Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-09-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 septembre 1906 13 septembre 1906
Description : 1906/09/13 (N13334). 1906/09/13 (N13334).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549679z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
- No 13334.'-: 2. FBUCTI9'" Am 114. '., .-'-:-Ó:lliQCENTIME8 LENUME:HÓ
No 13334. — 26 FRUCTIDOR AN 114, CIBiQ CEîî^JÙllES LE NUMERO
1- , - - _- ~, - -- Ï' ;
JEUDI 13 SEPTEMBRE 19Q6. —
FONOATEUR: AUGUSTE VÁcoúÊRfE
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ii Mit Inineis Six MII Va ta 1 ;
Paris.. 2fr. 5 fr. 9fr. (4,8 rr t
Départements. 2—1 6— Ai.— 20 - ;
Union Postale. 3*— 9—16 - 32-
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S .c f (
; 'DIRECTEUR POLITIQUE CHARLES BOSK
1
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MM. CH. LAGRANGE, CERF A QP
6, Place de la Bourse, 6
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Secrétaire Général : A.-F. CECCALDI 7
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RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TELÉPHONE 102.82
1, Adresser les communications au Rédacteur en Chef
Rédacteur en Chef : HENRY MARET
- r : r
-.-..;
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. — TELEPHONE 102.88 1
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur -.. i
1
Nous commençons aujourd'hui, en
feuilleton de la 48 page ;
.,
LE COUSIN PONS
Par H. DE BALZAC
Gnral n Slàt
M. Combes a raconté à un rédacteur
du Journal que la raison déterminante
de sa retraite avait été la « défection »
de M. Jaurès et de son groupe. Le mot
est dur et le chef des socialistes unifiés
s'en montrera peut-être piqué. C'est un
tic bien connu de l'ancien président du
Conseil de voir des « défectionnaires »
partout.
Il jetait déjà ce mot discourtois aux
radicaux qu'il trouvait trop indépen-
dants, alors que ces radicaux lui ac-
cordaient encore leurs voix dans tous
les scrutins. , ;
Du moins ceux qu'on a appelés les
M dissidents » se rendaient-ils désagrea-
bles à M. Combes en lui disant qu'ils
avaient promis à leurs électeurs d'être
âdèles à la République, non d'être fidè-
les à M. Combes personnellement, à M.
Combes qui, au surplus, n'était devenu
ministre qu'après les élections, qui n'a-
vait bénéficié d'aucun plébiscite, direct
ou indirect, et qui était tenu par ses
fonctions à subir le contrôle parlemen-
taire.
Mais M. Jaurès ne s'est jamais per-
mis pareilles critiques, et, quand elles
furent formulées par quelques uns de
nos amis, il ne se cacha pas de les trou-
ver très malséantes. N'oublions pas que
le député de Carmaux était le ministre
sans portefeuille, le ministre de la pa-
role du cabinet Combes, le directeur de
conscience du Petit-Père, et le véritable
chef de la majorité.
Si, dans ces conditions, M. Jaurès
avait trahi M. Combes, c'eût été comme
s'il se fût trahi lui-même. Aussi le lea-
der des unifiés est-il innocent du cri-
me de lèse-Combisme que lui impute
Y ex-président du Conseil.
***
t M. Combes oublie dans quelles condi-
tions il a quitté le pouvoir ; il en est
descendu pour n'en pas tomber. Pour
faire marcher les Républicains il avait
tapé dessus, et ceux des Républicains
qui n'aiment pas les coups s'étaient
éloignés de lui. La majorité était
descendue à une voix le jour de l'in-
terpellation dé Charles Bos sur les frais
de justice. Quand M. Combes donna
sa démission, il venait d'obtenir une
majorité de six voix. Seulement, il de-
vait ce très relatif succès à la promesse
qu'il avait répétée à tout venant de s'en
aller, de disparaître. '-
Par conséquent, ce ne sont pas les
socialistes qui ont renversé M. Combes.
Celui-ci a pourtant vécu politiquement
assez longtemps pour voir M. Jaurès et
ses amis commencer le mouvement qui
devait les séparer de la majorité répu-
blicaine.
A ce sujet, l'ancien dictateur, rede-
venu simple conseiller municipal de
Pons - le 17®, on s'en souvient — rap-
porte un curieux propos que lui a tenu
M. Jaurès.
« Je ne peux pas rester avec vôiis,
burait dit M. Jaurès à M. Combes, sans
provoquer autour de moi des désertions
dont je compte déjà plusieurs exemples.
Je ne veux pas rester un général sans
soldats. » C'est, sous une forme à peine
différente, le vieux mot : « Je suis leur
chef, il faut que je les suive. » Ces cho-
ses-là peuvent se dire entre intimes.
Elles ne sont pas destinées à être enten-
dues du grand public. Et 4M. Combes se
montre singulièrement^indiscret en rap-
portant à des journalistes les confiden-
ces de ses meilleurs amis politiques
***
Il était permis de supposer que si
M. Jaurès s'était réconcilié avec M. Ju-
les Guesde, c'est qu'il avait cru ce rap-
prochement nécessaire au prolétariat.
Après la déposition de M. Combes, le
procès de M. Jaurès est jugé. M. Com-
bes l'accuse formellement de placer de
mesquines considérations d'intérêt au,
dessus de ses devoirs de chef de parti.
M. Jaurès, au fond, est aussi modéré,
aussi embourgeoisé qu'à l'époque du
ministère Combes ; il lâche pourtant, et
la délégation des gauches et la majorité
républicaine. Pourquoi ? Parce qu'il ne
veut pas être « un général sans soldats ».
Sapristi, quel cas conviendrait-il de
faire du caractère d'un homme qui ne
Saurait pas rester isolé, et qui lâcherait
la vérité pour l'erreur, quand l'erreur
deviendrait populaire ?
Voilà un sujet de caricature : M. Jau-
rès en uniforme de général, un bicorne
sur le crâne, de grosses graines d'épi-
nards sur les épaules, et courant éper-
oument après ses soldats qui désertent 1
M. Combes a encore fajt une intéres-
sante confidence au rédacteur du Jour-
nal, toujours à propos de sa détermina-
tion de quitter le pouvoir :
« Cette décision, remarque-t-il, ne fut
peut-être pas du goût de tout le monde.»
Eh quoi, après avoir gouverné ce pays
pendant trois ans, il y avait encore des
collaborateurs de M. Combes qui conser-
vaient la soif du pouvoir ? Ces messieurs
sont gourmands. Nous les verrons peut-
être, prochainement, réclamer l'assiette
qu'ils ne se sont pas laissé enlever de
bon gré. Bientôt, comme dit un vieil au-
teur, le chat va venir au fromage. Bon
appétit I
-} Hugues Destrem
LES ON-DIT
Æ - LA MALADIE DU SULTAN
21 Lè 2 Sultan a tenu à nous
faire savoir 'par toutes les
trompettes de la Renomimée
qu'il est parfaitement remis
de son indisposition de l'autre
semaine.
Seulement, ses médecins, moins ras-
surés, viennent de lui conseiller de faire
venir un spécialiste, un docteur alle-
mand, M. Bergnaann. M. Bergmann, lié
par le secret professionnel nepourra ja-
mais donner de démenti aux dépêches
optimistes de son client; il n'en reste
pas moins que lorsque l'on demeure à
Constantinople, que l'on est entouré de
médecins de toutes les facultés, et que
l'on se voit offrir par ceux-ci d'aller cher-
cher de l'aide chez un spécialiste de Ber-
lin, on a des chances pour être fort hy-
pothéqué — au point de vue de la santé.
Je ne dirai pas que l'on attend avec
impatience qu'Abdul-Hamid ait cessé de
souffrir, mais j'avouerai que ses peuples
désirent fort la fin des souffrances de
leur sultan, laquelle sera certainement la
fin de leurs souffrances à eux. L'avène-
ment du parti des réformes est souhaité
par la Turquie toute entière. La nation
ottomane veut, elle aussi, être gouver-
née, non comme un troupeau de bœufs,
mais comme une nation; elle veut être
protégée par des lois constitutionnelles;
l'Europe, de son côté, a tout intérêt à
voir 1(1 Turquie vivre sous des lois de
pays civilisé. C'est pourquoi le pauvre
sultan se trouve être à peu près seul à
porter de l'intérêt à sa propre santé.
LA GUERRE DE 1870
Racontée par le a Rappel -
Numéro du 14 septembre 1870
Le silence de l'Europe. - « En pré-
sence de Paris menacé d'un siège, l'Eu-
rope se tait. Quoi ! la France, depuis
cinquante ans, aura secouru autour
d'elle tant de peuples avec ses armes,
et depuis quatre-vingts ans, aura éman-
cipé tous les peuples avec sa Révolu-
tion ; elle aura, en 1827, sauvé la Grèce ;
elle aura, en 1830, fondé la Belgique.
Est-il possible que nous assistions à ce
spectacle : l'Europe désertant la France!
— CHARLES HUGO. »
Le roi de Prusse. — « Prenons garde !
