Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-09-03
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 septembre 1906 03 septembre 1906
Description : 1906/09/03 (N13324). 1906/09/03 (N13324).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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LA SUPPLIQUE
Dans un style qui rappelle un peu ce-
lui de Bossuet, un groupe de catholiques
français écrivent au pape Pie X une sup-
plique très raisonnable et très sage.
Cette supplique, les ultramontains l'ac-
cuseront d'être entachée de gallicanis-
me. Et ce n'est pas moi qui pourrai dé-
fendre contre ce reproche les auteurs
de cette intéressante lettre. Il ne fallait
pas commettre l'imprudence de parler
tout de suite de Bossuet, ce qui évoque
aussitôt !e souvenir de la Déclaration de
l'Eglise gallicane.
C'est un souvenir que les rédacteurs
de la supplique ne paraissent pas, d'ail-
leurs, craindre beaucoup de rappeIer,
puisque, citant textuellement une parole
du plus grand orateur qui ait honoré la
chaire française, ils demandent au
Saint-Père de leur épargner un avenir
qui préparc aux chrétiens « tant et de
si grandes épreuves ».
0 nuit cruelle, ô nuit effroyable, où
retentit comme un éclat de tonnerre
cette étonnante nouvelle : le pape con-
damnait, avec le principe de la loi de
Séparation, avec les Associations cul-
tuelles, tout système d'associations « à
la fois légales et canoniques » penne t-
- tant aux catholiques de faire dans la
paix l'expérience d'un régime de liberté.
N ; "', **★ -. -'
: eur nous, libres-penseurs,* nous
avons vu surtout dans la dernière En-
cyclique du pape une énorme faute poli-
tique ; mais les catholiqtics ont été au-
trement frappés. Ils se sont vus con-
damnés à des épreuves qu'ils n'étaient
pas tous résignés à subir.
Je ne parle pas des épreuves maté-
rielles : eeHes-Ià sont presque toujours
supportables pour des hommes qui sont
soutenus par une conviction profonde,
< par une foi sincère. Je pense à des
épreuves morales que ne peuvent ac-
cepter en effet des hommes résolus à
conserver intacts leurs droits de catho-
liques et leur statut de citoyen fran-
çais.
Mettons-nous par la pensée à la place
de ces chrétiens : comment ne pas com-
prendre et ne pas approuver l'énergie
avec laquelle ils réclament du Vatican
un traitement aussi favorable pour
l'Eglise de France que pour l'Eglise
1 allemande.-
Républicains, nous répudions l'héri-
tage du régime qui est couvert du sang
de Meiitana - où les chassepots tirent
merveille — et qui a entretenu une gar-
nison française à Rome, afin d'empê-
cher le peuple italien, libéré grâce à
nous, d'arracher sa capitale-à la domi-
nation temporelle d'un pouvoir spiri-
tuel.
Les catholiques, au contraire, em-
ploient un argument légitime, quand ils
rappellent les titres que notre nays a
malheureusement à la gratitude de la
Rome pontificale,
« Aux jours mauvais de l'Année ter-
rible, lisons-nous dans la Supplique,
quand la France agonisait, souvenez-
VQus, Très Saint-Père, que si nous étions
seuls, si nos alliés n'étaient pas au ren-
dez-vous, c'est uniquement que le chef
du gouvernement français avait refusé
jusqu'au bout d'abandonner la Rome
* des papes à ceux qui la convoitaient de-
puis longtemps, et que si des régiments
nous ont manqué aux premières batail-
les, c'est que la route était longue pour
les ramener des casernes pontificales
dans les plaines de l'Alsace. »
Ces paroles sont éloquentes, et leur
éloquence est la bonne : celle qui vient
du cœur,
***
Ces jours derniers, plusieurs jour-
naux religieux se réjouissaient de cons-
tater que, sur le terrain de la discipline,
de l'obéissance aux volonté du « père
de tous les catholiques », l'union des
croyants était parfaite. Nous avons
aussi notre raison de nous réjouir. Il est
incontestable que sur le terrain de l'uni-
té française, il n'y a point de schisme
dans notre pays.
Les cléricaux peuvent pousser à une
guerre religieuse. Elle ne se produira
pas. Beaucoup de catholiques ont l'es-
poir de « sauver Rome et la France ».
S'ils étaient ceoendant obligés de choi-
sir entre ces deux grandes personnes
morales, nous savons de quel côté ils se
rangeraient.
La camarilla gallophobe qui impose
sa direction à Pie X a voulu jouer une
partie trop audacieuse. Elle l'a d'ores
et déjft perdue. Le Vatican reçoit de
ses plus fidèles défenseurs un avertisse-
ment qu'il ne lui est pas loisible de tenir
pour nul et non avenu.
L'épiscopai lui-même, après avoir
préparé, à force d'erreurs, quelques unes
criminelles, la situation d'aujourd'hui,
comprend qu'il y a une suprême faute
à éviter. Les catholiques de France se
refusent à déclarer la guerre à leur pays.
En cette occasion, ils se montrent catho-
liques avisés et citoyens loyaux.. -
Nous pouvons leur rendre cet homma-
ge, nous Qui n'avons jamais hésité à
leur dire la vérité, quand elle leur dé-
plaisait, et lorsqu'ils s'insurgeaient
contre notre jugement.
Ilug-nes Destrem.
e..
LES ON-DIT
LA PRESIDENCE DES ETATS-UNIS
Ce sera dans deux ans, en
1908, une belle lutte pour la
conquête de la présidence des
Etats-Unis. Les élections qui
vont avoir lieu le 6 novembre
prochain, et qui amèneront,
dans plus de la moitié des Etats de l'U-
nion, le renouvellement des diverses au-
torités, permettront pour une forte part
de préjuger le résultat de 1908.
Deux candidats sont en présence :
Roosevelt et Bryan ; Roosevelt, le pré-
sident de l'impérialisme américain, le
président des grands aaimenients et des
guerres, le président de la politique pro-
tectionniste, a contre lui, dës à présent,
malgré des'états de service très appréciés
en Amérique, d'avoir détenu le. pouvoir
pendant deux exercices entiers.Il est con-
traire aux constantes traditions -de la dé-
mocratie des Etats-Unis, qu'un prési-
dent soit réélu plus d'une fois. Pas un
président, depuis Washington, n'a occu-
pé la Maison-Blanche pendant plus de
hu.it années. Il y donc là, contre la can-
didature Roosevelt: une difficulté proba-
blement dirimante.
Bryan, de son côté, a contre lui d'a-
voir été déjà deux fois non pas prési-
dent mais candidat à la présidence ; il
a aussi contre lui, non pas d'être le can-
didat du bimétallisme, mais de l'avoir
été. Il a actuellement renoncé à ce côté
de son programme qui constituerait un
poids mort, et il se présente comme le
leader des socialistes. Il ne veut pas
d'impérialisme américain, et il se procla-
me l'adversaire de tous les abus, trusts et
autres, nés de l'existence des fortunes
démesurées.
La guerre entre les deux grands can-
didats sera brillante et belle. Elle a dé-
jà commencé, et M. Roosevelt féru d'un
singulier amour pour la réforme de l'or-
thographe a déjà rencontré sur ce terrain
pourtant peu politique, les épines' et les
ronces. Les brocards qu'il a dû essuyer à
l'occasion de cette réforme de l'écriture
des actes publics, n'étaient peut-être pas
tous lancés par des amoureux de la
grammaire menacée..
JULIEN SERMET
Nous avons le très vif regret d'an-
noncer la. mort, de notre ancien colla-
borateur et ami Julien Sermet. ancien
inspecteur des théâtres à la direction
des Btaux-Arts, qui, avant d'appartet-
mr à l'administration, avait publié plu-
sieurs romans appréciés et fait repré-
senter de nombreuses œuvres théâtra-
les. Il n'était âgé que de 51 ans.
Il était membre de la Société des au-
teurs dramatiques, de la Société des
auteurs et compositeurs de musique,
de l'Association des Journalistes répu-
blicains, de l'Association des Journalis-
tes parisiens, etc.
Julien Sermet était chevalier do la
Légion d'honneur.
Nous adressons à son frère, notre
ami Mario Sermet. secrétaire "de la ré-
daction du Petit Parisien, l'expression
de nos sincères condoléances.
Les obsèques auront lieu demain
lundi 3 septembre, 5. deux heures et de-
mie. On se réunira à la maison mor-
tuaire, 25, rue Ruhmkorff, près la por-
te des Ternes.
LE PRÊT DES SAINT-CYRIENS'
La République est une mère pour les
Saint-Cyriens. Depuis quelques mois,
elle alloue à nos futurs officiers une
espèce de prêt pour solder leurs tim-
bres, prendre le tramway, satisfaire un
vice. innocent. Ah, dame, ça ne se
monte pas bien haut, la somme, huit
francs par mois, soit environ cinq sous
par jour, à l'instar d'Ahasvérus.
