Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-07
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 août 1908 07 août 1908
Description : 1908/08/07 (N14028). 1908/08/07 (N14028).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549487t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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Vendredi 7 Août 190B. - iq* 14028.
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TRIBUNE LIBRE
De Narbonne à Draveil
De même que, dans la
question du Midi, nous nous
sommes élevé contre les
coalitions de maires démis-
sionnaires et que nous
avons énergiquement ré-
prouvé le refus de l'impôt, nous con-
damnons avec force, dans les événe-
ments douloureux qui se sont produits
en Seine-et-Oise, l'organisation de l'é-
meute et de l'insurrection par la Con-
fédération générale du travail.
La loi doit être par tous respectée ;
force doit rester à la loi. Et précisé-
ment parce que les organisations de
travailleurs sont légales et que les voies
légales leur sont ouvertes pour parve-
nir au triomphe de leurs revendica-
tions, toute violation par eux de la
légalité risque de se retourner grave-
ment contre eux-mêmes et de compro-
mettre leur cause et leurs intérêts.
Notre opinion, sur ces points, très
nettement exprimée, nous ne pouvons
pas ne pas constater, car c'est l'éviden-
ce même, qu'à Narbonne, comme à
Draveil, comme à Villeneuve-Saint-Geor-
ges, le gouvernement a montré autant
d'imprévoyance devant l'organisation
de l'émeute, que de brutalité dans la
répression.
Personne n'a oublié les meetings
monstres de Perpignan, Carcassonne,
Montpellier et Nîmes, où cinq cent mille
personnes accouraient aux cris de :
« Démission des maires et grève des
contribuables !» é
Ces manifestations avaient lieu sous
le patronage même du gouvernement,
qui obtenait pour les vignerons des ré-
ductions de tarif, qui laissait les pré-
fets approuver les subventions accor-
dées par les communes à des assem-
blées séditieuses, qui faisait pavoiser
les édifices publics des villes où la fou-
le en délire s'excitait à la rébellion con-
tre la loi. ",
Ainsi le gouvernement s'acculait lui-
même à la répression sanglante de l' é-
meute qu'il avait, en quelque sorte,
encouragée, au lieu de la rendre impos
isible par des mesures préventives.
Gouverner, c'est prévoir : le gouvei
nement n'avait rien prévu.
Mais, au moins, semblait-il qu'avéc
M. Clemenceau, président du Conseil,
les tragiques événements qui se sont
produits, en juin dernier, en Seine-et-
Dise, eussent pu être évités.
Ne s'était-il pas toujours élevé con-
tre l'emploi de la force armée dans les
grèves, à moins de danger d'émeute ?
Ce danger existait-il, à Draveil, lors-
que, le 2 juin, les gendarmes avaient
assailli la permanence des ouvriers gré-
vistes ? Assurément, non. Or, de cette
journée sanglante, est issue la journée
plus sanglante encore du jeudi 28 juil-
let.
Et dans cette dernière journée, elle-
même, est-ce exagéré de dire que, par
son imprévoyance, le gouvernement a
assumé sa part de responsabilité ?
Responsabilité qui remonte d'abord
& tant de discours et d'écrits qui ont
fortement contribué à créer cet état
d'esprit anarchique et révolutionnaire;
responsabilité qui naît de la déception
même et de l'irritation que les violences
gouvernementales ont jetées dans le
monde des travailleurs organisés ; res-
ponsabilité qui découle du défaut de
méthode et de prévoyance dont M. Cle-
menceau a fait preuve dans tous ces
conflits.
« Le seul moyen, comme on l'a dit
ici même, d'arracher les masses ouvriè-
res aux excitations violentes de la C.
D. T. et de les détourner de la révolu-
tion sociale, c'est de leur inspirer con-
fiance dans l'efficacité de l'évolution lé-
gale, dans la fécondité de l'action par-
lementaire et de leur apporter non le
imirage, mais la réalité des réformes
promises. »
Et puis, vraiment, il faut bien le di-
re, si quelque chose déconcerte, c'est
Jque cette politique de répression soit
laite par M. Clemenceau.
- Ou pas ça, ou pas lui ; ou alors, il
faut supprimer les pages les plus ar-
dentes de la AI êlée sociale et ces paro-
les que, du haut de la tribune, M. Cle-
menceau prononçait en 1881 : « La
(République vit de liberté, elle pourra
mourir de répression. »
Mais que nous én SOi\IlS-là, vrai-
ment, que deùx années après les ma-
nifiques élections républicaines de
Jt 906, qui promettaient, à la Républi-
que, une ère féconde de progrès, de
Jpaix, de justice sociale, nous travée
Sions une époque aussi troublée, a:dssi
inquiétante et nous assistions à re-
naissance de tous les espoirs de réac-
tion, c'est assurément ce que la, démo-
cratie républicaine n'avait pas prévu.
Ceux-là surtout qui, depuis quinze et
vingt ans, luttent aux côtés des chefs
et des vétérans de la démocratie, ne
comprennent pas que toute la politi-
que gouvernementale républicaine puis-
se aujourd'hui se réduire à la bataille
contre le socialisme et, par la rupture
du Bloc, aboutir à la « revanche » des
partis de réaction.
Il est temps que le gouvernement,
que la majorité, que les travailleurs se
ressaisissent, que le ministère, tout en
assurant le respect des lois, cesse de
prendre figure d'ennemi de la classe
ouvrière ; que la majorité reforme le
bloc des forces républicaines contre la
coalition de ses ennemis, que les tra-
vailleurs se détournent de ceux qui les
entraînant dans les voies révolution-
naires, ne'peuvent que préparer un re-
tour violent de réaction.
C'est à un tournant grave "de notre
histoire politique que nous sommes
parvenus ; tout acte nouveau d'impré-
voyance peut mettre la République en
face des plus grands périls.
Paul BOURÉLV,
Député de VArdèche.
LA POLITIQUE
BARRE A GAUCHE
Nous avions raison 'd'avbir
confiance dans le bon sens po-
litique et les fermes sentiments
îdémocratiques de MM.Briand
et Viviani. Ils n'ont pas per-
mis à M. Clemenceau de sui-
vre, à l'aveuglette, les imbéciles conseils
d'un Maujan, et de se lancer à corps
perdu dans la répression et la réaction.
Les actes individuels de propagande
par le fait, les menées révolutionnaires
seront poursuivis et punis, conformé-
ment aux lois. Mais les -fautes ou les cri-
mes de quelques-uns ne serviront pas de
prétexte à des mesures générales de coer-
cition contre les organisations ouvrières
légalement constituées et fonctionnant
également.
Pour que le syndicalisme épouvante à
ce point tous les conservateurs et las
réactionnaires, il faut qu'il goit un ins-
trument bien précieux d'émancipation et
de progrès social. Tout démocrate sin-
cère doit donc, de toute son énergie,
empêcher qu'on le brise ou qu'on le con-
fisque, en suppliant, par contre, instam-
ment, les ouvriers de ne pas le fausser,
et d'en faire uniquement l'usage légal
pour lequel il a été forgé.
- La réaction a vraiment montré son jeu
trop tôt. Elle a clamé trop tôt que
M. le président du Conseil était son
« allié », puis T< son prisonnier ïï. Elle
a exprimé trop tôt ses haineuses
exigences. Elle a permis aussi à des
hommes tels que MM. Briand et Vi-
viani — dont le sens politique exclut
1 Incohérence, et 'dont le républicanisme
ne subit pas d'éclipsés — d'intervenir
énergiquement et de ramener M. le prési-
dent du Conseil à une conception plus
nette et plus haute de ses devoirs.
Leurs « têtes », réclamées avec une
fureur grotesque par la réaction, ne tom-
beront pas cette fois encore.
Tomberaient-elles? Le ministère ne
survivrait pas un instant. M. le président
du Conseil nç doit plus ignorer que seuls
MM. Briand et Viviani peuvent encore
lui servir de caution — désormais indis-
pensable — auprès des républicains de
gauche, et détourner l'orage qui briserait
toutes les tentatives de « - rétrograda-
tion ')j.
