Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-04
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 04 août 1908 04 août 1908
Description : 1908/08/04 (N14025). 1908/08/04 (N14025).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549484k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
n. 14025* — 16 Thermidor An 118
atna CBlY"fiU: sas IfUMBRO
-Mïvêi 4 Aiftt ISO. - N" 14023*
ftadatrnr »
.- AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Cl awi tmi mil Si1. B» M
Paris.. 2 fr. 5 fr. 9 ir. 18 fr.
Départements 2 — 6 — t t - 20-
JIJnion Postale 2 -. 9 - i 6 - 32 —
Pradataw «
AUGUSTE VACQUERIE
1
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF" CI'
6, Place de ta Bourse
et aux BUREAUX DU *0URNA*
Adresser toutes les Communications au Directeur
Adresser Lettres et Mandats au Directeur
ADMINISTRATION ET REDACTION: 14, Rue du Mail. — Téléphone : 102-82
Maigre la grève generaie, Le Rappel, fi-
dèle à son poste, parviendra à tous ses a-
ponnés et lecteurs.
Nos lecteurs connaisssent la décision
prise par la Chambre syndicale typogra-
phique parisienne qui a décide de prendre
part à la grève générale de vinyt-quotre
heures du dimanche soir 2 août au lundi
soir 3 août.
En présence de cette situation, nous a-
vions pris nos dispositions pour faire pa-
raître notre journal en le composant avant
sept heures du soir, heure fixee par la
Chambre syndicale typographique pari-
sienne pour la cessation du travail. Nos o-
pérateurs étaient à leurs machines à com-
poser lorsqu un délégué du syndicat est ve-
nu leur communiquer l'ordre de cesser
tout travail, alors que se composaient en-
core pour se tirer et paraître ensuite l'or-
gane de Confédération Générale du Tra-
vail « La Voix du Peuple » et l'organe de
M. Gustave Hervé « La Guerre SadaIe » !
Nos deux confrères n'ont pas voulu être
les premières victimes d'un mouvement in-
surrectionnel tendant à arrêter toute vie
économique et dont ils sont un peu les ins-
tigateurs.
Malgré tout, ce matin,comme les autres,
Le Rappel se fera entendre ! Certes, il est
adversaire de la politique ministérielle,
mais il ne se solidarisera jamais avec les
anarchistes, les ultra-révolutionnaires et
les antipatriotes. Il considère comme sa-
cré le droit de grève acccordé à l'ouvrier
par la loi de 1864, mais il ne conçoit pas
la grève comme un mouvement politique
tel qu'il se manifeste aujourd'hui.
Ce semblant de révolution sociale est il-
légal et notre parti est basé sur la légalité,
sur l'évolution ou sur la révolution, mais
sur la révolution par le bulletin de vote.
Toute autre étant factice et dangereuse
pour l'humanité.
C'est pourquoi Le Rappel a tenu à pa-
raître. Sa physionomie habituelle est,
certes, un peu changée : ce trouble est l'i-
mage de l'effort qu'il a tenté cette nuit
pour paraître ce matin.
, TRIBUNE LIBRE
Bureaucratie
i 1 ita i r ë
Qui n'a pas à se plaindre
des inconvénients redouta-
bles de la bureaucratie et
de la puissance d'inertie in-
comparable 1 de l'administra-
tion ? Et qui ne connaît, par
expérience, les complications absurdes
des paperasses, les lenteurs intermina-
bles des bureaux, les tracasseries stu-
pides des employés appliquant les rè-
glements toujours à la lettre et si rare-
ment avec esprit. Que de projets inté-
ressants sont restés en route et que
d'initiatives heureuses ont été para-
lysées par suite de la mauvaise volonté
évidente et, de l'ignorance fâcheuse de
messieurs les ronds de cuir !
Ainsi, le peuple le pluts spirituel de
la terre qui a fait une Révolution pour
jdétruire la Bastille, est resté impuis-
sants contre les raonstres à manches
fle lustrine et à calottes de velours, em-
busqués derrière leutrs guichets et re-
tranchés derrière des forteresses de
carions verts.
Le ridicule même n'a pas tué ces
formidables adversaiires contre lesquels
Courteline a usé vainement son ironie
vengeresse ; et nous sommes condam-
nés à subir encore longtemps peut-être
la domination tyrannique, omnipoten-
te, ommisciente et irresponsable de l'o-
dieuse bureau-cratie. ,
Mais ni la manie insupportable des
rapports., des circulaires et des dos-
siers s'est propagée avec une surpre-
liante intensité dans l'administration
civile, elle est devenue une terrible et
permanente calamité dans l'armée
française, grâce aux géniales inven-
tions de ronds de cuir galonnés. Le
plus mince incident de la vie militaire
est prétexte à des paperasseries innom-
brables et M. Charles Humbert, séna-
teur de la Meuse, en racontant une de
tes mille et une - chinoiseries, s'élevait
ces jours derniers, dans un article du
fc Journal », contre le développement
Anormal de cette bureaucratie militaire
qui Fonctionne avec la régularité d'une
machine.
C'est dans l'intérêt du contrôle, di-
rait l'honorable sénateur, c'est afin
d'assurer rexacte application des fonds
tie la natron aux objets pour lesquels
ils ont été votés, que l'on a imaginé
tous ces « états ». toutes ces « formu-
les », tous ces imprimés aux noms
multiples sur lesquels pâlissent, du 1"
janvier a la Saint-Sylvestre, dies lé-
gions de scribes surveillés éux-mêmes
par des nuées d'officiers, transformés
en professeurs de calligraphie et de
comptaibilité. Mais, en admettant
même la légimité du prîncîpe" il faut
oten reconnaître que, dans l'applica-
fIDti. - uenures limites de l'abus et
de 1 «.urde ont et alteirites, et quel-*
cpietols ut-passees.
, IÎ .parait, ajoutait M. Charles Hum-
bert. que le sous-secréfaire d'Etat à
t* guerre, M. Cherou a constitué une
2QlDflU§§ien ,Q arriver a la simpli-
fication des écritures dans l'armée.
Serait-ce suivant la formule du déli-
cieux poète Théodore de Bauville qui
déclarait que si on le voulait, un mi-
nistère, ce serait trois messieurs assis
autour d'une table, qui nous donne-
raient la (réponse à notre question,
tout de suile.
Ilélas ! radmninistration n'est paa
si simple, et M. Cheroy, pour si révo-
lutionnaire qu'il soit, a constitué sa
commission comme tant d'autres pré-
cédents ministres l'ont fait avant lui. Et
qui a-t-il désigné pour en faire partie.
« Des contrôleurs, des intendants, des
fonctionnaires, des hommes de bu-
reaux, tous ceux, en un mot, qui par
essence, par habitude, par métier, sont
attachés invariablement au système
actuel.
Simplifier les écritures, se serait
conclure à la réduotion du personnel
qui passe son existence à les reevoir, à
les annoter, à les recopier, à les corri-
ger, à ies classer. La commission ne
peut donc aboutir à quelque résultat
notable qu'en votant le suicide pour la
plupart .de ceux qui la composent ».
On ne peut donc attendre de cette
commission que des améliorations su-
perficielles et le mal reste profond, qui
nécessiterait pourtant le rouge dans la
plaie.
C'est qu'il n'y a pas que des choses
risibles dans les énormités administra-
tives, il y en a aussi de tragique. Le
fait suivant tout récent, dont j'ai été le
témoin attristé en fournira une preuve
décisive.
Un jeune soldât parisien tombe ma-
lade, au régiment. Son état devient ra-
pidement assez grave pour que le Wlef
de corps en informe sa famille. Mais.
suivant une procéduredoffiit on appré-
ciera plus loin les effets néfastes, c'est
par l'intermédiaire e îa mairie de
l'arrondissement où résident les pa-
rents de ce jeune soldat que cet aver-
tissement doit être transmis.
Je vous laisse à deviner combien de
papiers imprimés et couverts d'écritu-
res variées ont déjà circulé avant que
de parvenir de l'hôpital militaire au
chef de corps pour lui faire connaître
la situation de ce soldat malade, Je
votuis fait grâce de leur énumération
fastidieuse et j'arrive au moment où
la missive timbrée du cabinet du chef
de corps d'armée est remise par la pos-
te un samedi matin, dans une mairie
de Paris.
