Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-07-29
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 29 juillet 1918 29 juillet 1918
Description : 1918/07/29 (N17420). 1918/07/29 (N17420).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7550909t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
tî- g m. -'N°l'
fa Una^ea 4 M
MMM a'f&ÊÉÉtÏÊià. fi..
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur jlW^
^TEI^phone
Nord : M-90. 24-ai
* 1Pr.èJ 10 h*, âu soir : GUTENBERG 00-70
fKKJR LA ,'PVBLtCITE
- S'adresser au RAPPEL-PUBLICITE
38, bd de Strasbourg. — Park
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
.., N~TBHBHtB~N~Nt ~~s~NBN~WN~N~t~BBSBB~NN~NNm~BBtNBtt~
1 !ts)t))t)t!)!)) )~)))!N!t ,)AtMtt.~)))N)B JH!)M tJ)m))NL t !B ) !B!!
BDJ»OND Dp AlBStOJ,
Directeur
BONNEMENIS «
Un an Sis mois Trois mois (
SFFLNE & S.-ET-OïSE.. FI 9 9 9 S n
FRANCE & COLONIES,. 20 R 11 a 8 1
ETRANGER » • • » •-•"■• #1V 32 t 18 » 9 a
REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard, de Strasbourg, — Paris,
tribune libre
a *
Opinion troublée
Le calme qui présidait aux
premières audiences du procès
Malvy n'a pas pu subsister. De
séance en séance, on jaeist
constater qu'une croissante
nervosité exerce ses ravages
4ar 4es raeintees de la Haute-Cour de
J.ust-ioo. -C-est -en phénomène naturel,
dont l'origine peut être attribuée à la
continuité même des débats. On en pour-
rait tirer un parallèle entre deux mé-
thodes de travail, et conclure.
On peut répéter, sans calomnier le
Sénat, que la Haute Assemblée est une
nécropole législative. Combien de lois
se sont endormies d'un éternel sommeil
après être entrées dans les cartons du
-Luxembourg 1
On justifiait cet état de choses par
l'âge et par la fatigue naturelle des
<( pères conscrits ». Ce sont les séna-
teurs eux-mêmes qui prennent le soin
de démontrer l'erreur de jugement com-
mise en pareille jnatière. Plus les séan-
ces du procès se multiplient, plus les
audiences se succèdent, plus leur pré-
sence est tenace, persistante, et plus
aussi l'activité des législateurs-juges se
fait considérable. Un seul, jusqu'ici, est
mort à la peine, n'ayant pu résister à ce
brusque renversement de l'existence
coutumière;
Il nous est donc permis, d'après cet
examen, de tirer argument contre les
méthodes sénatoriales;
La torpeur engendre une demi-mort.
L'action, au contraire, réveille les éner-i
gies. Si les séances de la Haute Assem-
blée pouvaient être, légalement, corres-:
pondantes en nombre à celles tenues
par la Chambre, si la présence des lé-;
gislateurs était exigée aussi formelle-
ment que l'est celle des juges à la Hau-
te-Cour, le Sénat ne s'en porterait pas
plus mal, et les affaires du pays en
iraient beaucoup mieux.
On a vu, en cette dernière semaine,
se succéder à la barre des témoins plu-
sieurs patrons et entrepreneurs, venant
assouvir contre M. Malvy leur rancune
d'avoir dû, en pleine guerre, sous la
ferme pression de l'ancien ministre,
consentir des augmentation de salaire
à leur personnel. N'était-il pas plaisant
d'établir alors un rapprochement entre
la matière sur laquelle ces « victimes»
de M. Malvy déposaient et ce que pou-
vaient se dire, in petto, les juges qui
écoutaient ? Ceux-ci savent bien, en
effet, que le patronat ne paie qu'un la-
beur effectif ; ils savent aussi que plu-
sieurs sénateurs se sont faits ermites et
que leur ermitage n'est pas au Palais
'du Luxembourg, où ils ne paraissent guè-
re. Servant si mal l'Etat, oseront-ils re-
tenir contre M. Malvy les griefs d'un
patronat assez imprudent pour oser de
telles doléances, bonnes à transformer
en un procès de basse politique une ac-
cusation autrement grave et qui s'efface
de plus en plus sous les ragots ?
Après tout, c'est bien possible. On
voit assez souvent ceux qui en font le
moins se montrer inlassablement prêts
à exiger davantage. d'autrui.
L'ancien ministre de l'Intérieur sor-
tira-t-il la tête haute de cette enceinte
où nous le verrons peut-être siéger un
jour ? Sera-t-il condamné par le Sénat ?
Il serait bien présomptueux d'asseoir
un pronostic lorsqu'on voit le procès dé-
vier comme il le fait de ses origines
premières. La Chambre a voulu, avec
tout le pays, la pleine lumière sur l'af-
faire du Chemin-des-Dames. La vérité
est si absolue, sur ce point, que l'accu-
sation même, représentée par le procu-
reur général et par M. Pérès, a reconnu
l'absurdité des suspicions de trahison
J'etées contre M. Malvy.
Alors?
W, Alors, si l'on se propose d'atteindre
en M. Malvy, le représentant qualifié de
la politique radicale-socialiste, la tâche
est facile. Mais vers quel gouffre nous
précipitons-nous ?
Les « déballages » qui se sont pour-
suivis depuis la troisième audience sont
gros de conséquences. Huis-clos et cen-
sure ne sont que de faibles moyens
quand il s'agit d'interposer un écran
entre les curiosités politiques et certai-
nes dépositions.
< Tous ceux qui veulent se dégager des
passions en présence perçoivent bien
e qui se passe. Ce ne sont point les
procès des hommes qui se déroulent. Ce
ontles tares du régime qui viennent,
en vagues boueuses, battre la barre.
emares stagnantes révèlent leurs pu-
tridités.
Il ne faut pas que notre union contre
l'ennemi en soit altérée.,
Mais quelles journées nous préparons-
nous pour les lendemains de la guerre ?
sOtt s'épuise à vouloir tuer, moralement
pour le moins, quelques hommes politi-
ques- Durant ce temps, d'autres na-
tions, plus avisées et moins épuisées que
nous placent habilement leurs pions sur
l'échiquier mondial. C'est, pour nous,
zgen., superficiels, ce qui compte le
ijnoins.
CAMH.UE DEVILMt, ;
LA RIPOSTE. DE FOCH
Nos troupes pénètrent dans Fère=en =Tardenois
L'ennemi recule dans le secteur de Reims
où nous enlevons deux nouveaux villages.
— > m+m « '- ,
L'ACTUALITE
Internationale
Le Conseil national du par*
ti socialiste s'est réuni hier.
La Confédération générale àu
Travail tenait, elle aussi, son
congrès l'autre dimanche. Ces
deux organismes, le premier
dans l'ordre politique, le se-
cond dans l'ordre économique, concen-
trent une partie des forces ouvrières.
Leur modestie ne va pas jusqu'à ad-
mettre qu'il y ait fraction. Les chefs de
l'un et de l'autre ne parlent et n'écri-
vent jamais sans appuyer leurs discours
et leurs articles de cette formule lapi-
daire : « Nous, représentants de la clas-
se ouvrière. »
Il serait trop facile de chicaner si
l'on voulait recourir aux statistiques.
Le nombre des ouvriers socialistes ou
cégétistes est de beaucoup inférieur à
celui des ouvriers appartenant à d'au-
tres partis ou délaissant résolument tou-
tes organisations. Les paysans, notam-
ment, sont en général réfractaires. Mais
ce n'est pas là où nous voulons en venir,
et ceux qui s'imaginaient déjà que nous
allions les prendre à partie vont avoir
une agréable surprise.
En effet, l'action syndicale et l'action
socialiste telles qu'elles sont, souvent
affaiblies l'une par l'autre, en raison de
leurs divergences de principes et des
oppositions de personnalités, nous dé-
montrent la vérité absolue d'une de
leurs formides : les minorités agissan-
tes imposent toujours leur volonté aux
majorités confuses, indécises ou pares-
seuses.
Ceci a son importance.
Les syndicalistes ont décidé, voici
huit jours, que les relations internatio-
nales ne peuvent pas être reprises ac-
tuellement.
Le désaccord entre socialistes — par-
mi lesquels il est beaucoup de syndica-
listes — repose surtout sur la reprise
de ces mêmes relations, jusques et y
compris avec les socialistes allemands.
