Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 octobre 1907 13 octobre 1907
Description : 1907/10/13 (N13729). 1907/10/13 (N13729).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
H* 13729. 20 Vendémiaire An 118 CI?fQOE?fTIMEH f^ ÎtCMBRO
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Dimanche 13 Octobre 1907. = N° 13729..
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6, Place de la Bourse, 6
M aux BUREAUX DU JOURS AU
',.- « r. Q
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAft
- Téléphone ltifr-82 »
âdresaer lettres et mandats i l'Administrateur
,,' OPINIONS
CROISSANCE
HATIVE
Les polémiques de ces temps derniers
ont, pour des raisons diverses, placé
l'empire d'Allemagne au tout premier
plan de l'actualité.
Cette force gigantesque qui vient
t battre nos frontières, force toujours
grandissante, toujours en travail, dont
l'expansion calme et régulière cache
nous le savons de terribles bouillonne-
ments intimes, quelles destinées l'ave-
nir lui réserve-t-il ? Quels objets solli-
citeront ses énergies croissantes ?
, Quelles ambitions l'animent ? Se sa-
tisfera-t-elle de l'évolution pacifi-
que, du développement, normal des
fiévreuses activités qui s'agitent en
elle ? Ou bien, sous l'empire des né-,
: cessâtes Vitales;, se précipitera-t-elle
brutalement hors d'un, champ d'action
devenu trop étroit, débordera-t-elle sur
le monde en flots irrésistibles et dé-
iastateurs ?
> Quelques jugements que suggère
,la politique suivie par le gouvernement
! allemand, il serait injuste, il serait
pusillanime de manifester des inquié-
, : ¡tudes, ou jnême des appréhensions,
que toute réflexion sincère et sérieuse
• nous commande d'écarter, à l'heure
actuelle.
L'Allemagne est pacifique; elle veut
- la paix, 'parce qu'elle en a besoin,
parce que la paix seule peut fé-
; .conder son activité industrielle et com-
merciale ; parce que la paix seule
peut affermir les conquêtes qu'un tra-
vail acharné, mais payé par une for-
tune rapide — trop rapide — lui a
values sur le marché universel..
Si détestable que soit la guerre, il
faut bien lui rendre cette justice qu'elle
n'est point toujours stérile. Les vic-
toires de 1870 n'ont point seulement
tenrîcni l'Allemagne de la manne de nos
- milliards. En concentrant des forces
fparses et latentes, en secouant l'indo-
lence particulariste, en imprimant à
l'ûme germanique un élan de confiance
cri soi, une commune volonté de puis-
sance, elles ont dans tous les domai-
nes, dans la pensée comme le négoce,
donné le signal d'un - réveil des facultés
d'action longuement inemployées ou
mal utilisées.
, Après les tâtonnements de la pre-
mière heure, l'Allemagne s'est mise en
branle. Son industrie ne comptait point.
I:es usines y sont sorties de terre. Ses
commis-voyageurs ont sillonné les rou-
tes de la planète, insinuants et sou-
* pies, s'adaptant à toutes les exigences
de la clientèle qu'on voulait annexer.
Crédits illimités, bon marché sans ri-
val. Jusqu'aux marques de fabrique
des produits évincés, on obtenait tout
de leur complaisance empressée. A côté
d'une industrie quelque peu suspecte,
s'en est constituée très vite une autre
de bon aloi, aciéries, produits chimi-
ques, etc., moderne dans ses méthodes,
ses installations, sa poursuite des dé-
bouchés. Et tout cet effort, quoiqu'on
dise, n'a point été vain : il se chiffre
par un accroissement certain de la for-
tune publique et de la prospérité de
tous.
Mais cette frénésie d'activité portait
ien elle des germes de ruine qui, tan-
dis que s'élevait la grandeur indus-
* itrielle de l'Allemagne, tendaient sour-
dement à la ruine. Sa résurrection lui
avait donné toute -la vigueur de la
jeunesse. Elle l'a faite riche d'ardeur
et d'initiative. Elle l'a laissée pauvre
d'argent. Pour durer, il fallait obtenir
ie succès toujours, le succès quand
même. Les produits allemands n'a-
vaient pas le loisir de chômer en ma-
:'gasin. L'habileté de ses commerçants
était parvenue à démonter pour un
temps les concurrences voisines. Celles-
ci se sont organisées pour la lutte.
D'autres, comme les Etats-Unis et le
Japon, sont entrées en lice. Ruinés par
la surproduction, des établissements in-
dustriels à peine construits s'écroulent
comme des châteaux de cartes. Fabri-
quer ne suffit pas : il faut vendre et
A des prix rémunérateurs. Voici que la
masse ouvrière, magistralement orga-
nisée, réclame impérieusement son
droit à l'existence. Jadis des popula-
tions entières ne mouraient. pas, mais
« vivaient de faim », comme me disait
un Allemand. Il faut relever les sa-
laires. Comment se rattraper ! Com-
ment imposer aux habitudes d'une
clientèle si péniblement acquise ces ma-
jorations qu'elle ne s'expliquera pas ?
Les banques sont dures à l'escompte,
plus encore au découvert. FJ cepen-
dant, impassibles dans leur égôïsme
protectionniste, les tout puissants agra-
riens paralysent tout assouplissement.
• au régime douanier et rendront tantôt
inutile cette splendide flotte marchande
qui, vers les débouchés toujours plus
nécessaires, devait porter la fortune du
Vaterland.
Le même dangereux essor s'est em-
paré de -l'Allemagne dans les choses
de la 'pensée. Les écolesi techniques
regorgent d'élèves. Les facultés de mé-
decine ou de droit sont à ce point en-
combrées qu'il devient chimérique
d'embrasser les carrières de magistrat
ou de médecin. L'ingénieur civil, après
des études solides et consciencieuses,
ne trouve à se caser qu'avec des sa-
laires de famine. Tout cela se tas-
sera ? Je l'espère et je le désire !
Tous les peuples ont connu certaines
maladies de croissance dont ils triom-
phent peu à peu par la robustesse de
leur constitution. Mais ce 'triomphe est
subordonné à un état d'équilibre fon-
damental, organique, chez les nations
comme chez les individus. - L'enfant,
ou l'adolescent en qui se manifestent
trop, vite les signesi de la maturité
sont rarement aptes à supporter et
à surmonter d'eux-mêmes les crises
morales ou physiques qui les tourmen-
tent. C'est alors qu'on est obligé
d'avoir recours aux médications éner-
giques, aux révulsifs désespérés.
Un peuple que dévore la soif de
vivre ne se résoudra jamais à périr
pour avoir trop tôt ou trop vite voulu
goûter aux âpres délices de la lutte et
de la puissance. Il ne renoncera qu'a-
près avoir épuisé la vertu de tous les
instruments de concurrence, d'offensive
qu'il a pu se créer, surtout si l'un quel-
conque de ces outils, après avoir fait
ses preuves dans le passé, lui permet
de concevoir !de sérieuses espérances
d'avenir et de relèvement.
Je ne dis pas que ces considérations
s'appliquent à l'Allemagne. Mais il
n'en coûte rien quand même de regar-
der un peu ce qui s'y passe et d'y
rester attentifs.
T. STEEC.
- ™'
Qt NOS RICHESSES EN DANGER
Les voleurs gens de goût
se multiplient : hier encore,
c'était l'église de Saint-Léo-
néard, à Alençon, qui rece-
vait la visite de ces amateurs
distingués. Ils ont commen-
cé par vider les troncs ; puis ils ont
décroché une peinture qui leur a paru
bien ; avant-hier, on s'est aperçu que
d'autres messieurs éruclits avaient em-
porté deux manuscrits à enluminures
de la bibliothèque de Saint-Germain ;
et je n'ai pas besoin d'insister sur la
cueillette opérée-, parmi les églises et
les chapelles auvergnates, par la bande
Thomas.
