Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-08-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1918 14 août 1918
Description : 1918/08/14 (N17436). 1918/08/14 (N17436).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7550925x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
n THERMIDOR, AN 126. u- Nu 17.433
Lie - Numero: DIX CENTIMES
MERCREDI 14 AOUT 1918. — No f7.«31
AUGUSTE VACQUERIR
Fondateur (1869)
TELEPHONE
Nord : 51-93, 2i-?l
s* Après 10 h. du soir :GUTENBERG 00-79
ROM U ITBLICLTE
S'adresser au RAPPEL-PUBLICITÉ
28, bt de Strasbourg. — PARIS
Les manuscrits non inscrits ne sont pas rendus
EDMOND DU MESNIL
Directeur
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE.. 18 » 9 85 »
FRANCE & COLONIES.. 20 a 11 n 6 »
ETRANGER. 32 » 18 » 9 »
REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de Strasbourg. — PARIS.
TRIBUNE LIBRE
01
.La réquisition eschevaul
En vérité, le 13 juin dernier,
à Vauvillers (Haute-Saône), on
ne se serait pas cru en Répu-
blique. C'était un jour de ré-
quisition de chevaux. Les mem-
bres de la commission, le verbe
haut, se comportaient comme les sei-
gneurs à l'époque du règne du « bon
plaisir ».
Un cultivateur faisait-il observer res-
pectueusement que, si on lui prenait le
meilleur de ses deux chevaux, il ne
pourrait plus, avec un seul cheval, cul-
tiver: les trente hectares dont se compo-
sait son exploitation, un officier lui ré-
pondait par cette expression savoureuse
et extraparlementaire : « Je m'en f. »
Quant aux prix offerts, ils étaient très
Inférieurs à ceux du commerce. Telle
personne qui avait refusé, la veille,
2.400 francs d'un cheval, se voyait en-
lever cet animal-pour 1.500 francs. Pro-
lester était peine inutile.
Nous avons reçu plaintes sur plain-
les contre de tels procédés ; nous les
avons transmises en haut lieu. Des pro-
priétaires, lésés gravement dans leurs
intérêts, ont adressé eux-mêmes des
réclamations, les uns à l'autorité admi-
nistrative, les autres à l'autorité mili-
taire
Un de nos amis, maire d'une com-
mune voisine de Vauvillers, a écrit à
M. le Préfet de la Haute-Saône. Ce der-
nier, toujours si dévoué aur intérêts de
ses administrés, s'est empressé de lui ré-
pondre. Nous sommes heureux de pu-
blier la lettre de M. Lamy-Boisrozier.
Nos lecteurs ruraux y pourront puiser
d'utiles renseignements. Voici ce docu-
ment :
« Par lettre en date du 7 courant,
Tous me signalez qu'un cheval vous ap-
partenant vous a été réquisitionné pour
1.550 francs alors que, selon vous, il
calait 2.500 francs.
« J'ai le regret de vous faire connaî-
tre que je ne puis malheureusement pas
intervenir en votre faveur, les opéra-
tions des commissions échappant .d'une
façon complète au contrôle de mon ad-
ministration.
Si vous estimiez insuffisante l'in-
demnité qui vous - a été offerte: il fallait
-la refuser, ce qui aurait eu pour consé-
quence la délivrance d'un ordre et d'un
reçu de réquisition. Ces pièces vous au-
raient alors permis de fixer vous-même
le prix de votre animal lequel aurait été
estimé par la Commission départemen-
tale d'évaluation des réquisitions en
prenant pour base les tarifs ministé-
riels.
« Si cette évaluation ne vous avait pas
donné satisfaction, vous pouviez appe-
lerl'autorité militaire en la personne Hu
sou3-intendant, devant le juge de paix
'de ,(Are canton et, en cas de non arran-
gement, devant le tribunal compétent.
: « Actuellement, comme le laisse sup-
poser votre lettre, vous avez accepté le
mandat qui vous a été délivré, vous ne
pouvez plus exercer aucun recours.
J'ajouterai, qu'en la circonstance, si
un membre de la Commission, dans le
but de peser sur votre décision, vous a
'dit que vous ne seriez payé que dans
six mois, il a eu tort. p
Le général commandant la région, au-
près de qui des cultivateurs avaient ré-
clamé contre l'insuffisance des prix, a
promis qu'une enquête serait faite et
que, autant que possible, satisfaction se-
rait donnée aux intéressés. Nous tien-
drons la main à ce que cette promesse
soit exécutée. Le prix spécial de chaque
cheval doit être fixé d'après les évalua-
tions qui ont été faites le 2 août lors
(l'une nouvelle réquisition à, Vauvillers
où les prix ont varié entre 2.1.00 francs
et 3.000 francs:
Ces dernières estimations sont la con-
séquence heureuse des protestations éle-
vées contre les opérations du 8 juin.
Nos amis y puiseront un enseignement
Ils n'hésiteront pas à signaler aux auto-
rités compétentes lès erreurs dont ils
Seraient victimes. Leurs. doléances se-
ront mieux écoutées si elles sont collec-
tives et si elles sont transmises par
leurs élus, conseillers généraux, dépu-
tés, sénateurs. Ces mandataires doivent
êtrf en contact permanent avec les po-
pulations et ne se laisser paralyser par
- aucune considération.
Quant à la presse de combat, elle con-
tinuera à lutter vigoureusement contre
les abus et contre tous ceux qui par-
leur coupable inertie, les favoriseraient.
JULES HAYAUX.
— 1
L'effort américain
On mande de New-York au Daily Neus
qu'actuellement les dépenses quotidiennes
atteignent 50 millions do dollars. Les enrô-
lements s'élèvent mensuellement à '100.000
hommes c! l'on transporte en France cha-
que semaine 75.000 îwinmes.
180 navires, du type lance à l'île lIug-,
sont aujourd'hui presque termines. Ils l'e-
présentent. pour un seul chiiiitie-iun total
d'un million détonnes.
On achève tous les jourj la construction
c'un croiseur Ivpe Eiigle :). et le 1" août
75.000 automobiles ont éL! commandées.
A lui seul, l'Etat d'Arixona produit plus
de cuivre qu'il n'en faut pour faire face
aux besoin^ d.e l'Alliance entière.
LA RIPOSTE DE FOCH
- UNE NOUVELLE ATTAQUE ÉNTRE LE MATZ ET L'OISE
PORTE LES TROUPES FRANÇAISES PRES DE LASSIGNY
L'ACTUALITÉ
Monsieur Scheideman
Pour gagner la guerre de
1870, pour imposer à la Fran-
ce vaincue le traité de Franc-
fort, pour dépecer notre pays,
l'Allemagne eut de Moltke et
Bismarck.
Pour forger de Houtes piè-
ces une Mittcleuropa issue du carnage,
pour coucher la Belgique sous la botte
éperonnée, pour morceler le sol de là
République et nous ruiner à jamais,
pour avilir les travailleurs de France,
d'Angleterre, d'Italie, à l'image des ré-
volutionnaires russes pour en faire les
complices inconscients ou les dupes
aveugles du militarisme prussien, VAlle-
magne a son Hïndenburg et, mieux en
core, son monsieur Scheideman.
Tout cela — violence, mépris du
droit, trahison, assassinat des hommes
et des consciences — tout cela prétend
s'incarner dans une formule : la patrie
allemande.
La patrie allemande, selon de Moltke
et Bismarck, il y a quarante-huit ans,
selon Hindenburg et Scheideman 'au-
jourd'hui, c'est le monde entier. La
liberté des peuples, on prétend la vou-
loir à Berlin, mais elle n'est admissible
que contrôlée par l'Allemagne ; la So-
ciété des Nations n'effraie par le Kaiser,
sous cette réserve qu'il la présidera, la
dirigera, en sera le maître absolu. -
La çaste militaire ne cherche pas au-
tre chose sur les champs de bataille où
VEurope, s'épuise. Quand il déchaîna
la guerre contre la France et la Russie,
l'empereur prussien croyait avoir pesé
ses chances et ses risques.
Ses chances, c'était d'établir à l'est
et à l'ouest de l'Allemagne une situation
toute nouvelle et de tous points favo-
süti, 7 grignotages nr
Belgique, en France, en Russie ; nouvel
isolement de la France, alliance avec
les tsars. C'était aussi une « prise de
sang » considérable faite sur l'organis-
irtc trop vigoureux, et par cela même
inquiétant, de la sozialdemocratie.