Il faut qu'une politique résolue d'a-
paisement et. de réformes mette fin, à bref
délai, à une situation savamment exploi-
tée par tous les ennemis de la Républi-
que et de la Démocratie.
Il faut qu'un nouveau classement des
partis s'effectue dès la rentrée des Cham-
bres.
Il faut que certains réacteurs avérés
cessent de se parer de l'étiquette radi-
cale et aillent rejoindre ceux dont ils
partagent les terreurs des réformes, la
passion des privilèges et les Appétits.
La Liberté reproduisait, ihier soir, avec
une satisfaction légitime to- eh la certi-
fiant authentique = cette déclaration
d'un "député « radical » (?) :
« Le gouvernement nous demanderait
l'autorisation d'arrêter en bloc M. Jaurès
et ses quarante-sept collègues que nous
la lui accorderions sans la moindre hé-
sitation. »
Dissolution des syndicats oüvriers, fu-
sillades, têtes de MM. Briand et Viviani,
arrestation de M. Jaurès et de quarante-
sept députés ! Toutes ces mesures « gré-
pa.ratoiréS")j, au hom 1re leç liberté et Hù
progrès?
Ces gens-là deviennenï Tous.
el -
1 LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
/Aujourd'hui jeudi ;
Lever du soleil, à 4 h. 41 ; coucher, à 7
heures 30.
Courses à Lisieux.
Maujaniana.
Maujan qui. avait entendu pronon-
cer le mot grandibse, disait, d'un ton
magnifique de dédain, en regardant
une peinture : « Cela est mesquin,
cela est petidiose. »
Pair
-
Le jour de l'apparition des trois or-
donnances de juillet 1830 qui créaient
des pairs de France, M. de Sesmai-
sons (qui venait d'être compris dans
la promotion) croisa dans un escalier
un commissionnaire balourd et familier
qui lui dit en passant : « Excusez-moi,
mon gros père. »
Et M. de Sesmaisons, en se rengor-
geant. de murmurer :
« Impossible, décidément, de garder
l'incognito. Tout le monde sait déjà
que je suis pair de France., »
AUTREFOIS
'Rappel du 7 août 1872. — La commis-
sion de permanencè créée pour remplacer
l'Assemblée de Versailles pendant les va-
cances de celle-ci, à tenu sa première
séance ; elle s'est ensuite ajournée au 14
août prochain.
Carlsbad était hier en émoi parce qu'on
avait signalé, dans un hôtel, la présence
d'un personnage que l'on croyait être Na-
poléon 111. On apprit enfin que le person-
nage arrivé était M. Gustave Walter, té-
nor de l'Opéra de Vienne, et l'émotion des
habitants se calma.
Les jeunes gens de la classe 1871 vont
tirer au sort ; ils seront les derniers à
vivre sous le régime de la loi de 1832, mo-
difiée en 1868. Toutefois, au lieu de passer
dans la garde mobile, ils passeront, après
leur temps de service, dans la réserve de
Varmée active. -
L'Ecole de pyrotechnie qui était précé-
demment à Metz, va être transférée à
Bourges.
Jeunesse !
Une dame connue pour sa naïveté
excusait ainsi les erreurs chronologi-
ques d'une de ses amies qui voulait se
faire passer pour jeune en dépit de son
acte de naissance.
« Il n'est pas étonnant qu'elle ait ou-
blié l'année de sa naissance, elle était
si jeune dans ce temps-là »
Le Rouvre.
1
[ Peu de jours après la révolution de
'juillet 1830, un provincial qui se trou-
vait à Paris se faisait indiquer un che-
min >:
« Arrivé à tel endroit, lui disait-on,
vous prendrez le Louvre. »
« — En vérité, s'écria-t-il, c'est que
j'ai déjà vu tant de gens qui l'ont pris,
que je croyais bien qu'il n'en restait
plus. »
« Bachot ».
M Lefébure de Fourcy interrogeait
un jour un jeune homme dans un exa-
men de baccalauréat, sur la physique;
il lui fit une question fort simple mais
le jeune homme -se troubla et ne sut
rien répondre. M. Lefébure, impatien-
té, dit à un huissier qui se trouvait là:
« — Apportez une botte de foin à
monsieur pour son déjeuner. »
Le jeune homme, qui n'était plus
aussi troublé qu'en comnYençant et ou-
tré avec raison de l'affront public que
venait de lui faire Lefébure, reprit
aussitôt : « Apportez-en deux, nous
déjeunerons ensemble. »
Absolution.
Un paysan qui avait reçu de son cu-
ré une absolution en bonne forme de
quelque gros péché, avait promis au
pasteur de lui envoyer un lièvre.
Le curé ne voyant rien venir, va chez
le paysan et lui demande quand il
compte tenir sa promesse. « Comment!
s'écrie le rustaud, le lièvre n'est pas
encore arrivé »
- Non.
- C'est étonnant, je vous l'ai pour-
tant envoyé hier.
, — Comment cela ?
— Je l'ai aperçu ou bout de mon
champ et lui ai dit : « Va-t-en vite
chez monsieur le curé. »
♦
COMPÈRES ET Cie
« On r.ous accuse d'excitation au meurtre
et au nulage, nous dit hier un assidu de
la C. G. T.
Eh bien ! prenez donc le premier jour-
nal antisémite venu, substituez aux mots
« juifs » et « judaïsme » ceux de « ri-
chards 1, et de « capital », et vous trouve-
rez une excitation au pillage et au meurtre
encore plus caractéristique que la nôtre.
On nous accuse de semer la haine des
classes. Que font donc \.-.:; journaux anti-
sémites ?
On riôûf àceasê 'de ■pCtiFs'uM'ê la 'dêstruc-
4ion du légime républicain par les moyens
révolutionnaires.
Il nous semble qu'à ce point de vue,
.nous avons - encore des leçons à prendre
autprès "du parti réactionnaire qui, jusqu'à
.présent, n'a rien négligé pour recourir à ta
violence. »
Il était fort difficile de réfuter les argu-
mente du fanatique anarchiste. Nous lui
avons fait observer que les antisémites et
les réactionnaires avaient surtout en vue
la disparition de la République et non le
renversement des bases fondamentales de
toute société civilisée. *
La C, G. T. se dit, au contraire, répu-
blicaine. Eh bien ! elle est menée in-
consciemment par les adversaires de la Ré-
publique.
Ces compères rêvent de nouvelles jour-
nées d3 juin, dans l'espoir de provoquer
la réaction qui nous a valu le coup d'Etat
de 1851.
Jamais le pays n'admettra les principes
collectivistes de la C. G. T. Ces principes
sont contraires à la liberté individuelle et
constituent Ja négation la plus accentuée
des Droits de l'Homme.
Leur triomphe aboutirait d'ailleurs à
l'anarchie et assurerait la rentrée en scène
des sauveurs mitrés ou couronnés qui,
dans la coulisse, guettent ou préparent
l'occasion d'agir.
- En attendant, reprît notre interlocu-
teur. si on trouvait, dans un de nos jour-
naux, la phrase suivante Ce n'était pas
la barricade de Vigneux que la troupe de-
ivait prendre d'assaut, c'étaient les banques
juives », on nous traînerait en cour d'assi-
ses.
— On vous y traînerai, avons-nous ré-
pondu, 31 vous passiez des paroles aux ac-
tes.
C'est le cas qui s'est présenté à Vigneux.
Et c'est ce fait que la démocratie républi-
caine ne saurait tolérer sous peine de suc-
comber sous les assauts souvent combinés
de nos adversaires démagogiques cléri-
caux et bonapartistes.
La liberté est jnséparable': ,(lé l'ordre lé-
gal. Elle n'a pour frein que le respect de
la loi.