Il faut s'attendre à ce qu'il y ait une
suite à ces expéditions de malfaiteurs
artistes : le prix du bibelot, le prix
de l'objet de curiosité f;st monté à un
tel taux qu'on ne peut espérer que les
voleurs renoncent de sitôt à d'aussi
fructueuses opérations. L'Amérique,
qui, en fait de documents anciens et
d'œuvres (j'art, ne possède absolument
rien que ce qu'elle achète en Europe,
l'Amérique à elle seule, dis-je, suffirait
à soutenir le zèle des chasseurs d'objets
d'art, et tant que le nouveau continent
ne sera pas gavé — ce qui sera long
— l'Europe continuera à lui venclre à
des prix de milliardaires, les belles
œuvres qu'elle possède encore. A Paris,
dans le monde de la curiosité, lors-
qu'une pièce remarquable est sur le
point d'être mise en vente, on s'in-
quiète d'abord de savoir si les délé-
gués d'un richissime Yankee bien
connu ici ont été l'examiner. S'ils y
ont été, il n'y a plus rien à faire pour
les Parisiens : l'objet, par le fait seul
de la démarche du Yankee, a été aus-
sitôt mis au double ou au triple du
prix précédemment entrevu. Le Yan-
kee a beau changer ses délégués ;
ceux-ci ont beau mettre un faux-nez,
ils sont éventés : c'était dix mille
francs ? pour eux ce sera cent vingt-
cinq mille. Et c'est bien parce que
c'est eux.
Comment voulez-vous, dans ces con-
ditions, que les Thomas ne soient point
tentés d'entrer dans les affaires de la
partie ? Nos richesses nationales sont
'donc en grand danger par le fait de
leur dispersion dans une multitude
'd'endroits où la surveillance ne peut
s'exercer avec efficacité.
D'autre part, la thèse qui consiste
à préserver ces richesses d'art en les
enfouissant toutes au Louvre ne me
donne pas satisfaction ; cela pour plu-
sieurs raisons, dont la première est
que la province, tout comme Paris, a
droit à l'instruction par les yeux, et.
par la vue des belles œuvres' et
dont la seconde, non moins forte, est
qué. lorsque - tous les chefs-d'œuvre
seront au Louvre, et lorsque tous les
documents seront ouix archives, il suf-
fira de deux "allumettes pour anéantir
l'art français et l'histoire de France.
Il y a, toutefois, quelque chose à
chercher dans le sens d'une concentra-
sation plus grande -de nos richesses
d'art, soit en les rassemblant dans le
musée local, soit, --si cé sont des
objets du culte, —; en lés plaçant clans
la principale église du chef-lieu. On
pourrait, par ce procédé, exercer une
surveillance plus efficace. -
Mais, avec les voleurs en automo-
biles; il faut que les chapelles des ha-
meaux renoncent à étaler des châsses
de deux cent mille francs. C'est un peu
trop tenter la mauvaise chance.
— ■■ ; .—
LES ON-DIT
Ecole de police
Ce sera bientôt aussi malaisé 'd'en-
trer dans la police qu'à Polytechnique.
Aussi bien, la surveillance d'une
grande ville comme Paris, la parfaite
connaissance de ses rouages compli-
qués exigent une préparation excep-
tionnelle et une science pratique des
plus étendues. Les Suisses, les pre-
miers, ont eu l'idée de créer une haute
école de police ; la question a été sé-
rieusement agitée jeudi dernier, à Bâle)
dans une conférence des principaux
représentants de la Sûreté fédérale.
Nul doute qu'elle ne soit appelée à
faire aussi son chemin en France.
Caserio et Louvel
On dit que l'infortuné président
Carnot aurait eu l'intuition de sa fin
tragique. Il se savait, d'ailleurs, me-
nacé par les anarchistes. Mais il ne re-
nonçait pas pour cela à ses promena-
des solitaires aux Champs-Elysées et
au Bois, au grand ennui de la brigade
de l'Elysée, qu'il tenait résolument à
distiance.¡Que!qu'un qui(I,a assist.é: de près
au drame de Lyon m'a assuré qu'au mo-
ment où, prétextant une supplique,
Caserio leva le couteau sur le prési-
dent, celui-ci regarda avec horreur,
mais sans étonnement, son meurtrier,
comme s'il le reconnaissait. Il aurait
même proféré un mot étrange qui fe-
rait supposer qu'il l'avait vu déjà. Et
voilà la dramatique question des pres-
sentiments remise sur le tapis 1
S'il faut s'en rapporter aux mémo-
rialistes, le duc de Berry aussi avait
reçu un avertissement singulier du
hasard. Le 13 février 1820, au bal du
banquier Greffulhe, le duc de Fitz-Ja-
mes, imitant le rôle et le costume de
Potier dans une parodie de l'opéra des
Danaïdes donnée à la Porte-Saint-Mar-
tin, distribuait des eustaches aux da-
mes en les invitant à tuer leurs ma-
ris : « Allez, mes petits agneaux 1 n Il
en donna un à la duchesse de Berry et
l'entretint longuement sur la manière
de frapper le duc : « Allons, conclut-il,
demain il sera mort ! » Moins de vingt-
quatre heures après — terrible coïn-
cidence ! — le prince était poignardé
par Louvel au square Louvois dans
les conditions exactes qu'avait indi*
quées le gentilhomme.
Un chat fonctionnaire anglais
M. Sydnev Brixton, le directeur 'des
postes anglaises, au cours d'un ban-
quet à Glasgow, a déclaré que der-
nièrement on trouva qu'un chat atta-
ché au bureau central des télégraphes
émargeait chaque semaine pour ra:
somme de 1 fr. 85 pour sa nourriture.
Il avait été d'avis que ce chat ne de-
vait pas vivre aux dépens des contri-
buables, mais' se procurer lui-même
sa subsistance en attrapant lès rats.
En conséquence, l'administration, sans
supprimer l'allocation, avait du moins
réduit cette dernière considérablement,
ce qui démontrait l'esprit d'économie
du gouvernement.
Et tous les conviyes d'applaudir.
Le Passant.
MORT DE M. HUGOT
Questeur du Sénat
Une dépôche de Dijon nous annonce que
M. Hugot, maire de Montbard, sénateur
et questeur du Sénat, est mort hier à 4
heures. Il était âgé de 71 ans.
Les obsèques auront lieu à Montbard,
lundi à une heure
La mort fauche impitoyablement dans
les rangs de la Haute Assemblée.
Six sénat'eurs viennent d'être enlevés de-
puis les vacances parlementaires !
Mais s'il en est un, parmi les robustes
vieillards siégeant air Luxembourg, qui
semblait taillé pour devenir octogénaire,
voire môme centenaire, c'était bien ce ma-
gnifique Bourguignon, véritable colosse,
que fut "M. Htigoi, sénateur de la Côte-
d'Or et questeur du Sénat, dont nous ap-
prenons la mort avec, tristesse.
Le Rappel tient à saluer une dernière
fois ce parfait républicain de la première
heure, que l'estime et la confiance de ses
concitoyens envoyèrent au Parlement
pendant trente-six années consécutives.
M. Hugot était, en effet',. l'un de nos
plus vieux parlementaires.
Industriel à Montbard, intelligent et tra-
vailleur, M. Hugot s'était dévoué, t'rès
jeune encore, aux intérêts de cette char-
mante et active petite ville, auaiid les ser-
vices qu'il rendit à toute la région, en
1870, le firent élire député après la guerre.
M. Hugot n'a jamais cessé, depuis cette
époque, de représenter le département de
la Côte-d'Or, soit a la Chambre, soit au
Sénat.
Il fut l'un des 3ü3.
Sa compétence en matière d'agriculture
fut toujours très appréciée dans les ueux
Assemblées et plusieurs de ses grands
discours-resteront des modèles du genre.
Le Sénateur. de la Côte-a'Or était aussi
l'un des hommes les plus aimables et les
plus cordialement serviables du Parle-
ment d'une santé merveilleuse,.
Bon vivansta,;v. ait être jovial à ses heures,
M. Hugot savait être jovial à ses heures,
et les journalistes du Sénat se souvien-
dront longtemps de ce gai compagnon qui
ne dédaignait- pas de venir se reposer,
parmi eux, des travaux parlementaires en
écoutant certaines histoires plus ou moins
rabelaisiennes qu'un collègue ou un confrè-
re spirituels — nous en comptons quel-
qaes-uas parmi nous — narrait au milieu
de la plus franche galté.
Aussi, la mort de oet excellent homme
va-t-eile causer d'unanimes regrets dans
toute la presse, quelle que soit l'opinion
qu'elle représente.
Le sénateur de la Côte-d'Or laisse un
fils, président de la section au tribunal ci-
vil de la Seine, qui a épousé la fille de
M. Fonfrède, réminent procureur général
de la Cour d'appel de Toulouse.
rtous lui adressons, ainsi qu'à Mme
veuve Hugot, et à son neveu le docteur
Henry Thierry, le distingué inspecteur
général adjoint de l'assainissement de la
Seine, hier encore secrétaire général de la
France à l'important congrès d'hygiène de
Berlin, l'expression sincère de nos condo-
léances .attristées.