Le roi Guillaume a traité le nommé
Louis Bonaparte en prince régnant. Le
roi Guillaume a peut-être la prétention
de nous l'imposer encore. II faut com-
battre à outrance.- EDOUARD LOCKROY.»
« Trois faits importants sont à signaler
aujourd'hui : une lettre de Garibaldi
promettant son concours à la France ;
une dépêche de Washington annonçant
la continuation des bons offices de la
République américaine pour la France
républicaine ; le départ de M. Tbiers,
avec une mission, pour Londres, Saint-
Pétersbourg et Vienne. »
La guerre. - « Le sous-préfet de Com-
piègne télégraphie que les Prussiens
auraient campé cette nuit à Garlepont,
et que leurs éclaireurs auraient été vus
à Tracy-Laval. »
« Troyes 12 septembre matin. — Les--
Prussiens entrent à Nogent-sur-Seine. »
Défense ds Paris. « Préfecture de
police : A partir de jeudi 15 septembre,
à six heures du matin, nul ne* pourra
plus sortir de Paris, ni y entrer, sans
être muni d'un permis de circulation dé-
livré par le ministre de l'intérieur. Les
bois contenus dans les magasins situés
en dedans des fortifications seront im-
médiatement transportés et aménagés
sur les rives de la Seine. »
« Une revue de la garde nationale
sera passée, mardi 13 septembre, par le
président du gouvernement de la Dé-
fense nationale, gouverneur de Paris. »
« On installe une batterie de mitrail-
leuses sur le sommet de l'Arc de Triom-
phe de l'Etoile. » .-
Çà et Là. — « La plupart des commis-
saires de police vont être destitués, leurs
remplaçants doivent être immédiate-
ment désignés. »
« Le citoyen Albert Barbieux, gérant
du Rapp,el, a été nommé chef du 1516
bataillon de la garde i nationale. Cha-
trian, l.e jumeau littéraire d'Erckmann,
vient d'être élu chef d'un bataillon de
la garde nationale parisienne. »
« En faisant quelques réparations à
l'Ecole de droit, place du Panthéon, on
a mis à découvert cette inscription :"
« Unité, indivisibilité de la République.
Liberté, égafilé, fraternité ou la mort. »
« Hier, on a commencé l'évacuation
de la prison Saint-Lazare. Une partie des
détenues a été transférée à la prison
Bonne-Nouvelle, à Rouen. »
1 < ( On vient de transformer les Cirques
dits Napoléon et de l'Impcl'abricQ en
l postes-casemest * -
« De nombreux mobiles ont été au-
jourd'hui munis de chassepots, en rem-
placement de leurs fusils à pistons. »
Manifeste du Comité démocrate socia-
liste des travailleurs allemands : « Vive
la République française !. Aussi long-
temps que les mercenaires de Napoléon
'menacèrent l'Allemagne, c'était notre
devoir de faire, comme Allemands, la
guerre de défense, la guerre de l'indé-
pendance allemande. Cette paix doit
être rendue possible au gouvernement
français ; il faut qu'on lui accorde une
paix honorable. » Un post scriptum in-
vite les diverses associations ouvrières
allemandes à faire des meetings contre
l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine.
UN SOUVENIR DE MAZAGRAN 1
Comme tout passe et quelle chose fra-
gile que le souvenir 1 Mazagran, ce nom
ne retentit plus que dans les cafés pour
demander une consommation, il n'a
plus de sens pour la majorité des jeu-
nes Français. Et pourtant, il évoque une
des pages les plus glorieuses de l'épo-
pée algérienne, l'héroïque résistance
opposée en 1840 par 123 de nos soldats
à 12,000 Arabes ! Cette phalange, digne
de Sparte, était commandée par deux
officiers, le capitaine Lelièvre et le lieu-
tenant Magnien. Je me suis incliné hier,
en un cimetière lointain, devant la tom-
be de Magnien, abandonnée de tous,
oubliée, perdue dans les herbes, et ce
n'est pas sans peine que j'ai pu déchif-
frer l'inscription lapidaire inscrite sur
la colonne commémorative, - dénuée
d'emblèmes religieux, retrouver les si-
gnes symboliques qui indiquaient l'affi-
liation de ce brave à la franc-maçonne-
jie. 1 * -
r Il est mort depuis une trentaine d'an-
nées et déjà sa tombe, honnie des cléri-
caux parce qu'elle renfermait les restes
d'un philosophe ennemi du fanatisme,
est également désertée par les républi-
cains et même par les professionnels du
patriotisme.
PAS D'AUTOS LA NUIT
; Les populations des campagnes sont
absolument furieuses de la trop grande
liberté accordée à la circulation des au-
tos. Les habitations situées en bordure
des routes nationales sont envahies par
des nuages de poussière qui salissent
tout et gâtent même les mets de la table
de famille. On jurerait que les Harpies
ont passé par là. Un maire de village a
pris un arrêté défendant la marche des
autos dans les rues de son royaume pen-
dant la nuit autrement qu'à l'allure du
pas humain. C'est un peu excessif.
Le Passant.
LE CONSEIL DES MINISTRES
t
Les ministres, qui avaient quitté Paris
hier matin à 9 heures, sont arrivés à 10
heures pour assister au conseil qui se te-
nait au château, sous la présidence de M.
Fallièroo.
SeuJs, MM. Poincaré et Georges Leygues
étaient absents *
Les membres du cabinet étaient attendus
à la gare par M. Jean Lanes, secrétaire
général de la présidence, par le comman-
dant Jullian, et par M. Fabre, sous-préfet.
de Rambouillet. Ils ont pris place dans les
voitures et automobiles de la- présidence
pour se rendre au château.
La délibération a commencé dès leur ar-
rivée.
Dans la première partie de la séance,
M. Léon Bourgeois, ministre des affaires
étrangères, a fait part au conseil de l'état
des négociations commerciales engagées
avec la Suisse. Il a, en outre, indiqué les
grandes lignes du mouvement diplomatique
actuellement en préparation au quai d'Or-
say et qu'il se propose de soumettre à bref
délai à la signature du Président de la Ré-
publique.
Le conseil a èlécid.é que l'escadre de la
Méditerranée participerait aux fêtes qui se-
ront données à Marseille pendant le séjour
du chef de l'Etat dans cette ville.
Les ministres des colonies et de l'instruc-
tion publique ont été désignés pour accom-
pagner M. Fallières à Marseille, où se ren-
dront également MM. Etienne, Thomson et
Dujardin-Beaumetz
MM. Leygues et Ruau accompagneront
M. Fallières dans le Lot-et-Garonne ainsi
que M. Dujardin-Beaumetz.
La délibération a été suspendue à midi 30
et les membres du cabinet sont passés
dans la grande salle à manger du château,
où le déjeuner a été servi.
La délibération a été reprise à deux heu-
res.
La seconde séance du conseil des minis-
tre s'est prolongée jusqu'à 3 h. 20.
Le conseil a envisagé les diverses éven-
tualités qui. pourront ultérieurement se
produire à l'occasion de l'application de la
loi sur la séparation des Eglises et de l'E-
tat, application qui va suivre son cours.
M. Aristide Briand, ministre de l'instruc-
tion publique; et des culteis, a exposé les
conditions dans lesquelles s'effectuera la
mise en vigueur de toutes les dispositions
contenues dans la loi.
Il a en outre fait connaître Je sens des
'1 déclarations qu'il se propose de faire de-
vant le Parlement en réponse aux interpel-
lations motivées par l'Encyclique pontifi-
cale.
Sur la proposition du ministre de la ma-
rine, le conseil a décidé que le vice-amiiral
Gigon, commandant en chef l'escadre du
Nord, serait promu à la dignité de grand-
officier de la Légion d'honneur.
La nomination du contre-amiral Thierry
au commandement en chef de la division
navale de l'Atlantique a été soumise à l'ap-
probation du Président de la République.
Le conseil a décidé, sur la proposition du
ministre de la marine, que l'escadre de la
Méditerranée, commandée par le vice-ami-
ral Touehardt se rendrait à Marseille, et
se joindrait à la division italienne, au croi-
sourcuirassé anglais Cumberland, et au
vaisseau de guerre espagnol Carlos V, qui
viendront saluer le Président de la Répu-
blique Jors de son prochain passage dans
cette ville.
L'escadre active ds la Méditerranée com-
prend six cuirassés d'escadre, trois croi-
seurs-cuirassés, et six contre-torpilleurs.
Les ministres ont quitté Rambouillet par
le train de trois heures trente-quatre.
Dès leur retour de Rambouillet, M. C2e-
menoeau, ministre de l'intérieur et M. Dou-
mergue, ministre du commerce, ont eu, au
ministère de l'intérieur, une conférence
avec M. Lépine, préfet de police, au sujet
des conditions d'application de la loi sur le
repos hebdomadaire.
UNE INDIGNE AGRESSION
Il parait que M. le Maire de Charenton a
trouvé mauvais le reproche que je lui ai
fait en manière de plaisanterie de s'attri-
buer l'eau communale au lieu de la faire
couler dans mon ruisseau.
