Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-29
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 décembre 1908 29 décembre 1908
Description : 1908/12/29 (N14172). 1908/12/29 (N14172).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549602d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
N* 14172 — 8 Nivôse An 117. CINQCENTIîtIït8 Sl,Œ! SrtnrifE»0 Mardi 29 Décembre 1908. - N.14172
Fondateur s
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Carnet Treis mni Six moi* Pa ta
Paris. 2 fr. 5 fr. 9 ir. 48 fr.
Sir. 6îr. 9ir. i8fy.
Départements 2 - 6 - i t — 20 —
ÛniollPostale 3 - 9— 16— 32 —
; y.
Fondateur î
AUGUSTE VACQUERIE
ANNONCES
MM. LAGRANGE. CERF « Clt
6, Place de la Bourse
et aux BUREAUX DU JOURNAT.
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Adresser Lettres et Mandats an Directeur
DMINISTRATION & RÉDACTION : 53, rue du Château-d'Eau : Téléphone 438-14.-- De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre : Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE
-- i
LES MÉCONTENTS
Jadis, les grenouilles de-
mandaient un roi, dit un
personnage de la comédie
jouée aux Variétés. Aujour-
d'hui, les rois recherchent
les grenouilles. Ce person-
aage ne dit que la moitié de la vérité.
Rois, princes, grands et petits ducs
30ntt friands de grenouilles, sous la Ré-
publique comme sous l'Empire, et les
grenouilles, voire même les crapauds,
- réclament un roi. Leur désir s affirme
violemment depuis quelque temps dans
les rues de Paris. C'est, un symptôme
de mécontement parmi les habitants des
marais. La République déplaît à ces
bêtes-là. Il leur faut un roi qui se re-
mue. Chose grave, Sa Majesté Gamelle
se prépare à monter à cheval et le pape
étudie les dispositions d'un nouveau
Concordat plus favorable à son église
ique celui de 1801.
Il paraîtrait que les petites dames, fi-
gurant dans les revues, vont faire leur
manifestation un de ces jours. Elles
estiment qu'un régime monarchique
teur procurerait une clientèle plus
abondante.
Le garçon de café, agresseur du pré-
sident de la République, a traduit à sa
manière les sentiments de la grenouil-
lère antirépublicaine. Cet état d'âme
J'accuse encore dans cette lettre adres-
sée à un journal du parti des blancs et
Jes jaunes :
« Monsieur le Directeur,
« Je vous prie de porter à la con-
naissance de vos estimés lecteurs que
mes honorables collègues sont las du
sale régime à nous tous imposé. La po-
lice de M. Lépine nous traque de ma-
nière indigne. On ne peut plus, dans
le monde des costauds, pratiquer son
-- métier, avec l'indépendance nécessaire
au libre exerciceaes droits de l'homme
et des droits de la femme. Un instant,
alors que le brave général Boulanger
provoquait les enthousiasmes populai-
res, nous avons espéré voir à l'Elysée
un chef conforme à notre idéal. Les
persécutions des républicains l'ont ré-
duit au suicide. Il y a dix ans, un au-
tre officier de vos amis, nous faisait
concevoir de nouvelles espérances. Avec
vous, avec tous les antisémites, avec le
clergé et tout ce qu'il y a de considé-
rable, soit dans votre faubourg, soit
dans le nôtre, nous l'avons énergique-
ment acclamé, heureux et fiers d'être
en cette circonstance en communauté
n'idées avec un descendant de nos rois.
Or, par le fait de ces canailles de
républicains, le comte Esthérazy, un
camarade, un vrai confrère, de si gran-
de allure, s'est vu contraint de fuir à
l'étranger. Nous voulons espérer qu'il
a trouvé dans la maison de son Altesse,
exilée comme lui, une situation en rap-
port avec ses mérites.
« Ceci pour vous dire que vous pou-
vez toujours faire fonds sur notre con-
cours. Nos gueules et nos surins res-
tent à votre disposition, et aussi nos
Compagnes. Elles n'ont pas encore osé
nous suivre dans les manifestations na-
tionales, crainte de se compromettre.
Et puis, le grand jour les intimide tant,
elles -sont habituées à travailler de
nuit. ';
« S'il nous est permis d'exprimer un
désir, nous vous demanderons en re-
tour de nos services, d'intervenir au-
près de Sa Majesté, après le triomphe,
afin qu'elle nous accorde quelques té-
moignages d'intérêt sous forme de bre-
'vets de pension distribués aux plus zé-
lés des aminches.
« Sentiments très distingués,
PHILIDOR ROUFLAQUETTE,
Protecteur de Casque d'Or.
Le costaud Rouflaquette ne se trou-
ve pas déplacé, certes, dans la phalan-
ge de ce : Vive le roi ! mélange funam-
bulesque de fripons, de faussaires, de
meurtriers, de gens dépourvus de tou-
te fierté comme de sens moral. Il faut
vraiment, à ces champions du roi, une
dose de cynisme peu commune pouir dé-
nigrer le régime que la France s'est li-
brement donné après la débâcle de
l'Empire et la défaite des cléricaux du
16 mai.
Oui, des fautes ont été commises. On
peut justement reprocher aux hommes
qui se sont succédé au pouvoir depuis
quelques années, de n'avoir pas répon-
du à toutes les espérances que le peu-
ple était en droit de fonder sur nous.
Le contrôle exercé sur l'emploi des
forids publics n'a pas été toujours suf-
fisant. Il y a eu des négligences, des
défaillances. Mais appartient-il à des
royalistes, à des bonapartistes de nous
adresser des reproches ? ,
Au lendemain de nos désordres, alors
que la France se débattait en de telles
difficultés, que partout on la considé-
rait comme à jamais ruinée, les des-
cendants de ce pauvre homme, qu'était
Gaston d'Orléans, tendirent leur sébille
à l'assemblée des hobereaux royalistes
et ceux-ci r firent l'aumône d'une
petite somme de 40 millions. Ces mê-
mes royalistes, ces parangons de pa-
triotisme, n'épargnèrent aucun effort
pour nous engager dans une guertre
avec l'Italie afin de restaurer le royau-
me du pape.
Des bonapartistes, inutile d'en par-
ler. Ils ont été flétris par ces mêmes
royalistes de l'assemblée de Versailles,
en termes tels, qu'il faut laisser ces
gens-là sous le poids de leurs hontes.
Royalistes et bonapartistes se sont
mêlés dans les dernières aventures, as-
sociés avec la Congrégation dans le
mensonge, dans le faux, dans les ten-
tatives d'assassinats, s'attachànt à pro-
voquer la guerre civile pair les plus in-
fâmes procédés.
A un académicien sans courage, pau-
vre homme qui ne sut pas défendre
son foyer contre le ridicule, on attri-
bue un propos monstrueux. Après le
règlement pacifique des affaires de Ca-
sablanca, il aurait dit, même écrit, pa-
raît-il, qu'il était vraiment regrettable
que la guerre ne fut pas sortie de cette
aventure, parcequ'elle nous aurait ra-
mené la royauté.
Ce même fantoche, au cours de l'af-
faire Dreyfus, affirmait que nous étions
vendus à l'étranger.
Et c'est çà qui nous accuse de con-
duire la France à sa ruine. C'est çà
qui a la prétention de remettre les des-
tinées de la patrie aux mains d'un
monsieur qui, soi-disant prétendant au
trône de France, parce que descendant
du fameux régent et d'une .femme alle-
mande !
C'est d'un grotesque inouï.
-- - DELPECH,
sénateur de l'Ariège.
Président d'àonncur du Comité Exécutif
du Parti radical et radical-socialiste.
Qb
LA POLITIQUE
LE PERIL EST A DROITE
tr OtiS les desservants et les
enfants de chœur de la cha-
pelle progressiste, le Temps,
les Débats, la Liberté, la Ré-
publique Française, affectent
de considérer l'acte du mili-
tant royaliste Mattis comme le .geste
inconsidéré d'un (promeneur, déséquili-
bré.