Ses risques, il les avait estimés au
minimum et, quels qu'ils fussent, ils
devaient lui laisser quelques avantages,
ne fût-ce que d'avoir détourne de son
cours le torrent démocratique dont la
menace devenait j?lu$. vive.
Le calcul allemand fut faussé dès le
premier jour. Il n'y était prévu ni l'hos-
tilité de l'Italie, ni l'endurance de la
Belgique, ni le rôle actif de l'Angleterre,
ni l'entrée en lice des Etats-Unis.
Au milieu de tant de revers de fortu-
ne dont un seul pouvait suffire pour je-
ter l'Allemagne à terre, le Kaiser fut
servi paî- deux événements considéra-
bles : l'assassinat de Jaurès et le servi-
lismetde M. Scheideman.
La disparition du leader socialiste
français, patriote plein d'autorité, suffit
pour plonger dans le désarroi, au béné-
fice de VAllemagne, le socialisme inter-
national. Les peuples subirent la guer-
re ; ils ne participèrent en rien à sa di-
rection.
Dès lors, il suffisait de trouver en Al-
lemagne un monsieur Scheideman pour
étouffer les aspirations démocratiques
populaires et pour asservir étroitement
à la volonté militariste prussienne les
masses ouvrières caporalismes.
Monsieur Scheideman a fait cela. Il
paraît que ses électeurs, à Solingen,
commencent à s'apercevoir que le so-
cialisme allemand fait les frais de la
guerre.
« Ce serait une honte si le traître pou-
vait encore prononcer un seul mot de-
vant les ouvriers de Solingen. »
Ces paroles ne sont pas les nôtres. Ce
sonf, les leurs, des paroles allemandes
La justice serait-elle en marche ?
--
Bombardement aérien
de Francfort et llaguenau
Une escadrille britannique a attaqué: avec
succès les usines d'aéroplanes et de pro-
duits chimiques de Francfort et a observé
des explosions au ccnLr de ces objectifs.
Attaquée par un grand nombre d'aéro-
planes allemands de chasse, elle eu a dé-
truit deux. La lutte a continué sur un par-
cours de 30 milles. Tous les aéroplanes
sont rentrés.
Luc 'llUll'è escadrille britannique a aU-i-
que l'aérodrome de 1 lagiicnau.
Assaillie ipar un grand n'ombre d'a'vions
de chasse ennemis au mument où elle fran-
chissait tes lignes, elle en a détruit quatre
d en a obligé uu à descendre désemparé ;
elle a perdu deux de ses appareils. ,
Poursuivant sa rouie, elle est allée bom-
barder son objectif, obtenant un coup di-
rect sur tln: grand (baraquement (le. l'aéro-
drome et détruisant, au moyen d'une autre
bombe, quatre avions ennemis il terre.
Communiqués Français
14 HEURES.
Aucun événement important à signaler au cours de la nuit sur le front de ba
taille
Plusieurs coups de main ennemis dans les Vosges et la Haute-Alsace n'ont ob
tenu aucun résultat,
23 HEURES.
Au cours de la journée, nos troupes ont repris leurs attaques dans la région
boisée entre le Matz et l'Oise. En dépit de Ja forte résistance opposée par l'ennemi,
nous avons réussi à réaliser des progrès au nord-est de Gury. Nous avons pris pied
dans le parc de Plessier-de-Roye et atteint BelvaI. Plus à l'est, nous avons porté nos
lignes à deux kilomètres environ au nord du village de Cambronne.
Rien à signaler sur le reste du front. , x
Communiqués britanniques
14 HEURES.
Sur le ont de bataille, nos troupes ont de nouveau amélioré leurs positions
au nord de la route de Roye et sur la r ive nord de la Somme. Elles imt fait des
prisonniers.
Une attaque locale, aux environs de Fouquescourt à été repoussée.
Pendant la nuit d'hier, nos patrouilles ont fait des prisonniers au sud de ISl
Scarpe et aux environs de Vieux-Berquin.
Dans le secteur de Merris, une ttaqu^çnnaïBie a été nppoussée, après tm Vif
combat.
23 HEURES.
La journée a été relativement calme sur le front de bataille en dehors d'une aug.-
mentation d'activité de l'artillerie ennemie.
Nous avons fait quelques prisonniers en différents points.
On signale quelques raids sur le reste du front britannique et une certaine acti-
vité de patrouilles au sud de la Soarpe, au nord-est de Robecq et aux virons de
Vieus-Berquin.
Le nombre des prisonniers capturés par la lre armée française et la 4e armée
britannique depuis la matinée du 8 août dépasse 28.000, dont 8QQ officiers, y compris
8 commandants de régiments. •
Pendant la même période, ces deux armées ont pris environ r-t\t) canons alle-
mands, dont beaucoup de gros calibres, ainsi que plusieurs milliers de mitrailleu-
ses et de nombreux mortiers de tranchée qui n'ont pas encore été dénombrés.
Dans le matériel capturé figurent : trois trains complets et de vastes dépôts de ma-
tériel du génie et de ravitaillement.
Autour de la Bataille
La résistance de l'ennemi demeure per-
sistante. Le principal offert de l'armée porte
d'abord sur le puissant massif de Rollot et
de ttoulogne-la-Grasse. Ces vergers mon-
tiueux ne sont que bouleversements et rui-
nes. Le spectacle dépasse l'imagination. Des
cadivres allemands sont couchés dans tous
les coins. -
L'élan-de nos troupes les a portées Jus-
qu'à la li^ne. du' C'etTrin^dcf'fer de Compie-
gne à Roye. Dans l'ensemble, la résistance
allemande s'appuie non sur les arriere-
gardes, mais sur les mitrailleuses mobiles
on quinconce très difficiles à saisir. L'en-
nemi résiste ainsi sur toute la partie ouest
du massif de Tliiescourt, mais il est pressé
vivement.
Même obstination sur fa lisière ouest de
Gurv et ia crête allant ck Gury à Marcuil-
la-Molle. Au nord de cette dernière locali-
té les tirailleurs d'une division ont atteint la
ferme Saint-Claude suir le plateau comman-
dant toute la région. Les Allemands ont dû,
au bois du Plessier, au nord-est de Cany,
appeler à leur secours des balaillons se
trouvant aux environs.
Lnssigny-Roye-Noyon
De M. Gerald Campbell, avec l'armée
française, 12 août. - L'armée du général
Humibcrt a avancé ses ligues sur la droite
de la ferme Canny. exactement an sud do
HGye. De là, elles descendent au sud, jr.is'e
è. l'est de Moreuit, où elles coupent la route
de Lassigny, puis tournent au sud-est, à
travers le cœur du 'bois de Thiescaurt, vers
Montigny, d'où elles glissent vers l'Oise, a
l'est de Cambronne, à moins d'un mille à
l'ouest de l'ancienne ligne die 1011, à Ribe-
court.
De la ferme Cnnny, les Français dont!-
nent. de très près, la route de Lassiguy à
Roye, fei bien que la voie de retraite des
crêtes de Lassignv, à l'ouest du Matz, !;e
trouve barrée à l'ennemi et, de la ferme
Boile-Assise, l'on a une ,\'Iue très nette S'll,r 'a
vallée de l'Oise.
A moins de deux milles au delà, les crê-
tes s'affaissent dans la plaine de la vallée
de la Divelle, et do leurs éperons, de. ce
coté, l'on peut voir, au nord, directement
nar dessus la vallée, jusqu'au bois de la
Réserve et deux longues hauteurs qui des-
cendent vers l'oise par le mont Renaud,
tout proche de Noyon.
70.000 prisonniers
depuis le 18 Juillet
Aucun communiqué officiel n'a encore
donné le chiffre des prisonniers pour les
seules journées dés S, 0, 10 et 11 août. Le
cihïfle total dépasse maintenant 37.000 hom-
mes, dont plus de 2.300 officiers.
Quant au nombre dies canons, il est for-
midable t plus de 1.000 !
Enfin, le nombre des mil railleuses dépas-
sera certainement W.OOO.
En bloc, 70.000 prisonniers depuis le 18
juillet.. ,
Le matériel abandonné
Le matérie l et surtout le petit matériel
abandonné dans la région de Boulogne-Ia-
Grasse au massif de Thiescourt région
ouest de Lassigny, jonche littéralement le
terrain reconquis. Obus, grenades, équipe-
ments, vêtements, bottes, couvrent le sol.
Un immensemagasin db munition? fut en-
lév\'< ;i lîessons-s'ur-Matz. "Nous y avons
trouvé des grenades de lotus modèles, des
sacs à terre, et des bandes de pansement
en papier, des fusées t quoi encoire ? Un
petit SIIC de blé que le garde-magasin, ser-
gent Groth, s'apprètait à expédier en Alle-
niagne, à sa sensible mais offaméo épouse.
