Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-03-25
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 25 mars 1902 25 mars 1902
Description : 1902/03/25 (N11701). 1902/03/25 (N11701).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75493528
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINO CENTIMES le Numéro;
PARIS & DÉPARTEMENTS
Ee ÏMiiméi-o, CINQ CENTIMES
FTSDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Pi sols Trvs -noi» it 111011 tls if
Paris 2 fr. 5 fr. 9fr. 18 ff.
Départeme:-Às.. 2 - 6 - il - 20-,
t.;,a Pestai 3-=- 9 - te — 32 «•>
, -",,1 r
ÉlSfrEUp EN CHEF : CHARLES BOS
02 JfLNNONCES
M M. CH. LAGRANGE, CERF & 08
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAl.
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 1311
De 4 à 8 heures du soi* el de 10 heures du toir à i heure du matin
No 11701. - Mardi 25 Mars 1302
4 GERMINAL AN 110
ADMINISTRATION: 131, rite illontmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
(( Fil CraJn l
Lorsque mon vieil ami, Jean Destrem,
publia, voilà pas mal d'années déjà, ses
« Drames en einq minutes », cet autre
délicat lettré, Ernest d'Hervilly, lui rima
en guise de préface, une « épître »
d'une savoureuse ironie.
Je ne puis ttppfouver, Destrem, la persistance
A bien écrire, — et quoi ? des roaiaas brefs, X:}'J¡S!
Lui disait-il.
Et, lui faisant remarquer que les
« nouvelles », si finstnent ciselées
qu'elles puissent être, sont infiniment
moins « de vente » que les longs ro-
mans, il s'écriait presque tragique :
Songe à ton fils t.
Plus loin, il prenait le ton dogmatique
pour dire :
-. songe à Cb danger
L'originalité! — Frère, Il est sur ta féte,
<3ocume chez Damoolès mille maux suspendus,
Tls vont choir si. malgré mes avis éperdus,
Tu restes personnel et concis, ô poète !
♦ Et, ayant en lui cette conviction que
ses bons avi'it, tout « éperdus » qu ils
fussent, no serviraient de rien, il secouait
mélancoliquement la tête :
Mais tu n'écoutes rien et tu vas publier.
Riant des pièces d'or et des bank-Dates bleues,
Tes tous petits romans.
Et, appelant à son secours toute sa
philosophie, il concluait :
Enfin, il est trop tard, ton livre « prend ''essor » ;
Peut-être est-il au loin, contre toute évidence,
De braves gens de goût qui préfèrent encor
Des gouttes de vin pur à des flots d'abondance.
.**
Pourquoi Jean Destrem n'a-t-il pas
donné ce titre : « Gouttes de vin pur »,
à l'un des recueils qu'il a publiés de-
puis? Car les conseils que lui prodi-
guait d'Hervilly ont été, comme celui-
ci le prévoyait lui-même, inutiles —
heureusement diront ceux, et ils sont
nombreux encore, qui aiment les jolies
œuvres d'art.
Il y a deux ans, Jean Destrem nous
donnait les « Romans très courts » : au-
jourd'hui, il nous donne les « Fidèles
Crayons », et c'est tandis que je dé-
maillottais ce nouveau-né. que je
feuilletais ce nouveau livre, veux-je dire,
que les vers de d'Hervilly ont chanté
dans ma mémoire.
Mais, oui, pourquoi pas : « Gouttes de
vin pur »? Ce titre eût convenu à mer-
veille. De ce bon vin qu'on boit dans
de petits verres, parce qu'il est cher,
d'abord, et ensuite parce que, trop gé-
néreux, il vous monterait vite à la tête,
si vous en absorbiez inconsidérément
des quantités considérables.
0 nobles crus de Bourgogne, ô cor-
ton, chambertin, romanée, soleil en
bouteilles! que l'on souligne au passage
d'un clapement de langue et dont on
sent la chaleur bienfaisante dans tout
le sang du corps.
Le Destrem, voyez-vous, c'est un peu
la même chose ; le verre est petit, mais
la saveur est exquise ; d'abord vous fai-
tes chatoyer devant la lumière la belle
liqueur rouge contenue dans le cristal
transparent, et votre œil est réjoui ;
puis vous approchez le verre de vos
narines, vous aspirez longuement, dé-
lectant le a bouquet », ce parfum subtil
et pénétrant, et votre odorat est char-
mé; enfin, vous buvez, oh! pas d'un
irait, en goulu, en ignare, mais avec
une lenteur savante, les lèvres à demi
fermées, même le pharynx légèrement
contracté pour que le liquide reste un
instant appréciable en contact avec votre
palais, et en fermant au moins aux trois
quarts les paupières, afin de concentrer
mieux en vous-même l'attention néces-
saire à l'opération que vous êtes en train
d'accomplir.
Quelle satisfaction, lorsque, voulant
faire durer le plaisir, vous reposez sur
la table le verre encore à demi plein !
Tandis que vous suivez, le long des mou-
vements vermiculaires de votre œso-
phage, la gorgée bue, vous regardez
avec attendrissement la gorgée à boire;
vous exhalez un furtif soupir ; n'est-ce
pas que vous vous sentez très bon en ce
moment? volontiers vous vous atten-
dririez doucement, et en même temps
un fredon gai vous monte aux mousta-
ches ; ciel d'avril ; le soleil rit à travers
les giboulées ; la terre humide sent
bon.
.*.
Car tout, bien entendu , n'est pas
pour rire dans le livre de Jean Destrem;
ses « Crayons » ne seraient pas « fidè-
les » s'ils ne lui servaient qu'à dessiner
des figures de gens heureux. Mais, que
la fantaisie du poète ait été gaie ou
triste, la sensation éprouvée reste déli-
cieuse, parce que c'est une sensation
d'art; parce que Jean Destrem est un
artiste au suprême degré, parce qu'avant
de songer à ceux qui le liront, il exige
de se satisfaire lui-même, et qu'il ne
livre jamais rien d'ébauché, d'incom-
plot.
On no sent point l'effort, certes ;
maïs on devine le travail, travail d'ob-
servation, de rêverie et de style. Il y a
des gens dont on peut dire assez jus-
tement qu'ils écrivent « sous eux ». La
préoccupation constante de Jean Des-
trem, c'est de trouver les expressions
justes pour rendre sa pensée. Le mot
vivant, heureux, d'aspect imprévu exer-,
ce évidemment sur lui une fascination
irrésistible.
Il écrit comme on se promène, on
flâneur, dans les prés. Tiens! cette
fleur, si je la cueillais ; elle est jolie.
Celle-là ne fera pas mal non plus. Et
celle-là, elle est drôle. Bon ! en voici
une rouge !. une bleue !. Et à la fin
de la promenade le bouquet se trouve
fait, frais, coquet, gracieux, avec encore
des gouttes de roséequi sontpeut-êtredes
larmes ; et çà et là, piquées au milieu
des fleurs, de ces grandes herbes folles,
vous savez, légères, qui ondulent et
frissonnent si voluptueusement sous les
caresses de la brise.
Le bouquet,c'est le livre et il me sem-
ble que je serais bien sot de vouloir en
détacher les fleurs pour dire quelles
me plaisent davantage, de quelles les
pétales me semblent plus' veloutés, la
corolle plus épanouie, les couleurs p\us
riches, la tige plus droite Bah! lisez
tout le volume, allez ! Il n'est pas gros.