Mes lecteurs me rendront cette justice,
que, dans cette campagne que j'ai entrepri-
se pour l'assainissement de Charenton en
particulier et de la banlieue parisienne. en
général, je n'ai fait que des généralités.
J'estime, en effet, qu'un maire ou un con-
seil municipal sont des entités qu'il faut se
garder de confondre avec leur personnalité
civile et il est bien certain que lorsque
j'accuse un Conseil municipal de gâcher
les fonds municipaux en accordant à droite
et à gauche des subventions extra-commu-
nales et en ne donnant pas à ma rue les
soins auxquels elle a droit, on ne saurait
me faire dire que j'accuse M. X. ou Z. de
mettre l'argent dans sa poche. Je signale
une administration désastreuse et non un
citoyen quelconque.
Ceci dit. voici les faits : J'assistais, di-
manche, aux courses pédestres et véloci-
pédiques données à l'occasion de la fête de
Charenton par l'union sportive dudit. J'ad-
mirais in petto la façon désinvolte dont le
Conseil municipal sait se servir des « rues
de la Ville de Paris » pour des courses lo-
cales, et le désintéressement qu'elle met à
désaltérer lés ruisseaux desdites rues ; je
regardais avec un intérêt grandissant les
huit agents et les deux gendarmes distraits
de la surveillance des rues (ce dont les
apaches sont loin de. se. plaindre), braves
agents et braves gendarmes qui allaient
tout à l'heure m'empécher d'être écharpé,
enfin et surtout je n'avais d'yeux admira-
teurs que pour un gros monsieur qui ren-
fermait une petite taille et .une énorme cor-
pulence dans un maillot cerclé jaune et
noir &t qui, avec une agilité extraordinaire
donnait les « départs » en agitant un petit
drapeau. Enfin, je m'amusais considérable-
ment lorsque M. le maire de Charenton, as-
sis à la terrasse d'un. petit café avec quel-
quels conseillers, m'ayant aperçu, s'élança
vers moi, tel un énergumène, les poings
crispés, Les yeux hore de la tête, en m'inju-
riant de la façon la plus grossière ; un ou
deux conseillers le vinrent soutenir et il n'y
eut pas jusqu'à un sous-ordre galonné qui
vint .1 mêler sa voix au contcert d'ordures
dont on m'accabla. certainement les da-
mes des hailles ne sont rien près de ces
messieurs ! !.
Comme cette scène scandaleuse se pas-
sait au milieu d'une foule de {_LI 500 per-
sonnes qui connaissent M. le maire, mais
ignoraient les raisons d'une aussi odieuse
algarade, cette foule, comme élles sont tou-
tes, commença. à se ruer sur moi en criant
des « hou ! hou 1, à l'eau, crevez-le », et
autres aimables vociférations qui, je dois
l'avouer, me laissèrent plutôt froid. Mais
heureusement aussi, les agents et les gen-
darmes me protégèrent et l'on vit cette
chose peu banale, la. force publique assu-
rant la sécurité d'un citoyen contre une fou-
le ameutée Dar le maire.
Et tout cela, parce que l'on ne me donne
pas d'eau dans mon ruisseau et qu'on ne
nettoie pas suffisamment les rues !
M. le maire se figure-t-il que les injures
dont il m'a si épilepliquement accablé rem-
pacent avantageusement une bouche d'eau
ou un coup de balai ? Nous ne le pensons
pas, nous autres tous qui en souffrons.
EMILE MAIIÉ.
LE REPOS HEBDOMADAIRE
Quand tout le monde sera d'accord sur
l'application de la loi par le roulement ou
le repos collectif, il y aura à savoir qui su-
bira la perte du salaire.
J'ai déjà dit qu'aucun des deux facteurs
de la production ou du négoce ne veut sup-
porter les conséquences dû chômage im-
posé par la loi. -
Cette question fut posée au conseil supé-
rieur du travail sous forme de vœu par le
citoyen Moreau. ,
Les arguments, que fit valoir son auteur,
méritent en la circonstance d'être rappelés.
Voici le dilemme : « De deux choses l'une,
ou le repos hebdomadaire sera payé ou il
ne le sera pas. S'il est payé, il arrivera que
la masse des intéressés s'élèvera contre la
loi, ne voudra pas s'y soumettre et on trou-
vera l'accord des deux parties pour n'en
point faire i application.
Jamais un ouvrier qui, gagnera cinq
francs par jour, ne consentira à perdre
vingt francs dans son mois et la question
d'existence dominant la question du repos,
l'ouvrier lui-même s'élèvera contre l'appli-
cation de cette loi. Il ne demandera même
pas à revenir à l'ancien état de choses,
mais la loi ne recevra pas son application.
« Au contraire, si le repos hebdomadaire
est payé, il arrivera que la plupart des pa-
trons réduiront les salaires quotidiens pour
récupérer la perte qu'ils subiront, et cela
reviendra au même, c'est vrai, màiS en ap-
parence seulement. En effet, les ouvriers
étant payés, a'i repos comme en travail-
lant, ne songeront plus à combattre la ioi,
mais ils se ligueront fortement pour obli-
ger le patronat à rétablir les salaires qu'il
aura diminués. La loi sera ainsi observée
et les gains ne seront pas diminués. ».
Ces arguments en faveur du paiement lé-
gal de la journée de repos ne furent pas pris
en considération et après discussion la
proposition mise aux voix fut repoussée par
21 voix contre 19.
Je dois signaler cette particularité, c'est
que le rejet de ce vœu est dû à l'absence
de trois délégués ouvriers.
M. Moreau avait prévu les conflits rela-
tifs à rapplication de la loi, il avait si-
gnalé le danger d'un texte prêtant à inter-
prétation différente selon les intérêts des
parties en présence ; le législateur ignare
aurait pu consulter avantageusement les
discussions instructives du Conseil supé-
rieur du travall il ne l'a pas fait, et par son
inconséquence il a jeté le trouble dans les
affaires.
Quelques syndicats ont décidé de pour-
suivre le paiement de la journée, de diman-
che chômée de tout temps, sans salaire,
par les ouvriers de l'industrie. A ce sujet
l'on m'assure qu'un député socialiste, qu'on
dit être M. Dejcante, déposera à la rentrée
des Chambres un amendement, à la loi de
juillet 1906, ayant pour but d'imposer aux
patons le salaire du jour de chômage lé-
gal.
Comme je l'avais prévu, il y a un mois,
les travailleurs de la voie ferrée, quoique
jouissant de congés prévus par les arrêtés
Baudin, réclament le repos hebdomadaire.
A ce sujet, qu'il me soit permis de dire
que le citoyen Guérard, se rendant très bien
compte de l'inefficacité et même du danger
d'une agitation dans ce but n'était pas par-
tisan de poursuivre cette revendicalin ;
; is qu'il y est poussé par quelques syn-
dicalistes plus rouges inféodés aux doctri-
nes de la Confédération du travail. i
4 Guérard, que j'ai connu plus fougueux,
poursuit méthodiquement la réalisation de
la loi Berteaux ; c'est d'une politique sage
et bien comprise en vue des intérêts des
travailleurs des chemins de fer. Il est cer.
tainement regrettable qu'il ait eu la fai-
blesse de céder aur énergumènes rêvant de
recommencer les expériences de 1891 et
1898.
Je parlerai demain des procédés employés
par diverses catégories visées par la loi
pour se soustraire à ses obligations ; un
supplément d'enquête m'est nécessaire : les
circonstances ne permettant pas d'avan-
cer rien à la légère. m
JEAN GERGOVIA.
P. S. — Quelques confrères emprutent
au Rappel, non des informations, mais des
fragments d'articles qu'ils donnent en der-
nière heure ; je suis très heureux d'être
choisi dans des conditions aussi flatteuses :
cependant la probité littéraire la plus élé-
mentaire voudrait qu'ils indiquassent l'ori-
gine de leur emprunt. — J. G.
CHRONIQUE
Un cardinal positiviste
Et moi aussi j'ai célébré à ma façon
le quarante-neuvième anniversaire de la
mort d'Auguste Comte ! Tout seul, sans
fleurs ni couronnes ni vaine rhétorique.
Car si je dois au philosophe d'avoir ap-
pris à penser autrement que par procu-
ration, je n'ai jamais aimé à me mêler
à un troupeau quelconque, n'ayant pas
l'âme d'un disciple. -
Donc, j'ai pèleriné vers la tombe d'un
des plus fidèles amis du Maître, à demi
enfouie sous les herbes foll-es, au pen-
chant de la colline agreste à laquelle s'a-
dosse le village de Saint-Lothain.
Saint-Lothain ! Au pied de son vieux
Calvaire, les guérilleros espagnols li-
vrèrent, au' dix-septième siècle, le su-
prême combat du loyalisme comtois.