Les bons apôtres! Leur grosse ma-
lice est vraiment cousue d'un câble
blanc, et il n'est personne qui n'aper-
çoive clairement que leur manœuvre n'a
pour but que de tenter de mettre hors
de cause la politique de conversion à
droite de leur seigneur Clemenceau,
Nous comprenons parfaitement que
M. le président du conseil ait le désir
de cacher, le plus longtemps possible, au
pays républicain les conséquences né-
fastes de sa politique de régression et
de répression. -
Nous devons nous féliciter, au con-
traire, de voir des actes répétés et si-
gnificatifs confirmer catégoriquement les
avertissements que nous n'avons cessé
de prodiguer au parti radical.
Les bandes nationalistes organisant
l'émeute dans la rue, la jeunesse clérti-
cale montant à l'assaut des chaires des
Facultés, les néo-muscadins provoquant
des bagarres dans les théâtres, Grégori
au Panthéon, Biétry à la Chambre, Mat-
tis à la place de l'Etoile, toutes ces
manifestations émanent du même es-
prit, procèdent de la même méthode,
tendent au même but ; discréditer le ré-
Igime républicain.
D'ailleurs, M. Charles Maurras s'en
vante, avec sa crânerie et son talent cou..
turai ers, MM. de Cassagnac approuvent,
et toute la réaction ne se tient plus
d'aise.
C'est le droit, c'est le devoir des
ennemis de la République de chercher
à profiter ainsi des fautes de ses gou-
vernants, pour exalter leur cause.
,Mais les ministres républicains qui leur
facilitent leur tâche, par calcul ou par
légèreté, sont un persil pour la nation.
Quand M. le président du conseil -
qui doit connaître mieux que personne
le formidable mouvement offensif de la
réaction cléricale — persiste à déclarer
à Rennes, à Caen, à Bandol, en toutes
circonstances qu'il n'existe plus « d'en-
nemis à droite r), il déconcerte, à juste
titre, le pays républicain tout entier.
Il est possible, il est même certain
que M. Clemenceau, lui, n'a plus
« d'ennemis à droite ù. Dans le Var,
comme 'dans toutp î* France, tous les
réacteurs se récitent de sa politique. j
Mais si M. Clemenceau n'a plus
,« d'ennemis à 'droite », la République,
elle, en a toujours, et les républicains
clairvoyants ne tarderaient pas à exiger
qu'une action énergique la débarrasse
enfin des calculs séniles et clés compro-
missions funestes.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 7 h. 56 ; coucher à
4 h. 8.
- A l'Opéra-Comique, répétition générale
d Orphée.
AUTREFOIS
Rappel du 29 décembre 1872. — On an-
nonce que M. de Bourgoing, ambassadeur
de France au Vatican, vient de donner sa
démission, à la suite de graves dissenti-
ments avec M. Fournier, dont il ne trouve
pas la politique assez cléricale. La droite
compterait, dès la rentrée de l'Assemblée,
attaquer vivement M. Thiers à propos de
cet incident.
M. de Graniont. qui était le ministre des
affaires étrangères de Napoléon III, en
1870, prétend qu'il s'était ménagé une al-
liance avec l'Autriche contre la Prusse. U
gouvernement autrichien publie un livre
rouge qui dément d'une façon complète l'as-
sertion de M. de Gramont,
M. Lenepveu est nommé directeur de
l'Ecole de Rome.
L'enquête sur l'affaire Bazaineest termi-
née. Mais l'acte d'accusation n'est pas en-
core préparé.
La Seine continue à baisser, et les ba-
teaux-omnibus reprennent aujourd'hui leur
service.
On achève les réparations de la grande
salle des pas-perdus du Palais de justice.
C'est là que va être érigée la statue de Ber-
ryer.
Le Musée de Cluny possède depuis peu
le bonnet de nuit en guipure de Charles-
Quint.
Coral Pearl procèdera sous peu à la vente
de ses objets d'art,
L'amiral pothuau, qui avait été assez
gravement indisposé, est rétabli, et reprend
ses travaux au ministère de la marine.
Ce soir, à la Gaîté, première représenta-
tion de la Pouie aux Œufs d'or..
Campagne électorale
M. le sous-secrétaire d'Etat à l'inté-
rieur plaisantait lourdement un des sé-
nateurs sortants de la Seine auquel il
attribuait une ressemblance parfaite
avec un chimpanzé.
— « En voilà un, disait-il, qui peut
soutenir avec Darwin, que l'homme
descend du singe. ! »
— « C'est possible, répondit un au-
diteur, mais, lui, du moins, il fait hon-
neur à ses ancêtres ! ».
Les bohémiens
Au Moyen-Age, on les voyait expul-
sés de Hongrie et de Bohême, à r oc-
casion du concile de Constance et des
persécutions antihussites.
D'après le savant Allemand Grell-
mann, ils seraient originaires de l'Hin-
doustan et l'une des bases les plus sé-
rieuses de cette hypothèse est l'analo-
gie très frappante entre leur langue et
certains dialectes hindous.
Le Mémorial des Pyrénées de i833
rappelle un vieux dicton des pays bas-
ques suivant lequel abattre l'un des
leurs d'un coup de fusil est aussi légi-
time que de tuer un loup ou uin renard.
Grellmann rapporte également qu'au
XVIe siècle, au cours d'une partie de
chasse donnée dans une principauté
allemande, on massacra comme bêtes
fauves une jeune 'bohémienne et l'en.
fant qu'elle allaitait.
De nos jours il existe de « bons »
chrétiens qui useraient volontiers des
mêmes (procédés à l'égard des juifs 1
Un vagabond politicien.
Un de nos plus spirituels commissai-
res de police aime à conter l'anecdote
que voici :
Un vagabond fut ramassé, de nuit,
aux Champs-Elysées, par une ronde de
police. C'était au moment d'une crise
ministérielle-
On le conduit chez le commissaire.
Celui-ci l'interroge :
— « Que faisiez-vous, à une heure du
matin, étendu sur le banc d'une prome-
nade publique ?
— « Mon magistrat, j'attendais la
formation du ministère. »
A l'Américaine
La jeune fille, dans la société améri-
caine, vit avec une pleine indépendan-
ce. Même lorsqu'elle est encore sur les
bancs du collège, elle fréquente un
club et le club lui tient lieu de fa-
mille.
Parmi les divertissements le plus en
honneur dans ces universités fémini-
nes de New-York, de Boston et de Was-
hington, il faut citer les symphonies
sifilées, où, parfois, près de trois cents
exécutantes avec chacune une parti-
tion sous les yeux, manifestent ainsi
leur culte de Wagner ou de Beethoven.
La jeune Américaine siffle en toute 1
occasion : à bicyclette, pour avertir un
cocher qu'il ait à lui livrer passage ; à
l'hôtel, pour appeler les domestiques.
L'autre jour, à la sortie d'une fête
donnée par la haute société américaine
de Paris dans un grand hôtel, ne vit-on
pas une ravissante jeune fille en toi-
lette de bal insinuer délicatement deux
ioigts. dans sa bouche et il&cher un
30up de sifflet strident, impératif ap-
pel à son chauffeur qui sommeillait
sur les coussins de sa limousine f.
Nos bons amis.
« Messieurs, je vous présente mon
ami X. il n'est pas si bêtequ il en a
l'air. »
Sur quoi le présenté, vivement 1
- « C'est précisément la difféisnce
qu'ifl y a entre mon ami et moi. »
Politique d'arrondissement.
Echo d'un concours agricole.
La parole est au président :
« Représentant depuis vingt ans,
dans le canton, les races ovine, et por-
cine, permettez-moi, messieurs.
- Oui, oui ! (Applaudissements)'.