Et pourtant s'il fallait absolument-
mais est-ce bien nécessaire ? — que
j'exprimasse une prédilection quelcon-
que, je dirais que la nouvelle intitu-
lée « Le malade a tué le médecin » a
plus particulièrement attiré et retenu
ma pensée.
Elle est d'une psychologie intense,
aiguë ; c'est l'histoire d'un homme qui
se rend extrêmement malheureux et fait
rayonner le malheur autour de lui,
parce qu'il doute de lui et ne croit pas
à la sincérité de ceux qui l'entourent.
Quelques pages seulement, mais valant
tout un volume ; de la quintessence.
Jean Destrem est un observateur
âpre, parfois. Ici, a-t-il écrit d'intui-
tion, ou bien a-t-il copié simplement
la nature posant devant lui? Je vou-
drais bien savoir, en ce cas, qui lui a
servi de modèle. Car le type qu'il a fait
voir dans ce petit chef-d'œuvre existe
en vérité vivante. J'en connais qui, par
doute, doute d'eux-mêmes et des autres,
ont brisé leur vie, tué le bonheur, et
pas seulement leur bonheur. Certes!
ils sont heureux, les impulsifs, ceux
qui vont droit devant eux à travers
l'existence, sans s'embesoigner de
tant d'hésitations, de craintes, de scru-
pules si souvent inutiles. Oh! les
tortures de ceux qui, non satisfaits
de scruter sans cesse la pensée des au-
tres, et d'essayer de voir cette pensée
derrière le voile des paroles et des sou-
rires, vivent dans l'étude continuelle
d'eux- mêmes, se cherchent constam-
ment; n'étant jamais sûrs de rien, pas
même de leur volonté de demain, pas
même des motifs qui ont déterminé
leur volonté d'hier, et, par cette inquié-
tude, créent en eux et autour d'eux des
malentendus cruels, parfois irrépara-
bles !.
Mais voilà que je me mets à rêver ; il
convient que je m'arrête. C'est la faute
de Jean Destrem, si je m'égare ainsi ;
je me rappelle cette jolie phrase de
Charles Hugo sur Dumas père : « Fait-
il rêver ? rarement. Tourner la page ?
toujours ». Jean Destrem, lui, est de
ceux qui font rêver ; c'est en dedans de
vous-même qu'il vous fait tourner la
page, quand vous l'avez lue ; c'est-à-
dire que son observation est si péné-
trante, son dessin si net, que l'on se
sent porté, presque invinciblement, à
poursuivre l'indication qu'il donne, le
plus souvent très brève, mais toujours
juste.
Il faut le lire avec attention ; derrière
ce qui semble chez lui fantaisie simple,
il y a souvent une leçon ; c'est un philo-
sophe qui n'écrit rien en vain ; et
comme il écrit en une langue très sou-
ple, très pure, c'est aussi — je dirais
presque: c'est surtout- unpoète.Ses li-
vres sont de ceux — très peu nombreux
— qu'on ne lit pas seulement, qu'on
relit.
Lucien Victor-Meunier.
L'AGITATION BELGE
Le roi des belges est allé se
reposer quelques semaines à
Biarritz, mais les dépêches de
Bruxelles et de Gand ont dû
lui parvenir hier soir, dès son
arrivée au lieu de sa villégia-
ture; il a pu apprendre qu'un
prince de sa famille avait eu les oreilles
assourdies des cris de : Vive le suffrage
universel ! et que dans plusieurs villes, no-
tamment à Bruxelles et à Gand, la journée
de ce dimanche avait été consacrée à des
manifestations dont le calme ne fait qu'ac-
cuser le caractère grandiose, eh faveur
d'une réforme électorale que l'on ne pourra
plus refuser au peuple bien longtemps.
A Bruxelles, le cortège des manifestants
comprenait plus de trois cents associations
socialistes, libérales et démocratiques; sur
le boulevard Janmar, trop étroit pour con-
tenir les auditeurs, les orateurs populaires
ont parlé du haut de six estrades, sommant
les pouvoirs de voter le suffrage universel;
à Gand, on estime à 15.000 le nombre des
citoyens qui figuraient dans le cortège; ce
sont là des manifestations dont il sera dif-
ficile de ne point tenir compte.
Le peuple belge, qui est maître de ses
destinées depuis 1830, est assez fait aux
mœurs de la liberté, depuis soixante-douze
ans, pour savoir s'exprimer clairement sur
ce qu'il désire, et il serait hardi de préten-
dre que le suffrage universel serait dans ses
mains un instrument dont il serait embar-
rassé de faire usage. La vérité est que le
parti clérical tient au suffrage actuel, qui
lui assure la suprématie politique. Mais les
résistances du parti prêtre ne peuvent avoir
qu'un temps, et tout indique que ce temps
est près de passer. En dépit des moines et
des curés, si forts soient-ils encore là-bas,
le suffrage universel triomphera, — Ch. B.
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
LES DAMES QUÊTEUSES
Nouveaux agents électoraux. — Le
rôle des femmes. — Leurs missions.
Leurs fêtes. — Les quêtes. — Un
nouveau féminisme — Dans le
monde — Chez le peuple -
Les inconvénients. - Com-
ment les éviter — L'in-
fluence du père et de la
mère. — L'éducation
des filles.
On signale de toutes parts l'apparition des
dames quêteuses. Ce sont des agents électo-
raux d'une espèce nouvelle. Elles sont nées
sons J'influence de la réaction.
Elles florissent en province comme à Paris.
Elles font nécessairement partie de ce qu'on
nomme la bonne société. Elles doivent rem-
plir certaines conditions : êtres titrées, riches,
jolies ou simplement gracieuses.
Leur nom, leur fortune ou !eurs sourires.
rendent, parait-il. leurs demandes irrésistibles.
Toutes sont élues par le curé et toutes ont
la même mission : aller de porte en porte sol-
liciler des oboles ou des voix pour le candidat
nationaliste.
Elles s'en vont donc par monts et par vaux
la liste électorale à la main. Elles entrent dans
les maisons amies, débitent un boniment ap-
pris soigneusement par cœur, prodiguent leurs
bonnes grâces, et rapportent au comité le pro-
duit de leur journée. -
Emulation
Il y a entre elles une grande émulation.
C'est à qui fait la meilleure recette.
Les « soirées » sont désormais consacrées a
la conversion des électeurs mal pensants. Ils
sont assiégés par les belles quêteuses, Les plus
austères ne peuvent échapper aux charmes du
flirt. Ce petit jeu électoral fait déjà fureur.L'a-
mour y gagnera peut-être plus quo la poli-
tique.
Les collectes
Ce spectacle suggère forcément quelques ré-
flexions. L'organisation de ces quêtes prouve
clairement que les souscriptions volontaires,
les dévouements financiers font défaut dans le
camp nationaliste. Ensuite il est visible que
ce sont les gens riches qui mendient le plus
volontiers, et le plus ouvertement. Mais pas-
sons à d'autres considérations.
Ces quêtes ont pour objet sur bien des points
de faire les élections des candidats militaires.
Les candidatures militaires sont en effet avec
les dames quêteuses les deux grandes nou-
veautés de la saison électorale. C'est la pro-
clamation solennelle de l'alliance entre les
pantalons rouges et les pantalons brodés.
Féminisme
C'est l'union sous la bannière cléricale des
vivelarmistes qui ne souffrent pas la discus-
sion et des femmes qui sont incapables de la
soutenir, car, il importe de le remarquer,
l'agitation féminine dont nous parlons n'a
rien de commun avec le mouvement fémi-
niste, Il serait fâcheux de laisser faire la con-
fusion.
Le féminisme est une doctrine qui poursuit
la complète égalité des droits entre les deux
sexes ; son but sera atteint quand la loi ne
mettra plus de différence entre la citoyenne et
le citoyen. C'est un mouvement de protesta-
tion contre la doctrine religieuse qui fait de la
femme un être inférieur, assujetti à une tu-
telleinjuste, blessante etpleine d'inconvénients
dans l'administration des biens. Les femmes
qui travaillent à leur affranchissement étu-
dient, méditent, mettent en lumière des argu-
ments. Ce sont des esprits qui pensent.
Les femmes mondaines
Nos dames quêteuses ne sont que des âmes
bien pensantes — ce qui est tout différent. El-
les laissent à leurs directeurs de conscience le
soin de penser pour elles.
Elles obéissent aux conseils quelles reçoivent
d'eux, elles n'osent point agir de leur propre
initiative.
Elles ne réclament pas leur émancipation,
elles ne domandent que des hommages.
Elles repoussent l'idée d'être soumises com-
me les hommes à la loi du travail qui assure
l'indépendance, la sécurité et le bonheur. Con-
tentes de leur sort elles veulent rester ce quelles
sont : entourées de respects, de flatteries, as-
servies mais toutes puissantes tant quelles
sont jeunes, belles et aimables.
Leurs ancêtres firent un moment douter de
l'existence de leurs âmes. Un concile discujta
sérieusement si vraiment elles en avaient une.
Beaucoup d'entre elles en effet ressemblent à
de gracieux automates.
En ce moment par exemple, elles quêtent,
mais ne raisonnent pas. Elles s'efforcent da sé-
duire, d'enchaîner, non de convaincre et de
persuader.
Elles sont en général plutôt hoministes que
féministes. Peut-être cependantfavorisent-elles,
à leur insu, le féminisme.
Celles du peuple
Les femmes du peuple s'autoriseront certai-
nement de leur exemple pour s'occuper, elles
aussi, d'élections, réclamer et obtenir l'éleclo-
rat et l'éligibilité.
On se familiarise avec ces idées et la révo-
lution qui s'ensuivra.
Beaucoup d'hommes redoutent encore, il est
vrai, l'entrée des femmes sur la scène poli-
tiaue.
Voilà pourtant longtemps, semble-t-il, qu'el-
les y jouent un rôle analogue à celui du souf-
fleur. N'est-il pas vrai qu'un grand nombre
d'électeurs consultent leurs femmes avant de
voter comme avant de prendre une décision
en affaires! Combien d'autres écoutent les do-
léances féminines autour d'eux et sans l'avouer
en tiennent compte dans le choix de leur bul-
letinl
Les dangers. — Les remèdes
Disons-le, la crainte à éprouver est non pas
de voir les femmes voter, mais de les voir res-
ter sous la suggestion du prêtre, imbues de
préjugés qui sont en opposition aussi bien avec
leurs intérêts personnels qu'avec les intérêts de
la société démocratique. Il faut les affranchir
de ce joug.
Il n'y a qu'un seul moyen, mais il est bon :
c'est de les habituer à penser pour les amener
à comprendre et à exercer tous leurs droits et
leurs devoirs. Quand ce résultat sera obtenu
on ne les verra plus essayant debarrer la route
au progrès, mais, au contraire, essayant de la
déblayer au besoin.
Non seulement la marche du progrès ne
sera plus ralentie, mais elle sera naturellement
accélérée.
Les parents
Les parents ne transmettent-ils pas à l'enfant
quelque chose de leur propre nature ? Quand
le père et la mère seront en état de lui commu-
niquer tous deux des qualités intellectuelles et
morales, il y a tout lieu de croire que son es-
prit sera prédisposé à une plus forte culture.
Il y aura quelque chance pour qu'il y ait en
lui un germe de talent et pour que ce talent
soit vigoureux.
Les deux legs du père et de la mère ne se-
ront plus de natures contraires.
L'annulation de celui qui est bon par celui
qui est mauvais ne sera plus à craindre. Il D'l,
aura plus antagonisme et lutte entre eux. n
o'y aura plus dégénérescence. Il y aura cons-
tante amélioration intellectuelle.
L'école laïque
Cet idéal n'est-il pas fait pour séduire les
moins féministes ? -
Mais pour l'atteindre, il faut compter avec
le temps et les écoles laïques de filles, les maî-
tresses laïques, les programmes laïques, !es li-
vres laïques, parce qu'il faut former des âmes
vraiment laïques ne. reconnaissant d'autre au-
torité que celle de la raison dans le domaine
de la pensée.
Il a été fait beaucoup pour l'éducation des
filles depuis 25 ans. Mais il reste beaucoup à
faire, et il y a lieu de retoucher ce qui a été
fait.
Les députés qui auront eu à souffrir des
dames quêteuses le reconnaîtront sans peine.
En sorte que par leur zèle à servir les des-
seins réactionnaires de leurs confesseurs, ces
dames ouvrent les voies aux réformes dont
nos écoles de filles ont besoin tant dans l'en-
seignement primaire que dans l'enseigne-
ment secondaire Qu'elles en soient remerciées!
— Armand Depper.
A CORBEIL
Grande manifestation républicaine
Nous recevons de toutes parts les meilleures
nouvelles du réveil de l'esprit républicain.
| j Hier, à Corbeil, une imposante manifestation
a eu lieu à l'issue de laquelle l'ordre du jour
suivant a été voté :
Les électeurs de la 1" circonscription do Corbeil
réunis le 23 mars 1902, au nombre de 600, au ban-
quet populaire offert à leur député, le citoyen Pé-
rillier, sous la présidence de M. Girault, sénateur
du Cher, assisté de MM. Charles Bos et Louis Mar-
tin, députés, Georges Fabre, maire du 4e arrondis-
sement de Paris, de conseillers d'arrondissements,
maires et conseillers municipaux,
Adressent au Président Loubet et au ministère
de défense et d'action républicaines, et en particu-
lier à M. Waldeck-Rousseau, leurs félicitations les
plus sincères pour le courage et la persévérance
avec lesquels ils défendent les institutions républi-
caines.
Ils leur envoient l'expression de leur entier dé-
vouement à la République démocratique et so-
ciale.
Le président du comité de Corbeil, GRANDIN.
PHALANSTÈRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 23 mars.
Grâce aux efforts de Mme Lilly Braun, une
sorte de phalanstère s'ouvrira prochainement
à Schlachtcnsee, dans la banlieue de Berlin.
Une société coopérative a affermé un terrain
de 35 hectares, sur lequel elle fera construire
une maison possédant 30 chambres. Il y aura
cuisine et salle à manger communes.
CUIRASSÉ SANS FUMÉE
(De notre, correspondant particulier)
Londres, 23 mars.
On a fait ces temps derniers, dans la marine,
des expériences qu'on a entourées de beaucoup
de mystère. Il s'agissait d'essayer un nouveau
moteur à l'huile sur les grands vaisseaux d'es-
cadre. Ce système a l'avantage de ne pas don-
ner de fumée. Les autorités navales cherchent,
en effet, à créer un type de grand cuirassé,
dont la machinerie ne dégagera pas de fumée,
et qui doit filer vingt nœuds à l'heure.