La C. G. T. ne reconnaît ni lois -ni prin-
cipes. EJle poursuit l'avènement du régime
collectiviste et elle sacrifierait à cette uto-
pie le sort même de la République. Les
républicains ne sauraient tolérer cela. La
France a besoin d'ordre, de paix et de
concorde pour poursuivre va destinée et
remplir sa fonction d'avant-garde du pro-
grès.
La C. G. T. veut substituer à la Répu-
blique une sorte d'oligarchie collectiviste
qui aboutira plutôt à l'esclavage de la clas-
se ouvrière qu'à son émancipation. Le col-
ilectivisme sera la Providence des arrivis-
tes, des paresseux et tïes déclassés qui
voudront profiter du travail de la collecti-
vité en se créant des sinécures aux dépens
des jobancLg et des. gobeurs.
D!Wl; à l'heure actuelle, on voit les fu-
nestes conséquences du collectivisme en
herbe. On cherche déjà à enlever à l'ou-
vrier toute liberté individuelle, toute initia-
tive et iout libre arbitre, pour en faire un
être passif recevant l'impulsion de mes-
sieurs lui voient surtout dans Iles grèves
et dans les convulsions populaires, une oc-
casion a arriver à la notoriété.
Que l'ouvrier se méfie des meneurs qui
ne sont même pas ouvriers. Voilà ce que
nous lui recommandons en finissant. Et,
s'il croit être républicain en s'associant à
des insurrections contre la loi. qu'il regar-
de autour de lui et il verra, dans l'ombre,
se profiler le chapeau de Basile et le sabre
de Bonaparte ! - J. C.
ABONNEMENTS D'ÉTÉ
Pour être agréable à nos lecteurs
;qui s'absentent de chez eux pendant
l'été et qui craignent de ne pas trouver
Je journal dans les localités où ils vont,
nous établissons des abonnements de
Vacances partant de n'importe quelle
date, moyennant 0 fr. 05 centimes par
numéro pour la France et 0 fr. 10 cen-
times pour l'étranger.
♦
A propos du dirigeable
« Comte Zeppelin »
Les Allemands ont un gros défaut : c'est
de se croire supérieurs à tout le monde et
surtout de le crier sur les toits. Leur préoc-
cupation dominante est d'inspirer le senti-
ment de la force, et cette préoccupation se
manifeste surtout dans tout ce qui se rap-
porte à leur défense nationale. Dès qu'ils
ont découvert un nouveau modèle de fusil,
c'est l'arme qui doit tout exterminer ; dès
qu'un système de canon a été transformé
d'une façon heureuse, c'est l'univers entier
qui doit trembler sur sa base. A chaque
instant, c'est un épouvantail pour l'huma-
nité qui naît de leurs conceptJone. Tous les
peuples ont des travers ; celui de l'Allema-
gne est de chercher sans cesse à faire
peur à t-es voisins. Ceux-ci. fort heureuse-
ment. commencent à s'y habituer est de-
viennent sceptiques.
Quelles prouesses n'avait-on pas escomp-
tées. dès que le Zeppelin put prendre son
vol au-dessus du lac de Constance ? On
aHait pouvoir transporter en quelques heu-
res des centaines de mille hommes sur les
côtes d? l'Angleterre, au moyen d'une flot-
te aérienne, et on verrait bien, alors ce que
p+jserai.?at les alliances et les ententes cor-
diales !
Le dirigeable allemand a en effet accom-
pli un raid remarquable, mais. dans le
moment même où la presse exultait et où
les eercjes militaires célébraient ses per-
formances, le Zeppelin finissait lamentable-
ment
Arï-àchê de ses ancres par une violente
tenfpête ie ballon prenait feu et se disper-
sait en lambeaux fumants dans les oirs,
occasionnant des blessures à plusieurs per-
sonnes tt laissant anéanti, désespéré, l'in-
venteur qui lui avait donné son nom.
Nos veisins ne se gênent pas pour sou-
ligner nos déconvenues, h l'occasion. Nous
pouvons bien, sans la moindre animosité.
souligner à notre tour celle qui vient de re-
froidir ieur bruyant enthousiasme.
Comme le Patrie, le Zeppelin a eu une
fin malheureuse. Nos voisins en seront
quittes f-o'-ir recommencer leurs expérien-
ces comme nous avons dû recommencer
les nôtres,
La 1eçn leur servira-t-elle ? n est per-
mis d'en douter. La sotte manie: des gens
qui ont l'habitude de vendre la peau de
l'ours avant de l'avoir abattu est si difficile
à guérir ! — P. G.
TRIBUNE CORPORATIVE
LES PORTEURS AUX HALLES
Une - interview matinale
Il règne en ce moment aux Halles une
grande effervescence parmi les porteurs,
gens des plus paisibles pourtant d'habitude.
Afprès là dislocation du carreau, c'est-à-
dire après Je travail, les porteurs se reu-
nissent d'ordinaire en groupes, causent tra-
vail et clmngent leurs impressions.
L'un deceux-ci m'ayant paru plus animé
crue les autreis, j'en demandai la raison et
je fus bientôt au courant des motifs de cette
animation exceptionnelle.
Il s'agit d'un véritaibile conflit.
— Voyez-vous, me dit un des porteurs du
groupe, notre corporation -s'élève à plus de
ib,000 porteurs de toutes les. classes de la
société, de toutes les professions. Maia les
trois quarts n'exercent pas ; en gens avisés,
prévoyants, ils se sont munis de la médaille
!de porteur comme d'une ressource en cas
|de chômage, d'adversité. C'est àinsi qu'en
pa moment de grèves, nous sommes, au
(Carreau, beaucoup plus que d'habitude.
En bonne saison, les Halles devraient
nourrir au moins 2.000 porteurs chaque
matin, c'est-à-dire successivement tous les
déclassés bien intentionnés, mais elles n'en
'nourrissent guère que 1,000 parce que nous
avons parmi nous des camarades peu scru-
puleux qui accaparent le travail et le font
avec des véhicules appelés communément
« diables ». 1,
Notre règlement s'y oppose. Il dit que
« tout doit être porté à dos » dans les voi-
tures des acheteurs, aux places de détail,
etc., etc.
, e t Il n'est fait d'exception que pour les très
sros colis, tels ceux de l'approvisionnement
des hôpitaux, tous formidables, les haras-
ses de choux-fleurs, d'artichauts, etc.
Les organisateurs ont voulu par là faire
de l'assistance par le travail, permettre aux
chômeurs de subsister, aux déclassés de se
relever, éviter le vagabondage et non pas
se prêter au superflu de quelques-uns seu-
lement.
Un seul « diable » fait parfois le travail de
cinq hommes. Ils sont plus de 200 porteurs
qui font ce anétier, véritable entreprise de
transports. C'est donc à (près de 1,000 hom-
mes qu'ils enlèvent le pain.
FACHEUSE CONCURRENCE
Il est toujours désagréable de protester
contre des camarades, mais notez bien que
;ce\.VX qui se livrent à cette concurrence
sont précisément les plus jeunes,les plus ro-
bustes, des gaillards qui portent, quand ils
le veulent, plus de 200 kilos, tandis que la
moyenne des porteurs ne peut guère dé-
passer la centaine. En outre, comme ils ga-
gnent plus que nous, ils ne se gênent pas
pour nous narguer. Que ces porteurs se lè-
vent plus tôt, ils gagneront encore leurs
7 à 8 francs chaque matin en faisant usage
'de la fonce dont la nature les a (privilégiés.
Non ! il faut qu'ils en gagnent, et sans mal,
12 à 15, en violant les règlements, et au dé-
triment des nécessiteux que vous voyez er-
rer dans les Halles ou stationner autour dc<
marchandes de soupe, sans compter oeux
au'on ne voit pas, qu'on ignore même, tels
les pères de famille dont on ne veut plus à
l'atelier parce qu'ils ont eu le malheur de
grisonner. Je dis ces choses sans bame.
mais non sans amertume.
LES REGLEMENTS
NE SONT PAS RESPECTES
D'autre part, ces porteurs sont encore en
défaut au point de vue de la circulation"
que chacun sait très difficile, de 6 à 8 b. sur-
tout. -
D'après le règlement, aucune voiture ne
doit circuler dans l'intérieur des Halles, hor-
mis celles qui y amènent des produits.
Fruitiers, marchands des quatre-saisons,
etc., tout le monde s'y conforme. Seuls,
ces entrepreneurs de transports, dont les
véhicules ne sont pas moindres qu'une voi-
ture ordinaire, circulent partout en pleine
liberté. Leurs véhicudes réunis représentent
bien le tiers des voitures en due circula-
tion.
Il s'ensuit que le Conseil municipal fait
chaque année élargir les Halles au comote
des contribuables et pour les commodités
de ces entrepreneurs.' Si nous lu laissons
faire, un de ces quatre matins ils ■ feront les
idorteges en a noïf Conseiller^ :
(municipaux feront encore agrandir If'S Hal-
les.
TOUT LE MONDE Y, GAGNERAIT
Enfin, pour terminer, il est bon de vous
dire que ce n'est pas à nous que la suppres-
sion de ces véhiculés profiterait. Nous
avons notre clientèle notre travail ; rctre
matinée est assurée et nos employeurs, ou
nlutôt nos patrons, sont très bons peur
nous en général.
Cette mesure profiterait à la société pari-
sienne tout entière. Les galvauds, entre
autres, trouveraient du travail, et Fresnes
ainsi que Nanterre auraient toujours ça de
moins de pensionnaires.
L'acheteur qui se sert de ces gens-lit no
verrait en rien ses frais augmenter, car il
paie le même prix, que ses colis aillent -à
pied ou en voiture.
Sous tous les rapports, notre cause, toute
désintéressée, est donc des plus légitimes.
Aussi, grâce à l'intégrité, à la bienveillan-
ce de M. Guichard, commissaire spécial des
Halles, grâce encore au dévoué concours de
ses sympathiques agents, le fléau est lIt'jà
en train de s'enrayer et nous espérons bien
triompher en fin de compte.
Que tous ces braves fonctionnaires comp-
tent donc sur notre respect et notre profon-
de feconnaissance pour l'appui qu'ils don-
nent à notre légitime cause. :
Et ce récit terminé, le groupe se diislo-
oua aux cris de : II Vive Guichard ! Vive
Paris ! Vive la République ! »
B. H.
AMES LA GRÈVE IE 24 HEURES
A la Confédération générale du travail. — Manifestants
condamnés. — Obsèques des dernières victimes.
Le Comité confédéral (section des Fédéra-
'tions) a tenu mardi soir une réunion. L'or-
dre du jour comportait l'examen de l'adhé-
sion de la Fédération des mineurs, qui com-
;vrend 80,000 adhérents, à la C. G. T. Les,
'délégués s'y sont conformés, et à la fin dei
la réunion, ils ont communiqué la note sui-
vante :
Après une 'courte et courtoise discussion en-
tre différents délégués du comité confédéral
(section des fédérations) et les représentants de
la fédération nationale des mineurs, qui ont
confirmé les déclarations antérieures par eux
faites le 15 juin, le comité confédéral a, à l'u-
nanimité, ratifié l'affiliation des mineurs à la
C. G. T.
Le Comité de la Fédération des travail-
leurs du bâtiment a publié un long mani-
feste, dans lequel il affirmé que la mani-
festation du 30 juillet à Vigneux devait être
le signal d'une « détente ».
Ce jour-là, des milliers de travailleurs se
rendaient à Draveil. „
lis allaient porter aux grévistes l'expression
de leurs sentiments d'étroite solidarité.
Ils pensaient que la grève de Draveil-Vigneux
avait assez duré. Dans leur esprit, leur mani-
lestation, toute de calme, mais aussi toute d'é-
nergie, devait être le signal de la détente et
In fin du r.nnilit.
A aucun moment, en effet, il ne fut ques-
tion d'aller sur le champ même du travail, ce
qui montre bien la ferme intention des mani-
festants de ne donner à leur présence à Dra-
yeil aucun caractère agressif.
De son côté, le syndicat des ouvriers
boulangers de la Seine vient de lancer un
appel aux travailleurs de la corporation
,'POUF- les convier à un meeting qui aura lieu
ce matin à la Bourse du Travail dans le
but de consulter la corporation sur,la dé-
claration de grève pour l'obtention :
Ie De la m'se en liberté du camarade Bous-
quet et de ses codétenus ;
2* Du paiement des fournées supplémentaires
à 2 francs ;
3° De l'application intégrale du repos heU-
domadaire par roulement.
Les manifestations de la Bourse du Travail
Sefpt des manifestants arrêtés lundi dans
les environs de la Bourse du Travail ont
comparu hier devant la huitième chambre
correctionnelle.
Le tribunal a condamné à un mois de pri-
son et 16 francs d'amende Heetor Sohlager,
qui a traité les agents d' « assassins » ;
A un mois de prison, Pierre Chaudron,
qui a été,trouvé porteur d'un os de mouton,
arme prohibée ;
Pour iniures aux agents, on a infligé un
mois de prison et 100 francs à Albert Leu-
lement, qu'on avait cru voir tirer sur M.
Dupuy et qui était juché sur '-a camion d'où
le coup de fevj était ftartû j --
Quatre mois de prison à Leprince, qui
s'est débattu ; deux mois de prison à Ulys-
se Lefrans, qui, en outre, a fait entendra
des menaces de mort.
Trois mois de prison à Gauban, qui a levé
sa canne.
Bauny, qui, au Père-Lachaise, au cours
d'une manifestation, a injurié les gardiens
de la paix, a été condamné à un mois de
prison.
Dans la réqion de Draveil
Hier matin, le travail a repris partout, et
il ne s'est produit aucun incident.
Comme le calme est revenu dans toute la
région, le préfet vient de lever la réquisi-
tion pour la grande partie des troupes qui
avaient été envoyées pour assurer le main-
tien de l'ordre.
Les obsèques des victimes
Deux des victimes de l'échauffouréc de
Villeneuve-Saint-Georges, Edouard Leblond
et AJigou, qui avaient expiré à l'hôpital
Saint-Antoine à Faris, ont été ensevelis
mardi soir. Afin d'éviter tout incident, l'au-
torité administrative avait tenu secrètes les
dispositions prises d'accord avec les famil-
les pour ces obsèques.
Le corps d'Aligou a été transporté au ci-
metière d'Ivry-Parisien et déposé dans un
caveau provisoire. Seuls les membres de
la famille et quelques amis ont suivi le cor-
billard au cimetière.
Les obsèques d'Edouard Leblond ont eu
lieu à Palaiseau, où habitent sa mère et,-,cs
frères. Le cercueil a été exposé quelques
instants devant le domicile de la famille,
rue Michelet, avant d'être transporté au ci-
metière communal. Une centaine de person-
nes ont suivi le convoi. On remarquait M.
Jules Renard, maire de Palaiseau, et M.
Paul Bru, directeur de l'hôpital Saint-An-
toine, délégué par M. Mesureur, directeur
de l'Assistance publique.
,- A la cour d'assises de Versailles
Aujourd'hui et demain doit avoir lieu de-
vant la cour d'assises de Versailles le pro-
cès de Dirupt, rédacteur au Libertaire qui
le jour du meeting de la Belle-Aimée, avait,
devant la mairie de Villeneuve-Saint-Geor-
ces, exhorté les troupes à la désertion en
brandissant une pancarte sur laquelle il y
avait cette inscription : « Vive le 171, ! x
M. Autrand, préfet de Seine-et-Oise, a eu
hier matin un entretien avec M. Bomboy,
président des assises, et M. Payen, commis.
saire entrai, au sujet des mesures d ordre
à prendre pendant ces deux jours.
Une perquisition
Sur commission rogatoire de M. Régi.
rrmnset juge d'instruction à Corbeu, Mo.
xBlot, sous-chef de la Sûreté, a perquisition
eu**» caaw'jrniM ub humbro
Vendredi 7 Août 190B. - iq* 14028.
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ADMINISTRATION^ET ^ll £ SACT10 Ni Î4, Rue du Mail. ,am--M Téléphone : 402-82
TRIBUNE LIBRE
De Narbonne à Draveil
De même que, dans la
question du Midi, nous nous
sommes élevé contre les
coalitions de maires démis-
sionnaires et que nous
avons énergiquement ré-
prouvé le refus de l'impôt, nous con-
damnons avec force, dans les événe-
ments douloureux qui se sont produits
en Seine-et-Oise, l'organisation de l'é-
meute et de l'insurrection par la Con-
fédération générale du travail.
La loi doit être par tous respectée ;
force doit rester à la loi. Et précisé-
ment parce que les organisations de
travailleurs sont légales et que les voies
légales leur sont ouvertes pour parve-
nir au triomphe de leurs revendica-
tions, toute violation par eux de la
légalité risque de se retourner grave-
ment contre eux-mêmes et de compro-
mettre leur cause et leurs intérêts.
Notre opinion, sur ces points, très
nettement exprimée, nous ne pouvons
pas ne pas constater, car c'est l'éviden-
ce même, qu'à Narbonne, comme à
Draveil, comme à Villeneuve-Saint-Geor-
ges, le gouvernement a montré autant
d'imprévoyance devant l'organisation
de l'émeute, que de brutalité dans la
répression.
Personne n'a oublié les meetings
monstres de Perpignan, Carcassonne,
Montpellier et Nîmes, où cinq cent mille
personnes accouraient aux cris de :
« Démission des maires et grève des
contribuables !» é
Ces manifestations avaient lieu sous
le patronage même du gouvernement,
qui obtenait pour les vignerons des ré-
ductions de tarif, qui laissait les pré-
fets approuver les subventions accor-
dées par les communes à des assem-
blées séditieuses, qui faisait pavoiser
les édifices publics des villes où la fou-
le en délire s'excitait à la rébellion con-
tre la loi. ",
Ainsi le gouvernement s'acculait lui-
même à la répression sanglante de l' é-
meute qu'il avait, en quelque sorte,
encouragée, au lieu de la rendre impos
isible par des mesures préventives.
Gouverner, c'est prévoir : le gouvei
nement n'avait rien prévu.
Mais, au moins, semblait-il qu'avéc
M. Clemenceau, président du Conseil,
les tragiques événements qui se sont
produits, en juin dernier, en Seine-et-
Dise, eussent pu être évités.
Ne s'était-il pas toujours élevé con-
tre l'emploi de la force armée dans les
grèves, à moins de danger d'émeute ?
Ce danger existait-il, à Draveil, lors-
que, le 2 juin, les gendarmes avaient
assailli la permanence des ouvriers gré-
vistes ? Assurément, non. Or, de cette
journée sanglante, est issue la journée
plus sanglante encore du jeudi 28 juil-
let.
Et dans cette dernière journée, elle-
même, est-ce exagéré de dire que, par
son imprévoyance, le gouvernement a
assumé sa part de responsabilité ?
Responsabilité qui remonte d'abord
& tant de discours et d'écrits qui ont
fortement contribué à créer cet état
d'esprit anarchique et révolutionnaire;
responsabilité qui naît de la déception
même et de l'irritation que les violences
gouvernementales ont jetées dans le
monde des travailleurs organisés ; res-
ponsabilité qui découle du défaut de
méthode et de prévoyance dont M. Cle-
menceau a fait preuve dans tous ces
conflits.
« Le seul moyen, comme on l'a dit
ici même, d'arracher les masses ouvriè-
res aux excitations violentes de la C.
D. T. et de les détourner de la révolu-
tion sociale, c'est de leur inspirer con-
fiance dans l'efficacité de l'évolution lé-
gale, dans la fécondité de l'action par-
lementaire et de leur apporter non le
imirage, mais la réalité des réformes
promises. »
Et puis, vraiment, il faut bien le di-
re, si quelque chose déconcerte, c'est
Jque cette politique de répression soit
laite par M. Clemenceau.
- Ou pas ça, ou pas lui ; ou alors, il
faut supprimer les pages les plus ar-
dentes de la AI êlée sociale et ces paro-
les que, du haut de la tribune, M. Cle-
menceau prononçait en 1881 : « La
(République vit de liberté, elle pourra
mourir de répression. »
Mais que nous én SOi\IlS-là, vrai-
ment, que deùx années après les ma-
nifiques élections républicaines de
Jt 906, qui promettaient, à la Républi-
que, une ère féconde de progrès, de
Jpaix, de justice sociale, nous travée
Sions une époque aussi troublée, a:dssi
inquiétante et nous assistions à re-
naissance de tous les espoirs de réac-
tion, c'est assurément ce que la, démo-
cratie républicaine n'avait pas prévu.
Ceux-là surtout qui, depuis quinze et
vingt ans, luttent aux côtés des chefs
et des vétérans de la démocratie, ne
comprennent pas que toute la politi-
que gouvernementale républicaine puis-
se aujourd'hui se réduire à la bataille
contre le socialisme et, par la rupture
du Bloc, aboutir à la « revanche » des
partis de réaction.
Il est temps que le gouvernement,
que la majorité, que les travailleurs se
ressaisissent, que le ministère, tout en
assurant le respect des lois, cesse de
prendre figure d'ennemi de la classe
ouvrière ; que la majorité reforme le
bloc des forces républicaines contre la
coalition de ses ennemis, que les tra-
vailleurs se détournent de ceux qui les
entraînant dans les voies révolution-
naires, ne'peuvent que préparer un re-
tour violent de réaction.
C'est à un tournant grave "de notre
histoire politique que nous sommes
parvenus ; tout acte nouveau d'impré-
voyance peut mettre la République en
face des plus grands périls.
Paul BOURÉLV,
Député de VArdèche.
LA POLITIQUE
BARRE A GAUCHE
Nous avions raison 'd'avbir
confiance dans le bon sens po-
litique et les fermes sentiments
îdémocratiques de MM.Briand
et Viviani. Ils n'ont pas per-
mis à M. Clemenceau de sui-
vre, à l'aveuglette, les imbéciles conseils
d'un Maujan, et de se lancer à corps
perdu dans la répression et la réaction.
Les actes individuels de propagande
par le fait, les menées révolutionnaires
seront poursuivis et punis, conformé-
ment aux lois. Mais les -fautes ou les cri-
mes de quelques-uns ne serviront pas de
prétexte à des mesures générales de coer-
cition contre les organisations ouvrières
légalement constituées et fonctionnant
également.
Pour que le syndicalisme épouvante à
ce point tous les conservateurs et las
réactionnaires, il faut qu'il goit un ins-
trument bien précieux d'émancipation et
de progrès social. Tout démocrate sin-
cère doit donc, de toute son énergie,
empêcher qu'on le brise ou qu'on le con-
fisque, en suppliant, par contre, instam-
ment, les ouvriers de ne pas le fausser,
et d'en faire uniquement l'usage légal
pour lequel il a été forgé.
- La réaction a vraiment montré son jeu
trop tôt. Elle a clamé trop tôt que
M. le président du Conseil était son
« allié », puis T< son prisonnier ïï. Elle
a exprimé trop tôt ses haineuses
exigences. Elle a permis aussi à des
hommes tels que MM. Briand et Vi-
viani — dont le sens politique exclut
1 Incohérence, et 'dont le républicanisme
ne subit pas d'éclipsés — d'intervenir
énergiquement et de ramener M. le prési-
dent du Conseil à une conception plus
nette et plus haute de ses devoirs.
Leurs « têtes », réclamées avec une
fureur grotesque par la réaction, ne tom-
beront pas cette fois encore.
Tomberaient-elles? Le ministère ne
survivrait pas un instant. M. le président
du Conseil nç doit plus ignorer que seuls
MM. Briand et Viviani peuvent encore
lui servir de caution — désormais indis-
pensable — auprès des républicains de
gauche, et détourner l'orage qui briserait
toutes les tentatives de « - rétrograda-
tion ')j.
Il faut qu'une politique résolue d'a-
paisement et. de réformes mette fin, à bref
délai, à une situation savamment exploi-
tée par tous les ennemis de la Républi-
que et de la Démocratie.
Il faut qu'un nouveau classement des
partis s'effectue dès la rentrée des Cham-
bres.
Il faut que certains réacteurs avérés
cessent de se parer de l'étiquette radi-
cale et aillent rejoindre ceux dont ils
partagent les terreurs des réformes, la
passion des privilèges et les Appétits.
La Liberté reproduisait, ihier soir, avec
une satisfaction légitime to- eh la certi-
fiant authentique = cette déclaration
d'un "député « radical » (?) :
« Le gouvernement nous demanderait
l'autorisation d'arrêter en bloc M. Jaurès
et ses quarante-sept collègues que nous
la lui accorderions sans la moindre hé-
sitation. »
Dissolution des syndicats oüvriers, fu-
sillades, têtes de MM. Briand et Viviani,
arrestation de M. Jaurès et de quarante-
sept députés ! Toutes ces mesures « gré-
pa.ratoiréS")j, au hom 1re leç liberté et Hù
progrès?
Ces gens-là deviennenï Tous.
el -
1 LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
/Aujourd'hui jeudi ;
Lever du soleil, à 4 h. 41 ; coucher, à 7
heures 30.
Courses à Lisieux.
Maujaniana.
Maujan qui. avait entendu pronon-
cer le mot grandibse, disait, d'un ton
magnifique de dédain, en regardant
une peinture : « Cela est mesquin,
cela est petidiose. »
Pair
-
Le jour de l'apparition des trois or-
donnances de juillet 1830 qui créaient
des pairs de France, M. de Sesmai-
sons (qui venait d'être compris dans
la promotion) croisa dans un escalier
un commissionnaire balourd et familier
qui lui dit en passant : « Excusez-moi,
mon gros père. »
Et M. de Sesmaisons, en se rengor-
geant. de murmurer :
« Impossible, décidément, de garder
l'incognito. Tout le monde sait déjà
que je suis pair de France., »
AUTREFOIS
'Rappel du 7 août 1872. — La commis-
sion de permanencè créée pour remplacer
l'Assemblée de Versailles pendant les va-
cances de celle-ci, à tenu sa première
séance ; elle s'est ensuite ajournée au 14
août prochain.
Carlsbad était hier en émoi parce qu'on
avait signalé, dans un hôtel, la présence
d'un personnage que l'on croyait être Na-
poléon 111. On apprit enfin que le person-
nage arrivé était M. Gustave Walter, té-
nor de l'Opéra de Vienne, et l'émotion des
habitants se calma.
Les jeunes gens de la classe 1871 vont
tirer au sort ; ils seront les derniers à
vivre sous le régime de la loi de 1832, mo-
difiée en 1868. Toutefois, au lieu de passer
dans la garde mobile, ils passeront, après
leur temps de service, dans la réserve de
Varmée active. -
L'Ecole de pyrotechnie qui était précé-
demment à Metz, va être transférée à
Bourges.
Jeunesse !
Une dame connue pour sa naïveté
excusait ainsi les erreurs chronologi-
ques d'une de ses amies qui voulait se
faire passer pour jeune en dépit de son
acte de naissance.
« Il n'est pas étonnant qu'elle ait ou-
blié l'année de sa naissance, elle était
si jeune dans ce temps-là »
Le Rouvre.
1
[ Peu de jours après la révolution de
'juillet 1830, un provincial qui se trou-
vait à Paris se faisait indiquer un che-
min >:
« Arrivé à tel endroit, lui disait-on,
vous prendrez le Louvre. »
« — En vérité, s'écria-t-il, c'est que
j'ai déjà vu tant de gens qui l'ont pris,
que je croyais bien qu'il n'en restait
plus. »
« Bachot ».
M Lefébure de Fourcy interrogeait
un jour un jeune homme dans un exa-
men de baccalauréat, sur la physique;
il lui fit une question fort simple mais
le jeune homme -se troubla et ne sut
rien répondre. M. Lefébure, impatien-
té, dit à un huissier qui se trouvait là:
« — Apportez une botte de foin à
monsieur pour son déjeuner. »
Le jeune homme, qui n'était plus
aussi troublé qu'en comnYençant et ou-
tré avec raison de l'affront public que
venait de lui faire Lefébure, reprit
aussitôt : « Apportez-en deux, nous
déjeunerons ensemble. »
Absolution.
Un paysan qui avait reçu de son cu-
ré une absolution en bonne forme de
quelque gros péché, avait promis au
pasteur de lui envoyer un lièvre.
Le curé ne voyant rien venir, va chez
le paysan et lui demande quand il
compte tenir sa promesse. « Comment!
s'écrie le rustaud, le lièvre n'est pas
encore arrivé »
- Non.
- C'est étonnant, je vous l'ai pour-
tant envoyé hier.
, — Comment cela ?
— Je l'ai aperçu ou bout de mon
champ et lui ai dit : « Va-t-en vite
chez monsieur le curé. »
♦
COMPÈRES ET Cie
« On r.ous accuse d'excitation au meurtre
et au nulage, nous dit hier un assidu de
la C. G. T.
Eh bien ! prenez donc le premier jour-
nal antisémite venu, substituez aux mots
« juifs » et « judaïsme » ceux de « ri-
chards 1, et de « capital », et vous trouve-
rez une excitation au pillage et au meurtre
encore plus caractéristique que la nôtre.
On nous accuse de semer la haine des
classes. Que font donc \.-.:; journaux anti-
sémites ?
On riôûf àceasê 'de ■pCtiFs'uM'ê la 'dêstruc-
4ion du légime républicain par les moyens
révolutionnaires.
Il nous semble qu'à ce point de vue,
.nous avons - encore des leçons à prendre
autprès "du parti réactionnaire qui, jusqu'à
.présent, n'a rien négligé pour recourir à ta
violence. »
Il était fort difficile de réfuter les argu-
mente du fanatique anarchiste. Nous lui
avons fait observer que les antisémites et
les réactionnaires avaient surtout en vue
la disparition de la République et non le
renversement des bases fondamentales de
toute société civilisée. *
La C, G. T. se dit, au contraire, répu-
blicaine. Eh bien ! elle est menée in-
consciemment par les adversaires de la Ré-
publique.
Ces compères rêvent de nouvelles jour-
nées d3 juin, dans l'espoir de provoquer
la réaction qui nous a valu le coup d'Etat
de 1851.
Jamais le pays n'admettra les principes
collectivistes de la C. G. T. Ces principes
sont contraires à la liberté individuelle et
constituent Ja négation la plus accentuée
des Droits de l'Homme.
Leur triomphe aboutirait d'ailleurs à
l'anarchie et assurerait la rentrée en scène
des sauveurs mitrés ou couronnés qui,
dans la coulisse, guettent ou préparent
l'occasion d'agir.
- En attendant, reprît notre interlocu-
teur. si on trouvait, dans un de nos jour-
naux, la phrase suivante Ce n'était pas
la barricade de Vigneux que la troupe de-
ivait prendre d'assaut, c'étaient les banques
juives », on nous traînerait en cour d'assi-
ses.
— On vous y traînerai, avons-nous ré-
pondu, 31 vous passiez des paroles aux ac-
tes.
C'est le cas qui s'est présenté à Vigneux.
Et c'est ce fait que la démocratie républi-
caine ne saurait tolérer sous peine de suc-
comber sous les assauts souvent combinés
de nos adversaires démagogiques cléri-
caux et bonapartistes.
La liberté est jnséparable': ,(lé l'ordre lé-
gal. Elle n'a pour frein que le respect de
la loi.
La C. G. T. ne reconnaît ni lois -ni prin-
cipes. EJle poursuit l'avènement du régime
collectiviste et elle sacrifierait à cette uto-
pie le sort même de la République. Les
républicains ne sauraient tolérer cela. La
France a besoin d'ordre, de paix et de
concorde pour poursuivre va destinée et
remplir sa fonction d'avant-garde du pro-
grès.
La C. G. T. veut substituer à la Répu-
blique une sorte d'oligarchie collectiviste
qui aboutira plutôt à l'esclavage de la clas-
se ouvrière qu'à son émancipation. Le col-
ilectivisme sera la Providence des arrivis-
tes, des paresseux et tïes déclassés qui
voudront profiter du travail de la collecti-
vité en se créant des sinécures aux dépens
des jobancLg et des. gobeurs.
D!Wl; à l'heure actuelle, on voit les fu-
nestes conséquences du collectivisme en
herbe. On cherche déjà à enlever à l'ou-
vrier toute liberté individuelle, toute initia-
tive et iout libre arbitre, pour en faire un
être passif recevant l'impulsion de mes-
sieurs lui voient surtout dans Iles grèves
et dans les convulsions populaires, une oc-
casion a arriver à la notoriété.
Que l'ouvrier se méfie des meneurs qui
ne sont même pas ouvriers. Voilà ce que
nous lui recommandons en finissant. Et,
s'il croit être républicain en s'associant à
des insurrections contre la loi. qu'il regar-
de autour de lui et il verra, dans l'ombre,
se profiler le chapeau de Basile et le sabre
de Bonaparte ! - J. C.
ABONNEMENTS D'ÉTÉ
Pour être agréable à nos lecteurs
;qui s'absentent de chez eux pendant
l'été et qui craignent de ne pas trouver
Je journal dans les localités où ils vont,
nous établissons des abonnements de
Vacances partant de n'importe quelle
date, moyennant 0 fr. 05 centimes par
numéro pour la France et 0 fr. 10 cen-
times pour l'étranger.
♦
A propos du dirigeable
« Comte Zeppelin »
Les Allemands ont un gros défaut : c'est
de se croire supérieurs à tout le monde et
surtout de le crier sur les toits. Leur préoc-
cupation dominante est d'inspirer le senti-
ment de la force, et cette préoccupation se
manifeste surtout dans tout ce qui se rap-
porte à leur défense nationale. Dès qu'ils
ont découvert un nouveau modèle de fusil,
c'est l'arme qui doit tout exterminer ; dès
qu'un système de canon a été transformé
d'une façon heureuse, c'est l'univers entier
qui doit trembler sur sa base. A chaque
instant, c'est un épouvantail pour l'huma-
nité qui naît de leurs conceptJone. Tous les
peuples ont des travers ; celui de l'Allema-
gne est de chercher sans cesse à faire
peur à t-es voisins. Ceux-ci. fort heureuse-
ment. commencent à s'y habituer est de-
viennent sceptiques.
Quelles prouesses n'avait-on pas escomp-
tées. dès que le Zeppelin put prendre son
vol au-dessus du lac de Constance ? On
aHait pouvoir transporter en quelques heu-
res des centaines de mille hommes sur les
côtes d? l'Angleterre, au moyen d'une flot-
te aérienne, et on verrait bien, alors ce que
p+jserai.?at les alliances et les ententes cor-
diales !
Le dirigeable allemand a en effet accom-
pli un raid remarquable, mais. dans le
moment même où la presse exultait et où
les eercjes militaires célébraient ses per-
formances, le Zeppelin finissait lamentable-
ment
Arï-àchê de ses ancres par une violente
tenfpête ie ballon prenait feu et se disper-
sait en lambeaux fumants dans les oirs,
occasionnant des blessures à plusieurs per-
sonnes tt laissant anéanti, désespéré, l'in-
venteur qui lui avait donné son nom.
Nos veisins ne se gênent pas pour sou-
ligner nos déconvenues, h l'occasion. Nous
pouvons bien, sans la moindre animosité.
souligner à notre tour celle qui vient de re-
froidir ieur bruyant enthousiasme.
Comme le Patrie, le Zeppelin a eu une
fin malheureuse. Nos voisins en seront
quittes f-o'-ir recommencer leurs expérien-
ces comme nous avons dû recommencer
les nôtres,
La 1eçn leur servira-t-elle ? n est per-
mis d'en douter. La sotte manie: des gens
qui ont l'habitude de vendre la peau de
l'ours avant de l'avoir abattu est si difficile
à guérir ! — P. G.
TRIBUNE CORPORATIVE
LES PORTEURS AUX HALLES
Une - interview matinale
Il règne en ce moment aux Halles une
grande effervescence parmi les porteurs,
gens des plus paisibles pourtant d'habitude.
Afprès là dislocation du carreau, c'est-à-
dire après Je travail, les porteurs se reu-
nissent d'ordinaire en groupes, causent tra-
vail et clmngent leurs impressions.
L'un deceux-ci m'ayant paru plus animé
crue les autreis, j'en demandai la raison et
je fus bientôt au courant des motifs de cette
animation exceptionnelle.
Il s'agit d'un véritaibile conflit.
— Voyez-vous, me dit un des porteurs du
groupe, notre corporation -s'élève à plus de
ib,000 porteurs de toutes les. classes de la
société, de toutes les professions. Maia les
trois quarts n'exercent pas ; en gens avisés,
prévoyants, ils se sont munis de la médaille
!de porteur comme d'une ressource en cas
|de chômage, d'adversité. C'est àinsi qu'en
pa moment de grèves, nous sommes, au
(Carreau, beaucoup plus que d'habitude.
En bonne saison, les Halles devraient
nourrir au moins 2.000 porteurs chaque
matin, c'est-à-dire successivement tous les
déclassés bien intentionnés, mais elles n'en
'nourrissent guère que 1,000 parce que nous
avons parmi nous des camarades peu scru-
puleux qui accaparent le travail et le font
avec des véhicules appelés communément
« diables ». 1,
Notre règlement s'y oppose. Il dit que
« tout doit être porté à dos » dans les voi-
tures des acheteurs, aux places de détail,
etc., etc.
, e t Il n'est fait d'exception que pour les très
sros colis, tels ceux de l'approvisionnement
des hôpitaux, tous formidables, les haras-
ses de choux-fleurs, d'artichauts, etc.
Les organisateurs ont voulu par là faire
de l'assistance par le travail, permettre aux
chômeurs de subsister, aux déclassés de se
relever, éviter le vagabondage et non pas
se prêter au superflu de quelques-uns seu-
lement.
Un seul « diable » fait parfois le travail de
cinq hommes. Ils sont plus de 200 porteurs
qui font ce anétier, véritable entreprise de
transports. C'est donc à (près de 1,000 hom-
mes qu'ils enlèvent le pain.
FACHEUSE CONCURRENCE
Il est toujours désagréable de protester
contre des camarades, mais notez bien que
;ce\.VX qui se livrent à cette concurrence
sont précisément les plus jeunes,les plus ro-
bustes, des gaillards qui portent, quand ils
le veulent, plus de 200 kilos, tandis que la
moyenne des porteurs ne peut guère dé-
passer la centaine. En outre, comme ils ga-
gnent plus que nous, ils ne se gênent pas
pour nous narguer. Que ces porteurs se lè-
vent plus tôt, ils gagneront encore leurs
7 à 8 francs chaque matin en faisant usage
'de la fonce dont la nature les a (privilégiés.
Non ! il faut qu'ils en gagnent, et sans mal,
12 à 15, en violant les règlements, et au dé-
triment des nécessiteux que vous voyez er-
rer dans les Halles ou stationner autour dc<
marchandes de soupe, sans compter oeux
au'on ne voit pas, qu'on ignore même, tels
les pères de famille dont on ne veut plus à
l'atelier parce qu'ils ont eu le malheur de
grisonner. Je dis ces choses sans bame.
mais non sans amertume.
LES REGLEMENTS
NE SONT PAS RESPECTES
D'autre part, ces porteurs sont encore en
défaut au point de vue de la circulation"
que chacun sait très difficile, de 6 à 8 b. sur-
tout. -
D'après le règlement, aucune voiture ne
doit circuler dans l'intérieur des Halles, hor-
mis celles qui y amènent des produits.
Fruitiers, marchands des quatre-saisons,
etc., tout le monde s'y conforme. Seuls,
ces entrepreneurs de transports, dont les
véhicules ne sont pas moindres qu'une voi-
ture ordinaire, circulent partout en pleine
liberté. Leurs véhicudes réunis représentent
bien le tiers des voitures en due circula-
tion.
Il s'ensuit que le Conseil municipal fait
chaque année élargir les Halles au comote
des contribuables et pour les commodités
de ces entrepreneurs.' Si nous lu laissons
faire, un de ces quatre matins ils ■ feront les
idorteges en a noïf Conseiller^ :
(municipaux feront encore agrandir If'S Hal-
les.
TOUT LE MONDE Y, GAGNERAIT
Enfin, pour terminer, il est bon de vous
dire que ce n'est pas à nous que la suppres-
sion de ces véhiculés profiterait. Nous
avons notre clientèle notre travail ; rctre
matinée est assurée et nos employeurs, ou
nlutôt nos patrons, sont très bons peur
nous en général.
Cette mesure profiterait à la société pari-
sienne tout entière. Les galvauds, entre
autres, trouveraient du travail, et Fresnes
ainsi que Nanterre auraient toujours ça de
moins de pensionnaires.
L'acheteur qui se sert de ces gens-lit no
verrait en rien ses frais augmenter, car il
paie le même prix, que ses colis aillent -à
pied ou en voiture.
Sous tous les rapports, notre cause, toute
désintéressée, est donc des plus légitimes.
Aussi, grâce à l'intégrité, à la bienveillan-
ce de M. Guichard, commissaire spécial des
Halles, grâce encore au dévoué concours de
ses sympathiques agents, le fléau est lIt'jà
en train de s'enrayer et nous espérons bien
triompher en fin de compte.
Que tous ces braves fonctionnaires comp-
tent donc sur notre respect et notre profon-
de feconnaissance pour l'appui qu'ils don-
nent à notre légitime cause. :
Et ce récit terminé, le groupe se diislo-
oua aux cris de : II Vive Guichard ! Vive
Paris ! Vive la République ! »
B. H.
AMES LA GRÈVE IE 24 HEURES
A la Confédération générale du travail. — Manifestants
condamnés. — Obsèques des dernières victimes.
Le Comité confédéral (section des Fédéra-
'tions) a tenu mardi soir une réunion. L'or-
dre du jour comportait l'examen de l'adhé-
sion de la Fédération des mineurs, qui com-
;vrend 80,000 adhérents, à la C. G. T. Les,
'délégués s'y sont conformés, et à la fin dei
la réunion, ils ont communiqué la note sui-
vante :
Après une 'courte et courtoise discussion en-
tre différents délégués du comité confédéral
(section des fédérations) et les représentants de
la fédération nationale des mineurs, qui ont
confirmé les déclarations antérieures par eux
faites le 15 juin, le comité confédéral a, à l'u-
nanimité, ratifié l'affiliation des mineurs à la
C. G. T.
Le Comité de la Fédération des travail-
leurs du bâtiment a publié un long mani-
feste, dans lequel il affirmé que la mani-
festation du 30 juillet à Vigneux devait être
le signal d'une « détente ».
Ce jour-là, des milliers de travailleurs se
rendaient à Draveil. „
lis allaient porter aux grévistes l'expression
de leurs sentiments d'étroite solidarité.
Ils pensaient que la grève de Draveil-Vigneux
avait assez duré. Dans leur esprit, leur mani-
lestation, toute de calme, mais aussi toute d'é-
nergie, devait être le signal de la détente et
In fin du r.nnilit.
A aucun moment, en effet, il ne fut ques-
tion d'aller sur le champ même du travail, ce
qui montre bien la ferme intention des mani-
festants de ne donner à leur présence à Dra-
yeil aucun caractère agressif.
De son côté, le syndicat des ouvriers
boulangers de la Seine vient de lancer un
appel aux travailleurs de la corporation
,'POUF- les convier à un meeting qui aura lieu
ce matin à la Bourse du Travail dans le
but de consulter la corporation sur,la dé-
claration de grève pour l'obtention :
Ie De la m'se en liberté du camarade Bous-
quet et de ses codétenus ;
2* Du paiement des fournées supplémentaires
à 2 francs ;
3° De l'application intégrale du repos heU-
domadaire par roulement.
Les manifestations de la Bourse du Travail
Sefpt des manifestants arrêtés lundi dans
les environs de la Bourse du Travail ont
comparu hier devant la huitième chambre
correctionnelle.
Le tribunal a condamné à un mois de pri-
son et 16 francs d'amende Heetor Sohlager,
qui a traité les agents d' « assassins » ;
A un mois de prison, Pierre Chaudron,
qui a été,trouvé porteur d'un os de mouton,
arme prohibée ;
Pour iniures aux agents, on a infligé un
mois de prison et 100 francs à Albert Leu-
lement, qu'on avait cru voir tirer sur M.
Dupuy et qui était juché sur '-a camion d'où
le coup de fevj était ftartû j --
Quatre mois de prison à Leprince, qui
s'est débattu ; deux mois de prison à Ulys-
se Lefrans, qui, en outre, a fait entendra
des menaces de mort.
Trois mois de prison à Gauban, qui a levé
sa canne.
Bauny, qui, au Père-Lachaise, au cours
d'une manifestation, a injurié les gardiens
de la paix, a été condamné à un mois de
prison.
Dans la réqion de Draveil
Hier matin, le travail a repris partout, et
il ne s'est produit aucun incident.
Comme le calme est revenu dans toute la
région, le préfet vient de lever la réquisi-
tion pour la grande partie des troupes qui
avaient été envoyées pour assurer le main-
tien de l'ordre.
Les obsèques des victimes
Deux des victimes de l'échauffouréc de
Villeneuve-Saint-Georges, Edouard Leblond
et AJigou, qui avaient expiré à l'hôpital
Saint-Antoine à Faris, ont été ensevelis
mardi soir. Afin d'éviter tout incident, l'au-
torité administrative avait tenu secrètes les
dispositions prises d'accord avec les famil-
les pour ces obsèques.
Le corps d'Aligou a été transporté au ci-
metière d'Ivry-Parisien et déposé dans un
caveau provisoire. Seuls les membres de
la famille et quelques amis ont suivi le cor-
billard au cimetière.
Les obsèques d'Edouard Leblond ont eu
lieu à Palaiseau, où habitent sa mère et,-,cs
frères. Le cercueil a été exposé quelques
instants devant le domicile de la famille,
rue Michelet, avant d'être transporté au ci-
metière communal. Une centaine de person-
nes ont suivi le convoi. On remarquait M.
Jules Renard, maire de Palaiseau, et M.
Paul Bru, directeur de l'hôpital Saint-An-
toine, délégué par M. Mesureur, directeur
de l'Assistance publique.
,- A la cour d'assises de Versailles
Aujourd'hui et demain doit avoir lieu de-
vant la cour d'assises de Versailles le pro-
cès de Dirupt, rédacteur au Libertaire qui
le jour du meeting de la Belle-Aimée, avait,
devant la mairie de Villeneuve-Saint-Geor-
ces, exhorté les troupes à la désertion en
brandissant une pancarte sur laquelle il y
avait cette inscription : « Vive le 171, ! x
M. Autrand, préfet de Seine-et-Oise, a eu
hier matin un entretien avec M. Bomboy,
président des assises, et M. Payen, commis.
saire entrai, au sujet des mesures d ordre
à prendre pendant ces deux jours.
Une perquisition
Sur commission rogatoire de M. Régi.
rrmnset juge d'instruction à Corbeu, Mo.
xBlot, sous-chef de la Sûreté, a perquisition
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