Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-12-31
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 décembre 1899 31 décembre 1899
Description : 1899/12/31 (N10887). 1899/12/31 (N10887).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7551822n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINQ CENTIMES ïo Numéro;
PHRiS A DÉPflR I blWkW 13
Le Numéro; CINQ CE'NT:rl\ŒE!:-
FONDATEUR: AUGUSTE VACQUERII
, ABONNEMENTS
- tmit Trois mois Sil 101. ®B U
^aris.. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.. 2— 6— il— 20 —
Union Postale. a - 9 -l6 - 32 -
jfril 3ËÎ lHa J^ï
f - AUGUSTE VACQUERtE
fjJHOATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF & CU
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAL
REDACTION : 131, rue alontmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à i heure du mathl
N'103S7 — Dimanche 31 Dépembre 1S39
9 NIVOSSAN 103
A.0411'Vlr- t rîl* r 4SI, Pllt) Uaatii 131
r mm*.' Adresrap lettres et maniztt à pAdministrateur
-:-" NOS LEADERS
Les Boers
Rien de changé dans la situation, ce
qui signifie que les Anglais n'ont pas
fait un pas en avant. Au contraire, ils
battent en retraite, quoiqu'ils en disent,
et les Boërs se fortifient partout où ils
ont des positions faciles à défendre. Les
Boërs I Çà n'est plus cette petite armée
de 50,000 hommes que les généraux bri-
tanniques devaient avaler en une pro-
menade militaire ! C'est tout un peuple
ou plutôt toute une race qui se lève
pour revendiquer son droit à l'existence.
A cette heure, les Boërs sont au nombre
de cent mille.
Pour bien apprécier la guerre effroya-
ble et injuste que le plus puissant em-
pire du monde a faite à un des peuples
les plus petits, pGur mieux juger de ses
résultats possibles, il faut se demander
ce qu'est la colonie anglaise du Cap.
Un immense territoire où les Anglais
sont en minorité contre les descendants
des Hollandais, les premiers détenteurs
du sol, contre les descendants des hu-
guenots français chassés par l'édit de
Nantes, contre les colons de race alle-
mande. Or, Hollandais, Français et Alle-
mands, alliés, unis, confondus depuis
deux siècles dans une seule et même
race, constituent une sorte de race nou-
velle, les Afrikanders du Cap, ce que,
dans la langue anglaise on appelle : l'A-
frikander Bond.
Voyez plutôt : A côté du général
Kronje, néerlandais pur, voici Kriigcr,
le président de la République du Trans-
vaal, lui aussi néerlandais par son père,
mais ayant épousé successivement deux
femmes d'origine française, les deux
sœurs, deux du Plessis, arrières peti-
tes-nièces du cardinal de Richelieu.
Voici encore Joubert, généralissime des
forces des Burghers, appartenant à une
famille française, d'origine bretonne ou
vendéenne. Voyez., mais je ne finirais
pas de citer des noms. Si bien que le
colonel Villebois-Mareuil, qui est allé
offrir ses services au Transvaal et qui
est, depuis quelques jours, le chef
d'état-major de Joubert, se trouve là-
bas, pour ainsi dire, en pays de con-
naissance.
***
Ceci comporte cela. Chaque fois que
les Anglais éprouvent une défaite, un
certain nombre de colons hollandais,
français ou allemands se révoltent con-
tre les Anglais, contre l'autorité colo-
niale du Cap et vont se joindre aux
Boërs du Transvaal et d'Orange, leurs
compatriotes. Donc, à fur et à mesure
que les Anglais amènent, au prix que
vous savez, des renforts dans l'Afrique
Centrale, ces renforts ne peuvent servir
qu'à une chose : renforcer la gendarme-
rie locale pour tenir en respect les po-
pulations hostiles.
A vrai dire, les Anglais n'y ont pas
réussi. A cette heure, toute la popula-
tion afrikander du Cap ..,.¡. la majorité-
est non pas visiblement hostile, mais
insurgée, prête, par conséquent, à
donner la main aux Boers, dès que
ceux-ci paraîtront. Chaque habitant qui
ne va pas rejoindre les Burghers doit
être, si je puis m'exprimer ainsi, doublé
d'un gendarme. Les renforts qu'expédie
le gouvernement britannique ne peu-
vent donc être d'aucune utilité au corps
purement expéditionnaire.
***
L'Angleterre n'est pas capable de di-
riger sur lé Cap des soldats plus aguer-
ris que ceux dont dispose le général
Buller, celui que lord Salisbury 'vient
de remplacer par lord Roberts, simple
satisfaction donnée à l'opinion. Aussi
habile que soit Roberts, il ne pourra
faire davantage que Buller. 11 aura beau
s'y prendre de mille façons ; jamais, il
ne pourra amener contre les Boers
plus d'hommes que celui-ci n'en dispose,
parce qu'il sera obligé d'assurer la do-
mination britannique dans la colonie du
Cap.
Et puis les Boers ne sont pas ces
sauvages que Chamberlain essayait de
ridiculiser. Ce sont des Européens civi",
lisés, qui savent bien tirer, qui ont la
foi patriotique dans l'âme et qui n'ont
pas besoin du confort aristocratique du
soldat anglais. Ils sont en train de dé-
montrer aux militaires de métier que
rien ne vaut, comme armée, le soulè-
vement en masse d'un peuple qui dé-
fend son indépendance. Et leur tactique
défensive provoque l'admiration de tous
les chefs d'état-major qui ont pâli sur
les ouvrages de Piccolomini et les récits
des batailles livrées par Napoléon fer.
Les Boers sont cent mille maintenant.
A coup sûr. ils ont une artillerie supé-
rieure à celle des Anglais. De plus, ils
sont dans leur pays et dans un pays
qu'ils connaissent bien, auquel ils sont
acclimatés, avec des chemins de fer
derrière eux pour les approvisionner,
tandis que les Anglais ont leurs lignes
coupées. Ce n'est donc pas de cent mille
Anglais qu'il suffit pour les battre. Il en
faut au moins le double. Et comment
lord Salisbury les réunira-t-il, à moins
4e dégarnir les Indes ?
Cette guerre est une folie aue Cham-
berlain doit expier durement. Sous peine
de perdre toute l'Afrique australe —
c'est ce que je disais il y a trois mois —
les Anglais doivent, quoi qu'il leur en
coûte, se mettre en mesure de traiter
de la paix. S'ils ne le font pas, ils per-
dront, non seulement le Cap, mais aussi
le Canada, l'Australie et l'Inde qui n'at-
tendent qu'un désastre pour secouer le
joug.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. Lucieu Victor-Meunier
AIMABLE PRINCE
La Gazette de la Croix apprend que le prince
d'Arenberg, lieutenant hors cadre des troupes
du sud-ouest africain, a été arrêté Cà Berlin
sur ordre du commandant supérieur de ce
corps.
Rappelons en deux mots , d'après le
Volkszeitung, qui le divulguait l'autre jour, l'ac-
cusation qui attire à ce prince le désagré-
ment d'être mis en prison. C'est un document
que nous avons déjà publié, mais on le relira
avec intérêt.
» Le prince d'Arenberg avait un domestique
indigène qui lui procurait de jeunes négresses.
» Un jour, ce domestique sortit de l'appar-
temeut du prince.
» Ce dernier, qui le suivait, ordonna à 1:1
sentinelle de garde de tirer sur son domesu-
que.
* Le soldat tira en l'air.
« — Tue cet individu, répéta le prince.
» La sentinelle tira dans les jambes du do-
mestique, là-dessus le prince tira à son tour
un coup de revolver dans le ventre du mal-
heureux qui implorait sa pitié.
« Le prmce lui tira une seconde balle dans
la tête et comme il vivait encore, il prit une
baguette de fusil, l'enfonça dans le crâne du
nègre mourant et fit une bouiilie de la cer-
velle, jusqu'à ce que le malheureux eût rendu
le dernier soupir. »
Aimable prince !
LES ON-DIT
CHMZ NOUS
- La bonne année de M. Loubet.
A l'occasion du nouvel an, le Président
de la République, entouré des ministres et
de sa maison militaire et civile, recevra,
lundi Ier janvier, dans la matinée, à l'Ely-
sée, à dix heures un quart les sénateurs et
à dix heures et demie les députés.
A onze heures, le Président, accompa-
gné des ministres, du sous-secrétaire d'Etat
et de sa maison militaire et civile, se ren-
dra au palais du Luxembourg, chez le pré-
sident du Sénat et, à onze heures et demie,
au palais de la Chambre des députés, chez
le président de la Chambre.
A deux heures, le Président, ayant au-
près de lui les cardinaux, les ministres, le
sous-secrétaire d'Etat, le grand chancelier
de la Légion d'honneur, le général gouver-
neur militaire de Paris et sa maison mili-
taire et civile, recevra le corps diplomati-
que et les délégations des grands corps de
l'Etat et des administrations publiques.
- Le nouveau ministre de Chine à
Paris sera reçu aujourd'hui à l'Elysée par
le président de la République pour la re-
mise de ses lettres de créance.
