Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-05-25
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mai 1917 25 mai 1917
Description : 1917/05/25 (N16990). 1917/05/25 (N16990).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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TRIBUNE '-tBAE.
A NOS PARLEMENTAIRES
MM. Guiraut et L. Du-1
mont interpellent le Gou-
vernement sur le fonction-
nement du Service de San-
té lors de la dernière of-
fensive. Le Sénat, d autre part, a
voté un blâme à l'adresse de l'auto-
rité TBspofisGrblo de la marche de ce
service, et ce blâme servira de thè-
ne à une autre interpellation.
fout ceci nous promet des séan-
ces intéressantes et instructives.
Il manque, en effet, des con-
clusions au réquisitoire pronon-
cé il y a deux ans contre la/
r Direction par MM. Favre, Na-
varre et Peyroux; il manque une
suite au pamphlet publié par M. le
professeur Delbet contre ses con-
frères de l'armée (1). Les médecins
militaires ont attendu avec patien-
ce l'heure des explications décisi-
ves. Elle paraît être enfin venue.
Le débat est d'importance. Il
pose une question qu'il est désor-
mais impossible d'éluder. Il s'agit,
m effet, de savoir quelle est la si-
vation exacte du Service de Sainte
ians l'armée et si elle est bien ce
tU elle devrait être. Voici que,
après trois années de guerre, ce ser-
vice montre les mêmes fléhisse-
ments qu'au début de la campagne.
"Otes témoins oculaires signalent des
faits d'imprévision et de désordre
els qu'on en avait constaté
aux mauvais jours de Charle-
oi, Mais cette fois, le Servi-
ce de Santé militaire n'a plus
excuse de l'improvisation ou
le la défaite. Un homme politique
a été mis à sa tête ; il a eu le temps
d'organiser, de mettre chacun à sa
/tta,ce, d'accumuler les ressources.
Le contrôle parlementaire a pu
:)' exercer à loisir, dans toute sa plé-
nitude ; les membres de la commis-
sion d'hygiène de la Chambre ont
visité le front ; le Parlement sani-
taire que préside M. Barthou a
siégé en permanence, avec un rôle
louable. Comment se fait-il que par-
ni ces conseillers, auxquels le
Sous-Secrétaire d'Etat a fait
UDle si large part de collabo-
ration, aucun n'ait deviné le
précipice cache sous les fleurs ;
est-il possible que pas un de
ses hommes, si ardents à la cri-
tique et payés par la France pour
être clairvoyants, n'ait pu deviner
la cause permanente des épreuves
qui viennent affliger, dans son la-
beur opiniâtre, le Corps de'Santé
; militaire.
Ces épreuves n'ont pas sur-
pris ceux qui connaissent, pour
rvoir été mêlés à l'évolution
le la médecine militaire, le se-
ret de sa prodigieuse faiblesse.
Elles procèdent du même principe
¡qui entretenait en temps de paix le
mauvais état sanitaire de l'armée ;
Allés relèvent de la même cause qui
a produit les désastres de Tu-
nisie, du Tonkin, de Madagas-
car, du Maroc et compromet en-
.:;{).l'éà l'heure actuelle la valeur of-
fensive de Dotre armée d'Orient.
Elles ne sont que les manifestations
d'une maladie chronique, dont le
retour est inévitable quel que soit
l'homme placé à la tête du Service
de Santé. Si le Parlement, s'élevant
au-dessus des questions de person-
nes, veut bien remonter jusqu'à
l'autorité responsable, il sera amené
t faire cette constatation formida-
ble que ce Service, dont il a fallu
la plus meurtrière de toutes les
guerres, pour démontrer l'impor-
tance, n'est pas dirigé par les mé-
decins militaires. Cette direction
appartient, en fait et en droit, aux
officiers du commandement et plus
particulièrement aux officiers des
états-majors. C'est l'état-major et
l'etat-major seul qui est le grand
maître de l'hygiène militaire ; c'est
lui seul dont dépendent les mesures
propres à assurer le salut des bles-
sés ; c'est lui seul qui dispose du
personnel et du matériel, qui fixe
le nombre et l'emplacement des am-
bulances, règle le débit des trains
sanitaires. Les médecins, oonfi-
aés dans l'exercice de leurs
(1) Alonàe lllttisifd 't 4 novembre 1916.
fonctions tecnniques, n'ont au-
cune part à l'élaboration des
mesures d'ensemble qui ont une
influence primordiale sur l'avenir
du blessé ; ils n'ont aucune part aux
délibérations et aux actes de Direc-
tion, étant considérés comme ap-
partenant à une caste inférieure,
inapte à commander et seulement
propre à servir.
Telle est la situation faite aux
médecins die l'armée, classés dans
une hiérarchie spéciale, de qualité
subalterne, par la loi du 16 mars
1882 ; elle est encore aggravée par
les règlements militaires, établis
sur le dogme intangible de l'omni-
potence et de l'omniscience des
états-majors, qui a pour corollaire
la subordination totale des servi-
ces. Je ne discute pas le fait, je le
constate. Et c'est aussi un dogme
que le Service de Santé est un ser-
vice accessoire dont les besoins doi-
vent toujours être satisfaits en der-
nier lieu.- L, t, telle est la consé-
quence des lois et règlements
qui nous régissent que les seuls
officiers qualifiés par leurs étu-
des, leur savoir et leur expé-
rience, la connaissance appro-
fondie des besoins du soldat, la
conception élevée qu'ils ont de la
vie humaine, ces officiers, dis-je,
sont exclus de toute participation
au commandement. Ils sont main-
tenus dans un état d'obédience qui
rappelle la situation du vassal vis-
à-vis de son seigneur et dont les
eflets les plus pernicieux ont été
de détruire les caActères, die briser
les énergies, d'annihiler toutes les
forces de progrès que contient le
corps de Santé militaire. Un Direc-
teur général du Service de Santé est
aux ordres d'un simple capitaine
d'état-major ; il est un « docteur »
et jamais « un chef ». Un Sous-
Secrétaire d'Etat lui-même est
désarmé devant un quartier-géné-
ral ; il est toléré comme fournisseur
de personnel et de matériel, et
rien de plus. Sa volonté, si bonne
qu'elle soit, se heurte à une puis-
sance qui refuse tout partage et
dont la loi seule peut avoir raison.
--- C'est - donc au Parlement de se
prononcer.
S'il estime que cet état de choses
doit être maintenu, il doit le dire,
au nom de la France. Mais il n'est
plus possible de laisser subsister
l'équivoque ; les médecins de l'ar-
mée ne peuvent assumer plus long-
temps les responsabilités qu'on fait
peser sur eux. Ils ne veulent plus
être livrés sans défense aux criti-
ques de M. Berthoulat, champion
des Etats-Majors. Les débats qui
vont s'ouvrir vont enfin permettre
au Parlement de dire quelle doit
être la place du Service de Santé.
Il nous dira s'il veut maintenir aux
états-majors cette suprématie sans
bornes qui est une survivance de
l'esprit féodal ; il dira s'il veut per-
pétuer la conception aussi funeste
en temps de paix qu'en temps de
guerre qui consiste à donner tout
pouvoir à l'incompétence et à re-
fuser la moindre parcelle d'auto-
rité aux hommes compétents. La
question qui se pose devant lui
n'est pas de celles qu'on peut ré-
soudre en changeant les personnes
et en frappant les meilleurs méde-
cins militaires de disgrâces immé-
ritées. M. Justin Godart, éclairé
par deux années d'expérience et de
luttes, et M. Painlevé, ont répondu
par avance aux intenpellateurs en
faisant signer le décret du 11 mai
1917 qui marque un pas timide vers
le bon sens ; ils nous annoncent en
outre le dépôt d'un projet de loi qui
donnera au Corps de Santé les pou-
voirs et prérogatives nécessaires.
Le Parlement n'hésitera pas à réa-
liser ce progrès ou, pour mieux di-
re, cette révolution. Elle est atten-
du par tout le Corps de San-
té - - militaire, - dans - lequel se con-
fondent les médecins, - les phar-
maciens, les officiers d'administra-
tion du cadre actif et du cadre de
complément qui concourent, sous
l'impulsion médicale, à la sauve-
garde des existences françaises.