En face, au delà d'une forêt qui met une
tache sombre sur la plaine chatoyante,
la ligne abrupte et nue du Jura court,
ondule, se hérisse d'aiguilles pittores-
ques ou se dresse comme un mur inexo-
rable. Autour d'une église du onzième
Siècle, les tombes éparses envahissent
peu à peu les vignes voisines ; sous le
parvis une crypte, contemporaine des
premiers efforts du christianisme dans
le pays et qui recèle une fontaine d'huile
miraculeuse tarie, dit la légende, depuis
qu'un reître huguenot y graissa ses bot-
tes. A deux pas, cette maison morose,
gardée par deux lions de pierre au mu-
fle mutilé, protégée par des murs de for-
teresse que cercle le lierre, avec un jar-
din en terrasse, c'était le château du fa-
meux abbé de Watteville, dont Saint-
Simon et Pellisson nous ont conté les
exploits. un Rocambole tonsuré, qui
avait fondé à Saint-Lothain à la fois un
haras de chevaux arabes et un pension-
nat de demoiselles nobles ; tous,è,eux
ne tardèrent guère à donner de superbes
produits. « Bah 1 disait l'abbé qui avait
deviné le dix-huitième siècle, ma chap,
est assez longue pour couvrir tout 1 » *
Tout au bout du cimetière, dénoncé
par une inscription modeste, git mon
vieil ami Hadery, un des douze apôtres
qui furent désignés par Auguste Comte
comme ses exécuteurs testamentaires et
que le boulevard appela de ce nom légè-
rement ironique de cardinaux (positivis-
tes. Ils défendirent, non sans courage,
la mémoire du maître, accusé de désé-
quilibre mental, contre les dissidents de
la secte, contre Littré et Mme Comte,
méritèrent de voir durer leur œuvre par
le beau désintéressement de leur zèle
et la sérénité inaltérable de leur foi in-
tacte. ---- -- - - -- - ----- -
Un exemple de stoïcisme, la vie du
sage qui dort son dernier sommeil dans
l'enclos herbeux de Saint-Lothain, à
côté de son compagnon d'armes, le doc-
teur Charles Sauria, inventeur des allu-
mettes chimiques. Né à Lyon d'une fa-
mille riche, il n'avait qu'à se laisser vi-
vre ou à mettre son diplôme d'ingénieur
au service du mouvement industriel qui
s'annonçait plein de promesses ; il fut
tout aussitôt préoccupé du problème so-
cial et se sentit attiré par les nobles uto-
pies qui séduisaient alors tous les cœurs
généreux. Mais les brillantes concep-
tions de Fourier ne pouvaient retenir
longtemps un esprit instinctivement
porté vers les constatations méthodi-
ques de la science, dominé par la sévère
discipline de ses études spéciales.
La doctrine d'Auguste Comte éclaira
son ehemin de Damas. Il s'y attacha
avec passion comme à la Bonne Nou-
velle des temps nouveaux ; on trouve de
lui, dans les journaux de 1848, des let-
tres admirables, où il préconisait la loi
des trois états et l'institution d'une
théocratie sans Dieu au milieu du babé-
lisme des écoles socialistes rivales. Sur-
tout, il comprit vite que la théorie n'é-
tait qu'une musique plus ou moins
agréable et que la marche en avant était
encore le meilleur moyen de démontrer
le mouvement. Il résolut d'avoir, lui
aussi, son Icarie, de fonder, sur les ba-
ses r posées par la Maître, une colonie
agricole el il n'hésita pas à jetersa for-
tune dans cette expérience hasardeuse.
Son enthousiasme gagna ceux qui lui
tenaient de près, Sauria et son frère en-
tre autres, qui avaient hérité de lem
père, général de la Révolution et lié
avec le conspirateur Malet, un modeste
patrimoine. Des inconnus aussi se pas-
sionnèrent pour l'œuvre de l'ingénieur f
lyonnais, un lord passa la Manche tout
exprès pour lui apporter un magnifique
témoignage de sa confiance.
Hadery acheta alors, dans le Bourbon-
nais, un vaste domaine qu'il baptisa
Alfred-Ferme par reconnaissance pour
le positiviste anglais qui assistait ses
débuts. Mais la Répubique était tombée.
L'Empire voyait d'un mauvais œil cette
tentative et suspectait les intentions des
hardis pionniers, bien qu'ils se défen- 1
dissent de faire de la politique électo-
rale. Les paysans de l'Allier regardaient
les apôtres positivistes comme des espè- 4
ces d'anarchistes et ne perdaient nulle
occasion de les molester, blessant leurs -
bestiaux, ravageant leurs terres. Deux 1
fois, les bâtiments d'Alfred-Ferme fu-
rent incendiés dans de mystérieuses cir-
constances, que le parquet impérial se
garda bien de tirer au clair. Bref, l'entre-
prise échoua, dut liquider.
Atteint au cœur par cet insuccès, Ha-
dery se réfugia à Paris, et de cet événe-
ment paraît dater la crise d'ascétisme
qui fit de lui une sorte de moine vision-
naire des réformes sociales, un stylite
ennemi de son corps, isolé dans la con-
templation de la société idéale.
Je le revois par la pensée dans son
misérable garni de la rue Bellefond.
Ayant rassemblé les débris de sa fortu-
ne, bien compromise par le désastre de
l'Allier, il s'astreignait à ne faire qu'un
repas par jour, pesait ses aliments, dt.
nait d'une orange et d'un verre d'eau,
car il était partisan de la thèse discuta.
ble de la limitation des besoins. Il n'y
a sur terre qu'une certaine- somme de
subsistances, donc aucun homme n'a le
droit de consommer plus que ne l'exige
le strict entretien de ses forces. Hadery
se condamnait à vivre avec douze cents
francs et réalisait des économies, trou.
vait le moyen, sur ce chiffre dérisoire,
de prendre des abonnements aux re-
vues, de répandre des aumônes, de
payer ses cotisations à la petite église
de la rue Monsieur-le-Prince, où il me
menait souvent avec lui entendre'la
messe de Pierre Laffitte le dîmânche. 11
employait le surplus de sa fortune à
constituer des pensions à ses anciens
serviteurs et auxiliaires d'Alfred-Ferme.
Quand la République ressuscita d'en-
tre les morts.' nul ne songea à cet ou-
| ! vrier de la première heure, qui végétait
confiné dans son rêve. Il voulut cepen-
dant partager le supplice de Paris assié-
gé. La Commune le fit hésiter sur la
voie où était le devoir. Mais lorsqu'il vit
se déchaîner la réaction versaillaise.
aux derniers jours de la Semaine san-
glante, il comprit que la République
était menacée, il se déclara noblement
pour Paris vaincu, descendit dans la
rue, prit un fusil et alla s'embusquer
derrière une barricade de Montmartre,
où il tira sans relâche. Tout étant per-
du, il jeta son arme, regagna paisible-
ment son garni, et les soldats de l'ordre
respectèrent ce vieillard, ne purent ima-
giner que ce bonhomme, qui marchait
d'un pas tranquille, inoffensif en appa-
rence et débonnaire, était un insurgé.
Sa santé déclinant de plus en plus
Hadery se laissa convaincre par les ap-
pels émus de son ami Sauria, qui s'ef-
forçait de l'attirer à côté de lui, dans
son ermitage de Saint-Lothain. Il y est
mort à près de quatre-vingt-dix ans, en-
touré du respect de tous, salué par les
paysans eux-mêmes de ce glorieux sur-
nom de saint laïque. A l'heure suprême
le curé essaya de le visiter et de lui par-
ler de la religion de ses pères. Mais il *
l'arrêta aux premiers mots, car malgré
son extrême débilité, il avait conservé
toute sa lucidité : « Vous vous trompes,
monsieur, lui dit-il doucement, je ne
suis pas un athée, je suis un croyant
d'une autre religion que la vôtre. -» Le
prêtre eut le bon goût de ne pas insis.
ter. La foi de l'agonisant défiait la sien-
ne, il la sentait irréductible.
Après la mort du cardinal positiviste,
qui avait légué son bien à M. Pierre Laf-
fitte avec mission de la consacrer à la
propagande de la doctrine de Comte, un
de ceux qui veillaient à son chevet dé-
couvrit sous le lit un papier timbré, non
déchiré, mais à demi chiffonné. Il le lut.
C'était une reconnaissance d'un prêt de
soixante-dix mille francs, signée du
nom d'un député. Hadery avait-il voulu
le faire disparaître, l'anéantir ? Etait-ce
un pur effet du hasard ? Les positivistes
transigèrent avec le député, ne voulant
pas - saisir la justice de l'affaire, et se
contentèrent de la signature d'un nou-
veau papier de quarante mille francs..
Ils sont morts, tous les membres de
la colonie positiviste de Sainf-Lothain,
dont les leçons et l'exE',mpJè rayonnèrent
sur le pays pendant de si longues an-
nées. Ils sont entrés dans cette immor.
lalifé subjective que seule ambitionnait
leur austère doctrine. N'était-eHe: pas un
leurre aussi, comme' la promesse du
curé ? Qui se souvient d'eux ?
Noël Amaudru
LES COULISSES DES CHAMBRES
Les interpellations
Le président de la Chambre vient de re-
cevoir ùne nouvelle demande d'interpella-
tion qui émane de M. J. Delafosse, et porte
sur la rupture, des relations du gouveme. -
ment avec le Saint-Siège..
M. Clemenceau en Vendée
£ eg trois députés républicaine de la V.,.
No 13334. — 26 FRUCTIDOR AN 114, CIBiQ CEîî^JÙllES LE NUMERO
1- , - - _- ~, - -- Ï' ;
JEUDI 13 SEPTEMBRE 19Q6. —
FONOATEUR: AUGUSTE VÁcoúÊRfE
• '5 — ;—' t • ■ .,
ii Mit Inineis Six MII Va ta 1 ;
Paris.. 2fr. 5 fr. 9fr. (4,8 rr t
Départements. 2—1 6— Ai.— 20 - ;
Union Postale. 3*— 9—16 - 32-
I) 1t
S .c f (
; 'DIRECTEUR POLITIQUE CHARLES BOSK
1
- Or. ItJ..- :J Il
If i ! iTif e
'JtJr ANNONCES :-. J
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MM. CH. LAGRANGE, CERF A QP
6, Place de la Bourse, 6
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
• ■■■II— '!■ —— «
Secrétaire Général : A.-F. CECCALDI 7
'!
RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TELÉPHONE 102.82
1, Adresser les communications au Rédacteur en Chef
Rédacteur en Chef : HENRY MARET
- r : r
-.-..;
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. — TELEPHONE 102.88 1
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur -.. i
1
Nous commençons aujourd'hui, en
feuilleton de la 48 page ;
.,
LE COUSIN PONS
Par H. DE BALZAC
Gnral n Slàt
M. Combes a raconté à un rédacteur
du Journal que la raison déterminante
de sa retraite avait été la « défection »
de M. Jaurès et de son groupe. Le mot
est dur et le chef des socialistes unifiés
s'en montrera peut-être piqué. C'est un
tic bien connu de l'ancien président du
Conseil de voir des « défectionnaires »
partout.
Il jetait déjà ce mot discourtois aux
radicaux qu'il trouvait trop indépen-
dants, alors que ces radicaux lui ac-
cordaient encore leurs voix dans tous
les scrutins. , ;
Du moins ceux qu'on a appelés les
M dissidents » se rendaient-ils désagrea-
bles à M. Combes en lui disant qu'ils
avaient promis à leurs électeurs d'être
âdèles à la République, non d'être fidè-
les à M. Combes personnellement, à M.
Combes qui, au surplus, n'était devenu
ministre qu'après les élections, qui n'a-
vait bénéficié d'aucun plébiscite, direct
ou indirect, et qui était tenu par ses
fonctions à subir le contrôle parlemen-
taire.
Mais M. Jaurès ne s'est jamais per-
mis pareilles critiques, et, quand elles
furent formulées par quelques uns de
nos amis, il ne se cacha pas de les trou-
ver très malséantes. N'oublions pas que
le député de Carmaux était le ministre
sans portefeuille, le ministre de la pa-
role du cabinet Combes, le directeur de
conscience du Petit-Père, et le véritable
chef de la majorité.
Si, dans ces conditions, M. Jaurès
avait trahi M. Combes, c'eût été comme
s'il se fût trahi lui-même. Aussi le lea-
der des unifiés est-il innocent du cri-
me de lèse-Combisme que lui impute
Y ex-président du Conseil.
***
t M. Combes oublie dans quelles condi-
tions il a quitté le pouvoir ; il en est
descendu pour n'en pas tomber. Pour
faire marcher les Républicains il avait
tapé dessus, et ceux des Républicains
qui n'aiment pas les coups s'étaient
éloignés de lui. La majorité était
descendue à une voix le jour de l'in-
terpellation dé Charles Bos sur les frais
de justice. Quand M. Combes donna
sa démission, il venait d'obtenir une
majorité de six voix. Seulement, il de-
vait ce très relatif succès à la promesse
qu'il avait répétée à tout venant de s'en
aller, de disparaître. '-
Par conséquent, ce ne sont pas les
socialistes qui ont renversé M. Combes.
Celui-ci a pourtant vécu politiquement
assez longtemps pour voir M. Jaurès et
ses amis commencer le mouvement qui
devait les séparer de la majorité répu-
blicaine.
A ce sujet, l'ancien dictateur, rede-
venu simple conseiller municipal de
Pons - le 17®, on s'en souvient — rap-
porte un curieux propos que lui a tenu
M. Jaurès.
« Je ne peux pas rester avec vôiis,
burait dit M. Jaurès à M. Combes, sans
provoquer autour de moi des désertions
dont je compte déjà plusieurs exemples.
Je ne veux pas rester un général sans
soldats. » C'est, sous une forme à peine
différente, le vieux mot : « Je suis leur
chef, il faut que je les suive. » Ces cho-
ses-là peuvent se dire entre intimes.
Elles ne sont pas destinées à être enten-
dues du grand public. Et 4M. Combes se
montre singulièrement^indiscret en rap-
portant à des journalistes les confiden-
ces de ses meilleurs amis politiques
***
Il était permis de supposer que si
M. Jaurès s'était réconcilié avec M. Ju-
les Guesde, c'est qu'il avait cru ce rap-
prochement nécessaire au prolétariat.
Après la déposition de M. Combes, le
procès de M. Jaurès est jugé. M. Com-
bes l'accuse formellement de placer de
mesquines considérations d'intérêt au,
dessus de ses devoirs de chef de parti.
M. Jaurès, au fond, est aussi modéré,
aussi embourgeoisé qu'à l'époque du
ministère Combes ; il lâche pourtant, et
la délégation des gauches et la majorité
républicaine. Pourquoi ? Parce qu'il ne
veut pas être « un général sans soldats ».
Sapristi, quel cas conviendrait-il de
faire du caractère d'un homme qui ne
Saurait pas rester isolé, et qui lâcherait
la vérité pour l'erreur, quand l'erreur
deviendrait populaire ?
Voilà un sujet de caricature : M. Jau-
rès en uniforme de général, un bicorne
sur le crâne, de grosses graines d'épi-
nards sur les épaules, et courant éper-
oument après ses soldats qui désertent 1
M. Combes a encore fajt une intéres-
sante confidence au rédacteur du Jour-
nal, toujours à propos de sa détermina-
tion de quitter le pouvoir :
« Cette décision, remarque-t-il, ne fut
peut-être pas du goût de tout le monde.»
Eh quoi, après avoir gouverné ce pays
pendant trois ans, il y avait encore des
collaborateurs de M. Combes qui conser-
vaient la soif du pouvoir ? Ces messieurs
sont gourmands. Nous les verrons peut-
être, prochainement, réclamer l'assiette
qu'ils ne se sont pas laissé enlever de
bon gré. Bientôt, comme dit un vieil au-
teur, le chat va venir au fromage. Bon
appétit I
-} Hugues Destrem
LES ON-DIT
Æ - LA MALADIE DU SULTAN
21 Lè 2 Sultan a tenu à nous
faire savoir 'par toutes les
trompettes de la Renomimée
qu'il est parfaitement remis
de son indisposition de l'autre
semaine.
Seulement, ses médecins, moins ras-
surés, viennent de lui conseiller de faire
venir un spécialiste, un docteur alle-
mand, M. Bergnaann. M. Bergmann, lié
par le secret professionnel nepourra ja-
mais donner de démenti aux dépêches
optimistes de son client; il n'en reste
pas moins que lorsque l'on demeure à
Constantinople, que l'on est entouré de
médecins de toutes les facultés, et que
l'on se voit offrir par ceux-ci d'aller cher-
cher de l'aide chez un spécialiste de Ber-
lin, on a des chances pour être fort hy-
pothéqué — au point de vue de la santé.
Je ne dirai pas que l'on attend avec
impatience qu'Abdul-Hamid ait cessé de
souffrir, mais j'avouerai que ses peuples
désirent fort la fin des souffrances de
leur sultan, laquelle sera certainement la
fin de leurs souffrances à eux. L'avène-
ment du parti des réformes est souhaité
par la Turquie toute entière. La nation
ottomane veut, elle aussi, être gouver-
née, non comme un troupeau de bœufs,
mais comme une nation; elle veut être
protégée par des lois constitutionnelles;
l'Europe, de son côté, a tout intérêt à
voir 1(1 Turquie vivre sous des lois de
pays civilisé. C'est pourquoi le pauvre
sultan se trouve être à peu près seul à
porter de l'intérêt à sa propre santé.
LA GUERRE DE 1870
Racontée par le a Rappel -
Numéro du 14 septembre 1870
Le silence de l'Europe. - « En pré-
sence de Paris menacé d'un siège, l'Eu-
rope se tait. Quoi ! la France, depuis
cinquante ans, aura secouru autour
d'elle tant de peuples avec ses armes,
et depuis quatre-vingts ans, aura éman-
cipé tous les peuples avec sa Révolu-
tion ; elle aura, en 1827, sauvé la Grèce ;
elle aura, en 1830, fondé la Belgique.
Est-il possible que nous assistions à ce
spectacle : l'Europe désertant la France!
— CHARLES HUGO. »
Le roi de Prusse. — « Prenons garde !