EN PASSANT
Vous verreç que le ? décembre 1851, cette
date que les vieux républicains ne se rap-
pellent qu'avec horreur, cette journée où la
Loi fut bâillonnée, la Constitution violée,
la Chambre empoignée par un bandit qui
trahissait son serment; le 2 Décembre de
la maison Sallandrouçe et des fusillades
sur le boulevard Montmartre; le 2 Décem-
bre bonapartiste par qui le sang coula dans
les rues,\et pour qui les bagnes de Lam-
bessa s'emplirent de fÓrçats innocents; le
2 Décembre qui conduisit la France dans
Ventonnoir sinistre de Sédan par une pente
uatur elle et fatale; le 2 Décembre, enfin,
des Châtiments de Victor Hugo deviendra
peu à peu sous la plume élégante et scep-
tique de nos auteurs à la mode, et cela, en
pleine République revenue, quelque chose
d'heureux et de folâtre, de brillant et de
glorieux. A quand la rue « du 2 Décem-
bre? » Elle existait jadis ! qu'on la revoie :
nul ne s'en étonnera, sauf peut-être quel-
ques grincheux, fils trop obstinés de quel-
qu'une des victimes du troisième Napoléon.
Il faut constater que c'est à PAcadémie
Française que cette réhabilitation va le
mieux son train. Déjà M. Melchior de
Vogué avait appelé le coup d'Etat : « une
opération de police un peu rudel » Avec
M. Henri Lavedan, de mieux en mieux, le
coup d'Etat n'est plus que simplement
Vinauguration joyeuse d'un régime joyeux,
d'une « époque étourdie et charmante! » Ce
jour-là, « le prince-président a créé un
anniversairet » Ahi qu'en termes ga-
lants.
LOIS MÀBSOLLÏA0
-Depuis hier, notre ami et collabo-
rateur Jean Thorel est père d'un beau pe-
tit garçon prénommé Louis-Jean,
Nos félicitations à la mère et au père.
—«w Le mariage de notre Confrère Au-
guste Marin, rédacteur au Journal, avec
Mlle Pollio, fille de M. J, Pollio, consul
de France et ancien secrétaire de la rédac-
tion de la Republique Française au temps
de Gambetta, sera célébré aujourd'hui sa-
medi.
- M. de Freycinet, paraît-il, ne va
pas bien.
Il souffre d'un refroidissement depuis
une quinzaine de jours, garde encore la
chambre et ne sortira vraisemblablement
pas avant un certain temps.
Quant à cela, on peut être assuré qu'il
ne fera pas d'imprudences. La petite souris
blanche est précautionneuse.
- On annonce la mort : - -
A Paris, d'un jeune artiste Belge, le
peintre Henri Evenepoel, à la suite d'une
fièvre typhoïde. Il n'avait que vingt-sept
ans.
—«y» Nous avons le regret d'apprendre
la mort de Mlle Hélène Langlois,* belle-
fille de M. Albert Michaut, le commissaire
de police si sympathiquement apprécié
dans le monde des hommes de lettres.
Les obsèques de Mlle Hélène Langlois
ont eu lieu hier au cimetière de Gentilly.
- Les obsèques de M. Léon Des-
champs, le directeur-fondateur de l'excel-
lente revue la Plume, qui ont eu lieu hier,
samedi, avaient attiré un très ., nombreux
concours d'amis, appartenant au monde
des lettres et des arts.
- Après la cérémonie, le corps a été trans-
porté à Boulogne-sur-Mer où aura lieu
inhumation. ':
- -- Le legs Marjolin-Scheffer.
Feu Mme Marjolin-Scheffer, fille uni-
que d'Ary Schefter, a. comme on sait,
laissé un testament par lequel elle lègue à
la Hollande et à la France, la riche collec-
tion des œuvres paternelles qu'elle avait
depuis quarante ans travaillé à assem-
bler.
La première partie de cette collection
comprenant les compositions - pour la
plupart des sujets religieux - dont le
maître ne s'était pas séparé, les portraits
de famille, les esquisses, dessins, sculptu-
res, etc., est destinée au musée de Dor-
drecht, la ville hollandaise d'où est origi-
naire la famille des Scheffer.
La seconde partie, consistant surtout en
portraits historiques et qui, de ce chef
seul, présente un grand intérêt, est divisée
entre divers musées français de la façon
suivante :
Le Musée du Louvre reçoit le célèbre :
Paolo et Francesca de Rimini. Six portraits
accompagnent cette œuvre capitale, ceux
de Lamartine, Lamennais, Villemain, Fran-
çois Arago, Odilon Barrot et de Mlle de
Fauveau.
Le Musée de Versailles: reçoit neuf por-
traits, parmirlesquels ceux de Paul-Louis
Courier, Horace Vernet, le général Cavai-
gnac, Barante, Gounod, la Taglioni.
Enfin, au musée Condé, à Chantilly,
sont attribués un très beau portrait de la
Princesse Marie d'Otléans et une œuvre
de cette même princesse, sorte de reli-
quaire modelé et ciselé de ses mains.
CWlemment sue Paris hier.
A l'intersrction des grandes voies, la
tempête présentait un caractère inquié-
tant.
Sur les boulevards, on pouvait craindre
que les baraques ne fussent enlevées.
- Nous lisons dans le Courrier du
Soir r
Le dernier cri de la mode est ce que l'on
voit, paraît-il, à la Madeleine, les soirs où la
foule s'entasse dans ce hall solennel et lumi-
neux pour entendre l'abbé Frémont,
A peine l'orateur est-il en chaire qu'une de-
mi-obscurité se fait dans l'église. Et d'en haut
une rampe de lumière électrique est projetée
sur la silhouette de l'orateur qui, de la sorte,
apparaît en pleine clarté.
Si le procédé n'avait pas tant servi anx Fo-
lies-Bergère, tout le monde s'accorderait à
trouver l'innovation pleine d'intérêt.
A L'ETRANGER
-- Des journaux autrichiens préten-
dent savoir de bonne source que le mal-
heureux roi Othon II de Bavière se trouve
dans un état inquiétant.
- Petite indiscrétion.
Depuis le début de la guerre du Trans-
vaal, le Militaerwochenblatt publie une
série d'articles où les généraux et les offi-
ciers anglais ainsi que leur méthode appli-
quée dans l'Afrique du Sud sont soumis à
une critique aussi juste que sévère.
Des gens bien renseignés affirment que
l'auteur de ces études ne serait autre que
Guillaume II.
L'empereur actuel ne ferait que suivre
l'exemple de son grand père Guillaume Ier
qui aimait à traiter des questions militai 1 es
dans la Galette de la Croix.
- Ú Passant.
LES CONVICTIONS DE MERCIER
Nous trouvons dans l'Industriel Vosgien fie Re-
iniremont cette amusante anecdote dont lô héros est
le trop fameux général Mercier, honneur du. natio-
nalisme et rempart de la Compagnie du Gèsu :
Cet aspirant père conscrit, dit notre con-
frère, réunit à l'heure actuelle les espérances
de ce que le cléricalisme compte de plus mi-
litant.
Or, s'il faut s'en rapporter à un mien con-
frère, quelquefois singulièrement documenté,
le général Mercier est marié à une Anglaise (à
vous, Millevoye 1) et à une Anglaise protes-
tante (à vous, Thiébaut 1) et ses enfants, 6n
naissant, ne furent pas baptisétt (à vous, père
Hippolyte 1). Et là-dessus arrive l'anecdote
que voici :
Un jour que le général cherchait pour son
fils une entreprise à bachot, il frappa à la
porte d'une jésuitière, où on lui fit le plus
gracieux accueil. Le jeune postulidt n'avait
qu'à fournir son acte de naissance et son acte
de baptême, et en route pour le bacca-
lauréat.
— L'acte de baptême ? balbutia le général,
mon fils n'en a pas. La générale est protes-
tante, moi catholique. Pour ne pas empiéter
sur nos religions réciproques, nous avons
laissé nos enfants en dehors de nos Eglises.
— Nous n'admettons que des enfants bapti-
sés, lui fut-il répliqué.
— Ohl alors, s'écria le général, baptisez-le,
ça ne lui fera pas de mal !
0-
LA DÉFENSE DES COTES
Le projet de loi relatif à la défense des
côtes et des colonies, ainsi qu'à l'augmenta-
tion de la flotte sera déposé à la rentrée de
janvier. ','
Il n'impose aucune nouvelle charge au bud-
get. ,
La dépense pour- la défense des côtes et des
colouies est évaluée.à 120 millions. Les tra
vaux en seront effectués en deux ans et demi.
Il y sera pourvu chaque année au moyen des
50 millions qui étaient inscrits au budget pour
l'amortiss&mèot des obligations sexennaires et
qui deviennent libres cette année par suite du
remboursement de ces obligations.
En ce qui concerne l'augmentation de la
flotte, il est déjà inscrit au budget, chapitre
des nouvelles constructions navales, une som-
me de 105 millions. Cinquante millions sont
dès 4 présent engagés pour deux ans.
C'est le surplus, soit 55 millions, qui sera
employé à la construction de nouveaux bâti-
ments.
Au bout de deux ans, le crédit total annuel
de 105 millions sera libre. Il sera alors dans
son intégralité et jusqu'à la complète réalisa-
tion employé à l'exécution du pau qui sera
adopté.
