Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-10-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 14 octobre 1916 14 octobre 1916
Description : 1916/10/14 (N16767). 1916/10/14 (N16767).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75506217
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
|g VENDEMIAIRE, AN 124, e- W 16761
fondateur: AUGUSTE VAQUBRIB
ABONNEMENTS
Un moto Trois mois Six mois ©a «•
Paris : */"•• fj Ir. 9 Ir. 18/,..
Départements 2 — 6 - Il - -:-
Union, Postale 5— , - 16 - 32 -
ADMINISTRATION ET REDACTION
boulevard de Strasbourg 38 — Rue du Faubourg St-Martin 71
ifte 9 benres du soir à 3 heures 4a matin : 123, rue Montmartre
CINQ CENTIMES
SAMEDI 14 OCTOBRE 1916. — No 1576*
Directeur: EDMOND DU MESN,
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCES
8. Place de la Bôurse
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
* bàdremer touta communications au Directeur
— Lettres et Mandats à l'Administrateur
TELEPHONE
Rédaction et Administration ; Nord 24-90. Direction : Nord IHI
De 9 heures da - soir à 3 heures du matin : Gutenberg 43-98
1- TRIBUNE IIBBB
Prytanée militaire serbe
M. Milenko Vesnitch, le 1
distingue ministre de Ser-
bie à Paris, disait dans une
récente interview : « Deux
pensées nous obsèdent,
l'une de piété, l'autre de reconnais-
sance » ; piété pour les grands sou-
venirs historiques de la Serbie, re-
connaissance envers tous les Alliés
indistinctement. Mais il ajoutait
aussitôt : « Parmi eux, la France a
une place à part dans notre cœur.
Les Serbes ont la mémoire longue,
puisqu'ils chantent encore leur épo-
pée du quatorzième siècle. »
De cette piété, de cette reconnais-
sance, comme de cette place à part
réservée à la France dans le cœur
serbe, j'ai été, il y a quelques se-
maines à peine, en quelque sorte 1e
témoin oculaire et auriculaire. Le
10 septembre dernier, je visitais àml
Jausiers, près de Barcelonnette, le
prytanée militaire que le gouverne-
ment français a installé, à la de-
mande du gouvernement serbe, dans
les casernes vides. Barcelonnette,
Jausiers, petites villes charmantes,
coquettement assises sur les bords
de FUbaye, où le touriste et le cita-
din viennent, comme dans tant d'au-
tres villes des Alpes, chercher, en
é, avec la fraîcheur, le calme
et le repos. De l'installation ma-
térielle de cet établissement à la
fois séculaire et militaire, je ne
dirai qu'un mot : M. le Préfet des
Basses-Alpes et M. l'Inspecteur
primaire de Digne, faisant fonc-
tions d'inspecteur d'Académie, y ont
veillé avec une attention Darticuliè-
re ; ils ont voulu recevoir nos hôtes
dans les meilleures, conditions
d'hospitalisation.
J'étais accompagné aans ma vi-
site par M. le Sous-Préfet de Bar-
celonnette et par M. le Comman-
dant d'armes de la vallée de
l'Ubaye. Nous fûmes reçus à l'école,
avec une urbanité exquise, par le
directeur, M. Gamanet et par le
commandant militaire, M. le colo-
nel Dzovovritch, entourés du per-
sonnel civil et du personnel militai-
re. Le maire, mon ami M. Manuel,
viat nous rejoindre quelques ins-
tants après. La mort le guettait dé-
jà : il devait être enlevé, le lende-
main même de ce jour, à l'affection
des siens et à l'estime non seulement
de ses concitoyens, mais encore de
tous ceux qui l'ont connu.
-\Là, vivent, s'instruisent et s'en-
traînent trois cents jeunes gens ser-
bes, étudiants et élèves des lycées,
âgés de plus de dix-huit ans, et re-
connus aptes au service armé, can-
didats au baccalauréat de leur
pays. Sorte d'élite intellectuelle, qui
achève ses études proprement dites
st parfait son instruction militaire,
en attendant le jour où ils seront
appelés sous les drapeaux. Combien
la venue de ce jour est par eux dé-
sirée ! Ames ardentes et saines dans
des corps vigoureux et sains, avec
quelle impatience ils soupirent
après la délivrance de leur chère
Patrie l
§ Et comme ils sont serieux et gra-
ves, malgré leur jeunesse ! C'est
qu'ils ont connu de bonne heure le
malheur. Chassés de leur pays par
l'impitoyable envahisseur, à la sui-
te de la trahison du Bulgare félon,
ils sont partis. Hommes, femmes,
enfants, vieillards, conduits par
leur Roy et leur Prince bien-aimés,
ils ont longtemps marché à travers
les vallées et les monts, semant d'ici
de la les corps de ceux qu'ils ai-
maient le plus. Ils étaient partis
trente mille; vingt-trois mille sont
morts de faim au cours de ce lamen-
table exode. Des sept mille qui ont
survécu, quatre mille sont passes en
France : les trois cents de Jausiers
en sont. Comment la tristesse et la
mélancolie ne seraient-elles pas pré-
cocement empreintes sur leur figure
encore imberbe?
Ils se souviennent ! Ils savent
Somment, à la suite des deux guer-
res balkaniques, ils ont été jetés
aans la sombre et gigantesque aven-
ture actuelle. La Serbie avait soif
de repos ; la paix lui était nécessai-
re pour refaire ses forces à demi-
èpuisées. L'Autriche-Hongrie a pro-
fité de l'attentat de Sarajevo — par
qui ordonné et voulu ? l'Histoire le
Uira un jour - pour lui infliger la
plus dure des huniliations, mieux
encore, pour; anéantir son indépen-
dance. De là- cet ultimatum arro-
gant qu'aucune nation digne de ce
nom ne pouvait accepter. Et d'ail-
leurs, repoussé ou accepté, la mo-
narchie, dualiste ne pouvait pas re-
fuser à l'Allemagne la guerre de-
puis longtemps préméditée. « Plu-
tôt mourir qu'être esclave ! », dit le
Serbe, et il se résigna à une lutte
inégale.
- De quel cœur l'héroïque petit
peuple a conduit cette guerre, ses
exploits et ses victoires contre l'Au-
trichien maudit le disent assez
haut. La félonie bulgare, durement
châtiée au moment de la seconde
guerre balkanique, a pris sa revan-
che. L'armée serbe a succombé sous
le nombre, et le peuple tout entier
a dû prendre le chemin de l'exil.
Ces heures effroyables, angoissan-
tes, mortelles, les jeunes Serbes de
Jausiers les ont vécues et ne les
oublieront pas. Ils connaissent la
détresse de leur Patrie, mais ils ne
veulent pas que cette Patrie meure.
C'est pour elle qu'ils ont souffert,
c'est pour elle qu'ils vivent, c'est
pour elle qu'ils sont prêts à souffrir
encore, à mourir s'il le faut.
Une pensée — pensée obsédante
et fixe — domine leurs esprits, rè-
gne en maîtresse dans leurs cœurs :
retourner en vainqueurs dans leur
bien-aimée Serbie. Et ils savent
qu'ils y retourneront. La foi en la
victoire finale, nul ne la possède à
un degré plus élevé. Le colonel Dzo-
vovritch leur a fait exécuter devant
nous une manœuvre d'ensemble
qu'ils n'avaient pas encore exécu-
tée : elle fut merveilleusement réus-
- sie. « C'est bien! » - leur - dit - le colo-
nel pour leur témoigner sa satisfac-
tion; « Je suis content de vous ;
vous avez bien fait. » Et tous de
s'écrier d'une voix unanime : « Nous
ferons mieux! » Aussi avec quelle
ardeur ils travaillent. « Jamais, me
faisait observer le directeur, le
moindre reproche à leur adresser. »
Leurs aînés leur donnent l'exem-
ple : eux aussi font bien. Ne sont-ils
pas en train de reconquérir, pied à
pied, leur pays perdu ? Un commu-
niqué serbe ne nous annonçait-il
pas, il y a quelques jours à peine,
que « la Serbie libérée mesure
maintenant 230 kilomètres carrés,
avec sept villages et 45 kilomètres
de frontière ? » Demain, Monastir
tombera en leur pouvoir. La Vic-
toire a pris son vol des hauteurs
du Kaïmatchalan. Elle est précédée
de l'âme panserbe du Roy Etienne
Douschan, qui écrivit de son épée
la grande épopée du quatorzième
siècle et qui conquit la Bosnie et
l'Epire, la Macédoine et l'Albanie.