Or, pour tout homme de bon sens,
l'Internationale s'est divisée en deux
parties nettement distinctes les - 2 aoift
1914. Les deux tronçons se font face,
les armes à la main. Dans la bataille,
les socialistes de l'un et de l'autre clan
de belligérants font leur devoir, celui
que commandent les destinées de leur
patrie. S'il en était qui puissent parler
de déposer les armes, une telle parole
ne pourrait appartenir qu'à l'agresseur.
Celui-ci se tait.
Pas d'autre Internationale, aonc,
tant que des événements graves ne se se-
ront pas accomplis, que celle vraiment
magnifique groupant à nos côlés les sol
dats, socialistes ou non, des Deux-Mon-
des-
00.
Avant la surprise
y— Ï&.
(De notre envoyé spécial aux armées,
On n'a 'pas manqué de vous conter lon-
guement, et au jour le jour, depuis le 18
juillet, les grandes opérations que, de leur
observatoire élevé auprès du haut comman-
dement, les correspondants de guerre ont
vu se dérouler à leurs pieds. Mais peu noaiî*
breax sont ceux qui se sont attachés au
plus intéressantes opérations de détail pré-
cédant et préparant la grande affaire. Telle
fut, par exemple, la prise des ravins et du
village de Longpont, suivie par la conquête
de la ferme de Javage.
C'est le 11 juillet au matin. Harcelé par
nos fantassins qui ne lui laissent pas une
minute de répit, le Boche se cramponne au
soi de la partie est de la forêt de Retz. Il y
a creusé des trous profonds et sûrs ; il s'est
installé sur le flanc du coteau qui fait face
à ses ligues. Il s'y croit indéracinable. Plus
loin, vers le nord, ses sapes, ses gourbis,
solidement couverts de ronding et de tôles
ondulées, s'étendent en forme de coude,
comme le terrain lui-même, vers la ferme
de Chavigny. Plus au nord, dans la direc-
tion de Verte-Feuille, les plateformes gar-
nies de mitrailleuses s'alignent vers l'ouest
comme d'innombrables et (gigantesques tau-
pinières.
Soudain, sans que la moindre préparation
d'artillerie ait annoncé leur venue, les
« bleu horizon » foncent, accompagnés seu-
lement par un barrage roulant de 75. Le
Boche surpris, étonné, ahuri, n'a même pas
le temps de monter son sac. Même pas
le temps de manger sa maigre pitance. Les
gamelles individuelles ont été abandonnées.
Deux heures plus tard, Chavigny était en-
tre nos mains, avec un bon nombre de pri-
sonniers et un matériel considérable.
Encore une petite poussée un peu plus au
nord et les souterrains, abris précieux pour
nos réserves, seront à nous. L'assaut sera
pour le lendemain. Et comme de cette opé-
ration délicate dépend la réussite de l'atta-
que, que le Grand Quartier Général a ram-
binée, ce sera un de nos régiments ,d'Nitt>,
l,Un régiment de zouaves, qui aura l'honneur
d'enlever le morceau.
[ h. ST-Anionin,
Communiqués Français
14 HEURES'
Au nord de la Marne, nous avons continué nos progrès au cours de la nuit.
Nos éléments ont atteint la rive sud de l'Ourcq et sur notre droite se sont rap*
prochés de la route de Dormans à Reims.
En Champagne, nous avons repoussé plusieurs attaques ennemies sur nos nou-
velles positions au sud du Mont-Sans-Nom et au nord-est de Saint-Hilaire. Nous
avons intégralement maintenu nos lignes.
23 HEURES.
Au nord de la Marne, nos troupes ont continué leur marche en ayant.
Dans la région de l'Ourcq, malqré la résistance de l'ennemi qui s'efforçait d'ern.
pêcher le passage de la rivière, nous avons réussi à je-ter des éléments avancés sur
la rive nord. Nous avons pénétré dans Fère-en-Tardanois.
Au nord-est de la forêt de Ris, nous avons atteint Champvoisy >.
Sur notré droite, nos troupes ont enlevé Anthenay, Olizy-Violaine et rapproché
sensiblement leur ligne de la route de Reims à Dormans.
En Champagne, deux tentatives ennemies, précédées de bombardement, dans la
région au sud des Monts, ont été repoussées. * - -,
AVIATION. — L'adjudant Artigau a abattu, le 22 iuillet, son dixième avioQ
allemand.
Autour de la Bataille
- -L- .———————— .,.,., .,. .-. -———————————
La journée marque une nouvelle étape:
de notre victoire. Sous la violence de la
poussée que nous avons continué à exercer
sur la Marne et sous la menace de fortes
attaques fancees à l'est entre le bois de
Reims et le :!.nis de Courton, avec une bril-
.lante coopération des troupes anglaises, les
Allemands se sont trouvés dans l'obligation;
de battre en retraite
La rive nord de la Marne est complète-
ment dégagée. Notre cavalerie, appuyée par
quelques éléments d'infanterie, a atteint la
région au sud de Villers-sur-Fère, de Ser-
gy, de Cierges et de Ronchères, réalisant
des avances d'une dizaine de kilomètres et
atteignant la ligne de l'Ourcq. Fère-en-Tar-
denois est menacé.
A l'ouest de Reims la cavalerie a égale-
ment atteint la route de Ville-en-Tardenois
à Verneuil. Le succès est complet sur toute
la ligne, et ia ipodhie aJŒsrnande dm 27 mai
est déjà à moitié résorbée.
Les pertes de l'ennemi, qui a essayé de
résister jusqu'à là .dernière limite die ses
forces, sont extrêmement éleves.
Le repli allemand
s'arrêtera-t-il à lOurcq ?
M. Don Martin, dans le New York He-
rald, nous parle des derniers combats.
Il nous apprend que c'est sous un délu-
ge de projectiles lancés par les Américains,
que les Allemands ont dû remonter de la
Marne 'vers le nord
Il semble .que l'on psuisse déduire de la
rapidité de leur retraite et des déclara-
tions des prisonniers qu'ils ont l'intention
de se replier jusqu'à l'Ourcq où, sans dou-
te, ils feront un arrêt plus sérieux que sur
la Marne,,
Indices d'offensive
Auprès d'une route, les Américains ont
trouvé un canon die 210 en bon état. On
était évidemment en train de le retirer lors-
qu'il tomba dans le sillage d'une traînée
d'obus. Tout proutve que l'ennemi se pré-
parait à une très puissante offensive dans
la région de la Marne. L'on voit des tonnes
et des tonnes de munitions, ds piles d'obus
dans les bois, dans les caves et le long des
routes. La plupart des gros canons ont été
enlevés. 1
La brillante coopération
des tanks - français
Depuis le 18 juillet, jour de la contre-
offensive française entre Aisne et Marne,
nos chars d'assaut ont pris une part glo-
rieuse à la bataille.
Après avoir enfoncé les lignes ennemies
et facilité la ruée en avant de notre infan-
terie, ils n'ont cessé d'accompagner pu de
précéder nos troupes et celles de nos alliés
dans leur progression. Faisant preuve
d'une habileté manœuvrière, d'une audace
hors de pair, ilés équipages ont poussé
leurs chars au plus fort de la bataille, ne
reculant devant aucun obstacle, attaquant
les centres de résistance et les batteries ad-
verses sous le feu terrible des mitrailleu-
ses et des canons spéciaux que l'ennemi
concentrait sur eux. Tant de bravoure a
obtenu les meilleurs résultat. Chaque sec-
tion de chars a réduit une moyenne de 115
à 20 mitrailleuses allemandes. Un certain
nombre d'entre aux, prenant à partie des
batteries, ont mis le personnel hors de com-
bat et assuré la capture du matériel. Les
pertes subies par l'ennemi, du fait des
ohars d'assaut sent, au dire des prison-
niers, très élevées. Du 18 au 23 juillet, leâ
chars d'assaut ont participé quotidienne
ment aux attaques ; la plupart ont exé-
cuté deux sorties, et certains retournèrent
au combat à quatre ou cinq reprises dans
la même journée A cette date, chaque com-
pagnie comptait trois jours pleins de com-
bat, et des mécaniciens ont eu à leur actif
jusqu'à 30 heures de conduite, les 18 et 19
juillet
Général allemand disgrâclé
Le Vossische Zeitung, du 27 juillet, an-
nonce que le colonel-général Edler von der
Planitz a été mis à la demi-solde.
