Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-08-09
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 août 1918 09 août 1918
Description : 1918/08/09 (N17431). 1918/08/09 (N17431).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
81 THERMIDOR, AN 128. - N° 17.431
Ce 'Nubkf ô ré DIX CENTIMES
VENDREDI 9 AOUT 1918. - N° 17.451
AUGUSTE VACQUERIE
Fandataur (fB09)
TELEPHONE
Nord : 24-90, 24-91
ftpttl 10 h. du soir : «GUT6NBÇB0 00."
POUR LA PUBLICITE
6'adreww au BdPPEl-PUBUCiTB
38S M de 'SLrasbQur, -- PARIS
Les manuscros non insçr-. sont pos rendus
EDMOND DU MBSNIL
DI,-ecfeu". -- **
ABONNEMENTS 00i *
Usa". Stanel» Trois aals
iSEtNB & S.-ET-OlSE.. 19 I 9 S 5 »
FRANCE & COLONIES.. 20 » 11 a 6 »
ETRANGER 32 » 19 » 9 »
REDACTION ET ADMINISTRATION
33, Boulevard de Strasbourg. - - PAlUS.
:' TRIBUNE LIBRE
coflciijftTiofl
M. Guy Grand, dans Ici
Grande Rovue, vient de publier
un art icle des plus intéres-
sants, parfois pénétrant, et qui
est très bien résumé par son
titre : « Jaurès, ou ie concilia-
teur. »
.L'auteur observe avec raison que ie&
antagonismes tendent à se résoudre de
plus en plus par la conciliation. Nous
sommes moins qu'autrefois enclins à
considérer même lés principes que nous
formulons comme des vérités absolues,
en sorte que le fanatisme devient plus
rare Les problèmes économiques, par
leur nature, et aussi à cause de leur
complexité, comportent nécessairement
des solutions moyennes, au moins à ti-
tre vrovisoire. M. Guy Grand aurait pu
ajouter que le compromis est là conclu-
sion normale des discussions parlemen-
taires- :
Jaurès était instinctivement porté
vers la conciliation, à la fois par son
extrême bonté qui lui rendait sensibles
les mobiles sentimentaux de tous, et par
la souplesse de son intelligence, qui lui
faisait percevoir à la fois la part de rai-
son pratique ou idéale contenue dans
les idées les plus opposées.
Et M. Guy Grand montre ce caractère
toujours synthétique de la pensée de
Jaurès à propos des deux doctrines so-
ciales opposées qui ont leurs fanati-
ques : le nationalisme et le syndicalisme.
Ici, je ne suis plus mon auteur, car
il n'y a pas opposition entre le natio-
nalisme et le syndicalisme, ou du moins
l'opposition n'est pas claire et directe,
attendu que ces deux doctrines ne sont
pas sur le même plan.
Je sais bien qu'en fait, la plupart (les
nationalistes fanatiques sont hostiles au
syndicalisme, même sage, et que, inver-
sement, la plupart des syndicalistes fa-
natiques sont hostiles au simple patrio-
tisme. Mais il n'y a pas à cela de néces-
sité logique, et l'opposition ne s'établit
(fàn les esprits qu'avec l'intermédiaire
d'idées très confuses et diverses.
Directement, le nationalisme fanati-
que, c'est-à-dire le patriotisme non seu-
lemc-nt è^lté; mais surtout sans égards
pour le: sentiment national des autres
peuples; s'oppose au cosmopolitisme,
c'est-à-dire à la négation uniforme de
toutes les patries. -,
La position Ue Jaurès était très nette
Bûr ce point. Il repoussait également le
cosmopolitisme et le chauvinisme. Il
était patriote français, et ne craignait
pas de le dire, et il avait, en même
temps, le' respect du. drqit naturel
qu'ont les hommes de tous tes autres
pays, d'être patriotes, eux aussi. Et
comme il voulait que le respect mutuel
'de ce droit établît l'harmonie entre tou-
tes les patries, il était internationaliste.
Jaurès disait que l'on ne peut pas
être un bon. internationaliste si l'on
n'est pas patriote, et que l'internationa-
lisme est la condition d'un patriotisme
sain. "-,
Et il éprouvait quelque fierté à pénser
que ces idées généreuses avaient été
surtout élaborées en France, et fai-
saient partie de la tradition française.
Les patries n'étaient pas, à ses yeux,
Une dé ces réalités passagères dont
l'homme politique est obligé de tenir
compte, même s'il ne croit pas à sa va-
leur durable. Jaurès croyait à la pro-
longation des patries jusqu'en régime
socialiste. Il disait :
1 « L'humanité nouvelle ne sera riche
jet vivante que si l'originalité de chaque
peuple se prolonge dans l'harmonie to-
tale, et si toutes les patries vibrent à la
lyre humaine. »
On voit combien peu le mot « conci-
liation » convient à l'idée que Jaurès
$e faisait des nations et de leurs rap-
ports entre elles. Loin de les concilier,
il réprouvait à la fois le chauvinisme et
le cosmopolitisme, et l'harmonie qu'il
cherchait les excluait également.
Ceci suffit — parmi bien d'autres
raisons-pour établir avec certitude
quelle serait aujourd'hui la position de
Jauiès. Il serait pour le droit des peu-
ples et pour la Société des Nations. n
agirait pour la défense de sa patrie,
pour le droit de toutes les autres, et
pour l'établissement, entre elles, d'un
régime de rapports juridiques, en atten-
dant qu'ils puissent devenir cordiaux.
Il n'aurait pas eu besoin de concilier
Bans son esprit les trois parties de ce
triple programme, et d'atténuer l'une
pour faire place aux autres. Ces trois
parties étaient pour lui complémentai-
res, et se renforçaient mutuellement.
Son patriotisme était d'autant plus lié
à son internationalisme que cela était
conforme à la pensée de la Révolution
française, et l'intérnationalisme n'avait
pour lui de sens que si le droit des na-
tions était" reconnu. Ses idées, à cet
égard, étaient précises,
Il aurait pleinement approuvé le titre
donné par les socialistes américains à
leur brochure : « La cause des Alliés
est la cause de l'internationalisme so-
cialiste. u
P. G. LA CHESNAI8.
LA RIPOSTE DE FOCH
Une grande victoire en Picardie
, LES FRANCO-BRITANNIQUES DÉCLENCHENT UNE OFFENSIVE ,
ET AVANCENT SUR CERTAINS POINTS DF DIX KILOMÈTRES
, ■ ■ ■
La cavalerie bouscule les convois allemands en retraite
; : 4 ": ; ) -ua
L'ACTUALITÉ
- oe*- w
""OffeQ$lvç Franco-Anglaise
- e Véchec que les \Allé-
ffîWidç viennent de subir sur.
la Marne est incontestable.
Le général Ludendorff - qui
passait pptir plus beau joueur.
- peut l'envelopper aux4 re-
gards do l'Allemagne de tou-
tes les pcripiirasci tiuna rtmonquQ
d*état-major.
Les faits sont là, et les faits parlent
souvent plus haut et plus clair que les
stratèges.
Il n'en faut pas conclure que Ludlh
dorff abandonne la partie,
il est la vivante et farouche expres-
sion du militarisme boche dont le sort
est lié à la dynastie des Hohenzollern.
Le militarisme boche est trop puis-
sant encore pour permettre à l'Allema-
gne ébranlée des velléités de sagesse.
Celui, de nos confrères de l'Heure, qui
rédige la situation militaire, y insiste
avec le sens le plus avisé des réalités.
L'Allemagne, malgré son anémie
croissante, est encore très forte. Son
armée, malgré des pertes très lourdes,
possède toujours des effectifs li-
sants.
Ludendorff se préparait à affronter
de nouveau les destins de la guerre.
Mais voici Foch qui prévient ses des-
seins, et qui devance son attaque.
L'instant et le point de Voffensive
franco-britannique sont saisis avec cet-
t& jiïémkm de coup d'œil, par quoi un
chef ajoute le facteur moral aux con-
sidérations stratégiques.