Dans la soirée, l'Agence Havas a transmis la
note suivante :
Le gouvernement n'a pas encore arrêté dans le
détail les procédés financiers dont il usera pour
faire face au programme de la défense des côtes et
des colonies.
Toutefois il est expressément entendu dans tous
les cas que, sous aucun prétexte, on n'aura recours
à l'emprunt, et que le budget ordinaire seul sub-
viendra à cette dépense.
CHRONIQUE
PREJUGES ARISTOCRATIQUES
C'est avec grand plaisir que j'ai lu
l'étude que M. Jules Delvaille, professeur
agrégé de philosophie, vient de consacrer
aux Universités populaires, qui s'organi-
sent en ce moment un peu partout. L'ins-
titution a rencontré bien des sceptiques
dans les rangs mêmes de ceux qui de-
vraient la faire vivre. * L'enseignement
supérieur ne convient pas au peuple ».
C'est un préjugé qu'en retrouve, avoué
ou latent, chez nombre d'esprits distin-
gués qui, dans notre démocratie en crise
de croissance, osent rêver encore pour le
savant le splendide isolement des tours
d'ivoire. Et ce préjugé est partagé sou.
vent pan la foule moutonnière. Une uni-
versité est, à ses yeux, an établissement
uniquement réservé aux fils de bourgeois
et de fonctionnaires, une usine à brevets
et à diplômes ou de jeunes mandarins
viennent prendre des grades qui leur
donnent ensuite des droits aux places.
On trouverait sans doute encore, dans
nos Universités mêmes, des professeurs
qui n'ont pas de leur mission une concep-
tion plus généreuse. Ils craindraient d'a-
baisser leur enseignement en le rendant
populaire. Ils se réservent pour un petit
nombre d'initiés et ils évitent le plus
qu'ils peuvent tout contact avec la foule.
Catherine II, qui aimait pour son compte
la philosophie et les philosophes, redou-
tait au plus haut degréladiflusiondel'ins-
truction dans lo peuple, mais elle avait
de bonnes raisons pour cela : « Gardez-
vous bien de faire apprendre à lire à nos
paysans,écrivait-elle à ses gouverneurs,
car, s'ils devenaient trop savants, ni vous
ni moi ne resterions à notre place. » Ceux
qui font grise mine aux Universités po-
pulaires n'unt pas même l'excuse de Ca-
therine IL Ils ne songent pas assez à ce
qu'ils ont reçu de la société et ils oublient
ce qu'ils lui doivent. C'est pourtant,
comme le dit très justement M. Delvaille,
« le rôle de la partie intellectuelle d'une
démocratie d'établir le plus possible
entre les éléments de la nation une sorte
de continuité qui effacera les distinctions
artificielles. »
Ne voyez-vous pas que la distance qui
séparait autrefois les classes ouvrières
des classes libérales diminue tous les
jours par les améliorations apportées à la
condition du travailleur ? La réduction
des heures de travail, la hausse des sa-
laires, les garanties protectrices des lois
pour accroître sa sécurité et son bien-être
ne sont à première vue que des progrès
d'ordre matériel. Mais n'est-il pas inévita-
ble qu'ils aient leur choc en retour sur
l'état d'âme et la condition morale de
l'ouvrier ? Relevé dans sa dignité, dans
l'opinion qu'on avait et qu'il avait de lui-
même, jouissant de plus nombreux loisirs
l'ouvrier sent naître en lui des besoins in-
tellectuels que ne connurent pas ceux qui
moururent avant lui à la peine.M Delvaille
relève partout ces tendances nouvelles
des classes laborieuses, et les eflorts qui
ont été faits déjà en Angleterre, en Alle-
magne ou en Belgique pour leur donner
satisfaction. Il rêve de voir établir aussi
chez nous un quatrième ordre d'ensei-
gnement qui, empruntant aux trois autres
ses maîtres, ses méthodes, son esprit, ne
ferait pas double emploi avec eux. Il
ajoute9 « Le projet est attrayant, témé-
raire, mais nullement chimérique. Et si
l'on nous traite d'utopistes, si, en dépit
des expériences déjà faites, on doute de
l'avenir de l'œuvre, il faut avoir assez
d'audace pour paraître ridicule à certai-
nes heures, »
Que sur ce dernier point, M. Delvaille
se rassure. Nous avons déjà a Paris deux
ou trois Universités populaires. L'une a
été fondée par an simple ouvrier, M. De-
herme, en plein faubourg Saint.Antoine.
Une autre est l'œuvre d'une femme Mlle
Kergomard, inspectrice des écoles mater
nelles. Une troisième a été inaugurée ces
jours-ci à Grenelle, dans le Paris des ma-
çons, des plâtriers, des débardeurs. Lyon,
Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse ont
déjà ou auront demain des institutions
analogues. Et personne ne songe à rire ni
du public ni des conférenciers.
Je sais qu'il est plus facile peut-être de
créer ces Universités, que de les faire
vivre. Dans un pays comme l'Amérique
où l'initiative privée fait des miracles, il
se trouve toujours à point nommé quel-
que milliardaire pour mettre une bonne
œuvre à l'abri du besoin. Ces exemples
de générosité sont plus rares chez nous.
On en compte, mais aussi on les compte.
Ce qu'on ne peut attendre des particu-
liers, il faut donc le demander soit à l'es-
prit d'association que nous avons vu re-
naître en ces derniers temps avec une
ntensité singulière, soit encore aux corps
constitués comme les Chambres de com-
merce et les Chambres syndicales qui
n'ont pas à penser uniquement aux inté-
rêts industriels ou commerciaux d'une
ville ou d'une région. « Tout porte à
croire qu'elles : seconderaient une œuvre
nationale comme les universités popu-
laires -en Jeur apportant leur secours
matériel et leur appui morale ,'
M. Delvaille estime cu'il conviendrait
môme de dema der ne légère rétribu-
tion aux audit chose, dit-il, n'a
•rien d'extraor | re pour les Anglais et,
en France même, IMée se propage au-
jourd'hui et pourra e du chemin. Par
exemple, la « société jjr^essionnelle dn
Rhône » a établi un drori»d'inscription de
3 fr. par cours. La « société industrielle
d'Amiens » exige un dépôt de 20 fr., rem-
boursable en cartes de présence avec
majoration de vingt pour cent pour l'as-
siduité. C'est aussi pour encourager l'as-
siduité des élèves que le congrès dépar-
temental d'instruction populaire tenu à
Nantes en octobre 1897, a émis un vœu en
faveur du paiement des cours. Si dans
nos futures universités la cotisation est
faible personne ne la refusera. » N'ayant
pas personnellement le fétichisme de la
gratuité, j'ai maintes fois combattu la
tendance que nous avions à tout donner
pour rien. Ces fantaisies coûteuses n'ont
même pas toujours l'excuse de la néces-
sité. Le public n'attache guère de prix
qu'à ce qui se paie. Mais il n'y a point de
règles générales à établir ici.
Les Universités populaires seraient
perdues si on les soumettait dès le début
aux pratiques étroites de la centralisa-
tion en leur imposant une constitution
uniforme et des statuts modèles. Qu'elles
soient gratuites ici, payantes ailleurs,
c'est à vrai dire sans grande importance.
Le tout est de les mettre sur pied.
Ce qui est plus sérieux, ce qui est leur
raison d'être et leur principe vital, c'est
de leur assurer la liberté dans tous les
sens. Laissons-les s'oiganiser comme
elles veulent, et surtout enseigner ce
qu'elles veulent sans les assujettir à une
doctrine quelconque confessionnelle ou
philosophique. M. Séailles l'a dit en ter-
mes fort élevés à l'inauguration de l'U-
niversité du Faubourg Saint-Antoine. « Il
n'y a ici ni maîtres, ni chefs, ni patrons.
Notre propriété est collective. Elle est
sous notre propre sauvegarde ; nous trou-
vons notre loi dans notre idéal; nous som-
mes des hommes libres, des égaux volon-
taires.Toute pensée est ici la bienvenue,
qu'elle donne seulement ses titres. Nous
n'excluons que ceux qui, se croyant le
privilège de la vérité absolue, se croient
le devoir de l'imposer. »
Ni obéissance passive, ni intolérance ce
qui est au fond, la même chose. A ce
prix, avec M. Delvaille,je crois aux bien-
faits de l'éducation supérieure pour le
peuple. L'Université populaire complé-
tera l'école.
ANDRÉ BALZ.
Nouspabliefoas demain la Chronique
de M. Paul Ginisty
Le Conservatoire des Arts-et-Mêtiers
Lors du percement de la rue Réaumur, il
avait été question d'isoler complètement le
Conservatoire des Arts-et-Méticrs. Il s'agis-
sait de faire disparaître quelques immeubles
qui lui sont contigiis et de dégager l'ancienne
église Saint-Martin-des-Champs, chef d'œu-
vre d'architecture, classée au nombre des
monuments historiques.
Aucune solution n'avait pu intervenir jus-
qu'à ce jour.