Edmond Wellys.
»
ACCES DE VERTU
Abel Herman-t" l'autre jour, raillait nos
accès de vertu - intempestifs. Dès le lende-
main, il est vrai; Vautres écrivains nous
tançaient d'importance et nous repro-
chaient véhémentement nos vices et nos
dépravations. C'est le sempiternel système
préconisé par "Pascal : Tu' t'élèves ? je
t'abaisse ; tu t'abaisses ? jê rélève.
Balances ou balançoires,1 comme on vou-
dra. Ce petit, jeu de bascules, anodine dis-
traction, ne sfgnifië pas grand'Chose. Il aga-
ce, pourtant, ^lorsqu'il sert de prétexte à
des comparaisons, .désagréables avec d'au-
tres pays. Comme si l'humanité n'était pas
la même, à très peu de différence près, sur
toute la machine ronde !
En Angleterre, à Liveripool plus particu-
lièrement, on est obligé de refuser des li-
cences aux débits de boissons où s'attablent
les femmes jusqu'à ce qu'elles tombent
ivres-mortes. Ces établissements avaient
imaginé d'afficher des avis comme ceux-ci :
« On n'admet pas d'enfants portés sur les
bras ». Mais les ingénieuses ivrognesses
déposaient à la porte leur progéniture,
qu'elles oubliaient presque toujours de re-
prendre en partant.
En Russie, le gouverneur général de Var-
sovie a interdit aux dames le port du man-
cthon, dans la crainte qu'elles n'y cachent.
des bombes.
En Amérique, en ce moment, les jeunes
filles se jettent au cou des jeunes gens qui
leur sont sympathiques, pour leur récla-
mer un autographe et une signature ;
vingt-quatre heures après, elles ont fait:
broder l'autographe et la signature sur un
de leurs bas. La jupe au-dessus du ge-
no-u s'impose à bref délai, car à quoi bon
posséder 1 n curieux autographe et une si-
gnature enviée, si on ne peut les montrer ?
Déjà, en Allemagne, règne, on peut dire,
la robe courte : mais là, on a su trouver
un motif. hygiénique. On a constaté que
la poussière soulevée par les robes longues
augmentait d'une manière sensible la mor-
talité infantile, et l'on a interdit les robes
longues sous peine d'amende.
Faut-il qu'il y ait une sale poussière, en
Allemagne !
Si l'on en croit les dames de Breslau,
les mœurs de la capitale seraient encore
plus sales. Elles sont tellement indignées,
ces dames, qu'elles se sont adressées di-
rectement à l'impératrice et l'ont suppliée
d'intervenir, de mettre en branle « le bras
puissant de l'Etat contre l'immoralité crois-
sante de Berlin M. Elles ont décrit d'une fa-
çon saisissante .la vie nocturne de cette
ville, les bars et les brasseries qui ne fer-
ment pas, les salles où se déroulent les
spectacles les plus éhontés, les établisse-
ments où s'étalent les orgies les plus im-
mondes ; et cette description n'est eUe-
même qu'un pâle reflet des récits que leur
font leurs maris, leurs fils, leurs frères.
à leur retour de Berlin.
Nous croyions que Paris était la « per-
dition de la province » ; et Berlin, donc !
Le pis est que la plupart des grandes vil-
les allemandes imitent la capitale. Une as-
sociation nautique n'a-t-elle pas eu l'impu-
dence et l'impudeur de défiler dans les rues
de Hambourg en culottes courtes et les
genoux nus ? On ne saura jamais le nom-
bre de Hambourgeoises qui se sont éva-
nouies sur le passage de ces culottes. Ç'a
été un scandale inouï, inénarrable. Et tou-
tes les femmes ont protesté avec vigueur
contre cette « immorale exhibition ». contre
cette « abomination satanique ». Que de-
viendrait Germania si on laissait ses habi-
tants s'émanciper à ce point
Tel devait être aussi l'avis de Nietzsche,
qui prétendait que l'émancipation intellec-
tuolle de la femme est « le déshonneur du
genre mâle ».
Mais, jusqu'à présent, le « genre mâle »
n'est guère déshonoré, en Allemagne.
Grotichy de Vorney.
—
LA LIGUE DE LA BANLIEUE
La réunion de la rue de Lille. - Pour la
défense des intérêts des communes de
la Seine
Nous avons dit que notre ami et colla-
boralour, M. Charles Dcloncle député de
la Seine, avait jeté les bases d'une « Li-
gue de défense des intérêts de la ban-
lieue. » Depuis l'idée a fait son chemin,
et, hier, à 4. h de l'après-midi, l'assem-
blée générale constitutive de la Ligue a
pu. avoir lieu à la salle de la Société d'a-
griculture et de pêche, 31, rue de Lille.
Un grand nombre de maires, de conseil-
leurs généraux, d'habitants de la ban-
lieue, etc., y assistaient. La réunion a
donc eu un plein succès : on a compris
l'intérêt de cette^nouvelle ligue.
La réunion était présidée par M. De-
loncle, assisté de MM. Loiseau, maire de
Montrûuil, et Fontaine, maire d'Asnières.
AU début de la réunion, M. Deloncle a
exposé l'utilité, l'intérêt que peut présen-
ter' la ligue et a été vivement applaudi.
M. Barbier, conseiller général du canton
de Boulogne, est venu assurer la ligue de
l'appui des. conseillers généraux .de la
banlieue.
L'assemblée a ensuite approuvé les sta-
tuts de la ligue, après avoir apporté quel-
ques légères modifications' de détails au
texte du comité organisateur.
La ligue s'occupera essentiellement des
intérêts généraux de la banlieue/Elle étu-
diera, dans les conditions prévues par les
statuts établis ces - ,: intérêts généraux,
t *
formulera d'une façon précise les besoins
et les desiderata des populations subur-
baines et agira auprès des pouvoirs pu-
blics et des administrations compétentes,
en vue d'obtenir fa réalisation des vœux
et décisions sorties de ses délibérations.
Elle pourra également mettre son influen-
ce à la disposition des intérêts particu-
liers à chaque commune pour hâter la so-
lution de toutes, les affaires engagées ou
à engager devant les pouvoirs publics et
les- * administrations.
Elle sera administrée par un bureau et
un comité directeur composé de membres
de droit, c'est-à-dire des sénateurs de la
Seine, des député des circonscriptions de
la banlieue, des conseillers généraux de
la banlieue, des conseillers d'arrondisse-
ment et des maires des communes subur-
Ilaines, adhérents à la ligue et de quaran-
te membres élus désignés en bssexnbléd
générale. ,.
Ce comité se divisera lui-même; en
commissions qui sont :
10 Commission administrative du Règlement
d-ï la Propagande, des Pétitions et affaires di*
verses ;
2--l Commission de l'Enseignement ;
3® Commission des questions fiscales ;
4? Commission des routes, chemins et moyens
de transports ; r -
5° Commission de l'Assistance publique, de
l'hygiène et de.l'assainissement ;
6° Commission d'études de la suppression des
servitudes militaires dans les zones des forti-
fications de Paris et des forts de la banlieue :
70 Commission des services publics (polioe,
postes, etc.).
Et maintenant, il ne nous reste plus
qu'à souhaiter bonne chance à la nouvelle
ligue. — Henry Rebottl.
A NANCY-MAXÉVILLE
Le V Congrès du Parti Radical et Radical-Socialiste
La deuxième journée. — L'enthousiasme. — Séances d'accord
et de confiance entre tous les délégués. — Le vote una-
nime contre l'antipatriotisme. — Le parti radical
et radical-socialiste, constitué fortement,
- - assurera le succès des réformes
--.. républicaines.
-, (De notre - envoyé spécial)
Nancy, il octobre.
Le congrès a déterminé aujourd'hui
quelle serait l'attitude des radicaux à
l'égard des socialistes plus ou moins
directement compromis dans laptopa.
gande .antipatriotique. On sait que
deux commissions s'étaient simultané-
ment occupées hier de cette question.
Pour éviter un doublé emploi, ces
commissions se sont réunies ce ma-
tin et ont cherché l'accord sur les
termes d'un ordre .du jour.