C'est égal, nos bahutiens apprécient
l'attention et les simples truffards les
envient. Les gradés du bataillon arri-
vent à un pOt formidable de 12 francs
par mois.
LES DÉCOUVREURS DE SOURCÉS
II y a en France assez d'eau pour ir-
riguer tous nos champs et ravir d'aise
l'agriculteur. Ah, si tes pays chauds
avaient notre richesse hydraulique 1 Ils
avaient notre. 'tifeilleur parti. La sèche-
en tirerâîérît hleilleurparti. La séche-
resse a eu, pourtant, ceci de bon qu'elle
a appelé l'attention sur le (problème de
la recherche des sources. Un ingénieur,
suisse, M. SchmTd, a inventé un appar
reil, qui, à l'aide d'una aiguille ma-
gnétique, révèje automatiquement la
présence de l'eau sous terre. Les expé-
riences tenues paraissent assez con-
cluantes ; basées sur une méthode pu-
rement scientifique, dlles vaillent tou-
jours mieux que la baguette divina-
toire et les ,procédés enfantina d-p-z pm-
piriques. On se rappelle la notoriété
dont jouit un moment, vers 1844, l'ab-
bé Paramelle, le découvreur de sources.
Il joignait Icrtaines pratiques équivo-
ques à des facultés d'observation pré-
cieuses.
Un jour qu'il avait opéré après un
ui vainement, avait cherché
une source sur un plateau désolé, il'en-
tendit les paysans s'étonner : « Bah î
dit-il, les. avocats ne sont pas toujours
d'accord1»" -',
..;l
1E DIAMANT DE N.-D. DES WCTOJRES ': f
Des précautions inostensibles sont
prises pour pauer à l'enlèvement du ri-
che diamant qui orne la couronne de
Notre-Dame des Victoires. S'il allait dis-
paraître, comme le curé de Ghâtenay
ou. le trésor du MontiSaint-Miichel ? -
Les pieux pèlerins qui s'en Vont ré-
ipandro leur âme aux pieds de la Vierge
sont discrètement surveillés. On craint
que l'un d'eux, au lieu de laisser un
ex-voto, ne désire emporter un souvenir
du célèbre sanctuaire. La foi s'allie fort
bien avec cette faculté si humaine de
l'acquisivité. Vous vous rappelez l'anec-
dote attribuée à Henri IV ? Ayant ran-
çonné un peu durement une petite ville
qui était sous la domination espagnole,
il s'aperçut qu'il était' alîê trop loin et,
en un matois, feignit de céder aux sup-
plications des échevins : « Bah ! dit-il,
je me contenterai de la somme que vous
m'offrez, mais je. veux emporter la
Vierge d'or de votre église. J'aii toujours
eu une grande dévotion à Notre-DameT»
LA COUSINE DE M. DE PUTTMAKER
On se souvient du scandale soulevé
en Allemagne par les révélations de
la. presse sur les agissements du gou-
verneur du Cameroun, M. de Puttma-
ker. La cousine de ce dernier, la pseu-
do-baronne de Schwarzenstein, qui
commandait à ses côtés et jouait le rôle
de vice-reine, vient de publier ses Con-
fessions, où elle raconte, non sans crâ-
nerie, les incidents de sa libre existen-
ce d'amazone au pays noir.
Le Passant.
•m --.
LE MARIAGE AUX RAYONS X
Un maire de l'Etat de Washington, M.
Zook, sur le" point d'épouser miss Rosena
Grover, pria sa douce fiancée de vouloir
bien se laisser photographier aux rayons
Rœntgen.
— Dans quel costume ? demanda-t-elle.
— Mais. sans costume. C'est.
— Shoking ! Oser me faire une telle pro-
position, vous qui allez être mon mari !
— Ce n'est pas une indécence ; c'est une
précaution sanitaire, un simple contrôle
médical.
- Insolent I
— De grâce, écoutez-moi ; laissez-moi
m'expliquer. Peut-être avez-vous des pré-
dispositions à la phtisie ou à quelque autre
maladie très grave ? Peut-être avez-vous
des lésions organiques ?
- C'est vous qui en avez 1 Vous êtes
fou t
— Non, ma chère amie ; je suis simple-
ment un homme prudent. Nous nous ma-
rions pour fonder une famille, pt>ur avoir
de nombreux enfants, forts, vigoureux, su-
perbes. Or, il importe de savoir si vous
n'êtes pas atteinte, sans que vous puissiez
vous en douter, d'une de ces maladies qui
pourrait compromettre la santé de notre
descendance. Voyez quelle coupable impré-
voyance vous commettriez, quelle doulou-
reuse responsabilité vous ,assumeriez, si,
par suite de préjugés déplorables, vous don-
niez le jour à des êtres chétifs, malingres
et souffreteux ! Je vous en conjure, faites
ce que je vous demande. n n'y a là rien
qui soit. contraire aux bonnes mœurs.
Laissez-vous pénétrer par les rayons X.
— Zut ! répliqua miss Rosena. Je ne me
laisse pénétrer par rien du tout.
M. Zook implora, supplia, tempêta et se
fficha. Peine perdue. Misse Rosena Grever
resta obstinément fermée à tous les rai-
sonnements et à tous les rayons Rœntgen.
En désespoir de cause, le maire yankcc
rompit les négociations pour le mariage.
La fiancée bondit sous l'outrage et assi-
gna devant les tribunaux son futur trop
circonspect. Elle lui 'réclame un dédom-
magement de 25.000 dollars (125.000 francs)
pour infidélité à ses promesses.
On assure qu'elle gagnera son procès,
parce que les juges sont d'avis que le droit
commun n'autorise nullement d'exiger de
sa fiancée de se soumettre à une inspection
aussi humiliante. que sanitaire, fÙt-ce à
l'aide des rayons X. Avec les 125.000 fr.
qui vont notablement augmenter sa dot,
miss Rosena Grover espère bien trouver
des maris qui ne songeront pas à lui ren-
dre la photographie obligatoire.
Cependant M. Zook a, de son côté, la qua-
si certitude de ne pas perdre son procès.
Il élèvera les débats, il invoquera l'inté-
rêt supérieur de la race et il s'appuiera
sur l'exemple que donne elle-même la
Chambre américaine. N'élabore-t-elle pas,
en ce moment, un biff tendant à rendre -de
plus en plus sévères les conditions d'admis-
sion des émigrants ? N'cstelle pas décidée
à exclure sans pitié les illettrés, les faibles
d'esprit et les individus reconnus atteints
d'une tare physiologique ?
Cet état d'esprit, qu'on ne peut qualifier
autrement que de Spartiate, incite M. Zook
à présager la victoire.
S'il l'emporte, voilà les rayons X mis à
l'index - paj toutes les- filles à marier.
Avouons que le moindre rayon d'amour fe-
rait bien mieux leur affaire * — & la nôtre,
probablement-.
C. de Vorney.
A CUBA
La légation de Cuba nous communique la
dépêche suivante *
La Havane, 31 août.
Les bandes rebelles dans les provinces
de Pinar-deI-Rio et Santa-Clara sont sou-
vent battues par les fofces du Gouverne-
ment. Dans la province de la Havane, les
rebelles sont peu nombreux et dispersés.
La province de Matanzas est presque paci-
fiée. Les deux autres provinces de SSirtfa-
go de Cuba et Camaguey, tranquilles.
O'Farrill'.
:, La Havane, 1" septembre.
La situation est plus grave qu'elle ne l'a
été depuis, le début de 1 insurrection.
Le bfllH circule dans la ville qu'un sou-
lèvement a Relaté dans.la province 3e San-
tiago-de-Cubu. Cette nouvlIbtJrque, fa
presse ne la reproduise pas, s'est répandue
rapidement dans la ville, où elle a provo-
qué la plus vive inquiétude.
► Le chargé d'affaires américain à La
Havane s'est adressé au département de
l'Etat pour obtenir des renseignements
mais il lui a été répondu que cette nou-
velle était inexacte.
Des informations de source privée sont
venues cependant la confirmer.
L'opinion générale ici est que la plus
grande calamité qui puisse frapper le gou-
vernement du Président Palma serait une
insurrection dans les. provinces orientales
de Cuba.
Cardenas, où le calme a régné jusqu'à
présent,- aurait été la scène de plusieurs
engagements entre la police et les gardes
ruraux d'une part, et les insurgés d'autre
part.
»
HYGIÈNE ET FUMÉES
Le compte rendu de la séance du 17 août
1906 du Conseil d'hygiène et de salubrité
du département de la Seine contient deux
communications intéressantes de M. le Pré-
fet de police, qui vont causer quelque in-
quiétude dans certaines municipalités, du
département de la Seine.