Le roi Guillaume a traité le nommé
Louis Bonaparte en prince régnant. Le
roi Guillaume a peut-être la prétention
de nous l'imposer encore. II faut com-
battre à outrance.- EDOUARD LOCKROY.»
« Trois faits importants sont à signaler
aujourd'hui : une lettre de Garibaldi
promettant son concours à la France ;
une dépêche de Washington annonçant
la continuation des bons offices de la
République américaine pour la France
républicaine ; le départ de M. Tbiers,
avec une mission, pour Londres, Saint-
Pétersbourg et Vienne. »
La guerre. - « Le sous-préfet de Com-
piègne télégraphie que les Prussiens
auraient campé cette nuit à Garlepont,
et que leurs éclaireurs auraient été vus
à Tracy-Laval. »
« Troyes 12 septembre matin. — Les--
Prussiens entrent à Nogent-sur-Seine. »
Défense ds Paris. « Préfecture de
police : A partir de jeudi 15 septembre,
à six heures du matin, nul ne* pourra
plus sortir de Paris, ni y entrer, sans
être muni d'un permis de circulation dé-
livré par le ministre de l'intérieur. Les
bois contenus dans les magasins situés
en dedans des fortifications seront im-
médiatement transportés et aménagés
sur les rives de la Seine. »
« Une revue de la garde nationale
sera passée, mardi 13 septembre, par le
président du gouvernement de la Dé-
fense nationale, gouverneur de Paris. »
« On installe une batterie de mitrail-
leuses sur le sommet de l'Arc de Triom-
phe de l'Etoile. » .-
Çà et Là. — « La plupart des commis-
saires de police vont être destitués, leurs
remplaçants doivent être immédiate-
ment désignés. »
« Le citoyen Albert Barbieux, gérant
du Rapp,el, a été nommé chef du 1516
bataillon de la garde i nationale. Cha-
trian, l.e jumeau littéraire d'Erckmann,
vient d'être élu chef d'un bataillon de
la garde nationale parisienne. »
« En faisant quelques réparations à
l'Ecole de droit, place du Panthéon, on
a mis à découvert cette inscription :"
« Unité, indivisibilité de la République.
Liberté, égafilé, fraternité ou la mort. »
« Hier, on a commencé l'évacuation
de la prison Saint-Lazare. Une partie des
détenues a été transférée à la prison
Bonne-Nouvelle, à Rouen. »
1 < ( On vient de transformer les Cirques
dits Napoléon et de l'Impcl'abricQ en
l postes-casemest * -
« De nombreux mobiles ont été au-
jourd'hui munis de chassepots, en rem-
placement de leurs fusils à pistons. »
Manifeste du Comité démocrate socia-
liste des travailleurs allemands : « Vive
la République française !. Aussi long-
temps que les mercenaires de Napoléon
'menacèrent l'Allemagne, c'était notre
devoir de faire, comme Allemands, la
guerre de défense, la guerre de l'indé-
pendance allemande. Cette paix doit
être rendue possible au gouvernement
français ; il faut qu'on lui accorde une
paix honorable. » Un post scriptum in-
vite les diverses associations ouvrières
allemandes à faire des meetings contre
l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine.
UN SOUVENIR DE MAZAGRAN 1
Comme tout passe et quelle chose fra-
gile que le souvenir 1 Mazagran, ce nom
ne retentit plus que dans les cafés pour
demander une consommation, il n'a
plus de sens pour la majorité des jeu-
nes Français. Et pourtant, il évoque une
des pages les plus glorieuses de l'épo-
pée algérienne, l'héroïque résistance
opposée en 1840 par 123 de nos soldats
à 12,000 Arabes ! Cette phalange, digne
de Sparte, était commandée par deux
officiers, le capitaine Lelièvre et le lieu-
tenant Magnien. Je me suis incliné hier,
en un cimetière lointain, devant la tom-
be de Magnien, abandonnée de tous,
oubliée, perdue dans les herbes, et ce
n'est pas sans peine que j'ai pu déchif-
frer l'inscription lapidaire inscrite sur
la colonne commémorative, - dénuée
d'emblèmes religieux, retrouver les si-
gnes symboliques qui indiquaient l'affi-
liation de ce brave à la franc-maçonne-
jie. 1 * -
r Il est mort depuis une trentaine d'an-
nées et déjà sa tombe, honnie des cléri-
caux parce qu'elle renfermait les restes
d'un philosophe ennemi du fanatisme,
est également désertée par les républi-
cains et même par les professionnels du
patriotisme.
PAS D'AUTOS LA NUIT
; Les populations des campagnes sont
absolument furieuses de la trop grande
liberté accordée à la circulation des au-
tos. Les habitations situées en bordure
des routes nationales sont envahies par
des nuages de poussière qui salissent
tout et gâtent même les mets de la table
de famille. On jurerait que les Harpies
ont passé par là. Un maire de village a
pris un arrêté défendant la marche des
autos dans les rues de son royaume pen-
dant la nuit autrement qu'à l'allure du
pas humain. C'est un peu excessif.
Le Passant.
LE CONSEIL DES MINISTRES
t
Les ministres, qui avaient quitté Paris
hier matin à 9 heures, sont arrivés à 10
heures pour assister au conseil qui se te-
nait au château, sous la présidence de M.
Fallièroo.
SeuJs, MM. Poincaré et Georges Leygues
étaient absents *
Les membres du cabinet étaient attendus
à la gare par M. Jean Lanes, secrétaire
général de la présidence, par le comman-
dant Jullian, et par M. Fabre, sous-préfet.
de Rambouillet. Ils ont pris place dans les
voitures et automobiles de la- présidence
pour se rendre au château.
La délibération a commencé dès leur ar-
rivée.
Dans la première partie de la séance,
M. Léon Bourgeois, ministre des affaires
étrangères, a fait part au conseil de l'état
des négociations commerciales engagées
avec la Suisse. Il a, en outre, indiqué les
grandes lignes du mouvement diplomatique
actuellement en préparation au quai d'Or-
say et qu'il se propose de soumettre à bref
délai à la signature du Président de la Ré-
publique.
Le conseil a èlécid.é que l'escadre de la
Méditerranée participerait aux fêtes qui se-
ront données à Marseille pendant le séjour
du chef de l'Etat dans cette ville.
Les ministres des colonies et de l'instruc-
tion publique ont été désignés pour accom-
pagner M. Fallières à Marseille, où se ren-
dront également MM. Etienne, Thomson et
Dujardin-Beaumetz
MM. Leygues et Ruau accompagneront
M. Fallières dans le Lot-et-Garonne ainsi
que M. Dujardin-Beaumetz.
La délibération a été suspendue à midi 30
et les membres du cabinet sont passés
dans la grande salle à manger du château,
où le déjeuner a été servi.
La délibération a été reprise à deux heu-
res.
La seconde séance du conseil des minis-
tre s'est prolongée jusqu'à 3 h. 20.
Le conseil a envisagé les diverses éven-
tualités qui. pourront ultérieurement se
produire à l'occasion de l'application de la
loi sur la séparation des Eglises et de l'E-
tat, application qui va suivre son cours.
M. Aristide Briand, ministre de l'instruc-
tion publique; et des culteis, a exposé les
conditions dans lesquelles s'effectuera la
mise en vigueur de toutes les dispositions
contenues dans la loi.
Il a en outre fait connaître Je sens des
'1 déclarations qu'il se propose de faire de-
vant le Parlement en réponse aux interpel-
lations motivées par l'Encyclique pontifi-
cale.
Sur la proposition du ministre de la ma-
rine, le conseil a décidé que le vice-amiiral
Gigon, commandant en chef l'escadre du
Nord, serait promu à la dignité de grand-
officier de la Légion d'honneur.
La nomination du contre-amiral Thierry
au commandement en chef de la division
navale de l'Atlantique a été soumise à l'ap-
probation du Président de la République.
Le conseil a décidé, sur la proposition du
ministre de la marine, que l'escadre de la
Méditerranée, commandée par le vice-ami-
ral Touehardt se rendrait à Marseille, et
se joindrait à la division italienne, au croi-
sourcuirassé anglais Cumberland, et au
vaisseau de guerre espagnol Carlos V, qui
viendront saluer le Président de la Répu-
blique Jors de son prochain passage dans
cette ville.
L'escadre active ds la Méditerranée com-
prend six cuirassés d'escadre, trois croi-
seurs-cuirassés, et six contre-torpilleurs.
Les ministres ont quitté Rambouillet par
le train de trois heures trente-quatre.
Dès leur retour de Rambouillet, M. C2e-
menoeau, ministre de l'intérieur et M. Dou-
mergue, ministre du commerce, ont eu, au
ministère de l'intérieur, une conférence
avec M. Lépine, préfet de police, au sujet
des conditions d'application de la loi sur le
repos hebdomadaire.
UNE INDIGNE AGRESSION
Il parait que M. le Maire de Charenton a
trouvé mauvais le reproche que je lui ai
fait en manière de plaisanterie de s'attri-
buer l'eau communale au lieu de la faire
couler dans mon ruisseau.
Mes lecteurs me rendront cette justice,
que, dans cette campagne que j'ai entrepri-
se pour l'assainissement de Charenton en
particulier et de la banlieue parisienne. en
général, je n'ai fait que des généralités.