L'heure de la libération complète
sonne pour la plus grande Serbie.
Les jeunes étudiants de Jausiers
brûlent du désir de participer à cet-
te libération. Oui, ils rentreront
bientôt en triomphateurs dans leur
Patrie. Et ceux-là non plus n'ou-
blieront pas la puissante jet douce
France.
HENRI MICHEL*
Sénateur des Basses-Alpes.
-————————— > < ——————————
Réunion du Parti
l' J
Le parti radical vient de décider de
se réunir en séance plénière le diman-
che 22 octobre 19116.
A cette séance seront convoqués tous
les parlementaires — sénateurs et dé-
putés — adhérents au parti, et tous les
délégués régulièrement mandatés par
4e dernier Congrès du parti.
Telle est la note publiée hier offi-
ciellement par le Radical. Le
Temps, en la reproduisant, la fait
suivre de quelques indications :
L'invitation à cette séance plénière
est faite sous la signature de M. Fran-
klin-Bouillon, député de Seine-et-Oise,
au titre de président du bureau du co-
mité exécutif. , ,
Nous croyons savoir que, au cours de
cette réunion, en dehors des communi-
cations et compte rendu de travaux,
une double déclaration des groupes par-
lementaires du parti au Sénat et à la
Chambre sera envisagée.
Le parti radical fia, depuis la guerre,
tenu aucune assemblée.
Le Rappel se félicite de ce pre-
mier résultat obtenu et qui repond
aux vœux les plus ardents des vail-
lants comités de la démocratie radi-
cale. Notre Parti ne pouvait rester
plus longtemps ni eft retraite ni à
la , - v
COMMUNIQUES OFFICIELS
803* jour du la guerre.
Vendredi Î3 octobre 1916.
FRONT OCCIDENTAL-
Communiqués Français
15 HEURES
Nuit assez agitée sur les deux rives de
la Somme. Escarmouches - et bombarde-
ments réciproques ayant atteint parfois une
grande violence dans les secteurs de Mor-
val-Bouchavesnes-Ablaincourt et Ghaulnes.
Rien à signaler sur le reste du front.
LA GUERRE AERIENNE
Un groupe franco-britannique de 40
avions a bombardé les usines Mauser.
d'Oberndorff (sur le Neckar). 4,340 kilo-
grammes de projectiles ont été lancés et
leur arrivée sur les objectifs constatée.
6 avions allemands ont été abattus au
cours des actions engagées par eux pour
défendre leurs usines.
[Obernclorff, petite ville du royaume de
Wurtemberg, est située sur la rivière le
Neckar. à l £ Q kilomètres à l'est, de Saint-
Dié et à une quinzaine de kilomètres au
nord de .BoMwe]. qui à été déjà bombardée
par nos avions.l
23 HEURES.
Au nord de la Somme, une attaque alle-
mande avec lance-flammes, nous a pris
quelques éléments de tranchées à la lisière
du bois Saint-Pierre-Vaast. --
Au sud de la Somme, Ier'ireux artifleries
poursuivent une lutte extrêmement vive.
Dans la région de Verdun activité d'ar-
tillerie intermittente de part et d'autre.
Rien à signaler sur le reste du froQt.
Communiqués Anglaiâ
'.- -, 11 HEURES
Au cours des opérations d'hier au sud
de l'Ancre, nous avons avancé nos lignes
entre Gueudecourt et Lesbœufs, ainsi qu au
nord-ouest de Gueudecourt. Nous avons
fait environ 150 prisonniers.
Durant la nuit, l'ennemi a attaqué nos
positions au nord de la redoute Stuff, mais
a été repoussé. La nuit dernière, 14 raids
ont pénétré dans les lignes ennemies dans
les secteurs d'Ypres et d'Armentières, rar
menant des- prisonniers et infligeant des
pertes -élevées à l'ennemi.
.-. 21HEURES 20
Au sud de l'Ancre, violent bombarde-
ment ennemi au coursée la journée parti-
culièrement dans les secteurs de Gueude-
court et da Martinpuich et au - nord de
Courcelette.
Aucun autre événement important à si-
gnaler.
Ce matin, à la suite d'une préparation
d'artillerie, un détachement ennemi qui ten-
tait un coup de main contre nos tranchées
au nord-eat de Wulverghem, a été rejeté
par notre feu.
Communiqué Belge
23 HEURES.
Rien de particulier à signaler sur le front
belge.
L'EMPRUNT FRANÇAIS
23 HEURES
A la suite de demandes nombreuses et
afin de donner aux fonctionnaires civils et
militaires, ainsi qu'aux agents, sous-agents
et ouvriers de l'Etat toutes facilités pour
souscrire au 2* emprunt, dont la clôture
aura lieu au plus tard le 29 octobre, les
traitements, soldes et salaires du mois cou-
rant seront payés à la date du 25.
1
FRONT BALKANIQUE
Communiqué
de l'armée d'Orient
23 HEURES
Sur la Struma, l'ennemi tient le front
Sérès, Savjak, Barakli-Dzuma, Jenimah ;
les forces britanniques sont au contact.
Au centre et à gauche, duel presque con-
tinu d'artillerie.
Communiqué Anglais
Londres, 13 octobre. — Communiqué of-
ficiel britannique de Salonique. — Sur le
front de là Struma. nos patrouilles se sont
avancées de Prosenik et de Topalova à
l'est du cbemin de fer et nos automobiles
blindées ott fait dès reconnaissances jus-
qu'aux jonctions des routes de Sérès à
Demir-Hisaar et de Sérès à Salonique. On
a trouvé qu'une force considérable ennemie
tenait le chemin de fer dans le voisinage
de Ninors.
Sur le front du lac Doiran, au nord de
Doldzeli,. nous avons fait-un raid dans les
tranchées ennemies. Après une forts ré-
sistance, l'ennemi s'est enfui en laissant 59
morts sur. le terrain.
XJA. POLITIQUE
Les socialistes, - -
les radicaux et la Paix
J'.
Les radicaux de la Cham-
bre, du Sénat, des comités
électoraux de province se-
ront-ils autorisés à formuler
une conception de la paix dif-
férente de celle des socialis-
tes ? Telle est la question
que nous avons posee.
C'est une question très grave et déci-
sive pour Vavenir du Parti et peut-être
aussi pour la politique nationale tout
entière.
Les chefs du parti socialiste qui ont
pris tant d'initiatives audacieuses depuis
le début de la guerre et qui ont tenté
de diviser les radicaux en se déclarant
favorables aux uns, hostiles aux au-
tres — comme au cours de la
dernière crise ministérielle - conti-
nuent à jouer un petit jeu qui leur a
déjà parfaitement réussi.
Ce sont là des habitudes anciennes
— habitudes d'avant-guerre — auxquel-
les se sont parfois laissé plier nombre de
candidats qui ne perdaient pas de vue
les limites d'un arrondissement.
Mais > les problèmes qui
se posent sont singulièrement plus irn-
portants et il ne s'agit pas d'assurer telle
ou telle réélection, mais de décider du
sort de la France par des garanties des-
tinées à assurer le salut de nombreuses
générations. -.
- Aussi, ne ferons-nous pas i in|«ire. a
quelques représentants du peuple que ce
soient, de penser qu-e dans un débat na
tional, ils rabaisseraient leurs préoccu-
pations jusqu'au niveau où on leur de-
manderait de s'abaisser et d'abaisser
l'idéal auquel le pays vient faire de
si héroïques sacrifices.