Or, par une fatalité déplorable, cette
lettre urgente reste sur un bureau la
journée toute entière du samedi, tout
le dimanche et elle n'est décachetée
que le lundi par les employés munici-
paux. Classée dans l'après-midi, cette
cGffïKmunicafïon est etrfin atfressëe au
père diu jeune soldat dans la soirée du
lundi, en même temps qu'une dépêche
qui aippirenid laconiquement au mal-
heureux homme la mort de son fils.
J'ai reçu la visite de ce citoyen dont
on peut imaginer la douleur poignante,
et il m'a remis une protestation que je
me Isuis empressé de soumettre au Pré-
fet de la Seine qui a aussitôt ordonné
une enquête. La négligence adminis-
trative ayant été démontrée, le secré-
taire chef des bureaux de la mairie a
été l'objet d'une punition disciplinaire,
en outre, des instructions formelles ont
été envoyées dans chaque mairie pour
que le courrier soit ouvert dès son ar-
rivée, aussi men le dimanche qu'un au-
tre jour, et immédiatement remis aux
intéressés, suivant les circonstances.
Mais les pouvoirs du Préfet de la
Seine se bornent à ces mesures suffi-
santes en ce qui concerne son adminis-
tration, mais imparfaites suivant le cas
qui nous occupent. Je ne veux pas être
audacieux en exprimant l'avis qu'il est
indispensable d'opérer sur le (point que
je viens de signaler une réforme qui
s'attriste d'une impérieuse nécessité.
Il appartient donc au ministre de la
guerre de donner les ordres nécces-
saires pour qu'un événement aussi re-
grettable ne puisse jamais se renouve-
ler. Certes, Pelletan a eu raison de dire
que les abus de bureaucratie sont vi-
vaces ; attaqués, dénoncés, avoués de
tous, ils ont une force incroyable de
résistance passive. Ce serait peut-être
une illusion que de croire qu'on les dé-
truira. Mais ce sera déjà quelque chose
que de les diminuer,
J. HENAFFE,
Vice-président du Conseil
Général de la Seine.
LES ON-DIT
A propos de grèvea.
Un capitaine de gendarmerie chargé
d'assurer l'ordre dans une grève, reçut
l'ordre — la situation s'aggravant - de
charger la foule. -
Il se présenta devant le front de son
escadron qu'il harangua en ces termes :
« Gendarmes, il faut charger. C'est
dur, mais il Je faut. Rappelez-vous- que
vous êtes pères de famille. et que vos
obeY#UX vous appartienneal i A
La durée de l'existence.
.Nous nous plaignons d'ordinaire que
la vie est courte et, dès que nous dési-
rons quelque chose, nous trouvons le
temps long. C'est ce qui fit dire à un
auteur anglais que les hommes désirent
allonger leur vie en gros et la raccour-
cir en détail.
Langage révolutionnaire.
Dans une brochure sur le langage ré-
volutionnaire, La Harpe s'avisa de ton-
ner contre le mot « fanatiser ) qu'il vou-
lait absolument, proscrire: Ghenier prit
le parti du verbe fanatiser et, comme la
raison sur laquelle La Harpe s'appuyait
pour le faire proscrire était qu'aucun
adjectif en « ique » ne pouvait produire
un verbe en « iser », Chenier lui prouva
le contraire dans les vers suivants :
Quand par une Muse électrique
L'auteur est électrisé,
Votre Muse paralytique
L'a bien souvent paralysé.
Mais quand il est tyrannisé,
Parfois il devient tyrannique *
Vous avez trop dogmatisé,
Renricez au ton dogmatique :
Mais restez toujours canonique,
Et vous serez canonisé.
Casconnade.
« Quoi ! aisait-on à un cr Cadet de
Gascogne », il y a six mois que votre
amie est morte et vous la pleurez en-
core ?
— « Comment ? si je la pleure enco-
re, dit-il avec cet accent charmant des
bords de la Garonne, mais je veux la
pleurer quatre-vingts ans : j'ai embau-
mé ma douleur pour la rendre éter-
nelle r )
Testament.
Un vieux sacripant se prit à rédiger
son testament. Il commença par ces
mots : « Je donne mon âme à Dieu. »
- « Je vous conseil, lui dit un ami
à qui il le lisait, de disposer autrement
de ce legs, car je présume que le léga-
taire désigné y renoncera. »
— « Ça m'est égal, reprit le testateur.
Je lui lègue mon âme. C'est à lui à en
disposer en faveur de qui il voudra ! »
line boutade de Sarcey
Quelques jours après l'incendie terri-
ble qui détruisit l'Opéra-Comique, iinç,
petite théâtreuse rencontra Francisque
Sarcey et lui dit : « Ah r mon cher mai-
tre, vous y étiez sans doute ? Racontez-
moi donc comment s'est passé cette ter-
rible incendie. »
— « Ma foi non, répondit de son air
bonhomme réminent critique. tout ce
que je puis vous dire, mon enfant, c'est
qu'incendie est du masculin. »
Un agitateur.
En 1793, on arrêta dans le Faubourg
Saint-Honoré un certain M. Monchenut,
accusé d'être un agitateur royaliste.
C'était un vieillard de quatre-vingts
ans. « Comment pourrais-je être un agi-
tateur, dit-il paisiblement, alors que je
ne suis même pas capable de m'agiter
moi-nlême ? Il -
Ce mot le fit relâcher.
Empoisonneuses.
Le président Henault était le plus fin
gourmet de son temps. Il était un soir
l'inyité de Mme du Deffant, dont la cui-
sinière avait atrocement « raté » le dî-
ner.
En sortant de table, il murmura à
son voisin : « Entre elle et la Brinvil-
liers, je ne vois guère de différence que
dans l'intention ! M
-
La Grève.
Générale
LES SYNDICATS ET LES DECISIONS
DE LA C. G. T.
Les militants de la C. 0. T. conduits à
Corbeil. - Une arrestation à Ram-
bouillet. — Les obsèques des vic-
times. — A la Bourse du travail
Ainsi que nous l'avons dit hier, sur dix
mandats d'amener délivrés par le juge des-
truction de Corbeil, sept seulement ont pu
être exécutés : MM. Griffuelhes, Pouget,
Yvetot, Bousquet, Marri, Maucolin, arrêtés
dans les circonstances que nous avons ra-
contées, ont été conduits, hier matin, à
cinq heures et demie, sous bonne escorte,
à la gare de Lyon, où on les a embarqués
à destination de Corbeil.
Arrivés dans cette ville à sept heures
trente, ils ont été emmenés par des gen-
darmes de la gare à la prison.
Vers neuf heures, ils ont été -extraits de
la maison d'arrêt et conduits au palais de
justice, où M. Régismanset leur a fait su-
bir un interrogatoire d'identité.
Voici, à titre de document, le texte du
mandat d'amener dont étaient porteurs,
hier, les commissaires chargés d'arrêter
les militants de la Confédération générale
du travail :
« Nous, commissaire de police, en vertu
d'un mandat d'amener collectif télégraphi-
quement expédié par le juge d'instruction
de Gorbeil et concernant le nommé Griffuel-
hes et autres, inculpés de rébellion, vio-
lences, coups aux agents et complicité
(Affaire de Draveil-Villieneuve-Saint-Gear-
ges) : lequel mandat est, d'ailleurs confir-
mé par des mandats individuels du même
juge, nous sommes présentés, etc.
Les articles du code visés par l'inculpa-
tion ne doivent-égarer que sur les man-
data d'arrêt. - --
Aidions que sur mandat de M. Régis-
manset on a arrêté à Rambouillet le nom-
mé Thiriot qui avait été signalé comme
ayant larticipé à l'échauffourée de Vill-e-
neuve-Saint-Georges.
A Villeneuve-Saint-Georges
Nous avons dit, hier, que les pourparlers
engagés entre la famille du typographe
Marchand, tué d'un coup de feu dans
l'émeute de la gare, et les autorités au su-
jet de la date des obsèques n'avaient pas
pu aboutir et que cette date restait indécise.
Les obsèques restent ajournées : en at-
tendant, le corps restera dans te caveau
provisoire du cimetière.
Pour ce qui est du garçon charbonnier
Louvel, la question est plus simple : sa
famille a exprimé l'intention de faire inhu-
mer le corps du jeune homme en Norman-
die, dans son pays d'origine. D'accord avec
le préfet et le procureur de la République,
les parents ajournent le transport et, pro-
visoirement, le corps restera au caveau
du cimetière de Villeneuve-Saint-Georges.