J'estime, en effet, qu'un maire ou un con-
seil municipal sont des entités qu'il faut se
garder de confondre avec leur personnalité
civile et il est bien certain que lorsque
j'accuse un Conseil municipal de gâcher
les fonds municipaux en accordant à droite
et à gauche des subventions extra-commu-
nales et en ne donnant pas à ma rue les
soins auxquels elle a droit, on ne saurait
me faire dire que j'accuse M. X. ou Z. de
mettre l'argent dans sa poche. Je signale
une administration désastreuse et non un
citoyen quelconque.
Ceci dit. voici les faits : J'assistais, di-
manche, aux courses pédestres et véloci-
pédiques données à l'occasion de la fête de
Charenton par l'union sportive dudit. J'ad-
mirais in petto la façon désinvolte dont le
Conseil municipal sait se servir des « rues
de la Ville de Paris » pour des courses lo-
cales, et le désintéressement qu'elle met à
désaltérer lés ruisseaux desdites rues ; je
regardais avec un intérêt grandissant les
huit agents et les deux gendarmes distraits
de la surveillance des rues (ce dont les
apaches sont loin de. se. plaindre), braves
agents et braves gendarmes qui allaient
tout à l'heure m'empécher d'être écharpé,
enfin et surtout je n'avais d'yeux admira-
teurs que pour un gros monsieur qui ren-
fermait une petite taille et .une énorme cor-
pulence dans un maillot cerclé jaune et
noir &t qui, avec une agilité extraordinaire
donnait les « départs » en agitant un petit
drapeau. Enfin, je m'amusais considérable-
ment lorsque M. le maire de Charenton, as-
sis à la terrasse d'un. petit café avec quel-
quels conseillers, m'ayant aperçu, s'élança
vers moi, tel un énergumène, les poings
crispés, Les yeux hore de la tête, en m'inju-
riant de la façon la plus grossière ; un ou
deux conseillers le vinrent soutenir et il n'y
eut pas jusqu'à un sous-ordre galonné qui
vint .1 mêler sa voix au contcert d'ordures
dont on m'accabla. certainement les da-
mes des hailles ne sont rien près de ces
messieurs ! !.
Comme cette scène scandaleuse se pas-
sait au milieu d'une foule de {_LI 500 per-
sonnes qui connaissent M. le maire, mais
ignoraient les raisons d'une aussi odieuse
algarade, cette foule, comme élles sont tou-
tes, commença. à se ruer sur moi en criant
des « hou ! hou 1, à l'eau, crevez-le », et
autres aimables vociférations qui, je dois
l'avouer, me laissèrent plutôt froid. Mais
heureusement aussi, les agents et les gen-
darmes me protégèrent et l'on vit cette
chose peu banale, la. force publique assu-
rant la sécurité d'un citoyen contre une fou-
le ameutée Dar le maire.
Et tout cela, parce que l'on ne me donne
pas d'eau dans mon ruisseau et qu'on ne
nettoie pas suffisamment les rues !
M. le maire se figure-t-il que les injures
dont il m'a si épilepliquement accablé rem-
pacent avantageusement une bouche d'eau
ou un coup de balai ? Nous ne le pensons
pas, nous autres tous qui en souffrons.
EMILE MAIIÉ.
LE REPOS HEBDOMADAIRE
Quand tout le monde sera d'accord sur
l'application de la loi par le roulement ou
le repos collectif, il y aura à savoir qui su-
bira la perte du salaire.
J'ai déjà dit qu'aucun des deux facteurs
de la production ou du négoce ne veut sup-
porter les conséquences dû chômage im-
posé par la loi. -
Cette question fut posée au conseil supé-
rieur du travail sous forme de vœu par le
citoyen Moreau. ,
Les arguments, que fit valoir son auteur,
méritent en la circonstance d'être rappelés.
Voici le dilemme : « De deux choses l'une,
ou le repos hebdomadaire sera payé ou il
ne le sera pas. S'il est payé, il arrivera que
la masse des intéressés s'élèvera contre la
loi, ne voudra pas s'y soumettre et on trou-
vera l'accord des deux parties pour n'en
point faire i application.
Jamais un ouvrier qui, gagnera cinq
francs par jour, ne consentira à perdre
vingt francs dans son mois et la question
d'existence dominant la question du repos,
l'ouvrier lui-même s'élèvera contre l'appli-
cation de cette loi. Il ne demandera même
pas à revenir à l'ancien état de choses,
mais la loi ne recevra pas son application.
« Au contraire, si le repos hebdomadaire
est payé, il arrivera que la plupart des pa-
trons réduiront les salaires quotidiens pour
récupérer la perte qu'ils subiront, et cela
reviendra au même, c'est vrai, màiS en ap-
parence seulement. En effet, les ouvriers
étant payés, a'i repos comme en travail-
lant, ne songeront plus à combattre la ioi,
mais ils se ligueront fortement pour obli-
ger le patronat à rétablir les salaires qu'il
aura diminués. La loi sera ainsi observée
et les gains ne seront pas diminués. ».
Ces arguments en faveur du paiement lé-
gal de la journée de repos ne furent pas pris
en considération et après discussion la
proposition mise aux voix fut repoussée par
21 voix contre 19.
Je dois signaler cette particularité, c'est
que le rejet de ce vœu est dû à l'absence
de trois délégués ouvriers.
M. Moreau avait prévu les conflits rela-
tifs à rapplication de la loi, il avait si-
gnalé le danger d'un texte prêtant à inter-
prétation différente selon les intérêts des
parties en présence ; le législateur ignare
aurait pu consulter avantageusement les
discussions instructives du Conseil supé-
rieur du travall il ne l'a pas fait, et par son
inconséquence il a jeté le trouble dans les
affaires.
Quelques syndicats ont décidé de pour-
suivre le paiement de la journée, de diman-
che chômée de tout temps, sans salaire,
par les ouvriers de l'industrie. A ce sujet
l'on m'assure qu'un député socialiste, qu'on
dit être M. Dejcante, déposera à la rentrée
des Chambres un amendement, à la loi de
juillet 1906, ayant pour but d'imposer aux
patons le salaire du jour de chômage lé-
gal.
Comme je l'avais prévu, il y a un mois,
les travailleurs de la voie ferrée, quoique
jouissant de congés prévus par les arrêtés
Baudin, réclament le repos hebdomadaire.
A ce sujet, qu'il me soit permis de dire
que le citoyen Guérard, se rendant très bien
compte de l'inefficacité et même du danger
d'une agitation dans ce but n'était pas par-
tisan de poursuivre cette revendicalin ;
; is qu'il y est poussé par quelques syn-
dicalistes plus rouges inféodés aux doctri-
nes de la Confédération du travail. i
4 Guérard, que j'ai connu plus fougueux,
poursuit méthodiquement la réalisation de
la loi Berteaux ; c'est d'une politique sage
et bien comprise en vue des intérêts des
travailleurs des chemins de fer. Il est cer.
tainement regrettable qu'il ait eu la fai-
blesse de céder aur énergumènes rêvant de
recommencer les expériences de 1891 et
1898.
Je parlerai demain des procédés employés
par diverses catégories visées par la loi
pour se soustraire à ses obligations ; un
supplément d'enquête m'est nécessaire : les
circonstances ne permettant pas d'avan-
cer rien à la légère. m
JEAN GERGOVIA.
P. S. — Quelques confrères emprutent
au Rappel, non des informations, mais des
fragments d'articles qu'ils donnent en der-
nière heure ; je suis très heureux d'être
choisi dans des conditions aussi flatteuses :
cependant la probité littéraire la plus élé-
mentaire voudrait qu'ils indiquassent l'ori-
gine de leur emprunt. — J. G.
CHRONIQUE
Un cardinal positiviste
Et moi aussi j'ai célébré à ma façon
le quarante-neuvième anniversaire de la
mort d'Auguste Comte ! Tout seul, sans
fleurs ni couronnes ni vaine rhétorique.
Car si je dois au philosophe d'avoir ap-
pris à penser autrement que par procu-
ration, je n'ai jamais aimé à me mêler
à un troupeau quelconque, n'ayant pas
l'âme d'un disciple. -
Donc, j'ai pèleriné vers la tombe d'un
des plus fidèles amis du Maître, à demi
enfouie sous les herbes foll-es, au pen-
chant de la colline agreste à laquelle s'a-
dosse le village de Saint-Lothain.
Saint-Lothain ! Au pied de son vieux
Calvaire, les guérilleros espagnols li-
vrèrent, au' dix-septième siècle, le su-
prême combat du loyalisme comtois.
En face, au delà d'une forêt qui met une
tache sombre sur la plaine chatoyante,
la ligne abrupte et nue du Jura court,
ondule, se hérisse d'aiguilles pittores-
ques ou se dresse comme un mur inexo-
rable. Autour d'une église du onzième
Siècle, les tombes éparses envahissent
peu à peu les vignes voisines ; sous le
parvis une crypte, contemporaine des
premiers efforts du christianisme dans
le pays et qui recèle une fontaine d'huile
miraculeuse tarie, dit la légende, depuis
qu'un reître huguenot y graissa ses bot-
tes. A deux pas, cette maison morose,
gardée par deux lions de pierre au mu-
fle mutilé, protégée par des murs de for-
teresse que cercle le lierre, avec un jar-
din en terrasse, c'était le château du fa-
meux abbé de Watteville, dont Saint-
Simon et Pellisson nous ont conté les
exploits. un Rocambole tonsuré, qui
avait fondé à Saint-Lothain à la fois un
haras de chevaux arabes et un pension-
nat de demoiselles nobles ; tous,è,eux
ne tardèrent guère à donner de superbes
produits. « Bah 1 disait l'abbé qui avait
deviné le dix-huitième siècle, ma chap,
est assez longue pour couvrir tout 1 » *
Tout au bout du cimetière, dénoncé
par une inscription modeste, git mon
vieil ami Hadery, un des douze apôtres
qui furent désignés par Auguste Comte
comme ses exécuteurs testamentaires et
que le boulevard appela de ce nom légè-
rement ironique de cardinaux (positivis-
tes. Ils défendirent, non sans courage,
la mémoire du maître, accusé de désé-
quilibre mental, contre les dissidents de
la secte, contre Littré et Mme Comte,
méritèrent de voir durer leur œuvre par
le beau désintéressement de leur zèle
et la sérénité inaltérable de leur foi in-
tacte. ---- -- - - -- - ----- -
Un exemple de stoïcisme, la vie du
sage qui dort son dernier sommeil dans
l'enclos herbeux de Saint-Lothain, à
côté de son compagnon d'armes, le doc-
teur Charles Sauria, inventeur des allu-
mettes chimiques. Né à Lyon d'une fa-
mille riche, il n'avait qu'à se laisser vi-
vre ou à mettre son diplôme d'ingénieur
au service du mouvement industriel qui
s'annonçait plein de promesses ; il fut
tout aussitôt préoccupé du problème so-
cial et se sentit attiré par les nobles uto-
pies qui séduisaient alors tous les cœurs
généreux. Mais les brillantes concep-
tions de Fourier ne pouvaient retenir
longtemps un esprit instinctivement
porté vers les constatations méthodi-
ques de la science, dominé par la sévère
discipline de ses études spéciales.
La doctrine d'Auguste Comte éclaira
son ehemin de Damas. Il s'y attacha
avec passion comme à la Bonne Nou-
velle des temps nouveaux ; on trouve de
lui, dans les journaux de 1848, des let-
tres admirables, où il préconisait la loi
des trois états et l'institution d'une
théocratie sans Dieu au milieu du babé-
lisme des écoles socialistes rivales. Sur-
tout, il comprit vite que la théorie n'é-
tait qu'une musique plus ou moins
agréable et que la marche en avant était
encore le meilleur moyen de démontrer
le mouvement. Il résolut d'avoir, lui
aussi, son Icarie, de fonder, sur les ba-
ses r posées par la Maître, une colonie
agricole el il n'hésita pas à jetersa for-
tune dans cette expérience hasardeuse.
Son enthousiasme gagna ceux qui lui
tenaient de près, Sauria et son frère en-
tre autres, qui avaient hérité de lem
père, général de la Révolution et lié
avec le conspirateur Malet, un modeste
patrimoine. Des inconnus aussi se pas-
sionnèrent pour l'œuvre de l'ingénieur f
lyonnais, un lord passa la Manche tout
exprès pour lui apporter un magnifique
témoignage de sa confiance.
Hadery acheta alors, dans le Bourbon-
nais, un vaste domaine qu'il baptisa
Alfred-Ferme par reconnaissance pour
le positiviste anglais qui assistait ses
débuts. Mais la Répubique était tombée.
L'Empire voyait d'un mauvais œil cette
tentative et suspectait les intentions des
hardis pionniers, bien qu'ils se défen- 1
dissent de faire de la politique électo-
rale. Les paysans de l'Allier regardaient
les apôtres positivistes comme des espè- 4
ces d'anarchistes et ne perdaient nulle
occasion de les molester, blessant leurs -
bestiaux, ravageant leurs terres. Deux 1
fois, les bâtiments d'Alfred-Ferme fu-
rent incendiés dans de mystérieuses cir-
constances, que le parquet impérial se
garda bien de tirer au clair. Bref, l'entre-
prise échoua, dut liquider.
Atteint au cœur par cet insuccès, Ha-
dery se réfugia à Paris, et de cet événe-
ment paraît dater la crise d'ascétisme
qui fit de lui une sorte de moine vision-
naire des réformes sociales, un stylite
ennemi de son corps, isolé dans la con-
templation de la société idéale.
Je le revois par la pensée dans son
misérable garni de la rue Bellefond.
Ayant rassemblé les débris de sa fortu-
ne, bien compromise par le désastre de
l'Allier, il s'astreignait à ne faire qu'un
repas par jour, pesait ses aliments, dt.
nait d'une orange et d'un verre d'eau,
car il était partisan de la thèse discuta.
ble de la limitation des besoins. Il n'y
a sur terre qu'une certaine- somme de
subsistances, donc aucun homme n'a le
droit de consommer plus que ne l'exige
le strict entretien de ses forces. Hadery
se condamnait à vivre avec douze cents
francs et réalisait des économies, trou.
vait le moyen, sur ce chiffre dérisoire,
de prendre des abonnements aux re-
vues, de répandre des aumônes, de
payer ses cotisations à la petite église
de la rue Monsieur-le-Prince, où il me
menait souvent avec lui entendre'la
messe de Pierre Laffitte le dîmânche. 11
employait le surplus de sa fortune à
constituer des pensions à ses anciens
serviteurs et auxiliaires d'Alfred-Ferme.
Quand la République ressuscita d'en-
tre les morts.' nul ne songea à cet ou-
| ! vrier de la première heure, qui végétait
confiné dans son rêve. Il voulut cepen-
dant partager le supplice de Paris assié-
gé. La Commune le fit hésiter sur la
voie où était le devoir. Mais lorsqu'il vit
se déchaîner la réaction versaillaise.
aux derniers jours de la Semaine san-
glante, il comprit que la République
était menacée, il se déclara noblement
pour Paris vaincu, descendit dans la
rue, prit un fusil et alla s'embusquer
derrière une barricade de Montmartre,
où il tira sans relâche. Tout étant per-
du, il jeta son arme, regagna paisible-
ment son garni, et les soldats de l'ordre
respectèrent ce vieillard, ne purent ima-
giner que ce bonhomme, qui marchait
d'un pas tranquille, inoffensif en appa-
rence et débonnaire, était un insurgé.
Sa santé déclinant de plus en plus
Hadery se laissa convaincre par les ap-
pels émus de son ami Sauria, qui s'ef-
forçait de l'attirer à côté de lui, dans
son ermitage de Saint-Lothain. Il y est
mort à près de quatre-vingt-dix ans, en-
touré du respect de tous, salué par les
paysans eux-mêmes de ce glorieux sur-
nom de saint laïque. A l'heure suprême
le curé essaya de le visiter et de lui par-
ler de la religion de ses pères. Mais il *
l'arrêta aux premiers mots, car malgré
son extrême débilité, il avait conservé
toute sa lucidité : « Vous vous trompes,
monsieur, lui dit-il doucement, je ne
suis pas un athée, je suis un croyant
d'une autre religion que la vôtre. -» Le
prêtre eut le bon goût de ne pas insis.
ter. La foi de l'agonisant défiait la sien-
ne, il la sentait irréductible.
Après la mort du cardinal positiviste,
qui avait légué son bien à M. Pierre Laf-
fitte avec mission de la consacrer à la
propagande de la doctrine de Comte, un
de ceux qui veillaient à son chevet dé-
couvrit sous le lit un papier timbré, non
déchiré, mais à demi chiffonné. Il le lut.
C'était une reconnaissance d'un prêt de
soixante-dix mille francs, signée du
nom d'un député. Hadery avait-il voulu
le faire disparaître, l'anéantir ? Etait-ce
un pur effet du hasard ? Les positivistes
transigèrent avec le député, ne voulant
pas - saisir la justice de l'affaire, et se
contentèrent de la signature d'un nou-
veau papier de quarante mille francs..
Ils sont morts, tous les membres de
la colonie positiviste de Sainf-Lothain,
dont les leçons et l'exE',mpJè rayonnèrent
sur le pays pendant de si longues an-
nées. Ils sont entrés dans cette immor.
lalifé subjective que seule ambitionnait
leur austère doctrine. N'était-eHe: pas un
leurre aussi, comme' la promesse du
curé ? Qui se souvient d'eux ?
Noël Amaudru
LES COULISSES DES CHAMBRES
Les interpellations
Le président de la Chambre vient de re-
cevoir ùne nouvelle demande d'interpella-
tion qui émane de M. J. Delafosse, et porte
sur la rupture, des relations du gouveme. -
ment avec le Saint-Siège..
M. Clemenceau en Vendée
£ eg trois députés républicaine de la V.,.
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