LE MeDECIN DU FRONT
ÉGtiec ennemi sur le plateau de Vauclerc
— ).
.,:' Nos avions bombardent des gares
; -ne- 1
1Q2G* Jour (la la Guovpo
FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
14 HEURES.
Sur le plateau de Vauclerc, hier, vers
20 h. 30, une attaque allemande, consécutive
à un violent bombardement, a été immédia-
tement arrêtée et rejetée dans ses tran-
chées de départ, après avoir subi des pertes
sérieuses.
Les prisonniers que nous avons faits dans
cette région, au cours des opérations du 22
mai, appartiennent à six régiments de qua-
tre divisions différentes.
Depuis le 1er mai jusqu'à ce jour, 8.600 pri-
sonniers allemands valides ont été faits par
nos troupes, entre Soissons et Auberive.
En Champagne, lutte d'artillerie assez ac-
tive dans le massif de Moronvilliers.
Rencontres de patrouilles et canonnade
intermittente sur le reste du front.
23 HEURES.
Rien à signaler en dehors d'une lutte d'ar-
tiHerie parfois violente dans les régions du
Moulin de Vauclerc, du plateau de Califor-
nie et de Chevreux.
LA GUERRE AERIEN® -"Nt"
Dans la nuit du 23 au 24 mai, nos avions
de bombardement ont lancé 2.200 kilogram-
mes de projectiles sur les gares de la région
de Rethel où des incendies se sont déclarés.
Communiqué Anglais
19 HEURES 55
Une tentative de raid ennemi a échoué ce
matin vers Armentières sous nos feux de
mitrailleuses qui ont fait subir des pertes
aux assaillants.
L'aviation a montré hier peu d'activité.
Cinq appareils allemands ont été abattus en
combats aériens. Six autres contraints d'at-
terrir. Trois des nôtres ne sont pas ren-
trés.
Communiqué Belge
23 HEURES.
Pendant là nuit du 23 au 24 mai, une de
nos patrouilles a combattu une reconnais-
sance adverse au sud de Dixmude.
Journée du 24 mai, marquée par les ac-
tions habituelles d'artillerie, nous avons ef-
fectué des tirs de destruction sur les ouvra-
ges ennemis aux environs du ChâteawGigo-
gne.
«♦«
Communiqué
de l'armée d'Orient
23 mai 1917. - Canonnade intermittence
sur le front serbe.
Dans la région de Hadji Barimah et de
Skra di Legen, échange de grenades ou de
torpilles.
X.A. POLITIQUE
La Démocratie Nationale
*««
L'idée de la Démocratie na-
tionale fait son chemin.
Saluons les nouveaux envols
d'une idée française. Lorsque
le Rappel en fit l'essentiel de
son programme, on vit bien
'des boudeurs insinuer que le
mot de Démocratie nationale était une co-
quetterie à droite, les méchantes langues
dirent adroite.
Voici le consentement. universel qui
se lait sur une idée juste, simple, claire,
nécessaire.
La Démocratie nationale s'oppose à la
Démocratie internationale.
La Démocratie nationale subordonne
tout à l'intérêt national.
La Démocratie nationale est la Démo-
cratie du salut public.
La Démocratie nationale défena la
frontière et la diplomatie contre les of-
fensives, les influences et les pénétra-
tion subtiles de l'esprit boche.
La Démocratie nationale défend la race
contre le malthusianisme, la tuberculose,
l'alcoolisme et touTes les doctrines d'ap-
pauvrissement physique, moral et intel-
lectuel.
La Démocratie nationale travaille à
supprimer les antagonismes de classes et
de partis, pour la paix sociale et la paix
nationale, pour l'exploitation féconde
des richesses du sol et du sous-sol.
La Démocratie nationale subordonne
toutes les fantaisies et toutes les impu-
dences d'un régime bancaire trop long-
temps négligent des grandes enfreprises
françaises, aux grands intérêts français.
Quels ne seront pas les bienfaits d'un
programme de Démocratie nationale,
lorsqu'il aura été exposé méthodique-
ment en fonction de la République inté-
grale.
Déjà, les politiciens courent au mot.
Demain. nous mènerons les électeurs
à la chose.
+ — < -
La Guerre au Jour le Jour
—- -
Le front russe s'anime
L'Allemagne visiblement inquiète. — Le
communiqué allemand relatif aux opéra-
tions sur le front russe, pour la journée
du 23 mai, contient l'indice d'une préoccu-
pation visible de l'ennemi.
« Nous avons répondu par une canon-
nade vigoureuse et efficace au leu de l'ar-
tillerie russe, qui s'est ranimé sur plu-
sieurs secteurs. »
Ainsi s'exprime le grand état-major ber-
linois.
Il n'y a pas lieu, évidemment, de tirer
de ces quelques mots de très grandes con-
clusions. Il semble cependant utile -de rap-
procher les faits et d'en dégager au moins
certains enseignements.
Que l'on veuille bien se souvcmr..A. peine
la situation intérieure de la Russie subis-
sait-elle des transformations capitales aux.
quelles nous avons assisté, que déjà les Al-
lemands lançaient sur le Stockhod une fu-
rieuse attaque. Les Russes^ perdant une
division dans cette affaire, reculaient, mais
ne se laissaient fort heureusement ni en-
foncer, ni déborder.
Presque simultanément, les émissaires
allemands placés à Pétrograde, où ils s'é-
taient intimement mêlés à la révolution,
affirmaient leur certitude d-ans le succès
de leurs menées. Dès cet instant, le feu
cessa sur toute la ligne. On en vint bien-
tôt A inciter les soldats russes à de trou-
blantes fraternisations. Les Alliés conçu-
rent iun moment de doute : les empires
centraux redoublèrent d'activité persua-
sive.
Mais les révolutionnaires russes ont été
aveuglés par l'évidence. Ecouter la cap-
tieuse Allemagne, cfétait précipiter la jeune
révolution dans une aventure dont l'issue
ne pouvait faire aucun doute, méme pour
les moiins clairvoyants. Cette issue, c'é-
tait, à bref délai, la triste fin de la Russie
nouvelle : c'était, durant l'inévitable con-
'tre-Dtioo" le sang coulant A flots plus
abeqeants que n'en saurait exiger mainte-
nant la guerre étrangère ; c'était .J,QIi la
Russie perdue d'honneur à la face d'un
monde quii ne s'est soulevé que pour l'en. 1
dre à la Serbie, protégée des Slaves, et
point de départ initial de la guerre, son ter-
ritoire et sa. liberté.
Il semble bien que les intnigues de l'Alle-
magne puissent être considérées comme
définitivement déjouées. Le kaiser prétend
allor signer la paix à Pétrograde, et, d'au-
tre part, les Russes paraissent tâter une
fojis de plus le fer ennemi. Les deux choses
sont de bon augure. Il importe cependant,
plus que jamais, de ne point se griser d'es-
pérances et de ne point nourrir les peuples
d'illusions. N{)tre attention, notre activité
agissante ne doivent plus s'éloigner de ce
front oriental d'où une grande attaque,
prochainement déclenchée, pqurrait per-
mettre à l'Occident de franchiT enfin cette
ligne Hindeaburg, sur laquelle les Fran-
çais et les Anglais ont pratiqué déjà de
sérieuses brèches demeurées en leur pou-
voir.
Le général Cadorna poursuit son offen-
sive. Le bulletin autrichien avoue que la
bataille d'artillerie prend un caractère de
grande violence sur l'Isonzo et que l'acti-
vité du combat s'accroit en Carinthie et
dans le Tyrol.
Que la pais -se signe à Pétrograde, com-
me l'entend le kaiser, ou que les condi-
tions s'en débattent dans quelque autre ca-
pitale, il est désormais acquis que cette
paix ne sera, ni par la ruse, ni par la force
des armes, la paix Hindenburg, la paix
allemande.
Camille DEVIL'AR.
M ,, «»•» ——————————.