M. Milleiand, ministre du commerce, au
cours d'une visite à cet établissement a pu se
rendre compte de la nécessité de procéder à
des dégagements. Il était en effet indispensa-
ble de prémunir contre les dangers d'incendie
ce grand et populaire musée qui renferme
des richesses sdentifiues de la plus grande
valeur et d'assainir tout en l'embellissant ce
qualtier si fréquenté.
Le ministre du commerce a engagé immé-
diatement des pourparlers avec la municipalité
pour lui demander de participer à l'opération
en abandonnant à l'Etat les terrains dont elle
est propriétaire. Ces terrains comprennent
quelques parcelles attenant à l'ancienne église
Saint-Marlln-des-Champs, la rue du Général-
Morin et le terrain contigu à l'immeuble sub-
sistant dans l'ilôt formé par cette rue, la rue
Vaucanson et la rue Réaumur. Le conseil
municipal de Paris vient de prendre une déli-
bération pour assurer cette session à l'Etat et
permettre d'exécuter le projet élaboré par M.
Miiierand sans exiger des sacrifices bien con-
sidérables.
Il s'agit, en effet, d'une dépense d'environ
800,000 francs que le Parlement n'hésitera
sacs doute pas à accorder.
M. Miiierand se propose d'ailleurs de dépo-
ser, de concert avec ses collègues des finances
et des beaux-arts, un projet de loi dès l'ou-
verture de la prochaine session pour obtenir
le crédit nécessaire à cette importante opéra-
tion.
—————— ♦ ————————————
Le Massacre de la Mission Bretosnei
M. Mercuri, second de la mission Béhagle a
adressé de N'Délé, dans le Dar Ronna où il se
trouve en ce moment près du sultan Scnoussi,
deux lettres à un de nos confrères algériens
de Constantine.
Ces deux lettres confirment tous les détails
du massacre de la mission Br^tonnet, mais
disent que notre aillé Gaourang n'a pas été
massacré.
En ce qui concerne la mort de Béhagle, M.
Mercuri dit qu'aucun des hommes qui compo-
saient son fcscorte n'est revenu ; le chef de la
mission a été conduit, après avoir été fait pri-
sonnier par l'avant-garde de Rabah, à Dikoa,
résidence habituelle de Rabas. Depuis, aucune
nouvelle n'est parvenue affirmant ou infirmant
le bruit de l'assassinat do notre compatriote.
Quant à Rabah, à la suite du massacre de
la mission Bretonnet, il est allé en personne
installer son sultan à Kouns, résidence de no-
tre allié le sultan de Guôurang.
Les lettres ajoutent que le sultan Senoussi,
allié également de la France et résidant à
N Délé, s'attend à une attaque des gens du
Ouadaïa qui se mettront très probablement
en mouvement dès que commencera la saison
sèche.
Il résulte de ces renseignements que notre
influence est partout menacée au sud du lac
Tchad.
L'OCTROI SUR LES BIÈRES
Un décret autorise pour l'année 1900 les
droits d'octroi sur les bières proposés par le
conseil municipal de Paris en remplacement
de ceux inscrits au tarif de la Ville.
- Ce nouveau régime -a pour but d'exonérer
les petites bières.. -
Le droit nouveau est de 15 fr. l'hectolitre
peur les bières dout la, pesanteur «oécifique
originelle est supérieure à 3 degrés 3 dixièmes
au-dessus de l'eau.
Il est également de 15 fr. pour les moûts
ayant une densité comprise entre 383 et 70S et
de 45 fr. pour les moûts ayant une densité
supérieure à 7°5,
Néanmoins restent au droit de 15 francs,
quelle que soit leur densité, les monts desti-
nés à être transformés en bière sans aucun
allongement.
La transformation devra être effectuée en
présence des agents de l'octroi.
Aux entrées de Paris, les introductions de
petites bières susceptibles de bénéficier de
exonération ne seront admises que par cer-
taines portes déterminées par le préfet de la
Seine ; les introducteurs seront tenus de dis-
poser à part, sur leurs chargements, les biè-
res de l'espèce, afin de faciliter les vérifica-
tions du service de l'octroi.
HTUTE, -COUR DE JUSTICE
Quarante et unième Audience
On s'était figuré qu'il ne restait plut
que sept avocats à entendre. Erreur 1
Chaque accusé, parlant aussi longuement
que son défenseur, cela fait en somme
quatorze plaidoiries à subir. Etonnez.
vous maintenant qu'on parle d'audiences
de nuit à partir d'aujourd'hui et de deux
audiences pour la journée de diman-
che..
L'audience d'hier, à laquelle n'assis-
tent pas les accusés Déroulêde, Buffet et
Dubuc, commence par la lecture de l'ar-
rêt rejetant les conclusions de l'accusé
Guérin tendant à la communication des
dossiers relatifs à l'accaparement des pÓ..
troles.
Guérin. — Je vous rappelle M. le président
votre promesse en ce qui concerne le scellé
des cartouches vides. Je tiens à ce que la
cour sache que je n'ai dit que la vérité.
Le président. — J'ai fait ouvrir ce scellé en
présence de M8 Ménard, il contient des douil-
les vides avec cette mention que ces douillci
ont été trouvées dans les balayures du fort
Chabrol.
Guérin. — Je demande qu'il soit constata
que ces Jouilles sont celles du revolver dont
je me suis servi.
Me Normand montre ici un bout d'o-
reille obstructionniste. Il demande à pré-
senter quelques observations en faveur
de M. Buffet qui a parlé pendant deux
heures à la précédente audience et qui a
été .défendu par quatre heures de plaidoi-
rie de Me Boullay.
Le président s'y oppose et fait connaî.
tre qu'il n'autorisera qu'un avocat par
accusé surtout lorsque celui-ci aura pré-
senté sa défense lui-même. Ce qui est
présentement le cas de l'accusé Gode-
froy.
L'accusé Godefroy
L'accusé Godefroy, président de la
Jeunesse royaliste demande tout d'abord
à protester contre des « erreurs maté-
rielles évidentes » du réquisitoire de M.
Octave Bernard.
Il n'était pas, dit il, présent à l'a mani-
festation du 2 octobre et pas davantage
à celle qui eut lieu devant le Cercle mili-
taire. La seule manifestation à laquelle
ait pris part l'accusé est celle du 1er jan-
vier devant l'Opéra.
— Je suis encore signalé je crois comme
ayantété à la droite de Mme la duchesse d'Or-
léans, à Bruxelles, dans le dîner offert aux
bouchers de la Villette.
Le procureur général. — J'ai dit M. Jager et
non vo-us.
L'accusé. — C'est pour cela que j'ai dit : Je
crois.
M. Godefroy se plaint ensuite que le
procureur général ait dénaturé ses senti-
ments politiques. La politique de l'accusé
est la politique chrétienne, c'est-à-dire
la politique royaliste : c'est qu'on n'a pas
le droit de faire le mal pour arriver au
bien.
— Je suis avant tout un homme d'ordre ab-
solument opposé à toute compromission avec
les partis révolutionnaires.
A l'appui, l'accusé donne lecture darti-
cles publiés par lui, où il condamne cer-
taines alliances du parti conservateur
avec les socialistes (pacte de Bordeaux)
Il se défend d'avoir entretenu avec les
représentants d'autres partis les relations
que lui reproche le ministère public.
— En fait, dit-il, je n'ai jamais pactisé ai
avec les nationalistAs, ni avec les antisémites.
Je suis resté un royaliste pur. Je ne suis pas
de ceux cependant qui pensent qu'on peut
dire à des adve"saires politiques : Jamais ! Il
est des circonstances où les enfants d'une
même patrie doivent s'unir, mais il est un
parti avec lequel je ne pactiserai jamais.
Vous avez deviné, n'est-ce pas, qu'il
s'agit du parti républicain tel qu'il est
«représenté aujourd'hui dans les conseils
du gouvernement : le parti socialiste. »
L'accusé arrive enfin aux accusations
dirigées contre lui. Il se plaint, il gémit,
et pour en arriver à ceci, c'est que le
procès ne couvrira pas do ridicule les
royalistes, comme le gouvernement s'en
flattait, mais bien au contraire le « parti
royaliste se sera révélé comme un
parti puissant et bien organisé » qui
ne se recrute pas dans l'aristocratie, mais
dans les « rangs du peuple. »
M. Godefroy nous apprend qu'il a ex-
pliqué à des ouvriers « l'histoire des 40
millions que la famille d'Orléans aurait
arrachés à la nation » et que les ouvriers
ont été convaincus.
L'accusé expose sa politique qui est de
combattre le socialisme et le césarisme.
— En terminant, messieurs, laissez-moi vous
dire que si vous me frappez, ne le faites pas
de façon qup quelqu'un puisse écrire que la
République est de droit divin. Il n'y a pas plus
de droit divin pour la République que pour la
Monarchie. Il n'y a qu'un gouvernement appro-
prié aux nécessités du peuple. Restons libres
de dire e t d'agir selon ce qui nous semble être
la vérité.