'— Messieurs, représentant depuis
iVinigt ans, dans le canton, la race bo-
vine,..
— C'.est vrai, c'est vrai, très bien !
bravû .!
■ ■ A 1
Le mauvais œil |
On commence à s'expliquer la mansuú-,
tude inouïe dont bénéficie M. le juge d'ins- ;
truction Leydet. ;
Cet aimable Cupidon platonique doit, en,,
réalité, à ses belles relations mondaines
l'impunité dont il continue à jouir, malgré'
toutes les défaillances de ses enquêtes ju-
diciaires.
Le Parquet général et le gouvernement
considèrent comme « tabou » ce magistrat
mondain, tellement répandu dans la meil-
leure société parisienne, que les trois quarts
des salons qu'il fréquentait aboutissent à
sou cabinet d'instruction.
Un de nos confrères du soir annonce que
M, le juge d'instruction Leydet n'était pas
seulement un familier du salon de Mme
Steinheil, mais aussi du salon de Mme As-
tresse.
Il faut convenir que si M. le juge d'ins-
truction Leydet était un magistrat mon-
dain très recherché des dames, il a plutôt
le « mauvais œil » pour les maris.
i rnrnummmm , 1 ■—■ »i —■ r
Le « premier des flics)
Si M. le président du conseil, qui se plait
à se décerner à lui-même le titre de « pre-
mier des flics » est aussi mal renseigné
sur les menées royalistes, c'est que les au-
tres flics placés sous ses ordres sont cons-
tamment détournés de leur mission.
Il est impossible — malgré les crédits
si naïvement mis à sa disposition par le
Parlement — que tes auxiliaires de police
de M. le président du conseil soient em-
ployés à la fois à traquer les militants ré-
publicains et socialistes, et à contenir les
émeutiers cléricaux.
Déjà une partie des agents de la Sûreté
générale sont exclusivement affectés à 'il,
filature des députés et sénateurs, des jour-
nalistes indépendants, et même des minis-
tres ! La France entière est enveloppée,
d'un vaste réseau de police, et les fameu-i
ses brigades mobiles destinées à la recher-
che des malfaiteurs sont constamment af-
fectées à la surveillance des citoyens indé-
pendants.
M. Hennion, directeur de la Sûreté géné-
rale, est le fonctionnaire du (ministère de
l'intérieur le plus cher (dans tous las sens
du motï à M. le président du conseil.
Jamais les cadres de la Sûreté et le per-
sonnel des commissaires de police ne subi-
rent de telles modifications, de tels boule-
versements.
Le jour est proche où il faudra préciser
le sens de toutes ces manœuvres policières,
auprès desquelles les « mesures adminis-
tratives ))/ de M. Piétri ne sont plus que des
idylles.
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Les catholiques anglais
demandent un bill
Le Vatican est en tram de faire des dé-
marches pour obtenir, en Angleterre, le
vote d'un bill en faveur des catholiques.
Ceux-ci reprochent à l'Acte d'Emancipa-
tion de 1829 de ne pas les avoir mis sur le
pied d'égalité avec les protestants et tous
leurs eflorts tendent à modifier cette légis-
lation,
L'Acte en question a cependant ouvert le
Parlement aux catholiques et leur a permis
l'accès des carrières publiques, mais ils
trouvent injuste à leur égard que les digni-
tés de lord grand chancelier et de vice-roi
d'Irlande restent réservées aux seuls pro-
testants.
Ils élèvent également d'amères critiques
contre les pénalités qu'encourent les prê-
tres pour le port de l'habit ecclésiastique
en dehors des églises.
Enfin, dis ne peuvent tolérer une clause
de l'Acte qui dit : « Tous les jésuites et les
membres des autres ordres religieux, habi-
tant le royaume, doivent se faire enregis-
trer par les officiers de police, et l'entrée de
la Grande-Bretagne est interdite à tous les
autres. »
A vrai dire, ces restrictions sont depuis
longtemps lettre morte, mais les catholi-
ques redoutent de voir les a fanatiques se
servir de ces textes légzsJahts, très
ctairs et très formels, pour persécuter une
fois de plus la religion catholique. »
La vérité est que les catholiques anglais
ayant décidé, depu)is le fameux congrès eu-
charistique de Londres, de faire de l'agita-
tion et de se livrer à une campagne de
prosélytisme, ils veulent avÕir, au préala-
ble, l'assurance que rien ne pourra entra-
ver leur action.
C'est d'ailleurs en vertu de la clause vi-
sée comme gênante pour eux, que M. As-
quith, lors dit congrès, demanda à l'arche-
vêque de Westminster de changer le pro-
gramme des cérémonies, lequel comportait,
on s'en souvient, une procession du « saint-
sacrement » dans les rues de Londres
Nos amis les Anglais feront bien de ré-
fléchir avant d'accorder aux catholiques les
modifications qu'ils réclament à la loi de
1829.
Qu'ils évitent de leur accorder trop de fa-
veurs s'ils ne veulent pas s'exposer à en
souffrir, ; - P. G.
1 -.-
AU MAROC
i
rascMTioyïQj CHADUII
——— ———
La conférence du ministère de l'intérieur. - Ses
conséquences. - A Fez.
MM. Clemenceau, Pichon et Picquart
ont, enfin, reconnu qce la dispendieu-
se opération dans la Chaouia devait
avoir l'air de prendre fin.
Jusqu'ici, officiellement, le Maroc
nous coûte 50 millions ; mais à côté de
ces dépenses avouées, combien de « sur-
prises » nous seront donc faites l'an
prochain, au dépôt du budget ?
Pour le moment, on s'inquiète donc
en « hauts-lieux » de faire cesser une
occupation qui fut disproportionnée,
dans son but, avec le châtiment des
meurtiers de Casablanca et dans sa
finalité avec les avantages piteux que
nous avons obtenus * dans le — pays
Chaouia.
Les mesures d'occupation définitive
qui avaient été prises par les ministère
de la guerre ont donc abouti à néant,
ainsi que les marches et contre-mar-
ches destinées — naguère — à couper
à Moulay Hafid la route entre Marra-
kec.k et Fez.
Voici maintenant qu'en présence
de difficultés diplomatiques et parle-
mentaires qu'on avait méconnues, il
faut progressivement retirer les trou-
pes que l'on avait envoyées là-bas.
Tel est le sens des décisions qui sont
prises actuellement par le président du
conseil, les ministres de la guerre et
,des. affaires étrangères et qui marquent
l'échec d'une politique : la politique de
M. Regnault, revue, corrigée, et adop-
tée par M. Pichon.
Mais quelle palinodie, le diplomate
malchanceux de Fez ira-t-il prochaine-
ment chanter devant Moulay Hafid à
l'heure des Salamalecs, puisqu'on le
maintient à Tanger malgré Je prix éle-
vé qce ses fautes coûtent à la France !
Assurément son geste de résipiscence
n'accroîtra pas son prestige.
LA CONFERENCE ET SON BUT
Une conférence a été tenue, hier soir, au
ministère de l'intérieur, au sujet des af-
faires du Maroc, entre MM. Clemenceau,
Pichon et Picquart M. Regnault, ministre de
France à Fez, assistait à la délibération.
Plusieurs questions sollicitaient une
prompte solution. Elles ont été examinées
et réglées.
1° M. Regnault, notre ministre à Tanger,
partira le 10 janvier pour Fez avec des
instructions écrites. Ces instructions ont été
envisagées hier dans leurs grandes lignes.
La France a diverses négociations à pour-
suivre avec Moulay Hafid, dont la recon-
naissance est aujourd'hui un fait accompli.
