Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-05-28
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 mai 1917 28 mai 1917
Description : 1917/05/28 (N16993). 1917/05/28 (N16993).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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CINQ CENTIMES
unmt » MAI 1917. - HÓ it M
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LES ETATS-UNIS ET LA QUERRE
Frères dans la même cause
——-*• :
;<( Nous sommes frères
clans la même cause» : der-
nier mot de M. Wilson à
M. Viviani, quand notre
ministre de la Justice est
allé prendre congé du Président de
la grande République. Depuis la,
décision suprême, nous avions senti
4a ferveur agissante de la résolu-
tion américaine et fait confiance à
oette fraternité qui, sans se réser-
ver pour l'unique concours finan-
cier et économique, entend "se ma-
nifester par l'œuvre des armes-
Certes, les Etats-Unis n'ont pas
encore une armée, une grande ar-
mée. Les Anglais, eux non plus,
n'avaient pas une bien grande ar-
mée au début de la guerre. Mais
les Allemands savent aujourd'hui
que les régiments de French ont
fait des petits. Les divisions du gé-
néral américain Persking en feront
à leur tour. Ainsi, c'est le ctestm de
l'Allemagne de voir les adversaires
du pangermanisme, coalises contre
la Barbarie scientifique, prendre
successivement les armes avec des
forces neuves pour défendre les
avenues de la cité future.
Les Américains savent que l'on
ne vaincra pas les Allemands par
des discours, soit à la tribune des
parlements, soit à la tribune des
réunions publiques. Et les Améri-
cains, avec la même obstination que
îes Anglais et que nous-mêmes veu-
lent vaincre les Allemands pour
que demain la vie humaine repren-
ne sa dignité et que l'homme ne soit
pas. obligé d'opter entre la servitu-
de et le péril de guerre permanent.
Aussi se préparent-ils à mettre
sur pied de grandes armées parce
que » l'Allemagne ne peut être ré-
duite par la famine », au dire de
l'ambassadeur Gérard, et parce
qtt'" c il y a peu de chances pour une
révolution en Allemagne », comme
Foorve, de son côté, M. Taylor,
ancien attaché à Berlin.
L'Amérique sait, en effet, qu'elle
ne peut tout attendre de ses alliés.
La France, en particulier, a con-
senti des sacrifices incomparables
depuis le début de la guerre. Les
Américains sont trop fiers et trop
équitables pour laisser à d'autres
peuples la charge d'assurer seuls la
sécurité du monde. Et ils n'ignorent
s que, sur notre territoire, ce
s'est pas seulement le front franco-
anglais qui se hérisse de défenses,
que c'est également le front de la
Civilisation contre la Barbarie
scientifique au militarisme alle-
mand.
Les Americains, comme nos amis
anglais, savent qu'une nation com-
f«e te nation française, qui a su ac-
complir l'exploit unique de la Mar-
ne, demeure une réserve- incompa-
rable pour le monde et que sa vail-
lance native reste un élément de sé-
curité- pour l'avenir. Si les germes
précieux d'une si belle race ve-
naient à disparaître. ce n'est pas
simplement un élément de richesse :
intellectuelle et morale, ce n'est pas
simplement une iparure d'art et de
beauté, c'est une faculté de puis-
calice icCe l'espèce humaine qui
s:.eplllseraat. Jamais le prestige de
sotre pays n'avait été si grand en
Amérique.
L'Amérique ne croit pas non plus
ieÊWil soit de Fintérêt du monde que
ia France, après la guerre, languis-
se exténuée, au lendemain d'un
effort épuisant. L'Occident .serait
menacé de iperdre l'un des meilleurs
soutiens du grand édifice politique.
L équilibre général en serait mena-
ce. Et, dans la grande trame des
intérêts matériels solidaires, de
précieux fils rompus feraient irré-
médiablement défaut.
Hier, Marius Leblond, écrivait à
Paris-Midi, un article qu'il fau-
drait méditer d'un bout à l'autre,
sur cette nouvelle question interal-
liée : èc Ce que vaut le sang fran-
çais. » Notre confrère et notre ami,
si compréhensif et si amoureux de
France et d'Humanité liées et al-
liées, écrivait pour notre enseigne-
ment :
« L'Amérique nous, assure un
concours financier dont M. Ribot a
tenu à dire à plusieurs reprises,
avec une loyauté et une éloquence
accentuées, l'importance p
rante. Eh bien ! pour ces avances,
les financiers et les hommes d'Eta.t
américains considèrent que leur
plus sérieux gage c'est la popula-
tion française. Ils nous signifient ex-
plicitement ce que représentent pour
eux les mesures que notre gouverne-
ment saura prendre à la fin de pré-
server nos hommes par une politi-
que médicale, énergiquement com-
patible avec une vigoureuse direc-
tion de la guerre et à la fin de re-
médier à la décroissance de notre
natalité. II importe de dire ces cho-
ses dans la grande presse, car l'heu-
reuse issue de la guerre peut être
hâtée si dans notre public se répand
une sympathie de plus en plus en-
thousiaste pour les Etats-Unis et
si l'on réagit de la sorte contre les
campagnes des meneurs boches tâ-
chant d'insinuer partout cette faus-
se opinion que l'intervention de
l'Amérique prolongera les hostili-
tés. Il importe aussi de les dire
pour aider notre gouvernement à
prendre le plus largement ces me-
sures et à les imposer à toutes pa-
resses, incompréhensions et routi-
nes. »
Au moment ou ces lignes étaient
tracées, le général américain Per-
shing disait à l'unisson :
« C'est sur l'Amérique que répcJ-
sê le fardeau des coups à venir; les
Etats-Unis doivent se placer aux
côtés de la France. Comprenez-vous
que nous devons prendre la (place
de chaque homme tué chez les Al-
liés? »
De nouvelles perspectives soti-
vrent donc pour tous les esprits ré-
fléchis. Cette politique de réparti-
tion proportionnelle 'des effectifs
interalliés que nous avons si sou-
vent réclamée doit être diésormais
l'objectif essentiel de notre diplo-
matie.
Il ne s agit pas d humilier la
France en appelant de nouvelles ar-
mées étrangères sur notre territoi-
re. L'orgueil n'est pas le patriotis-
me. Nous n'avons pas à méconnaî-
tre l'étendue de nos devoirs. Mais
nous ne sommes pas seuls intéressés
dans le débat militaire d'à présent.
La paix n'est pas en vue, comme di-
sait récemment M. Painlevé. Puis-
que la guerre doit durer et, peut-
être, longtemps encore, il faut pré-
voir l'allègement de nos charges sur
le front et les moyens de la résur-
rection agricole et industrielle à
l'arrière. Tels sont les buts immé-
diats de guerre. Les conditions de
la paix viendront ensuite.
ALBERT MILHAUD.
Les restrictions imprévues
ou la suppression ? peines agricoles
Pauvre M. Femebnid David, il réclamait la
Libération de ;:(I(),{)()(j' agricultfeufrs, il devient
ministre et voici qu'on supprime les permis-
sions agrlilcotes !
Car on les supprime en fait Un sofeM de
la .classe 1890, qui s'enmiiyait dans m dépôt
de l'Ouest, était jardinier. Réclamé par le
maire de sa commune pour venir en aille
à- un agriculteur qui manquait die main-
d'œuvre, il a été prévenu, par le bureau de
s.a compagnie, « qu'il n'y avait piuis de pe-r,
missions agricoles et qu'il ne dtevaiiit plus
compter que sur dies permissions régulières
de sept jours. »
.[)'wn.s l'Est, le- Centre et le Midi, il a été
fait. ftlies réponses idientiques, ce qui semlile
prouver que les dépôt ont reçu des ordres, à
ce sujet. Ils ne les appliquent pas tous,
d'àiliéurs, de la même façon, ce qaid ne sur-
prendra personne, eurtou't les Siolats.
Ainsi, au moment où- la- reprise de la vie
agricole est de première nécessité, où le ra-
vitaillemen^du pays en- vibres est aiuiss»it es..
seniiel' que la confection des obus, on srnp-
prime- les permissions aigricîoies ! Qu'est-ce
à dire ? Pour quelle utilité :p!l'atiÆ"tUIe ? Le
travail collectif de rarmée' ctli:? les énergies
et les bonnes vo-iwilés, f.a;ul-il, eu consé-
quence, interdire le travail inidlividuel, fruc-
tueux, ce:lui-Jià ? Est-ce pour une raâvsoffi de
doctrine gtrop a supprimé les perniiasions.
agricolles ? Ce serait le seul motif avoun-
ble que pourraient avoir nos administra-
teurs dfe iap chose j)irbli
Ils agissent avec une biziairre Kicofmpré-
hension. Ah ! Iceu-:,,l'à le possèdent le sens
de L'oppr'rt.u)FUte !