Le colonel-général Edler von der Planitz
était avant la guerre chef de t'état-major
saxon et commandant la 38 garnison, avec
garnison à Bautzen.
Pour renforcer le moral
de leurs troupes
Des officiers allemands, faits prison-
nfers, le 25 juillet à Villemontoire, se sont
montrés très étonnés d apprendre que nous
n'ayons pas encore connaissance . sal succès remporté par la grande offensive
« victorieuse j< d'Hindcnburg, dang^s Fleua,"
dres ou eiï Alsace, ils né savaient au
juste - et qui nous avait déjà fait 50.000
prisonniers exactement.
Cette nouvelle, cependant, était officielle-
.ment colportée dans les armées allemandes
combattant entre l'Aisne et l'Ourcq.
Tels sont les derniers procédés auxquels
Ludendorff est obligé d'avoir recours pour
essayer de maintenir le moral de ses trou-
pes.
Un rapport de Ludendorff (?)
* Un télégramme suisse de l'Agenda Na-
zionale dit que dans son rapport au kaiser,
le général Ludendorff aurait rejeté sur ses
collaborateurs la responsabilité de Téc!he de l'offensive de Champagne.
Ludendorff accuserait un des comman-
dants d'armée d'avoir manqué de flair et de
fermeté, en se laissant d'abord surprendre
par la. contre-offensive française et en tar-
dant ensuite à prendre les mesures néces-
saires pour l'enrayer. Selon Ludendorff, les
autres généraux ne se sont pas montrés à
la hauteur de leur tâche ; cependant, l'état-
major avait envisagé toutes les éventuali-
tés et l'offensive aurait fatalemeni dii réus-
sir. -
300.000 Américains
seront arrivés en juillet
M. Baker, secrétaire pour la guerre, a
dit à la commission militaire du Sénat que
l'on compte que le total des soldats trans-
portés en Europe s'élèvera pour le mois de
juillet a 300.000 hommes et que le total des
hommes a déjà embarqués pour la France
atteint 1.250.000 hommes.
Il a ajouté que la production des mitrail-
leuses et des pièces d'artillerie va crois-
sant.
Parlant du du paquebot Jus-
ticia, M. Baker a déclaré que cela n'entra-
verait nullement le transport des troupes
américaines.
Des canons!
'k'
..;.-
1 *-■. ?
*
M. Clemenceau aux Armees
du
M, Clemenceat!', accompagné du général
Mordacq, a tenu à remettre lui-même à
Epernay la fourragère au 33" colonial, vail-
lant régiment qui, après avoir arrêté l'en-
nemi, a .pris une part glorieuse aux com-
bats qui ont sauvé Epernay.
Ce régiment appartient d'ailleurs à une
division coloniale légendaire par sa vaillan-
ce et par l'héroïsme de son chef.
Au cours de son voyage, le Président du
conseil a visité les village® de la vallée de
la Marne avant-Mer encore entre les mains
de 1 ennemi, qui a 111a,rqU!è son passage
comme de coutume par l'accumulation des
ruines et des destructions.
Parcourant ensuite longuement les ré-
gions reconquises, au nord de la rivière,
M. Clemenceau a vu monter à la bataille
des unités françaises et américaines, fan-
tassins et artilleurs rivalisant d'allant et
d'enlrain pour la poursuite do l'ennemi.
Contre le Pangermanisme
, -
On nous communique l'ordre du jour sui-
vant, voté il la séance de la Commission
exéoutive des J. R. de France :
« Les Jeunesses démocratiaues de Fran-
ce, irréductiblement hostiles au militarisme
prussien -dont le traité de Brest-Litovsk a
consacré momentanément le triomphe sur
la démocratie russe, adresse aux Jeunesses
républicaines de Russie l'assurance d son
entière sympatl ie.
« Elles leur affirmenf qu'elles soutiendront
toutes mesures qui, prises & leur appel et
en pein accord par toutes les nations adhé-
rantes à l'Entente, leur paraîtront suscep-
tibles d'alteindre ce double but : arrêter
l'e. n) prise -,-pangeriiiaiiiste, permettre à la Ré-
publique russe de se développer en pleine
Jj £ 8 £ t.é seloft son n,!.m:?P.J:,: a -
LA SITUATION
Le champ de bataille
'Ainsi la retraite allemande au nord de la
Marne s'accentue. Ludendorff a fait explo-
rer nos arrière-lignes et son service de
renseignements l'a mis en garde contre les
dangers d'une folle obstination. Il rompt.
Ce qui, dans cette importante affaire est
fait pour nous étonner au delà de toute ex-
pression, c'est l'ignorance vraie dans la-
quelle se trouvait l'ennemi au sujet des
forces dont nous disposons.
Que les journaux allemand$aient exalté,
à L'envi, la faiblesse numérique des contin-
gents américains débarqués en France,
qu'ils aient affirmé impudemment et im-
prudemment l'usure des réserves françai-
ses, qu'ils aient tablé sur l'épuisement des
divisions britanniques, c'est un fait.
En les voyant mener cette campagne,
nous n'avons jamais pensé qu'ils agissaient
de bonne foi. Nous avons toujours cru
qu'ils s'imposnient comme but essentiel la
tâche de bluffer l'opinion publique allemand
de. Nous étions, d'avis qu'Us entendaient
montrer à l'armée comme au peuple que la
victoire impérialiste et impériale était d'au-
tant plus certaine, qu'elle serait d'autant
plus rapide, que les. lorces de l'Entente
avaient cessé d'exister, ou que ce qui en
restait ne pourrait plus être que difficile-
ment reparé.
Nous nous trompions. La pressé alle-
mande enregistrait comme vérité vraie ce
qu'elle écrivait. Bien pis, le grand état-ma-
jor allemand lui-même était convaincu de
n'avoir plus devant lui que de faibles ar-
mées dont il allait avoir rapidement fai-
son.
De là, cette imprudente progression vers
le sud ; de là cette poche profonde creusée
entre Soissons et Reims et franchissant la
Marne : de là cette entrée du gros poisson
allemand dans la nasse d'où il sort péni..
biemcM, en y laissant quelques écailles et
un peu de chair vive. -
Mais le champ de bataille ne se circons-
crit pas à cette poche, si fatale pour l'Alle-
ma(/llc. Il est en Belgique, en Artois et en
Picardie ;il est dans l'est de la France, en
Italie, en Albanie, en Macédoine, où nos.
ennemis sont rudement trappés. Il est déjà
sur la côte mourmane : il sera demain en
Russie çt en Sibérie. L'Allemagne a connu
de magnifiques journées ; elle entre dans la
phase angoissante où rien ne lui coûtera
pour nous causer des dommages sévères et
pour nous faire payer cher la victoire que
nous poursuivons. N'escomptons pas nos
chances. Travaillons à. déterminer notre
succès comme si tom les. risques étaient en-
core contre nous. C'est peut-être le plus
sûr moyen de vaincre,
C. D.
Des Révélations.
L'ancien ambassadeur des Etats-Unis en
Turquie, M. Morgenthau, publie dans le
Worlds Work des révélations extrêmement
intéressantes sur les tentatives de paix de
l'Allemagne à la fin de 1911 et au début de
lD l5 par son intermédiaire. M. Wangen-
heim, ambassadeur d'Allemagne à Cons-
tantinople, et plus tard M. Kuhlmann,
cherchèrent à convaincre M. Morgenthau
que l'Amérique devrait intervenir et réta-
blir la paix
k Le mot -qui revient le plus Souvent
dans mon aide-mémoire, écrit M. Morgen-
thau, est celui de « prochaine glHwre ».
C'est, en effet, le mot que Wangenheim
avait le plus souvent à la bouche et il par-
lait sans cesse des stocks de coton, de cui-
vre et de vivres que, pour la prochaine
guerre, l'Allemagne accumulerait, il di-
sait aussi qu'il ne fallait pas parler d'a-
vance des conditions de paix parce que
chaque parti émettrait des prétentions tel-
les que tout échouerait, mais il fallait s'as-
seoir ii la table de conférence et les diplo-
mates régleraient la situation par des trac-
tations mutuelles. L'Allemagne, par exem-
ple, reconnaîtrait l'annexion de l'Egypte
par l'Angleterre pourvu qu'elle ait les
mains libres en Mésopotamie. La France
aurait un morceau de la Lorraine et une
partie de la Belgique, mais elle paierait une
indemnité. Wangenheim insistait surtout
pour que l'Allemagne ait des bases navales
en Belgique afin de faire respecter la liber-
té des mers.