Ces négociations seront d'autant plus ai-
dées que le nouvel empereur du Maroc a
lui-même mandé dans sa capitale, par une
lettre très pressante, 1-e représentant de la
France. -
2° L'évacuation de la Chaouia va se con-
tinuer par étapes, selon les propositions
que le général d'Amade a adressées au mi-
nistre de la guerre. Nos effectifs ont déjà
été réduits de 4.500 hommes dans le der-
nier semestre ; ils subiront de nouvelles ré-
ductions au fur et à mesure que nous aban-
donnerons les postes de la périphérie de la
Chaouia, la tranquillité étant désormais
complète dans cette région.
30 Les contingents qui ont été envoyés
de l'extrême sud-oranais vers Bou Denib
et Bou Anane et plus loin encore pour pa-
rer aux attaques des bandes du Taillalet
seront également rappelées en partie, l'or-
dre régnant là-bas depuis la destruction
de la dernière harka. Mais les mesures dé-
finitives à ce sujet ne seront arrêtées que
lorsque le général Lyautey aura pu venir,
s'entretenir à Paris avec les ministres in-
téressés.
AGENTS DE POLICE FRANÇAIS
ET ESPAGNOLS SE BATTENT
Tanger, 27 décembre.
Hier soir, dans plusieurs points de ta
ville ont eu lieu des rixes sanglantes en-
tre les askaris de la police espagnole et
ceux de la police française.
e On compte plusieurs blessés des deux
côtés.
L'effervescence provoquée dans les rues
s'est vite communiquée aux casernements
-où lea --officiers ont eu beaucoup de diffi-
cultés à maintenir l'ordre.
Aujourd'hui le calme n'a pas été troublé.
L'Agression contre ! Fallières
L' « action directe » du parti royaliste. — Mattis est l'homme
des monarchistes, des jaunes et des cléricaux. — Per-
quisition à la Fédération des Jaunes de France.
- Bris de scellés. — A l'instruction.
M. Joliot a été chargé par le procureur
de la République, de suivre l'affaire du gar-
çon de café Mattis.
En transmettant le dossier à son collè-
gue, M. Warrain, du petit Parquet, qui
avait commencé l'instruction, l'a informé
que, au cours de la perquisition opérée à
son hôtel, 44, rue Mazarine, l'agresseur du
président de la République avait dit que cer-
tains de ses papiers se trouvaient boule-
vard Saint-Martin au syndicat jaune des
employés, dont il était le secrétaire.
M. Joliot s'est aussitôt rendu à -cette
adresse avec M. Hamard, chef de la Sûreté.
Un employé du syndicat a mis à leur
disposition tous les documents du secréta-
riat. Aucun n'a paru intéressant pour m>
tiver une saisie.
M. Joliot va prendre connaissance du
dossier et verra s'il est nécessaire qu'il
se rende à l'Elysée pour recueillir la dé-
position de M. Fallières.
Le magistrat instructeur se propose de
rechercher tout d'abord d'où Mattis tenait
l'argent qu'il dépensait si largement. Sans
ressources et à la recherche d'une place,
il se livrait, surtout en ces derniers temps,
à des dépenses relativement considérables.
M. Joliot s'occupe également d'établir 'le
mobile réel de l'acte auquel Mattis s'est li-
vré et de déterminer s'il a agi de sa propre
initiative.
Détail singulier : cet individu qui, sans
être catholique pratiquant, affirmait haute-
ment ses sentiments religieux, appartint
jadis, dit-on, pendant un. an, à un syndicat
rouge, à la Bourse du Travail.
LES JAUNES PROTESTENT
M. Roux, secrétaire de la Fédération des
Jaunes, fait publier la protestation suivante:
— Je ne saurais trop protester contre la vio-
lation de domicile qui a été opérée dans nos
bureaux, et je me demande de quel droit le
juge d'instruction et le chef de la Sûreté sont
venus pratiquer leur perquisition.
Dans quel but cette perquisition ? Que se
cache-Hl derrière cette opération judiciaire ?
D'ailleurs je me réserve de porter cette pro-
testation devant le juge d'instruction lorsque le
moment sera venu.
La maison où nous tenons notre fédération
est une maison privée et dont le locataire n'est
pas une société, mais un simple particulier.
La perquisition faite par la police n'a rien don-
né et c'est les mains vides que les magistrats
se sont retirés. Qu'auraient-ils bien pu trou-
ver de compromettant, je me le demande.
Certains de vos confrères affirment, ce ma-
tin, qu'un employé du syndicat s'est mis à la
disposition des magistrats et leur a remis tous
les documents du secrétaire !
Je vous serai obligé de dire qu'il n'en a pas
été ainsi du tout. Personne ici ne se serait
permis d'agir ainsi. Et comme j'étais présent
à l'opération, je puis déclarer que les choses
ne se sont pas ainsi passées. M. Hamard a es-
suyé, au contraire, un refus formel d'ouvrir les
tiroirs, et e a dû requérir l'assistance d'un ser.
rwrier.
Quant à Mattis, je n'ai pu que dire à M.
loliot ce que je pensais. de lui. Je n'ai pu que
répéter que .c'était un doux. un tranquille et
un très honnête garçon. Quant à ses opinions,
elles ne regardent que lui.
Voilà tout 1
BRIS DE SCELLES
Avant de se retirer du siège de la Fé-
dération dey Jaunes, MM. Joliot et Hamard
avaient apposé les scellés.
M. Biétry, député de Brest, président de
ladite Fédération, informé de cette mesure,
judiciaire, se serait rendu dans l'après-
midi, vers les trois heures, boulevard des
Italiens, et aurait brisé les scellés confiés à
la garde de la concierge.
LES ANTECEDENTS DE MATTIS
Voici de nouveaux détails - sur les ant
cédents de Mattis. -
Ainsi que nous l'avons dit, Jean-Séra-
phin Mattis est né le 20 octobre 1874, m
hameau de Forney, près de Val-d'Isère (Sa-
voie) ; il est le fils d'un conseiller munici-
pal de cette dernière commune, M. Cons-
tantin Mattis, et de Marie-Louise Bonnevie.
Il a trois frères : Célestin, garçon boulan-
ger à Paris ; Jean-Cyprien, employé de ma-
gasin également à Paris; Joachim-Edouard,
soldat au 140° de ligne, au fort de Barreaux
(Isère). Il a aussi une sœur mariée à un
habitant été Forney, M. Frédéric Rond.
D'une intelligence très vive, travailleur,
il fut un des meilleurs élèves de la petite
école communale de Val-d'Isère, et l'insti-
tuteur voulait lui faire obtenir une bourbe
au lycée de Moutiers. Mais Jean-Séraphin
Mattis voulait aller à Paris ; il partit pour
la capitale et il travailla comme garçon
chez une de ses tantes établie marchande
de vin, rue Saint-Laurent. Il y resta jus-
qu'à dix-huit ans. Alors il s'engagea pour
trois ans au 4e régiment d'infanterie co-
loniale ; il fit deux campagnes, l'une en In-
do-Chine, l'autre au Tonkin, mais ne put
décrocher même les galons de caporal,
alors qu'il avait rêvé de revenir avec le
grade d'officier.
Son engagement terminé, Jean-Séraphin
Mattis revint à Val-d'Isère ; mais, au dira
de ses compatriotes, son caractère avait
complètement changé : il était devenu vio-
lent et sournois. Il resta dans son pays un
mois à peine, regagna Paris, où il se plaça
comme garçon dans divers établissements.
Il était arrivé à réaliser d'assez fortes éco-
nomies, qui lui -furent ravies par une es-
croquerie au mariage dans les circonstan-
ces que nous avons relatées hier.
Au mois de mai dernier, il s'était rendu
à Val-d'Isère pour se présenter au conseil
municipal ; il annonçait que ce n'était là
qu'un premier échelon et qu'il voulait, aux
élections législatives, poser sa candidature
contre celle de M. Empereur, député de
Moutiers. Ses compatriotes ne le prirent
pas au sérieux, et il repartit pour Paris
sans avoir autrement insisté pour être con-
seiller municipal.