M. l'e.rn»and David ne doit pas cMunaltre
cette mesure inrnnpréhen-sfibafe..
Les permissions agpieoles. sont indispen-
sables pour cultiver la terre de France el
encourager nos wldats-paysanis, aiou/s se-
litens feiewreux dte- «Avoir p«ttirqwm elles fti-
rent s.u|PT>rimées. Il ne petut être dndiCférent
au ministre iVe ragrieuiture d'être renseigné
iL ce sujet
Car enfin, des restiric-l ioins aie sont, fpas des
raisons et restreindre les permissions agri-
coles, n'est-ce plus diminuer la production et
créer La via chère ?
GEORGES PARVTLIiBv
Echec de toutes les attaques ennemies
, i|»m» •
/Ictif borTîbaFçJerr)er)t par avions
::.-, :. "=t.) .c
■<■■■' , 1 > 1111
1Q2 9* Joui* dm ia enap"
1 FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
14 HEURES.
Une tentative des Allemands sur nos tran-
chées au nord du Moulin de Laffaux a
échoué sous nos feux. Dans ce secteur, ainsi
que sur le plateau de Californie et dans la
région des Crêtes, au sud de Norroy et de
Monronvilliers, la lutte d'artillerie a été vio-
lente au cours de la nuit.
LA GUERRE AERIENNE
Dans la journée du 26 mai, nos pilotes ont
abattu quatre aviops allemands.
Nos groupes de bombardement, dans la
nuit du 26 au 27, ont lancé 3.300 kilos de
projectiles sur des établissements militaires
et des usines de l'ennemi. Plusieurs incen-
dies, dont un très violent, se sont déclarés
dans les bâtiments bombardés.
Les terrains d'aviation de Colmar et
de Sissonne et les organisations allemandes
de la région de Laon ont reçu également de
nombreux projectiles,
23 HEURES.
En Champagne, après un violent bombar-
dement,. l'ennemi a lancé ce matin deyx
aftaques, l'une sur le Téton, rautre â'Pési*
du Téton. Il a réussi tout d'abord à péné-
trer dans nos lignes. Nos contre-attaques
nous ont rendu la totalité du terrain perdu.
Dans l'après-midi, une troisième attaque
précédée par une forte préparation d'artille-
rie a été déclenchée sur le Casque. L'enne-
mi a été immédiatement rejeté
Grande activité d'artillerie en Champa-
gne.
Journée calme sur le reste du front.
Communiqué Anglais
11 HEURES 49.
Nous avons exécuté avec succès, la nuit
dernière, uA coup de main au nord-ouest de
Saint-Quentin. L'ennemi a eu un certain
nombre de tués et a laissé 18 prisonniers
entre nos mains. Il n'y a eu de notre côté
que deux blessés.
Une attaque locale effectuée à l'est de Loos
a ét& repoussée.
L'artillerie allemande a continué à mon-
trer une grande activité au cours de la nuit
contre nos positions au sud de la Scarpe
Communiqué Belge
Légère activité d'artillerie dans les ré-
gions de Ramscappelle et de Dixmude. Ac-
tivité d'artillerie plus grande et lutte de
bombes vers Hetsas.
-■■■ col
Communiqué
de l'armée d'Orient
26 mai. — L'aviation britannique a bom-
bardé avec succès le centre de Livanovo
111Urtt ae~M~r ,--o. --
Rien d'important à signaler sur l'ensem-
ble du front.
Communiqué Serbe
Hier, lutte d'artillerie habituelle.
Dans des combats d'éléments avancés,
nous avons lait quelques prisonniers.
Nos aviateurs jetèrent trente-quatre bom-
bes sur lei- camps ennemis le long du
front.
LA GUERRE AU JOUR LE JOUR
1 Il' -
ALLEMAGNE Et RUSSIE
: *P
En attendant les prochaines actions. —
Le front occidental a repris un calmé re-
latif, exception faite en faveur de l'Italie,
qui continue victorieusement ses opéra-
tions contre l'Autriche, du nordest au.
sud-est de Gorizia.
Il nous est donc permis de considérer,
d'un regard rapide, les faits principaux
appartenant à cas dernières semaines,
ceux que l'opinion publique ne doit pas
perdre de vue.
L'armée britannique, endurante et te-
nace, puissamment outillée, a mordu dans
les positions Hindenburg sur les deux
rives de la Scarpe ; elle n'a pas réussi,
malgré sa volonté, à étendre comme elle
l'eût désiré, les avantages acquis. L'armée
française, non moins héroïque, s'est em-
parée des positions du Chemin des Dames,
du plateau de Craonne, de la plus grande
partie du massif de Moronvilliers. Ayant
entre sas mains ces importantes fractions
de la ligne Hindenburg, elle demeure ce-
pendant, elle, aussi, en deçà de ses objec-
tifs.
Est-ce à 'dire que cette ligne Hinden-
burg soit imprenalble ? Non point, certes,
mais il faut reconnaître que nos ennemis,
mieux ou plus exactement informés que
nos ne le sommes de ce qui se passe sur
le front russe, à meins qu'ils ne soient
simplement plus audacieux, ont retiré de
leur front oriental, pour les jeter contre
les Anglais et contre l'es Français, des
masses d'infanterie considérables et une
abondante artillerie Les Autrichiens ont
: agi de même contre l'Italie.
Sans préjuger d'une manière défavora-
ble des intentions de la Russie, dont l'at-
tachement à l'Entente s'affirme par toutes
les voix autorisées,, on peut s'en tenir à
l'analyse des conditions mêmes en pré-
sence desquelles nous nous sommes trou-
vés pour conclure que tout s'est passé
d'une manière normale sur le théâtre de
la guerre et que nous n'en saurions être
(Saroris ni déconcertés.
Lorsque le maréchal Hindenburg or-
donna la retraite allemande, au mois de
février, les journaux inspirés de Berlin
parlaient, sans rien en connaître de pré-
cis d'ailleurs, d'un piège tendu par te
généralissime ; ils exaltaient la conception
géniale de sa retraite, comme on les
avait engagés à le faire, et sans bien com-
prendre quelle était la partie de l'opéra-
tion qui comportait tant de génie.
Pour nous, ignorants des événements
russes, comme nous le sommes encore, hé-
las ! en ce qui touche aux causes intimes
de certaines autres. convulsions exté-
rieures, nous cherchions le piège sur notra
sol. sous les pas ou sur les têtes de nos
armées engagées dans la poursuite ;; nous
scrutions les secrets des nouvelles posi-
til}{}lt ennemies. Or, le danger n'était pas
là, ou du moins il n'y était pas tout en-
tier.
La manière brillante dont avaient été
conduites les opérations contre la, Rou-
manie, en vertu d'une entente mystérieu-
se entre Berlin et les traîtres de Pétro-
grade, avait donné au ,g'rand état-major
ennemi une sécurité. Il savait qu'il com-
mandait officieusement l'action slave,
comme il commande officiellement aux
Austro-Hongrois, aux Bulgares et aux
Turcs. La conquête de la Roumanie avait
été la pierre de touche ; l'épreuve faite
avait donné toute satisfaction, dépassé
toutes les esperances, puisque non seule-
ment les Roumains avaient été vaincs,
mais que l'Entente aveuglée n'avait rien
perçu de la manœuvre occulte, cette rn a,
nœuvre que, le premier — et le seul alorâ
- nous avons dénoncée.
f Hindenburg avait engagé avec Pétro.
grade les négociations tendant à une paix
S'lrée. à un armistice, à un abandon
tacite des opérations, à tout ce qui, en
un mot. pouvait lui permettre de porter
j un coup décisif sur le front occidental.
Tout marcha selon ses vues.
En même temps, donc, quii battait vïï
retraite da la Scarpe à l'Aisne, il retirait
du front russe les forcefe qui devaient oc-
cuper les positions Hindenburg ou former,
l'arrière de l'armée allemande recou-
pée. les divisions de réserve destinées à
»cgu. iporter le coup de grâce..
L'effroyable machination, si minutieuse-
ment organisée pour faire échec aux pro-
jets d'offensive de l'Entente et pour trans-
former en une irréparable défaite nos
préparatifs de victoire, faillit réussir. Tout
se. préparait d'autant mieux, outre-Rhin,
qu'on y avait eu L'infernale habileté de
passionner, ropinion — la leur et la nôtre
— par le développement subit de la guerre
sous-marine, ce qui constituait la' seconde
partie, le comiplément idu programme.
Tout avait été prévu, jusques et y com-
pris la possibilité d'un retour tardif de
conscience ,chez les traîtres de Pétrograde.