DANS LA MAISON DES LORDS
(De notre correspondant particulier)
Londres, 23 mars.
Une affaire singulière a occupé cette semaine
les pairs anglais. Le lord grand-chambellan
a présenté en due forme à la commission de la
Chambre des Lords, une demande au bénéfice
de la principale femme de ménage des bureaux
des Lords, tendant à obtenir pour elle un petit
logement dans le Palais du Parlement. Les de-
voirs de cette fonctionnaire, a dit l'orateur,
rendent absolument nécessaire sa présence au
palais. La commission a adopté la proposition
qui doit être ratifiée en séance plénière par la
Chambre des Lords.
LES GUELFES
(De notre correspondant varticulier)
Berlin, 23 mars.
Le parquet de Brunswick a décidé de pour-
suivre le pasteur Pétri, qui, à l'occasion do l'i-
nauguration du drapeau d'une société guelfe
a prononcé un discours contre l'annexion du
duché de Brunswick à la Prusse.
AVANT LE VOYAGE EN RUSSIE
Brest, 23 mars.
Les projets des ingénieurs du génie mariti-
me, concernant le croiseur Montcalm, pré-
voient trois salons : un réservé au Président,
un salon de réception tendu de satin cramoisi,
avec des motifs d'artillerie, et un salon diplo-
matique tendu de satin jaune, avec de gran-
des glaces.
La salle à manger comprendra trois ta-
bles..
——————————— -
1 LA SOCIÉTÉ DE PATRONAGE
l - LAIOUE DU 1e
La fête annuelle. — Le palmarès. —
Le concert
Hier, après-midi, au Grand Orient de France,
16, rue Cadet, a eu lieu la grande fête annuelle
du patronage laïque du 2e, sous la présidence
de M. G. Mesureur, vice-président de la Cham-
bre, assisté de MM. les conseillers municipaux
du 2', de M. Vavasseur, maire ; de MM. Le-
vallois, Aron, Lavanoux, Catelain, Legrand,
Vanderhaeghe, Belot, Collin : Leroux, Prevost
père et fils, Bertrand, Carue, Berlhelemy,
Maire, Blachette, Blond, Brochard, Genlzber-
ger, Monnot, Rebeillard, Penet, etc.
M. Masureur retrace tout d'abord les pro-
grès accomplis par la Société, le but pour-
suivi et les services rendus: puis, M. Collin
prend la parole, remercie M. Mesureur de ve-
nir présider cette fête familiale, lui exprime la
reconnaissance de tous pour l'intérêt qu'il ne
cesse de prodiguer à toutes les œuvres du
2', le prie d'agréer au nom du conseil
d'administration l'expression de sa vive sym-
pathie pour le péril qu'il a couru ainsi que
sa famille, et lui offre une plaquette de M. Ra-
sumuy : l'Epreuve d'auteur.
La distribution des prix commence aussitôt :
parmi les plus cités :
MM. Heynen, Cottence, Rœder, Worhlé, Legoux,
Berthelemy, Demède, Toudouze, Penet, Gauthier,
Salesse, Estève, Mounchay, Dudit, Gérard, etc.
Un concert des plus réussis a suivi la distri-
bution des récompenses, au cours duquel on a
fortement applaudi l'estudiantina de Montmar-
tre (chef M. Belot); MM. Paul d'Arcy.Bompoix,
Bertrand, Guénard, Mausis, René, Stéphano,
Debrelles, Valtaud, Denhaut, etc.; Mmes Bois-
sier, Morhange, Baudoin, Coulon, Blanchard,
DawinskYi de l'Isle, ainsi que Iffs jeunes gens
du patronage.
LE VIN AU DETAil
Le Congrès de Reims. — Les villes
représentées. — Un programme de
défense. — La loi pour tous. —
La réception à l'Hôtel de
Ville. — Une promenade
instructive. — Agape
fraternelle.
Le congrès annuel du commerce des vins et
spiritueux en détail s'est tenu cette année à
Reims les mercredi et jeudi 19 et 20 courant.
Les délégués de Paris et des principales villes
étaient, à 10 h. du matin, reçus à la gare de
Reims par le président du syndicat de Reims.
M. David, conseiller d'arrondissement, assisté
des membres de son bureau : MM. Boucault,
Barré, Rogé, Fleury, Michel et Legros.
En corps les délégués. au nombre de 120,
se rendent à la salle de la libre-pensée où le
Congrès doit tenir ses assises.
Au bureau prennent place : MM. Gourel,
président (Paris); Girardin et Lengaigne. vice-
présidents (Paris) ; Audin, secrétaire général
(Paris); Lée, secrétaire-adjoint (Versailles);
Luche. secrétaire-adjoint (Corbeil) ; Carel, tré-
sorier (Paris).
La séance
M. Gourel déclare la séance ouverte et pro-
cède à l'appel des délégués ; répondent immé-
diatement à l'appel les délégués de Paris (5 syn-
dicats), d'Angers, Bordeaux, Belfort, Brest,
Bourges, Dunkerque, Epernay, Caen, Corbeil,
Fougères, Nantes, Saint-Quentin, Reims,Troyes,
Tours, Versailles, Abbeville, Amiens et Valen-
ciennes; un certain nombre de délégués d'au-
tres villes arriveront par les trains sui-
vants.
M. Gourel excuse M. Marguery, président
d'honneur, qui n'a pu venir à cette première
séance et donne la parole à M. David qui
souhaite la bienvenue aux congressistes.
M. Gourel, président, ramercie les délégués
d'avoir répondu en si grand nombre à la con-
vocation de la Fédération. Il sait que se dépla-
cer de tous les points de la France pour se
rendre au congrès est un grand sacrifice pour
les syndicats et les délégués, mais il est heu-
reux, lui, vieux lutteur, de voir qu'enfln les
intéressés ont compris qu'il y a, en ce moment,
urgence à prendre une part active aux travaux
de la fédération laquelle ne manquera pas de
traiter toutes les questions qui touchent d'une
façon toute particulière les intérêts généraux
de la corporation Il espère que les délégues ne
se sépareront qu'après avoir élaboré un pro-
gramme de défense qui ait une certaine utilité,
attendu que nous sommes à la veille des élec-
tions législatives.
La loi de décembre 1900
« Dans l'ordre du jour vous avez vu, dit M.
Gourel, ce que nous avions l'intention de faire.
Nous ne voulons pas recommencor ce qui a été
fait dans les précédents congrès; nous voulons
profiter de la circonstance pour protester con
tre la loi de décembre 1900 qui nous frappe si
durement. Nous ne ferons pas de politique car
dans nos syndicats nous ne faisons que de la
politique économique, mais il faut que nos
députés sachent (ou les candidats) qu'il existe
une Fédération forta et puissante avec laquelle
il faut compter.
a Dans notre programme nous renouvelle-
rons les vœux déjà formulés dans las précé-
dents congrès. Noas ne voulons ni privilège ni
avantage, mais le commerce libre, et surtout
pas de loi d'exception.
Une loi à reviser
a Il faut que nos syndicats répartis sur tous
les points du pays aient assez d'énergie pour
faire prévaloir nos revendications et faire ac-
cepter notre programme d'intérêt général. La
loi sur le régime des boissons doit être revisée
car elle frappe également et durement le con-
sommateur et le commerçant.