Depuis, il n'avait plus travaillé et s'était
lancé dans la politique royaliste.
A noter que Jean-Séraphin Mattis est
Fondateur s
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Carnet Treis mni Six moi* Pa ta
Paris. 2 fr. 5 fr. 9 ir. 48 fr.
Sir. 6îr. 9ir. i8fy.
Départements 2 - 6 - i t — 20 —
ÛniollPostale 3 - 9— 16— 32 —
; y.
Fondateur î
AUGUSTE VACQUERIE
ANNONCES
MM. LAGRANGE. CERF « Clt
6, Place de la Bourse
et aux BUREAUX DU JOURNAT.
Adresser toutes les Communications an Directeur
Adresser Lettres et Mandats an Directeur
DMINISTRATION & RÉDACTION : 53, rue du Château-d'Eau : Téléphone 438-14.-- De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre : Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE
-- i
LES MÉCONTENTS
Jadis, les grenouilles de-
mandaient un roi, dit un
personnage de la comédie
jouée aux Variétés. Aujour-
d'hui, les rois recherchent
les grenouilles. Ce person-
aage ne dit que la moitié de la vérité.
Rois, princes, grands et petits ducs
30ntt friands de grenouilles, sous la Ré-
publique comme sous l'Empire, et les
grenouilles, voire même les crapauds,
- réclament un roi. Leur désir s affirme
violemment depuis quelque temps dans
les rues de Paris. C'est, un symptôme
de mécontement parmi les habitants des
marais. La République déplaît à ces
bêtes-là. Il leur faut un roi qui se re-
mue. Chose grave, Sa Majesté Gamelle
se prépare à monter à cheval et le pape
étudie les dispositions d'un nouveau
Concordat plus favorable à son église
ique celui de 1801.
Il paraîtrait que les petites dames, fi-
gurant dans les revues, vont faire leur
manifestation un de ces jours. Elles
estiment qu'un régime monarchique
teur procurerait une clientèle plus
abondante.
Le garçon de café, agresseur du pré-
sident de la République, a traduit à sa
manière les sentiments de la grenouil-
lère antirépublicaine. Cet état d'âme
J'accuse encore dans cette lettre adres-
sée à un journal du parti des blancs et
Jes jaunes :
« Monsieur le Directeur,
« Je vous prie de porter à la con-
naissance de vos estimés lecteurs que
mes honorables collègues sont las du
sale régime à nous tous imposé. La po-
lice de M. Lépine nous traque de ma-
nière indigne. On ne peut plus, dans
le monde des costauds, pratiquer son
-- métier, avec l'indépendance nécessaire
au libre exerciceaes droits de l'homme
et des droits de la femme. Un instant,
alors que le brave général Boulanger
provoquait les enthousiasmes populai-
res, nous avons espéré voir à l'Elysée
un chef conforme à notre idéal. Les
persécutions des républicains l'ont ré-
duit au suicide. Il y a dix ans, un au-
tre officier de vos amis, nous faisait
concevoir de nouvelles espérances. Avec
vous, avec tous les antisémites, avec le
clergé et tout ce qu'il y a de considé-
rable, soit dans votre faubourg, soit
dans le nôtre, nous l'avons énergique-
ment acclamé, heureux et fiers d'être
en cette circonstance en communauté
n'idées avec un descendant de nos rois.
Or, par le fait de ces canailles de
républicains, le comte Esthérazy, un
camarade, un vrai confrère, de si gran-
de allure, s'est vu contraint de fuir à
l'étranger. Nous voulons espérer qu'il
a trouvé dans la maison de son Altesse,
exilée comme lui, une situation en rap-
port avec ses mérites.
« Ceci pour vous dire que vous pou-
vez toujours faire fonds sur notre con-
cours. Nos gueules et nos surins res-
tent à votre disposition, et aussi nos
Compagnes. Elles n'ont pas encore osé
nous suivre dans les manifestations na-
tionales, crainte de se compromettre.
Et puis, le grand jour les intimide tant,
elles -sont habituées à travailler de
nuit. ';
« S'il nous est permis d'exprimer un
désir, nous vous demanderons en re-
tour de nos services, d'intervenir au-
près de Sa Majesté, après le triomphe,
afin qu'elle nous accorde quelques té-
moignages d'intérêt sous forme de bre-
'vets de pension distribués aux plus zé-
lés des aminches.
« Sentiments très distingués,
PHILIDOR ROUFLAQUETTE,
Protecteur de Casque d'Or.
Le costaud Rouflaquette ne se trou-
ve pas déplacé, certes, dans la phalan-
ge de ce : Vive le roi ! mélange funam-
bulesque de fripons, de faussaires, de
meurtriers, de gens dépourvus de tou-
te fierté comme de sens moral. Il faut
vraiment, à ces champions du roi, une
dose de cynisme peu commune pouir dé-
nigrer le régime que la France s'est li-
brement donné après la débâcle de
l'Empire et la défaite des cléricaux du
16 mai.
Oui, des fautes ont été commises. On
peut justement reprocher aux hommes
qui se sont succédé au pouvoir depuis
quelques années, de n'avoir pas répon-
du à toutes les espérances que le peu-
ple était en droit de fonder sur nous.
Le contrôle exercé sur l'emploi des
forids publics n'a pas été toujours suf-
fisant. Il y a eu des négligences, des
défaillances. Mais appartient-il à des
royalistes, à des bonapartistes de nous
adresser des reproches ? ,
Au lendemain de nos désordres, alors
que la France se débattait en de telles
difficultés, que partout on la considé-
rait comme à jamais ruinée, les des-
cendants de ce pauvre homme, qu'était
Gaston d'Orléans, tendirent leur sébille
à l'assemblée des hobereaux royalistes
et ceux-ci r firent l'aumône d'une
petite somme de 40 millions. Ces mê-
mes royalistes, ces parangons de pa-
triotisme, n'épargnèrent aucun effort
pour nous engager dans une guertre
avec l'Italie afin de restaurer le royau-
me du pape.
Des bonapartistes, inutile d'en par-
ler. Ils ont été flétris par ces mêmes
royalistes de l'assemblée de Versailles,
en termes tels, qu'il faut laisser ces
gens-là sous le poids de leurs hontes.
Royalistes et bonapartistes se sont
mêlés dans les dernières aventures, as-
sociés avec la Congrégation dans le
mensonge, dans le faux, dans les ten-
tatives d'assassinats, s'attachànt à pro-
voquer la guerre civile pair les plus in-
fâmes procédés.
A un académicien sans courage, pau-
vre homme qui ne sut pas défendre
son foyer contre le ridicule, on attri-
bue un propos monstrueux. Après le
règlement pacifique des affaires de Ca-
sablanca, il aurait dit, même écrit, pa-
raît-il, qu'il était vraiment regrettable
que la guerre ne fut pas sortie de cette
aventure, parcequ'elle nous aurait ra-
mené la royauté.
Ce même fantoche, au cours de l'af-
faire Dreyfus, affirmait que nous étions
vendus à l'étranger.
Et c'est çà qui nous accuse de con-
duire la France à sa ruine. C'est çà
qui a la prétention de remettre les des-
tinées de la patrie aux mains d'un
monsieur qui, soi-disant prétendant au
trône de France, parce que descendant
du fameux régent et d'une .femme alle-
mande !
C'est d'un grotesque inouï.
-- - DELPECH,
sénateur de l'Ariège.
Président d'àonncur du Comité Exécutif
du Parti radical et radical-socialiste.
Qb
LA POLITIQUE
LE PERIL EST A DROITE
tr OtiS les desservants et les
enfants de chœur de la cha-
pelle progressiste, le Temps,
les Débats, la Liberté, la Ré-
publique Française, affectent
de considérer l'acte du mili-
tant royaliste Mattis comme le .geste
inconsidéré d'un (promeneur, déséquili-
bré.