Si nous nous trompons, mes amis et moi,
sachéz qui nous sommes et jugez. Nous som-
mes des patriotes et des hounêtes rens ,
nous n'avons pas d'ambitions personnelles. Si
nous nous trompons, montrez-nous que le
bien du pays peut venir des institutions répa *
blicaines : nous serons les premiers à vous
applaudir. Vous aurez oeut-être encore quel-
PHRiS A DÉPflR I blWkW 13
Le Numéro; CINQ CE'NT:rl\ŒE!:-
FONDATEUR: AUGUSTE VACQUERII
, ABONNEMENTS
- tmit Trois mois Sil 101. ®B U
^aris.. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.. 2— 6— il— 20 —
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jfril 3ËÎ lHa J^ï
f - AUGUSTE VACQUERtE
fjJHOATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF & CU
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAL
REDACTION : 131, rue alontmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à i heure du mathl
N'103S7 — Dimanche 31 Dépembre 1S39
9 NIVOSSAN 103
A.0411'Vlr- t rîl* r 4SI, Pllt) Uaatii 131
r mm*.' Adresrap lettres et maniztt à pAdministrateur
-:-" NOS LEADERS
Les Boers
Rien de changé dans la situation, ce
qui signifie que les Anglais n'ont pas
fait un pas en avant. Au contraire, ils
battent en retraite, quoiqu'ils en disent,
et les Boërs se fortifient partout où ils
ont des positions faciles à défendre. Les
Boërs I Çà n'est plus cette petite armée
de 50,000 hommes que les généraux bri-
tanniques devaient avaler en une pro-
menade militaire ! C'est tout un peuple
ou plutôt toute une race qui se lève
pour revendiquer son droit à l'existence.
A cette heure, les Boërs sont au nombre
de cent mille.
Pour bien apprécier la guerre effroya-
ble et injuste que le plus puissant em-
pire du monde a faite à un des peuples
les plus petits, pGur mieux juger de ses
résultats possibles, il faut se demander
ce qu'est la colonie anglaise du Cap.
Un immense territoire où les Anglais
sont en minorité contre les descendants
des Hollandais, les premiers détenteurs
du sol, contre les descendants des hu-
guenots français chassés par l'édit de
Nantes, contre les colons de race alle-
mande. Or, Hollandais, Français et Alle-
mands, alliés, unis, confondus depuis
deux siècles dans une seule et même
race, constituent une sorte de race nou-
velle, les Afrikanders du Cap, ce que,
dans la langue anglaise on appelle : l'A-
frikander Bond.
Voyez plutôt : A côté du général
Kronje, néerlandais pur, voici Kriigcr,
le président de la République du Trans-
vaal, lui aussi néerlandais par son père,
mais ayant épousé successivement deux
femmes d'origine française, les deux
sœurs, deux du Plessis, arrières peti-
tes-nièces du cardinal de Richelieu.
Voici encore Joubert, généralissime des
forces des Burghers, appartenant à une
famille française, d'origine bretonne ou
vendéenne. Voyez., mais je ne finirais
pas de citer des noms. Si bien que le
colonel Villebois-Mareuil, qui est allé
offrir ses services au Transvaal et qui
est, depuis quelques jours, le chef
d'état-major de Joubert, se trouve là-
bas, pour ainsi dire, en pays de con-
naissance.
***
Ceci comporte cela. Chaque fois que
les Anglais éprouvent une défaite, un
certain nombre de colons hollandais,
français ou allemands se révoltent con-
tre les Anglais, contre l'autorité colo-
niale du Cap et vont se joindre aux
Boërs du Transvaal et d'Orange, leurs
compatriotes. Donc, à fur et à mesure
que les Anglais amènent, au prix que
vous savez, des renforts dans l'Afrique
Centrale, ces renforts ne peuvent servir
qu'à une chose : renforcer la gendarme-
rie locale pour tenir en respect les po-
pulations hostiles.
A vrai dire, les Anglais n'y ont pas
réussi. A cette heure, toute la popula-
tion afrikander du Cap ..,.¡. la majorité-
est non pas visiblement hostile, mais
insurgée, prête, par conséquent, à
donner la main aux Boers, dès que
ceux-ci paraîtront. Chaque habitant qui
ne va pas rejoindre les Burghers doit
être, si je puis m'exprimer ainsi, doublé
d'un gendarme. Les renforts qu'expédie
le gouvernement britannique ne peu-
vent donc être d'aucune utilité au corps
purement expéditionnaire.
***
L'Angleterre n'est pas capable de di-
riger sur lé Cap des soldats plus aguer-
ris que ceux dont dispose le général
Buller, celui que lord Salisbury 'vient
de remplacer par lord Roberts, simple
satisfaction donnée à l'opinion. Aussi
habile que soit Roberts, il ne pourra
faire davantage que Buller. 11 aura beau
s'y prendre de mille façons ; jamais, il
ne pourra amener contre les Boers
plus d'hommes que celui-ci n'en dispose,
parce qu'il sera obligé d'assurer la do-
mination britannique dans la colonie du
Cap.
Et puis les Boers ne sont pas ces
sauvages que Chamberlain essayait de
ridiculiser. Ce sont des Européens civi",
lisés, qui savent bien tirer, qui ont la
foi patriotique dans l'âme et qui n'ont
pas besoin du confort aristocratique du
soldat anglais. Ils sont en train de dé-
montrer aux militaires de métier que
rien ne vaut, comme armée, le soulè-
vement en masse d'un peuple qui dé-
fend son indépendance. Et leur tactique
défensive provoque l'admiration de tous
les chefs d'état-major qui ont pâli sur
les ouvrages de Piccolomini et les récits
des batailles livrées par Napoléon fer.
Les Boers sont cent mille maintenant.
A coup sûr. ils ont une artillerie supé-
rieure à celle des Anglais. De plus, ils
sont dans leur pays et dans un pays
qu'ils connaissent bien, auquel ils sont
acclimatés, avec des chemins de fer
derrière eux pour les approvisionner,
tandis que les Anglais ont leurs lignes
coupées. Ce n'est donc pas de cent mille
Anglais qu'il suffit pour les battre. Il en
faut au moins le double. Et comment
lord Salisbury les réunira-t-il, à moins
4e dégarnir les Indes ?
Cette guerre est une folie aue Cham-
berlain doit expier durement. Sous peine
de perdre toute l'Afrique australe —
c'est ce que je disais il y a trois mois —
les Anglais doivent, quoi qu'il leur en
coûte, se mettre en mesure de traiter
de la paix. S'ils ne le font pas, ils per-
dront, non seulement le Cap, mais aussi
le Canada, l'Australie et l'Inde qui n'at-
tendent qu'un désastre pour secouer le
joug.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. Lucieu Victor-Meunier
AIMABLE PRINCE
La Gazette de la Croix apprend que le prince
d'Arenberg, lieutenant hors cadre des troupes
du sud-ouest africain, a été arrêté Cà Berlin
sur ordre du commandant supérieur de ce
corps.
Rappelons en deux mots , d'après le
Volkszeitung, qui le divulguait l'autre jour, l'ac-
cusation qui attire à ce prince le désagré-
ment d'être mis en prison. C'est un document
que nous avons déjà publié, mais on le relira
avec intérêt.
» Le prince d'Arenberg avait un domestique
indigène qui lui procurait de jeunes négresses.
» Un jour, ce domestique sortit de l'appar-
temeut du prince.
» Ce dernier, qui le suivait, ordonna à 1:1
sentinelle de garde de tirer sur son domesu-
que.
* Le soldat tira en l'air.
« — Tue cet individu, répéta le prince.
» La sentinelle tira dans les jambes du do-
mestique, là-dessus le prince tira à son tour
un coup de revolver dans le ventre du mal-
heureux qui implorait sa pitié.
« Le prmce lui tira une seconde balle dans
la tête et comme il vivait encore, il prit une
baguette de fusil, l'enfonça dans le crâne du
nègre mourant et fit une bouiilie de la cer-
velle, jusqu'à ce que le malheureux eût rendu
le dernier soupir. »
Aimable prince !
LES ON-DIT
CHMZ NOUS
- La bonne année de M. Loubet.
A l'occasion du nouvel an, le Président
de la République, entouré des ministres et
de sa maison militaire et civile, recevra,
lundi Ier janvier, dans la matinée, à l'Ely-
sée, à dix heures un quart les sénateurs et
à dix heures et demie les députés.
A onze heures, le Président, accompa-
gné des ministres, du sous-secrétaire d'Etat
et de sa maison militaire et civile, se ren-
dra au palais du Luxembourg, chez le pré-
sident du Sénat et, à onze heures et demie,
au palais de la Chambre des députés, chez
le président de la Chambre.
A deux heures, le Président, ayant au-
près de lui les cardinaux, les ministres, le
sous-secrétaire d'Etat, le grand chancelier
de la Légion d'honneur, le général gouver-
neur militaire de Paris et sa maison mili-
taire et civile, recevra le corps diplomati-
que et les délégations des grands corps de
l'Etat et des administrations publiques.
- Le nouveau ministre de Chine à
Paris sera reçu aujourd'hui à l'Elysée par
le président de la République pour la re-
mise de ses lettres de créance.
EN PASSANT
Vous verreç que le ? décembre 1851, cette
date que les vieux républicains ne se rap-
pellent qu'avec horreur, cette journée où la
Loi fut bâillonnée, la Constitution violée,
la Chambre empoignée par un bandit qui
trahissait son serment; le 2 Décembre de
la maison Sallandrouçe et des fusillades
sur le boulevard Montmartre; le 2 Décem-
bre bonapartiste par qui le sang coula dans
les rues,\et pour qui les bagnes de Lam-
bessa s'emplirent de fÓrçats innocents; le
2 Décembre qui conduisit la France dans
Ventonnoir sinistre de Sédan par une pente
uatur elle et fatale; le 2 Décembre, enfin,
des Châtiments de Victor Hugo deviendra
peu à peu sous la plume élégante et scep-
tique de nos auteurs à la mode, et cela, en
pleine République revenue, quelque chose
d'heureux et de folâtre, de brillant et de
glorieux. A quand la rue « du 2 Décem-
bre? » Elle existait jadis ! qu'on la revoie :
nul ne s'en étonnera, sauf peut-être quel-
ques grincheux, fils trop obstinés de quel-
qu'une des victimes du troisième Napoléon.
Il faut constater que c'est à PAcadémie
Française que cette réhabilitation va le
mieux son train. Déjà M. Melchior de
Vogué avait appelé le coup d'Etat : « une
opération de police un peu rudel » Avec
M. Henri Lavedan, de mieux en mieux, le
coup d'Etat n'est plus que simplement
Vinauguration joyeuse d'un régime joyeux,
d'une « époque étourdie et charmante! » Ce
jour-là, « le prince-président a créé un
anniversairet » Ahi qu'en termes ga-
lants.
LOIS MÀBSOLLÏA0
-Depuis hier, notre ami et collabo-
rateur Jean Thorel est père d'un beau pe-
tit garçon prénommé Louis-Jean,
Nos félicitations à la mère et au père.
—«w Le mariage de notre Confrère Au-
guste Marin, rédacteur au Journal, avec
Mlle Pollio, fille de M. J, Pollio, consul
de France et ancien secrétaire de la rédac-
tion de la Republique Française au temps
de Gambetta, sera célébré aujourd'hui sa-
medi.
- M. de Freycinet, paraît-il, ne va
pas bien.
Il souffre d'un refroidissement depuis
une quinzaine de jours, garde encore la
chambre et ne sortira vraisemblablement
pas avant un certain temps.
Quant à cela, on peut être assuré qu'il
ne fera pas d'imprudences. La petite souris
blanche est précautionneuse.
- On annonce la mort : - -
A Paris, d'un jeune artiste Belge, le
peintre Henri Evenepoel, à la suite d'une
fièvre typhoïde. Il n'avait que vingt-sept
ans.
—«y» Nous avons le regret d'apprendre
la mort de Mlle Hélène Langlois,* belle-
fille de M. Albert Michaut, le commissaire
de police si sympathiquement apprécié
dans le monde des hommes de lettres.
Les obsèques de Mlle Hélène Langlois
ont eu lieu hier au cimetière de Gentilly.
- Les obsèques de M. Léon Des-
champs, le directeur-fondateur de l'excel-
lente revue la Plume, qui ont eu lieu hier,
samedi, avaient attiré un très ., nombreux
concours d'amis, appartenant au monde
des lettres et des arts.
- Après la cérémonie, le corps a été trans-
porté à Boulogne-sur-Mer où aura lieu
inhumation. ':
- -- Le legs Marjolin-Scheffer.
Feu Mme Marjolin-Scheffer, fille uni-
que d'Ary Schefter, a. comme on sait,
laissé un testament par lequel elle lègue à
la Hollande et à la France, la riche collec-
tion des œuvres paternelles qu'elle avait
depuis quarante ans travaillé à assem-
bler.
La première partie de cette collection
comprenant les compositions - pour la
plupart des sujets religieux - dont le
maître ne s'était pas séparé, les portraits
de famille, les esquisses, dessins, sculptu-
res, etc., est destinée au musée de Dor-
drecht, la ville hollandaise d'où est origi-
naire la famille des Scheffer.
La seconde partie, consistant surtout en
portraits historiques et qui, de ce chef
seul, présente un grand intérêt, est divisée
entre divers musées français de la façon
suivante :
Le Musée du Louvre reçoit le célèbre :
Paolo et Francesca de Rimini. Six portraits
accompagnent cette œuvre capitale, ceux
de Lamartine, Lamennais, Villemain, Fran-
çois Arago, Odilon Barrot et de Mlle de
Fauveau.
Le Musée de Versailles: reçoit neuf por-
traits, parmirlesquels ceux de Paul-Louis
Courier, Horace Vernet, le général Cavai-
gnac, Barante, Gounod, la Taglioni.
Enfin, au musée Condé, à Chantilly,
sont attribués un très beau portrait de la
Princesse Marie d'Otléans et une œuvre
de cette même princesse, sorte de reli-
quaire modelé et ciselé de ses mains.
CW
A l'intersrction des grandes voies, la
tempête présentait un caractère inquié-
tant.
Sur les boulevards, on pouvait craindre
que les baraques ne fussent enlevées.
- Nous lisons dans le Courrier du
Soir r
Le dernier cri de la mode est ce que l'on
voit, paraît-il, à la Madeleine, les soirs où la
foule s'entasse dans ce hall solennel et lumi-
neux pour entendre l'abbé Frémont,
A peine l'orateur est-il en chaire qu'une de-
mi-obscurité se fait dans l'église. Et d'en haut
une rampe de lumière électrique est projetée
sur la silhouette de l'orateur qui, de la sorte,
apparaît en pleine clarté.
Si le procédé n'avait pas tant servi anx Fo-
lies-Bergère, tout le monde s'accorderait à
trouver l'innovation pleine d'intérêt.
A L'ETRANGER
-- Des journaux autrichiens préten-
dent savoir de bonne source que le mal-
heureux roi Othon II de Bavière se trouve
dans un état inquiétant.
- Petite indiscrétion.
Depuis le début de la guerre du Trans-
vaal, le Militaerwochenblatt publie une
série d'articles où les généraux et les offi-
ciers anglais ainsi que leur méthode appli-
quée dans l'Afrique du Sud sont soumis à
une critique aussi juste que sévère.
Des gens bien renseignés affirment que
l'auteur de ces études ne serait autre que
Guillaume II.
L'empereur actuel ne ferait que suivre
l'exemple de son grand père Guillaume Ier
qui aimait à traiter des questions militai 1 es
dans la Galette de la Croix.
- Ú Passant.
LES CONVICTIONS DE MERCIER
Nous trouvons dans l'Industriel Vosgien fie Re-
iniremont cette amusante anecdote dont lô héros est
le trop fameux général Mercier, honneur du. natio-
nalisme et rempart de la Compagnie du Gèsu :
Cet aspirant père conscrit, dit notre con-
frère, réunit à l'heure actuelle les espérances
de ce que le cléricalisme compte de plus mi-
litant.
Or, s'il faut s'en rapporter à un mien con-
frère, quelquefois singulièrement documenté,
le général Mercier est marié à une Anglaise (à
vous, Millevoye 1) et à une Anglaise protes-
tante (à vous, Thiébaut 1) et ses enfants, 6n
naissant, ne furent pas baptisétt (à vous, père
Hippolyte 1). Et là-dessus arrive l'anecdote
que voici :
Un jour que le général cherchait pour son
fils une entreprise à bachot, il frappa à la
porte d'une jésuitière, où on lui fit le plus
gracieux accueil. Le jeune postulidt n'avait
qu'à fournir son acte de naissance et son acte
de baptême, et en route pour le bacca-
lauréat.
— L'acte de baptême ? balbutia le général,
mon fils n'en a pas. La générale est protes-
tante, moi catholique. Pour ne pas empiéter
sur nos religions réciproques, nous avons
laissé nos enfants en dehors de nos Eglises.
— Nous n'admettons que des enfants bapti-
sés, lui fut-il répliqué.
— Ohl alors, s'écria le général, baptisez-le,
ça ne lui fera pas de mal !
0-
LA DÉFENSE DES COTES
Le projet de loi relatif à la défense des
côtes et des colonies, ainsi qu'à l'augmenta-
tion de la flotte sera déposé à la rentrée de
janvier. ','
Il n'impose aucune nouvelle charge au bud-
get. ,
La dépense pour- la défense des côtes et des
colouies est évaluée.à 120 millions. Les tra
vaux en seront effectués en deux ans et demi.
Il y sera pourvu chaque année au moyen des
50 millions qui étaient inscrits au budget pour
l'amortiss&mèot des obligations sexennaires et
qui deviennent libres cette année par suite du
remboursement de ces obligations.
En ce qui concerne l'augmentation de la
flotte, il est déjà inscrit au budget, chapitre
des nouvelles constructions navales, une som-
me de 105 millions. Cinquante millions sont
dès 4 présent engagés pour deux ans.
C'est le surplus, soit 55 millions, qui sera
employé à la construction de nouveaux bâti-
ments.
Au bout de deux ans, le crédit total annuel
de 105 millions sera libre. Il sera alors dans
son intégralité et jusqu'à la complète réalisa-
tion employé à l'exécution du pau qui sera
adopté.
Dans la soirée, l'Agence Havas a transmis la
note suivante :
Le gouvernement n'a pas encore arrêté dans le
détail les procédés financiers dont il usera pour
faire face au programme de la défense des côtes et
des colonies.
Toutefois il est expressément entendu dans tous
les cas que, sous aucun prétexte, on n'aura recours
à l'emprunt, et que le budget ordinaire seul sub-
viendra à cette dépense.
CHRONIQUE
PREJUGES ARISTOCRATIQUES
C'est avec grand plaisir que j'ai lu
l'étude que M. Jules Delvaille, professeur
agrégé de philosophie, vient de consacrer
aux Universités populaires, qui s'organi-
sent en ce moment un peu partout. L'ins-
titution a rencontré bien des sceptiques
dans les rangs mêmes de ceux qui de-
vraient la faire vivre. * L'enseignement
supérieur ne convient pas au peuple ».
C'est un préjugé qu'en retrouve, avoué
ou latent, chez nombre d'esprits distin-
gués qui, dans notre démocratie en crise
de croissance, osent rêver encore pour le
savant le splendide isolement des tours
d'ivoire. Et ce préjugé est partagé sou.
vent pan la foule moutonnière. Une uni-
versité est, à ses yeux, an établissement
uniquement réservé aux fils de bourgeois
et de fonctionnaires, une usine à brevets
et à diplômes ou de jeunes mandarins
viennent prendre des grades qui leur
donnent ensuite des droits aux places.
On trouverait sans doute encore, dans
nos Universités mêmes, des professeurs
qui n'ont pas de leur mission une concep-
tion plus généreuse. Ils craindraient d'a-
baisser leur enseignement en le rendant
populaire. Ils se réservent pour un petit
nombre d'initiés et ils évitent le plus
qu'ils peuvent tout contact avec la foule.
Catherine II, qui aimait pour son compte
la philosophie et les philosophes, redou-
tait au plus haut degréladiflusiondel'ins-
truction dans lo peuple, mais elle avait
de bonnes raisons pour cela : « Gardez-
vous bien de faire apprendre à lire à nos
paysans,écrivait-elle à ses gouverneurs,
car, s'ils devenaient trop savants, ni vous
ni moi ne resterions à notre place. » Ceux
qui font grise mine aux Universités po-
pulaires n'unt pas même l'excuse de Ca-
therine IL Ils ne songent pas assez à ce
qu'ils ont reçu de la société et ils oublient
ce qu'ils lui doivent. C'est pourtant,
comme le dit très justement M. Delvaille,
« le rôle de la partie intellectuelle d'une
démocratie d'établir le plus possible
entre les éléments de la nation une sorte
de continuité qui effacera les distinctions
artificielles. »
Ne voyez-vous pas que la distance qui
séparait autrefois les classes ouvrières
des classes libérales diminue tous les
jours par les améliorations apportées à la
condition du travailleur ? La réduction
des heures de travail, la hausse des sa-
laires, les garanties protectrices des lois
pour accroître sa sécurité et son bien-être
ne sont à première vue que des progrès
d'ordre matériel. Mais n'est-il pas inévita-
ble qu'ils aient leur choc en retour sur
l'état d'âme et la condition morale de
l'ouvrier ? Relevé dans sa dignité, dans
l'opinion qu'on avait et qu'il avait de lui-
même, jouissant de plus nombreux loisirs
l'ouvrier sent naître en lui des besoins in-
tellectuels que ne connurent pas ceux qui
moururent avant lui à la peine.M Delvaille
relève partout ces tendances nouvelles
des classes laborieuses, et les eflorts qui
ont été faits déjà en Angleterre, en Alle-
magne ou en Belgique pour leur donner
satisfaction. Il rêve de voir établir aussi
chez nous un quatrième ordre d'ensei-
gnement qui, empruntant aux trois autres
ses maîtres, ses méthodes, son esprit, ne
ferait pas double emploi avec eux. Il
ajoute9 « Le projet est attrayant, témé-
raire, mais nullement chimérique. Et si
l'on nous traite d'utopistes, si, en dépit
des expériences déjà faites, on doute de
l'avenir de l'œuvre, il faut avoir assez
d'audace pour paraître ridicule à certai-
nes heures, »
Que sur ce dernier point, M. Delvaille
se rassure. Nous avons déjà a Paris deux
ou trois Universités populaires. L'une a
été fondée par an simple ouvrier, M. De-
herme, en plein faubourg Saint.Antoine.
Une autre est l'œuvre d'une femme Mlle
Kergomard, inspectrice des écoles mater
nelles. Une troisième a été inaugurée ces
jours-ci à Grenelle, dans le Paris des ma-
çons, des plâtriers, des débardeurs. Lyon,
Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse ont
déjà ou auront demain des institutions
analogues. Et personne ne songe à rire ni
du public ni des conférenciers.
Je sais qu'il est plus facile peut-être de
créer ces Universités, que de les faire
vivre. Dans un pays comme l'Amérique
où l'initiative privée fait des miracles, il
se trouve toujours à point nommé quel-
que milliardaire pour mettre une bonne
œuvre à l'abri du besoin. Ces exemples
de générosité sont plus rares chez nous.
On en compte, mais aussi on les compte.
Ce qu'on ne peut attendre des particu-
liers, il faut donc le demander soit à l'es-
prit d'association que nous avons vu re-
naître en ces derniers temps avec une
ntensité singulière, soit encore aux corps
constitués comme les Chambres de com-
merce et les Chambres syndicales qui
n'ont pas à penser uniquement aux inté-
rêts industriels ou commerciaux d'une
ville ou d'une région. « Tout porte à
croire qu'elles : seconderaient une œuvre
nationale comme les universités popu-
laires -en Jeur apportant leur secours
matériel et leur appui morale ,'
M. Delvaille estime cu'il conviendrait
môme de dema der ne légère rétribu-
tion aux audit chose, dit-il, n'a
•rien d'extraor | re pour les Anglais et,
en France même, IMée se propage au-
jourd'hui et pourra e du chemin. Par
exemple, la « société jjr^essionnelle dn
Rhône » a établi un drori»d'inscription de
3 fr. par cours. La « société industrielle
d'Amiens » exige un dépôt de 20 fr., rem-
boursable en cartes de présence avec
majoration de vingt pour cent pour l'as-
siduité. C'est aussi pour encourager l'as-
siduité des élèves que le congrès dépar-
temental d'instruction populaire tenu à
Nantes en octobre 1897, a émis un vœu en
faveur du paiement des cours. Si dans
nos futures universités la cotisation est
faible personne ne la refusera. » N'ayant
pas personnellement le fétichisme de la
gratuité, j'ai maintes fois combattu la
tendance que nous avions à tout donner
pour rien. Ces fantaisies coûteuses n'ont
même pas toujours l'excuse de la néces-
sité. Le public n'attache guère de prix
qu'à ce qui se paie. Mais il n'y a point de
règles générales à établir ici.
Les Universités populaires seraient
perdues si on les soumettait dès le début
aux pratiques étroites de la centralisa-
tion en leur imposant une constitution
uniforme et des statuts modèles. Qu'elles
soient gratuites ici, payantes ailleurs,
c'est à vrai dire sans grande importance.
Le tout est de les mettre sur pied.
Ce qui est plus sérieux, ce qui est leur
raison d'être et leur principe vital, c'est
de leur assurer la liberté dans tous les
sens. Laissons-les s'oiganiser comme
elles veulent, et surtout enseigner ce
qu'elles veulent sans les assujettir à une
doctrine quelconque confessionnelle ou
philosophique. M. Séailles l'a dit en ter-
mes fort élevés à l'inauguration de l'U-
niversité du Faubourg Saint-Antoine. « Il
n'y a ici ni maîtres, ni chefs, ni patrons.
Notre propriété est collective. Elle est
sous notre propre sauvegarde ; nous trou-
vons notre loi dans notre idéal; nous som-
mes des hommes libres, des égaux volon-
taires.Toute pensée est ici la bienvenue,
qu'elle donne seulement ses titres. Nous
n'excluons que ceux qui, se croyant le
privilège de la vérité absolue, se croient
le devoir de l'imposer. »
Ni obéissance passive, ni intolérance ce
qui est au fond, la même chose. A ce
prix, avec M. Delvaille,je crois aux bien-
faits de l'éducation supérieure pour le
peuple. L'Université populaire complé-
tera l'école.
ANDRÉ BALZ.
Nouspabliefoas demain la Chronique
de M. Paul Ginisty
Le Conservatoire des Arts-et-Mêtiers
Lors du percement de la rue Réaumur, il
avait été question d'isoler complètement le
Conservatoire des Arts-et-Méticrs. Il s'agis-
sait de faire disparaître quelques immeubles
qui lui sont contigiis et de dégager l'ancienne
église Saint-Martin-des-Champs, chef d'œu-
vre d'architecture, classée au nombre des
monuments historiques.
Aucune solution n'avait pu intervenir jus-
qu'à ce jour.
M. Milleiand, ministre du commerce, au
cours d'une visite à cet établissement a pu se
rendre compte de la nécessité de procéder à
des dégagements. Il était en effet indispensa-
ble de prémunir contre les dangers d'incendie
ce grand et populaire musée qui renferme
des richesses sdentifiues de la plus grande
valeur et d'assainir tout en l'embellissant ce
qualtier si fréquenté.
Le ministre du commerce a engagé immé-
diatement des pourparlers avec la municipalité
pour lui demander de participer à l'opération
en abandonnant à l'Etat les terrains dont elle
est propriétaire. Ces terrains comprennent
quelques parcelles attenant à l'ancienne église
Saint-Marlln-des-Champs, la rue du Général-
Morin et le terrain contigu à l'immeuble sub-
sistant dans l'ilôt formé par cette rue, la rue
Vaucanson et la rue Réaumur. Le conseil
municipal de Paris vient de prendre une déli-
bération pour assurer cette session à l'Etat et
permettre d'exécuter le projet élaboré par M.
Miiierand sans exiger des sacrifices bien con-
sidérables.
Il s'agit, en effet, d'une dépense d'environ
800,000 francs que le Parlement n'hésitera
sacs doute pas à accorder.
M. Miiierand se propose d'ailleurs de dépo-
ser, de concert avec ses collègues des finances
et des beaux-arts, un projet de loi dès l'ou-
verture de la prochaine session pour obtenir
le crédit nécessaire à cette importante opéra-
tion.
—————— ♦ ————————————
Le Massacre de la Mission Bretosnei
M. Mercuri, second de la mission Béhagle a
adressé de N'Délé, dans le Dar Ronna où il se
trouve en ce moment près du sultan Scnoussi,
deux lettres à un de nos confrères algériens
de Constantine.
Ces deux lettres confirment tous les détails
du massacre de la mission Br^tonnet, mais
disent que notre aillé Gaourang n'a pas été
massacré.
En ce qui concerne la mort de Béhagle, M.
Mercuri dit qu'aucun des hommes qui compo-
saient son fcscorte n'est revenu ; le chef de la
mission a été conduit, après avoir été fait pri-
sonnier par l'avant-garde de Rabah, à Dikoa,
résidence habituelle de Rabas. Depuis, aucune
nouvelle n'est parvenue affirmant ou infirmant
le bruit de l'assassinat do notre compatriote.
Quant à Rabah, à la suite du massacre de
la mission Bretonnet, il est allé en personne
installer son sultan à Kouns, résidence de no-
tre allié le sultan de Guôurang.
Les lettres ajoutent que le sultan Senoussi,
allié également de la France et résidant à
N Délé, s'attend à une attaque des gens du
Ouadaïa qui se mettront très probablement
en mouvement dès que commencera la saison
sèche.
Il résulte de ces renseignements que notre
influence est partout menacée au sud du lac
Tchad.
L'OCTROI SUR LES BIÈRES
Un décret autorise pour l'année 1900 les
droits d'octroi sur les bières proposés par le
conseil municipal de Paris en remplacement
de ceux inscrits au tarif de la Ville.
- Ce nouveau régime -a pour but d'exonérer
les petites bières.. -
Le droit nouveau est de 15 fr. l'hectolitre
peur les bières dout la, pesanteur «oécifique
originelle est supérieure à 3 degrés 3 dixièmes
au-dessus de l'eau.
Il est également de 15 fr. pour les moûts
ayant une densité comprise entre 383 et 70S et
de 45 fr. pour les moûts ayant une densité
supérieure à 7°5,
Néanmoins restent au droit de 15 francs,
quelle que soit leur densité, les monts desti-
nés à être transformés en bière sans aucun
allongement.
La transformation devra être effectuée en
présence des agents de l'octroi.
Aux entrées de Paris, les introductions de
petites bières susceptibles de bénéficier de
exonération ne seront admises que par cer-
taines portes déterminées par le préfet de la
Seine ; les introducteurs seront tenus de dis-
poser à part, sur leurs chargements, les biè-
res de l'espèce, afin de faciliter les vérifica-
tions du service de l'octroi.
HTUTE, -COUR DE JUSTICE
Quarante et unième Audience
On s'était figuré qu'il ne restait plut
que sept avocats à entendre. Erreur 1
Chaque accusé, parlant aussi longuement
que son défenseur, cela fait en somme
quatorze plaidoiries à subir. Etonnez.
vous maintenant qu'on parle d'audiences
de nuit à partir d'aujourd'hui et de deux
audiences pour la journée de diman-
che..
L'audience d'hier, à laquelle n'assis-
tent pas les accusés Déroulêde, Buffet et
Dubuc, commence par la lecture de l'ar-
rêt rejetant les conclusions de l'accusé
Guérin tendant à la communication des
dossiers relatifs à l'accaparement des pÓ..
troles.
Guérin. — Je vous rappelle M. le président
votre promesse en ce qui concerne le scellé
des cartouches vides. Je tiens à ce que la
cour sache que je n'ai dit que la vérité.
Le président. — J'ai fait ouvrir ce scellé en
présence de M8 Ménard, il contient des douil-
les vides avec cette mention que ces douillci
ont été trouvées dans les balayures du fort
Chabrol.
Guérin. — Je demande qu'il soit constata
que ces Jouilles sont celles du revolver dont
je me suis servi.
Me Normand montre ici un bout d'o-
reille obstructionniste. Il demande à pré-
senter quelques observations en faveur
de M. Buffet qui a parlé pendant deux
heures à la précédente audience et qui a
été .défendu par quatre heures de plaidoi-
rie de Me Boullay.
Le président s'y oppose et fait connaî.
tre qu'il n'autorisera qu'un avocat par
accusé surtout lorsque celui-ci aura pré-
senté sa défense lui-même. Ce qui est
présentement le cas de l'accusé Gode-
froy.
L'accusé Godefroy
L'accusé Godefroy, président de la
Jeunesse royaliste demande tout d'abord
à protester contre des « erreurs maté-
rielles évidentes » du réquisitoire de M.
Octave Bernard.
Il n'était pas, dit il, présent à l'a mani-
festation du 2 octobre et pas davantage
à celle qui eut lieu devant le Cercle mili-
taire. La seule manifestation à laquelle
ait pris part l'accusé est celle du 1er jan-
vier devant l'Opéra.
— Je suis encore signalé je crois comme
ayantété à la droite de Mme la duchesse d'Or-
léans, à Bruxelles, dans le dîner offert aux
bouchers de la Villette.
Le procureur général. — J'ai dit M. Jager et
non vo-us.
L'accusé. — C'est pour cela que j'ai dit : Je
crois.
M. Godefroy se plaint ensuite que le
procureur général ait dénaturé ses senti-
ments politiques. La politique de l'accusé
est la politique chrétienne, c'est-à-dire
la politique royaliste : c'est qu'on n'a pas
le droit de faire le mal pour arriver au
bien.
— Je suis avant tout un homme d'ordre ab-
solument opposé à toute compromission avec
les partis révolutionnaires.
A l'appui, l'accusé donne lecture darti-
cles publiés par lui, où il condamne cer-
taines alliances du parti conservateur
avec les socialistes (pacte de Bordeaux)
Il se défend d'avoir entretenu avec les
représentants d'autres partis les relations
que lui reproche le ministère public.
— En fait, dit-il, je n'ai jamais pactisé ai
avec les nationalistAs, ni avec les antisémites.
Je suis resté un royaliste pur. Je ne suis pas
de ceux cependant qui pensent qu'on peut
dire à des adve"saires politiques : Jamais ! Il
est des circonstances où les enfants d'une
même patrie doivent s'unir, mais il est un
parti avec lequel je ne pactiserai jamais.
Vous avez deviné, n'est-ce pas, qu'il
s'agit du parti républicain tel qu'il est
«représenté aujourd'hui dans les conseils
du gouvernement : le parti socialiste. »
L'accusé arrive enfin aux accusations
dirigées contre lui. Il se plaint, il gémit,
et pour en arriver à ceci, c'est que le
procès ne couvrira pas do ridicule les
royalistes, comme le gouvernement s'en
flattait, mais bien au contraire le « parti
royaliste se sera révélé comme un
parti puissant et bien organisé » qui
ne se recrute pas dans l'aristocratie, mais
dans les « rangs du peuple. »
M. Godefroy nous apprend qu'il a ex-
pliqué à des ouvriers « l'histoire des 40
millions que la famille d'Orléans aurait
arrachés à la nation » et que les ouvriers
ont été convaincus.
L'accusé expose sa politique qui est de
combattre le socialisme et le césarisme.
— En terminant, messieurs, laissez-moi vous
dire que si vous me frappez, ne le faites pas
de façon qup quelqu'un puisse écrire que la
République est de droit divin. Il n'y a pas plus
de droit divin pour la République que pour la
Monarchie. Il n'y a qu'un gouvernement appro-
prié aux nécessités du peuple. Restons libres
de dire e t d'agir selon ce qui nous semble être
la vérité.
Si nous nous trompons, mes amis et moi,
sachéz qui nous sommes et jugez. Nous som-
mes des patriotes et des hounêtes rens ,
nous n'avons pas d'ambitions personnelles. Si
nous nous trompons, montrez-nous que le
bien du pays peut venir des institutions répa *
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