La première a trait à l'organisation du
service départemental de désinfection ; la
seconde se rapporte à une circulaire trans-
mettant aux maires des communes de la
Seine le vœu du Conseil général relatif-A
l'interdiction de l'émission de fumées noi-
res, épaisses et prolongées, et insistant pour
que des arrêtés municipaux soient pris
dans ce sens.
Les communes de banlieue sont généra-
lement administrées de façon (déplorable
et certains maires agissent à l'égard de,
leurs Conseils. municipaux comme de véri-
tables potentats. Quiconque a pu assister
à des séances publiques de certaines assem-
blées communales a pu se rendre compte
de la manière dont sont traitées les affai-
res les plus importantes. J'en connais une
où Ó l'on a accepté presqu'au pied levé un
traité relatif au gaz et à l'électricité pour
une période de vingt-cinq années. Le pro-
jet n'avait pas été distribué aux conseil-
lers municipaux qui ont voté sur simple
lecture, confiants dans l'habileté de M. le
maire, et les contribuables de ce lieu en-
chanteur qu'arrosent les euax de la Marne
ont la joie de payer 27 centimes le mètre
cube de gaz qui ne coûte que 16 centimes
dans les communes voisines.
Certains maires, intéressés à un tiflre
quelconque dans des. industries des locali-
tés qu'ils administrent, se soucient de l'hy-
giène comme d'une guigne et vont être fort
embarrassés d'exercer des mesures contre
des usiniers qui empestent l'air de leurs
fumées ou des odeurs s'échappant de leurs
installations..
Ils vont penser, s-ans doute, que M. Lé-
pine leur joue un vilain tour. Mais la
loi c'est la loi et les maires, qui sont char-
gés de l'appliquer, doivent être les premiers
à s'y soumettre, s'ils veulent que l'on crie
sur leur passage : « Vive Monsieur le Mai-
re I
A. Breuillé.
»
LE CRIME DE SACLAY
Confession de l'assassin. — Perquisitions.
La douleur dun père.
Nous avons annoncé que Léon Béreau
avait avoué (avoir tué l'infortunée Marie
Crison, sa maltresse, dont le corps a été
retrouvé dans l'étang de Saclay. Revenons
sur la scène émouvante, et reproduisons le
récit du misérable.
Marie, a expliqué Léon Béreau, m'avait
écrit qu'elle allait être mère et ne cessait
de m'importuner pour que notre mariage
fut célébré avantàa naissance de l'enfant.
Je lui avais répondu que pour mes pa-
rents je ne voulais pas me marier avant
mes vingt-cinq ans révolus.
Elle insista, et comme elle menaçait de
tout révéler à mon père, je lui donnai ren-
dez-vous le samedi 18 août, à minuit, dans
la grange, derrière la maison.
Mon père était parti aux Halles, ma mère
dormait profondément.
J'essayai de calmer Marie et de lui faire
comprendre que toutes ses persécutions
n'avanceraient pas ses affaires.
Si je lui avais promis le mariage, je ne
voulais pas tenir ma parole avant la date
que je lui fixais.
— Tu n'es qu'un lâche, me dit-elle en co-
lère, tu ne fais pas ton devoir.
Elle me frappa d'un violent coup d'om-
brelle à la figure.
La douleur m'égara. Comme un fou, je
sortis le revolver que je portais toujours
sur moi, et je tirai un premier coup qui
l'atteignit à la poitrine. '-.
Elle fit un demi-tour, et d'un second coup
je l'atteignis à la tête.
Atterré, tout d'abord en voyant tomber
Marie, j'essayai de la rappeler à la vie.
Puis, ne sachant plus ce que je faisais,
je n'eux qu'une-idée - faire disparaître le
corps.
J'avais lu l'affaire du ilUré de Chàtenay.
Incapable d'avoir une idée à moi, je de dé-
cidai à aller jeter le corps dans les étangs
de Saclay, où on ne le trouverait pas plus
qu'on a trouvé le curé dans la Chalouette.
Pour arrêter le sang qui coulait, j'enve-
loppai la tête de Marie dans un fichu ap-
partenant à ma mère, et qui se trouvait là
par hasard.
Puis je ficelai le cadavre avec au fil de
fer et j'y attachai un poids de dix kilos.
Je le plaçai ensuite sur une brouette et
je partis après m'être assuré que les coups
de feu n'avaient réveillé personne dans le
pays.
Que le chemin m'a paru long 1 Près de
quatre kilomètres pour aller aux. étangs, en
montant toujours 1
Je m'arrêtai plusieurs fois, car les jam-
bes me manquaient.
Enfin j'arrivai, et du percé du second
étang, à l'endroit où il y a trois marches,
je jetai le corps.
Léon Béreau a ajouté qu'il avait enfoui
dans le jardin de son père les bijoux, le
porte-monnaie et l'ombrelle de sa victime.
Aussitôt après les aveux du meurtrier,
le parquet de Versailles décidait de se ren-
dre à Bièvres, avec Lucien Béreau, afin j
d'y procéder à la reconstitution du crime.
A leur arrivée à la maison de M. Béreau,
dont tous les volets sont clos et où, erm-
me dans ,un,.¡nai$on .en ifeuil, on entend
les sanglota des parents de l'assass.n, Léon
Béreau s'est jeté en pleurant dans les bras
de sa mère. Son père s'est refusé de le voir.
Il regrettait, a-t-il dit-, de n'avoir pas pris
son fusil la veille pour fair-e justice lui-
même. Léon Bérèau a; - guidé les magistrats
dans la maison. Il leur a montré l'endroit
où il a enfoui les bijoux, le porte-monnaie
et l'ombrelle de Marie Crison. On n'y a pas
trouvé d'argent, et on a des raisons de sup-
poser que Marie Crron devait avoir de six
à sept cents francs en billets de banque.
Léon Béreau interrogé, a fini par se rap-
peler qu'il a brûlé un portefeuille avec la
correspondance de la victime.
11 a été conduit à VersaiUes et écroué.
——————————- ———————————
CHRONIQUE
La santé pour tous
Au cours de mes voyages, un méde-
cin chinois jouissant d'une très grande
réputation voulut bien me dévoiler une
partie de ses secrets dans l'art de gué-
rir les mortels.
J'ai constaté de visu que les médica-
ments ordonnés avaient presque tou-
jours réussi à amener une amélioration
notable dans l'état du patient.
En Chine et dans les colonies fran-
çaises d'Extrême-Orient, nos compa-
triotes utilisant les services du méde-
cin chinois sont nombreux. Cependant,
la science de ce praticien n'offre aucu-
ne garantie, car il n'est besoin d'aucun
dip.lôme pour exercer.
La médecine se pratique sur les
hommes comme sur les animaux par
le même opérateur, mais avec des
moyens différents- Qu'on en juge :
Lorsque les animaux sont maigres,
pour les faire engraisser, on leur fait
passer par les naseaux un petit serpent
(sans venin évidemment) qui doit péné-
trer jusque dans les intestins. Grâce à
ce traitement la bête acquierra très
vite un état de chair convenable.
On s'explique l'origine de cette cou-
tume par ce fait que les mandarins ont
l'habitude de faire avaler à leurs admi-
nistrés les couleuvres les plus fantasti-
ques pour engraisser leur propre
bourse.
Mais voilà qui est plus sérieux. Mon
médecin recommande aux personnes
maigres, faibles ou convalescentes, le
traitement suivant :
Verser dans une marmite en terre
cuite deux bols de lait de vache avec
une once de stalactite, limpide comme
du cristal, pulvérisée ; la poudre doit
être renfermée dans un petit sachet de
toile fine et propre.
Faire cuife le tout jusqu'à ce qu'un
tiers du liquide soit évaporé ; retirez le
sachet de poudre. Le médicament est
prêt à être employé ; on le boira en
deux fois dans la journée. Renouveler
autant que besoin sera.
Dans la dysenterie, on doit faire
bouillir quelques feuilles de piper Ion
gum, coupées en menus morceaux,
dans du lait.
Ce remède est très efficac.
Dans la gastrite, vous prendrez à
jeun des infusions de gingembre qui
provoqueront des vomissements, vous
débarrassant des causes du mal.
Quand un enfant a des vers ; le soir,
il ne prendra que du lait, et le lende-
main, à la première heure, vous lui fe-
rez avaler une tasse de graisse de
bœuf chaude, en une seule fois. Les
vers seront expulsés sûrement.
En cas de hoquet, voici un remède
qui a fait ses preuves en Chine : l'on
mélange un gramme de calomel avec
du suif, et l'on pratique avec cette pom-
made trois ou quatre frictions sous les
aisselles.