Les bons apôtres! Leur grosse ma-
lice est vraiment cousue d'un câble
blanc, et il n'est personne qui n'aper-
çoive clairement que leur manœuvre n'a
pour but que de tenter de mettre hors
de cause la politique de conversion à
droite de leur seigneur Clemenceau,
Nous comprenons parfaitement que
M. le président du conseil ait le désir
de cacher, le plus longtemps possible, au
pays républicain les conséquences né-
fastes de sa politique de régression et
de répression. -
Nous devons nous féliciter, au con-
traire, de voir des actes répétés et si-
gnificatifs confirmer catégoriquement les
avertissements que nous n'avons cessé
de prodiguer au parti radical.
Les bandes nationalistes organisant
l'émeute dans la rue, la jeunesse clérti-
cale montant à l'assaut des chaires des
Facultés, les néo-muscadins provoquant
des bagarres dans les théâtres, Grégori
au Panthéon, Biétry à la Chambre, Mat-
tis à la place de l'Etoile, toutes ces
manifestations émanent du même es-
prit, procèdent de la même méthode,
tendent au même but ; discréditer le ré-
Igime républicain.
D'ailleurs, M. Charles Maurras s'en
vante, avec sa crânerie et son talent cou..
turai ers, MM. de Cassagnac approuvent,
et toute la réaction ne se tient plus
d'aise.
C'est le droit, c'est le devoir des
ennemis de la République de chercher
à profiter ainsi des fautes de ses gou-
vernants, pour exalter leur cause.
,Mais les ministres républicains qui leur
facilitent leur tâche, par calcul ou par
légèreté, sont un persil pour la nation.
Quand M. le président du conseil -
qui doit connaître mieux que personne
le formidable mouvement offensif de la
réaction cléricale — persiste à déclarer
à Rennes, à Caen, à Bandol, en toutes
circonstances qu'il n'existe plus « d'en-
nemis à droite r), il déconcerte, à juste
titre, le pays républicain tout entier.
Il est possible, il est même certain
que M. Clemenceau, lui, n'a plus
« d'ennemis à droite ù. Dans le Var,
comme 'dans toutp î* France, tous les
réacteurs se récitent de sa politique. j
Mais si M. Clemenceau n'a plus
,« d'ennemis à 'droite », la République,
elle, en a toujours, et les républicains
clairvoyants ne tarderaient pas à exiger
qu'une action énergique la débarrasse
enfin des calculs séniles et clés compro-
missions funestes.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 7 h. 56 ; coucher à
4 h. 8.
- A l'Opéra-Comique, répétition générale
d Orphée.
AUTREFOIS
Rappel du 29 décembre 1872. — On an-
nonce que M. de Bourgoing, ambassadeur
de France au Vatican, vient de donner sa
démission, à la suite de graves dissenti-
ments avec M. Fournier, dont il ne trouve
pas la politique assez cléricale. La droite
compterait, dès la rentrée de l'Assemblée,
attaquer vivement M. Thiers à propos de
cet incident.
M. de Graniont. qui était le ministre des
affaires étrangères de Napoléon III, en
1870, prétend qu'il s'était ménagé une al-
liance avec l'Autriche contre la Prusse. U
gouvernement autrichien publie un livre
rouge qui dément d'une façon complète l'as-
sertion de M. de Gramont,
M. Lenepveu est nommé directeur de
l'Ecole de Rome.
L'enquête sur l'affaire Bazaineest termi-
née. Mais l'acte d'accusation n'est pas en-
core préparé.
La Seine continue à baisser, et les ba-
teaux-omnibus reprennent aujourd'hui leur
service.
On achève les réparations de la grande
salle des pas-perdus du Palais de justice.
C'est là que va être érigée la statue de Ber-
ryer.
Le Musée de Cluny possède depuis peu
le bonnet de nuit en guipure de Charles-
Quint.
Coral Pearl procèdera sous peu à la vente
de ses objets d'art,
L'amiral pothuau, qui avait été assez
gravement indisposé, est rétabli, et reprend
ses travaux au ministère de la marine.
Ce soir, à la Gaîté, première représenta-
tion de la Pouie aux Œufs d'or..
Campagne électorale
M. le sous-secrétaire d'Etat à l'inté-
rieur plaisantait lourdement un des sé-
nateurs sortants de la Seine auquel il
attribuait une ressemblance parfaite
avec un chimpanzé.
— « En voilà un, disait-il, qui peut
soutenir avec Darwin, que l'homme
descend du singe. ! »
— « C'est possible, répondit un au-
diteur, mais, lui, du moins, il fait hon-
neur à ses ancêtres ! ».
Les bohémiens
Au Moyen-Age, on les voyait expul-
sés de Hongrie et de Bohême, à r oc-
casion du concile de Constance et des
persécutions antihussites.
D'après le savant Allemand Grell-
mann, ils seraient originaires de l'Hin-
doustan et l'une des bases les plus sé-
rieuses de cette hypothèse est l'analo-
gie très frappante entre leur langue et
certains dialectes hindous.
Le Mémorial des Pyrénées de i833
rappelle un vieux dicton des pays bas-
ques suivant lequel abattre l'un des
leurs d'un coup de fusil est aussi légi-
time que de tuer un loup ou uin renard.
Grellmann rapporte également qu'au
XVIe siècle, au cours d'une partie de
chasse donnée dans une principauté
allemande, on massacra comme bêtes
fauves une jeune 'bohémienne et l'en.
fant qu'elle allaitait.
De nos jours il existe de « bons »
chrétiens qui useraient volontiers des
mêmes (procédés à l'égard des juifs 1
Un vagabond politicien.
Un de nos plus spirituels commissai-
res de police aime à conter l'anecdote
que voici :
Un vagabond fut ramassé, de nuit,
aux Champs-Elysées, par une ronde de
police. C'était au moment d'une crise
ministérielle-
On le conduit chez le commissaire.
Celui-ci l'interroge :
— « Que faisiez-vous, à une heure du
matin, étendu sur le banc d'une prome-
nade publique ?
— « Mon magistrat, j'attendais la
formation du ministère. »
A l'Américaine
La jeune fille, dans la société améri-
caine, vit avec une pleine indépendan-
ce. Même lorsqu'elle est encore sur les
bancs du collège, elle fréquente un
club et le club lui tient lieu de fa-
mille.
Parmi les divertissements le plus en
honneur dans ces universités fémini-
nes de New-York, de Boston et de Was-
hington, il faut citer les symphonies
sifilées, où, parfois, près de trois cents
exécutantes avec chacune une parti-
tion sous les yeux, manifestent ainsi
leur culte de Wagner ou de Beethoven.
La jeune Américaine siffle en toute 1
occasion : à bicyclette, pour avertir un
cocher qu'il ait à lui livrer passage ; à
l'hôtel, pour appeler les domestiques.
L'autre jour, à la sortie d'une fête
donnée par la haute société américaine
de Paris dans un grand hôtel, ne vit-on
pas une ravissante jeune fille en toi-
lette de bal insinuer délicatement deux
ioigts. dans sa bouche et il&cher un
30up de sifflet strident, impératif ap-
pel à son chauffeur qui sommeillait
sur les coussins de sa limousine f.
Nos bons amis.
« Messieurs, je vous présente mon
ami X. il n'est pas si bêtequ il en a
l'air. »
Sur quoi le présenté, vivement 1
- « C'est précisément la difféisnce
qu'ifl y a entre mon ami et moi. »
Politique d'arrondissement.
Echo d'un concours agricole.
La parole est au président :
« Représentant depuis vingt ans,
dans le canton, les races ovine, et por-
cine, permettez-moi, messieurs.
- Oui, oui ! (Applaudissements)'.
'— Messieurs, représentant depuis
iVinigt ans, dans le canton, la race bo-
vine,..
— C'.est vrai, c'est vrai, très bien !
bravû .!