« Il faut que le gouvernement de la Répu-
blique, au succès duquel nous devons coopé-
rer de toutes nos forces, sache enfin placer lo
commerce en détail des vins sur le même pied
d'égalité que les autres genres de commerce en
détail. »
La deuxième séance
Dans la deuxième séance les questions à l'é-
tude sont : La revision de la loi du 29 décem-
bre 1900 en ce qui concerne particulièrement :
1- La suppression do l'exercice sous toutes ses
formes.
1- La suppression de la licence.
3' L'abolition du privilège des bouilleurs de cru.
4* La suppression complète des ootrois aveu le
concours de l'Etat.
5- Les coopératives, économats et toutes sociétés
agricoles seront soumis aux mômes charges que le
commerce.
6' Poursuivre auprès des autorités compétentes
la création d'une chambre consultative du régime
des boissons.
7- Examen du rapport Trannoy.
L'animation avec laquelle ces différentes
questions ont été discutées prouvait tout l'inté-
rêt qu'apportent les débitants à la défense de
leurs intérêts commerçiaux qu'ils considèrent
atteints par la loi du 29 décembre 1900.
A 9 heures du soir les délégués ont été reçus
à l'Hôtel de Ville par la municipalité républi-
caine de Reims qui les avait invités.
Réception à l'Hôtel de Ville
Cette réception a été magnifique. M. le doc-
teur Pozzi et M. Lenoir, adjoints, assistés des
membres du conseil ont fait aux congressistes
le plus cordial accueil qu'il soit possible d'ima-
giner.
La musique municipale et des chœurs
égayaiont les délégués des syndicats auxquels
s'étaient joints un grand nombre d'invités.
Le champagne coulait à flots et les discours
de M. le docteur Pozzi, premier adjoint, rem-
plaçant M. le maire ; de M. Lenoir, deuxième
adjoint, et de M. Gourel, président de la fédé-
ration, ont été longuement applaudis.
Deuxième journée
Le malin, visite de la brasserie du XX, siè-
cle, fondée par le syndicat de Reims, visite
des caves des grandes marques de champa-
gnes. A 2 heures, séance de clôture.
Cette séance très animée a été suspendue
quelques minutes par l'arrivée de M. Certeux,
délégué de M. le ministre du commerce.
Le représentant du ministre a été accueilli
par les congressistes aux cris de: « Vive la Ré-
publique 1 Vive le ministre du commerce 1 »
Avant de se séparer, le Congrès a fixé Tours,
pour les prochaines assises et a constitué son
bureau pour l'exercice 1902-1903.
Ont été élus par acclamation : Président
d'honneur, Marguery ; président, Gourel
(Paris) ; secrétaire général, Pierre Audin
(Paris) ; trésorier, Carel (Paris).
Le soir, grand banquet, présidé par le repré-
sentant du ministre du commerce, M. Certeux,
attaché de son cabinet ; de nombreux discours
ont été prononcés. Le discours du représentant
du ministre a été souligné par de nombreux
cris de : « Vive Loubet 1 Vive la République I»
4>
AU PAYS NOIR
La convention d'Arras. — La décisiMt
des directeurs des mines.
Douai, 23 mara.
Dix-neuf directeurs des charbonnages du
Nord et du Pas-de-Calais se sont réunis à
Douai. Ils oot discuté la demande adressée par ,
M. Basly au nom du Syndicat des mineurs.
tendant à voir se continuer le paiement de la
prime de 400|0ajoutée aux salairesdes ouvriers
en vertu de la convention d'Arras.
Trouvant ce supplément de salaires onéreux.
plusieurs directeurs se sont opposés à sa conli-
'ftu&tiea..Aalsune discussion longue et vive,
par 14 voix contre ala résolution suivante a été
volée ;
Les Compagnies sont d'avis qu'il y a lieu d'enta.
mordes pourparlers avec les délégués ouvriers en
vue d'arriver à une réduction amiable des salaires,
les mettant en conformité à la situation du marché
houiller Elles décident provisoirement de mainte-
nir le statu quo, à la condition qu<) la réunion des
délégués des Compagnies et des délégués ouvriers
ait lieu assez tôt pour que l'entente soit établie dans
la première quinzaine de mai.
LA MANIFESTATION DE GOAY
Les nationalistes conspués
La dépêche suivante, que nous adresse do Gray
un correspondan t spécial, est suffisamment élo-
quente dans sa concision :
MM. Milliard, Krantz, el tes représentants
nationalistes de la Haute-Saône sont venus ici
pour tenir une réunion privée, à Gray; ils ont
été sifflés à leur arrivée à la gare par 2.000
républicains qui, ensuite, dans une réunion
publique, ont chaudement acclamé MM.Gouzy,
député, Couyba, député, et Peureux, candi-
dats républicains à la députation.
LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se réuniront en conseil ce ma-
tin à onze heures, sous la présidenco de M.
Emile Loubet.
M. Waldeck-Rousseau, qui est complète-
ment rétabli, assistera à ce conseil. Dans l'a-
près-midi, il se rendra très probablement à la
séance de la Chambre.
EN HAITI
New-York, 22 mars.
On télégraphie de Port-au-Prince qu'un Fran-
çais de la Guadeloupe, nommé Léon Gabriel,
ayant été accusé de trahison, tira un coup de
revolver sur le chef de la police. Celui-ci ri-
posta et blessa son agresseur.
Gabriel fut exécuté.
M. Wiener, ministre de France, a réclamâ
son corps.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DEPECHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
- du matin
LES PRÉSIDENTS DE LA MUTUALITE
- 1
L'assemblée générale. — Hommage
au Président de la République. —
L'élection du comité
L'assemblée générale de l'Union nationale des
présidents des Sociétés de secours mutuels de
France a eu lieu avec un grandéclat hieraprès-
midi, à la mairie du 9*,rue Drouot,sons la pré-
sidence de M. Prevet, sénateur, assisté de MM.
Cavé, Mirouel, Besnard, Muller, Mancé, Du-
perron, Hurm, Cerf.
Après la lecture du rapport de M. Besnard,
vivement applaudi, on passe à la discussion
des modification apportées aux statuts.
Les paragraphes 1, 2, 3 de l'article 1er sont
votés à l'unanimité.
L'article 2 donne lieu à une très vive dis-
cussion à laquelle prennent part MM. Mirouel,
Cerf et Hurm. Après pointage la motion:
En aucun cas, l'Union ne pourra compter comme
membres actifs plus de troii membres d'une
même Société.
est repoussée.
Les articles III et IV sont adoptés.
L'article V est ainsi modifié :
L'Union élit dans son sein un Président pour
cinq ans et un Comité permanent pour trois ans,
renouvelable par tiers.
Les articles VI, VII sont adoptés ; l'article
VIII, après une longue discussion est voté à
l'unanimité :
Afin de couvrir les frais de correspondance,
poste, imprimés, etc., ainsi que la publication du
bulletin, chaque membre actif est tenu de verser
une cotisation annuelle qui est fixée à dix francs.
Les articles 9, 10, 11 sont adoptés.
Le capital collectif
Vient ensuite la discussion d'un vœu de la
section de Bayon, tendant en remplacer le ca-
pital commun par le capital particulier, après
avoir entendu MM. Cerf et Cavé, l'assemblée
vote à l'unanimité le maintien du capital col-
lectif, seule force de la mutualité.
