>che-
rél, avait délégué pour le remplacer, M. De-
jean, sous-directeur au ministère des affai-
res étrangères.
Une allocution de M. Chapsal
Au dessert, plusieurs discours ont été pro-
noncés, M. Fernand Ohapsal, prenant la par
role après M. Benjamin H. Conner, président
de la Chambre de commerce américaine, s'ex-
prima notamment en ces termes :
« .Pour exprimer les sentiments qu'éprou-
vent les cœurs français en ce jour solennel,
et donner à votre réunion un éclat en rap-
port avec son objet, il aurait fallu l'élo-
quence et l'autorité du chef du gouverne-
ment, de M. le président Briand; mais les
responsabilités si complexes qu'il a assu-
mées ne lui, ont pas permis d'apporter lui-
même à la République sœur, le salut de la
France, et je vous prie de. trouver dans mes
paroles l'expression de ses sincères regrets.
« S'il est vrai que les fondateurs de l'In-
dépendance américaine ont tiré leurs prin-
cipes des doctrines françaises, s'il est vrai
que Franklin, Jetferson, Washington, sont les
fils spirituels de Rousseau, de Voltaire et des
encyclopédistes, il est vrai aussi qu'ils ont
été les premiers à traduire en vivantes réali-
tés tous ces enseignements qui sont à la base
de la Révolution française.
« La lumière bienfaisante projetée par
l'étoile de France a dirigé les premiers pas
de V09 glorieux ancêtres.
« Ce ne sont pas seuQement les formules
de l'épiancipation humaine exprimées par
nos auteurs qui ont, il y a 150 ans, traversé
l'Océan : c'est également notre vieille mo-
narchie qui a mis au service des idées nou-
velles, que voue vouliez faire triompher, les
escadres de l'amiral d'Estaing, de l'amiral
Ternay, du comte de Grasee ; et vous vous
rappelez que c'est le comte de Grasse qui,
par son concours décisif, permit de faire ca-
pituler lord Cornwallis.
« .Comme vous, monsieur le président,
qui le disiez tout à l'heure en termes si auto-
risée, nous pensons qu'une grande amitié
entre deux peuples trouve sa force en elle-
même, en une foule d'éléments impondéra-
blés qui rélèvent du cœur beaucoup plus que
de l'intelligence ; sans' doute, une commu-
nauté d'intérêts matériels est de nature à
renforcer une telle amitié, mais une diver-
gence de ces mêmes intérêts ne saurait l'at-
teindre.
« Pour l'organisation définitive .de la Paix,
pour le juste règlement des difficultés con-
sécutives à la guerre, nos gouvernements res-
pectifs ont dû. et ont encore à délibérer. Sur
certaines questions économiques, des diver-
gences existent entre nous, mais une étude
approfondie de nos drpits et de nos devoirs,
un souci ardent d'équité nous permettront de
les faire disparaître et d'établir nos relations
commerciales d'une façon plus étroite et
plus durable.
« Il m'est d'ailleurs agréable, de témoigner
— ,et mon témoignage est celui d'un homme
qui, l'automne dernier, est allé dans votre
belle capitale fédérale — que nos délibéra-
tions sont toujours empreintes de confiance
et d'estime réciproque. Je souhaite que cette
estime et cette confiance s'accentuent davan-
tage et se fondent sur une connaissance et
une compréhension encore plus complètes
des tendances et des aspirations de nos deux
pays.
« Laissez-moi, messieurs, compter beau-
coup sur votre chambre de commerce pour
arriver à la réalisation de ce souhait et as-
surer cette pénétration de nos deux mentali-
t. Que de malentendus seront évités par
nos persistants efforts et notre souci de
loyauté réciproque! ,
« Je porte la santé de S. E. M. Myron Her-
rick,, ambassadeur des Etats-Unis, que tons
mes concitoyens entourent d'une si déférente
sympathie et qui est regardé comme un
grand et sincère ami de la France.
« Je bois à M. le président de la chambre
de commerce américaine et à ses collègues,
à la colonie américaine qui est le témoin quo-
tidien et vigilant de notre vie nationale, de
nos peines, de nos efforts et de nos espoirs.
« Je. lève mon verre en l'honneur du gou-
vernement fédéral.et de M. le président Coo-
lidge, que j'ai eu le grand privilège de saluer
personnellement l'année dernière, à la Mai-
son Blanche,. et je fais des vœux pour la
prospérité et l'amitié fraternelle de nos deux
Républiques. 1
c Je. salue très amicalement mon éminent
collègue, M. le sénateur Henry Bérenger,
ambassadeur de France à Washington, et je
lève rnog yene.; ,®.n ;
POUR LE REDRESSEMENT FINANCIER
Les experts réclament des mesures
énergiques et immédiates
-————— .c —
Ils se prononcent contre toute inflation et proposent
la stabilisation par des crédits extérieurs
IÀ
Les conclusions du, rapport des experts,
qui devaient être rendues publiques hier, ne
ie seront qu'aujourd'hui. Ce retard ne sem-
ble imputable qu'à des raisons d'ordre ex-
clusivement matériel, l'impression du rap-
port, très volumineux, ayant demandé des
délais ph{~s longs qu'on ne l'avait escompté.
Dans les ?nilieux gouvernementaux on
confirme que 3f. Caillaux est d'accord avec
les experts sur la plupart de leurs sugges-
tion. et s'en inspirera largement dans ses
projets dont les services techniques de la
rue de Rivoli achèvent actuellement la mise
au point.
Comme M. Aristide Briand l'a annoncé, le
débat de mwdi s'ouvrira par un exposé de
M. Caillaux sur la situation financière. Le
ministre, affirme-t-on, mettra la Chambre en
présence des trois solutions proposées au
problème financier : la solution socialiste,
par la déflation massive et le prélèvement
sur le capital; la solution inflationniste; en-
fin, la sienne, c'est-à-dire l'assainissement
par les meSllrc, qu'ont retenues les experts
et qu'il fera siennes.