Deux textes étaient proposés : l'un
portait les signatures de nos amis Louis
Puech, Berteàux, Dalimier, Steeg, etc.;
il comportait la répudiation pure et
simple de la soi-disant doctrine qui re-
commande la désertion en temps ae
paix, la grève générale et l'insurrec-
tion en temps de guerre. L'autre texte
présenté par MM. Camille Pelletan,
Dumont, Delpech, etc., flétrissant aussi
l'antipatriotisme, réglait en outre l'at-
titude électorale du parti radical et
radical-socialiste à l'égard des candi-
dats révolutionnaires. MM. Louis
Puech, Berteàux, Steeg ont indiqué les
dangers que comportait une réglemen-
tation trop minutieuse des incidents
électoraux ; ils ont dit. leur préférence
pour un vote de principe très net dont
le comité exécutif serait chargé d'as-
surer l'application. MM. Dumont, Del-
pech, Pelletan ont insisté pour que le
congrès accomplit un acte en empê-
chant les électeurs démocrates de mê-
ler leurs votes à ceux des sans-patrie.
Le sentiment de tous les radicaux
à l'égard de la campagne antirépubli-
caine et antifrançaise que vous savez
n'étant pas douteux, l'accord n'a pas
tardé à se faire : MM. Berteàux, Puech
-et les autres signataires du premier
ordre du jour ont adhéré pleinement
au secondM. Dumont a été nommé
rapporteur et une sous-commission
comprenant les signataires des deux:
textes sur lesquels on venait de déli-
bérer a été chargée d'arrêter les ter-
mes d'un bref exposé des motifs.
Vous trouverez ci-dessous ces docu-
ments, je n'en dirai qu'une chose :
c'est qu'ils répondent, admirablement
à la volonté unanime du parti de flé-
trir les agissements d'individus avec
lesquels nul de nous ne saurait avoir
rien de commun ; en même temps, ils
se gardent d'englober dans une répro-
bation générale un parti politique quel-
conque. Les candidats unifiés ne sont
pas l'objet d'une excommunication en
bloc ; chacun d'eux sera jugé sur ses
paroles et sur sa conduite person-
nelles.
Le congrès a été superbe d'enthou-
siasme patriotique ; il a fait le meil-
leur accueil au rapport de M. Dumont.
Après la lecture de l'ordre du jour qui
répondait au sentiment intime de tous,
les applaudissements ont éclaté et se
sont longtemps prolongés ; après le
vote, l'assemblée se levait et entonnait
spontanément un couplet de la Mar-
seillaise. Les acclamations reprenaient
ensuite. Si les démagogues osaient
espérer une attitude équivoque du ra-
dicalisme sur la question de la patrie,
le congrès leur a fait hier la réponse
qu'ils méritaient.
D'autres parties de la séance tenue
cet après-midi par le congrès ont éga.
lement présenté un très vit intérêt :
M. Debierre, chargé do rédiger et de
lire la déclaration du parti, a fait un
résumé lumineux et incisif de la doc-
trine, de la méthode et du programme
des radicaux ; il. restait à insister sur
l'intérêt de notre parti à voir achever
le monument des lois sociales entre-
pris par la Chambre depuis si long-
temps et toujours resté en suspens" ;
nos amis Camille Pelletan, Puech.
Berteàux et plusieurs- autres déplli
et congressistes comblent la lacune en
présentant une motion invitant le Par-
lement à hâter le vote des lois so-
ciales. La motion est adoptée d'emblée.
Alors surgit à la tribune un brave
délégué, fort sympathique spécimen
des démocrates .campgila('d.5, qui se
demande si le gouvernement ne peut
pas se sentir gêné par le vote qui vient
d'avoir lieu. On rassur-e ce militant en
lui expliquant .qu'un; gouvernement
radical ne saurait que se réjouir d'être
soutenu par l'opinion démocratique
dans l'œuvre des réformes sociales
dont il a la responsabilité J
Pour finir, une discussion assez mou.
vementée, mais très cordiale, sur l'in-
demnité parlementaire : M. Louis
Bonnet présente une motion félicitant
le Parlement de s'être conformé à un
vœu du congrus de Toulouse car, fait
trop oublié, c'est un congrès radical
qui avait formulé la première propo-
sition de relèvement de l'indemnité
parlementaire. On crie : Archimbaud 1
Archimbaud ! sur l'air des lampions.
M. Archimbaud se borne à une courte
déclaration : partisan de l'indemnité
de 9.000 francs, il se rallierait cepen-
dant à celle de 15.000, sous réserve
de réduction de moitié du nombre des
députés.
L'allocution de M. Archimbaud est
très cahotée ; M. Weil lui reproche vi-
vement d'avoir promis aux communes
de sa circonscription de leur distri-
buer les « six mille en plus » ; en
crie : « C'est de la corruption électo»
raie ! » Plusieurs députés et sénateurs
défendent le vote de la Chambre et la
motion Bonnet est adoptée à une très
grosse majorité.
Cette journée marque sans doute le
peint culminant de l'intérêt qui s'atr
tache au congrès de Nancy. Je tiens ï
dire sans plus tarder quelle impres-
sion réconfortante ressort de ces assi-
ses de notre grand parti ; les délégués
sont très nombreux et leur ardeur se
communique au peuple nancécn qui.
d'un tempérament un peu froid, s'é-
tonne qu'un seul congrès suffise à
donner tant d'animation à sa ville.
HUGUES DESTREM.
Avant la séance
Nancy, 11 octobre.
Les délégués assistant au congrès sont de
plus en plus nombreur ; c'est que la gran.
de bataille sur la question de la ruptura
avec les socialistes unifiés va avoir lieu cp-I
après-midi, si l'ordre du jour ne change
pas. 'lo 1
Parmi les nouveaux arrivés, citons le gb
néral André et M. Ghevillon, ancien dé-
puté des Bouches-du-Rhône.
Le congrès tiendra ce matin une séance
supplémentaire consacrée à la discuKsios
sur les mandats contestés. On annonce à
ce sujet le renvoi au Comité exécutif, c'est-
à-dire l'exclusion momentanée, du profes-
seur Thalamas. On lui reproche d'avoir agî
contre la discipline du parti, au cours d'in-
cidents électoraux.
Réunion plénière des commissions
Les commissions de règlement et disci-
pline et de propagande et organisation du
parti, qui hier discutaient séparément sud
la question des rapports avec, le parti so-
cialiste, tiennent ce matin une réunion plé-
nière. Les personnalités parlementaire;-, cil
autres sont très nombreuses à cette rfa*
nion, qui a commencé à neuf heures de
matin. On y trouve MM. Bereaux. Louis
Puech, Camille Pelletan, Dalimier, Delpech
Cruippi. Albert Sarraut, Steeg, Dumoat, etc
• La motion Puech Dalimier
MM. Louis Puech et Dalimier y soutieu-
nenti une motion différente de celle de M.
Bonnet, et qui est rédigée de façon qud
personne, sauf les hervéistcs, y puisse voii
une déclaration de guerre et qu'elle laisse
possible la politique d'union de gauche di.
ces dernières années.
Voici, du reste, le texte de celle motion 1
« Le Congrès du parti radical et rtldcal.
socialiste, fidèle aux doctrine,s constantes
du parti, fort de l'appui du suffrage univer-
sel. dédaignant les sommations comme le*
injures, de quelque côté qu'elles viennent,
résolu à réaliser intégralement son pro.
gramme, répudie, comme il l'a toujours
fait, comme insensées et criminelles, la
grève générale et l'insurrection en face de .,.
Finvasion étr ingère, laisse au eomiré exé-
cutif le soin d'appliquer ces principes en
toutes circonstances et passe à l'ordre du
jour. »
Bientôt, on apprend que cette réunion jAé-
nière des commissions de règlement et dis-
cipline et de propagande et organisation do
parti a pris une importance considérable.
Chaque orateur s'est élevé avec force
contre l'hervéisme. Le général André a de-
mandé que le Code de guerre soit appliqué
en cas de mobilisation, dès le premier jour
de cette mobilisation, d'où l'exécution ¡m-
médiate de tout anUpatriote. M. Pelletan a
dit : (1 Nous sommes toujours les prLrLinnf'
de ce bloc de gauche qui a mis -à pied d'eo"
vre et réalisé en partie de si grandes ré-
formes, et il doit être bien entendu que
seuls seront, privés de nos suffrages les so-
cialistes qui ne répudieraient pas les doc-
trines d'Hervé. »
La motion Bonnet, de la Fédération 1H
la Seine, n'y a pas été défendue. MM. Bcr
teaux, Steeg et Puech ont parlé en fr.vet
de la motion: Puech et Dalimier, dont r.fn?
publions plus- haut le texte.