Puis, l'un des membres regrette de ne pas
être plus en contact avec le comité directeur do
la mutualité, et exprime le vœu que l'on puisse
se servir de la loi du 23 avril 1898, en rempla-
çant la caisse des retraites de la vieillesse qui
ne donne que 3 112 010 par celle des dépôts et
consignations qui procure un revenu de 4 112
pour cent.
Après avoir entendu M. Mirouol en ses ex-
plications et le résultat des démarches qu'il a
faites à ce sujet, l'assemblés décide d'adresser
une notice aux pouvoirs publics, afin que l'on
puisse se servir de la loi de 1898 sans aucune
frais pour les mutualités.
Des remerciements sont votés au journal la
Mutualité pour les services qu'il rend jour-
nellement à la cause mutualiste.
Le vote par correspondance est admis pour
l'assemblée générale.
Hommage à M. Loubet
Enfin M. Prevet donne lecture d'un vœn de
M. Voisin engageant les présidents de sociétés
de mutualité à demander à leurs sociétaires
une cotisation de deux sous, dans le but de
présenter à M. le Président de la République,
le !ivre d'or de la Mutualité en France et de
lui remettre en outre la somme ainsi obtenue,
persuadé que M Loubet, le premier mutualiste
de France, devant cet hommage spontané,
créera avec cette somme une œuvre de mutua-
lité qui portera son nom, donnant ainsi un
précieux encouragement à toutes les sociétés.
Après de vifs applaudissements à l'adresse
de M. Voisin, ce vœu a été admis à l'unalli-
mité.
Le comité permanent
La séance s'est terminée par l'élection des
memb;es du comité permanent ; voici les ré-
sultats :
Pour Paris. — MM. BesDard, Bing, Boutet, Cavé,
Charles Cerf, Clergeot, Collin, Colombet, Dapéron,
Georges, Houdion, Hurm, Le Bouder, Lefèvre Fer-
nand, Lesseur, Lucas, Mabilleau. Mansais, Mi-
rouël, Pugin, Raison, Reinspacb, Roty, Sagobin,
Tricot.
Pour les départements. — MM. Apy (Bouches-do
Rhône), Bajolet (Seine), Baraud-Chateauneuf (Cha-
rente),Billard (Seine) ,Coumes (Meurthe-et-Moselle),
Debrouwer (Nord),Degas (Seine-et-Marne) Duquaire
(Rhône), Duquenne (Nord,. Fabre (Seine), Lance,
(Isère), Lacroix (Gironde), Legrand (Seine-Intérieu
re), Marquis (Gard), Menesson (Marne), Morcrette-
Ledieu (Nord), Muller (Seine-et-Marne), Nautré
(Ardennes), Nicolas (Meurthe-et-Moselle), Pimou
(Eure), Porgeron (Seine-et-Marne), Poussineau (Sei-
ne-et-Marne), Roche (Nord), de Saint-Léger (AisoeK
PARIS & DÉPARTEMENTS
Ee ÏMiiméi-o, CINQ CENTIMES
FTSDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Pi sols Trvs -noi» it 111011 tls if
Paris 2 fr. 5 fr. 9fr. 18 ff.
Départeme:-Às.. 2 - 6 - il - 20-,
t.;,a Pestai 3-=- 9 - te — 32 «•>
, -",,1 r
ÉlSfrEUp EN CHEF : CHARLES BOS
02 JfLNNONCES
M M. CH. LAGRANGE, CERF & 08
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAl.
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 1311
De 4 à 8 heures du soi* el de 10 heures du toir à i heure du matin
No 11701. - Mardi 25 Mars 1302
4 GERMINAL AN 110
ADMINISTRATION: 131, rite illontmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
(( Fil CraJn l
Lorsque mon vieil ami, Jean Destrem,
publia, voilà pas mal d'années déjà, ses
« Drames en einq minutes », cet autre
délicat lettré, Ernest d'Hervilly, lui rima
en guise de préface, une « épître »
d'une savoureuse ironie.
Je ne puis ttppfouver, Destrem, la persistance
A bien écrire, — et quoi ? des roaiaas brefs, X:}'J¡S!
Lui disait-il.
Et, lui faisant remarquer que les
« nouvelles », si finstnent ciselées
qu'elles puissent être, sont infiniment
moins « de vente » que les longs ro-
mans, il s'écriait presque tragique :
Songe à ton fils t.
Plus loin, il prenait le ton dogmatique
pour dire :
-. songe à Cb danger
L'originalité! — Frère, Il est sur ta féte,
<3ocume chez Damoolès mille maux suspendus,
Tls vont choir si. malgré mes avis éperdus,
Tu restes personnel et concis, ô poète !
♦ Et, ayant en lui cette conviction que
ses bons avi'it, tout « éperdus » qu ils
fussent, no serviraient de rien, il secouait
mélancoliquement la tête :
Mais tu n'écoutes rien et tu vas publier.
Riant des pièces d'or et des bank-Dates bleues,
Tes tous petits romans.
Et, appelant à son secours toute sa
philosophie, il concluait :
Enfin, il est trop tard, ton livre « prend ''essor » ;
Peut-être est-il au loin, contre toute évidence,
De braves gens de goût qui préfèrent encor
Des gouttes de vin pur à des flots d'abondance.
.**
Pourquoi Jean Destrem n'a-t-il pas
donné ce titre : « Gouttes de vin pur »,
à l'un des recueils qu'il a publiés de-
puis? Car les conseils que lui prodi-
guait d'Hervilly ont été, comme celui-
ci le prévoyait lui-même, inutiles —
heureusement diront ceux, et ils sont
nombreux encore, qui aiment les jolies
œuvres d'art.
Il y a deux ans, Jean Destrem nous
donnait les « Romans très courts » : au-
jourd'hui, il nous donne les « Fidèles
Crayons », et c'est tandis que je dé-
maillottais ce nouveau-né. que je
feuilletais ce nouveau livre, veux-je dire,
que les vers de d'Hervilly ont chanté
dans ma mémoire.
Mais, oui, pourquoi pas : « Gouttes de
vin pur »? Ce titre eût convenu à mer-
veille. De ce bon vin qu'on boit dans
de petits verres, parce qu'il est cher,
d'abord, et ensuite parce que, trop gé-
néreux, il vous monterait vite à la tête,
si vous en absorbiez inconsidérément
des quantités considérables.
0 nobles crus de Bourgogne, ô cor-
ton, chambertin, romanée, soleil en
bouteilles! que l'on souligne au passage
d'un clapement de langue et dont on
sent la chaleur bienfaisante dans tout
le sang du corps.
Le Destrem, voyez-vous, c'est un peu
la même chose ; le verre est petit, mais
la saveur est exquise ; d'abord vous fai-
tes chatoyer devant la lumière la belle
liqueur rouge contenue dans le cristal
transparent, et votre œil est réjoui ;
puis vous approchez le verre de vos
narines, vous aspirez longuement, dé-
lectant le a bouquet », ce parfum subtil
et pénétrant, et votre odorat est char-
mé; enfin, vous buvez, oh! pas d'un
irait, en goulu, en ignare, mais avec
une lenteur savante, les lèvres à demi
fermées, même le pharynx légèrement
contracté pour que le liquide reste un
instant appréciable en contact avec votre
palais, et en fermant au moins aux trois
quarts les paupières, afin de concentrer
mieux en vous-même l'attention néces-
saire à l'opération que vous êtes en train
d'accomplir.