La pression internationaliste se fera
insinuante : elle cherchera des moyens
d'influence sous les masques les plus
trompeurs. ..-
Cependant, c'est en pure perte que
l'on tente d'ores et déjà d'obtenir des
signatures, des promesses, des engage-
ments en faveur de telle paix plutôt que
de telle autre.
Un zèle importun ne peut que com-
promettre des gens qui « au lieu de rai-
sons feraient venir des moines », pour
rappeler la parole de Pascal.
Les arguties captieuses ne pourront
rien contre le solide hon sens du pays
républicain. Les gens trop habiles qui,
« tant que la France se bat, veulent met-
tre une limite aux espérances de la Pa-
trie » * suivant le mot de Maginot, ne
feront qu'une triste intrigue dont le
succès, si on pouvait l'imaginer, ne ré.
jouirait que ceux de Kienthal et révol-
terait la saine iustice populaire à qui,
quoi qu'on tasse restera toujours le
dernier mot.. :
C ■■ ■ |
Le service militaire obligatoire'
et l'Irlande
Selon le rédacteur parlementaire dp
« DaHy News », lord Wimborne, vice-roi
d'Irlaiide et- M. Duke, secrétaire pour nt'.
lande, ont fait savoir qu'il était impossible
pour le moment de songea" à instituer en
Irlande le service militaire obitoir.
LA SITUATION
Les déclarations
du rbi de Roumanie
Le roi de Roumanie a fait à un rédac-
teur du Times des déclarations très com-
plètes et très claires, sur le rôle de son
gouvernement et de - son pays avant la
guerre et pur son attitude actuelle.
II a confié à notre confrère britanni-
que les raisons qui avaient fait différer
l'heure de. l'intervention roumaine et les
raisons non moins impérieuses qui.
avaient provoqué la récente décision.
Tout est clair, loyal, sincère dans ces
explications que le roi a données au
Times eis par le Times au monde entier.
Mais iî est une partie de l'interview
qu'il convient de retenir particulièrement
et de citer, çar les paroles royales trahis-
sent sinon une inquiétude, du moins une
préoccupation :
Les Roumains resteront îiiés à la cause
des Alliée. L'ennemi ne saurait leur enlever
leur foi en la iuste Angleterre, en la Fran-
cc. la sœur latine, et en la Russie, sa voi-
sine immédiate. Mais les Roumains prient
-le ciel Gu'on dépit de leurs préoccupations
actuelles et des énormes problèmes qu'ils
ont à résoudre, les Alliés ne laissent point
passer à l'arrière-plan de leur esprit les. af-
faires de la Roumanie.
Eh bien ! si à Bucarest on éprouve une
crainte, càtte crainte les Alliés ne man-
queront pas de la dissiper. -.
Les puissances ne peuvent envisager
pour la Roumanie un autre sort que celui
des Alliés eux-mêmes, puisque les* Rou-
mains proclament très haut, ce dont per-
sonne ne doutait, qu.ils resteront liés à
notre- ca.
Personne, ni en Russie, ni en Angleter-
re, ni en France, ni ailleurs, n'a pu pen-
ser que la Roumanie aurait une attitude
particulière dans l'alliance où elle est li-
brement entrée. Son sort doit être lié au
nôtre. Cela est de toute évidence, comme
il est évident que l'action militaire des
Roumains doit être solidaire de celle
de tous les Alliés.
Nos frères d'armes récemment entrés
en lice, se: sont peut-être fait, au début,
une idée inadéquate aux exigences de la
stratégie qui leur convenait d'adopter.
Ils ont fait une « école ». Ils ne sont pas
les seuls dans ce cas au cours de la guer-
re, partant, ils sont très excusables. Mais
rien n'est perdu et rien n'est irréparable.
La vaillante armée roumaine ne saurait
tarder à recueillir le fruit de dispositions
militaires mieux appropriées. Nos vœux
les accompagnent et dans la guerre et
dans la paix. Et, certes, l'on ne s'en tien.
dra pas aux vœux. Un sérieux appui est
certain.
Une grande allégresse a suivi l'entrée
en scène de la Roumanie. Une grande
fermeté solidaire suivra les élans de la
première heure. Tous pour un, un pour
tous. Un idéal commun fait la nobles-
se de notre cause et cet impondérable
puissant, constitue une des belles chances
dei^ÀUiéâii
': ALBERT MILHAUD.
L'ACTUALITÉ
Les dommages de guerre
»— ; —
Nous recevons, sur la question des dom-
mages de guerre, deux articles émanant
de deux de nos excellents collaborateurs,
MM. Henri Coulon el Camille Bouché, éga-
lement qualifiés pour donner leur avis sur
cette importante question.
Nous croirions manquer à notre devoir
d'impartialité en ne les soumettant pas
successivement au jugement de nos lec-
leurs. Voici l'article de M. Camille Bouche :
Le Remploi
Au nom de la justice, qui exige l'égalité
des charges de la guerre ; à raison de la
solidarité nationale, qui est la loi essentielle
des démocraties, on a proclamé la nécessité
de réparer les dommages causés par les
faits d-,, la guerre.
Comment se fera cette réparation pour les
biens ? C'est le problème actuellement sou-
mis aux délibérations de la Chambre des
Députés.
Parce qu'il y a solidarité entre tous les
membres de la nation, paree que l'intérêt
des individus est en rapport direct avec l'in-
térêt de l'Etat, et inversement, la répara-
tion intégrale s'impose. Le rapporteur du
projet de loi, M. Desplas, en a fait la dé-
monstration robuste et décisive. Pour em-
ployer ses propres expressions : il faut
s'efforcer de « réaliser la réparation inté-
grale des dommages causés aux choses par
la reconstitution même de ces choses ».
C'est cette reconstitution matérielle qu'on
a pris l'habitude de désigner d'un mot re-
grettable, car il a déjà une signafication
juridique différente : le remploi.
Ce remploi, cette, reconstitution effective,
c'est toute la loi.
Qu'on le supprime, et il ne reste plus,
après avoir établi les modes d'évaluation
des dommages, qu'à rechercher les moyens
budgétaires qui permettront à l'Etat d'étein.
1re sa dette.
En admet-on au contraire le principe ?
Il faut rechercher dès lors s'il doit être
absolu ou s'il comporte des exceptions ; il
faut étudier les conditions dans lesquelles
il s'exercera ; décider s'il sera laissé à la
charge des individus ou s'il appartiendra à
l'Etat de le réaliser, ou bien encore s'il ne
faudra pas organiser la collaboration des
victimes de dommages avec la collectivité.
Problèmes complexes dont le projet actuel
pose, par endroits, l'énoncé, sans avoir
toujours obtenu les solutions exactes et
précises.
Les règles du droit civil et du droit so-
cial combinées permettent cependant de les
atteindre et de déterminer les organisa-
tions pratiques qui réaliseront cette œuvre
essentiellement pratique de la reconstitu-
tion des régions envahies.
Le projet actuel ne s'applique pas aux
personnes ; il ne vise que les biens ; il
tend à réparer les dommages subis par les
patrimoines lésés par l'Invasion, patri-
moines des particuliers, patrimoine de
l'Etat, en tant que sa richesse est faite de
l'ensemble des richesses individuelles.
Or dans ces patrimoines, on a coutume
de- faire un partage fondamental : d'un
côté ce sont les biens meubles, de l'autre
les immeubles.
Cette distinction nous vient de Rome,
elle a survécu aux révolutions, elle est dans
la nature des choses. Conservons-la, car il
n'est pas besoin de faire table rase du
passé pour préparer l'avenir.
Immédiatement une question se pose :
les meubles ont-ils la même fonction sociale
que les immeubles ? La solidarité imposer
t-elle également la reconstitution de ceux.-
ci et de ceux-là.
La réponse est évidemment négative.
Les immeubles qui tiennent au sol dc' la
France font partie du patrimoine collectif Z.
sans eux, la patrie est diminuée dans sa.
richesse, dans sa beauté, dans sa vitalités
Ceux que l'invasion a détruits doivent*1
être obligatoirement reconstruits. :
Rien de semblable pour les biens meu-
bles. Leur utillé sociale dépend de leur
productivité.