MM. Pelletan et Dumont en ont pfSsltofé
une autre ainsi conçue :
Ii
Dimanche 13 Octobre 1907. = N° 13729..
::.. - .te8P.
ftUGUSTEVACQUERIE
*
• ABONNEMENTS
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«M. LAGRANGE, CERF é O J
6, Place de la Bourse, 6
M aux BUREAUX DU JOURS AU
',.- « r. Q
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAft
- Téléphone ltifr-82 »
âdresaer lettres et mandats i l'Administrateur
,,' OPINIONS
CROISSANCE
HATIVE
Les polémiques de ces temps derniers
ont, pour des raisons diverses, placé
l'empire d'Allemagne au tout premier
plan de l'actualité.
Cette force gigantesque qui vient
t battre nos frontières, force toujours
grandissante, toujours en travail, dont
l'expansion calme et régulière cache
nous le savons de terribles bouillonne-
ments intimes, quelles destinées l'ave-
nir lui réserve-t-il ? Quels objets solli-
citeront ses énergies croissantes ?
, Quelles ambitions l'animent ? Se sa-
tisfera-t-elle de l'évolution pacifi-
que, du développement, normal des
fiévreuses activités qui s'agitent en
elle ? Ou bien, sous l'empire des né-,
: cessâtes Vitales;, se précipitera-t-elle
brutalement hors d'un, champ d'action
devenu trop étroit, débordera-t-elle sur
le monde en flots irrésistibles et dé-
iastateurs ?
> Quelques jugements que suggère
,la politique suivie par le gouvernement
! allemand, il serait injuste, il serait
pusillanime de manifester des inquié-
, : ¡tudes, ou jnême des appréhensions,
que toute réflexion sincère et sérieuse
• nous commande d'écarter, à l'heure
actuelle.
L'Allemagne est pacifique; elle veut
- la paix, 'parce qu'elle en a besoin,
parce que la paix seule peut fé-
; .conder son activité industrielle et com-
merciale ; parce que la paix seule
peut affermir les conquêtes qu'un tra-
vail acharné, mais payé par une for-
tune rapide — trop rapide — lui a
values sur le marché universel..
Si détestable que soit la guerre, il
faut bien lui rendre cette justice qu'elle
n'est point toujours stérile. Les vic-
toires de 1870 n'ont point seulement
tenrîcni l'Allemagne de la manne de nos
- milliards. En concentrant des forces
fparses et latentes, en secouant l'indo-
lence particulariste, en imprimant à
l'ûme germanique un élan de confiance
cri soi, une commune volonté de puis-
sance, elles ont dans tous les domai-
nes, dans la pensée comme le négoce,
donné le signal d'un - réveil des facultés
d'action longuement inemployées ou
mal utilisées.
, Après les tâtonnements de la pre-
mière heure, l'Allemagne s'est mise en
branle. Son industrie ne comptait point.
I:es usines y sont sorties de terre. Ses
commis-voyageurs ont sillonné les rou-
tes de la planète, insinuants et sou-
* pies, s'adaptant à toutes les exigences
de la clientèle qu'on voulait annexer.
Crédits illimités, bon marché sans ri-
val. Jusqu'aux marques de fabrique
des produits évincés, on obtenait tout
de leur complaisance empressée. A côté
d'une industrie quelque peu suspecte,
s'en est constituée très vite une autre
de bon aloi, aciéries, produits chimi-
ques, etc., moderne dans ses méthodes,
ses installations, sa poursuite des dé-
bouchés. Et tout cet effort, quoiqu'on
dise, n'a point été vain : il se chiffre
par un accroissement certain de la for-
tune publique et de la prospérité de
tous.
Mais cette frénésie d'activité portait
ien elle des germes de ruine qui, tan-
dis que s'élevait la grandeur indus-
* itrielle de l'Allemagne, tendaient sour-
dement à la ruine. Sa résurrection lui
avait donné toute -la vigueur de la
jeunesse. Elle l'a faite riche d'ardeur
et d'initiative. Elle l'a laissée pauvre
d'argent. Pour durer, il fallait obtenir
ie succès toujours, le succès quand
même. Les produits allemands n'a-
vaient pas le loisir de chômer en ma-
:'gasin. L'habileté de ses commerçants
était parvenue à démonter pour un
temps les concurrences voisines. Celles-
ci se sont organisées pour la lutte.
D'autres, comme les Etats-Unis et le
Japon, sont entrées en lice. Ruinés par
la surproduction, des établissements in-
dustriels à peine construits s'écroulent
comme des châteaux de cartes. Fabri-
quer ne suffit pas : il faut vendre et
A des prix rémunérateurs. Voici que la
masse ouvrière, magistralement orga-
nisée, réclame impérieusement son
droit à l'existence. Jadis des popula-
tions entières ne mouraient. pas, mais
« vivaient de faim », comme me disait
un Allemand. Il faut relever les sa-
laires. Comment se rattraper ! Com-
ment imposer aux habitudes d'une
clientèle si péniblement acquise ces ma-
jorations qu'elle ne s'expliquera pas ?
Les banques sont dures à l'escompte,
plus encore au découvert. FJ cepen-
dant, impassibles dans leur égôïsme
protectionniste, les tout puissants agra-
riens paralysent tout assouplissement.
• au régime douanier et rendront tantôt
inutile cette splendide flotte marchande
qui, vers les débouchés toujours plus
nécessaires, devait porter la fortune du
Vaterland.
Le même dangereux essor s'est em-
paré de -l'Allemagne dans les choses
de la 'pensée. Les écolesi techniques
regorgent d'élèves. Les facultés de mé-
decine ou de droit sont à ce point en-
combrées qu'il devient chimérique
d'embrasser les carrières de magistrat
ou de médecin. L'ingénieur civil, après
des études solides et consciencieuses,
ne trouve à se caser qu'avec des sa-
laires de famine. Tout cela se tas-
sera ? Je l'espère et je le désire !
Tous les peuples ont connu certaines
maladies de croissance dont ils triom-
phent peu à peu par la robustesse de
leur constitution. Mais ce 'triomphe est
subordonné à un état d'équilibre fon-
damental, organique, chez les nations
comme chez les individus. - L'enfant,
ou l'adolescent en qui se manifestent
trop, vite les signesi de la maturité
sont rarement aptes à supporter et
à surmonter d'eux-mêmes les crises
morales ou physiques qui les tourmen-
tent. C'est alors qu'on est obligé
d'avoir recours aux médications éner-
giques, aux révulsifs désespérés.
Un peuple que dévore la soif de
vivre ne se résoudra jamais à périr
pour avoir trop tôt ou trop vite voulu
goûter aux âpres délices de la lutte et
de la puissance. Il ne renoncera qu'a-
près avoir épuisé la vertu de tous les
instruments de concurrence, d'offensive
qu'il a pu se créer, surtout si l'un quel-
conque de ces outils, après avoir fait
ses preuves dans le passé, lui permet
de concevoir !de sérieuses espérances
d'avenir et de relèvement.
Je ne dis pas que ces considérations
s'appliquent à l'Allemagne. Mais il
n'en coûte rien quand même de regar-
der un peu ce qui s'y passe et d'y
rester attentifs.
T. STEEC.
- ™'
Qt NOS RICHESSES EN DANGER
Les voleurs gens de goût
se multiplient : hier encore,
c'était l'église de Saint-Léo-
néard, à Alençon, qui rece-
vait la visite de ces amateurs
distingués. Ils ont commen-
cé par vider les troncs ; puis ils ont
décroché une peinture qui leur a paru
bien ; avant-hier, on s'est aperçu que
d'autres messieurs éruclits avaient em-
porté deux manuscrits à enluminures
de la bibliothèque de Saint-Germain ;
et je n'ai pas besoin d'insister sur la
cueillette opérée-, parmi les églises et
les chapelles auvergnates, par la bande
Thomas.
Il faut s'attendre à ce qu'il y ait une
suite à ces expéditions de malfaiteurs
artistes : le prix du bibelot, le prix
de l'objet de curiosité f;st monté à un
tel taux qu'on ne peut espérer que les
voleurs renoncent de sitôt à d'aussi
fructueuses opérations. L'Amérique,
qui, en fait de documents anciens et
d'œuvres (j'art, ne possède absolument
rien que ce qu'elle achète en Europe,
l'Amérique à elle seule, dis-je, suffirait
à soutenir le zèle des chasseurs d'objets
d'art, et tant que le nouveau continent
ne sera pas gavé — ce qui sera long
— l'Europe continuera à lui venclre à
des prix de milliardaires, les belles
œuvres qu'elle possède encore. A Paris,
dans le monde de la curiosité, lors-
qu'une pièce remarquable est sur le
point d'être mise en vente, on s'in-
quiète d'abord de savoir si les délé-
gués d'un richissime Yankee bien
connu ici ont été l'examiner. S'ils y
ont été, il n'y a plus rien à faire pour
les Parisiens : l'objet, par le fait seul
de la démarche du Yankee, a été aus-
sitôt mis au double ou au triple du
prix précédemment entrevu. Le Yan-
kee a beau changer ses délégués ;
ceux-ci ont beau mettre un faux-nez,
ils sont éventés : c'était dix mille
francs ? pour eux ce sera cent vingt-
cinq mille. Et c'est bien parce que
c'est eux.
Comment voulez-vous, dans ces con-
ditions, que les Thomas ne soient point
tentés d'entrer dans les affaires de la
partie ? Nos richesses nationales sont
'donc en grand danger par le fait de
leur dispersion dans une multitude
'd'endroits où la surveillance ne peut
s'exercer avec efficacité.
D'autre part, la thèse qui consiste
à préserver ces richesses d'art en les
enfouissant toutes au Louvre ne me
donne pas satisfaction ; cela pour plu-
sieurs raisons, dont la première est
que la province, tout comme Paris, a
droit à l'instruction par les yeux, et.
par la vue des belles œuvres' et
dont la seconde, non moins forte, est
qué. lorsque - tous les chefs-d'œuvre
seront au Louvre, et lorsque tous les
documents seront ouix archives, il suf-
fira de deux "allumettes pour anéantir
l'art français et l'histoire de France.
Il y a, toutefois, quelque chose à
chercher dans le sens d'une concentra-
sation plus grande -de nos richesses
d'art, soit en les rassemblant dans le
musée local, soit, --si cé sont des
objets du culte, —; en lés plaçant clans
la principale église du chef-lieu. On
pourrait, par ce procédé, exercer une
surveillance plus efficace. -
Mais, avec les voleurs en automo-
biles; il faut que les chapelles des ha-
meaux renoncent à étaler des châsses
de deux cent mille francs. C'est un peu
trop tenter la mauvaise chance.
— ■■ ; .—
LES ON-DIT
Ecole de police
Ce sera bientôt aussi malaisé 'd'en-
trer dans la police qu'à Polytechnique.
Aussi bien, la surveillance d'une
grande ville comme Paris, la parfaite
connaissance de ses rouages compli-
qués exigent une préparation excep-
tionnelle et une science pratique des
plus étendues. Les Suisses, les pre-
miers, ont eu l'idée de créer une haute
école de police ; la question a été sé-
rieusement agitée jeudi dernier, à Bâle)
dans une conférence des principaux
représentants de la Sûreté fédérale.
Nul doute qu'elle ne soit appelée à
faire aussi son chemin en France.
Caserio et Louvel
On dit que l'infortuné président
Carnot aurait eu l'intuition de sa fin
tragique. Il se savait, d'ailleurs, me-
nacé par les anarchistes. Mais il ne re-
nonçait pas pour cela à ses promena-
des solitaires aux Champs-Elysées et
au Bois, au grand ennui de la brigade
de l'Elysée, qu'il tenait résolument à
distiance.¡Que!qu'un qui(I,a assist.é: de près
au drame de Lyon m'a assuré qu'au mo-
ment où, prétextant une supplique,
Caserio leva le couteau sur le prési-
dent, celui-ci regarda avec horreur,
mais sans étonnement, son meurtrier,
comme s'il le reconnaissait. Il aurait
même proféré un mot étrange qui fe-
rait supposer qu'il l'avait vu déjà. Et
voilà la dramatique question des pres-
sentiments remise sur le tapis 1
S'il faut s'en rapporter aux mémo-
rialistes, le duc de Berry aussi avait
reçu un avertissement singulier du
hasard. Le 13 février 1820, au bal du
banquier Greffulhe, le duc de Fitz-Ja-
mes, imitant le rôle et le costume de
Potier dans une parodie de l'opéra des
Danaïdes donnée à la Porte-Saint-Mar-
tin, distribuait des eustaches aux da-
mes en les invitant à tuer leurs ma-
ris : « Allez, mes petits agneaux 1 n Il
en donna un à la duchesse de Berry et
l'entretint longuement sur la manière
de frapper le duc : « Allons, conclut-il,
demain il sera mort ! » Moins de vingt-
quatre heures après — terrible coïn-
cidence ! — le prince était poignardé
par Louvel au square Louvois dans
les conditions exactes qu'avait indi*
quées le gentilhomme.
Un chat fonctionnaire anglais
M. Sydnev Brixton, le directeur 'des
postes anglaises, au cours d'un ban-
quet à Glasgow, a déclaré que der-
nièrement on trouva qu'un chat atta-
ché au bureau central des télégraphes
émargeait chaque semaine pour ra:
somme de 1 fr. 85 pour sa nourriture.
Il avait été d'avis que ce chat ne de-
vait pas vivre aux dépens des contri-
buables, mais' se procurer lui-même
sa subsistance en attrapant lès rats.
En conséquence, l'administration, sans
supprimer l'allocation, avait du moins
réduit cette dernière considérablement,
ce qui démontrait l'esprit d'économie
du gouvernement.
Et tous les conviyes d'applaudir.
Le Passant.
MORT DE M. HUGOT
Questeur du Sénat
Une dépôche de Dijon nous annonce que
M. Hugot, maire de Montbard, sénateur
et questeur du Sénat, est mort hier à 4
heures. Il était âgé de 71 ans.
Les obsèques auront lieu à Montbard,
lundi à une heure
La mort fauche impitoyablement dans
les rangs de la Haute Assemblée.
Six sénat'eurs viennent d'être enlevés de-
puis les vacances parlementaires !
Mais s'il en est un, parmi les robustes
vieillards siégeant air Luxembourg, qui
semblait taillé pour devenir octogénaire,
voire môme centenaire, c'était bien ce ma-
gnifique Bourguignon, véritable colosse,
que fut "M. Htigoi, sénateur de la Côte-
d'Or et questeur du Sénat, dont nous ap-
prenons la mort avec, tristesse.
Le Rappel tient à saluer une dernière
fois ce parfait républicain de la première
heure, que l'estime et la confiance de ses
concitoyens envoyèrent au Parlement
pendant trente-six années consécutives.
M. Hugot était, en effet',. l'un de nos
plus vieux parlementaires.
Industriel à Montbard, intelligent et tra-
vailleur, M. Hugot s'était dévoué, t'rès
jeune encore, aux intérêts de cette char-
mante et active petite ville, auaiid les ser-
vices qu'il rendit à toute la région, en
1870, le firent élire député après la guerre.
M. Hugot n'a jamais cessé, depuis cette
époque, de représenter le département de
la Côte-d'Or, soit a la Chambre, soit au
Sénat.
Il fut l'un des 3ü3.
Sa compétence en matière d'agriculture
fut toujours très appréciée dans les ueux
Assemblées et plusieurs de ses grands
discours-resteront des modèles du genre.
Le Sénateur. de la Côte-a'Or était aussi
l'un des hommes les plus aimables et les
plus cordialement serviables du Parle-
ment d'une santé merveilleuse,.
Bon vivansta,;v. ait être jovial à ses heures,
M. Hugot savait être jovial à ses heures,
et les journalistes du Sénat se souvien-
dront longtemps de ce gai compagnon qui
ne dédaignait- pas de venir se reposer,
parmi eux, des travaux parlementaires en
écoutant certaines histoires plus ou moins
rabelaisiennes qu'un collègue ou un confrè-
re spirituels — nous en comptons quel-
qaes-uas parmi nous — narrait au milieu
de la plus franche galté.
Aussi, la mort de oet excellent homme
va-t-eile causer d'unanimes regrets dans
toute la presse, quelle que soit l'opinion
qu'elle représente.
Le sénateur de la Côte-d'Or laisse un
fils, président de la section au tribunal ci-
vil de la Seine, qui a épousé la fille de
M. Fonfrède, réminent procureur général
de la Cour d'appel de Toulouse.
rtous lui adressons, ainsi qu'à Mme
veuve Hugot, et à son neveu le docteur
Henry Thierry, le distingué inspecteur
général adjoint de l'assainissement de la
Seine, hier encore secrétaire général de la
France à l'important congrès d'hygiène de
Berlin, l'expression sincère de nos condo-
léances .attristées.
Edmond Wellys.
»
ACCES DE VERTU
Abel Herman-t" l'autre jour, raillait nos
accès de vertu - intempestifs. Dès le lende-
main, il est vrai; Vautres écrivains nous
tançaient d'importance et nous repro-
chaient véhémentement nos vices et nos
dépravations. C'est le sempiternel système
préconisé par "Pascal : Tu' t'élèves ? je
t'abaisse ; tu t'abaisses ? jê rélève.
Balances ou balançoires,1 comme on vou-
dra. Ce petit, jeu de bascules, anodine dis-
traction, ne sfgnifië pas grand'Chose. Il aga-
ce, pourtant, ^lorsqu'il sert de prétexte à
des comparaisons, .désagréables avec d'au-
tres pays. Comme si l'humanité n'était pas
la même, à très peu de différence près, sur
toute la machine ronde !
En Angleterre, à Liveripool plus particu-
lièrement, on est obligé de refuser des li-
cences aux débits de boissons où s'attablent
les femmes jusqu'à ce qu'elles tombent
ivres-mortes. Ces établissements avaient
imaginé d'afficher des avis comme ceux-ci :
« On n'admet pas d'enfants portés sur les
bras ». Mais les ingénieuses ivrognesses
déposaient à la porte leur progéniture,
qu'elles oubliaient presque toujours de re-
prendre en partant.
En Russie, le gouverneur général de Var-
sovie a interdit aux dames le port du man-
cthon, dans la crainte qu'elles n'y cachent.
des bombes.
En Amérique, en ce moment, les jeunes
filles se jettent au cou des jeunes gens qui
leur sont sympathiques, pour leur récla-
mer un autographe et une signature ;
vingt-quatre heures après, elles ont fait:
broder l'autographe et la signature sur un
de leurs bas. La jupe au-dessus du ge-
no-u s'impose à bref délai, car à quoi bon
posséder 1 n curieux autographe et une si-
gnature enviée, si on ne peut les montrer ?
Déjà, en Allemagne, règne, on peut dire,
la robe courte : mais là, on a su trouver
un motif. hygiénique. On a constaté que
la poussière soulevée par les robes longues
augmentait d'une manière sensible la mor-
talité infantile, et l'on a interdit les robes
longues sous peine d'amende.
Faut-il qu'il y ait une sale poussière, en
Allemagne !
Si l'on en croit les dames de Breslau,
les mœurs de la capitale seraient encore
plus sales. Elles sont tellement indignées,
ces dames, qu'elles se sont adressées di-
rectement à l'impératrice et l'ont suppliée
d'intervenir, de mettre en branle « le bras
puissant de l'Etat contre l'immoralité crois-
sante de Berlin M. Elles ont décrit d'une fa-
çon saisissante .la vie nocturne de cette
ville, les bars et les brasseries qui ne fer-
ment pas, les salles où se déroulent les
spectacles les plus éhontés, les établisse-
ments où s'étalent les orgies les plus im-
mondes ; et cette description n'est eUe-
même qu'un pâle reflet des récits que leur
font leurs maris, leurs fils, leurs frères.
à leur retour de Berlin.
Nous croyions que Paris était la « per-
dition de la province » ; et Berlin, donc !
Le pis est que la plupart des grandes vil-
les allemandes imitent la capitale. Une as-
sociation nautique n'a-t-elle pas eu l'impu-
dence et l'impudeur de défiler dans les rues
de Hambourg en culottes courtes et les
genoux nus ? On ne saura jamais le nom-
bre de Hambourgeoises qui se sont éva-
nouies sur le passage de ces culottes. Ç'a
été un scandale inouï, inénarrable. Et tou-
tes les femmes ont protesté avec vigueur
contre cette « immorale exhibition ». contre
cette « abomination satanique ». Que de-
viendrait Germania si on laissait ses habi-
tants s'émanciper à ce point
Tel devait être aussi l'avis de Nietzsche,
qui prétendait que l'émancipation intellec-
tuolle de la femme est « le déshonneur du
genre mâle ».
Mais, jusqu'à présent, le « genre mâle »
n'est guère déshonoré, en Allemagne.
Grotichy de Vorney.
—
LA LIGUE DE LA BANLIEUE
La réunion de la rue de Lille. - Pour la
défense des intérêts des communes de
la Seine
Nous avons dit que notre ami et colla-
boralour, M. Charles Dcloncle député de
la Seine, avait jeté les bases d'une « Li-
gue de défense des intérêts de la ban-
lieue. » Depuis l'idée a fait son chemin,
et, hier, à 4. h de l'après-midi, l'assem-
blée générale constitutive de la Ligue a
pu. avoir lieu à la salle de la Société d'a-
griculture et de pêche, 31, rue de Lille.
Un grand nombre de maires, de conseil-
leurs généraux, d'habitants de la ban-
lieue, etc., y assistaient. La réunion a
donc eu un plein succès : on a compris
l'intérêt de cette^nouvelle ligue.
La réunion était présidée par M. De-
loncle, assisté de MM. Loiseau, maire de
Montrûuil, et Fontaine, maire d'Asnières.
AU début de la réunion, M. Deloncle a
exposé l'utilité, l'intérêt que peut présen-
ter' la ligue et a été vivement applaudi.
M. Barbier, conseiller général du canton
de Boulogne, est venu assurer la ligue de
l'appui des. conseillers généraux .de la
banlieue.
L'assemblée a ensuite approuvé les sta-
tuts de la ligue, après avoir apporté quel-
ques légères modifications' de détails au
texte du comité organisateur.
La ligue s'occupera essentiellement des
intérêts généraux de la banlieue/Elle étu-
diera, dans les conditions prévues par les
statuts établis ces - ,: intérêts généraux,
t *
formulera d'une façon précise les besoins
et les desiderata des populations subur-
baines et agira auprès des pouvoirs pu-
blics et des administrations compétentes,
en vue d'obtenir fa réalisation des vœux
et décisions sorties de ses délibérations.
Elle pourra également mettre son influen-
ce à la disposition des intérêts particu-
liers à chaque commune pour hâter la so-
lution de toutes, les affaires engagées ou
à engager devant les pouvoirs publics et
les- * administrations.
Elle sera administrée par un bureau et
un comité directeur composé de membres
de droit, c'est-à-dire des sénateurs de la
Seine, des député des circonscriptions de
la banlieue, des conseillers généraux de
la banlieue, des conseillers d'arrondisse-
ment et des maires des communes subur-
Ilaines, adhérents à la ligue et de quaran-
te membres élus désignés en bssexnbléd
générale. ,.
Ce comité se divisera lui-même; en
commissions qui sont :
10 Commission administrative du Règlement
d-ï la Propagande, des Pétitions et affaires di*
verses ;
2--l Commission de l'Enseignement ;
3® Commission des questions fiscales ;
4? Commission des routes, chemins et moyens
de transports ; r -
5° Commission de l'Assistance publique, de
l'hygiène et de.l'assainissement ;
6° Commission d'études de la suppression des
servitudes militaires dans les zones des forti-
fications de Paris et des forts de la banlieue :
70 Commission des services publics (polioe,
postes, etc.).
Et maintenant, il ne nous reste plus
qu'à souhaiter bonne chance à la nouvelle
ligue. — Henry Rebottl.
A NANCY-MAXÉVILLE
Le V Congrès du Parti Radical et Radical-Socialiste
La deuxième journée. — L'enthousiasme. — Séances d'accord
et de confiance entre tous les délégués. — Le vote una-
nime contre l'antipatriotisme. — Le parti radical
et radical-socialiste, constitué fortement,
- - assurera le succès des réformes
--.. républicaines.
-, (De notre - envoyé spécial)
Nancy, il octobre.
Le congrès a déterminé aujourd'hui
quelle serait l'attitude des radicaux à
l'égard des socialistes plus ou moins
directement compromis dans laptopa.
gande .antipatriotique. On sait que
deux commissions s'étaient simultané-
ment occupées hier de cette question.
Pour éviter un doublé emploi, ces
commissions se sont réunies ce ma-
tin et ont cherché l'accord sur les
termes d'un ordre .du jour.
Deux textes étaient proposés : l'un
portait les signatures de nos amis Louis
Puech, Berteàux, Dalimier, Steeg, etc.;
il comportait la répudiation pure et
simple de la soi-disant doctrine qui re-
commande la désertion en temps ae
paix, la grève générale et l'insurrec-
tion en temps de guerre. L'autre texte
présenté par MM. Camille Pelletan,
Dumont, Delpech, etc., flétrissant aussi
l'antipatriotisme, réglait en outre l'at-
titude électorale du parti radical et
radical-socialiste à l'égard des candi-
dats révolutionnaires. MM. Louis
Puech, Berteàux, Steeg ont indiqué les
dangers que comportait une réglemen-
tation trop minutieuse des incidents
électoraux ; ils ont dit. leur préférence
pour un vote de principe très net dont
le comité exécutif serait chargé d'as-
surer l'application. MM. Dumont, Del-
pech, Pelletan ont insisté pour que le
congrès accomplit un acte en empê-
chant les électeurs démocrates de mê-
ler leurs votes à ceux des sans-patrie.
Le sentiment de tous les radicaux
à l'égard de la campagne antirépubli-
caine et antifrançaise que vous savez
n'étant pas douteux, l'accord n'a pas
tardé à se faire : MM. Berteàux, Puech
-et les autres signataires du premier
ordre du jour ont adhéré pleinement
au secondM. Dumont a été nommé
rapporteur et une sous-commission
comprenant les signataires des deux:
textes sur lesquels on venait de déli-
bérer a été chargée d'arrêter les ter-
mes d'un bref exposé des motifs.
Vous trouverez ci-dessous ces docu-
ments, je n'en dirai qu'une chose :
c'est qu'ils répondent, admirablement
à la volonté unanime du parti de flé-
trir les agissements d'individus avec
lesquels nul de nous ne saurait avoir
rien de commun ; en même temps, ils
se gardent d'englober dans une répro-
bation générale un parti politique quel-
conque. Les candidats unifiés ne sont
pas l'objet d'une excommunication en
bloc ; chacun d'eux sera jugé sur ses
paroles et sur sa conduite person-
nelles.
Le congrès a été superbe d'enthou-
siasme patriotique ; il a fait le meil-
leur accueil au rapport de M. Dumont.
Après la lecture de l'ordre du jour qui
répondait au sentiment intime de tous,
les applaudissements ont éclaté et se
sont longtemps prolongés ; après le
vote, l'assemblée se levait et entonnait
spontanément un couplet de la Mar-
seillaise. Les acclamations reprenaient
ensuite. Si les démagogues osaient
espérer une attitude équivoque du ra-
dicalisme sur la question de la patrie,
le congrès leur a fait hier la réponse
qu'ils méritaient.
D'autres parties de la séance tenue
cet après-midi par le congrès ont éga.
lement présenté un très vit intérêt :
M. Debierre, chargé do rédiger et de
lire la déclaration du parti, a fait un
résumé lumineux et incisif de la doc-
trine, de la méthode et du programme
des radicaux ; il. restait à insister sur
l'intérêt de notre parti à voir achever
le monument des lois sociales entre-
pris par la Chambre depuis si long-
temps et toujours resté en suspens" ;
nos amis Camille Pelletan, Puech.
Berteàux et plusieurs- autres déplli
et congressistes comblent la lacune en
présentant une motion invitant le Par-
lement à hâter le vote des lois so-
ciales. La motion est adoptée d'emblée.
Alors surgit à la tribune un brave
délégué, fort sympathique spécimen
des démocrates .campgila('d.5, qui se
demande si le gouvernement ne peut
pas se sentir gêné par le vote qui vient
d'avoir lieu. On rassur-e ce militant en
lui expliquant .qu'un; gouvernement
radical ne saurait que se réjouir d'être
soutenu par l'opinion démocratique
dans l'œuvre des réformes sociales
dont il a la responsabilité J
Pour finir, une discussion assez mou.
vementée, mais très cordiale, sur l'in-
demnité parlementaire : M. Louis
Bonnet présente une motion félicitant
le Parlement de s'être conformé à un
vœu du congrus de Toulouse car, fait
trop oublié, c'est un congrès radical
qui avait formulé la première propo-
sition de relèvement de l'indemnité
parlementaire. On crie : Archimbaud 1
Archimbaud ! sur l'air des lampions.
M. Archimbaud se borne à une courte
déclaration : partisan de l'indemnité
de 9.000 francs, il se rallierait cepen-
dant à celle de 15.000, sous réserve
de réduction de moitié du nombre des
députés.
L'allocution de M. Archimbaud est
très cahotée ; M. Weil lui reproche vi-
vement d'avoir promis aux communes
de sa circonscription de leur distri-
buer les « six mille en plus » ; en
crie : « C'est de la corruption électo»
raie ! » Plusieurs députés et sénateurs
défendent le vote de la Chambre et la
motion Bonnet est adoptée à une très
grosse majorité.
Cette journée marque sans doute le
peint culminant de l'intérêt qui s'atr
tache au congrès de Nancy. Je tiens ï
dire sans plus tarder quelle impres-
sion réconfortante ressort de ces assi-
ses de notre grand parti ; les délégués
sont très nombreux et leur ardeur se
communique au peuple nancécn qui.
d'un tempérament un peu froid, s'é-
tonne qu'un seul congrès suffise à
donner tant d'animation à sa ville.
HUGUES DESTREM.
Avant la séance
Nancy, 11 octobre.
Les délégués assistant au congrès sont de
plus en plus nombreur ; c'est que la gran.
de bataille sur la question de la ruptura
avec les socialistes unifiés va avoir lieu cp-I
après-midi, si l'ordre du jour ne change
pas. 'lo 1
Parmi les nouveaux arrivés, citons le gb
néral André et M. Ghevillon, ancien dé-
puté des Bouches-du-Rhône.
Le congrès tiendra ce matin une séance
supplémentaire consacrée à la discuKsios
sur les mandats contestés. On annonce à
ce sujet le renvoi au Comité exécutif, c'est-
à-dire l'exclusion momentanée, du profes-
seur Thalamas. On lui reproche d'avoir agî
contre la discipline du parti, au cours d'in-
cidents électoraux.
Réunion plénière des commissions
Les commissions de règlement et disci-
pline et de propagande et organisation du
parti, qui hier discutaient séparément sud
la question des rapports avec, le parti so-
cialiste, tiennent ce matin une réunion plé-
nière. Les personnalités parlementaire;-, cil
autres sont très nombreuses à cette rfa*
nion, qui a commencé à neuf heures de
matin. On y trouve MM. Bereaux. Louis
Puech, Camille Pelletan, Dalimier, Delpech
Cruippi. Albert Sarraut, Steeg, Dumoat, etc
• La motion Puech Dalimier
MM. Louis Puech et Dalimier y soutieu-
nenti une motion différente de celle de M.
Bonnet, et qui est rédigée de façon qud
personne, sauf les hervéistcs, y puisse voii
une déclaration de guerre et qu'elle laisse
possible la politique d'union de gauche di.
ces dernières années.
Voici, du reste, le texte de celle motion 1
« Le Congrès du parti radical et rtldcal.
socialiste, fidèle aux doctrine,s constantes
du parti, fort de l'appui du suffrage univer-
sel. dédaignant les sommations comme le*
injures, de quelque côté qu'elles viennent,
résolu à réaliser intégralement son pro.
gramme, répudie, comme il l'a toujours
fait, comme insensées et criminelles, la
grève générale et l'insurrection en face de .,.
Finvasion étr ingère, laisse au eomiré exé-
cutif le soin d'appliquer ces principes en
toutes circonstances et passe à l'ordre du
jour. »
Bientôt, on apprend que cette réunion jAé-
nière des commissions de règlement et dis-
cipline et de propagande et organisation do
parti a pris une importance considérable.
Chaque orateur s'est élevé avec force
contre l'hervéisme. Le général André a de-
mandé que le Code de guerre soit appliqué
en cas de mobilisation, dès le premier jour
de cette mobilisation, d'où l'exécution ¡m-
médiate de tout anUpatriote. M. Pelletan a
dit : (1 Nous sommes toujours les prLrLinnf'
de ce bloc de gauche qui a mis -à pied d'eo"
vre et réalisé en partie de si grandes ré-
formes, et il doit être bien entendu que
seuls seront, privés de nos suffrages les so-
cialistes qui ne répudieraient pas les doc-
trines d'Hervé. »
La motion Bonnet, de la Fédération 1H
la Seine, n'y a pas été défendue. MM. Bcr
teaux, Steeg et Puech ont parlé en fr.vet
de la motion: Puech et Dalimier, dont r.fn?
publions plus- haut le texte.
MM. Pelletan et Dumont en ont pfSsltofé
une autre ainsi conçue :
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