POLITIQUE ETRANGERE
Vents d'onest
La seconde bataille de la Marne commea-
ce m porter Ses fruits. Sa répercussion n'ai
pus tardé à se taire sentir en Allemagne.
ÓOllnanlrmson à ceux qui jugeaient que 1%
meilleure diplomatie, c'était encore la vie.
toire avec un grand V. Le peuple allemand
ou nul depuis longtemps des svmptùmes da
lassitude et de découragement, mais js'il a.
moins confiance dans son empcl:euf,eJ da n
ses militaires, il se laisse toujours conduire.
Les quelques indépendante qui protestent
sont en prison ou en exil. Leur heure vien-
dra sans doute. En attendant, c'est Ludo:-n.
dorff qui commande.On l'a bien vu, il n'y a
pas 4>ien .longtemps, avec la lutte entre 19
pouvoir civil et le haut commandement. L*
premier a dû s'effacer devant le second,
von Ivithlmann faire place, jtla Wilhelm-
strasse, à l'amiral von Hintze.
Si l'on s'en rapporte aux révélations dd
l'ancien ambassadeur des Etats-Unis Èb
Constantinople, M. que publie
actuellement J. \V rld,y Work, on voit que
dans la première année de la guerre, JKuhf-
mann ne .u:u:miJeslait pas une .bien grande
confiance dans le triomphe de l'Allemagne.
Il ne se serait pas efforcé autrement, com-
me l'avait tenté avant lui le baron de W'pp •
genheim, de convaincre .M. Morgenthau de
la nécessité d'une intervention de l'Améri-
que pour rétablir la paix. Les diplomates
allemands ne prévoyaient pas à ce moment-
là que cette intervention se produirait dans
des conditions tout autres que celles qu'ils
sollicitaient. Un des derniers effets de l'in-
tervention américaine est même d'avoir con-
tribué à amener, à défaut de révolution par-
en bas, le renversement par en haut. Un*
toute petite révolution de palais, si l'on
veut. que la nouvelle transmise par le ser,.
vice allemand de -propagande de la démis-
sion du baron Lyncker, chef du teabinet mi-
litaire de l'empereur, mais combien symp-
tomatique des faits qui doivent se passer
dans la coulisse.
Le .baron Lyncker était -une. sorte de per-
sonnage tout .puissant, un des membres .d?
la camarrilla militaire -qui faisait agir,
Guillaume II en pesant lourdement sur scrA
décisions et Celles de la Chancellerie.
Si Lvncker s'en va, il semble qu'il s'esf
passé quelque chose qui implique une saute
de vent tout à fait contraire à 'l'influence da,
Ludendorff réputé, il y a peu de temps en-
core, le maître, de l'heure.
Ce quelque chose, c'est lé désastre Bli
mand qui se transforme chaque jour en un-*
immense hécatombe et dont Ludendorff va
porter le poids avec le haut commandement.
Un vent qui vient de la Marne souffle sur,
toute l'Allemagne. Un tel vent pourrait bien
se déchaîner en tempête un jour qui n'est'
peut-être plus loin. La disgrâce du bar art
Lyncker en est un des signes avant-cou*
rouis.
Louis BRESSE.
J
On Dit.
En passant
LE POILU DIT.
M. Henri Gili:. qui visita le iront de Champa-
gne après l'échec allemand du 15 juillet, 'é<-;!'.
vit, des son retour, dans un journal du Ill:::',
tin ; Uli j~ 1 du Il,-
r. En premijre ligne française étaient .?euTs
restés quelques hommes, tous volontaires. Ii
Les poilus, peu indulgents, ont accompagné
de commentaires assez peu flatteurs l'article dis
députe de Paris. M. Galli est mal informé. La
première ligne était occupée, dans lanui du
14 au 15 juillet, comme elle l'était depuis pili,
sieurs mois. Chaque régiment avait un bataillon
sur la première position. Voilà la vérité 1 Pour-,
quoi la dissimuler ? Pour ne pas renseignée
l'ennemi ? Il sait tout cela par les prisonniers
Afin d'éviter d'alarmer (ife familles ? Elles sont
avisées, à cette heure, par les dépôts des corps,
ou par l'office cle la Croix-Rouge de Genève, (\J,
,pjr un permissionnaire ami de leur mort.
Pourquoi des volontaires ? La réalité est 11:::0:
plus belle. Les compagnies qui subirent le 1:>::.:'
mier choc, étaient en ligne parce que- « c'était
leur tour » d'y être. Simplement •! Ces 'bom
mas étaient sacrifiés et le savaient. lis ont fait
leur devoir magnifiquement. Il leur était intr",
dit de inltre en retraite ; ils ont tenu. Ils ont
résisté partout : dans les boyaux, dans les abris,
sur la plaine, pour retarder la progression cie.
l'ennemi. Ils se sont battus dans les escaliers
des P. G. ttt des observatoires, défendant te
marches une à une, pour permettre aux signa.
leurs et aux c radios » d'envoyer, par la T.P,S"
(télégraphie par le sol). les émouvants message!
de ;la dernière minute.
--Roches dans l'escalier. Adieu! Grfles au.f!'"
.put seulement « passer », à son colonel, un
opérateur de la région des Monts. C'daïn te
45 jurtM. à quatre "heures trente-sept.
Grâce à ces bataillons héroïques, la résistance,
put lotr? organisée efficacement sur ta position
intermédiaire, ainsi que Gouraud l'avait jîrec-
ct'i.t. que G-ouraud i~avait. Preé.
— YOtlS les arrêterez là ! avait ordonné le gÇi
,n6r;l1 aux troupes de soutien.
Elles les ont arrêtés. Voilà tollte la bataille
ta victoiro - de Champagne.
Aujourd'hui,, 'le Boche est maîtrisé. 'Nous ppu-
vons penser davantage à nos camarades cjni
moururent parce qu'ils avaient pour mission de
se 'faire tuer. 'I.eur sacrifice était nécessaire
Nous Voudrions. M. Galli. que leur gloire ne
dût pas diminuée, to8I R. E.
UNE RtUNION DU COMITÉ RADICAL -
-.f —
L'intervention des Alliés en Russie
Hommage aux Amêriosias. - La, Classe 20.
♦
Réuni hier, au café du Globe, sons la pré-
sidence de M. Charles Debierre. le Comité
exécutif du Parti républicain radical et ra-
dical-socialiste. assisté de MM. Dalimier.
Puiech, Bouffandeau, députés, Ripault et
Souzet, secrétaire général.
Au début de la séance, une discussion
s engage à propos du prochain congrès du
Parti à laquelle prennent part MM. Puech,
Dalimier et Fabius de Champville.
Le Comité exécutif vote ensuite -un ordre
du jour présenté par M. Dalimier, ainsi con-
çu ;
« Le Comité exécutif du 'Parti républicain
radical et radicahsocialiste, salue avec una
émotion reconnaissante les armées victo-
rieuses de la Réptrblique ?
« Il associe à son hommage les soldats
des armées alliées et félicite particulière-
ment la jeune armée «HJ&fleaine pour ses
débuta gloEieus
« Plus confiant que jamais dans la vIctoT^
re du Droit, il affirme sa volonté de lutter
jusqu'à la défaite du militarisme prussien,
dans le triomphe des démocraties. »
ti politique russe
M. Ripatflt Tait alors une très intéressante
communication sur les déclarations de Ke-
rcnsky au C~lé exÊcutif et expose élo-
quemment les raisons .qui motivent l'inter-
vmtion de tous les Alliés en Russie.
Le Comité, aiïjë3 UM mterveirtiondeAIM.
Bienaimé et Bouffandeau, vole l'ordre du
jour suivant présenté par M. Debierre :
« Le Comité .Exécutif du Parti radicai et
radical-socialiste confirmant les déclara-
tions formulées le 4 janvier 1918 dans son
« Appel aux réoublicains russes » et .par le-
quel il saluait Assemblée Constituante, dé.
clare qu'il soutiendra toutes mc&trres prises
en plein accord par tous les Alliés pour
âQlUfrPLC li mm. la. démoc^
fa Una^ea 4 M
MMM a'f&ÊÉÉtÏÊià. fi..