Le projet de loi en a eu la claire sensa-
tion lorsqu'il a assimilé le matériel dee
usines et des maisons de commerce aux im-
meubles par destination.
Pour eux aussi, le remploi sera obliga-
loirc..
Mais pour tous les autres objets mobi-
hers, il n'en saurait être question.
Qu'importe à la collectivité la compositi
mobilière des patrimoines privés.
L'article 12 ddistinction entre ceux qui effectueront le
remploi en objets mobiliers et ceux qui ne
l'effectueront pas, se hasarde en -dnedistitie-
tion qui ne paraît guère avoir de fonde-
ment juridique et qui risque dans la pra.
tique, d'amener de singulières -complica*
tions.
Comment établira-Lon le contrôle d(c(J
remploi ? Comment réglera-t-on la situa-
tion de ceux qui n'entendent racheter
qu'une partie de leur mobilier d'antan ?
Et est-il socialement opportun de grever
pendant dix ans d'une sorte d'immobilisa-
tion improductive un capital mobilier dont
la mobilité et les possibilités de transforma-
tion immédiate constituent les qualités et
les avantages essentiels ?
Au surplus la reconstitution des immeu-
bles, le remploi immobilier emportera par
voie de conséquence, le remploi mobilier.
Donnez à un particulier un logement et
une somme d'argent. Il serait surprenant
qu'il n'employât pas tout ou partie de cetts
dernière à acheter du linge et un mobilier-
Et pour peu que les cabarets deviennent
moins nombreux, on peut assurer que cettar
règle ne comportera pas d'exception.
Le droit, la raison, les commodités adrà4
nistratives s'accordent donc pour imposer
un remploi immobilier rapide et pour com-
penser les dommages mobiliers par I<*
simple versement d'une somme en espéces
Cependant la Commission des dommagesi
de guerre paraît s'être tout spécialement
préoccupée des cas où l'Etat se libérerait
en octroyant des objets mobiliers analûtiue.
aux objets détruits.
Cette préoccupation se manifeste aux ar-
ticles 12 et 27. Il faut se réjouir que cm
dispositions soient facultatives pour les
intéressés. Comme on fabrique beaucoup
plus vite des draps, des lits et des chaise a
que des maisons, que deviendraient les hetf-
reux bénéficiaires nantis sans retard d'ml.
mobilier, mais qui n'auraient pas de loge-
ments pour s'abriter ?
Limitons donc le rôle de l'Etat en ne la*
imposant qu'une seule préoccupation : oella
du remploi immobilier. La tâche des pou..
voirs publics sera suffisamment kffitOO.,
pour arriver à la reconstruction hâtive de»;
maisons où la famille prospérera et des.
usines qui enrichiront le pays. ;
Comment construire, sous quel contrôle
avec quelles ressources ?
Telle est la véritable question, eflè pro*.
jet ne fait qu'effleurer la réponse. -
{A suivre.) CAMILLE BOUCHE.
, n m CHAMBRE
La révision des sursis d'appel
• m\na ■ i III ■! I
L'utilisation des hommes mobilisables. - Les ouvriers
d'usines. — Les fonctionnaires
, C'est en somme le problème complet de
l'utilisation des effectifs que la Chambre
discute à nouveau en ce moment ; après
une séance consacrée, l'autre semaine, à
l'examen de la situation des hommes du
service auxiliaire, la question de la ré-
vision des sursis d'appel à tenu hier toute
l'après-midi.
Le 25 juillet, explique M. Moùrier, la
Chambre a voie une résolution invitant le
gouvernement il procéder à la revision des
sursis d'appel.
Qu'a fait le gouvernement pour assurer
l'application de cette résolution- ? C'est
pour avoir les explications de M. le Mi-
nistre de la guerre que j'ai déposé mon in-
terpeUation.
LA QUESTION DES EFFECTIFS
Après vingt-six mois d'une lutte dont la
France a supporté le poids le plus lourd, il
faut voir ce que nous devons faire au point
de vue des elfectifs. Sur ce point, nous de-
vons tous être d'accord.
Et aux applaudissements dû la Chambre;
l'orateur déclare :
Pas d'incorporation nouvelle avant l'u-
tilisation loyale et complète des hommes
utilisables qui sont à l'arrière.
Il existe trois catégories d'hommes qui
ne sont pas au front : les mobilisés déta-
chés à l'usiné, i-es fonctionnaires mainte-
nus en affectation spéciale, les hommes en
sursis d'appel.
LES OUVRIERS D'USINE
En ce qui concerne la première catégo-
rie, M. Mourier estime qu'il eût souhaité
que la relève ordonnée par la Chambre en
février ait été mieux .appliquée. On eut pu,
à son avis, et sans nuire à la production,
faire appei à la main-d'œuvre féminine et
à la main-d'œuvre étrangère, rappeler à
l'usine les hommes des vieilAes classes qui
sont aux tranchées depuis août 1914 et les
remplacer dans les tranchées par- les hom-
mets jeunes qui sont à l'usine.
On peut rapidement, poursuit l'orateuJ!,
malgré les protestations de l'extrême-gau-
che, éduquer des aidies métallurgistes, il
serait d'autre part ukle de créer des éco-
les de métallurgie. Ih faut y mettre les
hojnmes de la classe. 1889 fit 1% pères dô
> familles nombreusea~
Ainsi. conclut-il, sur le premier point,
l'opinion publique ne sem plus émue dtoi
voir des jeunes gens dans les usines et l'ont
maintiendra l'unité morale du pays.
LES FONCTIONNAIRES
La seconde catégorie des hommes noir
mobilisés, comprend les fonctionnaires
maintenus en affectation spéciale, Ieurf
nombre est de 211.000, y compris 170.00*
cheminots. Leur maintien intégral en ar-
rière n'est plus aussi nécessaire qu'au dé-
but. Mais les rappels devront être faits
sans doute avec prud-ence, notamment 61
ce qui concerne les postiers, les agents -
la ttfaction et de la voie.
Nos permissionnaires du front s'étos-
nent, quand ils.arrivent dans nos gares,
de voir des hommes jeunes employés ifana
les bureaux.
LES AGENTS DE POLICE
Les mêmes arguments valent pour les
services de la police de Paris et des gran-
des villes. Y aurait-il inconvénient à rem-
placer certains gardiens de la paix QHt
sont jeunes par des R.A.T.: les agents qui
stationnent devant les cinémas ou qui ser-
vent d'ordonnances ou de dactylographes
aux officiers de paix n'ont pas besoin d'êk^
jeunes.
A ce moment, M. Malvy, ministre dè
l'intérieur, intervient pour déclarer que 720
gardiens de la paix parisiens, I.135 ins-
pecteurs et fonctionnaires, 491 gardes ré-
publicains, 725 pompiers ont été mobilisés.
Il y a eu 300 gardiens de la paix tués sur
le 720 rnohiIisés. Une voix interrompt 1
— Sur Combien 1
Et le ministre de poursuivre 1
- Sur 10.000. Je suis obligé de veiller
la sécurité publique et ne puis renvoyer
tous les agents aux armées.
Il convient d'ajouter, indique M. Hency
Paté, que les gardiens de la paix ont de-'
mandé eux-mêmes à partir.
il y a une ventilation à faire, reprend,
M Mourier.
Dàns un arrondissement du centre pà.,
risien, par exemple, qui -compte 350 agents,
87 à peine servent à assister lar sécurité.
L'examen de la situation de toutes rec
i administration^ conduirait aux mêmea
fondateur: AUGUSTE VAQUBRIB
ABONNEMENTS
Un moto Trois mois Six mois ©a «•
Paris : */"•• fj Ir. 9 Ir. 18/,..