Pour les rhumatismes et maladie des
os, l'ordonnance est un peu plus com-
pliquée. Prendre une tasse de moelle
de bœuf, une tasse de graisse de chè-
vre, trois tasses de miel, trois tasses
d'infusion de gingembre, trois tasses
de lait de vache.
Mettre le tout dans une marmite et
cuire jusqu'à ce que le mélange ait pris
la consistance d'une gelée. On boit cette
préparation par petites tasses qu'on
fait tiédir en y ajoutant un peu d'alcool.
La quantité indiauée suffit pour guérir
— dit le médecin 1
Si vous avez des enfants qui ont des
insomnies et pleurent toute la vie, il
doit vous être agréable de savoir com-
ment il est possible de remédier à cela
sans danger pour leur santé.
Frictionnez délicatement le nombril
du bébé avec un onguent composé de
cendre de sabots de buffle et d'huile de
sésame.
Maintenant, je vais vous indiquer
quelques recettes pharmaceutiques) dont
le ne vous conseille pas d'user : elles
me paraissent particulièrement réser-
vées à des estomacs de Chinois ou d'au-
truches-
Si votre ventre est ballonné, dit mon
Esculape, vous prendrez du linge très
vieux et très sale que vous incinérerez
et vous mélangerez sa cendre avec du
vinaigre, et vous boirez de cette mix-
valeur d'une tasse.
En cas de coliques sèches : prendre
trois onces de terré au milieu de la cui-
sine, la faire cuire dans un demi-litre
de vin, passez le liquide à' travers un
linge et le boire bien chaud.
En cas de peste : deux onces de cy-
près coupé æ!!!!i deux onces de enaux
pulvérisée et torréfiée, mélangées dans
du vin.
Ce médicament de cheval a souvent
été employé avec succès.
Pour les convulsions : une once. de
sel,-deux onces d'oignons secs, deux
onces de pois noirs, le tout pilé en-,
semble. Mélanger ensuite avec l'urine
de l'enfant et donner à boire. ■
Avec cela, si on ne. leS u pas, on est
certain jele les attraper, les convulsionsJ
Je termine par un médicament à ru,
sage des animaux atteints de dysente*
rie, cas très fréquents dans ces pays.
Soufre en poudre, deux tasses ; os
d'un homme foudroyé pulvérisés, une
tasse ; délayez le tout dans un seau
d'eau et donnez en breuvage.
Les médecins, qui sont aussi phar.
maciens, débitent couramment de la
poudre d'os d'homme foudroyé.
Dans tous les pays du monde, il n'y
a que la foi qui sauv. -
Jean du Pnom.
11
UN TRAITÉ HISPANO-SUISSE
Berne, ter septembre.
Olliciel. - A la suite des négociation?
confidentielles qui Sie sont poursuivies ces
jours derniers entre la Suisse et l'Espagne
au sujet des relations Gummettiales, une
entente est intervenue.
Le nouveau traité sera signé aujourd'hui.
Les droits différentiels seront siupprimés
a partir du 5 septembre. Les deux pays
s'accorderont réciproquement, et à titre
provisoire, le traitement de la nation la plus
favorisée.
Les produits suisses seront soumis pro-
visoirement aux droits minima du nouveau
tarif espagnol, deuxième colonne.
Les produits espagnols seront soumis, en
Suisse, aux droits du tarif en usage.
Le traité ne devant entrer en vigueur qu4
le 20 novembre, son contenu restera secref
j'usqu au moment où il sera soumis aux
Parlements des deux pays.
Berne, le" septembre.
L T, ée. nange des signatures du nouveau
traité de commerce avec l'Espagne a eu
lieu oe matin à 11 heures.
L'Espagne était représentée par MM. de
la Rica, ministre à Berne, et Sitges, direc-
teur général des douanes.
Ensuite a eu lieu un déjèuner auquel
assistaient MM. Forrer, président de la
Confédération, Brennet et Ruchet, conseil-
lers fédéraut les plénipotentiaires es..
pagnols et suisses, qui ont conduit les
négociations1.
r
VISITE A L'ANCIENNE
"CALLEVA" DES ATREBATES
(De notre correspondant spécial de Londres).
Le <( Pompéï du Hampshire n
Vos lecteurs peuvent probablement avoir,
entendu parler du « Pompéï du Hampshire n
comme on l'appelle et des explorations (1895
à 1906) qu'y a entreprises sérieusement de.
puis quelques années la Société des Anti-
quaires de Londres. Ayant un pieér-dans ce
comté et l'autre à Londres, j'ai souvent dé-
siré voir Silohester (comme on l'appelle
maintenant) bien que cet endroit soit situé
à l'autre bout du comté et que le chemin de
fer n'offre guère de facilités pour y arriver ;
mais de trop nombreux engagements sont
venus m'empêcher de mettre mon projet à
exécution. Enfin je reviens d'une tournée
que je viens de faire dans cette région et
désire fort vous donner mes impressions
toutes chaudes et avant que l'acier mar-
telé ait eu le temps de se refroidir !
J'ai lu autrefois queJque part dans les
classiques Et ruinae periére, c'est-à-dire
les Ruines mêmes ont péri ! Mais ne me
suis jamais rendu compte de la force de
cette expression avant de rester, comme je
l'ai fait il y a deux ou trois jours, sur le
site de cette ville cc engloutie », observant
attentivement les nombreux excavateurs
travaillant sous la surveillance du curateur
(M. Mill Stephenson) qui, animé du vérita-
ble esprit d'un antiquaire, consacre sur
place à cette œuvre beaucoup de sc. pen-
sées et « paie de sa personne » sous plus
d'un rapport ! Je vous épargnerai les théo-
ries subtiles des autres, souvent des prêtres
de l'Eglise anglicane, théories qui ratta-
chent cette ancienne cité Gallo-Romaine à
l'histoire ancienne telle que nous la con-
naissons. Ce sont les trouvailles qui m'in-
téressent ici. On m'a montré quelques ob-
jets qui avaient été déterrés quelques jours
auparavant et qui consistaient en pièces de
monnaie d'un très beau travail ; mais la
plus grande partie des trouvailles qui for-
ment une collection des plus intéressantes
peuvent se voir au musée voisin (à Rea-
ding), où j'ai passé quelques heures très
agréables. Malheureusement, à l'endroit des
fouilles le système consiste à explorer d'an-
née en année par sections ; puis, après un
examen minutieux, la Société assemblée
sur l'endroit discute les résultats des fouil-
les et concerte des mesures pour l'avenir et
le curateur reçoit des instructions pour re-
placer le sol — dont il a été levé des pîans
exacts — en son état primitif, de sorte qu'il
faut des efforts considéra ',s d'imagination
pour se rendre compte dt - qui se passe
et des progrès qui ont été ivâts.
Qu'il suffise de dire que quelques-uns des
objets les plus curieux que j'ai vus et qui
ont été découverts dans les fouilles faites
sont : des 'parements tessellés ; un sabot
de charpentier qui est le seul spécimen
gallo-romain de cette espèce qui ait été
trouvé dans la Grande-Bretagne ; une via
en fer (iron-serero) qui — ce qui est assez
étrange — ressemble aux vis brevetées par
la Maison Nettlefold et Chamberlain de Bir-
mingham et à laquelle est associé M. Jo-
seph Chamberlain — vis et homme, sans
qui la guerre si sinistre de l'Afrique du
Sud n'aurait- peut-être pas eu lieu ! ; des
ornements en or bien travaillés, que les
beles dames des époques subséquentes au-
raient même pu désirer posséder 1 ; une
bague en or merveilleusement travaillée,
qui a été trouvée dans un monticule près
de la porte occidentale de cette vieille « cité
reine » (gallo-romaine) ensevelie — et en-
fin pour ne pas me perdre dans les détails,
une Stèle avec inscription en Ogham
(Ogham ou Ogmius, comme vous Iev sa-
vez, était le dieu de l'éloquence chez
les Gaulois), trouvée dans un puits — cette
inscription dûment traduite par M. le pro-
fesseur Rhys, indiquant la « pierre tumu-
laire ou tombe d'Ebigatus, fils du Muco ».
Il y avait des masses de deniers d'argent
montrant le caractère artistique des habi-
tants de cette ville sans pareille r pendant'.
qu'une des monnaies les plus rares qui aient
été découvertes était un « Allectus » en or.
(Allectus était un usurpateur qui prit 1*
pourpre ici, après avoir assassiné Cau.
sius, 294 de J.-C.). Aussi une aigle romaine
en acier. La ville a dû être si importante
que les fragments de la BHlquc (ou salle
destinée aux affaires) qui ont été décou-
verts montrent clairement qu'elle avall
de grandes dimensions et démontre asset
Curieusement la justesse du diclon biec
rio 13324. - S 3 FRUCTIDOR JKW 114.