Quelle satisfaction, lorsque, voulant
faire durer le plaisir, vous reposez sur
la table le verre encore à demi plein !
Tandis que vous suivez, le long des mou-
vements vermiculaires de votre œso-
phage, la gorgée bue, vous regardez
avec attendrissement la gorgée à boire;
vous exhalez un furtif soupir ; n'est-ce
pas que vous vous sentez très bon en ce
moment? volontiers vous vous atten-
dririez doucement, et en même temps
un fredon gai vous monte aux mousta-
ches ; ciel d'avril ; le soleil rit à travers
les giboulées ; la terre humide sent
bon.
.*.
Car tout, bien entendu , n'est pas
pour rire dans le livre de Jean Destrem;
ses « Crayons » ne seraient pas « fidè-
les » s'ils ne lui servaient qu'à dessiner
des figures de gens heureux. Mais, que
la fantaisie du poète ait été gaie ou
triste, la sensation éprouvée reste déli-
cieuse, parce que c'est une sensation
d'art; parce que Jean Destrem est un
artiste au suprême degré, parce qu'avant
de songer à ceux qui le liront, il exige
de se satisfaire lui-même, et qu'il ne
livre jamais rien d'ébauché, d'incom-
plot.
On no sent point l'effort, certes ;
maïs on devine le travail, travail d'ob-
servation, de rêverie et de style. Il y a
des gens dont on peut dire assez jus-
tement qu'ils écrivent « sous eux ». La
préoccupation constante de Jean Des-
trem, c'est de trouver les expressions
justes pour rendre sa pensée. Le mot
vivant, heureux, d'aspect imprévu exer-,
ce évidemment sur lui une fascination
irrésistible.
Il écrit comme on se promène, on
flâneur, dans les prés. Tiens! cette
fleur, si je la cueillais ; elle est jolie.
Celle-là ne fera pas mal non plus. Et
celle-là, elle est drôle. Bon ! en voici
une rouge !. une bleue !. Et à la fin
de la promenade le bouquet se trouve
fait, frais, coquet, gracieux, avec encore
des gouttes de roséequi sontpeut-êtredes
larmes ; et çà et là, piquées au milieu
des fleurs, de ces grandes herbes folles,
vous savez, légères, qui ondulent et
frissonnent si voluptueusement sous les
caresses de la brise.
Le bouquet,c'est le livre et il me sem-
ble que je serais bien sot de vouloir en
détacher les fleurs pour dire quelles
me plaisent davantage, de quelles les
pétales me semblent plus' veloutés, la
corolle plus épanouie, les couleurs p\us
riches, la tige plus droite Bah! lisez
tout le volume, allez ! Il n'est pas gros.
Et pourtant s'il fallait absolument-
mais est-ce bien nécessaire ? — que
j'exprimasse une prédilection quelcon-
que, je dirais que la nouvelle intitu-
lée « Le malade a tué le médecin » a
plus particulièrement attiré et retenu
ma pensée.
Elle est d'une psychologie intense,
aiguë ; c'est l'histoire d'un homme qui
se rend extrêmement malheureux et fait
rayonner le malheur autour de lui,
parce qu'il doute de lui et ne croit pas
à la sincérité de ceux qui l'entourent.
Quelques pages seulement, mais valant
tout un volume ; de la quintessence.
Jean Destrem est un observateur
âpre, parfois. Ici, a-t-il écrit d'intui-
tion, ou bien a-t-il copié simplement
la nature posant devant lui? Je vou-
drais bien savoir, en ce cas, qui lui a
servi de modèle. Car le type qu'il a fait
voir dans ce petit chef-d'œuvre existe
en vérité vivante. J'en connais qui, par
doute, doute d'eux-mêmes et des autres,
ont brisé leur vie, tué le bonheur, et
pas seulement leur bonheur. Certes!
ils sont heureux, les impulsifs, ceux
qui vont droit devant eux à travers
l'existence, sans s'embesoigner de
tant d'hésitations, de craintes, de scru-
pules si souvent inutiles. Oh! les
tortures de ceux qui, non satisfaits
de scruter sans cesse la pensée des au-
tres, et d'essayer de voir cette pensée
derrière le voile des paroles et des sou-
rires, vivent dans l'étude continuelle
d'eux- mêmes, se cherchent constam-
ment; n'étant jamais sûrs de rien, pas
même de leur volonté de demain, pas
même des motifs qui ont déterminé
leur volonté d'hier, et, par cette inquié-
tude, créent en eux et autour d'eux des
malentendus cruels, parfois irrépara-
bles !.
Mais voilà que je me mets à rêver ; il
convient que je m'arrête. C'est la faute
de Jean Destrem, si je m'égare ainsi ;
je me rappelle cette jolie phrase de
Charles Hugo sur Dumas père : « Fait-
il rêver ? rarement. Tourner la page ?
toujours ». Jean Destrem, lui, est de
ceux qui font rêver ; c'est en dedans de
vous-même qu'il vous fait tourner la
page, quand vous l'avez lue ; c'est-à-
dire que son observation est si péné-
trante, son dessin si net, que l'on se
sent porté, presque invinciblement, à
poursuivre l'indication qu'il donne, le
plus souvent très brève, mais toujours
juste.
Il faut le lire avec attention ; derrière
ce qui semble chez lui fantaisie simple,
il y a souvent une leçon ; c'est un philo-
sophe qui n'écrit rien en vain ; et
comme il écrit en une langue très sou-
ple, très pure, c'est aussi — je dirais
presque: c'est surtout- unpoète.Ses li-
vres sont de ceux — très peu nombreux
— qu'on ne lit pas seulement, qu'on
relit.
Lucien Victor-Meunier.
L'AGITATION BELGE
Le roi des belges est allé se
reposer quelques semaines à
Biarritz, mais les dépêches de
Bruxelles et de Gand ont dû
lui parvenir hier soir, dès son
arrivée au lieu de sa villégia-
ture; il a pu apprendre qu'un
prince de sa famille avait eu les oreilles
assourdies des cris de : Vive le suffrage
universel ! et que dans plusieurs villes, no-
tamment à Bruxelles et à Gand, la journée
de ce dimanche avait été consacrée à des
manifestations dont le calme ne fait qu'ac-
cuser le caractère grandiose, eh faveur
d'une réforme électorale que l'on ne pourra
plus refuser au peuple bien longtemps.
A Bruxelles, le cortège des manifestants
comprenait plus de trois cents associations
socialistes, libérales et démocratiques; sur
le boulevard Janmar, trop étroit pour con-
tenir les auditeurs, les orateurs populaires
ont parlé du haut de six estrades, sommant
les pouvoirs de voter le suffrage universel;
à Gand, on estime à 15.000 le nombre des
citoyens qui figuraient dans le cortège; ce
sont là des manifestations dont il sera dif-
ficile de ne point tenir compte.
Le peuple belge, qui est maître de ses
destinées depuis 1830, est assez fait aux
mœurs de la liberté, depuis soixante-douze
ans, pour savoir s'exprimer clairement sur
ce qu'il désire, et il serait hardi de préten-
dre que le suffrage universel serait dans ses
mains un instrument dont il serait embar-
rassé de faire usage. La vérité est que le
parti clérical tient au suffrage actuel, qui
lui assure la suprématie politique. Mais les
résistances du parti prêtre ne peuvent avoir
qu'un temps, et tout indique que ce temps
est près de passer. En dépit des moines et
des curés, si forts soient-ils encore là-bas,
le suffrage universel triomphera, — Ch. B.