Départements 2 — 6 - Il - -:-
Union, Postale 5— , - 16 - 32 -
ADMINISTRATION ET REDACTION
boulevard de Strasbourg 38 — Rue du Faubourg St-Martin 71
ifte 9 benres du soir à 3 heures 4a matin : 123, rue Montmartre
CINQ CENTIMES
SAMEDI 14 OCTOBRE 1916. — No 1576*
Directeur: EDMOND DU MESN,
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCES
8. Place de la Bôurse
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
* bàdremer touta communications au Directeur
— Lettres et Mandats à l'Administrateur
TELEPHONE
Rédaction et Administration ; Nord 24-90. Direction : Nord IHI
De 9 heures da - soir à 3 heures du matin : Gutenberg 43-98
1- TRIBUNE IIBBB
Prytanée militaire serbe
M. Milenko Vesnitch, le 1
distingue ministre de Ser-
bie à Paris, disait dans une
récente interview : « Deux
pensées nous obsèdent,
l'une de piété, l'autre de reconnais-
sance » ; piété pour les grands sou-
venirs historiques de la Serbie, re-
connaissance envers tous les Alliés
indistinctement. Mais il ajoutait
aussitôt : « Parmi eux, la France a
une place à part dans notre cœur.
Les Serbes ont la mémoire longue,
puisqu'ils chantent encore leur épo-
pée du quatorzième siècle. »
De cette piété, de cette reconnais-
sance, comme de cette place à part
réservée à la France dans le cœur
serbe, j'ai été, il y a quelques se-
maines à peine, en quelque sorte 1e
témoin oculaire et auriculaire. Le
10 septembre dernier, je visitais àml
Jausiers, près de Barcelonnette, le
prytanée militaire que le gouverne-
ment français a installé, à la de-
mande du gouvernement serbe, dans
les casernes vides. Barcelonnette,
Jausiers, petites villes charmantes,
coquettement assises sur les bords
de FUbaye, où le touriste et le cita-
din viennent, comme dans tant d'au-
tres villes des Alpes, chercher, en
é, avec la fraîcheur, le calme
et le repos. De l'installation ma-
térielle de cet établissement à la
fois séculaire et militaire, je ne
dirai qu'un mot : M. le Préfet des
Basses-Alpes et M. l'Inspecteur
primaire de Digne, faisant fonc-
tions d'inspecteur d'Académie, y ont
veillé avec une attention Darticuliè-
re ; ils ont voulu recevoir nos hôtes
dans les meilleures, conditions
d'hospitalisation.
J'étais accompagné aans ma vi-
site par M. le Sous-Préfet de Bar-
celonnette et par M. le Comman-
dant d'armes de la vallée de
l'Ubaye. Nous fûmes reçus à l'école,
avec une urbanité exquise, par le
directeur, M. Gamanet et par le
commandant militaire, M. le colo-
nel Dzovovritch, entourés du per-
sonnel civil et du personnel militai-
re. Le maire, mon ami M. Manuel,
viat nous rejoindre quelques ins-
tants après. La mort le guettait dé-
jà : il devait être enlevé, le lende-
main même de ce jour, à l'affection
des siens et à l'estime non seulement
de ses concitoyens, mais encore de
tous ceux qui l'ont connu.
-\Là, vivent, s'instruisent et s'en-
traînent trois cents jeunes gens ser-
bes, étudiants et élèves des lycées,
âgés de plus de dix-huit ans, et re-
connus aptes au service armé, can-
didats au baccalauréat de leur
pays. Sorte d'élite intellectuelle, qui
achève ses études proprement dites
st parfait son instruction militaire,
en attendant le jour où ils seront
appelés sous les drapeaux. Combien
la venue de ce jour est par eux dé-
sirée ! Ames ardentes et saines dans
des corps vigoureux et sains, avec
quelle impatience ils soupirent
après la délivrance de leur chère
Patrie l
§ Et comme ils sont serieux et gra-
ves, malgré leur jeunesse ! C'est
qu'ils ont connu de bonne heure le
malheur. Chassés de leur pays par
l'impitoyable envahisseur, à la sui-
te de la trahison du Bulgare félon,
ils sont partis. Hommes, femmes,
enfants, vieillards, conduits par
leur Roy et leur Prince bien-aimés,
ils ont longtemps marché à travers
les vallées et les monts, semant d'ici
de la les corps de ceux qu'ils ai-
maient le plus. Ils étaient partis
trente mille; vingt-trois mille sont
morts de faim au cours de ce lamen-
table exode. Des sept mille qui ont
survécu, quatre mille sont passes en
France : les trois cents de Jausiers
en sont. Comment la tristesse et la
mélancolie ne seraient-elles pas pré-
cocement empreintes sur leur figure
encore imberbe?
Ils se souviennent ! Ils savent
Somment, à la suite des deux guer-
res balkaniques, ils ont été jetés
aans la sombre et gigantesque aven-
ture actuelle. La Serbie avait soif
de repos ; la paix lui était nécessai-
re pour refaire ses forces à demi-
èpuisées. L'Autriche-Hongrie a pro-
fité de l'attentat de Sarajevo — par
qui ordonné et voulu ? l'Histoire le
Uira un jour - pour lui infliger la
plus dure des huniliations, mieux
encore, pour; anéantir son indépen-
dance. De là- cet ultimatum arro-
gant qu'aucune nation digne de ce
nom ne pouvait accepter. Et d'ail-
leurs, repoussé ou accepté, la mo-
narchie, dualiste ne pouvait pas re-
fuser à l'Allemagne la guerre de-
puis longtemps préméditée. « Plu-
tôt mourir qu'être esclave ! », dit le
Serbe, et il se résigna à une lutte
inégale.
- De quel cœur l'héroïque petit
peuple a conduit cette guerre, ses
exploits et ses victoires contre l'Au-
trichien maudit le disent assez
haut. La félonie bulgare, durement
châtiée au moment de la seconde
guerre balkanique, a pris sa revan-
che. L'armée serbe a succombé sous
le nombre, et le peuple tout entier
a dû prendre le chemin de l'exil.
Ces heures effroyables, angoissan-
tes, mortelles, les jeunes Serbes de
Jausiers les ont vécues et ne les
oublieront pas. Ils connaissent la
détresse de leur Patrie, mais ils ne
veulent pas que cette Patrie meure.
C'est pour elle qu'ils ont souffert,
c'est pour elle qu'ils vivent, c'est
pour elle qu'ils sont prêts à souffrir
encore, à mourir s'il le faut.
Une pensée — pensée obsédante
et fixe — domine leurs esprits, rè-
gne en maîtresse dans leurs cœurs :
retourner en vainqueurs dans leur
bien-aimée Serbie. Et ils savent
qu'ils y retourneront. La foi en la
victoire finale, nul ne la possède à
un degré plus élevé. Le colonel Dzo-
vovritch leur a fait exécuter devant
nous une manœuvre d'ensemble
qu'ils n'avaient pas encore exécu-
tée : elle fut merveilleusement réus-
- sie. « C'est bien! » - leur - dit - le colo-
nel pour leur témoigner sa satisfac-
tion; « Je suis content de vous ;
vous avez bien fait. » Et tous de
s'écrier d'une voix unanime : « Nous
ferons mieux! » Aussi avec quelle
ardeur ils travaillent. « Jamais, me
faisait observer le directeur, le
moindre reproche à leur adresser. »
Leurs aînés leur donnent l'exem-
ple : eux aussi font bien. Ne sont-ils
pas en train de reconquérir, pied à
pied, leur pays perdu ? Un commu-
niqué serbe ne nous annonçait-il
pas, il y a quelques jours à peine,
que « la Serbie libérée mesure
maintenant 230 kilomètres carrés,
avec sept villages et 45 kilomètres
de frontière ? » Demain, Monastir
tombera en leur pouvoir. La Vic-
toire a pris son vol des hauteurs
du Kaïmatchalan. Elle est précédée
de l'âme panserbe du Roy Etienne
Douschan, qui écrivit de son épée
la grande épopée du quatorzième
siècle et qui conquit la Bosnie et
l'Epire, la Macédoine et l'Albanie.
L'heure de la libération complète
sonne pour la plus grande Serbie.
Les jeunes étudiants de Jausiers
brûlent du désir de participer à cet-
te libération. Oui, ils rentreront
bientôt en triomphateurs dans leur
Patrie. Et ceux-là non plus n'ou-
blieront pas la puissante jet douce
France.
HENRI MICHEL*
Sénateur des Basses-Alpes.