1. CTIVQ CiKJVJ'IMTKSI *.« frCTHOEltO
IjTTKDÎ 8 «BPTBHBBE 1908. — N« 133
FITBSTEUR: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
fi Itil Tmi Mil SbMH 0* M
Paris. 2fr. 5fr. 9fr. is fr4
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ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. - TftLEPllONE 108.89
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LA SUPPLIQUE
Dans un style qui rappelle un peu ce-
lui de Bossuet, un groupe de catholiques
français écrivent au pape Pie X une sup-
plique très raisonnable et très sage.
Cette supplique, les ultramontains l'ac-
cuseront d'être entachée de gallicanis-
me. Et ce n'est pas moi qui pourrai dé-
fendre contre ce reproche les auteurs
de cette intéressante lettre. Il ne fallait
pas commettre l'imprudence de parler
tout de suite de Bossuet, ce qui évoque
aussitôt !e souvenir de la Déclaration de
l'Eglise gallicane.
C'est un souvenir que les rédacteurs
de la supplique ne paraissent pas, d'ail-
leurs, craindre beaucoup de rappeIer,
puisque, citant textuellement une parole
du plus grand orateur qui ait honoré la
chaire française, ils demandent au
Saint-Père de leur épargner un avenir
qui préparc aux chrétiens « tant et de
si grandes épreuves ».
0 nuit cruelle, ô nuit effroyable, où
retentit comme un éclat de tonnerre
cette étonnante nouvelle : le pape con-
damnait, avec le principe de la loi de
Séparation, avec les Associations cul-
tuelles, tout système d'associations « à
la fois légales et canoniques » penne t-
- tant aux catholiques de faire dans la
paix l'expérience d'un régime de liberté.
N ; "', **★ -. -'
: eur nous, libres-penseurs,* nous
avons vu surtout dans la dernière En-
cyclique du pape une énorme faute poli-
tique ; mais les catholiqtics ont été au-
trement frappés. Ils se sont vus con-
damnés à des épreuves qu'ils n'étaient
pas tous résignés à subir.
Je ne parle pas des épreuves maté-
rielles : eeHes-Ià sont presque toujours
supportables pour des hommes qui sont
soutenus par une conviction profonde,
< par une foi sincère. Je pense à des
épreuves morales que ne peuvent ac-
cepter en effet des hommes résolus à
conserver intacts leurs droits de catho-
liques et leur statut de citoyen fran-
çais.
Mettons-nous par la pensée à la place
de ces chrétiens : comment ne pas com-
prendre et ne pas approuver l'énergie
avec laquelle ils réclament du Vatican
un traitement aussi favorable pour
l'Eglise de France que pour l'Eglise
1 allemande.-
Républicains, nous répudions l'héri-
tage du régime qui est couvert du sang
de Meiitana - où les chassepots tirent
merveille — et qui a entretenu une gar-
nison française à Rome, afin d'empê-
cher le peuple italien, libéré grâce à
nous, d'arracher sa capitale-à la domi-
nation temporelle d'un pouvoir spiri-
tuel.
Les catholiques, au contraire, em-
ploient un argument légitime, quand ils
rappellent les titres que notre nays a
malheureusement à la gratitude de la
Rome pontificale,
« Aux jours mauvais de l'Année ter-
rible, lisons-nous dans la Supplique,
quand la France agonisait, souvenez-
VQus, Très Saint-Père, que si nous étions
seuls, si nos alliés n'étaient pas au ren-
dez-vous, c'est uniquement que le chef
du gouvernement français avait refusé
jusqu'au bout d'abandonner la Rome
* des papes à ceux qui la convoitaient de-
puis longtemps, et que si des régiments
nous ont manqué aux premières batail-
les, c'est que la route était longue pour
les ramener des casernes pontificales
dans les plaines de l'Alsace. »
Ces paroles sont éloquentes, et leur
éloquence est la bonne : celle qui vient
du cœur,
***
Ces jours derniers, plusieurs jour-
naux religieux se réjouissaient de cons-
tater que, sur le terrain de la discipline,
de l'obéissance aux volonté du « père
de tous les catholiques », l'union des
croyants était parfaite. Nous avons
aussi notre raison de nous réjouir. Il est
incontestable que sur le terrain de l'uni-
té française, il n'y a point de schisme
dans notre pays.
Les cléricaux peuvent pousser à une
guerre religieuse. Elle ne se produira
pas. Beaucoup de catholiques ont l'es-
poir de « sauver Rome et la France ».
S'ils étaient ceoendant obligés de choi-
sir entre ces deux grandes personnes
morales, nous savons de quel côté ils se
rangeraient.
La camarilla gallophobe qui impose
sa direction à Pie X a voulu jouer une
partie trop audacieuse. Elle l'a d'ores
et déjft perdue. Le Vatican reçoit de
ses plus fidèles défenseurs un avertisse-
ment qu'il ne lui est pas loisible de tenir
pour nul et non avenu.
L'épiscopai lui-même, après avoir
préparé, à force d'erreurs, quelques unes
criminelles, la situation d'aujourd'hui,
comprend qu'il y a une suprême faute
à éviter. Les catholiques de France se
refusent à déclarer la guerre à leur pays.
En cette occasion, ils se montrent catho-
liques avisés et citoyens loyaux.. -
Nous pouvons leur rendre cet homma-
ge, nous Qui n'avons jamais hésité à
leur dire la vérité, quand elle leur dé-
plaisait, et lorsqu'ils s'insurgeaient
contre notre jugement.
Ilug-nes Destrem.
e..
LES ON-DIT
LA PRESIDENCE DES ETATS-UNIS
Ce sera dans deux ans, en
1908, une belle lutte pour la
conquête de la présidence des
Etats-Unis. Les élections qui
vont avoir lieu le 6 novembre
prochain, et qui amèneront,
dans plus de la moitié des Etats de l'U-
nion, le renouvellement des diverses au-
torités, permettront pour une forte part
de préjuger le résultat de 1908.
Deux candidats sont en présence :
Roosevelt et Bryan ; Roosevelt, le pré-
sident de l'impérialisme américain, le
président des grands aaimenients et des
guerres, le président de la politique pro-
tectionniste, a contre lui, dës à présent,
malgré des'états de service très appréciés
en Amérique, d'avoir détenu le. pouvoir
pendant deux exercices entiers.Il est con-
traire aux constantes traditions -de la dé-
mocratie des Etats-Unis, qu'un prési-
dent soit réélu plus d'une fois. Pas un
président, depuis Washington, n'a occu-
pé la Maison-Blanche pendant plus de
hu.it années. Il y donc là, contre la can-
didature Roosevelt: une difficulté proba-
blement dirimante.
Bryan, de son côté, a contre lui d'a-
voir été déjà deux fois non pas prési-
dent mais candidat à la présidence ; il
a aussi contre lui, non pas d'être le can-
didat du bimétallisme, mais de l'avoir
été. Il a actuellement renoncé à ce côté
de son programme qui constituerait un
poids mort, et il se présente comme le
leader des socialistes. Il ne veut pas
d'impérialisme américain, et il se procla-
me l'adversaire de tous les abus, trusts et
autres, nés de l'existence des fortunes
démesurées.
La guerre entre les deux grands can-
didats sera brillante et belle. Elle a dé-
jà commencé, et M. Roosevelt féru d'un
singulier amour pour la réforme de l'or-
thographe a déjà rencontré sur ce terrain
pourtant peu politique, les épines' et les
ronces. Les brocards qu'il a dû essuyer à
l'occasion de cette réforme de l'écriture
des actes publics, n'étaient peut-être pas
tous lancés par des amoureux de la
grammaire menacée..
JULIEN SERMET
Nous avons le très vif regret d'an-
noncer la. mort, de notre ancien colla-
borateur et ami Julien Sermet. ancien
inspecteur des théâtres à la direction
des Btaux-Arts, qui, avant d'appartet-
mr à l'administration, avait publié plu-
sieurs romans appréciés et fait repré-
senter de nombreuses œuvres théâtra-
les. Il n'était âgé que de 51 ans.
Il était membre de la Société des au-
teurs dramatiques, de la Société des
auteurs et compositeurs de musique,
de l'Association des Journalistes répu-
blicains, de l'Association des Journalis-
tes parisiens, etc.
Julien Sermet était chevalier do la
Légion d'honneur.
Nous adressons à son frère, notre
ami Mario Sermet. secrétaire "de la ré-
daction du Petit Parisien, l'expression
de nos sincères condoléances.
Les obsèques auront lieu demain
lundi 3 septembre, 5. deux heures et de-
mie. On se réunira à la maison mor-
tuaire, 25, rue Ruhmkorff, près la por-
te des Ternes.
LE PRÊT DES SAINT-CYRIENS'
La République est une mère pour les
Saint-Cyriens. Depuis quelques mois,
elle alloue à nos futurs officiers une
espèce de prêt pour solder leurs tim-
bres, prendre le tramway, satisfaire un
vice. innocent. Ah, dame, ça ne se
monte pas bien haut, la somme, huit
francs par mois, soit environ cinq sous
par jour, à l'instar d'Ahasvérus.
C'est égal, nos bahutiens apprécient
l'attention et les simples truffards les
envient. Les gradés du bataillon arri-
vent à un pOt formidable de 12 francs
par mois.
LES DÉCOUVREURS DE SOURCÉS
II y a en France assez d'eau pour ir-
riguer tous nos champs et ravir d'aise
l'agriculteur. Ah, si tes pays chauds
avaient notre richesse hydraulique 1 Ils
avaient notre. 'tifeilleur parti. La sèche-
en tirerâîérît hleilleurparti. La séche-
resse a eu, pourtant, ceci de bon qu'elle
a appelé l'attention sur le (problème de
la recherche des sources. Un ingénieur,
suisse, M. SchmTd, a inventé un appar
reil, qui, à l'aide d'una aiguille ma-
gnétique, révèje automatiquement la
présence de l'eau sous terre. Les expé-
riences tenues paraissent assez con-
cluantes ; basées sur une méthode pu-
rement scientifique, dlles vaillent tou-
jours mieux que la baguette divina-
toire et les ,procédés enfantina d-p-z pm-
piriques. On se rappelle la notoriété
dont jouit un moment, vers 1844, l'ab-
bé Paramelle, le découvreur de sources.
Il joignait Icrtaines pratiques équivo-
ques à des facultés d'observation pré-
cieuses.
Un jour qu'il avait opéré après un
ui vainement, avait cherché
une source sur un plateau désolé, il'en-
tendit les paysans s'étonner : « Bah î
dit-il, les. avocats ne sont pas toujours
d'accord1»" -',
..;l
1E DIAMANT DE N.-D. DES WCTOJRES ': f
Des précautions inostensibles sont
prises pour pauer à l'enlèvement du ri-
che diamant qui orne la couronne de
Notre-Dame des Victoires. S'il allait dis-
paraître, comme le curé de Ghâtenay
ou. le trésor du MontiSaint-Miichel ? -
Les pieux pèlerins qui s'en Vont ré-
ipandro leur âme aux pieds de la Vierge
sont discrètement surveillés. On craint
que l'un d'eux, au lieu de laisser un
ex-voto, ne désire emporter un souvenir
du célèbre sanctuaire. La foi s'allie fort
bien avec cette faculté si humaine de
l'acquisivité. Vous vous rappelez l'anec-
dote attribuée à Henri IV ? Ayant ran-
çonné un peu durement une petite ville
qui était sous la domination espagnole,
il s'aperçut qu'il était' alîê trop loin et,
en un matois, feignit de céder aux sup-
plications des échevins : « Bah ! dit-il,
je me contenterai de la somme que vous
m'offrez, mais je. veux emporter la
Vierge d'or de votre église. J'aii toujours
eu une grande dévotion à Notre-DameT»
LA COUSINE DE M. DE PUTTMAKER
On se souvient du scandale soulevé
en Allemagne par les révélations de
la. presse sur les agissements du gou-
verneur du Cameroun, M. de Puttma-
ker. La cousine de ce dernier, la pseu-
do-baronne de Schwarzenstein, qui
commandait à ses côtés et jouait le rôle
de vice-reine, vient de publier ses Con-
fessions, où elle raconte, non sans crâ-
nerie, les incidents de sa libre existen-
ce d'amazone au pays noir.
Le Passant.
•m --.
LE MARIAGE AUX RAYONS X
Un maire de l'Etat de Washington, M.
Zook, sur le" point d'épouser miss Rosena
Grover, pria sa douce fiancée de vouloir
bien se laisser photographier aux rayons
Rœntgen.
— Dans quel costume ? demanda-t-elle.
— Mais. sans costume. C'est.
— Shoking ! Oser me faire une telle pro-
position, vous qui allez être mon mari !
— Ce n'est pas une indécence ; c'est une
précaution sanitaire, un simple contrôle
médical.
- Insolent I
— De grâce, écoutez-moi ; laissez-moi
m'expliquer. Peut-être avez-vous des pré-
dispositions à la phtisie ou à quelque autre
maladie très grave ? Peut-être avez-vous
des lésions organiques ?
- C'est vous qui en avez 1 Vous êtes
fou t
— Non, ma chère amie ; je suis simple-
ment un homme prudent. Nous nous ma-
rions pour fonder une famille, pt>ur avoir
de nombreux enfants, forts, vigoureux, su-
perbes. Or, il importe de savoir si vous
n'êtes pas atteinte, sans que vous puissiez
vous en douter, d'une de ces maladies qui
pourrait compromettre la santé de notre
descendance. Voyez quelle coupable impré-
voyance vous commettriez, quelle doulou-
reuse responsabilité vous ,assumeriez, si,
par suite de préjugés déplorables, vous don-
niez le jour à des êtres chétifs, malingres
et souffreteux ! Je vous en conjure, faites
ce que je vous demande. n n'y a là rien
qui soit. contraire aux bonnes mœurs.
Laissez-vous pénétrer par les rayons X.
— Zut ! répliqua miss Rosena. Je ne me
laisse pénétrer par rien du tout.
M. Zook implora, supplia, tempêta et se
fficha. Peine perdue. Misse Rosena Grever
resta obstinément fermée à tous les rai-
sonnements et à tous les rayons Rœntgen.
En désespoir de cause, le maire yankcc
rompit les négociations pour le mariage.
La fiancée bondit sous l'outrage et assi-
gna devant les tribunaux son futur trop
circonspect. Elle lui 'réclame un dédom-
magement de 25.000 dollars (125.000 francs)
pour infidélité à ses promesses.
On assure qu'elle gagnera son procès,
parce que les juges sont d'avis que le droit
commun n'autorise nullement d'exiger de
sa fiancée de se soumettre à une inspection
aussi humiliante. que sanitaire, fÙt-ce à
l'aide des rayons X. Avec les 125.000 fr.
qui vont notablement augmenter sa dot,
miss Rosena Grover espère bien trouver
des maris qui ne songeront pas à lui ren-
dre la photographie obligatoire.
Cependant M. Zook a, de son côté, la qua-
si certitude de ne pas perdre son procès.
Il élèvera les débats, il invoquera l'inté-
rêt supérieur de la race et il s'appuiera
sur l'exemple que donne elle-même la
Chambre américaine. N'élabore-t-elle pas,
en ce moment, un biff tendant à rendre -de
plus en plus sévères les conditions d'admis-
sion des émigrants ? N'cstelle pas décidée
à exclure sans pitié les illettrés, les faibles
d'esprit et les individus reconnus atteints
d'une tare physiologique ?
Cet état d'esprit, qu'on ne peut qualifier
autrement que de Spartiate, incite M. Zook
à présager la victoire.
S'il l'emporte, voilà les rayons X mis à
l'index - paj toutes les- filles à marier.
Avouons que le moindre rayon d'amour fe-
rait bien mieux leur affaire * — & la nôtre,
probablement-.
C. de Vorney.
A CUBA
La légation de Cuba nous communique la
dépêche suivante *
La Havane, 31 août.
Les bandes rebelles dans les provinces
de Pinar-deI-Rio et Santa-Clara sont sou-
vent battues par les fofces du Gouverne-
ment. Dans la province de la Havane, les
rebelles sont peu nombreux et dispersés.
La province de Matanzas est presque paci-
fiée. Les deux autres provinces de SSirtfa-
go de Cuba et Camaguey, tranquilles.
O'Farrill'.
:, La Havane, 1" septembre.
La situation est plus grave qu'elle ne l'a
été depuis, le début de 1 insurrection.
Le bfllH circule dans la ville qu'un sou-
lèvement a Relaté dans.la province 3e San-
tiago-de-Cubu. Cette nouvlIbtJrque, fa
presse ne la reproduise pas, s'est répandue
rapidement dans la ville, où elle a provo-
qué la plus vive inquiétude.
► Le chargé d'affaires américain à La
Havane s'est adressé au département de
l'Etat pour obtenir des renseignements
mais il lui a été répondu que cette nou-
velle était inexacte.
Des informations de source privée sont
venues cependant la confirmer.
L'opinion générale ici est que la plus
grande calamité qui puisse frapper le gou-
vernement du Président Palma serait une
insurrection dans les. provinces orientales
de Cuba.
Cardenas, où le calme a régné jusqu'à
présent,- aurait été la scène de plusieurs
engagements entre la police et les gardes
ruraux d'une part, et les insurgés d'autre
part.
»
HYGIÈNE ET FUMÉES
Le compte rendu de la séance du 17 août
1906 du Conseil d'hygiène et de salubrité
du département de la Seine contient deux
communications intéressantes de M. le Pré-
fet de police, qui vont causer quelque in-
quiétude dans certaines municipalités, du
département de la Seine.
La première a trait à l'organisation du
service départemental de désinfection ; la
seconde se rapporte à une circulaire trans-
mettant aux maires des communes de la
Seine le vœu du Conseil général relatif-A
l'interdiction de l'émission de fumées noi-
res, épaisses et prolongées, et insistant pour
que des arrêtés municipaux soient pris
dans ce sens.
Les communes de banlieue sont généra-
lement administrées de façon (déplorable
et certains maires agissent à l'égard de,
leurs Conseils. municipaux comme de véri-
tables potentats. Quiconque a pu assister
à des séances publiques de certaines assem-
blées communales a pu se rendre compte
de la manière dont sont traitées les affai-
res les plus importantes. J'en connais une
où Ó l'on a accepté presqu'au pied levé un
traité relatif au gaz et à l'électricité pour
une période de vingt-cinq années. Le pro-
jet n'avait pas été distribué aux conseil-
lers municipaux qui ont voté sur simple
lecture, confiants dans l'habileté de M. le
maire, et les contribuables de ce lieu en-
chanteur qu'arrosent les euax de la Marne
ont la joie de payer 27 centimes le mètre
cube de gaz qui ne coûte que 16 centimes
dans les communes voisines.
Certains maires, intéressés à un tiflre
quelconque dans des. industries des locali-
tés qu'ils administrent, se soucient de l'hy-
giène comme d'une guigne et vont être fort
embarrassés d'exercer des mesures contre
des usiniers qui empestent l'air de leurs
fumées ou des odeurs s'échappant de leurs
installations..
Ils vont penser, s-ans doute, que M. Lé-
pine leur joue un vilain tour. Mais la
loi c'est la loi et les maires, qui sont char-
gés de l'appliquer, doivent être les premiers
à s'y soumettre, s'ils veulent que l'on crie
sur leur passage : « Vive Monsieur le Mai-
re I
A. Breuillé.
»
LE CRIME DE SACLAY
Confession de l'assassin. — Perquisitions.
La douleur dun père.
Nous avons annoncé que Léon Béreau
avait avoué (avoir tué l'infortunée Marie
Crison, sa maltresse, dont le corps a été
retrouvé dans l'étang de Saclay. Revenons
sur la scène émouvante, et reproduisons le
récit du misérable.
Marie, a expliqué Léon Béreau, m'avait
écrit qu'elle allait être mère et ne cessait
de m'importuner pour que notre mariage
fut célébré avantàa naissance de l'enfant.
Je lui avais répondu que pour mes pa-
rents je ne voulais pas me marier avant
mes vingt-cinq ans révolus.
Elle insista, et comme elle menaçait de
tout révéler à mon père, je lui donnai ren-
dez-vous le samedi 18 août, à minuit, dans
la grange, derrière la maison.
Mon père était parti aux Halles, ma mère
dormait profondément.
J'essayai de calmer Marie et de lui faire
comprendre que toutes ses persécutions
n'avanceraient pas ses affaires.
Si je lui avais promis le mariage, je ne
voulais pas tenir ma parole avant la date
que je lui fixais.
— Tu n'es qu'un lâche, me dit-elle en co-
lère, tu ne fais pas ton devoir.
Elle me frappa d'un violent coup d'om-
brelle à la figure.
La douleur m'égara. Comme un fou, je
sortis le revolver que je portais toujours
sur moi, et je tirai un premier coup qui
l'atteignit à la poitrine. '-.
Elle fit un demi-tour, et d'un second coup
je l'atteignis à la tête.
Atterré, tout d'abord en voyant tomber
Marie, j'essayai de la rappeler à la vie.
Puis, ne sachant plus ce que je faisais,
je n'eux qu'une-idée - faire disparaître le
corps.
J'avais lu l'affaire du ilUré de Chàtenay.
Incapable d'avoir une idée à moi, je de dé-
cidai à aller jeter le corps dans les étangs
de Saclay, où on ne le trouverait pas plus
qu'on a trouvé le curé dans la Chalouette.
Pour arrêter le sang qui coulait, j'enve-
loppai la tête de Marie dans un fichu ap-
partenant à ma mère, et qui se trouvait là
par hasard.
Puis je ficelai le cadavre avec au fil de
fer et j'y attachai un poids de dix kilos.
Je le plaçai ensuite sur une brouette et
je partis après m'être assuré que les coups
de feu n'avaient réveillé personne dans le
pays.
Que le chemin m'a paru long 1 Près de
quatre kilomètres pour aller aux. étangs, en
montant toujours 1
Je m'arrêtai plusieurs fois, car les jam-
bes me manquaient.
Enfin j'arrivai, et du percé du second
étang, à l'endroit où il y a trois marches,
je jetai le corps.
Léon Béreau a ajouté qu'il avait enfoui
dans le jardin de son père les bijoux, le
porte-monnaie et l'ombrelle de sa victime.
Aussitôt après les aveux du meurtrier,
le parquet de Versailles décidait de se ren-
dre à Bièvres, avec Lucien Béreau, afin j
d'y procéder à la reconstitution du crime.
A leur arrivée à la maison de M. Béreau,
dont tous les volets sont clos et où, erm-
me dans ,un,.¡nai$on .en ifeuil, on entend
les sanglota des parents de l'assass.n, Léon
Béreau s'est jeté en pleurant dans les bras
de sa mère. Son père s'est refusé de le voir.
Il regrettait, a-t-il dit-, de n'avoir pas pris
son fusil la veille pour fair-e justice lui-
même. Léon Bérèau a; - guidé les magistrats
dans la maison. Il leur a montré l'endroit
où il a enfoui les bijoux, le porte-monnaie
et l'ombrelle de Marie Crison. On n'y a pas
trouvé d'argent, et on a des raisons de sup-
poser que Marie Crron devait avoir de six
à sept cents francs en billets de banque.
Léon Béreau interrogé, a fini par se rap-
peler qu'il a brûlé un portefeuille avec la
correspondance de la victime.
11 a été conduit à VersaiUes et écroué.
——————————- ———————————
CHRONIQUE
La santé pour tous
Au cours de mes voyages, un méde-
cin chinois jouissant d'une très grande
réputation voulut bien me dévoiler une
partie de ses secrets dans l'art de gué-
rir les mortels.
J'ai constaté de visu que les médica-
ments ordonnés avaient presque tou-
jours réussi à amener une amélioration
notable dans l'état du patient.
En Chine et dans les colonies fran-
çaises d'Extrême-Orient, nos compa-
triotes utilisant les services du méde-
cin chinois sont nombreux. Cependant,
la science de ce praticien n'offre aucu-
ne garantie, car il n'est besoin d'aucun
dip.lôme pour exercer.
La médecine se pratique sur les
hommes comme sur les animaux par
le même opérateur, mais avec des
moyens différents- Qu'on en juge :
Lorsque les animaux sont maigres,
pour les faire engraisser, on leur fait
passer par les naseaux un petit serpent
(sans venin évidemment) qui doit péné-
trer jusque dans les intestins. Grâce à
ce traitement la bête acquierra très
vite un état de chair convenable.
On s'explique l'origine de cette cou-
tume par ce fait que les mandarins ont
l'habitude de faire avaler à leurs admi-
nistrés les couleuvres les plus fantasti-
ques pour engraisser leur propre
bourse.
Mais voilà qui est plus sérieux. Mon
médecin recommande aux personnes
maigres, faibles ou convalescentes, le
traitement suivant :
Verser dans une marmite en terre
cuite deux bols de lait de vache avec
une once de stalactite, limpide comme
du cristal, pulvérisée ; la poudre doit
être renfermée dans un petit sachet de
toile fine et propre.
Faire cuife le tout jusqu'à ce qu'un
tiers du liquide soit évaporé ; retirez le
sachet de poudre. Le médicament est
prêt à être employé ; on le boira en
deux fois dans la journée. Renouveler
autant que besoin sera.
Dans la dysenterie, on doit faire
bouillir quelques feuilles de piper Ion
gum, coupées en menus morceaux,
dans du lait.
Ce remède est très efficac.
Dans la gastrite, vous prendrez à
jeun des infusions de gingembre qui
provoqueront des vomissements, vous
débarrassant des causes du mal.
Quand un enfant a des vers ; le soir,
il ne prendra que du lait, et le lende-
main, à la première heure, vous lui fe-
rez avaler une tasse de graisse de
bœuf chaude, en une seule fois. Les
vers seront expulsés sûrement.
En cas de hoquet, voici un remède
qui a fait ses preuves en Chine : l'on
mélange un gramme de calomel avec
du suif, et l'on pratique avec cette pom-
made trois ou quatre frictions sous les
aisselles.