Après entente avec le prefet de police,
M. Autrand décide que les obsèques deS
deux autres manifestants morts à l'hôpi-
tal, à Paris, seront également retardées.
Celles de François Aligout, n'auront pas lieu
d'ailleurs, à Corbéil, où le défunt habitait.
Les frères du quatrième mort. Edouard
Leblond, qui travaillait à Palaiseau, chez
M. Muret, sont venus aussi réclamer son
corps. Le préfet ne leur rendra réponse
que lorsqu'il aura conféré, à cet égard,
avec M. Renard, maire de Palaiseau.
A la Bourse du Travail
Hier matin il y avait peu d'animation
dans les couloirs de la Bourse du travail.
On travaillait et on discutait dans les
bureaux en faisnt le moins de bruit pos-
sible.
Une seule réunion été tenue : la réunion
mensuelle de la quatrième section du syn-
dicat de la maçonnerie et de la pierre à
laquelle assistaient plusieurs centaines
d'ouvriers. Aucune communication n'a été
faite à la fin de la réunion qui a été pri-
vée.
Les terrassiers qui se sont réunis à la
Prolétarienne,rue de Sambre et Meuse,ont
nommé un conseil syndical permanent et
deux conseils syndicaux provisoires dans
le cas où de nouvelles mesures seraient
prises contre eux. La C. G. T. a procédé
à l'élection du bureau dafinitif.
En province
On télégraphie de Saint-Etienne, 2 août,
qu'à la suite d'une réunion tenue à la
Bourse du Travail, une grève générale de
vingt-quatre heures a été décidée pour
jeudi. 6 août. conformément aux ordres
reçus de la confédération générale du tra-
vail. Une active propagande est faite dans
toutes les corporations en faveur de ce
mouvement
v Adresse au gouvernement
On n'ous communique le texte suivant de
l'srdre du jour voté par la commission
exécutive de l'Alliance républicaine démo-
cratique :
Paris, le le août.
La commission centrale exécutive de l'Al-
liance républicaine démocratique adresse,
par l'organe de son président et de son se-
crétaire général, à M. le président du con-
seil, à l'occasion des douloureux événe-
ments qui viennent de se produire en Sei-
ne-et-Oise, l'expression de sa respectueu-
se sympathie et de sa confiance. Elle tient
à rendre en même temps hommage au
sang-froid et au courage civique des repré-
sentants de l'autorité et des troupes char-
gés d'assurer l'ordre et de faire respectefr
la loi.
La commission estime que le devoir de
tous les républicains est, à l'heure présen-
te, de seconder le gouvernement. Elle four-
me le vœu que les ouvriers, dans leur en-
semble, continuent à résister aux provo-
cations et aux entraînements dont ils sont
l'objet de la part d'une minorité d'agita-
teurs et ne laissent pas ceux-ci, qui sont
des anarchistes et non des travailleurs,
oompfromettre leur cause auprès de la na-
tion, pour laquelle il faut la paix, l'ordre
et la liberté du travail.
Les interpellations
Nous avons annoncé que deux députés,
MM. Combrouze et Lazies ont dépit mani-
festé leur intention d'interpeller, dès la
rentrée, au sujet des incidents tragiques
de Draveil-Vigneux.
On l,rête à MM. Marcel Semblât et De-
lahaye, députés, l'intention d'interpeller,
eux aussi, le gouvernement.
L -———————————
LA NEUTRALITE VIOLEE
Nous recevons communication de l'ordre
du jour suivant voté par la section de la
Ligue des Droits de l'Homme du Grand-
Montrouge :
La section du Grand-Montrouge, considérant :
Qu'un instituteur d'une école laïque de la com-
mune, en dictant à ses élèves la leçon suivante :
« Faire du bien en toutes circonstances, c'est
aimer Dieu. Dieu est l'être suprême et le créa-
teur de toutes choses. Je remplirai mes devoirs
envers Dieu en respectant son nem, en prati-
quant tous mes devoirs, en m'efforçant de deve-
nir meilleur et en faisant autour de moi tout le
bien que je pourrai. » a violé la liberté de
conscience ;
A violé le droit du père de famille d ensei-
gner à son enfant ce qu'il croit être la vérité
en matière religieuse ou antireligieuse ;
La section rappelle à cet éducateur des en-
fants du peuple que l'école laïque est et veut
être l'école de la liberté de conscience, que la
morale n'est le monopole d'aucune secte,
d'aucune église, d'aucune théologie ; que la mo-
rale humaine, qui, seule, doit être enseignée à
l'école laïque, est l'expression la plus parfaite
des vœux concordants de la science et de la
conscience. - -.
-- L'ordre du jour qu'on vient de lire se
passe assurément de commentaires. Trop
souvent encore, la liberté de conscience se
trouve malheureusement violée à l'école laï-
que par des instituteurs cléricaux, dnt
nous conservons encore quelques spéci-
mens. Ils sont, c'est entendu, l'exception.
Mais ce n'est pas une raison pour tolérer
leurs excès. Nous voulons l'école neutre et
quand un instituteur dicte de pareilles le-
çons à ses élèves, il manque à son devoir.
H appartient à l^autorité supérieure de le
lui rappeler.
TRIBUNE CORPORATIVE
LES POSTIERS
L'Union [raternelle des receveurs et
receveuses des. bureaux simples vient
d'adresser, à M. le sous-secrétaire des
postes et télégraphes, un long rapport
dans lequel elle expose deux séries de
vœux. Les premiers concernent le relè-
vement des traitements, les seconds
l'organisation du repos hebdomadaire.
Augmentation tous les 3 ans de 200 fr.
jusqu'à 2.400 fr. ; de 300 fr. de 2.400 à
3.600 ; au-dessus par 400 et 500 francs:
Les classas personnelles à 3.600 et 4.000
seraient acordées aux receveurs de 2* cl.
dans les mêmes délais qu'aux commis :
5 à 6 ans. -
L'exposé de cette question a été re-
marquablement développé par M. Sau-
vageon, secrétaire général de l'union
fraternelle.
Voici les raisons invoquées par notre
correspondant ;
L'emploi de titulaire de bureau simple
de 3e classe, constitue pour les dames em-
ployées un emploi d'avancement ; il de-
vrait donc donner droit, par conséquent, à
des appointements supérieurs à ceux ser-
vis aux dames-employées, ce qui serait lo-
gique, ou tout au moins égaux (comme
nous le proposons), ce qui ne serait que
juste.
Il est inadmissible, en effet, que de deux
oatégoriee de personnel, celle qui occupe la
place plus élevée dans la hiérarchie, reçoive
un salaire moindre.
Chaque année, des milliers de dames-em-
ployées sollicitent un poste de receveuse de
3e classe.
Leur candidature est tout d'abord exa-
minée par une commission départementale
de classement, qui opère parmi elles un
choix sévère, propose les candidates les
plus capables, les plus dignes, présentant
des garanties de tout ordre, uis le Conseil
d'administration, à son tour, scrute les
dossiers, évaluant les titres et les mérites
de chacune, ajournant celle-ci parce que sa
cote de valeur générale est trop faible, éli-
minant celle-là parce que trop jeune ou
trop âgée.
Nous estimons que l'Administration a
parfaitement raison de procéder à une sé-
lection aussi rigoureuse, l'emploi de rece-
veuse étant très difficile à bien tenir. Il
exige une connaissance parfaite de la poste,
du télégraphe, du téléphone, de la Caisse
d'épargne, de la comptabilité ; il demande
du tact, de la diplomatie dans ses rapports
avec le public et avec les autorités locales.
Il faut à la receveuse de l'autorité pour
guider les aides, de l'énergie et de la finesse
pour commander aux facteurs.
La dame-employée, de qui on exige tant
de solides qualités, voit, quand elle est
nommée receveuse, son traitement maxi-
mum limité à 1.600 fr. alors que si elle n'a-
vait pas été reconnue apte à des fonctions
,plus importantes, elle se serait achemniée
sans arrêt vers le traitement maximum de
2.200 fr.
La promotion au grade de receveuse est
donc une véritable rétrogradation, puis-
qu'elle entraîne une diminutien de traite-
ment !