-————————— > < ——————————
Réunion du Parti
l' J
Le parti radical vient de décider de
se réunir en séance plénière le diman-
che 22 octobre 19116.
A cette séance seront convoqués tous
les parlementaires — sénateurs et dé-
putés — adhérents au parti, et tous les
délégués régulièrement mandatés par
4e dernier Congrès du parti.
Telle est la note publiée hier offi-
ciellement par le Radical. Le
Temps, en la reproduisant, la fait
suivre de quelques indications :
L'invitation à cette séance plénière
est faite sous la signature de M. Fran-
klin-Bouillon, député de Seine-et-Oise,
au titre de président du bureau du co-
mité exécutif. , ,
Nous croyons savoir que, au cours de
cette réunion, en dehors des communi-
cations et compte rendu de travaux,
une double déclaration des groupes par-
lementaires du parti au Sénat et à la
Chambre sera envisagée.
Le parti radical fia, depuis la guerre,
tenu aucune assemblée.
Le Rappel se félicite de ce pre-
mier résultat obtenu et qui repond
aux vœux les plus ardents des vail-
lants comités de la démocratie radi-
cale. Notre Parti ne pouvait rester
plus longtemps ni eft retraite ni à
la , - v
COMMUNIQUES OFFICIELS
803* jour du la guerre.
Vendredi Î3 octobre 1916.
FRONT OCCIDENTAL-
Communiqués Français
15 HEURES
Nuit assez agitée sur les deux rives de
la Somme. Escarmouches - et bombarde-
ments réciproques ayant atteint parfois une
grande violence dans les secteurs de Mor-
val-Bouchavesnes-Ablaincourt et Ghaulnes.
Rien à signaler sur le reste du front.
LA GUERRE AERIENNE
Un groupe franco-britannique de 40
avions a bombardé les usines Mauser.
d'Oberndorff (sur le Neckar). 4,340 kilo-
grammes de projectiles ont été lancés et
leur arrivée sur les objectifs constatée.
6 avions allemands ont été abattus au
cours des actions engagées par eux pour
défendre leurs usines.
[Obernclorff, petite ville du royaume de
Wurtemberg, est située sur la rivière le
Neckar. à l £ Q kilomètres à l'est, de Saint-
Dié et à une quinzaine de kilomètres au
nord de .BoMwe]. qui à été déjà bombardée
par nos avions.l
23 HEURES.
Au nord de la Somme, une attaque alle-
mande avec lance-flammes, nous a pris
quelques éléments de tranchées à la lisière
du bois Saint-Pierre-Vaast. --
Au sud de la Somme, Ier'ireux artifleries
poursuivent une lutte extrêmement vive.
Dans la région de Verdun activité d'ar-
tillerie intermittente de part et d'autre.
Rien à signaler sur le reste du froQt.
Communiqués Anglaiâ
'.- -, 11 HEURES
Au cours des opérations d'hier au sud
de l'Ancre, nous avons avancé nos lignes
entre Gueudecourt et Lesbœufs, ainsi qu au
nord-ouest de Gueudecourt. Nous avons
fait environ 150 prisonniers.
Durant la nuit, l'ennemi a attaqué nos
positions au nord de la redoute Stuff, mais
a été repoussé. La nuit dernière, 14 raids
ont pénétré dans les lignes ennemies dans
les secteurs d'Ypres et d'Armentières, rar
menant des- prisonniers et infligeant des
pertes -élevées à l'ennemi.
.-. 21HEURES 20
Au sud de l'Ancre, violent bombarde-
ment ennemi au coursée la journée parti-
culièrement dans les secteurs de Gueude-
court et da Martinpuich et au - nord de
Courcelette.
Aucun autre événement important à si-
gnaler.
Ce matin, à la suite d'une préparation
d'artillerie, un détachement ennemi qui ten-
tait un coup de main contre nos tranchées
au nord-eat de Wulverghem, a été rejeté
par notre feu.
Communiqué Belge
23 HEURES.
Rien de particulier à signaler sur le front
belge.
L'EMPRUNT FRANÇAIS
23 HEURES
A la suite de demandes nombreuses et
afin de donner aux fonctionnaires civils et
militaires, ainsi qu'aux agents, sous-agents
et ouvriers de l'Etat toutes facilités pour
souscrire au 2* emprunt, dont la clôture
aura lieu au plus tard le 29 octobre, les
traitements, soldes et salaires du mois cou-
rant seront payés à la date du 25.
1
FRONT BALKANIQUE
Communiqué
de l'armée d'Orient
23 HEURES
Sur la Struma, l'ennemi tient le front
Sérès, Savjak, Barakli-Dzuma, Jenimah ;
les forces britanniques sont au contact.
Au centre et à gauche, duel presque con-
tinu d'artillerie.
Communiqué Anglais
Londres, 13 octobre. — Communiqué of-
ficiel britannique de Salonique. — Sur le
front de là Struma. nos patrouilles se sont
avancées de Prosenik et de Topalova à
l'est du cbemin de fer et nos automobiles
blindées ott fait dès reconnaissances jus-
qu'aux jonctions des routes de Sérès à
Demir-Hisaar et de Sérès à Salonique. On
a trouvé qu'une force considérable ennemie
tenait le chemin de fer dans le voisinage
de Ninors.
Sur le front du lac Doiran, au nord de
Doldzeli,. nous avons fait-un raid dans les
tranchées ennemies. Après une forts ré-
sistance, l'ennemi s'est enfui en laissant 59
morts sur. le terrain.
XJA. POLITIQUE
Les socialistes, - -
les radicaux et la Paix
J'.
Les radicaux de la Cham-
bre, du Sénat, des comités
électoraux de province se-
ront-ils autorisés à formuler
une conception de la paix dif-
férente de celle des socialis-
tes ? Telle est la question
que nous avons posee.
C'est une question très grave et déci-
sive pour Vavenir du Parti et peut-être
aussi pour la politique nationale tout
entière.
Les chefs du parti socialiste qui ont
pris tant d'initiatives audacieuses depuis
le début de la guerre et qui ont tenté
de diviser les radicaux en se déclarant
favorables aux uns, hostiles aux au-
tres — comme au cours de la
dernière crise ministérielle - conti-
nuent à jouer un petit jeu qui leur a
déjà parfaitement réussi.
Ce sont là des habitudes anciennes
— habitudes d'avant-guerre — auxquel-
les se sont parfois laissé plier nombre de
candidats qui ne perdaient pas de vue
les limites d'un arrondissement.
Mais > les problèmes qui
se posent sont singulièrement plus irn-
portants et il ne s'agit pas d'assurer telle
ou telle réélection, mais de décider du
sort de la France par des garanties des-
tinées à assurer le salut de nombreuses
générations. -.
- Aussi, ne ferons-nous pas i in|«ire. a
quelques représentants du peuple que ce
soient, de penser qu-e dans un débat na
tional, ils rabaisseraient leurs préoccu-
pations jusqu'au niveau où on leur de-
manderait de s'abaisser et d'abaisser
l'idéal auquel le pays vient faire de
si héroïques sacrifices.
La pression internationaliste se fera
insinuante : elle cherchera des moyens
d'influence sous les masques les plus
trompeurs. ..-
Cependant, c'est en pure perte que
l'on tente d'ores et déjà d'obtenir des
signatures, des promesses, des engage-
ments en faveur de telle paix plutôt que
de telle autre.
Un zèle importun ne peut que com-
promettre des gens qui « au lieu de rai-
sons feraient venir des moines », pour
rappeler la parole de Pascal.
Les arguties captieuses ne pourront
rien contre le solide hon sens du pays
républicain. Les gens trop habiles qui,
« tant que la France se bat, veulent met-
tre une limite aux espérances de la Pa-
trie » * suivant le mot de Maginot, ne
feront qu'une triste intrigue dont le
succès, si on pouvait l'imaginer, ne ré.
jouirait que ceux de Kienthal et révol-
terait la saine iustice populaire à qui,
quoi qu'on tasse restera toujours le
dernier mot.. :
C ■■ ■ |
Le service militaire obligatoire'
et l'Irlande
Selon le rédacteur parlementaire dp
« DaHy News », lord Wimborne, vice-roi
d'Irlaiide et- M. Duke, secrétaire pour nt'.
lande, ont fait savoir qu'il était impossible
pour le moment de songea" à instituer en
Irlande le service militaire obitoir.
