Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-05-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mai 1902 19 mai 1902
Description : 1902/05/19 (N11756). 1902/05/19 (N11756).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549407s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
vCX3SrO CENTIMES le Numéro;
PARÎS & DÉPARTEMENTS
Le Nurnê:ro.. CINQ GENTÏMKS
SON DATE un : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Cl mois Trots icois Simm Un Iii
Pàrïs.T7>rv. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
DéparteID.!-:-:c.a.. 2 - 6— 11 — 20-
u Postais. 3 —? 8 46 - 32 —
SSS!~ EN CHEF : CHARLES BOS
ÔÉY ANNONCES
Il
LAG RANGE, CERF & ott
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAl-
ntU¡\C'l'ION : f 31, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure-dti mati-n
No 11756. — Lundi 19 Mai 1902
29 FLOREAL AN 110
ADJïIMSTUATIOiV' : 131, nie Hou (martre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
-. NOS LEADERS
Avant les invaMations
Il faut croire que notre tir est assez
juste, car un beau désordre se mani-
feste chez les réactionnaires. Nous avons
vu détaler d'abord quelques nationalis-
tes, employés aux grosses besognes,
bêtes de trait plutôt que chèvaux de
combat et dressés à suivre la campagne
avec les bagages, près de la provende et
loin des obus. « Quand les mules par-
tent, écrit un héros boër dont la Revue
hebdomadaire publie une lettre, quand
les mules partent, les soldats suivent. »
Le mot mériterait de passer proverbe ;
en tous cas, il exprime une vérité diffi-
cilement contestable après qu'elle s'est
affirmée à Colenso, àTwebosch, et dans
beaucoup de villes françaises lors des
derniers scrutins do ballottage.
Les républicains n'auront plus de-
vant eux, demain, que l'état-major des
iroitiers, se dépensant en efforts aussi
malheureux que courageux pour rallier
ïes troupiers démoralisés. Ne marchan-
Ions pas notre estime à ees braves,
nais ne leur faisons pas grâce. Les
noines ont toujours le nerf de la guerre
3t ils auraient tôt fait de regarnir des
cadres que nous n'aurions pas brisés.
M. Paul de Cassagnac, élevé à l'école
du malheur, endurci à la défaite, exé-
sute, à son habitude, une retraite admi-
rable. Démonté au premier engagement
il continue la lutte à pied et, rejeté de
la mêlée parlementaire, il combat sur
les marches du Palais-Bourbon. Il ne
ménage pas les insultes aux nouveaux
députés ; mais, dans la débâcle du parti
clérical, ses gros mots ne prennent-ils
pas une épique sonorité ? Assemblée de
gredins, majorité defripouillards, telles
sont les fleurs de cette éloquence qui
sent son Waterloo.
C'est aux « invalideurs » que s'en
prend M. Paul de Cassagnac :
Les députés antiministériels ne seront pas
pris en traître et ils savent ce qui les attend.
On ne le leur a pas envoyé dire.
Et l'annonce a été brutale.
C'est l'invalidation,l'invalidation à outrance,
haineuse, inique, féroce.
Haineuse, inique, féroce ? Non pas.
Mais c'est l'invalidation, à coup sûr. Je
vous disais que nous avions pointé
juste.
Comment monarchistes et bonapar-
tistes plus ou moins déguisés vont-ils
se défendre? Voudront-ils essayer de se
justifier? Ce serait jouer la difficulté.M.
10 Cassagnac leur donne un meilleur
conseil :
Il faut d'abord inviter tous nos amis, par la
loie des journaux et par lettres pressantes, à
aâter la constitution des dossiers de protesta-
ions contre les élections ministérielles véreu-
169.
Et, dès le premier jour, dans les bureaux,
mnoncer qu'on les contestera à la tribune.
Cela donne un délai de droit et permet de
.aire entendre les témoins, de compléter les té-
moignages.
Nos adversaires savent comme nous
jue les élections véreuses ne sont pas
celles des « ministériels ». N'importe.
il s'agit de faire de l'obstruction, sim-
plement.
C'est le dernier mot d'ordre reçu par
les feuilles réactionnaires. La France
chrétienne fait chorus avec VAutorité.
Cette gazette rappelle le précédent de
1885 et l'interprète à sa façon :
En 188, à la suite de ce magnifique élan
patriotique qui avait fait entrer 225 députés
ongervaleurs dans le Parlement, lorsque les
membres de la droite arrivèrent au Palais-
Bourbon, ils trouvèrent sur le bureau de la
Shambre de copieux dossiers où les articula-
tions les plus abominables et les plus menson-
gères étaient dirigées contre leurs élections.
En revanche, les opérations électorales des
Jépartemenis qui avaient nommé nos adver-
saires n'étaient l'objet d'aucune protestation.
Les articulations dirigées contre les
élections réactionnaires étaient-elles si
mensongères? Du moment que les clé-
ricaux ne se plaignaient pas des élec-
tions républicaines, il semble naturel
d'admettre que celles-ci ne prêtaient pas
k discussion. Et inversement, si les dé-
mocrates étaient unanimes à dénoncer
les manœuvres réactionnaires, c'est que
ces manœuvres avaient été commises.
Naturellement, en 1885, les cléricaux
fes plus compromis ont été invalidés.
Le même phénomène doit se produire
iajourd'hui. Les journaux de la calotte
ne l'admettent pas.
Les députes nationalistes de 1902 vont-ils se
laisser tranquillement égorger comme leurs
prédécesseurs de 1885?
Eux aussi, arriveront-ils au Palais-Bourbon
les mains vides de toute pièce accusatrice con-
tre leurs ennemis? Une telle apathie serait cri-
minelle. Il faut que tous les comités électoraux
se livrent à une sévère enquête et relèvent tous
les faits délictueux qui sont à la charge de nos
ennemis. Si de nombreux dossiers ne sont pas
réunis par les adversaires du gouvernement,
tout le débat de la vérification des pouvoirs ne
roulera que sur les hypothétiques actes de près
sion accomplis par les nationalistes.
C'est encore la France chrétienne qui
;e dépense en objurgations. Son insis-
tance même prouve qu'elle n'a rien à
reprocher aux élus républicains. Les
concurrents malheureux de ces derniers
auraient déjà commencé à crier, s'ils
avaient eu lieu de se plaindre. Ils n'au-
raient pas attendu que les journaux de
leur parti vinssent les presser de « réu-
nir de nombreux dossiers ».
Nos confrères nationalistes ne ca-
chent-pas suffisamment leur jeu. Ils
avouent avec candeur que leurs jérémia-
des sont destinées à assourdir la Cham-
bre, à empêcher la majorité, d'entendre
les justes revendications des républi-
cains qui ont été lésés. Il faut organiser
l'obstruction. Il s'agit « de ne pas ar-
river au Palais-Bourbon les mains vi-
des ». Dès lors la tâche des comités de
la « Patrie française » est commode :
potins, commérages, ragots, contes de
ma mère l'Oye, histoires à dormir de-
bout, seront ramassés, rédigés, allon-
gés. Et voilà ce que les orateurs des
droites viendront lire et discuter à la
tribune.
Heureusement, nous sommes préve-
nus. On rira au nez du nationaliste qui
tentera d'attacher ce grelot félé. Et la
majorité, se souvenant du mot de M.
Syveton, s'écriera : De qui se f.-t-il ?
Hugues Destrem.
<&»•
PITEUSE IMAGINATION
Le détail de l'escroquerie
Humbert a suggéré à tout le
monde cette réflexion : il y au-
rait une fameuse pièce à faire
avec ça. Sans doute, Chopart,
dit l'Aimable, du Courrier de
Lyon, et Rodin, du Juif-Errant.
sont de petits garçons auprès de l'aventu-
rière aux cent millions. Il n'y a que l'épi-
sode des pauvres diables ruinés par la
Rente viagère qui pousse la comédie au
noir et qui fâche le spectateur.
Il y a une pièce à faire ; et les nationalis-
tes s'essaient à bâtir un drame. Attendez-
vous à un four noir. Comme tous les mau-
vais écrivains, les nationalistes gâtent la
vérité par leurs inventions. Tenez, voilà ce
que raconte la Presse :
Des gens renseignés vous diront qu'un ar-
ticle paru, il y a six semaines, dans le Figaro,
article menaçant pour Mme Humbert, mais
d'une menace qui n'eut point de lendemain,
était inspiré et même rédigé par maître Wal-
deck. Motif: il s'agissait d'abord d'effrayer la
franc-maçonnerie, qui à ce moment-là gênait
Waldeck et qui est gravement compromise
dans le scandale. Il fallait aussi presser un
peu la dame Humbert, dont la caisse ne s'ou-
vrait pas assez vite pour subvenir aux dépen-
ses électorales du ministère.
Ne vous indignez point : Ça n'en vaut
pas la peine.
Au point de vue de l'art, l'histoire de
Mme Humbert est belle et simple comme
l'antique. Pourquoi l'encombrer, pourquoi
l'alourdir en y mêlant M. Waldeck-Rous-
seau, les francs-maçons et le Figaro ?
Quelqu'un a voulu aussi que Mme Hum-
bert fût le chef des voleurs de Londres.
Faites nous grâce de ces imaginations.
La réalité est bien plus géniale - sauf, je
le répète, l'incident de la Rente viagère qui,
comme l'écrit Ernest Blum, était « la scène
à ne pas faire ».
LES MYSTÈRES DE LA TERRE
(De notre correspondant particulier)
Prague, 17 mai.
On a observé que les eaux des sources miné-
rales dos environs de la station thermale de
Replitz ont présentéunecouleur brune-rougeâ-
tre pendant une heure et ont repris ensuite
leur transparence ordinaire.
Les habitants prétendent que ce phénomène
est dû à la récente éruption volcanique de la
Martinique.
Ils rapportent à l'appui de ce dire qu'un
phénomène analogue a été constaté en 1755,
lors du tremblement de terre do Lisbonne.
LA MARINE ALLEMANDE
(De notre correspondant particulier]
Kiel, 17 mai.
Tous les vaisseaux d'escadre du type « Bran-
denburg » dont le lancement n'a eu lieu qu'en
1892 sont trouvés démodés et seront complète-
ment transformés. On améliorera les appareils
d'aération ; les tubes de lancement des torpil-
les seront placés au dessous du niveau de
l'eau et enfin les chaudières seront rempla-
cées par d'autres d'un type nouveau.
Les aménagement. nouveaux de chaque
vaisseau coûteront 1.250.000 francs.
———————————— ————————————
LES MAIRES RÉPUBLICAINS
Le maire de Choisy-le-Roi vient de commu-
niquer à ses administrés l'arrêté suivant:
Considérant que la présence aux convois funè-
bres de ministres de différents cultes peuttroubler
le bon ordre, porter atteinte à la tranquillité pu-
blique et nuire à la circulation dans les rues, quais
places et voies publiques :
Considérant qu'il appartient à l'autorité munici-
pale d'assurer le maintien du bon ordre,
Arrête :
Il est interdit aux ministres des différents cultes
d'accompagner processionnellement les convois fu-
nèbres hors des édifices religieux,dans l'exercice de
leurs fonctions autrement qu'en voiture fermée.
A L'HOTEL DE VILLE
Le préfet de la Seine a signé hier après-midi
un arrêté convoquant les membres du conseil
municipal de Paris en session ordinaire pour
le lundi 2 juin, ainsi que nous l'avions dit. Les
membres du conseil général de la Seine se-
ront convoqués le mercredi 11. Au cours de
cette séance, il sera procédé au renouvellement
du bureau de cette assemblée.
GRAVE BAGARRE A LI JAMAIQUE
Londres, 17 mai.
Une dépêche de Kingston (Jamaïque) si-
gnale qu'une échauffouréo s'est produite dans
cette ville entre des soldats du régiment de
l'Inde occidentale et des civils.
Le Daily Mail raconte que deux ou trois
cents soldats quittèrent le camp, armés de
gourdins et quelques-uns de rasoirs fixés à des
bâtons, et attaquèrent 189 habitants qu'ils ren-
contrèrent dans les rues.
Une véritable bataille s'engagea avec la po-
pulation et il y eut une quarantaine de blessés
dont douze soldats.
Des patrouilles de police et de soldats réta-
blirent l'ordre.
IMEUTE A NEW-YORK
Londres, 17 mai.
On mande de New-York au Daily Telegraph :
Les bouchers détaillants ayant refusé de ré-
duire leurs prix malgré une légère baisse du
Beef's Trust, des manifestations violentes, dont
les femmes formaient le principal élément, se
sont produites.
Des projectiles ont été lancés sur la police :
les manifestants ont saccagé lés boucheries;
de nombreuses arrestations ont eu lieu.
Il y a en o»tr§ beaucoup de blessés.
lA MAJORITE
D'ALPHONSE XIII
A seize ans! — L'avènement autres
— Solennité constitutionnelle. - Ce
qu'est le nouveau roi. — Le der-
nier acte de la régente. —
Une cérémonie à Paris.
C'est chose faite : le roi Alphonse XIII a
pris possession du gouvernement espagnol.
La Constitution donnée au peuple espagnol
par Alphonse XIII est démocratique. Elles'ap-
puie sur le principe de la délégation du pou-
voir souverain appartenant à la nation, à la
dynastie de Bourbon. Il n'y a donc plus en Es-
pagne do solennité de couronnement, de con-
sécration religieuse, cérémonies qui impliquent
un droit dynastique extérieur et supérieur à
celui du peuple.
C'est pourquoi les solennités de Madrid sont
beaucoup plus simples que celles de Londres.
En Angleterre, survivent les antiques fictions
de la monarchie. En outre, le roi do la Gran-
de-Bretagne est le chef de la religion angli-
cane.
Rien de semblable en Espagne.
La prestation du serment
La solennité de la prestation du serment
qu'exige la Constitution espagnole du roi pour
son avènement a eu lieu hier dans le local du
Congrès où le Sénat et la Chambre étaient
réunis. Le président des Cortès, s'adressant au
roi, a prononcé ces paroles :
Seigneur, les Cortès de la monarchie étant réu-
nies, daignez-vous prêter devant elles le serment
prescrit par l'article 45 de la Constitution de
l'Etat?
Le roi a répondu en plaçant sa main sur les
Evangiles :
Je jure de me soumettre et d'exiger la sÕri:
sion à la Constitution et aux lois de la monarchie
et de m'inspirer dans mes actes du bien du peuple.
Si j'agis ainsi, que Dieu me récompense, et dans le
cas contraire, qu'il me punisse :
Le président a repris :
Les Cortès ont entendu le serment que Votre Ma-
jesté vient de prêter de se soumettre et d'exiger la
soumission à la Constitution de l'Etat et de la mo-
narchie en s'inspirant dans ses actes du bien du
peuple.
Le roi, en quittant la Chambre, s'est rendu
à l'église Saint-François, où il a été reçu par
deux cardinaux et trente évêques. Suivi de la
cour, il est entré, précédé de dix prêtres por-
tant le pallium.
Après le chant du Te Deum, l'orchestre a
joué une marche triomphale.
Le cortège
Sur le passage du cortège — composé de
24 carosses dont le dernier occupé par le roi,
la reine et l'infante Thérèse — une foule nom-
breuse se pressait derrière une double haie de
soldats. Du palais à la Chambre, de la Cham-
bre à l'église Saint-François les maisons sont
pavoisées et le roi acclaméà son passage. Aucun
incident n'est à signaler.
Durant toute la journée les musiques de la
garnison n'ont cessé de parcourir la ville.
Le nouveau roi
Alphonse XIII est familiarisé avec notre
langue. Il a appris le français avec un jeune
membre de la colonie française de Madrid.
Il s'est aussi perfectionné dans la langue al-
lemande, qu'il avait naturellemont apprise de
sa mère, avec le principal professeur de l'E-
cole allemande à Madrid. En outre, il parle
l'anglais depuis l'enfance et il a continué ses
éludes en cette langue avec M. Merry del Val,
du ministère des affaires étrangères, le fils de
l'ancien ambassadeur d'Espagne auprès du
Saint-Siège.
Voici qui importe plus encore pour se faire
une idée de ce que peut être Alphonse XIII.
Depuis un an environ, un professeur de droit
public, constitutionnel et international, M.
Santa-Maria de Paredes, titulaire d'une chaire
à l'Université de Madrid et libéral sincère,
donne des leçons au jeune roi. Il l'a beaucoup
intéressé, paraît-il, et il a été fort bien impres-
sionné lui-même par les questions et la fa-
culté d'assimilation deson élève. AlphonseXIII
ne s'est pas seulement attaché à apprendre
tout ce que pouvait lui enseigner un tel pro-
fesseur, mais il lui a marqué, dit-on, une
vive curiosité pour connaitre bien des problè-
mes économiques, sociaux et politiques qui ne
cadraient pas encore avec le programme de ses
premières études politiques.
Cette activité intellectuelle n'a pas empêché
le fils de dona Christine de consacrer ses loi-
sirs à son entraînement physique. Il s'est de
bonne heure mis à faire de la gymnastique, de
la bicyclette, des armes, de l'équitation, car,
comme son père, il aime les chevaux, et la
chasse le passionne déjà.
Alphonse XIII est un peu plus grand que sa
mère et que ses sœurs, sans avoir une très
robuste prestance.
Il a quelque chose de son père, Alphonse XII,
dans les yeux, dans l'ensemble de l'attitude,
mais il ressemble beaucoup à dona Christine
et à sa sœur cadette, l'infante Marie-Thérèse,
qui passe pour sa sœur préférée.
Mais rien ne fait autant de plaisir au futur
chef suprême de l'armée que les choses mili-
taires dans leur détail même. Enfant, il était
déjà enchanté de voir la garde montante dans
la cour du palais, les bataillons défiler sous
ses fenêtres sur la place d'Orient, les messes
militaires au camp de Carabanchel, la garni-
son de la capitale faire la haie du palais jus-
qu'aux Cortès où sa mère le menait aux
séances d'ouverture, et plu3 tard, les manœu-
vres et les revues où, depuis bientôt trois ans,
il figure aux côtés de la régente et du ministre
de la guerre.
Un jour Alphonse XIII arriva à une caserne
à l'improvisle, et là, devant sa mère, leurs
maisons militaires et le général Weyler, le roi
d'Espagne mit l'épée au clair et prit la tête
d'une compagnie à laquelle il fit faire l'exer-
cice absolument comme tout cadet, sous-lieu-
tenant frais sorti do Tolède, l'eût fait le len-
demain du jour où il aurait prêté serment au
drapeau national.
La Toison-d'Or
La reine régente Marie-Christine a voulu
par ses derniers actes affirmer l'indissoluble
amitié de la France et de l'Espagne.
Voici le télégramme qu'elle a adressé au
Président de la République :
Son Excellence le Président de la
République française.
A l'expiration de ma régence, je viens de vous
conférer l'ordre insigne de la Toison-d'Or, en con-
firmation des sentiments de vive sympathie et des
liens d'étroite amitié qui existent heureusement
entre l'Espagne et la France.
MRlE-CHRISTINB.
Les officiers qui sont restés à l'Elysée ont
immédiatement télégraphié cette nouvelle au
Président de la République-Mais les sémapho-
res n'ont pas pu transmettre, en raison du
brouillard et de la nuit, le télégramme de
l'Elysée, en sorte qu'à l'heure actuelle le Pré-
sident ignore encore qu'il est titulaire de la
Toison-d'Or.
Avenue Friedland
A l'occasion de la majorité du roi Alphonse
XIII, un Te Deum a été chanté à la chapello
espagnole de l'avenue Friedland.
La cérémonie élait présidée par Mgr ,reg,,:.
zelh, nonce apostolique, etouré 'du clergé
espagnol.
Au premier rang de l'église on remarquait
M. Leon y Castillo, ambassadeur d'Espagne, et
la marquise del Muni, le général André, mi-
nistre de la guerre, M. de Lanessan, ministre
de la marine. ) >-,
Le Président de la République était repré-
senté par le colonel Bataille, attaché militaire
à la présidence ; le ministre des affaires étran-
gères par M. Delavaud, son chef de cabinet. Le
président du Sénat et le général Faure-Biguet,
gouverneur de Paris, s'étaient également fait
représenter.
Elaient en outre présents: MM. Raindre, di-
recteur des affaires politiques au ministère des
affaires étrangères ; baron de Roujoux, du ser-
vice du protocole ; Clausse, secrétaire d'am-
bassade ; marquis de Novallas, premier secré-
taire de l'ambassade, et les attachés militaires
de l'ambassade d'Espagne ; M. Brusola, consul
d'Espagne, et le personnel de la légation en
grand uniforme, les membres du corps diplo-
matique, la colonie espagnole de Paris, etc.
Voir à la 36 page
les DERNIuJRES DEPECHES
VERS LA RUSSIE
Lds dernières nouvelles de l'escadre de la
Baltique sont parvenues à l'Elysée par pigeon
voyageur. Elles étaient excellentes.
Pour la réception de M. Loubet
Reval, 17 mai.
Le conseil municipal a voté une somme de
3.500 roubles pour la réception de M. Loubet.
Parmi les nombreux objets destinés à être
offerts à M. Loubet pendant sa visite à Saint-
Pétersbourg par des amis russes de la Franco
figure, dit-on, la biographie-flu Président
écrite par un habile. calligraphe sur un mor-
ceau de papier de la dimension d'ua timbre-
posle ordinaire.
Mme Humbert et l'arisiooratie noirs
(De notre correspondant particulier)
Rome, 17 mai.
Mme Humbert, l'héroine do la plus grande
escroquerie du siècle, était très connue dans
l'aristocratie noire de Rome et entretenait des
rapports étroits avec le monde qui gravite au-
tour du souverain pontife.
Elle est venue plusieurs fois à Rome pour
obtenir aide et protection des princes de
l'Eglise, et la fameuse Rente Viagère a été
fondée avec la bénédiction de Léon XIII.
Mme Humbert a su intéresser le pape à ses
affaires en envoyant au denier de St-Pierre
50.000 francs.
C'est elle qui, avec l'argent de ses dupes., a
puissamment contribué à l'organisation d'un
pèlerinage français à Rome.
Grâce aux assomptionnistes, aux jésuites et
autres ordres qui servaient de rabatteurs, les
recettes mensuelles de la Rente Viagère se
montaient à 250.000 fr. Le couple Humbert a
déposé une grand3 partie de ces sommes dans
des banques de Londres et dé Bruxelles; il a
aussi fait un dépôt dans un établissement fi-
nancier à Rome, fondé par les cléricaux.
LA SITUATION DES BOERS -
(De notre correspondant parttculier)
La Haye, 17 mai.
D'après de nouveaux renseignements reçus
de l'Afrique du Sud, Prétoria était serré de
près par les Boers peu do temps avant l'ou-
verture des négociations de paix.
Les Burghers faisaient de nombreuses appa-
ritions aux environs de la ville et lord Kit-
chener, craignant d'être enlevé, n'osait plus
aller à l'église qu'avec une forte escorte.
Le nombre des Boers qui tiennent encore la
campagne est de 25.000.
LA TOMBE DE MESMER
(De notre correspondant particulier)
Bâle, 17 mai.
Dans le cimetière de Meersbarg, sur les
bordsdu lac de Constance,est enterré ledocteur
François-Antoine Mesmer, « inventeur » du
magnétisme animal.
Le tombeau, récemment encore, tombait en
ruine par suite des intempéries, quand plu-
sieurs adeptes du mesmérisme le firent com-
plètement restaurer.
L'inauguration de la nouvelle pierre aura
lieu lundi.
Les délégués de sociétés de Mayence et de
Wiesbaden prendront part à la solennité.
UN DRAME
Meurtre mystérieux. — L'appel d'une
mourante. — Une blessure pour
rire. — L'enquête.
Un drame dont le mobile est encore inconnu
s'est déroulé, hier matin à 9 heures, à l'hôtel
des Trois-Mousquetaires, tenu par M. Royer,
rue de Paris, à Saint-Mandé.
Jeudi dernier venait habiter à cet endroit
un M. Louis Carnaire, âgé de 30 ans et se di-
sant voyageur de commerce, Il avait habité
précédemment 22, rue de Saint-Mandé, à
Montreuil. Il était accompagné d'une jeune et
jolie femme de 25 ans, Mathilde-Alphonsine
Sizelier, venant de Billancourt.
Vers 9 heures, hier matin, le propriétaire de
l'hôtel, qui se trouvait dans sa boutique, enten-
dit des appels : Au secours ! prononcés dans
l'escalier d'une voix mourante.
Il monta aussitôt au premier étage, où le
jeune couple habitait lachambre numéro3etvit
aflaissée sur le palier la jeune femme ayant à
la gorge une très profonde blessure par où le
sang s'échappait en abondance. Il prit la jeune
femme et l'emporta dans la chambre, où il la
déposa sur la descente de lit, Carnaire, lui,
tout habillé, était étendu sur le lit, ayant une
blessure peu grave à la gorge et à ses pieds un
rasoir à manche blanc teint de sang.
Prévenu immédiatement, M. Rebondin,
commissaire de police, accompagné de M.
Mirgodin et du docteur Nègre, se rendit à l'hô-
tel. La femme expirait et l'individu, dont la
blessure peu grave est simulée, a été consigné
à la disposition de la justice.
Le corps de la jeune femme a été transporté
à la Morgue.
Interrogé, le meurtrier s'est renfermé dans
un mutisme absolu. L'habillement sommaire
de la victime fait supposer qu'elle a été frap-
pée au moment où elle procédait à sa toilette.
Des lettres de la jeune femme, qu'on a re-
trouvées, dénotent un caractère sentimental et
naïf.
EXÉCUTION DE BALMASCHEF
Saint-Pétersbourg, 17 mai.
Le Moniteur de L'Empire annonce que Bal-
maschef a été jugé le 9 mai et condamné à
mort.
Le 12 mai, la Cour de cassation a repoussé
son recours et le jugement a été exécuté hier
46 "* '--
L'AFFAIRE
HUlBERT. CRAVFORD
L'enquête judiciaire. — La « Rente
viagère » a vécu. — Lés racontars.
— Une histoire de robes. — Craw-
ford a une écriture de femme.
— La villa Sabran. — Mme
Humbert et le père Craw-
ford. — En province.
Le procureur do la République a mis à la
disposition de MM. Leydet et André, le subs-
titut François Poncet, afin de suivre la procé-
dure et, en cas d'urgence, de prendre toutes
réquisitions utiles.
Deux experts comptables ont été désignés à
la suite d'une conférence au parquet entre
MM. André, Leydet et Herbeaux, procureur
de la République. Ce sont : MM. Doyen, 13,
rue Castellane, et Yché, 10, rue Denfert-Ro-
chorcau, tous deux docteurs en droit.
A la « Rente viagère »
M. Boyron, juge de paix du 9e arrondisse-
ment, assisté de son greffier, s'est transporté
hier matin au siège social de la « Rente via-
gère », rue Auber, et a procédé à la levée des
scellés en présence de M. Lemarquis, séques-
tre; de M. Vacher, syndic de la faillite ; de
M. Doyen ; de M. Ycher, expert comptable;
de MM. Girard et Dumont, conseil et caissier
de la Compagnie.
M. Roy, commissaire aux délégations judi-
ciaires, accompagné de son secrétaire, s'est
présenté ensuite, et, en vertu d'une commis-
sion rogatoire de M. Ar.dréjuge j'inslructionl
a saisi les registres, contrats de clients, enfin
tous papiers et pièces comptables qui ont été
transportés dans trois fiacres au bureau de M.
Roy, quai des Orfèvres.
Lorsque le classement de ces pièces innom-
brables aura été terminé, le tout sera remis
au greffe.
Le coffre-fort, où les clients, en dépit des
réponses évasives des employés, s'attendaient
à la découverte de plusieurs millions, ne con-
tenait — magistrats et employés le savaient
parfaitement — que 20,000 francs, valeurs en
caisse, titres et chèques.
20,000 francs à se partager entre douze
cents clients au prorata de leur actif : c'est
plutôt maigre.
Hier soir les employés de la « Rente via-
gère» ont été congédiés, les portes du siège so-
cial ont été verrouillées, la « Rente viagère »
avait vécu.
Interrogatoire des inculpés
M. Leydet. juge d'instruction, a procédé,
hier après-midi, à l'interrogatoire de M* Par-
mentier et M" Dumort. Tous deux ont dé-
claré avoir été victimes de leur confiance en
Mme Humbert,
M' Parmentiera nié être l'auteur ou le com-
plice des faux testaments et documents.
Il affirme avoir reçu ses procurations de
deux personnages qui lui ont été présentés
comme étant les frères Crawford.
L'avoué fait remonter toute la responsabi-
lité de cette escroquerie à M. Humbert
père.
Me Dumort a soutenu qu'il n'avait jamais
joué qu'un rôle d'homme d'affaires, rien de
plus. -
Me Tézenas assistait Me Parmentier; M* Eu-
gène Crémieux assistait Me Dumort.
Les trois inculpés, MM. Langlois,Dumort et
Parmentier,sont écroués à la prison de la San-
té. Tous trois mangent d'un excellent appétit
les mets qu'on leur apporte de chez un restau-
rateur voisin.
Aucun des trois inculpés n'est au secret.
A la Sûreté
A la Sûreté, on ne désespère pas de retrouver
les fugitifs. M. Hamard estime qu'ils ont dû
gagner les pays chauds, parce que Romain
Daurignac et la fille des épotrr Humbert
supportaient difficilement le climat froid du
Nord.
Une interpellation
On annonce que M. Mirman a écrit au pré-
sidant du conseil pour lui faire connaître son
intention de l'interpeller sur l'affaire Crawford-
Humbert.
Bruits étranges
L'affaire Humbert donne, chaque jour,
naissance aux bruits lesplus invraisemblables.
On racontait, hier, au palais, que Mme Hum-
bert était la représentante, à Paris, du fameux
office anglais qui sert d'intermédiaire,aux vo-
leurs de titres, pour l'écoulement des actions
dérobées. Elle faisait acheter à cette maison,
bien connue de la police, des titres volés en
France.
Ce seraient des valeurs de cette nature qui
auraient été brûlées avenue de la Grande-
Armée et place Vintimille, aux domiciles des
époux Humbert.
On prétend également que, la veille de leur
disparition,les époux Humbert avaient touché,
par l'intermédiaire d'une banque de Paris, un
chèque de 300.000 fr., venu de Londres.
Mais que ne dit-on pas ? Tout celà ne cons-
titue probablement que des racontars qu'il
faut accepter — comme nous les enregistrons
—avec les plus grandes réserves.
3.000 francs de robes
Le Figaro conte l'anecdote suivante :
Depuis longtemps, Mme Humbert était la cliente
d'une des grandes maisons de couture de la rue
de la Paix, d'où nous tenons ces détails.
Il y a quelques jours à peine, il prit à Mme Hum-
bert la fantaisie, au sujet d'une fête qu'elle don-
nait chez elle, de faire confectionner chez son
fournisseur deux costumes pour les deux filles de
M* Du Buit.
Les robes furent livrées et trouvées charmantes
naturellement, et le compte de Mme Humbert dans
cette maison se trouva naturellement débité de ces
deux costumes.
Mais Mme Humbert tenait sans doute beaucoup
à ce que son départ ne causât pas. en outre, à M*
Du Buit, l'ennui d'aller payer les robes qu'elle avait
fait faire pour ses filles,
Aussi, le jour même de son départ, le mercredi,
elle arrivait à 10 heures du matin, rue de la Paix,
et demandait à régler tout de suite les deux robes
livrées aux filles de M* Du Buit, le montant de
cette facture s'élevant à environ 3,000 fr.
Après avoir réglé, comme l'essayeuse lui de-
mandait si elle pourrait venir lui essayer le sur-
lendemain, vendredi, son nouveau costume ;
— Oh ! pas vendredi, répondit-silo, il y aura
trop de monde, ce jour-là, à la maison 1
Une écriture. féminine
Un de nos confrères est allé demander à M.
Camille Courderc, expert paléographe près le
tribunal civil, ce qu'il pensait des fac-similés
des lettres qu'on a publiées et qui, bien qu'é-
manant évidemment do la même personne,sont
signées l'une, Muller, l'autre, Crawford.
- Le rapprochement des écritures des deux let-
tres signées Crawford et Muller paraît, au premier
abord, ne laisser aucun doute possible ; c'est bien
la même main qui a tracé l'une et l'autre.
A mon avis, c'est une femme et non un homme
qui a écrit ces deux lettres. C'est une écriture cou-
rante et bien française, et j'ajouterai qu'il y aquan-
tité de femmes qui écrivent ainsi.
Ici, tout me paraît concorder en faveur dej'iden-
tité de main. .v,.
Après une démonstration, des plus simples
d'ailleurs, M. Couderc conclut ainsi:
— Autant qu'une comparaison d'écriture peut
donner un résultat, celui-ci est aussi concluant que
possible.
D'y a pas de doute, les lettres signées Q^wlord
etMuiier sont du même auteur, eteet auteur est illi
conteslableinent une femme.
Encore des propriétés !
Tous les jours on découvro de nouvelles pro-
priétés appartenant aux Humbert.
C'est ainsi qu'on apprend que les époux
Humbert possèdent depuis le mois de janvier
1894, au Pecq, en contre-bas de l'église, une.
villa qui se nomme la « villa Sabran ». La
maison d'habitation porte le n" 1 de la rue
Bellavoine.
C'est dans cette villa que s'élait retiré M. le
sénateur Humbert, qui y mourut en septembre
1894. Elle avait été achetée toute meublée à
Mme Sabran qui l'habitait avec sa fille, Mmt
Sabran mourut sans avoir été payée, et sa fille,
qui habile Nice, attend toujours que les Hllm,
berl acquittent leur dette.
Après la mort de l'ancien garde des sceaux,
la villa resta inhabitée jusqu'au printemps da
1895. A cette époque M. Emile Daurignac, sa
femme et ses deux filles vinrent s'y installe!
et y demeurèrent pendant plusieurs mois,
Dans le courant de 1900, M. Duchet, jardi-
nier chargé de la garde de la propriété,vit ve-
nir un jour M. et Mme Humbert, accompagné!
d'un inconnu, que les valets de pied dirent
être Mt Du Buit. Ce fut la seule personne
étrangère à la famille qu'il aperçut jamaii
à la villa.
Le jardinier avait affaire au gérant def
clients de M. Humbert. Ce fut, après M. Bail.
leau, qui mourut en janvier 1901, M. Girard(
le cousin des Humbert.
Autre histoire de propriété : La « Rentt
viagère 1) possède dans le quartier de BellevHlet
rue de Palikao, un immeuble qui lui a été cédd
il y a quelque temps par un M. X. auquel
elle servait une rente annuelle de 3,000 francs..
Ces temps derniers, à la suite de plaintet
nombreuses formulées par les locataires de cet
immeuble contre un de leurs voisins, nommé Z.f
l'ingénieur conseil de la « Rente viagère 8
avait voulu faire expulser ce dernier.
Mais à la suite des événements qui se sont
produits récemment, Z. refusa de s'en aller.
D'autre part, ceux d'entre les locataires qui
n'avaient pas encore réglé leur terme arriSré.
se refusent maintenant à s'exécuter, déclarant
qu'ils nele feront pas tant qu'on ne les aura
pas débarrassés do Z., contre lequel ils se
sont ligués.
Bref, l'anarchie la plus complète régant dans
l'immeuble, le concierge est allé hier prier M.
Girard, commissaire de police du quartier, d'y
rétablir l'ordre.
Crawford père
Mme Humbert — c'est elle-même qui l'a ra-
conté — était venue au Havre, il y a une ving-
taine d'années, pour affaires, et avait été pla-
cée à table d'hôte près d'un vieux monsieur
qui lui dit s'appeler M. Crawford et être Amé-
ricain.
Mme Humbert repartait le lendemain pour
Paris. Elle rencontrait à la gare M. Crawford
qui se rendait également à Paris et tous deux
montaient dans le même wagon. En cours de
route, un peu avant d'arriver à Rpuen, M.
Crawford était pris subitement d'une grave in-
disposition. Il perdait connaissance et Mme
Humbert lui prodiguait des soins diligents. Et
comme on arrivait à Rouen, Mme Humbert,
interrompant son voyage, s'arrêtait dans cette
ville, conduisait son compagnon de roule dans
un hôtel et continuait son œuvre de sœur de
charité. Puis, M. Crawford à peu près rétabli,
elle se retirait discrètement et rentrait à
Paris.
M. Crawford n'eut garde d'oublier celle qui
lui avait rendu un si grand service. Sitôt en
état de se remettre en route, il partit de Rouen
et son premier soin fut d'aller chaudement
remercier Mme Humbert. Puis il reprit la
route de l'Amérique. Il ne tarda pas à mou-
rir, instituant Mme Humbert sa légataire uni..
verselle.
M. Crawford avait deux fils et c'étaient cei
deux fils, héritiers naturels de feu Crawford,
qui mettaient opposition à l'envoi en posses-
sion de l'héritage dévolu à Mme Humbert. D'oi¡
les procès. #
Dans les départements
Marseille, 17 maY.
La a Rente viagère de Paris » était pro priée
taire de onze immeubles de rapport situés
boulevard de la Madeleine, boulevard Baille, à
la Blancarde et dans le quartier des Char*
treux.
Ces maisons avaient été achetées il y a cinq
ans environ, sans bourse délier,par le système
des achats en viager, avec certitudo pour les,
vendeurs d'en toucher les arrérages leur vie
durant.
Ces immeubles représentaient une valeur
moyenne de 40,000 à 50,000 francs cha.«,
cun.
Sur la plupart de ces immeubles, les admi-
nistrateurs de la « Rente viagère » auraient
emprunté des sommes importantes. Les loyers
étaient encaissés par le représentant de la
Compagnie, à Marseille, M. Joseph Roi, juge
au tribunal de commerce de notre ville, per-
sonne des plus honorables et qui ignorait les
combinaisons louches de la Société qu'il re-
présentait.
Il parait, en outre, que trois financiers dt
notre ville ont prêté des sommes importantes à
la famille Humbert, et l'en de ces banquiers en
a été pour 50.000 francs.
Nantes, 17 mai.
Mme Humbert possède deux immeubles à
Nantes. L'un, situé rue Lekain, est une maison
de trois étages, habitée exclusivement par des
femmes. Cette maison a été achetée il y a huit
ans à un M. Martin qui n'habite plus Nantes.
Elle vaut 90.000 francs et rapporte 6.000 fr.
Le second est un petit hôtel, situé rue La<
motte-Piquet, avec un beau jardin y altenant.
Il vaut 10 à 12.000 francs et est loué 500 fr.
Ces deux immeubles sont imposés au noni
de M. Eugène Humbert, 65, avenue de la
Grande-Armée, à Paris. La « Rente viagère»
possède une propriété à Portechaise, dans la
banlieue de Nantes, qui a été achetée 30.000
francs il y a cinq ans, à M. Guesdon, ancien
inspecteur des prisons, demeurant à Paris.
Elle est louée actuellement 1.000 francs.
- Toulon, 17 mai.
On vient de découvrir que les Humbert-
Daurignac possédaient une propriété à Toulon.
Laissée depuis cinq ans dans un grand aban-
bon, elle est située à trois kilomètres de la
ville sous le nom de « Campagne-Thérèse J',sa
superficie est de 87,000 mètres carrés ; seD
acquisition remonterait à dix ans. :
Cerbère, 17 mai.1
La « Rente Viagère » possède un grand im-
meuble situé devant la plage et formant la
prolongement de la mairie jusqu'à la place pu-
blique. Cette maison a été achetée à M. Nom.,
dedeu, auquel une rente était servie.
M. Nomdedeu est garanti par une clause spé-
ciale du contrat.
Royan.17 mai.
La « Rente viagère » possède ici plusieurs
immeubles. L'un d'eux, la a Villa Hubert-de-
l'Isle », située à Ponlaillac, qui est fort jolie.
fut occupée pendant la saison d'été de 1900 paç
la famille du grand-duc Constantin.
Chalon-sur-Saône, 17 mai.
La « Rente viagère » avait une succursale à
Chaton-sur-Saône. On connait déjà plusieurs
dupes qui ont une partie de leur fortune en-
gloutie dans cette triste spéculation.
Un certain nombre vont so trouver ruinés
par ces audacieux escrocs. Le représentant de
13 a Rente viagère p û Chalon avuU Óga.¡WCll'
PARÎS & DÉPARTEMENTS
Le Nurnê:ro.. CINQ GENTÏMKS
SON DATE un : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Cl mois Trots icois Simm Un Iii
Pàrïs.T7>rv. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
DéparteID.!-:-:c.a.. 2 - 6— 11 — 20-
u Postais. 3 —? 8 46 - 32 —
SSS!~ EN CHEF : CHARLES BOS
ÔÉY ANNONCES
Il
LAG RANGE, CERF & ott
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAl-
ntU¡\C'l'ION : f 31, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure-dti mati-n
No 11756. — Lundi 19 Mai 1902
29 FLOREAL AN 110
ADJïIMSTUATIOiV' : 131, nie Hou (martre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
-. NOS LEADERS
Avant les invaMations
Il faut croire que notre tir est assez
juste, car un beau désordre se mani-
feste chez les réactionnaires. Nous avons
vu détaler d'abord quelques nationalis-
tes, employés aux grosses besognes,
bêtes de trait plutôt que chèvaux de
combat et dressés à suivre la campagne
avec les bagages, près de la provende et
loin des obus. « Quand les mules par-
tent, écrit un héros boër dont la Revue
hebdomadaire publie une lettre, quand
les mules partent, les soldats suivent. »
Le mot mériterait de passer proverbe ;
en tous cas, il exprime une vérité diffi-
cilement contestable après qu'elle s'est
affirmée à Colenso, àTwebosch, et dans
beaucoup de villes françaises lors des
derniers scrutins do ballottage.
Les républicains n'auront plus de-
vant eux, demain, que l'état-major des
iroitiers, se dépensant en efforts aussi
malheureux que courageux pour rallier
ïes troupiers démoralisés. Ne marchan-
Ions pas notre estime à ees braves,
nais ne leur faisons pas grâce. Les
noines ont toujours le nerf de la guerre
3t ils auraient tôt fait de regarnir des
cadres que nous n'aurions pas brisés.
M. Paul de Cassagnac, élevé à l'école
du malheur, endurci à la défaite, exé-
sute, à son habitude, une retraite admi-
rable. Démonté au premier engagement
il continue la lutte à pied et, rejeté de
la mêlée parlementaire, il combat sur
les marches du Palais-Bourbon. Il ne
ménage pas les insultes aux nouveaux
députés ; mais, dans la débâcle du parti
clérical, ses gros mots ne prennent-ils
pas une épique sonorité ? Assemblée de
gredins, majorité defripouillards, telles
sont les fleurs de cette éloquence qui
sent son Waterloo.
C'est aux « invalideurs » que s'en
prend M. Paul de Cassagnac :
Les députés antiministériels ne seront pas
pris en traître et ils savent ce qui les attend.
On ne le leur a pas envoyé dire.
Et l'annonce a été brutale.
C'est l'invalidation,l'invalidation à outrance,
haineuse, inique, féroce.
Haineuse, inique, féroce ? Non pas.
Mais c'est l'invalidation, à coup sûr. Je
vous disais que nous avions pointé
juste.
Comment monarchistes et bonapar-
tistes plus ou moins déguisés vont-ils
se défendre? Voudront-ils essayer de se
justifier? Ce serait jouer la difficulté.M.
10 Cassagnac leur donne un meilleur
conseil :
Il faut d'abord inviter tous nos amis, par la
loie des journaux et par lettres pressantes, à
aâter la constitution des dossiers de protesta-
ions contre les élections ministérielles véreu-
169.
Et, dès le premier jour, dans les bureaux,
mnoncer qu'on les contestera à la tribune.
Cela donne un délai de droit et permet de
.aire entendre les témoins, de compléter les té-
moignages.
Nos adversaires savent comme nous
jue les élections véreuses ne sont pas
celles des « ministériels ». N'importe.
il s'agit de faire de l'obstruction, sim-
plement.
C'est le dernier mot d'ordre reçu par
les feuilles réactionnaires. La France
chrétienne fait chorus avec VAutorité.
Cette gazette rappelle le précédent de
1885 et l'interprète à sa façon :
En 188, à la suite de ce magnifique élan
patriotique qui avait fait entrer 225 députés
ongervaleurs dans le Parlement, lorsque les
membres de la droite arrivèrent au Palais-
Bourbon, ils trouvèrent sur le bureau de la
Shambre de copieux dossiers où les articula-
tions les plus abominables et les plus menson-
gères étaient dirigées contre leurs élections.
En revanche, les opérations électorales des
Jépartemenis qui avaient nommé nos adver-
saires n'étaient l'objet d'aucune protestation.
Les articulations dirigées contre les
élections réactionnaires étaient-elles si
mensongères? Du moment que les clé-
ricaux ne se plaignaient pas des élec-
tions républicaines, il semble naturel
d'admettre que celles-ci ne prêtaient pas
k discussion. Et inversement, si les dé-
mocrates étaient unanimes à dénoncer
les manœuvres réactionnaires, c'est que
ces manœuvres avaient été commises.
Naturellement, en 1885, les cléricaux
fes plus compromis ont été invalidés.
Le même phénomène doit se produire
iajourd'hui. Les journaux de la calotte
ne l'admettent pas.
Les députes nationalistes de 1902 vont-ils se
laisser tranquillement égorger comme leurs
prédécesseurs de 1885?
Eux aussi, arriveront-ils au Palais-Bourbon
les mains vides de toute pièce accusatrice con-
tre leurs ennemis? Une telle apathie serait cri-
minelle. Il faut que tous les comités électoraux
se livrent à une sévère enquête et relèvent tous
les faits délictueux qui sont à la charge de nos
ennemis. Si de nombreux dossiers ne sont pas
réunis par les adversaires du gouvernement,
tout le débat de la vérification des pouvoirs ne
roulera que sur les hypothétiques actes de près
sion accomplis par les nationalistes.
C'est encore la France chrétienne qui
;e dépense en objurgations. Son insis-
tance même prouve qu'elle n'a rien à
reprocher aux élus républicains. Les
concurrents malheureux de ces derniers
auraient déjà commencé à crier, s'ils
avaient eu lieu de se plaindre. Ils n'au-
raient pas attendu que les journaux de
leur parti vinssent les presser de « réu-
nir de nombreux dossiers ».
Nos confrères nationalistes ne ca-
chent-pas suffisamment leur jeu. Ils
avouent avec candeur que leurs jérémia-
des sont destinées à assourdir la Cham-
bre, à empêcher la majorité, d'entendre
les justes revendications des républi-
cains qui ont été lésés. Il faut organiser
l'obstruction. Il s'agit « de ne pas ar-
river au Palais-Bourbon les mains vi-
des ». Dès lors la tâche des comités de
la « Patrie française » est commode :
potins, commérages, ragots, contes de
ma mère l'Oye, histoires à dormir de-
bout, seront ramassés, rédigés, allon-
gés. Et voilà ce que les orateurs des
droites viendront lire et discuter à la
tribune.
Heureusement, nous sommes préve-
nus. On rira au nez du nationaliste qui
tentera d'attacher ce grelot félé. Et la
majorité, se souvenant du mot de M.
Syveton, s'écriera : De qui se f.-t-il ?
Hugues Destrem.
<&»•
PITEUSE IMAGINATION
Le détail de l'escroquerie
Humbert a suggéré à tout le
monde cette réflexion : il y au-
rait une fameuse pièce à faire
avec ça. Sans doute, Chopart,
dit l'Aimable, du Courrier de
Lyon, et Rodin, du Juif-Errant.
sont de petits garçons auprès de l'aventu-
rière aux cent millions. Il n'y a que l'épi-
sode des pauvres diables ruinés par la
Rente viagère qui pousse la comédie au
noir et qui fâche le spectateur.
Il y a une pièce à faire ; et les nationalis-
tes s'essaient à bâtir un drame. Attendez-
vous à un four noir. Comme tous les mau-
vais écrivains, les nationalistes gâtent la
vérité par leurs inventions. Tenez, voilà ce
que raconte la Presse :
Des gens renseignés vous diront qu'un ar-
ticle paru, il y a six semaines, dans le Figaro,
article menaçant pour Mme Humbert, mais
d'une menace qui n'eut point de lendemain,
était inspiré et même rédigé par maître Wal-
deck. Motif: il s'agissait d'abord d'effrayer la
franc-maçonnerie, qui à ce moment-là gênait
Waldeck et qui est gravement compromise
dans le scandale. Il fallait aussi presser un
peu la dame Humbert, dont la caisse ne s'ou-
vrait pas assez vite pour subvenir aux dépen-
ses électorales du ministère.
Ne vous indignez point : Ça n'en vaut
pas la peine.
Au point de vue de l'art, l'histoire de
Mme Humbert est belle et simple comme
l'antique. Pourquoi l'encombrer, pourquoi
l'alourdir en y mêlant M. Waldeck-Rous-
seau, les francs-maçons et le Figaro ?
Quelqu'un a voulu aussi que Mme Hum-
bert fût le chef des voleurs de Londres.
Faites nous grâce de ces imaginations.
La réalité est bien plus géniale - sauf, je
le répète, l'incident de la Rente viagère qui,
comme l'écrit Ernest Blum, était « la scène
à ne pas faire ».
LES MYSTÈRES DE LA TERRE
(De notre correspondant particulier)
Prague, 17 mai.
On a observé que les eaux des sources miné-
rales dos environs de la station thermale de
Replitz ont présentéunecouleur brune-rougeâ-
tre pendant une heure et ont repris ensuite
leur transparence ordinaire.
Les habitants prétendent que ce phénomène
est dû à la récente éruption volcanique de la
Martinique.
Ils rapportent à l'appui de ce dire qu'un
phénomène analogue a été constaté en 1755,
lors du tremblement de terre do Lisbonne.
LA MARINE ALLEMANDE
(De notre correspondant particulier]
Kiel, 17 mai.
Tous les vaisseaux d'escadre du type « Bran-
denburg » dont le lancement n'a eu lieu qu'en
1892 sont trouvés démodés et seront complète-
ment transformés. On améliorera les appareils
d'aération ; les tubes de lancement des torpil-
les seront placés au dessous du niveau de
l'eau et enfin les chaudières seront rempla-
cées par d'autres d'un type nouveau.
Les aménagement. nouveaux de chaque
vaisseau coûteront 1.250.000 francs.
———————————— ————————————
LES MAIRES RÉPUBLICAINS
Le maire de Choisy-le-Roi vient de commu-
niquer à ses administrés l'arrêté suivant:
Considérant que la présence aux convois funè-
bres de ministres de différents cultes peuttroubler
le bon ordre, porter atteinte à la tranquillité pu-
blique et nuire à la circulation dans les rues, quais
places et voies publiques :
Considérant qu'il appartient à l'autorité munici-
pale d'assurer le maintien du bon ordre,
Arrête :
Il est interdit aux ministres des différents cultes
d'accompagner processionnellement les convois fu-
nèbres hors des édifices religieux,dans l'exercice de
leurs fonctions autrement qu'en voiture fermée.
A L'HOTEL DE VILLE
Le préfet de la Seine a signé hier après-midi
un arrêté convoquant les membres du conseil
municipal de Paris en session ordinaire pour
le lundi 2 juin, ainsi que nous l'avions dit. Les
membres du conseil général de la Seine se-
ront convoqués le mercredi 11. Au cours de
cette séance, il sera procédé au renouvellement
du bureau de cette assemblée.
GRAVE BAGARRE A LI JAMAIQUE
Londres, 17 mai.
Une dépêche de Kingston (Jamaïque) si-
gnale qu'une échauffouréo s'est produite dans
cette ville entre des soldats du régiment de
l'Inde occidentale et des civils.
Le Daily Mail raconte que deux ou trois
cents soldats quittèrent le camp, armés de
gourdins et quelques-uns de rasoirs fixés à des
bâtons, et attaquèrent 189 habitants qu'ils ren-
contrèrent dans les rues.
Une véritable bataille s'engagea avec la po-
pulation et il y eut une quarantaine de blessés
dont douze soldats.
Des patrouilles de police et de soldats réta-
blirent l'ordre.
IMEUTE A NEW-YORK
Londres, 17 mai.
On mande de New-York au Daily Telegraph :
Les bouchers détaillants ayant refusé de ré-
duire leurs prix malgré une légère baisse du
Beef's Trust, des manifestations violentes, dont
les femmes formaient le principal élément, se
sont produites.
Des projectiles ont été lancés sur la police :
les manifestants ont saccagé lés boucheries;
de nombreuses arrestations ont eu lieu.
Il y a en o»tr§ beaucoup de blessés.
lA MAJORITE
D'ALPHONSE XIII
A seize ans! — L'avènement autres
— Solennité constitutionnelle. - Ce
qu'est le nouveau roi. — Le der-
nier acte de la régente. —
Une cérémonie à Paris.
C'est chose faite : le roi Alphonse XIII a
pris possession du gouvernement espagnol.
La Constitution donnée au peuple espagnol
par Alphonse XIII est démocratique. Elles'ap-
puie sur le principe de la délégation du pou-
voir souverain appartenant à la nation, à la
dynastie de Bourbon. Il n'y a donc plus en Es-
pagne do solennité de couronnement, de con-
sécration religieuse, cérémonies qui impliquent
un droit dynastique extérieur et supérieur à
celui du peuple.
C'est pourquoi les solennités de Madrid sont
beaucoup plus simples que celles de Londres.
En Angleterre, survivent les antiques fictions
de la monarchie. En outre, le roi do la Gran-
de-Bretagne est le chef de la religion angli-
cane.
Rien de semblable en Espagne.
La prestation du serment
La solennité de la prestation du serment
qu'exige la Constitution espagnole du roi pour
son avènement a eu lieu hier dans le local du
Congrès où le Sénat et la Chambre étaient
réunis. Le président des Cortès, s'adressant au
roi, a prononcé ces paroles :
Seigneur, les Cortès de la monarchie étant réu-
nies, daignez-vous prêter devant elles le serment
prescrit par l'article 45 de la Constitution de
l'Etat?
Le roi a répondu en plaçant sa main sur les
Evangiles :
Je jure de me soumettre et d'exiger la sÕri:
sion à la Constitution et aux lois de la monarchie
et de m'inspirer dans mes actes du bien du peuple.
Si j'agis ainsi, que Dieu me récompense, et dans le
cas contraire, qu'il me punisse :
Le président a repris :
Les Cortès ont entendu le serment que Votre Ma-
jesté vient de prêter de se soumettre et d'exiger la
soumission à la Constitution de l'Etat et de la mo-
narchie en s'inspirant dans ses actes du bien du
peuple.
Le roi, en quittant la Chambre, s'est rendu
à l'église Saint-François, où il a été reçu par
deux cardinaux et trente évêques. Suivi de la
cour, il est entré, précédé de dix prêtres por-
tant le pallium.
Après le chant du Te Deum, l'orchestre a
joué une marche triomphale.
Le cortège
Sur le passage du cortège — composé de
24 carosses dont le dernier occupé par le roi,
la reine et l'infante Thérèse — une foule nom-
breuse se pressait derrière une double haie de
soldats. Du palais à la Chambre, de la Cham-
bre à l'église Saint-François les maisons sont
pavoisées et le roi acclaméà son passage. Aucun
incident n'est à signaler.
Durant toute la journée les musiques de la
garnison n'ont cessé de parcourir la ville.
Le nouveau roi
Alphonse XIII est familiarisé avec notre
langue. Il a appris le français avec un jeune
membre de la colonie française de Madrid.
Il s'est aussi perfectionné dans la langue al-
lemande, qu'il avait naturellemont apprise de
sa mère, avec le principal professeur de l'E-
cole allemande à Madrid. En outre, il parle
l'anglais depuis l'enfance et il a continué ses
éludes en cette langue avec M. Merry del Val,
du ministère des affaires étrangères, le fils de
l'ancien ambassadeur d'Espagne auprès du
Saint-Siège.
Voici qui importe plus encore pour se faire
une idée de ce que peut être Alphonse XIII.
Depuis un an environ, un professeur de droit
public, constitutionnel et international, M.
Santa-Maria de Paredes, titulaire d'une chaire
à l'Université de Madrid et libéral sincère,
donne des leçons au jeune roi. Il l'a beaucoup
intéressé, paraît-il, et il a été fort bien impres-
sionné lui-même par les questions et la fa-
culté d'assimilation deson élève. AlphonseXIII
ne s'est pas seulement attaché à apprendre
tout ce que pouvait lui enseigner un tel pro-
fesseur, mais il lui a marqué, dit-on, une
vive curiosité pour connaitre bien des problè-
mes économiques, sociaux et politiques qui ne
cadraient pas encore avec le programme de ses
premières études politiques.
Cette activité intellectuelle n'a pas empêché
le fils de dona Christine de consacrer ses loi-
sirs à son entraînement physique. Il s'est de
bonne heure mis à faire de la gymnastique, de
la bicyclette, des armes, de l'équitation, car,
comme son père, il aime les chevaux, et la
chasse le passionne déjà.
Alphonse XIII est un peu plus grand que sa
mère et que ses sœurs, sans avoir une très
robuste prestance.
Il a quelque chose de son père, Alphonse XII,
dans les yeux, dans l'ensemble de l'attitude,
mais il ressemble beaucoup à dona Christine
et à sa sœur cadette, l'infante Marie-Thérèse,
qui passe pour sa sœur préférée.
Mais rien ne fait autant de plaisir au futur
chef suprême de l'armée que les choses mili-
taires dans leur détail même. Enfant, il était
déjà enchanté de voir la garde montante dans
la cour du palais, les bataillons défiler sous
ses fenêtres sur la place d'Orient, les messes
militaires au camp de Carabanchel, la garni-
son de la capitale faire la haie du palais jus-
qu'aux Cortès où sa mère le menait aux
séances d'ouverture, et plu3 tard, les manœu-
vres et les revues où, depuis bientôt trois ans,
il figure aux côtés de la régente et du ministre
de la guerre.
Un jour Alphonse XIII arriva à une caserne
à l'improvisle, et là, devant sa mère, leurs
maisons militaires et le général Weyler, le roi
d'Espagne mit l'épée au clair et prit la tête
d'une compagnie à laquelle il fit faire l'exer-
cice absolument comme tout cadet, sous-lieu-
tenant frais sorti do Tolède, l'eût fait le len-
demain du jour où il aurait prêté serment au
drapeau national.
La Toison-d'Or
La reine régente Marie-Christine a voulu
par ses derniers actes affirmer l'indissoluble
amitié de la France et de l'Espagne.
Voici le télégramme qu'elle a adressé au
Président de la République :
Son Excellence le Président de la
République française.
A l'expiration de ma régence, je viens de vous
conférer l'ordre insigne de la Toison-d'Or, en con-
firmation des sentiments de vive sympathie et des
liens d'étroite amitié qui existent heureusement
entre l'Espagne et la France.
MRlE-CHRISTINB.
Les officiers qui sont restés à l'Elysée ont
immédiatement télégraphié cette nouvelle au
Président de la République-Mais les sémapho-
res n'ont pas pu transmettre, en raison du
brouillard et de la nuit, le télégramme de
l'Elysée, en sorte qu'à l'heure actuelle le Pré-
sident ignore encore qu'il est titulaire de la
Toison-d'Or.
Avenue Friedland
A l'occasion de la majorité du roi Alphonse
XIII, un Te Deum a été chanté à la chapello
espagnole de l'avenue Friedland.
La cérémonie élait présidée par Mgr ,reg,,:.
zelh, nonce apostolique, etouré 'du clergé
espagnol.
Au premier rang de l'église on remarquait
M. Leon y Castillo, ambassadeur d'Espagne, et
la marquise del Muni, le général André, mi-
nistre de la guerre, M. de Lanessan, ministre
de la marine. ) >-,
Le Président de la République était repré-
senté par le colonel Bataille, attaché militaire
à la présidence ; le ministre des affaires étran-
gères par M. Delavaud, son chef de cabinet. Le
président du Sénat et le général Faure-Biguet,
gouverneur de Paris, s'étaient également fait
représenter.
Elaient en outre présents: MM. Raindre, di-
recteur des affaires politiques au ministère des
affaires étrangères ; baron de Roujoux, du ser-
vice du protocole ; Clausse, secrétaire d'am-
bassade ; marquis de Novallas, premier secré-
taire de l'ambassade, et les attachés militaires
de l'ambassade d'Espagne ; M. Brusola, consul
d'Espagne, et le personnel de la légation en
grand uniforme, les membres du corps diplo-
matique, la colonie espagnole de Paris, etc.
Voir à la 36 page
les DERNIuJRES DEPECHES
VERS LA RUSSIE
Lds dernières nouvelles de l'escadre de la
Baltique sont parvenues à l'Elysée par pigeon
voyageur. Elles étaient excellentes.
Pour la réception de M. Loubet
Reval, 17 mai.
Le conseil municipal a voté une somme de
3.500 roubles pour la réception de M. Loubet.
Parmi les nombreux objets destinés à être
offerts à M. Loubet pendant sa visite à Saint-
Pétersbourg par des amis russes de la Franco
figure, dit-on, la biographie-flu Président
écrite par un habile. calligraphe sur un mor-
ceau de papier de la dimension d'ua timbre-
posle ordinaire.
Mme Humbert et l'arisiooratie noirs
(De notre correspondant particulier)
Rome, 17 mai.
Mme Humbert, l'héroine do la plus grande
escroquerie du siècle, était très connue dans
l'aristocratie noire de Rome et entretenait des
rapports étroits avec le monde qui gravite au-
tour du souverain pontife.
Elle est venue plusieurs fois à Rome pour
obtenir aide et protection des princes de
l'Eglise, et la fameuse Rente Viagère a été
fondée avec la bénédiction de Léon XIII.
Mme Humbert a su intéresser le pape à ses
affaires en envoyant au denier de St-Pierre
50.000 francs.
C'est elle qui, avec l'argent de ses dupes., a
puissamment contribué à l'organisation d'un
pèlerinage français à Rome.
Grâce aux assomptionnistes, aux jésuites et
autres ordres qui servaient de rabatteurs, les
recettes mensuelles de la Rente Viagère se
montaient à 250.000 fr. Le couple Humbert a
déposé une grand3 partie de ces sommes dans
des banques de Londres et dé Bruxelles; il a
aussi fait un dépôt dans un établissement fi-
nancier à Rome, fondé par les cléricaux.
LA SITUATION DES BOERS -
(De notre correspondant parttculier)
La Haye, 17 mai.
D'après de nouveaux renseignements reçus
de l'Afrique du Sud, Prétoria était serré de
près par les Boers peu do temps avant l'ou-
verture des négociations de paix.
Les Burghers faisaient de nombreuses appa-
ritions aux environs de la ville et lord Kit-
chener, craignant d'être enlevé, n'osait plus
aller à l'église qu'avec une forte escorte.
Le nombre des Boers qui tiennent encore la
campagne est de 25.000.
LA TOMBE DE MESMER
(De notre correspondant particulier)
Bâle, 17 mai.
Dans le cimetière de Meersbarg, sur les
bordsdu lac de Constance,est enterré ledocteur
François-Antoine Mesmer, « inventeur » du
magnétisme animal.
Le tombeau, récemment encore, tombait en
ruine par suite des intempéries, quand plu-
sieurs adeptes du mesmérisme le firent com-
plètement restaurer.
L'inauguration de la nouvelle pierre aura
lieu lundi.
Les délégués de sociétés de Mayence et de
Wiesbaden prendront part à la solennité.
UN DRAME
Meurtre mystérieux. — L'appel d'une
mourante. — Une blessure pour
rire. — L'enquête.
Un drame dont le mobile est encore inconnu
s'est déroulé, hier matin à 9 heures, à l'hôtel
des Trois-Mousquetaires, tenu par M. Royer,
rue de Paris, à Saint-Mandé.
Jeudi dernier venait habiter à cet endroit
un M. Louis Carnaire, âgé de 30 ans et se di-
sant voyageur de commerce, Il avait habité
précédemment 22, rue de Saint-Mandé, à
Montreuil. Il était accompagné d'une jeune et
jolie femme de 25 ans, Mathilde-Alphonsine
Sizelier, venant de Billancourt.
Vers 9 heures, hier matin, le propriétaire de
l'hôtel, qui se trouvait dans sa boutique, enten-
dit des appels : Au secours ! prononcés dans
l'escalier d'une voix mourante.
Il monta aussitôt au premier étage, où le
jeune couple habitait lachambre numéro3etvit
aflaissée sur le palier la jeune femme ayant à
la gorge une très profonde blessure par où le
sang s'échappait en abondance. Il prit la jeune
femme et l'emporta dans la chambre, où il la
déposa sur la descente de lit, Carnaire, lui,
tout habillé, était étendu sur le lit, ayant une
blessure peu grave à la gorge et à ses pieds un
rasoir à manche blanc teint de sang.
Prévenu immédiatement, M. Rebondin,
commissaire de police, accompagné de M.
Mirgodin et du docteur Nègre, se rendit à l'hô-
tel. La femme expirait et l'individu, dont la
blessure peu grave est simulée, a été consigné
à la disposition de la justice.
Le corps de la jeune femme a été transporté
à la Morgue.
Interrogé, le meurtrier s'est renfermé dans
un mutisme absolu. L'habillement sommaire
de la victime fait supposer qu'elle a été frap-
pée au moment où elle procédait à sa toilette.
Des lettres de la jeune femme, qu'on a re-
trouvées, dénotent un caractère sentimental et
naïf.
EXÉCUTION DE BALMASCHEF
Saint-Pétersbourg, 17 mai.
Le Moniteur de L'Empire annonce que Bal-
maschef a été jugé le 9 mai et condamné à
mort.
Le 12 mai, la Cour de cassation a repoussé
son recours et le jugement a été exécuté hier
46 "* '--
L'AFFAIRE
HUlBERT. CRAVFORD
L'enquête judiciaire. — La « Rente
viagère » a vécu. — Lés racontars.
— Une histoire de robes. — Craw-
ford a une écriture de femme.
— La villa Sabran. — Mme
Humbert et le père Craw-
ford. — En province.
Le procureur do la République a mis à la
disposition de MM. Leydet et André, le subs-
titut François Poncet, afin de suivre la procé-
dure et, en cas d'urgence, de prendre toutes
réquisitions utiles.
Deux experts comptables ont été désignés à
la suite d'une conférence au parquet entre
MM. André, Leydet et Herbeaux, procureur
de la République. Ce sont : MM. Doyen, 13,
rue Castellane, et Yché, 10, rue Denfert-Ro-
chorcau, tous deux docteurs en droit.
A la « Rente viagère »
M. Boyron, juge de paix du 9e arrondisse-
ment, assisté de son greffier, s'est transporté
hier matin au siège social de la « Rente via-
gère », rue Auber, et a procédé à la levée des
scellés en présence de M. Lemarquis, séques-
tre; de M. Vacher, syndic de la faillite ; de
M. Doyen ; de M. Ycher, expert comptable;
de MM. Girard et Dumont, conseil et caissier
de la Compagnie.
M. Roy, commissaire aux délégations judi-
ciaires, accompagné de son secrétaire, s'est
présenté ensuite, et, en vertu d'une commis-
sion rogatoire de M. Ar.dréjuge j'inslructionl
a saisi les registres, contrats de clients, enfin
tous papiers et pièces comptables qui ont été
transportés dans trois fiacres au bureau de M.
Roy, quai des Orfèvres.
Lorsque le classement de ces pièces innom-
brables aura été terminé, le tout sera remis
au greffe.
Le coffre-fort, où les clients, en dépit des
réponses évasives des employés, s'attendaient
à la découverte de plusieurs millions, ne con-
tenait — magistrats et employés le savaient
parfaitement — que 20,000 francs, valeurs en
caisse, titres et chèques.
20,000 francs à se partager entre douze
cents clients au prorata de leur actif : c'est
plutôt maigre.
Hier soir les employés de la « Rente via-
gère» ont été congédiés, les portes du siège so-
cial ont été verrouillées, la « Rente viagère »
avait vécu.
Interrogatoire des inculpés
M. Leydet. juge d'instruction, a procédé,
hier après-midi, à l'interrogatoire de M* Par-
mentier et M" Dumort. Tous deux ont dé-
claré avoir été victimes de leur confiance en
Mme Humbert,
M' Parmentiera nié être l'auteur ou le com-
plice des faux testaments et documents.
Il affirme avoir reçu ses procurations de
deux personnages qui lui ont été présentés
comme étant les frères Crawford.
L'avoué fait remonter toute la responsabi-
lité de cette escroquerie à M. Humbert
père.
Me Dumort a soutenu qu'il n'avait jamais
joué qu'un rôle d'homme d'affaires, rien de
plus. -
Me Tézenas assistait Me Parmentier; M* Eu-
gène Crémieux assistait Me Dumort.
Les trois inculpés, MM. Langlois,Dumort et
Parmentier,sont écroués à la prison de la San-
té. Tous trois mangent d'un excellent appétit
les mets qu'on leur apporte de chez un restau-
rateur voisin.
Aucun des trois inculpés n'est au secret.
A la Sûreté
A la Sûreté, on ne désespère pas de retrouver
les fugitifs. M. Hamard estime qu'ils ont dû
gagner les pays chauds, parce que Romain
Daurignac et la fille des épotrr Humbert
supportaient difficilement le climat froid du
Nord.
Une interpellation
On annonce que M. Mirman a écrit au pré-
sidant du conseil pour lui faire connaître son
intention de l'interpeller sur l'affaire Crawford-
Humbert.
Bruits étranges
L'affaire Humbert donne, chaque jour,
naissance aux bruits lesplus invraisemblables.
On racontait, hier, au palais, que Mme Hum-
bert était la représentante, à Paris, du fameux
office anglais qui sert d'intermédiaire,aux vo-
leurs de titres, pour l'écoulement des actions
dérobées. Elle faisait acheter à cette maison,
bien connue de la police, des titres volés en
France.
Ce seraient des valeurs de cette nature qui
auraient été brûlées avenue de la Grande-
Armée et place Vintimille, aux domiciles des
époux Humbert.
On prétend également que, la veille de leur
disparition,les époux Humbert avaient touché,
par l'intermédiaire d'une banque de Paris, un
chèque de 300.000 fr., venu de Londres.
Mais que ne dit-on pas ? Tout celà ne cons-
titue probablement que des racontars qu'il
faut accepter — comme nous les enregistrons
—avec les plus grandes réserves.
3.000 francs de robes
Le Figaro conte l'anecdote suivante :
Depuis longtemps, Mme Humbert était la cliente
d'une des grandes maisons de couture de la rue
de la Paix, d'où nous tenons ces détails.
Il y a quelques jours à peine, il prit à Mme Hum-
bert la fantaisie, au sujet d'une fête qu'elle don-
nait chez elle, de faire confectionner chez son
fournisseur deux costumes pour les deux filles de
M* Du Buit.
Les robes furent livrées et trouvées charmantes
naturellement, et le compte de Mme Humbert dans
cette maison se trouva naturellement débité de ces
deux costumes.
Mais Mme Humbert tenait sans doute beaucoup
à ce que son départ ne causât pas. en outre, à M*
Du Buit, l'ennui d'aller payer les robes qu'elle avait
fait faire pour ses filles,
Aussi, le jour même de son départ, le mercredi,
elle arrivait à 10 heures du matin, rue de la Paix,
et demandait à régler tout de suite les deux robes
livrées aux filles de M* Du Buit, le montant de
cette facture s'élevant à environ 3,000 fr.
Après avoir réglé, comme l'essayeuse lui de-
mandait si elle pourrait venir lui essayer le sur-
lendemain, vendredi, son nouveau costume ;
— Oh ! pas vendredi, répondit-silo, il y aura
trop de monde, ce jour-là, à la maison 1
Une écriture. féminine
Un de nos confrères est allé demander à M.
Camille Courderc, expert paléographe près le
tribunal civil, ce qu'il pensait des fac-similés
des lettres qu'on a publiées et qui, bien qu'é-
manant évidemment do la même personne,sont
signées l'une, Muller, l'autre, Crawford.
- Le rapprochement des écritures des deux let-
tres signées Crawford et Muller paraît, au premier
abord, ne laisser aucun doute possible ; c'est bien
la même main qui a tracé l'une et l'autre.
A mon avis, c'est une femme et non un homme
qui a écrit ces deux lettres. C'est une écriture cou-
rante et bien française, et j'ajouterai qu'il y aquan-
tité de femmes qui écrivent ainsi.
Ici, tout me paraît concorder en faveur dej'iden-
tité de main. .v,.
Après une démonstration, des plus simples
d'ailleurs, M. Couderc conclut ainsi:
— Autant qu'une comparaison d'écriture peut
donner un résultat, celui-ci est aussi concluant que
possible.
D'y a pas de doute, les lettres signées Q^wlord
etMuiier sont du même auteur, eteet auteur est illi
conteslableinent une femme.
Encore des propriétés !
Tous les jours on découvro de nouvelles pro-
priétés appartenant aux Humbert.
C'est ainsi qu'on apprend que les époux
Humbert possèdent depuis le mois de janvier
1894, au Pecq, en contre-bas de l'église, une.
villa qui se nomme la « villa Sabran ». La
maison d'habitation porte le n" 1 de la rue
Bellavoine.
C'est dans cette villa que s'élait retiré M. le
sénateur Humbert, qui y mourut en septembre
1894. Elle avait été achetée toute meublée à
Mme Sabran qui l'habitait avec sa fille, Mmt
Sabran mourut sans avoir été payée, et sa fille,
qui habile Nice, attend toujours que les Hllm,
berl acquittent leur dette.
Après la mort de l'ancien garde des sceaux,
la villa resta inhabitée jusqu'au printemps da
1895. A cette époque M. Emile Daurignac, sa
femme et ses deux filles vinrent s'y installe!
et y demeurèrent pendant plusieurs mois,
Dans le courant de 1900, M. Duchet, jardi-
nier chargé de la garde de la propriété,vit ve-
nir un jour M. et Mme Humbert, accompagné!
d'un inconnu, que les valets de pied dirent
être Mt Du Buit. Ce fut la seule personne
étrangère à la famille qu'il aperçut jamaii
à la villa.
Le jardinier avait affaire au gérant def
clients de M. Humbert. Ce fut, après M. Bail.
leau, qui mourut en janvier 1901, M. Girard(
le cousin des Humbert.
Autre histoire de propriété : La « Rentt
viagère 1) possède dans le quartier de BellevHlet
rue de Palikao, un immeuble qui lui a été cédd
il y a quelque temps par un M. X. auquel
elle servait une rente annuelle de 3,000 francs..
Ces temps derniers, à la suite de plaintet
nombreuses formulées par les locataires de cet
immeuble contre un de leurs voisins, nommé Z.f
l'ingénieur conseil de la « Rente viagère 8
avait voulu faire expulser ce dernier.
Mais à la suite des événements qui se sont
produits récemment, Z. refusa de s'en aller.
D'autre part, ceux d'entre les locataires qui
n'avaient pas encore réglé leur terme arriSré.
se refusent maintenant à s'exécuter, déclarant
qu'ils nele feront pas tant qu'on ne les aura
pas débarrassés do Z., contre lequel ils se
sont ligués.
Bref, l'anarchie la plus complète régant dans
l'immeuble, le concierge est allé hier prier M.
Girard, commissaire de police du quartier, d'y
rétablir l'ordre.
Crawford père
Mme Humbert — c'est elle-même qui l'a ra-
conté — était venue au Havre, il y a une ving-
taine d'années, pour affaires, et avait été pla-
cée à table d'hôte près d'un vieux monsieur
qui lui dit s'appeler M. Crawford et être Amé-
ricain.
Mme Humbert repartait le lendemain pour
Paris. Elle rencontrait à la gare M. Crawford
qui se rendait également à Paris et tous deux
montaient dans le même wagon. En cours de
route, un peu avant d'arriver à Rpuen, M.
Crawford était pris subitement d'une grave in-
disposition. Il perdait connaissance et Mme
Humbert lui prodiguait des soins diligents. Et
comme on arrivait à Rouen, Mme Humbert,
interrompant son voyage, s'arrêtait dans cette
ville, conduisait son compagnon de roule dans
un hôtel et continuait son œuvre de sœur de
charité. Puis, M. Crawford à peu près rétabli,
elle se retirait discrètement et rentrait à
Paris.
M. Crawford n'eut garde d'oublier celle qui
lui avait rendu un si grand service. Sitôt en
état de se remettre en route, il partit de Rouen
et son premier soin fut d'aller chaudement
remercier Mme Humbert. Puis il reprit la
route de l'Amérique. Il ne tarda pas à mou-
rir, instituant Mme Humbert sa légataire uni..
verselle.
M. Crawford avait deux fils et c'étaient cei
deux fils, héritiers naturels de feu Crawford,
qui mettaient opposition à l'envoi en posses-
sion de l'héritage dévolu à Mme Humbert. D'oi¡
les procès. #
Dans les départements
Marseille, 17 maY.
La a Rente viagère de Paris » était pro priée
taire de onze immeubles de rapport situés
boulevard de la Madeleine, boulevard Baille, à
la Blancarde et dans le quartier des Char*
treux.
Ces maisons avaient été achetées il y a cinq
ans environ, sans bourse délier,par le système
des achats en viager, avec certitudo pour les,
vendeurs d'en toucher les arrérages leur vie
durant.
Ces immeubles représentaient une valeur
moyenne de 40,000 à 50,000 francs cha.«,
cun.
Sur la plupart de ces immeubles, les admi-
nistrateurs de la « Rente viagère » auraient
emprunté des sommes importantes. Les loyers
étaient encaissés par le représentant de la
Compagnie, à Marseille, M. Joseph Roi, juge
au tribunal de commerce de notre ville, per-
sonne des plus honorables et qui ignorait les
combinaisons louches de la Société qu'il re-
présentait.
Il parait, en outre, que trois financiers dt
notre ville ont prêté des sommes importantes à
la famille Humbert, et l'en de ces banquiers en
a été pour 50.000 francs.
Nantes, 17 mai.
Mme Humbert possède deux immeubles à
Nantes. L'un, situé rue Lekain, est une maison
de trois étages, habitée exclusivement par des
femmes. Cette maison a été achetée il y a huit
ans à un M. Martin qui n'habite plus Nantes.
Elle vaut 90.000 francs et rapporte 6.000 fr.
Le second est un petit hôtel, situé rue La<
motte-Piquet, avec un beau jardin y altenant.
Il vaut 10 à 12.000 francs et est loué 500 fr.
Ces deux immeubles sont imposés au noni
de M. Eugène Humbert, 65, avenue de la
Grande-Armée, à Paris. La « Rente viagère»
possède une propriété à Portechaise, dans la
banlieue de Nantes, qui a été achetée 30.000
francs il y a cinq ans, à M. Guesdon, ancien
inspecteur des prisons, demeurant à Paris.
Elle est louée actuellement 1.000 francs.
- Toulon, 17 mai.
On vient de découvrir que les Humbert-
Daurignac possédaient une propriété à Toulon.
Laissée depuis cinq ans dans un grand aban-
bon, elle est située à trois kilomètres de la
ville sous le nom de « Campagne-Thérèse J',sa
superficie est de 87,000 mètres carrés ; seD
acquisition remonterait à dix ans. :
Cerbère, 17 mai.1
La « Rente Viagère » possède un grand im-
meuble situé devant la plage et formant la
prolongement de la mairie jusqu'à la place pu-
blique. Cette maison a été achetée à M. Nom.,
dedeu, auquel une rente était servie.
M. Nomdedeu est garanti par une clause spé-
ciale du contrat.
Royan.17 mai.
La « Rente viagère » possède ici plusieurs
immeubles. L'un d'eux, la a Villa Hubert-de-
l'Isle », située à Ponlaillac, qui est fort jolie.
fut occupée pendant la saison d'été de 1900 paç
la famille du grand-duc Constantin.
Chalon-sur-Saône, 17 mai.
La « Rente viagère » avait une succursale à
Chaton-sur-Saône. On connait déjà plusieurs
dupes qui ont une partie de leur fortune en-
gloutie dans cette triste spéculation.
Un certain nombre vont so trouver ruinés
par ces audacieux escrocs. Le représentant de
13 a Rente viagère p û Chalon avuU Óga.¡WCll'
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