On nous objectera que la receveuse ne
s'arrête pas forcément au traitement de
1.600 fr., qu'elle peut obtenir une recette
de 2e classe (maximum, 2.200) et même une
jre classe (maximum, 3.000).
Ce faisant, l'on sortira de la question
qui est celle-ci : l'emploi de receveuse de
bureau simple de 3' classe, e«?t-il un emploi
d'avancement réservé aux dames-em-
ployées ? Oui.
Alors pour quelles rai-sons donne-t-on à
la receveuse un salaire inférieur à celui de
la dame employée ?
L'obtention dune recette de classe supé-
rieure est trop aléatoire et subordonnée à
des considérations trop souvent étrangères
au service, les vacances étant très rares
et disproportionnées avec le nombre des
ayants-droits. -
On nous fera également valoir que les re-
ceveurs et les receveuses touchent des re-
mioos; des émoluments accessoires, des al-
locations diverses.
A cette allégation, nous répondrons que
l'Administration considère les remises, d'une
part, comme une indemnité de gestion pour
travaux supplémentaires, ceci pour se dis-
penser d'élever les traitement de fonction-
naires fournissant un labeur moyen de 14
à 16 heures par jour (chiffres que nous
prouverons le cas échéant) et, d'autre part,
elle prétend faire état de ces mêmes remi-
ses pour rétribuer le travail exécuté par
nos aides, ce qui la dispense également de
payer ces auxiliaires indispensables ; H
est avéré que les frais d'aide alloués sont
notoirement insuffisants dans tous les bu-
Les remises générales sont donc entière-
ment englouties par les frais de gestion,
trop lieureu xsi le traitement nous reste
liquide.
En ce qui concerne la déchéance de trai-
tement subie, la situation n'est pas uni-
que aux dames employées passant rece-
veuses de 3 classe, les expéditionnaires,
commis principau xet rédacteurs nommés
receveurs de bureaux simples ,se trouvent
exactement dans le même cas.
Par suite de cet étraneg hiérarchie, les
receveurs de bureaux simples de toutes
classes ont été 'rejetés au-dessous des ré-
dacteurs, au-dessous de commis princi-
paux, au-dessous des ocmmis, au-dessous
des expéditionnaires, au-dessous des da-
mes employées, au-dessous de tous les
agents, de sorte qu'on a fini par considé-
rer cette élite comme auantité négligeable.
Il est indéniable cependant que 'e rece-
veur'de 3e simple vaut bien au moins la
dame employée, que lé receveur d? 2e sim-
ple vaut bien au moins le commis, que ce-
D'après les renseignements puisés aux
sources mêmes, -c'est-à-dire chez nos adhé-
rents et faciles à contrôler, le rapport des
recettes simples de 3e classe varie entre
200 et 800 francs, y compris les frais d'ai-
de et les frais de régie.
Les moindres bureaux sont tenus d'em
ployer une aide ; il est de notoriété admi-
nistrative qu'elle leur coûte au minimum
45 francs parfois, dès qu'elle est en état
d'être de quelque utilité, soit de 500 à 800
gat an.
Reste ensuite à pourvoir à l'éclairagit
et au chauffage des locaux, à se pioçu*
rer les fournitures indispensables ; conta
me les frais d'aide, les trais de régie ne
suffisent pas, loin de là.
lui de Ie vaut bien au moins le commis
principal ; leur tâche est plus lourde, leurr
responsabilité plus étendue ; théorique.
ment et effectivement, l'emploi de receveur
(nous le répétons ,car on semble l'ignorer)
constitue un emploi d'avancemoot pour les
trois catégories dragents ci-dessus nom*
més.
Il existe une autre raison pour laquelle
nous avons toujours été les éternels ou<
bliés.
Parce que les isolés, jusqu'à ce jour, dis-
séminés dans tous les coins de la France
confiants dans la sollicitude de l'adminis-
tration, nous n'avons jamais fait entendre
nos doléances avec autant de force que les
autres agents.
Nous espérons fermement que notre voix
sera écoutée, notre état d'infériorité étant
mieu xconnu, et que le Parlement, mieux
éclairé, ave d'approbation de nos chefs,
tiendra à honneur de relever nos traite.
ments. C'est une question vitale pour nous,
une question sociale à solutionner.
Au siècle où nous vivons, avec les besoins
nouveau xqui surgissent, la cherté de plus
en plus grande de la vie en général ,nous'
souffrons et sommes peinés d'une médio-
crité aussi imméritée ; aussi, nous avons..
sans révolte, par les moyens pacifiques,
par les voies légales, le désir ardent d'en
sortir.
Nous ne doutons pas qu'en haut lieu Où
l'on sait que les receveurs sont la cheville
ouvrière de notre puissant organisme pos-
tal, on apprécie comme elles le méritent
nos qualités profpssionelles, labeur et as-
siduité, probité et effacement.
Nous espérons, de notre côté, que le
Parlement fera son possible, pour re-
médier à la situation assez précaire du
personnel des bureaux de poste dont le
dévouement est légendaire et constitue
la base même de la prospérité commer-
ciale et industrielle de notre pays.
Jean CLERVALV
1H FaUieres Bn Venrège
L'Excursiosi à Holmenkolien
Christiania, le 2 août. Le roi et la reine
sont partis ce matin avec le président et
sa suite pour Holmenkollen, point situé'
sur la hauteur et d'où l'on découvre toute
la vallée d Christiania et la mer avec ses
centaines de petites et grandes îles, et lesj
montagnes des Alpes scandinaves avec
leurs foêts de bouleaux et de pins.
L'excursion s'est continuée jusqu'à la)
riante presqu'île de Bggdoe où le prési-
dent visita et admira la résidence estivale
des souverains norvégiens et prit une lé-
gère collation. Sur tout le parcours, à
l'aller et au retour, citadins et paysans ac-
courus firent une longue ovation au pré-
sident, aux souverains, à la France.
L'excursion offerte aux conseillers munici-
paux et journalistes
Christiania, le 2 août. — Ce matin une
excursion en bateau a été offerte aux con-
seillers municipaux de Paris et aux mem-
bres de la Peesse française qui accompa-;
gnent le président. -
Le bateau qui a fait le tour du fjord de
Christiania a été très acclamé par les po-i
pulations.
Le temps est beau.
Le retour du président
Citristiania, 1. aom. — Le président de ta
République après son excursion s'est em-
barqué à 4 heures pour la France.
——— ———
CONSEIL DES MINISTRES
Le président de la République devant;
rentrer à Paris demain soir, les ministres'
ont été convoqués pour un conseil qui se ji.
tiendra mercredi matin à l'Elysée. r
'———————————— ———————————
«
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER j
Un agriculteur tue une jeune fille à coupe
deptoche. ,
Berlin, 2 août. - On télégraphie de Co-
logne au Lokal Anzcigcr que l'agriculteur
Neff. de Wmzenbach (Basse-Alsace), pas-1
sait en voiture à travers champs, lorsqu i.
rencontra une jeune fille dont il recherchai
la main.
De nouveau repoussé par elle, il fut saisi :
de rage et de jalousie et lui fendit le cràne
à coup sde pioche.
Le meurtrier fut arrêté par les gen-'
darmes au moment où il voulait prendre la'
fuite.
Un boulanger tue sa maltresse
et se suicide
Berlin. 2 août. — Le garçon -boulanger
Eile Heim, poussé par la jalousie, a tuée
cette nuit, sa maîtresse, Linda Muschacl4
femme mariée et abandonnée de son mari1 ;
à cause de sa légèreté. -
Il s'est ensuite tiré une balle dans la tête.,
Linda Muschack était mère de deux enfante,
de trois et de deux ans.
LES FETES D'AUXERRE -,-
,
On Siiit que M. Clemenréau, président de
conseil, s'est vu dans l'obligation de renon-
cer à assister hier aux fêtes d'Auxerre.
C'est le ministre de la guerre seul qui
représenta le gouvernement à ces fêt.es ,
Le généra) Picquart est parti hier matin",
par in gare de Lyon, à onze heures vingt.
Il était accompagné par son chef de cabi-1
net, le tfétiéral Toutée, et par un de ces of.
ficiers d'ordonnance.
