Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-24
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juillet 1908 24 juillet 1908
Description : 1908/07/24 (N14014). 1908/07/24 (N14014).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549473s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
*** H* 14014. - 5 Thermidop An île -
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;'Vendredi 24 Juillet 1908. - lq- 14014.
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AUGUSTE VACQUERIE
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Paria .1 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 2 - 6 — fi — 20-
Union Postale 2 — 9—16— 32 —
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1 aux BUREAUX DU JftlURNAII
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TRIBUNE LIBRE
1
LÉG ION D'HONNEUR
Nous sommes d'accord
avec le -Temps — une fois
n'est pas coutume — pour
approuver le décret qui cons-
titue une commission extra-
parlementaire chargée d etu-
mer les modifications qu'il peut y avoir
lieu d'apporter aux lois et règlements
gui régissent l'Ordre de la Légion
d'honneur.
Et, si nous ne croyons pas comme le
Temps aux racines profondes de cette
institution fort peu démocratique, nous
pensons tout au moins comme lui, qu'il
est devenu banal de constater que trop
souvent. les nominations et les promo-
lions dans la Légion d'honneur ne vi-
sent nullement à récompenser le mé-
rite. Elles paient trop souvent les ser-
vices rendus, - elles récompensent les
amis, s'obtiennent par relations, par re-
commandation.
Et, pourtant cette distinction ne de-
vrait être destinée qu'à récompenser
tous les mérites et tous les dévoue-
ments. Et elle devrait n'être attribuée
qu'à tous ceux qui, dans les ordres di-
vers de l'activité humaine, ont droit à
la reconnaissance de la société. c
De ce fait, nous (pensons avec le
Temps encore, que la commission devra
s'attacher à faire cesser les « mouve-
ments exceptionnels » auxquels donnent
lieu les expositions nationales ou inter-
nationales. Il y a là, depuis quelque
temps, une si abondante floraison de
croix, que les contingents attribués aux
divers ministères pour les nominations
régulières de janvier et de juillet, pa-
raissent, par comparaison, tout à fait
insignifiantes. »
Et, fort justement, le Temps ajoute :
« Il n'en est pas moins vrai que la mul-
liplicité de ces créations déconcerte
nombre de personnages tout à fait di-
gnes d'intérêt, dont le mérite ne peut
Mre récompensé qu'au moyen de croix
prises dans le contingent ordinaire.. »
Mais ces critiques pourraient être
étendues aux promotions et nominations
ordinaires, qui sont plus critiquables 1
encore.
Prenons la dernlèré promotion du mi-
nistère de l'intérieur : nous y trouvons
près des deux tiers des croix attribuées
à des nréckieins de Paris, deux ou trois
à des médecins de province, un bon
nombre à des journalistes et le reste,
c'est-à-dire trois ou quatre à peine, sur
soixante ou soixante-dix, à des maires,
conseillers généraux, conseillers d'ar-
rondissements. ou fonctionnaires.
Et nous ne pouvons nous empêcher
fle remarquer la disproportion. Evidem-
ment, M. le Président du Conseil fait
bien de décorer ses confrères, se sou-
Venant qu'il a été d'abord médecin. Et.
dans le corps médical, il y a des hom-
mes dont le mérite doit être récompen-
sé. Mais leur réserver la plus grande
partie des croix dont dispose le minis-
tère de l'intérieur est excessif tout de
même. On nous dira que les médecins
des hôpitaux, de Paris rendent de très
grands services à l'Assistance publique
de la Seine pour une rétribution déri-
soire. C'est exact. Mais c'est affaire.
entre eux et l'Assistance publique de la
Seine. Et j'ai idée que le marché n'est
point si mauvais, et que le titre de
médecin des hôpitaux, de par la clien-
tèle qu'il attire, récompense le travail
et le dévouement des sommités médi-
cales.
En tout cas, ces médecins vivent de
leur métier, font payer les services
qu'ils rendent, tandis qu'à côté d'eux,
les maires, adjoints, conseillers muni-
cipaux, conseillers d'arrondissement et
conseillers généraux se dévouent sans
rétribution aucune. Appelés par la con-
fiance de leurs concitoyens à des fonc-
tions électives, ils se consacrent'à l'ad-
ministration de la chose publique et lui
donnent avec désintéressement leur
temps et leur activité.
Souvent ils sacrifient à l'intérêt de
tous leur intérêt propre. Et il n'est pas
rare de voir tel commerçant, tel indus-
triel perdre une partie de sa clientèle
au cours de l'exercice d'un mandat élec-
tif et à cause de ce mandat. Quelque-
fois même la ruine totale s'ensuit.
Osera-t-on prétendre que les servi-
ces qu'ils rendent sont négligeables ? Il
ne faudrait pas connaître les lourdes
charges qu'assument les maires et ad-
faints des grandes villes, les adminis-
trateurs des grands établissements d'as-
\itance.. ",
Chaque jour fa part qui leur est dé-
tblue dans l'administration générale
Augmente. Chaque réforme sociale votée
ne peut être réalisée, appliquée, que
var la collaboration constante des pou-
.,. -
voirs publics et des élus des villes - et
des départements.
Chaque jour on leur demande davan-
tage,- et le ministre de l'intérieur sait
mieux que personne combien d'esprit
d'initiative, d'activité, de dévouement
ou trouve parmi ces fonctionnaires ad-
ministratifs. Car de plus en plus, ils de-
viennent de véritables fonctionnaires
administratifs, plus indispensables que
beaucoup d'autres, qui pourtant sont
rétribués et qui, au cours ou au terme
de leur carrière, reçoivent la légïôn
d'honneur comme récompense.
La commission peut réparer cet ou-
bli où sont laissés ces vieux et utiles dé-
fenseurs de la République, et peut faire
cesser l'injustice dont ils sont victimes.
On décore les médecins, les fonction-
naires de tous ordres, on décore les offi-
ciers de réserve, de territoriale qui.
moyennant rétribution, consentent tous
les deux ans à accomplir une période
de vingt-huit ou de treize jours. On crée
pour eux des croix -, supplémentaires
par centaines. On ne décore jamais ou
presque jamais les élus qui, honorés
pendant des années des libres suffrages
et de la confiance de leurs concitoyens,
se consacrent sans compter et aux in-
térêts de tous et à la défense de la Ré-
publique. - -
Les distinctions honorifiques me lais-
sent froid ; je verrais sans déplaisir la
suppression totale de toutes les décora-
tions. -
Mais du moment où elles existent,
bù* elles sont maintenues, je prétends
que c'est aux élus de la nation, à ceux
qui exercent gratuitement leurs fonc-
tions, qu'elles doivent d'abord être at-
tribuées. -. -
Que la commission réalise cette ré-
forme et nous serons reconnaissants à
M. Briand de l'avoir créée.
Marcel REGNIER,
Député de VAllier.
LA POLITIQUE
LE CONGRÈS DE TOULOUSE
Tandis que radicaux et ra-
dicaux-socialistes lèveront la
séance, à Dijon, les socialis-
tes commenceront leurs déli-
bérations à Toulouse. Ces
deux congrès empruntent aux
circonstances actuelles un intérêt par-
ticulier. Les militants des deux par-
tis et leurs adversaires y apporteront
une attention égale.
En signalant, récemment, que la po-
litique de confusion était au bout, nous
avions vu juste. Les radicaux vont pro-
clamer hautement que l'avenir de leur
parti est lié à une action persistante de
réformes économiques. Ceux qui y répu-
gnent sont destinés, dans un délai plus
ou moins proche, à s'enliser dans les
marais où MM. Ribot et Brindeau péro-
rent parmi les roseaux.
Dans ce même moment, les socialis-
tes sont appelés par leur conseil natio-
nal à décider si les' réformes ont une
utilité. La question dépourvue de sens,
chez les radicaux, tant la réponse est
évidente, reste une question litigieuse
chez les socialistes.