G-raee Annv Groth, fout un courrier de ré-
gimenl ^ui, dépouillé, nous a. livré des anec-
dotes bien savoureuses, connue la lettre ina-
chevée disant. : « Les obus français nous
ont tué un obérai, fwdle bonne aubaine
Nous l'avons mangé, mais aujourd'hui,
nous n'avons plus de viande ! »
Les sanglantes hécatombes
Les difficullés croissantes de la retraite
moussent les Allemands à des sacrifices dé-
sespérés pour faire échec à l'avance des Al-
1
IiÓs, Aux alentours des positions du plateau
de Thie^ecMri, leurs perles sont extrême-
ment élevées. Leurs morts jonchent 10
champ de bataille et l'on en découvre dans
des trous d'obus et dans des encognures où
l'on a vainement cherché à se protéger con-
tre le feu français. Auprès d'eux, l'on cueil-
le des survivants dans toutes les'cachettes
possibles.
Un nnératewr ,'rtHe«inlfd,'lteM«ittvs-f!l a été
découvert au fond d'un puitfe. D'autres, en
grappes, furent chassés-hors des fourrés,
des gorges et des forêts où ils s'étaient ré-
fugiés pendant ]a retraito. Des postes de
commandements de brigades et de régi-
ment. fournissent la preuve la plus évi-
dente de la bâte avec laquelle l'ennemi dé-
campa Le courrier au complet d'un régi-
ment, mut prêt à être transmis en Allema-
gne, fut capturé Ú Rcssons-pur-Matz. Çà c'
ln, il se trouvait des lettres à moitié ache-
vées. indiquant la précipitation des corres-
pondants.
t — .1—11 *
D'UN SECTEUR A L'AUTRE
--+.--.---
'Ce.s jiours-ci. le (général commandant une
division française voyant un bataillon hé
siter à s'aventurer sur le terrain battu par
les mitrailleuses 'avan(;[I, vers ses hommes
et leur cria : « Vous voyez 'l>ien que les
Roches sont. partis ! » Trois :h('lqlres après,
le régiment avait progressé de sept kilomè-
tres.
- Une dépêche de Londres assure qu'une
division autrichienne a été identifiée en Pi-
cardie.
On attribue, d'autre part, la fermeture 1e
la frontière austro-suisse, à des transports
de troupes autrichiennes sur le front fran-
çais.
— L'as des as allemand, l'aviateur Lœ-
venl:!:tr, n été abattu. Le communiqué al-
lemand du 5 août lui attribuait 51 victoi-
res.
— Ce -sont los 2e et 4e régiments de la
Garde impériale qui couvrent Iii roule de
Péronne. soutenus par une division bava-
roise d'élite, la iie.
———————————— illJH ————————————
Les ruses allemandes
Tandis que les Allemands tâchent d'orga-
niser devant leurs troupes désemparées •un
réseau de plus en plus résistant, ils ne né-
gligent pas les petits moyens déttensifs. Dé-
jà, lors de son repli en 1*917, l'ennemi avait
parsemé le terrain abandonné d'embûches
et de pièges. Le recul hâtif auquel nous
l'avons obligé ne lui a pas permis de réé-
diter les ruses longues à préparer, mais sur
de nombreux points où nos troupes ont. pé-
nétré elles ont eu à se méfier de certains
dispositifs dont -les plus communs sont
ceux-ci.
Le trébuchet, qui est une planche posés
horizontalement et simulant un siège à l'en-
trée d'un abri. Au moment où l'on s'assied,
le. planche cède légèrement : à son extrémité
opposée est une pointe servant de rugueux
qui met le feu à une charge, dissimulée de
diverses manières.
Il y a aussi la planche en équilibre ins-
table, basculant au passage ffun hou une ;
chaque extrémité est reliée ù une caisse do
grenades dont elle détermine l'explosion,
soit par, traction, soit par pression.
Ou bien des charges d'explosifs sont dis-
simulées flans un grand nombre d'abris
sous les châssis ou dans les parois, à une
hauteur de trois mètres environ au-dessus
du sol. Les fils de. mise à feu s'enterrent
dans le sol; et sont reliés à un mécanisme
préparé pour faire détoner les charges.
Un certain nombre de dispositifs à rc-
tard ont été découverts : mouvements
d'horlogerie, fils d'acier faisant ressort, d'un
por< ai t'en r _et rongés petit à petit par un
acide d nlS lequel ils sont noyés, etc. (Ces
dispositifs sont en général assez longs à or-
ganiser.) général assez loiios it or-
Des objets d'un usage courant, des cas-
ques, des armes, des morceaux de carton,
etc., sont reliés par une ficelle à des grena-
des amorcées qui explosent par simple dé-
placement de ces objets.
LA SITUATION
-..-
Retraite pénible
Si l'on s'en tenait rigoureusement cnte
termes des communiqués officiels français
et britanniques, on serait en droit de suppo-
ser que les deux grandes batailles déclen-
chées par noire commandement ont atteint
leur point mort.
Plus d'activité sur la Vesle. On y lient so-
lidement les lignes. C'est tout.
Entre l'Oise et fAvfC, le grand mouve-
ment en avant a pris fin. On observe en-
core des combats locaux ; ces combats sont
très, durs, mais ils donnent peu de résultats
eri tant que gaîns de terrain. En faul-ît dé-
duire que l'cnnem i s'est ressaisi et qu'il
s'est établi sur de fortes positions d'arrêt
d'où nous rie les délogerons que par un nou-
vel assaut ? Cet assaut, devons-nous l'orga-
niser ?
Telles sont les apparences, 'et les ques-
tions. La réalité présente quelques parMcM-.
tarifés conduisant à d'autres conclusions-
Dans le Tardenois, il est vrai, l'action a
fait plus que mollir.La bataille offensive est
nettement interrompue, ce qui ne signifie
pas du tout qu'il y ait suspension de l'offen-
sive elle-même dans ce vaste secteur. On
s'en apercevra birmfM.
De l'Oise à l'Ancre, la situation est diffé-
rente. L'ennemi, doit faire face à une re-
traite des plus difficiles dont nous allons
examiner les détails après avoir observé
que le maréchal Foch tend à éviter, de la
tactique allemande, tout ce qui fut funeste
à son adversaire.
pas de poches profondes, pas dr batailles
poussées jusqu'à l'épuisement complet des
meilleures troupes de choc s'eflorçant de
brûler les étapes- pour accroître la profon-
deur de pénétration — bien que l'état-major
allemand affirme urbi et orbi ne point s'at-
tacher à la possession du terrain.
Mais, par contre, notre généralissime met
en vratique sa formule de anerre : destruc-
tion des forces adverses. Il y emoloir, ma.
aistralemcnt., l'artillerie, les tanls, l'avia-
tion.,
Peut-être avons-nous h tort, nous tons
qui écrivons pour le public, de ne point as-
sez retenir l'titi C Il Unn. sur les communiqués
de l'aviation, lesquels en nuelaues lignes,
nous .firent sur l'ampleur du désastre alle-
mand. ,
Westructron -des forces adverses ne signi-
fie nas - obligatoirement anéantissement des
troupes.
On détruit une armée en mettant hors de
('lm hrrf nar mort. blessure* ou canture le
plus arand nombre d'hommes possible,
r'r
Maïs on la détruit, aussi, et non moins cf.
ficacement, en la privant de tout ce qui fait
sa puissance ; artillere, munitions, convois,
vivres, etc.
A ce point de vue. les batailles de la Mar-
ne. de l'Oureq. de l'Aisne, de l'Oise. de la
Somme et de VAvre sont des chefs-d'œuvre
de l'art militaire.
On dit que le Kaiser ne s'est pas senti le
coeur assez solide ni l'âme a?sez forte pour
continuer ù contempler Une bataille dont il
avait salué avec tant d'enivrement les
débuts.
Camille DEVILAR.
-..0
Conseil des Ministres
---.-
Les ministres, réunis en conseil à l'Ely-
sée, sous la présidence de M. Poinearé, se
sont entretenus de la situation militaire et
diplomatique.
Le ministre de la marine a soumis à la
signature ou Président de la République la
promotion au grade de contre-amiral du
capitaine de vaisseau Delzons .Pier.re-HeJl-
rii, du capitaine de vaisseau Pugliesi-Couti
(Henri-René) e,t du ,.cnpHninc de vaisseau
Beaussaut (Auguste-René).
Le minisire de la marine a fait signer
également la nomination du mécanicien gé-
néral de deuxième classe Bouchard (Jî^tn-
Bapliste) au grade de mécanicien général
de première classe et du mécanicien-inspec-
teur de première classe Ginabat au grade de
mécanicien général de deuxième classe.
Scheideman à Solingen
.♦«
Scheideman a fait jeudi dernier une vi-
site, à ses électeurs qui, semble-t-il, sont
pour la plupart des indépendants. Le chef
du vieux parti désirait entretenir les so-
cialistes de Solingen de l'attitude de la so-
cial-democrade pendant !a guerre.
Les radicaux avaient lancé une procla-
mation, sur laquelle on pouvait lire:
« Scheideman arrive ! L'occasion nous est
enfin donnée de régler nos comptes avet
•e traître. Pensez aux camarades qui sont
en prison et prouvez à Scheideman que
vous n'êtes ipas des veaux. de serait une
honte si le traître pouvait encore pronon-
cer un seul mot devant les ouvriers de So-
lingen. »
Et Scheideman ne prononça pas un
mot.
Des six heures du soir, la salle où la
conférence devint commencer à huit heu-
res, était prise d'assaut. A huit heures, les
portes de la salle, qui contenait plus de 3.000
personnes, ftrfrnl: fermées par la police.
L'entrée du chef de la social-démocratie
fut saluée par des cris de : traître, bandit,
comédien. Ni Schcideman, ni le président
du meetiny ne purent se faire comprendre.
La majorité des auditeurs avaient décidé
qu'ils ne parleraient pas et la réunion fut
levée par la police au milieu d'un tumulte
indescriptible.
La presse majoritaire, le Vorwaerts en
tête, se montre très irritée de ce quelle ap-
pelle le u scandale sans nom de Solingen ».
On annonce, en attendant, que Scheide-
man ne retournera provisoirement plus
dans sa circonscription.
POLITIQUE ETRANGERE
La carte Hintze
La fuite de Lénine et Trotsky à Cron.
stadt, telle celle de Mahomet à Médine,
n'est nullement confirmée et l'on ne s'ex-
plique pas très bien les raisons qu'avait b
service allemand de propagande de répan-
dre cette nouvelle tendancieuse ou tout au
moins prématurée. D'autre part, on annon-
ce de Berlin le départ pour Moscou de M.
loffe, le représentant maximaliste dans
cette ville. Ce départ ne serait pas qu'une
pure coïncidence avec celui d'Helfferich.
Au G. Q. G. allemand se succèdent, en
outre, les visites et les conférences, ûmiral
von Hintze, Helfferich. HertJing, Boris du
Bulgarie, l'Empereur Charles et Burian. H
semble qu'il s'agisse de graves délibéra-
tions entraînant des décisions d'impor-
tance. - 1
Des déplacements de troupes «,illemande.;
sont en même temps signalés des Flandres
vers l'Est.
Que peut bien signifier tout ce branle-Uaa
et qu'en faut-il augurer ?
Ni les Allemands ni les Maximalistes ne
sont gens à abandonner la partie de gaité
de cœur. Nous les connaissons mal les un ;
et les autres en pouvant nous l'imaginer un
instant.
Il est parfaitement vraisemblable que les
Alliés, en précipitant les choses par leur dou-
ble action à Arkhangel et à Vladivostok,
ont quelque peu dérangé les plana alle-
mands. Nos ennemis sont forcés d'en tirer
les conséquences iplus tôt qu'ils ne pen-
saient. Leur embarras est grand, la si ,.-i
tion militaire à l'Ouest ne leur permet-tïm*:
de distraire aucun élément alors qu'à l'Lst
les .populations qui ne peuvent être conte-
nues que par la force, ne dissimulent ni us
leurs sentiments a l'égard des Allemand.
Il appartient à l'Entente de ne pas se lais-
ser surprendre à son tour par les événe-
ments.
Les Allemands, gagnés de vitesse à
l'Est comme à l'Ouest, sont à présent dé-
concertés, mais forcés d'agir tout de même
en risquant le coup. L'Entente, sur ses gar-
des, ne leur permettra pas non plus cette
réussite.
Louis BRESSE.
VOIR EN DEUXIEME PAGE
LES DEPECHES DE L'ETRANGER
Osa 0 il t
-- --
Unio~-i Sacrée En passant
Union Sacrée
Je descendais la rue d'Hauteville ; devait mof
marchait une pauvre petite apprentie, maigre et
chetive, qui portait, tant bien que mai, une
grande feuille de carton rectangulaïre liés
-épt:!J:s.se, trop large pour être mise sous son bras.
La pauvre enfant soutenait son fardeau de côté,
avec ses deux mains, en crispant ses doigts aux-
quels il échappait souvent : alors, elle s'arrêtait
une minute pour dégourdir ses minces phalan-
ges fatiguées, puis elle reprenait sa marche :
.s'.HTêt:mt ainsi tous les 'trai-s pas, s'énervant, se
lassant, accablée de Chaleur !
Je pensais qu'elle n'arriverait jamais à son
but ; et encore une fois je constatais que Tes
patrons demandent bien souvent « l'impossible »
— sans même s'en apercevoir.
Tout à coup 'une petite femme très élégante,
qui marchait sur le trottoir opposé, eti qui, sans
doute, faisait les mêmes réflexions que moi, tra-
versa la rue e.t dit à l'apprentie :
Il — Voilez-vous que je vous aide ?. En pre-
nant le carton chacune -al' un bout, ça ira tout
seul. Vous êtes si malheureuse avec cette
grande chose !. c'est nitié de vous voir !. »
La petite était stupéfaite de cette bienveillante
intervention inattendue : elle était tellement sur-
prise et haletante qu'elle ne remercia même
pas. -
Toutes dclix se mirent en routé, portant l'en-
cembrant carton. et en effet. maintenant ça aï-
kit tout seul ! - Tout en marchant, la dame
,',¡t:'Q'[\nt(, causait, avec la petite mie du peuple et
j'entendis celle-ci qui disait, confuse : « Oh !
vous avez 'des gants blancs ! mon carton vous
les a tout salis ! quel dommage ! »
- Ne vous infillidez pas de ça, répondit rai-
mable petite dame, nous devons pratiquer l.'u-'
ni on sacrée : Ù!t:'ants ou pauvres it huit bien
Ions a'\ lripl!re un peu !. Les Poilus eu voù-nt
bien d'autres !. Qui sailli. à l'heure qu'il est,
n,<:n fivre et le vôtre ne s'entr aident pas d'une
façon plus mériloire, là-bas, &ur le front de Pi-
ca klie- !.
C.1I( le Gab.
tS
Aujourd'hui
Le concierge psychologue
Lorsqu'on va, pour la première fois, nom
révèle le Carnet de la Semaine, rendre vr..
site à M. Louis Barthou, qui hahite, ave-
nue d'An tin, un appartement orné de cho-
ses les plus rares et meublé des livres les
plus beaux, le concierge de l'immeuble rOH,
dévisage un instant.
Puis, péremploire, il répond :
— M. Barthou ?. Au quatrième !
Ou bien :
— M. Barthou ?. Au cinquième ?.
Parce qu'en principe, l'ancien président
du Conseil reçoit au quatrième étage ses
amis personnels, et au cinquième ses élee»
leurs ou ses « clients ».
C'est le concierge qui a la charge de dlJ-
viner ce que sont les visiteurs, s'ils sont
amis personnels ou « clients ». Il parait
qu'il a un flair particulier et qu'il ne .trompe jamaisou presque.
<8
Autrefois
En l'an 193
M. Salomon Reinach a lait, à l'Académie
des Inscriptions, une curieuse communica.
lion sur l'emploi des taximètres dans l'an.
ciennc Rome. En J'an 193, la vente des
biens personnels de l'empereur Commode
fiïï annoncée aux amateurs par des affiches
dont le texte ressemblait beaucoup à celui
de nos affiches modernes et, de ces affi-
ches, M. S. Reinach a retrouvé des extraits
ilùi mentionnent, dans l'énumération dt.
meubles impériaux, des « voitures munies
de compteurs de vitesse et d'horloges t),
cest-à-dire de voitures pourvues de taximè-
tres.
Ces appareils, déjà connus sous Auguste,
ne furent perfectionnés que plus tard, 09
M. S. Reinach estime que les perfectionne-
ments sont, dus à Néron d'Alexandrie, écri-
vain technique qui vivait à là fin du siècle
des Antonins ct exerçait ses talents entre
160 et im après L-C.
Le Tapla
Lie - Numero: DIX CENTIMES
MERCREDI 14 AOUT 1918. — No f7.«31
AUGUSTE VACQUERIR
Fondateur (1869)
TELEPHONE
Nord : 51-93, 2i-?l
s* Après 10 h. du soir :GUTENBERG 00-79
ROM U ITBLICLTE
S'adresser au RAPPEL-PUBLICITÉ
28, bt de Strasbourg. — PARIS
Les manuscrits non inscrits ne sont pas rendus
EDMOND DU MESNIL
Directeur
ABONNEMENTS
Un an Six mois Trois mois
SEINE & S.-ET-OISE.. 18 » 9 85 »
FRANCE & COLONIES.. 20 a 11 n 6 »
ETRANGER. 32 » 18 » 9 »
REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de Strasbourg. — PARIS.
TRIBUNE LIBRE
01
.La réquisition eschevaul
En vérité, le 13 juin dernier,
à Vauvillers (Haute-Saône), on
ne se serait pas cru en Répu-
blique. C'était un jour de ré-
quisition de chevaux. Les mem-
bres de la commission, le verbe
haut, se comportaient comme les sei-
gneurs à l'époque du règne du « bon
plaisir ».
Un cultivateur faisait-il observer res-
pectueusement que, si on lui prenait le
meilleur de ses deux chevaux, il ne
pourrait plus, avec un seul cheval, cul-
tiver: les trente hectares dont se compo-
sait son exploitation, un officier lui ré-
pondait par cette expression savoureuse
et extraparlementaire : « Je m'en f. »
Quant aux prix offerts, ils étaient très
Inférieurs à ceux du commerce. Telle
personne qui avait refusé, la veille,
2.400 francs d'un cheval, se voyait en-
lever cet animal-pour 1.500 francs. Pro-
lester était peine inutile.
Nous avons reçu plaintes sur plain-
les contre de tels procédés ; nous les
avons transmises en haut lieu. Des pro-
priétaires, lésés gravement dans leurs
intérêts, ont adressé eux-mêmes des
réclamations, les uns à l'autorité admi-
nistrative, les autres à l'autorité mili-
taire
Un de nos amis, maire d'une com-
mune voisine de Vauvillers, a écrit à
M. le Préfet de la Haute-Saône. Ce der-
nier, toujours si dévoué aur intérêts de
ses administrés, s'est empressé de lui ré-
pondre. Nous sommes heureux de pu-
blier la lettre de M. Lamy-Boisrozier.
Nos lecteurs ruraux y pourront puiser
d'utiles renseignements. Voici ce docu-
ment :
« Par lettre en date du 7 courant,
Tous me signalez qu'un cheval vous ap-
partenant vous a été réquisitionné pour
1.550 francs alors que, selon vous, il
calait 2.500 francs.
« J'ai le regret de vous faire connaî-
tre que je ne puis malheureusement pas
intervenir en votre faveur, les opéra-
tions des commissions échappant .d'une
façon complète au contrôle de mon ad-
ministration.
Si vous estimiez insuffisante l'in-
demnité qui vous - a été offerte: il fallait
-la refuser, ce qui aurait eu pour consé-
quence la délivrance d'un ordre et d'un
reçu de réquisition. Ces pièces vous au-
raient alors permis de fixer vous-même
le prix de votre animal lequel aurait été
estimé par la Commission départemen-
tale d'évaluation des réquisitions en
prenant pour base les tarifs ministé-
riels.
« Si cette évaluation ne vous avait pas
donné satisfaction, vous pouviez appe-
lerl'autorité militaire en la personne Hu
sou3-intendant, devant le juge de paix
'de ,(Are canton et, en cas de non arran-
gement, devant le tribunal compétent.
: « Actuellement, comme le laisse sup-
poser votre lettre, vous avez accepté le
mandat qui vous a été délivré, vous ne
pouvez plus exercer aucun recours.
J'ajouterai, qu'en la circonstance, si
un membre de la Commission, dans le
but de peser sur votre décision, vous a
'dit que vous ne seriez payé que dans
six mois, il a eu tort. p
Le général commandant la région, au-
près de qui des cultivateurs avaient ré-
clamé contre l'insuffisance des prix, a
promis qu'une enquête serait faite et
que, autant que possible, satisfaction se-
rait donnée aux intéressés. Nous tien-
drons la main à ce que cette promesse
soit exécutée. Le prix spécial de chaque
cheval doit être fixé d'après les évalua-
tions qui ont été faites le 2 août lors
(l'une nouvelle réquisition à, Vauvillers
où les prix ont varié entre 2.1.00 francs
et 3.000 francs:
Ces dernières estimations sont la con-
séquence heureuse des protestations éle-
vées contre les opérations du 8 juin.
Nos amis y puiseront un enseignement
Ils n'hésiteront pas à signaler aux auto-
rités compétentes lès erreurs dont ils
Seraient victimes. Leurs. doléances se-
ront mieux écoutées si elles sont collec-
tives et si elles sont transmises par
leurs élus, conseillers généraux, dépu-
tés, sénateurs. Ces mandataires doivent
êtrf en contact permanent avec les po-
pulations et ne se laisser paralyser par
- aucune considération.
Quant à la presse de combat, elle con-
tinuera à lutter vigoureusement contre
les abus et contre tous ceux qui par-
leur coupable inertie, les favoriseraient.
JULES HAYAUX.
— 1
L'effort américain
On mande de New-York au Daily Neus
qu'actuellement les dépenses quotidiennes
atteignent 50 millions do dollars. Les enrô-
lements s'élèvent mensuellement à '100.000
hommes c! l'on transporte en France cha-
que semaine 75.000 îwinmes.
180 navires, du type lance à l'île lIug-,
sont aujourd'hui presque termines. Ils l'e-
présentent. pour un seul chiiiitie-iun total
d'un million détonnes.
On achève tous les jourj la construction
c'un croiseur Ivpe Eiigle :). et le 1" août
75.000 automobiles ont éL! commandées.
A lui seul, l'Etat d'Arixona produit plus
de cuivre qu'il n'en faut pour faire face
aux besoin^ d.e l'Alliance entière.
LA RIPOSTE DE FOCH
- UNE NOUVELLE ATTAQUE ÉNTRE LE MATZ ET L'OISE
PORTE LES TROUPES FRANÇAISES PRES DE LASSIGNY
L'ACTUALITÉ
Monsieur Scheideman
Pour gagner la guerre de
1870, pour imposer à la Fran-
ce vaincue le traité de Franc-
fort, pour dépecer notre pays,
l'Allemagne eut de Moltke et
Bismarck.
Pour forger de Houtes piè-
ces une Mittcleuropa issue du carnage,
pour coucher la Belgique sous la botte
éperonnée, pour morceler le sol de là
République et nous ruiner à jamais,
pour avilir les travailleurs de France,
d'Angleterre, d'Italie, à l'image des ré-
volutionnaires russes pour en faire les
complices inconscients ou les dupes
aveugles du militarisme prussien, VAlle-
magne a son Hïndenburg et, mieux en
core, son monsieur Scheideman.
Tout cela — violence, mépris du
droit, trahison, assassinat des hommes
et des consciences — tout cela prétend
s'incarner dans une formule : la patrie
allemande.
La patrie allemande, selon de Moltke
et Bismarck, il y a quarante-huit ans,
selon Hindenburg et Scheideman 'au-
jourd'hui, c'est le monde entier. La
liberté des peuples, on prétend la vou-
loir à Berlin, mais elle n'est admissible
que contrôlée par l'Allemagne ; la So-
ciété des Nations n'effraie par le Kaiser,
sous cette réserve qu'il la présidera, la
dirigera, en sera le maître absolu. -
La çaste militaire ne cherche pas au-
tre chose sur les champs de bataille où
VEurope, s'épuise. Quand il déchaîna
la guerre contre la France et la Russie,
l'empereur prussien croyait avoir pesé
ses chances et ses risques.
Ses chances, c'était d'établir à l'est
et à l'ouest de l'Allemagne une situation
toute nouvelle et de tous points favo-
süti, 7 grignotages nr
Belgique, en France, en Russie ; nouvel
isolement de la France, alliance avec
les tsars. C'était aussi une « prise de
sang » considérable faite sur l'organis-
irtc trop vigoureux, et par cela même
inquiétant, de la sozialdemocratie.
Ses risques, il les avait estimés au
minimum et, quels qu'ils fussent, ils
devaient lui laisser quelques avantages,
ne fût-ce que d'avoir détourne de son
cours le torrent démocratique dont la
menace devenait j?lu$. vive.
Le calcul allemand fut faussé dès le
premier jour. Il n'y était prévu ni l'hos-
tilité de l'Italie, ni l'endurance de la
Belgique, ni le rôle actif de l'Angleterre,
ni l'entrée en lice des Etats-Unis.
Au milieu de tant de revers de fortu-
ne dont un seul pouvait suffire pour je-
ter l'Allemagne à terre, le Kaiser fut
servi paî- deux événements considéra-
bles : l'assassinat de Jaurès et le servi-
lismetde M. Scheideman.
La disparition du leader socialiste
français, patriote plein d'autorité, suffit
pour plonger dans le désarroi, au béné-
fice de VAllemagne, le socialisme inter-
national. Les peuples subirent la guer-
re ; ils ne participèrent en rien à sa di-
rection.
Dès lors, il suffisait de trouver en Al-
lemagne un monsieur Scheideman pour
étouffer les aspirations démocratiques
populaires et pour asservir étroitement
à la volonté militariste prussienne les
masses ouvrières caporalismes.
Monsieur Scheideman a fait cela. Il
paraît que ses électeurs, à Solingen,
commencent à s'apercevoir que le so-
cialisme allemand fait les frais de la
guerre.
« Ce serait une honte si le traître pou-
vait encore prononcer un seul mot de-
vant les ouvriers de Solingen. »
Ces paroles ne sont pas les nôtres. Ce
sonf, les leurs, des paroles allemandes
La justice serait-elle en marche ?
--
Bombardement aérien
de Francfort et llaguenau
Une escadrille britannique a attaqué: avec
succès les usines d'aéroplanes et de pro-
duits chimiques de Francfort et a observé
des explosions au ccnLr de ces objectifs.
Attaquée par un grand nombre d'aéro-
planes allemands de chasse, elle eu a dé-
truit deux. La lutte a continué sur un par-
cours de 30 milles. Tous les aéroplanes
sont rentrés.
Luc 'llUll'è escadrille britannique a aU-i-
que l'aérodrome de 1 lagiicnau.
Assaillie ipar un grand n'ombre d'a'vions
de chasse ennemis au mument où elle fran-
chissait tes lignes, elle en a détruit quatre
d en a obligé uu à descendre désemparé ;
elle a perdu deux de ses appareils. ,
Poursuivant sa rouie, elle est allée bom-
barder son objectif, obtenant un coup di-
rect sur tln: grand (baraquement (le. l'aéro-
drome et détruisant, au moyen d'une autre
bombe, quatre avions ennemis il terre.
Communiqués Français
14 HEURES.
Aucun événement important à signaler au cours de la nuit sur le front de ba
taille
Plusieurs coups de main ennemis dans les Vosges et la Haute-Alsace n'ont ob
tenu aucun résultat,
23 HEURES.
Au cours de la journée, nos troupes ont repris leurs attaques dans la région
boisée entre le Matz et l'Oise. En dépit de Ja forte résistance opposée par l'ennemi,
nous avons réussi à réaliser des progrès au nord-est de Gury. Nous avons pris pied
dans le parc de Plessier-de-Roye et atteint BelvaI. Plus à l'est, nous avons porté nos
lignes à deux kilomètres environ au nord du village de Cambronne.
Rien à signaler sur le reste du front. , x
Communiqués britanniques
14 HEURES.
Sur le ont de bataille, nos troupes ont de nouveau amélioré leurs positions
au nord de la route de Roye et sur la r ive nord de la Somme. Elles imt fait des
prisonniers.
Une attaque locale, aux environs de Fouquescourt à été repoussée.
Pendant la nuit d'hier, nos patrouilles ont fait des prisonniers au sud de ISl
Scarpe et aux environs de Vieux-Berquin.
Dans le secteur de Merris, une ttaqu^çnnaïBie a été nppoussée, après tm Vif
combat.
23 HEURES.
La journée a été relativement calme sur le front de bataille en dehors d'une aug.-
mentation d'activité de l'artillerie ennemie.
Nous avons fait quelques prisonniers en différents points.
On signale quelques raids sur le reste du front britannique et une certaine acti-
vité de patrouilles au sud de la Soarpe, au nord-est de Robecq et aux virons de
Vieus-Berquin.
Le nombre des prisonniers capturés par la lre armée française et la 4e armée
britannique depuis la matinée du 8 août dépasse 28.000, dont 8QQ officiers, y compris
8 commandants de régiments. •
Pendant la même période, ces deux armées ont pris environ r-t\t) canons alle-
mands, dont beaucoup de gros calibres, ainsi que plusieurs milliers de mitrailleu-
ses et de nombreux mortiers de tranchée qui n'ont pas encore été dénombrés.
Dans le matériel capturé figurent : trois trains complets et de vastes dépôts de ma-
tériel du génie et de ravitaillement.
Autour de la Bataille
La résistance de l'ennemi demeure per-
sistante. Le principal offert de l'armée porte
d'abord sur le puissant massif de Rollot et
de ttoulogne-la-Grasse. Ces vergers mon-
tiueux ne sont que bouleversements et rui-
nes. Le spectacle dépasse l'imagination. Des
cadivres allemands sont couchés dans tous
les coins. -
L'élan-de nos troupes les a portées Jus-
qu'à la li^ne. du' C'etTrin^dcf'fer de Compie-
gne à Roye. Dans l'ensemble, la résistance
allemande s'appuie non sur les arriere-
gardes, mais sur les mitrailleuses mobiles
on quinconce très difficiles à saisir. L'en-
nemi résiste ainsi sur toute la partie ouest
du massif de Tliiescourt, mais il est pressé
vivement.
Même obstination sur fa lisière ouest de
Gurv et ia crête allant ck Gury à Marcuil-
la-Molle. Au nord de cette dernière locali-
té les tirailleurs d'une division ont atteint la
ferme Saint-Claude suir le plateau comman-
dant toute la région. Les Allemands ont dû,
au bois du Plessier, au nord-est de Cany,
appeler à leur secours des balaillons se
trouvant aux environs.
Lnssigny-Roye-Noyon
De M. Gerald Campbell, avec l'armée
française, 12 août. - L'armée du général
Humibcrt a avancé ses ligues sur la droite
de la ferme Canny. exactement an sud do
HGye. De là, elles descendent au sud, jr.is'e
è. l'est de Moreuit, où elles coupent la route
de Lassigny, puis tournent au sud-est, à
travers le cœur du 'bois de Thiescaurt, vers
Montigny, d'où elles glissent vers l'Oise, a
l'est de Cambronne, à moins d'un mille à
l'ouest de l'ancienne ligne die 1011, à Ribe-
court.
De la ferme Cnnny, les Français dont!-
nent. de très près, la route de Lassiguy à
Roye, fei bien que la voie de retraite des
crêtes de Lassignv, à l'ouest du Matz, !;e
trouve barrée à l'ennemi et, de la ferme
Boile-Assise, l'on a une ,\'Iue très nette S'll,r 'a
vallée de l'Oise.
A moins de deux milles au delà, les crê-
tes s'affaissent dans la plaine de la vallée
de la Divelle, et do leurs éperons, de. ce
coté, l'on peut voir, au nord, directement
nar dessus la vallée, jusqu'au bois de la
Réserve et deux longues hauteurs qui des-
cendent vers l'oise par le mont Renaud,
tout proche de Noyon.
70.000 prisonniers
depuis le 18 Juillet
Aucun communiqué officiel n'a encore
donné le chiffre des prisonniers pour les
seules journées dés S, 0, 10 et 11 août. Le
cihïfle total dépasse maintenant 37.000 hom-
mes, dont plus de 2.300 officiers.
Quant au nombre dies canons, il est for-
midable t plus de 1.000 !
Enfin, le nombre des mil railleuses dépas-
sera certainement W.OOO.
En bloc, 70.000 prisonniers depuis le 18
juillet.. ,
Le matériel abandonné
Le matérie l et surtout le petit matériel
abandonné dans la région de Boulogne-Ia-
Grasse au massif de Thiescourt région
ouest de Lassigny, jonche littéralement le
terrain reconquis. Obus, grenades, équipe-
ments, vêtements, bottes, couvrent le sol.
Un immensemagasin db munition? fut en-
lév\'< ;i lîessons-s'ur-Matz. "Nous y avons
trouvé des grenades de lotus modèles, des
sacs à terre, et des bandes de pansement
en papier, des fusées t quoi encoire ? Un
petit SIIC de blé que le garde-magasin, ser-
gent Groth, s'apprètait à expédier en Alle-
niagne, à sa sensible mais offaméo épouse.
G-raee Annv Groth, fout un courrier de ré-
gimenl ^ui, dépouillé, nous a. livré des anec-
dotes bien savoureuses, connue la lettre ina-
chevée disant. : « Les obus français nous
ont tué un obérai, fwdle bonne aubaine
Nous l'avons mangé, mais aujourd'hui,
nous n'avons plus de viande ! »
Les sanglantes hécatombes
Les difficullés croissantes de la retraite
moussent les Allemands à des sacrifices dé-
sespérés pour faire échec à l'avance des Al-
1
IiÓs, Aux alentours des positions du plateau
de Thie^ecMri, leurs perles sont extrême-
ment élevées. Leurs morts jonchent 10
champ de bataille et l'on en découvre dans
des trous d'obus et dans des encognures où
l'on a vainement cherché à se protéger con-
tre le feu français. Auprès d'eux, l'on cueil-
le des survivants dans toutes les'cachettes
possibles.
Un nnératewr ,'rtHe«inlfd,'lteM«ittvs-f!l a été
découvert au fond d'un puitfe. D'autres, en
grappes, furent chassés-hors des fourrés,
des gorges et des forêts où ils s'étaient ré-
fugiés pendant ]a retraito. Des postes de
commandements de brigades et de régi-
ment. fournissent la preuve la plus évi-
dente de la bâte avec laquelle l'ennemi dé-
campa Le courrier au complet d'un régi-
ment, mut prêt à être transmis en Allema-
gne, fut capturé Ú Rcssons-pur-Matz. Çà c'
ln, il se trouvait des lettres à moitié ache-
vées. indiquant la précipitation des corres-
pondants.
t — .1—11 *
D'UN SECTEUR A L'AUTRE
--+.--.---
'Ce.s jiours-ci. le (général commandant une
division française voyant un bataillon hé
siter à s'aventurer sur le terrain battu par
les mitrailleuses 'avan(;[I, vers ses hommes
et leur cria : « Vous voyez 'l>ien que les
Roches sont. partis ! » Trois :h('lqlres après,
le régiment avait progressé de sept kilomè-
tres.
- Une dépêche de Londres assure qu'une
division autrichienne a été identifiée en Pi-
cardie.
On attribue, d'autre part, la fermeture 1e
la frontière austro-suisse, à des transports
de troupes autrichiennes sur le front fran-
çais.
— L'as des as allemand, l'aviateur Lœ-
venl:!:tr, n été abattu. Le communiqué al-
lemand du 5 août lui attribuait 51 victoi-
res.
— Ce -sont los 2e et 4e régiments de la
Garde impériale qui couvrent Iii roule de
Péronne. soutenus par une division bava-
roise d'élite, la iie.
———————————— illJH ————————————
Les ruses allemandes
Tandis que les Allemands tâchent d'orga-
niser devant leurs troupes désemparées •un
réseau de plus en plus résistant, ils ne né-
gligent pas les petits moyens déttensifs. Dé-
jà, lors de son repli en 1*917, l'ennemi avait
parsemé le terrain abandonné d'embûches
et de pièges. Le recul hâtif auquel nous
l'avons obligé ne lui a pas permis de réé-
diter les ruses longues à préparer, mais sur
de nombreux points où nos troupes ont. pé-
nétré elles ont eu à se méfier de certains
dispositifs dont -les plus communs sont
ceux-ci.
Le trébuchet, qui est une planche posés
horizontalement et simulant un siège à l'en-
trée d'un abri. Au moment où l'on s'assied,
le. planche cède légèrement : à son extrémité
opposée est une pointe servant de rugueux
qui met le feu à une charge, dissimulée de
diverses manières.
Il y a aussi la planche en équilibre ins-
table, basculant au passage ffun hou une ;
chaque extrémité est reliée ù une caisse do
grenades dont elle détermine l'explosion,
soit par, traction, soit par pression.
Ou bien des charges d'explosifs sont dis-
simulées flans un grand nombre d'abris
sous les châssis ou dans les parois, à une
hauteur de trois mètres environ au-dessus
du sol. Les fils de. mise à feu s'enterrent
dans le sol; et sont reliés à un mécanisme
préparé pour faire détoner les charges.
Un certain nombre de dispositifs à rc-
tard ont été découverts : mouvements
d'horlogerie, fils d'acier faisant ressort, d'un
por< ai t'en r _et rongés petit à petit par un
acide d nlS lequel ils sont noyés, etc. (Ces
dispositifs sont en général assez longs à or-
ganiser.) général assez loiios it or-
Des objets d'un usage courant, des cas-
ques, des armes, des morceaux de carton,
etc., sont reliés par une ficelle à des grena-
des amorcées qui explosent par simple dé-
placement de ces objets.
LA SITUATION
-..-
Retraite pénible
Si l'on s'en tenait rigoureusement cnte
termes des communiqués officiels français
et britanniques, on serait en droit de suppo-
ser que les deux grandes batailles déclen-
chées par noire commandement ont atteint
leur point mort.
Plus d'activité sur la Vesle. On y lient so-
lidement les lignes. C'est tout.
Entre l'Oise et fAvfC, le grand mouve-
ment en avant a pris fin. On observe en-
core des combats locaux ; ces combats sont
très, durs, mais ils donnent peu de résultats
eri tant que gaîns de terrain. En faul-ît dé-
duire que l'cnnem i s'est ressaisi et qu'il
s'est établi sur de fortes positions d'arrêt
d'où nous rie les délogerons que par un nou-
vel assaut ? Cet assaut, devons-nous l'orga-
niser ?
Telles sont les apparences, 'et les ques-
tions. La réalité présente quelques parMcM-.
tarifés conduisant à d'autres conclusions-
Dans le Tardenois, il est vrai, l'action a
fait plus que mollir.La bataille offensive est
nettement interrompue, ce qui ne signifie
pas du tout qu'il y ait suspension de l'offen-
sive elle-même dans ce vaste secteur. On
s'en apercevra birmfM.
De l'Oise à l'Ancre, la situation est diffé-
rente. L'ennemi, doit faire face à une re-
traite des plus difficiles dont nous allons
examiner les détails après avoir observé
que le maréchal Foch tend à éviter, de la
tactique allemande, tout ce qui fut funeste
à son adversaire.
pas de poches profondes, pas dr batailles
poussées jusqu'à l'épuisement complet des
meilleures troupes de choc s'eflorçant de
brûler les étapes- pour accroître la profon-
deur de pénétration — bien que l'état-major
allemand affirme urbi et orbi ne point s'at-
tacher à la possession du terrain.
Mais, par contre, notre généralissime met
en vratique sa formule de anerre : destruc-
tion des forces adverses. Il y emoloir, ma.
aistralemcnt., l'artillerie, les tanls, l'avia-
tion.,
Peut-être avons-nous h tort, nous tons
qui écrivons pour le public, de ne point as-
sez retenir l'titi C Il Unn. sur les communiqués
de l'aviation, lesquels en nuelaues lignes,
nous .firent sur l'ampleur du désastre alle-
mand. ,
Westructron -des forces adverses ne signi-
fie nas - obligatoirement anéantissement des
troupes.
On détruit une armée en mettant hors de
('lm hrrf nar mort. blessure* ou canture le
plus arand nombre d'hommes possible,
r'r
Maïs on la détruit, aussi, et non moins cf.
ficacement, en la privant de tout ce qui fait
sa puissance ; artillere, munitions, convois,
vivres, etc.
A ce point de vue. les batailles de la Mar-
ne. de l'Oureq. de l'Aisne, de l'Oise. de la
Somme et de VAvre sont des chefs-d'œuvre
de l'art militaire.
On dit que le Kaiser ne s'est pas senti le
coeur assez solide ni l'âme a?sez forte pour
continuer ù contempler Une bataille dont il
avait salué avec tant d'enivrement les
débuts.
Camille DEVILAR.
-..0
Conseil des Ministres
---.-
Les ministres, réunis en conseil à l'Ely-
sée, sous la présidence de M. Poinearé, se
sont entretenus de la situation militaire et
diplomatique.
Le ministre de la marine a soumis à la
signature ou Président de la République la
promotion au grade de contre-amiral du
capitaine de vaisseau Delzons .Pier.re-HeJl-
rii, du capitaine de vaisseau Pugliesi-Couti
(Henri-René) e,t du ,.cnpHninc de vaisseau
Beaussaut (Auguste-René).
Le minisire de la marine a fait signer
également la nomination du mécanicien gé-
néral de deuxième classe Bouchard (Jî^tn-
Bapliste) au grade de mécanicien général
de première classe et du mécanicien-inspec-
teur de première classe Ginabat au grade de
mécanicien général de deuxième classe.
Scheideman à Solingen
.♦«
Scheideman a fait jeudi dernier une vi-
site, à ses électeurs qui, semble-t-il, sont
pour la plupart des indépendants. Le chef
du vieux parti désirait entretenir les so-
cialistes de Solingen de l'attitude de la so-
cial-democrade pendant !a guerre.
Les radicaux avaient lancé une procla-
mation, sur laquelle on pouvait lire:
« Scheideman arrive ! L'occasion nous est
enfin donnée de régler nos comptes avet
•e traître. Pensez aux camarades qui sont
en prison et prouvez à Scheideman que
vous n'êtes ipas des veaux. de serait une
honte si le traître pouvait encore pronon-
cer un seul mot devant les ouvriers de So-
lingen. »
Et Scheideman ne prononça pas un
mot.
Des six heures du soir, la salle où la
conférence devint commencer à huit heu-
res, était prise d'assaut. A huit heures, les
portes de la salle, qui contenait plus de 3.000
personnes, ftrfrnl: fermées par la police.
L'entrée du chef de la social-démocratie
fut saluée par des cris de : traître, bandit,
comédien. Ni Schcideman, ni le président
du meetiny ne purent se faire comprendre.
La majorité des auditeurs avaient décidé
qu'ils ne parleraient pas et la réunion fut
levée par la police au milieu d'un tumulte
indescriptible.
La presse majoritaire, le Vorwaerts en
tête, se montre très irritée de ce quelle ap-
pelle le u scandale sans nom de Solingen ».
On annonce, en attendant, que Scheide-
man ne retournera provisoirement plus
dans sa circonscription.
POLITIQUE ETRANGERE
La carte Hintze
La fuite de Lénine et Trotsky à Cron.
stadt, telle celle de Mahomet à Médine,
n'est nullement confirmée et l'on ne s'ex-
plique pas très bien les raisons qu'avait b
service allemand de propagande de répan-
dre cette nouvelle tendancieuse ou tout au
moins prématurée. D'autre part, on annon-
ce de Berlin le départ pour Moscou de M.
loffe, le représentant maximaliste dans
cette ville. Ce départ ne serait pas qu'une
pure coïncidence avec celui d'Helfferich.
Au G. Q. G. allemand se succèdent, en
outre, les visites et les conférences, ûmiral
von Hintze, Helfferich. HertJing, Boris du
Bulgarie, l'Empereur Charles et Burian. H
semble qu'il s'agisse de graves délibéra-
tions entraînant des décisions d'impor-
tance. - 1
Des déplacements de troupes «,illemande.;
sont en même temps signalés des Flandres
vers l'Est.
Que peut bien signifier tout ce branle-Uaa
et qu'en faut-il augurer ?
Ni les Allemands ni les Maximalistes ne
sont gens à abandonner la partie de gaité
de cœur. Nous les connaissons mal les un ;
et les autres en pouvant nous l'imaginer un
instant.
Il est parfaitement vraisemblable que les
Alliés, en précipitant les choses par leur dou-
ble action à Arkhangel et à Vladivostok,
ont quelque peu dérangé les plana alle-
mands. Nos ennemis sont forcés d'en tirer
les conséquences iplus tôt qu'ils ne pen-
saient. Leur embarras est grand, la si ,.-i
tion militaire à l'Ouest ne leur permet-tïm*:
de distraire aucun élément alors qu'à l'Lst
les .populations qui ne peuvent être conte-
nues que par la force, ne dissimulent ni us
leurs sentiments a l'égard des Allemand.
Il appartient à l'Entente de ne pas se lais-
ser surprendre à son tour par les événe-
ments.
Les Allemands, gagnés de vitesse à
l'Est comme à l'Ouest, sont à présent dé-
concertés, mais forcés d'agir tout de même
en risquant le coup. L'Entente, sur ses gar-
des, ne leur permettra pas non plus cette
réussite.
Louis BRESSE.
VOIR EN DEUXIEME PAGE
LES DEPECHES DE L'ETRANGER
Osa 0 il t
-- --
Unio~-i Sacrée En passant
Union Sacrée
Je descendais la rue d'Hauteville ; devait mof
marchait une pauvre petite apprentie, maigre et
chetive, qui portait, tant bien que mai, une
grande feuille de carton rectangulaïre liés
-épt:!J:s.se, trop large pour être mise sous son bras.
La pauvre enfant soutenait son fardeau de côté,
avec ses deux mains, en crispant ses doigts aux-
quels il échappait souvent : alors, elle s'arrêtait
une minute pour dégourdir ses minces phalan-
ges fatiguées, puis elle reprenait sa marche :
.s'.HTêt:mt ainsi tous les 'trai-s pas, s'énervant, se
lassant, accablée de Chaleur !
Je pensais qu'elle n'arriverait jamais à son
but ; et encore une fois je constatais que Tes
patrons demandent bien souvent « l'impossible »
— sans même s'en apercevoir.
Tout à coup 'une petite femme très élégante,
qui marchait sur le trottoir opposé, eti qui, sans
doute, faisait les mêmes réflexions que moi, tra-
versa la rue e.t dit à l'apprentie :
Il — Voilez-vous que je vous aide ?. En pre-
nant le carton chacune -al' un bout, ça ira tout
seul. Vous êtes si malheureuse avec cette
grande chose !. c'est nitié de vous voir !. »
La petite était stupéfaite de cette bienveillante
intervention inattendue : elle était tellement sur-
prise et haletante qu'elle ne remercia même
pas. -
Toutes dclix se mirent en routé, portant l'en-
cembrant carton. et en effet. maintenant ça aï-
kit tout seul ! - Tout en marchant, la dame
,',¡t:'Q'[\nt(, causait, avec la petite mie du peuple et
j'entendis celle-ci qui disait, confuse : « Oh !
vous avez 'des gants blancs ! mon carton vous
les a tout salis ! quel dommage ! »
- Ne vous infillidez pas de ça, répondit rai-
mable petite dame, nous devons pratiquer l.'u-'
ni on sacrée : Ù!t:'ants ou pauvres it huit bien
Ions a'\ lripl!re un peu !. Les Poilus eu voù-nt
bien d'autres !. Qui sailli. à l'heure qu'il est,
n,<:n fivre et le vôtre ne s'entr aident pas d'une
façon plus mériloire, là-bas, &ur le front de Pi-
ca klie- !.
C.1I( le Gab.
tS
Aujourd'hui
Le concierge psychologue
Lorsqu'on va, pour la première fois, nom
révèle le Carnet de la Semaine, rendre vr..
site à M. Louis Barthou, qui hahite, ave-
nue d'An tin, un appartement orné de cho-
ses les plus rares et meublé des livres les
plus beaux, le concierge de l'immeuble rOH,
dévisage un instant.
Puis, péremploire, il répond :
— M. Barthou ?. Au quatrième !
Ou bien :
— M. Barthou ?. Au cinquième ?.
Parce qu'en principe, l'ancien président
du Conseil reçoit au quatrième étage ses
amis personnels, et au cinquième ses élee»
leurs ou ses « clients ».
C'est le concierge qui a la charge de dlJ-
viner ce que sont les visiteurs, s'ils sont
amis personnels ou « clients ». Il parait
qu'il a un flair particulier et qu'il ne .trompe jamaisou presque.
<8
Autrefois
En l'an 193
M. Salomon Reinach a lait, à l'Académie
des Inscriptions, une curieuse communica.
lion sur l'emploi des taximètres dans l'an.
ciennc Rome. En J'an 193, la vente des
biens personnels de l'empereur Commode
fiïï annoncée aux amateurs par des affiches
dont le texte ressemblait beaucoup à celui
de nos affiches modernes et, de ces affi-
ches, M. S. Reinach a retrouvé des extraits
ilùi mentionnent, dans l'énumération dt.
meubles impériaux, des « voitures munies
de compteurs de vitesse et d'horloges t),
cest-à-dire de voitures pourvues de taximè-
tres.
Ces appareils, déjà connus sous Auguste,
ne furent perfectionnés que plus tard, 09
M. S. Reinach estime que les perfectionne-
ments sont, dus à Néron d'Alexandrie, écri-
vain technique qui vivait à là fin du siècle
des Antonins ct exerçait ses talents entre
160 et im après L-C.
Le Tapla
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