Le ministre a visité l'exposition qui sè
tient en ce moment à Auxerre, et a inatf*
guré l'hôtel de la caisse d'épargne et ^le «w»—
m hôpital militaire* -.:
atna CBlY"fiU: sas IfUMBRO
-Mïvêi 4 Aiftt ISO. - N" 14023*
ftadatrnr »
.- AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Cl awi tmi mil Si1. B» M
Paris.. 2 fr. 5 fr. 9 ir. 18 fr.
Départements 2 — 6 — t t - 20-
JIJnion Postale 2 -. 9 - i 6 - 32 —
Pradataw «
AUGUSTE VACQUERIE
1
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF" CI'
6, Place de ta Bourse
et aux BUREAUX DU *0URNA*
Adresser toutes les Communications au Directeur
Adresser Lettres et Mandats au Directeur
ADMINISTRATION ET REDACTION: 14, Rue du Mail. — Téléphone : 102-82
Maigre la grève generaie, Le Rappel, fi-
dèle à son poste, parviendra à tous ses a-
ponnés et lecteurs.
Nos lecteurs connaisssent la décision
prise par la Chambre syndicale typogra-
phique parisienne qui a décide de prendre
part à la grève générale de vinyt-quotre
heures du dimanche soir 2 août au lundi
soir 3 août.
En présence de cette situation, nous a-
vions pris nos dispositions pour faire pa-
raître notre journal en le composant avant
sept heures du soir, heure fixee par la
Chambre syndicale typographique pari-
sienne pour la cessation du travail. Nos o-
pérateurs étaient à leurs machines à com-
poser lorsqu un délégué du syndicat est ve-
nu leur communiquer l'ordre de cesser
tout travail, alors que se composaient en-
core pour se tirer et paraître ensuite l'or-
gane de Confédération Générale du Tra-
vail « La Voix du Peuple » et l'organe de
M. Gustave Hervé « La Guerre SadaIe » !
Nos deux confrères n'ont pas voulu être
les premières victimes d'un mouvement in-
surrectionnel tendant à arrêter toute vie
économique et dont ils sont un peu les ins-
tigateurs.
Malgré tout, ce matin,comme les autres,
Le Rappel se fera entendre ! Certes, il est
adversaire de la politique ministérielle,
mais il ne se solidarisera jamais avec les
anarchistes, les ultra-révolutionnaires et
les antipatriotes. Il considère comme sa-
cré le droit de grève acccordé à l'ouvrier
par la loi de 1864, mais il ne conçoit pas
la grève comme un mouvement politique
tel qu'il se manifeste aujourd'hui.
Ce semblant de révolution sociale est il-
légal et notre parti est basé sur la légalité,
sur l'évolution ou sur la révolution, mais
sur la révolution par le bulletin de vote.
Toute autre étant factice et dangereuse
pour l'humanité.
C'est pourquoi Le Rappel a tenu à pa-
raître. Sa physionomie habituelle est,
certes, un peu changée : ce trouble est l'i-
mage de l'effort qu'il a tenté cette nuit
pour paraître ce matin.
, TRIBUNE LIBRE
Bureaucratie
i 1 ita i r ë
Qui n'a pas à se plaindre
des inconvénients redouta-
bles de la bureaucratie et
de la puissance d'inertie in-
comparable 1 de l'administra-
tion ? Et qui ne connaît, par
expérience, les complications absurdes
des paperasses, les lenteurs intermina-
bles des bureaux, les tracasseries stu-
pides des employés appliquant les rè-
glements toujours à la lettre et si rare-
ment avec esprit. Que de projets inté-
ressants sont restés en route et que
d'initiatives heureuses ont été para-
lysées par suite de la mauvaise volonté
évidente et, de l'ignorance fâcheuse de
messieurs les ronds de cuir !
Ainsi, le peuple le pluts spirituel de
la terre qui a fait une Révolution pour
jdétruire la Bastille, est resté impuis-
sants contre les raonstres à manches
fle lustrine et à calottes de velours, em-
busqués derrière leutrs guichets et re-
tranchés derrière des forteresses de
carions verts.
Le ridicule même n'a pas tué ces
formidables adversaiires contre lesquels
Courteline a usé vainement son ironie
vengeresse ; et nous sommes condam-
nés à subir encore longtemps peut-être
la domination tyrannique, omnipoten-
te, ommisciente et irresponsable de l'o-
dieuse bureau-cratie. ,
Mais ni la manie insupportable des
rapports., des circulaires et des dos-
siers s'est propagée avec une surpre-
liante intensité dans l'administration
civile, elle est devenue une terrible et
permanente calamité dans l'armée
française, grâce aux géniales inven-
tions de ronds de cuir galonnés. Le
plus mince incident de la vie militaire
est prétexte à des paperasseries innom-
brables et M. Charles Humbert, séna-
teur de la Meuse, en racontant une de
tes mille et une - chinoiseries, s'élevait
ces jours derniers, dans un article du
fc Journal », contre le développement
Anormal de cette bureaucratie militaire
qui Fonctionne avec la régularité d'une
machine.
C'est dans l'intérêt du contrôle, di-
rait l'honorable sénateur, c'est afin
d'assurer rexacte application des fonds
tie la natron aux objets pour lesquels
ils ont été votés, que l'on a imaginé
tous ces « états ». toutes ces « formu-
les », tous ces imprimés aux noms
multiples sur lesquels pâlissent, du 1"
janvier a la Saint-Sylvestre, dies lé-
gions de scribes surveillés éux-mêmes
par des nuées d'officiers, transformés
en professeurs de calligraphie et de
comptaibilité. Mais, en admettant
même la légimité du prîncîpe" il faut
oten reconnaître que, dans l'applica-
fIDti. - uenures limites de l'abus et
de 1 «.urde ont et alteirites, et quel-*
cpietols ut-passees.
, IÎ .parait, ajoutait M. Charles Hum-
bert. que le sous-secréfaire d'Etat à
t* guerre, M. Cherou a constitué une
2QlDflU§§ien ,Q arriver a la simpli-
fication des écritures dans l'armée.
Serait-ce suivant la formule du déli-
cieux poète Théodore de Bauville qui
déclarait que si on le voulait, un mi-
nistère, ce serait trois messieurs assis
autour d'une table, qui nous donne-
raient la (réponse à notre question,
tout de suile.
Ilélas ! radmninistration n'est paa
si simple, et M. Cheroy, pour si révo-
lutionnaire qu'il soit, a constitué sa
commission comme tant d'autres pré-
cédents ministres l'ont fait avant lui. Et
qui a-t-il désigné pour en faire partie.
« Des contrôleurs, des intendants, des
fonctionnaires, des hommes de bu-
reaux, tous ceux, en un mot, qui par
essence, par habitude, par métier, sont
attachés invariablement au système
actuel.
Simplifier les écritures, se serait
conclure à la réduotion du personnel
qui passe son existence à les reevoir, à
les annoter, à les recopier, à les corri-
ger, à ies classer. La commission ne
peut donc aboutir à quelque résultat
notable qu'en votant le suicide pour la
plupart .de ceux qui la composent ».
On ne peut donc attendre de cette
commission que des améliorations su-
perficielles et le mal reste profond, qui
nécessiterait pourtant le rouge dans la
plaie.
C'est qu'il n'y a pas que des choses
risibles dans les énormités administra-
tives, il y en a aussi de tragique. Le
fait suivant tout récent, dont j'ai été le
témoin attristé en fournira une preuve
décisive.
Un jeune soldât parisien tombe ma-
lade, au régiment. Son état devient ra-
pidement assez grave pour que le Wlef
de corps en informe sa famille. Mais.
suivant une procéduredoffiit on appré-
ciera plus loin les effets néfastes, c'est
par l'intermédiaire e îa mairie de
l'arrondissement où résident les pa-
rents de ce jeune soldat que cet aver-
tissement doit être transmis.
Je vous laisse à deviner combien de
papiers imprimés et couverts d'écritu-
res variées ont déjà circulé avant que
de parvenir de l'hôpital militaire au
chef de corps pour lui faire connaître
la situation de ce soldat malade, Je
votuis fait grâce de leur énumération
fastidieuse et j'arrive au moment où
la missive timbrée du cabinet du chef
de corps d'armée est remise par la pos-
te un samedi matin, dans une mairie
de Paris.