■ ■ A 1
Le mauvais œil |
On commence à s'expliquer la mansuú-,
tude inouïe dont bénéficie M. le juge d'ins- ;
truction Leydet. ;
Cet aimable Cupidon platonique doit, en,,
réalité, à ses belles relations mondaines
l'impunité dont il continue à jouir, malgré'
toutes les défaillances de ses enquêtes ju-
diciaires.
Le Parquet général et le gouvernement
considèrent comme « tabou » ce magistrat
mondain, tellement répandu dans la meil-
leure société parisienne, que les trois quarts
des salons qu'il fréquentait aboutissent à
sou cabinet d'instruction.
Un de nos confrères du soir annonce que
M, le juge d'instruction Leydet n'était pas
seulement un familier du salon de Mme
Steinheil, mais aussi du salon de Mme As-
tresse.
Il faut convenir que si M. le juge d'ins-
truction Leydet était un magistrat mon-
dain très recherché des dames, il a plutôt
le « mauvais œil » pour les maris.
i rnrnummmm , 1 ■—■ »i —■ r
Le « premier des flics)
Si M. le président du conseil, qui se plait
à se décerner à lui-même le titre de « pre-
mier des flics » est aussi mal renseigné
sur les menées royalistes, c'est que les au-
tres flics placés sous ses ordres sont cons-
tamment détournés de leur mission.
Il est impossible — malgré les crédits
si naïvement mis à sa disposition par le
Parlement — que tes auxiliaires de police
de M. le président du conseil soient em-
ployés à la fois à traquer les militants ré-
publicains et socialistes, et à contenir les
émeutiers cléricaux.
Déjà une partie des agents de la Sûreté
générale sont exclusivement affectés à 'il,
filature des députés et sénateurs, des jour-
nalistes indépendants, et même des minis-
tres ! La France entière est enveloppée,
d'un vaste réseau de police, et les fameu-i
ses brigades mobiles destinées à la recher-
che des malfaiteurs sont constamment af-
fectées à la surveillance des citoyens indé-
pendants.
M. Hennion, directeur de la Sûreté géné-
rale, est le fonctionnaire du (ministère de
l'intérieur le plus cher (dans tous las sens
du motï à M. le président du conseil.
Jamais les cadres de la Sûreté et le per-
sonnel des commissaires de police ne subi-
rent de telles modifications, de tels boule-
versements.
Le jour est proche où il faudra préciser
le sens de toutes ces manœuvres policières,
auprès desquelles les « mesures adminis-
tratives ))/ de M. Piétri ne sont plus que des
idylles.
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Les catholiques anglais
demandent un bill
Le Vatican est en tram de faire des dé-
marches pour obtenir, en Angleterre, le
vote d'un bill en faveur des catholiques.
Ceux-ci reprochent à l'Acte d'Emancipa-
tion de 1829 de ne pas les avoir mis sur le
pied d'égalité avec les protestants et tous
leurs eflorts tendent à modifier cette légis-
lation,
L'Acte en question a cependant ouvert le
Parlement aux catholiques et leur a permis
l'accès des carrières publiques, mais ils
trouvent injuste à leur égard que les digni-
tés de lord grand chancelier et de vice-roi
d'Irlande restent réservées aux seuls pro-
testants.
Ils élèvent également d'amères critiques
contre les pénalités qu'encourent les prê-
tres pour le port de l'habit ecclésiastique
en dehors des églises.
Enfin, dis ne peuvent tolérer une clause
de l'Acte qui dit : « Tous les jésuites et les
membres des autres ordres religieux, habi-
tant le royaume, doivent se faire enregis-
trer par les officiers de police, et l'entrée de
la Grande-Bretagne est interdite à tous les
autres. »
A vrai dire, ces restrictions sont depuis
longtemps lettre morte, mais les catholi-
ques redoutent de voir les a fanatiques se
servir de ces textes légzsJahts, très
ctairs et très formels, pour persécuter une
fois de plus la religion catholique. »
La vérité est que les catholiques anglais
ayant décidé, depu)is le fameux congrès eu-
charistique de Londres, de faire de l'agita-
tion et de se livrer à une campagne de
prosélytisme, ils veulent avÕir, au préala-
ble, l'assurance que rien ne pourra entra-
ver leur action.
C'est d'ailleurs en vertu de la clause vi-
sée comme gênante pour eux, que M. As-
quith, lors dit congrès, demanda à l'arche-
vêque de Westminster de changer le pro-
gramme des cérémonies, lequel comportait,
on s'en souvient, une procession du « saint-
sacrement » dans les rues de Londres
Nos amis les Anglais feront bien de ré-
fléchir avant d'accorder aux catholiques les
modifications qu'ils réclament à la loi de
1829.
Qu'ils évitent de leur accorder trop de fa-
veurs s'ils ne veulent pas s'exposer à en
souffrir, ; - P. G.
1 -.-
AU MAROC
i
rascMTioyïQj CHADUII
——— ———
La conférence du ministère de l'intérieur. - Ses
conséquences. - A Fez.
MM. Clemenceau, Pichon et Picquart
ont, enfin, reconnu qce la dispendieu-
se opération dans la Chaouia devait
avoir l'air de prendre fin.
Jusqu'ici, officiellement, le Maroc
nous coûte 50 millions ; mais à côté de
ces dépenses avouées, combien de « sur-
prises » nous seront donc faites l'an
prochain, au dépôt du budget ?
Pour le moment, on s'inquiète donc
en « hauts-lieux » de faire cesser une
occupation qui fut disproportionnée,
dans son but, avec le châtiment des
meurtiers de Casablanca et dans sa
finalité avec les avantages piteux que
nous avons obtenus * dans le — pays
Chaouia.
Les mesures d'occupation définitive
qui avaient été prises par les ministère
de la guerre ont donc abouti à néant,
ainsi que les marches et contre-mar-
ches destinées — naguère — à couper
à Moulay Hafid la route entre Marra-
kec.k et Fez.
Voici maintenant qu'en présence
de difficultés diplomatiques et parle-
mentaires qu'on avait méconnues, il
faut progressivement retirer les trou-
pes que l'on avait envoyées là-bas.
Tel est le sens des décisions qui sont
prises actuellement par le président du
conseil, les ministres de la guerre et
,des. affaires étrangères et qui marquent
l'échec d'une politique : la politique de
M. Regnault, revue, corrigée, et adop-
tée par M. Pichon.
Mais quelle palinodie, le diplomate
malchanceux de Fez ira-t-il prochaine-
ment chanter devant Moulay Hafid à
l'heure des Salamalecs, puisqu'on le
maintient à Tanger malgré Je prix éle-
vé qce ses fautes coûtent à la France !
Assurément son geste de résipiscence
n'accroîtra pas son prestige.
LA CONFERENCE ET SON BUT
Une conférence a été tenue, hier soir, au
ministère de l'intérieur, au sujet des af-
faires du Maroc, entre MM. Clemenceau,
Pichon et Picquart M. Regnault, ministre de
France à Fez, assistait à la délibération.
Plusieurs questions sollicitaient une
prompte solution. Elles ont été examinées
et réglées.
1° M. Regnault, notre ministre à Tanger,
partira le 10 janvier pour Fez avec des
instructions écrites. Ces instructions ont été
envisagées hier dans leurs grandes lignes.
La France a diverses négociations à pour-
suivre avec Moulay Hafid, dont la recon-
naissance est aujourd'hui un fait accompli.
Ces négociations seront d'autant plus ai-
dées que le nouvel empereur du Maroc a
lui-même mandé dans sa capitale, par une
lettre très pressante, 1-e représentant de la
France. -
2° L'évacuation de la Chaouia va se con-
tinuer par étapes, selon les propositions
que le général d'Amade a adressées au mi-
nistre de la guerre. Nos effectifs ont déjà
été réduits de 4.500 hommes dans le der-
nier semestre ; ils subiront de nouvelles ré-
ductions au fur et à mesure que nous aban-
donnerons les postes de la périphérie de la
Chaouia, la tranquillité étant désormais
complète dans cette région.