Si les réformes ont une utilité, il
s'ensuit que le parlementarisme et l'en-
tente avec tous les démocrates réformis-
tes s'imposent. Si les réformes sem-
blaient inutiles, inefficaces, inopérantes,
le résultat aux yeux des socialistes se-
rait de légitimer la seule méthode ré-
volutionnaire : grève générale et insur-
rection primant tout autre mode d'ac-
tion et déterminant l'isolement politi-
que.
Les journaux nationalistes, cléricaux,
royalistes, progressistes — et d'autre t
encore, oublieux des campagnes qu'il! 1
firent en commun avec les socialistes,
quand la République étàit menacée, — >
veulent n'entendre parmi les unifiés que'
les voix révo 1 utionnaires.
Ce sont les plus bruyantes assuré-
ment, mais c'est une injustice de mé-
connaître que la plupart des électeurs
socialistes sont. des démocrates parti-
sans de l'action légalitaire et non point
des anarchisants.
Les démocrates socialistes, 'dira-t-on,
sont solidaires de certaines proximités
compromettantes. Quel est donc le par-
ti qui n'est point gêné par quelques-uns
des siens ?
M. Rouan et, 'dans XHumanité, se 'de-
mande si le congrès de Toulouse se pro-
noncera pour l'utilité des réformes Ot1
non '? Nous n'avons pas les lumières -des
oracles du parti socialiste,màis là répon-
se semble aisée .Dans ce parti démocra-
tique-là, comme 'dans les autres partis
QéJ;nocrtIgues,,¡ j>er90nng De poudrait"
répudier ouvertement le réformisme, si-
non quelques rares écrivains et orateurs
à effet.
Parions que le réformisme, doctrine
visiblement adoptée par la majorité, ga-
gnera sa cause à Toulouse.,
00 1
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
t" 'Aujourd'hui jeudi i
Lever du soleil, à 4 h. 23 ; Coucher, à
7 h. 49.
Courses à Maisons-Laffitte.
Le ministre amoureux.
Un de nos plus galants ministres- -
i ils le sont tous — fait la cour à la très
jeune et très jolie veuve d'un député.
Il la pressait ; elle résistait, arguant la
imort toute récente de son mari. Com-
me il insistait vivement : « Allons, dit-
elle, patientez encore, voulez-vous donc
que je bâtisse sur la cendre! encore;
chaude ? n
Fabrication de bais à brûler.
i A Darmstadt, on a une façon origina-
le de faire du bois à brûler.
La compagnie du chemin de fer possé-
dait de vieux wagons tout à fait hors de
service ; on songea à les utiliser comme
combustible et, pour cela, on né trouva
rien de plus simple que de simuler une
rencontre de trains lancés à toute va-
peur.
- On a donc attaché les wagons à deux
locomotives qui les ont poussés les uns
contre les autres ; on a recommencé tant
qu'il yxi eu des wagons à mettre en piè-
ces.
Il faut noter que les chauffeurs ont
couru les plus grands dangers, car le
moindre retard dans le mouvement de
retrait pouvait engager les locomotives
l'une contre l'autre.
AUTREFOIS
Rappel du 24 juillet 1872. — On a lait,
jusqu'à présent, en Espagne, une soixan-
taine d'arrestations, à la suite de l'attentat
contre le roi Amédée.
Mort d'Adolphe Guéroult, fondateur et
directeur de l'Opinion nationale, ancien dé-
puté de Paris.
Le projet de programme pour la recons-
truction de VHôtel de Ville a été voté hier,
au Conseil municipal.
Les hauts employés des postes et des té-
légraphes se réunissent au ministère des fi-
nances. Ils étudient la question de la fusion
de leurs deux services.
La Banque de France doit émettre des
coupures de dix francs ; on dit qu'elle pro-
cédera à cette émission avant l'ouverture
de la souscription à l'emprunt des trois mil-
liards.
Le mariage de Christine Nillson avec M.
'4. Rouzaud, sera célébré à Westminster
A. Rouzaud, saturddy iffly 27 th. at 11
Abbey « on saturdày july 27 th. at 11
o'clock punctually », le samedi 27 juillet, à
11 heures précises.
Un phénomène curieux.
Un ingénieur aéronaute a pu observer
dernièrement, au cours d'une ascen-
sion, un curieux phénomène atmosphé-
rique. un curieux phénomène atmosphé-
En atteignant l'altitude de 1.500 mè-
tres, il ressentit dans tout son corps et
notamment à la figure et aux mains, un
fourmillement particulier.
Ayant eu l'idée que ce phénomène
pouvait être dû à l'état d'électrisation de
l'atmosphère dans la zone que traversait
l'aérostat, il étendit les mains et cons.
tata alors que, du bout de ses doigts,
s'échappaient des étincelles électriques
d'un centimètre de longueur environ.
Cette sensation se prolongea t. peu
près une minute, c'est-à-dire, étant don-
née la vitesse ascensionnelle du ballon
en ce moment, sur 150 mètres de hau-
teur.
Allumettes chimiques.
L'invention des allumettes chimiques,
revendiquée par l'Allemagne, est une
invention française et franc-comtoise qui
remonte à l'année 1831.
A cette époque, un jeune Jurassien,
âgé de dix-neuf ans, qui terminait ses
études au collège de Dôle, trouva, après
de laborieuses recherches, le procédé
des allumettes à friction. L'étudiant d'a-
lors, qui n'a tiré aucun bénéfice pécu-
niaire de son invention, est devenu le
docteur Charles Sauviac, de Saint-Lo-
thain, dans le Jura.
Son père était le général Sauviac, qui
fut, pendant la période révolutionnaire
de 1793, gouverneur, de Givet et de
Charlemont..
Hugo et Zola.
On a fait récemment des gorges chau-
des au sujet de cet employé des postes
de Berck-sur-Mer, qui demandait à Mme
Emile Zola i
— « Zola », comment écrivez-vous ce
nom là ?
Victor Hugo fut naguère le héros d'une
semblable aventure.
C'était au temps où sa gloire brillait
de son éclat le plus vif. Hernani alter-
nait sur les affiches du Théâtre Fran-
çais, avec Ruy Blas, et le nom du poète
était chaque soir acclamé par un public
enthousiaste.
Victor Hugo venait parfois, vers la
fin du spectacle, se glisser dans la salle
où il s'asseyait modestement sur un
strapontin,
Un-soir, au moment où il pénétrait à
l'orchestre, une ouvreuse l'arrêté :
— Monsieur, où allez-vous ? votre.cou*.
pon ?
- Mais. je n'en ai pas, je suis Victor
Hugo, dit timidement le poète, en rou-
lant légèrement r « £ 1>1. Rivant sa ËOU-
lJ)m. --
)
— Que vous soyez mansieur Rugo Du
non, vous n'entrerez pas sans billet J
Et, résolument, l'ouvreuse lui barra
le passage.
- m - - -
Eîj passan t
S'il faut en croire une nouvelle revue d'A-
mérique, nous sommes à la veille de voir
se propager une religion nouvelle, dont cer-
tains fidèles ne seront pas toujours désa-
gréables à contempler.
Cette religion a surgi à Oklahoma, une
des villes américai-nes sorties elles-mêmes
soudainement de l'obscurdé.
Les nouveaux sectaires ont pris le nom
d'Edenistes, parce qu'ils se sont mis en
marche pour rentrer dans l'Eden primitif
qu'ils espèrent bien trouver sur la côte du
Pacifique, contrairement à toutes les tradi- i
tions bibliques.
Les naenistes — ils sont une cinquan-
taine- craient fermement qiie, pour recon-
quérir le. paradis terrestre, ils doivent s'y
présenter dans l'état de nature où était
Adam avant le péché originel. Aussi ne
i portent-ils absolument aucun vêtement. Ils
se nourrissent des fruits de la terre tels
qu'ils les cueillent. Ils ont la conviction
qu'une fois en possession de l'Eden, ils
pourront y recommencer le rôle de l'huma-
nité telle qu'elle aurait dû être si l'hommes
et la femme n'avaient pas succombé à la
tentation du serpent.
Aussi. leur premier soin, sera-t-il d'exter-
miner tous les reptiles dans leur séjour pa-
radisiaque.
La nouvelle secte est naissante, mais il
se pourrait fort bien qu'avant un laps de
vingt ans, elle comptât quelques milliers
d'adhérents.
On a vu aux Etats-Unis, en fait de reli-
gion, des choses au moins aussi curieuses.
Le chef des Edenistes est : J:-F. Shurp. Il
est accompagné-de femmes et d'enfants,qui
obéissent fanatiquement à son autorité et
qui tous se promènent nus comme des
vers, nus comme la main, nus - suivant
l'expression d Alfred Musset - comme
le discours d'un Académicien. -
Cette procession originale se diriae par
petites marches vers le Paradis perdu.
En attendant qu'elle le retrouve. je ne
lui souhaite pas de rencontrer M. Bérenger
sur son chemin l
Le Chemineau.
A M. Doumergue
, r i - —
Nous croyons devoir appeler tout parti-
culièrement l'attention de M. Doumergue,
ministre de l'instruction publique, sur un
fait très regrettaible qui s'est produit hier
et qui n'est peut-être malheureusement
pas isolé.
Les élèves du lycée Racine (jeunes filles)
et Jours parents, avaient été invités, com-
me d'habitude, à assister, hier matin, à
la cérémonie de la distribution des prix
dans les locaux dudit lycée. A leur arri-
vée, les élèves furent admises à la céré-
monie, mais les parents qui les accompa-
gnaient -se virent refuser l'entrée, sous
prétexte que la place faisait défaut pour
les recevoir. Et les bonnes mamans qui
s'étaient fait une joie d'assister à la fête
scolaire, et les ipetites soeurs impatientes
de battre des mains aux succès de leurs
aiDées, et les papas au front rayonnant
fi la pensée de voir récompenser de tra-
vail de leur progéniture, durent se anor-
fondre, une (heure durant, en regardant
des murs derrière lesquels s'épanouis-
.saient des joies familiales dont il leur était
interdit de prendre leur légitime part.
Est-ce ainsi que devraient se passer les
choses dans nos établissements publics
d'enseignement, quand les établissements
rivaux où enseignent les cléricaux nous
donnent le spectacle des soins les plus mi-
nutieux et de la déférence la plus grande
à l'égard des parents de leurs élèves ?
Non seulement les portes de ces établis-
sements s'ouvrent toutes grandes devant.
les parents des élèves, mais la cérémonie
elle-même est organisée de façon à laisser
dtans l'esprit de ceux qui y sont conviés
un souvenir aussi agréable et aussi du-
rable que possible. C'est la fête de famille
par excellence, Ja fête qui sait parler nu
cœur dés enfants et à l'âme des parents.
On se plaint généralement de a séche-
resse de nos cérémonies civiles, du man-
que de solennité et de prestige de nos fê-
tes laïques. La femme surtout n'y trouve
pas ce charme pénétrant d'une mise en
.scène qui frappe à la fois ses sens et son
imagination, et c'est une des raisons pour
lesquelles elle demeure encore attachée
aux manifestations du culte religieux.
Et non seulement on ne fait rien pour
remédier à cet état d'infériorité, mais il
semble, au contraire, que l'on veuille en-
core l'accentuer.
Nous n'en voulons pour preuve que des
cérémonies comme celle d'hier, où des far
milles entières ont été privées de la plus
saine et de la plus légitime des joies.
Oh ! nous prévoyons l'objection qui va
nous être faite. Nos locaux sont trop li-
mités, nous dira-t-on ? Nous répondrons
que l'excuse est mauvaise parce qu'il ne
manque pas de locaux à Paris qui peu-
vent se prêter à des cérémonies de ce
genre, si grandioses même qu'on veuille
les supposer.
La vérité est autre. Les cérémonies de
distributions de prix clôturent l'année sco-
laipe., et l'on n'a qu'une hâte : bâcler le
plus rapidement possible cette fête qui
couronne le labeur scolaire pour donner
bien vite la clef des champs aux maîtres
et aux élèves.
Nous comprenons qu'après leur tâche
remplie, professeurs et élèves soient im-
patients de liberté et de repos, mais les
eongréganistes sont dans le même cas. et
cependant ils rie négligent jamais de don-
ner tous leurs soins à la fête où sont dis-
tribuées les sanctions du travail.
Nous en appelons à M. Çoamergne de
ce regrettable état -u'esprît et de choses.
le «ayons trop dévoué à sa belle et
noble fonction ûe grand tft&itfô de l'Uni-
versité pour croire qu'il puisse se désin-
téresser d'une question aussi importante.
au moment surtout où notre enseignement
]8ï(iue Ut. l'objet de toutes les critiques et
Pit tçûa les assauts 'de 1$réaction i « p, G.
LE VOYAGE DU PRÉSIDENT
t FlUlEBES El 111 ,
J': ..,.:
Une soirée à la cour. — Le Président reçoit la colonie fran -
çaise. - La visite à osenborg. — Envoi de cadeaux.
Copenhague, 22 juillet.
Après le dîner chez î'-e comte Raben, le
Président est rentré dans ses appartements
du palais d'Amalienborg.
Quelques instants après, le jroi est allé
le chercner pour le conduire dans la salle
des fêtes, où fut offert en l'honneur de M.
Fellières, un concert à la cour ; tout le
corps diplomatique et les hauts dignitaires
danois et français assistaient à cette soirée,
à laquelle étaient également invités les of-
ficiers de l'escadre française et les repré-
sentants de la presse.
De nombreux domestiques de la cour da-
noise, revêtus de la tunique rouge et coif-
fés de leurs pittoresques casques cerclés et
surmontés de touffes de roses, formaient la
haie dans les escaliers.
Les chambellans, en grand uniforme,
ayant leur haute canne ornée de rubans
bleus, précédaient le cortège, lorsqu'il est
entré dans la salle donnait le bras à la reine, le roi à la prin-
cesse de Grèce, le prince héritier çt la prin-
cesse Marie Valdent-ar.@ le prince de Grèce
ià la princesse royale : tous les autres
princes suivaient en grand uniforme de
gala. Le roi, la reine, le président et les
membres de la famille royale, MM. Pichon,
Lanes et Mollard ont pris place au premier
rang sur les fauteuils disposés en demi-
cercle ; derrière étaient tes dames d'hon-
neur et 'es autres dames invitées, en gran-
de toilette déoollletée. garnies de leurs in-
signes et couvertes de brillants ; les autres
invités, environ deux cents, occupaient les
quatre oernières rangées de chaises.
Le programme comprenait les morceaux
des meilleurs compositeurs, les uns chan-
tés par des artistes hommes et femmes, les
autres exécutés au piano.
L'exécution a été parfaite et le Président
a donné plusieurs fois le signal des applau-
d'ssements.
Lorsqu'après le concert, le cortège s'est
reforrné, la reine Louise, M. Fallières et
le roi ont félicité chaleureusement les ar-
tistes. Les thvités se sont répandus dans la
saille du buffet, pendant que le roi et le
Président se sont entretenus avec les mem-
bres du corps diplomatique.
Le roi, la reine et M. Fallières se sont
retirés dans leurs appartements environ à
minuit.
, LA COLONIE FRANÇAISE
Ce matin, à neuf heures, le Président de
la Répubilique a reçu les membres de la
colonie française de Copenhague.
Le président de la colonie, M. Petitgas,
à dit à M. Fallières combien les Français
habitant le Danemark sont touchés de sa
visite.
Il a ajouté que les alliances et les enten-
tes formées ces temps derniers seront la
gloire d3 sa. présidence. ,.
Comme M. Petitgas s'excuse de s'em-
brouiller un peu dans son allocution, M.
Fallières répond :
« Vous n'avez pas besoin de vous excu-
ser. Vos paroles sont bien celles d'un Fran-
çais, car elles partent du cœur H. et le Pré-
sident îemet la croix de chevalier de la
Légion d'honneur à M. Petitgas. ,.-
M. Petitgas, âgé de quatre-vingt-trois
ans, habite le Danemark depuis cinquante
ans.
M. Fallières s'entretient ensuite avec cha
que membre de la colonie.
Il a la joie de trouver dans l'assistance
un Danois de France des bords de la Ga-
ronne. et qui lui parle le patois gascon.
Le Président répond aussi en patois.
Il reçoit ensuite des délégations de la sec-
tion danoise de d'Association franco-scan-
dinave et de l'Alliance française, et il les
assure de sa sympathie.
La délégation avait préalablement entre-
tenu M. Pichon des vœux que forment les
Danois pour la prochaine exposition des
arts français à Copenhague.
A 9 h. et demie, le Président et sa suite
montent en voiture pour aller visiter le chû-
teau de Rosanborg.
AU CHATEAU DE ROSENBORG
Au château de Rosenborg, le Président
est reçu à son arrivée par le prince Hans'
oncle du roi.
Ce château, qui était la résidence de
campagne des rois de Danemark depuis
Christian IV, se trouve maintenant sur la
limite de la ville.
Le sous-directeur, en l'absence du direc-
teur parti pour Frederiksborg, a donné en
français au Président des explications fort
intéressantes sur la collection des joyaux
armes de luxe, uniformes, meubles, qui
sont classés par ordre chronologique et quf
constituent un répertoire instructif des rois
de Danemark.
Le Président s'est longtemps arrêté dans
des salles de l'époque de la Renaissance
comprenant la salle d'audience, la cham-
bre à cocher le cabinet de travail de
Christian IV; puis dans les appartements
de Frédenc III et dans ceux de Frédéric IV
et dJ « Chdstian IV dont il a admiré les ivoi-
res et les vases en cristal de roche.
M. Fallières a été conduit ensuite au mu-
sée de Thornvaldsen. l'ilitustre et fécond
sculpteur danois. Il a contemplé avec un
vif plaisir son Ganymède, sa Psyché, son
Adonis, son groupe des Grâces et les Ages
de l'Amour, dont la pureté et l'idéal des
formes l'ont vivement impressionné.
Sur tout le parcours, le Président de la
République a été l'objet de grandes mar-
ques de respect de la part de la population.
A mdi, départ pour Frederiksborg, situé
à environ une heure de Copenhague, où
M. Fallières assistera au déjeuner qui lui
sera offert par le roi et la reine.
ENVOI DE CADEAUX
M. Fallières a envoyé au roi, à la reine-
et à la famille royale de magnifiques ca-
deaux consistant principalement en de su-
perbes pièces de la manufacture de Sèvres.
LE DEJEUNER DE FREDERIKSBORG
Le déjeuner offert en l'honneur du prési-
dent au palais de Frederiksbourg a été très
brillant. Le -temps fut magnifique.
Les fonctionnaires de la cour, avec lea
maréchaux comtes de Moltke et Brocken
huus-Schach en tête, étaient arrivés le ma-
tin pour les derniers arrangements
Il y avait environ soixante couverts sur
la table de milieu dans la salle d'honneur
Des fleurs aux couleurs françaises er..
voyées de Charlottenlund, étaient disposées
dans des vases d'argent. Les murs étaient r
drapés de vrais Gobelin*
Des morceaux de musique ont été exé- -
cutés par la garde du corps,
Le train spécial avec les souverains et
leurs hôtes français est arrivé à 12 h. 40L
en même temps que les automobiles ame-
nant le prince et la princesse Valdemar et i
le prince et la princesse Georges de Grèce.
d'attente de la gare était décorée' -
de drapeaux et de fleurs
A l'arrivée, étaient Présentes les autori-
tés locales avec le - Préfet - comte SchvJin,
en tête.
Le roi et le président se sont entreten---
avec les personnalités présentes.
Us sont aUés en voiture au palais où oa
s'est réum à 1 h. 15 dails la salie d'hon'
neur
saASniaient au déjeuoor le président et-lf
sa sUIte. la famille royale, les ministree
Raben, Hoegsbro, MM. de Beaucaire, com-
te Reventlow et les autorités locales. t
Copenhague, 22 juiHet
Pour le déjeuner officiel, le président a
été reçu dans la salle des chevaliers ; la
table était ornée de belles corbeilles gar- *
nies de fleurs bleues, blanches et rougea.
de façcon à fotnmer le couleurs nationales
françaises.
Après le café, la reine, dont l'érudition
est. comme on sait, très appréciée dans
toutes les cours d'Europe et dans le monde
savant, a tenu à expliquer elle-même aux
Français présents l'intérêt offert par tou-
tes les œuvres anciennes et modernes qua
renferment les nombreuses salles'du dlA- ,'
teau, tant au point de vue de l'histoire 1
du Danemark qu'au point de vue de l'art ;
ses explications ont été données avec beau»*
coup de charme et ont été vivement goft*
tées.
M. FALLIERES PREND CONGE £
En rentrant à Copenhague, M. Fallières
a été prendre congé du roi et de la reine
et il les a chaleureusement remerciés de
l'accueil qu'ils avaient fait aux représen-
tants de la France, ainsi que le peuple.
noi.s. <■ -
Le roi a très aimablement fait visiter
son- cabinet de travail, sur la table duquet
sont disposées les photographies des mem- v
bres des nombreuses familles régnantes:
auxquelles il est apparenté et qui, sous sont
règne comme sous celui de son père, con-
tinuent de considérer la cour danoise com-
me le centre de réunions dont d'influence-
se fait heureusement sentir sur toutes les
relations internationales. -
C'est avec un regret visible que M. Fal-
lières s'est séparé de tous les membres de
la famille royale, de l'accueil desquels il
emporte un souvenir durable.
LE DEPART POUR LA SUEDE ,
Copenhague, 22 juillet
M. Fallières s'est embarqué à six heuret
pour la Suède.
(Voir la suite en Dernière Heure)
v
Les Jeunes-Turcs -.
et le Sultan
Armements de la Turquie
(De notre correspondant particulier)
Constantmeple, 22 juillet,
Le ministère de la guerre ottomane a:
commandé à la manufacture d'armes de
Mauser. à Oberildorf, 15.000 carabines de
cavalerie. Les armes' doivent être livrées
dans l,lus bref délai.
Artillerie jeune-turque
(De notre correspondant particulier)-
4 Satlonique, 22 juillet.
A Provasa, les hommes de quatre batte-
ries ont chassé leurs officiers-et ont passé,
avec tout le matériel de guerre, dans -le
camp des jeunes-turcs. ,'
Les mutineries dans l'armée ottomane
(De notre correspondant particulier)
Constantmople, 22 juillet.
Le mouvement insurrectionnel a gagné le
deuxième coups d'année. Les officiers de&'
garnisons de Moustaphapacha, de Koulgli-
bourgils et de Dymovika ont fait des manr
festut.ions séditieuses.
Officiers irréconciliables
(De notre correspondant particulier)
Salonique. 22 juilldet.
Les officiers jeunes-turcs ont repoussé
l'offre de grâce qui leur a été présentée par
un envoyé spécial du sultan. Ils répondi-
rent :
— Nous ne voulons pas de grâce, il noua
faut de ia justice.
, A Tilfes, un officier jeune-turc a tué d'un
coup de revolver un colonel qui était sus-
pect de faire des rapports secrets sur les
officiers.
Une avance au Trésor
Constantinople, 22 juillet.
La Porte négocie pour obtenir de la Ban-
que ottomane une importante avance d'àf-
gent. nécessitée par la situation militaire.
Outre les officiers de la division d'Yldiz.1
les officiers de la première division vicn- t
nent d'être l'objet de promotions. La Porte'
a effectué jusqu'à présent 570 promotions"
afin, apparemment, d'empêcher la garnison.
de se laisser gagner par les idées jeunes-
turques. On se croit sûr de la fidélité de la
garnison de Constantinople-
On -continue, en Macédoine, à assassines
des offieiers soupçonnés d'être des délateurs.
QU de s'opBpsfr au mouvement jeune-turfc
-- -- -- - -- ----
-::II"' crarrranM La kcmbho
y
;'Vendredi 24 Juillet 1908. - lq- 14014.
-"-'! • - t
AUGUSTE VACQUERIE
..P.
"1 y d
.-. - ABONNEMENTS*
* 0« WII TRAI BKI SI mm» 6A ■
Paria .1 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
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Union Postale 2 — 9—16— 32 —
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AUGUSTE VACQUERIE"
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Adresser toutes les Communications au Directeur
Adresser Lettres et Mandats au Directeur
- 1 '>04 < ,'-'
ADMINISTRATION E3? ^REDACTION * 14, Rue du Mail. —— Téléphone :: 102-62
TRIBUNE LIBRE
1
LÉG ION D'HONNEUR
Nous sommes d'accord
avec le -Temps — une fois
n'est pas coutume — pour
approuver le décret qui cons-
titue une commission extra-
parlementaire chargée d etu-
mer les modifications qu'il peut y avoir
lieu d'apporter aux lois et règlements
gui régissent l'Ordre de la Légion
d'honneur.
Et, si nous ne croyons pas comme le
Temps aux racines profondes de cette
institution fort peu démocratique, nous
pensons tout au moins comme lui, qu'il
est devenu banal de constater que trop
souvent. les nominations et les promo-
lions dans la Légion d'honneur ne vi-
sent nullement à récompenser le mé-
rite. Elles paient trop souvent les ser-
vices rendus, - elles récompensent les
amis, s'obtiennent par relations, par re-
commandation.
Et, pourtant cette distinction ne de-
vrait être destinée qu'à récompenser
tous les mérites et tous les dévoue-
ments. Et elle devrait n'être attribuée
qu'à tous ceux qui, dans les ordres di-
vers de l'activité humaine, ont droit à
la reconnaissance de la société. c
De ce fait, nous (pensons avec le
Temps encore, que la commission devra
s'attacher à faire cesser les « mouve-
ments exceptionnels » auxquels donnent
lieu les expositions nationales ou inter-
nationales. Il y a là, depuis quelque
temps, une si abondante floraison de
croix, que les contingents attribués aux
divers ministères pour les nominations
régulières de janvier et de juillet, pa-
raissent, par comparaison, tout à fait
insignifiantes. »
Et, fort justement, le Temps ajoute :
« Il n'en est pas moins vrai que la mul-
liplicité de ces créations déconcerte
nombre de personnages tout à fait di-
gnes d'intérêt, dont le mérite ne peut
Mre récompensé qu'au moyen de croix
prises dans le contingent ordinaire.. »
Mais ces critiques pourraient être
étendues aux promotions et nominations
ordinaires, qui sont plus critiquables 1
encore.
Prenons la dernlèré promotion du mi-
nistère de l'intérieur : nous y trouvons
près des deux tiers des croix attribuées
à des nréckieins de Paris, deux ou trois
à des médecins de province, un bon
nombre à des journalistes et le reste,
c'est-à-dire trois ou quatre à peine, sur
soixante ou soixante-dix, à des maires,
conseillers généraux, conseillers d'ar-
rondissements. ou fonctionnaires.
Et nous ne pouvons nous empêcher
fle remarquer la disproportion. Evidem-
ment, M. le Président du Conseil fait
bien de décorer ses confrères, se sou-
Venant qu'il a été d'abord médecin. Et.
dans le corps médical, il y a des hom-
mes dont le mérite doit être récompen-
sé. Mais leur réserver la plus grande
partie des croix dont dispose le minis-
tère de l'intérieur est excessif tout de
même. On nous dira que les médecins
des hôpitaux, de Paris rendent de très
grands services à l'Assistance publique
de la Seine pour une rétribution déri-
soire. C'est exact. Mais c'est affaire.
entre eux et l'Assistance publique de la
Seine. Et j'ai idée que le marché n'est
point si mauvais, et que le titre de
médecin des hôpitaux, de par la clien-
tèle qu'il attire, récompense le travail
et le dévouement des sommités médi-
cales.
En tout cas, ces médecins vivent de
leur métier, font payer les services
qu'ils rendent, tandis qu'à côté d'eux,
les maires, adjoints, conseillers muni-
cipaux, conseillers d'arrondissement et
conseillers généraux se dévouent sans
rétribution aucune. Appelés par la con-
fiance de leurs concitoyens à des fonc-
tions électives, ils se consacrent'à l'ad-
ministration de la chose publique et lui
donnent avec désintéressement leur
temps et leur activité.
Souvent ils sacrifient à l'intérêt de
tous leur intérêt propre. Et il n'est pas
rare de voir tel commerçant, tel indus-
triel perdre une partie de sa clientèle
au cours de l'exercice d'un mandat élec-
tif et à cause de ce mandat. Quelque-
fois même la ruine totale s'ensuit.
Osera-t-on prétendre que les servi-
ces qu'ils rendent sont négligeables ? Il
ne faudrait pas connaître les lourdes
charges qu'assument les maires et ad-
faints des grandes villes, les adminis-
trateurs des grands établissements d'as-
\itance.. ",
Chaque jour fa part qui leur est dé-
tblue dans l'administration générale
Augmente. Chaque réforme sociale votée
ne peut être réalisée, appliquée, que
var la collaboration constante des pou-
.,. -
voirs publics et des élus des villes - et
des départements.
Chaque jour on leur demande davan-
tage,- et le ministre de l'intérieur sait
mieux que personne combien d'esprit
d'initiative, d'activité, de dévouement
ou trouve parmi ces fonctionnaires ad-
ministratifs. Car de plus en plus, ils de-
viennent de véritables fonctionnaires
administratifs, plus indispensables que
beaucoup d'autres, qui pourtant sont
rétribués et qui, au cours ou au terme
de leur carrière, reçoivent la légïôn
d'honneur comme récompense.
La commission peut réparer cet ou-
bli où sont laissés ces vieux et utiles dé-
fenseurs de la République, et peut faire
cesser l'injustice dont ils sont victimes.
On décore les médecins, les fonction-
naires de tous ordres, on décore les offi-
ciers de réserve, de territoriale qui.
moyennant rétribution, consentent tous
les deux ans à accomplir une période
de vingt-huit ou de treize jours. On crée
pour eux des croix -, supplémentaires
par centaines. On ne décore jamais ou
presque jamais les élus qui, honorés
pendant des années des libres suffrages
et de la confiance de leurs concitoyens,
se consacrent sans compter et aux in-
térêts de tous et à la défense de la Ré-
publique. - -
Les distinctions honorifiques me lais-
sent froid ; je verrais sans déplaisir la
suppression totale de toutes les décora-
tions. -
Mais du moment où elles existent,
bù* elles sont maintenues, je prétends
que c'est aux élus de la nation, à ceux
qui exercent gratuitement leurs fonc-
tions, qu'elles doivent d'abord être at-
tribuées. -. -
Que la commission réalise cette ré-
forme et nous serons reconnaissants à
M. Briand de l'avoir créée.
Marcel REGNIER,
Député de VAllier.
LA POLITIQUE
LE CONGRÈS DE TOULOUSE
Tandis que radicaux et ra-
dicaux-socialistes lèveront la
séance, à Dijon, les socialis-
tes commenceront leurs déli-
bérations à Toulouse. Ces
deux congrès empruntent aux
circonstances actuelles un intérêt par-
ticulier. Les militants des deux par-
tis et leurs adversaires y apporteront
une attention égale.
En signalant, récemment, que la po-
litique de confusion était au bout, nous
avions vu juste. Les radicaux vont pro-
clamer hautement que l'avenir de leur
parti est lié à une action persistante de
réformes économiques. Ceux qui y répu-
gnent sont destinés, dans un délai plus
ou moins proche, à s'enliser dans les
marais où MM. Ribot et Brindeau péro-
rent parmi les roseaux.
Dans ce même moment, les socialis-
tes sont appelés par leur conseil natio-
nal à décider si les' réformes ont une
utilité. La question dépourvue de sens,
chez les radicaux, tant la réponse est
évidente, reste une question litigieuse
chez les socialistes.
Si les réformes ont une utilité, il
s'ensuit que le parlementarisme et l'en-
tente avec tous les démocrates réformis-
tes s'imposent. Si les réformes sem-
blaient inutiles, inefficaces, inopérantes,
le résultat aux yeux des socialistes se-
rait de légitimer la seule méthode ré-
volutionnaire : grève générale et insur-
rection primant tout autre mode d'ac-
tion et déterminant l'isolement politi-
que.
Les journaux nationalistes, cléricaux,
royalistes, progressistes — et d'autre t
encore, oublieux des campagnes qu'il! 1
firent en commun avec les socialistes,
quand la République étàit menacée, — >
veulent n'entendre parmi les unifiés que'
les voix révo 1 utionnaires.
Ce sont les plus bruyantes assuré-
ment, mais c'est une injustice de mé-
connaître que la plupart des électeurs
socialistes sont. des démocrates parti-
sans de l'action légalitaire et non point
des anarchisants.
Les démocrates socialistes, 'dira-t-on,
sont solidaires de certaines proximités
compromettantes. Quel est donc le par-
ti qui n'est point gêné par quelques-uns
des siens ?
M. Rouan et, 'dans XHumanité, se 'de-
mande si le congrès de Toulouse se pro-
noncera pour l'utilité des réformes Ot1
non '? Nous n'avons pas les lumières -des
oracles du parti socialiste,màis là répon-
se semble aisée .Dans ce parti démocra-
tique-là, comme 'dans les autres partis
QéJ;nocrtIgues,,¡ j>er90nng De poudrait"
répudier ouvertement le réformisme, si-
non quelques rares écrivains et orateurs
à effet.
Parions que le réformisme, doctrine
visiblement adoptée par la majorité, ga-
gnera sa cause à Toulouse.,
00 1
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
t" 'Aujourd'hui jeudi i
Lever du soleil, à 4 h. 23 ; Coucher, à
7 h. 49.
Courses à Maisons-Laffitte.
Le ministre amoureux.
Un de nos plus galants ministres- -
i ils le sont tous — fait la cour à la très
jeune et très jolie veuve d'un député.
Il la pressait ; elle résistait, arguant la
imort toute récente de son mari. Com-
me il insistait vivement : « Allons, dit-
elle, patientez encore, voulez-vous donc
que je bâtisse sur la cendre! encore;
chaude ? n
Fabrication de bais à brûler.
i A Darmstadt, on a une façon origina-
le de faire du bois à brûler.
La compagnie du chemin de fer possé-
dait de vieux wagons tout à fait hors de
service ; on songea à les utiliser comme
combustible et, pour cela, on né trouva
rien de plus simple que de simuler une
rencontre de trains lancés à toute va-
peur.
- On a donc attaché les wagons à deux
locomotives qui les ont poussés les uns
contre les autres ; on a recommencé tant
qu'il yxi eu des wagons à mettre en piè-
ces.
Il faut noter que les chauffeurs ont
couru les plus grands dangers, car le
moindre retard dans le mouvement de
retrait pouvait engager les locomotives
l'une contre l'autre.
AUTREFOIS
Rappel du 24 juillet 1872. — On a lait,
jusqu'à présent, en Espagne, une soixan-
taine d'arrestations, à la suite de l'attentat
contre le roi Amédée.
Mort d'Adolphe Guéroult, fondateur et
directeur de l'Opinion nationale, ancien dé-
puté de Paris.
Le projet de programme pour la recons-
truction de VHôtel de Ville a été voté hier,
au Conseil municipal.
Les hauts employés des postes et des té-
légraphes se réunissent au ministère des fi-
nances. Ils étudient la question de la fusion
de leurs deux services.
La Banque de France doit émettre des
coupures de dix francs ; on dit qu'elle pro-
cédera à cette émission avant l'ouverture
de la souscription à l'emprunt des trois mil-
liards.
Le mariage de Christine Nillson avec M.
'4. Rouzaud, sera célébré à Westminster
A. Rouzaud, saturddy iffly 27 th. at 11
Abbey « on saturdày july 27 th. at 11
o'clock punctually », le samedi 27 juillet, à
11 heures précises.
Un phénomène curieux.
Un ingénieur aéronaute a pu observer
dernièrement, au cours d'une ascen-
sion, un curieux phénomène atmosphé-
rique. un curieux phénomène atmosphé-
En atteignant l'altitude de 1.500 mè-
tres, il ressentit dans tout son corps et
notamment à la figure et aux mains, un
fourmillement particulier.
Ayant eu l'idée que ce phénomène
pouvait être dû à l'état d'électrisation de
l'atmosphère dans la zone que traversait
l'aérostat, il étendit les mains et cons.
tata alors que, du bout de ses doigts,
s'échappaient des étincelles électriques
d'un centimètre de longueur environ.
Cette sensation se prolongea t. peu
près une minute, c'est-à-dire, étant don-
née la vitesse ascensionnelle du ballon
en ce moment, sur 150 mètres de hau-
teur.
Allumettes chimiques.
L'invention des allumettes chimiques,
revendiquée par l'Allemagne, est une
invention française et franc-comtoise qui
remonte à l'année 1831.
A cette époque, un jeune Jurassien,
âgé de dix-neuf ans, qui terminait ses
études au collège de Dôle, trouva, après
de laborieuses recherches, le procédé
des allumettes à friction. L'étudiant d'a-
lors, qui n'a tiré aucun bénéfice pécu-
niaire de son invention, est devenu le
docteur Charles Sauviac, de Saint-Lo-
thain, dans le Jura.
Son père était le général Sauviac, qui
fut, pendant la période révolutionnaire
de 1793, gouverneur, de Givet et de
Charlemont..
Hugo et Zola.
On a fait récemment des gorges chau-
des au sujet de cet employé des postes
de Berck-sur-Mer, qui demandait à Mme
Emile Zola i
— « Zola », comment écrivez-vous ce
nom là ?
Victor Hugo fut naguère le héros d'une
semblable aventure.
C'était au temps où sa gloire brillait
de son éclat le plus vif. Hernani alter-
nait sur les affiches du Théâtre Fran-
çais, avec Ruy Blas, et le nom du poète
était chaque soir acclamé par un public
enthousiaste.
Victor Hugo venait parfois, vers la
fin du spectacle, se glisser dans la salle
où il s'asseyait modestement sur un
strapontin,
Un-soir, au moment où il pénétrait à
l'orchestre, une ouvreuse l'arrêté :
— Monsieur, où allez-vous ? votre.cou*.
pon ?
- Mais. je n'en ai pas, je suis Victor
Hugo, dit timidement le poète, en rou-
lant légèrement r « £ 1>1. Rivant sa ËOU-
lJ)m. --
)
— Que vous soyez mansieur Rugo Du
non, vous n'entrerez pas sans billet J
Et, résolument, l'ouvreuse lui barra
le passage.
- m - - -
Eîj passan t
S'il faut en croire une nouvelle revue d'A-
mérique, nous sommes à la veille de voir
se propager une religion nouvelle, dont cer-
tains fidèles ne seront pas toujours désa-
gréables à contempler.
Cette religion a surgi à Oklahoma, une
des villes américai-nes sorties elles-mêmes
soudainement de l'obscurdé.
Les nouveaux sectaires ont pris le nom
d'Edenistes, parce qu'ils se sont mis en
marche pour rentrer dans l'Eden primitif
qu'ils espèrent bien trouver sur la côte du
Pacifique, contrairement à toutes les tradi- i
tions bibliques.
Les naenistes — ils sont une cinquan-
taine- craient fermement qiie, pour recon-
quérir le. paradis terrestre, ils doivent s'y
présenter dans l'état de nature où était
Adam avant le péché originel. Aussi ne
i portent-ils absolument aucun vêtement. Ils
se nourrissent des fruits de la terre tels
qu'ils les cueillent. Ils ont la conviction
qu'une fois en possession de l'Eden, ils
pourront y recommencer le rôle de l'huma-
nité telle qu'elle aurait dû être si l'hommes
et la femme n'avaient pas succombé à la
tentation du serpent.
Aussi. leur premier soin, sera-t-il d'exter-
miner tous les reptiles dans leur séjour pa-
radisiaque.
La nouvelle secte est naissante, mais il
se pourrait fort bien qu'avant un laps de
vingt ans, elle comptât quelques milliers
d'adhérents.
On a vu aux Etats-Unis, en fait de reli-
gion, des choses au moins aussi curieuses.
Le chef des Edenistes est : J:-F. Shurp. Il
est accompagné-de femmes et d'enfants,qui
obéissent fanatiquement à son autorité et
qui tous se promènent nus comme des
vers, nus comme la main, nus - suivant
l'expression d Alfred Musset - comme
le discours d'un Académicien. -
Cette procession originale se diriae par
petites marches vers le Paradis perdu.
En attendant qu'elle le retrouve. je ne
lui souhaite pas de rencontrer M. Bérenger
sur son chemin l
Le Chemineau.
A M. Doumergue
, r i - —
Nous croyons devoir appeler tout parti-
culièrement l'attention de M. Doumergue,
ministre de l'instruction publique, sur un
fait très regrettaible qui s'est produit hier
et qui n'est peut-être malheureusement
pas isolé.
Les élèves du lycée Racine (jeunes filles)
et Jours parents, avaient été invités, com-
me d'habitude, à assister, hier matin, à
la cérémonie de la distribution des prix
dans les locaux dudit lycée. A leur arri-
vée, les élèves furent admises à la céré-
monie, mais les parents qui les accompa-
gnaient -se virent refuser l'entrée, sous
prétexte que la place faisait défaut pour
les recevoir. Et les bonnes mamans qui
s'étaient fait une joie d'assister à la fête
scolaire, et les ipetites soeurs impatientes
de battre des mains aux succès de leurs
aiDées, et les papas au front rayonnant
fi la pensée de voir récompenser de tra-
vail de leur progéniture, durent se anor-
fondre, une (heure durant, en regardant
des murs derrière lesquels s'épanouis-
.saient des joies familiales dont il leur était
interdit de prendre leur légitime part.
Est-ce ainsi que devraient se passer les
choses dans nos établissements publics
d'enseignement, quand les établissements
rivaux où enseignent les cléricaux nous
donnent le spectacle des soins les plus mi-
nutieux et de la déférence la plus grande
à l'égard des parents de leurs élèves ?
Non seulement les portes de ces établis-
sements s'ouvrent toutes grandes devant.
les parents des élèves, mais la cérémonie
elle-même est organisée de façon à laisser
dtans l'esprit de ceux qui y sont conviés
un souvenir aussi agréable et aussi du-
rable que possible. C'est la fête de famille
par excellence, Ja fête qui sait parler nu
cœur dés enfants et à l'âme des parents.
On se plaint généralement de a séche-
resse de nos cérémonies civiles, du man-
que de solennité et de prestige de nos fê-
tes laïques. La femme surtout n'y trouve
pas ce charme pénétrant d'une mise en
.scène qui frappe à la fois ses sens et son
imagination, et c'est une des raisons pour
lesquelles elle demeure encore attachée
aux manifestations du culte religieux.
Et non seulement on ne fait rien pour
remédier à cet état d'infériorité, mais il
semble, au contraire, que l'on veuille en-
core l'accentuer.
Nous n'en voulons pour preuve que des
cérémonies comme celle d'hier, où des far
milles entières ont été privées de la plus
saine et de la plus légitime des joies.
Oh ! nous prévoyons l'objection qui va
nous être faite. Nos locaux sont trop li-
mités, nous dira-t-on ? Nous répondrons
que l'excuse est mauvaise parce qu'il ne
manque pas de locaux à Paris qui peu-
vent se prêter à des cérémonies de ce
genre, si grandioses même qu'on veuille
les supposer.
La vérité est autre. Les cérémonies de
distributions de prix clôturent l'année sco-
laipe., et l'on n'a qu'une hâte : bâcler le
plus rapidement possible cette fête qui
couronne le labeur scolaire pour donner
bien vite la clef des champs aux maîtres
et aux élèves.
Nous comprenons qu'après leur tâche
remplie, professeurs et élèves soient im-
patients de liberté et de repos, mais les
eongréganistes sont dans le même cas. et
cependant ils rie négligent jamais de don-
ner tous leurs soins à la fête où sont dis-
tribuées les sanctions du travail.
Nous en appelons à M. Çoamergne de
ce regrettable état -u'esprît et de choses.
le «ayons trop dévoué à sa belle et
noble fonction ûe grand tft&itfô de l'Uni-
versité pour croire qu'il puisse se désin-
téresser d'une question aussi importante.
au moment surtout où notre enseignement
]8ï(iue Ut. l'objet de toutes les critiques et
Pit tçûa les assauts 'de 1$réaction i « p, G.
LE VOYAGE DU PRÉSIDENT
t FlUlEBES El 111 ,
J': ..,.:
Une soirée à la cour. — Le Président reçoit la colonie fran -
çaise. - La visite à osenborg. — Envoi de cadeaux.
Copenhague, 22 juillet.
Après le dîner chez î'-e comte Raben, le
Président est rentré dans ses appartements
du palais d'Amalienborg.
Quelques instants après, le jroi est allé
le chercner pour le conduire dans la salle
des fêtes, où fut offert en l'honneur de M.
Fellières, un concert à la cour ; tout le
corps diplomatique et les hauts dignitaires
danois et français assistaient à cette soirée,
à laquelle étaient également invités les of-
ficiers de l'escadre française et les repré-
sentants de la presse.
De nombreux domestiques de la cour da-
noise, revêtus de la tunique rouge et coif-
fés de leurs pittoresques casques cerclés et
surmontés de touffes de roses, formaient la
haie dans les escaliers.
Les chambellans, en grand uniforme,
ayant leur haute canne ornée de rubans
bleus, précédaient le cortège, lorsqu'il est
entré dans la salle
cesse de Grèce, le prince héritier çt la prin-
cesse Marie Valdent-ar.@ le prince de Grèce
ià la princesse royale : tous les autres
princes suivaient en grand uniforme de
gala. Le roi, la reine, le président et les
membres de la famille royale, MM. Pichon,
Lanes et Mollard ont pris place au premier
rang sur les fauteuils disposés en demi-
cercle ; derrière étaient tes dames d'hon-
neur et 'es autres dames invitées, en gran-
de toilette déoollletée. garnies de leurs in-
signes et couvertes de brillants ; les autres
invités, environ deux cents, occupaient les
quatre oernières rangées de chaises.
Le programme comprenait les morceaux
des meilleurs compositeurs, les uns chan-
tés par des artistes hommes et femmes, les
autres exécutés au piano.
L'exécution a été parfaite et le Président
a donné plusieurs fois le signal des applau-
d'ssements.
Lorsqu'après le concert, le cortège s'est
reforrné, la reine Louise, M. Fallières et
le roi ont félicité chaleureusement les ar-
tistes. Les thvités se sont répandus dans la
saille du buffet, pendant que le roi et le
Président se sont entretenus avec les mem-
bres du corps diplomatique.
Le roi, la reine et M. Fallières se sont
retirés dans leurs appartements environ à
minuit.
, LA COLONIE FRANÇAISE
Ce matin, à neuf heures, le Président de
la Répubilique a reçu les membres de la
colonie française de Copenhague.
Le président de la colonie, M. Petitgas,
à dit à M. Fallières combien les Français
habitant le Danemark sont touchés de sa
visite.
Il a ajouté que les alliances et les enten-
tes formées ces temps derniers seront la
gloire d3 sa. présidence. ,.
Comme M. Petitgas s'excuse de s'em-
brouiller un peu dans son allocution, M.
Fallières répond :
« Vous n'avez pas besoin de vous excu-
ser. Vos paroles sont bien celles d'un Fran-
çais, car elles partent du cœur H. et le Pré-
sident îemet la croix de chevalier de la
Légion d'honneur à M. Petitgas. ,.-
M. Petitgas, âgé de quatre-vingt-trois
ans, habite le Danemark depuis cinquante
ans.
M. Fallières s'entretient ensuite avec cha
que membre de la colonie.
Il a la joie de trouver dans l'assistance
un Danois de France des bords de la Ga-
ronne. et qui lui parle le patois gascon.
Le Président répond aussi en patois.
Il reçoit ensuite des délégations de la sec-
tion danoise de d'Association franco-scan-
dinave et de l'Alliance française, et il les
assure de sa sympathie.
La délégation avait préalablement entre-
tenu M. Pichon des vœux que forment les
Danois pour la prochaine exposition des
arts français à Copenhague.
A 9 h. et demie, le Président et sa suite
montent en voiture pour aller visiter le chû-
teau de Rosanborg.
AU CHATEAU DE ROSENBORG
Au château de Rosenborg, le Président
est reçu à son arrivée par le prince Hans'
oncle du roi.
Ce château, qui était la résidence de
campagne des rois de Danemark depuis
Christian IV, se trouve maintenant sur la
limite de la ville.
Le sous-directeur, en l'absence du direc-
teur parti pour Frederiksborg, a donné en
français au Président des explications fort
intéressantes sur la collection des joyaux
armes de luxe, uniformes, meubles, qui
sont classés par ordre chronologique et quf
constituent un répertoire instructif des rois
de Danemark.
Le Président s'est longtemps arrêté dans
des salles de l'époque de la Renaissance
comprenant la salle d'audience, la cham-
bre à cocher le cabinet de travail de
Christian IV; puis dans les appartements
de Frédenc III et dans ceux de Frédéric IV
et dJ « Chdstian IV dont il a admiré les ivoi-
res et les vases en cristal de roche.
M. Fallières a été conduit ensuite au mu-
sée de Thornvaldsen. l'ilitustre et fécond
sculpteur danois. Il a contemplé avec un
vif plaisir son Ganymède, sa Psyché, son
Adonis, son groupe des Grâces et les Ages
de l'Amour, dont la pureté et l'idéal des
formes l'ont vivement impressionné.
Sur tout le parcours, le Président de la
République a été l'objet de grandes mar-
ques de respect de la part de la population.
A mdi, départ pour Frederiksborg, situé
à environ une heure de Copenhague, où
M. Fallières assistera au déjeuner qui lui
sera offert par le roi et la reine.
ENVOI DE CADEAUX
M. Fallières a envoyé au roi, à la reine-
et à la famille royale de magnifiques ca-
deaux consistant principalement en de su-
perbes pièces de la manufacture de Sèvres.
LE DEJEUNER DE FREDERIKSBORG
Le déjeuner offert en l'honneur du prési-
dent au palais de Frederiksbourg a été très
brillant. Le -temps fut magnifique.
Les fonctionnaires de la cour, avec lea
maréchaux comtes de Moltke et Brocken
huus-Schach en tête, étaient arrivés le ma-
tin pour les derniers arrangements
Il y avait environ soixante couverts sur
la table de milieu dans la salle d'honneur
Des fleurs aux couleurs françaises er..
voyées de Charlottenlund, étaient disposées
dans des vases d'argent. Les murs étaient r
drapés de vrais Gobelin*
Des morceaux de musique ont été exé- -
cutés par la garde du corps,
Le train spécial avec les souverains et
leurs hôtes français est arrivé à 12 h. 40L
en même temps que les automobiles ame-
nant le prince et la princesse Valdemar et i
le prince et la princesse Georges de Grèce.
d'attente de la gare était décorée' -
de drapeaux et de fleurs
A l'arrivée, étaient Présentes les autori-
tés locales avec le - Préfet - comte SchvJin,
en tête.
Le roi et le président se sont entreten---
avec les personnalités présentes.
Us sont aUés en voiture au palais où oa
s'est réum à 1 h. 15 dails la salie d'hon'
neur
saASniaient au déjeuoor le président et-lf
sa sUIte. la famille royale, les ministree
Raben, Hoegsbro, MM. de Beaucaire, com-
te Reventlow et les autorités locales. t
Copenhague, 22 juiHet
Pour le déjeuner officiel, le président a
été reçu dans la salle des chevaliers ; la
table était ornée de belles corbeilles gar- *
nies de fleurs bleues, blanches et rougea.
de façcon à fotnmer le couleurs nationales
françaises.
Après le café, la reine, dont l'érudition
est. comme on sait, très appréciée dans
toutes les cours d'Europe et dans le monde
savant, a tenu à expliquer elle-même aux
Français présents l'intérêt offert par tou-
tes les œuvres anciennes et modernes qua
renferment les nombreuses salles'du dlA- ,'
teau, tant au point de vue de l'histoire 1
du Danemark qu'au point de vue de l'art ;
ses explications ont été données avec beau»*
coup de charme et ont été vivement goft*
tées.
M. FALLIERES PREND CONGE £
En rentrant à Copenhague, M. Fallières
a été prendre congé du roi et de la reine
et il les a chaleureusement remerciés de
l'accueil qu'ils avaient fait aux représen-
tants de la France, ainsi que le peuple.
noi.s. <■ -
Le roi a très aimablement fait visiter
son- cabinet de travail, sur la table duquet
sont disposées les photographies des mem- v
bres des nombreuses familles régnantes:
auxquelles il est apparenté et qui, sous sont
règne comme sous celui de son père, con-
tinuent de considérer la cour danoise com-
me le centre de réunions dont d'influence-
se fait heureusement sentir sur toutes les
relations internationales. -
C'est avec un regret visible que M. Fal-
lières s'est séparé de tous les membres de
la famille royale, de l'accueil desquels il
emporte un souvenir durable.
LE DEPART POUR LA SUEDE ,
Copenhague, 22 juillet
M. Fallières s'est embarqué à six heuret
pour la Suède.
(Voir la suite en Dernière Heure)
v
Les Jeunes-Turcs -.
et le Sultan
Armements de la Turquie
(De notre correspondant particulier)
Constantmeple, 22 juillet,
Le ministère de la guerre ottomane a:
commandé à la manufacture d'armes de
Mauser. à Oberildorf, 15.000 carabines de
cavalerie. Les armes' doivent être livrées
dans l,lus bref délai.
Artillerie jeune-turque
(De notre correspondant particulier)-
4 Satlonique, 22 juillet.
A Provasa, les hommes de quatre batte-
ries ont chassé leurs officiers-et ont passé,
avec tout le matériel de guerre, dans -le
camp des jeunes-turcs. ,'
Les mutineries dans l'armée ottomane
(De notre correspondant particulier)
Constantmople, 22 juillet.
Le mouvement insurrectionnel a gagné le
deuxième coups d'année. Les officiers de&'
garnisons de Moustaphapacha, de Koulgli-
bourgils et de Dymovika ont fait des manr
festut.ions séditieuses.
Officiers irréconciliables
(De notre correspondant particulier)
Salonique. 22 juilldet.
Les officiers jeunes-turcs ont repoussé
l'offre de grâce qui leur a été présentée par
un envoyé spécial du sultan. Ils répondi-
rent :
— Nous ne voulons pas de grâce, il noua
faut de ia justice.
, A Tilfes, un officier jeune-turc a tué d'un
coup de revolver un colonel qui était sus-
pect de faire des rapports secrets sur les
officiers.
Une avance au Trésor
Constantinople, 22 juillet.
La Porte négocie pour obtenir de la Ban-
que ottomane une importante avance d'àf-
gent. nécessitée par la situation militaire.
Outre les officiers de la division d'Yldiz.1
les officiers de la première division vicn- t
nent d'être l'objet de promotions. La Porte'
a effectué jusqu'à présent 570 promotions"
afin, apparemment, d'empêcher la garnison.
de se laisser gagner par les idées jeunes-
turques. On se croit sûr de la fidélité de la
garnison de Constantinople-
On -continue, en Macédoine, à assassines
des offieiers soupçonnés d'être des délateurs.
QU de s'opBpsfr au mouvement jeune-turfc
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