L'armée anglaise, en son « splendi-
ile » orgueil , brûlait d'égaler notre re-
vanche de l'Aisne, et d'effacer le souve-
nir des mauvais jours de la Somme.
Puissamment reconstituée, frémis-
sante d'émulation, elle rongeait son
frein. Les maréchaux Foch et Douglas
Haiq la jettent en travers des projets de
ludendorff dans les circonstances les
plus favorables.
Les premières opérations sont heu-
reuses.
Si elles se développent et s'affirment,
tous les plans du grand état-major alle-
mand sont compromis.
Un ami très cher - qui pourrait si-
gner Bouchavesnes - m'écrlt du front
où la division qu'il commande se couvre
de gloire :
« Le 18 juillet 1918, à 10 heures du
matin, nous avons commencé à gagner
la guerre.
« Il s'agit de savoir contlnuer. )j
Nous continuons.
EDMOND DU MESNIL.
'■■■ ■■ * - ■ ■ »
BVKE71VCK71TIE
, 4¥-
La réquisition des chevaux
J'ai indiqué dans le Rappel, du 30 juillet,
Comment on avait convoqué tous les che-
vaux de ma commune, lu 17 juin, à 25 ki-
lomètres d'h, et le 9 juillet, à 7 kilomè-
tres, sans- en réquisitionner tuii seul. Les
cultivateurs étaient persuadés, cette fois,
cfue c'était fini, aucun cheval n'étant sus-
ceptible d'être réquisitionné ; ils se trom"
paient.
Nouvelle (convocation de tous les chevaux,
contrairement à la circulaire du 12 juillet,
pour le IER aot et, comme aux deux pré-
pédentes, aucun n'est réquisitionné, mais
une nouvelle journée perdue à l'époque de
lui, moisson. Voici comment l'administra-
lion procède :
La gendarmerie, dont la brigade est ré.
duile à dftux hommes au lieu de cinq. re-
çoit le 31 juillet l'ordre d'aller prévenir ver-
balement les 'naires que la revision aurait
lieu le lendemain, à 7 heures du matin pour
certaines communes et à 2 heures du soir
pour d'autres ; olle devait de plus convo-
quer un au plusieurs hommes de chaque
commune pour conduire les ciuevaux qui
seraient réquisitionnés ; tout le monde n'a
pu être prévenu à Wmps.
0f10 le premier canton, par lettre alpha-
bétique, de noire arrondissement de Dom-
front (vous voyez que je ne choisis ipas), il
y a eu au moins deux Communes qui n'ont
pas été convoquées ; l'une, de plus de 1.500
habitants, ne l'a été ni le 9 juillet, ni le 1er
août. Les cutivaleurs des autres communes
étaient ai mécontents qu'ils disaient haute-
ment qu'ils ne se présenteraient pas à l'a-
venir. Trois revisions en six semaines !
Quant aux adversaires de la République,
Us sont trs satisfaits et ils ne manquent
pas l'occasion de critiquer vivement le gou-
vornement. On dirait que notre administra-
tion a pris à tâche de discréditer la Répu-
bl ique.,
T, HUSNOT.
Communiqués Français
—————
14 HEURES,
Ce matin, à 5 heures, nos troupes, en liaison avec les troupes britanniques, ont
attaqué dans la région au sud-est d'Amiens, L'attaque se développe dans des con.
dations favorables,
23 HEURES.
L'attaque effectuée ce matin, nar nos troupes, au sud-est d'Amiens, eg liaisoni
ayee les troupes britanniques, s'est poursuivie dans de bonnes conditions.
Les , détails connus figurent au communiqué britannique.
Communiqués britanniques
14 HEURES,
A l'aube, ce matin, la quatrième armée française, sous le commandement du
maréchal sir Douglas Haig, ont attaqué sur un large front à l'est et au sud-est
d'Amiens. Les premiers rapports indiquent que l'attaque progresse d'une manièret
satisfaisante.
23 HEURES.
Les opérations commencées ce matin sur le Iront d'Amiens par la lre armée fran-
çaise, sous le commandement du général Debeney, et la 4e armée anglaise, sous les
ordres du général sir Henry Rawlinson, se développent favorablement.
Les troupes alliées avaient été massées à la faveur de la nuit, à l'insu de l'en-
nemi. A l'heure fixée pour l'assaut, les divisions françaises, canadiennes, australien-
nes et anglaises, soutenues par un grand nombre de tanks britanniques, se sont élan.
cées vers les positions allemandes sur front de vingt milles, appuis .Braches, sur
l'Avre, jusqu'aux environs de Morlancourt
L'ennemi a été surpris et sur tous les points les troupes alliées ont fait des pro.
grès rapides. 1
De bonne heure; tous nos objectifs avaient été atteints sur l'ensemble du front
d'attaque. Pendant la matinée l'avance de l'infanterie alliée s'est poursuivie, vive-
ment soutenue par la cavalerie britannique, les tanks légers et les batteries d'auto-
mitrailleuses.
En certains points, la résistance des divisions allemandes a été brisée après de
vifs combats ; nos troupes ont fait de nombreux prisonniers et capturé des canons.
Les troupes françaises attaquant avec une grande bravoure, ont traversé l'Avre,
et en dépit de la résistance de l'ennemi ont enlévé les défenses allemandes.
Au nord de la Somme, la plupart des objectifs fixés ont été atteints avant midi,
mais aux environs de Chipilly et au sud de Morlancourt, des détachements enne-
mis ont opposé une résistance prolongée. Dans ces deux endroits, de durs combats
ont été livrés, mais finalement nos troupes ont surmonté la résistance de l'infanterie
allemande et ont atteint leurs objectifs. v
Au sud de la Somme, grâce à la bravoure de l'infanterie alliée, à l'élan et à la
vigueur de ses attaques, nous avions atteint dans l'après-midi, sur les points prin-
cipaux de tout le front de bataille, les derniers objectifs fixés pour la journée. ,
Appuyée par nos tanks légers, et nos autos blindées, notre cavalerie a dépassé
l'infanterie, s'est portée au delà de nos objectifs, bousculant les convois allemands en
retraite, s'emparant de plusieurs villages ëf faisant de nombreux prisonniers.
La ligne générale atteinte par nos troupes passe par Plessier-Rozainvillers-Beau-
court-Caix-Framerville-Chipilly-ouest de Morlancourt.
Il est impossible, à l'heure actuelle d'évaluer le nombre des prisonniers et des
cannns et l'importance du matériel capturés, mais on signale déjà que plusieurs
milliers d'ennemis et un grand nombre de canons sont tombés entre nos mains.
La veillée des armes sur le front britannique
, ,-
On a lu plus haut les magnifiques résul-
tats obtenus par les Franco-Britanniques
au cours de cette première journée d'offen-
sive entre l'Ancre et la Somme. Ce que les
communiqué3 n'ont pu dire, c'pst l'enthou-
siasme avec lequel les trompes du maréchal
Haig accueillirent l'annonce qu'elles al-
laient attaquer à leur tour. Voyons à ce su-
jet le carnet de route d'un de ceux qui vé-
curent au milieu de nos alliés, la nuit de
jeudi au vendredi :
« 7 août, 10 heures (lu soir. -- L'heure des
Britanniques est venue. Ainsi Foch l'a vou-
lu, Foch dont l'élévation au maréchalat,
connue en cette veillée des armes, a réjoui
tous nos amis. Nous attaquons donc à l'au-
be à notre tovir. L'ordre a été salué par l'ar-
mée britannique aVoc un vif enthousiasme
et je n'ai rencontré aujourd'hui que des vi-
sages souriants où brulait le désir de faire
quelque chose ; les esprits chauffés à blanc
par les victoires des Français dans le Sud,
eussent été déçus s'il n'avait pas été fait
appel au concours britannique.
