Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-10-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1918 15 octobre 1918
Description : 1918/10/15 (N17498). 1918/10/15 (N17498).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
23 VENDEMIAIRE, AN 127. - N° 17.498
ht Luaiero : DIX CENTIMES
MARDI 15 OCTOotUi lUS. — W n..p;
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur (1869)
TELEPHONE
Nord. : 24-90, 84-91
ApTèS 10 b. du soir : GUTENBERG 0O»78
POUR && PÇBMCt^B
S'adresser au rPP£¡'.PtJBUÇITB.
28, M de Strasbourg. — PARe
Les manuscrite non insérés ne sont pas rendus
EDMOND DU MESNIL
Dlrmctmur - ._-
ABONNEMENTS
Vu sa SixoLftU Trots :noii
Sono à S.-ft-olSl.. te' 6 »
France & CouwiE*. sM » 11 a 6 a
ETRANGER 32 1 Jt » 9 »
REDACTION ET ADMINISTRATION
38. Boulevard de Strasbourg. — PARIS.
e TRIBUNE LIBRE
N'EXAGERONS RIEN
Le Temps a une manière à
lui de combattre le socialisme,
dont la menace grandissante
trouble les digestions de ses
commettants. Elle consiste à
faire le silence le plus complet
sur tout ce que les représentants auto-
risés de cette doctrine peuvent dire et
faire de raisonnable pour enregistrer
avec soin, en les amplifiant, les sottises
jet les violences de quelques excentri-
ques. Jadis, ce fut principalement à lui
que Gustave Hervé dut sa notoriété.
Plus tard, Pataud et Cochon lui four-
nirent de précieux arguments. Aujour-
d'hui, ce sont surtout les Kienthaliens
qui alimentent ses polémiques. La mo-
tion adoptée par le récent congrès so-
cialiste, qui a consacré le triomphe de
la fraction dite minoritaire, ne pouvait
donc manquer de lui inspirer un de ses
plus sensationnels réquisitoires.
Certes, il y a dans cette motion
des passages regrettables. Mais à ceux-
là même, avec un peu d'impartialité,
on pourrait trouver des circonstances
atténuantes. Ne s'expliquent-ils pas
suffisamment par le déséquilibre que
quatre années d'une guerre atroce de-
vait produire dans les esprits les moins
fermes ? Ne serait-il pas juste de recon-
naître que c'est souvent d'un excès de
sensibilité, d'une immense pitié pour
l'humanité meurtrie, d'une horreur
pour le sang répandu, que naît le besoin
maladif de tarir, immédiatement, à tout
prix, sans songer aux conséquences
lointaines, ce fleuve rouge qui submerge
le monde ? Loin de paraître se scanda-
liser des écarts de' quelques-uns, ne se-
rait-il pas d'un patriotisme plus sincè-
re de se réjouir de l'admirable tenue
morale, dans une épreuve aussi cruelle
et aussi prolongée, de l'ensemble de la
France et spécialement du parti socia-
liste ? C'est d'un élan unanime qu'en
août 1914 il s'associa à la défense na-
tionale, et la même unanimité se re-
trouve au dernier congrès pour affirmer
qu'il y reste fidèle. Voilà le fait capital.
i Et si certains socialistes ont une con-
ception erronée des devoirs que la dé-
fense nationale leur impose, cela ne
suffit pas pour autoriser le Temps à
dire qu'ils trahissent leur pays.
Mais au fond, est-ce bien l'attitude
du parti socialiste dans les questions
de guerre et de paix qui met le grand
journal conservateur si fort en colère ?
11 semble plutôt, à la lecture de son
article, qu'elles ne sont qu'un prétexte
et que la cause réelle de ses vertueuses
indignations doit être cherchée dans la
partie de la déclaration du congrès où
s'affirme énergiquement la volonté de
poursuivre dès la signature de la paix
« la grande œuvre de transformation
économique, politique et sociale, pour
laquelle combattent les socialistes », et
où l'on constate que « la guerre, en
anéantissant ou en bouleversant tant de
foyers, en accumulant les charges, en
grossissant indéfiniment les dettes, en
préparant d'écrasants fardeaux d'im-
pôts, W1 créant à l'Etat capitaliste,
comme au prolétariat. la presque im-
possibilité de vivre, a accumule les élé-
ments de la plus formidable révolution
que le monde aura connue n.
Ce sont IÙ, pourtant, des vérités d'evi-
dence, et il faut, pour les niér, tout
l'aveuglement du parti pris. Mais on
coixjoit que le Temps, organe de la hau-
(te finance et de la grande industrie, gie
puisse se résigner à voir disparaître un
rég°ime où les privilégiés qu'il soutient,
et qui le soutiennent, jouissent de si
grands avantages. - -
cr Et pourtant ce régime croule sur ses
bases. C'est folie que de s'acharner à le
relever L'organisation sociale fondée
sur l'entreprise privée, petite ou gran-
de apparaît de plus en plus comme
incapable de faire face aux formidables
nécessités qui découlent de la guerre.
Voilà des antiétatistes avérés comme
MM. Klotz et Claveille qui en sont ré-
duits à proposer au Parlement l'exploi-
tation des chemins de fer français par
l'Etat. Mesure provisoire, soit, dans
l'esprit de ses promoteurs, mais qui
n'en est pas moins significative. Le
Temps nous a-t-il assez vanté la supé-
riorité de nos puissantes, compagnies de
chemins de fer, a-t-il assez souvent fait,
entre leur administration et celle du ré-
eau de l'Etat, des comparaisons humi-
liantes pour ce dernier ? Eh bien, ce
sont des ministres appartenant a son
opinion qui proclament qu elles sont an-
dessous de leur tâche et que 1 intérêt
Un pays exige qu'elles soient rempla-
cées par une direction nationale.
r Ouand les faits parlent aussi haut,
la campagne de diversion menée par le
temps contre le parti socialiste sur le
terrain du patriotisme ne saurait être
efficace. Les erreurs qu'il condamne si
sévèrement eussent-elles même toute la
avité qu'il leur prête, n'empêcheront
nas l'évolution de s'accomplir et le so-
cialisme de triompher.
LUCIEN DESLINIÈRES.
L'AVANCE SE POURSUIT SUR TOUT LE FRONT
La rive nord de l'Aisne est largement dépassée
Les troupes italiennes ont pris Sissonne
Au nord de Verdun les Américains attaquent avec succès
- » »
# ———————————— ) ( --- ,
L'ACTUALITÉ
1
Manœuvres diplomatiques
--
Certes, la réponse alleman-
de aux questions du président
Wilson est ambiguë et tor-
tueuse.
Mais supposiez-vous d'a-
venture que l'Allemagne allait
soudain se dépouiller de son
génie, et même de son mauvais génie?
L'équivoque est dans sa manière ;
la clarté dans la nôtre. Raison de plus
pour dominer sa manœuvre diplomati-
que, comme nous dominons sa manœu-
vre militaire.
Attention! des pièges! clament de
bonnes gens. Bien sûr. La diplomatie
comme le champ de bataille a ses fils
de fer barbelés et ses ouvrages camou-
flés.
Au négociateur de les écarter ou de
les réduire, et d'infliger sur ce nouveau
terrain une défaite morale à l'ennemi.
L'avantage de la conversation enga-
gée par le président Wilson est d'avoir
empêché l'Allemagne d'arguer d'un re-
fus brutal d'examiner ses « sincères
propositions » de paix, et de contrain-
dre - le gouvernement impérial de dé-
nias quer devant son peuple et devant le
monde son imposture et sa fourberie.
L'action diplomatique liée à l'action
militaire doit obliger un ennemi désor-
mais vaincu d'accepter lès conditions
d'armistice et de paix des vainqueurs.
Il ne s'agit pas d'impérialisme, mais
de réalisme. Pour assurer la paix - dura-
ble du monde, il faut faire la guerre à
la guerre jusqu'à la disparition des
Hohenzollern et du militarisme prus-
sien, soit qu'il capitule, soit qu'il soit
anéanti.
Le fléau déchaîné par la folie crimi-
nelle d'un seul homme sur l'humanité
entière exige des réparations, un châti-
ment, des garanties.
Le président Wilson, que l'idée de la
Justice offensée a poussé dans la lice,
saura opposer à toutes les perfidies cau-
teleuses la force inébranlable et sereine
du Droit. » 1
Nous Itcvons suivre ses louables ef-
forts avec une attention soutenue, et
une sympathie fraternelle.
Mais la France ne saurait - cômme
le propose M. Marcel Sembat dans
l'Heure — s'en remettre à personne du
soin de poursuivre son Histoire et de
régler ses destins. La paix qui termine-
ra cette guerre doit être, je le répète,
une paix française. Car c'est te foyer
même de la Civilisation occidentale,
dressé sur notre sol, que la Barbarie se
proposait d'atteindre, et que l'héroïsme
de nos soldats a préservé de la destitue-
tion.
EDMOND DU MESHIL.
Les mines de Lens
Le ministre du Blocus et des négions li-
bérées, M. Lebrun ; le ministre de 1 Aime-
ment, chargé des mines, M. Loucheur, ac-
compagnés de M. Basly, député, maire de
Lens, vice-président de la Commission des
mines de la Chambre, et de M. Léon Per-
rier, député, président de la Commission
des mines, se sont rendus à Lens pour exa-
miner l'état de la ville et des installations
des mines. Ils ont parcouru les communes
de Lens, de Sallaumines et de Des
10.000 maisons que comptait Lens, il n en
reste pas une seule debout. Tout est rasé.
Quant aux mines elles-mêmes, elles sont
noyées et l'épuisement des eaux demande-
ra à lui seul près de deux années.
Les mesures relatives à la préparation
du matériel nécessaire sont, bien entendu,
prises depuis longtemps. Les nouvelles dé-
cisions nécessaires ont été ratifiées hier
sur place, afin d'assurer, le plus rapide-
ment possible, la remise en état des instal-
lations. Mais, dans les hypothèses les plus
favorables, on ne pourra pas extraire de
charbon des mines de Lens — et encore
en petite quantité — avant lb mois a
ans. et on ne peut pas espérer revenir à la
production normale avant cmq années.
Aux mines de Courrières, dont les pre-
miers puits viennent d être dégagés, les Al-
lemands ont fait sauter, avant leur départ,
toutes les installations de surface qui
étaient considérables. On se trouve en pré-
sence d'une destruction systématique,
poussée aux dernières limites du raffine-
ment. 1
LES BRUITS D'ABDICATION DU KAISER,
L'Agence Wolff est autorise à déclarer
comme naturellement dénués de tout fonde-
1 ment les bruits répandus par la presse de
l'entente et d'après lesquels , l'empereur
Guillaume aurait l'intention d'abdiquer.
Communiqués Français
4 le HEURES.
Sur l'ensemble du front, nous sommes restés en contact étroit avec l'infanterie
ennemie.
Au sud de Château-Porcien, nous avons rejeté sur la rive nord. canal les.
derniers éléments ennemis qui résistaient encore.
23 HEURES*
Des opérations locales nous ont permis d'améliorer nos positions sur la rive gau-
che de lOise, dans la région de Mont d'Origny.
Au sud de la Serre, nous avons occupé MONCEAU-LES-LOUPS et nous som-
mes parvenus à un kilomètre au sud d'ASSIS-SUR-SERRE.
Avec la coopération des troupes italiennes nous avons enlevé et dépassé SIS-
SONNE.
Plus à l'est, malgré une résistance très vive de l'ennemi, nous avons largement
progressé sur la rive nord de l'Aisne et porté notre ligne au delà des villages de
LA MALMAISON, LGR, LEiilCUR, S,iif3T-GEmîAIKMONT.. -
Dans la région d'Asfeid, nous avons franchi l'Aisne en plusieurs pointsnor
de Blanzy.
•V V.
Communiqués britanniques
14 HEURES.
Hier, après-midi, l'ennemi a ouvert un violent bombardement sur un large front
au nord du Cateau. Appuyées par ces feux d'artillerie, de fortes attaques d iniante-
rie ont été lancées contre nos positions à l'est de la Selle et aux environs de Soles-
mes. Nous avons repoussé ces attaques avec succès, après de durs combats. D'au-
tres attaques, au cours desquelles l'ennemi s'est servi de tanks pour appuyer l'as-
saut de son infanterie, ont été lancées hier contre nos positions, en face de Haspres,
mais sans succès pour lui. -
Au cours de la journée d'hier et de la nuit, nos patrouilles ont continué à avan-
cer sur différents points au sud et au nord de Douai. Elles ont gagné du terrain et
fait des prisonniers.
23 HEURES.
Sur le front britannique, au sud de la Lys, rien à signaler en dehors d'ac-
tions locales. Nos patrouilles et détachements avancés ont été très actifs. Ils ont
progressé en certains endroits et fait un certain nombre de prisonniers.. Des cod
bats locaux ont eu lieu dans le voisinage d'Erquighem et au sud de Wez-Macquart,
à la suite desquels nous avons fait quelques prisonniers. V
Communiqué Américain
', 23 HEURES.
Ce matin, les troupes américaines ont repris leur avance. Au nord de vAun,
elles opèrent, maintenant, contre des positions naturelles très fortes de la plus
haute valeur stratégique.
Dans la journée, eiles ont dépassé CUNEL et ROMAGNE. Nos patrouilles sont
dans le BOIS de BANTHEVILLE et nos troupes d'attaque ont pénétré dans les
positions de SAINT-GEORGES et de LANDRES-ET-SAINT-GEORGES. Nous avons
dénombré environ sept cent cinquante prisonniers.
- Communiqué de l'armée d'Orient
Les troupes serbes, appuyées par lestroupes alliées, continuent à libérer leur
territoire.
Les forces helléniques participent à leurs opérations. Elles procèdent, d'autre
part, à la réoccupation de la Macédoineorientaîe évacuée par les Bulgares.
Au cours des brillants combats qui leur ont livré Prizreud et Mitrovitza, les trou-
pes françaises ont fait un certain nombre de prisonniers. Elles se sont emparées
d'hôpitaux contenant de nombreux malades et blessés parmi lesquels le général au-
trichien administrateur de l'Albanie. Elles ont, en outre, capturé d'importants dé-
pôts et un matériel de chemins de fer considérable.
Pas d'armistice sans garanties
Sur ce point l'accord est unanime ----:--'.----
._-. ---"- dans tous les pays de l'Êntente
--. --.-.--.-.: .---.-..- - ,. - -, ',' "':"
AUX ETATS-UNIS
L'opinion des milieux autorisés
Le texte officiel de la réponse allemande
est arrivé hier à Washington.
Parmi les personnalités autorisées améri-
caines et étrangères, l'impression générale-
ment recueillie est qu'il faut se garder à
tuut prix d'un nouveau piège allemand.
On remarque surtout la duplicité de la
réponse -qui, après avoir accepté dans les
premières lignes l'adresse du 8 janvier et
les déclarations subséquentes, dit que le
gouvernement allemand croit que les puis-
•sainoes associées avec le Etats-Uns pren-
nent la position prise par M. Wilson ctana
son adresse. Cette fois-ci, le mot adresse est
au singulier, ce qui, par conséquent, im-
plique que l'Allemagne prétend à ce que les
puissances alliées ne s'appuient que sur
l'adresse de janvier, alors que le program-
me de M. Wilson forme un ensemble qui
n'est complet que par la totalité des adres-
ses.
Au surplus, la proposition de réunir une
commission mixte est inacceptable, parce
que des plus dangereuses. La situation mi-
litaire ne peut être réglée que militaire-
ment avac les garanties militaires les plus
sûres, mettant l'Allemagne dans l'incapa-
cité d'une nouvelle tamltris* immédiate ou
éloignée. f
- • — i.
EN ANGLETERRE
Soumission complète, ou.
On apprend de source autorisée qu'il n'y
a pas de perspective d'un armistice proche
comme résultat d#s ouvertures de 1 Allema-
gne, et. de plus, quand le moment sera venu
de considérer la question d'un armistice,
celui-ci ne sera pas accordé ni même pris
en considération, s'il n'est pas accompa-
gné de garanties navales et militaires et si
l'Allemagne non seulement el. prête a re-
mettre le glaive au fourreau, mats est ab-
solument impuissante a reprendre les liosti-
lités.
Il appartient à M. Wilson de faire le né-
cessaire pour une consultation avec les al-
liés, en vue d'un examen général de la ré-
ponse allemande.
Les journaux, examinant le point de vue
naval, qui intéresse particulièrement 1 An-
gleterre écrivent que la reddition par 1 en-
nemi de la flotte de haute mer et des sous-
marins doit figurer Darmi les cpndit^— «
l'armistice.
EN ITALIE :
- ;
Une note officielle .'-- j
L'Agence Slefani publie un note où il
est déclaré : w
« Les conditions de l'armistice, si on
commençait à en traiter, devraient évidem-
ment pour éviter tout piège, comprendre
les garanties militaires indispensables pour
que la suspension d'armes ne pût pas tour-
ner au bénéfice exclusif de l'ennemi. et
poier que celui-ci n'en pût pas tirer profit
dans le but de dégager ses armées .de la
situation critique où clles se trouvent et
qui s'aggrave chaque, jour, quitte ensuite
à recommencer les hostilités dans de meil-
leures conditions, après avoir retiré son
matériel de guerre actuellement en danger
et reconstitué ses unités qui, maintenant,
sont gravement ébranlées. Il., 'f. ;
; -V , • *- trT -,.'- ':
EN ALLEMAGNE
Les pangermanistes se remuent
Une dépêche de Berlin porte un résumé
de la déclaration que la fraction conserva-
trice du Reichstag a fait parvenir au chan-
celier d'empire avant la rédaction définitive
de la réponse allemande au président Wil-
son.
(c Nos armées, porte ce document, sont
encore installées très loin en pays ennemi.
L'évacuation des territoires occupés, si elle
était effectuée avant que l'Allemagne ne
soit assurée d'obtenir une paix pleine d'hon-
neur et qui lui garantisse l'intégrité du ter-
ritoire de l'empire, peut avoir les plus né-
fastes conséquences.
« Toute cession de territoire allemand est
incompatible avec l'honneur de l'Allema-
gne. Des patriotes en grand nombre at-
tendent avec nous une déclaration du gou-
vernement portant qu'il sera sur ce point
d'une intransigeance absolue. Le peuple al-
lemand est résolu à défendre jusqu'à la
dernière goutte de son sangle sol sacré de
la patrie. »
Le Yorwaerts, quant à lui, avertit les
pangermanistes. qui veulent établir une
dictature pour continuer la guerre, de me-
pas hraver la colère du peuple, de ne pas
jouer avec le feu..
L'action de Ludendorff
On mande de Rotterdam aux Daily
News:
« Après le discours du prince Mas de
LA SITUATION
La prise de Roulers
Roulers est délivré. Roulers., qui conte-
nait, avant la guerre, vingt-cinq mille habi-
tants, est la première grande ville de la
Belgique dont VAllemand aura été chassé
par les armes.
Hier matin, 14 octobre — l'anniversaire
d'iéna — le 'jront s'est rallumé dans les
Flandres, et cette première journée de ba-
taille permet déjà de grands espoirs.
Sous les ordres de Sa Majesté le Roi des
Belges, la deuxième armée britannique,
iarmée belge et l'armée française ont atta-
qué à 5 heures. 35, sans préparation d'ar-
tillerie mais sous la protection de barra-
ges roulants d'une puissance extréme.
Le temps, après la bourrasque des jours
précédents. s'était subitement mis au beau.
La prpgression s'est effectuée avec métho-
de, de la façon la plus satisfaisante, tous
les nids de mitrailleuses étant contraints
de céder les uns après les autres. --
Au soir — seize heures — la progression
atteignait six kilomètres en direction de
Courtrai, pour les Britanniques, six kilo-
mètres en direction de Thielt et quatre ki-
lomètres en direction de Thourout pour les
Belges. -
Quant aux Français, au centre des Bel.
ges, c'est à eux que revient l'honneur de
s'être emparés de la ville de Roulers et des
plateaux qui la protéaeaient. Près de dix
mille prisonniers sont déjà dénombrés et
un matériel considérable.
Parmi les canons pris, il faut citer'deux
batteries tout attelées, ce qui montre que le
repli méthodique dont les Allemands ne
manqueront pas de parler, ne s'opère pas
en quelques heures.
Notons, en terminait, que fas Allemands
n'ont pas quitté Roulers sans allumer de
nombreux incendies. Roulers pris par nous,
incendié par eux, voilà qui explique élo-
qucnwwnt le$ deux façons : la leur et la
HÓtrc, de comprendre comment on pourrait
arriver plus rapidement à des pourparlers
d'armistice.
La Turquie et l armistîee
• i •
Le ministre de Turquie a remis au gou-
vernement espagnol la note du gouverne-
nwnt ottoman demandant l'ouverture de
négociations -de paix et un armistice.
Cette note dit en substance :
« Le gouvernement ottoman prie le gou-
vernement des Etats-Unis de. prendre sur
lUI la tâche de 1 ouverture de négociations
de paix et d'informer de cette demande les
Etats belligérants en les invitant à délé-
guer des plénipotentiaires pour entamer des
négociations de paix.
:■ « Le gouvernement turc accepte comme
base de ces négociations le programme tra-
cé par le président des Etats-Unis dans- son
message au Congrès, du 8 janvier 1918 et
les déclarations qu'il a formulées ultérieu-
rement notamment dans son discours du 27
septembre.
« Le gouvernement ottoman exprime aussi
la désir, pour mettre fin à l'effusion de
sang, qu un armistice soit conclu. »
1 LS DECAMPENT
'$::";V.;::.,,.:1', :
Des correspondants italiens à la frontière
suisse-alsacienne télégraphiquent que les Al-
lemands ont évacué quarante villages rf.-
fÙés entre Bàle el, Colmar. Ils ont don^v
ordre aux habitants de Mulhouse, de Col-
mar, d Altklreh, de Teirette et d'autres pe-
tits villages de se, tenir prêts à partir à
tout moment.
En Belgique, la déportation des popula-
tions civiles de la Flandre occidentale con-
tinue régulièrement. Sous la surveillance de
leurs officiers, les soldats allemands enlè-
vent d'énorme quantités de matériel télé-
phonique. ;
Le Telegraaf apprend de la frontière
que la plupart des navires allemands trans-
portât du matériel allemand, du sable et
des graviers, ont reçu l'ordre de quitter
Gana.
Suivant le Maasbode, certains préten-
dent qu'une armée de 200.000 hommes se-
rait concentrée à Gand. ': :-;.
Bade, tout le monde, en Allemagne, était
convaincu que les chefs militaires pour-
raient défendre le'pays contre l'invasion,
mais lorsque l'on apprit que Ludendorff
avait efe appelé à Bertin, il fut évident que
quelque chose s'était passé. Vraisemblable-
ment, Ludendorff fit connaître la situation
réelle de l'armée, reconnue l'impossibilité
de mener une guerre défensive victorieuse
et conseilla de proposer la paix. Depuis l'é-
chec de l'offensive de mars, Ludendorff
comprit que la victoire militaire de l'Alle-
magne était hors de question. Ce fut lui
qui inspira le discours de von Kuhlmann.
C'est également parce que le gouvernement
redoute qu'une tempête, éclate lorsque des
millions de soldats rentreront désappoin-
tés et le cœur rempli d'amertume en Alle-
magne où ils trouveront le peuple mécon-
tent et appauvri, que le gouvernement se
hâte d'exécuter les réformes promises, que
l'amnistie a'été accordée et que les gou-
verneurs militaires de l'Allemagne ont re-
çu l'ordre d'appliquer l'état de siège moins
rudement.
La démission de von Berg, chef du cabi-
net civil du Kaiser, est due il ce qu'il ré-
sistait malgré tout aux modifications pro.
jetée.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Les Allemands et IUson
C'est avec raison qu'on ne pouvait oppo-
ser que la plus grande méfiance aux efforts
de l'Allemagne pour entamer des négocia-
tions avec le président Wilson. Ce qui se
passe en Allemagne jette toute la lumière
désiraite sur l'arrière-pensée allemande.
Nous avons d'abord les commentaires de
la Gazette de l'Allemagne du Nord qui accu.
sent des divergences, difficiles à accorder,
entre les points de vue allemand et amé-
ricain. Si nous nous en rapportons à la
campagne entreprise par les libéraux-na-
tionaux et les conservateurs, nous nous
rendons compte combien les Allemands
sont peu enclins à des concessions et com-
bien grandes sont encore leurs illusions.
Les pangermanistes se montrent, de leur
côté, toujours aussi intransigeants, se li.
vrant à force manifestations tapageuses de-
vant la statue de leur idole Hindenburg. On
remarque que les ministres socialistes n'ont
pas osé faire donner la police. C'est que le
bloc rouge-noir qui s'est trouvé porté au
pouvoir, sent sa puissance encore mal
affermie.
Il en est de même du nouveau chancelier'
que les partis de gauche sont bien près de
vouloir débarquer depuis la publication de
sa lettre au prince Alexandre de. Hohen-
lohe. Elle a jeté la consternation dans les
milieux majoritaires qui redoutant la ré-
percussion que peut avoir ta conaissance,
de cette lettre en Amérique et sur le prési-
dent Wilson, l
D'autre part, la ligue de la patrie alle-
mande et les associations similaires s'agi-
tent. Une réaction se dessine qui pourrait
bien ramener au pouvoir les partisans,
d'une résistance à outrance. Tout ceci indi
que fa fragilité des choses en Allemagne, j
l'instabilité des pouvoirs établis et est bien'
de nature à donner à réfléchir au président
Wilson. Celui-ci ne saurait d'ailleurs, dans'
le cas le plus favorable aux Allemands,
que les renvoyer au maréchal Foch, le com. i
mandant en chef des armées alliées. 1
Après les indiscrétions maladroites com-j
mises par les Allemands, il y a gros à pa-
rier que le président Wilson se décide à eft,
tirer la conséquence logique, c'est-à-dire à'
tne pas continuer ce commencement de con-
versation.
Louis BRESSE.
♦ —
Le Luxembourg
La Chambre luxembourgeoise a adoptV
à l'unanimité un ordre du jour priant le
président. Wilson de prendre sous sa pro.
tection les droits .du Luxembourg et de-
mandant au gouvernement de travailler à
obtenir l'évacuation du pays et la libéra-
tion de toua les Luxembourgeois condam-
nés par les Cours miltaifes allemandes.,
L'ordre du joyr demande encore au gou-
vernement de .publier un Livre blanc sur la
situation du Luxembourg dans la guerre
mondiale, ainsi que les réponses faites à
ses protestations. -
Le gouvernement s'est associé à cet ari
dre du jour.
"On Dit.
| "y
En passant *
Pour faire une omelette
Il n'y a plus un œuf dans la capitale !:" Est-ce
donc qu'il n'y a plus de poules 1. A Paris, on t
ne se doute pas de ça !.
Mais qui donc pourra nous expliquer '.a
Chose ?
Depuis le début de la guerre, le prix des œufs
a augmenté dans des proportions inouïes !.
Quel rapport y a-t-il cependant entre les poules
let la guerre ?. Pour quelle raisons les poules
ne pondent-elles pas au bruit du canon ? —
Enigme, cruelle énigme 1. car ce bruit formi-
dabie devrait plutôt les aider, il nous semble.,.
Tout a doublé de prix — on 1& sait trop bien.
hélas !. — et il y (i maintes çhoses pour les-
quelles oela se conçoit ; mais les œuls !. -CI,
oeufs !. Personne ne nous fera croire qu'il n'y
ait là un accaparement, criminel !.
La production du lait a diminué — passe en-,
core —r on sait bien que l'élève du gros bétail
est une chose compliquée et dure, -qui reclajm -
les soins et les forces des hommes ; niais les
poules !. ont-elles besoin des Poilus pour pou-
dre ?. Non, évidemment !. Et puis, les poules.
rien de plus simpie ! ça vit wesgite de l'air du
fcemos L Dans les fermes Pdle.<; K*»»n f'ra i.cfion t.
en picorant de-ci de-là des détritus et des las
de choses qui ne coûtent guère : admettons que
i choses soient un peu plus rares et un 'u
plus chères aujourd'hui. Mais cela ne peut
pourtant, pas tripler le prix de l'œuf !
Les œufs, il n'y a qu'a tes a cueillir » sous l:i
poule ; ça n'est ni dur, ni difficile, ecite'moisson.
ià ! cl1\.:a n'a jamais été un travail d'homme ;
il y a toujours 'Mse" de femmes et d'entanti
pour en venir à bout.
C't'st ..la crise des .t:ransports, direz-vous, j iJ
renchérit, le prix des œufs. Ah ! bah ! qu:ïl?
histoire !. Mais non, puisque dans les campa
gnos mente, en vend les œufs trois fois ¡U
prix !.
Alors ? "',:'" ',:,;.t>
C'est toute simplement la raodî ! la mode dÉ
renchérissement de la vie, Mais qui est-ce qu'
a lancé cette mode-là ? et surtOUlt. q.ui est-re qu-
en profile ?. Car il est certain qu'il y a des ;:';'(
proliteurs !. Ab ! ce ne sont pas des défaitistes
ceux-là !. ils tiennentr à la guerre !. elic est
[our « pouJè aux œufs d'or » !
C'est toujours la même histoire : un hom'r;"
for!? spirituel prétendait t&ut dernièrement que
« pour avoir des fruits, il ne faut pas s'adresser
aux arbres. mais aux députés. » Je diraf
donc que pour avoir des œufs, il ne faut pas :-.'ai
dresser aux poules. Mais à qui donc, al&rs 1
A Monsieur Boret, peut-être ? ;'
i Aujourd'hui
L'adieu du Boche y ,..
Le matin de la demande d'armistice par
les. Bulgares, un avion prussien vint bom-
barder un hôpital du front d'Orient. Deux
bombes blessèrent deux soldats puis l'avion
s'en alla et le ciel de Grèce fut purgé à far
mais de ces vilains oiseaux de proie. L'AI
lemagne a vraiment une manière de preri
dfe congé tout à fait digne d'elle.
Autrefois
La princesse de Metternich
C'était en 1897. La princesse Pauline de
Metternich, en promenade à pied, héla une
voiture (le place, puis interpellant le cocher
comme elle eût fait pour un de ses donu's-
tiques : « Tu vas me conduire au Champ
de Mars 1).
Mais le cotneY, se retournant avec lm;
sourire : « Tu me tutoies l iit-il. d'est donc
de l'amour ? »
ht Luaiero : DIX CENTIMES
MARDI 15 OCTOotUi lUS. — W n..p;
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur (1869)
TELEPHONE
Nord. : 24-90, 84-91
ApTèS 10 b. du soir : GUTENBERG 0O»78
POUR && PÇBMCt^B
S'adresser au rPP£¡'.PtJBUÇITB.
28, M de Strasbourg. — PARe
Les manuscrite non insérés ne sont pas rendus
EDMOND DU MESNIL
Dlrmctmur - ._-
ABONNEMENTS
Vu sa SixoLftU Trots :noii
Sono à S.-ft-olSl.. te' 6 »
France & CouwiE*. sM » 11 a 6 a
ETRANGER 32 1 Jt » 9 »
REDACTION ET ADMINISTRATION
38. Boulevard de Strasbourg. — PARIS.
e TRIBUNE LIBRE
N'EXAGERONS RIEN
Le Temps a une manière à
lui de combattre le socialisme,
dont la menace grandissante
trouble les digestions de ses
commettants. Elle consiste à
faire le silence le plus complet
sur tout ce que les représentants auto-
risés de cette doctrine peuvent dire et
faire de raisonnable pour enregistrer
avec soin, en les amplifiant, les sottises
jet les violences de quelques excentri-
ques. Jadis, ce fut principalement à lui
que Gustave Hervé dut sa notoriété.
Plus tard, Pataud et Cochon lui four-
nirent de précieux arguments. Aujour-
d'hui, ce sont surtout les Kienthaliens
qui alimentent ses polémiques. La mo-
tion adoptée par le récent congrès so-
cialiste, qui a consacré le triomphe de
la fraction dite minoritaire, ne pouvait
donc manquer de lui inspirer un de ses
plus sensationnels réquisitoires.
Certes, il y a dans cette motion
des passages regrettables. Mais à ceux-
là même, avec un peu d'impartialité,
on pourrait trouver des circonstances
atténuantes. Ne s'expliquent-ils pas
suffisamment par le déséquilibre que
quatre années d'une guerre atroce de-
vait produire dans les esprits les moins
fermes ? Ne serait-il pas juste de recon-
naître que c'est souvent d'un excès de
sensibilité, d'une immense pitié pour
l'humanité meurtrie, d'une horreur
pour le sang répandu, que naît le besoin
maladif de tarir, immédiatement, à tout
prix, sans songer aux conséquences
lointaines, ce fleuve rouge qui submerge
le monde ? Loin de paraître se scanda-
liser des écarts de' quelques-uns, ne se-
rait-il pas d'un patriotisme plus sincè-
re de se réjouir de l'admirable tenue
morale, dans une épreuve aussi cruelle
et aussi prolongée, de l'ensemble de la
France et spécialement du parti socia-
liste ? C'est d'un élan unanime qu'en
août 1914 il s'associa à la défense na-
tionale, et la même unanimité se re-
trouve au dernier congrès pour affirmer
qu'il y reste fidèle. Voilà le fait capital.
i Et si certains socialistes ont une con-
ception erronée des devoirs que la dé-
fense nationale leur impose, cela ne
suffit pas pour autoriser le Temps à
dire qu'ils trahissent leur pays.
Mais au fond, est-ce bien l'attitude
du parti socialiste dans les questions
de guerre et de paix qui met le grand
journal conservateur si fort en colère ?
11 semble plutôt, à la lecture de son
article, qu'elles ne sont qu'un prétexte
et que la cause réelle de ses vertueuses
indignations doit être cherchée dans la
partie de la déclaration du congrès où
s'affirme énergiquement la volonté de
poursuivre dès la signature de la paix
« la grande œuvre de transformation
économique, politique et sociale, pour
laquelle combattent les socialistes », et
où l'on constate que « la guerre, en
anéantissant ou en bouleversant tant de
foyers, en accumulant les charges, en
grossissant indéfiniment les dettes, en
préparant d'écrasants fardeaux d'im-
pôts, W1 créant à l'Etat capitaliste,
comme au prolétariat. la presque im-
possibilité de vivre, a accumule les élé-
ments de la plus formidable révolution
que le monde aura connue n.
Ce sont IÙ, pourtant, des vérités d'evi-
dence, et il faut, pour les niér, tout
l'aveuglement du parti pris. Mais on
coixjoit que le Temps, organe de la hau-
(te finance et de la grande industrie, gie
puisse se résigner à voir disparaître un
rég°ime où les privilégiés qu'il soutient,
et qui le soutiennent, jouissent de si
grands avantages. - -
cr Et pourtant ce régime croule sur ses
bases. C'est folie que de s'acharner à le
relever L'organisation sociale fondée
sur l'entreprise privée, petite ou gran-
de apparaît de plus en plus comme
incapable de faire face aux formidables
nécessités qui découlent de la guerre.
Voilà des antiétatistes avérés comme
MM. Klotz et Claveille qui en sont ré-
duits à proposer au Parlement l'exploi-
tation des chemins de fer français par
l'Etat. Mesure provisoire, soit, dans
l'esprit de ses promoteurs, mais qui
n'en est pas moins significative. Le
Temps nous a-t-il assez vanté la supé-
riorité de nos puissantes, compagnies de
chemins de fer, a-t-il assez souvent fait,
entre leur administration et celle du ré-
eau de l'Etat, des comparaisons humi-
liantes pour ce dernier ? Eh bien, ce
sont des ministres appartenant a son
opinion qui proclament qu elles sont an-
dessous de leur tâche et que 1 intérêt
Un pays exige qu'elles soient rempla-
cées par une direction nationale.
r Ouand les faits parlent aussi haut,
la campagne de diversion menée par le
temps contre le parti socialiste sur le
terrain du patriotisme ne saurait être
efficace. Les erreurs qu'il condamne si
sévèrement eussent-elles même toute la
avité qu'il leur prête, n'empêcheront
nas l'évolution de s'accomplir et le so-
cialisme de triompher.
LUCIEN DESLINIÈRES.
L'AVANCE SE POURSUIT SUR TOUT LE FRONT
La rive nord de l'Aisne est largement dépassée
Les troupes italiennes ont pris Sissonne
Au nord de Verdun les Américains attaquent avec succès
- » »
# ———————————— ) ( --- ,
L'ACTUALITÉ
1
Manœuvres diplomatiques
--
Certes, la réponse alleman-
de aux questions du président
Wilson est ambiguë et tor-
tueuse.
Mais supposiez-vous d'a-
venture que l'Allemagne allait
soudain se dépouiller de son
génie, et même de son mauvais génie?
L'équivoque est dans sa manière ;
la clarté dans la nôtre. Raison de plus
pour dominer sa manœuvre diplomati-
que, comme nous dominons sa manœu-
vre militaire.
Attention! des pièges! clament de
bonnes gens. Bien sûr. La diplomatie
comme le champ de bataille a ses fils
de fer barbelés et ses ouvrages camou-
flés.
Au négociateur de les écarter ou de
les réduire, et d'infliger sur ce nouveau
terrain une défaite morale à l'ennemi.
L'avantage de la conversation enga-
gée par le président Wilson est d'avoir
empêché l'Allemagne d'arguer d'un re-
fus brutal d'examiner ses « sincères
propositions » de paix, et de contrain-
dre - le gouvernement impérial de dé-
nias quer devant son peuple et devant le
monde son imposture et sa fourberie.
L'action diplomatique liée à l'action
militaire doit obliger un ennemi désor-
mais vaincu d'accepter lès conditions
d'armistice et de paix des vainqueurs.
Il ne s'agit pas d'impérialisme, mais
de réalisme. Pour assurer la paix - dura-
ble du monde, il faut faire la guerre à
la guerre jusqu'à la disparition des
Hohenzollern et du militarisme prus-
sien, soit qu'il capitule, soit qu'il soit
anéanti.
Le fléau déchaîné par la folie crimi-
nelle d'un seul homme sur l'humanité
entière exige des réparations, un châti-
ment, des garanties.
Le président Wilson, que l'idée de la
Justice offensée a poussé dans la lice,
saura opposer à toutes les perfidies cau-
teleuses la force inébranlable et sereine
du Droit. » 1
Nous Itcvons suivre ses louables ef-
forts avec une attention soutenue, et
une sympathie fraternelle.
Mais la France ne saurait - cômme
le propose M. Marcel Sembat dans
l'Heure — s'en remettre à personne du
soin de poursuivre son Histoire et de
régler ses destins. La paix qui termine-
ra cette guerre doit être, je le répète,
une paix française. Car c'est te foyer
même de la Civilisation occidentale,
dressé sur notre sol, que la Barbarie se
proposait d'atteindre, et que l'héroïsme
de nos soldats a préservé de la destitue-
tion.
EDMOND DU MESHIL.
Les mines de Lens
Le ministre du Blocus et des négions li-
bérées, M. Lebrun ; le ministre de 1 Aime-
ment, chargé des mines, M. Loucheur, ac-
compagnés de M. Basly, député, maire de
Lens, vice-président de la Commission des
mines de la Chambre, et de M. Léon Per-
rier, député, président de la Commission
des mines, se sont rendus à Lens pour exa-
miner l'état de la ville et des installations
des mines. Ils ont parcouru les communes
de Lens, de Sallaumines et de Des
10.000 maisons que comptait Lens, il n en
reste pas une seule debout. Tout est rasé.
Quant aux mines elles-mêmes, elles sont
noyées et l'épuisement des eaux demande-
ra à lui seul près de deux années.
Les mesures relatives à la préparation
du matériel nécessaire sont, bien entendu,
prises depuis longtemps. Les nouvelles dé-
cisions nécessaires ont été ratifiées hier
sur place, afin d'assurer, le plus rapide-
ment possible, la remise en état des instal-
lations. Mais, dans les hypothèses les plus
favorables, on ne pourra pas extraire de
charbon des mines de Lens — et encore
en petite quantité — avant lb mois a
ans. et on ne peut pas espérer revenir à la
production normale avant cmq années.
Aux mines de Courrières, dont les pre-
miers puits viennent d être dégagés, les Al-
lemands ont fait sauter, avant leur départ,
toutes les installations de surface qui
étaient considérables. On se trouve en pré-
sence d'une destruction systématique,
poussée aux dernières limites du raffine-
ment. 1
LES BRUITS D'ABDICATION DU KAISER,
L'Agence Wolff est autorise à déclarer
comme naturellement dénués de tout fonde-
1 ment les bruits répandus par la presse de
l'entente et d'après lesquels , l'empereur
Guillaume aurait l'intention d'abdiquer.
Communiqués Français
4 le HEURES.
Sur l'ensemble du front, nous sommes restés en contact étroit avec l'infanterie
ennemie.
Au sud de Château-Porcien, nous avons rejeté sur la rive nord. canal les.
derniers éléments ennemis qui résistaient encore.
23 HEURES*
Des opérations locales nous ont permis d'améliorer nos positions sur la rive gau-
che de lOise, dans la région de Mont d'Origny.
Au sud de la Serre, nous avons occupé MONCEAU-LES-LOUPS et nous som-
mes parvenus à un kilomètre au sud d'ASSIS-SUR-SERRE.
Avec la coopération des troupes italiennes nous avons enlevé et dépassé SIS-
SONNE.
Plus à l'est, malgré une résistance très vive de l'ennemi, nous avons largement
progressé sur la rive nord de l'Aisne et porté notre ligne au delà des villages de
LA MALMAISON, LGR, LEiilCUR, S,iif3T-GEmîAIKMONT.. -
Dans la région d'Asfeid, nous avons franchi l'Aisne en plusieurs pointsnor
de Blanzy.
•V V.
Communiqués britanniques
14 HEURES.
Hier, après-midi, l'ennemi a ouvert un violent bombardement sur un large front
au nord du Cateau. Appuyées par ces feux d'artillerie, de fortes attaques d iniante-
rie ont été lancées contre nos positions à l'est de la Selle et aux environs de Soles-
mes. Nous avons repoussé ces attaques avec succès, après de durs combats. D'au-
tres attaques, au cours desquelles l'ennemi s'est servi de tanks pour appuyer l'as-
saut de son infanterie, ont été lancées hier contre nos positions, en face de Haspres,
mais sans succès pour lui. -
Au cours de la journée d'hier et de la nuit, nos patrouilles ont continué à avan-
cer sur différents points au sud et au nord de Douai. Elles ont gagné du terrain et
fait des prisonniers.
23 HEURES.
Sur le front britannique, au sud de la Lys, rien à signaler en dehors d'ac-
tions locales. Nos patrouilles et détachements avancés ont été très actifs. Ils ont
progressé en certains endroits et fait un certain nombre de prisonniers.. Des cod
bats locaux ont eu lieu dans le voisinage d'Erquighem et au sud de Wez-Macquart,
à la suite desquels nous avons fait quelques prisonniers. V
Communiqué Américain
', 23 HEURES.
Ce matin, les troupes américaines ont repris leur avance. Au nord de vAun,
elles opèrent, maintenant, contre des positions naturelles très fortes de la plus
haute valeur stratégique.
Dans la journée, eiles ont dépassé CUNEL et ROMAGNE. Nos patrouilles sont
dans le BOIS de BANTHEVILLE et nos troupes d'attaque ont pénétré dans les
positions de SAINT-GEORGES et de LANDRES-ET-SAINT-GEORGES. Nous avons
dénombré environ sept cent cinquante prisonniers.
- Communiqué de l'armée d'Orient
Les troupes serbes, appuyées par lestroupes alliées, continuent à libérer leur
territoire.
Les forces helléniques participent à leurs opérations. Elles procèdent, d'autre
part, à la réoccupation de la Macédoineorientaîe évacuée par les Bulgares.
Au cours des brillants combats qui leur ont livré Prizreud et Mitrovitza, les trou-
pes françaises ont fait un certain nombre de prisonniers. Elles se sont emparées
d'hôpitaux contenant de nombreux malades et blessés parmi lesquels le général au-
trichien administrateur de l'Albanie. Elles ont, en outre, capturé d'importants dé-
pôts et un matériel de chemins de fer considérable.
Pas d'armistice sans garanties
Sur ce point l'accord est unanime ----:--'.----
._-. ---"- dans tous les pays de l'Êntente
--. --.-.--.-.: .---.-..- - ,. - -, ',' "':"
AUX ETATS-UNIS
L'opinion des milieux autorisés
Le texte officiel de la réponse allemande
est arrivé hier à Washington.
Parmi les personnalités autorisées améri-
caines et étrangères, l'impression générale-
ment recueillie est qu'il faut se garder à
tuut prix d'un nouveau piège allemand.
On remarque surtout la duplicité de la
réponse -qui, après avoir accepté dans les
premières lignes l'adresse du 8 janvier et
les déclarations subséquentes, dit que le
gouvernement allemand croit que les puis-
•sainoes associées avec le Etats-Uns pren-
nent la position prise par M. Wilson ctana
son adresse. Cette fois-ci, le mot adresse est
au singulier, ce qui, par conséquent, im-
plique que l'Allemagne prétend à ce que les
puissances alliées ne s'appuient que sur
l'adresse de janvier, alors que le program-
me de M. Wilson forme un ensemble qui
n'est complet que par la totalité des adres-
ses.
Au surplus, la proposition de réunir une
commission mixte est inacceptable, parce
que des plus dangereuses. La situation mi-
litaire ne peut être réglée que militaire-
ment avac les garanties militaires les plus
sûres, mettant l'Allemagne dans l'incapa-
cité d'une nouvelle tamltris* immédiate ou
éloignée. f
- • — i.
EN ANGLETERRE
Soumission complète, ou.
On apprend de source autorisée qu'il n'y
a pas de perspective d'un armistice proche
comme résultat d#s ouvertures de 1 Allema-
gne, et. de plus, quand le moment sera venu
de considérer la question d'un armistice,
celui-ci ne sera pas accordé ni même pris
en considération, s'il n'est pas accompa-
gné de garanties navales et militaires et si
l'Allemagne non seulement el. prête a re-
mettre le glaive au fourreau, mats est ab-
solument impuissante a reprendre les liosti-
lités.
Il appartient à M. Wilson de faire le né-
cessaire pour une consultation avec les al-
liés, en vue d'un examen général de la ré-
ponse allemande.
Les journaux, examinant le point de vue
naval, qui intéresse particulièrement 1 An-
gleterre écrivent que la reddition par 1 en-
nemi de la flotte de haute mer et des sous-
marins doit figurer Darmi les cpndit^— «
l'armistice.
EN ITALIE :
- ;
Une note officielle .'-- j
L'Agence Slefani publie un note où il
est déclaré : w
« Les conditions de l'armistice, si on
commençait à en traiter, devraient évidem-
ment pour éviter tout piège, comprendre
les garanties militaires indispensables pour
que la suspension d'armes ne pût pas tour-
ner au bénéfice exclusif de l'ennemi. et
poier que celui-ci n'en pût pas tirer profit
dans le but de dégager ses armées .de la
situation critique où clles se trouvent et
qui s'aggrave chaque, jour, quitte ensuite
à recommencer les hostilités dans de meil-
leures conditions, après avoir retiré son
matériel de guerre actuellement en danger
et reconstitué ses unités qui, maintenant,
sont gravement ébranlées. Il., 'f. ;
; -V , • *- trT -,.'- ':
EN ALLEMAGNE
Les pangermanistes se remuent
Une dépêche de Berlin porte un résumé
de la déclaration que la fraction conserva-
trice du Reichstag a fait parvenir au chan-
celier d'empire avant la rédaction définitive
de la réponse allemande au président Wil-
son.
(c Nos armées, porte ce document, sont
encore installées très loin en pays ennemi.
L'évacuation des territoires occupés, si elle
était effectuée avant que l'Allemagne ne
soit assurée d'obtenir une paix pleine d'hon-
neur et qui lui garantisse l'intégrité du ter-
ritoire de l'empire, peut avoir les plus né-
fastes conséquences.
« Toute cession de territoire allemand est
incompatible avec l'honneur de l'Allema-
gne. Des patriotes en grand nombre at-
tendent avec nous une déclaration du gou-
vernement portant qu'il sera sur ce point
d'une intransigeance absolue. Le peuple al-
lemand est résolu à défendre jusqu'à la
dernière goutte de son sangle sol sacré de
la patrie. »
Le Yorwaerts, quant à lui, avertit les
pangermanistes. qui veulent établir une
dictature pour continuer la guerre, de me-
pas hraver la colère du peuple, de ne pas
jouer avec le feu..
L'action de Ludendorff
On mande de Rotterdam aux Daily
News:
« Après le discours du prince Mas de
LA SITUATION
La prise de Roulers
Roulers est délivré. Roulers., qui conte-
nait, avant la guerre, vingt-cinq mille habi-
tants, est la première grande ville de la
Belgique dont VAllemand aura été chassé
par les armes.
Hier matin, 14 octobre — l'anniversaire
d'iéna — le 'jront s'est rallumé dans les
Flandres, et cette première journée de ba-
taille permet déjà de grands espoirs.
Sous les ordres de Sa Majesté le Roi des
Belges, la deuxième armée britannique,
iarmée belge et l'armée française ont atta-
qué à 5 heures. 35, sans préparation d'ar-
tillerie mais sous la protection de barra-
ges roulants d'une puissance extréme.
Le temps, après la bourrasque des jours
précédents. s'était subitement mis au beau.
La prpgression s'est effectuée avec métho-
de, de la façon la plus satisfaisante, tous
les nids de mitrailleuses étant contraints
de céder les uns après les autres. --
Au soir — seize heures — la progression
atteignait six kilomètres en direction de
Courtrai, pour les Britanniques, six kilo-
mètres en direction de Thielt et quatre ki-
lomètres en direction de Thourout pour les
Belges. -
Quant aux Français, au centre des Bel.
ges, c'est à eux que revient l'honneur de
s'être emparés de la ville de Roulers et des
plateaux qui la protéaeaient. Près de dix
mille prisonniers sont déjà dénombrés et
un matériel considérable.
Parmi les canons pris, il faut citer'deux
batteries tout attelées, ce qui montre que le
repli méthodique dont les Allemands ne
manqueront pas de parler, ne s'opère pas
en quelques heures.
Notons, en terminait, que fas Allemands
n'ont pas quitté Roulers sans allumer de
nombreux incendies. Roulers pris par nous,
incendié par eux, voilà qui explique élo-
qucnwwnt le$ deux façons : la leur et la
HÓtrc, de comprendre comment on pourrait
arriver plus rapidement à des pourparlers
d'armistice.
La Turquie et l armistîee
• i •
Le ministre de Turquie a remis au gou-
vernement espagnol la note du gouverne-
nwnt ottoman demandant l'ouverture de
négociations -de paix et un armistice.
Cette note dit en substance :
« Le gouvernement ottoman prie le gou-
vernement des Etats-Unis de. prendre sur
lUI la tâche de 1 ouverture de négociations
de paix et d'informer de cette demande les
Etats belligérants en les invitant à délé-
guer des plénipotentiaires pour entamer des
négociations de paix.
:■ « Le gouvernement turc accepte comme
base de ces négociations le programme tra-
cé par le président des Etats-Unis dans- son
message au Congrès, du 8 janvier 1918 et
les déclarations qu'il a formulées ultérieu-
rement notamment dans son discours du 27
septembre.
« Le gouvernement ottoman exprime aussi
la désir, pour mettre fin à l'effusion de
sang, qu un armistice soit conclu. »
1 LS DECAMPENT
'$::";V.;::.,,.:1', :
Des correspondants italiens à la frontière
suisse-alsacienne télégraphiquent que les Al-
lemands ont évacué quarante villages rf.-
fÙés entre Bàle el, Colmar. Ils ont don^v
ordre aux habitants de Mulhouse, de Col-
mar, d Altklreh, de Teirette et d'autres pe-
tits villages de se, tenir prêts à partir à
tout moment.
En Belgique, la déportation des popula-
tions civiles de la Flandre occidentale con-
tinue régulièrement. Sous la surveillance de
leurs officiers, les soldats allemands enlè-
vent d'énorme quantités de matériel télé-
phonique. ;
Le Telegraaf apprend de la frontière
que la plupart des navires allemands trans-
portât du matériel allemand, du sable et
des graviers, ont reçu l'ordre de quitter
Gana.
Suivant le Maasbode, certains préten-
dent qu'une armée de 200.000 hommes se-
rait concentrée à Gand. ': :-;.
Bade, tout le monde, en Allemagne, était
convaincu que les chefs militaires pour-
raient défendre le'pays contre l'invasion,
mais lorsque l'on apprit que Ludendorff
avait efe appelé à Bertin, il fut évident que
quelque chose s'était passé. Vraisemblable-
ment, Ludendorff fit connaître la situation
réelle de l'armée, reconnue l'impossibilité
de mener une guerre défensive victorieuse
et conseilla de proposer la paix. Depuis l'é-
chec de l'offensive de mars, Ludendorff
comprit que la victoire militaire de l'Alle-
magne était hors de question. Ce fut lui
qui inspira le discours de von Kuhlmann.
C'est également parce que le gouvernement
redoute qu'une tempête, éclate lorsque des
millions de soldats rentreront désappoin-
tés et le cœur rempli d'amertume en Alle-
magne où ils trouveront le peuple mécon-
tent et appauvri, que le gouvernement se
hâte d'exécuter les réformes promises, que
l'amnistie a'été accordée et que les gou-
verneurs militaires de l'Allemagne ont re-
çu l'ordre d'appliquer l'état de siège moins
rudement.
La démission de von Berg, chef du cabi-
net civil du Kaiser, est due il ce qu'il ré-
sistait malgré tout aux modifications pro.
jetée.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Les Allemands et IUson
C'est avec raison qu'on ne pouvait oppo-
ser que la plus grande méfiance aux efforts
de l'Allemagne pour entamer des négocia-
tions avec le président Wilson. Ce qui se
passe en Allemagne jette toute la lumière
désiraite sur l'arrière-pensée allemande.
Nous avons d'abord les commentaires de
la Gazette de l'Allemagne du Nord qui accu.
sent des divergences, difficiles à accorder,
entre les points de vue allemand et amé-
ricain. Si nous nous en rapportons à la
campagne entreprise par les libéraux-na-
tionaux et les conservateurs, nous nous
rendons compte combien les Allemands
sont peu enclins à des concessions et com-
bien grandes sont encore leurs illusions.
Les pangermanistes se montrent, de leur
côté, toujours aussi intransigeants, se li.
vrant à force manifestations tapageuses de-
vant la statue de leur idole Hindenburg. On
remarque que les ministres socialistes n'ont
pas osé faire donner la police. C'est que le
bloc rouge-noir qui s'est trouvé porté au
pouvoir, sent sa puissance encore mal
affermie.
Il en est de même du nouveau chancelier'
que les partis de gauche sont bien près de
vouloir débarquer depuis la publication de
sa lettre au prince Alexandre de. Hohen-
lohe. Elle a jeté la consternation dans les
milieux majoritaires qui redoutant la ré-
percussion que peut avoir ta conaissance,
de cette lettre en Amérique et sur le prési-
dent Wilson, l
D'autre part, la ligue de la patrie alle-
mande et les associations similaires s'agi-
tent. Une réaction se dessine qui pourrait
bien ramener au pouvoir les partisans,
d'une résistance à outrance. Tout ceci indi
que fa fragilité des choses en Allemagne, j
l'instabilité des pouvoirs établis et est bien'
de nature à donner à réfléchir au président
Wilson. Celui-ci ne saurait d'ailleurs, dans'
le cas le plus favorable aux Allemands,
que les renvoyer au maréchal Foch, le com. i
mandant en chef des armées alliées. 1
Après les indiscrétions maladroites com-j
mises par les Allemands, il y a gros à pa-
rier que le président Wilson se décide à eft,
tirer la conséquence logique, c'est-à-dire à'
tne pas continuer ce commencement de con-
versation.
Louis BRESSE.
♦ —
Le Luxembourg
La Chambre luxembourgeoise a adoptV
à l'unanimité un ordre du jour priant le
président. Wilson de prendre sous sa pro.
tection les droits .du Luxembourg et de-
mandant au gouvernement de travailler à
obtenir l'évacuation du pays et la libéra-
tion de toua les Luxembourgeois condam-
nés par les Cours miltaifes allemandes.,
L'ordre du joyr demande encore au gou-
vernement de .publier un Livre blanc sur la
situation du Luxembourg dans la guerre
mondiale, ainsi que les réponses faites à
ses protestations. -
Le gouvernement s'est associé à cet ari
dre du jour.
"On Dit.
| "y
En passant *
Pour faire une omelette
Il n'y a plus un œuf dans la capitale !:" Est-ce
donc qu'il n'y a plus de poules 1. A Paris, on t
ne se doute pas de ça !.
Mais qui donc pourra nous expliquer '.a
Chose ?
Depuis le début de la guerre, le prix des œufs
a augmenté dans des proportions inouïes !.
Quel rapport y a-t-il cependant entre les poules
let la guerre ?. Pour quelle raisons les poules
ne pondent-elles pas au bruit du canon ? —
Enigme, cruelle énigme 1. car ce bruit formi-
dabie devrait plutôt les aider, il nous semble.,.
Tout a doublé de prix — on 1& sait trop bien.
hélas !. — et il y (i maintes çhoses pour les-
quelles oela se conçoit ; mais les œuls !. -CI,
oeufs !. Personne ne nous fera croire qu'il n'y
ait là un accaparement, criminel !.
La production du lait a diminué — passe en-,
core —r on sait bien que l'élève du gros bétail
est une chose compliquée et dure, -qui reclajm -
les soins et les forces des hommes ; niais les
poules !. ont-elles besoin des Poilus pour pou-
dre ?. Non, évidemment !. Et puis, les poules.
rien de plus simpie ! ça vit wesgite de l'air du
fcemos L Dans les fermes Pdle.<; K*»»n f'ra i.cfion t.
en picorant de-ci de-là des détritus et des las
de choses qui ne coûtent guère : admettons que
i choses soient un peu plus rares et un 'u
plus chères aujourd'hui. Mais cela ne peut
pourtant, pas tripler le prix de l'œuf !
Les œufs, il n'y a qu'a tes a cueillir » sous l:i
poule ; ça n'est ni dur, ni difficile, ecite'moisson.
ià ! cl1\.:a n'a jamais été un travail d'homme ;
il y a toujours 'Mse" de femmes et d'entanti
pour en venir à bout.
C't'st ..la crise des .t:ransports, direz-vous, j iJ
renchérit, le prix des œufs. Ah ! bah ! qu:ïl?
histoire !. Mais non, puisque dans les campa
gnos mente, en vend les œufs trois fois ¡U
prix !.
Alors ? "',:'" ',:,;.t>
C'est toute simplement la raodî ! la mode dÉ
renchérissement de la vie, Mais qui est-ce qu'
a lancé cette mode-là ? et surtOUlt. q.ui est-re qu-
en profile ?. Car il est certain qu'il y a des ;:';'(
proliteurs !. Ab ! ce ne sont pas des défaitistes
ceux-là !. ils tiennentr à la guerre !. elic est
[our « pouJè aux œufs d'or » !
C'est toujours la même histoire : un hom'r;"
for!? spirituel prétendait t&ut dernièrement que
« pour avoir des fruits, il ne faut pas s'adresser
aux arbres. mais aux députés. » Je diraf
donc que pour avoir des œufs, il ne faut pas :-.'ai
dresser aux poules. Mais à qui donc, al&rs 1
A Monsieur Boret, peut-être ? ;'
i Aujourd'hui
L'adieu du Boche y ,..
Le matin de la demande d'armistice par
les. Bulgares, un avion prussien vint bom-
barder un hôpital du front d'Orient. Deux
bombes blessèrent deux soldats puis l'avion
s'en alla et le ciel de Grèce fut purgé à far
mais de ces vilains oiseaux de proie. L'AI
lemagne a vraiment une manière de preri
dfe congé tout à fait digne d'elle.
Autrefois
La princesse de Metternich
C'était en 1897. La princesse Pauline de
Metternich, en promenade à pied, héla une
voiture (le place, puis interpellant le cocher
comme elle eût fait pour un de ses donu's-
tiques : « Tu vas me conduire au Champ
de Mars 1).
Mais le cotneY, se retournant avec lm;
sourire : « Tu me tutoies l iit-il. d'est donc
de l'amour ? »
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