Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-20
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 juillet 1908 20 juillet 1908
Description : 1908/07/20 (N14010). 1908/07/20 (N14010).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549469w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
N 14010.- 1"Thermidor An lie ÇPrq gBgrTlMgKB tE IHIMERO
Lundi 20 Juillet 1908. - S. 14010.
Itadateap *
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE
LA VRAIE RÉPONSE
La presse allemande est
devenue extrêmement agres-
sive depuis l'affaire- d' m-
mour. Elle multiplie les at-
taques violentes contre la
France et accuse notre gou-
vernement des plus ténébreux desseins.
Certes, il y a lieu de s'étonner de
cette frénésie soudaine. En effet, si le
coup de main du général d'Amade sur
Azemmour a été en lui-même un acte
regrettable, la note publiée le lendemain
aurait dû calmer toutes les susceptibi-
lités, puisque le gouvernement y désap-
prouvait très nettement l'opération.
Cet accès de francophobie véhémente
est donc difficilement explicable. Il ne
faut pas s'en émouvoir outre mesure.
Le mieux est de se montrer de sang
froid et, pour ma part, je déplore les
réponses violentes gue fait à ces atta-
ques germaniques certain grand journal
qui prétend représenter en France la
modération même, mais traite les affai-
res étrangères avec la passion la plus
belliqueuse. A quoi bon répondre aux
exagérations de la presse allemande par
des polémiques également excessives ?
Le mieux est que nous restions parfai-
tement calmes.
Constatons d'ailleurs qu'en Allemagne
même, on commence à protester contre
cette campagne. Par leur grand journal
le Vorvaerts, Y'lar des manifestations
imposantes, les socialistes, ¡aill-emands
ont fait savoir qu'ils sont prêts à lutter
contre les pangermanistes. Ils ont affir-
mé le pacifisme profond des travailleurs
de leurs pays, déclarant hautement
que la question marocaine ou les affai-
res de Macédoine ne sauraient en justi-
ce et en raison, troubler les rapports
des grandes nations européennes. De
même le Berliner Tageblatt et les 'ibé-
raux radicaux font appel au bon sens
du peuple allemand et résistent à l'ef-
fort du chauvinisme.
Il est probable que ces bons conseils
finiront par l'emporter sur des excita-
tions illégitimes. C'est, en somme, en
Allemagne, l'opinion populaire, la dé-
mocratie qui s'opposent au pangerma-
nisme outrancier et l'on ne va pas faci-
lement au rebours de ces puissances-là.
Mais ces attaques soudaines à propos
d'un incident peu important par lui-
même, ne montrent-elles pas combien
nous avions raison de conseiller dès le
début, au gouvernement la plus grande
prudence ?
Des fautes ont été commises, sur les-
quelles il est inutile de. revenir : le passé
est le passé. Mais qu'on n'en commette
plus et qu'on nous sorte au plus tôt du
guêpier marocain ! 1
On discute beaucoup en ce moment
la question de savoir si, depuis quelque
temps, l'étoile de Moulay Hafid ne s'est
;pas obscurcie, si Abd el Aziz n'a pas
ressaisi quelque force. Peu importe !
Ce qu'il faut, c'est mettre fin à l'expé-
dition marocaine : les sultans règleront
leurs affaires ensemble.
On annonce que le général (TAmade,
Conformément aux déclarations faites
par le gouvernement français aux diffé-
rentes puissances, procède à un premier
rapatriement : quelques-unes des trou-
pes cantonnées dans la Chaouia vont
être ramenées en Algérie.
Voilà la bonne voie ! Puisque la
Chaouïa est pacifiée, il faut l'évacuer ;
c'est le meilleur moyen de nous mettre
à l'abri de tout incident pareil à celui
d'Azemmour, de faire taire toutes les
Calomnies, en un mot, d'en finir.
Assurément, si 1 intérêt de la France
et sa dignité exigeaient le maintien des
trounes françaises au Maroc, ce n'est
pas parce que tout à coup la presse al-
lemande montrerait à notre égard des
sentiments d'hostilité, qu'il faudrait
mettre un terme à une action nécessai-
re.
Mais, puisque les opérations militai-
res sont terminées, puisque le but est
atteint, il est tout à fait inutile de pro-
longer une occupation sans objet.
Seuls, ceux qui veulent l'intervention
quand même, ceux qui, sur cette ques-
tion marocaine, maudissent également
MM. Jaurès et Ribot, parce que l'un et
l'autre ont parlé prudence, seuls les
'Azizistes de Paris peuvent s'élever con-
tre cette évacuation. Pour eux, en effet,
les troupes françaises n'ont pas terminé
- leur œuvre : elles l'ont même abandon-
née à peine commencée. Mais pour la
, Chambre, qui derechef vient d'affirmer
r sa volonté de neutralité, pour le gouver-
- nement, qui a solennellement promis de
respecter ce principe de neutralité, il
n'y a plus maintenant qu'à procéder
iau retrait progressif de nos effectifs.
Qu'on y procède donc, avec toutes
les précautions utiles, mais sans délais
exagérés : c'est la meilleure réponse
qu'il y ait iL faire à ceux qui, hors de
France, cherchent à travestir nos inten-
tions,
René RENOULT,
Député de la llaute-SMne.
LA POLITIQUE
LE VOYAGE DU PRESIDENT
La France entière se ré-
jouira du succès personnel
que le président Fallières est
appelé à recueillir dans son
voyage aux pays du Nord.
Le bon démocrate, l'excellent
citoyen, l'homme d'Etat avisé et pru-
dent sera partout reçu comme il le mé-
rite ; il est bien le chef qu'accompagne
la confiance du pays en général, du par-
ti républicain, en particulier. ,
Et c'est à cause même du caractère et
de la personne du président que la por-
tée du voyage est d'avance connue ; il
ne saurait être question que de paix
internationale. On le pensait bien, mais
ce qui vaut mieux, cela a été dit.
Dans un article du Matin, un dépu-
té, qui semble autorisé à traduire la
pensée du gouvernement, la formule de
la façon suivante s
« En même temps qu'une fidélité de
chaque instant à nos alliances et à nos
amitiés, une politique d'entente entre
tous et de conciliation générale des in-
térêts, »
Un avenir prochain nous apprendra
ce qu'il faut entendre par la concilia-
tion générale des intérêts, mais person-
ne ne trouvera mauvais qu'on s'efforce
peut-être par là à apaiser certaines ten-
dances à la mauvaise humeur.
« Nous ne voulons pas opposer les
puissances les unes aux autres ; nous
ne voulons pas davantage nous opposer
à aucune. » L'interprète officieux du
gouvernement souligne l'importance de
cette déclaration en ajoutant : a C'est
la pensée que le président de la Répu-
blique et M. Pichon porteront à Revel.
C'est l'assurance qu'ils donneront aux
souverains de Danemark, de Suède et
de Norvège : celle qu'ils pourraient pro-
duire à tous les chefs d Etat ».
Cette dernière allusion aux déclara-
tions qui pourraient être faites en cas
de (i surprise » prouve que toutes les
éventualités ont été prises en considéra-
tion.
Laissons donc certains grincheux
exprimer la crainte de rencontres ac-
compagnées d'humiliation.
Pour notre part nous sommes t'as-"
strrés.
Quelque aventure qui se produise la"
dignité de la France ne court aucun ris-
que. Tout a été prévu :: actes et paroles.
Rien ne sera laissé à Fimprovisation.
Les plus ombrageux patriotes peuvent
bannir toute inquiétude.
LIRE EN 2< PAGE :
Le voyage du président
de la République
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
'Aujou.rd'hui dimanche :
Lever du soleil à 4 h. 18 * coucher à
7 h. 53.
Matinées. — Comédie-Française Théâtre
Antoine, Palais-Royal, Folies-Dramatiques,
Déjazet, Scala, Nouveau-Cirque, Cirque Mé-
drano, Jardin de Paris. — Théâtre de la
Nature, Théâtre du Parc de Pont-aux-
Dames.
Courses à Saint-Cloud..
JLes graines dansantes
Signalons l'envoi à Paris ae graines
du Mexique qui attirent vivement la cu-
riosité de ceux qui ont pu les voir de
près,
Ces graines, parfaitement lisses et de
la grosseur d'une très petite noisette,
sont douées de mouvement. Quand on
les pose sur une table elles s'agitent,
elles e retournent et quelquefois sau-
tent à un centimètre de hauteur. Les
botanistes les connaissent sous le nom
de « graines du diable ». Si l'on fend
une de ces graines mouvantes, on trou-
ve à l'intérieur un petit asticot bien vi-
vant qui est l'auteur des mouvements
de la graine., La plante qui fournit ces
graines est une euphorbiacée du Mexi-
que, généralement visitée par un dip-
tère. L'insecte..dépose ses œufs dans la
fleur ; CCllX-CÏ éçlÕsent, et la larve Vit
aux dépens de la graine. Quand la larve-
est adulte, elle a épuisé la provision de
nourriture et, avant de sis transformer
en insecte parfait, elle se metit dans la
limite de sa prison. Sous l'influence des
déplacements et de fa chaleur, elle exé-
cute une série de mouvements et de
culbutes qui font déplacer son habita-
tion. La graine absolument close, sem-
ble douée d'un mouvement spontané
bien fait pour exciter l'étonnement des
observateurs non prévenus,,
♦
Curiosités
Un régiment d infanterie russe vient
d'essayer à Dvinsk (Dunabourg) un ap-
pareil inventé par le soldat Smirnof, et
servant à grimper sur des poteaux et
des arbres de toute épaisseur. Des hom-
mes munis de cet appareil sont montés
aisément, tout équipés et le fusil en ban-
doulière, sur des pins d'une hauteur
considérable, s'arrêtant, chargeant, met-
tant en joue et faisant feu aux comman-
dements. La descente s'est opérée aussi
facilement.
On croit que cet appareil* sera très
utile dans les reconnaissances, les opé-
rations de rupture de fils télégraphiques
et la défense des bois au moyen de li-
gnes superposées de tirailleurs. Cet ap*
pareil, qui se porte aisément en mar-
chant., peut se fixer à la selle.
La mort d'un arbre
Le doyen des figuiers est mort. C'était
le célèbre figuier de Lausanne, de di-
mension moindre que celui de Roscoff,
mais d'un âge plus avancé. On le trouve
représenté sur un plan datant de 1624.
L'an passé encore, il donn-a une ré-
colte si abondante que ses branches mal
étayées se brisèrent.. Ce dernier effort
l'acheva,
AUTREFOIS
Rappel du 20 juillet 1872. - Longue con-
férence de M. Thiers avec M. de Goulardt
ministre, et les chefs de service du minis-
tère des finances, pour prendre les derniè-
res dispositions en vue de l'emprunt des
3 milliards.
Le Shah de Perse est arrivé à Saint-Pé-
tersbourg ; on l'attend à Paris avec une
vive curiosité.
Les républicains organisent leur campa-
gne en faveur de l'amnistie.
On songe à transformer le château de
Thouars, près de Saumur, en un établisse-
ment pénitentiaire.
Une école normale d'instituteurs primai-
res va être installée à Auteuil, rue du Bois.
Le génie français, d'accord avec les au-,
torités allemandes, construit des barraque-
ments pour les Prussiens dans les départe-
ments où l'ennemi séjournera encore après
les prochains paiements de l'indemnité. On
veut ainsi épargner aux particuliers le dé-
sagrément de les loger.
Mort de Nérée Desarbres. auteur drama-
tique, journaliste et ancien secrétaire de
l'Opéra. Il était malade depuis longtemps,
et les privations du siège, de Paris avaient
aggravé son état.
L'esprit d'autrefois
En 1848, le gouvernement de la Ré-
publique nomma un menuisier com-
me sous-préfet à Clamecy. Ce fonction-
naire était très habile à manier le ra-
bot, mais tout à fait incapable d'admi-
nistrer un arrondissement. Aussi les
plaintes nombreuses ne: tardèrent-elles
pas à s'élever contre lui, les habitants
de Clamecy allèrent trouver M. Dupin
et se plaignirent vivement à lui de leur
nouveau magistrat. M. Dupin, les ayant
écoutés avec le sourire ironique qui lui
était habituel, leur répontlit :
— On vous a donné un menuisier
comme sous-préfet, votre amour-pro-
pre en est froissé, je le comprends,
vous auriez voulu un ébéniste, mais
les ébénistes on les garde pour les pré-
fectures.
Changement de p3au.
Changer complètement de peau trois
mois après leur mariage, obtenir une
nuance café au lait quand la nature
les a gratifiés d'un teint chocolat, tel
est le nec plus ultra des élégantes d'A-
byssinie. Mais, pour en venir à ce de-
gré de distinction, voici ce qui leur en
coûte : durant trois mois entiers, elles
doivent se tenir dans un appartement
écarté ; elles y sont recouvertes d'une
étoffe de laine, à laquelle est prati-
quée une seule ouverture pour laisser
passer la tête.
Sous cette couverture sont allumées
un grand nombre de branches vertes
de bois odorant. La fumée attaque l'é-
piderme et le détruit ; et les trois mois
expirés, la jeune femme sort avec une
peau neuve, plus blanche et plus douce
que la première.
Cette opération épuise beaucoup lés
forces, et la mère comme les sœurs
d'une femme ainsi enfermée n'ont d'au-
tre occupation que-de lui préparer de
petites boulettes de mets très succu-
lents et de les lui fourrer dans la bou-
che absolument comme on fait dans la
Bresse pour engraisser les volailles.
Recommandé aux belles clientes de
l'Institut de Beauté.
Une ordonnance originale.
Un honorable docteur envoie un de
ses commis porter une boite de pilules
à un malade et une caisse contenant
six lapins vivants à un de ses amis.
Malheureusement, le commis se
trompe et remet la caisse au malade
et les pilules à l'ami.
Stupéfaction du paJtient lorsque,
avec les lapins, il reçoit là prescription
suivante: « En avaler deux, toutes les
demi-heures. »
Cinq minutes d'arrêt.
Au buffet de la gare rde U. où tous
les. trains s'arrêtent, un voyageur au
patron : -
— C'est bien ici que l'on déjeûnait
si bien, if y a deux ans ?.
== Ouf, monsieur, au Temps de- mon
prédécesseur.-
En passant.
La parabole de la paille- et de la poutre
reste éternellement vraie.
Les Américains, qui se piquent d'être à
l'extrême avant-garde du progrès et de
constituer la première démocratie du mon-
de, se plaisent, de temps à autre, à donner
une leçon à la vieille Europe. Qu'il s'agisse
de l'affaire Dreyfus, en France, ou des
massacres de Juifs, en Russie, master Jo-
natllan intervient solennellementf et, du
haut de ses montagnes .plus ou moins ro-
cheuses, laisse gravement tomber la bonne
parole, pour rappeler le tsar ou la Répu-
blique au sentiment de la justice et de l'hu-
manité.
Et Gogo-citoyen de s'écrier, un pleur au
bord de sa paupière : « Quel admirable peu-
ple, que ces Américains. Quel Président
idéal que ce Roosevelt ! Quelle merveil-
leuse compréhension de la civilisation,
etc.. etc. »
Quelques jours après les gazettes nous
apprennent que dans le Texas, ces mer-
veilleux humanitaires, ces admirables civi-
lisés ont forcé les portes d'une prison et
lynché plusieurs nègres qui s'y trouvaient
enfermés ; que dans la Louisiane, tout un
village nègre sans défense a été mis à sac,
les hommes brûlés vils, les enfants- coupés
en morceaux, les femmes violées et pendues
par ces valeureux champions du progrès,
de la justice et de la vérité.
Le lendemain, on apprend que toute la
Californie est en ébullition, et se propose
- toujours au nom de la lumière, de la ci-
vilisation et de l'humanité — de massa-
crer en masse tous les Japonais résidant
dans la province, et dont les enfants ont
déjà été brutalement expulsés des écoles
publiques.
Ainsi, quand le Yankee n'a pas d'idées
noires, il lui prend un accès de fièvre jau-
ne, et ses aimables fantaisies se terminent
généralement par une Saint-Barthélemy de
négrillons ou des « vêpres californiennes ».
Tel est ce peuple de civilisation parfaite,
dont les sentiments profonds d'humanité
s'affectaient de la captivité de Dreyfus et
des « pogroms » russes.
Evidemment, en Amérique. le capitaine
Dreyfus n'aurait pas langui longtemps à
l'lle du Diable. Il aurait été lynché, sans
autre forme de procès, après quoi la Vérité
aurait pu se mettre en marche.
Quant aux Juifs de Russie, ils ne sont
pas autrement traités par certains sujets
du tsar, que les nègres de la Louisiane par
les concitoyens de Teddy.
Aussi, master Jonathan, ne nous rabat-
tez plus les oreilles avec vos indignations
hypocrites. Nous n'avons que taire de vos
leçons.
Le peuple qui a créé les « droits de
l'homme » n'a rien à apprendre de celui
qui a fait la cc loi de Lynch ».
Comme dit la baronne: La poutre. et
la ferme !
Le Chemineau.
iî
UN EX=GARIBALDIEN
AU VATICAN
TI nous en arrive une bien bonne du Va-
tican.
On raconte que Pie X aurait reçu la vi-
site d'un député italien, ancien officier de
Garibaldi, et que les deux hommes au-
raient échangé des propos si attendrissants
que toutes les Madeleines passées et pré-
sentes eussent pleuré d'émotion à les ouïr.
L'ex-officier de Garibaldi serait sorti de
cette audience si enthousiasmé qu'il aurait
répété : « Pie X aime la patrie autant que
l'aimait Garibaldi ; pendant que je parlais
avec lui,, il me semblait parler avec le hé-
ros, mon ancien chef. J'ai trouvé chez le
pape la même bonté d'âme, la même sim-
plicité de vie. Garibaldi a fait un grand
bien à l'humanité et à l'Italie, j'ai confian-
ce que Pie X fera tout son possible en fa-
veur de l'humanité souffrante. »
C'est du délire, comme on le voit.
Reste à savoir si le héros de Marsala se-
rait flatté de la comparaison. Il est permis
(L'en dotfter. On ne voit pas bien le vieux
révolutionnaire à chemise rouge fraterni-
sant avec l'idole à robe blanche des catho-
licrues.
On s'expliquera sans doute l'enthousias-
me de l'ancien officier de Garibaldi, quand
on saura que, en reconnaissance de sa dé-
marche, le pape envoya à la femme de
l'ex-garibaldien un beau chapelet, en y joi-
gnant l'autorisation de visiter la Grande
Chartreuse de Serra-San-Fruno, où les
femmes ne sont admises que si elles sont
reines ou princesses de sang royal.
C'est l'éternelle histoire de l'influence
au'exercent les honneurs sur la mentalité
des hommes. — P. G.
---
A propos d'Eulenburg
Pourquoi, diable, nos journaux s'éver-
tuent-ils à écrire Eulenbourg alors que le
personnage en question s'appelle Eulen-
burg ?
Un nom propre ne se démarque pas. On
peut nationaliser un prénom, convertir le
Johann allemand en Jean, le Peter en Pier-
re, le Franz en François. Mais il est souve-
rainement ridicule de franciser un nom de
famille.
Que dirions-nous si les Allemands appe-
laient les Goncourt, Goncurt ; Richebourg,
Richeburg ; Latour-Maubourg, Latur-Mau-
burg ?
C'est pourtant cela que nous perpétrons
en persistant à donner le nom d'Eulenbourg
à un individu qui s'appelle Eulenburg.
-GUérissons-nous donc de cette manie qui
nous est particulière ; car vous ne trouve-
rez dans aucun journal russe, anglais ou
italien, la dénaturation du nom que nous si-
gnalons.. ,':,
Le prince d'Eulenburg est déjà suffisam-
ment inverti pour qu'on se dispense d'ajou-
ter à sa triste renommée l'inversion de son
nom ! — J. CL
TRIBUNE CORPORATIVE
Le Congrès national des Employés
Ce qu'est la Fédération nationale des employés. — Une œuvre
de mutualité. — Le contrat de travail.
Nous n'avons pu consacrer" que quel-
ques lignes, dans notre dernier numéro,
à la séance de clôture du congrès des em-
ployés, nous réservant d'ailleurs de reve-
nir plus longuement sur les intéressantes
questions qui ont fait l'objet de non moins
intéressantes discussions de la part des
congressistes.
Tout d'abord, il convient de dire ce qu'est
la Fédératon nationale des employés, qui
groupe sous sa bannière 192,000 adhérents,
répartis entre les divers syndicats corpora-
tifs d'employés ,et Je but que s'est assigné
cette grande association..
LA MUTUALITÉ EN PARTICIPATION
Le but principal de la Fédération, avant
que l'on ait songé à poursuivre la réalisa-
tion des revendications dont il sera ques-
tion plus loin, a été la mise en pratique,
sous une forme nouvelle, de la mutualité
en participation des employés et des pa-
trons.
La Fédération a voulu assurer l'employé
non seulement contre toutes les maladies
accidentelles ou sociales en le. plaçant gra-
tuitement (dans un an, en 1907, elle a pla-
cé plus de 3.000 employés), mais encore
en lui donnant une pension viagère de re-
traite sans qu'il lui en coûte un sou, et
sans le concours de l'Etat.
Pour atteindre ce but, la Féucralion na-
tionale des employés a conclu une union
avec la Fédération des commerçants, dé-
taillants de France.,
LE ROLE DE L'UNION
M. Marcouire, le sympathique président
de la fédération des employés, a, dans un
article publié par notre confrère le Journal,
défini le rôle de cette union.
Ce que nos propagandistes de la mutualité,
tels que les Mabilleau, les Jean Hébrard avaient
toujours prêché, écrit M. Marcouire, nous l'a-
vons réalisé grâce à un facteur important :
l'alliance avec les petits et luoyens commer-
çants détaillants groupés dans la Fédération des
commerçants détaillants de France. D'un autre
côté, 200.000 employés ; de l'autre, 400.000 pe-
tits patrons se tendent la main u..ans le plus
beau geste social qui ait eu lieu sous la Répu-
blique.
Que sommes-nous à la Fédération des com-
merçants détaillants ? Que lui devons-nous ?
Pour une cotisation de dix francs par an, les
commerçants détaillants affiliés à notre Société
de secours mutuels en qualité de membres ho-
noraires de la Fédération des employés, ont
droit à la gratuité absolue des soins médicaux
les plus étendus, y compris les consultations et
les soins des grands spécialistes, les opérations
chirurgicales, les séjours dans les établisse-
ments de cure ou de repos, à une remise de
75 OT/O sur les produits oharmaceutiques, enfin
à une retraite s'ils deviennent nécessiteux dans
leurs vieux jours.
Bien que nos médecins et spécialistes reçoi-
vent chacun 10.000 francs sur la base de l'abon-
nement qu'ils ont eux-mêmes fixé, il nous reste
sur la cotisation de chaque commerçant détail-
lant un reliquat de quatre francs qui, affecté au
compte-retraites de nos employés, produira,
d'après nos calculs, une somme de 200 francs
par an, et à 60 ans, après 20 ans dé" capitalisa-
tion, une rente viagère de 1.500 francs.,
La part de la retraite étant ainsi faite, nous
avons pu, pour une cotisation mensuelle de
2 fr. 50 pour les hommes et de 2 francs pour
les femmes, donner des secours de maladie tels,
croyons-nous, qu'aucune Société de secours mu-
tuels n'a pu encore les allouer : secours médi-
caux et pharmaceutiques, allocation journalière
de maladie de 4 francs, secours en cas de chô-
mage involontaire, frais funéraires, 50-francs de
secours en cas de décès de l'époux, placement
gratuit, indemnité daccouchement, soins gra-
tuits des spécialistes, gratuité des opérations
chirurgicales et des soins donnés par le dis-
pensaire antituberculeux Emile Loubet, dont son
bienfaiteur perpétuel sera heureux de connaître
la nouvelle destination ; continuité des secours,
quelle que soit la résidence de l'employé, la
Fédération nationale rayonnant on ce moment
sur 71 départements, c'est-à-dire le problème de
la mise en subsistance enfin résolu.
Tels sont les avantages que tout employé en-
trant entre 16 et 50 ans peut trouver chez nous.
Et nous ne sommes qu'au début, et je n'ai pu
que résumer les avantages matériels immédiate-
ment tangibles.
- D'autres diront ce que le pays peut attendre
d'une organisation aussi démocratique placée en
dehors et au-dessus des contingences politiques.
Employés et petits patrons unis, nous sommes
actuellement plus d'un demi-million. Demain,
nous nous compterons par millions. Et nous
aurons enfin constitué la République des tra-
vailleurs, libre et forte.
Cette œuvre organisée dans ses moin-
dres détails, la Fédération nationale des
employés a songé à élaborer le cahier de
ses revendications, et c'est la raison pour
laquelle ses délégués viennent de tenir un
important congrès qui s'est clôturé jeudi
soir par une grande réunion publique te-
nue salle Wagram, et dont nous allons
donner le compte rendu aussi - fidèlement
que possible.
LE CONTRAT DE TRAVAIL
M. Marcouire, qui préside, ayant à ses
côtés M. Dumour, délégué de Dieppe, rap-
porteur général de la Fédération, et MM.
Autin, président de l'Union des compta-
bles, et Grandjean, délégué du Mans, ouvre
la séance en disant que la discussion va
être ouverte sur la question capitale du
congrès celle du contrat de travail.
Il donne la parole à M. Dumour, pour
faire connaître les points principaux qui
doivent faire l'objet d'une rédaction défini-
tive du £ontrat de travail.
DISCOURS DE M. DUMOUR
M. Dumour explique que la commission
qui s'est livrée à l'étude de la question a
éliminé tout d'abord le contrat de travail
individuel et qu'elle, a considété que seul
le contrat de travail d'équipe pouvait don-
ner satisfaction à tous les intéressés.
La mise en pratique de ce contrat com-
portera deux phases : 1° entente entre le
patron et l'employé ; 20 ratification de cette
entente par le syndicat auquel l'employé
sera adhérent.
Ce contrat devra stipuler, notamment :
10 La durée des heures de travail, dont
le maximum ne pourra pas @ dépasser 10
heures. ., :', 'L'.
2°.Le maximum de salaire. qui ne pourra
être inférieur à 5 francs et qui servira de
base pour le calcul des heures supplémen.
taires.
3° L indemnité de renvoi. L'usage admis
est que l'employé doit prévenir son patron
15 jours avant son départ ; cet usage sera
conservé, mais il sera stipulé que le délai
actuel de un mois qui est accordé au pa-
tron pour notifier son renvoi à un employé,
sera porté à deux mois. En cas de brus-
que renvoi pour des causes autres que cel-
les d mdehcatesse, immoralité, etc. il sera
établi une échelle d'indemnités basées sur
la durée des services.
Il sera également stipulé que l'employé
congédié aura droit a. disposer de deux
heures par jour, ou d'un jour par semai-
ne, au choix de l'employé, pour permettre
à celui-ci de chercher un nouvel emploi.
4° La durée du congé annuel, qui devra
être fixée à 15 jours, avec salaire, étant
indiqué que la durée de ce congé n'entrera
pas en ligne de compte dans les congés-
nécessités par l'accomplissement des pé-
riodes d'instruction militaire de 21 et de 8*
jours.
5° La semaine anglaise, c'est-à-dire la
cessation du travail le samedi à 2 ou 3 heu-
res du soir, de façon à permettre à l'em-
ployé de pouvoir faire ses achats et ae
jouir du repos hebdomadaire collectif.
6° L'arbitrage obligatoire, au moyen d'un
conseil composé de trois patrons et de trois
employés dont les décisions seront soumi-
ses à J'approbation du conseil fédéral ,avec"
en cas de désaccord, la nomination d'un
arbitre par le ministre du travail.
7° La faculté pourries syndicats de pos-
séder des immeubles autres que ceux des-
tinés à leur administration.
8° La modification de la juridiction pru-
d hommale dans un sens permettant à rem-
ployé d appeler son patron devant un con-
seil de prud'hommes autre que celui de la
résidence du patron.
9° La suppression absolue du cautionne-
ment, ce système occasionnant des abus
préjudiciables aux intérêts des employés,
et le patron ayant toujours, pour se cou-
vrir, la faculté de pouvoir s'assurer contre
les risques de vol. -
10° La propriété de la clientèle pour les
employés de commerce,
PLUS DE TIRAILLEMENTS
Après avoir ainsi exposé les points prin-
cipaux du oontrat de travail, M. Dumour
ajoute que si ce contrat arrivait à avoir
force de loi, il supprimerait bien des tirail-
lements entre patrons et ouvriers et sou-
vent même des conflits se traduisant par
des grèves. Connaissant exactement leurs
droits et leurs devoirs réciproques, patrons-
et employés ne sortiraient ni des uns ni
des autres.
imb- LA DISCUSSION
Le président ayant demandé à l'assem-
blée si quelqu'un désirait pendre la pa-
role sur la question du contrat, un assis-
tant demande comment, avec la semaine
anglaise, les employés pourront faire leurs
achats le samedi soir, si tous les maga-
sins sont fermés l'après-midi.
COMME EN ANGLETERRE
M. Dumour donne des explications sur
ce qui se pratique à ce sujet en Angle-
terre. Les magasins d'alimentation, notam-
ment, restent ouverts très tard le samedi
pour ne rouvrir que le lundi vers midi. Il
ajoute que si la Fédération demande pour
tous les employés un congé annuel de 15
jours avec salaire, c'est précisément en vue
de donner une compensation aussi large
que possible aux employés qui auraient à
subir la fatigue d'une fermeture tardive le
samedi.
La parole est ensuite donnée à Me Lévy-
Oulmann, avocat-conseil de la Fédération.
DISCOURS DE M. LEVY-OULMANN
L'orateur dit que" la semaine anglaise
n'est qu'un des petits côtés de la question
du contrat de travail et qu'il convient d'en-
visager cette question de plus haut, car si
elle apparaît single dans le défitil, elle est,
en réalité, très complexe dans son ensem-
ble et dans son application pratique.
Qu'est-ce que le contrat de travail ? C'est
un contrat bi-latéral, dans lequel se trou-
vent en présence deux parties, et c'est en
même temps un contrat synallagmatique
en ce sens que les parties contractantes
échangent entre elles des avantages : d'un
côté le travail fourni par l'employé, de l'au-
tre, le salaire fourni par le patron.
Au point de vue du droit, le contrat des
travail entre dans la catégorie du contrat
ordinaire, où les parties contractantes agis-
sent librement et cependant il offre cette
particularité que les parties en présence
n'y prennent pas une part égale, car si,
en théorie, l'employé est libre, en fait il
ne l'est pas et il lui est presque toujours
impossible de refuser ce qui lui est pro-
posé. L'employé a le droit de demander uii
minimum de salaire pour un maximum de
travail ; il a le droit de demander aussi
un minimum de conditions hygiéniques,
mais si le patron refuse de souscrire à ces
demandes, l'employé sait que des camara-
des accepteront les conditions du patron.
On ne peut arriver, dit M. Lévy-Oul-
mann. à la réglementation des conditions
du travail que par des lois, et l'on ne peut
aboutir à des lois que par des groupements
d'intérêts communs, par la pratique de la
solidarité, par une union forte et tangible.
C'est seulement par l'union et par la soli-
darité que les employés pourront affirmer
leur force et se mettre sur un véritable
pied d'égalité vis-à-vis de leurs patrons.
Le discours de M. Lévy-Oulmann est trè9
applaudi.
MM. BERTHELIER ET MEZIN
M. Berthelier vient dire ensuite combierf
est précaire et misérable la situation qui
est faite aux courtiers, auxquels nul sa*
laire n'est consenti. La première question
à résoudre, dit-il, est celle du droit ôt l'exis-
tence. Il faut, pour cela. instihien coir
trat général du travail et faciliter aux tré
Lundi 20 Juillet 1908. - S. 14010.
Itadateap *
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
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TRIBUNE LIBRE
LA VRAIE RÉPONSE
La presse allemande est
devenue extrêmement agres-
sive depuis l'affaire- d' m-
mour. Elle multiplie les at-
taques violentes contre la
France et accuse notre gou-
vernement des plus ténébreux desseins.
Certes, il y a lieu de s'étonner de
cette frénésie soudaine. En effet, si le
coup de main du général d'Amade sur
Azemmour a été en lui-même un acte
regrettable, la note publiée le lendemain
aurait dû calmer toutes les susceptibi-
lités, puisque le gouvernement y désap-
prouvait très nettement l'opération.
Cet accès de francophobie véhémente
est donc difficilement explicable. Il ne
faut pas s'en émouvoir outre mesure.
Le mieux est de se montrer de sang
froid et, pour ma part, je déplore les
réponses violentes gue fait à ces atta-
ques germaniques certain grand journal
qui prétend représenter en France la
modération même, mais traite les affai-
res étrangères avec la passion la plus
belliqueuse. A quoi bon répondre aux
exagérations de la presse allemande par
des polémiques également excessives ?
Le mieux est que nous restions parfai-
tement calmes.
Constatons d'ailleurs qu'en Allemagne
même, on commence à protester contre
cette campagne. Par leur grand journal
le Vorvaerts, Y'lar des manifestations
imposantes, les socialistes, ¡aill-emands
ont fait savoir qu'ils sont prêts à lutter
contre les pangermanistes. Ils ont affir-
mé le pacifisme profond des travailleurs
de leurs pays, déclarant hautement
que la question marocaine ou les affai-
res de Macédoine ne sauraient en justi-
ce et en raison, troubler les rapports
des grandes nations européennes. De
même le Berliner Tageblatt et les 'ibé-
raux radicaux font appel au bon sens
du peuple allemand et résistent à l'ef-
fort du chauvinisme.
Il est probable que ces bons conseils
finiront par l'emporter sur des excita-
tions illégitimes. C'est, en somme, en
Allemagne, l'opinion populaire, la dé-
mocratie qui s'opposent au pangerma-
nisme outrancier et l'on ne va pas faci-
lement au rebours de ces puissances-là.
Mais ces attaques soudaines à propos
d'un incident peu important par lui-
même, ne montrent-elles pas combien
nous avions raison de conseiller dès le
début, au gouvernement la plus grande
prudence ?
Des fautes ont été commises, sur les-
quelles il est inutile de. revenir : le passé
est le passé. Mais qu'on n'en commette
plus et qu'on nous sorte au plus tôt du
guêpier marocain ! 1
On discute beaucoup en ce moment
la question de savoir si, depuis quelque
temps, l'étoile de Moulay Hafid ne s'est
;pas obscurcie, si Abd el Aziz n'a pas
ressaisi quelque force. Peu importe !
Ce qu'il faut, c'est mettre fin à l'expé-
dition marocaine : les sultans règleront
leurs affaires ensemble.
On annonce que le général (TAmade,
Conformément aux déclarations faites
par le gouvernement français aux diffé-
rentes puissances, procède à un premier
rapatriement : quelques-unes des trou-
pes cantonnées dans la Chaouia vont
être ramenées en Algérie.
Voilà la bonne voie ! Puisque la
Chaouïa est pacifiée, il faut l'évacuer ;
c'est le meilleur moyen de nous mettre
à l'abri de tout incident pareil à celui
d'Azemmour, de faire taire toutes les
Calomnies, en un mot, d'en finir.
Assurément, si 1 intérêt de la France
et sa dignité exigeaient le maintien des
trounes françaises au Maroc, ce n'est
pas parce que tout à coup la presse al-
lemande montrerait à notre égard des
sentiments d'hostilité, qu'il faudrait
mettre un terme à une action nécessai-
re.
Mais, puisque les opérations militai-
res sont terminées, puisque le but est
atteint, il est tout à fait inutile de pro-
longer une occupation sans objet.
Seuls, ceux qui veulent l'intervention
quand même, ceux qui, sur cette ques-
tion marocaine, maudissent également
MM. Jaurès et Ribot, parce que l'un et
l'autre ont parlé prudence, seuls les
'Azizistes de Paris peuvent s'élever con-
tre cette évacuation. Pour eux, en effet,
les troupes françaises n'ont pas terminé
- leur œuvre : elles l'ont même abandon-
née à peine commencée. Mais pour la
, Chambre, qui derechef vient d'affirmer
r sa volonté de neutralité, pour le gouver-
- nement, qui a solennellement promis de
respecter ce principe de neutralité, il
n'y a plus maintenant qu'à procéder
iau retrait progressif de nos effectifs.
Qu'on y procède donc, avec toutes
les précautions utiles, mais sans délais
exagérés : c'est la meilleure réponse
qu'il y ait iL faire à ceux qui, hors de
France, cherchent à travestir nos inten-
tions,
René RENOULT,
Député de la llaute-SMne.
LA POLITIQUE
LE VOYAGE DU PRESIDENT
La France entière se ré-
jouira du succès personnel
que le président Fallières est
appelé à recueillir dans son
voyage aux pays du Nord.
Le bon démocrate, l'excellent
citoyen, l'homme d'Etat avisé et pru-
dent sera partout reçu comme il le mé-
rite ; il est bien le chef qu'accompagne
la confiance du pays en général, du par-
ti républicain, en particulier. ,
Et c'est à cause même du caractère et
de la personne du président que la por-
tée du voyage est d'avance connue ; il
ne saurait être question que de paix
internationale. On le pensait bien, mais
ce qui vaut mieux, cela a été dit.
Dans un article du Matin, un dépu-
té, qui semble autorisé à traduire la
pensée du gouvernement, la formule de
la façon suivante s
« En même temps qu'une fidélité de
chaque instant à nos alliances et à nos
amitiés, une politique d'entente entre
tous et de conciliation générale des in-
térêts, »
Un avenir prochain nous apprendra
ce qu'il faut entendre par la concilia-
tion générale des intérêts, mais person-
ne ne trouvera mauvais qu'on s'efforce
peut-être par là à apaiser certaines ten-
dances à la mauvaise humeur.
« Nous ne voulons pas opposer les
puissances les unes aux autres ; nous
ne voulons pas davantage nous opposer
à aucune. » L'interprète officieux du
gouvernement souligne l'importance de
cette déclaration en ajoutant : a C'est
la pensée que le président de la Répu-
blique et M. Pichon porteront à Revel.
C'est l'assurance qu'ils donneront aux
souverains de Danemark, de Suède et
de Norvège : celle qu'ils pourraient pro-
duire à tous les chefs d Etat ».
Cette dernière allusion aux déclara-
tions qui pourraient être faites en cas
de (i surprise » prouve que toutes les
éventualités ont été prises en considéra-
tion.
Laissons donc certains grincheux
exprimer la crainte de rencontres ac-
compagnées d'humiliation.
Pour notre part nous sommes t'as-"
strrés.
Quelque aventure qui se produise la"
dignité de la France ne court aucun ris-
que. Tout a été prévu :: actes et paroles.
Rien ne sera laissé à Fimprovisation.
Les plus ombrageux patriotes peuvent
bannir toute inquiétude.
LIRE EN 2< PAGE :
Le voyage du président
de la République
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
'Aujou.rd'hui dimanche :
Lever du soleil à 4 h. 18 * coucher à
7 h. 53.
Matinées. — Comédie-Française Théâtre
Antoine, Palais-Royal, Folies-Dramatiques,
Déjazet, Scala, Nouveau-Cirque, Cirque Mé-
drano, Jardin de Paris. — Théâtre de la
Nature, Théâtre du Parc de Pont-aux-
Dames.
Courses à Saint-Cloud..
JLes graines dansantes
Signalons l'envoi à Paris ae graines
du Mexique qui attirent vivement la cu-
riosité de ceux qui ont pu les voir de
près,
Ces graines, parfaitement lisses et de
la grosseur d'une très petite noisette,
sont douées de mouvement. Quand on
les pose sur une table elles s'agitent,
elles e retournent et quelquefois sau-
tent à un centimètre de hauteur. Les
botanistes les connaissent sous le nom
de « graines du diable ». Si l'on fend
une de ces graines mouvantes, on trou-
ve à l'intérieur un petit asticot bien vi-
vant qui est l'auteur des mouvements
de la graine., La plante qui fournit ces
graines est une euphorbiacée du Mexi-
que, généralement visitée par un dip-
tère. L'insecte..dépose ses œufs dans la
fleur ; CCllX-CÏ éçlÕsent, et la larve Vit
aux dépens de la graine. Quand la larve-
est adulte, elle a épuisé la provision de
nourriture et, avant de sis transformer
en insecte parfait, elle se metit dans la
limite de sa prison. Sous l'influence des
déplacements et de fa chaleur, elle exé-
cute une série de mouvements et de
culbutes qui font déplacer son habita-
tion. La graine absolument close, sem-
ble douée d'un mouvement spontané
bien fait pour exciter l'étonnement des
observateurs non prévenus,,
♦
Curiosités
Un régiment d infanterie russe vient
d'essayer à Dvinsk (Dunabourg) un ap-
pareil inventé par le soldat Smirnof, et
servant à grimper sur des poteaux et
des arbres de toute épaisseur. Des hom-
mes munis de cet appareil sont montés
aisément, tout équipés et le fusil en ban-
doulière, sur des pins d'une hauteur
considérable, s'arrêtant, chargeant, met-
tant en joue et faisant feu aux comman-
dements. La descente s'est opérée aussi
facilement.
On croit que cet appareil* sera très
utile dans les reconnaissances, les opé-
rations de rupture de fils télégraphiques
et la défense des bois au moyen de li-
gnes superposées de tirailleurs. Cet ap*
pareil, qui se porte aisément en mar-
chant., peut se fixer à la selle.
La mort d'un arbre
Le doyen des figuiers est mort. C'était
le célèbre figuier de Lausanne, de di-
mension moindre que celui de Roscoff,
mais d'un âge plus avancé. On le trouve
représenté sur un plan datant de 1624.
L'an passé encore, il donn-a une ré-
colte si abondante que ses branches mal
étayées se brisèrent.. Ce dernier effort
l'acheva,
AUTREFOIS
Rappel du 20 juillet 1872. - Longue con-
férence de M. Thiers avec M. de Goulardt
ministre, et les chefs de service du minis-
tère des finances, pour prendre les derniè-
res dispositions en vue de l'emprunt des
3 milliards.
Le Shah de Perse est arrivé à Saint-Pé-
tersbourg ; on l'attend à Paris avec une
vive curiosité.
Les républicains organisent leur campa-
gne en faveur de l'amnistie.
On songe à transformer le château de
Thouars, près de Saumur, en un établisse-
ment pénitentiaire.
Une école normale d'instituteurs primai-
res va être installée à Auteuil, rue du Bois.
Le génie français, d'accord avec les au-,
torités allemandes, construit des barraque-
ments pour les Prussiens dans les départe-
ments où l'ennemi séjournera encore après
les prochains paiements de l'indemnité. On
veut ainsi épargner aux particuliers le dé-
sagrément de les loger.
Mort de Nérée Desarbres. auteur drama-
tique, journaliste et ancien secrétaire de
l'Opéra. Il était malade depuis longtemps,
et les privations du siège, de Paris avaient
aggravé son état.
L'esprit d'autrefois
En 1848, le gouvernement de la Ré-
publique nomma un menuisier com-
me sous-préfet à Clamecy. Ce fonction-
naire était très habile à manier le ra-
bot, mais tout à fait incapable d'admi-
nistrer un arrondissement. Aussi les
plaintes nombreuses ne: tardèrent-elles
pas à s'élever contre lui, les habitants
de Clamecy allèrent trouver M. Dupin
et se plaignirent vivement à lui de leur
nouveau magistrat. M. Dupin, les ayant
écoutés avec le sourire ironique qui lui
était habituel, leur répontlit :
— On vous a donné un menuisier
comme sous-préfet, votre amour-pro-
pre en est froissé, je le comprends,
vous auriez voulu un ébéniste, mais
les ébénistes on les garde pour les pré-
fectures.
Changement de p3au.
Changer complètement de peau trois
mois après leur mariage, obtenir une
nuance café au lait quand la nature
les a gratifiés d'un teint chocolat, tel
est le nec plus ultra des élégantes d'A-
byssinie. Mais, pour en venir à ce de-
gré de distinction, voici ce qui leur en
coûte : durant trois mois entiers, elles
doivent se tenir dans un appartement
écarté ; elles y sont recouvertes d'une
étoffe de laine, à laquelle est prati-
quée une seule ouverture pour laisser
passer la tête.
Sous cette couverture sont allumées
un grand nombre de branches vertes
de bois odorant. La fumée attaque l'é-
piderme et le détruit ; et les trois mois
expirés, la jeune femme sort avec une
peau neuve, plus blanche et plus douce
que la première.
Cette opération épuise beaucoup lés
forces, et la mère comme les sœurs
d'une femme ainsi enfermée n'ont d'au-
tre occupation que-de lui préparer de
petites boulettes de mets très succu-
lents et de les lui fourrer dans la bou-
che absolument comme on fait dans la
Bresse pour engraisser les volailles.
Recommandé aux belles clientes de
l'Institut de Beauté.
Une ordonnance originale.
Un honorable docteur envoie un de
ses commis porter une boite de pilules
à un malade et une caisse contenant
six lapins vivants à un de ses amis.
Malheureusement, le commis se
trompe et remet la caisse au malade
et les pilules à l'ami.
Stupéfaction du paJtient lorsque,
avec les lapins, il reçoit là prescription
suivante: « En avaler deux, toutes les
demi-heures. »
Cinq minutes d'arrêt.
Au buffet de la gare rde U. où tous
les. trains s'arrêtent, un voyageur au
patron : -
— C'est bien ici que l'on déjeûnait
si bien, if y a deux ans ?.
== Ouf, monsieur, au Temps de- mon
prédécesseur.-
En passant.
La parabole de la paille- et de la poutre
reste éternellement vraie.
Les Américains, qui se piquent d'être à
l'extrême avant-garde du progrès et de
constituer la première démocratie du mon-
de, se plaisent, de temps à autre, à donner
une leçon à la vieille Europe. Qu'il s'agisse
de l'affaire Dreyfus, en France, ou des
massacres de Juifs, en Russie, master Jo-
natllan intervient solennellementf et, du
haut de ses montagnes .plus ou moins ro-
cheuses, laisse gravement tomber la bonne
parole, pour rappeler le tsar ou la Répu-
blique au sentiment de la justice et de l'hu-
manité.
Et Gogo-citoyen de s'écrier, un pleur au
bord de sa paupière : « Quel admirable peu-
ple, que ces Américains. Quel Président
idéal que ce Roosevelt ! Quelle merveil-
leuse compréhension de la civilisation,
etc.. etc. »
Quelques jours après les gazettes nous
apprennent que dans le Texas, ces mer-
veilleux humanitaires, ces admirables civi-
lisés ont forcé les portes d'une prison et
lynché plusieurs nègres qui s'y trouvaient
enfermés ; que dans la Louisiane, tout un
village nègre sans défense a été mis à sac,
les hommes brûlés vils, les enfants- coupés
en morceaux, les femmes violées et pendues
par ces valeureux champions du progrès,
de la justice et de la vérité.
Le lendemain, on apprend que toute la
Californie est en ébullition, et se propose
- toujours au nom de la lumière, de la ci-
vilisation et de l'humanité — de massa-
crer en masse tous les Japonais résidant
dans la province, et dont les enfants ont
déjà été brutalement expulsés des écoles
publiques.
Ainsi, quand le Yankee n'a pas d'idées
noires, il lui prend un accès de fièvre jau-
ne, et ses aimables fantaisies se terminent
généralement par une Saint-Barthélemy de
négrillons ou des « vêpres californiennes ».
Tel est ce peuple de civilisation parfaite,
dont les sentiments profonds d'humanité
s'affectaient de la captivité de Dreyfus et
des « pogroms » russes.
Evidemment, en Amérique. le capitaine
Dreyfus n'aurait pas langui longtemps à
l'lle du Diable. Il aurait été lynché, sans
autre forme de procès, après quoi la Vérité
aurait pu se mettre en marche.
Quant aux Juifs de Russie, ils ne sont
pas autrement traités par certains sujets
du tsar, que les nègres de la Louisiane par
les concitoyens de Teddy.
Aussi, master Jonathan, ne nous rabat-
tez plus les oreilles avec vos indignations
hypocrites. Nous n'avons que taire de vos
leçons.
Le peuple qui a créé les « droits de
l'homme » n'a rien à apprendre de celui
qui a fait la cc loi de Lynch ».
Comme dit la baronne: La poutre. et
la ferme !
Le Chemineau.
iî
UN EX=GARIBALDIEN
AU VATICAN
TI nous en arrive une bien bonne du Va-
tican.
On raconte que Pie X aurait reçu la vi-
site d'un député italien, ancien officier de
Garibaldi, et que les deux hommes au-
raient échangé des propos si attendrissants
que toutes les Madeleines passées et pré-
sentes eussent pleuré d'émotion à les ouïr.
L'ex-officier de Garibaldi serait sorti de
cette audience si enthousiasmé qu'il aurait
répété : « Pie X aime la patrie autant que
l'aimait Garibaldi ; pendant que je parlais
avec lui,, il me semblait parler avec le hé-
ros, mon ancien chef. J'ai trouvé chez le
pape la même bonté d'âme, la même sim-
plicité de vie. Garibaldi a fait un grand
bien à l'humanité et à l'Italie, j'ai confian-
ce que Pie X fera tout son possible en fa-
veur de l'humanité souffrante. »
C'est du délire, comme on le voit.
Reste à savoir si le héros de Marsala se-
rait flatté de la comparaison. Il est permis
(L'en dotfter. On ne voit pas bien le vieux
révolutionnaire à chemise rouge fraterni-
sant avec l'idole à robe blanche des catho-
licrues.
On s'expliquera sans doute l'enthousias-
me de l'ancien officier de Garibaldi, quand
on saura que, en reconnaissance de sa dé-
marche, le pape envoya à la femme de
l'ex-garibaldien un beau chapelet, en y joi-
gnant l'autorisation de visiter la Grande
Chartreuse de Serra-San-Fruno, où les
femmes ne sont admises que si elles sont
reines ou princesses de sang royal.
C'est l'éternelle histoire de l'influence
au'exercent les honneurs sur la mentalité
des hommes. — P. G.
---
A propos d'Eulenburg
Pourquoi, diable, nos journaux s'éver-
tuent-ils à écrire Eulenbourg alors que le
personnage en question s'appelle Eulen-
burg ?
Un nom propre ne se démarque pas. On
peut nationaliser un prénom, convertir le
Johann allemand en Jean, le Peter en Pier-
re, le Franz en François. Mais il est souve-
rainement ridicule de franciser un nom de
famille.
Que dirions-nous si les Allemands appe-
laient les Goncourt, Goncurt ; Richebourg,
Richeburg ; Latour-Maubourg, Latur-Mau-
burg ?
C'est pourtant cela que nous perpétrons
en persistant à donner le nom d'Eulenbourg
à un individu qui s'appelle Eulenburg.
-GUérissons-nous donc de cette manie qui
nous est particulière ; car vous ne trouve-
rez dans aucun journal russe, anglais ou
italien, la dénaturation du nom que nous si-
gnalons.. ,':,
Le prince d'Eulenburg est déjà suffisam-
ment inverti pour qu'on se dispense d'ajou-
ter à sa triste renommée l'inversion de son
nom ! — J. CL
TRIBUNE CORPORATIVE
Le Congrès national des Employés
Ce qu'est la Fédération nationale des employés. — Une œuvre
de mutualité. — Le contrat de travail.
Nous n'avons pu consacrer" que quel-
ques lignes, dans notre dernier numéro,
à la séance de clôture du congrès des em-
ployés, nous réservant d'ailleurs de reve-
nir plus longuement sur les intéressantes
questions qui ont fait l'objet de non moins
intéressantes discussions de la part des
congressistes.
Tout d'abord, il convient de dire ce qu'est
la Fédératon nationale des employés, qui
groupe sous sa bannière 192,000 adhérents,
répartis entre les divers syndicats corpora-
tifs d'employés ,et Je but que s'est assigné
cette grande association..
LA MUTUALITÉ EN PARTICIPATION
Le but principal de la Fédération, avant
que l'on ait songé à poursuivre la réalisa-
tion des revendications dont il sera ques-
tion plus loin, a été la mise en pratique,
sous une forme nouvelle, de la mutualité
en participation des employés et des pa-
trons.
La Fédération a voulu assurer l'employé
non seulement contre toutes les maladies
accidentelles ou sociales en le. plaçant gra-
tuitement (dans un an, en 1907, elle a pla-
cé plus de 3.000 employés), mais encore
en lui donnant une pension viagère de re-
traite sans qu'il lui en coûte un sou, et
sans le concours de l'Etat.
Pour atteindre ce but, la Féucralion na-
tionale des employés a conclu une union
avec la Fédération des commerçants, dé-
taillants de France.,
LE ROLE DE L'UNION
M. Marcouire, le sympathique président
de la fédération des employés, a, dans un
article publié par notre confrère le Journal,
défini le rôle de cette union.
Ce que nos propagandistes de la mutualité,
tels que les Mabilleau, les Jean Hébrard avaient
toujours prêché, écrit M. Marcouire, nous l'a-
vons réalisé grâce à un facteur important :
l'alliance avec les petits et luoyens commer-
çants détaillants groupés dans la Fédération des
commerçants détaillants de France. D'un autre
côté, 200.000 employés ; de l'autre, 400.000 pe-
tits patrons se tendent la main u..ans le plus
beau geste social qui ait eu lieu sous la Répu-
blique.
Que sommes-nous à la Fédération des com-
merçants détaillants ? Que lui devons-nous ?
Pour une cotisation de dix francs par an, les
commerçants détaillants affiliés à notre Société
de secours mutuels en qualité de membres ho-
noraires de la Fédération des employés, ont
droit à la gratuité absolue des soins médicaux
les plus étendus, y compris les consultations et
les soins des grands spécialistes, les opérations
chirurgicales, les séjours dans les établisse-
ments de cure ou de repos, à une remise de
75 OT/O sur les produits oharmaceutiques, enfin
à une retraite s'ils deviennent nécessiteux dans
leurs vieux jours.
Bien que nos médecins et spécialistes reçoi-
vent chacun 10.000 francs sur la base de l'abon-
nement qu'ils ont eux-mêmes fixé, il nous reste
sur la cotisation de chaque commerçant détail-
lant un reliquat de quatre francs qui, affecté au
compte-retraites de nos employés, produira,
d'après nos calculs, une somme de 200 francs
par an, et à 60 ans, après 20 ans dé" capitalisa-
tion, une rente viagère de 1.500 francs.,
La part de la retraite étant ainsi faite, nous
avons pu, pour une cotisation mensuelle de
2 fr. 50 pour les hommes et de 2 francs pour
les femmes, donner des secours de maladie tels,
croyons-nous, qu'aucune Société de secours mu-
tuels n'a pu encore les allouer : secours médi-
caux et pharmaceutiques, allocation journalière
de maladie de 4 francs, secours en cas de chô-
mage involontaire, frais funéraires, 50-francs de
secours en cas de décès de l'époux, placement
gratuit, indemnité daccouchement, soins gra-
tuits des spécialistes, gratuité des opérations
chirurgicales et des soins donnés par le dis-
pensaire antituberculeux Emile Loubet, dont son
bienfaiteur perpétuel sera heureux de connaître
la nouvelle destination ; continuité des secours,
quelle que soit la résidence de l'employé, la
Fédération nationale rayonnant on ce moment
sur 71 départements, c'est-à-dire le problème de
la mise en subsistance enfin résolu.
Tels sont les avantages que tout employé en-
trant entre 16 et 50 ans peut trouver chez nous.
Et nous ne sommes qu'au début, et je n'ai pu
que résumer les avantages matériels immédiate-
ment tangibles.
- D'autres diront ce que le pays peut attendre
d'une organisation aussi démocratique placée en
dehors et au-dessus des contingences politiques.
Employés et petits patrons unis, nous sommes
actuellement plus d'un demi-million. Demain,
nous nous compterons par millions. Et nous
aurons enfin constitué la République des tra-
vailleurs, libre et forte.
Cette œuvre organisée dans ses moin-
dres détails, la Fédération nationale des
employés a songé à élaborer le cahier de
ses revendications, et c'est la raison pour
laquelle ses délégués viennent de tenir un
important congrès qui s'est clôturé jeudi
soir par une grande réunion publique te-
nue salle Wagram, et dont nous allons
donner le compte rendu aussi - fidèlement
que possible.
LE CONTRAT DE TRAVAIL
M. Marcouire, qui préside, ayant à ses
côtés M. Dumour, délégué de Dieppe, rap-
porteur général de la Fédération, et MM.
Autin, président de l'Union des compta-
bles, et Grandjean, délégué du Mans, ouvre
la séance en disant que la discussion va
être ouverte sur la question capitale du
congrès celle du contrat de travail.
Il donne la parole à M. Dumour, pour
faire connaître les points principaux qui
doivent faire l'objet d'une rédaction défini-
tive du £ontrat de travail.
DISCOURS DE M. DUMOUR
M. Dumour explique que la commission
qui s'est livrée à l'étude de la question a
éliminé tout d'abord le contrat de travail
individuel et qu'elle, a considété que seul
le contrat de travail d'équipe pouvait don-
ner satisfaction à tous les intéressés.
La mise en pratique de ce contrat com-
portera deux phases : 1° entente entre le
patron et l'employé ; 20 ratification de cette
entente par le syndicat auquel l'employé
sera adhérent.
Ce contrat devra stipuler, notamment :
10 La durée des heures de travail, dont
le maximum ne pourra pas @ dépasser 10
heures. ., :', 'L'.
2°.Le maximum de salaire. qui ne pourra
être inférieur à 5 francs et qui servira de
base pour le calcul des heures supplémen.
taires.
3° L indemnité de renvoi. L'usage admis
est que l'employé doit prévenir son patron
15 jours avant son départ ; cet usage sera
conservé, mais il sera stipulé que le délai
actuel de un mois qui est accordé au pa-
tron pour notifier son renvoi à un employé,
sera porté à deux mois. En cas de brus-
que renvoi pour des causes autres que cel-
les d mdehcatesse, immoralité, etc. il sera
établi une échelle d'indemnités basées sur
la durée des services.
Il sera également stipulé que l'employé
congédié aura droit a. disposer de deux
heures par jour, ou d'un jour par semai-
ne, au choix de l'employé, pour permettre
à celui-ci de chercher un nouvel emploi.
4° La durée du congé annuel, qui devra
être fixée à 15 jours, avec salaire, étant
indiqué que la durée de ce congé n'entrera
pas en ligne de compte dans les congés-
nécessités par l'accomplissement des pé-
riodes d'instruction militaire de 21 et de 8*
jours.
5° La semaine anglaise, c'est-à-dire la
cessation du travail le samedi à 2 ou 3 heu-
res du soir, de façon à permettre à l'em-
ployé de pouvoir faire ses achats et ae
jouir du repos hebdomadaire collectif.
6° L'arbitrage obligatoire, au moyen d'un
conseil composé de trois patrons et de trois
employés dont les décisions seront soumi-
ses à J'approbation du conseil fédéral ,avec"
en cas de désaccord, la nomination d'un
arbitre par le ministre du travail.
7° La faculté pourries syndicats de pos-
séder des immeubles autres que ceux des-
tinés à leur administration.
8° La modification de la juridiction pru-
d hommale dans un sens permettant à rem-
ployé d appeler son patron devant un con-
seil de prud'hommes autre que celui de la
résidence du patron.
9° La suppression absolue du cautionne-
ment, ce système occasionnant des abus
préjudiciables aux intérêts des employés,
et le patron ayant toujours, pour se cou-
vrir, la faculté de pouvoir s'assurer contre
les risques de vol. -
10° La propriété de la clientèle pour les
employés de commerce,
PLUS DE TIRAILLEMENTS
Après avoir ainsi exposé les points prin-
cipaux du oontrat de travail, M. Dumour
ajoute que si ce contrat arrivait à avoir
force de loi, il supprimerait bien des tirail-
lements entre patrons et ouvriers et sou-
vent même des conflits se traduisant par
des grèves. Connaissant exactement leurs
droits et leurs devoirs réciproques, patrons-
et employés ne sortiraient ni des uns ni
des autres.
imb- LA DISCUSSION
Le président ayant demandé à l'assem-
blée si quelqu'un désirait pendre la pa-
role sur la question du contrat, un assis-
tant demande comment, avec la semaine
anglaise, les employés pourront faire leurs
achats le samedi soir, si tous les maga-
sins sont fermés l'après-midi.
COMME EN ANGLETERRE
M. Dumour donne des explications sur
ce qui se pratique à ce sujet en Angle-
terre. Les magasins d'alimentation, notam-
ment, restent ouverts très tard le samedi
pour ne rouvrir que le lundi vers midi. Il
ajoute que si la Fédération demande pour
tous les employés un congé annuel de 15
jours avec salaire, c'est précisément en vue
de donner une compensation aussi large
que possible aux employés qui auraient à
subir la fatigue d'une fermeture tardive le
samedi.
La parole est ensuite donnée à Me Lévy-
Oulmann, avocat-conseil de la Fédération.
DISCOURS DE M. LEVY-OULMANN
L'orateur dit que" la semaine anglaise
n'est qu'un des petits côtés de la question
du contrat de travail et qu'il convient d'en-
visager cette question de plus haut, car si
elle apparaît single dans le défitil, elle est,
en réalité, très complexe dans son ensem-
ble et dans son application pratique.
Qu'est-ce que le contrat de travail ? C'est
un contrat bi-latéral, dans lequel se trou-
vent en présence deux parties, et c'est en
même temps un contrat synallagmatique
en ce sens que les parties contractantes
échangent entre elles des avantages : d'un
côté le travail fourni par l'employé, de l'au-
tre, le salaire fourni par le patron.
Au point de vue du droit, le contrat des
travail entre dans la catégorie du contrat
ordinaire, où les parties contractantes agis-
sent librement et cependant il offre cette
particularité que les parties en présence
n'y prennent pas une part égale, car si,
en théorie, l'employé est libre, en fait il
ne l'est pas et il lui est presque toujours
impossible de refuser ce qui lui est pro-
posé. L'employé a le droit de demander uii
minimum de salaire pour un maximum de
travail ; il a le droit de demander aussi
un minimum de conditions hygiéniques,
mais si le patron refuse de souscrire à ces
demandes, l'employé sait que des camara-
des accepteront les conditions du patron.
On ne peut arriver, dit M. Lévy-Oul-
mann. à la réglementation des conditions
du travail que par des lois, et l'on ne peut
aboutir à des lois que par des groupements
d'intérêts communs, par la pratique de la
solidarité, par une union forte et tangible.
C'est seulement par l'union et par la soli-
darité que les employés pourront affirmer
leur force et se mettre sur un véritable
pied d'égalité vis-à-vis de leurs patrons.
Le discours de M. Lévy-Oulmann est trè9
applaudi.
MM. BERTHELIER ET MEZIN
M. Berthelier vient dire ensuite combierf
est précaire et misérable la situation qui
est faite aux courtiers, auxquels nul sa*
laire n'est consenti. La première question
à résoudre, dit-il, est celle du droit ôt l'exis-
tence. Il faut, pour cela. instihien coir
trat général du travail et faciliter aux tré
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