Or, par une fatalité déplorable, cette
lettre urgente reste sur un bureau la
journée toute entière du samedi, tout
le dimanche et elle n'est décachetée
que le lundi par les employés munici-
paux. Classée dans l'après-midi, cette
cGffïKmunicafïon est etrfin atfressëe au
père diu jeune soldat dans la soirée du
lundi, en même temps qu'une dépêche
qui aippirenid laconiquement au mal-
heureux homme la mort de son fils.
J'ai reçu la visite de ce citoyen dont
on peut imaginer la douleur poignante,
et il m'a remis une protestation que je
me Isuis empressé de soumettre au Pré-
fet de la Seine qui a aussitôt ordonné
une enquête. La négligence adminis-
trative ayant été démontrée, le secré-
taire chef des bureaux de la mairie a
été l'objet d'une punition disciplinaire,
en outre, des instructions formelles ont
été envoyées dans chaque mairie pour
que le courrier soit ouvert dès son ar-
rivée, aussi men le dimanche qu'un au-
tre jour, et immédiatement remis aux
intéressés, suivant les circonstances.
Mais les pouvoirs du Préfet de la
Seine se bornent à ces mesures suffi-
santes en ce qui concerne son adminis-
tration, mais imparfaites suivant le cas
qui nous occupent. Je ne veux pas être
audacieux en exprimant l'avis qu'il est
indispensable d'opérer sur le (point que
je viens de signaler une réforme qui
s'attriste d'une impérieuse nécessité.
Il appartient donc au ministre de la
guerre de donner les ordres nécces-
saires pour qu'un événement aussi re-
grettable ne puisse jamais se renouve-
ler. Certes, Pelletan a eu raison de dire
que les abus de bureaucratie sont vi-
vaces ; attaqués, dénoncés, avoués de
tous, ils ont une force incroyable de
résistance passive. Ce serait peut-être
une illusion que de croire qu'on les dé-
truira. Mais ce sera déjà quelque chose
que de les diminuer,
J. HENAFFE,
Vice-président du Conseil
Général de la Seine.
LES ON-DIT
A propos de grèvea.
Un capitaine de gendarmerie chargé
d'assurer l'ordre dans une grève, reçut
l'ordre — la situation s'aggravant - de
charger la foule. -
Il se présenta devant le front de son
escadron qu'il harangua en ces termes :
« Gendarmes, il faut charger. C'est
dur, mais il Je faut. Rappelez-vous- que
vous êtes pères de famille. et que vos
obeY#UX vous appartienneal i A
La durée de l'existence.
.Nous nous plaignons d'ordinaire que
la vie est courte et, dès que nous dési-
rons quelque chose, nous trouvons le
temps long. C'est ce qui fit dire à un
auteur anglais que les hommes désirent
allonger leur vie en gros et la raccour-
cir en détail.
Langage révolutionnaire.
Dans une brochure sur le langage ré-
volutionnaire, La Harpe s'avisa de ton-
ner contre le mot « fanatiser ) qu'il vou-
lait absolument, proscrire: Ghenier prit
le parti du verbe fanatiser et, comme la
raison sur laquelle La Harpe s'appuyait
pour le faire proscrire était qu'aucun
adjectif en « ique » ne pouvait produire
un verbe en « iser », Chenier lui prouva
le contraire dans les vers suivants :
Quand par une Muse électrique
L'auteur est électrisé,
Votre Muse paralytique
L'a bien souvent paralysé.
Mais quand il est tyrannisé,
Parfois il devient tyrannique *
Vous avez trop dogmatisé,
Renricez au ton dogmatique :
Mais restez toujours canonique,
Et vous serez canonisé.
Casconnade.
« Quoi ! aisait-on à un cr Cadet de
Gascogne », il y a six mois que votre
amie est morte et vous la pleurez en-
core ?
— « Comment ? si je la pleure enco-
re, dit-il avec cet accent charmant des
bords de la Garonne, mais je veux la
pleurer quatre-vingts ans : j'ai embau-
mé ma douleur pour la rendre éter-
nelle r )
Testament.
Un vieux sacripant se prit à rédiger
son testament. Il commença par ces
mots : « Je donne mon âme à Dieu. »
- « Je vous conseil, lui dit un ami
à qui il le lisait, de disposer autrement
de ce legs, car je présume que le léga-
taire désigné y renoncera. »
— « Ça m'est égal, reprit le testateur.
Je lui lègue mon âme. C'est à lui à en
disposer en faveur de qui il voudra ! »
line boutade de Sarcey
Quelques jours après l'incendie terri-
ble qui détruisit l'Opéra-Comique, iinç,
petite théâtreuse rencontra Francisque
Sarcey et lui dit : « Ah r mon cher mai-
tre, vous y étiez sans doute ? Racontez-
moi donc comment s'est passé cette ter-
rible incendie. »
— « Ma foi non, répondit de son air
bonhomme réminent critique. tout ce
que je puis vous dire, mon enfant, c'est
qu'incendie est du masculin. »
Un agitateur.
En 1793, on arrêta dans le Faubourg
Saint-Honoré un certain M. Monchenut,
accusé d'être un agitateur royaliste.
C'était un vieillard de quatre-vingts
ans. « Comment pourrais-je être un agi-
tateur, dit-il paisiblement, alors que je
ne suis même pas capable de m'agiter
moi-nlême ? Il -
Ce mot le fit relâcher.
Empoisonneuses.
Le président Henault était le plus fin
gourmet de son temps. Il était un soir
l'inyité de Mme du Deffant, dont la cui-
sinière avait atrocement « raté » le dî-
ner.
En sortant de table, il murmura à
son voisin : « Entre elle et la Brinvil-
liers, je ne vois guère de différence que
dans l'intention ! M
-
La Grève.
Générale
LES SYNDICATS ET LES DECISIONS
DE LA C. G. T.
Les militants de la C. 0. T. conduits à
Corbeil. - Une arrestation à Ram-
bouillet. — Les obsèques des vic-
times. — A la Bourse du travail
Ainsi que nous l'avons dit hier, sur dix
mandats d'amener délivrés par le juge des-
truction de Corbeil, sept seulement ont pu
être exécutés : MM. Griffuelhes, Pouget,
Yvetot, Bousquet, Marri, Maucolin, arrêtés
dans les circonstances que nous avons ra-
contées, ont été conduits, hier matin, à
cinq heures et demie, sous bonne escorte,
à la gare de Lyon, où on les a embarqués
à destination de Corbeil.
Arrivés dans cette ville à sept heures
trente, ils ont été emmenés par des gen-
darmes de la gare à la prison.
Vers neuf heures, ils ont été -extraits de
la maison d'arrêt et conduits au palais de
justice, où M. Régismanset leur a fait su-
bir un interrogatoire d'identité.
Voici, à titre de document, le texte du
mandat d'amener dont étaient porteurs,
hier, les commissaires chargés d'arrêter
les militants de la Confédération générale
du travail :
« Nous, commissaire de police, en vertu
d'un mandat d'amener collectif télégraphi-
quement expédié par le juge d'instruction
de Gorbeil et concernant le nommé Griffuel-
hes et autres, inculpés de rébellion, vio-
lences, coups aux agents et complicité
(Affaire de Draveil-Villieneuve-Saint-Gear-
ges) : lequel mandat est, d'ailleurs confir-
mé par des mandats individuels du même
juge, nous sommes présentés, etc.
Les articles du code visés par l'inculpa-
tion ne doivent-égarer que sur les man-
data d'arrêt. - --
Aidions que sur mandat de M. Régis-
manset on a arrêté à Rambouillet le nom-
mé Thiriot qui avait été signalé comme
ayant larticipé à l'échauffourée de Vill-e-
neuve-Saint-Georges.
A Villeneuve-Saint-Georges
Nous avons dit, hier, que les pourparlers
engagés entre la famille du typographe
Marchand, tué d'un coup de feu dans
l'émeute de la gare, et les autorités au su-
jet de la date des obsèques n'avaient pas
pu aboutir et que cette date restait indécise.
Les obsèques restent ajournées : en at-
tendant, le corps restera dans te caveau
provisoire du cimetière.
Pour ce qui est du garçon charbonnier
Louvel, la question est plus simple : sa
famille a exprimé l'intention de faire inhu-
mer le corps du jeune homme en Norman-
die, dans son pays d'origine. D'accord avec
le préfet et le procureur de la République,
les parents ajournent le transport et, pro-
visoirement, le corps restera au caveau
du cimetière de Villeneuve-Saint-Georges.
