Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-05-29
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 mai 1917 29 mai 1917
Description : 1917/05/29 (N16994). 1917/05/29 (N16994).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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: D'ORIENT EN OCCIDENT
Milioukoff, Branting, Pershing
> -f -:- ""-"'-" ''- ,-. - -' I --
Nos socialistes, qui ne
trouvaient jamais assez de
flèches dans leur carquois,
avant la guerre, pour per-
cer de part en part les par-
tisans de l'alliance franco-russe,
.fflt devenus les plùs fervents adep-
tes de l'Alliance. Ils sont devenus
d'antirusses russissimes.
Peu de jours avant les hostilités
— à la veille du départ de M. Poin-
caré pour la Russie — ils refu-
saient les crédits du voyage du pré-
sident.
Aujourd'hui, les voici qui n'ont
d'yeux et d'oreilles que pour les
Russes.
Assurément, il y a quelque chose
de changé : Hier, c'était le tsaris-
me; aujourd'hui, c'est la Révolu-
tion. Hostiles au tsarisme, favora-
les à la révolution, ils adorent la
Russie en 1917 : ils l'abhorraient en
1914. C'est que nos socialistes sont
toujours un peu gens de secte. Telle
est la morale qui se dégage des va-
riations de leurs Eglises.
A la rigueur, ces dispositions
d'esprit importeraient fort peu si
nos socialistes ne tenaient pas de
sjrands emplois gouvernementaux.
\Ja.is, non seulement ils siègent
dans les conseils du gouvernement,
mais ils détiennent des fonctions
d'ambassadeurs, dont quelques ti-
tulaires semblent avoir ambitionné
de faire un moyen de reconstitu-
-t de l'Internationale — ce n'est
pas de M. Albert Thomas qu'il
jt.
(En, tout état de cause, ni M. Mou-
tet, ni M. Cachin ne dissimulent
qM mêlés aux affairas de la Russie,
* ont pris et prennent parti pour
l^s révolutionnaires contre les cons-
titutionnels-démocrates et pour le
Comité des soldats et des ouvriers
contre Milioukoff. - -
J Quels cris d'orfraies si, jadis, les
Russes tsaristes avaient tenté d'in-
tervenir dans nos démêlés inté-
rieurs! ,
Peut-être, si l'on remontait à
v}ngt ans en arrière, retrouverait-
Ml quelques traces de protesta-
tions socialistes contre des essais,
Railleurs malheureux, d'ingérence
russe dans notre politique. Les
socialistes avaient alors raison.
Mais, dira-t-on, ils furent man-
datés pour décider les ouvriers et
tfs soldats russes à nous rester fidè-
les. Sans doute. Leur mandat dé-
passait-il ce terme? Personne ne
ïtSi avait chargés de « charger »
contre Milioukoff.
Désormais, si des Russes vien-
4mt chez nous prendre parti con-
tre tel ou tel de nos ministres des
Affaires étrangères, qu'aurons-
ipus à leur objecter ? Ainsi la po-
étique internationale aura été
substituée à la politique nationale.
Voyez les progrès du mal :
D'ici « peu de temps, si nous en
croyons les suggestions du camara-
de Branting, en son question-
naire exposé dimanche aux so-
cialistes de chez nous, on po-
sera la question d'Alsace-Lorraine
à la façon allemande et non pas à
la façon française. Pour nous,
français, il n'y aura pas lieu de
procéder à un plébiscite en Alsace-
Lorraine quand il s'agira de ratta-
cher le pays à la France. M. Ga-
briel Séailles, qui n'est pas suspect
de nationalisme, l'a dit en termes
éloquents. Il s'est élevé, avec force,
au nom de la Ligue des Droits de
l'Homme, contre toute subordina-
tion - à un vote, du rattachement - des
provinces perdues à la mère-patrie.
Jusqu'à présent, il n'y avait que
Jes amis du citoyen Longuet pour
•Se séparer, dans le socialisme, de
îa thèse adoptée par toute la Fran-
ce et toute la démocratie française.
Le citoyen Branting, au nom d'u-
e commission hollando-suedoise,
invite les socialistes français à coc
sulter les populations. Le citoyen
Branting ne nous dit pas si ce sont
les feldwebel allemands qui tien-
Uront les urnes. C'est dommage.
Ce qu'il y a de plus curieux chez
4e citoyen Branting, c'est qu'il a be-
soin de faire appel à des principes
Quelconques pour régler le sort de
la Belgique et de la Serbie. Des
principes pour arracher le bien vo-
lé aux voleurs ! La plaisanterie dé-
passe les bornes.
Lorsqu'on parlera de la liberté
des mers, suivant le propos Ge
Branting, il sera assez réjouissant
d'étudier la thèse des Hollando-
Suédois. On pourra convoquer à la
barre du tribunal international les
noyés du Lusitania. En tout état de
cause, révélons, une fois encore,
cette extraordinaire infiltration bo-
che dans tout ce qui touche, de près
ou de loin, aux manigances de l'In-
ternationale. Cette infiltration s'est
lait sentir en Russie. Elle se fera
sentir chez nous-. Plaignons très
sincèrement les socialistes patriotes
— la masse — qui devra se déga-
ger des pièges qu'on lui tend. Mais
réussira-t-elle à se dégager ?.. —
Il faut savoir gré à MM. Cachin
et Moutet de la netteté de leurs dé-
clarations hostiles — sauf quelques
réserves de forme — à Milioukoff.
Ces deux orateurs nous expliquent
le revirement énigmatique de Y Hu-
manité et les manœuvres de quel-
ques journaux (articles du citoyen
Guernut, secrétai/re généra.1 de la
Ligue des Droits de l'Homme, dans
le Progrès de Lyon, pour la révi-
sion des buts de guerre).
Ruiner la politique de Miliou-
koff en France, au profit de ses ad-
versaires de Russie : telle est l'in-
vitation qui nous fut faite au mo-
ment où la majorité des constitu-
tionnels-démocrates renouvelait sa
confiance à l'ancien ministre des
affaires étrangères russe.
Non, nous n'accepterons pas de
servir de tortueuses intrigues. Les
affaires intérieures de la Russie doi-
vent être débattues entre russes.
Nous n'avons pas à faire prévaloir
la politique des uns sur la politi-
que des autres.
Les Russes doivent savoir ce qu'ils
ont à faire. Nous ne devons paE;,
armer l'un de leurs partis contre
l'autre. Nous n'accepterions pas ce
jeu chez nous. Nous ne devons pas
le tolérer ou l'encourager à l'expor-
tation.
La révolution russe sait si elle
entend reprendre la lutte contre
l'Allemagne. C'est son intérêt évi-
dent, son armée s'est désorganisée
à l'heure où elle pouvait nous aider
utilement. Kerensky, courageuse-
ment, la réorganise. Et nos poilus
attendent qu'elle reprenne une at-
titude offensive. Quant à leurs ar-
rangements intérieurs, que nos al-
liés les débattent entre eux.
Qu'il soit tsariste ou révolution-
naire, l'Etat. russe est pour nous
l'Etat russe. Mais, en tout cas, en-
tre démocrates russes, socialistes ou
non, les démocrates frayais n'op-
teront pas. Nous avions pensé qu'à
la chute de Nicolas II l'Etat russe
nous donnerait le concours que nous
étions en droit d'attendre de lui.
Nous pensons toujours qu'il nous
donnera ce concours.
Pour le surplus, nous devons res-
ter indifférents aux vicissitudes de
la lutte des partis dans tous les
Etats alliés, sans exception.
Sans doute ne faut-il pas pren-
dre au tragique les intentions de la
diplomatie socialiste. Tout métier
exige un apprentissage et la diplo-
matie populaire est un métier com-
me un autre. Les socialistes fran-
çais délégués en Russie ont dû dé-
ployer beaucoup d'activité pour
faire prévaloir leur programme. Au
retour, par contagion, ils font preu-
ve d'un peu de partialité révolu-
tionnaire. Qui s'en étonnerait ? Ma-
joritaires, ils ont eu une belle occa-
sion d'esbroufer un peu leurs cama-
rades minoritaires. Eternelle tenta-
tion de prouver au voisin qu'on est
plus avancé que lui.
Les Américains, pendant ce
temps, écoutent les propos du géné-
ral Pershing :
Je ne vou-s apprendrai rien en vpus di-
sant que c'est bientôt sur l'Amérique que
reposera le poids du terrible fardeau Tjue
nous devons tous porter.. Pendant trente
mois, la France a supporté ce poids sans
faiblir ; il faut maintenant que nous l'en dé-
chargions; il faut que nous, venions en aide à
ses veuves et à ses orphelins, que nous
lui permettions de produire et de travailler
à nouveau.
Ce général Pershing n'est ni un
socialiste, ni un révolutionnaire,
mais son éloquence nous émeut
beaucoup plus que les intentions
ambiguës des Hollando-Suédois.
Ce général Pershing aime la
France et il aime la Justice.
Ah! le brave général Pershing!
ALBERT MILHAUD.
Des tentatives ennemies échouent
Importants bombardements aériens
» > —
1030* Jout* de fa &uarg»9
<.. , —' "—'*
FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
14 HEURES.
En Champagne, hier. à la tombée de la
nuit, l'ennemi a renouvelé par deux fois ses
attaques sur le Casque et le Téton. Il a été
partout repoussé. Une troisième tentative
dans la matinée d'aujourd'hui a été arrêtée
par nos feux. Un coup de main sur le mont
Blond n'a pas eu plus de succès. :
Sur la rive gauche de la Meuse, dans la
région de la cote 304 et du Mort-Homme, l'ar-
tillerie ennemie a été très active.
Dans la région d'Uffholtz (Alsace), un de
nos détachements, pénétrant jusqu'à la
deuxième ligne ennemie, a constaté la pré-
sence de nombreux cadavres dans les tran-
chées allemandes et ramené des prisonniers.
Rien à signaler sur le reste du front.
23 HEURES,
En Champagne, l'activité a continué à se
mcntrer active de part et d'autre. Vifs com-
bats à la grenade dans la région du Téton.
Rien à sianaler sur le reste du front.
LA GUERRE AERIENNE -<,
L'aviation a été très active dans la jour-
née du 27 et dans la nuit du 27 au 28. Des
avions ennemis ont lancé quelques bombes
dans la région de Baccarat, Nancy, Pont-
Saint-Vincent, causant des dégâts peu im-
portants.
Nos escadrilles ont efectué de nombreuses
sorties au cours desquelles elles ont lancé
près de 7.000 kilogrammes de projectiles
sur les établissements militaires ennemis et
les voies ferrées, particulièrement en Cham-
pagne et dans la région de Thionville.
Neuf avions ennemis ont été abattus et
deux contraints d'atterrir dans nos lignes.
D'autres, fortement touchés, ont été obligés
d'atterrir en lignes ennemies.
Communiqué Anglais
Des raids allemands ont échoué cette nuit
au nord-ouept de Cherisy et au sud de Lens.
Nos feux d'Infanterie et de mitrailleuses ont
fait subir des pertes à l'ennemi qui a laissé
un certain nombre de prisonniers entre nos
mains
Nous avons exécuté avec succès des coups
de main au nord d'Armentières et vers Wyt-
schaete. Nos troupes ont atteint la ligne de
soutien allemande et ramené de 20 à 30 pri-
sonniers.
Communiqué Belge
23 HEURES
Pendant la nuit du 27 au 28 mai, une de
nos patrouilles a attaqué un poste d'écoute
ennemi vers Kloosterhcek.
Aujourd'hui, actions habituelles d'artille-
ries.
Communiqué
de Farmée d'Orient
27 mai. — Rien d'important à signaler sur
rensemble du front.
LA GUERRE AU JOUR LE JOUR
"1 e
UNE GUERRE MÉTHODIQUE
+ ;
Coordination des forces militaires et in-
dustrielles. — La récompense légitime du
grand effort dépensé par l'Italie sera-t-elle
obtenue ? Nos alliés arriveront-ils à Tries-
le, but de cette nouvelle offensive, comme
ils enlevèrent, jadis, Gorizia dont les Autri-
chiens prétendaient avoir fait le centre in-
expugnable d'un système défensif absolu-
ment sans défaut ? Nous- l'espérons, et
voici sur quoi mous étayons notre con-
fiance.
Délaissant alV raison tout sentiment
d'orgueil particulariste, le général Cador-
na n'a point hésité, sous l'obsession du
but à atteindre, à faire appel au concours
des plus proches alliés de l'Italie, l'Angle-
terre et la France, qui n'ont point mar-
chandé leur coopération.
Dix batteries britanniques de canons
lourds à longue portée renforcent, sur le
Carso, l'action de celles installées déjà au
nord de Gorizia. La flotte française, unie
à la flotte italienne, couvre l'Adriatique,
protégeant ainsi des monitors anglais a
faible tirant d'eau, lesquels se sont em-
bossés èr l'est de Montfalcone. Leurs piè-
ces, coopérant avec l'artillerie de terre,
causent aux Autrichiens la plus cruelle
surprise ; elles battent efficacement par
le sud-ouest lefc défenses ennemtes non
préparées à soutenir une lutte contre cette
action combinée.
Nous voulons croire que les heureux .ré-
sultats poursuivis par une telle coordina-
tion d'efforts seront atteints. Il est indis-
pensable que l'on comprenne, de .toutes
parts, que la prolongation de la gu. -
fait da ¡Qj.w¡. du pima flangjereuflp»
; * :
verser les - rôles âciraeirémient établis.
Les derniers renseignements fournis sur
les résultats de la guerre sous-marinie &p-
pairaissent comme assez rassurants. On
attribue, pour part,ie, cette amélioration à
l'intervention des unités japonaises et amé-
ricaines, dont l'arrivée dans les eaux eu-
ropéennes est de date récente. Nous ap-
plaudissons, certes, à cette manière de
rendref les. ajliancie^. effectives. Nous ne
croyons pas cependant que l'apparition de
quelques navires, peu nombreux encore,
ait pu sulfire à transformer déjà la situa-
tion. Une part de nos avantages est cer-
tainement due à l'armement des navires de
commerce ; une part du désavantage de
l'ennemi revient, sans contestation possi-
ble, à la diminution du nombre des ba-
teaux- marohândft naviguant. Si l'Angle-
terre a réparé la majorité de ses pertes,,
on n'en saurait dire autant de la France,
de la Hollande, de la Suède, de la Norvège,
du Danemark, de l'Espagne.
Il faut donc, et jusqu'à ce que ce dan-
ger soit visiblement cOnjuré, continuer à
voir dans la guerre sous-marine une me-
nace à écarter. Pour y atteindre, les
Etats-Unis et le Japon doivent acheminer
sur nos ports de nouveaux navires. Une
base navale anglo-américaine très active,
établie - à Gibraltar, patrouillant sévère-
ment de ÜUbraltar à Lisbonne et de Gi-
braltar & Port-Vendres, sans négliger les
Baléares, {les escadrilles franco-anglo-ja-
ponatises bloquant étroitement les côtes de
Syrie et les îles de laechilped, une sta-
tion franco-américaine couvrant Bor-
deaux-Lisbonne et Bordeaux-Nantes, ren-,
draient d'inappréciables services à la œue:
des marines marchandes alliées. :
La guerre étant devenue une affaire in-
dustrielle, est aussi une question de mé-
thode. Il faut la prendre telle qu'elle est,
puis en arriver d'urgence à l'adoption des
mesures propres à en finir rapidement
avec un fléau si cruel que l'humanité sem-
ble n'avoir plus la force de le .supporter.
A l'industrie se réfèrent tous les moyens
matériels à mettre en œuvre pour assu-
rer la suprématie des armées de l'Entente ;
canons, munitions, engins de tons genres,
avions, hytVra/iflfng, ~allons, anks, etc.
Nous savons pertinemment, par des preu-
ves multiples, qu'une étonnante supériorité
industrielle s'affirme en faveur de l'Angle-
terre, des Etats-Unis et de la France, si
l'on compare leur production collective à
celle des empires centraux. Il importe donc
de centraliser tous les moyens d'action, de
porter la production à son maximum pour
écraser matériellement l'ennemi dont la
science militaire est virtuellement vaincue
déjà. ,-'
Quant aux dispositions à prendre pour
vaincre, elles relèvent de la métltode. Il
n'est plus question d'agir par à-coups, ni
de remporter d'honorables mais insuffi-
sants succés locaux. Il est temps de faire
entendre aux hommes, quels qu'ils soient,
qui se sont « installés dans la guerre »,
que la guerre est une monstruosité dont
il importe de se séparer au plus tôt. Pour
y parvenir, en moyen s'offre, immédiat :
tripler, quintupler, décupler, ai possible,
chez les Alliés, le maximum de .production
et de forces auquel l'ennemi peut atteindre
et jeter contre l'ensemble de ses lignes
cette écrasante supériorité.
Parallèlement à cet effort, la dure néces-
sité s'impose d'accentuer ce que vient de
faire l'Amérique et de mettre les neutres
dans l'impossibilité la plus absolue (ie
continuer les opérations fructueuses toour
eux, on le sait, mais qui aboutissent à pro-
longer l'hécatombe dans laquelle ont dis-
paru déjà plusieurs millions d'hommes.
Les chiffres fournis par les Etats-Unis
sont impressionnants, et l'on se demande
quelle fut, dans ce que nous lisons, la part
livrée aux empires centraux ? Les .achats
de la Norvège, qui ne dépassaient pas
8.391.458 dollars en 1913, se sont élevés
à .66.201.144 dollars en 1916 ; oeuîï de la
Suède, sont passés de 12.154.366 dollars
à 48,853.387 ; ceux de la Suisse, de 826.549
à 13.654.256 ; ceux du Danemark, de :8
millions 687.791 à 56.335.596. Quant à la
Hollande.
La méthode de guerre veut qu'on exa-
mine le problème à fond et qu'on en 4-er-
mine, vite, très vite, avec tous les erre-
ments. Unes déclaration nette et unjique
adressée, aux armées et aux peuples, par
tous les gouvernements de l'Entente, unis
et solidaires, parait s'imposer si les termes
en ;peuvent concorder avec les acies que
ces peuples et ces armées attendent.
CAMILLE DEVILAR,
te blocus devient sérieux.,.
.»■
L'Amérique a décidé de resserrer le blo-
cus. Elle ne s'est pas contentée d'affirmer
son désir. Elle a agi. Cette brève dépêche
témoligne que la vis a été serrée :
« Copenhague, 28 mai. - La commission
de taxation a proposé au ministère d'in-
terdire toute exportation de légumes afin
d'assurer l'approvisionnement du pays.
« Un recensement de tous les stocks de
benzine a été ordonné au Danemark pour
le 29 mai en vue du rationnement des auto-
mobile?. »
Et maintenant, que les Alliés continuent.
Le blocus c'est une des plus sérieuses ar-
mes; contre l'Allemagne.
Notre gouvernement semblé accepter
comme quelque chose d'inévitable une dé-
claration de guerre prochaine du Brésil.
Cette attitude est d'autant plus inconce-
vable que' l'entrée en ligne de ce nouvel
ennemi nous causera de grandes pertes
au point de vue économique, car les inté-
rêts allemands engagés au Brésil sont
considérables. La disparition de nos
agents consulaires dans les pays sud-
amérioains nous porte un très gros pré-
judice, étant donné qu'ils avaient déjà
commencé à préparer notre mouvement
économique d'après-guerre, Or, ces pays
savent fort bien que nous ne pouvons pas
nous passer de leurs produits, alors qu'ils
peuvent aisément se passer des nôtres.
(Gazette *, VQ$s.l
L'ACTUALITE
L'exemple de la victoire Mienne
iz ou la tactique aérienne
- Q
« De fortes escadrilles aériennes italien-
nes, composées de 130 avions, dont un grou
pe d'hydravions de la marine royale, ont
participé à la bataille. lançant sur tes lignes
ennemies dix tonnes de bombes et mitrail-
lant l'infanterie massée. Touis nos avions
sont rentrés Ílwannes à leur camp »
Ainsi s'exiorime le lmHeti-n italien du 24
mai, relatant la victoire du. Carso.
Décidément, les Italines nous donnent un
bel exemple.
Ils viennent de réaliser, avac succès, rat-
taque par l'air.
Le rêve de Wells s'accomplit !
Déjà, par les communiqués anglais et al-
lemands, on voyait poindre une tactique nou-
velle /dI;: la guerre de l'air.
Mais, avec leur coutumière franchise, les
Ançlaiis reconnaissaient que les Allemands
étaient parvenus à rompre « leur dispositif »
de combat, tandis que nos ennemis décla-
raient que, « dans des rencontres achar-
nées 1J. il avaient pu réagir contre « l'emploi
en masses d'escadrilles de chasse et -dl.;}
combat ».
Le général Cadorna a réussi, et il a réus-
si Il sans pertes ».
Mais aussi quelle masse jetée dans la ba-
taille aérienne !
130 avions ! Ce ne sont plus des esca-
drilles ; ce sont des escadres ; ce sont des
surescoKires !
Effrayés par œt envol maspnifkpse, les pi-
lotes autrichiens n'ont ni osé ni pu accep-
ter Je combat, et was bridlantà aïliés du Sud
ont pu développer leur plan dans une QlUli-é-
tude parfaite
Admirable leçon !
Elle nous enseigne quie pour Jivrer cfâs as-
sauts aériens, il faut le nombre, la vitesse,
la résistante.
Et ces éléments du succès ne doivent pas
être calculés par comparaison avec ce que
peuvent faire on pourront faire nos enne-
mis.
Aussi bien, lorsque nous calculons les
coordonnées de la victoire, selon tous les
facteurs ordinaires du bon sens. et avec ks
prévisions les plus larges, devons-nous en-
core multiplier les chiffres obtenue par un
« coefficient d'imprévu »»
N'cxublitwis pas que nous luttons contre les
créateurs du « Kolossal Il.
Le Jour où nous dépasserons leurs projets
« kclossaux M. ce jour-là, nous serons» vain-
queurs.
Ce n'est pas assez de parer les coups, d"
suivre l'adversaire pas à pas Il faut le ga-
gner thodes et dans la réalisation des moyens.
Dépassons les Boches de si loin qi-eil leie
I\'ieooe impossible de nous atteindre
L'année de l'air donnera, si aoûts vou-
lons, les plus merveilleux résultats.
Elaborons en hâte ia tactique et la stra-
tégie aériennes.
Elaborons-les ptour chasser les taupes
germaniques, enfouies dans la bonne terro
de France, et pour diétruire les requins bo-
clies qui se croient dié^à maîtres des mers *
Imitons les Itaàiens et faisons mieux qu'eux
encore.
Ils n'en serc«t point 4aloa«, puisque la vio-
toire collective est le prix de cette émuia-
tion féoeode.
Et comme e-UIX. tout en feiiswnt fia. queere
lI'lom;¡:Wlan¡t. préparons les progrès die 4
paix
En même temps que îews surescadres
ailées dominaient le plateau du Garso et
consacraient la dSfa.iœ autrichienne, un
avion, premier facteur-postal aéraesi, s'm-
volait de Turin pctit Rome. Il emportait 200
kifios d'envois nostaux, 300 exemplaires de
journaux de Turin et un message de la
Ville die Turin pour M. Bose-lli. président du
Conseil. En quatre lieures, il avait acsoampfc
sa mission.
Surproduction ponir la guerre, prodMcto&n
pour la naix.
Voilà la bonne méthode !
CAMILLE BOUCHE.
ON A CÉLÉBRÉ, HIER. L'AMÉRIQUE LATINE
——————————— ;
Un Discours de M. Léon Bourgeois
- , m p
Hier après-midi a eu lieu. à Versailles,
la grande journée de l'Amérique latine
organisée par le Comité France -Amérique
en l'honneur des nations amies de l'Amé-
rique latine qui, par des actes publics ou
diplomatiques, ont affirmé leur sympa-
thie active à la cause de la liberté des na-
tions.
La partie centrale de la manifesta tion
s'est déroulée au château de Versailles en
présence de M. Léon Bourgeois, ministre
du travail, représentant le gouvernement
français ; M. Albert Métin, sous-secré-
taire d'Etat aux finances , du colonel Val-
lière, représentant le Président de la Ré-
publique ; des ambassadeurs des Etats-
Unis et d'Italie ; des ministres du Por-
tugal, de Roumanie, de Serbie, du gou-
vernement tprovisoire hellénique, du corps
diplomatique et consulaire américain, du
président du Conseil municipal de Paris,
d-u préfet de Seine-et-Oise, du maire de
Versailles et d'un grand nombre de mem-
bres des diverses colonies américaines de
Paris.
Des discours très applaudis eut été pro-
noncés.
M. Maurice Rarrès a pris le premier la
parole ; après avoir rappelé les services
rendus depuis trois ans aux Alliés par
l'Amérique latine, il a dit essentielle-
ment :
« Demain, après la victoire, il ne suf-
fira pas d'établir entre nous une alliance
économique, mais nous travaillerons à
maintenir notre parenté et à mieux uti-
liser les qualités propres de chacun des
peuples qui dans cette guerre se sont glo-
rieusement unis. »>
M. David-Mennet, président de la Cham-
bre de commerce, a parlé de la sympathie
qu'ont les Américains du sud pour les pro-
duits français.
M. Louis Barthou a éloquemment salué
les « nations amies » de l'Amérique latine,
leur clairvoyance, leur courage. « Il s'en
faut, a-t-il ajouté, qu'elles aient dit leur
dernier mot. »
M. Léon Bourgeois, ministre du travail,
dont le discours a été écouté avec une at-
tention particulière. Ayant évoqué le sou-
venir de la conférence de La Haye, il a dit :
cc Dans ce conflit qui ensanglante le
monde, aucune démocratie ne pourrait res-
ter impassible. La démocratie, c'est, à l'in-
térieur des nations, la liberté et l'égalité
assurée à tous les hommes. La démocra-
tie, dans le régime international, c'est la
liberté et l'égalité assurées à tons les boni.
mes. La démocratie, dans le régime intwv
nationai, c'est la liberté et légalité assu-
rées à tous les peuples.
« A ces deux conceptions d'ordre moral
et de forme juridique, tous les Etats libres,
qu'ils soient ou non dans le camp d'l.
droit. Tous se sentent déjà en esprit mem-
bres de la société des nations.
« Dans toutes les nations libres du
monde, à l'heure où je parle, on discute,
sur les buts de la guerre et sur les condi-
tions de la paix. Je me garderai bien de
prononcer ici une parole sur ides ques-
tions que les gouvernements responsa-
bles ont seuls le droit de traiter entre eux,
mais je peux bien dire dans quel esprit,
sous quelle inspiraten se résoudront les
problèmes politiques qui seront alors né-
cessairement posés. Ce n'est point l'inté-
rêt de tel ou tel peuple, c'est l'intérêt «"-
mun de tous ies peuples que la conscience
humaine vouidra faire triompher ; et qui dit
intérêt commun de tous les peuples, dit par
l'à même droit commun à tous les peuples,
grands ou petits, considérés comme des
égaux ; c'est ce droit commun qu'il s'agira
de définir et de fonder. »
M. Georges Leygues a également pris la;
parole et son allocution fut sympathique-
inent accueillie.
Après cette solennité, une réception des
membres du corps diplomatique a eu lieu
dans les anciens appartements de ta
reine. Le spectacle des grandes eaux leur
fut donné de la galerie des Glaces.
L'après-midi se termina par la visite des
appartements du ebateau, sous la -.
duite de M. de Nolhac, conservateur.
Pendant tout l'après-midi une foule
considérable s'est pressée aux abords du
château et dans le parc, arborant 1er pe-
tits drapeaux aux pittoresques couleurs
des diverses nations américaines.
Le soir, les ambassadeurs et ministres
américains ont été les hôtes du Comité
France-Amérique qui leur a offert un dîner
au Trianon Palace.
Des ttiscours ont été prononcés par MM. J
Gabriel Hanotaux, président du Comité ;
Adrien Mithouard président du Conseil
municipal de Parts ; Simon, maire 4a
Versailles ; M. Olyntho de Magalhaes,
ministre du Brésil, et M. Sharp, ambas-
sadeur des Etats-Unis.
(Voir la suite en deuxième page.)
Le Conseil National du Parti Socialiste
..:
La seconde journée du Conseil National
donnera-t-elle à la France et à ses alliés
quelque satisfaction ? Aurons-nous lieu de
retenir qu'en ces journées des 27 et 28 mai,
les socialistes français auront mis, comme
le faisaient les grands révolutionnaires de
89, le patriotisme au-dessus de toutes au-
tres préoccupations ? Il serait peut-être té-
méraire de conclure à l'instant où nous écri
vons.
Constatons seulement crue, l'impopularité
atteignant M. Rehaudel a pris hier, dans
des manifestations publiques, un caractère
avéré, mais regrettable. Nous avons ou sou-
vent occasion de discuter avec le leafcier du
parti socialiste : il nous a semblé — et nous
n'avons jamais hésité à le dire - qu'il man-
qua parfois de la netteté de vues et de di-
netrtions qui Sait Ses chefs nés. Nous n'en
sommes que plus à l'aise pour déplorer que
la majorité socialiste ne se soit pas mieux
groupée autour de celui dont elle a jusqu'ici
accepté les directions. Notre critique n'est
pas en faveur de l'homme. Elle va directe-
ment au principe que M. Renaudiel s'est ef-
forcé d'incarner depuis le mois 4'août 1914 :
la fusion du socialisme dans un pur et large
élan patriotique. Nous craignons que ce soit
ceci que l'on se soit eCtoncé d'aitteiro&re, en
certains milieux et sous certaines aspira-
tions, sous couleur d'agir contre M. Renau-
del.
M. Bourderon, qui a ouvert, hier matin,
le feu des discours, s'en est pris violemment
à M. Bracke lui reprochant d'attribuer à
la minorité, dirigée par M. Longuet, d'étra
prête à souscrire à une paix sans condition.
Le co-fondateur du zimmerwiaMisme en
France ne veut pas enteadro parler de l'a -
doption dune commission des résolutions,
préconisée par la majorité. 31 entend aller à
Stockholm arec sa conception entière, pour,
œuvrer utilement, dit-il, en faveur du prolé-
tariat mondial.
M. Renaudel. en un discours fait potir*
compter ou nombre des meilleurs qu'il ait
prononcés, repousse les affirmartions de M.
Delépinc, relatives « aux remords qui doi-
vent agiter la majorité ». ContrairemeaU à
ce que prétend M Delépine,. le parti socia-
liste a pnatiqué depuis trois ans une con-
tinuité de politique et de vues auxquelles,
durant un an et demi, la minorité elle-iiiêilie
a souscrit.
Mais des faits nouveaux, inévitables en
une teUe crise, se sont produits. Ils sont
d'une importance considérable puisque, d'ans
leur nombre, on trouve d'abord la lettre du
président Wilson, puis l'intervention tles
Etats-Unis dans le conflit mo>ndi,-il aux cô-
tés de l'Entente et enfin la révolution russe.
M. Renaudel se rallierait cependant a la
motion de la Haute-Garonne, acceptant d'en-
voyer des délégués à Stockholm avec man-
dat d'y assister à une simple consultation ;
ü est d'avis qu'une commission df rèsoiliï
Fondateur : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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tant 2/r. 5/r. 9/r. 18fr.
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ADMINISTRATION ET REDACTION
-Gérard de Strasbourg 38 — Rue du Faubourg St-Martia 71
.res du soir à 3 heures du matin: 123, rue Montmartre
CINQ CENTIMES
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MARDI 29 MAI 1917. - N° 16 991
Directeur: EDMOND DU MfiSNIL
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCI8
8, Place de la Bourse
BT AUX BUREAUX DU JOURNAL
Adresser toutes communications au Direeteus
- Lettres et Mandats à l'Administrateur
TELEPHONE
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin : Gutenberg 43-93
: D'ORIENT EN OCCIDENT
Milioukoff, Branting, Pershing
> -f -:- ""-"'-" ''- ,-. - -' I --
Nos socialistes, qui ne
trouvaient jamais assez de
flèches dans leur carquois,
avant la guerre, pour per-
cer de part en part les par-
tisans de l'alliance franco-russe,
.fflt devenus les plùs fervents adep-
tes de l'Alliance. Ils sont devenus
d'antirusses russissimes.
Peu de jours avant les hostilités
— à la veille du départ de M. Poin-
caré pour la Russie — ils refu-
saient les crédits du voyage du pré-
sident.
Aujourd'hui, les voici qui n'ont
d'yeux et d'oreilles que pour les
Russes.
Assurément, il y a quelque chose
de changé : Hier, c'était le tsaris-
me; aujourd'hui, c'est la Révolu-
tion. Hostiles au tsarisme, favora-
les à la révolution, ils adorent la
Russie en 1917 : ils l'abhorraient en
1914. C'est que nos socialistes sont
toujours un peu gens de secte. Telle
est la morale qui se dégage des va-
riations de leurs Eglises.
A la rigueur, ces dispositions
d'esprit importeraient fort peu si
nos socialistes ne tenaient pas de
sjrands emplois gouvernementaux.
\Ja.is, non seulement ils siègent
dans les conseils du gouvernement,
mais ils détiennent des fonctions
d'ambassadeurs, dont quelques ti-
tulaires semblent avoir ambitionné
de faire un moyen de reconstitu-
-t de l'Internationale — ce n'est
pas de M. Albert Thomas qu'il
jt.
(En, tout état de cause, ni M. Mou-
tet, ni M. Cachin ne dissimulent
qM mêlés aux affairas de la Russie,
* ont pris et prennent parti pour
l^s révolutionnaires contre les cons-
titutionnels-démocrates et pour le
Comité des soldats et des ouvriers
contre Milioukoff. - -
J Quels cris d'orfraies si, jadis, les
Russes tsaristes avaient tenté d'in-
tervenir dans nos démêlés inté-
rieurs! ,
Peut-être, si l'on remontait à
v}ngt ans en arrière, retrouverait-
Ml quelques traces de protesta-
tions socialistes contre des essais,
Railleurs malheureux, d'ingérence
russe dans notre politique. Les
socialistes avaient alors raison.
Mais, dira-t-on, ils furent man-
datés pour décider les ouvriers et
tfs soldats russes à nous rester fidè-
les. Sans doute. Leur mandat dé-
passait-il ce terme? Personne ne
ïtSi avait chargés de « charger »
contre Milioukoff.
Désormais, si des Russes vien-
4mt chez nous prendre parti con-
tre tel ou tel de nos ministres des
Affaires étrangères, qu'aurons-
ipus à leur objecter ? Ainsi la po-
étique internationale aura été
substituée à la politique nationale.
Voyez les progrès du mal :
D'ici « peu de temps, si nous en
croyons les suggestions du camara-
de Branting, en son question-
naire exposé dimanche aux so-
cialistes de chez nous, on po-
sera la question d'Alsace-Lorraine
à la façon allemande et non pas à
la façon française. Pour nous,
français, il n'y aura pas lieu de
procéder à un plébiscite en Alsace-
Lorraine quand il s'agira de ratta-
cher le pays à la France. M. Ga-
briel Séailles, qui n'est pas suspect
de nationalisme, l'a dit en termes
éloquents. Il s'est élevé, avec force,
au nom de la Ligue des Droits de
l'Homme, contre toute subordina-
tion - à un vote, du rattachement - des
provinces perdues à la mère-patrie.
Jusqu'à présent, il n'y avait que
Jes amis du citoyen Longuet pour
•Se séparer, dans le socialisme, de
îa thèse adoptée par toute la Fran-
ce et toute la démocratie française.
Le citoyen Branting, au nom d'u-
e commission hollando-suedoise,
invite les socialistes français à coc
sulter les populations. Le citoyen
Branting ne nous dit pas si ce sont
les feldwebel allemands qui tien-
Uront les urnes. C'est dommage.
Ce qu'il y a de plus curieux chez
4e citoyen Branting, c'est qu'il a be-
soin de faire appel à des principes
Quelconques pour régler le sort de
la Belgique et de la Serbie. Des
principes pour arracher le bien vo-
lé aux voleurs ! La plaisanterie dé-
passe les bornes.
Lorsqu'on parlera de la liberté
des mers, suivant le propos Ge
Branting, il sera assez réjouissant
d'étudier la thèse des Hollando-
Suédois. On pourra convoquer à la
barre du tribunal international les
noyés du Lusitania. En tout état de
cause, révélons, une fois encore,
cette extraordinaire infiltration bo-
che dans tout ce qui touche, de près
ou de loin, aux manigances de l'In-
ternationale. Cette infiltration s'est
lait sentir en Russie. Elle se fera
sentir chez nous-. Plaignons très
sincèrement les socialistes patriotes
— la masse — qui devra se déga-
ger des pièges qu'on lui tend. Mais
réussira-t-elle à se dégager ?.. —
Il faut savoir gré à MM. Cachin
et Moutet de la netteté de leurs dé-
clarations hostiles — sauf quelques
réserves de forme — à Milioukoff.
Ces deux orateurs nous expliquent
le revirement énigmatique de Y Hu-
manité et les manœuvres de quel-
ques journaux (articles du citoyen
Guernut, secrétai/re généra.1 de la
Ligue des Droits de l'Homme, dans
le Progrès de Lyon, pour la révi-
sion des buts de guerre).
Ruiner la politique de Miliou-
koff en France, au profit de ses ad-
versaires de Russie : telle est l'in-
vitation qui nous fut faite au mo-
ment où la majorité des constitu-
tionnels-démocrates renouvelait sa
confiance à l'ancien ministre des
affaires étrangères russe.
Non, nous n'accepterons pas de
servir de tortueuses intrigues. Les
affaires intérieures de la Russie doi-
vent être débattues entre russes.
Nous n'avons pas à faire prévaloir
la politique des uns sur la politi-
que des autres.
Les Russes doivent savoir ce qu'ils
ont à faire. Nous ne devons paE;,
armer l'un de leurs partis contre
l'autre. Nous n'accepterions pas ce
jeu chez nous. Nous ne devons pas
le tolérer ou l'encourager à l'expor-
tation.
La révolution russe sait si elle
entend reprendre la lutte contre
l'Allemagne. C'est son intérêt évi-
dent, son armée s'est désorganisée
à l'heure où elle pouvait nous aider
utilement. Kerensky, courageuse-
ment, la réorganise. Et nos poilus
attendent qu'elle reprenne une at-
titude offensive. Quant à leurs ar-
rangements intérieurs, que nos al-
liés les débattent entre eux.
Qu'il soit tsariste ou révolution-
naire, l'Etat. russe est pour nous
l'Etat russe. Mais, en tout cas, en-
tre démocrates russes, socialistes ou
non, les démocrates frayais n'op-
teront pas. Nous avions pensé qu'à
la chute de Nicolas II l'Etat russe
nous donnerait le concours que nous
étions en droit d'attendre de lui.
Nous pensons toujours qu'il nous
donnera ce concours.
Pour le surplus, nous devons res-
ter indifférents aux vicissitudes de
la lutte des partis dans tous les
Etats alliés, sans exception.
Sans doute ne faut-il pas pren-
dre au tragique les intentions de la
diplomatie socialiste. Tout métier
exige un apprentissage et la diplo-
matie populaire est un métier com-
me un autre. Les socialistes fran-
çais délégués en Russie ont dû dé-
ployer beaucoup d'activité pour
faire prévaloir leur programme. Au
retour, par contagion, ils font preu-
ve d'un peu de partialité révolu-
tionnaire. Qui s'en étonnerait ? Ma-
joritaires, ils ont eu une belle occa-
sion d'esbroufer un peu leurs cama-
rades minoritaires. Eternelle tenta-
tion de prouver au voisin qu'on est
plus avancé que lui.
Les Américains, pendant ce
temps, écoutent les propos du géné-
ral Pershing :
Je ne vou-s apprendrai rien en vpus di-
sant que c'est bientôt sur l'Amérique que
reposera le poids du terrible fardeau Tjue
nous devons tous porter.. Pendant trente
mois, la France a supporté ce poids sans
faiblir ; il faut maintenant que nous l'en dé-
chargions; il faut que nous, venions en aide à
ses veuves et à ses orphelins, que nous
lui permettions de produire et de travailler
à nouveau.
Ce général Pershing n'est ni un
socialiste, ni un révolutionnaire,
mais son éloquence nous émeut
beaucoup plus que les intentions
ambiguës des Hollando-Suédois.
Ce général Pershing aime la
France et il aime la Justice.
Ah! le brave général Pershing!
ALBERT MILHAUD.
Des tentatives ennemies échouent
Importants bombardements aériens
» > —
1030* Jout* de fa &uarg»9
<.. , —' "—'*
FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
14 HEURES.
En Champagne, hier. à la tombée de la
nuit, l'ennemi a renouvelé par deux fois ses
attaques sur le Casque et le Téton. Il a été
partout repoussé. Une troisième tentative
dans la matinée d'aujourd'hui a été arrêtée
par nos feux. Un coup de main sur le mont
Blond n'a pas eu plus de succès. :
Sur la rive gauche de la Meuse, dans la
région de la cote 304 et du Mort-Homme, l'ar-
tillerie ennemie a été très active.
Dans la région d'Uffholtz (Alsace), un de
nos détachements, pénétrant jusqu'à la
deuxième ligne ennemie, a constaté la pré-
sence de nombreux cadavres dans les tran-
chées allemandes et ramené des prisonniers.
Rien à signaler sur le reste du front.
23 HEURES,
En Champagne, l'activité a continué à se
mcntrer active de part et d'autre. Vifs com-
bats à la grenade dans la région du Téton.
Rien à sianaler sur le reste du front.
LA GUERRE AERIENNE -<,
L'aviation a été très active dans la jour-
née du 27 et dans la nuit du 27 au 28. Des
avions ennemis ont lancé quelques bombes
dans la région de Baccarat, Nancy, Pont-
Saint-Vincent, causant des dégâts peu im-
portants.
Nos escadrilles ont efectué de nombreuses
sorties au cours desquelles elles ont lancé
près de 7.000 kilogrammes de projectiles
sur les établissements militaires ennemis et
les voies ferrées, particulièrement en Cham-
pagne et dans la région de Thionville.
Neuf avions ennemis ont été abattus et
deux contraints d'atterrir dans nos lignes.
D'autres, fortement touchés, ont été obligés
d'atterrir en lignes ennemies.
Communiqué Anglais
Des raids allemands ont échoué cette nuit
au nord-ouept de Cherisy et au sud de Lens.
Nos feux d'Infanterie et de mitrailleuses ont
fait subir des pertes à l'ennemi qui a laissé
un certain nombre de prisonniers entre nos
mains
Nous avons exécuté avec succès des coups
de main au nord d'Armentières et vers Wyt-
schaete. Nos troupes ont atteint la ligne de
soutien allemande et ramené de 20 à 30 pri-
sonniers.
Communiqué Belge
23 HEURES
Pendant la nuit du 27 au 28 mai, une de
nos patrouilles a attaqué un poste d'écoute
ennemi vers Kloosterhcek.
Aujourd'hui, actions habituelles d'artille-
ries.
Communiqué
de Farmée d'Orient
27 mai. — Rien d'important à signaler sur
rensemble du front.
LA GUERRE AU JOUR LE JOUR
"1 e
UNE GUERRE MÉTHODIQUE
+ ;
Coordination des forces militaires et in-
dustrielles. — La récompense légitime du
grand effort dépensé par l'Italie sera-t-elle
obtenue ? Nos alliés arriveront-ils à Tries-
le, but de cette nouvelle offensive, comme
ils enlevèrent, jadis, Gorizia dont les Autri-
chiens prétendaient avoir fait le centre in-
expugnable d'un système défensif absolu-
ment sans défaut ? Nous- l'espérons, et
voici sur quoi mous étayons notre con-
fiance.
Délaissant alV raison tout sentiment
d'orgueil particulariste, le général Cador-
na n'a point hésité, sous l'obsession du
but à atteindre, à faire appel au concours
des plus proches alliés de l'Italie, l'Angle-
terre et la France, qui n'ont point mar-
chandé leur coopération.
Dix batteries britanniques de canons
lourds à longue portée renforcent, sur le
Carso, l'action de celles installées déjà au
nord de Gorizia. La flotte française, unie
à la flotte italienne, couvre l'Adriatique,
protégeant ainsi des monitors anglais a
faible tirant d'eau, lesquels se sont em-
bossés èr l'est de Montfalcone. Leurs piè-
ces, coopérant avec l'artillerie de terre,
causent aux Autrichiens la plus cruelle
surprise ; elles battent efficacement par
le sud-ouest lefc défenses ennemtes non
préparées à soutenir une lutte contre cette
action combinée.
Nous voulons croire que les heureux .ré-
sultats poursuivis par une telle coordina-
tion d'efforts seront atteints. Il est indis-
pensable que l'on comprenne, de .toutes
parts, que la prolongation de la gu. -
fait da ¡Qj.w¡. du pima flangjereuflp»
; * :
verser les - rôles âciraeirémient établis.
Les derniers renseignements fournis sur
les résultats de la guerre sous-marinie &p-
pairaissent comme assez rassurants. On
attribue, pour part,ie, cette amélioration à
l'intervention des unités japonaises et amé-
ricaines, dont l'arrivée dans les eaux eu-
ropéennes est de date récente. Nous ap-
plaudissons, certes, à cette manière de
rendref les. ajliancie^. effectives. Nous ne
croyons pas cependant que l'apparition de
quelques navires, peu nombreux encore,
ait pu sulfire à transformer déjà la situa-
tion. Une part de nos avantages est cer-
tainement due à l'armement des navires de
commerce ; une part du désavantage de
l'ennemi revient, sans contestation possi-
ble, à la diminution du nombre des ba-
teaux- marohândft naviguant. Si l'Angle-
terre a réparé la majorité de ses pertes,,
on n'en saurait dire autant de la France,
de la Hollande, de la Suède, de la Norvège,
du Danemark, de l'Espagne.
Il faut donc, et jusqu'à ce que ce dan-
ger soit visiblement cOnjuré, continuer à
voir dans la guerre sous-marine une me-
nace à écarter. Pour y atteindre, les
Etats-Unis et le Japon doivent acheminer
sur nos ports de nouveaux navires. Une
base navale anglo-américaine très active,
établie - à Gibraltar, patrouillant sévère-
ment de ÜUbraltar à Lisbonne et de Gi-
braltar & Port-Vendres, sans négliger les
Baléares, {les escadrilles franco-anglo-ja-
ponatises bloquant étroitement les côtes de
Syrie et les îles de laechilped, une sta-
tion franco-américaine couvrant Bor-
deaux-Lisbonne et Bordeaux-Nantes, ren-,
draient d'inappréciables services à la œue:
des marines marchandes alliées. :
La guerre étant devenue une affaire in-
dustrielle, est aussi une question de mé-
thode. Il faut la prendre telle qu'elle est,
puis en arriver d'urgence à l'adoption des
mesures propres à en finir rapidement
avec un fléau si cruel que l'humanité sem-
ble n'avoir plus la force de le .supporter.
A l'industrie se réfèrent tous les moyens
matériels à mettre en œuvre pour assu-
rer la suprématie des armées de l'Entente ;
canons, munitions, engins de tons genres,
avions, hytVra/iflfng, ~allons, anks, etc.
Nous savons pertinemment, par des preu-
ves multiples, qu'une étonnante supériorité
industrielle s'affirme en faveur de l'Angle-
terre, des Etats-Unis et de la France, si
l'on compare leur production collective à
celle des empires centraux. Il importe donc
de centraliser tous les moyens d'action, de
porter la production à son maximum pour
écraser matériellement l'ennemi dont la
science militaire est virtuellement vaincue
déjà. ,-'
Quant aux dispositions à prendre pour
vaincre, elles relèvent de la métltode. Il
n'est plus question d'agir par à-coups, ni
de remporter d'honorables mais insuffi-
sants succés locaux. Il est temps de faire
entendre aux hommes, quels qu'ils soient,
qui se sont « installés dans la guerre »,
que la guerre est une monstruosité dont
il importe de se séparer au plus tôt. Pour
y parvenir, en moyen s'offre, immédiat :
tripler, quintupler, décupler, ai possible,
chez les Alliés, le maximum de .production
et de forces auquel l'ennemi peut atteindre
et jeter contre l'ensemble de ses lignes
cette écrasante supériorité.
Parallèlement à cet effort, la dure néces-
sité s'impose d'accentuer ce que vient de
faire l'Amérique et de mettre les neutres
dans l'impossibilité la plus absolue (ie
continuer les opérations fructueuses toour
eux, on le sait, mais qui aboutissent à pro-
longer l'hécatombe dans laquelle ont dis-
paru déjà plusieurs millions d'hommes.
Les chiffres fournis par les Etats-Unis
sont impressionnants, et l'on se demande
quelle fut, dans ce que nous lisons, la part
livrée aux empires centraux ? Les .achats
de la Norvège, qui ne dépassaient pas
8.391.458 dollars en 1913, se sont élevés
à .66.201.144 dollars en 1916 ; oeuîï de la
Suède, sont passés de 12.154.366 dollars
à 48,853.387 ; ceux de la Suisse, de 826.549
à 13.654.256 ; ceux du Danemark, de :8
millions 687.791 à 56.335.596. Quant à la
Hollande.
La méthode de guerre veut qu'on exa-
mine le problème à fond et qu'on en 4-er-
mine, vite, très vite, avec tous les erre-
ments. Unes déclaration nette et unjique
adressée, aux armées et aux peuples, par
tous les gouvernements de l'Entente, unis
et solidaires, parait s'imposer si les termes
en ;peuvent concorder avec les acies que
ces peuples et ces armées attendent.
CAMILLE DEVILAR,
te blocus devient sérieux.,.
.»■
L'Amérique a décidé de resserrer le blo-
cus. Elle ne s'est pas contentée d'affirmer
son désir. Elle a agi. Cette brève dépêche
témoligne que la vis a été serrée :
« Copenhague, 28 mai. - La commission
de taxation a proposé au ministère d'in-
terdire toute exportation de légumes afin
d'assurer l'approvisionnement du pays.
« Un recensement de tous les stocks de
benzine a été ordonné au Danemark pour
le 29 mai en vue du rationnement des auto-
mobile?. »
Et maintenant, que les Alliés continuent.
Le blocus c'est une des plus sérieuses ar-
mes; contre l'Allemagne.
Notre gouvernement semblé accepter
comme quelque chose d'inévitable une dé-
claration de guerre prochaine du Brésil.
Cette attitude est d'autant plus inconce-
vable que' l'entrée en ligne de ce nouvel
ennemi nous causera de grandes pertes
au point de vue économique, car les inté-
rêts allemands engagés au Brésil sont
considérables. La disparition de nos
agents consulaires dans les pays sud-
amérioains nous porte un très gros pré-
judice, étant donné qu'ils avaient déjà
commencé à préparer notre mouvement
économique d'après-guerre, Or, ces pays
savent fort bien que nous ne pouvons pas
nous passer de leurs produits, alors qu'ils
peuvent aisément se passer des nôtres.
(Gazette *, VQ$s.l
L'ACTUALITE
L'exemple de la victoire Mienne
iz ou la tactique aérienne
- Q
« De fortes escadrilles aériennes italien-
nes, composées de 130 avions, dont un grou
pe d'hydravions de la marine royale, ont
participé à la bataille. lançant sur tes lignes
ennemies dix tonnes de bombes et mitrail-
lant l'infanterie massée. Touis nos avions
sont rentrés Ílwannes à leur camp »
Ainsi s'exiorime le lmHeti-n italien du 24
mai, relatant la victoire du. Carso.
Décidément, les Italines nous donnent un
bel exemple.
Ils viennent de réaliser, avac succès, rat-
taque par l'air.
Le rêve de Wells s'accomplit !
Déjà, par les communiqués anglais et al-
lemands, on voyait poindre une tactique nou-
velle /dI;: la guerre de l'air.
Mais, avec leur coutumière franchise, les
Ançlaiis reconnaissaient que les Allemands
étaient parvenus à rompre « leur dispositif »
de combat, tandis que nos ennemis décla-
raient que, « dans des rencontres achar-
nées 1J. il avaient pu réagir contre « l'emploi
en masses d'escadrilles de chasse et -dl.;}
combat ».
Le général Cadorna a réussi, et il a réus-
si Il sans pertes ».
Mais aussi quelle masse jetée dans la ba-
taille aérienne !
130 avions ! Ce ne sont plus des esca-
drilles ; ce sont des escadres ; ce sont des
surescoKires !
Effrayés par œt envol maspnifkpse, les pi-
lotes autrichiens n'ont ni osé ni pu accep-
ter Je combat, et was bridlantà aïliés du Sud
ont pu développer leur plan dans une QlUli-é-
tude parfaite
Admirable leçon !
Elle nous enseigne quie pour Jivrer cfâs as-
sauts aériens, il faut le nombre, la vitesse,
la résistante.
Et ces éléments du succès ne doivent pas
être calculés par comparaison avec ce que
peuvent faire on pourront faire nos enne-
mis.
Aussi bien, lorsque nous calculons les
coordonnées de la victoire, selon tous les
facteurs ordinaires du bon sens. et avec ks
prévisions les plus larges, devons-nous en-
core multiplier les chiffres obtenue par un
« coefficient d'imprévu »»
N'cxublitwis pas que nous luttons contre les
créateurs du « Kolossal Il.
Le Jour où nous dépasserons leurs projets
« kclossaux M. ce jour-là, nous serons» vain-
queurs.
Ce n'est pas assez de parer les coups, d"
suivre l'adversaire pas à pas Il faut le ga-
gner
Dépassons les Boches de si loin qi-eil leie
I\'ieooe impossible de nous atteindre
L'année de l'air donnera, si aoûts vou-
lons, les plus merveilleux résultats.
Elaborons en hâte ia tactique et la stra-
tégie aériennes.
Elaborons-les ptour chasser les taupes
germaniques, enfouies dans la bonne terro
de France, et pour diétruire les requins bo-
clies qui se croient dié^à maîtres des mers *
Imitons les Itaàiens et faisons mieux qu'eux
encore.
Ils n'en serc«t point 4aloa«, puisque la vio-
toire collective est le prix de cette émuia-
tion féoeode.
Et comme e-UIX. tout en feiiswnt fia. queere
lI'lom;¡:Wlan¡t. préparons les progrès die 4
paix
En même temps que îews surescadres
ailées dominaient le plateau du Garso et
consacraient la dSfa.iœ autrichienne, un
avion, premier facteur-postal aéraesi, s'm-
volait de Turin pctit Rome. Il emportait 200
kifios d'envois nostaux, 300 exemplaires de
journaux de Turin et un message de la
Ville die Turin pour M. Bose-lli. président du
Conseil. En quatre lieures, il avait acsoampfc
sa mission.
Surproduction ponir la guerre, prodMcto&n
pour la naix.
Voilà la bonne méthode !
CAMILLE BOUCHE.
ON A CÉLÉBRÉ, HIER. L'AMÉRIQUE LATINE
——————————— ;
Un Discours de M. Léon Bourgeois
- , m p
Hier après-midi a eu lieu. à Versailles,
la grande journée de l'Amérique latine
organisée par le Comité France -Amérique
en l'honneur des nations amies de l'Amé-
rique latine qui, par des actes publics ou
diplomatiques, ont affirmé leur sympa-
thie active à la cause de la liberté des na-
tions.
La partie centrale de la manifesta tion
s'est déroulée au château de Versailles en
présence de M. Léon Bourgeois, ministre
du travail, représentant le gouvernement
français ; M. Albert Métin, sous-secré-
taire d'Etat aux finances , du colonel Val-
lière, représentant le Président de la Ré-
publique ; des ambassadeurs des Etats-
Unis et d'Italie ; des ministres du Por-
tugal, de Roumanie, de Serbie, du gou-
vernement tprovisoire hellénique, du corps
diplomatique et consulaire américain, du
président du Conseil municipal de Paris,
d-u préfet de Seine-et-Oise, du maire de
Versailles et d'un grand nombre de mem-
bres des diverses colonies américaines de
Paris.
Des discours très applaudis eut été pro-
noncés.
M. Maurice Rarrès a pris le premier la
parole ; après avoir rappelé les services
rendus depuis trois ans aux Alliés par
l'Amérique latine, il a dit essentielle-
ment :
« Demain, après la victoire, il ne suf-
fira pas d'établir entre nous une alliance
économique, mais nous travaillerons à
maintenir notre parenté et à mieux uti-
liser les qualités propres de chacun des
peuples qui dans cette guerre se sont glo-
rieusement unis. »>
M. David-Mennet, président de la Cham-
bre de commerce, a parlé de la sympathie
qu'ont les Américains du sud pour les pro-
duits français.
M. Louis Barthou a éloquemment salué
les « nations amies » de l'Amérique latine,
leur clairvoyance, leur courage. « Il s'en
faut, a-t-il ajouté, qu'elles aient dit leur
dernier mot. »
M. Léon Bourgeois, ministre du travail,
dont le discours a été écouté avec une at-
tention particulière. Ayant évoqué le sou-
venir de la conférence de La Haye, il a dit :
cc Dans ce conflit qui ensanglante le
monde, aucune démocratie ne pourrait res-
ter impassible. La démocratie, c'est, à l'in-
térieur des nations, la liberté et l'égalité
assurée à tous les hommes. La démocra-
tie, dans le régime international, c'est la
liberté et l'égalité assurées à tons les boni.
mes. La démocratie, dans le régime intwv
nationai, c'est la liberté et légalité assu-
rées à tous les peuples.
« A ces deux conceptions d'ordre moral
et de forme juridique, tous les Etats libres,
qu'ils soient ou non dans le camp d'l.
droit. Tous se sentent déjà en esprit mem-
bres de la société des nations.
« Dans toutes les nations libres du
monde, à l'heure où je parle, on discute,
sur les buts de la guerre et sur les condi-
tions de la paix. Je me garderai bien de
prononcer ici une parole sur ides ques-
tions que les gouvernements responsa-
bles ont seuls le droit de traiter entre eux,
mais je peux bien dire dans quel esprit,
sous quelle inspiraten se résoudront les
problèmes politiques qui seront alors né-
cessairement posés. Ce n'est point l'inté-
rêt de tel ou tel peuple, c'est l'intérêt «"-
mun de tous ies peuples que la conscience
humaine vouidra faire triompher ; et qui dit
intérêt commun de tous les peuples, dit par
l'à même droit commun à tous les peuples,
grands ou petits, considérés comme des
égaux ; c'est ce droit commun qu'il s'agira
de définir et de fonder. »
M. Georges Leygues a également pris la;
parole et son allocution fut sympathique-
inent accueillie.
Après cette solennité, une réception des
membres du corps diplomatique a eu lieu
dans les anciens appartements de ta
reine. Le spectacle des grandes eaux leur
fut donné de la galerie des Glaces.
L'après-midi se termina par la visite des
appartements du ebateau, sous la -.
duite de M. de Nolhac, conservateur.
Pendant tout l'après-midi une foule
considérable s'est pressée aux abords du
château et dans le parc, arborant 1er pe-
tits drapeaux aux pittoresques couleurs
des diverses nations américaines.
Le soir, les ambassadeurs et ministres
américains ont été les hôtes du Comité
France-Amérique qui leur a offert un dîner
au Trianon Palace.
Des ttiscours ont été prononcés par MM. J
Gabriel Hanotaux, président du Comité ;
Adrien Mithouard président du Conseil
municipal de Parts ; Simon, maire 4a
Versailles ; M. Olyntho de Magalhaes,
ministre du Brésil, et M. Sharp, ambas-
sadeur des Etats-Unis.
(Voir la suite en deuxième page.)
Le Conseil National du Parti Socialiste
..:
La seconde journée du Conseil National
donnera-t-elle à la France et à ses alliés
quelque satisfaction ? Aurons-nous lieu de
retenir qu'en ces journées des 27 et 28 mai,
les socialistes français auront mis, comme
le faisaient les grands révolutionnaires de
89, le patriotisme au-dessus de toutes au-
tres préoccupations ? Il serait peut-être té-
méraire de conclure à l'instant où nous écri
vons.
Constatons seulement crue, l'impopularité
atteignant M. Rehaudel a pris hier, dans
des manifestations publiques, un caractère
avéré, mais regrettable. Nous avons ou sou-
vent occasion de discuter avec le leafcier du
parti socialiste : il nous a semblé — et nous
n'avons jamais hésité à le dire - qu'il man-
qua parfois de la netteté de vues et de di-
netrtions qui Sait Ses chefs nés. Nous n'en
sommes que plus à l'aise pour déplorer que
la majorité socialiste ne se soit pas mieux
groupée autour de celui dont elle a jusqu'ici
accepté les directions. Notre critique n'est
pas en faveur de l'homme. Elle va directe-
ment au principe que M. Renaudiel s'est ef-
forcé d'incarner depuis le mois 4'août 1914 :
la fusion du socialisme dans un pur et large
élan patriotique. Nous craignons que ce soit
ceci que l'on se soit eCtoncé d'aitteiro&re, en
certains milieux et sous certaines aspira-
tions, sous couleur d'agir contre M. Renau-
del.
M. Bourderon, qui a ouvert, hier matin,
le feu des discours, s'en est pris violemment
à M. Bracke lui reprochant d'attribuer à
la minorité, dirigée par M. Longuet, d'étra
prête à souscrire à une paix sans condition.
Le co-fondateur du zimmerwiaMisme en
France ne veut pas enteadro parler de l'a -
doption dune commission des résolutions,
préconisée par la majorité. 31 entend aller à
Stockholm arec sa conception entière, pour,
œuvrer utilement, dit-il, en faveur du prolé-
tariat mondial.
M. Renaudel. en un discours fait potir*
compter ou nombre des meilleurs qu'il ait
prononcés, repousse les affirmartions de M.
Delépinc, relatives « aux remords qui doi-
vent agiter la majorité ». ContrairemeaU à
ce que prétend M Delépine,. le parti socia-
liste a pnatiqué depuis trois ans une con-
tinuité de politique et de vues auxquelles,
durant un an et demi, la minorité elle-iiiêilie
a souscrit.
Mais des faits nouveaux, inévitables en
une teUe crise, se sont produits. Ils sont
d'une importance considérable puisque, d'ans
leur nombre, on trouve d'abord la lettre du
président Wilson, puis l'intervention tles
Etats-Unis dans le conflit mo>ndi,-il aux cô-
tés de l'Entente et enfin la révolution russe.
M. Renaudel se rallierait cependant a la
motion de la Haute-Garonne, acceptant d'en-
voyer des délégués à Stockholm avec man-
dat d'y assister à une simple consultation ;
ü est d'avis qu'une commission df rèsoiliï
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