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur jlW^
^TEI^phone
Nord : M-90. 24-ai
* 1Pr.èJ 10 h*, âu soir : GUTENBERG 00-70
fKKJR LA ,'PVBLtCITE
- S'adresser au RAPPEL-PUBLICITE
38, bd de Strasbourg. — Park
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
.., N~TBHBHtB~N~Nt ~~s~NBN~WN~N~t~BBSBB~NN~NNm~BBtNBtt~
1 !ts)t))t)t!)!)) )~)))!N!t ,)AtMtt.~)))N)B JH!)M tJ)m))NL t !B ) !B!!
BDJ»OND Dp AlBStOJ,
Directeur
BONNEMENIS «
Un an Sis mois Trois mois (
SFFLNE & S.-ET-OïSE.. FI 9 9 9 S n
FRANCE & COLONIES,. 20 R 11 a 8 1
ETRANGER » • • » •-•"■• #1V 32 t 18 » 9 a
REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard, de Strasbourg, — Paris,
tribune libre
a *
Opinion troublée
Le calme qui présidait aux
premières audiences du procès
Malvy n'a pas pu subsister. De
séance en séance, on jaeist
constater qu'une croissante
nervosité exerce ses ravages
4ar 4es raeintees de la Haute-Cour de
J.ust-ioo. -C-est -en phénomène naturel,
dont l'origine peut être attribuée à la
continuité même des débats. On en pour-
rait tirer un parallèle entre deux mé-
thodes de travail, et conclure.
On peut répéter, sans calomnier le
Sénat, que la Haute Assemblée est une
nécropole législative. Combien de lois
se sont endormies d'un éternel sommeil
après être entrées dans les cartons du
-Luxembourg 1
On justifiait cet état de choses par
l'âge et par la fatigue naturelle des
<( pères conscrits ». Ce sont les séna-
teurs eux-mêmes qui prennent le soin
de démontrer l'erreur de jugement com-
mise en pareille jnatière. Plus les séan-
ces du procès se multiplient, plus les
audiences se succèdent, plus leur pré-
sence est tenace, persistante, et plus
aussi l'activité des législateurs-juges se
fait considérable. Un seul, jusqu'ici, est
mort à la peine, n'ayant pu résister à ce
brusque renversement de l'existence
coutumière;
Il nous est donc permis, d'après cet
examen, de tirer argument contre les
méthodes sénatoriales;
La torpeur engendre une demi-mort.
L'action, au contraire, réveille les éner-i
gies. Si les séances de la Haute Assem-
blée pouvaient être, légalement, corres-:
pondantes en nombre à celles tenues
par la Chambre, si la présence des lé-;
gislateurs était exigée aussi formelle-
ment que l'est celle des juges à la Hau-
te-Cour, le Sénat ne s'en porterait pas
plus mal, et les affaires du pays en
iraient beaucoup mieux.
On a vu, en cette dernière semaine,
se succéder à la barre des témoins plu-
sieurs patrons et entrepreneurs, venant
assouvir contre M. Malvy leur rancune
d'avoir dû, en pleine guerre, sous la
ferme pression de l'ancien ministre,
consentir des augmentation de salaire
à leur personnel. N'était-il pas plaisant
d'établir alors un rapprochement entre
la matière sur laquelle ces « victimes»
de M. Malvy déposaient et ce que pou-
vaient se dire, in petto, les juges qui
écoutaient ? Ceux-ci savent bien, en
effet, que le patronat ne paie qu'un la-
beur effectif ; ils savent aussi que plu-
sieurs sénateurs se sont faits ermites et
que leur ermitage n'est pas au Palais
'du Luxembourg, où ils ne paraissent guè-
re. Servant si mal l'Etat, oseront-ils re-
tenir contre M. Malvy les griefs d'un
patronat assez imprudent pour oser de
telles doléances, bonnes à transformer
en un procès de basse politique une ac-
cusation autrement grave et qui s'efface
de plus en plus sous les ragots ?
Après tout, c'est bien possible. On
voit assez souvent ceux qui en font le
moins se montrer inlassablement prêts
à exiger davantage. d'autrui.
L'ancien ministre de l'Intérieur sor-
tira-t-il la tête haute de cette enceinte
où nous le verrons peut-être siéger un
jour ? Sera-t-il condamné par le Sénat ?
Il serait bien présomptueux d'asseoir
un pronostic lorsqu'on voit le procès dé-
vier comme il le fait de ses origines
premières. La Chambre a voulu, avec
tout le pays, la pleine lumière sur l'af-
faire du Chemin-des-Dames. La vérité
est si absolue, sur ce point, que l'accu-
sation même, représentée par le procu-
reur général et par M. Pérès, a reconnu
l'absurdité des suspicions de trahison
J'etées contre M. Malvy.
Alors?
W, Alors, si l'on se propose d'atteindre
en M. Malvy, le représentant qualifié de
la politique radicale-socialiste, la tâche
est facile. Mais vers quel gouffre nous
précipitons-nous ?
Les « déballages » qui se sont pour-
suivis depuis la troisième audience sont
gros de conséquences. Huis-clos et cen-
sure ne sont que de faibles moyens
quand il s'agit d'interposer un écran
entre les curiosités politiques et certai-
nes dépositions.
< Tous ceux qui veulent se dégager des
passions en présence perçoivent bien
e qui se passe. Ce ne sont point les
procès des hommes qui se déroulent. Ce
ontles tares du régime qui viennent,
en vagues boueuses, battre la barre.
emares stagnantes révèlent leurs pu-
tridités.
Il ne faut pas que notre union contre
l'ennemi en soit altérée.,
Mais quelles journées nous préparons-
nous pour les lendemains de la guerre ?
sOtt s'épuise à vouloir tuer, moralement
pour le moins, quelques hommes politi-
ques- Durant ce temps, d'autres na-
tions, plus avisées et moins épuisées que
nous placent habilement leurs pions sur
l'échiquier mondial. C'est, pour nous,
zgen., superficiels, ce qui compte le
ijnoins.
CAMH.UE DEVILMt, ;
LA RIPOSTE. DE FOCH
Nos troupes pénètrent dans Fère=en =Tardenois
L'ennemi recule dans le secteur de Reims
où nous enlevons deux nouveaux villages.
— > m+m « '- ,
L'ACTUALITE
Internationale
Le Conseil national du par*
ti socialiste s'est réuni hier.
La Confédération générale àu
Travail tenait, elle aussi, son
congrès l'autre dimanche. Ces
deux organismes, le premier
dans l'ordre politique, le se-
cond dans l'ordre économique, concen-
trent une partie des forces ouvrières.
Leur modestie ne va pas jusqu'à ad-
mettre qu'il y ait fraction. Les chefs de
l'un et de l'autre ne parlent et n'écri-
vent jamais sans appuyer leurs discours
et leurs articles de cette formule lapi-
daire : « Nous, représentants de la clas-
se ouvrière. »
Il serait trop facile de chicaner si
l'on voulait recourir aux statistiques.
Le nombre des ouvriers socialistes ou
cégétistes est de beaucoup inférieur à
celui des ouvriers appartenant à d'au-
tres partis ou délaissant résolument tou-
tes organisations. Les paysans, notam-
ment, sont en général réfractaires. Mais
ce n'est pas là où nous voulons en venir,
et ceux qui s'imaginaient déjà que nous
allions les prendre à partie vont avoir
une agréable surprise.
En effet, l'action syndicale et l'action
socialiste telles qu'elles sont, souvent
affaiblies l'une par l'autre, en raison de
leurs divergences de principes et des
oppositions de personnalités, nous dé-
montrent la vérité absolue d'une de
leurs formides : les minorités agissan-
tes imposent toujours leur volonté aux
majorités confuses, indécises ou pares-
seuses.
Ceci a son importance.
Les syndicalistes ont décidé, voici
huit jours, que les relations internatio-
nales ne peuvent pas être reprises ac-
tuellement.
Le désaccord entre socialistes — par-
mi lesquels il est beaucoup de syndica-
listes — repose surtout sur la reprise
de ces mêmes relations, jusques et y
compris avec les socialistes allemands.