Pour les rhumatismes et maladie des
os, l'ordonnance est un peu plus com-
pliquée. Prendre une tasse de moelle
de bœuf, une tasse de graisse de chè-
vre, trois tasses de miel, trois tasses
d'infusion de gingembre, trois tasses
de lait de vache.
Mettre le tout dans une marmite et
cuire jusqu'à ce que le mélange ait pris
la consistance d'une gelée. On boit cette
préparation par petites tasses qu'on
fait tiédir en y ajoutant un peu d'alcool.
La quantité indiauée suffit pour guérir
— dit le médecin 1
Si vous avez des enfants qui ont des
insomnies et pleurent toute la vie, il
doit vous être agréable de savoir com-
ment il est possible de remédier à cela
sans danger pour leur santé.
Frictionnez délicatement le nombril
du bébé avec un onguent composé de
cendre de sabots de buffle et d'huile de
sésame.
Maintenant, je vais vous indiquer
quelques recettes pharmaceutiques) dont
le ne vous conseille pas d'user : elles
me paraissent particulièrement réser-
vées à des estomacs de Chinois ou d'au-
truches-
Si votre ventre est ballonné, dit mon
Esculape, vous prendrez du linge très
vieux et très sale que vous incinérerez
et vous mélangerez sa cendre avec du
vinaigre, et vous boirez de cette mix-
valeur d'une tasse.
En cas de coliques sèches : prendre
trois onces de terré au milieu de la cui-
sine, la faire cuire dans un demi-litre
de vin, passez le liquide à' travers un
linge et le boire bien chaud.
En cas de peste : deux onces de cy-
près coupé æ!!!!i deux onces de enaux
pulvérisée et torréfiée, mélangées dans
du vin.
Ce médicament de cheval a souvent
été employé avec succès.
Pour les convulsions : une once. de
sel,-deux onces d'oignons secs, deux
onces de pois noirs, le tout pilé en-,
semble. Mélanger ensuite avec l'urine
de l'enfant et donner à boire. ■
Avec cela, si on ne. leS u pas, on est
certain jele les attraper, les convulsionsJ
Je termine par un médicament à ru,
sage des animaux atteints de dysente*
rie, cas très fréquents dans ces pays.
Soufre en poudre, deux tasses ; os
d'un homme foudroyé pulvérisés, une
tasse ; délayez le tout dans un seau
d'eau et donnez en breuvage.
Les médecins, qui sont aussi phar.
maciens, débitent couramment de la
poudre d'os d'homme foudroyé.
Dans tous les pays du monde, il n'y
a que la foi qui sauv. -
Jean du Pnom.
11
UN TRAITÉ HISPANO-SUISSE
Berne, ter septembre.
Olliciel. - A la suite des négociation?
confidentielles qui Sie sont poursuivies ces
jours derniers entre la Suisse et l'Espagne
au sujet des relations Gummettiales, une
entente est intervenue.
Le nouveau traité sera signé aujourd'hui.
Les droits différentiels seront siupprimés
a partir du 5 septembre. Les deux pays
s'accorderont réciproquement, et à titre
provisoire, le traitement de la nation la plus
favorisée.
Les produits suisses seront soumis pro-
visoirement aux droits minima du nouveau
tarif espagnol, deuxième colonne.
Les produits espagnols seront soumis, en
Suisse, aux droits du tarif en usage.
Le traité ne devant entrer en vigueur qu4
le 20 novembre, son contenu restera secref
j'usqu au moment où il sera soumis aux
Parlements des deux pays.
Berne, le" septembre.
L T, ée. nange des signatures du nouveau
traité de commerce avec l'Espagne a eu
lieu oe matin à 11 heures.
L'Espagne était représentée par MM. de
la Rica, ministre à Berne, et Sitges, direc-
teur général des douanes.
Ensuite a eu lieu un déjèuner auquel
assistaient MM. Forrer, président de la
Confédération, Brennet et Ruchet, conseil-
lers fédéraut les plénipotentiaires es..
pagnols et suisses, qui ont conduit les
négociations1.
r
VISITE A L'ANCIENNE
"CALLEVA" DES ATREBATES
(De notre correspondant spécial de Londres).
Le <( Pompéï du Hampshire n
Vos lecteurs peuvent probablement avoir,
entendu parler du « Pompéï du Hampshire n
comme on l'appelle et des explorations (1895
à 1906) qu'y a entreprises sérieusement de.
puis quelques années la Société des Anti-
quaires de Londres. Ayant un pieér-dans ce
comté et l'autre à Londres, j'ai souvent dé-
siré voir Silohester (comme on l'appelle
maintenant) bien que cet endroit soit situé
à l'autre bout du comté et que le chemin de
fer n'offre guère de facilités pour y arriver ;
mais de trop nombreux engagements sont
venus m'empêcher de mettre mon projet à
exécution. Enfin je reviens d'une tournée
que je viens de faire dans cette région et
désire fort vous donner mes impressions
toutes chaudes et avant que l'acier mar-
telé ait eu le temps de se refroidir !
J'ai lu autrefois queJque part dans les
classiques Et ruinae periére, c'est-à-dire
les Ruines mêmes ont péri ! Mais ne me
suis jamais rendu compte de la force de
cette expression avant de rester, comme je
l'ai fait il y a deux ou trois jours, sur le
site de cette ville cc engloutie », observant
attentivement les nombreux excavateurs
travaillant sous la surveillance du curateur
(M. Mill Stephenson) qui, animé du vérita-
ble esprit d'un antiquaire, consacre sur
place à cette œuvre beaucoup de sc. pen-
sées et « paie de sa personne » sous plus
d'un rapport ! Je vous épargnerai les théo-
ries subtiles des autres, souvent des prêtres
de l'Eglise anglicane, théories qui ratta-
chent cette ancienne cité Gallo-Romaine à
l'histoire ancienne telle que nous la con-
naissons. Ce sont les trouvailles qui m'in-
téressent ici. On m'a montré quelques ob-
jets qui avaient été déterrés quelques jours
auparavant et qui consistaient en pièces de
monnaie d'un très beau travail ; mais la
plus grande partie des trouvailles qui for-
ment une collection des plus intéressantes
peuvent se voir au musée voisin (à Rea-
ding), où j'ai passé quelques heures très
agréables. Malheureusement, à l'endroit des
fouilles le système consiste à explorer d'an-
née en année par sections ; puis, après un
examen minutieux, la Société assemblée
sur l'endroit discute les résultats des fouil-
les et concerte des mesures pour l'avenir et
le curateur reçoit des instructions pour re-
placer le sol — dont il a été levé des pîans
exacts — en son état primitif, de sorte qu'il
faut des efforts considéra ',s d'imagination
pour se rendre compte dt - qui se passe
et des progrès qui ont été ivâts.
Qu'il suffise de dire que quelques-uns des
objets les plus curieux que j'ai vus et qui
ont été découverts dans les fouilles faites
sont : des 'parements tessellés ; un sabot
de charpentier qui est le seul spécimen
gallo-romain de cette espèce qui ait été
trouvé dans la Grande-Bretagne ; une via
en fer (iron-serero) qui — ce qui est assez
étrange — ressemble aux vis brevetées par
la Maison Nettlefold et Chamberlain de Bir-
mingham et à laquelle est associé M. Jo-
seph Chamberlain — vis et homme, sans
qui la guerre si sinistre de l'Afrique du
Sud n'aurait- peut-être pas eu lieu ! ; des
ornements en or bien travaillés, que les
beles dames des époques subséquentes au-
raient même pu désirer posséder 1 ; une
bague en or merveilleusement travaillée,
qui a été trouvée dans un monticule près
de la porte occidentale de cette vieille « cité
reine » (gallo-romaine) ensevelie — et en-
fin pour ne pas me perdre dans les détails,
une Stèle avec inscription en Ogham
(Ogham ou Ogmius, comme vous Iev sa-
vez, était le dieu de l'éloquence chez
les Gaulois), trouvée dans un puits — cette
inscription dûment traduite par M. le pro-
fesseur Rhys, indiquant la « pierre tumu-
laire ou tombe d'Ebigatus, fils du Muco ».
Il y avait des masses de deniers d'argent
montrant le caractère artistique des habi-
tants de cette ville sans pareille r pendant'.
qu'une des monnaies les plus rares qui aient
été découvertes était un « Allectus » en or.
(Allectus était un usurpateur qui prit 1*
pourpre ici, après avoir assassiné Cau.
sius, 294 de J.-C.). Aussi une aigle romaine
en acier. La ville a dû être si importante
que les fragments de la BHlquc (ou salle
destinée aux affaires) qui ont été décou-
verts montrent clairement qu'elle avall
de grandes dimensions et démontre asset
Curieusement la justesse du diclon biec
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