« Même au cours de l'année 1917, qui
pourtant fut rour l'armée anglaise une an-
née d'offensive perpétuelle, j'ai rarement
constaté un ctat d'esprit aussi allant, un
cran (pareil à celui d'aujourd'hui. Un offi-
cier australien m'a résumé la situation ce
soir par ces fimplcs mots : « Nous allons
passer à travers les Boches comme une
purge. » Nous partirons à minuit pour arri-
ver au monicMt de l'oiiverture. Nous avons
tous tenu à être présents au lever du ri-
deau. Au fait, depuis l'affaire de Cambrai,
le 20 novembre 1917, nous n'avons pas con-
nu d'offensive sur ce front, mais celle-ci
promet. Il faut voir ça au milieu de cette
nuit si calme si innocente qu'on entendrait
une mouche voler.
« La grande question qui nous oppresse,
c'est de savoir si l'ennemi connaît ce qui
l'attend il l'arbe ; s'il l'ignore, c'est la sur-
prise, et la surprise, c'est la victoire ampli-
fiée, multiplice. Il se pourrait que son petit
succès d'hier auprès de Morlancourt lui eût
rÓ;(('lé une partie de notre secret. Le con-
naissait-il déjà lorsqu'il procédait aux lé-
gers reculs sur l'Ancre et sur l'Avre, il y a
cinq jours ?
a Mais, d'autre part, ni aujourd'hui, ni
hier nos observateurs n'ont remarqué de
mouvements anormaux dans les lignes en-
nemies. Il ne parerait donc pas au danger
qui le menace. Que de mystères renferme
cette belle nuit. Partons. »
Autour de la Bataille
L'armée du général Berthelot, qui contri-
bua de façon marquée à la retraite an delà
dû la Vesle en faisant sauter le pivot est
de sa ligne et sud-ouest de Heims, a ffnt
dans une seule forêt un tetm de 300.000
Obus de grand calibre, et en outre pris un
immense matériel. La glorieuse armée du
général Berthelot s'empara également de
plusieurs batteries de canons de campagne
et de canons lourds, qui sont actuellement
utilisés contre l'ennemi. Le butin comprend
encore 373 mitrailleuses, des centaines de
mortiers légers de tranchée et plus de 2.000
prisonniers.
Le passage de la Vesle
C'est directement en face d'un point de
résistance intéressant' des Allemandes que
les Américains ont franchi, cette- fois, la
Vesle, smaintenant sur le terrain grâce
à un tir furieux de mitrailleuses. Les Amé-
ricains avaient fait précéder leur passage
d'une violente préparation d'artillerie .qui
suffoqua l'ennemi, En môme temps, les sa-
peurs américains achevaient la construc-
tion de ponts -de fortune. Les Américains
traversèrent cJgaleuient on un autre en-
droit..
Les Français, à J'ouest, effectuèrent una
traversée et prirent pied d'une façon assez
importante. Les Allemands se retirèrent
de la région en bordure de la rivière et
remontèrent, dans la journée, sur les '}¡all-
teurs au nord. Les prisonniers déclarèrent
qtUiC les ordres donnés comportaient de se
maintenir sur le terrain pendant une pé-
riode limitée. puis de reculer ropidement
vers les hauteurs.
Les Allemands vont-ils se retrancher sur
les hauteurs ou n'y é,tablif;onl-j}s quun ri-
deau de défense pour couvrir un repli plus
am nord ? L'impression est plutôt celle
d'une retraite vers l'Aisne.
Pour se protéger des tanks
La Strassburger Post croit que le nou-
veau Iront Aisne-Vesle est la ligne de ré-
sistance définitive choisie par l'état-maijor
allemand, qui cherche avant tout un front
fluvial pour se protéger contre la tactiqw
des attaques par tanks. Ce même motif ex-
plique les corrections réalisées sur les au-
Ires points du front.
D'une niaiserie « kolossale »
Quatre-vingt-dix réfugiés qui. se trou-
vaient dans le village de Viljesavoye, ont
été recueillis aujourd'hui par les Français.
Le 2 août, les Allemands leur avaient don-
né l'ordre de se réfugier dans une calve et
de s'y tenir tranquilles. On leur déclara
en oulre q::e les Américains tueraient tous
les hommes iet iferaient violence aiJx fem-
mes. Ces réfugiés étaient en possession
d'une lettre que les Allemande leur avaient
remise et qui tendait à affaiblir le moral des
soldats français. Elle disait entre autres :
« Notre retraite jusqiu'à la Vesle est un ar-
tifice i! Ne comptez pas sur les Améri-
cains. L'Allemagne a trotp de soldats.
Vous ne gagnerez jamais la guerre par la
force des armes. D'un autre cAté, les Al-
lemands sont prêts à faire la paix avec la
Fra.nec. La France est l'ennemi qui mé-
rite le plus. Beaucoup de salutations, mais
soyez sur vos gardes avec Hindenburg. M
Celle lellre, qui était éicrite -en très mau.
vais français, portait l'adresse suivante :
Le grand quartier général, gu général
Foch. » ,
LA SITUATION
Paris préservé, la mer dégagée
Lcé Allemands, dans leur plan initial de
campagne de: printemps, s'étaient proposé
de détruire Varmée britannique, de gagner
la mer, d'y établir de puissantes bases
pour leurs sous-marins, d'intercepter nos;
communications avec l'Angleterre, de rom.
pre les transports de troupes américaines
en Fiance,
Se poHaui hardiment htZ 'secourg de*
Anglais, Foch a si bien rétabli la situation
qu Amiens nous est restée, ainsi que la
grande ligne Paris-Amiens-Calais.
L'orgueil du kronprinz, favorisé par un
succès inespéré des Allemands franchis-
sant le Clwmin-rles-Dames, détermina con-
tre Paris une sévère menace. Foch l'a
maintenant écartée. Il restait a parache-
ver l'œuvre en rétablissant dans la région
picarde l'activité de communications Que
ginait la proximité des lignes allemandes.
C'est aussi chose laite.
La situation dans la Somme était deve-
nue assez singulière..
J'ai signalé l'intensité de la préoccupa-
tion britannique en mai et juin derniers.
Sir Douglas Haig attendait une attaque
contre son front et se préparait à la rece-
voir. Le développement de l'action alle-
mande vers la Marne ne réussissait pas à
modifier colle manière de voir. L'attitude
des armées du Kronprinz de Bavière la
illsti[iait.
Le Kronprinz allemand fut sans douM
plus fortement éprouvé s'Ur III Marne qu'il
ne plaît à l'état-major ennemi de l'avouer,
et des reniprts ont dû lui être envoyés, pré-
leves on Picardie et en Artois.
L'effet s'en est immédiatement fait sen-
tir. Le prince Bupprecht, a dû céder à la
pression qVi s'exerçait ces jours derniers
dans le secteur d'Albert.
Dès qur. sir Douglas Haig a perçu ce, mol-
lissement, et d'accord avec le maréchal
Foch, il a ré„■ Jill, d'en tirer parti.
C'est ainsi :)lIC se déclenchait, hier matin,
u-ne attaque qui fut pour les Allemands une
désastreuse surprise.
D'un coup, Amiens se trouve puissam-
ment dé(Jagé ; les espérances nourries par
les Allemant qui espéraient reprendre
leurs projets t ers la mer, sont brutalement
ruinées.
Les troupes britanniques victorieuses nr-
rivent dans leur première iournée, à 17 ki-
lomètres de Péronne et à 12 kilomètres dp
Chaulnes.
Montdidier est débordé par le nord ; la
situation des Allemands u devient précaire.
La journée oui commence va nous fournir
des indications sur la force de réaction dont
disposera l'ennemi. On peut dores et déjà la
juger insuffisante ; elle ne doit pas arrêter
le choc de nos masses.
Camille DEVILAR.
Un ordre du jour
du général Pétain
Le. général Pétain a lancé aux troupes
françaises le magnifique ordre général que
nous reproduisons ci-dessous ;
Quatre ans d'efforts avec uos fidèles al-
liés, quatre ans dtépreuve. stoïques accep-
tées commencent à porter leur fruit.
Brisé dans s.a cinquième tentative (te
1918, l'envahisseur recule, ses effectifs di-
minuent, son moral chancelle, cependant
qu'à vos côtés vos frères américains à pei-
ne débarqués font sentir la vigueur de leurs,
coups à l'ennemi déconcerté.
Placés sans cesse à l'avant-garde des peu-
ples alliés, vous avez préparé les triomphes
de demain.
Je vous disais hier j abnégation, patien-
ce. les camarades arrivent.
Je vous dis aujourd'hui : ténacité, audace
et vous forcerez la victoire.
Soldats de France, je salue vos drapeaux
qu illustre une gloire nouvelle.
(Signé) : PETAIN.
Autre infamie allemande
Ils veulent incorporer
les Belges dans leur armée
Le correspondant du New York lIera/a
en Hollande, télégraphie que, suivant des
informations transmises de la frontière bel-
ge, les Allemands, avec le concours des
traîtres flamingants du soi-disant « conseil
c'es Flandres », auraient décidé l'organisa-
tion d'une espèce do garde nationale fla-
mande, qui serait ultérieurement incorpo-
rée dans l'armée allemande A cette fin, le
soi-disant « conseil des Flandres » nu..
rait été autorisé par les Allemands
à offrir des grades à d'anciens officiers de
la garde civique, dissoute depuis les pre-
miers mois de la guerre. On libérerait en-
suite les prisonniers de guerre flamands
qui consentiraient ù contracter un engage.
ment dans cette prétendue garde nationale,
qui aurait au début le caractère d'une sim-
ple force de police.
Si te recrutement se fait par engage-
ments volontaires, on peut être certain que
le « conseil des Flandres » ne trouvera pas
cent hommes dans toute la Belgique pour
servir dans ce corps. En réalité, les traî-
tres flamingant, honnis et haïs par Je peëu-,
ple beige, no sd sentent pas en sécurif
malgré la protection des baïonnettes prus-
siennes et veulent avoir leur propre garde.
Us no réussiront pas à donner le change, et
le peuple belge unanime saurait châtier les
traîtres qui consentiraient à flgftec tes ar-
mes contre leur patfi^
POLITIQUE ETRANGERE
NUYEAUI TRONES ALLEMANDS
C'est hier que le Sénat finlandais a eu à
se prononcer sur le projet de constitution,
monarchique. On sait que ce projet doit ral-
lier au moins les voix des deux tieis des
membres présents pour passer. Malgr4 la
propagande à laquelle n'ont pas cessé de se
livrer les agents germanophiles et en dépit
do lai haute pression exercée par l'Allema-
gne, qui a été jusqu'à envoyer des croiseurs
en guise de démonstration à. Helsingfors, il
y avait encore du tirage. Les partis finlan-
dais se raccrochaient dans léur résistance
à tout ce qui pouvait faire obstacle à la
réalisation des plans allemands. Ils ont sou-
mis à une vive critique le traité de commer-
ce conclu avec les Allemands-par deux pro-
fesseurs et qui a été ratifié le 1G juin. Dansi
ce traité, il y a un article tout à fait désa-
vantugeiïx pour les Finlandais, parce qu'il
fait de la Finlande comme une des bases
économiques de T'iirnpirc allemand. Le mar-
ché finlandais est fermé aux Russes et livra
aux Allemands qui sont des commerçants
bien plus dangereux.
Le Sénat dans sa servilité a encore vote,
à propos de ce traité, des remerciements w
l'Allemagne de l'avoir débarrassé de l'anar-
chie maximaliste. Comme si Allemands i6g
Maximalistes, par ailleurs, ne faisaient pas
qu'une tète sous le même bonnet. > ■ ■
EnHn, le 23 juin, toutes les objections onc
été inuLiles, la convention des marchandises
en compensation 0. été également adoptée.
Los Finlandais, jaloux de leur indépen-
dance, ont essayé alors d'un autre argu-
ment en proposant de rappeler le général
Mannerheim, Vex-chef des gardes blanches,
qui vit à présent en Suède, et de remet-
tra dans ses mains les destinées du pays*
Les germanophiles ont répondu : du mo-
ment que nous avons passé un marche avec
les Allemands, nous irons jusqu au bout en
prenant laD roi allemand et non un dictateur
'finlandais. ,
Comme il faut r prévoir que les deux tiers
de voix exigibles ne seront pas réunis, Us
vont avoir recours à un tour do passe-passe
qui constitue, ni plus ni moins, un coup
d'Etat. Le moyen qu'ils tenaient en réserve
pour venir à bout des opposants est sim-
p4e : ils réclament le vote à une simple ma
L'Allemagne poum: après tirer de? hom-
mes, comme elle y compte, de Finlande es
ne laisser de3 garnisons allemandes qua
dans quatre villes.
C'est la même -politique en Lithuanie avert
la Taryba qui ne représente que quelques
îMîQ gros prop riétaires. La Taryba lithua-
nienne n'agit pas autrement que le Sénat,
de Finlande Elle élisait dernièrement un
Wurtembergeois, le duc d'Urach, pour roJ;
de Lithuanie On sait maintenant que la.
convention sacrète qui lie la Lithuanie à
l'Allemagne, est d'ordre militaire, montai-;
re c-1, ferroviaire. Hindenburg et Ludendorff
comptent recruter dans ces deux pays leur
million d'hommes. Il y a loin de la coupe
aux lèvres.
Louis BRESSE.
M. II 'Il # l I >11 lf»»||»i4IH ■'
ON ÉTUDIEMMU
--
Un Ide nos confrères, remnalng sur Té
bombardement de Paris par les « grosses
Berthas H, annonce qu'il rnçoit chaque jour
des lettres de plus en plus nombreuses die
ses lecteurs et lectrices, q)ui demandent
pourquoi nous laissons attendre longtemps
notre riposte air les villes allemandes.
Il paraît que c'est un problème très om",
plexe et qu'on l'étudié.
Il nous semble que depuis quatre ans
de guerre en a eu le loisir de l'étudier.
On pourrait ne pas attendfre la paix pouf
le résoudre ?
VOIR EN DEUXIEME PAGE
LES REPECHES DE L'ETRANGER
■■■ !. ■■ ■ il m M l'H» I |
On Dit
1$> --
En passant
Art décoratif t
Mais savez-vous qu'elle esl très variée, très
curieuse à voir et parfois trè$ jolie, cette décora-
tion de papier qui illustre les fenêtres et les
glaces des devantures parisiennes 1
Nous en remarquions encore hier de nou
veaux spécimens, et c'était charmant !.
Sur la surface très grands de trois Barges
baies on avait imaginé de faire de superbe
stores de filet brodé - en papier ! — Oui, ei
papier découpé fin, fin comme' du vermicelle e.
imitant les mailles du filet. Sur ce réseau, on
avait collé d'aulre papier découpé formant des.
attributs de broderie de\ style Louis XVI :
amours, CQI'bcilles de fleurs, rubans, etc. Ls
bas dessinait, un large feston orné de glands et
de franges. - Vraiment, c-e fin travail fait hon-
neur aux doigts de fé« et à la patience de la
maîtresse de maison !
Plus loin, c'étaient des bandes étroites de pa-
pier vert se croisant à !a manière d'un treillage,
ef, là-dessus, serpentant de ci de là, de superbes
lianes de vigne vierge couleur d'automne, jaune.
rose, pourprée, toujours obtenue avec le pa-
pier découpé et teinté.
On devrait organiser une distribution de té*
compenses peur encourager cet art nouveau 1
et les Boches en resteraient plus qud jamal$
stupéfaits f. Quoi ! le « superkanon » serrait
l'occasion de décorations et. de fioritures sur Jet
maisons parisiennes ?. Us n'y comprendraient
plus rien L.. ils nous comprennent déjà si
peu !!.
Et dire que voilà maintenant les savants oui
nous informent que ces jolis papiers, si pa
tiemment collés, ne servent à rien I.
Ah ! !a science î la grande destructrice d'ilhv
sions
Mais, évidemment, que ça ne sert à rien ! ,.
ça n'a rien de protecteur pour les vitres !. Ait
contraire, ra leur est même très nuisible, car (t
force de travailler sur' les carreaux mêmes, M
peut très bien arriver qu'on perde l'équilibre
et qu'on passe au travers de la vitre. Alors.
Gab:
Ce 'Nubkf ô ré DIX CENTIMES
VENDREDI 9 AOUT 1918. - N° 17.451
AUGUSTE VACQUERIE
Fandataur (fB09)
TELEPHONE
Nord : 24-90, 24-91
ftpttl 10 h. du soir : «GUT6NBÇB0 00."
POUR LA PUBLICITE
6'adreww au BdPPEl-PUBUCiTB
38S M de 'SLrasbQur, -- PARIS
Les manuscros non insçr-. sont pos rendus
EDMOND DU MBSNIL
DI,-ecfeu". -- **
ABONNEMENTS 00i *
Usa". Stanel» Trois aals
iSEtNB & S.-ET-OlSE.. 19 I 9 S 5 »
FRANCE & COLONIES.. 20 » 11 a 6 »
ETRANGER 32 » 19 » 9 »
REDACTION ET ADMINISTRATION
33, Boulevard de Strasbourg. - - PAlUS.
:' TRIBUNE LIBRE
coflciijftTiofl
M. Guy Grand, dans Ici
Grande Rovue, vient de publier
un art icle des plus intéres-
sants, parfois pénétrant, et qui
est très bien résumé par son
titre : « Jaurès, ou ie concilia-
teur. »
.L'auteur observe avec raison que ie&
antagonismes tendent à se résoudre de
plus en plus par la conciliation. Nous
sommes moins qu'autrefois enclins à
considérer même lés principes que nous
formulons comme des vérités absolues,
en sorte que le fanatisme devient plus
rare Les problèmes économiques, par
leur nature, et aussi à cause de leur
complexité, comportent nécessairement
des solutions moyennes, au moins à ti-
tre vrovisoire. M. Guy Grand aurait pu
ajouter que le compromis est là conclu-
sion normale des discussions parlemen-
taires- :
Jaurès était instinctivement porté
vers la conciliation, à la fois par son
extrême bonté qui lui rendait sensibles
les mobiles sentimentaux de tous, et par
la souplesse de son intelligence, qui lui
faisait percevoir à la fois la part de rai-
son pratique ou idéale contenue dans
les idées les plus opposées.
Et M. Guy Grand montre ce caractère
toujours synthétique de la pensée de
Jaurès à propos des deux doctrines so-
ciales opposées qui ont leurs fanati-
ques : le nationalisme et le syndicalisme.
Ici, je ne suis plus mon auteur, car
il n'y a pas opposition entre le natio-
nalisme et le syndicalisme, ou du moins
l'opposition n'est pas claire et directe,
attendu que ces deux doctrines ne sont
pas sur le même plan.
Je sais bien qu'en fait, la plupart (les
nationalistes fanatiques sont hostiles au
syndicalisme, même sage, et que, inver-
sement, la plupart des syndicalistes fa-
natiques sont hostiles au simple patrio-
tisme. Mais il n'y a pas à cela de néces-
sité logique, et l'opposition ne s'établit
(fàn les esprits qu'avec l'intermédiaire
d'idées très confuses et diverses.
Directement, le nationalisme fanati-
que, c'est-à-dire le patriotisme non seu-
lemc-nt è^lté; mais surtout sans égards
pour le: sentiment national des autres
peuples; s'oppose au cosmopolitisme,
c'est-à-dire à la négation uniforme de
toutes les patries. -,
La position Ue Jaurès était très nette
Bûr ce point. Il repoussait également le
cosmopolitisme et le chauvinisme. Il
était patriote français, et ne craignait
pas de le dire, et il avait, en même
temps, le' respect du. drqit naturel
qu'ont les hommes de tous tes autres
pays, d'être patriotes, eux aussi. Et
comme il voulait que le respect mutuel
'de ce droit établît l'harmonie entre tou-
tes les patries, il était internationaliste.
Jaurès disait que l'on ne peut pas
être un bon. internationaliste si l'on
n'est pas patriote, et que l'internationa-
lisme est la condition d'un patriotisme
sain. "-,
Et il éprouvait quelque fierté à pénser
que ces idées généreuses avaient été
surtout élaborées en France, et fai-
saient partie de la tradition française.
Les patries n'étaient pas, à ses yeux,
Une dé ces réalités passagères dont
l'homme politique est obligé de tenir
compte, même s'il ne croit pas à sa va-
leur durable. Jaurès croyait à la pro-
longation des patries jusqu'en régime
socialiste. Il disait :
1 « L'humanité nouvelle ne sera riche
jet vivante que si l'originalité de chaque
peuple se prolonge dans l'harmonie to-
tale, et si toutes les patries vibrent à la
lyre humaine. »
On voit combien peu le mot « conci-
liation » convient à l'idée que Jaurès
$e faisait des nations et de leurs rap-
ports entre elles. Loin de les concilier,
il réprouvait à la fois le chauvinisme et
le cosmopolitisme, et l'harmonie qu'il
cherchait les excluait également.
Ceci suffit — parmi bien d'autres
raisons-pour établir avec certitude
quelle serait aujourd'hui la position de
Jauiès. Il serait pour le droit des peu-
ples et pour la Société des Nations. n
agirait pour la défense de sa patrie,
pour le droit de toutes les autres, et
pour l'établissement, entre elles, d'un
régime de rapports juridiques, en atten-
dant qu'ils puissent devenir cordiaux.
Il n'aurait pas eu besoin de concilier
Bans son esprit les trois parties de ce
triple programme, et d'atténuer l'une
pour faire place aux autres. Ces trois
parties étaient pour lui complémentai-
res, et se renforçaient mutuellement.
Son patriotisme était d'autant plus lié
à son internationalisme que cela était
conforme à la pensée de la Révolution
française, et l'intérnationalisme n'avait
pour lui de sens que si le droit des na-
tions était" reconnu. Ses idées, à cet
égard, étaient précises,
Il aurait pleinement approuvé le titre
donné par les socialistes américains à
leur brochure : « La cause des Alliés
est la cause de l'internationalisme so-
cialiste. u
P. G. LA CHESNAI8.
LA RIPOSTE DE FOCH
Une grande victoire en Picardie
, LES FRANCO-BRITANNIQUES DÉCLENCHENT UNE OFFENSIVE ,
ET AVANCENT SUR CERTAINS POINTS DF DIX KILOMÈTRES
, ■ ■ ■
La cavalerie bouscule les convois allemands en retraite
; : 4 ": ; ) -ua
L'ACTUALITÉ
- oe*- w
""OffeQ$lvç Franco-Anglaise
- e Véchec que les \Allé-
ffîWidç viennent de subir sur.
la Marne est incontestable.
Le général Ludendorff - qui
passait pptir plus beau joueur.
- peut l'envelopper aux4 re-
gards do l'Allemagne de tou-
tes les pcripiirasci tiuna rtmonquQ
d*état-major.
Les faits sont là, et les faits parlent
souvent plus haut et plus clair que les
stratèges.
Il n'en faut pas conclure que Ludlh
dorff abandonne la partie,
il est la vivante et farouche expres-
sion du militarisme boche dont le sort
est lié à la dynastie des Hohenzollern.
Le militarisme boche est trop puis-
sant encore pour permettre à l'Allema-
gne ébranlée des velléités de sagesse.
Celui, de nos confrères de l'Heure, qui
rédige la situation militaire, y insiste
avec le sens le plus avisé des réalités.
L'Allemagne, malgré son anémie
croissante, est encore très forte. Son
armée, malgré des pertes très lourdes,
possède toujours des effectifs li-
sants.
Ludendorff se préparait à affronter
de nouveau les destins de la guerre.
Mais voici Foch qui prévient ses des-
seins, et qui devance son attaque.
L'instant et le point de Voffensive
franco-britannique sont saisis avec cet-
t& jiïémkm de coup d'œil, par quoi un
chef ajoute le facteur moral aux con-
sidérations stratégiques.
L'armée anglaise, en son « splendi-
ile » orgueil , brûlait d'égaler notre re-
vanche de l'Aisne, et d'effacer le souve-
nir des mauvais jours de la Somme.
Puissamment reconstituée, frémis-
sante d'émulation, elle rongeait son
frein. Les maréchaux Foch et Douglas
Haiq la jettent en travers des projets de
ludendorff dans les circonstances les
plus favorables.
Les premières opérations sont heu-
reuses.
Si elles se développent et s'affirment,
tous les plans du grand état-major alle-
mand sont compromis.
Un ami très cher - qui pourrait si-
gner Bouchavesnes - m'écrlt du front
où la division qu'il commande se couvre
de gloire :
« Le 18 juillet 1918, à 10 heures du
matin, nous avons commencé à gagner
la guerre.
« Il s'agit de savoir contlnuer. )j
Nous continuons.
EDMOND DU MESNIL.
'■■■ ■■ * - ■ ■ »
BVKE71VCK71TIE
, 4¥-
La réquisition des chevaux
J'ai indiqué dans le Rappel, du 30 juillet,
Comment on avait convoqué tous les che-
vaux de ma commune, lu 17 juin, à 25 ki-
lomètres d'h, et le 9 juillet, à 7 kilomè-
tres, sans- en réquisitionner tuii seul. Les
cultivateurs étaient persuadés, cette fois,
cfue c'était fini, aucun cheval n'étant sus-
ceptible d'être réquisitionné ; ils se trom"
paient.
Nouvelle (convocation de tous les chevaux,
contrairement à la circulaire du 12 juillet,
pour le IER aot et, comme aux deux pré-
pédentes, aucun n'est réquisitionné, mais
une nouvelle journée perdue à l'époque de
lui, moisson. Voici comment l'administra-
lion procède :
La gendarmerie, dont la brigade est ré.
duile à dftux hommes au lieu de cinq. re-
çoit le 31 juillet l'ordre d'aller prévenir ver-
balement les 'naires que la revision aurait
lieu le lendemain, à 7 heures du matin pour
certaines communes et à 2 heures du soir
pour d'autres ; olle devait de plus convo-
quer un au plusieurs hommes de chaque
commune pour conduire les ciuevaux qui
seraient réquisitionnés ; tout le monde n'a
pu être prévenu à Wmps.
0f10 le premier canton, par lettre alpha-
bétique, de noire arrondissement de Dom-
front (vous voyez que je ne choisis ipas), il
y a eu au moins deux Communes qui n'ont
pas été convoquées ; l'une, de plus de 1.500
habitants, ne l'a été ni le 9 juillet, ni le 1er
août. Les cutivaleurs des autres communes
étaient ai mécontents qu'ils disaient haute-
ment qu'ils ne se présenteraient pas à l'a-
venir. Trois revisions en six semaines !
Quant aux adversaires de la République,
Us sont trs satisfaits et ils ne manquent
pas l'occasion de critiquer vivement le gou-
vornement. On dirait que notre administra-
tion a pris à tâche de discréditer la Répu-
bl ique.,
T, HUSNOT.
Communiqués Français
—————
14 HEURES,
Ce matin, à 5 heures, nos troupes, en liaison avec les troupes britanniques, ont
attaqué dans la région au sud-est d'Amiens, L'attaque se développe dans des con.
dations favorables,
23 HEURES.
L'attaque effectuée ce matin, nar nos troupes, au sud-est d'Amiens, eg liaisoni
ayee les troupes britanniques, s'est poursuivie dans de bonnes conditions.
Les , détails connus figurent au communiqué britannique.
Communiqués britanniques
14 HEURES,
A l'aube, ce matin, la quatrième armée française, sous le commandement du
maréchal sir Douglas Haig, ont attaqué sur un large front à l'est et au sud-est
d'Amiens. Les premiers rapports indiquent que l'attaque progresse d'une manièret
satisfaisante.
23 HEURES.
Les opérations commencées ce matin sur le Iront d'Amiens par la lre armée fran-
çaise, sous le commandement du général Debeney, et la 4e armée anglaise, sous les
ordres du général sir Henry Rawlinson, se développent favorablement.
Les troupes alliées avaient été massées à la faveur de la nuit, à l'insu de l'en-
nemi. A l'heure fixée pour l'assaut, les divisions françaises, canadiennes, australien-
nes et anglaises, soutenues par un grand nombre de tanks britanniques, se sont élan.
cées vers les positions allemandes sur front de vingt milles, appuis .Braches, sur
l'Avre, jusqu'aux environs de Morlancourt
L'ennemi a été surpris et sur tous les points les troupes alliées ont fait des pro.
grès rapides. 1
De bonne heure; tous nos objectifs avaient été atteints sur l'ensemble du front
d'attaque. Pendant la matinée l'avance de l'infanterie alliée s'est poursuivie, vive-
ment soutenue par la cavalerie britannique, les tanks légers et les batteries d'auto-
mitrailleuses.
En certains points, la résistance des divisions allemandes a été brisée après de
vifs combats ; nos troupes ont fait de nombreux prisonniers et capturé des canons.
Les troupes françaises attaquant avec une grande bravoure, ont traversé l'Avre,
et en dépit de la résistance de l'ennemi ont enlévé les défenses allemandes.
Au nord de la Somme, la plupart des objectifs fixés ont été atteints avant midi,
mais aux environs de Chipilly et au sud de Morlancourt, des détachements enne-
mis ont opposé une résistance prolongée. Dans ces deux endroits, de durs combats
ont été livrés, mais finalement nos troupes ont surmonté la résistance de l'infanterie
allemande et ont atteint leurs objectifs. v
Au sud de la Somme, grâce à la bravoure de l'infanterie alliée, à l'élan et à la
vigueur de ses attaques, nous avions atteint dans l'après-midi, sur les points prin-
cipaux de tout le front de bataille, les derniers objectifs fixés pour la journée. ,
Appuyée par nos tanks légers, et nos autos blindées, notre cavalerie a dépassé
l'infanterie, s'est portée au delà de nos objectifs, bousculant les convois allemands en
retraite, s'emparant de plusieurs villages ëf faisant de nombreux prisonniers.
La ligne générale atteinte par nos troupes passe par Plessier-Rozainvillers-Beau-
court-Caix-Framerville-Chipilly-ouest de Morlancourt.
Il est impossible, à l'heure actuelle d'évaluer le nombre des prisonniers et des
cannns et l'importance du matériel capturés, mais on signale déjà que plusieurs
milliers d'ennemis et un grand nombre de canons sont tombés entre nos mains.
La veillée des armes sur le front britannique
, ,-
On a lu plus haut les magnifiques résul-
tats obtenus par les Franco-Britanniques
au cours de cette première journée d'offen-
sive entre l'Ancre et la Somme. Ce que les
communiqué3 n'ont pu dire, c'pst l'enthou-
siasme avec lequel les trompes du maréchal
Haig accueillirent l'annonce qu'elles al-
laient attaquer à leur tour. Voyons à ce su-
jet le carnet de route d'un de ceux qui vé-
curent au milieu de nos alliés, la nuit de
jeudi au vendredi :
« 7 août, 10 heures (lu soir. -- L'heure des
Britanniques est venue. Ainsi Foch l'a vou-
lu, Foch dont l'élévation au maréchalat,
connue en cette veillée des armes, a réjoui
tous nos amis. Nous attaquons donc à l'au-
be à notre tovir. L'ordre a été salué par l'ar-
mée britannique aVoc un vif enthousiasme
et je n'ai rencontré aujourd'hui que des vi-
sages souriants où brulait le désir de faire
quelque chose ; les esprits chauffés à blanc
par les victoires des Français dans le Sud,
eussent été déçus s'il n'avait pas été fait
appel au concours britannique.
« Même au cours de l'année 1917, qui
pourtant fut rour l'armée anglaise une an-
née d'offensive perpétuelle, j'ai rarement
constaté un ctat d'esprit aussi allant, un
cran (pareil à celui d'aujourd'hui. Un offi-
cier australien m'a résumé la situation ce
soir par ces fimplcs mots : « Nous allons
passer à travers les Boches comme une
purge. » Nous partirons à minuit pour arri-
ver au monicMt de l'oiiverture. Nous avons
tous tenu à être présents au lever du ri-
deau. Au fait, depuis l'affaire de Cambrai,
le 20 novembre 1917, nous n'avons pas con-
nu d'offensive sur ce front, mais celle-ci
promet. Il faut voir ça au milieu de cette
nuit si calme si innocente qu'on entendrait
une mouche voler.
« La grande question qui nous oppresse,
c'est de savoir si l'ennemi connaît ce qui
l'attend il l'arbe ; s'il l'ignore, c'est la sur-
prise, et la surprise, c'est la victoire ampli-
fiée, multiplice. Il se pourrait que son petit
succès d'hier auprès de Morlancourt lui eût
rÓ;(('lé une partie de notre secret. Le con-
naissait-il déjà lorsqu'il procédait aux lé-
gers reculs sur l'Ancre et sur l'Avre, il y a
cinq jours ?
a Mais, d'autre part, ni aujourd'hui, ni
hier nos observateurs n'ont remarqué de
mouvements anormaux dans les lignes en-
nemies. Il ne parerait donc pas au danger
qui le menace. Que de mystères renferme
cette belle nuit. Partons. »
Autour de la Bataille
L'armée du général Berthelot, qui contri-
bua de façon marquée à la retraite an delà
dû la Vesle en faisant sauter le pivot est
de sa ligne et sud-ouest de Heims, a ffnt
dans une seule forêt un tetm de 300.000
Obus de grand calibre, et en outre pris un
immense matériel. La glorieuse armée du
général Berthelot s'empara également de
plusieurs batteries de canons de campagne
et de canons lourds, qui sont actuellement
utilisés contre l'ennemi. Le butin comprend
encore 373 mitrailleuses, des centaines de
mortiers légers de tranchée et plus de 2.000
prisonniers.
Le passage de la Vesle
C'est directement en face d'un point de
résistance intéressant' des Allemandes que
les Américains ont franchi, cette- fois, la
Vesle, smaintenant sur le terrain grâce
à un tir furieux de mitrailleuses. Les Amé-
ricains avaient fait précéder leur passage
d'une violente préparation d'artillerie .qui
suffoqua l'ennemi, En môme temps, les sa-
peurs américains achevaient la construc-
tion de ponts -de fortune. Les Américains
traversèrent cJgaleuient on un autre en-
droit..
Les Français, à J'ouest, effectuèrent una
traversée et prirent pied d'une façon assez
importante. Les Allemands se retirèrent
de la région en bordure de la rivière et
remontèrent, dans la journée, sur les '}¡all-
teurs au nord. Les prisonniers déclarèrent
qtUiC les ordres donnés comportaient de se
maintenir sur le terrain pendant une pé-
riode limitée. puis de reculer ropidement
vers les hauteurs.
Les Allemands vont-ils se retrancher sur
les hauteurs ou n'y é,tablif;onl-j}s quun ri-
deau de défense pour couvrir un repli plus
am nord ? L'impression est plutôt celle
d'une retraite vers l'Aisne.
Pour se protéger des tanks
La Strassburger Post croit que le nou-
veau Iront Aisne-Vesle est la ligne de ré-
sistance définitive choisie par l'état-maijor
allemand, qui cherche avant tout un front
fluvial pour se protéger contre la tactiqw
des attaques par tanks. Ce même motif ex-
plique les corrections réalisées sur les au-
Ires points du front.
D'une niaiserie « kolossale »
Quatre-vingt-dix réfugiés qui. se trou-
vaient dans le village de Viljesavoye, ont
été recueillis aujourd'hui par les Français.
Le 2 août, les Allemands leur avaient don-
né l'ordre de se réfugier dans une calve et
de s'y tenir tranquilles. On leur déclara
en oulre q::e les Américains tueraient tous
les hommes iet iferaient violence aiJx fem-
mes. Ces réfugiés étaient en possession
d'une lettre que les Allemande leur avaient
remise et qui tendait à affaiblir le moral des
soldats français. Elle disait entre autres :
« Notre retraite jusqiu'à la Vesle est un ar-
tifice i! Ne comptez pas sur les Améri-
cains. L'Allemagne a trotp de soldats.
Vous ne gagnerez jamais la guerre par la
force des armes. D'un autre cAté, les Al-
lemands sont prêts à faire la paix avec la
Fra.nec. La France est l'ennemi qui mé-
rite le plus. Beaucoup de salutations, mais
soyez sur vos gardes avec Hindenburg. M
Celle lellre, qui était éicrite -en très mau.
vais français, portait l'adresse suivante :
Le grand quartier général, gu général
Foch. » ,
LA SITUATION
Paris préservé, la mer dégagée
Lcé Allemands, dans leur plan initial de
campagne de: printemps, s'étaient proposé
de détruire Varmée britannique, de gagner
la mer, d'y établir de puissantes bases
pour leurs sous-marins, d'intercepter nos;
communications avec l'Angleterre, de rom.
pre les transports de troupes américaines
en Fiance,
Se poHaui hardiment htZ 'secourg de*
Anglais, Foch a si bien rétabli la situation
qu Amiens nous est restée, ainsi que la
grande ligne Paris-Amiens-Calais.
L'orgueil du kronprinz, favorisé par un
succès inespéré des Allemands franchis-
sant le Clwmin-rles-Dames, détermina con-
tre Paris une sévère menace. Foch l'a
maintenant écartée. Il restait a parache-
ver l'œuvre en rétablissant dans la région
picarde l'activité de communications Que
ginait la proximité des lignes allemandes.
C'est aussi chose laite.
La situation dans la Somme était deve-
nue assez singulière..
J'ai signalé l'intensité de la préoccupa-
tion britannique en mai et juin derniers.
Sir Douglas Haig attendait une attaque
contre son front et se préparait à la rece-
voir. Le développement de l'action alle-
mande vers la Marne ne réussissait pas à
modifier colle manière de voir. L'attitude
des armées du Kronprinz de Bavière la
illsti[iait.
Le Kronprinz allemand fut sans douM
plus fortement éprouvé s'Ur III Marne qu'il
ne plaît à l'état-major ennemi de l'avouer,
et des reniprts ont dû lui être envoyés, pré-
leves on Picardie et en Artois.
L'effet s'en est immédiatement fait sen-
tir. Le prince Bupprecht, a dû céder à la
pression qVi s'exerçait ces jours derniers
dans le secteur d'Albert.
Dès qur. sir Douglas Haig a perçu ce, mol-
lissement, et d'accord avec le maréchal
Foch, il a ré„■ Jill, d'en tirer parti.
C'est ainsi :)lIC se déclenchait, hier matin,
u-ne attaque qui fut pour les Allemands une
désastreuse surprise.
D'un coup, Amiens se trouve puissam-
ment dé(Jagé ; les espérances nourries par
les Allemant qui espéraient reprendre
leurs projets t ers la mer, sont brutalement
ruinées.
Les troupes britanniques victorieuses nr-
rivent dans leur première iournée, à 17 ki-
lomètres de Péronne et à 12 kilomètres dp
Chaulnes.
Montdidier est débordé par le nord ; la
situation des Allemands u devient précaire.
La journée oui commence va nous fournir
des indications sur la force de réaction dont
disposera l'ennemi. On peut dores et déjà la
juger insuffisante ; elle ne doit pas arrêter
le choc de nos masses.
Camille DEVILAR.
Un ordre du jour
du général Pétain
Le. général Pétain a lancé aux troupes
françaises le magnifique ordre général que
nous reproduisons ci-dessous ;
Quatre ans d'efforts avec uos fidèles al-
liés, quatre ans dtépreuve. stoïques accep-
tées commencent à porter leur fruit.
Brisé dans s.a cinquième tentative (te
1918, l'envahisseur recule, ses effectifs di-
minuent, son moral chancelle, cependant
qu'à vos côtés vos frères américains à pei-
ne débarqués font sentir la vigueur de leurs,
coups à l'ennemi déconcerté.
Placés sans cesse à l'avant-garde des peu-
ples alliés, vous avez préparé les triomphes
de demain.
Je vous disais hier j abnégation, patien-
ce. les camarades arrivent.
Je vous dis aujourd'hui : ténacité, audace
et vous forcerez la victoire.
Soldats de France, je salue vos drapeaux
qu illustre une gloire nouvelle.
(Signé) : PETAIN.
Autre infamie allemande
Ils veulent incorporer
les Belges dans leur armée
Le correspondant du New York lIera/a
en Hollande, télégraphie que, suivant des
informations transmises de la frontière bel-
ge, les Allemands, avec le concours des
traîtres flamingants du soi-disant « conseil
c'es Flandres », auraient décidé l'organisa-
tion d'une espèce do garde nationale fla-
mande, qui serait ultérieurement incorpo-
rée dans l'armée allemande A cette fin, le
soi-disant « conseil des Flandres » nu..
rait été autorisé par les Allemands
à offrir des grades à d'anciens officiers de
la garde civique, dissoute depuis les pre-
miers mois de la guerre. On libérerait en-
suite les prisonniers de guerre flamands
qui consentiraient ù contracter un engage.
ment dans cette prétendue garde nationale,
qui aurait au début le caractère d'une sim-
ple force de police.
Si te recrutement se fait par engage-
ments volontaires, on peut être certain que
le « conseil des Flandres » ne trouvera pas
cent hommes dans toute la Belgique pour
servir dans ce corps. En réalité, les traî-
tres flamingant, honnis et haïs par Je peëu-,
ple beige, no sd sentent pas en sécurif
malgré la protection des baïonnettes prus-
siennes et veulent avoir leur propre garde.
Us no réussiront pas à donner le change, et
le peuple belge unanime saurait châtier les
traîtres qui consentiraient à flgftec tes ar-
mes contre leur patfi^
POLITIQUE ETRANGERE
NUYEAUI TRONES ALLEMANDS
C'est hier que le Sénat finlandais a eu à
se prononcer sur le projet de constitution,
monarchique. On sait que ce projet doit ral-
lier au moins les voix des deux tieis des
membres présents pour passer. Malgr4 la
propagande à laquelle n'ont pas cessé de se
livrer les agents germanophiles et en dépit
do lai haute pression exercée par l'Allema-
gne, qui a été jusqu'à envoyer des croiseurs
en guise de démonstration à. Helsingfors, il
y avait encore du tirage. Les partis finlan-
dais se raccrochaient dans léur résistance
à tout ce qui pouvait faire obstacle à la
réalisation des plans allemands. Ils ont sou-
mis à une vive critique le traité de commer-
ce conclu avec les Allemands-par deux pro-
fesseurs et qui a été ratifié le 1G juin. Dansi
ce traité, il y a un article tout à fait désa-
vantugeiïx pour les Finlandais, parce qu'il
fait de la Finlande comme une des bases
économiques de T'iirnpirc allemand. Le mar-
ché finlandais est fermé aux Russes et livra
aux Allemands qui sont des commerçants
bien plus dangereux.
Le Sénat dans sa servilité a encore vote,
à propos de ce traité, des remerciements w
l'Allemagne de l'avoir débarrassé de l'anar-
chie maximaliste. Comme si Allemands i6g
Maximalistes, par ailleurs, ne faisaient pas
qu'une tète sous le même bonnet. > ■ ■
EnHn, le 23 juin, toutes les objections onc
été inuLiles, la convention des marchandises
en compensation 0. été également adoptée.
Los Finlandais, jaloux de leur indépen-
dance, ont essayé alors d'un autre argu-
ment en proposant de rappeler le général
Mannerheim, Vex-chef des gardes blanches,
qui vit à présent en Suède, et de remet-
tra dans ses mains les destinées du pays*
Les germanophiles ont répondu : du mo-
ment que nous avons passé un marche avec
les Allemands, nous irons jusqu au bout en
prenant laD roi allemand et non un dictateur
'finlandais. ,
Comme il faut r prévoir que les deux tiers
de voix exigibles ne seront pas réunis, Us
vont avoir recours à un tour do passe-passe
qui constitue, ni plus ni moins, un coup
d'Etat. Le moyen qu'ils tenaient en réserve
pour venir à bout des opposants est sim-
p4e : ils réclament le vote à une simple ma
L'Allemagne poum: après tirer de? hom-
mes, comme elle y compte, de Finlande es
ne laisser de3 garnisons allemandes qua
dans quatre villes.
C'est la même -politique en Lithuanie avert
la Taryba qui ne représente que quelques
îMîQ gros prop riétaires. La Taryba lithua-
nienne n'agit pas autrement que le Sénat,
de Finlande Elle élisait dernièrement un
Wurtembergeois, le duc d'Urach, pour roJ;
de Lithuanie On sait maintenant que la.
convention sacrète qui lie la Lithuanie à
l'Allemagne, est d'ordre militaire, montai-;
re c-1, ferroviaire. Hindenburg et Ludendorff
comptent recruter dans ces deux pays leur
million d'hommes. Il y a loin de la coupe
aux lèvres.
Louis BRESSE.
M. II 'Il # l I >11 lf»»||»i4IH ■'
ON ÉTUDIEMMU
--
Un Ide nos confrères, remnalng sur Té
bombardement de Paris par les « grosses
Berthas H, annonce qu'il rnçoit chaque jour
des lettres de plus en plus nombreuses die
ses lecteurs et lectrices, q)ui demandent
pourquoi nous laissons attendre longtemps
notre riposte air les villes allemandes.
Il paraît que c'est un problème très om",
plexe et qu'on l'étudié.
Il nous semble que depuis quatre ans
de guerre en a eu le loisir de l'étudier.
On pourrait ne pas attendfre la paix pouf
le résoudre ?
VOIR EN DEUXIEME PAGE
LES REPECHES DE L'ETRANGER
■■■ !. ■■ ■ il m M l'H» I |
On Dit
1$> --
En passant
Art décoratif t
Mais savez-vous qu'elle esl très variée, très
curieuse à voir et parfois trè$ jolie, cette décora-
tion de papier qui illustre les fenêtres et les
glaces des devantures parisiennes 1
Nous en remarquions encore hier de nou
veaux spécimens, et c'était charmant !.
Sur la surface très grands de trois Barges
baies on avait imaginé de faire de superbe
stores de filet brodé - en papier ! — Oui, ei
papier découpé fin, fin comme' du vermicelle e.
imitant les mailles du filet. Sur ce réseau, on
avait collé d'aulre papier découpé formant des.
attributs de broderie de\ style Louis XVI :
amours, CQI'bcilles de fleurs, rubans, etc. Ls
bas dessinait, un large feston orné de glands et
de franges. - Vraiment, c-e fin travail fait hon-
neur aux doigts de fé« et à la patience de la
maîtresse de maison !
Plus loin, c'étaient des bandes étroites de pa-
pier vert se croisant à !a manière d'un treillage,
ef, là-dessus, serpentant de ci de là, de superbes
lianes de vigne vierge couleur d'automne, jaune.
rose, pourprée, toujours obtenue avec le pa-
pier découpé et teinté.
On devrait organiser une distribution de té*
compenses peur encourager cet art nouveau 1
et les Boches en resteraient plus qud jamal$
stupéfaits f. Quoi ! le « superkanon » serrait
l'occasion de décorations et. de fioritures sur Jet
maisons parisiennes ?. Us n'y comprendraient
plus rien L.. ils nous comprennent déjà si
peu !!.
Et dire que voilà maintenant les savants oui
nous informent que ces jolis papiers, si pa
tiemment collés, ne servent à rien I.
Ah ! !a science î la grande destructrice d'ilhv
sions
Mais, évidemment, que ça ne sert à rien ! ,.
ça n'a rien de protecteur pour les vitres !. Ait
contraire, ra leur est même très nuisible, car (t
force de travailler sur' les carreaux mêmes, M
peut très bien arriver qu'on perde l'équilibre
et qu'on passe au travers de la vitre. Alors.
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