Or, pour tout homme de bon sens,
l'Internationale s'est divisée en deux
parties nettement distinctes les - 2 aoift
1914. Les deux tronçons se font face,
les armes à la main. Dans la bataille,
les socialistes de l'un et de l'autre clan
de belligérants font leur devoir, celui
que commandent les destinées de leur
patrie. S'il en était qui puissent parler
de déposer les armes, une telle parole
ne pourrait appartenir qu'à l'agresseur.
Celui-ci se tait.
Pas d'autre Internationale, aonc,
tant que des événements graves ne se se-
ront pas accomplis, que celle vraiment
magnifique groupant à nos côlés les sol
dats, socialistes ou non, des Deux-Mon-
des-
00.
Avant la surprise
y— Ï&.
(De notre envoyé spécial aux armées,
On n'a 'pas manqué de vous conter lon-
guement, et au jour le jour, depuis le 18
juillet, les grandes opérations que, de leur
observatoire élevé auprès du haut comman-
dement, les correspondants de guerre ont
vu se dérouler à leurs pieds. Mais peu noaiî*
breax sont ceux qui se sont attachés au
plus intéressantes opérations de détail pré-
cédant et préparant la grande affaire. Telle
fut, par exemple, la prise des ravins et du
village de Longpont, suivie par la conquête
de la ferme de Javage.
C'est le 11 juillet au matin. Harcelé par
nos fantassins qui ne lui laissent pas une
minute de répit, le Boche se cramponne au
soi de la partie est de la forêt de Retz. Il y
a creusé des trous profonds et sûrs ; il s'est
installé sur le flanc du coteau qui fait face
à ses ligues. Il s'y croit indéracinable. Plus
loin, vers le nord, ses sapes, ses gourbis,
solidement couverts de ronding et de tôles
ondulées, s'étendent en forme de coude,
comme le terrain lui-même, vers la ferme
de Chavigny. Plus au nord, dans la direc-
tion de Verte-Feuille, les plateformes gar-
nies de mitrailleuses s'alignent vers l'ouest
comme d'innombrables et (gigantesques tau-
pinières.
Soudain, sans que la moindre préparation
d'artillerie ait annoncé leur venue, les
« bleu horizon » foncent, accompagnés seu-
lement par un barrage roulant de 75. Le
Boche surpris, étonné, ahuri, n'a même pas
le temps de monter son sac. Même pas
le temps de manger sa maigre pitance. Les
gamelles individuelles ont été abandonnées.
Deux heures plus tard, Chavigny était en-
tre nos mains, avec un bon nombre de pri-
sonniers et un matériel considérable.
Encore une petite poussée un peu plus au
nord et les souterrains, abris précieux pour
nos réserves, seront à nous. L'assaut sera
pour le lendemain. Et comme de cette opé-
ration délicate dépend la réussite de l'atta-
que, que le Grand Quartier Général a ram-
binée, ce sera un de nos régiments ,d'Nitt>,
l,Un régiment de zouaves, qui aura l'honneur
d'enlever le morceau.
[ h. ST-Anionin,
Communiqués Français
14 HEURES'
Au nord de la Marne, nous avons continué nos progrès au cours de la nuit.
Nos éléments ont atteint la rive sud de l'Ourcq et sur notre droite se sont rap*
prochés de la route de Dormans à Reims.
En Champagne, nous avons repoussé plusieurs attaques ennemies sur nos nou-
velles positions au sud du Mont-Sans-Nom et au nord-est de Saint-Hilaire. Nous
avons intégralement maintenu nos lignes.
23 HEURES.
Au nord de la Marne, nos troupes ont continué leur marche en ayant.
Dans la région de l'Ourcq, malqré la résistance de l'ennemi qui s'efforçait d'ern.
pêcher le passage de la rivière, nous avons réussi à je-ter des éléments avancés sur
la rive nord. Nous avons pénétré dans Fère-en-Tardanois.
Au nord-est de la forêt de Ris, nous avons atteint Champvoisy >.
Sur notré droite, nos troupes ont enlevé Anthenay, Olizy-Violaine et rapproché
sensiblement leur ligne de la route de Reims à Dormans.
En Champagne, deux tentatives ennemies, précédées de bombardement, dans la
région au sud des Monts, ont été repoussées. * - -,
AVIATION. — L'adjudant Artigau a abattu, le 22 iuillet, son dixième avioQ
allemand.
Autour de la Bataille
- -L- .———————— .,.,., .,. .-. -———————————
La journée marque une nouvelle étape:
de notre victoire. Sous la violence de la
poussée que nous avons continué à exercer
sur la Marne et sous la menace de fortes
attaques fancees à l'est entre le bois de
Reims et le :!.nis de Courton, avec une bril-
.lante coopération des troupes anglaises, les
Allemands se sont trouvés dans l'obligation;
de battre en retraite
La rive nord de la Marne est complète-
ment dégagée. Notre cavalerie, appuyée par
quelques éléments d'infanterie, a atteint la
région au sud de Villers-sur-Fère, de Ser-
gy, de Cierges et de Ronchères, réalisant
des avances d'une dizaine de kilomètres et
atteignant la ligne de l'Ourcq. Fère-en-Tar-
denois est menacé.
A l'ouest de Reims la cavalerie a égale-
ment atteint la route de Ville-en-Tardenois
à Verneuil. Le succès est complet sur toute
la ligne, et ia ipodhie aJŒsrnande dm 27 mai
est déjà à moitié résorbée.
Les pertes de l'ennemi, qui a essayé de
résister jusqu'à là .dernière limite die ses
forces, sont extrêmement éleves.
Le repli allemand
s'arrêtera-t-il à lOurcq ?
M. Don Martin, dans le New York He-
rald, nous parle des derniers combats.
Il nous apprend que c'est sous un délu-
ge de projectiles lancés par les Américains,
que les Allemands ont dû remonter de la
Marne 'vers le nord
Il semble .que l'on psuisse déduire de la
rapidité de leur retraite et des déclara-
tions des prisonniers qu'ils ont l'intention
de se replier jusqu'à l'Ourcq où, sans dou-
te, ils feront un arrêt plus sérieux que sur
la Marne,,
Indices d'offensive
Auprès d'une route, les Américains ont
trouvé un canon die 210 en bon état. On
était évidemment en train de le retirer lors-
qu'il tomba dans le sillage d'une traînée
d'obus. Tout proutve que l'ennemi se pré-
parait à une très puissante offensive dans
la région de la Marne. L'on voit des tonnes
et des tonnes de munitions, ds piles d'obus
dans les bois, dans les caves et le long des
routes. La plupart des gros canons ont été
enlevés. 1
La brillante coopération
des tanks - français
Depuis le 18 juillet, jour de la contre-
offensive française entre Aisne et Marne,
nos chars d'assaut ont pris une part glo-
rieuse à la bataille.
Après avoir enfoncé les lignes ennemies
et facilité la ruée en avant de notre infan-
terie, ils n'ont cessé d'accompagner pu de
précéder nos troupes et celles de nos alliés
dans leur progression. Faisant preuve
d'une habileté manœuvrière, d'une audace
hors de pair, ilés équipages ont poussé
leurs chars au plus fort de la bataille, ne
reculant devant aucun obstacle, attaquant
les centres de résistance et les batteries ad-
verses sous le feu terrible des mitrailleu-
ses et des canons spéciaux que l'ennemi
concentrait sur eux. Tant de bravoure a
obtenu les meilleurs résultat. Chaque sec-
tion de chars a réduit une moyenne de 115
à 20 mitrailleuses allemandes. Un certain
nombre d'entre aux, prenant à partie des
batteries, ont mis le personnel hors de com-
bat et assuré la capture du matériel. Les
pertes subies par l'ennemi, du fait des
ohars d'assaut sent, au dire des prison-
niers, très élevées. Du 18 au 23 juillet, leâ
chars d'assaut ont participé quotidienne
ment aux attaques ; la plupart ont exé-
cuté deux sorties, et certains retournèrent
au combat à quatre ou cinq reprises dans
la même journée A cette date, chaque com-
pagnie comptait trois jours pleins de com-
bat, et des mécaniciens ont eu à leur actif
jusqu'à 30 heures de conduite, les 18 et 19
juillet
Général allemand disgrâclé
Le Vossische Zeitung, du 27 juillet, an-
nonce que le colonel-général Edler von der
Planitz a été mis à la demi-solde.
Le colonel-général Edler von der Planitz
était avant la guerre chef de t'état-major
saxon et commandant la 38 garnison, avec
garnison à Bautzen.
