Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-02-06
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 février 1908 06 février 1908
Description : 1908/02/06 (N13845). 1908/02/06 (N13845).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
- - - - In- 138:43. D 16 Pluviôse An 116
-.-.-.. iroanmo
8di 6 Février 1008.-S* 13845.
-' -- Foaa.e.
AUGUSTE VACQUERIE
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OPINIONS
EN SOUVENIR
DEMANAU
-
Le premier président Manau, dont
nous avons eu le profond regret d'ap-
prendre la mort, ne fut pas seulement
un magistrat intègre et savant, mais
un des défenseurs, je pourrais presque
dire : un des restaurateurs de la Jus-
tice.
Il y a quelques années, un trouble
: étrange s'était emparé de la France. Un
accès de fanatisme, assez vulgaire en
somme, agitait une partie de l'opinion ;
et certains partis politiques, cherchant
à exploiter le malaise du pays, avaient
r intérêt à contrecarrer la marche régu-
lière d'une affaire judiciaire. Des déma-
* gogues avaient su prendre un empire
sur la naïveté populaire ; ils excitaient
la foule à envahir les prétoires et vou.
iaient imposer leur passion aux tribu-
naux.
Cette situation avait créé une anar-
1 chie morale à laquelle des esprits consi-
dérés jusqu'alors comme distingués ne
- savaient pas échapper.
Oui, à côté d'audacieux meneurs
d'hommes, qui n'auraient pas reculé de-
vant un crime contre les plus hautes
institutions de la République afin de
s'assurer les profits du pouvoir, il y
avait des écrivains, des sociologues qui
tentaient de dissimuler les appétits de
la bande sous un élégant habit de phi-
losophie et de littérature politiques.
Quand, de sang-froid, on se rappelle
leurs paradoxes, on a peine à croire
que des pensées à la fois si étranges et
lées.
- Quoi 1 nous disaient-ils, vous pen-
sez encore à conserver quelques prin-
cipes de justice ? Qu'est-ce donc que la
Justice ? Un fait de force — votre Cle-
menceau lui-même l'a reconnu — qui
- s'est affirmé. Eh bien 1 ce que la force
a fondé, la force peut le détruire. La
Justice est une nécessité sociale. Mais
il y a une autre nécessité sociale qui est
supérieure à celle-là : c'est le maintien
de l'ordre ; quand le bien public le veut,
n'hésitez pas à sacrifier le droit indivi-
.: duel,
De cette façon, la Justice était mena-
cée de deux manières : d'abord, dans
les principes de droit naturel qui sont
sa base; ensuite, dans son existence en
tant qu'institution publique.
, Nous avons fait bien souvent le pro-
cès de l'erreur nationaliste. Nous ne re-
commencerons pas aujourd'hui. Ce que
la force peut imposer, c'est le droit, tel
qu'il est inscrit dans les oœurs de tous
les citoyens. Il n'y a pas de puissance
qui serait capable d'imposer, sous l'an-
tique et imbécile prétexte de la raison
d'Etat, le règne de l'iniquité. La révolte
des consciences aura toujours "raison du
déni de justice érigé en système. On l'a
bien vu.
Pourtant, le péril fut longtemps me-
naçant. L'affaissement momentané de
la moralité publique semblait causer un
fléchissement de l'édifice judiciaire.
Cet édifice croùlait même tout entier
si la clef de voûte — c'est la Cour de
cassation que je veux dire — ne résis-
tait pas.
La Cour de cassation tint bon. Et ce-
pendant, on se souvient des coups qui
lui furent portés pour la faire céder.
Comme la panique générale avait gagn-é
le Parlement, les Chambres n'hésitèrent
pas à vouloir mettre en échec, par une
loi, l'œuvre de sincérité et de courage,
qu'accomplissait la Cour de cassation.
L'infâme loi de dessaisissement ne bri-
sa pas, comme les nationalistes l'avaient
espéré, la résistance de la Justice. Elle
la rendit plus forte.
C'est à cette époque que Mànau, alors
procureur généra.'i, nous émerveillait
par sa vigueur, 'par son bon sens, par
son mépris d-tjs tempêtes de la foule,
par sa confiance dans le droit.
N'oublions jamais qu'à une heure où
les vertus civiques se faisaient rar<^
- -"',
nous d\l)nS trouvé 1p plus puittnÍ ré-
copjîort dans la Justice intendante et
Souveraine,
^v'ossi, serons-nous sages en accep-
tant l colère les jugements des tri-
bllïiaux, quand ils nous paraissent don-
ner à des lois démocratiques une inter-
prétation à laquelle le législateur n'a-
yait pas songé. Ces erreurs de la justice
sont la rançon du grand service qu'elle
a rendu, & l'heure la plus trouble da
l'histoire de la troisième République, à
• !a Vérité.
Souhaitons des magistrats loyalement
attachés au régime, pénétrés de pensée
démocratique. Mais si quelques hom-
mies politiques songeaient à nous don-
ner des iug-es qui seraient les trop fldè-
les courtisans des ministres et des ma-
jorités parlementaires, ah ! prenons
garde l Les gouvernements sont faits
pour passer, et la Justice pour rester.
Ne faisons rien qui rende vacillant le
dem ter 'toit- sou? lequel, dans des an-
nées de honte et de crime, l'Innocence
persécutée a pu venir s'asseoir.
HUGUES DESTREM.
SUR LA TOMBE D'UN CURE
Vous savez ? il n est même
plus nécessaire d'avoir été
libre penseur pour se trouver
dénué de prélats à son enter-
rement. Voyez l'abbé Maze-
ran : l'abbé Mazeran étant
mort, quelqu'un prétendit que son évê-
que s'était fait représenter à ses obsè-
ques. — Nullement, rectifia l'évêque ;
l'abbé Mazeran a été le candidat de M.
Combes pour un évêché. Je n'ai envoyé
aucun représentant aux obsèques de cet
abbé.
Ceci est un peu cruel, oserai-je dire ;
j'apprends par une interview de Mgr
Fuzet, archevêque de Rouen, que le
malheureux curé Mazeran n'avait même
pas su que M. Combes le proposait pour
un poste d'évê-que. Ayant su la chose,
il avait répondu au prélat de son dépar-
tement qui lui reprochait les bonnes
notes ministérielles : « Si vous y tenez,
j'irai trouver le ministre pour décliner
moi-même toute candidature ; mais je
vous demanderai de m'autoriser de dire
que c'est vous-qui m'avez envoyé. » Point.
L'évêque ne lui accorda pas cette per-
mission ; le pauvre Mazeran mourut ;
et il n'eut, à son enterrement nul repré-
sentant de son évêque. Peste ! à ce trait,
jugez de lamine qu'on lui eût fait à
l'évêché, s'il ne fut pas mort, et com-
bien l'existence eût été joviale pour ce
curé !
Mgr Fuzet, qui est archevêque de
Rouen, a rencontré, samedi dernier,
aux obsèques de l'archevêque de Paris
celui de ses collègues qui s'est bien
gardé de déléguer personne aux obsè-
ques de l'un de ses curés ; et, déclare-
t-il, « devant une vingtaine de prélats
réunis à la sacristie, je lui ai dit ce que
je pensais de sa* conduite envers l'abbé
Mazeran. » L'archavèque de Rouen, visé
lui-même, paraît-il, par une pétition si-
gnée de sept évêques et de catholiques
inlluents qui demandent au pape de le
démissionner, Mgr Fuzet, disons-nous,
croit que « le point de départ de la petite
campagne » entreprise contre lui « est
dans cet incident. »
Non mais, des fois, si la religion ca-
tholique n'était pas une religion de fra-
ternité et de paix, où irions-nous ?
———————————
LES ON-DIT
Pourquoi le chocolat est cher
Nous avons tous déploré, à l'occasion
du premier de l'an et des cadeaux qu'il
entraîne, l'augmentation sensible du
prix du chocolat. C'est que les esclaves
sont à des taux inabordables. Oui, la va-
leur de l'homme noir a plus que doublé
sur la côte occidentale d'Afrique. Dans
l'Etat Ubre du Congo, grâce à la haute
philanthropie du roi fAopold, les escla-
ves que l'on vient recruter pour les
plantations de cacao des îles portugai-
ses, de l'Angola, etc., sont vendus de
16 à 35 et 40 livres sterling (de 400 à
1,000 francs). Chaque année, les plan-
teurs en achètent de 4 à 5,000.
En 1901, il y avait encore 22,0^) noirs
occupés à l'île San Thomé, 'P':t¡ l'effroya-
ble abandon où leurs nl?.!tr.es les lais-
saient a causé de cm/eis ravages dans
leurs rangs. La chair humaine commen-
ce à manquer sur le marché ; l'indus-
trie des négriers subit une crisei Y a-
t-il, on se Le demande en présence de
pareils laits, un Acte de Bruxelles ?
Y une Europe civilisée ?
Le Chirlandajo de la collection Kami
Les Amis du Louvre, comme Rachel,
n veulent pas être consolés. Les plus
belles perles de la fameuse collection
Kann échappent décidément à notrp
grande collection nationale, s'en ,.vonj
chez les transatlantiques. pu à peu
l'ensemble achevé en bloc par des trafi-
quants anglais, se fi œiUe avec de fortes
primes. 'est>lns'i que ie célèbre por-
trait de (:'c{),ianna degli Albizzi par Ghir-
■WfJdjo a été payé un demi-million par
M. Pierpon-Morgan, que la crise de l'or
n'a pas trop atteint, cela se voit. Cette
toile magistrale appartenait à air Char-
les Robinson, qui la vendit dix mille
francs à un brasseur quaker, nommé
Willett. Celui-ci la destinait à la Natio-
nal Gallery après sa mort. M. Kann la
lui ravit moyennant vingt-cinq mille
francs. C'est encore un Américain, un
certain Altmann, qui a acheté les plus
beaux ces onze Rembrandt de la collec-
tion Kann,
Mort du docteur Chanseaux
Une personnalité, sympathique entre
toutes et bien connue dans la nombreu-
se colonie creusoise de Paris, vient de
disparaître. Le docteur Chanseaux était
le type du « médecin des pauvres » tel
qu'on n'en voit plus que dans les bons
mélos d'autrefois. Républicain ardent,
il combattit au siège de Paria et campa
sur le plateau d'Avron aux jours des su-
prêmes espoirs. Revenu dans la Creu-
se, il consacra noblement sa fortune au
soulagement des misères prolétariennes
et à la ^éfensiï.des Jdée&j^publieaûws*
il fut l'un des fondateurs et le premier
directeur de l'Ecole nationale de tapis-
serie d'Aubusson, qui a donné à notre
industrie d'art de si précieux artisans,
et fut remplacé à ce poste d'honneur
par M. Lourier de Lajollais.
Cet honnête homme, ce bon citoyen
ne brigua aucune des récompenses que
méritait son dévouement notoire. Il ne
voulut être ni député, ni fonctionnaire,
ni décoré et, ainsi qu'il arrive d'ordinai-
re, on le prit au mot. <
Jules Renard et La Fontaine
L'humoriste Jules Renard et M. Al-
fred Capus sont une paire d'insépara-
bles, on le sait. Tous deux ont un fai-
ble pour les plaisanteries innocentes et
une admiration sincère pour Sapek, Ro-
mieux et autres spécialistes du genre
pince-sans-rire. Un jour, l'auteur de La
Veine dînait chez l'auteur de Poil de
Carottè. Au dessert, à l'heure des chan-
sons et des plus libres propos, Jules
Renard, pour répondre aux flatteuses
paroles adressées par. l'hôte de marque
à son jeune héritier, commanda à ce-
lui-ci de réciter une fable de La Fon-
taine.
Le Renardeau prit une pose et, d'une
voix détachée, lança le titre :
- - La Poule et le Lion.
- Comment ! la Poule et le Lion ?
interrompit M. Ca.pus. Je ne connais-
sais pas cette fable du bonhomme l
- Oh ! intervint Renard, c'est une fa-
ble inédite découverte par un érudit de
Château-Thierry.
L'homme de théâtre s'inclina, un peu
perplexe tout de même. Et l'enfant se
mit à dérouler l'histoire d'une poule qui
s'approcha sans méfiance de la cage au
lion.
Le roi des animaux regardait venir
Et disait.
Ici, le jeune phénomène entonna la
célèbre cantilène populaire :
Et disait : VIENS POUPOULE. VIENS
POU POULE, VIENS.
Le Passant.
LES D'URFE
Du Marquis idyllique
au Marquis républicainW-
Les événements se précipitaient alors avec
une telle rapidité, que cet incident fut vite
oublié ou ne nuisit point, en tout cas, a
l'avancement de Duchastellet, qui avait
complètement abandonné, non seulement le
titre de marquis, mais encore le nom
même de d'Urfé. Le 25 juillet 1791,
1791, il fut nommé colonel du 10e régiment
de chasseurs à cheval ; le 19 mars 1792, il
il fut promu colonel du 10e régiment
brigade), et successivement employé avec
ce grade dans les armées du Midi, du
Rhin, et du Nord où il fut dangereusement
blessé, sous les murs de Courtrai.
On lit, à ce sujet, dans le Moniteur:
- a Ce matin (24 juin 1792). à trois :':>pures 1
et demie, M. Achille Duchàtelet, (sic) ma- 1
réchal de camp, a eu le moilet de la ja.m
gauche emporté par un boulet de c- --lae
Cet officier si distingué par ses ténts de
toute espèce et par son zèle '-.pur potU' la
liberté, laisse dans notre -t pur po ar la
vide qui n'est pas fadl^ combler Il. un
Le général de &4flharnais écrit à Ca-
banis : « Les ooiers qui étaient derrière
ce brave officie lui donnèrent dans cette
circonstance malheureuse, avec leurs soins
et leurs preuves d'attachement, des mar-
ques : leur affection ; mais il chercha
® consoler en les remerciant et en leur
disant que cet accident ne devait pas les
empêcher de chanter le Ça ira. J'espère,
mon cher Cabanis, que nous ne perdrons
pas notre ami commun, que la nation con-
servera un bon citoyen. »
La blessure n'eut pas ies suites fâcheuses
que l'on pouvait redouter. Au mois d'août,
le Moniteur- constate avec joie : « Enfin,
le général Duchâtelet, est tout à fait hors
Je danger. La patrie ne pleurera pas
cet excellent citoyen et nos armées con-
serveront une des meilleures têtes militai-
res de l'Europe. Ce n'est pas seulement
ses amis qui, dans la crainte de lper-
dre ont versé des larmes, c'est tout ce
qu'il y a d'hommes Is¡'¡lcèrerndt dévoués à
la causé de la liberté.. )\ ■
Ses amis politiqu e---tlui connaissaient ses
qualités mlht, ses aptitudes adminis-
tratives, expérience et son honnêteté,
tent:-nt de le faire nommer ministre de
la Guerre. Le 4 février 1793, à la Conven-
tion Nationale, sur 000 votants, Achille
Duchàtelet recueillit 216 voix. Ce fut Beur-
nonville, qui, avec 356 suffrages, fut pro-
clamé ministre de la guerre.
Profondément affecté par cet ethec, désil-
lusionné, écœuré par une foule d'intrigues
auxquelles il voulait rester étranger, il ré-
solut, bien que nommé général de divi-
sion à 33 ans, de renoncer définitivement
à la vie publique ; il se retira à Auteuil
pour y recevoir les soins qu'exigeait sa
santé, .et, le 12 septembre 1793, il donna
sa démission.
Trois jours plus tard. le 15 septembre, il
se trouvait à Aire, petite place de guerre
sans grande importance, à 17 kilomètres de
Saint-Omer. Non loin de là était situé le
fief de Chastellet, berceau de sa famille.
il sy était rendu, pense-t-on, pour surveil-
ler des affaires d'intérêt, car il lui restait
encore quelques lopins de iêïTe da lâ for-
tune maternelle.
Quéllei ne fut pas sa stupéfaction quand
le Comité de surveillance d'Aire le fit ar-
rêter comme suspect !
De Chastelét orut à un excès de zèle, à
une méprise, à une erreur, et il adressa
au Comité de Sûreté générale une lettre
pleine dé dignité et de. courage : « Lorsque
le roy -était -puissant, écrivait-il, j'ay osé
faire afficher qu'il fallait abolir la royauté,
et lorsqu'il nfa offert des faveurs, je tes
ai .feiPoasséoo avec dédain. Après 13
(t) - Voir' le Rappel du 4 février,
moia de souffrance, j'ay repris mon poste
à l'armée et je n'ay demandé ma retraite
que lorsque j'ay vu par mon expérience
que j'étais trop estropié pour remplir mes
devoirs. J'aurais peut-être droit à. quelque
Íft.vwr, «eus- ta gouvernement .^républicain
je n'en demande aucune, mais je réclame
justice. Je vous prie de me faire punir
promptement, si je suis coupable ; et si je
ne le suis pas, de permettre que je puisse
être transporté chez moy à Auteuil pour y
recevoir les secours de l'art dont j'ai le plus
grand et le plus pressant besoin. »
Sur les conclusions de Antoine-Quintin
Fouquier-Tinville, on le transporta à Pa-
ris, à. la prison de la Force.
Trop perspicace pour se leurrer sur le
sort qui l'attendait, le jeune général obtint
une ohambre spéciale où il fit transporter
les plus beaux ouvrages de la célèbre bi-
bliothèque qu'avait possédée sa grand'mè-
re, et il s'adonna à l'étude avec une ar-
deur passionnée.
Cependant, on n'avait point instruit son
procès, tant les plus simples éléments d'ac-
cusation faisaient défaut — et les semaines,
et les mois passaient dans des angoisses
chaque jour renouvelées. Ses souffrances
physiques s'augmentaient aussi ; sa santé
déclinait rapidement, et ses compagnons
de captivité, surtout le général Miranda et
le journaliste Champagneux, étaient obligés
de lui prodiguer des soins jour et nuit.
Le 20 mare 1794, au matin, on le trouva
plongé en léthargie ; il succomba sans
douleur, vers midi. S'est-il suicidé ? A-t-il
pris, pour calmer d'atroces douleurs, une
dose d'opium trop forte ? On ne le saura
jamais.
Il avait légué ses livres à Miranda et à
Champagneux. Ce dernier, qui s'était pris
d'une admiration enthousiaste pour ce mar-
quis républicain, pour ce général mort à 34
ans, a laissé dans les mémoires de Mme
Roland de curieux renseignements sur. le
dernier des d'Urfé, qu'en style de l'époque
il apprécie de cette façon : « Telle fut la
fin de ce brave et vertueux militaire, dont
ma. plume n'a que faiblement esquissé les
grandes qualités. Ce siècle n'était pas digne
de lui ; ses lumières, ses talents, ses vertus
eussent honoré les plus beaux jours d'Athè-
nes et de Rome. »
Ne pourrait-on pas aussi l'honorer d'un
peu de bronze, ce d'Urfé-là ? Un petit mé-
daillon, représentant un général de la Pre-
mière République, sous le buste de l'au-
teur de l'Astrée, de l'ancien Ligueur, voilà
qui ne serait pas banal et conviendrait bien
à ces deux physionomies, si peu banales,
elles aussi.
Mais pourvu que les généraux n'aillent
pas protester, à leur tour, tout comme cer-
tains hommes de lettres ? Il y a tant de
ressemblance entre un militaire podagre et
un écrivain égrotant !
Grouchy de Vorney.
<»
L'ASSURANCE DU
PRESIDENT ROOSEVELT
(DD notre correspondant particulier)
NEW-YORK, 4 février. — Il n'y a pas
longtemps, le président Roosevelt s'est fait
assurer pour la somme de 85,000 dollars,
c'est-à-dire 425,000 francs. Hier, la com-
pagnie, sous l'impression de la nouvelle
de l'assassinat de Dom Carlos, a fait sa-
voir au président qu'elle ne pourrait main-
tenir l'assurance qu'à la condition d'aug-
menter la prime. >.
LES ÉCOLES PRATIQUES
DE ET D'INDUSTRIE
f Tlle t. la désignation des écoles pro-
en France, depuis la loi de
P-i?Ves< du 26 janvier 1892, qui a réorga-
n..sé,æs écoles peu nombreuses existant à
,"'ætte époque, et qui a permis d'en créer de
nouvelles.
Il y a maintenant soixante écoles prati-
ques, dont cinquante pour les garçons et
dix pour les jeunes filles. L'effectif des éco-
les de garçons s'élevait, au mois d'octobre
1907. à 8.828 ; celui des écoles de filles à
2.678.
Toutes ces écoles s'adressent aux enfants
sortant des écoles primaires, et fournissent
au commerce et à l'industrie, après trois
années d'études, des jeunes gens dont les
services sont immédiatement utilisables et,
par suite, immédiatement rétribués.
A côté des écoles pratiques, il existe, en
France, trois cent vingt écoles primaires
supérieures, dont deux cent treize écoles de
garçons, et cent sept de jeunes filles. Le
nombre des élèves des écoles de garçons
est actuellement de 26.930.
Ces dernières écoles s'adressent, dans les
mêmes conditions d'âge et de gratuité, aux
enfants sortant de l'école primaire ; !!'.s,
comme le disait spirituellement M. ie député
Mode Leroy, dans sa remarquable con-
férence du 12 décembre dernier, elles par-
viennent seulement à préparer une petite
partie de la jeunesse qui leur est confiée à
l'apprentissage. qui n'existe plus.
L'Allemagne possède environ trois cents
écoles professionnelles, dont quatre-vingts
ont été créées pendant ces sept ou (huit der-
nières années. JI y en a déjà près de mille
au Japon.
Quand il s'agit de l'armée, on compte le
nombre des batteries, le nombre des régi-
ments d'infanterie et de cavalerie des dif-
férentes nations. Pourquoi - n'en serait-il
pas de même pour les écoles profession-
nelles ? On verrait tout de suite la gran-
deur de l'œuvre qu'il nous reste à accom-
plir, afin de soutenir efncacement la lutte
économique.
Si l'on se rappelle que c'est en Prance
que La rénabilitation du travail manuel a
été entreprise par J.-J. Trousseau, à la fin
d'arts et métiers y a été fondée au commen-
cement du XIXe,on regrettera d'autant plus
que nous nous soyoris laissé dépasser à un
pareil degré
Nous avons bien, en France, un Conser-
vatoire des Arts et Métiers, une Ecole Cen-
trale des Arts et Manufactures, cinq écoles
d'Arts et Métiers, et une sixième projetée
à Paris, quinze écoles supérieures du Com-
merce, quatre écoles nationales profession-
nelles et les soixante écoles pratiques de
commerce et d'indusfne. Tout cela est peu
par rapport au nombre si considérable des
établissements d'instruction publique, dans
lesquels l'Université rassemble la majorité
de la jeunesse française..
Ne semble-t-il pas, en égard aux .besoins
économiques du pays, que ce devrait être
précisément î'iiivérse,. c'est-àdire que les
établissemeQÎs—d'ensûignement proJcssion-
net devraient être les plus nombreux V ,.
Au moment des élections municipales,
oetie question devrait primer toutes les a.u.
tres. ," '- -
Créer des écoles professionnelles dans les
nomoreuses villes qui n'en ont pas encore,
ou bien transformer les écoles primaires
supérieures, tel serait, à notre avis, et no-
tamment dans la banlieue de Paris, le de-
uûjc iw£asant des nouvelles municipalités
En donnant une première satisfaction
aux besoins les plus urgents de la vie éco-
nomique, on commencerait le renouvelle-
ment de notre outillage intellectuel, c'est-a-
dire de tout notre enseignement, dont la
docfnne, la méthode et l'organisation sont
restées médiévales.
Emile Rigolage.
1—,— ♦
A LA CHAMBRE
L'IMPOT SUR LE REVENU
La séance est ouverte à deux heures,
sous la présidence de M. Henri Bris-
son, et la Chambre reprend la suite de
la discussion générale du projet d'impôt
sur le revenu.
M. Jean Godet qui prend la parole
dit que la France est un des rares pays
civilisés qui se contente d'un système
d'impôts- surannés et injustes.
Seul, M. Caillaux a eu le courage d'en-
visager le problème dans son ensemble et
de proposer une solution démocratique qui
établira la justice dans l'impôt.
Dans son 'travail, M. Pelletan a signalé
les injustices criantes de nos impôts di-
rects actuels -tgraftivement aux diverses ca-
tégories de contribuables.
Dans l'exposé des motifs du budget de
1906, M. Poincaré reconnaissait que la pro-
priété rurale payait parfois jusqu'à 60
de son revenu.
Il n'y a pas seulement inégalité entre
les contribuables, mais encore entre les
diverses régions de la France.
Et M. Codet fait l'éloge du projet du
gouvernement qui ne présente pas les
inconvénients du système anglais ou
ceux du système allemand dans la taxa-
tion du revenu.
Le projet qui est soumis à la Chambre
apporte une atténuation appréciable aux
charges des petits contribuables sans gre-
ver outre mesure les privilégiés de la for-
tune. (Très bien ! Très bien ! à gauche).
Ce qui le caractérise, c'est qu'il consti-
tue le vrai dégrèvement des campagnes.
(Très bien ! Très bien 1 à gauche).
Tout ce qu'on peut reprocher au projet
Caillaux, c'est de ne pas tenir compte des
charges de famille. Mais c'est & une la-
cune qui peut être comblée.
Le gouvernement et la, commission ont
écarté la déclaration ont pensé que le
système qui avait remplacé l'impôt des pa-
tentes en Alsace-Lorraine était préférable
à l'impôt établi 'sur le loyer.
Une exemp* ]0ri totale d'impôt a été ac-
cordée r?Jr les revenus inférieurs, com-
me on : fait Dour l'agriculture.
ô'ieu.. qui protestent contre le nouvel im-
P? (Ùm connaissent pas les dispositions
~Aenveillantes. Quand il sera mieux connu
par l'application qui en sera faite, il sera
trouvé plus juste et ne donnera pas lieu à
autant de réclamations que l'ancien im-
pôt des patentes.
Il y a dans ce projet une disposition tout
à fait spéciale qui s'applique à toutes les
catégories.
Il s'agit de permettre à ceux que leur
Age ou leur santé empêchent de se livrer à
tou ttravail, de demander à être dégrevés;
personne ne protestera contre cette me-
sure.
M. Codet termine en disant qu'il faut
suivre la tradition de la Révolution et
l'exemple des pays qui sont entrés ré-
solument dans la voie du progrès.
On reproche au projet d'être incomplet
et aussi d'être trop étendu. Ces deux cri-
tiques sont d'un ordre très différent, mais
elles émanent également de tous ceux qui
sont les adversaires d'un impôt sur le re-
venu. (Très bien ! Très bien ! à gauche).
La réforme présentée est une et indi-
visible suivant la formule de nos ancê-
tres. C'est une œuvre de solidarité et de
justice sociales. Les représentants d& la
démocratie la doivent au pays. (Applau-
dissements répétés sur les rnes bancs).
M. Fernand Brun, qui succède à la
tribune à M. Codet, vient également
soutenir le projet du gouvernement.
J'ai cru devoir m'abstenir d'opposer au
p rejet le contre-projet que j'avais autre-
fois présenté avec un certain nombre de
mes collègues.
Ce n'est point que nous ayons renoncé
à notre conception personnelle d'un impôt
global et progressif, que nous avons tou-
jours préféré à l'impôt cédulairc, mais une
réforme de cette importance ne peut être
entreprise avec chance de succès que sur
l'initiative et sous la responsabilité même
du gouvernement.
Le ministre des finances a d'ailleurs fait
les plus louables efforts pour donner sa-
tisfaction simultanément aux partisans
des deux systèmes rivaux.
Et M. Fernand Brun fait remarquer que
le projet actuel montre que c'est M. Cail-
laux qui, dans une large mesure, s'est con-
verti aux doctrines des partisans de l'im-
pôt global et progressif ; il a déjà fait un
pas dans la voie où ses amis et lui es-
sayaient de l'entrainer ; de notre côté, dit
l'orateur, nous n'hésiteronts point à faire
un pas vers lui en vue d'aboufir. (Très
bien ! Très bien ! à gauche).
Le projet mérite l'approbation de tous
les républicains. Il permet de s'attacher en-
fin à la réforme de l'impôt foncier. en vue
d'y introduire l'égalité. Il constitue un
système complet qui aborde courageuse-
ment de front le problème fiscal et il ap-
porte, au point de vue du rendement, des
futurs impôts, une certitude.
Comme l'orateur précédent, M. Fer-
nand Brun demande pourquoi la com-
mission n'a pas introduit dans le pro-
jet des dégrèvements pour charges de
famille. La commission, dit-il, a indiqué
qu'elle ne se montrerait pas invincible
sur ce point. Qu'attend-ellc pour entrer
dans cette voie ?
Cette interrogation vaut à M. Brun la
risposte suivante que M. Coulant. (d'l-
vry) lui adresse de sa
Il faut que-les pèr^s 'de .famille qui ont
de nombreux enfants ne soient pas char-
gés par le nouvel Impôt. C'est pourquoi je
déposerai un amendement dans le but de
dégrever les pères de famille et de grever
les célibataires.
Puis voyant M. Ribot rire, il lui dit !
Vous riez, M. Ribot Je ne suis pas a-ca-
démicien. comme vous. Pendant vingt auX
je suis resté à l'usine où - l'on fabriquait
des machines à imprimer qui servaient à
éditer vos livres.
C'est avec - vos livres d'école que voui
êtes devenu savant. (Rires).
M. Fernand Brun reprenant la parole
félicite la commissiotn d'avoir adopta
un système qui combice la taxation avec
la déclaration. L'orateur déclare en ter-
minant que le moment est venu de t..
nir les promesses de dégrèvement et de
justice fiscale faites à notre démocratie
rurale. Malgré les résistances delà
ploutocratie et de la réaction, nous don-
nerons satisfaction à ces infatigables
travailleurs des campagnes, les servi-
teurs dévoués de la République.
M. Paul Dussaùssoy, qui intervient
après, examine et. combat le systèma
adopté par la commission en ce qui tou-
che la quatrième catégorie, les revenus
des professions industrielles et commet
dales.
La séance est levée à cinq heures qua-
rante-cinq et renvoyée à demain, deux
heures, pour la suite de la discussion.
Ch. Pierg*.
AU SÉNAT
Les 28 et les 13 jours. —Toutes les motions
préjudicielles sont repoussées
La séance est présidée par M. Antonin,
Dubost.
L'assassinat du roi de Portugal
M. Pichont ministre des affaires étrangè-
res. — Messieurs, j'ai dit hier à la Chambre
des députés avec quelle tristesse le gou-
vernement avait reçu la nouvelle de l'at-
tentat qui a coûté la vie au roi de Portugal
et au prince héritier de la Maison de Bra-
gance.
La Chambre a bien voulu s'associer aux
sentiments manifestés par le gouverne-
ment et aux démarches qu'il a faites pour
que l'expression en soit transmise à la fa.
mille royale.
Je connais trop bien la Haute Assemblée
à laquelle j'ai l honneur d'appartenir pour
douter un instant qu'elle ressente et tienn&
à exprimer les mêmes sentiments.
En répudiant un crime flétri dans le
monde entier, le Parlement de la Républi-
que ne fera que se montrer fidèle aux tra-
ditions d'honneur et d'humanité que pro.
fessent tous les représentants, à quelque
parti qu'ils appartiennent.
Elle confirmera le gouvernement dans la
certitude qu'il a interprété dans cette dou-
loureuse circonstance les sentiments de
tout le Parlement. (Vifs applaudissements.)
M. Antonin Dubost, président du Sénat.
— Je suis certain, messieurs, d'être l'inter-
prète fidèle du Sénat tout entier en l'asso-
ciant aux nobles et simples naroles que la
ministre des affaires étrangères vient de
prononcer au nom du gouvernement, et en
exprimant avec lui nos teommuns senti-
ments de réprobation et d'horreur. (Vifa
applaudissements.)
M. de Carné. - Je propose au Sénat la
motion suivante ! « Le Sénat, s'associant
aux paroles de son président, passe £ l'or-
dre du jour. » - <
La motion est adoptée à l'unanimité.
(Applaudissements.)
Lea » four#
On passe à la question des vingt-huit
jours.
M. de Lamarzeltc. — Le Sénat ne peut
voter la lqJ. Je refuserai en tout cas à des
maures décevantes qui sont la conséquen.
ce d'un suffrage universel à l'état morgani*
que. -.
La discussion générale est close.
La motion d'ajournement du général Mer-
cier, combattue en quelques mots par 18
ministre ue la guerre, est repoussée.
Le général Mercier demande , qu'avant da
statuer sur Ta durée des périodes d'exerci-
ces, le Sénat se prononce sur la disposition
relative aux dispenses et aux sursis.
Après avoir entendu M. Boudenoot, rem-
plaçant M. Labrousse, rapporteur, appela
hors de Paris pour un devoir de famille, le
Sénat repousse cette proposition.
Le Sénat aborde la question. ife savoir
quelle sera la durée ces périodes d'instruc.
tion. Plusieurs solutions sont proposées,"
notamment celle qui consTste à conserver
pour la première période d'exercice une du'
rée de <28 jours. Celle-ci fait l'objet d'un
amendement déposé par MM. le génial
Langlois, Cabart-Danneville et Milliard. Elle
est mise en délibération.
M. Milliard. — L'impression produits
par le discours de M. de Freycinet dure
encore sur tous les Bancs du Sénat. Nous
ne pourrions, en parlant à notre tour, que
l'affaiblir. Que le Sénat mette ces paroles
dans la balance, dans le plateau do la
France. (Applaudissements.)
Le général Picquart. - Je me félicite
d'être d'accord avec M. de Freycinet sur
un certain nombre de points. Il admet deux
catégories de réservistes avec des périodes
différentes, suivant le rôle qu'aura à jouer
chacune de ces catégories.
Il admet également que la deuxième pé-
riode soit ae 17 jours seulement. Enfin, it
n'a fait aucune objection aux dispositions
nouvelles pour l'armée territoriale. Il ne se
sépare, en réalité, de la commission et du
gouvernement qne sur la durée de la pre-
mière période.
Le différend se réduit a peu de choses. La
commission propose une durée de 23 jours,
y compris Te jour d'arrivée et celui du dé-
part. id. de Freycmet demande le main-
tien du statu quo, c'est-à-dire des vingt-
huit jours, rj1.:Js en reconnaissant que plus
tard, quand la loi de deux ans aura fonc-
tionné, on pourra réduire la période à i'5
jours. Cette. différence de 5 jours dans le
présent et de 2 jours ûans l'avenir est con-
sidérablj.
On a beaucoup parto de ce qui se fait M.
Allemagne. Cest un pàys où on laisse a
l'autorité militaire beaucoup d'initiative, on
dirait chez nous beaucoup d'arbitraire. Les
deux tiers des réservistes de TlnTanteric
font I t jours de période soit une fois, soit
deux fois ; un certain nombre font 28 jours.
Ce sorft ceux qui forment les troisièmes ba-
taillons. des petits régiments.
Pour ode .CRife unité nouvelle Ulsse
prendre part aux manœuvres, il n'est par
étonnant que la période soit de 28 jours.
-.-.-.. iroanmo
8di 6 Février 1008.-S* 13845.
-' -- Foaa.e.
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Si Mit iras n«ii Sli ttll Jnam
Paris. 2fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.1
départements.. 2— 6 — ! i - 20 -
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RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS
Adresser les communications au
Rèdaoteur en ohef
: ..- - (fondateur r £ * £ p
AUGUSTE VACQUERIE^
ANNONCES
MM. LAGRANGB, CBPI * fle
S, Place de la Bowre, 8
« aux BUREAUX DU JOURNAL
ADMINISTRATION : 14, RUE OU MAil
** Téléphone 168-82
Adresser lettres et manats à Administrateur
OPINIONS
EN SOUVENIR
DEMANAU
-
Le premier président Manau, dont
nous avons eu le profond regret d'ap-
prendre la mort, ne fut pas seulement
un magistrat intègre et savant, mais
un des défenseurs, je pourrais presque
dire : un des restaurateurs de la Jus-
tice.
Il y a quelques années, un trouble
: étrange s'était emparé de la France. Un
accès de fanatisme, assez vulgaire en
somme, agitait une partie de l'opinion ;
et certains partis politiques, cherchant
à exploiter le malaise du pays, avaient
r intérêt à contrecarrer la marche régu-
lière d'une affaire judiciaire. Des déma-
* gogues avaient su prendre un empire
sur la naïveté populaire ; ils excitaient
la foule à envahir les prétoires et vou.
iaient imposer leur passion aux tribu-
naux.
Cette situation avait créé une anar-
1 chie morale à laquelle des esprits consi-
dérés jusqu'alors comme distingués ne
- savaient pas échapper.
Oui, à côté d'audacieux meneurs
d'hommes, qui n'auraient pas reculé de-
vant un crime contre les plus hautes
institutions de la République afin de
s'assurer les profits du pouvoir, il y
avait des écrivains, des sociologues qui
tentaient de dissimuler les appétits de
la bande sous un élégant habit de phi-
losophie et de littérature politiques.
Quand, de sang-froid, on se rappelle
leurs paradoxes, on a peine à croire
que des pensées à la fois si étranges et
lées.
- Quoi 1 nous disaient-ils, vous pen-
sez encore à conserver quelques prin-
cipes de justice ? Qu'est-ce donc que la
Justice ? Un fait de force — votre Cle-
menceau lui-même l'a reconnu — qui
- s'est affirmé. Eh bien 1 ce que la force
a fondé, la force peut le détruire. La
Justice est une nécessité sociale. Mais
il y a une autre nécessité sociale qui est
supérieure à celle-là : c'est le maintien
de l'ordre ; quand le bien public le veut,
n'hésitez pas à sacrifier le droit indivi-
.: duel,
De cette façon, la Justice était mena-
cée de deux manières : d'abord, dans
les principes de droit naturel qui sont
sa base; ensuite, dans son existence en
tant qu'institution publique.
, Nous avons fait bien souvent le pro-
cès de l'erreur nationaliste. Nous ne re-
commencerons pas aujourd'hui. Ce que
la force peut imposer, c'est le droit, tel
qu'il est inscrit dans les oœurs de tous
les citoyens. Il n'y a pas de puissance
qui serait capable d'imposer, sous l'an-
tique et imbécile prétexte de la raison
d'Etat, le règne de l'iniquité. La révolte
des consciences aura toujours "raison du
déni de justice érigé en système. On l'a
bien vu.
Pourtant, le péril fut longtemps me-
naçant. L'affaissement momentané de
la moralité publique semblait causer un
fléchissement de l'édifice judiciaire.
Cet édifice croùlait même tout entier
si la clef de voûte — c'est la Cour de
cassation que je veux dire — ne résis-
tait pas.
La Cour de cassation tint bon. Et ce-
pendant, on se souvient des coups qui
lui furent portés pour la faire céder.
Comme la panique générale avait gagn-é
le Parlement, les Chambres n'hésitèrent
pas à vouloir mettre en échec, par une
loi, l'œuvre de sincérité et de courage,
qu'accomplissait la Cour de cassation.
L'infâme loi de dessaisissement ne bri-
sa pas, comme les nationalistes l'avaient
espéré, la résistance de la Justice. Elle
la rendit plus forte.
C'est à cette époque que Mànau, alors
procureur généra.'i, nous émerveillait
par sa vigueur, 'par son bon sens, par
son mépris d-tjs tempêtes de la foule,
par sa confiance dans le droit.
N'oublions jamais qu'à une heure où
les vertus civiques se faisaient rar<^
- -"',
nous d\l)nS trouvé 1p plus puittnÍ ré-
copjîort dans la Justice intendante et
Souveraine,
^v'ossi, serons-nous sages en accep-
tant l colère les jugements des tri-
bllïiaux, quand ils nous paraissent don-
ner à des lois démocratiques une inter-
prétation à laquelle le législateur n'a-
yait pas songé. Ces erreurs de la justice
sont la rançon du grand service qu'elle
a rendu, & l'heure la plus trouble da
l'histoire de la troisième République, à
• !a Vérité.
Souhaitons des magistrats loyalement
attachés au régime, pénétrés de pensée
démocratique. Mais si quelques hom-
mies politiques songeaient à nous don-
ner des iug-es qui seraient les trop fldè-
les courtisans des ministres et des ma-
jorités parlementaires, ah ! prenons
garde l Les gouvernements sont faits
pour passer, et la Justice pour rester.
Ne faisons rien qui rende vacillant le
dem ter 'toit- sou? lequel, dans des an-
nées de honte et de crime, l'Innocence
persécutée a pu venir s'asseoir.
HUGUES DESTREM.
SUR LA TOMBE D'UN CURE
Vous savez ? il n est même
plus nécessaire d'avoir été
libre penseur pour se trouver
dénué de prélats à son enter-
rement. Voyez l'abbé Maze-
ran : l'abbé Mazeran étant
mort, quelqu'un prétendit que son évê-
que s'était fait représenter à ses obsè-
ques. — Nullement, rectifia l'évêque ;
l'abbé Mazeran a été le candidat de M.
Combes pour un évêché. Je n'ai envoyé
aucun représentant aux obsèques de cet
abbé.
Ceci est un peu cruel, oserai-je dire ;
j'apprends par une interview de Mgr
Fuzet, archevêque de Rouen, que le
malheureux curé Mazeran n'avait même
pas su que M. Combes le proposait pour
un poste d'évê-que. Ayant su la chose,
il avait répondu au prélat de son dépar-
tement qui lui reprochait les bonnes
notes ministérielles : « Si vous y tenez,
j'irai trouver le ministre pour décliner
moi-même toute candidature ; mais je
vous demanderai de m'autoriser de dire
que c'est vous-qui m'avez envoyé. » Point.
L'évêque ne lui accorda pas cette per-
mission ; le pauvre Mazeran mourut ;
et il n'eut, à son enterrement nul repré-
sentant de son évêque. Peste ! à ce trait,
jugez de lamine qu'on lui eût fait à
l'évêché, s'il ne fut pas mort, et com-
bien l'existence eût été joviale pour ce
curé !
Mgr Fuzet, qui est archevêque de
Rouen, a rencontré, samedi dernier,
aux obsèques de l'archevêque de Paris
celui de ses collègues qui s'est bien
gardé de déléguer personne aux obsè-
ques de l'un de ses curés ; et, déclare-
t-il, « devant une vingtaine de prélats
réunis à la sacristie, je lui ai dit ce que
je pensais de sa* conduite envers l'abbé
Mazeran. » L'archavèque de Rouen, visé
lui-même, paraît-il, par une pétition si-
gnée de sept évêques et de catholiques
inlluents qui demandent au pape de le
démissionner, Mgr Fuzet, disons-nous,
croit que « le point de départ de la petite
campagne » entreprise contre lui « est
dans cet incident. »
Non mais, des fois, si la religion ca-
tholique n'était pas une religion de fra-
ternité et de paix, où irions-nous ?
———————————
LES ON-DIT
Pourquoi le chocolat est cher
Nous avons tous déploré, à l'occasion
du premier de l'an et des cadeaux qu'il
entraîne, l'augmentation sensible du
prix du chocolat. C'est que les esclaves
sont à des taux inabordables. Oui, la va-
leur de l'homme noir a plus que doublé
sur la côte occidentale d'Afrique. Dans
l'Etat Ubre du Congo, grâce à la haute
philanthropie du roi fAopold, les escla-
ves que l'on vient recruter pour les
plantations de cacao des îles portugai-
ses, de l'Angola, etc., sont vendus de
16 à 35 et 40 livres sterling (de 400 à
1,000 francs). Chaque année, les plan-
teurs en achètent de 4 à 5,000.
En 1901, il y avait encore 22,0^) noirs
occupés à l'île San Thomé, 'P':t¡ l'effroya-
ble abandon où leurs nl?.!tr.es les lais-
saient a causé de cm/eis ravages dans
leurs rangs. La chair humaine commen-
ce à manquer sur le marché ; l'indus-
trie des négriers subit une crisei Y a-
t-il, on se Le demande en présence de
pareils laits, un Acte de Bruxelles ?
Y une Europe civilisée ?
Le Chirlandajo de la collection Kami
Les Amis du Louvre, comme Rachel,
n veulent pas être consolés. Les plus
belles perles de la fameuse collection
Kann échappent décidément à notrp
grande collection nationale, s'en ,.vonj
chez les transatlantiques. pu à peu
l'ensemble achevé en bloc par des trafi-
quants anglais, se fi œiUe avec de fortes
primes. 'est>lns'i que ie célèbre por-
trait de (:'c{),ianna degli Albizzi par Ghir-
■WfJdjo a été payé un demi-million par
M. Pierpon-Morgan, que la crise de l'or
n'a pas trop atteint, cela se voit. Cette
toile magistrale appartenait à air Char-
les Robinson, qui la vendit dix mille
francs à un brasseur quaker, nommé
Willett. Celui-ci la destinait à la Natio-
nal Gallery après sa mort. M. Kann la
lui ravit moyennant vingt-cinq mille
francs. C'est encore un Américain, un
certain Altmann, qui a acheté les plus
beaux ces onze Rembrandt de la collec-
tion Kann,
Mort du docteur Chanseaux
Une personnalité, sympathique entre
toutes et bien connue dans la nombreu-
se colonie creusoise de Paris, vient de
disparaître. Le docteur Chanseaux était
le type du « médecin des pauvres » tel
qu'on n'en voit plus que dans les bons
mélos d'autrefois. Républicain ardent,
il combattit au siège de Paria et campa
sur le plateau d'Avron aux jours des su-
prêmes espoirs. Revenu dans la Creu-
se, il consacra noblement sa fortune au
soulagement des misères prolétariennes
et à la ^éfensiï.des Jdée&j^publieaûws*
il fut l'un des fondateurs et le premier
directeur de l'Ecole nationale de tapis-
serie d'Aubusson, qui a donné à notre
industrie d'art de si précieux artisans,
et fut remplacé à ce poste d'honneur
par M. Lourier de Lajollais.
Cet honnête homme, ce bon citoyen
ne brigua aucune des récompenses que
méritait son dévouement notoire. Il ne
voulut être ni député, ni fonctionnaire,
ni décoré et, ainsi qu'il arrive d'ordinai-
re, on le prit au mot. <
Jules Renard et La Fontaine
L'humoriste Jules Renard et M. Al-
fred Capus sont une paire d'insépara-
bles, on le sait. Tous deux ont un fai-
ble pour les plaisanteries innocentes et
une admiration sincère pour Sapek, Ro-
mieux et autres spécialistes du genre
pince-sans-rire. Un jour, l'auteur de La
Veine dînait chez l'auteur de Poil de
Carottè. Au dessert, à l'heure des chan-
sons et des plus libres propos, Jules
Renard, pour répondre aux flatteuses
paroles adressées par. l'hôte de marque
à son jeune héritier, commanda à ce-
lui-ci de réciter une fable de La Fon-
taine.
Le Renardeau prit une pose et, d'une
voix détachée, lança le titre :
- - La Poule et le Lion.
- Comment ! la Poule et le Lion ?
interrompit M. Ca.pus. Je ne connais-
sais pas cette fable du bonhomme l
- Oh ! intervint Renard, c'est une fa-
ble inédite découverte par un érudit de
Château-Thierry.
L'homme de théâtre s'inclina, un peu
perplexe tout de même. Et l'enfant se
mit à dérouler l'histoire d'une poule qui
s'approcha sans méfiance de la cage au
lion.
Le roi des animaux regardait venir
Et disait.
Ici, le jeune phénomène entonna la
célèbre cantilène populaire :
Et disait : VIENS POUPOULE. VIENS
POU POULE, VIENS.
Le Passant.
LES D'URFE
Du Marquis idyllique
au Marquis républicainW-
Les événements se précipitaient alors avec
une telle rapidité, que cet incident fut vite
oublié ou ne nuisit point, en tout cas, a
l'avancement de Duchastellet, qui avait
complètement abandonné, non seulement le
titre de marquis, mais encore le nom
même de d'Urfé. Le 25 juillet 1791,
1791, il fut nommé colonel du 10e régiment
de chasseurs à cheval ; le 19 mars 1792, il
il fut promu colonel du 10e régiment
brigade), et successivement employé avec
ce grade dans les armées du Midi, du
Rhin, et du Nord où il fut dangereusement
blessé, sous les murs de Courtrai.
On lit, à ce sujet, dans le Moniteur:
- a Ce matin (24 juin 1792). à trois :':>pures 1
et demie, M. Achille Duchàtelet, (sic) ma- 1
réchal de camp, a eu le moilet de la ja.m
gauche emporté par un boulet de c- --lae
Cet officier si distingué par ses ténts de
toute espèce et par son zèle '-.pur potU' la
liberté, laisse dans notre -t pur po ar la
vide qui n'est pas fadl^ combler Il. un
Le général de &4flharnais écrit à Ca-
banis : « Les ooiers qui étaient derrière
ce brave officie lui donnèrent dans cette
circonstance malheureuse, avec leurs soins
et leurs preuves d'attachement, des mar-
ques : leur affection ; mais il chercha
® consoler en les remerciant et en leur
disant que cet accident ne devait pas les
empêcher de chanter le Ça ira. J'espère,
mon cher Cabanis, que nous ne perdrons
pas notre ami commun, que la nation con-
servera un bon citoyen. »
La blessure n'eut pas ies suites fâcheuses
que l'on pouvait redouter. Au mois d'août,
le Moniteur- constate avec joie : « Enfin,
le général Duchâtelet, est tout à fait hors
Je danger. La patrie ne pleurera pas
cet excellent citoyen et nos armées con-
serveront une des meilleures têtes militai-
res de l'Europe. Ce n'est pas seulement
ses amis qui, dans la crainte de lper-
dre ont versé des larmes, c'est tout ce
qu'il y a d'hommes Is¡'¡lcèrerndt dévoués à
la causé de la liberté.. )\ ■
Ses amis politiqu e---tlui connaissaient ses
qualités mlht, ses aptitudes adminis-
tratives, expérience et son honnêteté,
tent:-nt de le faire nommer ministre de
la Guerre. Le 4 février 1793, à la Conven-
tion Nationale, sur 000 votants, Achille
Duchàtelet recueillit 216 voix. Ce fut Beur-
nonville, qui, avec 356 suffrages, fut pro-
clamé ministre de la guerre.
Profondément affecté par cet ethec, désil-
lusionné, écœuré par une foule d'intrigues
auxquelles il voulait rester étranger, il ré-
solut, bien que nommé général de divi-
sion à 33 ans, de renoncer définitivement
à la vie publique ; il se retira à Auteuil
pour y recevoir les soins qu'exigeait sa
santé, .et, le 12 septembre 1793, il donna
sa démission.
Trois jours plus tard. le 15 septembre, il
se trouvait à Aire, petite place de guerre
sans grande importance, à 17 kilomètres de
Saint-Omer. Non loin de là était situé le
fief de Chastellet, berceau de sa famille.
il sy était rendu, pense-t-on, pour surveil-
ler des affaires d'intérêt, car il lui restait
encore quelques lopins de iêïTe da lâ for-
tune maternelle.
Quéllei ne fut pas sa stupéfaction quand
le Comité de surveillance d'Aire le fit ar-
rêter comme suspect !
De Chastelét orut à un excès de zèle, à
une méprise, à une erreur, et il adressa
au Comité de Sûreté générale une lettre
pleine dé dignité et de. courage : « Lorsque
le roy -était -puissant, écrivait-il, j'ay osé
faire afficher qu'il fallait abolir la royauté,
et lorsqu'il nfa offert des faveurs, je tes
ai .feiPoasséoo avec dédain. Après 13
(t) - Voir' le Rappel du 4 février,
moia de souffrance, j'ay repris mon poste
à l'armée et je n'ay demandé ma retraite
que lorsque j'ay vu par mon expérience
que j'étais trop estropié pour remplir mes
devoirs. J'aurais peut-être droit à. quelque
Íft.vwr, «eus- ta gouvernement .^républicain
je n'en demande aucune, mais je réclame
justice. Je vous prie de me faire punir
promptement, si je suis coupable ; et si je
ne le suis pas, de permettre que je puisse
être transporté chez moy à Auteuil pour y
recevoir les secours de l'art dont j'ai le plus
grand et le plus pressant besoin. »
Sur les conclusions de Antoine-Quintin
Fouquier-Tinville, on le transporta à Pa-
ris, à. la prison de la Force.
Trop perspicace pour se leurrer sur le
sort qui l'attendait, le jeune général obtint
une ohambre spéciale où il fit transporter
les plus beaux ouvrages de la célèbre bi-
bliothèque qu'avait possédée sa grand'mè-
re, et il s'adonna à l'étude avec une ar-
deur passionnée.
Cependant, on n'avait point instruit son
procès, tant les plus simples éléments d'ac-
cusation faisaient défaut — et les semaines,
et les mois passaient dans des angoisses
chaque jour renouvelées. Ses souffrances
physiques s'augmentaient aussi ; sa santé
déclinait rapidement, et ses compagnons
de captivité, surtout le général Miranda et
le journaliste Champagneux, étaient obligés
de lui prodiguer des soins jour et nuit.
Le 20 mare 1794, au matin, on le trouva
plongé en léthargie ; il succomba sans
douleur, vers midi. S'est-il suicidé ? A-t-il
pris, pour calmer d'atroces douleurs, une
dose d'opium trop forte ? On ne le saura
jamais.
Il avait légué ses livres à Miranda et à
Champagneux. Ce dernier, qui s'était pris
d'une admiration enthousiaste pour ce mar-
quis républicain, pour ce général mort à 34
ans, a laissé dans les mémoires de Mme
Roland de curieux renseignements sur. le
dernier des d'Urfé, qu'en style de l'époque
il apprécie de cette façon : « Telle fut la
fin de ce brave et vertueux militaire, dont
ma. plume n'a que faiblement esquissé les
grandes qualités. Ce siècle n'était pas digne
de lui ; ses lumières, ses talents, ses vertus
eussent honoré les plus beaux jours d'Athè-
nes et de Rome. »
Ne pourrait-on pas aussi l'honorer d'un
peu de bronze, ce d'Urfé-là ? Un petit mé-
daillon, représentant un général de la Pre-
mière République, sous le buste de l'au-
teur de l'Astrée, de l'ancien Ligueur, voilà
qui ne serait pas banal et conviendrait bien
à ces deux physionomies, si peu banales,
elles aussi.
Mais pourvu que les généraux n'aillent
pas protester, à leur tour, tout comme cer-
tains hommes de lettres ? Il y a tant de
ressemblance entre un militaire podagre et
un écrivain égrotant !
Grouchy de Vorney.
<»
L'ASSURANCE DU
PRESIDENT ROOSEVELT
(DD notre correspondant particulier)
NEW-YORK, 4 février. — Il n'y a pas
longtemps, le président Roosevelt s'est fait
assurer pour la somme de 85,000 dollars,
c'est-à-dire 425,000 francs. Hier, la com-
pagnie, sous l'impression de la nouvelle
de l'assassinat de Dom Carlos, a fait sa-
voir au président qu'elle ne pourrait main-
tenir l'assurance qu'à la condition d'aug-
menter la prime. >.
LES ÉCOLES PRATIQUES
DE ET D'INDUSTRIE
f Tlle t. la désignation des écoles pro-
en France, depuis la loi de
P-i?Ves< du 26 janvier 1892, qui a réorga-
n..sé,æs écoles peu nombreuses existant à
,"'ætte époque, et qui a permis d'en créer de
nouvelles.
Il y a maintenant soixante écoles prati-
ques, dont cinquante pour les garçons et
dix pour les jeunes filles. L'effectif des éco-
les de garçons s'élevait, au mois d'octobre
1907. à 8.828 ; celui des écoles de filles à
2.678.
Toutes ces écoles s'adressent aux enfants
sortant des écoles primaires, et fournissent
au commerce et à l'industrie, après trois
années d'études, des jeunes gens dont les
services sont immédiatement utilisables et,
par suite, immédiatement rétribués.
A côté des écoles pratiques, il existe, en
France, trois cent vingt écoles primaires
supérieures, dont deux cent treize écoles de
garçons, et cent sept de jeunes filles. Le
nombre des élèves des écoles de garçons
est actuellement de 26.930.
Ces dernières écoles s'adressent, dans les
mêmes conditions d'âge et de gratuité, aux
enfants sortant de l'école primaire ; !!'.s,
comme le disait spirituellement M. ie député
Mode Leroy, dans sa remarquable con-
férence du 12 décembre dernier, elles par-
viennent seulement à préparer une petite
partie de la jeunesse qui leur est confiée à
l'apprentissage. qui n'existe plus.
L'Allemagne possède environ trois cents
écoles professionnelles, dont quatre-vingts
ont été créées pendant ces sept ou (huit der-
nières années. JI y en a déjà près de mille
au Japon.
Quand il s'agit de l'armée, on compte le
nombre des batteries, le nombre des régi-
ments d'infanterie et de cavalerie des dif-
férentes nations. Pourquoi - n'en serait-il
pas de même pour les écoles profession-
nelles ? On verrait tout de suite la gran-
deur de l'œuvre qu'il nous reste à accom-
plir, afin de soutenir efncacement la lutte
économique.
Si l'on se rappelle que c'est en Prance
que La rénabilitation du travail manuel a
été entreprise par J.-J. Trousseau, à la fin
d'arts et métiers y a été fondée au commen-
cement du XIXe,on regrettera d'autant plus
que nous nous soyoris laissé dépasser à un
pareil degré
Nous avons bien, en France, un Conser-
vatoire des Arts et Métiers, une Ecole Cen-
trale des Arts et Manufactures, cinq écoles
d'Arts et Métiers, et une sixième projetée
à Paris, quinze écoles supérieures du Com-
merce, quatre écoles nationales profession-
nelles et les soixante écoles pratiques de
commerce et d'indusfne. Tout cela est peu
par rapport au nombre si considérable des
établissements d'instruction publique, dans
lesquels l'Université rassemble la majorité
de la jeunesse française..
Ne semble-t-il pas, en égard aux .besoins
économiques du pays, que ce devrait être
précisément î'iiivérse,. c'est-àdire que les
établissemeQÎs—d'ensûignement proJcssion-
net devraient être les plus nombreux V ,.
Au moment des élections municipales,
oetie question devrait primer toutes les a.u.
tres. ," '- -
Créer des écoles professionnelles dans les
nomoreuses villes qui n'en ont pas encore,
ou bien transformer les écoles primaires
supérieures, tel serait, à notre avis, et no-
tamment dans la banlieue de Paris, le de-
uûjc iw£asant des nouvelles municipalités
En donnant une première satisfaction
aux besoins les plus urgents de la vie éco-
nomique, on commencerait le renouvelle-
ment de notre outillage intellectuel, c'est-a-
dire de tout notre enseignement, dont la
docfnne, la méthode et l'organisation sont
restées médiévales.
Emile Rigolage.
1—,— ♦
A LA CHAMBRE
L'IMPOT SUR LE REVENU
La séance est ouverte à deux heures,
sous la présidence de M. Henri Bris-
son, et la Chambre reprend la suite de
la discussion générale du projet d'impôt
sur le revenu.
M. Jean Godet qui prend la parole
dit que la France est un des rares pays
civilisés qui se contente d'un système
d'impôts- surannés et injustes.
Seul, M. Caillaux a eu le courage d'en-
visager le problème dans son ensemble et
de proposer une solution démocratique qui
établira la justice dans l'impôt.
Dans son 'travail, M. Pelletan a signalé
les injustices criantes de nos impôts di-
rects actuels -tgraftivement aux diverses ca-
tégories de contribuables.
Dans l'exposé des motifs du budget de
1906, M. Poincaré reconnaissait que la pro-
priété rurale payait parfois jusqu'à 60
de son revenu.
Il n'y a pas seulement inégalité entre
les contribuables, mais encore entre les
diverses régions de la France.
Et M. Codet fait l'éloge du projet du
gouvernement qui ne présente pas les
inconvénients du système anglais ou
ceux du système allemand dans la taxa-
tion du revenu.
Le projet qui est soumis à la Chambre
apporte une atténuation appréciable aux
charges des petits contribuables sans gre-
ver outre mesure les privilégiés de la for-
tune. (Très bien ! Très bien ! à gauche).
Ce qui le caractérise, c'est qu'il consti-
tue le vrai dégrèvement des campagnes.
(Très bien ! Très bien 1 à gauche).
Tout ce qu'on peut reprocher au projet
Caillaux, c'est de ne pas tenir compte des
charges de famille. Mais c'est & une la-
cune qui peut être comblée.
Le gouvernement et la, commission ont
écarté la déclaration ont pensé que le
système qui avait remplacé l'impôt des pa-
tentes en Alsace-Lorraine était préférable
à l'impôt établi 'sur le loyer.
Une exemp* ]0ri totale d'impôt a été ac-
cordée r?Jr les revenus inférieurs, com-
me on : fait Dour l'agriculture.
ô'ieu.. qui protestent contre le nouvel im-
P? (Ùm connaissent pas les dispositions
~Aenveillantes. Quand il sera mieux connu
par l'application qui en sera faite, il sera
trouvé plus juste et ne donnera pas lieu à
autant de réclamations que l'ancien im-
pôt des patentes.
Il y a dans ce projet une disposition tout
à fait spéciale qui s'applique à toutes les
catégories.
Il s'agit de permettre à ceux que leur
Age ou leur santé empêchent de se livrer à
tou ttravail, de demander à être dégrevés;
personne ne protestera contre cette me-
sure.
M. Codet termine en disant qu'il faut
suivre la tradition de la Révolution et
l'exemple des pays qui sont entrés ré-
solument dans la voie du progrès.
On reproche au projet d'être incomplet
et aussi d'être trop étendu. Ces deux cri-
tiques sont d'un ordre très différent, mais
elles émanent également de tous ceux qui
sont les adversaires d'un impôt sur le re-
venu. (Très bien ! Très bien ! à gauche).
La réforme présentée est une et indi-
visible suivant la formule de nos ancê-
tres. C'est une œuvre de solidarité et de
justice sociales. Les représentants d& la
démocratie la doivent au pays. (Applau-
dissements répétés sur les rnes bancs).
M. Fernand Brun, qui succède à la
tribune à M. Codet, vient également
soutenir le projet du gouvernement.
J'ai cru devoir m'abstenir d'opposer au
p rejet le contre-projet que j'avais autre-
fois présenté avec un certain nombre de
mes collègues.
Ce n'est point que nous ayons renoncé
à notre conception personnelle d'un impôt
global et progressif, que nous avons tou-
jours préféré à l'impôt cédulairc, mais une
réforme de cette importance ne peut être
entreprise avec chance de succès que sur
l'initiative et sous la responsabilité même
du gouvernement.
Le ministre des finances a d'ailleurs fait
les plus louables efforts pour donner sa-
tisfaction simultanément aux partisans
des deux systèmes rivaux.
Et M. Fernand Brun fait remarquer que
le projet actuel montre que c'est M. Cail-
laux qui, dans une large mesure, s'est con-
verti aux doctrines des partisans de l'im-
pôt global et progressif ; il a déjà fait un
pas dans la voie où ses amis et lui es-
sayaient de l'entrainer ; de notre côté, dit
l'orateur, nous n'hésiteronts point à faire
un pas vers lui en vue d'aboufir. (Très
bien ! Très bien ! à gauche).
Le projet mérite l'approbation de tous
les républicains. Il permet de s'attacher en-
fin à la réforme de l'impôt foncier. en vue
d'y introduire l'égalité. Il constitue un
système complet qui aborde courageuse-
ment de front le problème fiscal et il ap-
porte, au point de vue du rendement, des
futurs impôts, une certitude.
Comme l'orateur précédent, M. Fer-
nand Brun demande pourquoi la com-
mission n'a pas introduit dans le pro-
jet des dégrèvements pour charges de
famille. La commission, dit-il, a indiqué
qu'elle ne se montrerait pas invincible
sur ce point. Qu'attend-ellc pour entrer
dans cette voie ?
Cette interrogation vaut à M. Brun la
risposte suivante que M. Coulant. (d'l-
vry) lui adresse de sa
Il faut que-les pèr^s 'de .famille qui ont
de nombreux enfants ne soient pas char-
gés par le nouvel Impôt. C'est pourquoi je
déposerai un amendement dans le but de
dégrever les pères de famille et de grever
les célibataires.
Puis voyant M. Ribot rire, il lui dit !
Vous riez, M. Ribot Je ne suis pas a-ca-
démicien. comme vous. Pendant vingt auX
je suis resté à l'usine où - l'on fabriquait
des machines à imprimer qui servaient à
éditer vos livres.
C'est avec - vos livres d'école que voui
êtes devenu savant. (Rires).
M. Fernand Brun reprenant la parole
félicite la commissiotn d'avoir adopta
un système qui combice la taxation avec
la déclaration. L'orateur déclare en ter-
minant que le moment est venu de t..
nir les promesses de dégrèvement et de
justice fiscale faites à notre démocratie
rurale. Malgré les résistances delà
ploutocratie et de la réaction, nous don-
nerons satisfaction à ces infatigables
travailleurs des campagnes, les servi-
teurs dévoués de la République.
M. Paul Dussaùssoy, qui intervient
après, examine et. combat le systèma
adopté par la commission en ce qui tou-
che la quatrième catégorie, les revenus
des professions industrielles et commet
dales.
La séance est levée à cinq heures qua-
rante-cinq et renvoyée à demain, deux
heures, pour la suite de la discussion.
Ch. Pierg*.
AU SÉNAT
Les 28 et les 13 jours. —Toutes les motions
préjudicielles sont repoussées
La séance est présidée par M. Antonin,
Dubost.
L'assassinat du roi de Portugal
M. Pichont ministre des affaires étrangè-
res. — Messieurs, j'ai dit hier à la Chambre
des députés avec quelle tristesse le gou-
vernement avait reçu la nouvelle de l'at-
tentat qui a coûté la vie au roi de Portugal
et au prince héritier de la Maison de Bra-
gance.
La Chambre a bien voulu s'associer aux
sentiments manifestés par le gouverne-
ment et aux démarches qu'il a faites pour
que l'expression en soit transmise à la fa.
mille royale.
Je connais trop bien la Haute Assemblée
à laquelle j'ai l honneur d'appartenir pour
douter un instant qu'elle ressente et tienn&
à exprimer les mêmes sentiments.
En répudiant un crime flétri dans le
monde entier, le Parlement de la Républi-
que ne fera que se montrer fidèle aux tra-
ditions d'honneur et d'humanité que pro.
fessent tous les représentants, à quelque
parti qu'ils appartiennent.
Elle confirmera le gouvernement dans la
certitude qu'il a interprété dans cette dou-
loureuse circonstance les sentiments de
tout le Parlement. (Vifs applaudissements.)
M. Antonin Dubost, président du Sénat.
— Je suis certain, messieurs, d'être l'inter-
prète fidèle du Sénat tout entier en l'asso-
ciant aux nobles et simples naroles que la
ministre des affaires étrangères vient de
prononcer au nom du gouvernement, et en
exprimant avec lui nos teommuns senti-
ments de réprobation et d'horreur. (Vifa
applaudissements.)
M. de Carné. - Je propose au Sénat la
motion suivante ! « Le Sénat, s'associant
aux paroles de son président, passe £ l'or-
dre du jour. » - <
La motion est adoptée à l'unanimité.
(Applaudissements.)
Lea » four#
On passe à la question des vingt-huit
jours.
M. de Lamarzeltc. — Le Sénat ne peut
voter la lqJ. Je refuserai en tout cas à des
maures décevantes qui sont la conséquen.
ce d'un suffrage universel à l'état morgani*
que. -.
La discussion générale est close.
La motion d'ajournement du général Mer-
cier, combattue en quelques mots par 18
ministre ue la guerre, est repoussée.
Le général Mercier demande , qu'avant da
statuer sur Ta durée des périodes d'exerci-
ces, le Sénat se prononce sur la disposition
relative aux dispenses et aux sursis.
Après avoir entendu M. Boudenoot, rem-
plaçant M. Labrousse, rapporteur, appela
hors de Paris pour un devoir de famille, le
Sénat repousse cette proposition.
Le Sénat aborde la question. ife savoir
quelle sera la durée ces périodes d'instruc.
tion. Plusieurs solutions sont proposées,"
notamment celle qui consTste à conserver
pour la première période d'exercice une du'
rée de <28 jours. Celle-ci fait l'objet d'un
amendement déposé par MM. le génial
Langlois, Cabart-Danneville et Milliard. Elle
est mise en délibération.
M. Milliard. — L'impression produits
par le discours de M. de Freycinet dure
encore sur tous les Bancs du Sénat. Nous
ne pourrions, en parlant à notre tour, que
l'affaiblir. Que le Sénat mette ces paroles
dans la balance, dans le plateau do la
France. (Applaudissements.)
Le général Picquart. - Je me félicite
d'être d'accord avec M. de Freycinet sur
un certain nombre de points. Il admet deux
catégories de réservistes avec des périodes
différentes, suivant le rôle qu'aura à jouer
chacune de ces catégories.
Il admet également que la deuxième pé-
riode soit ae 17 jours seulement. Enfin, it
n'a fait aucune objection aux dispositions
nouvelles pour l'armée territoriale. Il ne se
sépare, en réalité, de la commission et du
gouvernement qne sur la durée de la pre-
mière période.
Le différend se réduit a peu de choses. La
commission propose une durée de 23 jours,
y compris Te jour d'arrivée et celui du dé-
part. id. de Freycmet demande le main-
tien du statu quo, c'est-à-dire des vingt-
huit jours, rj1.:Js en reconnaissant que plus
tard, quand la loi de deux ans aura fonc-
tionné, on pourra réduire la période à i'5
jours. Cette. différence de 5 jours dans le
présent et de 2 jours ûans l'avenir est con-
sidérablj.
On a beaucoup parto de ce qui se fait M.
Allemagne. Cest un pàys où on laisse a
l'autorité militaire beaucoup d'initiative, on
dirait chez nous beaucoup d'arbitraire. Les
deux tiers des réservistes de TlnTanteric
font I t jours de période soit une fois, soit
deux fois ; un certain nombre font 28 jours.
Ce sorft ceux qui forment les troisièmes ba-
taillons. des petits régiments.
Pour ode .CRife unité nouvelle Ulsse
prendre part aux manœuvres, il n'est par
étonnant que la période soit de 28 jours.
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