Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-02-03
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 février 1908 03 février 1908
Description : 1908/02/03 (N13842). 1908/02/03 (N13842).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7551491h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
N° 13842.- 13 Pluviôse An 118 CKBTQ CHDTriBUBS ZJS 3TO1IUSBO
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Iirindf 3 Février VbOt». — N*. 13843^»'.
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OPINIONS
MARIAGE
DIVORCE
UNION LIBRE
ta nouvelle pièce de M. Bourget, Un
Vivotce, a remis sur le tapis la ques-
tion de l'indissolubilité du mariage.
L'auteur, vous le savez, tient pour l'af-
firmative et conclut à l'abrogation de la
loi de 1884 sur le divorce.
A l'opposé, un certain nombre de pu-
blicistes ou de personnalités marquan-
tes dans le inonde littéraire ou politi-
que ont cru devoir prophétiser la mort,
à brève échéance, du contrat solennel
;(ainsi parle-t-on à l'école) du mariage et
son remplacement par l'union libre. On
avait même prêté à M. Briand une ap-
préciation plutôt fantaisiste des obliga-
tions réciproques des époux. Un sim-
ple louage de services, aurait-il dit, au-
quel on appliquerait dès lors les règles
juridiques propres à ce genre de con-
entions. L'honorable ministre de la jus-
lice a cru devoir protester contre l'opi-
nion qui lui était attribuée.Peut-être, vu
la situation qu'il occupe, a-t-il eu raison
Se le faire pour rassurer les esprits ti-
morés, prompts à s'épouvanter, et pour
üésarmer les adversaires toujours dis-
posés à la raillerie et à la critique. Que
le mariage soit un contrat commutatif,
c'est indiscutable ; mais à la différence
(l'une convention d'intérêts et de conve-
nances pure et simple, — comme c'est
Je cas pour le louage de services, —
l'union de deux êtres humains a un ca-
ractère à la fois moral et social qui ne
permet pas de l'envisager à un point de
vue aussi étroit. Tous ceux qui connais-
sent M. Briand savent bien que, socio-
logue et jurisconsulte, il ne pouvait
ignorer cette différence et. que dès lors
l'opinion qu'on mettait dans sa bou-
che ne pouvait certainement pas être
J'expression de sa pensée.
Cela n'empêche que les admirateurs
'du passé se montrent fort indignés.
* Voilà bien, 'disent-ils, où nous con-
duisent l'école sans Dieu, la liberté de
pensée, le mépris des commandements
religieux 1 » Ils n'oublient qu'une cho-
se : c'est que la question n'est pas née
d'aujourd'hui. Sans remonter à nos an-
ciens auteurs, sans rechercher si au
lendemain de la Révolution des théo-
ries analogues n'ont pas déjà fait l'ob-
jet de discussions et de controverses
bruyantes, il suffit de se reporter aux
derniers jours du second Empire pour
trouver un ouvrage qui fit grand bruit
à l'époque et dont l'éclat ne fut pas sans
gêner beaucoup son auteur par la suite.
Religion, Propriété, Famille, est le titre
sous Jequel M. Naquet battait en brè-
che, dès 1869, l'institution alors sacro-
sainte du mariage légitime. On y trou-
vait des , arguments curieux pour dé-
montrer que le titre 5 du Code civil
était la source de tous Jes fléaux so-
ciaux ? « Le mariage, expliquait l'au-
teur, provoque au crime et au délit, —
au crime, car il encourage à l'avorte-
ment et à l'infanticide la fille-mère qui,
rougissant de son inconduite et crai-
gnant le déshonneur, se débarrasse de
son enfant avant sa délivrance normale
ou au moment de la naissance ; — au
délit, car s'il n'y avait pas de mariage,
il ne saurait y avoir d'adultère. »
Cet ouvrage eut un grand retentisse-
ment ; la simplicité des raisonnements
qu'on y trouvait était à la portée des
intelligences même ordinaires, et bien
que le grand drame national de 1870
eût détourné l'opinion de ces questions,
Je me souviens, aux environs de 1880,
avoir, dans des sociétés littéraires, en-
tendu reproduire et développer la thèse
produite plus de 'dix ans plus tôt par
M. Naquet.
A ce moment (1880), le libérateur des
unions mal assorties menait devant
l'opinion et au Parlement une active
campagne en faveur du divorce établi
par les lois de la Révolution, mais abo-
li depuis 1816. Les Bourget d'alors — il
y a des esprits rétrogrades à toutes les
époques, même en dehors de ceux qui
aspirent aux honneurs de l'Académie
française, — n'hésitaient pas à dire que
M. Naquet cachait son jeu et que si par
opportunisme il se Bornait à demander
le rétablissement du divorce pour des
sauses strictement limitées, en fait c'é-
tait du mariage lui-même qu'il poursui-
vait l'abolition pour le remplacer par
l'union libre. On peut dire qu'au cours
de sa lutte, le Naquet de 1880 à 1884
n'eut pas d'adversaire plus dangereux
que le Naquet de 1869 qu'on lui oppo-
sait constamment.
Ningtuit ans se sont écoulés depuis
lors. VoIlà vingt-quatre ans que le di-
vorce existe. On ne s'en marie ni plus
ni moins. Par contre ont cessé d'exister
tes situations fausses et hypocrites, de
gens maintenus dans les liens d'un ma-
riage de nom tout en ayant été autori-
sés à vivre judiciairement séparés. Cer-
tes, aujourd'hui comme avant 1884, on
voit encore de ces cas déplorables où
les enfants d'un ménage désuni sont
ballottés et tiraillés du père à la mère
et de la mère au père, mais c'est là le
fait moins du mariage ou du divorce
que 'de l'impossibilité où se sont trou-
vés leurs parents de vivre ensemble.
Mais d'autre part, et une expérience
de plus de vingt ans de barreau me
permet de dire que ce cas est beaucotp
plus fréquent qu'on ne pense, combien
d'enfants de parents divorcés ont re-
trouvé auprès du second mari ou de la
seconde femme de celui de leurs au-
teurs auquel ils avaient été confiés,
l'affection attendtle, les égards et l'es
appuis matériels et moraux d'un foyer
vraiment familial.
Certes, le divorce est toujours chose
regrettable ; nous ne sommes pas de
ceux qui croient qu'il faille le faciliter
outre mesure et faire du mariage je ne
sais quel concubinage légal ; mais à ces
situations qui sont, quoi qu'on dise, ex-
ceptionnelles, il faut des solutions ex-
ceptionnelles aussi et l'on peut dire que
si depuis 1884 il a été prononcé beau-
coup de divorces, la somme du bonheur
conjugal, c'est-à-dire du bonheur fami-
lial .et par suite du bonheur général,
s'est trouvée supérieure à ce qu'elle
était avant la loi qui a. rétabli le di-
vorce.
Quant à l'union libre, elle suppose
une réorganisation sociale complète. Il
faudrait commencer par décréter que
les enfants, à l'avenir, seraient élevés
par l'Etat et non par leurs parents.Com-
bien de pères, combien de mères sur-
tout accepteraient une pareille disposi-
tion de la loi ? La dignité et l'indépen-
dance de la femme se trouveraient sin-
gulièrement compromises et diminuées.
Les hommes y tgagneraient-ils grand
chose ? J'en doute ; quelques coureurs
d'aventures peut-être y trouveraient
avantage. C'est possible : ils m'intéres-
sent peu. Par contre, tous ceux qui
voient dans la femme autre, chose que
de la chair à plaisir, qui puisent au
foyer familial l'énergie morale et intel-
lectuelle nécessaire pour supporter la
lutte de 1a vie, tous ceux là — et il son6
infiniment plus nombreux que les pré"
cédents — ou bien regretteraient le
mariage s'il venait à être aboli comme
institution légale, ou bien s'arranger
raient pour faire de leur union libre
une union régulière et définitive. A
quoi bon changer dès lors, et, sous pré-
texte d'amélioration sociale, revenir à je
ne sais quel étaï de; vagabondage des
sexes dont au temps passé le progrès
a consisté à se délivrer ?
MARC REVILLE,
liêput î du Doubs.
00 -
LES COMBATS D'HOMMES
Il jy a 'des questions sur.
lesquelles, malgré les diver-
gences politiques, tous les
hommes qui ont un peu de
.cœur se trouvent facilement
d'accord. - Dans -- l'Autorité,
M. Paul-J. de Cassagnac réclame l'in-
terdiction des assauts de boxe, tels
qu'on ose les présenter depuis quel-
ques mois, à Paris même.
Nous sommes très favorables au dé-
veloppement du sport, qui dote d'éner-
gie et de santé les jeunes générations.
Mais, comme le dit M. Paul-J. de Cas-
sagnac, « il ne faudrait pas que le
sport. devint un facteur d'abaissement
sport.
moral et de aéprayation II ne faudrait
pas que, » au lieu d'exciter l'émulation
et les louables rivalités, il sollicitât les
bas instincts 'de la nature humaine. »
Naguère, les exercices ide boxe se:
faisaient en France dans des conditions
qui excluaient les brutalités extrêmes
et l'effusion de sang. Maintenant, on
essaie d'acclimater des jeux tout diffé-
rents, et sur la barbarie desquels l'Au-
torité attire avec raison l'attention de
l'opinion i
Deux boxeurs, opposés l'un à l'autre, et
juchés sur une estrade au milieu de la
foule, raconte notre confrère, se combat-
tent à outrance; au bout de quelques ins-
tants, la lutte, commencée avec calme,
s'anime. Et, alors, le spectacle devient ré-
pugnant. Ces deux hommes, qui n'ont au-
cun motif de s'en vouloir, se frappent mu-
tuellement avec une- sauvagerie véritable-
ment révoltante. Sur leur visage, le sang
coule des nez tuméfiés ou des lèvres écra-
sées. Bientôt, haletants, ils se raidissent
contre la douleur et la fatigue ; comme s'ils
étaient pris de vin, ils titubent, chancel-
lent et trouvent encore la force de frapper,
jusqu'au moment où leurs aides respectifs,
sur un signal donné par l'arbitre, s'empa-
rent d'eux, les réconfortent hâtivement.
Mais ce n'est qu'un entr'acte, et bientôt
on les lance à nouveau l'un contre l'autre,
jusqu'à ce que le moins résistant des deux
tombe, évanoui, ou du moins incapable de
se relever.
Il est possible que ce soit une attraction
qui fasse recette ; mais elle n'en est pas
moins au dernier degré avilissante et im-
morale.
C'est une campagne ardente et tenace
du Rappel qui a épargné, à Paris la
honte des courses de taureaux. Il y a
peu de semaines, nous protestions con-
tre les combats de chiens et de rats et
les combats de coq.
A plus forte l'aiso nous nous éle-
vons contre les hideux spectacles de la
boxe homicide.
La presse républicaine ne voudra pas
laisser aux journaux, réactionnaires
l'honneur d'exiger. la ûaJdes horribles-
représentations dont il s'agit.
Paris tout entier sera avec nous pour
exiger qu'on le débarrasse de « com-
bats de gladiateurs » plus attristants
que ceux de la Rome décadente.
! ——
Assassinat
du roi de Portugal
et du prince héritier
Dans la nuit la dépêche suivante nous
parvient :
Lisbonne, 1er février.
LE ROI CARLOS ET LE PRINCE HE-
RITIER ONT ÉTÉ ASSASSINÉS.
TROIS DES RÉGICIDES ONT ÉTÉ
TUÉS SUR PLACE.
Autres dépêçhes
Lisbonne, 1er février.
Après cinq heures du soir, le roi Carlos
avec la famille royale arriva à Lisbonne
de retour de Villaviciosa.
Au moment où la voiture découverte dé-
bouchait de la place du Commerce dans
la rue de l'Arsenal, un groupe d'hommes
armés de carabines tirèrent contre le roi
Carlos et le prince héritier, qui entrèrent
mourants à l'arsenal de la marine où ils
expirèrent peu après.
La police tua sur place trois des régici-
des dont les corps furent transportés dans
les bâtiments de l'Hôtel de Ville.
Lisbonne, 1er février.
Le roi Carlos, la reine Amélie, le prince
héritier et l'infant Manuel se trouvaient
dans la même voiture.
La reine Amélie se leva pour tâcher de
couvrir le prince héritier.
Le corps du roi et celui du prince sont
toujours dans l'arsenal de la marine ; ils
ont été frappés de trois balles.
L'infant Manuel a été blessé aussi, mais
sa blessure n'est pas grave.
La reine Amélie n'a pas été atteinte.
Tel est le fruit. affreux de la politique
rétrograde du Cabinet Franco.:
LES ON-DIT
Odyssée d'un territorial.
Puisque la question des 28 et des 13
jours occupe le Sénat., profitons de l'ac-
tualité pour écouler une anecdote.
Il ne faut pas toucher à la stabilité
des cadres, l'armée est à la veille de
tomber aux mains des mercenaires.
L ennemi est a nos portes. etc. Tou-
tes ces vénérables objections contre une
réduction populaire ne tienne'ht pas de-
bout et, dans la pratique, il en va tout
autrement que. ne le pense M, le géné-
ral Langlois.
Un de nos amis avait fait son temps
de service dans un régiment de chas-
seurs à cheval. On renvoya accomplir
ses vingt-huit jours à Belfort ; là, on
s'aperçut qu'il était trop myojpe et trop
peu apte au service d'éclaireur pour
être digne de la cavalerie légère. Il fut,
d'office, après trois jours de repos com-
plet, envoyé dans un régiment de li-
gne. Mais, aux treize jours, les autori-
tés militaires revinrent sur leur opinion
et décidèrent que l'ancien cavalier de-
vait servir dans. l'artillerie de forte-
resse. Il réclama; on l'embusqua pa-
ternellement dans une section d'admi-
nistration. Il avait, de ce chef, connu à
peu près toutes les armes. Encore un
peu, il terminait sa carrière dans la
gendarmerie.
Les gratifications à l'H. D. V.
Le personnel delà préfecture de là
Seine a eu un instant d'émoi facile à
comprendre. M. de Selves, disait-on,
avait résolu de supprimer la manne de
fin d'année qui, sous forme de gratifi-
cation, vient ajouter un supplément
inattendu et providentiel aux appointe-
ments des bureaucrates. Renseigne-
ments pris, ce n'était que partiellement
vrai. Ombre sévère de Rabourdin, apai-
se-toi ! Les libéralités annuelles ont
plu comme à l'ordinaire sur la gent
écrivassière. Seuls, ont été exceptés de
la distribution les services dépendant
directement du Cabinet uu Conseil mu-
nicipal et dû-Conseil général.
Le Passant.;
_————— *
L'EAU EN BANLIEUE
Nous avons signalé à diverses reprises
la bizarrerie des traités consentis par les
communes du département de la Seine,
avec les communes extérieures au départe-
ment Tandis que certains traités expirent
en 1925, d'autres prennent fin à des dates
différentes, certains en 1950. Champigny-
sur-Marne est lié jusqu'en 1976 avec un
traité de 99 ans consenti en 1875. De cette
manière, La Compagnie générale a fait des
opérations qui lui permettent, à l'heure
actuelle, de voir négocier en Bourse ses ac-
tions au taux de plus de 1.800 francs.
Au moment où le traite consenti par la
Ville de Paris et la Compagnie générale
pour la régie des eaux de la capitale, est
sur le point d'expirer, divers membres du
Conseil général de la Seine se sont émus
de la situation faite aux communes des
cantons ; qu'ils représentent. Une commis-
sion d'initiative pour la constitution d'une
conférence internationale des eaux, s'est
constituée, grâce à l'initiative de M. Che-
nal, conseiller général : elle a tenu deux
réunions.
Son but est de créer, avec le concours
des pouvoirs publics» un groupement, .assez
puissant pour obtenir des Compagnies con-
cessionnaires du service des eaux, au pro-
fit des communes et des abonnés, des con-
ditions meilleures pour le présent aussi
bien que pour l'avenir, et imposer une li-
mite maximum et uniforme pour la durée
des traités, afin de permettre, à une épo-
que déterminée, au département ou à l'as-
sociation des communes, de reprendre leur
liberté d'action et de choisir le tnode d'ali-
mentation et le fournisseur à leur conve-
nance. La conférence se constituerait dans
les formes prévues aux articles 116, 117
et 118 de la loi du 5 avril 1884.
Dans une première réunion,, tenue le 19
décembre dernier, plus de 80 représentants
de la, banlieue,. conseillers généraux, mai-
res- et; iconseilliers municipaux, auxquels
s'était joint M. Charles Deloncle, député,
ont jeté les bases de la Convention-et ont
nommé une commission dont M. Chenal a
été nommé président provisoire et M. dé-
menti secrétaire.
A la seconde réunion, tenue le 9 janvier,
le bureau a été constitué définitivement ;
il se compose de : MM. Chêlla), vice prési-
dent du conseil général ; Collardeau, con-
seiller général, moire de Bondy ; Dussault,
maire de Cha-renton ; Digeon, maire de
Saint-Mandé ; Lagneau. maire de Boulo-
gne ; Champ eaux, maire de Montrouge;
Rendu, maire de Choisy-le-Roi ; Adam,
maire de Saint-Denis ; Boudet, maire de
Chaville, et Caron, délégué par le maire
d'Athis-Mons. Ont été adjoints au bureau,
à titre consultatif, MM. Clémenti, directeur
du Bullelin- des propriétaires de Charen-
ton et de Saint-Maurice, promoteur du
mouvement ; Millat, président de l'Asso-
ciation des propriétaires de Saint-Denis ;
Brun, président de l'Association de Saint-
Mandé ; Boyer, président de l'Association
du Grand Montrouge, cl Dupont, président
de lAssociation de Boulogne.
Tous renseignements concernant la. con-
férence intercommunale des eaux peuvent
être obtenus auprès de M. Clienal, conseil-
ler général, 50, Grande Rue, à Alfort,
Seine.
A. Breuillé.
» *
EPOUX, 1WS, VEÏVES
En feuilletant l'Annuaire statistique de
la ville de Paris, le dernier paru, et com-
plètement abruti par la vision, devenue
trouble, de plus de 600 pages pleines de
chiffres en colonnes, j'allais m'endormir,
quand mes yeux tombèrent sur quelques
mots qui me rendirent un peu de gaîté :
Mariages, Divorces. Quel est le Gaulois di-
gne de ce nom que n'intéresse pas tout ce
qui concerne les rapports de l'homme et
de la femme, fussent-ils réduits à de sim-
ples nombres ?. Je feuilletai.
Je feuilletai et j'appris que le Parisien
éprouve l'impérieux besoin de -s'unir à une
femme légitime surtout entre 25 et 29 ans.
A ce moment, c'est une rage : il veut fon-
der un foyer à tout prix et il choisit le
plus volontiers des jeunes filles ayant de
20 à 24 ans. Cependant, il ne dédaigne
pas d'épouser alors une femme un peu
plus Agée que lui, c'est-à-dire ayant dépas-
sé la trentaine. Sur 11.000, ils sont ainsi
942 qui ne redoutent pas que leur tendre
épouse soit leur aînée.
Après 30 ans, le goût du mariage s'affai-
blit. La proportion tombe de 11.000 à 3.000,
du moins pour les célibataires.
Les veufs se remarient en grand nombre
de 35 à 39 ans. Ils ont un goût très pro-
noncé pour les jeunes filles n'ayant pas
encore atteint la trentaine. Mais quand ils
ont passé la cinquantaine, il semble qu'ils
cherchent volontiers une femme expéri-
mentée, à peu près de leur Age, ou tout
au moins ayant plus de 40 ans, et qui sa-
che déjà ce que c'est que le mariage.
Ainsi, c'est surtout vers la quarantaine
que les veuves épousent des veufs, — mais
les veuves de 30 à 34 ans trouvent facile-
ment de bons petits célibataires de 25 ans
pour les conduire à la mairie. Les pau-
vres !
En 1905, 40 veuves de plus de 60 ans,
s. v. p., se sont faits épouser par des veufs
aussi âgés qu'elles. Il ne faut jamais dé-
sespérer des bonnes volontés de l'homme !
Maintenant, au bout de combien de
temps de veuvage, veufs ou veuves se re-
marient-ils ?
C'est de 35 à 39 ans, je l'ai déjà dit, que
les veufs se préoccupent de se remettre au
cou la chaîne. j'entends la chaîne adora-
ble de deux bras aimants. A cet âge-là,
l'homme semible pris d'une sorte de folie.
Il n'attend pas un an de veuvage pour se
remarier ! S'il passe cette période, il se
distrait pendant un certain temps comme
il peut, et il faut alors aller jusqu'à 45 ans
pour retrouver une sérieusî* majorité de
veufs qui se remarient après .huit ou neuf
ans de solitude officielle.
On en voit cependant quelques-uns qui,
veufs là 75 ans (vous lisez bien), ne laissent
pas s'écouler l'année sans prendre fem-
me !. Ce sont des phénomènes.
Enfin, parmi les veufs ayant goûté pen-
dant plus dé 20 ans la tranquillité du
foyer, 3 se remarient à 75 ans et 16 vers
la soixantaine. Ce n'est que temps !
Quant aux veuves, c'est de 30 à 34 ans
qu'elles veulent être consolées, - surtout s'il
y a six ou sept ans qu'elles sont seules. Il
y a alors une terrible recherche d'un nou-
veau compagnon. Ils semblent qu'elles sup-
portent facilement pendant cinq ou six ans
leur solitude et la tristesse des souvenirs.
Mais après, c'est l'exception. Je trouve que
c'est déjà très gentil.
Notons qu'à Paris, durant toute une an-
née, on ne trouve guère qu'une femme
veuve depuis vingt ans et ayant vu fleu-
rir 75 printemps, qui songe à se recréer
une famille, — si j'ose m'exprimer ainsi.
Pour les divorcés, on peut faire les cons-
tatations suivantes :
Entre 35 et 39 ans, ils recherchent vo-
lontiers les jeunes filles innocentes encore,
aspirant avec langueur à la trentaine. Les
toutes jeunes échappées de la laïque les
émeuvent peu. Ils sont -aussi rarement
friands de veuves, ou alors ils épousent
des veuves d'âge mûr, étant mûrs eux-
mêmes.
En" somme, ayant fait une fâcheuse ex-
périence, ils croient qu'ils réussiront
mieux -avec une femme encore vierge,
mais ayant déjà eu le temps de regarder
i le monde et en âge de considérer leur mari
comme le sauveur qui les tire de la triste
perspective de rester vieilles filles. Ils ont
confiance peut-être en ce sentiment de re-
connaissance, pour espérer que cette fois
L js £ fA ,pJua. ;g»làde *Mâui sait il.. -
Les divorcées, elles, entre 30 et 34 ans
trouvent facilement des célibataires du mê-
me âge, et même des moins âgés. En re-
vanche, les veufs semblent s'en méfier, et
quant aux divorcés, il faut des considéra-
tions extraordinaires pour qu'ils en épou-
sent une. Ainsi, elles n'exercent vraiment
un attrait sérieux Que sur les bons jeunes
.gens qui ne savent pas, pour qui peut-être
ce titre même de divorcée est une auréole
pleine de promesses suggestives.
On constate ici la même loi que pour
les veufs. C'est de 35 à 39 ans que les di-
vorcés se remarient en foule sans atten-
dre, au bout d'un an tout juste de divorce.
De même les femmes. De 30 à 34 ans, elles
se consolent vite de leur divorce, et ne
laissent pas s'écouler plus de trois ou qua-
tre ans sans avoir repris un esclave. je
peux dire un maître. Les hommes eux, ou
se remarient tout de suite, ou attendent
sept à huit ans. Cela tient sans doute à
ce que ou bien ils divorcent pour épou-
ser une autre femme, et en ce cas ils sont
pressés ; ou bien ils sont chagrins et ont
besoin de sept ou huit ans pour se décider
à oublier. (Entre parenthèses, c'est à peu
près le temps que demandent les veuves,
comme je l'ai constaté plus haut).
Parmi les phénomènes, citons le cas d'un
homme âgé de plus de 75 ans et divorcé
de puis 16 ans, qui reprend femme, et de
trois femmes âgées de même de plus de 75
ans ,qui se remarient après 15 ans de di-
vorce. Quelle constance !.
Après cela, si vous voulez savoir à quel
,âge on divorce le plus, c'est entre 35 et 39
ans. C'est en général, mous l'avons vu, une
période critique, aussi bien pour les veufs
que pour les veuves, et aussi pour les
ménages. Ceux qui n'ont pas de compa-
gnon en cherchent, et ceux qui sont unis
se chamaillent. Concluons que l'approche
de la quarantaine est le- signal des vives
agitations intérieures, et méfions-nous, en
nous souvenant que si on divorce c'est
surtout pour injures graves, et que lorsque
c'est pour adultère, c'est dans la plupart
des cas, la femme qui a été pincée. Il
est juste de le dire !
Laurent Valière.
a»
LA POPULATION
DE L'EMPIRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 1er février.
Le bureau de statistique de l'empire pu-
bliera prochainement les résultats du re-
censèment général qui a lieu en Allema-
gne le 12 juin 1907.
Nous avons pu prendre connaissance de
quelques chiffres fort intéressants dans ce
tableau.
Le 12 juin 1907 le total de la population
de l'Allemagne se montait à 61,697,277 per-
sonnes, ce qui accuse une augmentation
de 1,055,999 depuis le 1er décembre 1905.
L'accroissement, cependant, s'est ralenti.
Dans la période de 1895 à 1900, on pouvait
l'évaluer à un pour cent et demi, tandis
que maintenant il ne représente que un
quinzième pour cent.
Pin 1 i I "I Ml
AU MUSEUM
Quelques améliorations. -. On espère
en la Société auxiliaire. — La vé-
rité et la légende. — L'autono-
mie budgétaire
Il y a longtemps que le Muséum souf-
fre de cette maladie que Panurge dé-
nommait « faulte d'argent ». Mais si Pa-
nurge avait trente-six manières, et plus,
d'y remédier, ce n'est pas le cas de nos
collectio-ns nationales et il est indispen-
sable — puisque leur budget particulier
est notoirement insuffisant — que l'ini-
tiative privée leur vienne en aide.
Dans le courant de l'été dernier, nous
avions fourni aux lecteurs de ce journal
quelques détails sur la Société des Amis
du Muséum dont nous leur annoncions
la fondation. Cette association, analo-
gue dans son but et ses moyens à celle
des Amis du Louvre dont 1 autorité bien-
faisante a donné de si heureux résul-
tats, venait de notifier en quelque sorte
aux intéressés son avènement à la vie,
et nous avions montré à ce propos com-
bien urgente était son intervenlion.
Quelques travaux de réfection allaient
commencer, nous avait-on dit.
Il nous a paru de quelque intérêt d'al-
ler voir, sur place, où on était de ces
travaux et des améliorations annoncées.
* *
- Nous n'avançons que lentement,
nous a dit l'aimable secrétaire auquel
nous nous sommes adressé, mais on a
tout de même paré au plus urgent.
Et de fait, nous constatons que telle
salle qui tombait, presque littéralement,
en ruines,, est aujourd'hui sinon luxueu-
se, du moins convenable. On a recrépi
ici, lavé là, repeint ailleurs. C'est un
commencement, mais ce n'est que cela.
— Il y a des pavillons qui n'ot pas
été touchés et il reste beaucoup à faire.
Toutefois nous avons bon espoir qu'au
début de la bonne saison on mettra a
exécution les promesses qu'on nous a
faites. Notre direction sait fort bien que
la bonne volonté des pouvoirs publics
et notamment du ministre n'est pas en
cause, et d'autre part Ta Société consti-
tue un appui sérieux. -
On a raconté d'ailleurs des sottises
au sujet de la pauvreté du Muséum.
N'a-t-on pas été jusqu'à prétendre que
les animaux n'avaient pas toujours de
quoi manger, que certains gardiens
mal payés en étaient réduits à trafiquer
des victuailles destinées à leurs pen-
sionnaires ? Pure invention, monsieur,
et à laquelle la réalité ne donne pas
même un soupçon de justification, mais
qui est une indication significative du
Dénuement dans lequel s'est trouvé le.
Muséum.., Sur cet. effet spécial, on
avait inventé à plaisir, mais sur la eau-
son ne se trompait pas.
— On a dit aussi que les animaux qui
gouraient rrétajj&nt. pas remp1.aéa. ?
— Inexact. Non seulement- les morts
sont remplacés, mais encore nous aug-
mentons le nombre de nos sujets. Nous
venons de recevoir des antilopes, et au'
printemps nous aurons de nouvelles ar-
rivées.
Au surplus, nous sommes autorisés à
penser que le cri d'alarme qu'on a
poussé pour nous a été entendu. D'in-
téressants et pressants articles ont paru
dans la presse. Mais il y a encore plus
d'un effort à faire.
Ce qui nous importait, c'est d'avoir.
l'autonomie budgétaire complète —
avec la faculté de nous créer à nous-
mêmes des ressources, non pas en fai-
sant du commerce ou de la brocante
scientifiques, mais en faisant ce que
les Muséums des grandes capitales ont
coutume de faire.
Nous avons des collections merveil-
leuses, des pièces hors de toute évalua-
tion. Pourquoi faut-il que lorsqu'il est
question de Muséum, immédiatement
on songe au British, à celui d'Amster-
dam, à celui d'Anvers, non à celui de
Paris ? Il suffirait relativement dé peu"
de chose pour lui donner cependant j:
lustre qui doit être le sien.
— Vous fondez donc de solides espé-
rances sur la Sœiëlé 3
— Mais certainement, nous en atten-
dons le plus grand bien. Nous avons —
il l'a bien fallu — appris que la patience
était une des premières vertus -humai-
nes : nous nous en sommes armés, et
nous voici presque récompensés puis-
que nous pouvons maintenant, sinon
toucher au but, du moins l'entrevoir.
Mais les Amis du Muséum ont besoin
d'être eux-mêmes aidés et encouragés ;
et c'est à quoi la presse peut utilement
s'employer. ,
n. v. a.
COULISSES DES CHAMBRES
La loi des cadres
La commission de l'armée s'est réuui4
sous la présidence de M. Berteaux.
Elle a adopté le rapport de bl. Gcrvai
sur la proposition de résolution de M. las
sies concernant l'état des officiers de ré-
serve et de territoriale, et celui dèe M. le
comte d'Alsace, relatif au projet de loi -sui
les maréchaux ferrands. Elle a procédé en-
suite à un examen préparatoire de la loi
des catlres. Après une longue discussion à
laquelle ont pris part MM. Berteaux, KlÉflt
Messimy, Joseph Reinach, Gouzy, Gerva f!
Chapuis, Jourde et Doumer, la commission
s'est à
Chapuis, l'unanimité prononcée pour l'étude
concomittante du projet de loi des cadre,
et des diverses propositions relatives à l'a-
vancement. Elle a chargé une sous-com-
mission de cette double étude préparatoire.
Dette ¡,c;ous-commj,ssion est rom'DOSè de
M. Berteaux, président ; MM. Messimy»
chargé du rapport général provisoire ; Gou
zy, du rapport provisoire sur les proposi.
tions d'avancement ; Gervais, rapporteur
provisoire sur l'infanterie, l'intendance et
les services administratifs ; le comte d'Al-
sace, rapporteur provisoire pour la cava*
lerie ; Joseph Reinach, rapporteur provi-
soire pour l'artillerie et le génie ; Lachaud,
rapporteur provisoire pour le service dé
santé ; Klotz, rapporteur provisoire pou?
l'état-major général, les services d'état
major et le corps du contrôle.
La sou s-commission s'est ajournée à sai
medi prochain.
LE PLUS ANCIEH BREVET
[De notre correspondant particulier)
Londres, 1er février.
Ni Archimède, ni Vitruve, ne prenaient
de brevet, ce qui, d'ailleurs n'ôte rien à la
valeur de. leurs inventions.
C'est en Angleterre, et à une époque re-
lativement moderne, que les inventeurs ont
commencé à user de ce moyen de s'assurer
la propriété de leur travail. On vient de
découvrir un brevet qu'on peut considérer
comme le plus ancien du genre. 11 a éti
délivré en 1612, par le roi Jacques Ior d'An-
gleterre et concerne un nouveau procédé
de faire fondre le fer contenu dans le mi-
nerai en emplovant le charbon de terre.
:: -
CONSEIL GÉNÉRAL
Séance du 1er février 1908
M. Félix Roussel préside.
Les tramways. — On continue la discua
sion sur la réorganisation des tramways
dans le département de la Seine.
M. Léon Barbier, l'un des rapporteurs,
dit que pour donner satisfaction aux désirs
du conseil général, la commission s'est
préoccupée de savoir s'il n'est pas possi-
ble d'employer un moyen moins coûteux
que celui du caniveau soùterrain ou du
trolley, de manière à appliquer les tarifs
bas. Si le caniveau pouvait être remplacé
par le contact superficiel, les frais de pre-
mier établissement seraient réduitsune - notable proportion. Il existe en Angle..
terre plusieurs systèmes de traction pan
€tontjnct superficiel qui semblent donner
satisfaction et dont le prix de revient se
rapproche sensiblement de celui du trol-
ley. L'emploi de ce système éviterait de
procéder à la répartition de zônes de trol-
leys. M. Léon Barbier pense qu'il serait
utile de procéder à une étude qui pourrait
être faite par les soins de membres de la
commission et de l'administration. Dans,
ceo conditions, la commission ajouterait N
son texte un article additionnel permettant
d'employer le système le plus avantageux*
M. Joseph Weber, partisan du tarif bas
de 15 et de 10 centimes, dit qu'il faut équi-
per les voiei autrement que par le cani-
veau et employer le contact superficiel ou
le trolley.
Le Conseil décide de maintenir son ordre
du jour et de discuter d'abord la zône da
trolley avant de s'occuper des tarifs.
.- - -. y -Pw ---i
Iirindf 3 Février VbOt». — N*. 13843^»'.
Foodateuri
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det4ilmievRATIOW : 14. aux DU MAflu
Téléphone ~SOi-M
Adressa lai*res at mancats à l'Administrateur
OPINIONS
MARIAGE
DIVORCE
UNION LIBRE
ta nouvelle pièce de M. Bourget, Un
Vivotce, a remis sur le tapis la ques-
tion de l'indissolubilité du mariage.
L'auteur, vous le savez, tient pour l'af-
firmative et conclut à l'abrogation de la
loi de 1884 sur le divorce.
A l'opposé, un certain nombre de pu-
blicistes ou de personnalités marquan-
tes dans le inonde littéraire ou politi-
que ont cru devoir prophétiser la mort,
à brève échéance, du contrat solennel
;(ainsi parle-t-on à l'école) du mariage et
son remplacement par l'union libre. On
avait même prêté à M. Briand une ap-
préciation plutôt fantaisiste des obliga-
tions réciproques des époux. Un sim-
ple louage de services, aurait-il dit, au-
quel on appliquerait dès lors les règles
juridiques propres à ce genre de con-
entions. L'honorable ministre de la jus-
lice a cru devoir protester contre l'opi-
nion qui lui était attribuée.Peut-être, vu
la situation qu'il occupe, a-t-il eu raison
Se le faire pour rassurer les esprits ti-
morés, prompts à s'épouvanter, et pour
üésarmer les adversaires toujours dis-
posés à la raillerie et à la critique. Que
le mariage soit un contrat commutatif,
c'est indiscutable ; mais à la différence
(l'une convention d'intérêts et de conve-
nances pure et simple, — comme c'est
Je cas pour le louage de services, —
l'union de deux êtres humains a un ca-
ractère à la fois moral et social qui ne
permet pas de l'envisager à un point de
vue aussi étroit. Tous ceux qui connais-
sent M. Briand savent bien que, socio-
logue et jurisconsulte, il ne pouvait
ignorer cette différence et. que dès lors
l'opinion qu'on mettait dans sa bou-
che ne pouvait certainement pas être
J'expression de sa pensée.
Cela n'empêche que les admirateurs
'du passé se montrent fort indignés.
* Voilà bien, 'disent-ils, où nous con-
duisent l'école sans Dieu, la liberté de
pensée, le mépris des commandements
religieux 1 » Ils n'oublient qu'une cho-
se : c'est que la question n'est pas née
d'aujourd'hui. Sans remonter à nos an-
ciens auteurs, sans rechercher si au
lendemain de la Révolution des théo-
ries analogues n'ont pas déjà fait l'ob-
jet de discussions et de controverses
bruyantes, il suffit de se reporter aux
derniers jours du second Empire pour
trouver un ouvrage qui fit grand bruit
à l'époque et dont l'éclat ne fut pas sans
gêner beaucoup son auteur par la suite.
Religion, Propriété, Famille, est le titre
sous Jequel M. Naquet battait en brè-
che, dès 1869, l'institution alors sacro-
sainte du mariage légitime. On y trou-
vait des , arguments curieux pour dé-
montrer que le titre 5 du Code civil
était la source de tous Jes fléaux so-
ciaux ? « Le mariage, expliquait l'au-
teur, provoque au crime et au délit, —
au crime, car il encourage à l'avorte-
ment et à l'infanticide la fille-mère qui,
rougissant de son inconduite et crai-
gnant le déshonneur, se débarrasse de
son enfant avant sa délivrance normale
ou au moment de la naissance ; — au
délit, car s'il n'y avait pas de mariage,
il ne saurait y avoir d'adultère. »
Cet ouvrage eut un grand retentisse-
ment ; la simplicité des raisonnements
qu'on y trouvait était à la portée des
intelligences même ordinaires, et bien
que le grand drame national de 1870
eût détourné l'opinion de ces questions,
Je me souviens, aux environs de 1880,
avoir, dans des sociétés littéraires, en-
tendu reproduire et développer la thèse
produite plus de 'dix ans plus tôt par
M. Naquet.
A ce moment (1880), le libérateur des
unions mal assorties menait devant
l'opinion et au Parlement une active
campagne en faveur du divorce établi
par les lois de la Révolution, mais abo-
li depuis 1816. Les Bourget d'alors — il
y a des esprits rétrogrades à toutes les
époques, même en dehors de ceux qui
aspirent aux honneurs de l'Académie
française, — n'hésitaient pas à dire que
M. Naquet cachait son jeu et que si par
opportunisme il se Bornait à demander
le rétablissement du divorce pour des
sauses strictement limitées, en fait c'é-
tait du mariage lui-même qu'il poursui-
vait l'abolition pour le remplacer par
l'union libre. On peut dire qu'au cours
de sa lutte, le Naquet de 1880 à 1884
n'eut pas d'adversaire plus dangereux
que le Naquet de 1869 qu'on lui oppo-
sait constamment.
Ningtuit ans se sont écoulés depuis
lors. VoIlà vingt-quatre ans que le di-
vorce existe. On ne s'en marie ni plus
ni moins. Par contre ont cessé d'exister
tes situations fausses et hypocrites, de
gens maintenus dans les liens d'un ma-
riage de nom tout en ayant été autori-
sés à vivre judiciairement séparés. Cer-
tes, aujourd'hui comme avant 1884, on
voit encore de ces cas déplorables où
les enfants d'un ménage désuni sont
ballottés et tiraillés du père à la mère
et de la mère au père, mais c'est là le
fait moins du mariage ou du divorce
que 'de l'impossibilité où se sont trou-
vés leurs parents de vivre ensemble.
Mais d'autre part, et une expérience
de plus de vingt ans de barreau me
permet de dire que ce cas est beaucotp
plus fréquent qu'on ne pense, combien
d'enfants de parents divorcés ont re-
trouvé auprès du second mari ou de la
seconde femme de celui de leurs au-
teurs auquel ils avaient été confiés,
l'affection attendtle, les égards et l'es
appuis matériels et moraux d'un foyer
vraiment familial.
Certes, le divorce est toujours chose
regrettable ; nous ne sommes pas de
ceux qui croient qu'il faille le faciliter
outre mesure et faire du mariage je ne
sais quel concubinage légal ; mais à ces
situations qui sont, quoi qu'on dise, ex-
ceptionnelles, il faut des solutions ex-
ceptionnelles aussi et l'on peut dire que
si depuis 1884 il a été prononcé beau-
coup de divorces, la somme du bonheur
conjugal, c'est-à-dire du bonheur fami-
lial .et par suite du bonheur général,
s'est trouvée supérieure à ce qu'elle
était avant la loi qui a. rétabli le di-
vorce.
Quant à l'union libre, elle suppose
une réorganisation sociale complète. Il
faudrait commencer par décréter que
les enfants, à l'avenir, seraient élevés
par l'Etat et non par leurs parents.Com-
bien de pères, combien de mères sur-
tout accepteraient une pareille disposi-
tion de la loi ? La dignité et l'indépen-
dance de la femme se trouveraient sin-
gulièrement compromises et diminuées.
Les hommes y tgagneraient-ils grand
chose ? J'en doute ; quelques coureurs
d'aventures peut-être y trouveraient
avantage. C'est possible : ils m'intéres-
sent peu. Par contre, tous ceux qui
voient dans la femme autre, chose que
de la chair à plaisir, qui puisent au
foyer familial l'énergie morale et intel-
lectuelle nécessaire pour supporter la
lutte de 1a vie, tous ceux là — et il son6
infiniment plus nombreux que les pré"
cédents — ou bien regretteraient le
mariage s'il venait à être aboli comme
institution légale, ou bien s'arranger
raient pour faire de leur union libre
une union régulière et définitive. A
quoi bon changer dès lors, et, sous pré-
texte d'amélioration sociale, revenir à je
ne sais quel étaï de; vagabondage des
sexes dont au temps passé le progrès
a consisté à se délivrer ?
MARC REVILLE,
liêput î du Doubs.
00 -
LES COMBATS D'HOMMES
Il jy a 'des questions sur.
lesquelles, malgré les diver-
gences politiques, tous les
hommes qui ont un peu de
.cœur se trouvent facilement
d'accord. - Dans -- l'Autorité,
M. Paul-J. de Cassagnac réclame l'in-
terdiction des assauts de boxe, tels
qu'on ose les présenter depuis quel-
ques mois, à Paris même.
Nous sommes très favorables au dé-
veloppement du sport, qui dote d'éner-
gie et de santé les jeunes générations.
Mais, comme le dit M. Paul-J. de Cas-
sagnac, « il ne faudrait pas que le
sport. devint un facteur d'abaissement
sport.
moral et de aéprayation II ne faudrait
pas que, » au lieu d'exciter l'émulation
et les louables rivalités, il sollicitât les
bas instincts 'de la nature humaine. »
Naguère, les exercices ide boxe se:
faisaient en France dans des conditions
qui excluaient les brutalités extrêmes
et l'effusion de sang. Maintenant, on
essaie d'acclimater des jeux tout diffé-
rents, et sur la barbarie desquels l'Au-
torité attire avec raison l'attention de
l'opinion i
Deux boxeurs, opposés l'un à l'autre, et
juchés sur une estrade au milieu de la
foule, raconte notre confrère, se combat-
tent à outrance; au bout de quelques ins-
tants, la lutte, commencée avec calme,
s'anime. Et, alors, le spectacle devient ré-
pugnant. Ces deux hommes, qui n'ont au-
cun motif de s'en vouloir, se frappent mu-
tuellement avec une- sauvagerie véritable-
ment révoltante. Sur leur visage, le sang
coule des nez tuméfiés ou des lèvres écra-
sées. Bientôt, haletants, ils se raidissent
contre la douleur et la fatigue ; comme s'ils
étaient pris de vin, ils titubent, chancel-
lent et trouvent encore la force de frapper,
jusqu'au moment où leurs aides respectifs,
sur un signal donné par l'arbitre, s'empa-
rent d'eux, les réconfortent hâtivement.
Mais ce n'est qu'un entr'acte, et bientôt
on les lance à nouveau l'un contre l'autre,
jusqu'à ce que le moins résistant des deux
tombe, évanoui, ou du moins incapable de
se relever.
Il est possible que ce soit une attraction
qui fasse recette ; mais elle n'en est pas
moins au dernier degré avilissante et im-
morale.
C'est une campagne ardente et tenace
du Rappel qui a épargné, à Paris la
honte des courses de taureaux. Il y a
peu de semaines, nous protestions con-
tre les combats de chiens et de rats et
les combats de coq.
A plus forte l'aiso nous nous éle-
vons contre les hideux spectacles de la
boxe homicide.
La presse républicaine ne voudra pas
laisser aux journaux, réactionnaires
l'honneur d'exiger. la ûaJdes horribles-
représentations dont il s'agit.
Paris tout entier sera avec nous pour
exiger qu'on le débarrasse de « com-
bats de gladiateurs » plus attristants
que ceux de la Rome décadente.
! ——
Assassinat
du roi de Portugal
et du prince héritier
Dans la nuit la dépêche suivante nous
parvient :
Lisbonne, 1er février.
LE ROI CARLOS ET LE PRINCE HE-
RITIER ONT ÉTÉ ASSASSINÉS.
TROIS DES RÉGICIDES ONT ÉTÉ
TUÉS SUR PLACE.
Autres dépêçhes
Lisbonne, 1er février.
Après cinq heures du soir, le roi Carlos
avec la famille royale arriva à Lisbonne
de retour de Villaviciosa.
Au moment où la voiture découverte dé-
bouchait de la place du Commerce dans
la rue de l'Arsenal, un groupe d'hommes
armés de carabines tirèrent contre le roi
Carlos et le prince héritier, qui entrèrent
mourants à l'arsenal de la marine où ils
expirèrent peu après.
La police tua sur place trois des régici-
des dont les corps furent transportés dans
les bâtiments de l'Hôtel de Ville.
Lisbonne, 1er février.
Le roi Carlos, la reine Amélie, le prince
héritier et l'infant Manuel se trouvaient
dans la même voiture.
La reine Amélie se leva pour tâcher de
couvrir le prince héritier.
Le corps du roi et celui du prince sont
toujours dans l'arsenal de la marine ; ils
ont été frappés de trois balles.
L'infant Manuel a été blessé aussi, mais
sa blessure n'est pas grave.
La reine Amélie n'a pas été atteinte.
Tel est le fruit. affreux de la politique
rétrograde du Cabinet Franco.:
LES ON-DIT
Odyssée d'un territorial.
Puisque la question des 28 et des 13
jours occupe le Sénat., profitons de l'ac-
tualité pour écouler une anecdote.
Il ne faut pas toucher à la stabilité
des cadres, l'armée est à la veille de
tomber aux mains des mercenaires.
L ennemi est a nos portes. etc. Tou-
tes ces vénérables objections contre une
réduction populaire ne tienne'ht pas de-
bout et, dans la pratique, il en va tout
autrement que. ne le pense M, le géné-
ral Langlois.
Un de nos amis avait fait son temps
de service dans un régiment de chas-
seurs à cheval. On renvoya accomplir
ses vingt-huit jours à Belfort ; là, on
s'aperçut qu'il était trop myojpe et trop
peu apte au service d'éclaireur pour
être digne de la cavalerie légère. Il fut,
d'office, après trois jours de repos com-
plet, envoyé dans un régiment de li-
gne. Mais, aux treize jours, les autori-
tés militaires revinrent sur leur opinion
et décidèrent que l'ancien cavalier de-
vait servir dans. l'artillerie de forte-
resse. Il réclama; on l'embusqua pa-
ternellement dans une section d'admi-
nistration. Il avait, de ce chef, connu à
peu près toutes les armes. Encore un
peu, il terminait sa carrière dans la
gendarmerie.
Les gratifications à l'H. D. V.
Le personnel delà préfecture de là
Seine a eu un instant d'émoi facile à
comprendre. M. de Selves, disait-on,
avait résolu de supprimer la manne de
fin d'année qui, sous forme de gratifi-
cation, vient ajouter un supplément
inattendu et providentiel aux appointe-
ments des bureaucrates. Renseigne-
ments pris, ce n'était que partiellement
vrai. Ombre sévère de Rabourdin, apai-
se-toi ! Les libéralités annuelles ont
plu comme à l'ordinaire sur la gent
écrivassière. Seuls, ont été exceptés de
la distribution les services dépendant
directement du Cabinet uu Conseil mu-
nicipal et dû-Conseil général.
Le Passant.;
_————— *
L'EAU EN BANLIEUE
Nous avons signalé à diverses reprises
la bizarrerie des traités consentis par les
communes du département de la Seine,
avec les communes extérieures au départe-
ment Tandis que certains traités expirent
en 1925, d'autres prennent fin à des dates
différentes, certains en 1950. Champigny-
sur-Marne est lié jusqu'en 1976 avec un
traité de 99 ans consenti en 1875. De cette
manière, La Compagnie générale a fait des
opérations qui lui permettent, à l'heure
actuelle, de voir négocier en Bourse ses ac-
tions au taux de plus de 1.800 francs.
Au moment où le traite consenti par la
Ville de Paris et la Compagnie générale
pour la régie des eaux de la capitale, est
sur le point d'expirer, divers membres du
Conseil général de la Seine se sont émus
de la situation faite aux communes des
cantons ; qu'ils représentent. Une commis-
sion d'initiative pour la constitution d'une
conférence internationale des eaux, s'est
constituée, grâce à l'initiative de M. Che-
nal, conseiller général : elle a tenu deux
réunions.
Son but est de créer, avec le concours
des pouvoirs publics» un groupement, .assez
puissant pour obtenir des Compagnies con-
cessionnaires du service des eaux, au pro-
fit des communes et des abonnés, des con-
ditions meilleures pour le présent aussi
bien que pour l'avenir, et imposer une li-
mite maximum et uniforme pour la durée
des traités, afin de permettre, à une épo-
que déterminée, au département ou à l'as-
sociation des communes, de reprendre leur
liberté d'action et de choisir le tnode d'ali-
mentation et le fournisseur à leur conve-
nance. La conférence se constituerait dans
les formes prévues aux articles 116, 117
et 118 de la loi du 5 avril 1884.
Dans une première réunion,, tenue le 19
décembre dernier, plus de 80 représentants
de la, banlieue,. conseillers généraux, mai-
res- et; iconseilliers municipaux, auxquels
s'était joint M. Charles Deloncle, député,
ont jeté les bases de la Convention-et ont
nommé une commission dont M. Chenal a
été nommé président provisoire et M. dé-
menti secrétaire.
A la seconde réunion, tenue le 9 janvier,
le bureau a été constitué définitivement ;
il se compose de : MM. Chêlla), vice prési-
dent du conseil général ; Collardeau, con-
seiller général, moire de Bondy ; Dussault,
maire de Cha-renton ; Digeon, maire de
Saint-Mandé ; Lagneau. maire de Boulo-
gne ; Champ eaux, maire de Montrouge;
Rendu, maire de Choisy-le-Roi ; Adam,
maire de Saint-Denis ; Boudet, maire de
Chaville, et Caron, délégué par le maire
d'Athis-Mons. Ont été adjoints au bureau,
à titre consultatif, MM. Clémenti, directeur
du Bullelin- des propriétaires de Charen-
ton et de Saint-Maurice, promoteur du
mouvement ; Millat, président de l'Asso-
ciation des propriétaires de Saint-Denis ;
Brun, président de l'Association de Saint-
Mandé ; Boyer, président de l'Association
du Grand Montrouge, cl Dupont, président
de lAssociation de Boulogne.
Tous renseignements concernant la. con-
férence intercommunale des eaux peuvent
être obtenus auprès de M. Clienal, conseil-
ler général, 50, Grande Rue, à Alfort,
Seine.
A. Breuillé.
» *
EPOUX, 1WS, VEÏVES
En feuilletant l'Annuaire statistique de
la ville de Paris, le dernier paru, et com-
plètement abruti par la vision, devenue
trouble, de plus de 600 pages pleines de
chiffres en colonnes, j'allais m'endormir,
quand mes yeux tombèrent sur quelques
mots qui me rendirent un peu de gaîté :
Mariages, Divorces. Quel est le Gaulois di-
gne de ce nom que n'intéresse pas tout ce
qui concerne les rapports de l'homme et
de la femme, fussent-ils réduits à de sim-
ples nombres ?. Je feuilletai.
Je feuilletai et j'appris que le Parisien
éprouve l'impérieux besoin de -s'unir à une
femme légitime surtout entre 25 et 29 ans.
A ce moment, c'est une rage : il veut fon-
der un foyer à tout prix et il choisit le
plus volontiers des jeunes filles ayant de
20 à 24 ans. Cependant, il ne dédaigne
pas d'épouser alors une femme un peu
plus Agée que lui, c'est-à-dire ayant dépas-
sé la trentaine. Sur 11.000, ils sont ainsi
942 qui ne redoutent pas que leur tendre
épouse soit leur aînée.
Après 30 ans, le goût du mariage s'affai-
blit. La proportion tombe de 11.000 à 3.000,
du moins pour les célibataires.
Les veufs se remarient en grand nombre
de 35 à 39 ans. Ils ont un goût très pro-
noncé pour les jeunes filles n'ayant pas
encore atteint la trentaine. Mais quand ils
ont passé la cinquantaine, il semble qu'ils
cherchent volontiers une femme expéri-
mentée, à peu près de leur Age, ou tout
au moins ayant plus de 40 ans, et qui sa-
che déjà ce que c'est que le mariage.
Ainsi, c'est surtout vers la quarantaine
que les veuves épousent des veufs, — mais
les veuves de 30 à 34 ans trouvent facile-
ment de bons petits célibataires de 25 ans
pour les conduire à la mairie. Les pau-
vres !
En 1905, 40 veuves de plus de 60 ans,
s. v. p., se sont faits épouser par des veufs
aussi âgés qu'elles. Il ne faut jamais dé-
sespérer des bonnes volontés de l'homme !
Maintenant, au bout de combien de
temps de veuvage, veufs ou veuves se re-
marient-ils ?
C'est de 35 à 39 ans, je l'ai déjà dit, que
les veufs se préoccupent de se remettre au
cou la chaîne. j'entends la chaîne adora-
ble de deux bras aimants. A cet âge-là,
l'homme semible pris d'une sorte de folie.
Il n'attend pas un an de veuvage pour se
remarier ! S'il passe cette période, il se
distrait pendant un certain temps comme
il peut, et il faut alors aller jusqu'à 45 ans
pour retrouver une sérieusî* majorité de
veufs qui se remarient après .huit ou neuf
ans de solitude officielle.
On en voit cependant quelques-uns qui,
veufs là 75 ans (vous lisez bien), ne laissent
pas s'écouler l'année sans prendre fem-
me !. Ce sont des phénomènes.
Enfin, parmi les veufs ayant goûté pen-
dant plus dé 20 ans la tranquillité du
foyer, 3 se remarient à 75 ans et 16 vers
la soixantaine. Ce n'est que temps !
Quant aux veuves, c'est de 30 à 34 ans
qu'elles veulent être consolées, - surtout s'il
y a six ou sept ans qu'elles sont seules. Il
y a alors une terrible recherche d'un nou-
veau compagnon. Ils semblent qu'elles sup-
portent facilement pendant cinq ou six ans
leur solitude et la tristesse des souvenirs.
Mais après, c'est l'exception. Je trouve que
c'est déjà très gentil.
Notons qu'à Paris, durant toute une an-
née, on ne trouve guère qu'une femme
veuve depuis vingt ans et ayant vu fleu-
rir 75 printemps, qui songe à se recréer
une famille, — si j'ose m'exprimer ainsi.
Pour les divorcés, on peut faire les cons-
tatations suivantes :
Entre 35 et 39 ans, ils recherchent vo-
lontiers les jeunes filles innocentes encore,
aspirant avec langueur à la trentaine. Les
toutes jeunes échappées de la laïque les
émeuvent peu. Ils sont -aussi rarement
friands de veuves, ou alors ils épousent
des veuves d'âge mûr, étant mûrs eux-
mêmes.
En" somme, ayant fait une fâcheuse ex-
périence, ils croient qu'ils réussiront
mieux -avec une femme encore vierge,
mais ayant déjà eu le temps de regarder
i le monde et en âge de considérer leur mari
comme le sauveur qui les tire de la triste
perspective de rester vieilles filles. Ils ont
confiance peut-être en ce sentiment de re-
connaissance, pour espérer que cette fois
L js £ fA ,pJua. ;g»làde *Mâui sait il.. -
Les divorcées, elles, entre 30 et 34 ans
trouvent facilement des célibataires du mê-
me âge, et même des moins âgés. En re-
vanche, les veufs semblent s'en méfier, et
quant aux divorcés, il faut des considéra-
tions extraordinaires pour qu'ils en épou-
sent une. Ainsi, elles n'exercent vraiment
un attrait sérieux Que sur les bons jeunes
.gens qui ne savent pas, pour qui peut-être
ce titre même de divorcée est une auréole
pleine de promesses suggestives.
On constate ici la même loi que pour
les veufs. C'est de 35 à 39 ans que les di-
vorcés se remarient en foule sans atten-
dre, au bout d'un an tout juste de divorce.
De même les femmes. De 30 à 34 ans, elles
se consolent vite de leur divorce, et ne
laissent pas s'écouler plus de trois ou qua-
tre ans sans avoir repris un esclave. je
peux dire un maître. Les hommes eux, ou
se remarient tout de suite, ou attendent
sept à huit ans. Cela tient sans doute à
ce que ou bien ils divorcent pour épou-
ser une autre femme, et en ce cas ils sont
pressés ; ou bien ils sont chagrins et ont
besoin de sept ou huit ans pour se décider
à oublier. (Entre parenthèses, c'est à peu
près le temps que demandent les veuves,
comme je l'ai constaté plus haut).
Parmi les phénomènes, citons le cas d'un
homme âgé de plus de 75 ans et divorcé
de puis 16 ans, qui reprend femme, et de
trois femmes âgées de même de plus de 75
ans ,qui se remarient après 15 ans de di-
vorce. Quelle constance !.
Après cela, si vous voulez savoir à quel
,âge on divorce le plus, c'est entre 35 et 39
ans. C'est en général, mous l'avons vu, une
période critique, aussi bien pour les veufs
que pour les veuves, et aussi pour les
ménages. Ceux qui n'ont pas de compa-
gnon en cherchent, et ceux qui sont unis
se chamaillent. Concluons que l'approche
de la quarantaine est le- signal des vives
agitations intérieures, et méfions-nous, en
nous souvenant que si on divorce c'est
surtout pour injures graves, et que lorsque
c'est pour adultère, c'est dans la plupart
des cas, la femme qui a été pincée. Il
est juste de le dire !
Laurent Valière.
a»
LA POPULATION
DE L'EMPIRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 1er février.
Le bureau de statistique de l'empire pu-
bliera prochainement les résultats du re-
censèment général qui a lieu en Allema-
gne le 12 juin 1907.
Nous avons pu prendre connaissance de
quelques chiffres fort intéressants dans ce
tableau.
Le 12 juin 1907 le total de la population
de l'Allemagne se montait à 61,697,277 per-
sonnes, ce qui accuse une augmentation
de 1,055,999 depuis le 1er décembre 1905.
L'accroissement, cependant, s'est ralenti.
Dans la période de 1895 à 1900, on pouvait
l'évaluer à un pour cent et demi, tandis
que maintenant il ne représente que un
quinzième pour cent.
Pin 1 i I "I Ml
AU MUSEUM
Quelques améliorations. -. On espère
en la Société auxiliaire. — La vé-
rité et la légende. — L'autono-
mie budgétaire
Il y a longtemps que le Muséum souf-
fre de cette maladie que Panurge dé-
nommait « faulte d'argent ». Mais si Pa-
nurge avait trente-six manières, et plus,
d'y remédier, ce n'est pas le cas de nos
collectio-ns nationales et il est indispen-
sable — puisque leur budget particulier
est notoirement insuffisant — que l'ini-
tiative privée leur vienne en aide.
Dans le courant de l'été dernier, nous
avions fourni aux lecteurs de ce journal
quelques détails sur la Société des Amis
du Muséum dont nous leur annoncions
la fondation. Cette association, analo-
gue dans son but et ses moyens à celle
des Amis du Louvre dont 1 autorité bien-
faisante a donné de si heureux résul-
tats, venait de notifier en quelque sorte
aux intéressés son avènement à la vie,
et nous avions montré à ce propos com-
bien urgente était son intervenlion.
Quelques travaux de réfection allaient
commencer, nous avait-on dit.
Il nous a paru de quelque intérêt d'al-
ler voir, sur place, où on était de ces
travaux et des améliorations annoncées.
* *
- Nous n'avançons que lentement,
nous a dit l'aimable secrétaire auquel
nous nous sommes adressé, mais on a
tout de même paré au plus urgent.
Et de fait, nous constatons que telle
salle qui tombait, presque littéralement,
en ruines,, est aujourd'hui sinon luxueu-
se, du moins convenable. On a recrépi
ici, lavé là, repeint ailleurs. C'est un
commencement, mais ce n'est que cela.
— Il y a des pavillons qui n'ot pas
été touchés et il reste beaucoup à faire.
Toutefois nous avons bon espoir qu'au
début de la bonne saison on mettra a
exécution les promesses qu'on nous a
faites. Notre direction sait fort bien que
la bonne volonté des pouvoirs publics
et notamment du ministre n'est pas en
cause, et d'autre part Ta Société consti-
tue un appui sérieux. -
On a raconté d'ailleurs des sottises
au sujet de la pauvreté du Muséum.
N'a-t-on pas été jusqu'à prétendre que
les animaux n'avaient pas toujours de
quoi manger, que certains gardiens
mal payés en étaient réduits à trafiquer
des victuailles destinées à leurs pen-
sionnaires ? Pure invention, monsieur,
et à laquelle la réalité ne donne pas
même un soupçon de justification, mais
qui est une indication significative du
Dénuement dans lequel s'est trouvé le.
Muséum.., Sur cet. effet spécial, on
avait inventé à plaisir, mais sur la eau-
son ne se trompait pas.
— On a dit aussi que les animaux qui
gouraient rrétajj&nt. pas remp1.aéa. ?
— Inexact. Non seulement- les morts
sont remplacés, mais encore nous aug-
mentons le nombre de nos sujets. Nous
venons de recevoir des antilopes, et au'
printemps nous aurons de nouvelles ar-
rivées.
Au surplus, nous sommes autorisés à
penser que le cri d'alarme qu'on a
poussé pour nous a été entendu. D'in-
téressants et pressants articles ont paru
dans la presse. Mais il y a encore plus
d'un effort à faire.
Ce qui nous importait, c'est d'avoir.
l'autonomie budgétaire complète —
avec la faculté de nous créer à nous-
mêmes des ressources, non pas en fai-
sant du commerce ou de la brocante
scientifiques, mais en faisant ce que
les Muséums des grandes capitales ont
coutume de faire.
Nous avons des collections merveil-
leuses, des pièces hors de toute évalua-
tion. Pourquoi faut-il que lorsqu'il est
question de Muséum, immédiatement
on songe au British, à celui d'Amster-
dam, à celui d'Anvers, non à celui de
Paris ? Il suffirait relativement dé peu"
de chose pour lui donner cependant j:
lustre qui doit être le sien.
— Vous fondez donc de solides espé-
rances sur la Sœiëlé 3
— Mais certainement, nous en atten-
dons le plus grand bien. Nous avons —
il l'a bien fallu — appris que la patience
était une des premières vertus -humai-
nes : nous nous en sommes armés, et
nous voici presque récompensés puis-
que nous pouvons maintenant, sinon
toucher au but, du moins l'entrevoir.
Mais les Amis du Muséum ont besoin
d'être eux-mêmes aidés et encouragés ;
et c'est à quoi la presse peut utilement
s'employer. ,
n. v. a.
COULISSES DES CHAMBRES
La loi des cadres
La commission de l'armée s'est réuui4
sous la présidence de M. Berteaux.
Elle a adopté le rapport de bl. Gcrvai
sur la proposition de résolution de M. las
sies concernant l'état des officiers de ré-
serve et de territoriale, et celui dèe M. le
comte d'Alsace, relatif au projet de loi -sui
les maréchaux ferrands. Elle a procédé en-
suite à un examen préparatoire de la loi
des catlres. Après une longue discussion à
laquelle ont pris part MM. Berteaux, KlÉflt
Messimy, Joseph Reinach, Gouzy, Gerva f!
Chapuis, Jourde et Doumer, la commission
s'est à
Chapuis, l'unanimité prononcée pour l'étude
concomittante du projet de loi des cadre,
et des diverses propositions relatives à l'a-
vancement. Elle a chargé une sous-com-
mission de cette double étude préparatoire.
Dette ¡,c;ous-commj,ssion est rom'DOSè de
M. Berteaux, président ; MM. Messimy»
chargé du rapport général provisoire ; Gou
zy, du rapport provisoire sur les proposi.
tions d'avancement ; Gervais, rapporteur
provisoire sur l'infanterie, l'intendance et
les services administratifs ; le comte d'Al-
sace, rapporteur provisoire pour la cava*
lerie ; Joseph Reinach, rapporteur provi-
soire pour l'artillerie et le génie ; Lachaud,
rapporteur provisoire pour le service dé
santé ; Klotz, rapporteur provisoire pou?
l'état-major général, les services d'état
major et le corps du contrôle.
La sou s-commission s'est ajournée à sai
medi prochain.
LE PLUS ANCIEH BREVET
[De notre correspondant particulier)
Londres, 1er février.
Ni Archimède, ni Vitruve, ne prenaient
de brevet, ce qui, d'ailleurs n'ôte rien à la
valeur de. leurs inventions.
C'est en Angleterre, et à une époque re-
lativement moderne, que les inventeurs ont
commencé à user de ce moyen de s'assurer
la propriété de leur travail. On vient de
découvrir un brevet qu'on peut considérer
comme le plus ancien du genre. 11 a éti
délivré en 1612, par le roi Jacques Ior d'An-
gleterre et concerne un nouveau procédé
de faire fondre le fer contenu dans le mi-
nerai en emplovant le charbon de terre.
:: -
CONSEIL GÉNÉRAL
Séance du 1er février 1908
M. Félix Roussel préside.
Les tramways. — On continue la discua
sion sur la réorganisation des tramways
dans le département de la Seine.
M. Léon Barbier, l'un des rapporteurs,
dit que pour donner satisfaction aux désirs
du conseil général, la commission s'est
préoccupée de savoir s'il n'est pas possi-
ble d'employer un moyen moins coûteux
que celui du caniveau soùterrain ou du
trolley, de manière à appliquer les tarifs
bas. Si le caniveau pouvait être remplacé
par le contact superficiel, les frais de pre-
mier établissement seraient réduits
terre plusieurs systèmes de traction pan
€tontjnct superficiel qui semblent donner
satisfaction et dont le prix de revient se
rapproche sensiblement de celui du trol-
ley. L'emploi de ce système éviterait de
procéder à la répartition de zônes de trol-
leys. M. Léon Barbier pense qu'il serait
utile de procéder à une étude qui pourrait
être faite par les soins de membres de la
commission et de l'administration. Dans,
ceo conditions, la commission ajouterait N
son texte un article additionnel permettant
d'employer le système le plus avantageux*
M. Joseph Weber, partisan du tarif bas
de 15 et de 10 centimes, dit qu'il faut équi-
per les voiei autrement que par le cani-
veau et employer le contact superficiel ou
le trolley.
Le Conseil décide de maintenir son ordre
du jour et de discuter d'abord la zône da
trolley avant de s'occuper des tarifs.
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