Pour renforcer le moral
de leurs troupes
Des officiers allemands, faits prison-
nfers, le 25 juillet à Villemontoire, se sont
montrés très étonnés d apprendre que nous
n'ayons pas encore connaissance .
« victorieuse j< d'Hindcnburg, dang^s Fleua,"
dres ou eiï Alsace, ils né savaient au
juste - et qui nous avait déjà fait 50.000
prisonniers exactement.
Cette nouvelle, cependant, était officielle-
.ment colportée dans les armées allemandes
combattant entre l'Aisne et l'Ourcq.
Tels sont les derniers procédés auxquels
Ludendorff est obligé d'avoir recours pour
essayer de maintenir le moral de ses trou-
pes.
Un rapport de Ludendorff (?)
* Un télégramme suisse de l'Agenda Na-
zionale dit que dans son rapport au kaiser,
le général Ludendorff aurait rejeté sur ses
collaborateurs la responsabilité de Téc!he
Ludendorff accuserait un des comman-
dants d'armée d'avoir manqué de flair et de
fermeté, en se laissant d'abord surprendre
par la. contre-offensive française et en tar-
dant ensuite à prendre les mesures néces-
saires pour l'enrayer. Selon Ludendorff, les
autres généraux ne se sont pas montrés à
la hauteur de leur tâche ; cependant, l'état-
major avait envisagé toutes les éventuali-
tés et l'offensive aurait fatalemeni dii réus-
sir. -
300.000 Américains
seront arrivés en juillet
M. Baker, secrétaire pour la guerre, a
dit à la commission militaire du Sénat que
l'on compte que le total des soldats trans-
portés en Europe s'élèvera pour le mois de
juillet a 300.000 hommes et que le total des
hommes a déjà embarqués pour la France
atteint 1.250.000 hommes.
Il a ajouté que la production des mitrail-
leuses et des pièces d'artillerie va crois-
sant.
Parlant du du paquebot Jus-
ticia, M. Baker a déclaré que cela n'entra-
verait nullement le transport des troupes
américaines.
Des canons!
'k'
..;.-
1 *-■. ?
*
M. Clemenceau aux Armees
du
M, Clemenceat!', accompagné du général
Mordacq, a tenu à remettre lui-même à
Epernay la fourragère au 33" colonial, vail-
lant régiment qui, après avoir arrêté l'en-
nemi, a .pris une part glorieuse aux com-
bats qui ont sauvé Epernay.
Ce régiment appartient d'ailleurs à une
division coloniale légendaire par sa vaillan-
ce et par l'héroïsme de son chef.
Au cours de son voyage, le Président du
conseil a visité les village® de la vallée de
la Marne avant-Mer encore entre les mains
de 1 ennemi, qui a 111a,rqU!è son passage
comme de coutume par l'accumulation des
ruines et des destructions.
Parcourant ensuite longuement les ré-
gions reconquises, au nord de la rivière,
M. Clemenceau a vu monter à la bataille
des unités françaises et américaines, fan-
tassins et artilleurs rivalisant d'allant et
d'enlrain pour la poursuite do l'ennemi.
Contre le Pangermanisme
, -
On nous communique l'ordre du jour sui-
vant, voté il la séance de la Commission
exéoutive des J. R. de France :
« Les Jeunesses démocratiaues de Fran-
ce, irréductiblement hostiles au militarisme
prussien -dont le traité de Brest-Litovsk a
consacré momentanément le triomphe sur
la démocratie russe, adresse aux Jeunesses
républicaines de Russie l'assurance d son
entière sympatl ie.
« Elles leur affirmenf qu'elles soutiendront
toutes mesures qui, prises & leur appel et
en pein accord par toutes les nations adhé-
rantes à l'Entente, leur paraîtront suscep-
tibles d'alteindre ce double but : arrêter
l'e. n) prise -,-pangeriiiaiiiste, permettre à la Ré-
publique russe de se développer en pleine
Jj £ 8 £ t.é seloft son n,!.m:?P.J:,: a -
LA SITUATION
Le champ de bataille
'Ainsi la retraite allemande au nord de la
Marne s'accentue. Ludendorff a fait explo-
rer nos arrière-lignes et son service de
renseignements l'a mis en garde contre les
dangers d'une folle obstination. Il rompt.
Ce qui, dans cette importante affaire est
fait pour nous étonner au delà de toute ex-
pression, c'est l'ignorance vraie dans la-
quelle se trouvait l'ennemi au sujet des
forces dont nous disposons.
Que les journaux allemand$aient exalté,
à L'envi, la faiblesse numérique des contin-
gents américains débarqués en France,
qu'ils aient affirmé impudemment et im-
prudemment l'usure des réserves françai-
ses, qu'ils aient tablé sur l'épuisement des
divisions britanniques, c'est un fait.
En les voyant mener cette campagne,
nous n'avons jamais pensé qu'ils agissaient
de bonne foi. Nous avons toujours cru
qu'ils s'imposnient comme but essentiel la
tâche de bluffer l'opinion publique allemand
de. Nous étions, d'avis qu'Us entendaient
montrer à l'armée comme au peuple que la
victoire impérialiste et impériale était d'au-
tant plus certaine, qu'elle serait d'autant
plus rapide, que les. lorces de l'Entente
avaient cessé d'exister, ou que ce qui en
restait ne pourrait plus être que difficile-
ment reparé.
Nous nous trompions. La pressé alle-
mande enregistrait comme vérité vraie ce
qu'elle écrivait. Bien pis, le grand état-ma-
jor allemand lui-même était convaincu de
n'avoir plus devant lui que de faibles ar-
mées dont il allait avoir rapidement fai-
son.
De là, cette imprudente progression vers
le sud ; de là cette poche profonde creusée
entre Soissons et Reims et franchissant la
Marne : de là cette entrée du gros poisson
allemand dans la nasse d'où il sort péni..
biemcM, en y laissant quelques écailles et
un peu de chair vive. -
Mais le champ de bataille ne se circons-
crit pas à cette poche, si fatale pour l'Alle-
ma(/llc. Il est en Belgique, en Artois et en
Picardie ;il est dans l'est de la France, en
Italie, en Albanie, en Macédoine, où nos.
ennemis sont rudement trappés. Il est déjà
sur la côte mourmane : il sera demain en
Russie çt en Sibérie. L'Allemagne a connu
de magnifiques journées ; elle entre dans la
phase angoissante où rien ne lui coûtera
pour nous causer des dommages sévères et
pour nous faire payer cher la victoire que
nous poursuivons. N'escomptons pas nos
chances. Travaillons à. déterminer notre
succès comme si tom les. risques étaient en-
core contre nous. C'est peut-être le plus
sûr moyen de vaincre,
C. D.
Des Révélations.
L'ancien ambassadeur des Etats-Unis en
Turquie, M. Morgenthau, publie dans le
Worlds Work des révélations extrêmement
intéressantes sur les tentatives de paix de
l'Allemagne à la fin de 1911 et au début de
lD l5 par son intermédiaire. M. Wangen-
heim, ambassadeur d'Allemagne à Cons-
tantinople, et plus tard M. Kuhlmann,
cherchèrent à convaincre M. Morgenthau
que l'Amérique devrait intervenir et réta-
blir la paix
k Le mot -qui revient le plus Souvent
dans mon aide-mémoire, écrit M. Morgen-
thau, est celui de « prochaine glHwre ».
C'est, en effet, le mot que Wangenheim
avait le plus souvent à la bouche et il par-
lait sans cesse des stocks de coton, de cui-
vre et de vivres que, pour la prochaine
guerre, l'Allemagne accumulerait, il di-
sait aussi qu'il ne fallait pas parler d'a-
vance des conditions de paix parce que
chaque parti émettrait des prétentions tel-
les que tout échouerait, mais il fallait s'as-
seoir ii la table de conférence et les diplo-
mates régleraient la situation par des trac-
tations mutuelles. L'Allemagne, par exem-
ple, reconnaîtrait l'annexion de l'Egypte
par l'Angleterre pourvu qu'elle ait les
mains libres en Mésopotamie. La France
aurait un morceau de la Lorraine et une
partie de la Belgique, mais elle paierait une
indemnité. Wangenheim insistait surtout
pour que l'Allemagne ait des bases navales
en Belgique afin de faire respecter la liber-
té des mers.