LA SITUATION
Les déclarations
du rbi de Roumanie
Le roi de Roumanie a fait à un rédac-
teur du Times des déclarations très com-
plètes et très claires, sur le rôle de son
gouvernement et de - son pays avant la
guerre et pur son attitude actuelle.
II a confié à notre confrère britanni-
que les raisons qui avaient fait différer
l'heure de. l'intervention roumaine et les
raisons non moins impérieuses qui.
avaient provoqué la récente décision.
Tout est clair, loyal, sincère dans ces
explications que le roi a données au
Times eis par le Times au monde entier.
Mais iî est une partie de l'interview
qu'il convient de retenir particulièrement
et de citer, çar les paroles royales trahis-
sent sinon une inquiétude, du moins une
préoccupation :
Les Roumains resteront îiiés à la cause
des Alliée. L'ennemi ne saurait leur enlever
leur foi en la iuste Angleterre, en la Fran-
cc. la sœur latine, et en la Russie, sa voi-
sine immédiate. Mais les Roumains prient
-le ciel Gu'on dépit de leurs préoccupations
actuelles et des énormes problèmes qu'ils
ont à résoudre, les Alliés ne laissent point
passer à l'arrière-plan de leur esprit les. af-
faires de la Roumanie.
Eh bien ! si à Bucarest on éprouve une
crainte, càtte crainte les Alliés ne man-
queront pas de la dissiper. -.
Les puissances ne peuvent envisager
pour la Roumanie un autre sort que celui
des Alliés eux-mêmes, puisque les* Rou-
mains proclament très haut, ce dont per-
sonne ne doutait, qu.ils resteront liés à
notre- ca.
Personne, ni en Russie, ni en Angleter-
re, ni en France, ni ailleurs, n'a pu pen-
ser que la Roumanie aurait une attitude
particulière dans l'alliance où elle est li-
brement entrée. Son sort doit être lié au
nôtre. Cela est de toute évidence, comme
il est évident que l'action militaire des
Roumains doit être solidaire de celle
de tous les Alliés.
Nos frères d'armes récemment entrés
en lice, se: sont peut-être fait, au début,
une idée inadéquate aux exigences de la
stratégie qui leur convenait d'adopter.
Ils ont fait une « école ». Ils ne sont pas
les seuls dans ce cas au cours de la guer-
re, partant, ils sont très excusables. Mais
rien n'est perdu et rien n'est irréparable.
La vaillante armée roumaine ne saurait
tarder à recueillir le fruit de dispositions
militaires mieux appropriées. Nos vœux
les accompagnent et dans la guerre et
dans la paix. Et, certes, l'on ne s'en tien.
dra pas aux vœux. Un sérieux appui est
certain.
Une grande allégresse a suivi l'entrée
en scène de la Roumanie. Une grande
fermeté solidaire suivra les élans de la
première heure. Tous pour un, un pour
tous. Un idéal commun fait la nobles-
se de notre cause et cet impondérable
puissant, constitue une des belles chances
dei^ÀUiéâii
': ALBERT MILHAUD.
L'ACTUALITÉ
Les dommages de guerre
»— ; —
Nous recevons, sur la question des dom-
mages de guerre, deux articles émanant
de deux de nos excellents collaborateurs,
MM. Henri Coulon el Camille Bouché, éga-
lement qualifiés pour donner leur avis sur
cette importante question.
Nous croirions manquer à notre devoir
d'impartialité en ne les soumettant pas
successivement au jugement de nos lec-
leurs. Voici l'article de M. Camille Bouche :
Le Remploi
Au nom de la justice, qui exige l'égalité
des charges de la guerre ; à raison de la
solidarité nationale, qui est la loi essentielle
des démocraties, on a proclamé la nécessité
de réparer les dommages causés par les
faits d-,, la guerre.
Comment se fera cette réparation pour les
biens ? C'est le problème actuellement sou-
mis aux délibérations de la Chambre des
Députés.
Parce qu'il y a solidarité entre tous les
membres de la nation, paree que l'intérêt
des individus est en rapport direct avec l'in-
térêt de l'Etat, et inversement, la répara-
tion intégrale s'impose. Le rapporteur du
projet de loi, M. Desplas, en a fait la dé-
monstration robuste et décisive. Pour em-
ployer ses propres expressions : il faut
s'efforcer de « réaliser la réparation inté-
grale des dommages causés aux choses par
la reconstitution même de ces choses ».
C'est cette reconstitution matérielle qu'on
a pris l'habitude de désigner d'un mot re-
grettable, car il a déjà une signafication
juridique différente : le remploi.
Ce remploi, cette, reconstitution effective,
c'est toute la loi.
Qu'on le supprime, et il ne reste plus,
après avoir établi les modes d'évaluation
des dommages, qu'à rechercher les moyens
budgétaires qui permettront à l'Etat d'étein.
1re sa dette.
En admet-on au contraire le principe ?
Il faut rechercher dès lors s'il doit être
absolu ou s'il comporte des exceptions ; il
faut étudier les conditions dans lesquelles
il s'exercera ; décider s'il sera laissé à la
charge des individus ou s'il appartiendra à
l'Etat de le réaliser, ou bien encore s'il ne
faudra pas organiser la collaboration des
victimes de dommages avec la collectivité.
Problèmes complexes dont le projet actuel
pose, par endroits, l'énoncé, sans avoir
toujours obtenu les solutions exactes et
précises.
Les règles du droit civil et du droit so-
cial combinées permettent cependant de les
atteindre et de déterminer les organisa-
tions pratiques qui réaliseront cette œuvre
essentiellement pratique de la reconstitu-
tion des régions envahies.
Le projet actuel ne s'applique pas aux
personnes ; il ne vise que les biens ; il
tend à réparer les dommages subis par les
patrimoines lésés par l'Invasion, patri-
moines des particuliers, patrimoine de
l'Etat, en tant que sa richesse est faite de
l'ensemble des richesses individuelles.
Or dans ces patrimoines, on a coutume
de- faire un partage fondamental : d'un
côté ce sont les biens meubles, de l'autre
les immeubles.
Cette distinction nous vient de Rome,
elle a survécu aux révolutions, elle est dans
la nature des choses. Conservons-la, car il
n'est pas besoin de faire table rase du
passé pour préparer l'avenir.
Immédiatement une question se pose :
les meubles ont-ils la même fonction sociale
que les immeubles ? La solidarité imposer
t-elle également la reconstitution de ceux.-
ci et de ceux-là.
La réponse est évidemment négative.
Les immeubles qui tiennent au sol dc' la
France font partie du patrimoine collectif Z.
sans eux, la patrie est diminuée dans sa.
richesse, dans sa beauté, dans sa vitalités
Ceux que l'invasion a détruits doivent*1
être obligatoirement reconstruits. :
Rien de semblable pour les biens meu-
bles. Leur utillé sociale dépend de leur
productivité.
Le projet de loi en a eu la claire sensa-
tion lorsqu'il a assimilé le matériel dee
usines et des maisons de commerce aux im-
meubles par destination.
Pour eux aussi, le remploi sera obliga-
loirc..
Mais pour tous les autres objets mobi-
hers, il n'en saurait être question.
Qu'importe à la collectivité la compositi
mobilière des patrimoines privés.
L'article 12 ddistinction entre ceux qui effectueront le
remploi en objets mobiliers et ceux qui ne
l'effectueront pas, se hasarde en -dnedistitie-
tion qui ne paraît guère avoir de fonde-
ment juridique et qui risque dans la pra.
tique, d'amener de singulières -complica*
tions.
Comment établira-Lon le contrôle d(c(J
remploi ? Comment réglera-t-on la situa-
tion de ceux qui n'entendent racheter
qu'une partie de leur mobilier d'antan ?
Et est-il socialement opportun de grever
pendant dix ans d'une sorte d'immobilisa-
tion improductive un capital mobilier dont
la mobilité et les possibilités de transforma-
tion immédiate constituent les qualités et
les avantages essentiels ?
Au surplus la reconstitution des immeu-
bles, le remploi immobilier emportera par
voie de conséquence, le remploi mobilier.
Donnez à un particulier un logement et
une somme d'argent. Il serait surprenant
qu'il n'employât pas tout ou partie de cetts
dernière à acheter du linge et un mobilier-
Et pour peu que les cabarets deviennent
moins nombreux, on peut assurer que cettar
règle ne comportera pas d'exception.
Le droit, la raison, les commodités adrà4
nistratives s'accordent donc pour imposer
un remploi immobilier rapide et pour com-
penser les dommages mobiliers par I<*
simple versement d'une somme en espéces
Cependant la Commission des dommagesi
de guerre paraît s'être tout spécialement
préoccupée des cas où l'Etat se libérerait
en octroyant des objets mobiliers analûtiue.
aux objets détruits.
Cette préoccupation se manifeste aux ar-
ticles 12 et 27. Il faut se réjouir que cm
dispositions soient facultatives pour les
intéressés. Comme on fabrique beaucoup
plus vite des draps, des lits et des chaise a
que des maisons, que deviendraient les hetf-
reux bénéficiaires nantis sans retard d'ml.
mobilier, mais qui n'auraient pas de loge-
ments pour s'abriter ?
Limitons donc le rôle de l'Etat en ne la*
imposant qu'une seule préoccupation : oella
du remploi immobilier. La tâche des pou..
voirs publics sera suffisamment kffitOO.,
pour arriver à la reconstruction hâtive de»;
maisons où la famille prospérera et des.
usines qui enrichiront le pays. ;
Comment construire, sous quel contrôle
avec quelles ressources ?
Telle est la véritable question, eflè pro*.
jet ne fait qu'effleurer la réponse. -
{A suivre.) CAMILLE BOUCHE.
, n m CHAMBRE
La révision des sursis d'appel
• m\na ■ i III ■! I
L'utilisation des hommes mobilisables. - Les ouvriers
d'usines. — Les fonctionnaires
, C'est en somme le problème complet de
l'utilisation des effectifs que la Chambre
discute à nouveau en ce moment ; après
une séance consacrée, l'autre semaine, à
l'examen de la situation des hommes du
service auxiliaire, la question de la ré-
vision des sursis d'appel à tenu hier toute
l'après-midi.
Le 25 juillet, explique M. Moùrier, la
Chambre a voie une résolution invitant le
gouvernement il procéder à la revision des
sursis d'appel.
Qu'a fait le gouvernement pour assurer
l'application de cette résolution- ? C'est
pour avoir les explications de M. le Mi-
nistre de la guerre que j'ai déposé mon in-
terpeUation.
LA QUESTION DES EFFECTIFS
Après vingt-six mois d'une lutte dont la
France a supporté le poids le plus lourd, il
faut voir ce que nous devons faire au point
de vue des elfectifs. Sur ce point, nous de-
vons tous être d'accord.
Et aux applaudissements dû la Chambre;
l'orateur déclare :
Pas d'incorporation nouvelle avant l'u-
tilisation loyale et complète des hommes
utilisables qui sont à l'arrière.
Il existe trois catégories d'hommes qui
ne sont pas au front : les mobilisés déta-
chés à l'usiné, i-es fonctionnaires mainte-
nus en affectation spéciale, les hommes en
sursis d'appel.
LES OUVRIERS D'USINE
En ce qui concerne la première catégo-
rie, M. Mourier estime qu'il eût souhaité
que la relève ordonnée par la Chambre en
février ait été mieux .appliquée. On eut pu,
à son avis, et sans nuire à la production,
faire appei à la main-d'œuvre féminine et
à la main-d'œuvre étrangère, rappeler à
l'usine les hommes des vieilAes classes qui
sont aux tranchées depuis août 1914 et les
remplacer dans les tranchées par- les hom-
mets jeunes qui sont à l'usine.
On peut rapidement, poursuit l'orateuJ!,
malgré les protestations de l'extrême-gau-
che, éduquer des aidies métallurgistes, il
serait d'autre part ukle de créer des éco-
les de métallurgie. Ih faut y mettre les
hojnmes de la classe. 1889 fit 1% pères dô
> familles nombreusea~
Ainsi. conclut-il, sur le premier point,
l'opinion publique ne sem plus émue dtoi
voir des jeunes gens dans les usines et l'ont
maintiendra l'unité morale du pays.
LES FONCTIONNAIRES
La seconde catégorie des hommes noir
mobilisés, comprend les fonctionnaires
maintenus en affectation spéciale, Ieurf
nombre est de 211.000, y compris 170.00*
cheminots. Leur maintien intégral en ar-
rière n'est plus aussi nécessaire qu'au dé-
but. Mais les rappels devront être faits
sans doute avec prud-ence, notamment 61
ce qui concerne les postiers, les agents -
la ttfaction et de la voie.
Nos permissionnaires du front s'étos-
nent, quand ils.arrivent dans nos gares,
de voir des hommes jeunes employés ifana
les bureaux.
LES AGENTS DE POLICE
Les mêmes arguments valent pour les
services de la police de Paris et des gran-
des villes. Y aurait-il inconvénient à rem-
placer certains gardiens de la paix QHt
sont jeunes par des R.A.T.: les agents qui
stationnent devant les cinémas ou qui ser-
vent d'ordonnances ou de dactylographes
aux officiers de paix n'ont pas besoin d'êk^
jeunes.
A ce moment, M. Malvy, ministre dè
l'intérieur, intervient pour déclarer que 720
gardiens de la paix parisiens, I.135 ins-
pecteurs et fonctionnaires, 491 gardes ré-
publicains, 725 pompiers ont été mobilisés.
Il y a eu 300 gardiens de la paix tués sur
le 720 rnohiIisés. Une voix interrompt 1
— Sur Combien 1
Et le ministre de poursuivre 1
- Sur 10.000. Je suis obligé de veiller
la sécurité publique et ne puis renvoyer
tous les agents aux armées.
Il convient d'ajouter, indique M. Hency
Paté, que les gardiens de la paix ont de-'
mandé eux-mêmes à partir.
il y a une ventilation à faire, reprend,
M Mourier.
Dàns un arrondissement du centre pà.,
risien, par exemple, qui -compte 350 agents,
87 à peine servent à assister lar sécurité.
L'examen de la situation de toutes rec
i administration^ conduirait aux mêmea
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Languedoc-Roussillon Fonds régional : Languedoc-Roussillon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "LangRous1"Déclaration... qui révoque les aliénations faites des droits de 10 sols manuels sur chaque minot de sel, dans les greniers des provinces de Languedoc, Roussillon et Lyonnois... Registrée en la Chambre des Comptes et Cour des Aydes [les 5 août et 6 octobre 1716] /ark:/12148/bd6t54204125p.highres Édit... portant suppression de plusieurs offices et droits dans les gabelles de France, Lyonnois, Dauphiné, Provence, Languedoc et Roussillon... Registré en Parlement [le 8 janvier 1717] /ark:/12148/bd6t54204196r.highres
- Auteurs similaires Fonds régional : Languedoc-Roussillon Fonds régional : Languedoc-Roussillon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "LangRous1"Déclaration... qui révoque les aliénations faites des droits de 10 sols manuels sur chaque minot de sel, dans les greniers des provinces de Languedoc, Roussillon et Lyonnois... Registrée en la Chambre des Comptes et Cour des Aydes [les 5 août et 6 octobre 1716] /ark:/12148/bd6t54204125p.highres Édit... portant suppression de plusieurs offices et droits dans les gabelles de France, Lyonnois, Dauphiné, Provence, Languedoc et Roussillon... Registré en Parlement [le 8 janvier 1717] /ark:/12148/bd6t54204196r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75506217/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75506217/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75506217/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75506217/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75506217
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75506217
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75506217/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest