Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-10-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1916 15 octobre 1916
Description : 1916/10/15 (N16768). 1916/10/15 (N16768).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
fi VENDEMIAIRE, AN 124. - N" 16.768
fondateur: AUGUSTE VAQUBRIB
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ADMINISTRATION ET REDACTION
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin : 123, rue Montmartre
CINQ CENTIMES .-
DIMANCHE 15 OCTOBRE 1916 — No -16.761
Directeur: EDMOND DU MESNIL
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCES
8, Place de la Bourse
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Adresser toutes communications au Directeur
- Lettres et Mandats à l'Administrateur
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Rédaction et Administration ; Nord 24-90. Direction : Nord 21-0
De 9 heures du soir à 3 heures du matin : Gatenberg 43-93
TRIBUNE XilBJRJB
La Jeunesse qui passe
1 .-. c= 0..::a --
Rien, mieux que sa
mort, ne pouvait la faire
connaître, notre jeunesse;
mais, pour être tout-à-fait
juste envers elle, sachons
voir qu'elle s était exprimée, elle-
même, telle qu'elle devait mourir.
Vous rappelez-vous les « Enquê-
tes sur la jeunesse » ? C'était la
paix, alors; et il se trouve que ce
fut la veillée des armes et des âmes ;
l'auguste revue des forces spiri-
tuelles de la guerre. -
Les voici. Je viens de les relire,
et j'ai cru m'être penché sur les
tranchées.
Voici l'enquête d'Agathon, à
l'Opinion; voici celle de la Revue
hebdomadaire ; voici ces contribu-
tions collectives, d'inspirations si
diverses, en pareil tourment d'Uni-
te : la Revus critique des idées et
des livres, l'Occident, la Vie; voici
.-- ces témoignages individuels qui va-
- lent, chacun, pour toute une race
d'hommes : La Renaissance de l'Or-
gueil français, d'Etienne Rey; Aux
Ecoutes de la France qui vient, de
Gaston Riou.
Un trait est commun à tous ces
esprits que révèlent ces pages : ils
ont échappe à l'emprise du roman-
tisme. C'est à qui, parmi eux, dé-
noncera, avec le plus de vigueur, les
méfaits de ce subjectivisme qui,
transporté, tour à tour, d'une cer-
taine philosophie, dans les lettres,
dans les arts et dans la politique,
est partout la marque du tempé-
rament romantique. C'est à qui,
aussi, témoignera, dans l'ordre de
ses méditations, ou de ses analyses,
d'une plus scrupuleuse soumission
à l'objet.
Or, cette mëthode, qui est celle
de toutes les sciences, se trouve être,
aussi, celle de la guerre moderne;
et, voilà toute une génération pré-
parée, pliée à ses servitudes.
p. Ce n'est plus la guerre qu'a faite
Stendhal, ou Vigny. Tout est iné-
dit des devoirs et aussi des fati-
gues qu'elle impose; mais il fallait,
pour les accepter, posséder, à la
fois, cette tranquille raison et ce
cœur consacre.
Rappelez-vous vos morts. Ils ont
tordu le fer, ils ont creusé la terre,
ils ont pétri la boue ! Ah ! comme
! ils ont voulu peiner de leurs ongles,
; de leurs épaules et de leurs genoux;
: ae toute leur pitoyable humanité
d'os, de chair et de sang, avant d'il-
: luminer, de leur flamme immortelle,
Je ciel de la Patrie!
Aucun souci de soi. Ils avalent
un grand travail à faire, technique,
; difficile, pénible, et qui comportait
de mourir. Ils ont tenu à bien le
faire et ils l'ont bien fait.
*
Quand, parfois, ils causaient en
travaillant, ils s'avouaient la même
unique préoccupation : être utiles.
C'est que tel était bien le dernier
mot de leur religion ou de leur phi-
l losophie.
T raditionnalistes avec Henri
Massis; protestants avec Gaston
Riou; aristocrates avec Jean Pau-
lhan; démocrates avec Etienne Rey,
: ils étaient pareillement pragmatis-
; tes.
1 Ils jugeaient les doctrines à leur
influence moralisatrice sur les hom-
1 mes, et les hommes à leurs actes.
Beaucoup avaient vu venir la
guerre et, sans doute, s'y prépa-
raient. Mais, quand ils en écri-
! vaient, c'était en politiques realis-
tes. Eux qui avaient si haut exalté
l'homme — « la valeur suprême »
- ils consentaient délibérément à
le courber, pour 1 J salut de la cité,
sous l'odieux matérialisme de la
5 guerre.
- C'est que l'idéal ne leur cachait
pas le réel, ni ne leur était prétexte
t à s'évader de la vie. Il leur com-
,; mandait, d'abord, de se soumettre à
l'épreuve des faits et d'accepter la
î condition humaine. -
* Ms ils voulaient vivre, tels ils
meurent : en citoyens, en serviteurs.
#**
Cette certitude, que l'homme est
rd'une pattie et qu'il lui appartient ;
i cette foi que, pour s'accomplir, il
< faut la servir, rendent compte de la
- qualité particulière de leur patrio-
? tisme*
! Leur premier mouvement avait
M de protestation, - de rëvoltç
contre des maîtres trop ingénieux
du patriotisme conditionnel.
Leur chair, leur sang, la nature
de leur esprit et de leur sensibilité,
les évidences premières de leur rai-
son, leur criaient ensemble qu'ils ne
pouvaient point se retrancher de la
France, ni la France se séparer
d'eux; qu'on n'est pas le Français
de teile ou telle France, dans le
temps, mais le Français de la Fran-
ce unique et éternelle.
Voilà pourquoi leur patriotisme
ne faisait acception ni de régimes,
ni de systèmes, ni d'Eglises. Voilà
pourquoi, à l'aube de la mobilisa-
tion, et sans avoir besoin d'aucun
mot d'ordre, ils. ont donné à l'ar-
rière le magnifique exemple de
l'Union sacrée. Voilà pourquoi, en-
fin, nous devons tous porter le deuil
de chacun d'eux, et respecter à ja-
mais le nom du Dieu, même ennemi,
qu'ils ont confessé dans la tranchée.
Pleurons-là, cette jeunesse an-
nonciatrice d'une France nouvelle.
et qui passe. Pleurons ces poètes,
ces penseurs, ces héros : un Paul
Drouot, un Pierre Gilbert, un Hen-
ry du Roure, un Antoine Expilly.
Mais bâtissons, pour y réunir leurs
tombeaux, la France nouvelle qu'ils
annonçaient.
CHARLES BRIAND.
; ) -+
LA POLITIQUE
La question
des effectifs
jfp,'è.ç la brillante campagne
de notre confrère Henry Bé-
ranger, la vigoureuse inter-
vention de M. Mourier, député
du Gard, à la tribune du Pa-
lais-Bourbon, vient de placer
la question des effectifs dans
un cadre nouveau d'idées, sinon de prin-
cipes.
Il s'agit de faire donner à la Nation
son maximum de rendement pour la
guerre et d'appeler les femmes partout
où les hommes ne seront pas indispen-
sables.
Il s'agit de solliciter la main-d'oeuvre
éttotiquc avec une intelligence avertie
des nécessités de l'heure.
Il s'agit de proportionner Veffort mili-
taire à la faculté combattante des mobi-
lisés, suivant leur dge et leur profession.
Le député radical-socialiste d'Alais,
qui a l'étoffe d'un vrai démocrate et d'un
patriote réaliste, a dit tout haut ce que
chacun murmurait tout bas. Son élo-
quence simple et forte a produit, sur la
Chambre entière, une impression que la
riposte du sous-secrétaire d'Etat aux mu-
nitions n'a pas effacée.
Bientôt, le ministre à son tour prendra
la parole. Il sait ce que le pays a donné,
ce qu'il peut donner encore. Il sait aussi
ce que la vie économique réclame avec
autant de puissance impérieuse que l'es-
prit de justice-et d'équité.
Quant au Gouvernement tout entier, il
n'est pas possible qu'il n'ait lentendu la
voix du pays, qui réclame une savante
épargne de nos réserves d'hommes.
Cette épargne .sera rendue possible
pal' l'effort admi-rable que font nos Alliés
qui n'ont pas tout donné de ce qu'ils
veulent donner et qui n'ont pas tous
donné ce nui est possible.
Nous reviendrons sur cel important
chapitre.
Mais jamais le Parlement français., qui
révèle chaque jour un nouveau talent,
Wa eu à régler de plus passionnants pro-
blèmes.
Quoi quen disent les détracteurs de
la République, notre régime vaut mieux
qu'on ne dit. Et nous avons joie à le
constater et à marquer également que
le parti radical n'a épuisé ni sa force
d'impulsion, ni son continuent de pen-
sées généreuses et pratiques.
.— ) .+
Rapprochement
suggestif
Le général Percin vient de dissiper, dans l'Hu-
manité, de dangereuses équivoques dans un ad-
mirable article, plein de sagesse, intitulé La der-
nière des guerres.
Nous en plaçons les passages principaux sous
les yeux de nos lecteurs :
La plupart de ceux qui voudraient que la
guerre de 1914-1916 lM la dernière guerre, espè.
rent arriver à ce résultat en infligeant aux Alle-
mands une défaite telle que ces derniers ne
puissent plus famais douter de notre force,
Nottï n'en sommes pas là. La victoire d'au-
iOltrd'It'li ne serait d'ailleurs pas un gage de celle
de demain. Bien n:est plus capricieux que le
sort des armes. Au surplus, si la guerre pouvait
tuer la guerre, il y a longtemps que le monde
serait en paix.
Certains écrivains rêvent de fonder des Etats-
Unis d'Europe, avec une gendarmerie internatio-
nale, dont le rôle serait ae châtier les Etats qui
chercheraient à troubler la paix.
Je n'ai jamais compris ce que ces écrivains en.
tendent par « gendarmerie internationale ». Eux-
mêmes, j,,, le crois bien, n'en savent rien non
plus.
La gendarmerie internationale serait-elle une
armée de professionnels ?
Où résiderait-elle ? Qui la commanderait ? Aux
ordres de qui serait son chel ?
Quel que fûi ce dernier, il tiendrait dans ses
mains les destinées de l'Europe. Il pourrait dé.
chaîner la guerre quand, où et contre qui il vou-
drait. La. présence de son armée au miiieu des
Etats-Unis d'Europe serait tout le contraire d'une
garantie de paix. On n'empêchera jamais une
armée de professionnels de désirer la guerre d
de chercher à la faite éGiaten 1
COMMUNIQUES OFFICIELS
J Ji
804e jour de la Guerre.
Samedi li Octobre 191G.
FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
15 HEURES
Au nord de la Somme nous avons pro-
gressé sur l'Epine de Malassise.
Au sud de la Somme, les Allemands, à
la suite de violents tirs de barrage, ont
lancé une puissante attaque sur nos posi-
tions d'Ablaincourt. Ils ont réussi à réoc-
cuper une partie du village et les tranchées
au nord-est. Mais ils en ont été rejetés
complètement par une contre-attaque im-
médiate.
Rien à signaler sur le reste du front.
LA GUERRE AERIENNE
Nos avions ont bombardé Vouziers et Ar-
deuil.
La brume et les nuages ont gêné les opé-
rations aenennea sur tout le front.
23 HEURES.
Au sud de la Somme, nous avons pronon-
cé deux attaques qui ont brillamment réus-
si ; l'une à l'est de Belloy-en-Santerre nous
a mis en possession de la première ligne
allemande sur un front de deux kilomètres ;
l'autre a fait tomber entre nos mains le ha-
meau de Geuermont et la sucrerie (1.200 mè-
tres nord-ost d'Ablaincourt). Nous avons
fait de nombreux prisonniers. Jusqu'ici, huit
cents prisonniers valides, dont dix-sept of-
ficiers ont été ramenés à iarrière.
Canonnade intermittente sur le reste du
iront..
Communiqué Anglais
11 HEURES 20
Rien à signaler sur le front au sud de
l'Ancre, en dehors d'un bombardement en-
nemi intermittent.
La puit dernière, nous avons exécuté avec
succès deux coups de main sur les tran-
chées ,, allemandes au nord-est d'Ypres et
au sud-ouest d'Hulluck.
Communiqué Belge
> 23 HEURES*
Rien, d'important à signaler.
1 L'EMPRUNT FRANÇAIS
23 HEURES.
Afin de mieux répartir sur un grand nom-
bre 4e guichets toutes les souscriptions qqÉ
témoignent du bel élan patriotique du Pay^
il est rappelé que le public peut effectuer
ses versèments. soit en espèces, soit en
bons, soit en obligations de la Défense na-
tionale dans tous les bureaux de poste.
Il n'est donc personne qui n'ait à sa por-
tée immédiate un guichet de souscription.
1 FRONT BALKANIQUE
Communiqué Serbe
Le 12 octobre, nos attaques se sont pour-
suivies sur tout le front. Nous avons pris
par endroits de nouvelles tranchées bul-
gares et repoussé plusieurs contre-atta-
ques. Nqus avons fait prisonniers un offi-
cier et vïie, dizaine de soldats.
La gendarmerie internationale serait-elle for-
mée de délégations des armées nationales des
différents Etats ? •
On ne conçoit pas un Etat consentant à enle-
ver, sans que la paix soit menacée. ses ouvriers
à leurs usines, ses cultivateurs à leurs champs,
ses négociants à leurs affaires, ses artistes à
leurs travaux, et cela pendant un certain temps,
en plus de celui pendant lequel ces hommes ont
reçu l'instruction militaire. Jamais nation n'ac-
cepterait cette mobilisation d'une partie de l'ar-
mée en pleine paix.
l.a gendarmerie nationale serait-elle alors, tout
simplement, h réunion des armées nationales
elles-mêmes des différents Etats ?
Mais, si l'un des Etats menace de troubler la
paix, les autres ne peuvent l'en empêcher qu'en
mobilisant leurs armées. Et si ce sont les autres
qui se coalisent contre l'un d'entre eux, c'est ce
dernier qui mobilise.
Dans l'un et l'autre cas, c'est la guerre telle
qu'on la voit aujourd'hui, chacun des belligérants
prétendant défendre ses droits injustement me-
nacés, soutenant que ce n'est pas lui qui a com-
mencé, affirmant qu'il a mobilisé malgré lui, et
que c'est son armée qui, dans le conflit, joue le
rôle de gendarmerie internationale.
Laissons don3 de côté ces mots vides de sens
et organisons notre armée de telle sorte que la
France puisse mettre sur pied 9 millions de com-
battants. Elle sera en mesure de le faire dans
quarante ans, si, dès aujourd'hui, on lui donne
les moyens que j'ai énumérés dans mon précé-
dent article. EUe pourra alors défier toute atta.
que, même celle de l'Europe coalisée.
Il nous Teste maintenant à apprendre ce qu'en-
tend, de son côté, notre confrère Varenne, de
l'Evénement, lorsque, au cours d'un article ex-
cellent en tous points sur Scheidemann, il écrit
la phrase suivante :
C'est par des mesures internationales appro-
priées bien plus que par des garanties territo-
riales, que sera assuré désormais le repos de
l'Europe.
Nous ne tarderons pas, sans doute, à l'appren-
dre.
) et- (
LA RÉUNION DU PARTI RADICAL
iHnsi que nous l'avons annoncé, le
Comité exécutif du parti radical et ra-
dical-socialiste se réunira en assemblée
plénière, le 22 octobre, salle du café du
Globe, boulevard de Strasbourg.
Les élus parlementaires et les délégués
des groupements adhérents ont été con-
voqués. „ 0',
L'ordre du jour comporte un compte
rendu des travaux du parti et une décla-
ration des groupes parlementaires de la
Chambre et du Sénat.
Il n'y avait pas eu d'assemblée plénière
depuis la guerre. Un Comité, composé
de cinq sénateurs et de cinq députés,
presque tous anciens présidents ou mi-
nistres. s'occupait de la direction admi-
nistrative du parti. t
, ) -.- (
Dans le parti radical
Nous recevons du Comité exécutif du
parti radical et radical-socialiste la commu-
nication suivante :
Paris, 1-e 12 octobre 1916.
Monsieur et cher Collègue,
Je vous prie de bien vouloir assister à la
prochaine réunion plénière du Comité exé-
cutif, qui se tiendra au Café du Globe (salle
n" 4, entrée spéciale : 8, boulevard de Stras-
bourg), à deux heures très précises, le di-
manche 22 octobre courant.
Agréez, Monsieur et cher Collègue, l'ex.
pression de mes sentiments dévoués.
Le Président
■ du Bureau du Comité exécutif,
FRANKLIN-BOUILLON,
Député de Scine-ct-Oise.
ORDRE DU JOUR :
Communication du Bureau du Comité exé-
cutif ;
Compte-rendu des travaux du Parti ;
Déclaration du groupe parlementaire du
Sénat ; 1
Déclaration du groupe parlementaire de
la Chambre. ,.,.-
;
L'OFFENSIVE ITALIENNE
>♦» ■
VIdea Nationale remarque, avec raison,
que l'offensive italienne a eu déià une heu-
reuse répercussion sur le .front roumain.
Pour répondre à l'offensive italienne immi-
nente dès le commencement d'octobre, le
général Boroevic iut obligé de demander
en hâte des renforts qui furent pris sur le
frotot de Transylvanie, c'est alors que les
Roumains purent arrêter l'avance die Fal.
kenhayn et se renforcer sur leurs nouvelles;
gositioaSt
Les volontaires polonais
en France
.: - î
La vaillante revue « La Vie » lien des
nationalijés qui aiment l'idéal humain de
la France et qui s'est faite souvent la tri.
bune des Pffisers, des écrivains et des
propagandistes polonais, donne dans son
dernier ïiuaiiéro un vibmnt article de M.
Victor Jpzê, sur les volontaires polonais
au servie. de la France. « Jamais, écrit
celu-ci, la traditionnelle amitié dies Polo-
nais pour la France ne s'aififirma mieux
que dêmà cette guerre. Les légendaires là.
gions polonaises qui arrosèlrent de leur
sang tOQs les champs de batailles napo-
léoniertnts avaient en somme un idéal
précis : ^éjivrea* la Pologne du joug étran.
ger. Mais la multitude de ieunes Polonais
qui, des les premiers jours d'août 1914,
répondirent à l'appel - du Comité dies vo-
lontaires, constitué sous les auspices du
journal', « PoJonia », n'eurent, au début,
d'autre idéal que celui de secourir la
France en danger. et
Deux groupes de volontaires polonais
ont foi'içé, deux compagnies presque ex-
clusivement nationales, l'une instruite à
Bayonne et la deuxième à Rueil, mais la
majorité a été dispersée dans différents
régiments constitués par les volontaires
des tiutPes- pays, jusqu'à la fin de 1915,
ou .ils opt pu opter, avec joie, pour l'ar-
mée régulière fmnçaise. Dans ces condi-
tions il a été pairfois difficile à ces hom-
m'es dispersés de faire valoir leurs quali-
tés nationales. On a cependant à leur ce.
tif de belles citations. C'est en comman-
dant comme lieutenant dan une compa-
gnie polonaise quie le regretté Max *Dou-
mie, liè':.e. de M. René Doumic, d-e l'Aca-
démie française, est tombé glorieusement
devant l'ennemi. Et le 9 mai 1915 c'est
une compagnie polonaise que désigna le
colonel Pain pour partir la première de la
brigade dans l'attaque décidée iau nord
u A iras.,
On compte actuellement que 1.300 Polo-
nais, dont une partie se trouve à Salonique
combattent encore dans les rangs fran-
?6 n'est pas comparable aux
.S()();OOOqm".combattent les Allemands dans
les rangs rde l'armée russe, mais il ne
comprend que des hommes éprouvés et
chevronnés, à l'élan irrésistible desquels
les ,",éftérwx commandants de corps, le
ministre de la guerre et le. Sénat ont ren.
du hommage. Au « Rappel », où l'on s'est
occupé :iliCtiViement, ià d'e fréquentes re-
prises, des questions intéressant le réta-
blissement dieS libertés de la malheureuse
PolIYe" nous signalons l'hommage qua
la revue: « La Vie » rend à ces braves.
+- 1(
On ; dit.
t • «» 1
NOTRE AGEND4
'Alljourd'flui Dimanche.
'Lever du Soleil : 6 heures 13.
Coucher du Soleil : 5 heures 1.
Lever.,de la Lune: 7 heures 2
Coucher de la Lune ; JI heures 8.
Aujourd'hui
Poilu. ou tranchard ?
Entendu dans une gare de banlieue.
Deux engagés volontaires tout jeunes, dont
un porté déjà la croix de guerre, discutent :
- (?çst égal, ce mot de poilu ne convient
pas à tous les soldats, Pour nous. c'est une
décision. Pige mon menton, mes joues. Pas
plus de poil que dans le creux de ma main
Quantd je m'entends appeler poilu, j'ai en-
vie de rire.
- Et moi, donc ! Ça m'agace. Le dos
d'un rasoir suffit à me faire la barbe.
— Aous fréquentons les tranchées Pour-
quoi ne nous appellerait-on pas tranchards ?
Ça dirait ce que ça doit dire
Au public, dç décider ; Poilus ou tran-
ebartis ?
La disparition des Aurochs
D'après les journaux russes. les fameux
aurochs de la forêt de Bielovièje, réservée
exclusivement aux chasses impériales, sont
voués àt une disparition prochaine. Avant
la guerre, on en comptait encore 640. Ac-
tuellement, il en reste une centaine à peine.
Les aurachs disparaissent parce que les Al-
lemands ont mis en eoupe cette forêt, l'une
des plus belles de l'Europe et, ensuite, par-
ce que la population qui souffre de la fa-
mine fbit "Ii.n clmse acharnée à ces ani-
auiU
a a,if¡:. ¡. te, Tapilh
Lit VIE POLITIQUE
Le réveil du radicalisme
M. Maurice Raynaud, ancien président de la délégation
des gauches, aborde le problème des buts
de guerre et des frontières.
M. Renaudel reconnaît la prépondérance politique
du radicalisme et tente de l'entraîner
dans le sillage du socialisme.
-' Les buts de la guerre
Il faudra bien en parler un jour ; il
faudina toujours rappeler au monde entier
que nous nous défendons contre l'agres-
sion préméditée de l'Allemagne dans le
but évident d'établir sur l'Euroipe son hé-
gémonie. Guillaume Il, l'empereur de la
paix, comme il aimait à le proclamer, rê-
vait d une paix allemande, à l'instar de
l'ancienne paix romaine. établie sur les
ruines des nationalités Le réveil d'indé-
pendance qui secoua la vieille Europe,
mais qui laisse encore troip de nations en-
dormies, a été pour le peuple allemand
et ses dirigeants une désagréable surprise.
Nons espérons qu'ils ne sont pas encore au
bout.
*
En France, en Belgique, en Italie et en
Russie. toutes les voix autorisées ont dé.
claré qu'on en voulait finir avec la me*
maoe allemande et îe mîlîtanisme pwus-
sien. Mais c'est en Angleterre que les
plus fermes parol es ont été prononcées.
MM. Asquith et Lloyd George ont parfai-
tement défini Les buts généraux de cette
guerre et montré excellemment que nous
devions faire la guerre à la guerre et em-
pêcher à jamais le renouvellement des
(horreurs dont nous sommes les témoins
et les victimes.
Nous ne pouvons donc plus consentir a
une espèce de paix fourrée qui ne Berait
évidemment qu'une trêve : nous sommes
condamnés, qu'on le* veuille ou non, k
cette nécessité dé poursuivre la guerre
jusqu'au résultat que nous devons attein-
(lire sous peine de préparer de IUOS prou
près mains notre futur anéantissement.
Or, ce résultat, quel est-il ? Que. doit-il
être ?
Nous avons vu des partia en France
formuler déjà leurs vues à ce sujet.
Les uns disent : Pas dnnexions. Les
autres, plus politiques, se disent prêts
pour tous les efforts, pour tous les sacri-
fie es, tant que ne, seront pas assurées l'in-
tég'l'ité territoriale, la liberté politique et
économique de 1% Franoe, * la Belgique,
de la Serbie.
Mais on ne s'exprime pas d'une ma-
nière explicite sur- ce qu'on entend par
notre intégrité territoriale.
#*#
Nous serons cependant bien obligés d''v
venir et même au prix de certaines dislcus-
sions, de certaines difficultés même, d'a-
border ce sujet et de préciser ftos inten-
tions et nos espérances.
Le iparti républicain radical et radical-
socialiste, qui s'était tenu jusqu'ici dans
une réserve patriotique que les autres par.
f/j politiques n'avaient ni apprétciée ni
imitée, va tenir ses assises le 22 octobre
prochain.
Nou.s applaudissons à ce réveil néces-
saire de l'activité politique du parti radi-
cal.
Le parti radical, par le nombre de ses
représentants et de ses adhérents, par le
succès que ses idées ont rencontré aiaue*
de la A'rande majorité des électeurs froa-
çais, est et doit demeurer le pivot de la
politique ÜKé.t:icure et extérieure du pays.
Si, il la suite de la guerre et 4 rais
de certaines rancunes qui n'ont eu avec
l'union saarôe qu'un rapport plutôt loifi-
tain, le parti m
quement à subir dans læ dânection des
faires un effacement dont on né lui II¡
point su gré, il ne s'ensuit pas 4eil n'ait'
son mot à dIre. tant Pour la conduite de
la guerre pour pour la conclusion de lar
paix Les déclarations qu'il fera auront
certainement un profond retentissement
au dehors et il faudra qu'il exannine I»
problème aous toutes ses faces avec 1er
souci des responsabilités énormes qu'il
tpra devant rhistoire. °
0_*.
f
(Censuré.)
Nous ne cactions ici ni nos isenlèmeniaL*
m noa espoirs.
Nous n'aurions jamais déclaré la guer-
re ; mais si nous la subissons, il ne faut
pas que la France de demain se retrouve
en face d'une Allemagne qui demeure me-
naçante. - -
Nous devons donner au pays la sécurité
à laquelle il a droit pour pouvoir se déve-
lapper pacifiquement. Nous ne devons plua
ôtre l'arme au pied en attendant ~maL
agression nouvelle^
(Censure.)
,
MAURICE RAYNAUD.
Heureux symptômes
On reproche souvent aux sockilistets d4
vouloir imposer leurs conceptions, mais
nous ne smnmes pas si exclusifs que nous,
rte nous réjouissions de voir d'autres hom-
mes, d'autres partis que nous-mêmes sou-
tenir les principes d'action que nou
croyons les meilleurs.
On annoaice, par exemple, que le parti
radical va tenir prochainement une assem-
blée où, pour la première fois depuis la
guerre, il va se poser à lui-même les ques-
tions que soulève la situation de gueaweU
Nous espérons biien que le grand parti quÏ
est encore le parti le plus puissant de no-
tre démocratie ne se laissera pas troubler
par les appel tentateurs de ocux qui vou-
draient l'entraîner ham des voies de la-
sagesse et de la clairvoyance. Sa parole,
peut avoir non seuent en France et
chez les Alliés, mais encore chez les peu- -
pics ennemis, le retentissement le plus dé-
cisif. Nous souhaitons passionnément de
le l'û('r fortifier de son action les aEftcnma-
tions et la pratique du Droit. L'avenir en
sera plus clair, et la cause de la Francu
et de ses Alliés plus noble et plus saûUe*
PIERRE RENAUDEL. ;
ha réparation des dommages degaerr
- 1 par Camille Bouché
'.UT'. "—''
LE PAIEMENT
Le projet de la commission des domma-
ges de guerre prévoit, en son litre IV, que
le (bénéficiaire de l'indemnité: sera nanti d'un
certificat nominatif, constatant la dette die
l'Etat et formant, titre à l'égard du Trésor,
Et comme ce certificat non négociable ne
saurait êfte à son tour ef-ert en paiement
aux. maçons, charpentiers, peintres et ser-
ruriers qui contribueront à refaire la mai-
son détruite, le gouvernement a assuré que
œ document serait considéré comme un ti-
tre sur leauel les banques ont coutume de
consentir des avances.
Est-ce bien une solution ? Et quelle va
être la situation dU sinistré à qui est imposé
te remploi ?
Son premier acte va être de se rendre à
une banaue pour faire transformer son titre
en numéraire. Il est peu vraisemblable que
la banque avance ses fonds gratuitement.
Voilà donc l'indemnitaire qui va s'engager
dan- un contrat onéreux, et qui ne saura
pas à quel moment il pourra s'acquitter,
puisqu'aussi bien on ne prévoit pas à quelle
date l'Etat nourra lui-même se1 libérer de aa
dette.
Cet intérêt complémentaire que va récla-
mer le banquier, il n'est pas douteux que
ce soit l'emprunteur, c'est-à-dire l'indemni-
taire, oui le paiera.
De combien sera-t-il ? Pas moins' de 2 %,
si l'on tient compte qu'il s'agit d'un titre
frappé d'une qiuasi-in al iéaatoifei té et à
échéance indéterminée. Et comme il n'est
pas exagéré de prévoir il 500 millions le
montant des avances ainsi consenties, c'est
10 millions qu'encaisseront annuellement
les banquiers en sus de l'intérêt normal de
5 °/n payé par l'Etat. Heureuse opération 1
Et comme on comprend que M. "ê Ministre
des Finances n'ait aucune difficulté pour
réunis un consortium chargé de la prati-
que 1 -
Son indemnité ainsi un peu écornée, mais
transformée en numéraire, le sinistré va-
t-il être au bout de ses peines ?
Il est contraint au rempiloi. Il doift le faire.
Comment va-t-il trouver les matériaux, la
main-d'œuvre nécessaires à sa construc-
tion ? Va-lt-il avoir la compétence pour fai-
re établir un 'plan conforme à l'hygiène ?
Saura-t-il surveiller son entrepreneur ?
Il est permis de douter que dans ces cou.
ditions le remp'loi s'effectue d'une manière
satisfaisante. Et qui sait, si, après avoir
fait preuve de bonne volonté, le sinistré en
proie à des difficultés trop grandes, n'aban-
donnera pas l'œuvre commencée ; et le dé-
couragement ne tardera pa&. & deyeâiç du
ûié^ontenteiaenU -
On voit combien les dispositions du pro1
jet de loi sont ÍDsUiftisuntoo. pour réalisme*!
pratiquement l'œuvre nécessaire.
Et c'est si vrai que les membres dé Mi
commission l'ont en q" uelque sorte ieconivî
implicitement lorsque l'article 27'ir
ont décidé que l'Etat pourrait "(;xct'If-tionnel-'
tement "fe .ïi^SESiK. r "î"
me les travaux de Mc~~tSm
C'est tellement dalls la ioA4que des
que cc Pr("W(lé a dù, qwarxi même, S'impo-
e-er., 1.e but cfinœl de la loi est en effet la De-
coastruct.on (les imrnCllJblOd détruits A ROT
te reconstruction l'Etat est. intérossé tutlt uU-,
tant que "espal'ticl£i,(.'If'S. Il est '\il'ono liatuf%-4'%
qu'il y 'l)llab?,rc l'rklllllnHmt. Il StJljpléc
ra aux insuffisances individuelles. Il obticn-
dra des caridi«,ons pllite li~
controlera plus exactement l'emploi des
fonds.
Le premier acte qui doit préoccuper Ia
législateur, c'est donc la création d'un rné-'
canisme de reconstruction capable de me-
ner à bonne fin I'oeuvie * rénovation G
régions etivahies.
Et c'est ce mécanisme caà, fort de l'enga-
oment de l'El&, se î>rQfcurera ensuite la>
Il Y bera rilus apte qm. les tftaUieurcux «i-
paur faire reconstruire
leur mn détruite n'auront pas à s'u.
Ker personnellement auprès, des bunq
qui monnaieront la créance ¡Ut' l'Etat.
Le iprinc.pe de la solidarité, qui domina
et doit dominer toute la loi, comme L'a si
éloquemment dcmœUrô M. Desplas, ne jus-
tifie nullement le système de crédit que la
projet veut instituer.
Le bénéfice complémentaire réalisé par
les banques, retournera-t-il, même indirec-
tement. à nos provinces du Nord et da
l'Est ?
Ni l'Etat, ni les particuliers, ne retireront
un avantage quelconque Je cette combinai-,
son.
A dépenses égales, combien pius favora-
ble à tous serait un organisme de construc-
tion. Les sinistrés auraient tous les profite*
résultant vie sa puissance, de sa compéten-
cc, de la rapidité O'u'U pouiTait api>c*ler;
dans l'exécution des travaux. Ceux-ci ne se
feraient pas au hasard, niai* suivant ie p~~
précis d'une enliepî4se bien administrée.
Et pour l'Etat, la tâche administrative so>
ràit singulièrement simplifiée.
Le remploi nécessaire s'efïecUiemit det
iui-même : toutes les opérations Se trouve-
raient centra limées ; les pouvoirs l)y.hliC
U'auiaieîit paa à se |)crxîrâ dar« l'ùi&uk
fondateur: AUGUSTE VAQUBRIB
ABONNEMENTS
Un mois Trois moto Six mois On tt
Pa~ 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
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CINQ CENTIMES .-
DIMANCHE 15 OCTOBRE 1916 — No -16.761
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ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Adresser toutes communications au Directeur
- Lettres et Mandats à l'Administrateur
TELEPHONE
Rédaction et Administration ; Nord 24-90. Direction : Nord 21-0
De 9 heures du soir à 3 heures du matin : Gatenberg 43-93
TRIBUNE XilBJRJB
La Jeunesse qui passe
1 .-. c= 0..::a --
Rien, mieux que sa
mort, ne pouvait la faire
connaître, notre jeunesse;
mais, pour être tout-à-fait
juste envers elle, sachons
voir qu'elle s était exprimée, elle-
même, telle qu'elle devait mourir.
Vous rappelez-vous les « Enquê-
tes sur la jeunesse » ? C'était la
paix, alors; et il se trouve que ce
fut la veillée des armes et des âmes ;
l'auguste revue des forces spiri-
tuelles de la guerre. -
Les voici. Je viens de les relire,
et j'ai cru m'être penché sur les
tranchées.
Voici l'enquête d'Agathon, à
l'Opinion; voici celle de la Revue
hebdomadaire ; voici ces contribu-
tions collectives, d'inspirations si
diverses, en pareil tourment d'Uni-
te : la Revus critique des idées et
des livres, l'Occident, la Vie; voici
.-- ces témoignages individuels qui va-
- lent, chacun, pour toute une race
d'hommes : La Renaissance de l'Or-
gueil français, d'Etienne Rey; Aux
Ecoutes de la France qui vient, de
Gaston Riou.
Un trait est commun à tous ces
esprits que révèlent ces pages : ils
ont échappe à l'emprise du roman-
tisme. C'est à qui, parmi eux, dé-
noncera, avec le plus de vigueur, les
méfaits de ce subjectivisme qui,
transporté, tour à tour, d'une cer-
taine philosophie, dans les lettres,
dans les arts et dans la politique,
est partout la marque du tempé-
rament romantique. C'est à qui,
aussi, témoignera, dans l'ordre de
ses méditations, ou de ses analyses,
d'une plus scrupuleuse soumission
à l'objet.
Or, cette mëthode, qui est celle
de toutes les sciences, se trouve être,
aussi, celle de la guerre moderne;
et, voilà toute une génération pré-
parée, pliée à ses servitudes.
p. Ce n'est plus la guerre qu'a faite
Stendhal, ou Vigny. Tout est iné-
dit des devoirs et aussi des fati-
gues qu'elle impose; mais il fallait,
pour les accepter, posséder, à la
fois, cette tranquille raison et ce
cœur consacre.
Rappelez-vous vos morts. Ils ont
tordu le fer, ils ont creusé la terre,
ils ont pétri la boue ! Ah ! comme
! ils ont voulu peiner de leurs ongles,
; de leurs épaules et de leurs genoux;
: ae toute leur pitoyable humanité
d'os, de chair et de sang, avant d'il-
: luminer, de leur flamme immortelle,
Je ciel de la Patrie!
Aucun souci de soi. Ils avalent
un grand travail à faire, technique,
; difficile, pénible, et qui comportait
de mourir. Ils ont tenu à bien le
faire et ils l'ont bien fait.
*
Quand, parfois, ils causaient en
travaillant, ils s'avouaient la même
unique préoccupation : être utiles.
C'est que tel était bien le dernier
mot de leur religion ou de leur phi-
l losophie.
T raditionnalistes avec Henri
Massis; protestants avec Gaston
Riou; aristocrates avec Jean Pau-
lhan; démocrates avec Etienne Rey,
: ils étaient pareillement pragmatis-
; tes.
1 Ils jugeaient les doctrines à leur
influence moralisatrice sur les hom-
1 mes, et les hommes à leurs actes.
Beaucoup avaient vu venir la
guerre et, sans doute, s'y prépa-
raient. Mais, quand ils en écri-
! vaient, c'était en politiques realis-
tes. Eux qui avaient si haut exalté
l'homme — « la valeur suprême »
- ils consentaient délibérément à
le courber, pour 1 J salut de la cité,
sous l'odieux matérialisme de la
5 guerre.
- C'est que l'idéal ne leur cachait
pas le réel, ni ne leur était prétexte
t à s'évader de la vie. Il leur com-
,; mandait, d'abord, de se soumettre à
l'épreuve des faits et d'accepter la
î condition humaine. -
* Ms ils voulaient vivre, tels ils
meurent : en citoyens, en serviteurs.
#**
Cette certitude, que l'homme est
rd'une pattie et qu'il lui appartient ;
i cette foi que, pour s'accomplir, il
< faut la servir, rendent compte de la
- qualité particulière de leur patrio-
? tisme*
! Leur premier mouvement avait
M de protestation, - de rëvoltç
contre des maîtres trop ingénieux
du patriotisme conditionnel.
Leur chair, leur sang, la nature
de leur esprit et de leur sensibilité,
les évidences premières de leur rai-
son, leur criaient ensemble qu'ils ne
pouvaient point se retrancher de la
France, ni la France se séparer
d'eux; qu'on n'est pas le Français
de teile ou telle France, dans le
temps, mais le Français de la Fran-
ce unique et éternelle.
Voilà pourquoi leur patriotisme
ne faisait acception ni de régimes,
ni de systèmes, ni d'Eglises. Voilà
pourquoi, à l'aube de la mobilisa-
tion, et sans avoir besoin d'aucun
mot d'ordre, ils. ont donné à l'ar-
rière le magnifique exemple de
l'Union sacrée. Voilà pourquoi, en-
fin, nous devons tous porter le deuil
de chacun d'eux, et respecter à ja-
mais le nom du Dieu, même ennemi,
qu'ils ont confessé dans la tranchée.
Pleurons-là, cette jeunesse an-
nonciatrice d'une France nouvelle.
et qui passe. Pleurons ces poètes,
ces penseurs, ces héros : un Paul
Drouot, un Pierre Gilbert, un Hen-
ry du Roure, un Antoine Expilly.
Mais bâtissons, pour y réunir leurs
tombeaux, la France nouvelle qu'ils
annonçaient.
CHARLES BRIAND.
; ) -+
LA POLITIQUE
La question
des effectifs
jfp,'è.ç la brillante campagne
de notre confrère Henry Bé-
ranger, la vigoureuse inter-
vention de M. Mourier, député
du Gard, à la tribune du Pa-
lais-Bourbon, vient de placer
la question des effectifs dans
un cadre nouveau d'idées, sinon de prin-
cipes.
Il s'agit de faire donner à la Nation
son maximum de rendement pour la
guerre et d'appeler les femmes partout
où les hommes ne seront pas indispen-
sables.
Il s'agit de solliciter la main-d'oeuvre
éttotiquc avec une intelligence avertie
des nécessités de l'heure.
Il s'agit de proportionner Veffort mili-
taire à la faculté combattante des mobi-
lisés, suivant leur dge et leur profession.
Le député radical-socialiste d'Alais,
qui a l'étoffe d'un vrai démocrate et d'un
patriote réaliste, a dit tout haut ce que
chacun murmurait tout bas. Son élo-
quence simple et forte a produit, sur la
Chambre entière, une impression que la
riposte du sous-secrétaire d'Etat aux mu-
nitions n'a pas effacée.
Bientôt, le ministre à son tour prendra
la parole. Il sait ce que le pays a donné,
ce qu'il peut donner encore. Il sait aussi
ce que la vie économique réclame avec
autant de puissance impérieuse que l'es-
prit de justice-et d'équité.
Quant au Gouvernement tout entier, il
n'est pas possible qu'il n'ait lentendu la
voix du pays, qui réclame une savante
épargne de nos réserves d'hommes.
Cette épargne .sera rendue possible
pal' l'effort admi-rable que font nos Alliés
qui n'ont pas tout donné de ce qu'ils
veulent donner et qui n'ont pas tous
donné ce nui est possible.
Nous reviendrons sur cel important
chapitre.
Mais jamais le Parlement français., qui
révèle chaque jour un nouveau talent,
Wa eu à régler de plus passionnants pro-
blèmes.
Quoi quen disent les détracteurs de
la République, notre régime vaut mieux
qu'on ne dit. Et nous avons joie à le
constater et à marquer également que
le parti radical n'a épuisé ni sa force
d'impulsion, ni son continuent de pen-
sées généreuses et pratiques.
.— ) .+
Rapprochement
suggestif
Le général Percin vient de dissiper, dans l'Hu-
manité, de dangereuses équivoques dans un ad-
mirable article, plein de sagesse, intitulé La der-
nière des guerres.
Nous en plaçons les passages principaux sous
les yeux de nos lecteurs :
La plupart de ceux qui voudraient que la
guerre de 1914-1916 lM la dernière guerre, espè.
rent arriver à ce résultat en infligeant aux Alle-
mands une défaite telle que ces derniers ne
puissent plus famais douter de notre force,
Nottï n'en sommes pas là. La victoire d'au-
iOltrd'It'li ne serait d'ailleurs pas un gage de celle
de demain. Bien n:est plus capricieux que le
sort des armes. Au surplus, si la guerre pouvait
tuer la guerre, il y a longtemps que le monde
serait en paix.
Certains écrivains rêvent de fonder des Etats-
Unis d'Europe, avec une gendarmerie internatio-
nale, dont le rôle serait ae châtier les Etats qui
chercheraient à troubler la paix.
Je n'ai jamais compris ce que ces écrivains en.
tendent par « gendarmerie internationale ». Eux-
mêmes, j,,, le crois bien, n'en savent rien non
plus.
La gendarmerie internationale serait-elle une
armée de professionnels ?
Où résiderait-elle ? Qui la commanderait ? Aux
ordres de qui serait son chel ?
Quel que fûi ce dernier, il tiendrait dans ses
mains les destinées de l'Europe. Il pourrait dé.
chaîner la guerre quand, où et contre qui il vou-
drait. La. présence de son armée au miiieu des
Etats-Unis d'Europe serait tout le contraire d'une
garantie de paix. On n'empêchera jamais une
armée de professionnels de désirer la guerre d
de chercher à la faite éGiaten 1
COMMUNIQUES OFFICIELS
J Ji
804e jour de la Guerre.
Samedi li Octobre 191G.
FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
15 HEURES
Au nord de la Somme nous avons pro-
gressé sur l'Epine de Malassise.
Au sud de la Somme, les Allemands, à
la suite de violents tirs de barrage, ont
lancé une puissante attaque sur nos posi-
tions d'Ablaincourt. Ils ont réussi à réoc-
cuper une partie du village et les tranchées
au nord-est. Mais ils en ont été rejetés
complètement par une contre-attaque im-
médiate.
Rien à signaler sur le reste du front.
LA GUERRE AERIENNE
Nos avions ont bombardé Vouziers et Ar-
deuil.
La brume et les nuages ont gêné les opé-
rations aenennea sur tout le front.
23 HEURES.
Au sud de la Somme, nous avons pronon-
cé deux attaques qui ont brillamment réus-
si ; l'une à l'est de Belloy-en-Santerre nous
a mis en possession de la première ligne
allemande sur un front de deux kilomètres ;
l'autre a fait tomber entre nos mains le ha-
meau de Geuermont et la sucrerie (1.200 mè-
tres nord-ost d'Ablaincourt). Nous avons
fait de nombreux prisonniers. Jusqu'ici, huit
cents prisonniers valides, dont dix-sept of-
ficiers ont été ramenés à iarrière.
Canonnade intermittente sur le reste du
iront..
Communiqué Anglais
11 HEURES 20
Rien à signaler sur le front au sud de
l'Ancre, en dehors d'un bombardement en-
nemi intermittent.
La puit dernière, nous avons exécuté avec
succès deux coups de main sur les tran-
chées ,, allemandes au nord-est d'Ypres et
au sud-ouest d'Hulluck.
Communiqué Belge
> 23 HEURES*
Rien, d'important à signaler.
1 L'EMPRUNT FRANÇAIS
23 HEURES.
Afin de mieux répartir sur un grand nom-
bre 4e guichets toutes les souscriptions qqÉ
témoignent du bel élan patriotique du Pay^
il est rappelé que le public peut effectuer
ses versèments. soit en espèces, soit en
bons, soit en obligations de la Défense na-
tionale dans tous les bureaux de poste.
Il n'est donc personne qui n'ait à sa por-
tée immédiate un guichet de souscription.
1 FRONT BALKANIQUE
Communiqué Serbe
Le 12 octobre, nos attaques se sont pour-
suivies sur tout le front. Nous avons pris
par endroits de nouvelles tranchées bul-
gares et repoussé plusieurs contre-atta-
ques. Nqus avons fait prisonniers un offi-
cier et vïie, dizaine de soldats.
La gendarmerie internationale serait-elle for-
mée de délégations des armées nationales des
différents Etats ? •
On ne conçoit pas un Etat consentant à enle-
ver, sans que la paix soit menacée. ses ouvriers
à leurs usines, ses cultivateurs à leurs champs,
ses négociants à leurs affaires, ses artistes à
leurs travaux, et cela pendant un certain temps,
en plus de celui pendant lequel ces hommes ont
reçu l'instruction militaire. Jamais nation n'ac-
cepterait cette mobilisation d'une partie de l'ar-
mée en pleine paix.
l.a gendarmerie nationale serait-elle alors, tout
simplement, h réunion des armées nationales
elles-mêmes des différents Etats ?
Mais, si l'un des Etats menace de troubler la
paix, les autres ne peuvent l'en empêcher qu'en
mobilisant leurs armées. Et si ce sont les autres
qui se coalisent contre l'un d'entre eux, c'est ce
dernier qui mobilise.
Dans l'un et l'autre cas, c'est la guerre telle
qu'on la voit aujourd'hui, chacun des belligérants
prétendant défendre ses droits injustement me-
nacés, soutenant que ce n'est pas lui qui a com-
mencé, affirmant qu'il a mobilisé malgré lui, et
que c'est son armée qui, dans le conflit, joue le
rôle de gendarmerie internationale.
Laissons don3 de côté ces mots vides de sens
et organisons notre armée de telle sorte que la
France puisse mettre sur pied 9 millions de com-
battants. Elle sera en mesure de le faire dans
quarante ans, si, dès aujourd'hui, on lui donne
les moyens que j'ai énumérés dans mon précé-
dent article. EUe pourra alors défier toute atta.
que, même celle de l'Europe coalisée.
Il nous Teste maintenant à apprendre ce qu'en-
tend, de son côté, notre confrère Varenne, de
l'Evénement, lorsque, au cours d'un article ex-
cellent en tous points sur Scheidemann, il écrit
la phrase suivante :
C'est par des mesures internationales appro-
priées bien plus que par des garanties territo-
riales, que sera assuré désormais le repos de
l'Europe.
Nous ne tarderons pas, sans doute, à l'appren-
dre.
) et- (
LA RÉUNION DU PARTI RADICAL
iHnsi que nous l'avons annoncé, le
Comité exécutif du parti radical et ra-
dical-socialiste se réunira en assemblée
plénière, le 22 octobre, salle du café du
Globe, boulevard de Strasbourg.
Les élus parlementaires et les délégués
des groupements adhérents ont été con-
voqués. „ 0',
L'ordre du jour comporte un compte
rendu des travaux du parti et une décla-
ration des groupes parlementaires de la
Chambre et du Sénat.
Il n'y avait pas eu d'assemblée plénière
depuis la guerre. Un Comité, composé
de cinq sénateurs et de cinq députés,
presque tous anciens présidents ou mi-
nistres. s'occupait de la direction admi-
nistrative du parti. t
, ) -.- (
Dans le parti radical
Nous recevons du Comité exécutif du
parti radical et radical-socialiste la commu-
nication suivante :
Paris, 1-e 12 octobre 1916.
Monsieur et cher Collègue,
Je vous prie de bien vouloir assister à la
prochaine réunion plénière du Comité exé-
cutif, qui se tiendra au Café du Globe (salle
n" 4, entrée spéciale : 8, boulevard de Stras-
bourg), à deux heures très précises, le di-
manche 22 octobre courant.
Agréez, Monsieur et cher Collègue, l'ex.
pression de mes sentiments dévoués.
Le Président
■ du Bureau du Comité exécutif,
FRANKLIN-BOUILLON,
Député de Scine-ct-Oise.
ORDRE DU JOUR :
Communication du Bureau du Comité exé-
cutif ;
Compte-rendu des travaux du Parti ;
Déclaration du groupe parlementaire du
Sénat ; 1
Déclaration du groupe parlementaire de
la Chambre. ,.,.-
;
L'OFFENSIVE ITALIENNE
>♦» ■
VIdea Nationale remarque, avec raison,
que l'offensive italienne a eu déià une heu-
reuse répercussion sur le .front roumain.
Pour répondre à l'offensive italienne immi-
nente dès le commencement d'octobre, le
général Boroevic iut obligé de demander
en hâte des renforts qui furent pris sur le
frotot de Transylvanie, c'est alors que les
Roumains purent arrêter l'avance die Fal.
kenhayn et se renforcer sur leurs nouvelles;
gositioaSt
Les volontaires polonais
en France
.: - î
La vaillante revue « La Vie » lien des
nationalijés qui aiment l'idéal humain de
la France et qui s'est faite souvent la tri.
bune des Pffisers, des écrivains et des
propagandistes polonais, donne dans son
dernier ïiuaiiéro un vibmnt article de M.
Victor Jpzê, sur les volontaires polonais
au servie. de la France. « Jamais, écrit
celu-ci, la traditionnelle amitié dies Polo-
nais pour la France ne s'aififirma mieux
que dêmà cette guerre. Les légendaires là.
gions polonaises qui arrosèlrent de leur
sang tOQs les champs de batailles napo-
léoniertnts avaient en somme un idéal
précis : ^éjivrea* la Pologne du joug étran.
ger. Mais la multitude de ieunes Polonais
qui, des les premiers jours d'août 1914,
répondirent à l'appel - du Comité dies vo-
lontaires, constitué sous les auspices du
journal', « PoJonia », n'eurent, au début,
d'autre idéal que celui de secourir la
France en danger. et
Deux groupes de volontaires polonais
ont foi'içé, deux compagnies presque ex-
clusivement nationales, l'une instruite à
Bayonne et la deuxième à Rueil, mais la
majorité a été dispersée dans différents
régiments constitués par les volontaires
des tiutPes- pays, jusqu'à la fin de 1915,
ou .ils opt pu opter, avec joie, pour l'ar-
mée régulière fmnçaise. Dans ces condi-
tions il a été pairfois difficile à ces hom-
m'es dispersés de faire valoir leurs quali-
tés nationales. On a cependant à leur ce.
tif de belles citations. C'est en comman-
dant comme lieutenant dan une compa-
gnie polonaise quie le regretté Max *Dou-
mie, liè':.e. de M. René Doumic, d-e l'Aca-
démie française, est tombé glorieusement
devant l'ennemi. Et le 9 mai 1915 c'est
une compagnie polonaise que désigna le
colonel Pain pour partir la première de la
brigade dans l'attaque décidée iau nord
u A iras.,
On compte actuellement que 1.300 Polo-
nais, dont une partie se trouve à Salonique
combattent encore dans les rangs fran-
?6 n'est pas comparable aux
.S()();OOOqm".combattent les Allemands dans
les rangs rde l'armée russe, mais il ne
comprend que des hommes éprouvés et
chevronnés, à l'élan irrésistible desquels
les ,",éftérwx commandants de corps, le
ministre de la guerre et le. Sénat ont ren.
du hommage. Au « Rappel », où l'on s'est
occupé :iliCtiViement, ià d'e fréquentes re-
prises, des questions intéressant le réta-
blissement dieS libertés de la malheureuse
PolIYe" nous signalons l'hommage qua
la revue: « La Vie » rend à ces braves.
+- 1(
On ; dit.
t • «» 1
NOTRE AGEND4
'Alljourd'flui Dimanche.
'Lever du Soleil : 6 heures 13.
Coucher du Soleil : 5 heures 1.
Lever.,de la Lune: 7 heures 2
Coucher de la Lune ; JI heures 8.
Aujourd'hui
Poilu. ou tranchard ?
Entendu dans une gare de banlieue.
Deux engagés volontaires tout jeunes, dont
un porté déjà la croix de guerre, discutent :
- (?çst égal, ce mot de poilu ne convient
pas à tous les soldats, Pour nous. c'est une
décision. Pige mon menton, mes joues. Pas
plus de poil que dans le creux de ma main
Quantd je m'entends appeler poilu, j'ai en-
vie de rire.
- Et moi, donc ! Ça m'agace. Le dos
d'un rasoir suffit à me faire la barbe.
— Aous fréquentons les tranchées Pour-
quoi ne nous appellerait-on pas tranchards ?
Ça dirait ce que ça doit dire
Au public, dç décider ; Poilus ou tran-
ebartis ?
La disparition des Aurochs
D'après les journaux russes. les fameux
aurochs de la forêt de Bielovièje, réservée
exclusivement aux chasses impériales, sont
voués àt une disparition prochaine. Avant
la guerre, on en comptait encore 640. Ac-
tuellement, il en reste une centaine à peine.
Les aurachs disparaissent parce que les Al-
lemands ont mis en eoupe cette forêt, l'une
des plus belles de l'Europe et, ensuite, par-
ce que la population qui souffre de la fa-
mine fbit "Ii.n clmse acharnée à ces ani-
auiU
a a,if¡:. ¡. te, Tapilh
Lit VIE POLITIQUE
Le réveil du radicalisme
M. Maurice Raynaud, ancien président de la délégation
des gauches, aborde le problème des buts
de guerre et des frontières.
M. Renaudel reconnaît la prépondérance politique
du radicalisme et tente de l'entraîner
dans le sillage du socialisme.
-' Les buts de la guerre
Il faudra bien en parler un jour ; il
faudina toujours rappeler au monde entier
que nous nous défendons contre l'agres-
sion préméditée de l'Allemagne dans le
but évident d'établir sur l'Euroipe son hé-
gémonie. Guillaume Il, l'empereur de la
paix, comme il aimait à le proclamer, rê-
vait d une paix allemande, à l'instar de
l'ancienne paix romaine. établie sur les
ruines des nationalités Le réveil d'indé-
pendance qui secoua la vieille Europe,
mais qui laisse encore troip de nations en-
dormies, a été pour le peuple allemand
et ses dirigeants une désagréable surprise.
Nons espérons qu'ils ne sont pas encore au
bout.
*
En France, en Belgique, en Italie et en
Russie. toutes les voix autorisées ont dé.
claré qu'on en voulait finir avec la me*
maoe allemande et îe mîlîtanisme pwus-
sien. Mais c'est en Angleterre que les
plus fermes parol es ont été prononcées.
MM. Asquith et Lloyd George ont parfai-
tement défini Les buts généraux de cette
guerre et montré excellemment que nous
devions faire la guerre à la guerre et em-
pêcher à jamais le renouvellement des
(horreurs dont nous sommes les témoins
et les victimes.
Nous ne pouvons donc plus consentir a
une espèce de paix fourrée qui ne Berait
évidemment qu'une trêve : nous sommes
condamnés, qu'on le* veuille ou non, k
cette nécessité dé poursuivre la guerre
jusqu'au résultat que nous devons attein-
(lire sous peine de préparer de IUOS prou
près mains notre futur anéantissement.
Or, ce résultat, quel est-il ? Que. doit-il
être ?
Nous avons vu des partia en France
formuler déjà leurs vues à ce sujet.
Les uns disent : Pas dnnexions. Les
autres, plus politiques, se disent prêts
pour tous les efforts, pour tous les sacri-
fie es, tant que ne, seront pas assurées l'in-
tég'l'ité territoriale, la liberté politique et
économique de 1% Franoe, * la Belgique,
de la Serbie.
Mais on ne s'exprime pas d'une ma-
nière explicite sur- ce qu'on entend par
notre intégrité territoriale.
#*#
Nous serons cependant bien obligés d''v
venir et même au prix de certaines dislcus-
sions, de certaines difficultés même, d'a-
border ce sujet et de préciser ftos inten-
tions et nos espérances.
Le iparti républicain radical et radical-
socialiste, qui s'était tenu jusqu'ici dans
une réserve patriotique que les autres par.
f/j politiques n'avaient ni apprétciée ni
imitée, va tenir ses assises le 22 octobre
prochain.
Nou.s applaudissons à ce réveil néces-
saire de l'activité politique du parti radi-
cal.
Le parti radical, par le nombre de ses
représentants et de ses adhérents, par le
succès que ses idées ont rencontré aiaue*
de la A'rande majorité des électeurs froa-
çais, est et doit demeurer le pivot de la
politique ÜKé.t:icure et extérieure du pays.
Si, il la suite de la guerre et 4 rais
de certaines rancunes qui n'ont eu avec
l'union saarôe qu'un rapport plutôt loifi-
tain, le parti m
quement à subir dans læ dânection des
faires un effacement dont on né lui II¡
point su gré, il ne s'ensuit pas 4eil n'ait'
son mot à dIre. tant Pour la conduite de
la guerre pour pour la conclusion de lar
paix Les déclarations qu'il fera auront
certainement un profond retentissement
au dehors et il faudra qu'il exannine I»
problème aous toutes ses faces avec 1er
souci des responsabilités énormes qu'il
tpra devant rhistoire. °
0_*.
f
(Censuré.)
Nous ne cactions ici ni nos isenlèmeniaL*
m noa espoirs.
Nous n'aurions jamais déclaré la guer-
re ; mais si nous la subissons, il ne faut
pas que la France de demain se retrouve
en face d'une Allemagne qui demeure me-
naçante. - -
Nous devons donner au pays la sécurité
à laquelle il a droit pour pouvoir se déve-
lapper pacifiquement. Nous ne devons plua
ôtre l'arme au pied en attendant ~maL
agression nouvelle^
(Censure.)
,
MAURICE RAYNAUD.
Heureux symptômes
On reproche souvent aux sockilistets d4
vouloir imposer leurs conceptions, mais
nous ne smnmes pas si exclusifs que nous,
rte nous réjouissions de voir d'autres hom-
mes, d'autres partis que nous-mêmes sou-
tenir les principes d'action que nou
croyons les meilleurs.
On annoaice, par exemple, que le parti
radical va tenir prochainement une assem-
blée où, pour la première fois depuis la
guerre, il va se poser à lui-même les ques-
tions que soulève la situation de gueaweU
Nous espérons biien que le grand parti quÏ
est encore le parti le plus puissant de no-
tre démocratie ne se laissera pas troubler
par les appel tentateurs de ocux qui vou-
draient l'entraîner ham des voies de la-
sagesse et de la clairvoyance. Sa parole,
peut avoir non seuent en France et
chez les Alliés, mais encore chez les peu- -
pics ennemis, le retentissement le plus dé-
cisif. Nous souhaitons passionnément de
le l'û('r fortifier de son action les aEftcnma-
tions et la pratique du Droit. L'avenir en
sera plus clair, et la cause de la Francu
et de ses Alliés plus noble et plus saûUe*
PIERRE RENAUDEL. ;
ha réparation des dommages degaerr
- 1 par Camille Bouché
'.UT'. "—''
LE PAIEMENT
Le projet de la commission des domma-
ges de guerre prévoit, en son litre IV, que
le (bénéficiaire de l'indemnité: sera nanti d'un
certificat nominatif, constatant la dette die
l'Etat et formant, titre à l'égard du Trésor,
Et comme ce certificat non négociable ne
saurait êfte à son tour ef-ert en paiement
aux. maçons, charpentiers, peintres et ser-
ruriers qui contribueront à refaire la mai-
son détruite, le gouvernement a assuré que
œ document serait considéré comme un ti-
tre sur leauel les banques ont coutume de
consentir des avances.
Est-ce bien une solution ? Et quelle va
être la situation dU sinistré à qui est imposé
te remploi ?
Son premier acte va être de se rendre à
une banaue pour faire transformer son titre
en numéraire. Il est peu vraisemblable que
la banque avance ses fonds gratuitement.
Voilà donc l'indemnitaire qui va s'engager
dan- un contrat onéreux, et qui ne saura
pas à quel moment il pourra s'acquitter,
puisqu'aussi bien on ne prévoit pas à quelle
date l'Etat nourra lui-même se1 libérer de aa
dette.
Cet intérêt complémentaire que va récla-
mer le banquier, il n'est pas douteux que
ce soit l'emprunteur, c'est-à-dire l'indemni-
taire, oui le paiera.
De combien sera-t-il ? Pas moins' de 2 %,
si l'on tient compte qu'il s'agit d'un titre
frappé d'une qiuasi-in al iéaatoifei té et à
échéance indéterminée. Et comme il n'est
pas exagéré de prévoir il 500 millions le
montant des avances ainsi consenties, c'est
10 millions qu'encaisseront annuellement
les banquiers en sus de l'intérêt normal de
5 °/n payé par l'Etat. Heureuse opération 1
Et comme on comprend que M. "ê Ministre
des Finances n'ait aucune difficulté pour
réunis un consortium chargé de la prati-
que 1 -
Son indemnité ainsi un peu écornée, mais
transformée en numéraire, le sinistré va-
t-il être au bout de ses peines ?
Il est contraint au rempiloi. Il doift le faire.
Comment va-t-il trouver les matériaux, la
main-d'œuvre nécessaires à sa construc-
tion ? Va-lt-il avoir la compétence pour fai-
re établir un 'plan conforme à l'hygiène ?
Saura-t-il surveiller son entrepreneur ?
Il est permis de douter que dans ces cou.
ditions le remp'loi s'effectue d'une manière
satisfaisante. Et qui sait, si, après avoir
fait preuve de bonne volonté, le sinistré en
proie à des difficultés trop grandes, n'aban-
donnera pas l'œuvre commencée ; et le dé-
couragement ne tardera pa&. & deyeâiç du
ûié^ontenteiaenU -
On voit combien les dispositions du pro1
jet de loi sont ÍDsUiftisuntoo. pour réalisme*!
pratiquement l'œuvre nécessaire.
Et c'est si vrai que les membres dé Mi
commission l'ont en q" uelque sorte ieconivî
implicitement lorsque l'article 27'ir
ont décidé que l'Etat pourrait "(;xct'If-tionnel-'
tement "fe .ïi^SESiK. r "î"
me les travaux de Mc~~tSm
C'est tellement dalls la ioA4que des
que cc Pr("W(lé a dù, qwarxi même, S'impo-
e-er., 1.e but cfinœl de la loi est en effet la De-
coastruct.on (les imrnCllJblOd détruits A ROT
te reconstruction l'Etat est. intérossé tutlt uU-,
tant que "espal'ticl£i,(.'If'S. Il est '\il'ono liatuf%-4'%
qu'il y 'l)llab?,rc l'rklllllnHmt. Il StJljpléc
ra aux insuffisances individuelles. Il obticn-
dra des caridi«,ons pllite li~
controlera plus exactement l'emploi des
fonds.
Le premier acte qui doit préoccuper Ia
législateur, c'est donc la création d'un rné-'
canisme de reconstruction capable de me-
ner à bonne fin I'oeuvie * rénovation G
régions etivahies.
Et c'est ce mécanisme caà, fort de l'enga-
oment de l'El&, se î>rQfcurera ensuite la>
Il Y bera rilus apte qm. les tftaUieurcux «i-
paur faire reconstruire
leur mn détruite n'auront pas à s'u.
Ker personnellement auprès, des bunq
qui monnaieront la créance ¡Ut' l'Etat.
Le iprinc.pe de la solidarité, qui domina
et doit dominer toute la loi, comme L'a si
éloquemment dcmœUrô M. Desplas, ne jus-
tifie nullement le système de crédit que la
projet veut instituer.
Le bénéfice complémentaire réalisé par
les banques, retournera-t-il, même indirec-
tement. à nos provinces du Nord et da
l'Est ?
Ni l'Etat, ni les particuliers, ne retireront
un avantage quelconque Je cette combinai-,
son.
A dépenses égales, combien pius favora-
ble à tous serait un organisme de construc-
tion. Les sinistrés auraient tous les profite*
résultant vie sa puissance, de sa compéten-
cc, de la rapidité O'u'U pouiTait api>c*ler;
dans l'exécution des travaux. Ceux-ci ne se
feraient pas au hasard, niai* suivant ie p~~
précis d'une enliepî4se bien administrée.
Et pour l'Etat, la tâche administrative so>
ràit singulièrement simplifiée.
Le remploi nécessaire s'efïecUiemit det
iui-même : toutes les opérations Se trouve-
raient centra limées ; les pouvoirs l)y.hliC
U'auiaieîit paa à se |)crxîrâ dar« l'ùi&uk
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