Aussi, las opérations allemandes devaient-
elles produire leur plein effet dans le mo-
ment même où l'armée, russe, y fut-elle in-
citée par son commandement, trouverait
jusq'au début de juin un obstacle natu-
rel, dans l'état du sol voulu par La saison.
Tout avait été prévu ipar Hindenburg.,
sauf la révolution russe. Les Alliés, eux,
n'avaient rien deviné. Ils n'avaient pas
môme su utiliser ce baromètre merveil-
leux qu'est Constantin de Grèce,. dent les
variations ont toujours correspondu à l'état
d'âme de l'impérial beau-frère.
La révolution russe a fait édhouer le
plan Hindenburg, car un gouvernement
autocratique comme l'est, somme toute,
celui de Berlin, (peut avoir tout à redouter
d'un voisin assoiffé d'indépendance et qui
ne veut pas retomber sous le joug. Mais
le plan Hindenburg a jeté, cependant, de-
vant les armées franco-britanniques, une
muraille. que nous devions renverser et
dans laquelle nous n'avons pratiqué que
des brèches, fort importantes d'ailleurs.
L'ouvrage menace ruine ; il s'agit de le
jeter à. terre par un mouvement concerté,.
vigoureux, effectué cette fois avec un en-
semble parfait. et surtout sans trop tar-
der.
Camille DEVILAR,
— «•»
On dit.
Aujourd'hui
La fiche de Nicolas Romanoft
La Chronique Médicale du àôticur Caba-
nes publia cette curieuse Licite physiologi-
que de l'ex-tsar Nicolas 11
« L'ancien tsar est de taille moyenne,
plutôt petit et maigre ; il ne pèse que cin-
qx'.ante^cîTtfi kilos. Soe santé médiocre lui
donne l'aspect souffreteux et un peu triste ;
de fait, il sourit rarement, mais la physio,
nomie est douce cependant.
« Ses goûts : il fume la cigarette, mais
peu ; n'aime point les bijoux et ne porte
qu'une montre merveilleuse, qui a coûle
quatre mille roubles; ne se parfume pas,
mais se poudre à ht peau d'Espagne ; aliec.
tionne peu la, musique, ne Ut jamais de ro-
mans. ignorant tout de la littérature, qui,
dît-il, ne l'intéresse pas.
(( En cuisine, il aime les plats compliqués
et très assaisonnés dont son estomac souf-
fre grandement d'ailleurs, car il digère fort
mal. Un détail qui enchantera les Méridio-
naux : l'empereur adore la brandade de
morue, mais pdint à l'ail.
(c Très fervent de sports, il monte à bicy-
clette, pratique l'automobilisme et est chas-
: seur passionné. »
Autrefois
Le manque de beurre sous la Révolution
--
La Grise du beurre se taisait sentir sous
la Révolution comme aujourd'hui et, d'une
publication de l'époque, nous extrayons te
passade suivant ;
« Fructidor, an II. — Des femmes de
eampagne ont été surprises vendant leur
tOc-urrc jusqu'à 40 sots la livre :.
« Le beurre, arrivé aujourd'hui à ta
halle, n'était qu'à destination, ce qui a
causé une grande fermentation. Lîmspec-
teur, voyant les esprits s'échauffer, a fait
approcher un tonneau, de beurre salé pe-
semt 500 livres. Celte petite distribution n
ramené le calme.
« Chacun murmura de ne pouvoir sup-
provisimrmx H
Le Tapin.
L'ACTUALITE
L'armée polonaise
- , 1 , i,-,-
ú symbole vivant d'une résurrection de
la Pologne ce serait l'organisation d'une
armée polonaise et c'est avec joie que nous
constatons l'empressement de la Presse
française à accueillir cette idée. En Rus$ie,
en Angleterre, dans tous les pays « alliés »
où se trouvent des Polonais restés fidèles
à la vieille patrie par le cœur et l'espé-
rance, il faudrait provoquer la création de
ces armées et leur donner leur drapeau
national. leur organisation antonome.
Sans doute, une armée suppose un gou-
vernement. et la question d'un gouverne-
ment polonais provisoire se poserait avec
toutes ses conséquences.
En aftendant de ramener ce gouverne-
ment à Varsovie, on pourrait l'installer
hors de Pologne. Le gouvernement de la
Belgique n'est-il pas en France ?
Les Allemands ont fait une simili-Polo-
gne. Faisons une vraie Pologne. Un con-
grès des diplomates alliés pour présidpr
à cette œuvre d'accord avec lés Polonais,
ne serait-ce pas un premier acte de foi
dans l'avenir de r Europe future et de con-
fiance dans ta Société des nations ?
A. M.
Un meeting de soldats polonais servant
dans l'armée russe a eu lieu récemment fi
Moscou. Cette réunion était organisée par le
Conseil temporaire de l'Union Militaire Po-
lQp.a.j¡æ. Plus mille soldat» et • oï&oiers.
étaient présents.
La séance fut ouverte par le colonel Ko-
OOfCewrcZ. L'aspirant Bisping expliqua les
buts et les charges des organisations mili-
taires polonaises. Avant tout l'orateur pria
l'assistance de se lever en l'honneur des
camarades IfiroxtS. Puis, il s'écria : « Vive la
Pologne libre, unie et indépendante 11 et
« Vive la Russie libérée » ! Les assistants
répétèrent ce cri avec enthousiasme Voici
comment l'orateur comprend les buts de l'U.
M. P.:
1° L'organisation doit veiller à œ quie tous
les Polonais gardent leur nationalité et re-
tournent tous en Pologne sains avoir rien
perdu de leur conscience nationale.
2° L'union doit propager lia solidarité de
ses membres avec l'obligation de se rQpdre
dfes services mutuels.
3° Les membres die l'Union ont le devoir
d'informer et d'éclairer leurs compatriotes;
et de les engager à s'inscrire sur les listes
de l'organisation. L'Union ne fera point de
politique et ne publiera aucun appel II n'y
a qu'un mot d'ordre pour un' Polonais-sol-
dat : c'est la réalisation de rmdépend'aîne
polonaise.
L'Union fait la force, donc il faut organi-
S. les grandes masses de soldats polonais.
C'est à cet effet au'cm a convoqué te premier
meeting de propagande. I)a..Œ quelques
iouirs seulement auna lieu le .meeting cFor-
sanisa'tMn où les délégués de tous les de"
taehements de la garnison de Motsicmi cons-
titueront l'Union et éliront un Conseil d'ad-
ministration définitif.
Ensuite, l'aspirant Zarembski fut élu pré-
sident du meeting, le soMat Giarkowski,
vice-président, et l'aspirant MilRowski, se
crétaitre. Le président Zarembski constata
que l'appel du Conseil temporaire avait trou-
vé un grand; écho dans les milieux militaires
polona-is. La salle bondée d'assistants en
était la preuve Zarembski confirma les dé-
clairations die l'aspirant Bisping et pria en-
: suite tout le monde d'exposesr ses idées, tout
en maintenant l'ondre et en respectant 'a
liberté de la parole.Onelqu'un ayant demandé
i si ia nouvelle organisation serait une union
professionnelle ayant pour ,but Les secours
mutuels, ont bien si eîllie serait une société
d'instruction, le président répondit que c'é-
tait l'assemblée qui, préciserait le véritable
caractère de furuion militaire -oownai.se.
L'aspirant Kowalczewski déclare que les
militaires polonnais de Koliomno (gouv. de
Moscou) ont fondé .un cercle patriotique et
qu'ils ront délégué pour ce meeting, afin de
nouiei' des relations avec Ja nouvelle orga-
nisation. L'oirateur exprime l'espoir que de
i pareils oercles seront Icréés partout eu il y
a un groupe de soldats polonais, et que Mbs-
cou sera le siége eent.I
Le soildiat Karwowski, délégué de 200 sol-
dats qui travaillent dans une usine de Mos-
cou, annonce qu'eux aussi se sont organisés
afin de s'instruire mutuellement. « L'ins-
truction avant tout et pas de lmtites de partis»
: - s'écrie l'orateur Le sergent-imajor Dusz-
czyk die Kazan, où il y a. 6.000 Polonais, an-
nonce à son tour qu'il s'est fondé dans cette
ville une Uraton polonai soldats. Le commandant de la région de
! )«\!I..an a adhéré a la formation de compa-
; ¡:mics.nurement polonaises. Les Polonais
ont accueilli avec ioie cette faveur dans l'es-
poir qu'elle esA le prélude de la formation
d'une a?rmée polonaise homogène, Cette ar-
mée nous est indispensable, et c'est seâ:>
ment en nous appuyant sur une farde arm.{:tJ
nationale que nous pourrons reconquérir
l'indépendance die la Pologne.
l'aspirant Gologorski, récemment arrivé
du front, exprime le même vœu ; il nrljUl\)
ses compatriotes die donner l'exemple en
/rcs'pectaîit la diiscipline militaire. Le soldat
Wasilewski fait ¡ILl, comparaison suivante t
1a Pologne est aujourd'hui au mont-de-piété;
le gouvernement russe nous a dbnné la re-
connaissance. mais c'est à nous de racheter,
le ipays et sa liberté
L'élève de l'Ecole d'es aspirants, Orlanski,
dit que nous devons prouver par nos aetc:-;
que iioiis sommes dignes de 1 'indiépcn..diarice.