Après entente avec le prefet de police,
M. Autrand décide que les obsèques deS
deux autres manifestants morts à l'hôpi-
tal, à Paris, seront également retardées.
Celles de François Aligout, n'auront pas lieu
d'ailleurs, à Corbéil, où le défunt habitait.
Les frères du quatrième mort. Edouard
Leblond, qui travaillait à Palaiseau, chez
M. Muret, sont venus aussi réclamer son
corps. Le préfet ne leur rendra réponse
que lorsqu'il aura conféré, à cet égard,
avec M. Renard, maire de Palaiseau.
A la Bourse du Travail
Hier matin il y avait peu d'animation
dans les couloirs de la Bourse du travail.
On travaillait et on discutait dans les
bureaux en faisnt le moins de bruit pos-
sible.
Une seule réunion été tenue : la réunion
mensuelle de la quatrième section du syn-
dicat de la maçonnerie et de la pierre à
laquelle assistaient plusieurs centaines
d'ouvriers. Aucune communication n'a été
faite à la fin de la réunion qui a été pri-
vée.
Les terrassiers qui se sont réunis à la
Prolétarienne,rue de Sambre et Meuse,ont
nommé un conseil syndical permanent et
deux conseils syndicaux provisoires dans
le cas où de nouvelles mesures seraient
prises contre eux. La C. G. T. a procédé
à l'élection du bureau dafinitif.
En province
On télégraphie de Saint-Etienne, 2 août,
qu'à la suite d'une réunion tenue à la
Bourse du Travail, une grève générale de
vingt-quatre heures a été décidée pour
jeudi. 6 août. conformément aux ordres
reçus de la confédération générale du tra-
vail. Une active propagande est faite dans
toutes les corporations en faveur de ce
mouvement
v Adresse au gouvernement
On n'ous communique le texte suivant de
l'srdre du jour voté par la commission
exécutive de l'Alliance républicaine démo-
cratique :
Paris, le le août.
La commission centrale exécutive de l'Al-
liance républicaine démocratique adresse,
par l'organe de son président et de son se-
crétaire général, à M. le président du con-
seil, à l'occasion des douloureux événe-
ments qui viennent de se produire en Sei-
ne-et-Oise, l'expression de sa respectueu-
se sympathie et de sa confiance. Elle tient
à rendre en même temps hommage au
sang-froid et au courage civique des repré-
sentants de l'autorité et des troupes char-
gés d'assurer l'ordre et de faire respectefr
la loi.
La commission estime que le devoir de
tous les républicains est, à l'heure présen-
te, de seconder le gouvernement. Elle four-
me le vœu que les ouvriers, dans leur en-
semble, continuent à résister aux provo-
cations et aux entraînements dont ils sont
l'objet de la part d'une minorité d'agita-
teurs et ne laissent pas ceux-ci, qui sont
des anarchistes et non des travailleurs,
oompfromettre leur cause auprès de la na-
tion, pour laquelle il faut la paix, l'ordre
et la liberté du travail.
Les interpellations
Nous avons annoncé que deux députés,
MM. Combrouze et Lazies ont dépit mani-
festé leur intention d'interpeller, dès la
rentrée, au sujet des incidents tragiques
de Draveil-Vigneux.
On l,rête à MM. Marcel Semblât et De-
lahaye, députés, l'intention d'interpeller,
eux aussi, le gouvernement.
L -———————————
LA NEUTRALITE VIOLEE
Nous recevons communication de l'ordre
du jour suivant voté par la section de la
Ligue des Droits de l'Homme du Grand-
Montrouge :
La section du Grand-Montrouge, considérant :
Qu'un instituteur d'une école laïque de la com-
mune, en dictant à ses élèves la leçon suivante :
« Faire du bien en toutes circonstances, c'est
aimer Dieu. Dieu est l'être suprême et le créa-
teur de toutes choses. Je remplirai mes devoirs
envers Dieu en respectant son nem, en prati-
quant tous mes devoirs, en m'efforçant de deve-
nir meilleur et en faisant autour de moi tout le
bien que je pourrai. » a violé la liberté de
conscience ;
A violé le droit du père de famille d ensei-
gner à son enfant ce qu'il croit être la vérité
en matière religieuse ou antireligieuse ;
La section rappelle à cet éducateur des en-
fants du peuple que l'école laïque est et veut
être l'école de la liberté de conscience, que la
morale n'est le monopole d'aucune secte,
d'aucune église, d'aucune théologie ; que la mo-
rale humaine, qui, seule, doit être enseignée à
l'école laïque, est l'expression la plus parfaite
des vœux concordants de la science et de la
conscience. - -.
-- L'ordre du jour qu'on vient de lire se
passe assurément de commentaires. Trop
souvent encore, la liberté de conscience se
trouve malheureusement violée à l'école laï-
que par des instituteurs cléricaux, dnt
nous conservons encore quelques spéci-
mens. Ils sont, c'est entendu, l'exception.
Mais ce n'est pas une raison pour tolérer
leurs excès. Nous voulons l'école neutre et
quand un instituteur dicte de pareilles le-
çons à ses élèves, il manque à son devoir.
H appartient à l^autorité supérieure de le
lui rappeler.
TRIBUNE CORPORATIVE
LES POSTIERS
L'Union [raternelle des receveurs et
receveuses des. bureaux simples vient
d'adresser, à M. le sous-secrétaire des
postes et télégraphes, un long rapport
dans lequel elle expose deux séries de
vœux. Les premiers concernent le relè-
vement des traitements, les seconds
l'organisation du repos hebdomadaire.
Augmentation tous les 3 ans de 200 fr.
jusqu'à 2.400 fr. ; de 300 fr. de 2.400 à
3.600 ; au-dessus par 400 et 500 francs:
Les classas personnelles à 3.600 et 4.000
seraient acordées aux receveurs de 2* cl.
dans les mêmes délais qu'aux commis :
5 à 6 ans. -
L'exposé de cette question a été re-
marquablement développé par M. Sau-
vageon, secrétaire général de l'union
fraternelle.
Voici les raisons invoquées par notre
correspondant ;
L'emploi de titulaire de bureau simple
de 3e classe, constitue pour les dames em-
ployées un emploi d'avancement ; il de-
vrait donc donner droit, par conséquent, à
des appointements supérieurs à ceux ser-
vis aux dames-employées, ce qui serait lo-
gique, ou tout au moins égaux (comme
nous le proposons), ce qui ne serait que
juste.
Il est inadmissible, en effet, que de deux
oatégoriee de personnel, celle qui occupe la
place plus élevée dans la hiérarchie, reçoive
un salaire moindre.
Chaque année, des milliers de dames-em-
ployées sollicitent un poste de receveuse de
3e classe.
Leur candidature est tout d'abord exa-
minée par une commission départementale
de classement, qui opère parmi elles un
choix sévère, propose les candidates les
plus capables, les plus dignes, présentant
des garanties de tout ordre, uis le Conseil
d'administration, à son tour, scrute les
dossiers, évaluant les titres et les mérites
de chacune, ajournant celle-ci parce que sa
cote de valeur générale est trop faible, éli-
minant celle-là parce que trop jeune ou
trop âgée.
Nous estimons que l'Administration a
parfaitement raison de procéder à une sé-
lection aussi rigoureuse, l'emploi de rece-
veuse étant très difficile à bien tenir. Il
exige une connaissance parfaite de la poste,
du télégraphe, du téléphone, de la Caisse
d'épargne, de la comptabilité ; il demande
du tact, de la diplomatie dans ses rapports
avec le public et avec les autorités locales.
Il faut à la receveuse de l'autorité pour
guider les aides, de l'énergie et de la finesse
pour commander aux facteurs.
La dame-employée, de qui on exige tant
de solides qualités, voit, quand elle est
nommée receveuse, son traitement maxi-
mum limité à 1.600 fr. alors que si elle n'a-
vait pas été reconnue apte à des fonctions
,plus importantes, elle se serait achemniée
sans arrêt vers le traitement maximum de
2.200 fr.
La promotion au grade de receveuse est
donc une véritable rétrogradation, puis-
qu'elle entraîne une diminutien de traite-
ment !
On nous objectera que la receveuse ne
s'arrête pas forcément au traitement de
1.600 fr., qu'elle peut obtenir une recette
de 2e classe (maximum, 2.200) et même une
jre classe (maximum, 3.000).
Ce faisant, l'on sortira de la question
qui est celle-ci : l'emploi de receveuse de
bureau simple de 3' classe, e«?t-il un emploi
d'avancement réservé aux dames-em-
ployées ? Oui.
Alors pour quelles rai-sons donne-t-on à
la receveuse un salaire inférieur à celui de
la dame employée ?
L'obtention dune recette de classe supé-
rieure est trop aléatoire et subordonnée à
des considérations trop souvent étrangères
au service, les vacances étant très rares
et disproportionnées avec le nombre des
ayants-droits. -
On nous fera également valoir que les re-
ceveurs et les receveuses touchent des re-
mioos; des émoluments accessoires, des al-
locations diverses.
A cette allégation, nous répondrons que
l'Administration considère les remises, d'une
part, comme une indemnité de gestion pour
travaux supplémentaires, ceci pour se dis-
penser d'élever les traitement de fonction-
naires fournissant un labeur moyen de 14
à 16 heures par jour (chiffres que nous
prouverons le cas échéant) et, d'autre part,
elle prétend faire état de ces mêmes remi-
ses pour rétribuer le travail exécuté par
nos aides, ce qui la dispense également de
payer ces auxiliaires indispensables ; H
est avéré que les frais d'aide alloués sont
notoirement insuffisants dans tous les bu-
Les remises générales sont donc entière-
ment englouties par les frais de gestion,
trop lieureu xsi le traitement nous reste
liquide.
En ce qui concerne la déchéance de trai-
tement subie, la situation n'est pas uni-
que aux dames employées passant rece-
veuses de 3 classe, les expéditionnaires,
commis principau xet rédacteurs nommés
receveurs de bureaux simples ,se trouvent
exactement dans le même cas.
Par suite de cet étraneg hiérarchie, les
receveurs de bureaux simples de toutes
classes ont été 'rejetés au-dessous des ré-
dacteurs, au-dessous de commis princi-
paux, au-dessous des ocmmis, au-dessous
des expéditionnaires, au-dessous des da-
mes employées, au-dessous de tous les
agents, de sorte qu'on a fini par considé-
rer cette élite comme auantité négligeable.
Il est indéniable cependant que 'e rece-
veur'de 3e simple vaut bien au moins la
dame employée, que lé receveur d? 2e sim-
ple vaut bien au moins le commis, que ce-
D'après les renseignements puisés aux
sources mêmes, -c'est-à-dire chez nos adhé-
rents et faciles à contrôler, le rapport des
recettes simples de 3e classe varie entre
200 et 800 francs, y compris les frais d'ai-
de et les frais de régie.
Les moindres bureaux sont tenus d'em
ployer une aide ; il est de notoriété admi-
nistrative qu'elle leur coûte au minimum
45 francs parfois, dès qu'elle est en état
d'être de quelque utilité, soit de 500 à 800
gat an.
Reste ensuite à pourvoir à l'éclairagit
et au chauffage des locaux, à se pioçu*
rer les fournitures indispensables ; conta
me les frais d'aide, les trais de régie ne
suffisent pas, loin de là.
lui de Ie vaut bien au moins le commis
principal ; leur tâche est plus lourde, leurr
responsabilité plus étendue ; théorique.
ment et effectivement, l'emploi de receveur
(nous le répétons ,car on semble l'ignorer)
constitue un emploi d'avancemoot pour les
trois catégories dragents ci-dessus nom*
més.
Il existe une autre raison pour laquelle
nous avons toujours été les éternels ou<
bliés.
Parce que les isolés, jusqu'à ce jour, dis-
séminés dans tous les coins de la France
confiants dans la sollicitude de l'adminis-
tration, nous n'avons jamais fait entendre
nos doléances avec autant de force que les
autres agents.
Nous espérons fermement que notre voix
sera écoutée, notre état d'infériorité étant
mieu xconnu, et que le Parlement, mieux
éclairé, ave d'approbation de nos chefs,
tiendra à honneur de relever nos traite.
ments. C'est une question vitale pour nous,
une question sociale à solutionner.
Au siècle où nous vivons, avec les besoins
nouveau xqui surgissent, la cherté de plus
en plus grande de la vie en général ,nous'
souffrons et sommes peinés d'une médio-
crité aussi imméritée ; aussi, nous avons..
sans révolte, par les moyens pacifiques,
par les voies légales, le désir ardent d'en
sortir.
Nous ne doutons pas qu'en haut lieu Où
l'on sait que les receveurs sont la cheville
ouvrière de notre puissant organisme pos-
tal, on apprécie comme elles le méritent
nos qualités profpssionelles, labeur et as-
siduité, probité et effacement.
Nous espérons, de notre côté, que le
Parlement fera son possible, pour re-
médier à la situation assez précaire du
personnel des bureaux de poste dont le
dévouement est légendaire et constitue
la base même de la prospérité commer-
ciale et industrielle de notre pays.
Jean CLERVALV
1H FaUieres Bn Venrège
L'Excursiosi à Holmenkolien
Christiania, le 2 août. Le roi et la reine
sont partis ce matin avec le président et
sa suite pour Holmenkollen, point situé'
sur la hauteur et d'où l'on découvre toute
la vallée d Christiania et la mer avec ses
centaines de petites et grandes îles, et lesj
montagnes des Alpes scandinaves avec
leurs foêts de bouleaux et de pins.
L'excursion s'est continuée jusqu'à la)
riante presqu'île de Bggdoe où le prési-
dent visita et admira la résidence estivale
des souverains norvégiens et prit une lé-
gère collation. Sur tout le parcours, à
l'aller et au retour, citadins et paysans ac-
courus firent une longue ovation au pré-
sident, aux souverains, à la France.
L'excursion offerte aux conseillers munici-
paux et journalistes
Christiania, le 2 août. — Ce matin une
excursion en bateau a été offerte aux con-
seillers municipaux de Paris et aux mem-
bres de la Peesse française qui accompa-;
gnent le président. -
Le bateau qui a fait le tour du fjord de
Christiania a été très acclamé par les po-i
pulations.
Le temps est beau.
Le retour du président
Citristiania, 1. aom. — Le président de ta
République après son excursion s'est em-
barqué à 4 heures pour la France.
——— ———
CONSEIL DES MINISTRES
Le président de la République devant;
rentrer à Paris demain soir, les ministres'
ont été convoqués pour un conseil qui se ji.
tiendra mercredi matin à l'Elysée. r
'———————————— ———————————
«
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER j
Un agriculteur tue une jeune fille à coupe
deptoche. ,
Berlin, 2 août. - On télégraphie de Co-
logne au Lokal Anzcigcr que l'agriculteur
Neff. de Wmzenbach (Basse-Alsace), pas-1
sait en voiture à travers champs, lorsqu i.
rencontra une jeune fille dont il recherchai
la main.
De nouveau repoussé par elle, il fut saisi :
de rage et de jalousie et lui fendit le cràne
à coup sde pioche.
Le meurtrier fut arrêté par les gen-'
darmes au moment où il voulait prendre la'
fuite.
Un boulanger tue sa maltresse
et se suicide
Berlin. 2 août. — Le garçon -boulanger
Eile Heim, poussé par la jalousie, a tuée
cette nuit, sa maîtresse, Linda Muschacl4
femme mariée et abandonnée de son mari1 ;
à cause de sa légèreté. -
Il s'est ensuite tiré une balle dans la tête.,
Linda Muschack était mère de deux enfante,
de trois et de deux ans.
LES FETES D'AUXERRE -,-
,
On Siiit que M. Clemenréau, président de
conseil, s'est vu dans l'obligation de renon-
cer à assister hier aux fêtes d'Auxerre.
C'est le ministre de la guerre seul qui
représenta le gouvernement à ces fêt.es ,
Le généra) Picquart est parti hier matin",
par in gare de Lyon, à onze heures vingt.
Il était accompagné par son chef de cabi-1
net, le tfétiéral Toutée, et par un de ces of.
ficiers d'ordonnance.
Le ministre a visité l'exposition qui sè
tient en ce moment à Auxerre, et a inatf*
guré l'hôtel de la caisse d'épargne et ^le «w»—
m hôpital militaire* -.:
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.9%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.9%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7549484k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7549484k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7549484k/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7549484k/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7549484k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7549484k
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7549484k/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest