Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-03-25
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mars 1918 25 mars 1918
Description : 1918/03/25 (N17294). 1918/03/25 (N17294).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7550783p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
-
GERMINAL, AN 126. — N° 17.251 Le Numéro : SIS CEHTNEC tUNDI 25 MARS K» ir ai
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur (1889)
TELEPHONE
Nord : 21-90, 24-91
A partir de 10 heures du soir : Gutenberg - 43-93
Louvre : 12-11
POUR LA PUBLICITE
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38, M de Strasbourg. — PARIS
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EDMOND DU MESNIL
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FRANCE & COLONIES.. 20 » 11 » 0 »
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REDACTION ET ADMINISTRATION
33, Boulevard de Strasbourg. — PARIS.
TRIBUNE LIBRE
Une Commission impaissante
'_o, - 9>-Immmn- -
v
La Commission de l'Agri-
culture de la Chambre des
députés se vit au début de
ce mois dans l'obligation de
se réunir pour examiner la
situation créée par la démission de
M. Compère-Morel, démission sur-
Vftlue au cours de la discussion de
la proposition de loi relative à la
culture du blé.
Malgré l'insistance de M. Fer-
ïi&nd David, président de la Com-
mission, M. Compère-Morél n'avait
talors pas voulu revenir sur sa dé-
cision. Puis, après échange de vues,
la Commission, à l'unanimité et sur
la proposition de M. Jean Durand,
décida de demander au ministre de
l'Agriculture et du Ravitaillement
le dépôt d'un projet de loi organi-
sant l'agriculture française en vue
de faire face an déficit créé dans
l'alimentation nationale par la di-
minution de la culture des céréales
panifiables. it
Le rédacteur de ce communiqué
officiel n'était-il pas un pince-sans-
rire ? Il a mis complaisamment en
relief l'insistance de M. Fernand
David à faire revenir M. Compère-
Morel sur sa démission. L'attitude
du président de la Commission de
l'Agriculture aurait été dictée, si
tie suis bien informé, par des motifs
intéressés. Le départ du rapporteur
ébranlait la situation personnelle
Hu président; tous deux, en effet.
Rvaient fait cause commune; ensem-
ble, ils avaient défendu, avec toute
l'ardeur du désespoir, le fameux et
néfaste article 3 repoussé par la
'Chambre dans les conditions que
avons déjà exposées ici-même.
M. Compère-Morel reprenant ses
fonctions de rapporteur, M. Fer-
nand-David conservait, sans soule-
ver de critiques, son moelleux fau-
teuil. Le premier ne fut donc pas
suivi dans sa retraite par le second.
e"
La présence de l'homme aimable
qu'est M. Fernand David à un pos-
te de confiance ne me cause aucune
- gêne. Je ne men occuperais pas si
cela ne projetait un jour curieux
sur cette politique de camaraderie
dont le pays a tant souffert. Com-
ine il y a des immeubles par desti-
nation, il y a aussi des ééputés qui
Bont ministres par destination.
M. Fernand David est du nom-
bre. Il a été plusieurs fois mi-
nistre de l'Agriculture, il espère le
redevenir un jour. Les usages par-
lementaires ne font pas une condi-
tion absolue de ce qu'un député
peut avoir ou non l'étoffe du régé-
nérateur de l'agriculture avant que
de l'installer au fauteuil de la pré-
sidence de la Commission de l'Agri-
culture, « vestibule obligatoire du
ministère de la rue de Varenne »,
me déclarait hier un député. -
Cet honorable n'était pas tendre
pour cette commission. Je repro-
duis textuellement l'interview qu'il
a bien voulu me donner : « La Com-
mission de l'Agriculture a perdu
l'oreille de la Chambre. Les quel-
ques hommes de valeur qu'elle
compte dans son sein ne sont pas
écoutés. Quelle autorité voulez-vous
ue nous attaehions aux travaux
'tie commissaires qui, depuis bientôt
Quatre ans, n'ont pu parvenir à
nons présenter un projet pratique,
réalisable, sur. la mise en culture
des terres abandonnées ?
r.- « Je parais un peu sévère, ajou-
tait mon interlocuteur, pour les
membres de la commission. Je le
puis, cependant, moins qu'eux-mê-
mes. Ils viennent de se suicider et
d'avouer leur impuissance en vo-
tant, à l'unanimité, la proposition
'de M. Jean Durand, invitant M.
Victor Boret à déposer un projet
Eur la mise en valeur des terres in-
cultes. Pourquoi avoir invité le gou-
vernement au lieu d'agir soi-même
én faisait déposer une proposition
tle loi par un collègue au nom de la;
Commission ? Le3 membres de celle-
ici auraient-ils donc peur des res-
ponsabilités ou manqueraient-ils
d'idées pratiques? »
(.gJ
1 Lès Ídees pratiques ? répondis-je,
tftaiâ elles courent les champs. En
consultant les hommes du métier,
on glanerait, dans leurs réflexions,
de quoi préparer cette bonne et uti-
le loi que le pays réclame. Au lieu
de s'adresser à ceux qui mettent la
main à la pâte, on préfère deman-
der les doctes avis des pontifes, des
grands lamas et on aboutit aux jo-
lis résultats que nous connaissons.
C'est du côté des praticiens qu'il
faut diriger vos recherches, M. le
Ministre de l'Agriculture. Ils vous
diront que vous échouerez aussi si
vous voulez doter le pays d'une loi
rigide. Il faut quelque chose de sou-
ple, se pliant aux coutumes, aux
cultures des diverses régions, La
bonne terre de France ne demande
qu'a être fécondée. Il est nécessaire
que les friches disparaissent si nous
voulons, selon l'expression de notre
indomptable et énergique Ministre
de la Guerre, c( tenir un quart
d'heure de plus que nos ennemis. »
JULES HAYAUX.
» ;
On Dit..-
En passant
Horresco referens !
Eh bien t ce sont de vraies séances en cave L.
cto 8 heures du matin à 3. heures. et demie du
soir n plus de sept heures d'immobilité dans
te froid humide et noir, dans la motsissure les
sous-sols f et cela tandis que le soieii emplit
l'azur et que le Printemps chante à plein go-
sier H.
Ah t ces sales Boclies 1 nous ont-ils assez
ênervé depuis ce matin 1 à l'aurore ils noua
éveillaient au son terrifiant du canon ; et à
cause de urs odieux Gothas nous avons eu
cette misère d'une journée entière d'oisiveté et
de descente au tombeau, nous qui aiaions tant
la vie.. le travail et la lumière M
Et P'U'Ís.. quoi qu'on en dise, à la fin du comp-
te, ces séjours-là — surtout quand ils se prolon-
gent — ont quelque chose d'ennuyeux comme
la pluie !. Etre emmurée là, avec des gens
qu'an ne connaît pas. qui disent des tas ce
choses liana-Ies on shit quelle torture H
pendant sept longues heures U
L'un parle du catéchisme de persévérance :
l'autre crie qu'il n'y a pas de bon Dieu puisque
ta guerre existe ; celui-ci débine la « Marmite
Norvégienne » ; celui-là maugrée contre le
cr Seigneur Tigre », tandis qu'un autre encore
déclame sur un ton convaincu : « Et Call-
laux t. bien sur qu'on ra mis à l'abri L. »
Une petite dame, s'écrie : r On ne pourra pas
les arrêter, ces Gothas. il parait qu'il y a eu
l'autre nuit un terrible feu de barrage l. tes
barrages sont brûlés maintenant t. »
N.,r--st-ce pas « crétinisant » d'entendre tout
ça ?. et Je bombardement par-dessus le mar-
ché L.
Ah t tes sales Boches 1 Nous en font-ils
voir Ht
E-t dire que malgré tout ça ils n'arriveront
pas à démoraliser les. Parisiens !. Ah t Guil-
laume t tii travailles vraiment pour le roi (e
Prusse t. Gab
8)
Aujourd'hui
Les vers s'y mettent
Présentez armes ! Ouvrez le ban. Voici
M. Georges I..e!l!Ju$ dit Coco, ministre de
la Marine qui pince tes cordes de sa Lyre
d'Airain.
Comme ce fier vaisseau qui, demain, prend la
[mer,
Eprouve dans le port ses mâts et ses cordages,
AccourUtme ton âme à braver fês orages,
Et tu verras encor. malgré tous tes revers,
Ta force et la grandeur étonner l'Univers.