30 Les contingents qui ont été envoyés
de l'extrême sud-oranais vers Bou Denib
et Bou Anane et plus loin encore pour pa-
rer aux attaques des bandes du Taillalet
seront également rappelées en partie, l'or-
dre régnant là-bas depuis la destruction
de la dernière harka. Mais les mesures dé-
finitives à ce sujet ne seront arrêtées que
lorsque le général Lyautey aura pu venir,
s'entretenir à Paris avec les ministres in-
téressés.
AGENTS DE POLICE FRANÇAIS
ET ESPAGNOLS SE BATTENT
Tanger, 27 décembre.
Hier soir, dans plusieurs points de ta
ville ont eu lieu des rixes sanglantes en-
tre les askaris de la police espagnole et
ceux de la police française.
e On compte plusieurs blessés des deux
côtés.
L'effervescence provoquée dans les rues
s'est vite communiquée aux casernements
-où lea --officiers ont eu beaucoup de diffi-
cultés à maintenir l'ordre.
Aujourd'hui le calme n'a pas été troublé.
L'Agression contre ! Fallières
L' « action directe » du parti royaliste. — Mattis est l'homme
des monarchistes, des jaunes et des cléricaux. — Per-
quisition à la Fédération des Jaunes de France.
- Bris de scellés. — A l'instruction.
M. Joliot a été chargé par le procureur
de la République, de suivre l'affaire du gar-
çon de café Mattis.
En transmettant le dossier à son collè-
gue, M. Warrain, du petit Parquet, qui
avait commencé l'instruction, l'a informé
que, au cours de la perquisition opérée à
son hôtel, 44, rue Mazarine, l'agresseur du
président de la République avait dit que cer-
tains de ses papiers se trouvaient boule-
vard Saint-Martin au syndicat jaune des
employés, dont il était le secrétaire.
M. Joliot s'est aussitôt rendu à -cette
adresse avec M. Hamard, chef de la Sûreté.
Un employé du syndicat a mis à leur
disposition tous les documents du secréta-
riat. Aucun n'a paru intéressant pour m>
tiver une saisie.
M. Joliot va prendre connaissance du
dossier et verra s'il est nécessaire qu'il
se rende à l'Elysée pour recueillir la dé-
position de M. Fallières.
Le magistrat instructeur se propose de
rechercher tout d'abord d'où Mattis tenait
l'argent qu'il dépensait si largement. Sans
ressources et à la recherche d'une place,
il se livrait, surtout en ces derniers temps,
à des dépenses relativement considérables.
M. Joliot s'occupe également d'établir 'le
mobile réel de l'acte auquel Mattis s'est li-
vré et de déterminer s'il a agi de sa propre
initiative.
Détail singulier : cet individu qui, sans
être catholique pratiquant, affirmait haute-
ment ses sentiments religieux, appartint
jadis, dit-on, pendant un. an, à un syndicat
rouge, à la Bourse du Travail.
LES JAUNES PROTESTENT
M. Roux, secrétaire de la Fédération des
Jaunes, fait publier la protestation suivante:
— Je ne saurais trop protester contre la vio-
lation de domicile qui a été opérée dans nos
bureaux, et je me demande de quel droit le
juge d'instruction et le chef de la Sûreté sont
venus pratiquer leur perquisition.
Dans quel but cette perquisition ? Que se
cache-Hl derrière cette opération judiciaire ?
D'ailleurs je me réserve de porter cette pro-
testation devant le juge d'instruction lorsque le
moment sera venu.
La maison où nous tenons notre fédération
est une maison privée et dont le locataire n'est
pas une société, mais un simple particulier.
La perquisition faite par la police n'a rien don-
né et c'est les mains vides que les magistrats
se sont retirés. Qu'auraient-ils bien pu trou-
ver de compromettant, je me le demande.
Certains de vos confrères affirment, ce ma-
tin, qu'un employé du syndicat s'est mis à la
disposition des magistrats et leur a remis tous
les documents du secrétaire !
Je vous serai obligé de dire qu'il n'en a pas
été ainsi du tout. Personne ici ne se serait
permis d'agir ainsi. Et comme j'étais présent
à l'opération, je puis déclarer que les choses
ne se sont pas ainsi passées. M. Hamard a es-
suyé, au contraire, un refus formel d'ouvrir les
tiroirs, et e a dû requérir l'assistance d'un ser.
rwrier.
Quant à Mattis, je n'ai pu que dire à M.
loliot ce que je pensais. de lui. Je n'ai pu que
répéter que .c'était un doux. un tranquille et
un très honnête garçon. Quant à ses opinions,
elles ne regardent que lui.
Voilà tout 1
BRIS DE SCELLES
Avant de se retirer du siège de la Fé-
dération dey Jaunes, MM. Joliot et Hamard
avaient apposé les scellés.
M. Biétry, député de Brest, président de
ladite Fédération, informé de cette mesure,
judiciaire, se serait rendu dans l'après-
midi, vers les trois heures, boulevard des
Italiens, et aurait brisé les scellés confiés à
la garde de la concierge.
LES ANTECEDENTS DE MATTIS
Voici de nouveaux détails - sur les ant
cédents de Mattis. -
Ainsi que nous l'avons dit, Jean-Séra-
phin Mattis est né le 20 octobre 1874, m
hameau de Forney, près de Val-d'Isère (Sa-
voie) ; il est le fils d'un conseiller munici-
pal de cette dernière commune, M. Cons-
tantin Mattis, et de Marie-Louise Bonnevie.
Il a trois frères : Célestin, garçon boulan-
ger à Paris ; Jean-Cyprien, employé de ma-
gasin également à Paris; Joachim-Edouard,
soldat au 140° de ligne, au fort de Barreaux
(Isère). Il a aussi une sœur mariée à un
habitant été Forney, M. Frédéric Rond.
D'une intelligence très vive, travailleur,
il fut un des meilleurs élèves de la petite
école communale de Val-d'Isère, et l'insti-
tuteur voulait lui faire obtenir une bourbe
au lycée de Moutiers. Mais Jean-Séraphin
Mattis voulait aller à Paris ; il partit pour
la capitale et il travailla comme garçon
chez une de ses tantes établie marchande
de vin, rue Saint-Laurent. Il y resta jus-
qu'à dix-huit ans. Alors il s'engagea pour
trois ans au 4e régiment d'infanterie co-
loniale ; il fit deux campagnes, l'une en In-
do-Chine, l'autre au Tonkin, mais ne put
décrocher même les galons de caporal,
alors qu'il avait rêvé de revenir avec le
grade d'officier.
Son engagement terminé, Jean-Séraphin
Mattis revint à Val-d'Isère ; mais, au dira
de ses compatriotes, son caractère avait
complètement changé : il était devenu vio-
lent et sournois. Il resta dans son pays un
mois à peine, regagna Paris, où il se plaça
comme garçon dans divers établissements.
Il était arrivé à réaliser d'assez fortes éco-
nomies, qui lui -furent ravies par une es-
croquerie au mariage dans les circonstan-
ces que nous avons relatées hier.
Au mois de mai dernier, il s'était rendu
à Val-d'Isère pour se présenter au conseil
municipal ; il annonçait que ce n'était là
qu'un premier échelon et qu'il voulait, aux
élections législatives, poser sa candidature
contre celle de M. Empereur, député de
Moutiers. Ses compatriotes ne le prirent
pas au sérieux, et il repartit pour Paris
sans avoir autrement insisté pour être con-
seiller municipal.
Depuis, il n'avait plus travaillé et s'était
lancé dans la politique royaliste.
A noter que Jean-Séraphin Mattis est
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