L'Autre Devoir
Parce que le pain est plus noir, le gaz
plus rare, les brioches moins sucrées et les
poulets plus chers, de braves citoyens se
mettent à gémir comme des violoncelles et
se trémoussent, sur leur canapé, en pleur-
nichant sur la dureté des temps.
Ces guerriers en chambre comparent
leurs insignifiantes privations aux souf-
frances de nos poilus et aux terribles
épreuves des réfugiés 1 !
Ces derniers n'ont même plus l'espoir
de retrouver l'emplacement de leurs mai-
sons. Ils ont tout perdu.. Leur fortune,
leurs souvenirs de famille, tout a disparu.
De tout ce qui faisait leur bonheur, leur
raison de vivre, leur passé et leur avenir,
il ne reste rien, rien i Et ils ne se plai-
gnent pas ! Ils se résignent à leur sort,
en conservant l'espoir farouche de la vic-
toire du droit.
Quelle différence entre ces vaillants
Français et ces égoïstes, qui ne trouvent :
la guerre trop longue que depuis que leur
pain est moins doré et leur menu moins
copieux 1
Il faut rappeler ces « pacifistes bêlants »
à « l'autre devoir ». Il faut les clouer ou
pilori chaque fois que l'occasion s'en pré-
sente. Il faut les rendre odieux et grotes-
ques à la fois.
La victoire sera à celui qui tiendra un
quart d'heure de plus que l'adversaire, a
dit le général Nogi. Les Allemands jurent
de tenir ce quart d'heure. Serons-nous
moins résolus qu'eux à l'heure où nous
avons la certitude absolue de triompher ?
Frédéric BRICKA'.-
On dit.
Aujourd-hui
La crise du papier 4
Après ta France, après l'Angleterre,
après l'Italie, les Etats-Unis sont obligés
de restreindre le volume de leurs jour-
naux.
Déjà eilessine de New-York a San-
Francisco, un mouvement général en fa-
veur de l'augmentation du prix et de la
diminution des dimensions des journaux.
Dès maintenant, tes éditions monumentales
du dimanche semblent menacées ; le bruit
court qu'à une réunion, des employés du
Sun, M. Frank Munsey, le propriétaire-di-
recteur, a esquissé un projet tendant à sup-
primer tous les suppléments, à fixer. à 36
le nombre maximum des pages et le prix à
trois sous.
Etre réduits à 3G pages ! Pauvres jour-
muàx américains ! Leurs confrères irùnçtHa
tes pfaignml bien sincèrement !
Le Tapit!*
A LA CHAMBRE
Le problème du ravitaillement
■ ■ c o .=:a
LA SITUATION. 'w - LES SOLUTIONS ENVISAGÉES
8ft.
La Chambre a consacré toute sa séance
à la discussion des interpellations concer-
nant le ravitaillement. Le débat, dfailleurs,
ne se terminera que mardi.
MM. Frédéric Brunet, sur la question du
charbon ; Peyroux, sur les diverses mesu-
res prises par M. Viollette; Durafour,Bre-
nier, sur la crise du charbon, occupent,
tour à tour, longuement la tribune.
Aux uns et aux autres, M. Viollette vient
répondre par un discours qui ne dura pas
- moins de deux heures. -
M. Viollette s'explique
Rappelant les déclarations faites la veille
par le président du Conseil, le ministre du
ravitaillement déclare qu'il est indispensa-
ble de dire clairement la vérité, le contrai-
re devant entrainer les conséquences les
plus gralves.
On m'a reproché, fait-il remarquer tout
d'abord, d'avoir commencé par des restric-
tions au lieu d'organiser la production.
Etant établi qu'à mon arrivée au minis-
tère d'à ravitaillement une situation diéfid-
taire m'aIPtp.œrut nettement, il ne m'était
donc pas possible d'adopter une autre poii-
tique.
LE DEFICIT DU BLE
Je me suis d'abord préoccupé, dit-il, de
nos disponibilités en b''é. Elles étaient en
avril, d'après les préfets, de 10 millions de
quintaux. Les évaluations théoriques étant
de 21 millions, il y avait donc un écart de
plus de 11 millions de quintaux. La soudu-
re étant fixée au 15 septembre, il était clair
qu'il fallait prendre d'urgence un certain
nombre de mesures ; je vouis les ferai con-
naître.
LE DEFICIT EN VIANDE
En ce qui concerne la viande, la situa-
tion était celle-ci au mois .clfavril.
L'armée exigeait 52.000 têtes de bétail
par mois. Les ressources étaient die 26.000 :
vous voyez le déficit.
La nouvelle réquisition ordonnée en mars
pour avril, était cependant terrible dans
ses effets. Le 19 mars, le service des éva-
luations agricoles adressait à mon dépar-
tement les indications suivantes: « Le con-
tingent. de 55.000 bovins dépasse l'effectif
disponible. Il a fallu imposer de 15 pour 100
les contingents réservés pour la consom-
mation locale civile ».
Nos approvisionnements de viande frigo-
rifiée étaient fort diminués par les événe-
ments de mer. J'ai dû (supprimer toute al-
location de ce genre à la population civile.
Je me s-i-ts adressé aux colonies. J ai fait
envover au gouverneur de Madagascar
l'ordre d'alimenter tous les frigorifiques
de l'île.
Le retard de la belle saison et l'absence
die tourteaux ont fait découvrir une nouvel-
le crise, œlle du foin.
LES AUTRES CEREALES
A cet égard, il nous faudrait 27.000 quin-
taux de foin par Jour. Nous n'en avons
que 17.000 ; à partir du 1er juillet, nous n'en
aurons que 10.000. Nous avons dû prélever
à l'excès sur notre territoire. Le besoin qui
primé tout en guerre, c'est l'entretien de
l'effectif de la cavalerie.
Pour l'avoine, avec les importations de
mai et de juin, nous aurons, au 30 juin,
trois jours et demi d'avoine dans nos sta-
tions-magasins.
L'ESSENCE
Pour l'essence, les importations cl avru
ont été de 32.000 tonnes. Les besoins du
Q. G. sont de 20.000 tonnes ; il restait
2.000 tonnes pour des besoins civils, éva-
lués à 15.000 tonnes par mois.
LE CHARBON
En ce qui concerne le charbon, la cita-
tion n'était pas plus brillante. Je me suis
trouvé en présence d'une organisation cen-
trale très réduite ; mon administration est
à l'état squelettique.
Et après avoir fait ressortir à queues
spéculations le système actuel de l'organi-
sation du marché du charbon se prêtait ;
après s'être efforcé de tracer une esquisse
un peu sombre il est vrai de la situation
actuelle, le ministre expose ses méthodes
et étudie les solutions à adopter.
METHODES ET SOLUTIONS
On m'a parié de ma politique, poursuit-il,
ce ne peut être qu'une politique de restric-
tions Aucune volonté humaine ne peut faire
.pousser du blé. ni grandir du bétail. Et le
problème qui consiste à. passer du 1er avril
au 1er septembre avec le minimum dfilnlCli,-
dents est un problème difficile auquel
sont mêlées des questions de production
dont je ne suis pas spécialement ciiamgé. Je
ne vois pas de commune mesure entre le
blé et l'essence, par exemple. On ne peut
donc demander au ministre du ravitaille-
ment qu'une politique par chaque denrée.
Cependant, j'ai quelques idées directrices
que je vais vous exposer.
LES TAXES
D'abord, les tax. Une taxe ne peut être
opérante que si l'autorité qui l'édicté a
les moyens die contrôler la production et
ie marché. Ainsi, il n'y aurait pas de taxe
possible sur le pain avec la panification à
domicile. En ee qui concerne le prix des
denrées, on peut combattre l'élévation
qu'en faisant état de la loi de l'offre et de
la demande, et il faut alors faire appel
aux magasins municipaux et aux coopé-
ratives.
LES CARTES
En ce qui concerne les cartes, il me sem-
ble que la carte n'est possible que si oc
peut établir une moyenne entre les diffé-
rents consommateurs. Quand les quantités
consommables sont tellement variables
qu'il n'y a aucune commune mesure, la
carte est très difficile à établir. Voilà pour-
quoi, facile pour le sucre, la carte m'a
paru d'une application malaisée pour la
viande. On arriverait à des solutions im-
possibles ,avec des gaspillages ou des
impossibilités. Enfin, quatrième point que
je tiens à souligner, c'est que dès que la
consommation d'une denrée .devient ques-
tion d'ordre public, la répartition doit se
faire pair l'Etat, gardien de l'intérêt pu-
blic : ainsi pour le dliarbon. Telles sont
les quatre vérités qui me paraissent es-
sentielles. R e q reste plus i'I-. justi-
fier les applications que j'ai faites da:.
ces principes.
POUR AVOIR DU PAIN
En ce qui concerne le blé, mon premier
acte a été d'essayer d'obtenir, par l'aug-
mentation du prix, la déclaration. Je de-
mandais aussi le vote de la loi sur les mé-
langes Pourtant actuellement, (}¡a.rJS près do
40 départements, les mélanges se font au-
jourd'hui avec du maïs et de l'orge, et dans
deux ou trois départements avec des pom-
mes de terre.
En même temps, on exécutait les déci-
sions concernant l'extraction de la farine à
80 et la vente du pain rassis.
Les quantités existantes déclarées s'élè-
vent à 10 millions 804.000 quintaux, dont
5 millions 558.000 réservés à la consomma-
tion familiale. Je reconnais d'ailleurs que
cette déclaration laisse subsister des stoicfcs
invisibles assez emportants, qui s'élèvent à
environ un tiers des déclarations, dont les
quantités dont nous disposons jusqu'au 1er
juillet, sont d'environ 14 millions de quin-
taux
Toutefois, dians certaines trions, il y a
quelqises dilftk-uAtâs qui sollicitent une atten-
tfem dettfas les 'înstante.
Pour essayer de les résoudre, j'ai pris
diverses mesures : l'addition die son à la
farine, jusqu'à, concurrence de 95 %, réserve
de toutes les faiines susceptibles d'entrer
dans la fabrication du pain, à la paniftea •
Hou. en conséquence, inéqïuisi'tiion de la fa-
rine ctJrez tous les biscuitiers et tous les
commerçants autres que les bouwn('¡rs et
enfin le contingentement officieux des boulan-
geries. Ce qui ne constituera qu'une première
étape, nar il fa,ut agir avec prudence ; tout'
geste trop hâtif n'aurait, en effet, d'afUfcr,-
résultat que de faJùpe évanouir Jill totalité die s
stocks qui peuvent être disponnibles.
Nos importations sont en iprioigressiaa no-
table pour le mois de mai.
Parlant ensuite de la récolte prochaine, 1.-:, ,
ministre ajjoute :
Nous pouwuiiS escompter une récolte pro-
chaine de 36 miliioeiB de quintaux, soit six
mois die farine à 85 de ,molf.tu.re. Nous
aurons sur le territoire dieux mois de succe-
danés, et avec quelques mesures die sage
économie, nous aurons en somme neuf mois
de blé dans ie pa.ys lui-même Mais il ftli,.t
aussi nourrir le bétail, comme la récolte de
foin s'annonce déficitaire, nous nous som-
mes rendus c^ctruéreurs de la totalité d'huile
d'arachide et de palme de l'Afrique Occi-
dentale française.
Ces lîmles iront à tous les industriels qui
le désireront, à condition qu'ils acca)Men4 {1:'
vendre les savons et les tourteaux à d03.
prix fixés.
CARTES OU JOURS SANS VIANDE ?
J'arrive, poursuit M. ViJoUtCtt.e. à la ques-
tion de la viande et je rappelle que le déoivt
du 18 avwl, qui pr&vQ
viande à partir du 15 u>ai, a toujours été
en vigueur et est appliqué à l'heure ac-
tuelle.
La totalité du congrès des bouchers de
province s'est ralliée au principe de ce dé
cret, parce qu'ils ont campris qu'autrement
dans six mois ou un an, il n'y aurait P\.i.S
de viande que pour ceux quii pcuiiraient la
payer n'im^io'i'te quel prix.
il serait bien ext.rao rriSnaîre que la France
seule ne s-tiblt pas la crise de la viande,
quand l'Ai!M.eITe, l'Italie, la Suasse même,
avec son roerveil'euix troupeau, somt obli-
gées de ae rationner
Sur le principe du rationneimem, pas o..:
(iffi:cuIUé. Eti ce qui iooeeerne }j;l. pi'a^que:
povM* les deux jours sans vianiie, ils ont été
changés à ia demande du pi^tfet de poiioe, i
du jeajfeGK et vendredi au lundi et au lïiardt,
d'accord avec les intéressés.
En ce quii ooiicerne la caite de vLai^e. Que
donnerait-elle pour Paris ?
Les -quantités (;!L,¡nsomméas. avec les sms
sans viande. étaient de 2 millions IK'D.WXJ
kilos par semaine, sodt 422.-800 kilogs de
consomma tion journalière Or, ie nombre
des cartes délivrées pour le sucre a atteint
931.000, reftrésenta.n4 une population de 2
millions 310.400 persomies, soit 183 gram-
mes par jour, et 90 grammes par rei>as,
Mais cela, c'est la quantité de viande avant
toute restriction. -Si seulement vous a~ic'?'
tez un rationnement de 20 %, vous arrivez
à 82 f^ransmes dte viande crue par 1K\P[lI::",
ce qui, en viande cuite, se traduit peu1 une
quantité infinitésimale.
Sans doute, on me dim qu'on peut faire
des cartes dïfféienUelies d"a.fY.OOs les ages
Pour les travailleurs, cette quantité de
82 grammes de viande or-ue est maiik«»te •
ment insuffisante. Si vous donner à ro.u-
vrier et au soldat la ration fixte de 300 gr.,
vous serez obiiigés de privar de viande une
grande partie Ide ia poipulatioiï pmisàenne.
J'ujourt.c qu'il v a une connection très im-
portante à faire. Cette quantité de viande ne
serait même pas assurée, car dans ie diécou
page, il y a des déchets et le boucher ne
peut arriver à un morcellement matMmati-
que.
Et ce n'est qu'un des aspects des difficul-
tés de la carte Pour faire la carte de viande,
il va falloir iussur?r le contrôle de la pro-
duction. Un représentant de Paris me di-
sait ; nous acceptons la carte de viarafc,
mais A condition qu'elle &OiÍt étendue à
toute la Llr&rxm. Est-ce possible ?
Voyez les loonisèquen-oea auxquelles on.
arrivera. Je suppose que j'indique au préfet
de la Seine : « Vous avez un certain nom-
bre d'animaux, dont vous pouvez disposer
chaque jour, répartissez-les seioai telle ~ou
telle méthode ».
Le préfet éprouverait maiâiéïnatiqiiement
les difficultés ies plus grandes et il se pro-
duirait oe «.w s'est iprodriit pour le beurw,
tes mardiés ^i&rsdestiris envahiraient Pa-
ns.
En matière de restriction de la viande, il
y a deux systèmes: ou les jours sans vian-
de ou la carte
En pratique, la carie. en Allemagne don-
mil lieu à des 0roiastaiiK>ns nomlM^e^ises, à
des difficultés OjTLsidéîvabies.
Les jouns sans viande ont l'iaîieo«véin'k^t
de provoquer la surenchère d'une pailie ibi
la population qui a un sentiment douteux de
ce qu'elle doit à llialéon. ftéaiéral. Des oou-
cîtiers ont mis aux enidhères les morceaux
qu'ils détenaient. Das gens, empreints à la
folie des foules, se sont Laissés halluciner
par La crainte de manquer de viande.
J'avais une autre opinion du sang-froid de
la populalàoai parisienne.
Mais devant les protestations qui s'élè-
vent, M Viollette expstefae sa pensée :
Je ne parle r*as dte ceux qui, ayant des
[ toespans réveils d'aJiimentelitm, cherchent à
.Yftir la viande qui fenr mA inAa^i^able
îoniatcar : AUGUSTE VACQUERffi
ABONNEMENTS
Un mois Trois mois Six mois On M
Paris. 2 fr. 5 fr. 9fr. 18 fr*
Départements .,.. 2 - 6 - 11 - 26 -
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- Lettres et Mandats à l'Administrateur
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin : Gutenberg 43-93
TRIBUNE '-tBAE.
A NOS PARLEMENTAIRES
MM. Guiraut et L. Du-1
mont interpellent le Gou-
vernement sur le fonction-
nement du Service de San-
té lors de la dernière of-
fensive. Le Sénat, d autre part, a
voté un blâme à l'adresse de l'auto-
rité TBspofisGrblo de la marche de ce
service, et ce blâme servira de thè-
ne à une autre interpellation.
fout ceci nous promet des séan-
ces intéressantes et instructives.
Il manque, en effet, des con-
clusions au réquisitoire pronon-
cé il y a deux ans contre la/
r Direction par MM. Favre, Na-
varre et Peyroux; il manque une
suite au pamphlet publié par M. le
professeur Delbet contre ses con-
frères de l'armée (1). Les médecins
militaires ont attendu avec patien-
ce l'heure des explications décisi-
ves. Elle paraît être enfin venue.
Le débat est d'importance. Il
pose une question qu'il est désor-
mais impossible d'éluder. Il s'agit,
m effet, de savoir quelle est la si-
vation exacte du Service de Sainte
ians l'armée et si elle est bien ce
tU elle devrait être. Voici que,
après trois années de guerre, ce ser-
vice montre les mêmes fléhisse-
ments qu'au début de la campagne.
"Otes témoins oculaires signalent des
faits d'imprévision et de désordre
els qu'on en avait constaté
aux mauvais jours de Charle-
oi, Mais cette fois, le Servi-
ce de Santé militaire n'a plus
excuse de l'improvisation ou
le la défaite. Un homme politique
a été mis à sa tête ; il a eu le temps
d'organiser, de mettre chacun à sa
/tta,ce, d'accumuler les ressources.
Le contrôle parlementaire a pu
:)' exercer à loisir, dans toute sa plé-
nitude ; les membres de la commis-
sion d'hygiène de la Chambre ont
visité le front ; le Parlement sani-
taire que préside M. Barthou a
siégé en permanence, avec un rôle
louable. Comment se fait-il que par-
ni ces conseillers, auxquels le
Sous-Secrétaire d'Etat a fait
UDle si large part de collabo-
ration, aucun n'ait deviné le
précipice cache sous les fleurs ;
est-il possible que pas un de
ses hommes, si ardents à la cri-
tique et payés par la France pour
être clairvoyants, n'ait pu deviner
la cause permanente des épreuves
qui viennent affliger, dans son la-
beur opiniâtre, le Corps de'Santé
; militaire.
Ces épreuves n'ont pas sur-
pris ceux qui connaissent, pour
rvoir été mêlés à l'évolution
le la médecine militaire, le se-
ret de sa prodigieuse faiblesse.
Elles procèdent du même principe
¡qui entretenait en temps de paix le
mauvais état sanitaire de l'armée ;
Allés relèvent de la même cause qui
a produit les désastres de Tu-
nisie, du Tonkin, de Madagas-
car, du Maroc et compromet en-
.:;{).l'éà l'heure actuelle la valeur of-
fensive de Dotre armée d'Orient.
Elles ne sont que les manifestations
d'une maladie chronique, dont le
retour est inévitable quel que soit
l'homme placé à la tête du Service
de Santé. Si le Parlement, s'élevant
au-dessus des questions de person-
nes, veut bien remonter jusqu'à
l'autorité responsable, il sera amené
t faire cette constatation formida-
ble que ce Service, dont il a fallu
la plus meurtrière de toutes les
guerres, pour démontrer l'impor-
tance, n'est pas dirigé par les mé-
decins militaires. Cette direction
appartient, en fait et en droit, aux
officiers du commandement et plus
particulièrement aux officiers des
états-majors. C'est l'état-major et
l'etat-major seul qui est le grand
maître de l'hygiène militaire ; c'est
lui seul dont dépendent les mesures
propres à assurer le salut des bles-
sés ; c'est lui seul qui dispose du
personnel et du matériel, qui fixe
le nombre et l'emplacement des am-
bulances, règle le débit des trains
sanitaires. Les médecins, oonfi-
aés dans l'exercice de leurs
(1) Alonàe lllttisifd 't 4 novembre 1916.
fonctions tecnniques, n'ont au-
cune part à l'élaboration des
mesures d'ensemble qui ont une
influence primordiale sur l'avenir
du blessé ; ils n'ont aucune part aux
délibérations et aux actes de Direc-
tion, étant considérés comme ap-
partenant à une caste inférieure,
inapte à commander et seulement
propre à servir.
Telle est la situation faite aux
médecins die l'armée, classés dans
une hiérarchie spéciale, de qualité
subalterne, par la loi du 16 mars
1882 ; elle est encore aggravée par
les règlements militaires, établis
sur le dogme intangible de l'omni-
potence et de l'omniscience des
états-majors, qui a pour corollaire
la subordination totale des servi-
ces. Je ne discute pas le fait, je le
constate. Et c'est aussi un dogme
que le Service de Santé est un ser-
vice accessoire dont les besoins doi-
vent toujours être satisfaits en der-
nier lieu.- L, t, telle est la consé-
quence des lois et règlements
qui nous régissent que les seuls
officiers qualifiés par leurs étu-
des, leur savoir et leur expé-
rience, la connaissance appro-
fondie des besoins du soldat, la
conception élevée qu'ils ont de la
vie humaine, ces officiers, dis-je,
sont exclus de toute participation
au commandement. Ils sont main-
tenus dans un état d'obédience qui
rappelle la situation du vassal vis-
à-vis de son seigneur et dont les
eflets les plus pernicieux ont été
de détruire les caActères, die briser
les énergies, d'annihiler toutes les
forces de progrès que contient le
corps de Santé militaire. Un Direc-
teur général du Service de Santé est
aux ordres d'un simple capitaine
d'état-major ; il est un « docteur »
et jamais « un chef ». Un Sous-
Secrétaire d'Etat lui-même est
désarmé devant un quartier-géné-
ral ; il est toléré comme fournisseur
de personnel et de matériel, et
rien de plus. Sa volonté, si bonne
qu'elle soit, se heurte à une puis-
sance qui refuse tout partage et
dont la loi seule peut avoir raison.
--- C'est - donc au Parlement de se
prononcer.
S'il estime que cet état de choses
doit être maintenu, il doit le dire,
au nom de la France. Mais il n'est
plus possible de laisser subsister
l'équivoque ; les médecins de l'ar-
mée ne peuvent assumer plus long-
temps les responsabilités qu'on fait
peser sur eux. Ils ne veulent plus
être livrés sans défense aux criti-
ques de M. Berthoulat, champion
des Etats-Majors. Les débats qui
vont s'ouvrir vont enfin permettre
au Parlement de dire quelle doit
être la place du Service de Santé.
Il nous dira s'il veut maintenir aux
états-majors cette suprématie sans
bornes qui est une survivance de
l'esprit féodal ; il dira s'il veut per-
pétuer la conception aussi funeste
en temps de paix qu'en temps de
guerre qui consiste à donner tout
pouvoir à l'incompétence et à re-
fuser la moindre parcelle d'auto-
rité aux hommes compétents. La
question qui se pose devant lui
n'est pas de celles qu'on peut ré-
soudre en changeant les personnes
et en frappant les meilleurs méde-
cins militaires de disgrâces immé-
ritées. M. Justin Godart, éclairé
par deux années d'expérience et de
luttes, et M. Painlevé, ont répondu
par avance aux intenpellateurs en
faisant signer le décret du 11 mai
1917 qui marque un pas timide vers
le bon sens ; ils nous annoncent en
outre le dépôt d'un projet de loi qui
donnera au Corps de Santé les pou-
voirs et prérogatives nécessaires.
Le Parlement n'hésitera pas à réa-
liser ce progrès ou, pour mieux di-
re, cette révolution. Elle est atten-
du par tout le Corps de San-
té - - militaire, - dans - lequel se con-
fondent les médecins, - les phar-
maciens, les officiers d'administra-
tion du cadre actif et du cadre de
complément qui concourent, sous
l'impulsion médicale, à la sauve-
garde des existences françaises.
LE MeDECIN DU FRONT
ÉGtiec ennemi sur le plateau de Vauclerc
— ).
.,:' Nos avions bombardent des gares
; -ne- 1
1Q2G* Jour (la la Guovpo
FRONT OCCIDENTAL
Communiqués Français
14 HEURES.
Sur le plateau de Vauclerc, hier, vers
20 h. 30, une attaque allemande, consécutive
à un violent bombardement, a été immédia-
tement arrêtée et rejetée dans ses tran-
chées de départ, après avoir subi des pertes
sérieuses.
Les prisonniers que nous avons faits dans
cette région, au cours des opérations du 22
mai, appartiennent à six régiments de qua-
tre divisions différentes.
Depuis le 1er mai jusqu'à ce jour, 8.600 pri-
sonniers allemands valides ont été faits par
nos troupes, entre Soissons et Auberive.
En Champagne, lutte d'artillerie assez ac-
tive dans le massif de Moronvilliers.
Rencontres de patrouilles et canonnade
intermittente sur le reste du front.
23 HEURES.
Rien à signaler en dehors d'une lutte d'ar-
tiHerie parfois violente dans les régions du
Moulin de Vauclerc, du plateau de Califor-
nie et de Chevreux.
LA GUERRE AERIEN® -"Nt"
Dans la nuit du 23 au 24 mai, nos avions
de bombardement ont lancé 2.200 kilogram-
mes de projectiles sur les gares de la région
de Rethel où des incendies se sont déclarés.
Communiqué Anglais
19 HEURES 55
Une tentative de raid ennemi a échoué ce
matin vers Armentières sous nos feux de
mitrailleuses qui ont fait subir des pertes
aux assaillants.
L'aviation a montré hier peu d'activité.
Cinq appareils allemands ont été abattus en
combats aériens. Six autres contraints d'at-
terrir. Trois des nôtres ne sont pas ren-
trés.
Communiqué Belge
23 HEURES.
Pendant là nuit du 23 au 24 mai, une de
nos patrouilles a combattu une reconnais-
sance adverse au sud de Dixmude.
Journée du 24 mai, marquée par les ac-
tions habituelles d'artillerie, nous avons ef-
fectué des tirs de destruction sur les ouvra-
ges ennemis aux environs du ChâteawGigo-
gne.
«♦«
Communiqué
de l'armée d'Orient
23 mai 1917. - Canonnade intermittence
sur le front serbe.
Dans la région de Hadji Barimah et de
Skra di Legen, échange de grenades ou de
torpilles.
X.A. POLITIQUE
La Démocratie Nationale
*««
L'idée de la Démocratie na-
tionale fait son chemin.
Saluons les nouveaux envols
d'une idée française. Lorsque
le Rappel en fit l'essentiel de
son programme, on vit bien
'des boudeurs insinuer que le
mot de Démocratie nationale était une co-
quetterie à droite, les méchantes langues
dirent adroite.
Voici le consentement. universel qui
se lait sur une idée juste, simple, claire,
nécessaire.
La Démocratie nationale s'oppose à la
Démocratie internationale.
La Démocratie nationale subordonne
tout à l'intérêt national.
La Démocratie nationale est la Démo-
cratie du salut public.
La Démocratie nationale défena la
frontière et la diplomatie contre les of-
fensives, les influences et les pénétra-
tion subtiles de l'esprit boche.
La Démocratie nationale défend la race
contre le malthusianisme, la tuberculose,
l'alcoolisme et touTes les doctrines d'ap-
pauvrissement physique, moral et intel-
lectuel.
La Démocratie nationale travaille à
supprimer les antagonismes de classes et
de partis, pour la paix sociale et la paix
nationale, pour l'exploitation féconde
des richesses du sol et du sous-sol.
La Démocratie nationale subordonne
toutes les fantaisies et toutes les impu-
dences d'un régime bancaire trop long-
temps négligent des grandes enfreprises
françaises, aux grands intérêts français.
Quels ne seront pas les bienfaits d'un
programme de Démocratie nationale,
lorsqu'il aura été exposé méthodique-
ment en fonction de la République inté-
grale.
Déjà, les politiciens courent au mot.
Demain. nous mènerons les électeurs
à la chose.
+ — < -
La Guerre au Jour le Jour
—- -
Le front russe s'anime
L'Allemagne visiblement inquiète. — Le
communiqué allemand relatif aux opéra-
tions sur le front russe, pour la journée
du 23 mai, contient l'indice d'une préoccu-
pation visible de l'ennemi.
« Nous avons répondu par une canon-
nade vigoureuse et efficace au leu de l'ar-
tillerie russe, qui s'est ranimé sur plu-
sieurs secteurs. »
Ainsi s'exprime le grand état-major ber-
linois.
Il n'y a pas lieu, évidemment, de tirer
de ces quelques mots de très grandes con-
clusions. Il semble cependant utile -de rap-
procher les faits et d'en dégager au moins
certains enseignements.
Que l'on veuille bien se souvcmr..A. peine
la situation intérieure de la Russie subis-
sait-elle des transformations capitales aux.
quelles nous avons assisté, que déjà les Al-
lemands lançaient sur le Stockhod une fu-
rieuse attaque. Les Russes^ perdant une
division dans cette affaire, reculaient, mais
ne se laissaient fort heureusement ni en-
foncer, ni déborder.
Presque simultanément, les émissaires
allemands placés à Pétrograde, où ils s'é-
taient intimement mêlés à la révolution,
affirmaient leur certitude d-ans le succès
de leurs menées. Dès cet instant, le feu
cessa sur toute la ligne. On en vint bien-
tôt A inciter les soldats russes à de trou-
blantes fraternisations. Les Alliés conçu-
rent iun moment de doute : les empires
centraux redoublèrent d'activité persua-
sive.
Mais les révolutionnaires russes ont été
aveuglés par l'évidence. Ecouter la cap-
tieuse Allemagne, cfétait précipiter la jeune
révolution dans une aventure dont l'issue
ne pouvait faire aucun doute, méme pour
les moiins clairvoyants. Cette issue, c'é-
tait, à bref délai, la triste fin de la Russie
nouvelle : c'était, durant l'inévitable con-
'tre-Dtioo" le sang coulant A flots plus
abeqeants que n'en saurait exiger mainte-
nant la guerre étrangère ; c'était .J,QIi la
Russie perdue d'honneur à la face d'un
monde quii ne s'est soulevé que pour l'en. 1
dre à la Serbie, protégée des Slaves, et
point de départ initial de la guerre, son ter-
ritoire et sa. liberté.
Il semble bien que les intnigues de l'Alle-
magne puissent être considérées comme
définitivement déjouées. Le kaiser prétend
allor signer la paix à Pétrograde, et, d'au-
tre part, les Russes paraissent tâter une
fojis de plus le fer ennemi. Les deux choses
sont de bon augure. Il importe cependant,
plus que jamais, de ne point se griser d'es-
pérances et de ne point nourrir les peuples
d'illusions. N{)tre attention, notre activité
agissante ne doivent plus s'éloigner de ce
front oriental d'où une grande attaque,
prochainement déclenchée, pqurrait per-
mettre à l'Occident de franchiT enfin cette
ligne Hindeaburg, sur laquelle les Fran-
çais et les Anglais ont pratiqué déjà de
sérieuses brèches demeurées en leur pou-
voir.
Le général Cadorna poursuit son offen-
sive. Le bulletin autrichien avoue que la
bataille d'artillerie prend un caractère de
grande violence sur l'Isonzo et que l'acti-
vité du combat s'accroit en Carinthie et
dans le Tyrol.
Que la pais -se signe à Pétrograde, com-
me l'entend le kaiser, ou que les condi-
tions s'en débattent dans quelque autre ca-
pitale, il est désormais acquis que cette
paix ne sera, ni par la ruse, ni par la force
des armes, la paix Hindenburg, la paix
allemande.
Camille DEVIL'AR.
M ,, «»•» ——————————.
L'Autre Devoir
Parce que le pain est plus noir, le gaz
plus rare, les brioches moins sucrées et les
poulets plus chers, de braves citoyens se
mettent à gémir comme des violoncelles et
se trémoussent, sur leur canapé, en pleur-
nichant sur la dureté des temps.
Ces guerriers en chambre comparent
leurs insignifiantes privations aux souf-
frances de nos poilus et aux terribles
épreuves des réfugiés 1 !
Ces derniers n'ont même plus l'espoir
de retrouver l'emplacement de leurs mai-
sons. Ils ont tout perdu.. Leur fortune,
leurs souvenirs de famille, tout a disparu.
De tout ce qui faisait leur bonheur, leur
raison de vivre, leur passé et leur avenir,
il ne reste rien, rien i Et ils ne se plai-
gnent pas ! Ils se résignent à leur sort,
en conservant l'espoir farouche de la vic-
toire du droit.
Quelle différence entre ces vaillants
Français et ces égoïstes, qui ne trouvent :
la guerre trop longue que depuis que leur
pain est moins doré et leur menu moins
copieux 1
Il faut rappeler ces « pacifistes bêlants »
à « l'autre devoir ». Il faut les clouer ou
pilori chaque fois que l'occasion s'en pré-
sente. Il faut les rendre odieux et grotes-
ques à la fois.
La victoire sera à celui qui tiendra un
quart d'heure de plus que l'adversaire, a
dit le général Nogi. Les Allemands jurent
de tenir ce quart d'heure. Serons-nous
moins résolus qu'eux à l'heure où nous
avons la certitude absolue de triompher ?
Frédéric BRICKA'.-
On dit.
Aujourd-hui
La crise du papier 4
Après ta France, après l'Angleterre,
après l'Italie, les Etats-Unis sont obligés
de restreindre le volume de leurs jour-
naux.
Déjà eilessine de New-York a San-
Francisco, un mouvement général en fa-
veur de l'augmentation du prix et de la
diminution des dimensions des journaux.
Dès maintenant, tes éditions monumentales
du dimanche semblent menacées ; le bruit
court qu'à une réunion, des employés du
Sun, M. Frank Munsey, le propriétaire-di-
recteur, a esquissé un projet tendant à sup-
primer tous les suppléments, à fixer. à 36
le nombre maximum des pages et le prix à
trois sous.
Etre réduits à 3G pages ! Pauvres jour-
muàx américains ! Leurs confrères irùnçtHa
tes pfaignml bien sincèrement !
Le Tapit!*
A LA CHAMBRE
Le problème du ravitaillement
■ ■ c o .=:a
LA SITUATION. 'w - LES SOLUTIONS ENVISAGÉES
8ft.
La Chambre a consacré toute sa séance
à la discussion des interpellations concer-
nant le ravitaillement. Le débat, dfailleurs,
ne se terminera que mardi.
MM. Frédéric Brunet, sur la question du
charbon ; Peyroux, sur les diverses mesu-
res prises par M. Viollette; Durafour,Bre-
nier, sur la crise du charbon, occupent,
tour à tour, longuement la tribune.
Aux uns et aux autres, M. Viollette vient
répondre par un discours qui ne dura pas
- moins de deux heures. -
M. Viollette s'explique
Rappelant les déclarations faites la veille
par le président du Conseil, le ministre du
ravitaillement déclare qu'il est indispensa-
ble de dire clairement la vérité, le contrai-
re devant entrainer les conséquences les
plus gralves.
On m'a reproché, fait-il remarquer tout
d'abord, d'avoir commencé par des restric-
tions au lieu d'organiser la production.
Etant établi qu'à mon arrivée au minis-
tère d'à ravitaillement une situation diéfid-
taire m'aIPtp.œrut nettement, il ne m'était
donc pas possible d'adopter une autre poii-
tique.
LE DEFICIT DU BLE
Je me suis d'abord préoccupé, dit-il, de
nos disponibilités en b''é. Elles étaient en
avril, d'après les préfets, de 10 millions de
quintaux. Les évaluations théoriques étant
de 21 millions, il y avait donc un écart de
plus de 11 millions de quintaux. La soudu-
re étant fixée au 15 septembre, il était clair
qu'il fallait prendre d'urgence un certain
nombre de mesures ; je vouis les ferai con-
naître.
LE DEFICIT EN VIANDE
En ce qui concerne la viande, la situa-
tion était celle-ci au mois .clfavril.
L'armée exigeait 52.000 têtes de bétail
par mois. Les ressources étaient die 26.000 :
vous voyez le déficit.
La nouvelle réquisition ordonnée en mars
pour avril, était cependant terrible dans
ses effets. Le 19 mars, le service des éva-
luations agricoles adressait à mon dépar-
tement les indications suivantes: « Le con-
tingent. de 55.000 bovins dépasse l'effectif
disponible. Il a fallu imposer de 15 pour 100
les contingents réservés pour la consom-
mation locale civile ».
Nos approvisionnements de viande frigo-
rifiée étaient fort diminués par les événe-
ments de mer. J'ai dû (supprimer toute al-
location de ce genre à la population civile.
Je me s-i-ts adressé aux colonies. J ai fait
envover au gouverneur de Madagascar
l'ordre d'alimenter tous les frigorifiques
de l'île.
Le retard de la belle saison et l'absence
die tourteaux ont fait découvrir une nouvel-
le crise, œlle du foin.
LES AUTRES CEREALES
A cet égard, il nous faudrait 27.000 quin-
taux de foin par Jour. Nous n'en avons
que 17.000 ; à partir du 1er juillet, nous n'en
aurons que 10.000. Nous avons dû prélever
à l'excès sur notre territoire. Le besoin qui
primé tout en guerre, c'est l'entretien de
l'effectif de la cavalerie.
Pour l'avoine, avec les importations de
mai et de juin, nous aurons, au 30 juin,
trois jours et demi d'avoine dans nos sta-
tions-magasins.
L'ESSENCE
Pour l'essence, les importations cl avru
ont été de 32.000 tonnes. Les besoins du
Q. G. sont de 20.000 tonnes ; il restait
2.000 tonnes pour des besoins civils, éva-
lués à 15.000 tonnes par mois.
LE CHARBON
En ce qui concerne le charbon, la cita-
tion n'était pas plus brillante. Je me suis
trouvé en présence d'une organisation cen-
trale très réduite ; mon administration est
à l'état squelettique.
Et après avoir fait ressortir à queues
spéculations le système actuel de l'organi-
sation du marché du charbon se prêtait ;
après s'être efforcé de tracer une esquisse
un peu sombre il est vrai de la situation
actuelle, le ministre expose ses méthodes
et étudie les solutions à adopter.
METHODES ET SOLUTIONS
On m'a parié de ma politique, poursuit-il,
ce ne peut être qu'une politique de restric-
tions Aucune volonté humaine ne peut faire
.pousser du blé. ni grandir du bétail. Et le
problème qui consiste à. passer du 1er avril
au 1er septembre avec le minimum dfilnlCli,-
dents est un problème difficile auquel
sont mêlées des questions de production
dont je ne suis pas spécialement ciiamgé. Je
ne vois pas de commune mesure entre le
blé et l'essence, par exemple. On ne peut
donc demander au ministre du ravitaille-
ment qu'une politique par chaque denrée.
Cependant, j'ai quelques idées directrices
que je vais vous exposer.
LES TAXES
D'abord, les tax. Une taxe ne peut être
opérante que si l'autorité qui l'édicté a
les moyens die contrôler la production et
ie marché. Ainsi, il n'y aurait pas de taxe
possible sur le pain avec la panification à
domicile. En ee qui concerne le prix des
denrées, on peut combattre l'élévation
qu'en faisant état de la loi de l'offre et de
la demande, et il faut alors faire appel
aux magasins municipaux et aux coopé-
ratives.
LES CARTES
En ce qui concerne les cartes, il me sem-
ble que la carte n'est possible que si oc
peut établir une moyenne entre les diffé-
rents consommateurs. Quand les quantités
consommables sont tellement variables
qu'il n'y a aucune commune mesure, la
carte est très difficile à établir. Voilà pour-
quoi, facile pour le sucre, la carte m'a
paru d'une application malaisée pour la
viande. On arriverait à des solutions im-
possibles ,avec des gaspillages ou des
impossibilités. Enfin, quatrième point que
je tiens à souligner, c'est que dès que la
consommation d'une denrée .devient ques-
tion d'ordre public, la répartition doit se
faire pair l'Etat, gardien de l'intérêt pu-
blic : ainsi pour le dliarbon. Telles sont
les quatre vérités qui me paraissent es-
sentielles. R e q reste plus i'I-. justi-
fier les applications que j'ai faites da:.
ces principes.
POUR AVOIR DU PAIN
En ce qui concerne le blé, mon premier
acte a été d'essayer d'obtenir, par l'aug-
mentation du prix, la déclaration. Je de-
mandais aussi le vote de la loi sur les mé-
langes Pourtant actuellement, (}¡a.rJS près do
40 départements, les mélanges se font au-
jourd'hui avec du maïs et de l'orge, et dans
deux ou trois départements avec des pom-
mes de terre.
En même temps, on exécutait les déci-
sions concernant l'extraction de la farine à
80 et la vente du pain rassis.
Les quantités existantes déclarées s'élè-
vent à 10 millions 804.000 quintaux, dont
5 millions 558.000 réservés à la consomma-
tion familiale. Je reconnais d'ailleurs que
cette déclaration laisse subsister des stoicfcs
invisibles assez emportants, qui s'élèvent à
environ un tiers des déclarations, dont les
quantités dont nous disposons jusqu'au 1er
juillet, sont d'environ 14 millions de quin-
taux
Toutefois, dians certaines trions, il y a
quelqises dilftk-uAtâs qui sollicitent une atten-
tfem dettfas les 'înstante.
Pour essayer de les résoudre, j'ai pris
diverses mesures : l'addition die son à la
farine, jusqu'à, concurrence de 95 %, réserve
de toutes les faiines susceptibles d'entrer
dans la fabrication du pain, à la paniftea •
Hou. en conséquence, inéqïuisi'tiion de la fa-
rine ctJrez tous les biscuitiers et tous les
commerçants autres que les bouwn('¡rs et
enfin le contingentement officieux des boulan-
geries. Ce qui ne constituera qu'une première
étape, nar il fa,ut agir avec prudence ; tout'
geste trop hâtif n'aurait, en effet, d'afUfcr,-
résultat que de faJùpe évanouir Jill totalité die s
stocks qui peuvent être disponnibles.
Nos importations sont en iprioigressiaa no-
table pour le mois de mai.
Parlant ensuite de la récolte prochaine, 1.-:, ,
ministre ajjoute :
Nous pouwuiiS escompter une récolte pro-
chaine de 36 miliioeiB de quintaux, soit six
mois die farine à 85 de ,molf.tu.re. Nous
aurons sur le territoire dieux mois de succe-
danés, et avec quelques mesures die sage
économie, nous aurons en somme neuf mois
de blé dans ie pa.ys lui-même Mais il ftli,.t
aussi nourrir le bétail, comme la récolte de
foin s'annonce déficitaire, nous nous som-
mes rendus c^ctruéreurs de la totalité d'huile
d'arachide et de palme de l'Afrique Occi-
dentale française.
Ces lîmles iront à tous les industriels qui
le désireront, à condition qu'ils acca)Men4 {1:'
vendre les savons et les tourteaux à d03.
prix fixés.
CARTES OU JOURS SANS VIANDE ?
J'arrive, poursuit M. ViJoUtCtt.e. à la ques-
tion de la viande et je rappelle que le déoivt
du 18 avwl, qui pr&vQ
viande à partir du 15 u>ai, a toujours été
en vigueur et est appliqué à l'heure ac-
tuelle.
La totalité du congrès des bouchers de
province s'est ralliée au principe de ce dé
cret, parce qu'ils ont campris qu'autrement
dans six mois ou un an, il n'y aurait P\.i.S
de viande que pour ceux quii pcuiiraient la
payer n'im^io'i'te quel prix.
il serait bien ext.rao rriSnaîre que la France
seule ne s-tiblt pas la crise de la viande,
quand l'Ai!M.eITe, l'Italie, la Suasse même,
avec son roerveil'euix troupeau, somt obli-
gées de ae rationner
Sur le principe du rationneimem, pas o..:
(iffi:cuIUé. Eti ce qui iooeeerne }j;l. pi'a^que:
povM* les deux jours sans vianiie, ils ont été
changés à ia demande du pi^tfet de poiioe, i
du jeajfeGK et vendredi au lundi et au lïiardt,
d'accord avec les intéressés.
En ce quii ooiicerne la caite de vLai^e. Que
donnerait-elle pour Paris ?
Les -quantités (;!L,¡nsomméas. avec les sms
sans viande. étaient de 2 millions IK'D.WXJ
kilos par semaine, sodt 422.-800 kilogs de
consomma tion journalière Or, ie nombre
des cartes délivrées pour le sucre a atteint
931.000, reftrésenta.n4 une population de 2
millions 310.400 persomies, soit 183 gram-
mes par jour, et 90 grammes par rei>as,
Mais cela, c'est la quantité de viande avant
toute restriction. -Si seulement vous a~ic'?'
tez un rationnement de 20 %, vous arrivez
à 82 f^ransmes dte viande crue par 1K\P[lI::",
ce qui, en viande cuite, se traduit peu1 une
quantité infinitésimale.
Sans doute, on me dim qu'on peut faire
des cartes dïfféienUelies d"a.fY.OOs les ages
Pour les travailleurs, cette quantité de
82 grammes de viande or-ue est maiik«»te •
ment insuffisante. Si vous donner à ro.u-
vrier et au soldat la ration fixte de 300 gr.,
vous serez obiiigés de privar de viande une
grande partie Ide ia poipulatioiï pmisàenne.
J'ujourt.c qu'il v a une connection très im-
portante à faire. Cette quantité de viande ne
serait même pas assurée, car dans ie diécou
page, il y a des déchets et le boucher ne
peut arriver à un morcellement matMmati-
que.
Et ce n'est qu'un des aspects des difficul-
tés de la carte Pour faire la carte de viande,
il va falloir iussur?r le contrôle de la pro-
duction. Un représentant de Paris me di-
sait ; nous acceptons la carte de viarafc,
mais A condition qu'elle &OiÍt étendue à
toute la Llr&rxm. Est-ce possible ?
Voyez les loonisèquen-oea auxquelles on.
arrivera. Je suppose que j'indique au préfet
de la Seine : « Vous avez un certain nom-
bre d'animaux, dont vous pouvez disposer
chaque jour, répartissez-les seioai telle ~ou
telle méthode ».
Le préfet éprouverait maiâiéïnatiqiiement
les difficultés ies plus grandes et il se pro-
duirait oe «.w s'est iprodriit pour le beurw,
tes mardiés ^i&rsdestiris envahiraient Pa-
ns.
En matière de restriction de la viande, il
y a deux systèmes: ou les jours sans vian-
de ou la carte
En pratique, la carie. en Allemagne don-
mil lieu à des 0roiastaiiK>ns nomlM^e^ises, à
des difficultés OjTLsidéîvabies.
Les jouns sans viande ont l'iaîieo«véin'k^t
de provoquer la surenchère d'une pailie ibi
la population qui a un sentiment douteux de
ce qu'elle doit à llialéon. ftéaiéral. Des oou-
cîtiers ont mis aux enidhères les morceaux
qu'ils détenaient. Das gens, empreints à la
folie des foules, se sont Laissés halluciner
par La crainte de manquer de viande.
J'avais une autre opinion du sang-froid de
la populalàoai parisienne.
Mais devant les protestations qui s'élè-
vent, M Viollette expstefae sa pensée :
Je ne parle r*as dte ceux qui, ayant des
[ toespans réveils d'aJiimentelitm, cherchent à
.Yftir la viande qui fenr mA inAa^i^able
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