POLITIQUE ETRANGERE
Vents d'onest
La seconde bataille de la Marne commea-
ce m porter Ses fruits. Sa répercussion n'ai
pus tardé à se taire sentir en Allemagne.
ÓOllnanlrmson à ceux qui jugeaient que 1%
meilleure diplomatie, c'était encore la vie.
toire avec un grand V. Le peuple allemand
ou nul depuis longtemps des svmptùmes da
lassitude et de découragement, mais js'il a.
moins confiance dans son empcl:euf,eJ da n
ses militaires, il se laisse toujours conduire.
Les quelques indépendante qui protestent
sont en prison ou en exil. Leur heure vien-
dra sans doute. En attendant, c'est Ludo:-n.
dorff qui commande.On l'a bien vu, il n'y a
pas 4>ien .longtemps, avec la lutte entre 19
pouvoir civil et le haut commandement. L*
premier a dû s'effacer devant le second,
von Ivithlmann faire place, jtla Wilhelm-
strasse, à l'amiral von Hintze.
Si l'on s'en rapporte aux révélations dd
l'ancien ambassadeur des Etats-Unis Èb
Constantinople, M. que publie
actuellement J. \V rld,y Work, on voit que
dans la première année de la guerre, JKuhf-
mann ne .u:u:miJeslait pas une .bien grande
confiance dans le triomphe de l'Allemagne.
Il ne se serait pas efforcé autrement, com-
me l'avait tenté avant lui le baron de W'pp •
genheim, de convaincre .M. Morgenthau de
la nécessité d'une intervention de l'Améri-
que pour rétablir la paix. Les diplomates
allemands ne prévoyaient pas à ce moment-
là que cette intervention se produirait dans
des conditions tout autres que celles qu'ils
sollicitaient. Un des derniers effets de l'in-
tervention américaine est même d'avoir con-
tribué à amener, à défaut de révolution par-
en bas, le renversement par en haut. Un*
toute petite révolution de palais, si l'on
veut. que la nouvelle transmise par le ser,.
vice allemand de -propagande de la démis-
sion du baron Lyncker, chef du teabinet mi-
litaire de l'empereur, mais combien symp-
tomatique des faits qui doivent se passer
dans la coulisse.
Le .baron Lyncker était -une. sorte de per-
sonnage tout .puissant, un des membres .d?
la camarrilla militaire -qui faisait agir,
Guillaume II en pesant lourdement sur scrA
décisions et Celles de la Chancellerie.
Si Lvncker s'en va, il semble qu'il s'esf
passé quelque chose qui implique une saute
de vent tout à fait contraire à 'l'influence da,
Ludendorff réputé, il y a peu de temps en-
core, le maître, de l'heure.
Ce quelque chose, c'est lé désastre Bli
mand qui se transforme chaque jour en un-*
immense hécatombe et dont Ludendorff va
porter le poids avec le haut commandement.
Un vent qui vient de la Marne souffle sur,
toute l'Allemagne. Un tel vent pourrait bien
se déchaîner en tempête un jour qui n'est'
peut-être plus loin. La disgrâce du bar art
Lyncker en est un des signes avant-cou*
rouis.
Louis BRESSE.
J
On Dit.
En passant
LE POILU DIT.
M. Henri Gili:. qui visita le iront de Champa-
gne après l'échec allemand du 15 juillet, 'é<-;!'.
vit, des son retour, dans un journal du Ill:::',
tin ; Uli j~ 1 du Il,-
r. En premijre ligne française étaient .?euTs
restés quelques hommes, tous volontaires. Ii
Les poilus, peu indulgents, ont accompagné
de commentaires assez peu flatteurs l'article dis
députe de Paris. M. Galli est mal informé. La
première ligne était occupée, dans lanui du
14 au 15 juillet, comme elle l'était depuis pili,
sieurs mois. Chaque régiment avait un bataillon
sur la première position. Voilà la vérité 1 Pour-,
quoi la dissimuler ? Pour ne pas renseignée
l'ennemi ? Il sait tout cela par les prisonniers
Afin d'éviter d'alarmer (ife familles ? Elles sont
avisées, à cette heure, par les dépôts des corps,
ou par l'office cle la Croix-Rouge de Genève, (\J,
,pjr un permissionnaire ami de leur mort.
Pourquoi des volontaires ? La réalité est 11:::0:
plus belle. Les compagnies qui subirent le 1:>::.:'
mier choc, étaient en ligne parce que- « c'était
leur tour » d'y être. Simplement •! Ces 'bom
mas étaient sacrifiés et le savaient. lis ont fait
leur devoir magnifiquement. Il leur était intr",
dit de inltre en retraite ; ils ont tenu. Ils ont
résisté partout : dans les boyaux, dans les abris,
sur la plaine, pour retarder la progression cie.
l'ennemi. Ils se sont battus dans les escaliers
des P. G. ttt des observatoires, défendant te
marches une à une, pour permettre aux signa.
leurs et aux c radios » d'envoyer, par la T.P,S"
(télégraphie par le sol). les émouvants message!
de ;la dernière minute.
--Roches dans l'escalier. Adieu! Grfles au.f!'"
.put seulement « passer », à son colonel, un
opérateur de la région des Monts. C'daïn te
45 jurtM. à quatre "heures trente-sept.
Grâce à ces bataillons héroïques, la résistance,
put lotr? organisée efficacement sur ta position
intermédiaire, ainsi que Gouraud l'avait jîrec-
ct'i.t. que G-ouraud i~avait. Preé.
— YOtlS les arrêterez là ! avait ordonné le gÇi
,n6r;l1 aux troupes de soutien.
Elles les ont arrêtés. Voilà tollte la bataille
ta victoiro - de Champagne.
Aujourd'hui,, 'le Boche est maîtrisé. 'Nous ppu-
vons penser davantage à nos camarades cjni
moururent parce qu'ils avaient pour mission de
se 'faire tuer. 'I.eur sacrifice était nécessaire
Nous Voudrions. M. Galli. que leur gloire ne
dût pas diminuée, to8I R. E.
UNE RtUNION DU COMITÉ RADICAL -
-.f —
L'intervention des Alliés en Russie
Hommage aux Amêriosias. - La, Classe 20.
♦
Réuni hier, au café du Globe, sons la pré-
sidence de M. Charles Debierre. le Comité
exécutif du Parti républicain radical et ra-
dical-socialiste. assisté de MM. Dalimier.
Puiech, Bouffandeau, députés, Ripault et
Souzet, secrétaire général.
Au début de la séance, une discussion
s engage à propos du prochain congrès du
Parti à laquelle prennent part MM. Puech,
Dalimier et Fabius de Champville.
Le Comité exécutif vote ensuite -un ordre
du jour présenté par M. Dalimier, ainsi con-
çu ;
« Le Comité exécutif du 'Parti républicain
radical et radicahsocialiste, salue avec una
émotion reconnaissante les armées victo-
rieuses de la Réptrblique ?
« Il associe à son hommage les soldats
des armées alliées et félicite particulière-
ment la jeune armée «HJ&fleaine pour ses
débuta gloEieus
« Plus confiant que jamais dans la vIctoT^
re du Droit, il affirme sa volonté de lutter
jusqu'à la défaite du militarisme prussien,
dans le triomphe des démocraties. »
ti politique russe
M. Ripatflt Tait alors une très intéressante
communication sur les déclarations de Ke-
rcnsky au C~lé exÊcutif et expose élo-
quemment les raisons .qui motivent l'inter-
vmtion de tous les Alliés en Russie.
Le Comité, aiïjë3 UM mterveirtiondeAIM.
Bienaimé et Bouffandeau, vole l'ordre du
jour suivant présenté par M. Debierre :
« Le Comité .Exécutif du Parti radicai et
radical-socialiste confirmant les déclara-
tions formulées le 4 janvier 1918 dans son
« Appel aux réoublicains russes » et .par le-
quel il saluait Assemblée Constituante, dé.
clare qu'il soutiendra toutes mc&trres prises
en plein accord par tous les Alliés pour
âQlUfrPLC li mm. la. démoc^
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Franche-Comté Fonds régional : Franche-Comté /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FrancComt1"
- Auteurs similaires Fonds régional : Franche-Comté Fonds régional : Franche-Comté /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FrancComt1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7550909t/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7550909t/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7550909t/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7550909t/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7550909t
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7550909t
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7550909t/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest