Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-27
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 juillet 1908 27 juillet 1908
Description : 1908/07/27 (N14017). 1908/07/27 (N14017).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75494761
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
W. I4017.-Sinwfœtdor An 116
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; Annal 27 Juillet 1908. —H' 14017.
AUGUSTE VACQUERIE
.0, ABONNEMENTS
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Wi..î:„ 2 Ir. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 2 - 6 - i t - 20 —
Union Postale 2 - 9 - t6 - 32 —
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AUGUSTE VACQUERIE
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF. C'"
6". de ta q,.,urse
et aux BUREAUX DU 50Z7&K41
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Xâ
TRIBUNE LIBRE
VERS LA LIBERTÉ
Un des faits qui domine-
ront l'histoire du début de
ce siècle, est certainement
cette agitation révolution-
naire qui s'est propagée
chez les peuples dont les
îlot) urs politiques n'avaient pas encore
-:té modifiées par le grand mouvement
de la Révolution française.
Une à une, les nations qui, jusqu'a-
lors, étaient restées Courbées sous le
ioug du pouvoir absolu s'éveillent, et
nous les voyons tvivre, chacune tPour
son compte, les épreuves douloureuses
mais salutaires et libératrices par les-
quelles sont passées leurs devanpières,
les nations de l'Europe occidentale.
La Russie, la Perse, la Turquie, la.
Chine même offrent, en ce moment, le
même spectacle. C'est chez tous ces
peuples restés en arrière de la civilisa-
tion et du développement intellectuel
moderne ,1e même effort véhément pour
briser les servitudes du passé et pour
ge mettre au niveau des pays dont l'é-
vnancipation politique est faite.
Certes, c'est en Russie que cette lutte
pour la liberté s'est montrée surtout
claire et tragique, car si la masse du
.peuple russe est encore arriérée et suit
passivement des impulsions contradic-
toires, il s'est trouvé une élite, nette-
ment consciente du but à atteindre, et
qui a eu assez d'énergie et de courage
cour affronter tous les périls. --.
& Dès maintenant, grâce aux efforts
admirables de cette élite, une conquête
énorme a été faite : il y a, en Russie,
une assemblée délibérante. M. Pichon
a sans doute forcé la note en disant,
dans sa réponse à M. Vaillant, que dé-
sormais ia Russie est un Etat consti-
tutionnel, puisque le seul document
qui puisse être regardé comme une
charte constitutionnelle — le manifeste
publié par le tsar en octobre 1905 -
a été violé par le tsar lui-même, lors-
qu'il a transformé la loi électorale
après la dissolution de la deuxième
Douma.
Pourtant, le premier pas est fait et
le tsar et ses ministres ont beau s'ef-
forcer de maintenir le mot : autocratie.
l'institution parlementaire vit en Rus-
sie.
Cet événement a une importance ca-
pitale. Assurément les tristes procédés
qu'emploie le tsarisme pour refouler
J'action révolutionnaire en cachent au-
jourd'hui le véritable caractère. Ce
qu'on voit surtout, ce n'est pas l'effort
fécond que la Douma, malgré sa com-
position réactionnaire, accomplit pour
établir l'ordre légal dans ce malheureux
pays, livré naguère encore à tout l'ar-
bitraire d'une bureaucratie sans fin.
L'attention n'est occupée que des pen-
daisons et des massacres qui se succè-
dent sans interruption et auxquels ré-
pond le bruit des bombes. Mais il n'en
est pas moins vrai que grâce à la Dou-
ma, premier pouvoir de contrôle, pre-
mière ébauche de représentation natio-
nale, un régime nouveau s'organisera
en Russie. Plus que tous autres, les
Français, alliés de la Russie, doivent
souhaiter que l'institution parlementai-
re se développe et s'affermisse dans ce
pays, car si notre intérêt national exige
la continuation de l'alliance, est-ce que,
comme démocrates, comme républi-
cains, nous pouvons rester insensibles
'à toutes les horreurs qui se commettent
là-bas ?
Les efforts que font les peuples en-
core asservis pour arriver à la liberté,
ne peuvent laisser indifférente la nation
qui a donné l'exemple magnifique de
1789.
Comme nos pères, les républicains de
Jepoque héroïque suivaient avec une
sympathie passionnée les luttes soute-
nues par les différents peuples d'Europe
pour conquérir et l'indépendance natio-
nale et le droit politique, aujourd'hui
nous devons nous réjouir du mouve-
ment général qui entraîne les pays res-
tés en arrière.
: Pour qui est capable de réflexion, ce
n'est pas un spectacle sans intérêt que
ette sanglante bataille qui se livre en
Perse, pour la Constitution, le nouveau
shah et ceux qu'on appelle les « natio-
nalistes » et qu'on ferait mieux de nom-
iner les « patriotes n. Que de pareils
laits puissent se produire en Perse,
c'est déjà une révélation.
De même, quoi de plus saisissant que
fa levée soudaine, mais disciplinée et
méthodique, de ces Jeunes-Turcs qui,
abjurant les vieilles haines de race et
île religion, veulent à la fois rénover
4eur pays et résoudre la question d'O-
rient par la liberté ?
, Il est difficile de prévoir quel sera lé
résultat de leurs efforts. car tes vieilles
rivalités européennes ne sont pas étein-
tes et les populations Balkaniques sont
encore bien barbares ; mais si l'on se
refuse à admettre que les puissances
prennent directement parti contre les
Jeunes-Turcs, on peut espérer qu'un
coup décisif sera porté à la tyrannie
d'Abdul-Hamid.
Ainsi s'étendent par le mondé et pé-
nètrent jusque dans les plus vieilles ci-
tadelles du despotisme, les idées nou-
velles. Peut-on apprendre sans étonne-
ment qu'il y a, en ce moment, en Chine,
un mouvement révolutionnaire très in-
tense dont les chefs se déclarent répu-
blicains et socialistes ? Ce mouvement,
que d'ailleurs nos autorités coloniales
combattent — ce qui est peut-être aussi
imprudent qu'injuste dans l'état d'effer-
vescence où se trouve toute la race jau-
ne — est, pour le moins, un symptôme
fort intéressant.
Il indique qu'il n'y a plus de pays
« fermés » et que partout l'esprit mo-
derne circule.
Comment ne pas trouver dans cet
élan général qui emporte les peuples
restés si longtemps passifs, vers le pro-
grès et vers la liberté, une constatation
vraiment encourageante pour ceux en
qui vit l'idéal de la Révolution françai-
se, qui, dans son grand effort de libé-
ration, ne pensait pas seulement à la
patrie, mais à toute l'humanité ?
René RENOULT,
Député de la Haute-Saône.
LA POLITIQUE
LE CAS DE M. BUISSON
On voulait blâmer M. Fer-
dinand Buisson Pour indisci-
pline. Il a laissé faire ses ad-
versaires maladroits, puis en-
levé l'assentiment de la Fédé-
ration radicale socialiste de la
beine, en faveur de son interprétation
loyalement démocratique de la discipline
républicaine. -
Il a fait répudier les candidatures de
tous les malins, mauvais démocrates, qui
se mettraient d'accord tacitement ou ver-
balement avec les progressistes ou les
cléricaux pour faire contrepoids à un
concurrent uniquement soutenu par des
républicains.
Une fois encore, spectacle réconfor-
tant, nous voyons désavouer les impru-
dents du parti radical, amateurs d'une
conversion à droite.
M. F. Buisson, q.ue tout désignait pour
arrêter la manœuvre, a pleinement réus-
si Le laïcisateur de nos écoles, le lieute-
nant pédagogique de J. Ferry, le coura-
geux citoyen des temps de l'Affaire, le
parlementaire sincèrement attaché aux
principes de son parti, dont il est l'histo-
rien et le théoricien, a fait hier une in-
tervention décisive.
Il est temps de mettre fin aux sollici-
tations de la droite et du centre, il est
temps de revenir à la politique du Bloc.
Avec M. Buisson, la Fédération radi-
cale socialiste de la Seine vient de le
proclamer à nouveau. C'est de bon au-
'gure pour le Congrès de Dijon.
Nos amis les radicaux et radicaux so-
cialistes des départements suivront l'im-
pulsion- de la Fédération 'de la Seine
non pas seulement avec plaisir, mais en-
core avec empressement.
Beaucoup d'entre eux se demandaient
depuis longtemps déjà vers quelles
aventures rétrogrades les conduisaient
certains radicaux chers au cœur des jour-
naux progressistes. Qu'ils se rassurent.
Les naufrageurs seront débarqués: cc Le
devoir de tous les groupements radicaux
et radicaux socialistes est de ne consi-
dérer en toutes circonstances que l'intérêt
supérieur de la République démocratique
et sociale. » Le mot d'ordre de la Fédé-
ration de la Seine sera celui de tout le
parti.
LES ON-DIT
} NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil, à 4 h. 26 : coucher à
7 h. 45.
Matinées. — Théâtre Antoine, Palais"
Royal, Folies-Dramatiques, Déjazet, Cigale,
Cirque Médrano, Théâtre de la Nature
(Champigny), Théâtre de verdure (Pré-Ca-
telan), Théâtre sous bois (Marne-la-Jolie).
Courses à Maisons-Laffitte.
Un beau vers.
Maujan consultait M. le président du
conseil sur un vers de Jacques Bon-
homme, dont il est l'auteur.
rr- Il n'est pas mal, fit M. Clemen-
ceau, mais il y a des longueurs ! ,:,
seS terres. .¡ r" ; -;. ',-"
— — ;' < f t. .-..-'
Un gentilhomme Secave mais demeu-
ré plein de morgue et d'orgueil, se plai-
sait à éblouir constamment ses interlo-
cuteurs en vantant l'étendue de ses ter-
res, de ses domaines, de ses bois, de
ses hautes futaies, stc.
« Ses hautes futaies, dit un bon ami,
je veux bien qu'on m'étrangle, s'il en
a seulement de quoi faire un cure-
dent l »
Du a Cri de Paris » :
On remarque volontiers que M. Cle-
menceau mène parfois la Chambre à la
cravache. C'est que M. Clemenceau est
excellent cavalier et a toujours aimé les
exercices équestres.
Ce goût lui valut autrefois un bien
joli privilège. C'était à l'époque où Il sé-
journait aux Etats-Unis. Il y était allé
en 1863 pour s'instruire en voyant de
près une République. Son père lui en-
voya d'abord des subsides, puis, pour
l'habituer à se tirer d'affaire tout seul,
lui coupa les vivres. ,
M. Clemenceau chercha une place et
trouva un emploi de professeur de fran-
çais dans une institution de demoisel-
les, à Stamford, dans le Connecticut,
aux environs de New-York.
La directrice de ce pensionnat étaiv
une personne pratique. Ayant eu con
naissance du talent d'écuyer de so j
maître de français, elle songea à tirer
doublement parti de lui, et elle le chai -
gea d'accompagner les « grandes » dan 5
leurs promenades à cheval à travers li
campagne.
M. Clemenceau caracolait au milieu
d'une douzaine de jeunes misses, blon
Ses comme les blés, et la leçon de fran.
çais se donnait dans l'air pur, au mi
lieu des plus jolis paysages.
M. Clemenceau a toujours conservai
une grande admiration pour l'éducatior
américaine.
AUTREFOIS
Rappel du 27 juillet 1872. — Le duc d-t
Guise, dernier fils du duc d'Aumale, èst
mort. Il était né en 1854 ; il préparait l'exa-
men de l'Ecole polytechnique.
Chaleurs intenses : deux soldats du 70'
de ligne qui rentraient à la caserne Baby-
lone sont tdmbés frappés d'insolation sur la
place de l'Odéon.
L'ex-empereur va faire une saison à
Carlsbad, où il descendra à l'hôtel du Ca-
non.
On va vendrc, sur une mise à prix de 9
millions, le terrain de la rue de Rivoli où
s'élevait le ministère des finances incendié
en 1871.
..Le bureau spécial établi à la Bourse
pour la reconstitution des actes de L'état
civil brûlés en 1871, a reçu jusqu'à présent
environ 70.000 copies authentiques,
M. Richard, acteur du théâtre Cluny, a
présenté à son directeur, M. Larcchette,unc
pièce en deux actes intitulée : les Enfants.
M. Larochette a refusé le manuscrit et a
conseillé à l'auteur de réduire sa pièce en
un seul acte.
M. Richard et refait sa pièce en trois ac-
tes et l'a portée à la Comédie Française qui
l'a acceptée.
Grèves dans le Nord. A Denain la troupe
a fait feu : un mineur a été tué.
En Louisiane.
- Prévenu, vous reconnaissez avoir
frappé brutalement le nègre qui vient
de faire sa dépositon. et cela sans pro-
vocation de sa part..î vous ne l'aviez
jamais vu.
— Mon président, vous ne pouvez
pas ignorer qu'il y a des jours où l'on
est disposé à broyer du noir !.
CARNET LITTÉRAIRE
Les Voix de la ràîfiftii
par Jules Huré.
Une Il coquille » d'imprimerie a déparé,
hier,l'article que nous avons consacré au li-
vre excellent de M. Jules Huré. On a, tout
le long de notre article, changé le nom de
Jules Huré en celui-ci qu'ignorent les lettres;
Jules Haie.Et moi qui croyais avoir une écri-
ture lisible pour nos amis les typos ! Enfin,
lisez ; Jules Huré ; et ne retirez rien des
compliments que j'ai adressés à son livre.
- MAURICE CABS.
Les funérailles en Chine.
Les Chinois pourraient, comme nous,
se plaindre qu'on leur fait payer trop
cher leurs funérailles. Le tarif ordinaire
est de 120 francs pour la classe labo-
rieuse, 1.000 francs pour la classe
moyenne, 2.500 francs pour les person-
nes riches et 25.000 francs pour les
membres de la noblesse. Les pauvres
s'en tirent avec une vingtaine de francs,
quand ils les ont.
Pour M. Caillaux.
Le crédit, disait Rivarol, est la seule
aumône que l'on puisse faire à un grand
Etat. -
Chemins de fer mexicains.
Certains chemins de fer du Mexique
détiennent certainement le record, si-
non du confort, du moins du luxe dans
la construction.
Sur certaines lignes, la voie est recou-
verte de minerai d'argent, les ponts
sont en marbre blanc et les rails re-
posent sur des traverses en ébène ou en
acajou. Cette apparente extravagance
s'explique par le fait qu'il a fallu utili-
ser les matériaux qui étaient le plus à
portée. Des matériaux ordinaires au-
raient coûté beaucoup plus cher.
Talon rôtigs.
Un officier cïes dragons de la reine
avait fait ses adieux à sa jeune femme
Le lendemain il revint. : 4
i— Quoi, monsieur, dit-elle, c'est vous ?
Je vous croyais parti pour TarméûJUï
— Que voulez-vous ? La gloire avait
bridé mon cheval, l'amour l'a débridé !
.—————————— ——————————-
Le modernisme
accentue ses progrès
A propos de tout, comme à propos de
rien,, les cléricaux ont l'habitude de dire
qu'il pileut sur le temple de la maçonnerie.
Nous pouvons bien dire, à notre tour,
qu'il pleut sur le Vatican, et sérieusement.
C'en est au point que Pi * X se demande
si son Seigneur et Maître ne va bientôt
songer à lui épargner, par un éclat de sa
puissance divine, 'es cruelles épreuves mo-
rales qu'il traverse en assistant au spec-
tacle d'une infiltration de plus en plus dé-
concertante des idées du modernisme dans
les rangs de ses prêtres.
Il a beau frapper de ci, frapper de là, dis-
tribuer à tour de bras lef excommunica-
tions les plus majeures et les plus foudro-
yantes, rien n'arrête le mal contagieux qui
envahit les dogmes de son Eglise. Ce n'est
même pas le doute qui s'empare des cons-
ciences de ses collaborateurs les plus qua-
lifiés. c'est la négation. Et quelle négation ?
Celle qui s'appuie sur des faits historiques,
sur des données scientifiques, sur des rai-
sonnements rigoureux, pour faire litière du
mensonae, du préjugé et de l'erreur.
La raison du plus fort est toujours la meilleure,
a dit le fabuliste. Mais Pie X sent bien que
si, jusque là, le Saint-Siège a pu dominer
de toute son autorité toutes les puissan-
ces d'émancipation qui se sont manifes-
tées dans le sein même de l'Eglise, le jour
est peut-être proche où cette autorité Be-
ra battue si violemment en brèche qu'elle
sera forcément entamée et réduite à des
concessions telles, qu'elles pourraient avoir
un véritable caractère révolutionnaire.
Car. ce n'est plus seulement du côté des
simples prêtres, comme l'abbé Loisy e1
quelques autres, que se manifeste l'esprit
critique, c'est aussi du côté des ordres re-
ligieux considérés jusqu'alors comme les
gardiens farouches de la doctrine intangi-
ble de l'Eglise.
Ne vient-on pas, en effet, de téléphoner
de Rome à la Gazette de Turin que le Père
Bar toli , rédacteur à la Civilila Catholica et
Bartoli, de VAutobiographie d'un surhomme,
auteur
vient, en raison des accusations de mo-
dernisme dont il est l'objet, d'abandonner
la Compagnie de Jésus à laquelle tl appar-
tenait ? •
Et le journal italien ajoute, comme s'il
voulait tourner le fer rouge dans la plaie
ouverte au flanc de l'Eglise, que le Père
Bartoli a presque terminé et fera bientôt
paraître un ouvrage d'exégèse sur les
Evangiles, qui sera d'un radicalisme avan-
cé et peut-être plus prononcé encore que
celui de l'abbé Loisy.
Si on se met à attaquer les Evangiles,
Pierre, Luc, Mathieu et Jean n'étant plus
là pour les défendre, il y a des chances
pour quP Pie X soit finalement impuissant
à empêcher l'esprit critique et réformateur
de s'introduire dans son Eglise.
L'évolution étant la loi naturelle de tou-
tes choses, il était fatal qu'un jour ou l'au-
tre sa puissance se manifeste jusque dans
l'Eglise.
Que Pie X le veuille ou non, l'édifice re-
ligieux dont il a la garde croulera sous
l'effort inéluctable de la vérité, de la scien-
ce et de la raison, comme l'écrivait si jus-
tement l'honorable M. Emiles Combes, il y
a quelques mois seulement.
Le divorce qui fut prononcé entre notre
Etat laïque et l'Eglise n'aura pas nui au
réveil de l'esprit critique que nous consta-
tons. Nous ne pouvons que nous en féli-
citer. - P. G.
- -
La vierge à la coque
Cette pauvre sainte Vierge n'a décidé-
ment pas de chance.
Mariie Alacoque la voyait dans un cœur
de mouton. Bernadette Soubirous l'aperce-
vait dans une grotte. Aujourd'hui, des
charretiers, du côté de Fréjus, la retrou-
vent dans un grêlon ! Oui, ma chère, dans
un grêlon gros comme un œuf ! C'est à
vous donner froid dans le dos 1
Un de nos amis et collaborateurs nous a
déjà parlé de cette charmante histoire :
Il iparatt que les charretiers, en ouvrant
le grêlon, ont vu une belle effigie de la
Vierge, portant un voile et une couronne
et tendant les mains.
A quand l'apparition de la Vierge dans
un rosbif, u-n plat d'épinards ou un salmis
de canards ? Cela viendra, car la compa-
gne de papa Pigeon a l'humeur voyageu-
sc, et aime à se payer la tête de ses fidè-
les.
Nous ne trouvons rien à redire à cela.
Nous continuons toutefois à protester
contre l'injustice dont Papa Pigeon reste
la victime. En effet, pendant qu'on élève la
Vierge Marie à la hauteur d'une divinité,
papa Pigeon — qui a pourtant contribué à
la naissance du petit Jésus — est accom-
modé aux petits pois ou sert de cible à des
tireurs mondains. Est-ce juste ? Voyons 1
Est-ce iuste ?
Le fait s'est passé à Bagnols, dans le
Var. L'endroit est-il propice à l'exploita-
tion d'un miracle ?
C'est probablement la question essen-
tielle qui va être débattue. Le coup du
grêlon est vraiment original. Il nous
change un peu avec les apparitions dans
les nuages, les vitraux, les viscères, les
grottes et autres numéros plus ou moins
chiqués ou - défraîchis.
Nous souhaitons vivement pour l évêgue
de Fréjus que sa Vierge à la coque fasse
de l'argent. Nous sommes même prêt à
faire de la réclame autour du mirifique
grêlon qu'on aurait au moins dû empail-
ler ; nous ne posons qu'une condition,
c'est qu'on tire de l'oubli le malheureux
Papa Pigeon, auquel on pourrait bien éle-
ver un petit temple à côté des splendides
monuments consacrés à sa complice Ma-
rie.
Le pigeon devrait être un oiseau sacré.
Un d'entre eux a été choisi pour cornifier
Joseph. Tous devraient donc bénéficier de
cet acte miraculeux. Au lieu de béatifier
l'oiseau-Dieu, que faisons-nous, vils mé-
créants, nous le lardons et; le faisoîis ris-
soler dans une casserole !
Oh ! ingratitude humaine ! Oh 1 vanité
dp:s vanitÓs L' C. .-
LA REVOLUTION EN TURQUIE
AIISTIE POLITIQUE DElEBILE
Les progrès des Jeunes-Turcs. — Le sultan renonce à toute
répression. — La Constitution.
Le sultan essaie par de nouvelles conces-
sions de calmer la population. On annonce
l'apparition d'un iradé accordant une am-
nistie générale aux accusés politiques.
Le ciiangement du grand-vizir a complè-
tement surpris la diplomatie èt, le monde
des affaires, et a été accueilli en Bourse
par la hausse.
Cette circonstance que le départ de Férid
pacha a eu lieu deux jours après réception
de la nouvelle de son élévation dans l'ordre
allemand de l'Aigle-Noir, fait l'objet de
nombreux commentaires. On considère cela
comme une défaite de la politique alleman-
de et trtplicienne sur les bords du Bos-
phore.
Le vali de Monastir, Hifzi pacha, a dé-
missionné à la suite des récents événe-
ments, et on considère comme certaine la
démission d'autres fonctionnaires.
Les nouvelles alarmantes relatives à l'ap-
pel des réservistes bulgares sont démenties
du côté bulgare et dans les milieux diplo-
matiques.
Avant-hier, à Salonique, un soldat a tiré
quatre coups de feu sur le lieutenant-colo-
nel Nazina, qui partait pour Constantinople.
L'officier n'a pas été touché.
Une dépêche consulaire, reçue ici dans
une ambassade, annonce de nombreuses
désertions dans la garnison de Vodena.
La Constitution
Constantinople, 23 juillet.
L'octroi de la Constitution a enthousias-
mé les intellectuels du parti jeune-turc ;
les masses gardent une attitude calme ; les
chrétiens sont indifférents. De nombreuses
dépêches de remerciements parviennent de
la province à Yildiz-Kiosk.
A Stamboul, les troupes revenant du e.
lamlik, ont été saluées par des vivats ptfur
le sultan.
La cérémonie du Seiamlik a eu lieu com-
me de coutume.
Les imprimeries des journaux turcs" sont
pavoisées.
Hier soir, des illuminations ont eu lieu.
La ville est tranquille et conserve son
aspect ordinaire.
Le sultan s'est rendu hier,.comme d'ha-
bitude. au Selamlik. Le nouveau ministre
de la guerre était à ses côtés. ç.
Toute la presse turque .se réjouit de la
nouvelle situation, et fait ressortir que le
changement qui vient de se produire f.e
s'est pas effectué comme en F'erse et en
Russie, où il y a eu des victimes.
Les journaux publient le texte ae la
Constitution de 1876, ainsi que le rescrit
adressé à Midhat (paélia au sujet de ce do-
cument. La population fait preuve d'en-
thousiasme, (mais a une attitude digne.
Les puissances et la Macédoine
Berlin, 25 juillet.
Quelques journaux étrangers, entre au-
tres le Giornale d'Italia, ont parlé de la pos-
sibilité d'une intervention des puissances
en Macédoine, par suite de la situation
créée par le mouvement jeune-turc.
On déclare à ce sujet, dans les milieux
autorisés, que selon les renseignements
parvenus à Berlin, aucune puissance ne
songerait à une pareille intervention et
qu'on laisserait la Turquie, comme cela ré-
ipond d'ailleurs au sentiment et du gouver-
nement et des Jeunes-Turcs, régler elle seu-
le cette affaire d'ordre intérieur.
Le sultan abdiquerait
Berlin, 25 juillet.
Le correspondant à Constantinople du
Belrliner Tagblatt dit avoir appris de bonne
source que le sultan aurait exprimé dans
la séance de nuit du conseil, l'intention
d'abdiquer en faveur de son tils préféré,
Burhan Eddin.
Tout Stamboul a arboré des drapeaux
dans sa joie de la convocation du Parle-
ment. -
Les valeurs turques ont toutes subi une
hausse à la Bourse.
Un télégramme de Constantinople à la
Gazelle de Voss enregistre également le
bruit d'une abdication imminente d'ADdui
Hamid en faveur de son fils préféré,
L'ordre en Macédoine
Athènes, 25 juillet.
Des nouvelles sûres annoncent que l'or-
dre est parfait dans toute la Macédoine où
se produisent des manifestations de joie.
A Monastir, la population grecque a tenu
un imposant meeting dans lequel la procla-
mation de la Constitution a été saluée avec
enthousiasme.
A Serrés, la proclamation de là Constitu-
tion a eu lieu devant une foule de quinze
mille hommes. Les chefs religieux y assis-
taient. Après la lecture de l'iradé, le métro-
polite grec, le mufti et un prêtre bulgare se
sont embrassés aux applaudissements fré-
nétiques de la foule. Le métropolite grec
s'est alors adressé aux manifestants et a
exprimé l'espoir que l'octroi d'une Consti-
tution par le sultan donnera à tout le pays
la paix et le bonheur.
Parmi la population, on remarque un
apaisement complet et une affirmation de
fraternité. Les chefs des communautés re-
ligieuses ont adressé une dépêche collective
au sultan. Les manifestants, musique en
tête, ont parcouru la ville en acclamant la
Constitution. Devant le consulat hellénique,
les musiques ont joué l'hymne grec ; la
«foule poussait des cris de liberté. Plusieurs
officiers ont visité le consul de Grèce.
A Salonique, des manifestations analo-
gues se sont produites. Le maire a haran-
gué la foule et a annoncé que le nom de
place de la Liberté était donné à la place
Olymnos.
Enver bey est arrivé et a rendu visite à
Hilmi. Ils se sont embrassés tous les deux
aux acclamations de la foule.
- - L'impression en Grèce
La présse entière accuelle avec satisfac-
tion le changement politique survenu en
Turquie, et exprime l'opinion que si le ré-
gime libéral est sincèrement appliqué, l'élé-
ment grec -ne peut qu'y trouve-r l'occasion
d.'une croissante prospérité.
: Les. réformes
Constantinople, 25 juillet.
On entend de tous côtés les amis sincè-
res dé la Porte déplorer !1u9,le rétablisse-
ment de la Constitution ait eu lieu si tardi*
vement et qu'on n'ait pas devancé les Jeu.
nes-Turcs dans leur proclamation de Ici
Constitution ; la Porte se serait ainsi assu*
ré, dit-on, le mérite de l'octroi volontaire da
celte Constitution.
Il est à noter qu'en Macédoine les victi-
mes de la manifestation jeune-turque en fa-
veur de la Constitution sont peu nombreu-
ses ; on ne signale jusqu'ici que le meurtre
du caïmacan d'Elassona et celui d'un com-
missaire de police à Serrés. Le nombre to-
tal des victimes du mouvement s'élève à en-
viron une douzaine.
Les troupes et les musulmans s tainement, à l'heure actuelle, maîtres de la
Macédoine, ce qui naturellement fait tempo-
rairement disparaître tout programme eu-
ropéen de réformes et toute action en vue
des réformes.
Panni les nombreux événements qui se
sont passés hier et avant-hier, il faut sur-
tout noter les suivants : on connalt l'enlè-
vement d'Osman pacha par le commandait
Niazi ; d autre part, à Urkub, le général do
division Hussein Ramsi pacha, qui refusait
de se joindre au mouvement, a été forcé
de partir pour Salonique.
A Salonique, le général de division Hadik
pacha a été obligé de rester neutre ; enfin,
h Monastir et dans d'autres localités, tous
les détenus ont été libérés des prisons.
C'est dans le conseil des ministres extra-
ordinaire qui s'est tenu hier à Yildiz-Kiosi:
et qui a^duré de trois heures de l'après-miiii
à onze heures du soir, que l'octroi de la
Constitution fut décidé et sanctionné. Diver-
ses versions circulent sur les incidents de
ce conseil des ministres qui fut agité. ; sui-
vant l'une d'elles, le grand-vizir Saïd pachs
aurait été, pendant quelques minutes, des-
titué.
Depuis ce matin, des masses de dépêches
de remerciements sont parvenues à YildÚ-
Kiosk.
Pendant que les troupes, ce malin, se
rendaient au Sélamlik, mes Grecs leur ont
fait devant la Bourse de Galata une ova-
tion en criant : « Vive le sultan ! Vivent le
sultan et l'armée ! »
La Bourse a salué l'octroi de la Constitu-
tion par une forte hausse. Les troupes, re-
venant de Sélamlik, ont été l'objet, dan:;
Stamboul, de grandies ovations de la part
d'une foule qui criait : « Vive le sultan ! »
La presse turque a adressé au sultan une;
dépêche de remerciements. A la cérémonie
du Sélamlik, le sultan a été acclamé par.
les troupes comme à l'ordinaire.
L'opinion en Russie
Saint-Pétersbourg, 25 juillet.
La promulgation de la Constitution tur.
que a causé une grande impression dans
les sphères officielles, dans l'opinion publi-
que et dans la presse.
On constate que le nouveau régime est
le meilleur. moyen de sauver l'Europe de
terribles complications.
Un haut fonctionnaire du ministère des
affaires étrangères a déclaré à des jounna-
distes que la Russie saluera avec satisfac-
tion la Turquierégériérée. Il a ajouté que,
selon des renseignements parvenus uu mi-
nistère, la Constitution n'est pas une ma-
nœuvre destinée à détourner l'attention du
peuple pour rétablir l'ordre dans l'armée.
mais que la réforme a été sérieusement ccn.
eue et qu'elle sera réalisée en pleine sic'
cérité.
(Voir la suite en Dernière lIeure)
LA JOURNÉE POLITIQUE
Une commission interministérielle
Le président du conseil, ministre de i'in-
térieur, vient de constituer ainsi la com-
mission interministérielle instituée en VM
d'étudier les moyens propies à assurer la
consommation directe par l'Etat des pro-
duits de la main-d'œuvre pénale :
Membres du parlement — MM. Fessard, séna-
leur ; Chaste net, député.
Justice. — MM. Delaroche-Vernet et Huchard
chefs adjoints du cabinet ; Musset, chef do bu-
reau.
Affaires étrangères. — M. Hamon, chef de la
division des fonds et de la comptabilité ; d&
Clercq, consul de France, chargé du service du
contrôle,
Finances. — MM. Wurtz, inspecteur des finan-
ces de 1" classe ; Reynier, chef du bureau du
matériel.
Instruction publique. — MM. Huet et Valen-
Uno, chefs de bureau. ,
Commerce. — MM. Chapsal. UireeMtr des
res commerciales et industrielles ; Dedet, chef
de bureau.
Travaux publics. — MM. Cros, Ingénieur av
service des approvisionnements généraux aux,
Chemins de fer de l'Etat ; Michel, chef du ser*'
vice intérieur du ministère.
Travail. — MM. Fagnot, enquêteur perma-
nent à l'office du travail ; négni, chef de bu-
reau.
Agriculture — MM. Bcrt, aUministrateur des
eaux et forêt»* ; Leroy, chef de bureau ; VUlla,
agent spécial, chargé du matériel de l'adminis-
tralion centrale.
Elections annulées
Lille, 21 juillet.
Après enquête, le conseil de préfecturt
du Nord a annulé les élections municipa-
les de Denain, qui avaient été favorables
à la liste socialiste.
♦ *
M. Ruau protège les cailles
A la veille de l'ouverture de la chaise, la
question de la protection de la caille ap-
pelle de nouveau l'attention du monde
cynégtique.
La caille est en effet, comme on salf,.
l'un des gibiers les plus intéressants : CNTSI
par excellence l'oiseau des chasses banales
et tout ce qui concerne sa conservation et
sa multiplication a uiid portée démocrate
que.
Un accord est intervent en 1901 nvee
l'Allema.crne poiir interdire, eur le terris
toire des Etats confédérés et en France, la
vente et le transoort, même en transit, des
cailles vivantes pendant la période de fer-
meture de la chasse.
L'effet de cette décisTop flg fegr ca~ Cuit
cura CIWl'IMM X.TB ailMHWO
i -r:,
; Annal 27 Juillet 1908. —H' 14017.
AUGUSTE VACQUERIE
.0, ABONNEMENTS
lia. Tnit mil Si WB BA
Wi..î:„ 2 Ir. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 2 - 6 - i t - 20 —
Union Postale 2 - 9 - t6 - 32 —
., a
AUGUSTE VACQUERIE
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF. C'"
6". de ta q,.,urse
et aux BUREAUX DU 50Z7&K41
Adresser toutes les Communications an Directeur
Adresser Lettres et Mandats au Directeur
ADMINISTRATION ET REDACTION: 44, Rue du Mail. - Téléphone: 102-82
Xâ
TRIBUNE LIBRE
VERS LA LIBERTÉ
Un des faits qui domine-
ront l'histoire du début de
ce siècle, est certainement
cette agitation révolution-
naire qui s'est propagée
chez les peuples dont les
îlot) urs politiques n'avaient pas encore
-:té modifiées par le grand mouvement
de la Révolution française.
Une à une, les nations qui, jusqu'a-
lors, étaient restées Courbées sous le
ioug du pouvoir absolu s'éveillent, et
nous les voyons tvivre, chacune tPour
son compte, les épreuves douloureuses
mais salutaires et libératrices par les-
quelles sont passées leurs devanpières,
les nations de l'Europe occidentale.
La Russie, la Perse, la Turquie, la.
Chine même offrent, en ce moment, le
même spectacle. C'est chez tous ces
peuples restés en arrière de la civilisa-
tion et du développement intellectuel
moderne ,1e même effort véhément pour
briser les servitudes du passé et pour
ge mettre au niveau des pays dont l'é-
vnancipation politique est faite.
Certes, c'est en Russie que cette lutte
pour la liberté s'est montrée surtout
claire et tragique, car si la masse du
.peuple russe est encore arriérée et suit
passivement des impulsions contradic-
toires, il s'est trouvé une élite, nette-
ment consciente du but à atteindre, et
qui a eu assez d'énergie et de courage
cour affronter tous les périls. --.
& Dès maintenant, grâce aux efforts
admirables de cette élite, une conquête
énorme a été faite : il y a, en Russie,
une assemblée délibérante. M. Pichon
a sans doute forcé la note en disant,
dans sa réponse à M. Vaillant, que dé-
sormais ia Russie est un Etat consti-
tutionnel, puisque le seul document
qui puisse être regardé comme une
charte constitutionnelle — le manifeste
publié par le tsar en octobre 1905 -
a été violé par le tsar lui-même, lors-
qu'il a transformé la loi électorale
après la dissolution de la deuxième
Douma.
Pourtant, le premier pas est fait et
le tsar et ses ministres ont beau s'ef-
forcer de maintenir le mot : autocratie.
l'institution parlementaire vit en Rus-
sie.
Cet événement a une importance ca-
pitale. Assurément les tristes procédés
qu'emploie le tsarisme pour refouler
J'action révolutionnaire en cachent au-
jourd'hui le véritable caractère. Ce
qu'on voit surtout, ce n'est pas l'effort
fécond que la Douma, malgré sa com-
position réactionnaire, accomplit pour
établir l'ordre légal dans ce malheureux
pays, livré naguère encore à tout l'ar-
bitraire d'une bureaucratie sans fin.
L'attention n'est occupée que des pen-
daisons et des massacres qui se succè-
dent sans interruption et auxquels ré-
pond le bruit des bombes. Mais il n'en
est pas moins vrai que grâce à la Dou-
ma, premier pouvoir de contrôle, pre-
mière ébauche de représentation natio-
nale, un régime nouveau s'organisera
en Russie. Plus que tous autres, les
Français, alliés de la Russie, doivent
souhaiter que l'institution parlementai-
re se développe et s'affermisse dans ce
pays, car si notre intérêt national exige
la continuation de l'alliance, est-ce que,
comme démocrates, comme républi-
cains, nous pouvons rester insensibles
'à toutes les horreurs qui se commettent
là-bas ?
Les efforts que font les peuples en-
core asservis pour arriver à la liberté,
ne peuvent laisser indifférente la nation
qui a donné l'exemple magnifique de
1789.
Comme nos pères, les républicains de
Jepoque héroïque suivaient avec une
sympathie passionnée les luttes soute-
nues par les différents peuples d'Europe
pour conquérir et l'indépendance natio-
nale et le droit politique, aujourd'hui
nous devons nous réjouir du mouve-
ment général qui entraîne les pays res-
tés en arrière.
: Pour qui est capable de réflexion, ce
n'est pas un spectacle sans intérêt que
ette sanglante bataille qui se livre en
Perse, pour la Constitution, le nouveau
shah et ceux qu'on appelle les « natio-
nalistes » et qu'on ferait mieux de nom-
iner les « patriotes n. Que de pareils
laits puissent se produire en Perse,
c'est déjà une révélation.
De même, quoi de plus saisissant que
fa levée soudaine, mais disciplinée et
méthodique, de ces Jeunes-Turcs qui,
abjurant les vieilles haines de race et
île religion, veulent à la fois rénover
4eur pays et résoudre la question d'O-
rient par la liberté ?
, Il est difficile de prévoir quel sera lé
résultat de leurs efforts. car tes vieilles
rivalités européennes ne sont pas étein-
tes et les populations Balkaniques sont
encore bien barbares ; mais si l'on se
refuse à admettre que les puissances
prennent directement parti contre les
Jeunes-Turcs, on peut espérer qu'un
coup décisif sera porté à la tyrannie
d'Abdul-Hamid.
Ainsi s'étendent par le mondé et pé-
nètrent jusque dans les plus vieilles ci-
tadelles du despotisme, les idées nou-
velles. Peut-on apprendre sans étonne-
ment qu'il y a, en ce moment, en Chine,
un mouvement révolutionnaire très in-
tense dont les chefs se déclarent répu-
blicains et socialistes ? Ce mouvement,
que d'ailleurs nos autorités coloniales
combattent — ce qui est peut-être aussi
imprudent qu'injuste dans l'état d'effer-
vescence où se trouve toute la race jau-
ne — est, pour le moins, un symptôme
fort intéressant.
Il indique qu'il n'y a plus de pays
« fermés » et que partout l'esprit mo-
derne circule.
Comment ne pas trouver dans cet
élan général qui emporte les peuples
restés si longtemps passifs, vers le pro-
grès et vers la liberté, une constatation
vraiment encourageante pour ceux en
qui vit l'idéal de la Révolution françai-
se, qui, dans son grand effort de libé-
ration, ne pensait pas seulement à la
patrie, mais à toute l'humanité ?
René RENOULT,
Député de la Haute-Saône.
LA POLITIQUE
LE CAS DE M. BUISSON
On voulait blâmer M. Fer-
dinand Buisson Pour indisci-
pline. Il a laissé faire ses ad-
versaires maladroits, puis en-
levé l'assentiment de la Fédé-
ration radicale socialiste de la
beine, en faveur de son interprétation
loyalement démocratique de la discipline
républicaine. -
Il a fait répudier les candidatures de
tous les malins, mauvais démocrates, qui
se mettraient d'accord tacitement ou ver-
balement avec les progressistes ou les
cléricaux pour faire contrepoids à un
concurrent uniquement soutenu par des
républicains.
Une fois encore, spectacle réconfor-
tant, nous voyons désavouer les impru-
dents du parti radical, amateurs d'une
conversion à droite.
M. F. Buisson, q.ue tout désignait pour
arrêter la manœuvre, a pleinement réus-
si Le laïcisateur de nos écoles, le lieute-
nant pédagogique de J. Ferry, le coura-
geux citoyen des temps de l'Affaire, le
parlementaire sincèrement attaché aux
principes de son parti, dont il est l'histo-
rien et le théoricien, a fait hier une in-
tervention décisive.
Il est temps de mettre fin aux sollici-
tations de la droite et du centre, il est
temps de revenir à la politique du Bloc.
Avec M. Buisson, la Fédération radi-
cale socialiste de la Seine vient de le
proclamer à nouveau. C'est de bon au-
'gure pour le Congrès de Dijon.
Nos amis les radicaux et radicaux so-
cialistes des départements suivront l'im-
pulsion- de la Fédération 'de la Seine
non pas seulement avec plaisir, mais en-
core avec empressement.
Beaucoup d'entre eux se demandaient
depuis longtemps déjà vers quelles
aventures rétrogrades les conduisaient
certains radicaux chers au cœur des jour-
naux progressistes. Qu'ils se rassurent.
Les naufrageurs seront débarqués: cc Le
devoir de tous les groupements radicaux
et radicaux socialistes est de ne consi-
dérer en toutes circonstances que l'intérêt
supérieur de la République démocratique
et sociale. » Le mot d'ordre de la Fédé-
ration de la Seine sera celui de tout le
parti.
LES ON-DIT
} NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil, à 4 h. 26 : coucher à
7 h. 45.
Matinées. — Théâtre Antoine, Palais"
Royal, Folies-Dramatiques, Déjazet, Cigale,
Cirque Médrano, Théâtre de la Nature
(Champigny), Théâtre de verdure (Pré-Ca-
telan), Théâtre sous bois (Marne-la-Jolie).
Courses à Maisons-Laffitte.
Un beau vers.
Maujan consultait M. le président du
conseil sur un vers de Jacques Bon-
homme, dont il est l'auteur.
rr- Il n'est pas mal, fit M. Clemen-
ceau, mais il y a des longueurs ! ,:,
seS terres. .¡ r" ; -;. ',-"
— — ;' < f t. .-..-'
Un gentilhomme Secave mais demeu-
ré plein de morgue et d'orgueil, se plai-
sait à éblouir constamment ses interlo-
cuteurs en vantant l'étendue de ses ter-
res, de ses domaines, de ses bois, de
ses hautes futaies, stc.
« Ses hautes futaies, dit un bon ami,
je veux bien qu'on m'étrangle, s'il en
a seulement de quoi faire un cure-
dent l »
Du a Cri de Paris » :
On remarque volontiers que M. Cle-
menceau mène parfois la Chambre à la
cravache. C'est que M. Clemenceau est
excellent cavalier et a toujours aimé les
exercices équestres.
Ce goût lui valut autrefois un bien
joli privilège. C'était à l'époque où Il sé-
journait aux Etats-Unis. Il y était allé
en 1863 pour s'instruire en voyant de
près une République. Son père lui en-
voya d'abord des subsides, puis, pour
l'habituer à se tirer d'affaire tout seul,
lui coupa les vivres. ,
M. Clemenceau chercha une place et
trouva un emploi de professeur de fran-
çais dans une institution de demoisel-
les, à Stamford, dans le Connecticut,
aux environs de New-York.
La directrice de ce pensionnat étaiv
une personne pratique. Ayant eu con
naissance du talent d'écuyer de so j
maître de français, elle songea à tirer
doublement parti de lui, et elle le chai -
gea d'accompagner les « grandes » dan 5
leurs promenades à cheval à travers li
campagne.
M. Clemenceau caracolait au milieu
d'une douzaine de jeunes misses, blon
Ses comme les blés, et la leçon de fran.
çais se donnait dans l'air pur, au mi
lieu des plus jolis paysages.
M. Clemenceau a toujours conservai
une grande admiration pour l'éducatior
américaine.
AUTREFOIS
Rappel du 27 juillet 1872. — Le duc d-t
Guise, dernier fils du duc d'Aumale, èst
mort. Il était né en 1854 ; il préparait l'exa-
men de l'Ecole polytechnique.
Chaleurs intenses : deux soldats du 70'
de ligne qui rentraient à la caserne Baby-
lone sont tdmbés frappés d'insolation sur la
place de l'Odéon.
L'ex-empereur va faire une saison à
Carlsbad, où il descendra à l'hôtel du Ca-
non.
On va vendrc, sur une mise à prix de 9
millions, le terrain de la rue de Rivoli où
s'élevait le ministère des finances incendié
en 1871.
..Le bureau spécial établi à la Bourse
pour la reconstitution des actes de L'état
civil brûlés en 1871, a reçu jusqu'à présent
environ 70.000 copies authentiques,
M. Richard, acteur du théâtre Cluny, a
présenté à son directeur, M. Larcchette,unc
pièce en deux actes intitulée : les Enfants.
M. Larochette a refusé le manuscrit et a
conseillé à l'auteur de réduire sa pièce en
un seul acte.
M. Richard et refait sa pièce en trois ac-
tes et l'a portée à la Comédie Française qui
l'a acceptée.
Grèves dans le Nord. A Denain la troupe
a fait feu : un mineur a été tué.
En Louisiane.
- Prévenu, vous reconnaissez avoir
frappé brutalement le nègre qui vient
de faire sa dépositon. et cela sans pro-
vocation de sa part..î vous ne l'aviez
jamais vu.
— Mon président, vous ne pouvez
pas ignorer qu'il y a des jours où l'on
est disposé à broyer du noir !.
CARNET LITTÉRAIRE
Les Voix de la ràîfiftii
par Jules Huré.
Une Il coquille » d'imprimerie a déparé,
hier,l'article que nous avons consacré au li-
vre excellent de M. Jules Huré. On a, tout
le long de notre article, changé le nom de
Jules Huré en celui-ci qu'ignorent les lettres;
Jules Haie.Et moi qui croyais avoir une écri-
ture lisible pour nos amis les typos ! Enfin,
lisez ; Jules Huré ; et ne retirez rien des
compliments que j'ai adressés à son livre.
- MAURICE CABS.
Les funérailles en Chine.
Les Chinois pourraient, comme nous,
se plaindre qu'on leur fait payer trop
cher leurs funérailles. Le tarif ordinaire
est de 120 francs pour la classe labo-
rieuse, 1.000 francs pour la classe
moyenne, 2.500 francs pour les person-
nes riches et 25.000 francs pour les
membres de la noblesse. Les pauvres
s'en tirent avec une vingtaine de francs,
quand ils les ont.
Pour M. Caillaux.
Le crédit, disait Rivarol, est la seule
aumône que l'on puisse faire à un grand
Etat. -
Chemins de fer mexicains.
Certains chemins de fer du Mexique
détiennent certainement le record, si-
non du confort, du moins du luxe dans
la construction.
Sur certaines lignes, la voie est recou-
verte de minerai d'argent, les ponts
sont en marbre blanc et les rails re-
posent sur des traverses en ébène ou en
acajou. Cette apparente extravagance
s'explique par le fait qu'il a fallu utili-
ser les matériaux qui étaient le plus à
portée. Des matériaux ordinaires au-
raient coûté beaucoup plus cher.
Talon rôtigs.
Un officier cïes dragons de la reine
avait fait ses adieux à sa jeune femme
Le lendemain il revint. : 4
i— Quoi, monsieur, dit-elle, c'est vous ?
Je vous croyais parti pour TarméûJUï
— Que voulez-vous ? La gloire avait
bridé mon cheval, l'amour l'a débridé !
.—————————— ——————————-
Le modernisme
accentue ses progrès
A propos de tout, comme à propos de
rien,, les cléricaux ont l'habitude de dire
qu'il pileut sur le temple de la maçonnerie.
Nous pouvons bien dire, à notre tour,
qu'il pleut sur le Vatican, et sérieusement.
C'en est au point que Pi * X se demande
si son Seigneur et Maître ne va bientôt
songer à lui épargner, par un éclat de sa
puissance divine, 'es cruelles épreuves mo-
rales qu'il traverse en assistant au spec-
tacle d'une infiltration de plus en plus dé-
concertante des idées du modernisme dans
les rangs de ses prêtres.
Il a beau frapper de ci, frapper de là, dis-
tribuer à tour de bras lef excommunica-
tions les plus majeures et les plus foudro-
yantes, rien n'arrête le mal contagieux qui
envahit les dogmes de son Eglise. Ce n'est
même pas le doute qui s'empare des cons-
ciences de ses collaborateurs les plus qua-
lifiés. c'est la négation. Et quelle négation ?
Celle qui s'appuie sur des faits historiques,
sur des données scientifiques, sur des rai-
sonnements rigoureux, pour faire litière du
mensonae, du préjugé et de l'erreur.
La raison du plus fort est toujours la meilleure,
a dit le fabuliste. Mais Pie X sent bien que
si, jusque là, le Saint-Siège a pu dominer
de toute son autorité toutes les puissan-
ces d'émancipation qui se sont manifes-
tées dans le sein même de l'Eglise, le jour
est peut-être proche où cette autorité Be-
ra battue si violemment en brèche qu'elle
sera forcément entamée et réduite à des
concessions telles, qu'elles pourraient avoir
un véritable caractère révolutionnaire.
Car. ce n'est plus seulement du côté des
simples prêtres, comme l'abbé Loisy e1
quelques autres, que se manifeste l'esprit
critique, c'est aussi du côté des ordres re-
ligieux considérés jusqu'alors comme les
gardiens farouches de la doctrine intangi-
ble de l'Eglise.
Ne vient-on pas, en effet, de téléphoner
de Rome à la Gazette de Turin que le Père
Bar toli , rédacteur à la Civilila Catholica et
Bartoli, de VAutobiographie d'un surhomme,
auteur
vient, en raison des accusations de mo-
dernisme dont il est l'objet, d'abandonner
la Compagnie de Jésus à laquelle tl appar-
tenait ? •
Et le journal italien ajoute, comme s'il
voulait tourner le fer rouge dans la plaie
ouverte au flanc de l'Eglise, que le Père
Bartoli a presque terminé et fera bientôt
paraître un ouvrage d'exégèse sur les
Evangiles, qui sera d'un radicalisme avan-
cé et peut-être plus prononcé encore que
celui de l'abbé Loisy.
Si on se met à attaquer les Evangiles,
Pierre, Luc, Mathieu et Jean n'étant plus
là pour les défendre, il y a des chances
pour quP Pie X soit finalement impuissant
à empêcher l'esprit critique et réformateur
de s'introduire dans son Eglise.
L'évolution étant la loi naturelle de tou-
tes choses, il était fatal qu'un jour ou l'au-
tre sa puissance se manifeste jusque dans
l'Eglise.
Que Pie X le veuille ou non, l'édifice re-
ligieux dont il a la garde croulera sous
l'effort inéluctable de la vérité, de la scien-
ce et de la raison, comme l'écrivait si jus-
tement l'honorable M. Emiles Combes, il y
a quelques mois seulement.
Le divorce qui fut prononcé entre notre
Etat laïque et l'Eglise n'aura pas nui au
réveil de l'esprit critique que nous consta-
tons. Nous ne pouvons que nous en féli-
citer. - P. G.
- -
La vierge à la coque
Cette pauvre sainte Vierge n'a décidé-
ment pas de chance.
Mariie Alacoque la voyait dans un cœur
de mouton. Bernadette Soubirous l'aperce-
vait dans une grotte. Aujourd'hui, des
charretiers, du côté de Fréjus, la retrou-
vent dans un grêlon ! Oui, ma chère, dans
un grêlon gros comme un œuf ! C'est à
vous donner froid dans le dos 1
Un de nos amis et collaborateurs nous a
déjà parlé de cette charmante histoire :
Il iparatt que les charretiers, en ouvrant
le grêlon, ont vu une belle effigie de la
Vierge, portant un voile et une couronne
et tendant les mains.
A quand l'apparition de la Vierge dans
un rosbif, u-n plat d'épinards ou un salmis
de canards ? Cela viendra, car la compa-
gne de papa Pigeon a l'humeur voyageu-
sc, et aime à se payer la tête de ses fidè-
les.
Nous ne trouvons rien à redire à cela.
Nous continuons toutefois à protester
contre l'injustice dont Papa Pigeon reste
la victime. En effet, pendant qu'on élève la
Vierge Marie à la hauteur d'une divinité,
papa Pigeon — qui a pourtant contribué à
la naissance du petit Jésus — est accom-
modé aux petits pois ou sert de cible à des
tireurs mondains. Est-ce juste ? Voyons 1
Est-ce iuste ?
Le fait s'est passé à Bagnols, dans le
Var. L'endroit est-il propice à l'exploita-
tion d'un miracle ?
C'est probablement la question essen-
tielle qui va être débattue. Le coup du
grêlon est vraiment original. Il nous
change un peu avec les apparitions dans
les nuages, les vitraux, les viscères, les
grottes et autres numéros plus ou moins
chiqués ou - défraîchis.
Nous souhaitons vivement pour l évêgue
de Fréjus que sa Vierge à la coque fasse
de l'argent. Nous sommes même prêt à
faire de la réclame autour du mirifique
grêlon qu'on aurait au moins dû empail-
ler ; nous ne posons qu'une condition,
c'est qu'on tire de l'oubli le malheureux
Papa Pigeon, auquel on pourrait bien éle-
ver un petit temple à côté des splendides
monuments consacrés à sa complice Ma-
rie.
Le pigeon devrait être un oiseau sacré.
Un d'entre eux a été choisi pour cornifier
Joseph. Tous devraient donc bénéficier de
cet acte miraculeux. Au lieu de béatifier
l'oiseau-Dieu, que faisons-nous, vils mé-
créants, nous le lardons et; le faisoîis ris-
soler dans une casserole !
Oh ! ingratitude humaine ! Oh 1 vanité
dp:s vanitÓs L' C. .-
LA REVOLUTION EN TURQUIE
AIISTIE POLITIQUE DElEBILE
Les progrès des Jeunes-Turcs. — Le sultan renonce à toute
répression. — La Constitution.
Le sultan essaie par de nouvelles conces-
sions de calmer la population. On annonce
l'apparition d'un iradé accordant une am-
nistie générale aux accusés politiques.
Le ciiangement du grand-vizir a complè-
tement surpris la diplomatie èt, le monde
des affaires, et a été accueilli en Bourse
par la hausse.
Cette circonstance que le départ de Férid
pacha a eu lieu deux jours après réception
de la nouvelle de son élévation dans l'ordre
allemand de l'Aigle-Noir, fait l'objet de
nombreux commentaires. On considère cela
comme une défaite de la politique alleman-
de et trtplicienne sur les bords du Bos-
phore.
Le vali de Monastir, Hifzi pacha, a dé-
missionné à la suite des récents événe-
ments, et on considère comme certaine la
démission d'autres fonctionnaires.
Les nouvelles alarmantes relatives à l'ap-
pel des réservistes bulgares sont démenties
du côté bulgare et dans les milieux diplo-
matiques.
Avant-hier, à Salonique, un soldat a tiré
quatre coups de feu sur le lieutenant-colo-
nel Nazina, qui partait pour Constantinople.
L'officier n'a pas été touché.
Une dépêche consulaire, reçue ici dans
une ambassade, annonce de nombreuses
désertions dans la garnison de Vodena.
La Constitution
Constantinople, 23 juillet.
L'octroi de la Constitution a enthousias-
mé les intellectuels du parti jeune-turc ;
les masses gardent une attitude calme ; les
chrétiens sont indifférents. De nombreuses
dépêches de remerciements parviennent de
la province à Yildiz-Kiosk.
A Stamboul, les troupes revenant du e.
lamlik, ont été saluées par des vivats ptfur
le sultan.
La cérémonie du Seiamlik a eu lieu com-
me de coutume.
Les imprimeries des journaux turcs" sont
pavoisées.
Hier soir, des illuminations ont eu lieu.
La ville est tranquille et conserve son
aspect ordinaire.
Le sultan s'est rendu hier,.comme d'ha-
bitude. au Selamlik. Le nouveau ministre
de la guerre était à ses côtés. ç.
Toute la presse turque .se réjouit de la
nouvelle situation, et fait ressortir que le
changement qui vient de se produire f.e
s'est pas effectué comme en F'erse et en
Russie, où il y a eu des victimes.
Les journaux publient le texte ae la
Constitution de 1876, ainsi que le rescrit
adressé à Midhat (paélia au sujet de ce do-
cument. La population fait preuve d'en-
thousiasme, (mais a une attitude digne.
Les puissances et la Macédoine
Berlin, 25 juillet.
Quelques journaux étrangers, entre au-
tres le Giornale d'Italia, ont parlé de la pos-
sibilité d'une intervention des puissances
en Macédoine, par suite de la situation
créée par le mouvement jeune-turc.
On déclare à ce sujet, dans les milieux
autorisés, que selon les renseignements
parvenus à Berlin, aucune puissance ne
songerait à une pareille intervention et
qu'on laisserait la Turquie, comme cela ré-
ipond d'ailleurs au sentiment et du gouver-
nement et des Jeunes-Turcs, régler elle seu-
le cette affaire d'ordre intérieur.
Le sultan abdiquerait
Berlin, 25 juillet.
Le correspondant à Constantinople du
Belrliner Tagblatt dit avoir appris de bonne
source que le sultan aurait exprimé dans
la séance de nuit du conseil, l'intention
d'abdiquer en faveur de son tils préféré,
Burhan Eddin.
Tout Stamboul a arboré des drapeaux
dans sa joie de la convocation du Parle-
ment. -
Les valeurs turques ont toutes subi une
hausse à la Bourse.
Un télégramme de Constantinople à la
Gazelle de Voss enregistre également le
bruit d'une abdication imminente d'ADdui
Hamid en faveur de son fils préféré,
L'ordre en Macédoine
Athènes, 25 juillet.
Des nouvelles sûres annoncent que l'or-
dre est parfait dans toute la Macédoine où
se produisent des manifestations de joie.
A Monastir, la population grecque a tenu
un imposant meeting dans lequel la procla-
mation de la Constitution a été saluée avec
enthousiasme.
A Serrés, la proclamation de là Constitu-
tion a eu lieu devant une foule de quinze
mille hommes. Les chefs religieux y assis-
taient. Après la lecture de l'iradé, le métro-
polite grec, le mufti et un prêtre bulgare se
sont embrassés aux applaudissements fré-
nétiques de la foule. Le métropolite grec
s'est alors adressé aux manifestants et a
exprimé l'espoir que l'octroi d'une Consti-
tution par le sultan donnera à tout le pays
la paix et le bonheur.
Parmi la population, on remarque un
apaisement complet et une affirmation de
fraternité. Les chefs des communautés re-
ligieuses ont adressé une dépêche collective
au sultan. Les manifestants, musique en
tête, ont parcouru la ville en acclamant la
Constitution. Devant le consulat hellénique,
les musiques ont joué l'hymne grec ; la
«foule poussait des cris de liberté. Plusieurs
officiers ont visité le consul de Grèce.
A Salonique, des manifestations analo-
gues se sont produites. Le maire a haran-
gué la foule et a annoncé que le nom de
place de la Liberté était donné à la place
Olymnos.
Enver bey est arrivé et a rendu visite à
Hilmi. Ils se sont embrassés tous les deux
aux acclamations de la foule.
- - L'impression en Grèce
La présse entière accuelle avec satisfac-
tion le changement politique survenu en
Turquie, et exprime l'opinion que si le ré-
gime libéral est sincèrement appliqué, l'élé-
ment grec -ne peut qu'y trouve-r l'occasion
d.'une croissante prospérité.
: Les. réformes
Constantinople, 25 juillet.
On entend de tous côtés les amis sincè-
res dé la Porte déplorer !1u9,le rétablisse-
ment de la Constitution ait eu lieu si tardi*
vement et qu'on n'ait pas devancé les Jeu.
nes-Turcs dans leur proclamation de Ici
Constitution ; la Porte se serait ainsi assu*
ré, dit-on, le mérite de l'octroi volontaire da
celte Constitution.
Il est à noter qu'en Macédoine les victi-
mes de la manifestation jeune-turque en fa-
veur de la Constitution sont peu nombreu-
ses ; on ne signale jusqu'ici que le meurtre
du caïmacan d'Elassona et celui d'un com-
missaire de police à Serrés. Le nombre to-
tal des victimes du mouvement s'élève à en-
viron une douzaine.
Les troupes et les musulmans s
Macédoine, ce qui naturellement fait tempo-
rairement disparaître tout programme eu-
ropéen de réformes et toute action en vue
des réformes.
Panni les nombreux événements qui se
sont passés hier et avant-hier, il faut sur-
tout noter les suivants : on connalt l'enlè-
vement d'Osman pacha par le commandait
Niazi ; d autre part, à Urkub, le général do
division Hussein Ramsi pacha, qui refusait
de se joindre au mouvement, a été forcé
de partir pour Salonique.
A Salonique, le général de division Hadik
pacha a été obligé de rester neutre ; enfin,
h Monastir et dans d'autres localités, tous
les détenus ont été libérés des prisons.
C'est dans le conseil des ministres extra-
ordinaire qui s'est tenu hier à Yildiz-Kiosi:
et qui a^duré de trois heures de l'après-miiii
à onze heures du soir, que l'octroi de la
Constitution fut décidé et sanctionné. Diver-
ses versions circulent sur les incidents de
ce conseil des ministres qui fut agité. ; sui-
vant l'une d'elles, le grand-vizir Saïd pachs
aurait été, pendant quelques minutes, des-
titué.
Depuis ce matin, des masses de dépêches
de remerciements sont parvenues à YildÚ-
Kiosk.
Pendant que les troupes, ce malin, se
rendaient au Sélamlik, mes Grecs leur ont
fait devant la Bourse de Galata une ova-
tion en criant : « Vive le sultan ! Vivent le
sultan et l'armée ! »
La Bourse a salué l'octroi de la Constitu-
tion par une forte hausse. Les troupes, re-
venant de Sélamlik, ont été l'objet, dan:;
Stamboul, de grandies ovations de la part
d'une foule qui criait : « Vive le sultan ! »
La presse turque a adressé au sultan une;
dépêche de remerciements. A la cérémonie
du Sélamlik, le sultan a été acclamé par.
les troupes comme à l'ordinaire.
L'opinion en Russie
Saint-Pétersbourg, 25 juillet.
La promulgation de la Constitution tur.
que a causé une grande impression dans
les sphères officielles, dans l'opinion publi-
que et dans la presse.
On constate que le nouveau régime est
le meilleur. moyen de sauver l'Europe de
terribles complications.
Un haut fonctionnaire du ministère des
affaires étrangères a déclaré à des jounna-
distes que la Russie saluera avec satisfac-
tion la Turquierégériérée. Il a ajouté que,
selon des renseignements parvenus uu mi-
nistère, la Constitution n'est pas une ma-
nœuvre destinée à détourner l'attention du
peuple pour rétablir l'ordre dans l'armée.
mais que la réforme a été sérieusement ccn.
eue et qu'elle sera réalisée en pleine sic'
cérité.
(Voir la suite en Dernière lIeure)
LA JOURNÉE POLITIQUE
Une commission interministérielle
Le président du conseil, ministre de i'in-
térieur, vient de constituer ainsi la com-
mission interministérielle instituée en VM
d'étudier les moyens propies à assurer la
consommation directe par l'Etat des pro-
duits de la main-d'œuvre pénale :
Membres du parlement — MM. Fessard, séna-
leur ; Chaste net, député.
Justice. — MM. Delaroche-Vernet et Huchard
chefs adjoints du cabinet ; Musset, chef do bu-
reau.
Affaires étrangères. — M. Hamon, chef de la
division des fonds et de la comptabilité ; d&
Clercq, consul de France, chargé du service du
contrôle,
Finances. — MM. Wurtz, inspecteur des finan-
ces de 1" classe ; Reynier, chef du bureau du
matériel.
Instruction publique. — MM. Huet et Valen-
Uno, chefs de bureau. ,
Commerce. — MM. Chapsal. UireeMtr des
res commerciales et industrielles ; Dedet, chef
de bureau.
Travaux publics. — MM. Cros, Ingénieur av
service des approvisionnements généraux aux,
Chemins de fer de l'Etat ; Michel, chef du ser*'
vice intérieur du ministère.
Travail. — MM. Fagnot, enquêteur perma-
nent à l'office du travail ; négni, chef de bu-
reau.
Agriculture — MM. Bcrt, aUministrateur des
eaux et forêt»* ; Leroy, chef de bureau ; VUlla,
agent spécial, chargé du matériel de l'adminis-
tralion centrale.
Elections annulées
Lille, 21 juillet.
Après enquête, le conseil de préfecturt
du Nord a annulé les élections municipa-
les de Denain, qui avaient été favorables
à la liste socialiste.
♦ *
M. Ruau protège les cailles
A la veille de l'ouverture de la chaise, la
question de la protection de la caille ap-
pelle de nouveau l'attention du monde
cynégtique.
La caille est en effet, comme on salf,.
l'un des gibiers les plus intéressants : CNTSI
par excellence l'oiseau des chasses banales
et tout ce qui concerne sa conservation et
sa multiplication a uiid portée démocrate
que.
Un accord est intervent en 1901 nvee
l'Allema.crne poiir interdire, eur le terris
toire des Etats confédérés et en France, la
vente et le transoort, même en transit, des
cailles vivantes pendant la période de fer-
meture de la chasse.
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