Il nous faut une .armée nationale, forte ot
disciplinée : il le faut pour le bonheur de
notre Mère-Patrie.
Sur cette qiuestion die la création d'une ar-
mée nationale polonaise de tous 'les Polonais
servant dans l'armée ruisise, une vive discus-
sion a ou, lieu. Quelques orateurs déclaré-
rent qu'il Haut attendre une décision du Gon -
seil d'Etat à Varsovie pomr éviter unie lutte
fratricide. D'autres contestent la compéten-
• ce du Conseil d'Eiat. Nos uniques ennjern^ s
: --d:jsnt-i*s. — c'est l'Allemagne et l'Autri.
che, qui sont en ce moment maîtresses d'CI
nos territoires. H fairt donc lutter contre Cf'\
ennemis pour k,,,5 cimbîer e-o, eeïz noos
f Lé cWsfoôirfs du ^d^S--S^itNiant Tr^rgar. dé
iæ die la division des tirailleurs polonais
(autrement dit les légions), venu d'Amérique
pour combattre contre les Allemands, a fait
une grande impression. L'orateur a dséclaré
que les Polonais. engagéts votontaires ne
combattent a ne pour un idéal : la conque G
; de l'indépendance de la Pologne. Beaucoup
d'autres orateurs ont exprimé des pensées
analogues. Le soldat Sikorski, invalide de la
ituerre, blessé deux fois et menacé die phti-
sie, déclara que si l'on formait une armée
j. polonaise, il s'en gagerait dans ses rangs et'
mourrait avec la douce joie de se présenter
devant Dieu en unifoirme de soldat poiKo-
i riais.
Enfin le capitaine Dunin-Wolski. officier
de carrière, protesta contre l'assertion qiie
les officiers polonais servant dans Fainnée
russe ipussent oublier leurs ariggnes. Au con-
traire, tous iront avec ioie au combat pour
reconquérir leur Patrie sur les Allemands.
Le capitaine croit que mème le conseil d'Etat
est de cet avis, et lorsqu'ume année polo-
naise1 sera formée de ce côté-ci, les Polonais
die là-bas n'attendront qu'une oaraston pour
se joindre à nous 1
Quelques orateurs demandent qu'on voî^
un ordre du jour invitant tous les Polonais
die l'armée russe à s'engager dans les lé-
^fions inolbin.aises (divisions de tirailleurs),
mais le ll.'tréi'tÎ!ênl déclare que l'U M. P.
peut seule prendre cette initiative. On vota
cependant la résolution suivante :
« Le .mff.in!! d'onganisation de rUnwrl
Militaire Polonaise sart!L1,e solennellement îa
•Grande Révolution. russe. laquelle a pro-
clamé en pleine guerre le principe die la
liberté et de la fraternité des peuples. Nous,
serrons lia main fraternelle de ce grand peu-
ple en voyant inscrit sur ses étendants no-
tre mat insurrectiionnel : u Paur votro liber-
té et pour la nôtre. ».
torique d'une telle importance l'union est
indispensable; nous demandons à tous nos
frères de s'organiser en cercles et associa-
tions, et, en particulier, nous voudrions \Ot>
tous les Polonais de la garnison di- Moscou
adhérer à notre organisation Que personne;
ne reste sourd à notre appel en se rappe-
lant que l'union fait la force : que toutes le?
organisations militaires potornaises, suivant.
des routes parallèles en travaillant -pour îe
bien de tous les citoyens de notre Patrio-
redevenue libre, et qu'il est possible dans
l'avenir le plus proche de convoquer un c,oo-"
grès général Jdie toutes- les organisqtiiiojis mi-
litaires fpolonaises en Russie ».
Vive ia Pologne libre, unie et démocrati-
que !
Vive ia Russie libre et démocratique !
Vive l'Union Militaire Polonaise de la gar,,
nison de Moscou !
On voit qu'un grand souffle de ¡p;afrioti!ru'
anime les Polonais de l'armée russe, ces
roi'oinaiis qu'on accusait d'être indifférents
ou antipatriotes. Ils veulent tous une ".1ITnCt
nationale polonaise,, une armée forte, biert
disciplinée et pleine d'ardeur, qui, encorc
une fois, awrenidra par sen exemple à !a«
jeune Russie .comment on lutte et connue-à.
on meurt pour la liberté et l'indépendance
ne sa Patrie t
G. SMOGORZE WSKI.
(Polonia.)
Le Conseil National du Parti Socialiste
———— r< -————
CTbst enfienfdiui, Irt parti socialiste tient
essentiellement à délibérer à huis-clos ; on
a fait une révolution pour donner la* parole
à, la presse ;, nos révolutionnaires contem-
porains le déplorent. ils ont tenu à en
fournir hier une preuve nouvelle par l'ex-
clusion des journalistes à qui l'accès de
la salle de Plié tel Moderne fut rigoureu-
sement. interdit.
Nous n'en concevons aucune mauvaise
lnvmeur et nous ne -proférerions aucune
critique, même légère, s'il ne s'agissait en
l'espèce que des propres affaires du parti
socialiste; Mais on débat des questions lJ.
la solution desquelles la France et tous ses
Alliés sont directement intéressés. On. nous
permettra de nous émouvoir et de deman-
der aux socialistes ce qu'il faudra désor-
mais entendre par « diplomatie secrète >■ ?
Quand MM. Vivinni et Briand. instiluè-
rent hi censure ou lui d(ml\è\p.nt, des di,.
'r()r.tiefiS, îes socialistes surent protester et
firent entendre d'excellents, arguments t
: « Comment voulez-vous, M. te Président
du Conseil, que nous vous mettions, en
i garde contre certains périls si vous faites
disparaître de nos feuilles ce que nous y
avons écrit dans votre propre intérêt ? ,1:
Quand les majoritaires du parti fermè-
rent les portes de l'Humanité an nez des
minoritaires, ceux-ci entrèrent: en fureur :
« Comment, veut-on apercevoir tes vérita-
bles aspirations du parti si Pon ferme à
demi la lumière ? x. s'exclamèrent tes vic-
times de cet ostracisme.
O illogisme ! On discute aujourd'hui sur
ce qui touche à l'intérêt le plus inamMia!
dses nations, mais majoritaires et minori-
taires s'unissent pour faire tes ténèbres.
La France et rEntnte ne valent done.
selon le très variable évangile socialiste.
ni M. Briand, ni un parti ? Ces conseils
dont on voulait doter un groupe de maj^>
ritaires ou un Président du Conseil, Ira
socialistes n'ont donc aucun, besoin de les
entendre ? Doit-il être avéré que, dès l'ins-
tant où majoritaires et minoritaires entre-
ront en concile; rien d'autre \ne pourra ja-.
mais être opérant ?
Nous admettrions cela, sans hésitation,
si la carte à payer, fort menaçante poun
l'avenir, devait échoir uniquement à ceux
qui entendent décidor à eux seuls de ce que'
l'on. ptful aller dire ou ne pas aller fairo
à Stockholm.
La grosse surprise de la journée a ccr-
tainement été l'arrivée de MM. Meutet et
Cachin, de retour de Russie. Dès leur ap-
parition en a pu comprendre que des élé-
ments d'information plus autorisés pour,
ront peser sur les délibérations du Conseil
national.
Trois motions sont présentées a la dis-
cussion et aux votes des délégués : cC'HfIt
des majoritaires, présentée par re citoyen
Renaudel, qui s'oppose au voyage à Stock-
holm et demande Pa mise erL accusation,
devant Flnternationale des socialistes du
Kaiser; oeJie des minoritaires. défendue-
par le citoyen Longuet, qui demande la
ixirticipai'iori à la conférence de Stoefchohn
pour y poser la question du retour de r.M-
sace-Lorraine à ta France, question 'l'Ji
doit être Irlée, selon eux, par un réfé-
rendum ; enfin, la motion des kienthaliens,
toujours la même et, qn.i ne recueillera.,
qu'une infime minorité.
La fédération de la Haute-Garonne pré-
sente d'autre ,part wne motiondemandant une réunion des socialisiez
alliés pour délibérer sur l'attitude com-
mune à adopter.
La séance du raatla ia été consacrée
Fondateurr : AUGUSTE VACQUBRIB
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_AhetIre& dB soir à 3 heures da matin : 123, rua Montmartre
'~Ha t t t BNt t f mftt~ iNEs L ~Bm~~M~N~B~WNftt ~tOt
CINQ CENTIMES
unmt » MAI 1917. - HÓ it M
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ANNONCES
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Adresser toutes communications au Directeur
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin : Gatenberg 43-93
LES ETATS-UNIS ET LA QUERRE
Frères dans la même cause
——-*• :
;<( Nous sommes frères
clans la même cause» : der-
nier mot de M. Wilson à
M. Viviani, quand notre
ministre de la Justice est
allé prendre congé du Président de
la grande République. Depuis la,
décision suprême, nous avions senti
4a ferveur agissante de la résolu-
tion américaine et fait confiance à
oette fraternité qui, sans se réser-
ver pour l'unique concours finan-
cier et économique, entend "se ma-
nifester par l'œuvre des armes-
Certes, les Etats-Unis n'ont pas
encore une armée, une grande ar-
mée. Les Anglais, eux non plus,
n'avaient pas une bien grande ar-
mée au début de la guerre. Mais
les Allemands savent aujourd'hui
que les régiments de French ont
fait des petits. Les divisions du gé-
néral américain Persking en feront
à leur tour. Ainsi, c'est le ctestm de
l'Allemagne de voir les adversaires
du pangermanisme, coalises contre
la Barbarie scientifique, prendre
successivement les armes avec des
forces neuves pour défendre les
avenues de la cité future.
Les Américains savent que l'on
ne vaincra pas les Allemands par
des discours, soit à la tribune des
parlements, soit à la tribune des
réunions publiques. Et les Améri-
cains, avec la même obstination que
îes Anglais et que nous-mêmes veu-
lent vaincre les Allemands pour
que demain la vie humaine repren-
ne sa dignité et que l'homme ne soit
pas. obligé d'opter entre la servitu-
de et le péril de guerre permanent.
Aussi se préparent-ils à mettre
sur pied de grandes armées parce
que » l'Allemagne ne peut être ré-
duite par la famine », au dire de
l'ambassadeur Gérard, et parce
qtt'" c il y a peu de chances pour une
révolution en Allemagne », comme
Foorve, de son côté, M. Taylor,
ancien attaché à Berlin.
L'Amérique sait, en effet, qu'elle
ne peut tout attendre de ses alliés.
La France, en particulier, a con-
senti des sacrifices incomparables
depuis le début de la guerre. Les
Américains sont trop fiers et trop
équitables pour laisser à d'autres
peuples la charge d'assurer seuls la
sécurité du monde. Et ils n'ignorent
s que, sur notre territoire, ce
s'est pas seulement le front franco-
anglais qui se hérisse de défenses,
que c'est également le front de la
Civilisation contre la Barbarie
scientifique au militarisme alle-
mand.
Les Americains, comme nos amis
anglais, savent qu'une nation com-
f«e te nation française, qui a su ac-
complir l'exploit unique de la Mar-
ne, demeure une réserve- incompa-
rable pour le monde et que sa vail-
lance native reste un élément de sé-
curité- pour l'avenir. Si les germes
précieux d'une si belle race ve-
naient à disparaître. ce n'est pas
simplement un élément de richesse :
intellectuelle et morale, ce n'est pas
simplement une iparure d'art et de
beauté, c'est une faculté de puis-
calice icCe l'espèce humaine qui
s:.eplllseraat. Jamais le prestige de
sotre pays n'avait été si grand en
Amérique.
L'Amérique ne croit pas non plus
ieÊWil soit de Fintérêt du monde que
ia France, après la guerre, languis-
se exténuée, au lendemain d'un
effort épuisant. L'Occident .serait
menacé de iperdre l'un des meilleurs
soutiens du grand édifice politique.
L équilibre général en serait mena-
ce. Et, dans la grande trame des
intérêts matériels solidaires, de
précieux fils rompus feraient irré-
médiablement défaut.
Hier, Marius Leblond, écrivait à
Paris-Midi, un article qu'il fau-
drait méditer d'un bout à l'autre,
sur cette nouvelle question interal-
liée : èc Ce que vaut le sang fran-
çais. » Notre confrère et notre ami,
si compréhensif et si amoureux de
France et d'Humanité liées et al-
liées, écrivait pour notre enseigne-
ment :
« L'Amérique nous, assure un
concours financier dont M. Ribot a
tenu à dire à plusieurs reprises,
avec une loyauté et une éloquence
accentuées, l'importance p
rante. Eh bien ! pour ces avances,
les financiers et les hommes d'Eta.t
américains considèrent que leur
plus sérieux gage c'est la popula-
tion française. Ils nous signifient ex-
plicitement ce que représentent pour
eux les mesures que notre gouverne-
ment saura prendre à la fin de pré-
server nos hommes par une politi-
que médicale, énergiquement com-
patible avec une vigoureuse direc-
tion de la guerre et à la fin de re-
médier à la décroissance de notre
natalité. II importe de dire ces cho-
ses dans la grande presse, car l'heu-
reuse issue de la guerre peut être
hâtée si dans notre public se répand
une sympathie de plus en plus en-
thousiaste pour les Etats-Unis et
si l'on réagit de la sorte contre les
campagnes des meneurs boches tâ-
chant d'insinuer partout cette faus-
se opinion que l'intervention de
l'Amérique prolongera les hostili-
tés. Il importe aussi de les dire
pour aider notre gouvernement à
prendre le plus largement ces me-
sures et à les imposer à toutes pa-
resses, incompréhensions et routi-
nes. »
Au moment ou ces lignes étaient
tracées, le général américain Per-
shing disait à l'unisson :
« C'est sur l'Amérique que répcJ-
sê le fardeau des coups à venir; les
Etats-Unis doivent se placer aux
côtés de la France. Comprenez-vous
que nous devons prendre la (place
de chaque homme tué chez les Al-
liés? »
De nouvelles perspectives soti-
vrent donc pour tous les esprits ré-
fléchis. Cette politique de réparti-
tion proportionnelle 'des effectifs
interalliés que nous avons si sou-
vent réclamée doit être diésormais
l'objectif essentiel de notre diplo-
matie.
Il ne s agit pas d humilier la
France en appelant de nouvelles ar-
mées étrangères sur notre territoi-
re. L'orgueil n'est pas le patriotis-
me. Nous n'avons pas à méconnaî-
tre l'étendue de nos devoirs. Mais
nous ne sommes pas seuls intéressés
dans le débat militaire d'à présent.
La paix n'est pas en vue, comme di-
sait récemment M. Painlevé. Puis-
que la guerre doit durer et, peut-
être, longtemps encore, il faut pré-
voir l'allègement de nos charges sur
le front et les moyens de la résur-
rection agricole et industrielle à
l'arrière. Tels sont les buts immé-
diats de guerre. Les conditions de
la paix viendront ensuite.
ALBERT MILHAUD.
Les restrictions imprévues
ou la suppression ? peines agricoles
Pauvre M. Femebnid David, il réclamait la
Libération de ;:(I(),{)()(j' agricultfeufrs, il devient
ministre et voici qu'on supprime les permis-
sions agrlilcotes !
Car on les supprime en fait Un sofeM de
la .classe 1890, qui s'enmiiyait dans m dépôt
de l'Ouest, était jardinier. Réclamé par le
maire de sa commune pour venir en aille
à- un agriculteur qui manquait die main-
d'œuvre, il a été prévenu, par le bureau de
s.a compagnie, « qu'il n'y avait piuis de pe-r,
missions agricoles et qu'il ne dtevaiiit plus
compter que sur dies permissions régulières
de sept jours. »
.[)'wn.s l'Est, le- Centre et le Midi, il a été
fait. ftlies réponses idientiques, ce qui semlile
prouver que les dépôt ont reçu des ordres, à
ce sujet. Ils ne les appliquent pas tous,
d'àiliéurs, de la même façon, ce qaid ne sur-
prendra personne, eurtou't les Siolats.
Ainsi, au moment où- la- reprise de la vie
agricole est de première nécessité, où le ra-
vitaillemen^du pays en- vibres est aiuiss»it es..
seniiel' que la confection des obus, on srnp-
prime- les permissions aigricîoies ! Qu'est-ce
à dire ? Pour quelle utilité :p!l'atiÆ"tUIe ? Le
travail collectif de rarmée' ctli:? les énergies
et les bonnes vo-iwilés, f.a;ul-il, eu consé-
quence, interdire le travail inidlividuel, fruc-
tueux, ce:lui-Jià ? Est-ce pour une raâvsoffi de
doctrine gtrop a supprimé les perniiasions.
agricolles ? Ce serait le seul motif avoun-
ble que pourraient avoir nos administra-
teurs dfe iap chose j)irbli
Ils agissent avec une biziairre Kicofmpré-
hension. Ah ! Iceu-:,,l'à le possèdent le sens
de L'oppr'rt.u)FUte !
M. l'e.rn»and David ne doit pas cMunaltre
cette mesure inrnnpréhen-sfibafe..
Les permissions agpieoles. sont indispen-
sables pour cultiver la terre de France el
encourager nos wldats-paysanis, aiou/s se-
litens feiewreux dte- «Avoir p«ttirqwm elles fti-
rent s.u|PT>rimées. Il ne petut être dndiCférent
au ministre iVe ragrieuiture d'être renseigné
iL ce sujet
Car enfin, des restiric-l ioins aie sont, fpas des
raisons et restreindre les permissions agri-
coles, n'est-ce plus diminuer la production et
créer La via chère ?
GEORGES PARVTLIiBv
Echec de toutes les attaques ennemies
, i|»m» •
/Ictif borTîbaFçJerr)er)t par avions
::.-, :. "=t.) .c
■<■■■' , 1 > 1111
1Q2 9* Joui* dm ia enap"
1 FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
14 HEURES.
Une tentative des Allemands sur nos tran-
chées au nord du Moulin de Laffaux a
échoué sous nos feux. Dans ce secteur, ainsi
que sur le plateau de Californie et dans la
région des Crêtes, au sud de Norroy et de
Monronvilliers, la lutte d'artillerie a été vio-
lente au cours de la nuit.
LA GUERRE AERIENNE
Dans la journée du 26 mai, nos pilotes ont
abattu quatre aviops allemands.
Nos groupes de bombardement, dans la
nuit du 26 au 27, ont lancé 3.300 kilos de
projectiles sur des établissements militaires
et des usines de l'ennemi. Plusieurs incen-
dies, dont un très violent, se sont déclarés
dans les bâtiments bombardés.
Les terrains d'aviation de Colmar et
de Sissonne et les organisations allemandes
de la région de Laon ont reçu également de
nombreux projectiles,
23 HEURES.
En Champagne, après un violent bombar-
dement,. l'ennemi a lancé ce matin deyx
aftaques, l'une sur le Téton, rautre â'Pési*
du Téton. Il a réussi tout d'abord à péné-
trer dans nos lignes. Nos contre-attaques
nous ont rendu la totalité du terrain perdu.
Dans l'après-midi, une troisième attaque
précédée par une forte préparation d'artille-
rie a été déclenchée sur le Casque. L'enne-
mi a été immédiatement rejeté
Grande activité d'artillerie en Champa-
gne.
Journée calme sur le reste du front.
Communiqué Anglais
11 HEURES 49.
Nous avons exécuté avec succès, la nuit
dernière, uA coup de main au nord-ouest de
Saint-Quentin. L'ennemi a eu un certain
nombre de tués et a laissé 18 prisonniers
entre nos mains. Il n'y a eu de notre côté
que deux blessés.
Une attaque locale effectuée à l'est de Loos
a ét& repoussée.
L'artillerie allemande a continué à mon-
trer une grande activité au cours de la nuit
contre nos positions au sud de la Scarpe
Communiqué Belge
Légère activité d'artillerie dans les ré-
gions de Ramscappelle et de Dixmude. Ac-
tivité d'artillerie plus grande et lutte de
bombes vers Hetsas.
-■■■ col
Communiqué
de l'armée d'Orient
26 mai. — L'aviation britannique a bom-
bardé avec succès le centre de Livanovo
111Urtt ae~M~r ,--o. --
Rien d'important à signaler sur l'ensem-
ble du front.
Communiqué Serbe
Hier, lutte d'artillerie habituelle.
Dans des combats d'éléments avancés,
nous avons lait quelques prisonniers.
Nos aviateurs jetèrent trente-quatre bom-
bes sur lei- camps ennemis le long du
front.
LA GUERRE AU JOUR LE JOUR
1 Il' -
ALLEMAGNE Et RUSSIE
: *P
En attendant les prochaines actions. —
Le front occidental a repris un calmé re-
latif, exception faite en faveur de l'Italie,
qui continue victorieusement ses opéra-
tions contre l'Autriche, du nordest au.
sud-est de Gorizia.
Il nous est donc permis de considérer,
d'un regard rapide, les faits principaux
appartenant à cas dernières semaines,
ceux que l'opinion publique ne doit pas
perdre de vue.
L'armée britannique, endurante et te-
nace, puissamment outillée, a mordu dans
les positions Hindenburg sur les deux
rives de la Scarpe ; elle n'a pas réussi,
malgré sa volonté, à étendre comme elle
l'eût désiré, les avantages acquis. L'armée
française, non moins héroïque, s'est em-
parée des positions du Chemin des Dames,
du plateau de Craonne, de la plus grande
partie du massif de Moronvilliers. Ayant
entre sas mains ces importantes fractions
de la ligne Hindenburg, elle demeure ce-
pendant, elle, aussi, en deçà de ses objec-
tifs.
Est-ce à 'dire que cette ligne Hinden-
burg soit imprenalble ? Non point, certes,
mais il faut reconnaître que nos ennemis,
mieux ou plus exactement informés que
nos ne le sommes de ce qui se passe sur
le front russe, à meins qu'ils ne soient
simplement plus audacieux, ont retiré de
leur front oriental, pour les jeter contre
les Anglais et contre l'es Français, des
masses d'infanterie considérables et une
abondante artillerie Les Autrichiens ont
: agi de même contre l'Italie.
Sans préjuger d'une manière défavora-
ble des intentions de la Russie, dont l'at-
tachement à l'Entente s'affirme par toutes
les voix autorisées,, on peut s'en tenir à
l'analyse des conditions mêmes en pré-
sence desquelles nous nous sommes trou-
vés pour conclure que tout s'est passé
d'une manière normale sur le théâtre de
la guerre et que nous n'en saurions être
(Saroris ni déconcertés.
Lorsque le maréchal Hindenburg or-
donna la retraite allemande, au mois de
février, les journaux inspirés de Berlin
parlaient, sans rien en connaître de pré-
cis d'ailleurs, d'un piège tendu par te
généralissime ; ils exaltaient la conception
géniale de sa retraite, comme on les
avait engagés à le faire, et sans bien com-
prendre quelle était la partie de l'opéra-
tion qui comportait tant de génie.
Pour nous, ignorants des événements
russes, comme nous le sommes encore, hé-
las ! en ce qui touche aux causes intimes
de certaines autres. convulsions exté-
rieures, nous cherchions le piège sur notra
sol. sous les pas ou sur les têtes de nos
armées engagées dans la poursuite ;; nous
scrutions les secrets des nouvelles posi-
til}{}lt ennemies. Or, le danger n'était pas
là, ou du moins il n'y était pas tout en-
tier.
La manière brillante dont avaient été
conduites les opérations contre la, Rou-
manie, en vertu d'une entente mystérieu-
se entre Berlin et les traîtres de Pétro-
grade, avait donné au ,g'rand état-major
ennemi une sécurité. Il savait qu'il com-
mandait officieusement l'action slave,
comme il commande officiellement aux
Austro-Hongrois, aux Bulgares et aux
Turcs. La conquête de la Roumanie avait
été la pierre de touche ; l'épreuve faite
avait donné toute satisfaction, dépassé
toutes les esperances, puisque non seule-
ment les Roumains avaient été vaincs,
mais que l'Entente aveuglée n'avait rien
perçu de la manœuvre occulte, cette rn a,
nœuvre que, le premier — et le seul alorâ
- nous avons dénoncée.
f Hindenburg avait engagé avec Pétro.
grade les négociations tendant à une paix
S'lrée. à un armistice, à un abandon
tacite des opérations, à tout ce qui, en
un mot. pouvait lui permettre de porter
j un coup décisif sur le front occidental.
Tout marcha selon ses vues.
En même temps, donc, quii battait vïï
retraite da la Scarpe à l'Aisne, il retirait
du front russe les forcefe qui devaient oc-
cuper les positions Hindenburg ou former,
l'arrière de l'armée allemande recou-
pée. les divisions de réserve destinées à
»cgu. iporter le coup de grâce..
L'effroyable machination, si minutieuse-
ment organisée pour faire échec aux pro-
jets d'offensive de l'Entente et pour trans-
former en une irréparable défaite nos
préparatifs de victoire, faillit réussir. Tout
se. préparait d'autant mieux, outre-Rhin,
qu'on y avait eu L'infernale habileté de
passionner, ropinion — la leur et la nôtre
— par le développement subit de la guerre
sous-marine, ce qui constituait la' seconde
partie, le comiplément idu programme.
Tout avait été prévu, jusques et y com-
pris la possibilité d'un retour tardif de
conscience ,chez les traîtres de Pétrograde.
Aussi, las opérations allemandes devaient-
elles produire leur plein effet dans le mo-
ment même où l'armée, russe, y fut-elle in-
citée par son commandement, trouverait
jusq'au début de juin un obstacle natu-
rel, dans l'état du sol voulu par La saison.
Tout avait été prévu ipar Hindenburg.,
sauf la révolution russe. Les Alliés, eux,
n'avaient rien deviné. Ils n'avaient pas
môme su utiliser ce baromètre merveil-
leux qu'est Constantin de Grèce,. dent les
variations ont toujours correspondu à l'état
d'âme de l'impérial beau-frère.
La révolution russe a fait édhouer le
plan Hindenburg, car un gouvernement
autocratique comme l'est, somme toute,
celui de Berlin, (peut avoir tout à redouter
d'un voisin assoiffé d'indépendance et qui
ne veut pas retomber sous le joug. Mais
le plan Hindenburg a jeté, cependant, de-
vant les armées franco-britanniques, une
muraille. que nous devions renverser et
dans laquelle nous n'avons pratiqué que
des brèches, fort importantes d'ailleurs.
L'ouvrage menace ruine ; il s'agit de le
jeter à. terre par un mouvement concerté,.
vigoureux, effectué cette fois avec un en-
semble parfait. et surtout sans trop tar-
der.
Camille DEVILAR,
— «•»
On dit.
Aujourd'hui
La fiche de Nicolas Romanoft
La Chronique Médicale du àôticur Caba-
nes publia cette curieuse Licite physiologi-
que de l'ex-tsar Nicolas 11
« L'ancien tsar est de taille moyenne,
plutôt petit et maigre ; il ne pèse que cin-
qx'.ante^cîTtfi kilos. Soe santé médiocre lui
donne l'aspect souffreteux et un peu triste ;
de fait, il sourit rarement, mais la physio,
nomie est douce cependant.
« Ses goûts : il fume la cigarette, mais
peu ; n'aime point les bijoux et ne porte
qu'une montre merveilleuse, qui a coûle
quatre mille roubles; ne se parfume pas,
mais se poudre à ht peau d'Espagne ; aliec.
tionne peu la, musique, ne Ut jamais de ro-
mans. ignorant tout de la littérature, qui,
dît-il, ne l'intéresse pas.
(( En cuisine, il aime les plats compliqués
et très assaisonnés dont son estomac souf-
fre grandement d'ailleurs, car il digère fort
mal. Un détail qui enchantera les Méridio-
naux : l'empereur adore la brandade de
morue, mais pdint à l'ail.
(c Très fervent de sports, il monte à bicy-
clette, pratique l'automobilisme et est chas-
: seur passionné. »
Autrefois
Le manque de beurre sous la Révolution
--
La Grise du beurre se taisait sentir sous
la Révolution comme aujourd'hui et, d'une
publication de l'époque, nous extrayons te
passade suivant ;
« Fructidor, an II. — Des femmes de
eampagne ont été surprises vendant leur
tOc-urrc jusqu'à 40 sots la livre :.
« Le beurre, arrivé aujourd'hui à ta
halle, n'était qu'à destination, ce qui a
causé une grande fermentation. Lîmspec-
teur, voyant les esprits s'échauffer, a fait
approcher un tonneau, de beurre salé pe-
semt 500 livres. Celte petite distribution n
ramené le calme.
« Chacun murmura de ne pouvoir sup-
provisimrmx H
Le Tapin.
L'ACTUALITE
L'armée polonaise
- , 1 , i,-,-
ú symbole vivant d'une résurrection de
la Pologne ce serait l'organisation d'une
armée polonaise et c'est avec joie que nous
constatons l'empressement de la Presse
française à accueillir cette idée. En Rus$ie,
en Angleterre, dans tous les pays « alliés »
où se trouvent des Polonais restés fidèles
à la vieille patrie par le cœur et l'espé-
rance, il faudrait provoquer la création de
ces armées et leur donner leur drapeau
national. leur organisation antonome.
Sans doute, une armée suppose un gou-
vernement. et la question d'un gouverne-
ment polonais provisoire se poserait avec
toutes ses conséquences.
En aftendant de ramener ce gouverne-
ment à Varsovie, on pourrait l'installer
hors de Pologne. Le gouvernement de la
Belgique n'est-il pas en France ?
Les Allemands ont fait une simili-Polo-
gne. Faisons une vraie Pologne. Un con-
grès des diplomates alliés pour présidpr
à cette œuvre d'accord avec lés Polonais,
ne serait-ce pas un premier acte de foi
dans l'avenir de r Europe future et de con-
fiance dans ta Société des nations ?
A. M.
Un meeting de soldats polonais servant
dans l'armée russe a eu lieu récemment fi
Moscou. Cette réunion était organisée par le
Conseil temporaire de l'Union Militaire Po-
lQp.a.j¡æ. Plus mille soldat» et • oï&oiers.
étaient présents.
La séance fut ouverte par le colonel Ko-
OOfCewrcZ. L'aspirant Bisping expliqua les
buts et les charges des organisations mili-
taires polonaises. Avant tout l'orateur pria
l'assistance de se lever en l'honneur des
camarades IfiroxtS. Puis, il s'écria : « Vive la
Pologne libre, unie et indépendante 11 et
« Vive la Russie libérée » ! Les assistants
répétèrent ce cri avec enthousiasme Voici
comment l'orateur comprend les buts de l'U.
M. P.:
1° L'organisation doit veiller à œ quie tous
les Polonais gardent leur nationalité et re-
tournent tous en Pologne sains avoir rien
perdu de leur conscience nationale.
2° L'union doit propager lia solidarité de
ses membres avec l'obligation de se rQpdre
dfes services mutuels.
3° Les membres die l'Union ont le devoir
d'informer et d'éclairer leurs compatriotes;
et de les engager à s'inscrire sur les listes
de l'organisation. L'Union ne fera point de
politique et ne publiera aucun appel II n'y
a qu'un mot d'ordre pour un' Polonais-sol-
dat : c'est la réalisation de rmdépend'aîne
polonaise.
L'Union fait la force, donc il faut organi-
S. les grandes masses de soldats polonais.
C'est à cet effet au'cm a convoqué te premier
meeting de propagande. I)a..Œ quelques
iouirs seulement auna lieu le .meeting cFor-
sanisa'tMn où les délégués de tous les de"
taehements de la garnison de Motsicmi cons-
titueront l'Union et éliront un Conseil d'ad-
ministration définitif.
Ensuite, l'aspirant Zarembski fut élu pré-
sident du meeting, le soMat Giarkowski,
vice-président, et l'aspirant MilRowski, se
crétaitre. Le président Zarembski constata
que l'appel du Conseil temporaire avait trou-
vé un grand; écho dans les milieux militaires
polona-is. La salle bondée d'assistants en
était la preuve Zarembski confirma les dé-
clairations die l'aspirant Bisping et pria en-
: suite tout le monde d'exposesr ses idées, tout
en maintenant l'ondre et en respectant 'a
liberté de la parole.Onelqu'un ayant demandé
i si ia nouvelle organisation serait une union
professionnelle ayant pour ,but Les secours
mutuels, ont bien si eîllie serait une société
d'instruction, le président répondit que c'é-
tait l'assemblée qui, préciserait le véritable
caractère de furuion militaire -oownai.se.
L'aspirant Kowalczewski déclare que les
militaires polonnais de Koliomno (gouv. de
Moscou) ont fondé .un cercle patriotique et
qu'ils ront délégué pour ce meeting, afin de
nouiei' des relations avec Ja nouvelle orga-
nisation. L'oirateur exprime l'espoir que de
i pareils oercles seront Icréés partout eu il y
a un groupe de soldats polonais, et que Mbs-
cou sera le siége eent.I
Le soildiat Karwowski, délégué de 200 sol-
dats qui travaillent dans une usine de Mos-
cou, annonce qu'eux aussi se sont organisés
afin de s'instruire mutuellement. « L'ins-
truction avant tout et pas de lmtites de partis»
: - s'écrie l'orateur Le sergent-imajor Dusz-
czyk die Kazan, où il y a. 6.000 Polonais, an-
nonce à son tour qu'il s'est fondé dans cette
ville une Uraton polonai
! )«\!I..an a adhéré a la formation de compa-
; ¡:mics.nurement polonaises. Les Polonais
ont accueilli avec ioie cette faveur dans l'es-
poir qu'elle esA le prélude de la formation
d'une a?rmée polonaise homogène, Cette ar-
mée nous est indispensable, et c'est seâ:>
ment en nous appuyant sur une farde arm.{:tJ
nationale que nous pourrons reconquérir
l'indépendance die la Pologne.
l'aspirant Gologorski, récemment arrivé
du front, exprime le même vœu ; il nrljUl\)
ses compatriotes die donner l'exemple en
/rcs'pectaîit la diiscipline militaire. Le soldat
Wasilewski fait ¡ILl, comparaison suivante t
1a Pologne est aujourd'hui au mont-de-piété;
le gouvernement russe nous a dbnné la re-
connaissance. mais c'est à nous de racheter,
le ipays et sa liberté
L'élève de l'Ecole d'es aspirants, Orlanski,
dit que nous devons prouver par nos aetc:-;
que iioiis sommes dignes de 1 'indiépcn..diarice.
Il nous faut une .armée nationale, forte ot
disciplinée : il le faut pour le bonheur de
notre Mère-Patrie.
Sur cette qiuestion die la création d'une ar-
mée nationale polonaise de tous 'les Polonais
servant dans l'armée ruisise, une vive discus-
sion a ou, lieu. Quelques orateurs déclaré-
rent qu'il Haut attendre une décision du Gon -
seil d'Etat à Varsovie pomr éviter unie lutte
fratricide. D'autres contestent la compéten-
• ce du Conseil d'Eiat. Nos uniques ennjern^ s
: --d:jsnt-i*s. — c'est l'Allemagne et l'Autri.
che, qui sont en ce moment maîtresses d'CI
nos territoires. H fairt donc lutter contre Cf'\
ennemis pour k,,,5 cimbîer e-o, eeïz noos
f Lé cWsfoôirfs du ^d^S--S^itNiant Tr^rgar. dé
iæ die la division des tirailleurs polonais
(autrement dit les légions), venu d'Amérique
pour combattre contre les Allemands, a fait
une grande impression. L'orateur a dséclaré
que les Polonais. engagéts votontaires ne
combattent a ne pour un idéal : la conque G
; de l'indépendance de la Pologne. Beaucoup
d'autres orateurs ont exprimé des pensées
analogues. Le soldat Sikorski, invalide de la
ituerre, blessé deux fois et menacé die phti-
sie, déclara que si l'on formait une armée
j. polonaise, il s'en gagerait dans ses rangs et'
mourrait avec la douce joie de se présenter
devant Dieu en unifoirme de soldat poiKo-
i riais.
Enfin le capitaine Dunin-Wolski. officier
de carrière, protesta contre l'assertion qiie
les officiers polonais servant dans Fainnée
russe ipussent oublier leurs ariggnes. Au con-
traire, tous iront avec ioie au combat pour
reconquérir leur Patrie sur les Allemands.
Le capitaine croit que mème le conseil d'Etat
est de cet avis, et lorsqu'ume année polo-
naise1 sera formée de ce côté-ci, les Polonais
die là-bas n'attendront qu'une oaraston pour
se joindre à nous 1
Quelques orateurs demandent qu'on voî^
un ordre du jour invitant tous les Polonais
die l'armée russe à s'engager dans les lé-
^fions inolbin.aises (divisions de tirailleurs),
mais le ll.'tréi'tÎ!ênl déclare que l'U M. P.
peut seule prendre cette initiative. On vota
cependant la résolution suivante :
« Le .mff.in!! d'onganisation de rUnwrl
Militaire Polonaise sart!L1,e solennellement îa
•Grande Révolution. russe. laquelle a pro-
clamé en pleine guerre le principe die la
liberté et de la fraternité des peuples. Nous,
serrons lia main fraternelle de ce grand peu-
ple en voyant inscrit sur ses étendants no-
tre mat insurrectiionnel : u Paur votro liber-
té et pour la nôtre. ».
indispensable; nous demandons à tous nos
frères de s'organiser en cercles et associa-
tions, et, en particulier, nous voudrions \Ot>
tous les Polonais de la garnison di- Moscou
adhérer à notre organisation Que personne;
ne reste sourd à notre appel en se rappe-
lant que l'union fait la force : que toutes le?
organisations militaires potornaises, suivant.
des routes parallèles en travaillant -pour îe
bien de tous les citoyens de notre Patrio-
redevenue libre, et qu'il est possible dans
l'avenir le plus proche de convoquer un c,oo-"
grès général Jdie toutes- les organisqtiiiojis mi-
litaires fpolonaises en Russie ».
Vive ia Pologne libre, unie et démocrati-
que !
Vive ia Russie libre et démocratique !
Vive l'Union Militaire Polonaise de la gar,,
nison de Moscou !
On voit qu'un grand souffle de ¡p;afrioti!ru'
anime les Polonais de l'armée russe, ces
roi'oinaiis qu'on accusait d'être indifférents
ou antipatriotes. Ils veulent tous une ".1ITnCt
nationale polonaise,, une armée forte, biert
disciplinée et pleine d'ardeur, qui, encorc
une fois, awrenidra par sen exemple à !a«
jeune Russie .comment on lutte et connue-à.
on meurt pour la liberté et l'indépendance
ne sa Patrie t
G. SMOGORZE WSKI.
(Polonia.)
Le Conseil National du Parti Socialiste
———— r< -————
CTbst enfienfdiui, Irt parti socialiste tient
essentiellement à délibérer à huis-clos ; on
a fait une révolution pour donner la* parole
à, la presse ;, nos révolutionnaires contem-
porains le déplorent. ils ont tenu à en
fournir hier une preuve nouvelle par l'ex-
clusion des journalistes à qui l'accès de
la salle de Plié tel Moderne fut rigoureu-
sement. interdit.
Nous n'en concevons aucune mauvaise
lnvmeur et nous ne -proférerions aucune
critique, même légère, s'il ne s'agissait en
l'espèce que des propres affaires du parti
socialiste; Mais on débat des questions lJ.
la solution desquelles la France et tous ses
Alliés sont directement intéressés. On. nous
permettra de nous émouvoir et de deman-
der aux socialistes ce qu'il faudra désor-
mais entendre par « diplomatie secrète >■ ?
Quand MM. Vivinni et Briand. instiluè-
rent hi censure ou lui d(ml\è\p.nt, des di,.
'r()r.tiefiS, îes socialistes surent protester et
firent entendre d'excellents, arguments t
: « Comment voulez-vous, M. te Président
du Conseil, que nous vous mettions, en
i garde contre certains périls si vous faites
disparaître de nos feuilles ce que nous y
avons écrit dans votre propre intérêt ? ,1:
Quand les majoritaires du parti fermè-
rent les portes de l'Humanité an nez des
minoritaires, ceux-ci entrèrent: en fureur :
« Comment, veut-on apercevoir tes vérita-
bles aspirations du parti si Pon ferme à
demi la lumière ? x. s'exclamèrent tes vic-
times de cet ostracisme.
O illogisme ! On discute aujourd'hui sur
ce qui touche à l'intérêt le plus inamMia!
dses nations, mais majoritaires et minori-
taires s'unissent pour faire tes ténèbres.
La France et rEntnte ne valent done.
selon le très variable évangile socialiste.
ni M. Briand, ni un parti ? Ces conseils
dont on voulait doter un groupe de maj^>
ritaires ou un Président du Conseil, Ira
socialistes n'ont donc aucun, besoin de les
entendre ? Doit-il être avéré que, dès l'ins-
tant où majoritaires et minoritaires entre-
ront en concile; rien d'autre \ne pourra ja-.
mais être opérant ?
Nous admettrions cela, sans hésitation,
si la carte à payer, fort menaçante poun
l'avenir, devait échoir uniquement à ceux
qui entendent décidor à eux seuls de ce que'
l'on. ptful aller dire ou ne pas aller fairo
à Stockholm.
La grosse surprise de la journée a ccr-
tainement été l'arrivée de MM. Meutet et
Cachin, de retour de Russie. Dès leur ap-
parition en a pu comprendre que des élé-
ments d'information plus autorisés pour,
ront peser sur les délibérations du Conseil
national.
Trois motions sont présentées a la dis-
cussion et aux votes des délégués : cC'HfIt
des majoritaires, présentée par re citoyen
Renaudel, qui s'oppose au voyage à Stock-
holm et demande Pa mise erL accusation,
devant Flnternationale des socialistes du
Kaiser; oeJie des minoritaires. défendue-
par le citoyen Longuet, qui demande la
ixirticipai'iori à la conférence de Stoefchohn
pour y poser la question du retour de r.M-
sace-Lorraine à ta France, question 'l'Ji
doit être Irlée, selon eux, par un réfé-
rendum ; enfin, la motion des kienthaliens,
toujours la même et, qn.i ne recueillera.,
qu'une infime minorité.
La fédération de la Haute-Garonne pré-
sente d'autre ,part wne motion
alliés pour délibérer sur l'attitude com-
mune à adopter.
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