Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-08-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1918 15 août 1918
Description : 1918/08/15 (N17437). 1918/08/15 (N17437).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7550926b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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TRIBUNE LIBRE
L'âme de la lfotlille
DE BOULOGNE
f, M
Si l'on me demandait :
« Quelle est la formule de la
victoire certaine », je répon-
drais :
— Un stratège de génie ;
— Des virtuoses de la tacti-
que pour orchestrer ses conceptions ;
— Des troupes ardentes et tenaces
!t>ou' les exécuter ;
— Et,, au moins, une arme nouvelle
supérieure.
Nous avons tout cela, et même l'ar-
me nouvelle en double modèle : les tanks
et les avions de combat.
Si l'on me demandait, ensuite, quelle
est la formule de la victoire rapide, je
répondrais :
— Aux éléments de la victoire certai-
ne, ajoutez Yemploi total des forces ma-
térielles et morales, c'est-à-dire l'atta-
que sur tous les fronts, par tous les
moyens, et l'abaissement systématique,
MAIS LOYAL, du moral de l'ennemi
en lui montrant la situation épouvanta-
ble où il se trouve. Quand j'étais en-
fant mon père m'achetait des Keep-
sake, édités chez Hachette, et parmi
ceux-ci, je me rappelle un admirable
desin de Silver Crâne, représentant un
chevalier qui triomphe d'un dragon en
lui présentant sa hideuse image dans un
bouclier d'acier poli. Il appartient à
M. Klobukowski et aux agents supérieurs
'de la propagande anglaise et américai-
ne de jouer à l'égard des Boches intel-
ligents le rôle du chevalierqpnglais du
Keep.sake.:
Voilà pour le moral. Il faut faire en
'Allemagne, par d'autres moyens, l'œu-
vre accomplie par le commandant d'An-
nurizio lançant sur Vienne des tracts au
lieu de bombes d'avions ; je précise :
en Allemagne il faudra des bombes et
(les tracts, parce que les Allemands,
bien moins artistes, bien moins intelli-
gents que les Viennois, ne compren-
draient point les tracts sans les bombes.
• m
Et vous voyez, lecteurs, où j'en ar-
rive" presque malgré moi, par la seule
force du raisonnement : A l'attaque des
côtes allemandes!. Oh! je n'ai pas
la prétention de faire la leçon au ma-
réchal Foch, croyez-le bien. Ce stratè-
ge est beaucoup trop complet pour n'a-
voir point songé à ce qu'il pourrait, le
• cas échéant, tirer des armées de mer.
Moi qui ne suis qu'un des ferments qui
remuent l'opinion publique, mon but
est plus modeste et plus simple : Je vou-
drais voir la marine, les marines alliées
plutôt, prendre leur part de gloire, en
(les opérations accomplies en liaison
avec les armées. Et je me dis : Tout de
même, au moment où ils sont battus à
plates coutures en Occident ; au mo-
ment où un front russe se réveille ; où
Ja Suède se redresse ulcérée, l'Espagne
arrogante ; où la Norvège, toujours si
vaillante et si digne, montre le poing
lime fois de plus ; où le Danemark pal-
pite d'espoir. Nous avons le choix du
front de mer allemand où appuyer, une
pesante attaque navale.
Non, je n'ai jamais été un convaincu
Hu débrouillage militaire ; non, je n'ai-
me pas les expéditions de grande enver-
gure improvisées et je n'y ai aucune
confiance. Mais pourtant!. l'occa-
sion n'a qu'une touffe de cheveux et je
J'aperçois qui sort de l'eau !. Seuls
ieeux qui ne font rien ne se trompent
pas et, si j'étais en position de donner
ces ordres. je dirais. eh bien ! oui,
jje dirais : « Croche, et hale à bord ! »
'— car je suis convaincu que la gloire
ést au bout, et que l'Allemagne qui
avoue n'avoir plus de quoi garnir le
front russe, n'a pas assez d'effectifs
pour défendre ses fronts de mer. Et
tious avons quinze cent mille Américains
ien France. Une attaque navale soudaine
(et violente ; des gros obus de marine,
Bes bombes d'avions, tombant en pleine
lerrs prussienne, et l'Allemagne ne sau-
ra plus où d'onner de la tête ; elle aura
enfin, si j'ose dire, le sentiment maté-
riel de son écrasement. On ne me fera
jamais croire qu'il est impossible de
réunir en un mois ou deux le matériel
iles flottilles et des avions nécessaires,
fen Angleterre, au* Etats-Unis, en Fran-
ce, au Japon, au Brésil ?
Quant aux marins. N'avez-vous pas
les vainqueurs des îles Falkland, du
Dogger-Bank et du Jutland ; les petits-
fils des compagnons de Ferragut ; les
enfants des matelots de Courbet, qui
vainquirent à Fou-Tcheou et descen-
daient le Min en démontant, une à une,
les pièces Krupp des forts de Kim-Paï !..
Et tous ces braves qui bourlinguent sur
les torpilleurs et les chalutiers depuis
trois ans, « bouqueraient » devant la
Jade, et les détroits danois, devant Kiel
et Wilhelmshaven ?. Allons donc ! Ils
ont l'âme de la Flottille de Boulogne ;
mais cette fois, l'ennemi c'est le Hun,
c'est le Barbare, c'est le Boche, que la
formidable détente des trois marines les
plus formidables du monde achèvera
S'écraser !
- OLIVIER CUIHÉNEUC.
LA RIPOSTE DE FOCH
Nos troupes s'emparent de Ribécourt
MB »—!■■■'
NOUVEAU REPLI ALLEMAND AU NORD D'ALBERT
- ). i i
L'ACTUALITÉ
Conducteurs d'hommes
Les mésaventures de Léni-
ne et de l'rotsky défraient la
chronique. Elles seraient plai-
santes si ces idéalisateurs d'ab-
surdités avaient pu choisir,
pour champ de leurs expé-
riences sociales. quelque île
lointaine, dont les convulsions fussent
demeurées étrangères au reste de l'uni-
vers.
Mais ce qui choque, ce qui irrite, ce
qui blesse, c'est de penser que des mil-
liers de Français ont payé de leur vie,
depuis de longs mois, les grotesques. ex-
périences sociales de ces deux équili-
bristes, debout encore sur une corde rai-
de dont une extrémité se fixe sur l'im-
périalisme allemand et l'autre sur
l'anarchie russe.
On prétend que la France a ses bol-
cheviks. C'est bien possible. La France
a bien, comme les autres nations, ses
maisons d'aliénés 1
Mais il faudrait bien se garder de
croire qu'en matière d'application du
bolchevisme, la théorie des « minorités
conscientes » imposant leur loi aux
« majorités inagissantes » se puisse vé-
rifier.
La France n'en est pas a la période
des décadences révolutionnaires. Quand
elle portera la main sur des institutions
dont la solidité se justifie par des siè-
cles de progrès et de grandeur nationa-
le, ce ne sera pas pour les détruire,
mais bien pour les améliorer en les ren-
dant adéquates aux besoins du moment.
Seuls des cerveaux incomplets, seules
des imaginations malades, démentes ou
irréfléchies, peuvent admettre comme
logique et nécessaire un bouleversement
qui ferait table rase, d'un seul coup, de
toutes les institutions existantes en vue
de leur substituer une organisation nou-
velle dont les fondations, basées sur des
principes encore inconnus, ne seraient
jetées qu'au fur et à mesure des besoins.
La premier mot de nos bolcheviks à
nous serait, n'en doutons pas, la répê*
tition du premier acte russe : plus d'ar-
mée, plus de police, plus d'autorités
constituées.
Plus d'armée? Mais Lénine et Trots-
liy, ayant licencié les armées russes,
ont dû créer la garde rouge. Quelle gar-
de 1 Et quelle besogne !
Plus de police ? Mais par qui donc
sont opérées les arrestations en masse
de patriotes mSSn QU. d'ennemis. des
bolcheviks ?
Plus d'autorités constituées ? En ef-
fet, les bolcheviks ont substitué là leur
caprice à la loi. C'est ainsi qu'on ne
juge plus ; on assassine. Le système est
primitify expéditif. Quant aux morts,
ce sont gens peu encombrants; ils ne
réclament plus. et sont vite oubliés,
ce qui n'est pas particulier aux périodes
révolutionnaires.