Le ministre des Finances fortifiera ses dé-
clarations d'un exposé complet de la situa-
tion de la Trésorerie, situation à l'améliora-
tion de laquelle, dira-t-il, on ne peut appor-
ter aucun retard. Le débat s'engagera tm-
suite..
Le rapport des experts
Le Journal des Finances - où, collabore
M. Gaston Jèvc, professeur à la faculté de
droit de Paris et membre du Comité des ex-
perts — publie du rapport des experts l'ana-
lyse suivante, que nous reproduisons :
Dans ses conclusions, le Comité des experts
déclare qu'il s'est proposé un triple but :
1. L'équilibre rigoureux du budget;
2. L'aisance de la trésorerie;
3. La stabilité de l,a monnnie..
Pour atteindre ces objectifs, le Comité
propose les mesures suivantes :
1. Etablir et aménager des recettes exten-
sibles et à rendement immédiat;
2. Comprimer énergiquement les dépenses
de l'Etat;
3. Ecarter le recours direct ou indirect aux
avances de la Banque de France pour la cou-
verture des dépenses nouvelles de l'Etat, en
d'autres termes, exclure l'inflation.
4. Réduire graduellement les avances de la
Bauque - l'Etat, afin de fortifier la couver-
ture du billet de banque;
5. Assurer la bon fonctionnement de la
Trésorerie, la ramener à son rôle normal en
la déchargeant d'une partie importante de la
dette flottante;
6. Entreprendre, par des opérations de con-
solidation volontaire, la transformation, en
titres amortissables, des bons de la Défense
nationale et des bons du Trésor à court ter-
ma;
7. Réaliser à bref délai, avec le concours
de la Banque, la. stabilité monétaire; retenir,
atirer et. faire rentrer les capitaux;
8. Préparer le retour prochain à la libre
circulation des capitaux. A cet effet contrac-
ter, en des monnaies étrangères, des em-
prunts à aussi long terme que possible et ob-
tenir des crédits au dehors;
9. Poursuivre une politique économique qui
permette d'atténuer la crise inévitable, con-
séquence du retour à la monnaie saine et de
rétablir la prospérité du pays.
Le Comité croit qu'il ne faut pas gagnaer
au pays que la restauration financière s'ac-
compagnera do difficultés et de souffrances.
Tout ajournement ne ferait que les aggraver.
Le programme, déclare le Comité, repose
sur l'exacte observation des engagements de
l'Etat et sur le règlement des dettes inter-
alliées. Dans son rapport, le Comité insiste
sur la nécessité d'une ratification de l'accord
franco-américain.
Le problème de la Trésorerie
Le problème de la Trésorerie a rcnu, très
longuement l'attention du comité. Un chapitre
très important est consacré à cette question.
Voici comment le comité estime pouvoir
faire faoe à la. dette flottante (Bons de. la Dé-
fense Nationale, Bons du Trésor ordinaires et
Bons du Trésor à court terme).
Il écarte la consolidation forcée, le prélève-
ment sur le capital et l'emprunt forcé.
Il se prononce pour une politique de conso-
lidation volontaire progressive des Bons de
la Défense; il préconise, pour aussitôt que
possible, un emprunt de consolidation volon-
taire, répondant aux conditions du marché et
au légitime désir de sécurité des souscripteurs
(emprunt avec garantie de change et taux
d'intérêt du marche financier).
En attendant, il propose de séparer, de la.
Trésorerie, les Bons de la Défense.
.La gestion de ces bons serait confiée à une
caisse de gestion, administrée par la Caisse
des dépôts et consignations.
Cette caisse de gestion assurerait le ser-
vice de l'intérêt, du renouvellement et du rem-
boursement des bons.
La caisse de gestion aurait des ressources
diverse, annuités budgétaires, dotation ini-
tiale, affectation des recettes des tabacs).
La dotation initiale consisterait dans une
somme de 4 milliards de francs à prélever sur
le premier emprunt étranger à réaliser immé-
diatement. Une augmentation de cette dota-
tion résulterait d'un prélèvement sur les
emprunts étrangers ultérieurs.
Une autro ressource de la caisse de ges-
tion consisterait dans l'affectation des recet-
tes des tabacs. Un office des tabacs serait
créé; les recettes nettes seraient versées à la
caisse de gestion à valoir sur les annuités
budgétaires. Grâce à cette affectation, la
caisse pourrait, en cas de besoin, se faire con-
sentir, sur le marché intérieur, des avances
temporaires au moyen de délégations, soit
auprès du public, soit auprès des banaues pri-
vées, soit, à défaut, auprès de la Banque Aa
France. -
Les avances ainsi obtenues. seraient rem-
boursées sur les sommes à provenir de la cos-
tre-valeur des emprunts étrangers.
Entourés de toutes les garanties, les Bons
de la Défense, déclare le comité, conserve-
raient la faveur du public.
Pour que le public exerce son contrôle sur
la caisse, un bilan serait publié tous les quinze
jours par ladite caisse.
La stabilisation de la monnaie
La stabilisation de la monnaie est un autr*
gros chapitre du rapport.
Le comité propose de faire cette stabilisa-
tion par étapes, et d'y faire procéder par li
Banque de France.
La première chose à faire, d'après le c.,)o
mité, est de constituer un stock considérable
de devises et de francs. Ce stock serait com-
posé de l'encaisse de la Banque, de crédits
à court et à long terme (emprunt Morgan,cré
dits auprès des banques d'émission étrangè-
res. crédits privés et commerciaux).
Ceci posé, il y aurait une première période
de préstabilisation — très courte —' pendaut
laquelle on prendrait des mesures (qu'éna.
mère le comité) pour préparer la stabilisa-
tion de fait. *
Dans la deuxième période — celle de la sta-
bilisation de fait — la Banque régulariserait
ie change par des achats et ventes de devises
à un cours fixe.