C'est cette connaissance lyrique des cho-
ses de ki marine qui a tout naturellement
poussé M. Licornes Leygues jusqu'à la rue
Royale.
Un ministre de la Marine qui a mis tes
vaisseaux en vers, c'est plus fort que Jean
Bart qui ne les mettait qu'en pièces.
< £
Affaires en cours.
On prête à l'un des « héros » des Affaires
en cours un mot vraiment charmant. Du
temps qu'il tapait une moitié de Paris après
avoir tapé sur l'autre moitié, il voulut em-
prunter trois mille irineg à un financier.
S'attendant à ne jamais revoir son ar-
gent r ce dernier ne se laissa soutirer que
mille francs.
Quelques jours après, au cours d'une
conversation l'incorrigible « tapeur Il di.
sait de la meilleure foi du monde ; (t Si en-
core cet animal me payait les deux mille
francs qu'il me doit ».
C'est du financier qu'il parlait.
< £
Autrefois
Comédie mutuelle.
Un grand vicaire d'une des paroisses de
la capitale faisait un mandement sur le
dernier prétendu miracle du diacre Pâris.
Il l'envoyait à Voltaire qui répliquait en
lui adressant sa tragédie d'Alzire avec le
quatrain :
Vous m'envoyez un mandement
Recevez une trag-àdic- -
Afin que mutuellement
"oUs nous donnions la comédie.
, M Tapin,
LE BOMBARDEMENT DE PARIS
M PIÈCE A LONGUE PORTÉE COJlTIflllE
- ♦
Le eamn monstre se trouve d 120 kilomètres de la capitale
Son existence est éphémère. - Un nouveau règlement d'alerte.
m Es— 0
La population parisienne se fait à sa nou-
velle existence de guerre. Réveillée hier ma-
tin à sept heures par le son de la sirène et
le hurlement des. sifflets de locomotives,
elle n'a pas moins joui de ce beau diman-
che Kio printemps où sous la diaude caresse
du soleil, il faisait si lhon musarder dans les
rues. lEt personne ne s'en est -en dé-
pit du bombardement de la kotossale pièce,
t F
VOilci en quels lermes s'exprime le oom-
muniqué officiel :
LE BOMBARDEMENT DE PARIS PAR
LA PIECE A LONGUE PORTEE, QUI
TIRE A PLUS DE 10» KILOMETRES SUR
LA CAPITALE, A REPRIS CE MATIN A
7 HEURES.
LES ECLATEMENTS SE SUCCEDENT
A LA MEME CADENCE QUE DANS LA
JOURNEE D HIER.
ON NE SIGNALE JUSQU'A PRESENT
QUE QUELQUES VICTIMES.
Le canon-géant
• Son" existence est conurmee par tes cons-
tatations suivantes.
1° Les points de chute observés Sont si-
tués suivant une direction détfrmin(>oe, dont
nous ne donnons point loneritalian. Les
abus sont tombés à droite et à gauche d'e
cette ligne de tir, dans des conditions de
dispersion et d'écarts probables analogues
à ceux constatés dans les tirs d'artillerie ;
2* Les abus se sont succédé avec t'(tIgtlld-
rité, nie vingt én vingt minutes, depuis 7
heures 30 du matin jusqu'à ta fin du tir,
vers 14 heures 30 ;
3° I.es fragments d'obus soumis & l'exa-
men des services techniques de l'artillerie
et du laboratoire municipat étaient consti-
tués par de l'acier ou de ta fonte aeiéré iîs avaient une épaisseur de sept centimè-
tres. Ces épaisseurs, qui ne s'observent ja-
mais dans les bombes aériennes, car elles
oot pmir effet de diminuer la charge utile
en exptosifs .s'ex,p.liquent, au contraire,, par
l'énorme pression des Iaz que doit suibtr
le projectile dans l'âme du canon ;
4° Les fragments d'obus de ;¿,i-1} millimé-
tres trouvés portent des ravurffl., qui
prouve qu'ils ont été tirés par une toouche
à feu ;
&e iEnihi, bn a constaté que l'un de cei
obus est entré par une fenêtre dans un o4).
partement, où il a éclaté sans causer de
grands dégâts. Ceci implique l'idée d'une
trajectoire parabolique.
Tous ces arguments roovent noontes-
tablement que tes obus tirés sur Paria, de-
venue ville du front, proviennent du nou-
veau canon de 240 inventé par les Alle-
mands.
Moins dangereux
que les Gothas
Le bombardement de Paris par cette pi.
ce monstre est d'une efficacité de beaucoup
inférieure à celle des bombardements aé-
riens par tes gothas.
Les obus de 2i0 ne contiennent pas iplus
de 30 à 30 kilos d'explosifs, par suite de
l'énorme épaisseur des parois de t'olbus.
Cette épaisseur fait d'ailleurs que la frag-
mentation de Tobus s'effectue dans de mau-
iles cotii'dilions. Ce qui est dangereux dans
l'éclatement d'un obus ou d'une bomibe for-
tement chargé en explosifs, c'est la multi-
plicité dôs éclats. Les obus de 210 ee frag-
mentent en quelques gros morceaux ani-
més d'une vitesse relativement faible.
L'avis d'un technicien
Un artilleur éminent, à qui l'on doit de
nombreux perfectionnements dans l'artille-
rie française, a fait tes déclarations suivan-
tes : -
- On était arrivé depuis de nombreuses
années à atteindre des vitesses initiales de
1,000 à 1.100 métras, mais seulement dans,
des tirs d'essais au -POI)rgw- e et non dans
iés conditions normales de tir.
ce Avec une vitesse initiale de 600 mètres
à ta seconde, dans le « vide », la portée
d'un canon de 75 serait de 36 Mometrea.
Dans l'atmosphère, à cause de la résistance
de l'air, eete portée sera réduite à 12 ou
14 kilomètres.
« Pour We- vitesse initiale de 1.200 mè-
tres à la seconde,, la portée dans le « vide »>
serait de 144 kilomètres environ. Paur 1.600
mètres de vitesse initiale, cette portée serait
d environ 216 kilomètres, toujours dans le
« vide ». Mais dans t'air ces portées se-
raient diminuées de plus de moitié.
u Le canon de 210 allemand doit avoir
certainement une grande longueur de tube.
« Dans l'artillerie de marine, on est ar-
rivé il "des longueurs de 50 à 60 calibres.
Il ne serait point étonnant que les Alle-
mands aient dépassé 100 calibres c'est-à-
dire 4iie leur pièce ait une longueur de 24
à 28 mètres.
« La dispersion de la pièce, pour une telle
distance de tir, n'est point grande. Elle a
été de 10 kilomètres environ de longueur et
de 2 kilomèTres Ide largeur. Leur tir est
oonc d'une assez grande précision.
« Cependant un pareil canon doit s'user
très rapidement. Les canons de marine ne
peuvent pas tirer plus de 240 Ú 300 coups
dans toute leur. existence, lorsque leur vi-
tesse initiale dépasse 900 mètres à ta S-
conde. Le canon allemand nUIra une vie
plus courte.
Pendant le bombardement
Le président de la République et M. Geor-
ges Clemenceau, président du conseil, ont
visité divers endroits de Paris touchés par
les otbus allemands. Ils se sont rendus no-
tamment, dans la matinée, à une école dont
-la directrice a été tuée.
Le général Dubail, ainsi que MM. Lajar-
rige et Pelitjean les accompagnaient.
De son CÓOO, M. Adrien xMithouard, pré-
sident du conseil municipal, s'est rendu ce
matin, dèjs la première heure, aux diffé-
rents endroits atteints par le bombarde-
ment.
Il est allé ensuite dans un hôpital saluer
lès victimes au nom de la Ville d» Paris.
Le Métro et le Nord-Sud, qui avaient sus-
pendu leur trafic dès l'alerte, ont repris
leur service sur toutes les lignes vers onze
heures trente, après qu'on eût procédé à
la vérification des voies.
Les lignes de tramways sur lesquelles
la circulation avait été également interrom-
pue, ont repris le service dans la matinée
peu de temps après.
Quand l'alerte a été donnée, le règlement
a été appliqué aux pavillons des Halles. On
a fermé. Mais pour remettre de l'ordre dans
les transactions aujourd'hui lundi, les pa-
villons de la volaille, de la boucherie, du
poisson seront ouverts. Il est probable qu'il
y aura marché libre.
Les théâtres ont pu ouvrir leurs portes
et donner les matinées annoncées pour
l'après-midi. De même, les concerts et ci-
némas ont donné leurs représentations
comme d'habitude..
Dans les hôpitaux militaires
Des onii^js ont été donnés pour que les
blessés et lyralïLdë&L des hôpitaux militaires
soient, à toute alerte, évacués dans les abris
préparés pour les mettre autant que possi-
btle hors de l'atteinte des bombardements
Nous croyons devoir appeler l'attention
du gouvernement militaire sur les inconvé-
nients de cette mesure, excellente en soi.
L'évacuation des salles cause aux mala-
des un trouble profond, sinon dangereux.
Il faut transporter les plus gravement at-
teints sur des brancards dont la manipula-
tion est difficile, parfois imprudente. Ls
fiévreux, malgré les plus minutieuses pré-
cautions, sont exposés à de multiples acci-
dents. L1s0den%enf des diverses catégories
est imparfait : des contagions sont possi-
bles.
Le service d'alimentation se fait dans les
conditions tete plus précaires. Le personnel
tui-mêffie/comfkoeé des. médecins, des infir-
mières et 4es infirmiers est soumis à une
tension nerveuse et à une ratiue sans li-
mite.
Kous nous sommes rendu compte du dan-
ger. Nous ïiousfvdemandons anxieusement s?
des mesures mieux comprises ne pourront
pas être ordonnées.
;-A- la Bourse
Dans l'éventualité d'une alerte, ta Cham-
bre syndicale a décidé de ne pas suspendre
les. séances ée la Bourse.
En conséquence^ si une alerte d'avions
est annoncée avant ou jneaïdaot les heures
de Bourse, le marché se transportera dans
un local du ;®-MS-soI qui se trouve dans le
bâtiment mWtî où les transactions s'effec-
tueront dans les conditions Réglementaires.
L'alerte numéro trois
Le gouvernement a décidé qu'en cas de
oorl):bardffi'Út, de Paris par les pièces at-
lemandes à longue portée, la vie publique
continuera. la v~ e -publique
Cependant;, la population parisienne sera
avertie ipar uti inayen différent de ceux em-
ployés en c d'alerte par avions. L'alarme
sera donnée par le tamb{}m" et tes coups de
SifOptf flAO. ««Wk-Mla
Pendant la durée du bombardfflHnt par
canon, les services publics continueront à
fonctionner normalernent, et tes movens nie
locomotion ::ftr&:ns, métros, tramways) se-
ront laissés en exploitation.
Cette alerte contre te IbomhaI'(lcmnf par
canons (alerte numéro 3t, comporte seule-
ment l'interdiction de tout rassemblement
aup 'la voie publique. Il ne sera pas fait
usage des abris du Métro, le service devant
fonctionner , mais tous les autres abris se-
ront ouverts oomme en cas de raids d'a-
vions.
La fin de toutes les alertes est annoncée
pt\f' tes tpompiers soenatit ta « berloque u
et par tes cloches des églisas.
A l'Hôtel de Ville
A la deriim" séance 'IŒtT bureau du Con-
seil municipal, M. Fiancette a signalé fin.
térêt que plâtrait présenter l'évacuation des
vieillards et des enfants dans le cas où tes
bombat,derrieule ta rendraient nécessaire.
Le même conseiller a demandé qu'on s'oc-
cupe de erauser des trancâiées-abris dans ta
périphérie.
Ces question.?, ainsi que d'autres concer-
nant l'éclairage de tPa.r'~ la nuit, seront dis-
cutées aujourd'hui en séance de comité de
budget.
Surveillons nos écrits
Il .c; „..,.
Nous ne pmrnes pas de ceux, on le sait,
qui prennent plaisir Ó narguer les confrè-
res. Noas estimons» et nous l'avons dit, qu'à
l'heure présente la presse a un devoir sa-
cré : se -serrer autour odrtl drapeau.
Nous n'en sommes que plus à l'aise pour
exprimer nos regrets de ce qu'un journal
du soir c't, publié samedi un écho com-
nw«K;ani ain,si :
« Il existe un hôpital d'j Panthéon, rue
Lhomond, Où sont soignés, l\i.c nos; bles-
sés franc<¥s. des blessés allemands prison-
niers.
(t'lliersr, aux premiers coups de l'a-
lerte, on vit les infirmiers et les infirtriiè-
'l'oB.. les hommes de tgnrde et lots porteurs
bénévoles descendue, d'abord, les gtaïKfe
blessés allèmandis. M
Notre confrère a été induit en erreur.
11 y a, à l'hôpital du Panthéon, une quin-
zafoe de btessé.s allemand*», occupant une
salle isolée. Ils peuvent tous aller et venir
par leurs propjfs moyens.
Dès ralert donnée, et alors que le per-
sonnel de l'hôpital s'occupait des blessés
tVain;ais av*>c un d'¥vollcnH'nt auquel reJid
hommage lfe jonrnal eu question, les ble-s-
sés allernai^s, sous la .surveillance des gar-
des nninicif aux ùJieetéts. à ce service, des-
cendaient jijar un escalier qui leur est ré-
servé dans un local qui leur est également
réservé. .!
La vérité est ainsi rétablie. Nous recon-
naissons que les Boches auraient, peut-être,
en semblable occurrence. laissé sous le
bombardement nos prapr§| soldats prisori-
mers et ho^nitalisés^
LE FAIT DU JOUR
La Ruée allemande
LES EPISODES DE LA LUTTE
L'armée anglaise sur ses nouvelles positions de repli
LA GRANDE BATAILLE
La grande bataille est déclen-
chée ; la grande armée est en
mouvement. Le Kaiser préside à
l'action, entouré d'un essaim de
têtes couronnées, de princes, de
vrincivicules. de marechaux, de
généraux. Devant cet aréopage belliqueux
et sanguinaire, les vagues allemandes dé.
ferlent ; les divisions poussent les divi-
sions. Il y en avait quarante le premier
jour : on en comptait une centaine dans la
nuit de vendredi à samedi.
Le Kaiser veut paser.
Le Kaiser voulait passer aussi quand, au
Grand Couronné, il attendait impatiemment,
prêt déjà pour l'e'ntrée triomphale à Nan-
cy, que ses divisions eussent creusé dans
tes jlanc.f¡ de la France la trouée rouge qui
ne s'ouvrait pas, qui ne s'ouvrit jamais.
Il fallut que Guillaume laissdt dormir,
durant quaranle-lrois mois, son rêve inas-
souvi ; la route de Paris lui était fermée ;
le sol de la Lorraine demeurait jonché
d'une couche épaisse, effroyable de cadd*
vres allemands.
Est-ce un identique spectacle auquel sorti
conviés à assister les princes germaniques it
L'humanité en détresse le souhaite ardc¡n,.
ment pour la liberté du monde.
Quoi qu'il en soit, deux hypothèses seules
sont permises.
Ou l'afflux de divisions ennemies est
jeté, ait détriment de toute autre concept
lion stratégique, dans une brèche qui s'en-
t r' o:llt' re.
Ou bien fa résistance britannique con-
traint l'ennemi à un effort beaucoup plut
considérable que celui qu'il avait cru név
cessaire.
Nous saurons bientôt à quoi nous en I..
nir. et Pétain, retenons bien ceci, n'a pat
encore parlé ! Que Berlin ne se hâte donc
pas de triompher et d'illuminer' parce qu$
des obus allemands pleurent sur Paris.
Paris n'est qu'une ville, et ce que cher
chent Ilindenburg et son empereur, c'est
une brèche, une brèche assez aronde pour
leur livrer la France. Ils ne la tiennent
pas 1
Camille DEVILAR.
■ ■■ Il I - III I ww
Communiqués britanniques
24 mars, 2 heures matin.
La bataille continue avec la plus grande intensité sur tout le front à l'ouest de la
Scarpe.
Au sud et à rouest de Saint-Quentin, nos troupes établies sur leurs nouvelles
positions sont attaquées avec violence par l'ennemi. De puissants assauts ont été
repoussés cette nuit vers Jussy avec de fortes pertes pour les assaillants.
Dans la partie nord du front de bataille, les Allemands sont passés à l'attaque
avec une extrême énergie et sans tenir compte de leurs pertes. Nous avons conservé
nos positions sur la majeure partie du front à la suite d'une lutte violente et pro-
longée.
Les troupes ont montré une belle vaillance dans les combats qui se sont déroulés
sur ce front et immédiatement au sud. Les 19* et 9* divisions se sont particulièrement
distinguées.
Dans un seul secteur, six attaques, dont deux conduites avec le concours de la
cavalerie allemande ont été rejetées par la même brigade d'infanterie.
L'ennemi continue à attaquer avec une grande violence.
21 mars, après-midi.
Aucune modification sensible ne s'est produite cette nuit dans la situation suf
le front de bataille, bien que la lutte se soit poursuivie ea un certain nombre de points.
Nous tenons la ligne de la Somme jusqu'à Péronne. De petits éléments ennemis
qui tentaient de traverser vers Pargny, ont été repoussés.
A droite, nous sommes en liaison avec l'armée française et au nord de la Som-
me, à Péronne, nos troupes conservent leurs positions après avoir rejeté un certain
nombre d'attaques en différents points pendant la première partie de la nuit. -
Il faut s'attendre encore à de violents combats.
LE FRONT D'ATTAQUE
M. H. Perry P> ohm son, correspondant du
Daily News, télégraphie du front :
« La grande bataille a commencé après
un hiver d'intense préparation et une lon-
gue suspension d'rmes. La puissance du
t.ou,p porté doit se juger en partant de ce
fait que 40 divisions, comprenant 4 de la
garde, ont été identifiées comme étant en
action sur te front britannique. Dans un
secteur du front seul, il n'y eut pas moins
de 7 divisions jetées au cours de la journée,
contre 5 divisions britanniques.
D'un peu au-dessous de la So.ï-.pe. der-
rière Arras, jusqu'à l'Oise, s'étend la
région de l'attaque, mais sa violence
se concentre sur quelques secteurs par-
ticuliers. Au-dessous du secteur au sud
de Croisilles et à rcst, l'on fit usage de
17 divisions, suc un front d'environ tfJ.000
mètres, mais l'attaque fut beaucoup moins
pesante. Au-dessous du front principal de
Cambrai un nombre énorme de troupes lu-
rent encore utilisées.
En tout, quelque chose comme le tiers de
toutes les formations de l'armée alleman-
de a été lancé sur les 50 milles d'attaque.
Sur de c^nsktérablça secteurs du front,
l'ennemi a pénétré notre l'gne de front, dès
la première attaque. Sur quelques autres,
où nous le contînmes tout le jour. nous
ïKHfâ repliâmes, la nuit dernière, sur la
ligne de réserve pour nous conformer au
retrait opéré de toutes parts.
Les pertes de l'ennemi
En aènéraî, le combat se livre, aujour-
d'hui. le tong de toute cette ligne de ré-
serve. Les Allemands ont réussi quelque
avance sur une large partie du front atta-
qué ; mais cela était prévu et, nulle part,
je crois, on a le sentiment que leur succès
initial ait été supérieur aux prévisions. Jus-
qu'ici, nous sommes satisfaits de la situa-
tion, et nous savons que les pertes
ennemies, comme chaque fois qu'il attaque
avec de pareilles forces, ont été très lour-
des. Sur certains endroits, nos mitrailleuses
ont tiré dans les masses compactes qui
avançaient et y occasionnèrent do terri-
bles effets. Sur d'autres points, nos canons
de campagne tirèrent sur des rangs solides,
à courte distance, avec des buts visibles.
Jusqu'à présent, l'on ne dit pas que les
tanks allemands, dont on a tant parlé, aient
apparu, Hier, nos aviateurs ont travaillé
toute la journée malgré le brouillard et,
étant donnfes tes circonstances, ont fait
du travail utile. Les aéroplanes allemands
Sc montrèrent à peine, si ce n'est sur cer-
tains point-s. où quelques nouveaux appa-
reils ennemis tentant de voler très bas
pour se servir des mitrailleuses contre les
hommes qui se trouvaient dans nos tran-
cli de la ligne de front.
Le bombardement qui commença à 5 h.
30 te long de tout le front, fut extrêmement
violent. Sur une large partie du front, les
Mlemands possédaient une moyenne d'un
canon tous les 12 ou lô mètres, en denors
d'un Arand' nombre de mortiers de tran-
chées, - dont on se servit pour couper les
fils de fer et sur nos positions d'avant-
garde.
cl Le bombardement, continua sans arrêt
pendant quatre heures, de 5 h. 30 à 10 heu-
res. Sur ensemble du front. IViUaque ne
fut pas déclenchée avant 9 h. 40 ou 9 th. W.
A Albécourt
1nu une large partie du front, cependant,
I r Attaque fut complètement maintenue. Cela
1 lut particulièrement exact au« environs du
château et du bois de Louverval, près ae
Bourrsies où nos mit railleuses brisèrent et
décimèrent tes masses allemandes. A rest
de cet endroit, près de Flesquières, l'atta-
que ennemie fut un échec total et il etit
beaucoup à souffrir.
lin un point,, près de Flesquières, le4.
Allemands pénétrèrent dans nos tranchées
à teur première ruée ; mais ils furent rece-
tés par la cotUre-attàque» etv à l'exception
de quelques faibles mètres d'une trancbC.
au nord-ouest de Ribécourt, ressemble 4m -
notre ligne sur un arc étendu tait ûitact
à la tombée de la dernière nuit. Cependant,
nous nous repliâmes dans !'ob"curité" sans
être attaqués, pour rectifier notre ligne.
Dans la région de St-Quentin
Sur une autre partie de la ligne, encore
au sud de Saint-Quentin, l'Olt ne jeta :p.a'
moins de six divisons allemandes contre
une division britannique. Elles furent com-
plètement rejetées Mais ici encore - iiciu2
HCHIS repliâmes pour reconstituer notra
fi\>nt rectiligne
A ta gauche de l'altaque, des environs d £
Cherisy à !\ol'euil\., tes Allemands jetèreint
neuf divisions sur un front de moins da
douze mille mètres. Ils s'avancèrent tè,
sur une moyenne de trois mille mètres, mais ;
perdirent beaucoup de monde. A la gauche-
de ce secteur, les Allemands, au début de
l'attaque, se répandirent hors de leurs
tranchées et furent tout simplement balayés.
Ils revinrent 4 la charge et chaque fois •
subirent le même sort ; mais ici encore,
uuws nous retirâmes en même temps qu»
nos troupes A notre droite, tout en mainte-
nant les vagues allemandes.
On recula ainsi sur notre ligne de réser-
ve, la troisième de notre système de front.
Dans l'après-midi, de ter direction du bois
J ôitlaiue et fe long de ta vallée de la Sensée,
devant Cherisy, de vigoureuses attaques
furent d(o{.tencts. On amena t'ltlelques-
unes de nos réserves et l'avance ennemie
fut complètement tenue en échec, avec dia
grandes pertes.
Dans le secteur voisin et au-dessous, Itt
Allemands avaient 8 divisions sur un front
d'environ 10.060 mètres. Nous étions à UU
contre quatre et nous t~mes la ligne quel-
que temps, tandis que les divisons alleman-
des étaient toutes amenées fraîches pou~
l'attaque.
Près d Epchy
Au-dessous de ce peint, la ligne entière la
ïon.f du front do Cambrai fut tenue, mais,
plus au-dessous, dans le voisinage d'Epehy,
l'ennemi réussit encore à déborder nQtra
ligne de front Ici encore, nous nous repliâ-
mes, comme au nord, mais de la même fa-
çon et en infligeant des pertes sévères 4"
l'ennemi.
L'ensemble de la bataille commence certes
à peine, malgré" le nombre énorme de trou-
pes allemandes dépensées. Nous savoui
qu'ils entendent lès utiliser toutes. Il con-
vient, dans une opération de cette en ver-
gure, d'élre sain d'esprit et modéré en at,,
tendant tes événements.
Dans la région de Roisel
Londres, 23 mars. — Le correspondant
de l'Agence Reuter (UlfH'ès de Tonnée bri.
tannique en France, télégraphie le
murs :
Il y a des raisons de croire que cinquan*
te divisions allemandes ont été jetées dans
la bataille, tandis qu'il V en a probablement
encore la moitié de ce nombre en réserve
immédiate. En fait, l'armée allemande ré*
pète les tactiques tradiUon# £ ites. et tâchf
GERMINAL, AN 126. — N° 17.251 Le Numéro : SIS CEHTNEC tUNDI 25 MARS K» ir ai
AUGUSTE VACQUERIE
Fondateur (1889)
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REDACTION ET ADMINISTRATION
33, Boulevard de Strasbourg. — PARIS.
TRIBUNE LIBRE
Une Commission impaissante
'_o, - 9>-Immmn- -
v
La Commission de l'Agri-
culture de la Chambre des
députés se vit au début de
ce mois dans l'obligation de
se réunir pour examiner la
situation créée par la démission de
M. Compère-Morel, démission sur-
Vftlue au cours de la discussion de
la proposition de loi relative à la
culture du blé.
Malgré l'insistance de M. Fer-
ïi&nd David, président de la Com-
mission, M. Compère-Morél n'avait
talors pas voulu revenir sur sa dé-
cision. Puis, après échange de vues,
la Commission, à l'unanimité et sur
la proposition de M. Jean Durand,
décida de demander au ministre de
l'Agriculture et du Ravitaillement
le dépôt d'un projet de loi organi-
sant l'agriculture française en vue
de faire face an déficit créé dans
l'alimentation nationale par la di-
minution de la culture des céréales
panifiables. it
Le rédacteur de ce communiqué
officiel n'était-il pas un pince-sans-
rire ? Il a mis complaisamment en
relief l'insistance de M. Fernand
David à faire revenir M. Compère-
Morel sur sa démission. L'attitude
du président de la Commission de
l'Agriculture aurait été dictée, si
tie suis bien informé, par des motifs
intéressés. Le départ du rapporteur
ébranlait la situation personnelle
Hu président; tous deux, en effet.
Rvaient fait cause commune; ensem-
ble, ils avaient défendu, avec toute
l'ardeur du désespoir, le fameux et
néfaste article 3 repoussé par la
'Chambre dans les conditions que
avons déjà exposées ici-même.
M. Compère-Morel reprenant ses
fonctions de rapporteur, M. Fer-
nand-David conservait, sans soule-
ver de critiques, son moelleux fau-
teuil. Le premier ne fut donc pas
suivi dans sa retraite par le second.
e"
La présence de l'homme aimable
qu'est M. Fernand David à un pos-
te de confiance ne me cause aucune
- gêne. Je ne men occuperais pas si
cela ne projetait un jour curieux
sur cette politique de camaraderie
dont le pays a tant souffert. Com-
ine il y a des immeubles par desti-
nation, il y a aussi des ééputés qui
Bont ministres par destination.
M. Fernand David est du nom-
bre. Il a été plusieurs fois mi-
nistre de l'Agriculture, il espère le
redevenir un jour. Les usages par-
lementaires ne font pas une condi-
tion absolue de ce qu'un député
peut avoir ou non l'étoffe du régé-
nérateur de l'agriculture avant que
de l'installer au fauteuil de la pré-
sidence de la Commission de l'Agri-
culture, « vestibule obligatoire du
ministère de la rue de Varenne »,
me déclarait hier un député. -
Cet honorable n'était pas tendre
pour cette commission. Je repro-
duis textuellement l'interview qu'il
a bien voulu me donner : « La Com-
mission de l'Agriculture a perdu
l'oreille de la Chambre. Les quel-
ques hommes de valeur qu'elle
compte dans son sein ne sont pas
écoutés. Quelle autorité voulez-vous
ue nous attaehions aux travaux
'tie commissaires qui, depuis bientôt
Quatre ans, n'ont pu parvenir à
nons présenter un projet pratique,
réalisable, sur. la mise en culture
des terres abandonnées ?
r.- « Je parais un peu sévère, ajou-
tait mon interlocuteur, pour les
membres de la commission. Je le
puis, cependant, moins qu'eux-mê-
mes. Ils viennent de se suicider et
d'avouer leur impuissance en vo-
tant, à l'unanimité, la proposition
'de M. Jean Durand, invitant M.
Victor Boret à déposer un projet
Eur la mise en valeur des terres in-
cultes. Pourquoi avoir invité le gou-
vernement au lieu d'agir soi-même
én faisait déposer une proposition
tle loi par un collègue au nom de la;
Commission ? Le3 membres de celle-
ici auraient-ils donc peur des res-
ponsabilités ou manqueraient-ils
d'idées pratiques? »
(.gJ
1 Lès Ídees pratiques ? répondis-je,
tftaiâ elles courent les champs. En
consultant les hommes du métier,
on glanerait, dans leurs réflexions,
de quoi préparer cette bonne et uti-
le loi que le pays réclame. Au lieu
de s'adresser à ceux qui mettent la
main à la pâte, on préfère deman-
der les doctes avis des pontifes, des
grands lamas et on aboutit aux jo-
lis résultats que nous connaissons.
C'est du côté des praticiens qu'il
faut diriger vos recherches, M. le
Ministre de l'Agriculture. Ils vous
diront que vous échouerez aussi si
vous voulez doter le pays d'une loi
rigide. Il faut quelque chose de sou-
ple, se pliant aux coutumes, aux
cultures des diverses régions, La
bonne terre de France ne demande
qu'a être fécondée. Il est nécessaire
que les friches disparaissent si nous
voulons, selon l'expression de notre
indomptable et énergique Ministre
de la Guerre, c( tenir un quart
d'heure de plus que nos ennemis. »
JULES HAYAUX.
» ;
On Dit..-
En passant
Horresco referens !
Eh bien t ce sont de vraies séances en cave L.
cto 8 heures du matin à 3. heures. et demie du
soir n plus de sept heures d'immobilité dans
te froid humide et noir, dans la motsissure les
sous-sols f et cela tandis que le soieii emplit
l'azur et que le Printemps chante à plein go-
sier H.
Ah t ces sales Boclies 1 nous ont-ils assez
ênervé depuis ce matin 1 à l'aurore ils noua
éveillaient au son terrifiant du canon ; et à
cause de urs odieux Gothas nous avons eu
cette misère d'une journée entière d'oisiveté et
de descente au tombeau, nous qui aiaions tant
la vie.. le travail et la lumière M
Et P'U'Ís.. quoi qu'on en dise, à la fin du comp-
te, ces séjours-là — surtout quand ils se prolon-
gent — ont quelque chose d'ennuyeux comme
la pluie !. Etre emmurée là, avec des gens
qu'an ne connaît pas. qui disent des tas ce
choses liana-Ies on shit quelle torture H
pendant sept longues heures U
L'un parle du catéchisme de persévérance :
l'autre crie qu'il n'y a pas de bon Dieu puisque
ta guerre existe ; celui-ci débine la « Marmite
Norvégienne » ; celui-là maugrée contre le
cr Seigneur Tigre », tandis qu'un autre encore
déclame sur un ton convaincu : « Et Call-
laux t. bien sur qu'on ra mis à l'abri L. »
Une petite dame, s'écrie : r On ne pourra pas
les arrêter, ces Gothas. il parait qu'il y a eu
l'autre nuit un terrible feu de barrage l. tes
barrages sont brûlés maintenant t. »
N.,r--st-ce pas « crétinisant » d'entendre tout
ça ?. et Je bombardement par-dessus le mar-
ché L.
Ah t tes sales Boches 1 Nous en font-ils
voir Ht
E-t dire que malgré tout ça ils n'arriveront
pas à démoraliser les. Parisiens !. Ah t Guil-
laume t tii travailles vraiment pour le roi (e
Prusse t. Gab
8)
Aujourd'hui
Les vers s'y mettent
Présentez armes ! Ouvrez le ban. Voici
M. Georges I..e!l!Ju$ dit Coco, ministre de
la Marine qui pince tes cordes de sa Lyre
d'Airain.
Comme ce fier vaisseau qui, demain, prend la
[mer,
Eprouve dans le port ses mâts et ses cordages,
AccourUtme ton âme à braver fês orages,
Et tu verras encor. malgré tous tes revers,
Ta force et la grandeur étonner l'Univers.
C'est cette connaissance lyrique des cho-
ses de ki marine qui a tout naturellement
poussé M. Licornes Leygues jusqu'à la rue
Royale.
Un ministre de la Marine qui a mis tes
vaisseaux en vers, c'est plus fort que Jean
Bart qui ne les mettait qu'en pièces.
< £
Affaires en cours.
On prête à l'un des « héros » des Affaires
en cours un mot vraiment charmant. Du
temps qu'il tapait une moitié de Paris après
avoir tapé sur l'autre moitié, il voulut em-
prunter trois mille irineg à un financier.
S'attendant à ne jamais revoir son ar-
gent r ce dernier ne se laissa soutirer que
mille francs.
Quelques jours après, au cours d'une
conversation l'incorrigible « tapeur Il di.
sait de la meilleure foi du monde ; (t Si en-
core cet animal me payait les deux mille
francs qu'il me doit ».
C'est du financier qu'il parlait.
< £
Autrefois
Comédie mutuelle.
Un grand vicaire d'une des paroisses de
la capitale faisait un mandement sur le
dernier prétendu miracle du diacre Pâris.
Il l'envoyait à Voltaire qui répliquait en
lui adressant sa tragédie d'Alzire avec le
quatrain :
Vous m'envoyez un mandement
Recevez une trag-àdic- -
Afin que mutuellement
"oUs nous donnions la comédie.
, M Tapin,
LE BOMBARDEMENT DE PARIS
M PIÈCE A LONGUE PORTÉE COJlTIflllE
- ♦
Le eamn monstre se trouve d 120 kilomètres de la capitale
Son existence est éphémère. - Un nouveau règlement d'alerte.
m Es— 0
La population parisienne se fait à sa nou-
velle existence de guerre. Réveillée hier ma-
tin à sept heures par le son de la sirène et
le hurlement des. sifflets de locomotives,
elle n'a pas moins joui de ce beau diman-
che Kio printemps où sous la diaude caresse
du soleil, il faisait si lhon musarder dans les
rues. lEt personne ne s'en est -en dé-
pit du bombardement de la kotossale pièce,
t F
VOilci en quels lermes s'exprime le oom-
muniqué officiel :
LE BOMBARDEMENT DE PARIS PAR
LA PIECE A LONGUE PORTEE, QUI
TIRE A PLUS DE 10» KILOMETRES SUR
LA CAPITALE, A REPRIS CE MATIN A
7 HEURES.
LES ECLATEMENTS SE SUCCEDENT
A LA MEME CADENCE QUE DANS LA
JOURNEE D HIER.
ON NE SIGNALE JUSQU'A PRESENT
QUE QUELQUES VICTIMES.
Le canon-géant
• Son" existence est conurmee par tes cons-
tatations suivantes.
1° Les points de chute observés Sont si-
tués suivant une direction détfrmin(>oe, dont
nous ne donnons point loneritalian. Les
abus sont tombés à droite et à gauche d'e
cette ligne de tir, dans des conditions de
dispersion et d'écarts probables analogues
à ceux constatés dans les tirs d'artillerie ;
2* Les abus se sont succédé avec t'(tIgtlld-
rité, nie vingt én vingt minutes, depuis 7
heures 30 du matin jusqu'à ta fin du tir,
vers 14 heures 30 ;
3° I.es fragments d'obus soumis & l'exa-
men des services techniques de l'artillerie
et du laboratoire municipat étaient consti-
tués par de l'acier ou de ta fonte aeiéré
tres. Ces épaisseurs, qui ne s'observent ja-
mais dans les bombes aériennes, car elles
oot pmir effet de diminuer la charge utile
en exptosifs .s'ex,p.liquent, au contraire,, par
l'énorme pression des Iaz que doit suibtr
le projectile dans l'âme du canon ;
4° Les fragments d'obus de ;¿,i-1} millimé-
tres trouvés portent des ravurffl., qui
prouve qu'ils ont été tirés par une toouche
à feu ;
&e iEnihi, bn a constaté que l'un de cei
obus est entré par une fenêtre dans un o4).
partement, où il a éclaté sans causer de
grands dégâts. Ceci implique l'idée d'une
trajectoire parabolique.
Tous ces arguments roovent noontes-
tablement que tes obus tirés sur Paria, de-
venue ville du front, proviennent du nou-
veau canon de 240 inventé par les Alle-
mands.
Moins dangereux
que les Gothas
Le bombardement de Paris par cette pi.
ce monstre est d'une efficacité de beaucoup
inférieure à celle des bombardements aé-
riens par tes gothas.
Les obus de 2i0 ne contiennent pas iplus
de 30 à 30 kilos d'explosifs, par suite de
l'énorme épaisseur des parois de t'olbus.
Cette épaisseur fait d'ailleurs que la frag-
mentation de Tobus s'effectue dans de mau-
iles cotii'dilions. Ce qui est dangereux dans
l'éclatement d'un obus ou d'une bomibe for-
tement chargé en explosifs, c'est la multi-
plicité dôs éclats. Les obus de 210 ee frag-
mentent en quelques gros morceaux ani-
més d'une vitesse relativement faible.
L'avis d'un technicien
Un artilleur éminent, à qui l'on doit de
nombreux perfectionnements dans l'artille-
rie française, a fait tes déclarations suivan-
tes : -
- On était arrivé depuis de nombreuses
années à atteindre des vitesses initiales de
1,000 à 1.100 métras, mais seulement dans,
des tirs d'essais au -POI)rgw- e et non dans
iés conditions normales de tir.
ce Avec une vitesse initiale de 600 mètres
à ta seconde, dans le « vide », la portée
d'un canon de 75 serait de 36 Mometrea.
Dans l'atmosphère, à cause de la résistance
de l'air, eete portée sera réduite à 12 ou
14 kilomètres.
« Pour We- vitesse initiale de 1.200 mè-
tres à la seconde,, la portée dans le « vide »>
serait de 144 kilomètres environ. Paur 1.600
mètres de vitesse initiale, cette portée serait
d environ 216 kilomètres, toujours dans le
« vide ». Mais dans t'air ces portées se-
raient diminuées de plus de moitié.
u Le canon de 210 allemand doit avoir
certainement une grande longueur de tube.
« Dans l'artillerie de marine, on est ar-
rivé il "des longueurs de 50 à 60 calibres.
Il ne serait point étonnant que les Alle-
mands aient dépassé 100 calibres c'est-à-
dire 4iie leur pièce ait une longueur de 24
à 28 mètres.
« La dispersion de la pièce, pour une telle
distance de tir, n'est point grande. Elle a
été de 10 kilomètres environ de longueur et
de 2 kilomèTres Ide largeur. Leur tir est
oonc d'une assez grande précision.
« Cependant un pareil canon doit s'user
très rapidement. Les canons de marine ne
peuvent pas tirer plus de 240 Ú 300 coups
dans toute leur. existence, lorsque leur vi-
tesse initiale dépasse 900 mètres à ta S-
conde. Le canon allemand nUIra une vie
plus courte.
Pendant le bombardement
Le président de la République et M. Geor-
ges Clemenceau, président du conseil, ont
visité divers endroits de Paris touchés par
les otbus allemands. Ils se sont rendus no-
tamment, dans la matinée, à une école dont
-la directrice a été tuée.
Le général Dubail, ainsi que MM. Lajar-
rige et Pelitjean les accompagnaient.
De son CÓOO, M. Adrien xMithouard, pré-
sident du conseil municipal, s'est rendu ce
matin, dèjs la première heure, aux diffé-
rents endroits atteints par le bombarde-
ment.
Il est allé ensuite dans un hôpital saluer
lès victimes au nom de la Ville d» Paris.
Le Métro et le Nord-Sud, qui avaient sus-
pendu leur trafic dès l'alerte, ont repris
leur service sur toutes les lignes vers onze
heures trente, après qu'on eût procédé à
la vérification des voies.
Les lignes de tramways sur lesquelles
la circulation avait été également interrom-
pue, ont repris le service dans la matinée
peu de temps après.
Quand l'alerte a été donnée, le règlement
a été appliqué aux pavillons des Halles. On
a fermé. Mais pour remettre de l'ordre dans
les transactions aujourd'hui lundi, les pa-
villons de la volaille, de la boucherie, du
poisson seront ouverts. Il est probable qu'il
y aura marché libre.
Les théâtres ont pu ouvrir leurs portes
et donner les matinées annoncées pour
l'après-midi. De même, les concerts et ci-
némas ont donné leurs représentations
comme d'habitude..
Dans les hôpitaux militaires
Des onii^js ont été donnés pour que les
blessés et lyralïLdë&L des hôpitaux militaires
soient, à toute alerte, évacués dans les abris
préparés pour les mettre autant que possi-
btle hors de l'atteinte des bombardements
Nous croyons devoir appeler l'attention
du gouvernement militaire sur les inconvé-
nients de cette mesure, excellente en soi.
L'évacuation des salles cause aux mala-
des un trouble profond, sinon dangereux.
Il faut transporter les plus gravement at-
teints sur des brancards dont la manipula-
tion est difficile, parfois imprudente. Ls
fiévreux, malgré les plus minutieuses pré-
cautions, sont exposés à de multiples acci-
dents. L1s0den%enf des diverses catégories
est imparfait : des contagions sont possi-
bles.
Le service d'alimentation se fait dans les
conditions tete plus précaires. Le personnel
tui-mêffie/comfkoeé des. médecins, des infir-
mières et 4es infirmiers est soumis à une
tension nerveuse et à une ratiue sans li-
mite.
Kous nous sommes rendu compte du dan-
ger. Nous ïiousfvdemandons anxieusement s?
des mesures mieux comprises ne pourront
pas être ordonnées.
;-A- la Bourse
Dans l'éventualité d'une alerte, ta Cham-
bre syndicale a décidé de ne pas suspendre
les. séances ée la Bourse.
En conséquence^ si une alerte d'avions
est annoncée avant ou jneaïdaot les heures
de Bourse, le marché se transportera dans
un local du ;®-MS-soI qui se trouve dans le
bâtiment mWtî où les transactions s'effec-
tueront dans les conditions Réglementaires.
L'alerte numéro trois
Le gouvernement a décidé qu'en cas de
oorl):bardffi'Út, de Paris par les pièces at-
lemandes à longue portée, la vie publique
continuera. la v~ e -publique
Cependant;, la population parisienne sera
avertie ipar uti inayen différent de ceux em-
ployés en c d'alerte par avions. L'alarme
sera donnée par le tamb{}m" et tes coups de
SifOptf flAO. ««Wk-Mla
Pendant la durée du bombardfflHnt par
canon, les services publics continueront à
fonctionner normalernent, et tes movens nie
locomotion ::ftr&:ns, métros, tramways) se-
ront laissés en exploitation.
Cette alerte contre te IbomhaI'(lcmnf par
canons (alerte numéro 3t, comporte seule-
ment l'interdiction de tout rassemblement
aup 'la voie publique. Il ne sera pas fait
usage des abris du Métro, le service devant
fonctionner , mais tous les autres abris se-
ront ouverts oomme en cas de raids d'a-
vions.
La fin de toutes les alertes est annoncée
pt\f' tes tpompiers soenatit ta « berloque u
et par tes cloches des églisas.
A l'Hôtel de Ville
A la deriim" séance 'IŒtT bureau du Con-
seil municipal, M. Fiancette a signalé fin.
térêt que plâtrait présenter l'évacuation des
vieillards et des enfants dans le cas où tes
bombat,derrieule ta rendraient nécessaire.
Le même conseiller a demandé qu'on s'oc-
cupe de erauser des trancâiées-abris dans ta
périphérie.
Ces question.?, ainsi que d'autres concer-
nant l'éclairage de tPa.r'~ la nuit, seront dis-
cutées aujourd'hui en séance de comité de
budget.
Surveillons nos écrits
Il .c; „..,.
Nous ne pmrnes pas de ceux, on le sait,
qui prennent plaisir Ó narguer les confrè-
res. Noas estimons» et nous l'avons dit, qu'à
l'heure présente la presse a un devoir sa-
cré : se -serrer autour odrtl drapeau.
Nous n'en sommes que plus à l'aise pour
exprimer nos regrets de ce qu'un journal
du soir c't, publié samedi un écho com-
nw«K;ani ain,si :
« Il existe un hôpital d'j Panthéon, rue
Lhomond, Où sont soignés, l\i.c nos; bles-
sés franc<¥s. des blessés allemands prison-
niers.
(t'lliersr, aux premiers coups de l'a-
lerte, on vit les infirmiers et les infirtriiè-
'l'oB.. les hommes de tgnrde et lots porteurs
bénévoles descendue, d'abord, les gtaïKfe
blessés allèmandis. M
Notre confrère a été induit en erreur.
11 y a, à l'hôpital du Panthéon, une quin-
zafoe de btessé.s allemand*», occupant une
salle isolée. Ils peuvent tous aller et venir
par leurs propjfs moyens.
Dès ralert donnée, et alors que le per-
sonnel de l'hôpital s'occupait des blessés
tVain;ais av*>c un d'¥vollcnH'nt auquel reJid
hommage lfe jonrnal eu question, les ble-s-
sés allernai^s, sous la .surveillance des gar-
des nninicif aux ùJieetéts. à ce service, des-
cendaient jijar un escalier qui leur est ré-
servé dans un local qui leur est également
réservé. .!
La vérité est ainsi rétablie. Nous recon-
naissons que les Boches auraient, peut-être,
en semblable occurrence. laissé sous le
bombardement nos prapr§| soldats prisori-
mers et ho^nitalisés^
LE FAIT DU JOUR
La Ruée allemande
LES EPISODES DE LA LUTTE
L'armée anglaise sur ses nouvelles positions de repli
LA GRANDE BATAILLE
La grande bataille est déclen-
chée ; la grande armée est en
mouvement. Le Kaiser préside à
l'action, entouré d'un essaim de
têtes couronnées, de princes, de
vrincivicules. de marechaux, de
généraux. Devant cet aréopage belliqueux
et sanguinaire, les vagues allemandes dé.
ferlent ; les divisions poussent les divi-
sions. Il y en avait quarante le premier
jour : on en comptait une centaine dans la
nuit de vendredi à samedi.
Le Kaiser veut paser.
Le Kaiser voulait passer aussi quand, au
Grand Couronné, il attendait impatiemment,
prêt déjà pour l'e'ntrée triomphale à Nan-
cy, que ses divisions eussent creusé dans
tes jlanc.f¡ de la France la trouée rouge qui
ne s'ouvrait pas, qui ne s'ouvrit jamais.
Il fallut que Guillaume laissdt dormir,
durant quaranle-lrois mois, son rêve inas-
souvi ; la route de Paris lui était fermée ;
le sol de la Lorraine demeurait jonché
d'une couche épaisse, effroyable de cadd*
vres allemands.
Est-ce un identique spectacle auquel sorti
conviés à assister les princes germaniques it
L'humanité en détresse le souhaite ardc¡n,.
ment pour la liberté du monde.
Quoi qu'il en soit, deux hypothèses seules
sont permises.
Ou l'afflux de divisions ennemies est
jeté, ait détriment de toute autre concept
lion stratégique, dans une brèche qui s'en-
t r' o:llt' re.
Ou bien fa résistance britannique con-
traint l'ennemi à un effort beaucoup plut
considérable que celui qu'il avait cru név
cessaire.
Nous saurons bientôt à quoi nous en I..
nir. et Pétain, retenons bien ceci, n'a pat
encore parlé ! Que Berlin ne se hâte donc
pas de triompher et d'illuminer' parce qu$
des obus allemands pleurent sur Paris.
Paris n'est qu'une ville, et ce que cher
chent Ilindenburg et son empereur, c'est
une brèche, une brèche assez aronde pour
leur livrer la France. Ils ne la tiennent
pas 1
Camille DEVILAR.
■ ■■ Il I - III I ww
Communiqués britanniques
24 mars, 2 heures matin.
La bataille continue avec la plus grande intensité sur tout le front à l'ouest de la
Scarpe.
Au sud et à rouest de Saint-Quentin, nos troupes établies sur leurs nouvelles
positions sont attaquées avec violence par l'ennemi. De puissants assauts ont été
repoussés cette nuit vers Jussy avec de fortes pertes pour les assaillants.
Dans la partie nord du front de bataille, les Allemands sont passés à l'attaque
avec une extrême énergie et sans tenir compte de leurs pertes. Nous avons conservé
nos positions sur la majeure partie du front à la suite d'une lutte violente et pro-
longée.
Les troupes ont montré une belle vaillance dans les combats qui se sont déroulés
sur ce front et immédiatement au sud. Les 19* et 9* divisions se sont particulièrement
distinguées.
Dans un seul secteur, six attaques, dont deux conduites avec le concours de la
cavalerie allemande ont été rejetées par la même brigade d'infanterie.
L'ennemi continue à attaquer avec une grande violence.
21 mars, après-midi.
Aucune modification sensible ne s'est produite cette nuit dans la situation suf
le front de bataille, bien que la lutte se soit poursuivie ea un certain nombre de points.
Nous tenons la ligne de la Somme jusqu'à Péronne. De petits éléments ennemis
qui tentaient de traverser vers Pargny, ont été repoussés.
A droite, nous sommes en liaison avec l'armée française et au nord de la Som-
me, à Péronne, nos troupes conservent leurs positions après avoir rejeté un certain
nombre d'attaques en différents points pendant la première partie de la nuit. -
Il faut s'attendre encore à de violents combats.
LE FRONT D'ATTAQUE
M. H. Perry P> ohm son, correspondant du
Daily News, télégraphie du front :
« La grande bataille a commencé après
un hiver d'intense préparation et une lon-
gue suspension d'rmes. La puissance du
t.ou,p porté doit se juger en partant de ce
fait que 40 divisions, comprenant 4 de la
garde, ont été identifiées comme étant en
action sur te front britannique. Dans un
secteur du front seul, il n'y eut pas moins
de 7 divisions jetées au cours de la journée,
contre 5 divisions britanniques.
D'un peu au-dessous de la So.ï-.pe. der-
rière Arras, jusqu'à l'Oise, s'étend la
région de l'attaque, mais sa violence
se concentre sur quelques secteurs par-
ticuliers. Au-dessous du secteur au sud
de Croisilles et à rcst, l'on fit usage de
17 divisions, suc un front d'environ tfJ.000
mètres, mais l'attaque fut beaucoup moins
pesante. Au-dessous du front principal de
Cambrai un nombre énorme de troupes lu-
rent encore utilisées.
En tout, quelque chose comme le tiers de
toutes les formations de l'armée alleman-
de a été lancé sur les 50 milles d'attaque.
Sur de c^nsktérablça secteurs du front,
l'ennemi a pénétré notre l'gne de front, dès
la première attaque. Sur quelques autres,
où nous le contînmes tout le jour. nous
ïKHfâ repliâmes, la nuit dernière, sur la
ligne de réserve pour nous conformer au
retrait opéré de toutes parts.
Les pertes de l'ennemi
En aènéraî, le combat se livre, aujour-
d'hui. le tong de toute cette ligne de ré-
serve. Les Allemands ont réussi quelque
avance sur une large partie du front atta-
qué ; mais cela était prévu et, nulle part,
je crois, on a le sentiment que leur succès
initial ait été supérieur aux prévisions. Jus-
qu'ici, nous sommes satisfaits de la situa-
tion, et nous savons que les pertes
ennemies, comme chaque fois qu'il attaque
avec de pareilles forces, ont été très lour-
des. Sur certains endroits, nos mitrailleuses
ont tiré dans les masses compactes qui
avançaient et y occasionnèrent do terri-
bles effets. Sur d'autres points, nos canons
de campagne tirèrent sur des rangs solides,
à courte distance, avec des buts visibles.
Jusqu'à présent, l'on ne dit pas que les
tanks allemands, dont on a tant parlé, aient
apparu, Hier, nos aviateurs ont travaillé
toute la journée malgré le brouillard et,
étant donnfes tes circonstances, ont fait
du travail utile. Les aéroplanes allemands
Sc montrèrent à peine, si ce n'est sur cer-
tains point-s. où quelques nouveaux appa-
reils ennemis tentant de voler très bas
pour se servir des mitrailleuses contre les
hommes qui se trouvaient dans nos tran-
cli de la ligne de front.
Le bombardement qui commença à 5 h.
30 te long de tout le front, fut extrêmement
violent. Sur une large partie du front, les
Mlemands possédaient une moyenne d'un
canon tous les 12 ou lô mètres, en denors
d'un Arand' nombre de mortiers de tran-
chées, - dont on se servit pour couper les
fils de fer et sur nos positions d'avant-
garde.
cl Le bombardement, continua sans arrêt
pendant quatre heures, de 5 h. 30 à 10 heu-
res. Sur ensemble du front. IViUaque ne
fut pas déclenchée avant 9 h. 40 ou 9 th. W.
A Albécourt
1nu une large partie du front, cependant,
I r Attaque fut complètement maintenue. Cela
1 lut particulièrement exact au« environs du
château et du bois de Louverval, près ae
Bourrsies où nos mit railleuses brisèrent et
décimèrent tes masses allemandes. A rest
de cet endroit, près de Flesquières, l'atta-
que ennemie fut un échec total et il etit
beaucoup à souffrir.
lin un point,, près de Flesquières, le4.
Allemands pénétrèrent dans nos tranchées
à teur première ruée ; mais ils furent rece-
tés par la cotUre-attàque» etv à l'exception
de quelques faibles mètres d'une trancbC.
au nord-ouest de Ribécourt, ressemble 4m -
notre ligne sur un arc étendu tait ûitact
à la tombée de la dernière nuit. Cependant,
nous nous repliâmes dans !'ob"curité" sans
être attaqués, pour rectifier notre ligne.
Dans la région de St-Quentin
Sur une autre partie de la ligne, encore
au sud de Saint-Quentin, l'Olt ne jeta :p.a'
moins de six divisons allemandes contre
une division britannique. Elles furent com-
plètement rejetées Mais ici encore - iiciu2
HCHIS repliâmes pour reconstituer notra
fi\>nt rectiligne
A ta gauche de l'altaque, des environs d £
Cherisy à !\ol'euil\., tes Allemands jetèreint
neuf divisions sur un front de moins da
douze mille mètres. Ils s'avancèrent tè,
sur une moyenne de trois mille mètres, mais ;
perdirent beaucoup de monde. A la gauche-
de ce secteur, les Allemands, au début de
l'attaque, se répandirent hors de leurs
tranchées et furent tout simplement balayés.
Ils revinrent 4 la charge et chaque fois •
subirent le même sort ; mais ici encore,
uuws nous retirâmes en même temps qu»
nos troupes A notre droite, tout en mainte-
nant les vagues allemandes.
On recula ainsi sur notre ligne de réser-
ve, la troisième de notre système de front.
Dans l'après-midi, de ter direction du bois
J ôitlaiue et fe long de ta vallée de la Sensée,
devant Cherisy, de vigoureuses attaques
furent d(o{.tencts. On amena t'ltlelques-
unes de nos réserves et l'avance ennemie
fut complètement tenue en échec, avec dia
grandes pertes.
Dans le secteur voisin et au-dessous, Itt
Allemands avaient 8 divisions sur un front
d'environ 10.060 mètres. Nous étions à UU
contre quatre et nous t~mes la ligne quel-
que temps, tandis que les divisons alleman-
des étaient toutes amenées fraîches pou~
l'attaque.
Près d Epchy
Au-dessous de ce peint, la ligne entière la
ïon.f du front do Cambrai fut tenue, mais,
plus au-dessous, dans le voisinage d'Epehy,
l'ennemi réussit encore à déborder nQtra
ligne de front Ici encore, nous nous repliâ-
mes, comme au nord, mais de la même fa-
çon et en infligeant des pertes sévères 4"
l'ennemi.
L'ensemble de la bataille commence certes
à peine, malgré" le nombre énorme de trou-
pes allemandes dépensées. Nous savoui
qu'ils entendent lès utiliser toutes. Il con-
vient, dans une opération de cette en ver-
gure, d'élre sain d'esprit et modéré en at,,
tendant tes événements.
Dans la région de Roisel
Londres, 23 mars. — Le correspondant
de l'Agence Reuter (UlfH'ès de Tonnée bri.
tannique en France, télégraphie le
murs :
Il y a des raisons de croire que cinquan*
te divisions allemandes ont été jetées dans
la bataille, tandis qu'il V en a probablement
encore la moitié de ce nombre en réserve
immédiate. En fait, l'armée allemande ré*
pète les tactiques tradiUon# £ ites. et tâchf
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