Wh 1 je conçois que certaines ivresses
soient tentantes. Ravoir, tels Lénine et
Trotsky, qu'un bagage * superficiel de
droit politique et s'improviser d'un coup
conducteurs de peuples ! xAbolir par
ukase l'ordre, la fortune, la propriété,
le travail, l administration ; substituer
des monceaux de décombres a ce qui
fut une société organisée, quel rêvel.
quelle folie!.
Ce tableau peut-il séduire des Fran-
çais ? Pour obtenir des réponses, point
n'est besoin d'invoquer, les passions po-
litiques. L'appel au bon sens suffit.
— »
La Conférence des Empereurs
- II! P,
Un communiqué publié par les journaux
viennois à propos du voyage de Fempereur
Charles au grand quartier général allemand
dit : Il Il y a eu de tels changements dans
la situation générale, depuis la dernière ren-i
contre des empereurs, il y a trois mois,
qu'une nouvelle entrevue des deux souve-
rains et de leurs conseillers, n'est pas un
événement sensationnel. Les événements de
l'Est sont déjà un motif suffisant pour cetye
entrevue qui apparaît comme une nouvelle
preuve du ferme et profond accord des deux
empires poursuivant un but commun, qui
est une paix honorable.
Le Fremdenblatt, qui développe cette
idée ajoute que contrairement à certaines
informations, on lie. saurait parler d'un
abandon de la solution austro-polonaise.
Dans les milieux autrichiens, on ne sait rien
d'une décision qui aurait été prise dans la
question polonaise. Il faut en tout cas, d'a-
bord attendre l'avis du gouvernement polo-
nais, de l'attitude duquel il faut tenir comp-
te avant de porter un jugement sur la situa-
tion g la Pologne dans l'avenir.
Communiqués Français
14 HEURES.
Entre l'Avre et l'Oise, activité des deux artilleries, notamment dans les secteurs
de Roye-sur-Matz et de Conchy-les.Pots.
Sur le front de la Vesle, des coups de main ennemis n'ont obtenu aucun ré-
sultat.
no| £ e côté, une incursion dans les lignes allemandes, dans la région de
Mesnil-les-Hurlus, nous a donné des prisonniers.
Nuit calme partout ailleurs. t;
23 HEURES. ,
Au cours de la journée; nos troupes, continuant leurs progrès entre Matz et
Oise, se sont emparées de Ribécourt.
A l'est de Belval, nos éléments d'infanterie, ayant éventé une contre-attaque al-
lemande en préparation, ont réussi à faire prisonniers sept officiers dont deux com-
mandants de bataillun et un certain nombre de soldats.
* Dans la région de Roye et de Lassigny, la lutte d'artillerie continue trè§ vive.
Communiqués britanniques
M HEURES.
L'artillerie ennemie a été active pendant la - nuit, sur le front de bataille. On ne
signale aucune action d'infanterie. -
A midi hier, des contre-attaques locales ennemies, dans le secteur de Dicke-
busch, ont été repoussées.
Pendant la nuit, l'artillerie ennemie s'est montrée assez active dans le voisinage
de cette localité. Elle a tiré, également, contre nos positions à l'ouest de Kemmel.
La nuit dernière, un raid heureux, mené dans lie voisinage d'Ayeke, nous a valu
quelques prisonniers.
Dans le secteur de Vieux-Berquin, nos patrouilles ont continué à pousser en
avant. Elles sont parvenues à établir notre ligne à l'est du village. Au cours de cette
opération, nous avons capturé un certain nombre de prisonniers et de mitrailleuses.
Nous avons légèrement avancé notre ligne à l'est de Meteren.
23 HEURES.
Sur le front de bataille, un combat local a eu lieu dans la journée aux environs
de Parvillers. Nos troupes ont progressé et ont fait quelques prisonniers.
Comme suite au récent retrait de ses troupes, dans le secteur d'Hébuterne, l'en-
nemi a évacué ses positions avancées à Baumont-Hamel, Serre, Puisieux-au-Mont
et Bucquoy. Nos patrouilles poussant en avant, en étroit contact avec l'ennemi, ont
gagné du terrain aux environs de ces villages. Quelques prisonniers ont été cap-
turés. :
Autour de la Bataille
-", ,.
La stabilisation momentanée de la ligne
sur l'ancien front de Hoye-Lassjgny est
considérée comme finissant la première
phase de la bataille de l'Avre. La seconde
phase n'attend que l'arrivée dies renforts
nécessaires en matériel.
Après la bataille de l'Avre, la situation
des belligérants (présente un changement
qui, en rapidité et en étendue, a été rare-
ment approché dans l'histoire militaire.
La stratégie du maréchal Foch et la maî-
trise tactique des généraux spus ses ordres;
ont, en trois semaines, arraché aux Alle-
mands ce - qu'ils avaient mis quatre mois à
acquérir, "au prix de .700.000 à mai million
d'hommes.,
Les succès olbtenus rendent impossible
une rupture de la ligne séparant les armées
françaises du centre de celles de l'est ou
supprimant la jonction des années fran-
çaises et britanniques.
A la fin de la première phase de la ba-
taille de }' .vTe, les Français ont une em-
prise solide sur le plateau de Thiescaurt,
ouest de Noyon. Il faudra, ou bien que les
Allemands reprennent la position à un prix
élevé, s'ils le peuvent, ou bien qu'ils aban-
donnent Noyon, ce qui signifie la chute de
Roye et de Lassigny, actuellement sous la
menace d'une occupation immédiate.
Lie désastre qui menace l'arméie de von
Hutier a été écarté momentanément, mai3
les (passages resserrés qui sont ouverts au
retrait de ses dépôts sont harcelés de telle
façon par les bombes des aviateurs et le
feu de l'artillerie lourde qu'une prompte dé-
robade lui est impossible. Aussi un effort
désespéTté est-il à prévoir, de la part des Al-
lemands, pour s'accrocher à leur ligne de
11914.
Sur le plateau de Thiescourt
Les Allemands remplissent tous les ravins
multiples et les bois de gaz moutard'e et
continuent de tirer violemment à la mitrail-
leuse, s'efforçant désespérément de sie
cramponner aux parties des hauteurs qu'ils
occupent encore.
Sur la gauche de la position, tes Alle-
mands ont réagi vigoureusement, mainte-
nant les assaillants sur place ; mais, de
Gury, à l'est, les Français ont avancé.
La première ligne allemande est très mai-
gre en hommes, mais est puissamment ar-
mée de mitrailleuses sur lesquelles, plus que
jamais, l'ennemi se repose pour arrêter le
flot qiui le submerge/ Bien cachés dans une
contrée défoncée, les .nids de mitrailleuses
sont difficiles à atteindre ; mais les troupes
héroïques du général Humbert, on ne peut
.le nier. (poussent toujours de l'avant.
La part de l'aviation
- Les forces d'aviation des Alliés ont joué
un rôle des plus importants dans les ba-
tailles de ces joiurs derniers, particulière-
ment les escadrilles die bombardement, qui
ont virtuellement remplacé l'artillerie lour-
de quie les Alliés tn'ont pu amener en cor-
respondance avec l'avance de l'infanteirie.
La coopération des aviateurs avec les for-
ces attaquantes est organisée de telle sorte
que les bombardiers puissent attaquer im-
médiatemnt des 'groupes d'infanterie et les
convois de ravitaillement dlès qu'ils sont si-
gnalés )par les aéroplanes de reconnaissan-
ce, comme fait l'artillerie lorsqu'elle est dis-
ponible.
Les escadrilles de Ibombaivdement sont te-
nues en alerte aux aérodromes, prêtes à
prendre l'air dès qu'on les appelle. Les ap-
pareils de reconnaissance' signalent les trou-
pes ou les convois dans les villages ou à
leuirs points termines et les bombardiers
prennent leur voKpôur l'attaque.
Ce lut ia méthode employée à Lassigny
l'autre jour, lorsqu'un, aiôroplane d'obser-
vation eut fait savoir que ia ville était en-
combrée de troupes et de convois. 121 bom-
bardiers s'envolèrent vers la localité dési-
gnée.
23 tonnes de bombes furent utilisées à l'at-
taque, provoquant des conflagrations, dé-
molissant les moteurs des chariots, bio-
quant les rues et retardant, pendant des
houras entières, la circulation,. Toutes les
routes de croisements et toutes les bifurca-
tions de chemin de fer où les lignes impor-
tantes de communications se rencontrent
sont attaquées sans cesse, chemin faisant,
avec grande refflIClaeité.:
Les Allemands récupèrent
L'anxiété qu'éprouvent les Allemands de
voir leurs' réserves fondre est révélée, par
l'ordre suivant, signé Ludendorff :
« L'état de nos ressources en hommes et
la situation économique à l'intérieur nous
obligent à envoyer parmi les combattants
tous îles hommes du service armée. »'
Le document précise la destination de
tous les hommes du service armé employés
à l'arrière et ajoute :
« Le haut commandement désire par-des-
sus tout récupérer les ié-serves de l'infante-
rie. »
Des prisonniers appartenant à '49 garni-
sons confirment que la crise existe, et que
les dépôts sont vid'és. Les récupérés de
l'arrière comprennent des mécaniciens du
centre d'aviation d'Adlersdoirf, près de Ber-
lin et des mineurs d'Aix-la-Chapelle.
Plusieurs garnisons ont procuré 1100 à
500 hommes de la classe 1920.
La cavalerie canadienne
La cavalerie canadienne s'est distinguée
au cours de la bataille et captuira deux téltal-
majors dans les circonstances suivantes :
La première fois, elle s'élança si rapide-
ment à travers la trouée qu'elle captura le
quartier .général d'une brigade au complet,
obtenant ainsi des renseignements précieux
sur la disposition des troupes et faisant des
centaines de prisonniers.
N'ayant pas assez d'hommes poitiir rame-
ner ices prisonniers, l'officier ordonna à
ceux-ci d'aller seuls sans armes au-devant
die l'infanterie qui s'avançait : les p"rison-
niers obéirent.
Entre Mézières et Beaucourf, un prison-
nier cria au capitaine de cavalerie de s'em-
parer du ,village voisin, où se trouvait le
quartier général d'une autre 'brigade ; l'es-
cadron y alla, jeta la panique parmi les
chevaux et lança des bombes dans les abris:;
le général de brigade et son état-major,
épouvantés, se rendirent.
Le roi George sur le front
Sa Majesté le roi Georg.e V vient de quit-
ter le front britannique. Le roi George était
arrivé quelques jours avant l'otffensive vic-
torieluse de ses troupes, au milieu desquel-
les il a vécu constamment pendant son sé-
jour, parcourant le champ de bataille en
tous sens, visitant Amiens, Villers-Breton-
lieux, partout salué par les acclamations
des soldats.
Pendant son Séjour, le roi a parcouru
huit cents milles anglais, rendu 'visite à
toius les commandants d'armées, de corps
d'armée et de divisions, distribuant en pas-
sant des paroles de félicitation et d'en-
couragement et aussi un grand nombre die
décorations.
Les généraux Byng et Plumer ont reçu
de es mains 181 Grande Croix du Bain.
Dans Amiens, Sa Majesté a également dé-
cerné des décorations, notamment à M. Mo-
rain, préfet de la Somme ; au gouverneur,
à M. Pigné, sous-préfet, chargé de mission.
S'étant rendu iparmi les troupes améri-
caines, le roi George s'est plu à interroger,
les soldats. UnGeorge demandait : « D'où wncz-vous ? >:
a répondu : et Du village de Chicago ! »
Cette réponse a beaucoup amusé le roi.
Sa Majesté a tenu à visiter les troupes
françaises dans le secteur voisin du flrônt
d'attaquie britannique, à droite de la route
de Roye. Le roi les a félicitées chaleureu-
sement et a fait le igénéral Debeney cheva-
lier de l'Ordre du Bain.
Pendant sa visite au front, le roi George
s'est rencontré avec Leurs Majestés le roi
et la reine des Belges, avec 'M. Poincaré,
le maréchal Foch, les généraux Pétain et
Pershing.
La population civile française a fait aiu
roi George pendant son séjour un acoueil
extrêmement sympathique.
LA SITUATION
Opérations ralenties
Le maréchal Foch vient de parer au plus
pressé. Agissant en chef vigoureux et en
tacticien consommé, il a voulu, en deux
brusques poussées, faire choir les Alle-
mands du, sommet de leur rêve et tirer la
France de Vinquiétude dans laquelle leort
éventuel de Paris la tenait plongée.
Il y a pleinement réussi.
Les deux secousses brutales ont surpris
l'ennemi. L'une, celle de la Marne, attend
son complément. Lautre. celle de l'Oise à
rAncre, n'a pas dit son dernier mot.
Ribécourt est prist C'est l'indice de la
chute prochaine de Lassigny et de Roye.
Les Britanniques poussent vigoureusement
Cennemi qui vient de leur abandonner un
assez vaste secteur à l'est d'Hébuterne.
Jusqu'oit ces avantages seront-ils poussés ?
Il serait téméraire ae pronostiquer. L'enne-
mi effectue une retraite difficile et coûteuse.
Il a pour lui l'avantage d'un terrain assez
aisément défendable, où des nids de mitrail-
leuses, jusqu'à ce qu'on puisse les détruire
enfin, suffisent pour contenir des régiments
entiers que l'arme dangereuse attend aux
meilleurs points d'accès.
Nous assumons un devoir primordial, ce-
lui de ménager nos effectifs ; nous avons à
tenir compte d'un avantage qu'il faut con-
server, c'est de donner à notre victoire son
caractère utile en empêchant l'ennemi d'é-
vacuer son matériel de guerre. L'aviation
alliée se charge de ce soin. Ses appareils
bombardent inlassablement les convois et
les troupes, rendait lourdes pour l'ennemi
les conséquences de son repli.
Avons-nous obtenu, dans ces deux grands
assauts, tous les avantages escomptés ?
Nous no;us prononcerons sur ce point lors-
que, à l'occasion d'opérations futures, nous
verrons sauter enfin le redoutable point
d'appui conservé par les. Allemands au nord
de Reims.
A ce moment,nous pourrons nous (Mga-
ger de la, réserve qu'il est si particulière-
ment nécessaire d'observer aujourd'hui.
Camille DEVILAR.
D'UN SECTEUR A L'AUTRE
----.;.-
- Du 8 au 12 août, (bien plus de trente
divisions allemandes ont été violemment
aux prisses avec les Britanniques, les Fran-
çais et les Américains sur Je front de la
nouvelle offensive.,
— Depuis le début de notre contre-offen-
sive, on évalue les ipertes totales allemandes
à environ 360.000 hommes. -:
Le nombre des canons perdus par l'enne-
mi est d'environ 1.200.
- Le lieutenant Alan iF. Winslow, de Ri-
ver-Forest (Illinois), lun des meilleurs avia-
teurs américains, a été tué dans la iSomme.
Au début de la guerre, il appartenait, en
qualité de volontaire, à l'aviation française.
Il avait été récemment versé aux escadril-
les américaines.
— Les journaux allemands annoncent
sans autre précision, que le major-général
Dewall qui, en temps de paix, commandait
la place de Swinemund, a été mis à la re-
traite.
r "'ni i,
LES FELICITATIONS DU BRÉSIL
Le Président de la République a reçu de
M. Wenceslao Braz, président de la .Répu-
blique des Etats-Unis du Bnêsil, le télégram-
me suivant :
« Au moment où les trouves aguerries de
la République, en commun avec celles des
autres nations alliées, arrêtant le choc de
l'ennemi qui a déchaînlé la guerre dans le
monde, commencent la mardhie triomphale,
qui les conduira par stades successifs et
glorieux à la victoire finaLe, j'ai l'honneur,
au nom du peuple brésilien et en mon nom
propre, de saluer avec vive émotion 4a no-
ble nation française, représentant si élevé
de la grandeur latine et d'exprimer les
sentiments d'inébranlable amitié du Bré-
sil.
« Wenceslao Brai. »
LE BOMBARDEMENT DE CARLSRUHE
Le Daily Express publie une dépêché de
Genève disant :
Le raid qui a eu lieu dimanche sur
Carlsruhe a causé de très importants dé-
gâts. Les aviateurs britanniques, en effet,
ont atteint l'arsenal y déterminant une forte
explosion. Ils ont endommagé sérieusement
la partie nord de la gare et détruit une aile
du palais de la 'grande-duchesse Sophie.
Une bombe est tombée près de la fabrique
de canons allemands, tuant onze personnes
et en blessant vingt-six autres.
CHARLES HUMBERT
INCULPÉ DE TRAHISON
Le commissaire du gouvernement près le
3J conseil de guerre de Paris, a adressé
au général gouverneur militaire de Pa-
ri3. un rapport tendant à inculper M. Char-
les Humbert du crime d'intelligences avec
l'ennemi, M. Charles Humbert était, jus-
qu'à présent, inculpé de commerce avec
l'ennemi. Une demande en mainlevée de
l'immunité parlementaire pour cette nou-
veile inculpation sera, en conséquence, dé-
posée contre le sénateur de la Meuse sur le
bureau du Sénat le 17 septembre, date de
la séance de rentrée de la Haute Assem-
blée.
Le lieutenant Jousselin a poursuivi ki«,
l'interrogatoire de M Gk Hurobeifc
POLlTlQfIE ETRANGERE
te commeDmenl de la fin
Voilà que l'ambassadeur allemand en
Ukraine, Mumm, va aussi quitter Kieff.
Décidément, il y a quelque chose qui clo-
che dans toutes les Ruspies. Des renseigne"
ments, dignes de foi, assurent que la situa-
tion à Pétrograde est a liu rent que la situa-
tion à Rétrograde est lt même qu'à Mos-
cou, c'est-à-dire pleine de périls pour les
maximalistes. Ceux-ci aVaient fait procé-
der à Pétrograde, de mrtne que dans les.
villes qui leur obéissent encore, à l'arresta-
tion des, Français et autres ressortissants
alliés.
La Gazette 'de l'Allemagne klu Nord a,
beau vouloir rassurer l'opinion publique,
en Allemagne en démentant qM le départ
simultané de Helfferich et de Jone ait quel-
que rapport, celle-ci commencé à être ébraa-
lée. Les mensonges militaires de Wolff ne
parviennent pas plus à donner le change j
sur la portée des défaites allemandes dans
l'Ouest que les articles officieux sur l'effon-
drement de la politique russe de l'Allema-
gne.
Cette émotion se traduit par l'invitation
adressée au député socialiste Eber\ de con-
voquer sans retard la Commission princî-
pale du Reichstag dont il est le président,
Le Berliner Tageblatt, que combat le Lo. i
kal 'Anzeiger, estime cette convocation né-,
cessaire afin d'éviter que le Reichsmg se
trouve en face de faits accomplis. Lei pro-,
blêmes que posent à la politique allemande
les événements de Russie vont amener, en
effet, le gouvernement allemand à' prendre
de igraves déterminations oà l'insu, en quel-
que sorte, des représentants de la majoritéj
parlementaire. '1
On sent le mécontentement qui (gronde et j
qui ne demande qu'à s'exprimer. Harden^
profile de l'occasion pour exercer cette fois
sa verve aux dépens de la politique alle-
mandte en Russie. Le pamphlétaire prend en ':
pitié la marotte des gouvernants allemands
de vouloir édifier des trônes d'un jouir, mal-
crà l'incendie qui souffle aux quatre coins i
de la Russie et du monde slave.
L'article de la Zlikunft condamne l'esprit
prussien qui a envahi l'Allemagne et en,
a fait un troupeau d'esclaves. En prenant
pour cible le prince de Salm-Horstmann un
des énergumènes de la .Chambre des iSei-
gneurs de Prusse, on devine que c'est le
kaiser lui-même que vise Maximilien Har-
den dont il cite la phrase fameuse : « La
guerre actuelle n'est pas autre chose qu'un
conflit entre la conception anglo-américano
et la conception germaniqiue de l'existen-
ce ». -
N'est-ce pas profondément curieus et un
signe du commencement die la fin ?
Louis BRESSE.
■ M II M )
On Bat.
En passant
LE POILU DIT.
10 août ! Anniversaire ; La première grande
bataille. Vous souvient-il, petite madame blonde,
du communiqué du lendemain ? Vous l'avez lu
à la porte du Casino. Il était épingle sur l'un
des panneaux réservés aux affiches des tournées
théâtrales. Ce jowr-Hlâ, pour la première fois,
vous avez senti que quelque chose était changj.
Le paisible petit trou pas cher où vous séjour-
niez depuis un mois, prenait un aspect nouveau.
On dansait encore, le soir, au Casino, mais Jes
lumières étaient voilées. Les Bocihes avaient
bombardé Bône, On se méfiait sur la Manche. *
Finies les ..promenades, après Je tango, sur la
terrasse qu'éclairait l'électricité tamisée par de
légers stores canaris. Plus de flirt dans la ré-
nombre. On s'était battu. Des tommes étaient
morts.. -
'Vous avez voulu enfermer dans une armure
guerrière votre petit cœur. Tout pour la patrie..
Et vous avez continué de vivre, petite madwal
blonde, et quatre ans ont passé.
Vous êtes retournée chaque année dans 18
petit trou pas cher. Le maire, un débrouillard,
S'efforçait d'adoucir, pour ses baigneurs, es
restrictions imposées par le ministre. Vous avez
lu d'autres communiqués, collés sur les vitrer
de la poste, le Casino n'ouvrait plus ses portes
que de six à huit heures ! il Y avait cinéma pour
les Anglais..
Vous êtes restée fidèle à votre serment : tout
pour la Patrie. Vous tricotiez pour 1915. C'était
la mode. Elle changea. Vous avez eu: des filleuls.
beaucouip de filleuls. Un ou deux Français •—
des aviateurs — et des Ainglais (oih 1 les An-'
glais 1) Jeu dangereux. Sous son .armure, votflp
cœur indiiscipliné vous conseilla, parfais, de ne
lutter que Itrès peu contre l'ultime défaillance.
Et pendant quelques jours, vous pensiez à Lui.
Tout passe. Lui est oublié et personne ne lui a
succédé. Vous attendez maintenant, un peu an-
goissée, le résultat du match. Nous sommes I
aux derniers rounds. j
Vous étiez partie précipitamment ce lle f;
en passant en revue, d'un rapide regard d'a-
dieu, votre petit nid parisien. Berha tonnait et. *
Fritz faisait résonner ses bottes sur les rives de:
la Marne.
Nous l'avons arrêté *, nous l'avons refoulé ,
pour vous sauver, petite madame blonde, - sans :
même nous préoccuper de savoir si vous pen-
siez un peu à nous. Quand les brumes de sep-
tembre descendront sur la amer, vtauc pourrez,
sans crainte, reprendre le tram qui vous ramè-
nera à Paris, à Paris que Bertha ne bombardera
plus.
Et l'année prochaine, ooAnd nous ~célébrersrs,
nous, le cinquième anniversaire de la mot de
nos premiers camarades de combat, vous pour-
rez, petite mad,ame blonde, sur la terrasse illu-
minée du Casino, reprendre le flirt interrompu.
- R. E.
9
Demain
Quand ils reviendront
1er ipoilu. — A notre retour, voici queîlé
sera notre part ; un loyer à payer, uns
place à chercher, des dettes à solder, de#
rhumatismes à soigner.
2e poilu. — .Des enfants à élever, rdei
impôts à régler, des députés à nommer.
Mais un troisième voilu conclut très phi..
losophiquement :
- Maintenant, si ce partagf ne vous sou-
rit pas, c'est très simple, vous n'avez qu'à
ne pas retourner chez vous. Restez ici.
Cette boutade lut peu prisée.
Le TaDin.
-1
1
AUGUSTE .VitCQJDEHIE ,
: FoMafa^ it8@9)
TELEPHONE
:XoM: iK-afc-SfcM.
V&pitjfcg aO:b.cdu soir. CGIITEISBBBG: OfrTO
I PODR ZLK "PUKneïrB
CSIaiteffirer - au :R.APPE.PuBIJ:cr.Jj
2S„ M_de Strasbourg.—iTPabïs
Lesmanuscrits Mrt::'inSlÍtæB: tÍtr,mnt'pt%s:-,.àlÜls
iHissixMDînu :MESNXL
UJlbwn-
ASSONNMIENTS
- TOûr.aa SSttnids CFfhTcrtihK
SiEmI., m UI ce a* es r»
2®RKKEÉ £ âQQùDaHIB?.M SS3 œ 111 DI al DI
EBBMBERtt. 3S2 M IU EH C9 DI
rfimanffioiy arfJADWNlSfRlfrfDN
C83, UJuttlcalllttj dàe SStca&b&urg.—3?ïbîs.
TRIBUNE LIBRE
L'âme de la lfotlille
DE BOULOGNE
f, M
Si l'on me demandait :
« Quelle est la formule de la
victoire certaine », je répon-
drais :
— Un stratège de génie ;
— Des virtuoses de la tacti-
que pour orchestrer ses conceptions ;
— Des troupes ardentes et tenaces
!t>ou' les exécuter ;
— Et,, au moins, une arme nouvelle
supérieure.
Nous avons tout cela, et même l'ar-
me nouvelle en double modèle : les tanks
et les avions de combat.
Si l'on me demandait, ensuite, quelle
est la formule de la victoire rapide, je
répondrais :
— Aux éléments de la victoire certai-
ne, ajoutez Yemploi total des forces ma-
térielles et morales, c'est-à-dire l'atta-
que sur tous les fronts, par tous les
moyens, et l'abaissement systématique,
MAIS LOYAL, du moral de l'ennemi
en lui montrant la situation épouvanta-
ble où il se trouve. Quand j'étais en-
fant mon père m'achetait des Keep-
sake, édités chez Hachette, et parmi
ceux-ci, je me rappelle un admirable
desin de Silver Crâne, représentant un
chevalier qui triomphe d'un dragon en
lui présentant sa hideuse image dans un
bouclier d'acier poli. Il appartient à
M. Klobukowski et aux agents supérieurs
'de la propagande anglaise et américai-
ne de jouer à l'égard des Boches intel-
ligents le rôle du chevalierqpnglais du
Keep.sake.:
Voilà pour le moral. Il faut faire en
'Allemagne, par d'autres moyens, l'œu-
vre accomplie par le commandant d'An-
nurizio lançant sur Vienne des tracts au
lieu de bombes d'avions ; je précise :
en Allemagne il faudra des bombes et
(les tracts, parce que les Allemands,
bien moins artistes, bien moins intelli-
gents que les Viennois, ne compren-
draient point les tracts sans les bombes.
• m
Et vous voyez, lecteurs, où j'en ar-
rive" presque malgré moi, par la seule
force du raisonnement : A l'attaque des
côtes allemandes!. Oh! je n'ai pas
la prétention de faire la leçon au ma-
réchal Foch, croyez-le bien. Ce stratè-
ge est beaucoup trop complet pour n'a-
voir point songé à ce qu'il pourrait, le
• cas échéant, tirer des armées de mer.
Moi qui ne suis qu'un des ferments qui
remuent l'opinion publique, mon but
est plus modeste et plus simple : Je vou-
drais voir la marine, les marines alliées
plutôt, prendre leur part de gloire, en
(les opérations accomplies en liaison
avec les armées. Et je me dis : Tout de
même, au moment où ils sont battus à
plates coutures en Occident ; au mo-
ment où un front russe se réveille ; où
Ja Suède se redresse ulcérée, l'Espagne
arrogante ; où la Norvège, toujours si
vaillante et si digne, montre le poing
lime fois de plus ; où le Danemark pal-
pite d'espoir. Nous avons le choix du
front de mer allemand où appuyer, une
pesante attaque navale.
Non, je n'ai jamais été un convaincu
Hu débrouillage militaire ; non, je n'ai-
me pas les expéditions de grande enver-
gure improvisées et je n'y ai aucune
confiance. Mais pourtant!. l'occa-
sion n'a qu'une touffe de cheveux et je
J'aperçois qui sort de l'eau !. Seuls
ieeux qui ne font rien ne se trompent
pas et, si j'étais en position de donner
ces ordres. je dirais. eh bien ! oui,
jje dirais : « Croche, et hale à bord ! »
'— car je suis convaincu que la gloire
ést au bout, et que l'Allemagne qui
avoue n'avoir plus de quoi garnir le
front russe, n'a pas assez d'effectifs
pour défendre ses fronts de mer. Et
tious avons quinze cent mille Américains
ien France. Une attaque navale soudaine
(et violente ; des gros obus de marine,
Bes bombes d'avions, tombant en pleine
lerrs prussienne, et l'Allemagne ne sau-
ra plus où d'onner de la tête ; elle aura
enfin, si j'ose dire, le sentiment maté-
riel de son écrasement. On ne me fera
jamais croire qu'il est impossible de
réunir en un mois ou deux le matériel
iles flottilles et des avions nécessaires,
fen Angleterre, au* Etats-Unis, en Fran-
ce, au Japon, au Brésil ?
Quant aux marins. N'avez-vous pas
les vainqueurs des îles Falkland, du
Dogger-Bank et du Jutland ; les petits-
fils des compagnons de Ferragut ; les
enfants des matelots de Courbet, qui
vainquirent à Fou-Tcheou et descen-
daient le Min en démontant, une à une,
les pièces Krupp des forts de Kim-Paï !..
Et tous ces braves qui bourlinguent sur
les torpilleurs et les chalutiers depuis
trois ans, « bouqueraient » devant la
Jade, et les détroits danois, devant Kiel
et Wilhelmshaven ?. Allons donc ! Ils
ont l'âme de la Flottille de Boulogne ;
mais cette fois, l'ennemi c'est le Hun,
c'est le Barbare, c'est le Boche, que la
formidable détente des trois marines les
plus formidables du monde achèvera
S'écraser !
- OLIVIER CUIHÉNEUC.
LA RIPOSTE DE FOCH
Nos troupes s'emparent de Ribécourt
MB »—!■■■'
NOUVEAU REPLI ALLEMAND AU NORD D'ALBERT
- ). i i
L'ACTUALITÉ
Conducteurs d'hommes
Les mésaventures de Léni-
ne et de l'rotsky défraient la
chronique. Elles seraient plai-
santes si ces idéalisateurs d'ab-
surdités avaient pu choisir,
pour champ de leurs expé-
riences sociales. quelque île
lointaine, dont les convulsions fussent
demeurées étrangères au reste de l'uni-
vers.
Mais ce qui choque, ce qui irrite, ce
qui blesse, c'est de penser que des mil-
liers de Français ont payé de leur vie,
depuis de longs mois, les grotesques. ex-
périences sociales de ces deux équili-
bristes, debout encore sur une corde rai-
de dont une extrémité se fixe sur l'im-
périalisme allemand et l'autre sur
l'anarchie russe.
On prétend que la France a ses bol-
cheviks. C'est bien possible. La France
a bien, comme les autres nations, ses
maisons d'aliénés 1
Mais il faudrait bien se garder de
croire qu'en matière d'application du
bolchevisme, la théorie des « minorités
conscientes » imposant leur loi aux
« majorités inagissantes » se puisse vé-
rifier.
La France n'en est pas a la période
des décadences révolutionnaires. Quand
elle portera la main sur des institutions
dont la solidité se justifie par des siè-
cles de progrès et de grandeur nationa-
le, ce ne sera pas pour les détruire,
mais bien pour les améliorer en les ren-
dant adéquates aux besoins du moment.
Seuls des cerveaux incomplets, seules
des imaginations malades, démentes ou
irréfléchies, peuvent admettre comme
logique et nécessaire un bouleversement
qui ferait table rase, d'un seul coup, de
toutes les institutions existantes en vue
de leur substituer une organisation nou-
velle dont les fondations, basées sur des
principes encore inconnus, ne seraient
jetées qu'au fur et à mesure des besoins.
La premier mot de nos bolcheviks à
nous serait, n'en doutons pas, la répê*
tition du premier acte russe : plus d'ar-
mée, plus de police, plus d'autorités
constituées.
Plus d'armée? Mais Lénine et Trots-
liy, ayant licencié les armées russes,
ont dû créer la garde rouge. Quelle gar-
de 1 Et quelle besogne !
Plus de police ? Mais par qui donc
sont opérées les arrestations en masse
de patriotes mSSn QU. d'ennemis. des
bolcheviks ?
Plus d'autorités constituées ? En ef-
fet, les bolcheviks ont substitué là leur
caprice à la loi. C'est ainsi qu'on ne
juge plus ; on assassine. Le système est
primitify expéditif. Quant aux morts,
ce sont gens peu encombrants; ils ne
réclament plus. et sont vite oubliés,
ce qui n'est pas particulier aux périodes
révolutionnaires.
Wh 1 je conçois que certaines ivresses
soient tentantes. Ravoir, tels Lénine et
Trotsky, qu'un bagage * superficiel de
droit politique et s'improviser d'un coup
conducteurs de peuples ! xAbolir par
ukase l'ordre, la fortune, la propriété,
le travail, l administration ; substituer
des monceaux de décombres a ce qui
fut une société organisée, quel rêvel.
quelle folie!.
Ce tableau peut-il séduire des Fran-
çais ? Pour obtenir des réponses, point
n'est besoin d'invoquer, les passions po-
litiques. L'appel au bon sens suffit.
— »
La Conférence des Empereurs
- II! P,
Un communiqué publié par les journaux
viennois à propos du voyage de Fempereur
Charles au grand quartier général allemand
dit : Il Il y a eu de tels changements dans
la situation générale, depuis la dernière ren-i
contre des empereurs, il y a trois mois,
qu'une nouvelle entrevue des deux souve-
rains et de leurs conseillers, n'est pas un
événement sensationnel. Les événements de
l'Est sont déjà un motif suffisant pour cetye
entrevue qui apparaît comme une nouvelle
preuve du ferme et profond accord des deux
empires poursuivant un but commun, qui
est une paix honorable.
Le Fremdenblatt, qui développe cette
idée ajoute que contrairement à certaines
informations, on lie. saurait parler d'un
abandon de la solution austro-polonaise.
Dans les milieux autrichiens, on ne sait rien
d'une décision qui aurait été prise dans la
question polonaise. Il faut en tout cas, d'a-
bord attendre l'avis du gouvernement polo-
nais, de l'attitude duquel il faut tenir comp-
te avant de porter un jugement sur la situa-
tion g la Pologne dans l'avenir.
Communiqués Français
14 HEURES.
Entre l'Avre et l'Oise, activité des deux artilleries, notamment dans les secteurs
de Roye-sur-Matz et de Conchy-les.Pots.
Sur le front de la Vesle, des coups de main ennemis n'ont obtenu aucun ré-
sultat.
no| £ e côté, une incursion dans les lignes allemandes, dans la région de
Mesnil-les-Hurlus, nous a donné des prisonniers.
Nuit calme partout ailleurs. t;
23 HEURES. ,
Au cours de la journée; nos troupes, continuant leurs progrès entre Matz et
Oise, se sont emparées de Ribécourt.
A l'est de Belval, nos éléments d'infanterie, ayant éventé une contre-attaque al-
lemande en préparation, ont réussi à faire prisonniers sept officiers dont deux com-
mandants de bataillun et un certain nombre de soldats.
* Dans la région de Roye et de Lassigny, la lutte d'artillerie continue trè§ vive.
Communiqués britanniques
M HEURES.
L'artillerie ennemie a été active pendant la - nuit, sur le front de bataille. On ne
signale aucune action d'infanterie. -
A midi hier, des contre-attaques locales ennemies, dans le secteur de Dicke-
busch, ont été repoussées.
Pendant la nuit, l'artillerie ennemie s'est montrée assez active dans le voisinage
de cette localité. Elle a tiré, également, contre nos positions à l'ouest de Kemmel.
La nuit dernière, un raid heureux, mené dans lie voisinage d'Ayeke, nous a valu
quelques prisonniers.
Dans le secteur de Vieux-Berquin, nos patrouilles ont continué à pousser en
avant. Elles sont parvenues à établir notre ligne à l'est du village. Au cours de cette
opération, nous avons capturé un certain nombre de prisonniers et de mitrailleuses.
Nous avons légèrement avancé notre ligne à l'est de Meteren.
23 HEURES.
Sur le front de bataille, un combat local a eu lieu dans la journée aux environs
de Parvillers. Nos troupes ont progressé et ont fait quelques prisonniers.
Comme suite au récent retrait de ses troupes, dans le secteur d'Hébuterne, l'en-
nemi a évacué ses positions avancées à Baumont-Hamel, Serre, Puisieux-au-Mont
et Bucquoy. Nos patrouilles poussant en avant, en étroit contact avec l'ennemi, ont
gagné du terrain aux environs de ces villages. Quelques prisonniers ont été cap-
turés. :
Autour de la Bataille
-", ,.
La stabilisation momentanée de la ligne
sur l'ancien front de Hoye-Lassjgny est
considérée comme finissant la première
phase de la bataille de l'Avre. La seconde
phase n'attend que l'arrivée dies renforts
nécessaires en matériel.
Après la bataille de l'Avre, la situation
des belligérants (présente un changement
qui, en rapidité et en étendue, a été rare-
ment approché dans l'histoire militaire.
La stratégie du maréchal Foch et la maî-
trise tactique des généraux spus ses ordres;
ont, en trois semaines, arraché aux Alle-
mands ce - qu'ils avaient mis quatre mois à
acquérir, "au prix de .700.000 à mai million
d'hommes.,
Les succès olbtenus rendent impossible
une rupture de la ligne séparant les armées
françaises du centre de celles de l'est ou
supprimant la jonction des années fran-
çaises et britanniques.
A la fin de la première phase de la ba-
taille de }' .vTe, les Français ont une em-
prise solide sur le plateau de Thiescaurt,
ouest de Noyon. Il faudra, ou bien que les
Allemands reprennent la position à un prix
élevé, s'ils le peuvent, ou bien qu'ils aban-
donnent Noyon, ce qui signifie la chute de
Roye et de Lassigny, actuellement sous la
menace d'une occupation immédiate.
Lie désastre qui menace l'arméie de von
Hutier a été écarté momentanément, mai3
les (passages resserrés qui sont ouverts au
retrait de ses dépôts sont harcelés de telle
façon par les bombes des aviateurs et le
feu de l'artillerie lourde qu'une prompte dé-
robade lui est impossible. Aussi un effort
désespéTté est-il à prévoir, de la part des Al-
lemands, pour s'accrocher à leur ligne de
11914.
Sur le plateau de Thiescourt
Les Allemands remplissent tous les ravins
multiples et les bois de gaz moutard'e et
continuent de tirer violemment à la mitrail-
leuse, s'efforçant désespérément de sie
cramponner aux parties des hauteurs qu'ils
occupent encore.
Sur la gauche de la position, tes Alle-
mands ont réagi vigoureusement, mainte-
nant les assaillants sur place ; mais, de
Gury, à l'est, les Français ont avancé.
La première ligne allemande est très mai-
gre en hommes, mais est puissamment ar-
mée de mitrailleuses sur lesquelles, plus que
jamais, l'ennemi se repose pour arrêter le
flot qiui le submerge/ Bien cachés dans une
contrée défoncée, les .nids de mitrailleuses
sont difficiles à atteindre ; mais les troupes
héroïques du général Humbert, on ne peut
.le nier. (poussent toujours de l'avant.
La part de l'aviation
- Les forces d'aviation des Alliés ont joué
un rôle des plus importants dans les ba-
tailles de ces joiurs derniers, particulière-
ment les escadrilles die bombardement, qui
ont virtuellement remplacé l'artillerie lour-
de quie les Alliés tn'ont pu amener en cor-
respondance avec l'avance de l'infanteirie.
La coopération des aviateurs avec les for-
ces attaquantes est organisée de telle sorte
que les bombardiers puissent attaquer im-
médiatemnt des 'groupes d'infanterie et les
convois de ravitaillement dlès qu'ils sont si-
gnalés )par les aéroplanes de reconnaissan-
ce, comme fait l'artillerie lorsqu'elle est dis-
ponible.
Les escadrilles de Ibombaivdement sont te-
nues en alerte aux aérodromes, prêtes à
prendre l'air dès qu'on les appelle. Les ap-
pareils de reconnaissance' signalent les trou-
pes ou les convois dans les villages ou à
leuirs points termines et les bombardiers
prennent leur voKpôur l'attaque.
Ce lut ia méthode employée à Lassigny
l'autre jour, lorsqu'un, aiôroplane d'obser-
vation eut fait savoir que ia ville était en-
combrée de troupes et de convois. 121 bom-
bardiers s'envolèrent vers la localité dési-
gnée.
23 tonnes de bombes furent utilisées à l'at-
taque, provoquant des conflagrations, dé-
molissant les moteurs des chariots, bio-
quant les rues et retardant, pendant des
houras entières, la circulation,. Toutes les
routes de croisements et toutes les bifurca-
tions de chemin de fer où les lignes impor-
tantes de communications se rencontrent
sont attaquées sans cesse, chemin faisant,
avec grande refflIClaeité.:
Les Allemands récupèrent
L'anxiété qu'éprouvent les Allemands de
voir leurs' réserves fondre est révélée, par
l'ordre suivant, signé Ludendorff :
« L'état de nos ressources en hommes et
la situation économique à l'intérieur nous
obligent à envoyer parmi les combattants
tous îles hommes du service armée. »'
Le document précise la destination de
tous les hommes du service armé employés
à l'arrière et ajoute :
« Le haut commandement désire par-des-
sus tout récupérer les ié-serves de l'infante-
rie. »
Des prisonniers appartenant à '49 garni-
sons confirment que la crise existe, et que
les dépôts sont vid'és. Les récupérés de
l'arrière comprennent des mécaniciens du
centre d'aviation d'Adlersdoirf, près de Ber-
lin et des mineurs d'Aix-la-Chapelle.
Plusieurs garnisons ont procuré 1100 à
500 hommes de la classe 1920.
La cavalerie canadienne
La cavalerie canadienne s'est distinguée
au cours de la bataille et captuira deux téltal-
majors dans les circonstances suivantes :
La première fois, elle s'élança si rapide-
ment à travers la trouée qu'elle captura le
quartier .général d'une brigade au complet,
obtenant ainsi des renseignements précieux
sur la disposition des troupes et faisant des
centaines de prisonniers.
N'ayant pas assez d'hommes poitiir rame-
ner ices prisonniers, l'officier ordonna à
ceux-ci d'aller seuls sans armes au-devant
die l'infanterie qui s'avançait : les p"rison-
niers obéirent.
Entre Mézières et Beaucourf, un prison-
nier cria au capitaine de cavalerie de s'em-
parer du ,village voisin, où se trouvait le
quartier général d'une autre 'brigade ; l'es-
cadron y alla, jeta la panique parmi les
chevaux et lança des bombes dans les abris:;
le général de brigade et son état-major,
épouvantés, se rendirent.
Le roi George sur le front
Sa Majesté le roi Georg.e V vient de quit-
ter le front britannique. Le roi George était
arrivé quelques jours avant l'otffensive vic-
torieluse de ses troupes, au milieu desquel-
les il a vécu constamment pendant son sé-
jour, parcourant le champ de bataille en
tous sens, visitant Amiens, Villers-Breton-
lieux, partout salué par les acclamations
des soldats.
Pendant son Séjour, le roi a parcouru
huit cents milles anglais, rendu 'visite à
toius les commandants d'armées, de corps
d'armée et de divisions, distribuant en pas-
sant des paroles de félicitation et d'en-
couragement et aussi un grand nombre die
décorations.
Les généraux Byng et Plumer ont reçu
de es mains 181 Grande Croix du Bain.
Dans Amiens, Sa Majesté a également dé-
cerné des décorations, notamment à M. Mo-
rain, préfet de la Somme ; au gouverneur,
à M. Pigné, sous-préfet, chargé de mission.
S'étant rendu iparmi les troupes améri-
caines, le roi George s'est plu à interroger,
les soldats. Un
a répondu : et Du village de Chicago ! »
Cette réponse a beaucoup amusé le roi.
Sa Majesté a tenu à visiter les troupes
françaises dans le secteur voisin du flrônt
d'attaquie britannique, à droite de la route
de Roye. Le roi les a félicitées chaleureu-
sement et a fait le igénéral Debeney cheva-
lier de l'Ordre du Bain.
Pendant sa visite au front, le roi George
s'est rencontré avec Leurs Majestés le roi
et la reine des Belges, avec 'M. Poincaré,
le maréchal Foch, les généraux Pétain et
Pershing.
La population civile française a fait aiu
roi George pendant son séjour un acoueil
extrêmement sympathique.
LA SITUATION
Opérations ralenties
Le maréchal Foch vient de parer au plus
pressé. Agissant en chef vigoureux et en
tacticien consommé, il a voulu, en deux
brusques poussées, faire choir les Alle-
mands du, sommet de leur rêve et tirer la
France de Vinquiétude dans laquelle leort
éventuel de Paris la tenait plongée.
Il y a pleinement réussi.
Les deux secousses brutales ont surpris
l'ennemi. L'une, celle de la Marne, attend
son complément. Lautre. celle de l'Oise à
rAncre, n'a pas dit son dernier mot.
Ribécourt est prist C'est l'indice de la
chute prochaine de Lassigny et de Roye.
Les Britanniques poussent vigoureusement
Cennemi qui vient de leur abandonner un
assez vaste secteur à l'est d'Hébuterne.
Jusqu'oit ces avantages seront-ils poussés ?
Il serait téméraire ae pronostiquer. L'enne-
mi effectue une retraite difficile et coûteuse.
Il a pour lui l'avantage d'un terrain assez
aisément défendable, où des nids de mitrail-
leuses, jusqu'à ce qu'on puisse les détruire
enfin, suffisent pour contenir des régiments
entiers que l'arme dangereuse attend aux
meilleurs points d'accès.
Nous assumons un devoir primordial, ce-
lui de ménager nos effectifs ; nous avons à
tenir compte d'un avantage qu'il faut con-
server, c'est de donner à notre victoire son
caractère utile en empêchant l'ennemi d'é-
vacuer son matériel de guerre. L'aviation
alliée se charge de ce soin. Ses appareils
bombardent inlassablement les convois et
les troupes, rendait lourdes pour l'ennemi
les conséquences de son repli.
Avons-nous obtenu, dans ces deux grands
assauts, tous les avantages escomptés ?
Nous no;us prononcerons sur ce point lors-
que, à l'occasion d'opérations futures, nous
verrons sauter enfin le redoutable point
d'appui conservé par les. Allemands au nord
de Reims.
A ce moment,nous pourrons nous (Mga-
ger de la, réserve qu'il est si particulière-
ment nécessaire d'observer aujourd'hui.
Camille DEVILAR.
D'UN SECTEUR A L'AUTRE
----.;.-
- Du 8 au 12 août, (bien plus de trente
divisions allemandes ont été violemment
aux prisses avec les Britanniques, les Fran-
çais et les Américains sur Je front de la
nouvelle offensive.,
— Depuis le début de notre contre-offen-
sive, on évalue les ipertes totales allemandes
à environ 360.000 hommes. -:
Le nombre des canons perdus par l'enne-
mi est d'environ 1.200.
- Le lieutenant Alan iF. Winslow, de Ri-
ver-Forest (Illinois), lun des meilleurs avia-
teurs américains, a été tué dans la iSomme.
Au début de la guerre, il appartenait, en
qualité de volontaire, à l'aviation française.
Il avait été récemment versé aux escadril-
les américaines.
— Les journaux allemands annoncent
sans autre précision, que le major-général
Dewall qui, en temps de paix, commandait
la place de Swinemund, a été mis à la re-
traite.
r "'ni i,
LES FELICITATIONS DU BRÉSIL
Le Président de la République a reçu de
M. Wenceslao Braz, président de la .Répu-
blique des Etats-Unis du Bnêsil, le télégram-
me suivant :
« Au moment où les trouves aguerries de
la République, en commun avec celles des
autres nations alliées, arrêtant le choc de
l'ennemi qui a déchaînlé la guerre dans le
monde, commencent la mardhie triomphale,
qui les conduira par stades successifs et
glorieux à la victoire finaLe, j'ai l'honneur,
au nom du peuple brésilien et en mon nom
propre, de saluer avec vive émotion 4a no-
ble nation française, représentant si élevé
de la grandeur latine et d'exprimer les
sentiments d'inébranlable amitié du Bré-
sil.
« Wenceslao Brai. »
LE BOMBARDEMENT DE CARLSRUHE
Le Daily Express publie une dépêché de
Genève disant :
Le raid qui a eu lieu dimanche sur
Carlsruhe a causé de très importants dé-
gâts. Les aviateurs britanniques, en effet,
ont atteint l'arsenal y déterminant une forte
explosion. Ils ont endommagé sérieusement
la partie nord de la gare et détruit une aile
du palais de la 'grande-duchesse Sophie.
Une bombe est tombée près de la fabrique
de canons allemands, tuant onze personnes
et en blessant vingt-six autres.
CHARLES HUMBERT
INCULPÉ DE TRAHISON
Le commissaire du gouvernement près le
3J conseil de guerre de Paris, a adressé
au général gouverneur militaire de Pa-
ri3. un rapport tendant à inculper M. Char-
les Humbert du crime d'intelligences avec
l'ennemi, M. Charles Humbert était, jus-
qu'à présent, inculpé de commerce avec
l'ennemi. Une demande en mainlevée de
l'immunité parlementaire pour cette nou-
veile inculpation sera, en conséquence, dé-
posée contre le sénateur de la Meuse sur le
bureau du Sénat le 17 septembre, date de
la séance de rentrée de la Haute Assem-
blée.
Le lieutenant Jousselin a poursuivi ki«,
l'interrogatoire de M Gk Hurobeifc
POLlTlQfIE ETRANGERE
te commeDmenl de la fin
Voilà que l'ambassadeur allemand en
Ukraine, Mumm, va aussi quitter Kieff.
Décidément, il y a quelque chose qui clo-
che dans toutes les Ruspies. Des renseigne"
ments, dignes de foi, assurent que la situa-
tion à Pétrograde est a liu rent que la situa-
tion à Rétrograde est lt même qu'à Mos-
cou, c'est-à-dire pleine de périls pour les
maximalistes. Ceux-ci aVaient fait procé-
der à Pétrograde, de mrtne que dans les.
villes qui leur obéissent encore, à l'arresta-
tion des, Français et autres ressortissants
alliés.
La Gazette 'de l'Allemagne klu Nord a,
beau vouloir rassurer l'opinion publique,
en Allemagne en démentant qM le départ
simultané de Helfferich et de Jone ait quel-
que rapport, celle-ci commencé à être ébraa-
lée. Les mensonges militaires de Wolff ne
parviennent pas plus à donner le change j
sur la portée des défaites allemandes dans
l'Ouest que les articles officieux sur l'effon-
drement de la politique russe de l'Allema-
gne.
Cette émotion se traduit par l'invitation
adressée au député socialiste Eber\ de con-
voquer sans retard la Commission princî-
pale du Reichstag dont il est le président,
Le Berliner Tageblatt, que combat le Lo. i
kal 'Anzeiger, estime cette convocation né-,
cessaire afin d'éviter que le Reichsmg se
trouve en face de faits accomplis. Lei pro-,
blêmes que posent à la politique allemande
les événements de Russie vont amener, en
effet, le gouvernement allemand à' prendre
de igraves déterminations oà l'insu, en quel-
que sorte, des représentants de la majoritéj
parlementaire. '1
On sent le mécontentement qui (gronde et j
qui ne demande qu'à s'exprimer. Harden^
profile de l'occasion pour exercer cette fois
sa verve aux dépens de la politique alle-
mandte en Russie. Le pamphlétaire prend en ':
pitié la marotte des gouvernants allemands
de vouloir édifier des trônes d'un jouir, mal-
crà l'incendie qui souffle aux quatre coins i
de la Russie et du monde slave.
L'article de la Zlikunft condamne l'esprit
prussien qui a envahi l'Allemagne et en,
a fait un troupeau d'esclaves. En prenant
pour cible le prince de Salm-Horstmann un
des énergumènes de la .Chambre des iSei-
gneurs de Prusse, on devine que c'est le
kaiser lui-même que vise Maximilien Har-
den dont il cite la phrase fameuse : « La
guerre actuelle n'est pas autre chose qu'un
conflit entre la conception anglo-américano
et la conception germaniqiue de l'existen-
ce ». -
N'est-ce pas profondément curieus et un
signe du commencement die la fin ?
Louis BRESSE.
■ M II M )
On Bat.
En passant
LE POILU DIT.
10 août ! Anniversaire ; La première grande
bataille. Vous souvient-il, petite madame blonde,
du communiqué du lendemain ? Vous l'avez lu
à la porte du Casino. Il était épingle sur l'un
des panneaux réservés aux affiches des tournées
théâtrales. Ce jowr-Hlâ, pour la première fois,
vous avez senti que quelque chose était changj.
Le paisible petit trou pas cher où vous séjour-
niez depuis un mois, prenait un aspect nouveau.
On dansait encore, le soir, au Casino, mais Jes
lumières étaient voilées. Les Bocihes avaient
bombardé Bône, On se méfiait sur la Manche. *
Finies les ..promenades, après Je tango, sur la
terrasse qu'éclairait l'électricité tamisée par de
légers stores canaris. Plus de flirt dans la ré-
nombre. On s'était battu. Des tommes étaient
morts.. -
'Vous avez voulu enfermer dans une armure
guerrière votre petit cœur. Tout pour la patrie..
Et vous avez continué de vivre, petite madwal
blonde, et quatre ans ont passé.
Vous êtes retournée chaque année dans 18
petit trou pas cher. Le maire, un débrouillard,
S'efforçait d'adoucir, pour ses baigneurs, es
restrictions imposées par le ministre. Vous avez
lu d'autres communiqués, collés sur les vitrer
de la poste, le Casino n'ouvrait plus ses portes
que de six à huit heures ! il Y avait cinéma pour
les Anglais..
Vous êtes restée fidèle à votre serment : tout
pour la Patrie. Vous tricotiez pour 1915. C'était
la mode. Elle changea. Vous avez eu: des filleuls.
beaucouip de filleuls. Un ou deux Français •—
des aviateurs — et des Ainglais (oih 1 les An-'
glais 1) Jeu dangereux. Sous son .armure, votflp
cœur indiiscipliné vous conseilla, parfais, de ne
lutter que Itrès peu contre l'ultime défaillance.
Et pendant quelques jours, vous pensiez à Lui.
Tout passe. Lui est oublié et personne ne lui a
succédé. Vous attendez maintenant, un peu an-
goissée, le résultat du match. Nous sommes I
aux derniers rounds. j
Vous étiez partie précipitamment ce lle f;
en passant en revue, d'un rapide regard d'a-
dieu, votre petit nid parisien. Berha tonnait et. *
Fritz faisait résonner ses bottes sur les rives de:
la Marne.
Nous l'avons arrêté *, nous l'avons refoulé ,
pour vous sauver, petite madame blonde, - sans :
même nous préoccuper de savoir si vous pen-
siez un peu à nous. Quand les brumes de sep-
tembre descendront sur la amer, vtauc pourrez,
sans crainte, reprendre le tram qui vous ramè-
nera à Paris, à Paris que Bertha ne bombardera
plus.
Et l'année prochaine, ooAnd nous ~célébrersrs,
nous, le cinquième anniversaire de la mot de
nos premiers camarades de combat, vous pour-
rez, petite mad,ame blonde, sur la terrasse illu-
minée du Casino, reprendre le flirt interrompu.
- R. E.
9
Demain
Quand ils reviendront
1er ipoilu. — A notre retour, voici queîlé
sera notre part ; un loyer à payer, uns
place à chercher, des dettes à solder, de#
rhumatismes à soigner.
2e poilu. — .Des enfants à élever, rdei
impôts à régler, des députés à nommer.
Mais un troisième voilu conclut très phi..
losophiquement :
- Maintenant, si ce partagf ne vous sou-
rit pas, c'est très simple, vous n'avez qu'à
ne pas retourner chez vous. Restez ici.
Cette boutade lut peu prisée.
Le TaDin.
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