Une fois établie la stabilisation de fait, defc
lois édicteraient la stabilisation de droit :
elles fixeraient la nouvelle unité monétaire
(dévaluation du frajoc) , réglerait les ivànces
de la Banque à l'Etat sur la base d'une en-
caisse revalorisée, et transformeraient en
obligation légale la charge assumée par la
Banque de maintenir un taux fixe de change.
Les pensions des mutilés
Plusieurs informations ont annoncé que le
rapport des experts proposait sur les pen.
sions aux mutilés, de 10 à 15 0/0, des écono-
mies, pouvant atteindre près d'un «m**
- et demi.
Nous sommes autorisés à déclarer que
rapport ne contient rien de semblable.
Détente au Palais-Bourbon
Dans les milieux politiques du Palais-Bour-
bon, on s'entretenait uniquement, hier, des
conclusions du rapport des experts et. l'on
faisait remarquer qu'une détente s'était pro-
duite depuis leur publication.
On considère comme difficile au. Parle-
ment de refuser à M. Briand la confiance
qrfi-1 'a mise' en des spécialistes qui ne se
sont nullement préoccupés, des contingences
politiques et des querelles de partie.
Une entrevue financière à Antibes ?
Le New York HeraJd écrit qu'il a peu de
chance de voir M. Benjamin Strong, prési-
dent de la Federal Reserve Bank venir, à Pa-
ris d'Antiibes, où il suit actuellement un
traitement. Cependant, il sera facile pour lui'
de communiquer avec les autorités de la
Banque de France si celles-ci le désirent, par
d'intermédiaire d'émissaires envoyés de Pa-
ris pour conférer tant avec lui-même qu'avee
le président de la. Banque d'Angleterre, qui
se trouve aussi à Antibes.
Il est possible également que M. Moreau,
gouverneur de la Banque de France, se rende
à son tour sur la côte d'Azur pour conférer
avec les deux financiers étrangers.
Meilleure tenue du franc
Sur le marché des changes, où les transac-
tions ont été beaucoup moins nerveuses que
la veille, on a enregistré hier un mouvement
de reprise du franc.
La livre sterling, qui a déibuté à 181, pour
s'avancer à 182, est revenue à midi à 180, en
recul ainsi de 3 points 1/2 sur les cours pra-
tiqués la veille après-Bourse. Le dollar. »
valu successivement 37.20, 37.40 et 37.00.
Franc,. belge indécis à 99.
COURSES A SAINT-CLOUD
Le Prix du Président
de la République
La grande semaine dont le Grand Prix tnar-
que l'apothéose marquait également, autre-
fois. la fin de la saison mondaine à Paris.
Aujourd'hui, il n'en est plus ainsi, la série
des grandes réunions sportives se prolonge
jusqu'à la fin de juillet, grâce aux sacrifices
que s'est imposés la Société Sportive d'En-
couragement. Demain, c'est le Prix du Pré-
sident de la République, doté de 380.000 fr.;
le 14 juHlet, le Prix des Maréchaux de
100.000 francs, quelques jours après nous
avons à Maisons-Laffitte le Prlix Eugène-
Adam de l&ô.000 francs. Et pour terminer.
le dernier dimanche, nous aurons deux prix
de 50.000 francs.
Le Prix du Président nous apparaît tout
d'abord comme la répétition du Grand Prix.
En dehors du vainqueur auquel son proprié-
taire a sagement décidé' de donner du re-
pos, nous retrouvons Biribi, Masked Ruler,
Cranach, Fergus, Madrigal, Abrek, Feu Fol-
let, Astérus et Céruléa qui ont fini à peu près
dans cet ordre derrière Take mi Tip.
Dans ce lot, Masked Rulèr a donné l'im-
pression de terminer avec plus de ressour-
ces que ses adversaires: il avait sur ceux-ci
l'avantage de ne pas avoir pris part au Der-
by. Biribi, au contraire, a soutenu dans les
deux occasions une lutte sévère dont il est
en droit de se ressentir. Quant à Madrigal,
le valqueur de Chantilly, nous ne'le verrons'
au poteau que si le terrain n'est pas aussi.
ferrte que ces jours derniers.
Parmi les nouveaux venus, Nino attire
Le Numéro : VINGT-CINQ CENTIMES
DIMANCHE 4 JUILLET 1926. — N 20 316
Fondateurs (1869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ALOiNNEAlbiN la.
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au Directeur
* Fondateurs ( 1869) :
VICTOR HUGO
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ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
SS, boulevard de S-t:ra.s3DO\xrsr, PEJ:S-:x:e
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES: -
Rédaction et Administrations : Hert 24-90,24-91. — Après 10 heures du soir: louvrre 04-36
--..d ..,' TRIBUNE LIBRE
- - 1
En Français
— >> •- « ——
C'est d'Amérique, aujourd'hui, que
nous viennent les avis, les conseils, les
offres de collaboration financière.
Il y a là une part de cordialité et un
exemple dont nous pouvons nous réjouir.
Oui, l'exemple est bon. La jeune Amé-
rique nous prouve que la vieille Europe
n'a pas encore su s'organiser. Sans ce
contraste vivant qu'elle nous offre, nous
l'aurions ignoré longtemps encore.
Nous avons beaucoup à prendre au-
jourd'hui, outre-Atlantique, après y avoir
beaucoup apporté.
Ce rassemblement des forces d'un
vaste pays qui justifie vraiment son titre :
(( Etats-Unis », rien n'empêche, en ef-
fet, de l' appliquer progressivement à
l'Europe, en y respectant les différences
de races, de climat, de besoins, en l'arti-
culant ainsi qu' en Amérique.
Le groupement en associations, en co-
mités d'études, de recherches, des diver-
ses corporations qu'ils ont là-bas, nous
l'avons à peine ébauché. Finissons de
l'organiser.
Faisons que le producteur français
ait, comme là-bas, une part effective
dans la direction des affaires du pays.
L'avons-nous assez demandé ici-même!
Que, comme là-bas, la lutte sociale
perde de son acuité, par la satisfaction
des besoins, par l'accession au bien-être
du plus grand nombre, c'est également
souhaitable.
Les idées qui nous parviennent d'Amé-
rique sont surtout de cet ordre. La ques-
tion qu'elles traitent ou résolvent, 1 or-
ganisation pratique, est pour nous la plus
importante, la plus vitale actuellement,
de ce fait qu'elle fut la pljis négligée.
Nous le savon.s. Nous le sentons.
Cepçnjfcnt, ce qui vient de là-bas
nous semble surtout mercantile, trop ba-
sé sur la finance, trop à la merci de quel-
ques-uns qui en tiennent les fils. Som-
mes-nous donc républicains autrement
qu eux ? Ces rassemblements en trusts,
en fortunes formidables ne nous disent
rien. Ce système, comme nos systèmes
financiers, dévoilera peut être plus tard
les inconvénients de sa féodalité.
Et puis, cet amour du gigantesque ne
nous a pas encore pris.
Est-ce notre esprit de routine seule-
ment qu'il faut accuser de ce manque
d'entrain? Plus encore, reconnaissons
que ce qui convient à l'Américain peut
ne pas nous convenir entièrement.
Lui a rompu ses attaches de civilisa-
tion ancienne pour vivre sur un sol neuf.
Pour nous, ces liens subsistent intégrale-
ment dans notre immobilité.
On ne crée pas spontanément les ci-
vilisations. Ce ne sont que le temps et les
sacrifices en commun qui les affirment.
Etre jeune et bien portant ne suffit
pas pour faire un professeur. On peut
être un exemple. Exemple bon à suivre
mais qu'il faut compléter d'une mentalité
plus faite.
Aucun des pays jeunes, estimés ainsi
S leur valeur, ne nous démentira. N'est-
ce pas chez nous que ceux de leurs ci-
toyens qui veulent penser viennent forti-
fier leur pensée, la compléter de ce qui
est l'agrément délicat de la vie, sa part
proprement spirituelle dans le naturel :
les lettres et les arts, et voire même les
sciences.
Le souci de ce que nous avons à main-
tenir dans ces idées nous commande,
pour progresser, un compromis entre la
méthode américaine et la nôtre, une al-
liance de leur pratique et de notre men-
tal habituel qui pourrait bien, si nous sa-
vons l'effectuer, nous Temettre au pre-
mier plan avec toutes nos qualités enco-
re accrues. -
Evolués ainsi, nous reprendrions une
jeunesse nouvelle complétée de notre sa-
gesse acquise, sagesse qui ne comporte-
rait plus guère de désirs, sinon celui d'é-
tendre encore ce rayonnement moral
qu'on nous a accoutumés de considérer
comme notre patrimoine et que nous de-
yons continuer à justifier.
Ne - refusons donc pas les idées du
dehors dans le domaine où elles peuvent
nous bonifier mais repoussons énergi-
quement toute ingérence générale étran-
gère qui tendrait à nous prendre en re-
morque.
Aucune n'est encore en puissance de
nous régenter. Aucune ne peut, d'ail-
leurs, convenir à notre liberté.
Il y a en France autant de forces et
plus d'idées qu'en aucun pays du monde,
jût-il le plus neuf. A nous d'en disposer
pour qu'elles deviennent plus visibles en-
core et surtout plus effectives.
Remercions donc comme ils le méri-
tent les financiers et commerçants des
Etats-Unis qui s'intéressent à notre relè-
vement et indiquons leur surtout com-
bien ils peuvent le faciliter dès aujour-
d'hui, par la suppression de notre dette
de guerre. Ils doivent aisément compren-
dre qu'ils ne peuvent, dans leur richesse,
la réclamer à un pays à peine remis d'a-
voir lutté, avec leur aide, c'est vrai, mais
de tout son corps meurtri, pour la liberté
du monde, et plus rudement encore qu'il
,ne lutta, jadis, pour la leur.
Henri VINCENT.
EDITORIAL
Accès de vertu
La crise qui nous étreint,
prêtant fort à rire, la Cham-
bre s'est gaussée tout un
jour de l'aventure de M.
Maurice de Rothschild.
N'est-elle pas fort plai-
- sante, en effet ? - --
M. Maurice de Rothschild siège à la
Chambre des députés depuis deux ans,
sans en avoir le droit.
Il était toléré dans la salle des séan-
ces sans pouvoir piper ni voter. Le mo-
dèle des « muets du sérail ».
Il était le seul député dans ce cas. Il
formait ainsi à lui seul le groupe original
et peu encombrant des non-validés.
Son élection danse les Hautes-Alpes
avait été contestée dès l'origine. Elle
avait donné lieu à une enquête. Des
incidents scandaleux s'étaient produits, à
quoi fut mêlé un M. Cluzel, député so-
cialiste.
Bref, toute une Histoire, et des his-
toires à n'en plus finir.
Le dénouement s'est produit avant-
hier. Malgré un avis favorable du rap-
porteur de la commission d'enquête, M.
de Rothschild a été invalidé.
Ce fut, en vérité, une noble explosion
de vertu, et je comprends qu'il se soit
trouvé une majorité pour affirmer ces
principes d'abnégation, de désintéresse-
ment; d'austérité, de rigorisme qui pré-
sident aux campagnes électorales.
Nul n'ignore que les quatre-vingts ou
cent millions dépensés par les divers Par-
tis à l'occasion des dernières élections ont
été uniquement consacrés à des œuvres
de bienfaisance. Il n'y a pas d'exem-
ple non plus de l'intervention des pré-
fets, des sous-préfets et des fonction-
naires dans la préparation et la défense
dès listes électorales. La manne offi-
cielle est un mythe ou une calomnie,
et nul n'ignore que les élus ne doivent
jamais leur .élection, qu'à leur talent, à
leur mérite, et à leurs vertus.
M. de Rothschild faisait évidemment
tache dans un aréopage de rosières po-
litiques. Tous les « Prix de Vertu »,
qui avaient à le juger, sentaient « le
rouge de la honte leur monter au front ».
D'ailleurs, comme on le chante dans la
« Belle Hélène » : « son nom seul dis-
pense d'en dire plus long ».
Pour prononcer l'ostracisme, il ne
manquait en séance que ce pauvre M.
Jean Hennessy, dont les campagnes
électorales sont fameuses par leur parci-
monie et leur frugalité.
Malheureusement, M. Jean Hennessy
a exporté sa misère en Suisse, et nous
avons.perdu une belle occasion d'enten-
dre ce fils spirituel de M. de Monthyon
nous tenir un grand discours contre la
corruption électorale.
Avec cette logique rigoureuse, qui est
fia règle, la Chambre a donc. invalidé
M. de Rothschild après avoir, naguère,
validé M. Hennessy.
Il est vrai que M. Hennessy « était
du Cartel » (et comment !) cependant
que M. de Rothschild n'en est pas. La
vertu est aussi une question de groupe.
Quoi qu'il en soit, M. Maurice de
Rothschild ne doit pas être fâché d'être
relevé de sa position malcommode.
Je l'ai déjà écrit, je crois, il n'était
depuis deux ans, assis au Palkis-Bour-
bon que sur une fesse. C'est pour déter-
miner à la longue,^si ce n'est la cram-
pe des écrivains, du moins celle des ca-
valiers,
Quand il reviendra à la Chambre —
car ses électeurs sont, paraît-il, tentés
de l'y renvoyer - il n'aura qu'à chan-
ger de fesse.
La gauche après la droite. Une fois
son postère doré. en parfait équilibre, il
comprendra enfin toutes les subti-
lités de la vertu et de la politique.
Seulement, même en y mettant le
prix, il ne pourra jamais dire que « la
lumière lui est .venue d'en Haut ».
Edmond du MESNIL
Nous ne nous sauverons que s'il y a encore
place, entre des inquiétudes et des appétits,
pour des volonlés.
C.-J. GIGNOUX.
(La « Journée Industrielle »)
UN AVION TOMBE
L'accident de Tachov
L'identité des victimes correspond
aux voyageurs partis de Paris
L'avion commercial qui, se rendant de Nu-
remberg à Prague, s'est écrasé sur le sol,
vendredi, à Tachov, en Tchécoslovaquie, était
un tri-moteur appartenant à la Compagnie
Franco-Roumaine de navigation aérienne. Il
était piloté par l'aviateur Perrotey, a
L'avion emportait, outre le pilote et le mé-
canicien, quatre voyageurs. Ces six personnes
ont été tuées.
Au siège de la compagnie Franco-Roumai-
ne, on déclare ne pouvoir communiquer au-
cun renseignement, tant sur l'accident lui-
même que sur l'identité des victimes.
Nous avons pu néanmoins savoir, par une
enquête personnelle, que quatre voyageurs
étaient partis avant-hier de Paris avec des
billets pour les au delà de Nuremberg. C'é-
taient : M. Couteaux, qui se rendait à Cons-
tantinople; M. et Mme Dawson, à destination
de Prague, et M. Drang, à destination de
Vienne.
Suivant une dépêche de Strasbourg, arri-
vée cette nuit, l'identité des victimes corres-
pondrait à celle des voyageurs partis de Paris.
————— L --..-.
Pour l'amélioration
des races humaines
L'examen médical prénuptial est recommandé
par les Eugéniques
La Fédération internationale des organisa-
tions d'eugénique, qui ont pour but l'améliora-
tion des races humaines, vient de tenir une
conférence à Paris, au siégé de la Ligue des
Sociétés de la Crotx-Rquge, sous la prési-
dence du major Léonard Darwin.
L'èxamen médical prénuptial, les mariages
consanguins et l'immigratîon ont fait l'objet
d'intéresàants rapports qui furent suivis de
discussions très animées. Les communications
concernant la première question ont montré
notamment que l'examen médical prénuptial
tend à se généraliser, et qu'il est même rendu
obligatoire en Norvège, en Suède, au Dane-
mark, en Turquie, et dans diverses régions
des Etats-Unis.
—— —-— t 8H-48 <
M. Mellon vient en Europe
Washington, 3 juillet. — M. Mellon, secré-
taire du Trésor, s'embarquerait le 14 juillet
pour l'Europe. Il dément avoir échangé des
notes avec M. Caillaux au sujet de l'accord
sur .les dettes, ajoutant qu'il éviterait toute
conversation officieuse ou officielle, de ma-
nière à ne pas influencer le Parlement fran-
çais..
M. BINET VA-T-IL AGIR ?
Le scandale du pain
Il est nécessaire d'arrêter les manœuvres
de la spéculation
Renouvelant les déclarations qu'il avait fai-
tes à la Chambre, M. Binet, ministre de l'Agri-
culture, a annoncé vendredi au Sénat que des
mesures exceptionnelles étaient envisagées
pour juguler la spéculation sur les blés.
Quelles sont ces mesures envisagées par le
ministre ? La réquisition, la taxation ? Peut-
être. en tout cas, on peut affirmer que le pro-
jet de « déclaration obligatoire des récoltes ».
est d'ores et déjà mis à l'étude.
Cette déclaration existe pour le vin, si bien
que l'on sait, à tout instant, et à quelques
hectolitres près, ce qu'est notre production
annuelle de vin. Pour le blé, au' contraire, on
reste dans l'imprécision, on n'a que des esti-
mations, des à peu près, ce qui permet aux
agioteurs d'imaginer ou tout au moins d'uti-
liser tous les bruits qui sous-estiment ou qui
exagèrent l'importance de la moisson.
Une protestation des boulangers
Yvetot, 3 juillet. — Au cours de la der-
nière réunion, le syndicat de la. boulangerie
d'Yvetot a voté l'ordre du jour suivant :
« Considérant que le scandale du blé et du
grain grandit chaque jour, le blé ayant at-
teint une augmentation de 750 0/0 depuis
1914, que cette augmentation est injustifiée
et due à la spéculation.
« Invite M. le ministre de l'agriculture à
prendre, à l'avenir, des mesures plus éner-
giques, goit par la réquisition ou la déclara-
tion des récoltes panifiables et même aller
jusqu'à la taxe, si besoin est, afin d'éviter
toute hausse illicite. »
Un conflit à Aigueperse
Crmôn;tFrrand. 3 juillet. — Les bou-
langers d'Aigueperse avaient porté le prix
du pain à 2 fr, 50 le kilo à. partir du 1er juil-
let. Ge prix étant supérieur à la taxe, des
procès-verbaux ont été drèssés. En signe de
protestation, les boulangers ont fermé leurs
boutiques.
LA RESIDENCE FUTURE
d'Abd el Krim
Au ministère des Affaires étrangères, on
déclarait ce matin que, contrairement à la
nouvelle qui a* été publiée, aucune décision,
même de principe, n'a été prise jusqu'à pré-
sent en ce qui concerne la résidence future
d'Abd El Krim.
Il semble bien que le roghi sera interné
dans une colonie française de l'Afrique, mais
aucun accord n'est intervenu entre les gou-
vernements espagnol et français sur le choix
de cette colonie. • -
INDEPENDENCE DAY
Un discours de M. Chapsal au banquet
de la Chambre de Commerce américaine
-————————
Pour célébrer le jour anniversaire de l'In-
dépendance américaine,- qui tombe comme
on le sait, le 4 juillet, — la, Chambre de
commerce américaine a offert, hier soir,
un grand banquet auquel assistait M. Myron
T. Herryck, ambassadeur des Etats-Unis. Le
gouvernement français y était représenté par
M. Chapsal, ministre du commerce, et la
Ville de Paris par M. Godin; président du
Cônseil municipal. M. Briand, parti à Co>che-
rél, avait délégué pour le remplacer, M. De-
jean, sous-directeur au ministère des affai-
res étrangères.
Une allocution de M. Chapsal
Au dessert, plusieurs discours ont été pro-
noncés, M. Fernand Ohapsal, prenant la par
role après M. Benjamin H. Conner, président
de la Chambre de commerce américaine, s'ex-
prima notamment en ces termes :
« .Pour exprimer les sentiments qu'éprou-
vent les cœurs français en ce jour solennel,
et donner à votre réunion un éclat en rap-
port avec son objet, il aurait fallu l'élo-
quence et l'autorité du chef du gouverne-
ment, de M. le président Briand; mais les
responsabilités si complexes qu'il a assu-
mées ne lui, ont pas permis d'apporter lui-
même à la République sœur, le salut de la
France, et je vous prie de. trouver dans mes
paroles l'expression de ses sincères regrets.
« S'il est vrai que les fondateurs de l'In-
dépendance américaine ont tiré leurs prin-
cipes des doctrines françaises, s'il est vrai
que Franklin, Jetferson, Washington, sont les
fils spirituels de Rousseau, de Voltaire et des
encyclopédistes, il est vrai aussi qu'ils ont
été les premiers à traduire en vivantes réali-
tés tous ces enseignements qui sont à la base
de la Révolution française.
« La lumière bienfaisante projetée par
l'étoile de France a dirigé les premiers pas
de V09 glorieux ancêtres.
« Ce ne sont pas seuQement les formules
de l'épiancipation humaine exprimées par
nos auteurs qui ont, il y a 150 ans, traversé
l'Océan : c'est également notre vieille mo-
narchie qui a mis au service des idées nou-
velles, que voue vouliez faire triompher, les
escadres de l'amiral d'Estaing, de l'amiral
Ternay, du comte de Grasee ; et vous vous
rappelez que c'est le comte de Grasse qui,
par son concours décisif, permit de faire ca-
pituler lord Cornwallis.
« .Comme vous, monsieur le président,
qui le disiez tout à l'heure en termes si auto-
risée, nous pensons qu'une grande amitié
entre deux peuples trouve sa force en elle-
même, en une foule d'éléments impondéra-
blés qui rélèvent du cœur beaucoup plus que
de l'intelligence ; sans' doute, une commu-
nauté d'intérêts matériels est de nature à
renforcer une telle amitié, mais une diver-
gence de ces mêmes intérêts ne saurait l'at-
teindre.
« Pour l'organisation définitive .de la Paix,
pour le juste règlement des difficultés con-
sécutives à la guerre, nos gouvernements res-
pectifs ont dû. et ont encore à délibérer. Sur
certaines questions économiques, des diver-
gences existent entre nous, mais une étude
approfondie de nos drpits et de nos devoirs,
un souci ardent d'équité nous permettront de
les faire disparaître et d'établir nos relations
commerciales d'une façon plus étroite et
plus durable.
« Il m'est d'ailleurs agréable, de témoigner
— ,et mon témoignage est celui d'un homme
qui, l'automne dernier, est allé dans votre
belle capitale fédérale — que nos délibéra-
tions sont toujours empreintes de confiance
et d'estime réciproque. Je souhaite que cette
estime et cette confiance s'accentuent davan-
tage et se fondent sur une connaissance et
une compréhension encore plus complètes
des tendances et des aspirations de nos deux
pays.
« Laissez-moi, messieurs, compter beau-
coup sur votre chambre de commerce pour
arriver à la réalisation de ce souhait et as-
surer cette pénétration de nos deux mentali-
t. Que de malentendus seront évités par
nos persistants efforts et notre souci de
loyauté réciproque! ,
« Je porte la santé de S. E. M. Myron Her-
rick,, ambassadeur des Etats-Unis, que tons
mes concitoyens entourent d'une si déférente
sympathie et qui est regardé comme un
grand et sincère ami de la France.
« Je bois à M. le président de la chambre
de commerce américaine et à ses collègues,
à la colonie américaine qui est le témoin quo-
tidien et vigilant de notre vie nationale, de
nos peines, de nos efforts et de nos espoirs.
« Je. lève mon verre en l'honneur du gou-
vernement fédéral.et de M. le président Coo-
lidge, que j'ai eu le grand privilège de saluer
personnellement l'année dernière, à la Mai-
son Blanche,. et je fais des vœux pour la
prospérité et l'amitié fraternelle de nos deux
Républiques. 1
c Je. salue très amicalement mon éminent
collègue, M. le sénateur Henry Bérenger,
ambassadeur de France à Washington, et je
lève rnog yene.; ,®.n ;
POUR LE REDRESSEMENT FINANCIER
Les experts réclament des mesures
énergiques et immédiates
-————— .c —
Ils se prononcent contre toute inflation et proposent
la stabilisation par des crédits extérieurs
IÀ
Les conclusions du, rapport des experts,
qui devaient être rendues publiques hier, ne
ie seront qu'aujourd'hui. Ce retard ne sem-
ble imputable qu'à des raisons d'ordre ex-
clusivement matériel, l'impression du rap-
port, très volumineux, ayant demandé des
délais ph{~s longs qu'on ne l'avait escompté.
Dans les ?nilieux gouvernementaux on
confirme que 3f. Caillaux est d'accord avec
les experts sur la plupart de leurs sugges-
tion. et s'en inspirera largement dans ses
projets dont les services techniques de la
rue de Rivoli achèvent actuellement la mise
au point.
Comme M. Aristide Briand l'a annoncé, le
débat de mwdi s'ouvrira par un exposé de
M. Caillaux sur la situation financière. Le
ministre, affirme-t-on, mettra la Chambre en
présence des trois solutions proposées au
problème financier : la solution socialiste,
par la déflation massive et le prélèvement
sur le capital; la solution inflationniste; en-
fin, la sienne, c'est-à-dire l'assainissement
par les meSllrc, qu'ont retenues les experts
et qu'il fera siennes.
Le ministre des Finances fortifiera ses dé-
clarations d'un exposé complet de la situa-
tion de la Trésorerie, situation à l'améliora-
tion de laquelle, dira-t-il, on ne peut appor-
ter aucun retard. Le débat s'engagera tm-
suite..
Le rapport des experts
Le Journal des Finances - où, collabore
M. Gaston Jèvc, professeur à la faculté de
droit de Paris et membre du Comité des ex-
perts — publie du rapport des experts l'ana-
lyse suivante, que nous reproduisons :
Dans ses conclusions, le Comité des experts
déclare qu'il s'est proposé un triple but :
1. L'équilibre rigoureux du budget;
2. L'aisance de la trésorerie;
3. La stabilité de l,a monnnie..
Pour atteindre ces objectifs, le Comité
propose les mesures suivantes :
1. Etablir et aménager des recettes exten-
sibles et à rendement immédiat;
2. Comprimer énergiquement les dépenses
de l'Etat;
3. Ecarter le recours direct ou indirect aux
avances de la Banque de France pour la cou-
verture des dépenses nouvelles de l'Etat, en
d'autres termes, exclure l'inflation.
4. Réduire graduellement les avances de la
Bauque - l'Etat, afin de fortifier la couver-
ture du billet de banque;
5. Assurer la bon fonctionnement de la
Trésorerie, la ramener à son rôle normal en
la déchargeant d'une partie importante de la
dette flottante;
6. Entreprendre, par des opérations de con-
solidation volontaire, la transformation, en
titres amortissables, des bons de la Défense
nationale et des bons du Trésor à court ter-
ma;
7. Réaliser à bref délai, avec le concours
de la Banque, la. stabilité monétaire; retenir,
atirer et. faire rentrer les capitaux;
8. Préparer le retour prochain à la libre
circulation des capitaux. A cet effet contrac-
ter, en des monnaies étrangères, des em-
prunts à aussi long terme que possible et ob-
tenir des crédits au dehors;
9. Poursuivre une politique économique qui
permette d'atténuer la crise inévitable, con-
séquence du retour à la monnaie saine et de
rétablir la prospérité du pays.
Le Comité croit qu'il ne faut pas gagnaer
au pays que la restauration financière s'ac-
compagnera do difficultés et de souffrances.
Tout ajournement ne ferait que les aggraver.
Le programme, déclare le Comité, repose
sur l'exacte observation des engagements de
l'Etat et sur le règlement des dettes inter-
alliées. Dans son rapport, le Comité insiste
sur la nécessité d'une ratification de l'accord
franco-américain.
Le problème de la Trésorerie
Le problème de la Trésorerie a rcnu, très
longuement l'attention du comité. Un chapitre
très important est consacré à cette question.
Voici comment le comité estime pouvoir
faire faoe à la. dette flottante (Bons de. la Dé-
fense Nationale, Bons du Trésor ordinaires et
Bons du Trésor à court terme).
Il écarte la consolidation forcée, le prélève-
ment sur le capital et l'emprunt forcé.
Il se prononce pour une politique de conso-
lidation volontaire progressive des Bons de
la Défense; il préconise, pour aussitôt que
possible, un emprunt de consolidation volon-
taire, répondant aux conditions du marché et
au légitime désir de sécurité des souscripteurs
(emprunt avec garantie de change et taux
d'intérêt du marche financier).
En attendant, il propose de séparer, de la.
Trésorerie, les Bons de la Défense.
.La gestion de ces bons serait confiée à une
caisse de gestion, administrée par la Caisse
des dépôts et consignations.
Cette caisse de gestion assurerait le ser-
vice de l'intérêt, du renouvellement et du rem-
boursement des bons.
La caisse de gestion aurait des ressources
diverse, annuités budgétaires, dotation ini-
tiale, affectation des recettes des tabacs).
La dotation initiale consisterait dans une
somme de 4 milliards de francs à prélever sur
le premier emprunt étranger à réaliser immé-
diatement. Une augmentation de cette dota-
tion résulterait d'un prélèvement sur les
emprunts étrangers ultérieurs.
Une autro ressource de la caisse de ges-
tion consisterait dans l'affectation des recet-
tes des tabacs. Un office des tabacs serait
créé; les recettes nettes seraient versées à la
caisse de gestion à valoir sur les annuités
budgétaires. Grâce à cette affectation, la
caisse pourrait, en cas de besoin, se faire con-
sentir, sur le marché intérieur, des avances
temporaires au moyen de délégations, soit
auprès du public, soit auprès des banaues pri-
vées, soit, à défaut, auprès de la Banque Aa
France. -
Les avances ainsi obtenues. seraient rem-
boursées sur les sommes à provenir de la cos-
tre-valeur des emprunts étrangers.
Entourés de toutes les garanties, les Bons
de la Défense, déclare le comité, conserve-
raient la faveur du public.
Pour que le public exerce son contrôle sur
la caisse, un bilan serait publié tous les quinze
jours par ladite caisse.
La stabilisation de la monnaie
La stabilisation de la monnaie est un autr*
gros chapitre du rapport.
Le comité propose de faire cette stabilisa-
tion par étapes, et d'y faire procéder par li
Banque de France.
La première chose à faire, d'après le c.,)o
mité, est de constituer un stock considérable
de devises et de francs. Ce stock serait com-
posé de l'encaisse de la Banque, de crédits
à court et à long terme (emprunt Morgan,cré
dits auprès des banques d'émission étrangè-
res. crédits privés et commerciaux).
Ceci posé, il y aurait une première période
de préstabilisation — très courte —' pendaut
laquelle on prendrait des mesures (qu'éna.
mère le comité) pour préparer la stabilisa-
tion de fait. *
Dans la deuxième période — celle de la sta-
bilisation de fait — la Banque régulariserait
ie change par des achats et ventes de devises
à un cours fixe.
Une fois établie la stabilisation de fait, defc
lois édicteraient la stabilisation de droit :
elles fixeraient la nouvelle unité monétaire
(dévaluation du frajoc) , réglerait les ivànces
de la Banque à l'Etat sur la base d'une en-
caisse revalorisée, et transformeraient en
obligation légale la charge assumée par la
Banque de maintenir un taux fixe de change.
Les pensions des mutilés
Plusieurs informations ont annoncé que le
rapport des experts proposait sur les pen.
sions aux mutilés, de 10 à 15 0/0, des écono-
mies, pouvant atteindre près d'un «m**
- et demi.
Nous sommes autorisés à déclarer que
rapport ne contient rien de semblable.
Détente au Palais-Bourbon
Dans les milieux politiques du Palais-Bour-
bon, on s'entretenait uniquement, hier, des
conclusions du rapport des experts et. l'on
faisait remarquer qu'une détente s'était pro-
duite depuis leur publication.
On considère comme difficile au. Parle-
ment de refuser à M. Briand la confiance
qrfi-1 'a mise' en des spécialistes qui ne se
sont nullement préoccupés, des contingences
politiques et des querelles de partie.
Une entrevue financière à Antibes ?
Le New York HeraJd écrit qu'il a peu de
chance de voir M. Benjamin Strong, prési-
dent de la Federal Reserve Bank venir, à Pa-
ris d'Antiibes, où il suit actuellement un
traitement. Cependant, il sera facile pour lui'
de communiquer avec les autorités de la
Banque de France si celles-ci le désirent, par
d'intermédiaire d'émissaires envoyés de Pa-
ris pour conférer tant avec lui-même qu'avee
le président de la. Banque d'Angleterre, qui
se trouve aussi à Antibes.
Il est possible également que M. Moreau,
gouverneur de la Banque de France, se rende
à son tour sur la côte d'Azur pour conférer
avec les deux financiers étrangers.
Meilleure tenue du franc
Sur le marché des changes, où les transac-
tions ont été beaucoup moins nerveuses que
la veille, on a enregistré hier un mouvement
de reprise du franc.
La livre sterling, qui a déibuté à 181, pour
s'avancer à 182, est revenue à midi à 180, en
recul ainsi de 3 points 1/2 sur les cours pra-
tiqués la veille après-Bourse. Le dollar. »
valu successivement 37.20, 37.40 et 37.00.
Franc,. belge indécis à 99.
COURSES A SAINT-CLOUD
Le Prix du Président
de la République
La grande semaine dont le Grand Prix tnar-
que l'apothéose marquait également, autre-
fois. la fin de la saison mondaine à Paris.
Aujourd'hui, il n'en est plus ainsi, la série
des grandes réunions sportives se prolonge
jusqu'à la fin de juillet, grâce aux sacrifices
que s'est imposés la Société Sportive d'En-
couragement. Demain, c'est le Prix du Pré-
sident de la République, doté de 380.000 fr.;
le 14 juHlet, le Prix des Maréchaux de
100.000 francs, quelques jours après nous
avons à Maisons-Laffitte le Prlix Eugène-
Adam de l&ô.000 francs. Et pour terminer.
le dernier dimanche, nous aurons deux prix
de 50.000 francs.
Le Prix du Président nous apparaît tout
d'abord comme la répétition du Grand Prix.
En dehors du vainqueur auquel son proprié-
taire a sagement décidé' de donner du re-
pos, nous retrouvons Biribi, Masked Ruler,
Cranach, Fergus, Madrigal, Abrek, Feu Fol-
let, Astérus et Céruléa qui ont fini à peu près
dans cet ordre derrière Take mi Tip.
Dans ce lot, Masked Rulèr a donné l'im-
pression de terminer avec plus de ressour-
ces que ses adversaires: il avait sur ceux-ci
l'avantage de ne pas avoir pris part au Der-
by. Biribi, au contraire, a soutenu dans les
deux occasions une lutte sévère dont il est
en droit de se ressentir. Quant à Madrigal,
le valqueur de Chantilly, nous ne'le verrons'
au poteau que si le terrain n'est pas aussi.
ferrte que ces jours derniers.
Parmi les nouveaux venus, Nino attire
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