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
LES DAMES QUÊTEUSES
Nouveaux agents électoraux. — Le
rôle des femmes. — Leurs missions.
Leurs fêtes. — Les quêtes. — Un
nouveau féminisme — Dans le
monde — Chez le peuple -
Les inconvénients. - Com-
ment les éviter — L'in-
fluence du père et de la
mère. — L'éducation
des filles.
On signale de toutes parts l'apparition des
dames quêteuses. Ce sont des agents électo-
raux d'une espèce nouvelle. Elles sont nées
sons J'influence de la réaction.
Elles florissent en province comme à Paris.
Elles font nécessairement partie de ce qu'on
nomme la bonne société. Elles doivent rem-
plir certaines conditions : êtres titrées, riches,
jolies ou simplement gracieuses.
Leur nom, leur fortune ou !eurs sourires.
rendent, parait-il. leurs demandes irrésistibles.
Toutes sont élues par le curé et toutes ont
la même mission : aller de porte en porte sol-
liciler des oboles ou des voix pour le candidat
nationaliste.
Elles s'en vont donc par monts et par vaux
la liste électorale à la main. Elles entrent dans
les maisons amies, débitent un boniment ap-
pris soigneusement par cœur, prodiguent leurs
bonnes grâces, et rapportent au comité le pro-
duit de leur journée. -
Emulation
Il y a entre elles une grande émulation.
C'est à qui fait la meilleure recette.
Les « soirées » sont désormais consacrées a
la conversion des électeurs mal pensants. Ils
sont assiégés par les belles quêteuses, Les plus
austères ne peuvent échapper aux charmes du
flirt. Ce petit jeu électoral fait déjà fureur.L'a-
mour y gagnera peut-être plus quo la poli-
tique.
Les collectes
Ce spectacle suggère forcément quelques ré-
flexions. L'organisation de ces quêtes prouve
clairement que les souscriptions volontaires,
les dévouements financiers font défaut dans le
camp nationaliste. Ensuite il est visible que
ce sont les gens riches qui mendient le plus
volontiers, et le plus ouvertement. Mais pas-
sons à d'autres considérations.
Ces quêtes ont pour objet sur bien des points
de faire les élections des candidats militaires.
Les candidatures militaires sont en effet avec
les dames quêteuses les deux grandes nou-
veautés de la saison électorale. C'est la pro-
clamation solennelle de l'alliance entre les
pantalons rouges et les pantalons brodés.
Féminisme
C'est l'union sous la bannière cléricale des
vivelarmistes qui ne souffrent pas la discus-
sion et des femmes qui sont incapables de la
soutenir, car, il importe de le remarquer,
l'agitation féminine dont nous parlons n'a
rien de commun avec le mouvement fémi-
niste, Il serait fâcheux de laisser faire la con-
fusion.
Le féminisme est une doctrine qui poursuit
la complète égalité des droits entre les deux
sexes ; son but sera atteint quand la loi ne
mettra plus de différence entre la citoyenne et
le citoyen. C'est un mouvement de protesta-
tion contre la doctrine religieuse qui fait de la
femme un être inférieur, assujetti à une tu-
telleinjuste, blessante etpleine d'inconvénients
dans l'administration des biens. Les femmes
qui travaillent à leur affranchissement étu-
dient, méditent, mettent en lumière des argu-
ments. Ce sont des esprits qui pensent.
Les femmes mondaines
Nos dames quêteuses ne sont que des âmes
bien pensantes — ce qui est tout différent. El-
les laissent à leurs directeurs de conscience le
soin de penser pour elles.
Elles obéissent aux conseils quelles reçoivent
d'eux, elles n'osent point agir de leur propre
initiative.
Elles ne réclament pas leur émancipation,
elles ne domandent que des hommages.
Elles repoussent l'idée d'être soumises com-
me les hommes à la loi du travail qui assure
l'indépendance, la sécurité et le bonheur. Con-
tentes de leur sort elles veulent rester ce quelles
sont : entourées de respects, de flatteries, as-
servies mais toutes puissantes tant quelles
sont jeunes, belles et aimables.
Leurs ancêtres firent un moment douter de
l'existence de leurs âmes. Un concile discujta
sérieusement si vraiment elles en avaient une.
Beaucoup d'entre elles en effet ressemblent à
de gracieux automates.
En ce moment par exemple, elles quêtent,
mais ne raisonnent pas. Elles s'efforcent da sé-
duire, d'enchaîner, non de convaincre et de
persuader.
Elles sont en général plutôt hoministes que
féministes. Peut-être cependantfavorisent-elles,
à leur insu, le féminisme.
Celles du peuple
Les femmes du peuple s'autoriseront certai-
nement de leur exemple pour s'occuper, elles
aussi, d'élections, réclamer et obtenir l'éleclo-
rat et l'éligibilité.
On se familiarise avec ces idées et la révo-
lution qui s'ensuivra.
Beaucoup d'hommes redoutent encore, il est
vrai, l'entrée des femmes sur la scène poli-
tiaue.
Voilà pourtant longtemps, semble-t-il, qu'el-
les y jouent un rôle analogue à celui du souf-
fleur. N'est-il pas vrai qu'un grand nombre
d'électeurs consultent leurs femmes avant de
voter comme avant de prendre une décision
en affaires! Combien d'autres écoutent les do-
léances féminines autour d'eux et sans l'avouer
en tiennent compte dans le choix de leur bul-
letinl
Les dangers. — Les remèdes
Disons-le, la crainte à éprouver est non pas
de voir les femmes voter, mais de les voir res-
ter sous la suggestion du prêtre, imbues de
préjugés qui sont en opposition aussi bien avec
leurs intérêts personnels qu'avec les intérêts de
la société démocratique. Il faut les affranchir
de ce joug.
Il n'y a qu'un seul moyen, mais il est bon :
c'est de les habituer à penser pour les amener
à comprendre et à exercer tous leurs droits et
leurs devoirs. Quand ce résultat sera obtenu
on ne les verra plus essayant debarrer la route
au progrès, mais, au contraire, essayant de la
déblayer au besoin.
Non seulement la marche du progrès ne
sera plus ralentie, mais elle sera naturellement
accélérée.
Les parents
Les parents ne transmettent-ils pas à l'enfant
quelque chose de leur propre nature ? Quand
le père et la mère seront en état de lui commu-
niquer tous deux des qualités intellectuelles et
morales, il y a tout lieu de croire que son es-
prit sera prédisposé à une plus forte culture.
Il y aura quelque chance pour qu'il y ait en
lui un germe de talent et pour que ce talent
soit vigoureux.
Les deux legs du père et de la mère ne se-
ront plus de natures contraires.
L'annulation de celui qui est bon par celui
qui est mauvais ne sera plus à craindre. Il D'l,
aura plus antagonisme et lutte entre eux. n
o'y aura plus dégénérescence. Il y aura cons-
tante amélioration intellectuelle.
L'école laïque
Cet idéal n'est-il pas fait pour séduire les
moins féministes ? -
Mais pour l'atteindre, il faut compter avec
le temps et les écoles laïques de filles, les maî-
tresses laïques, les programmes laïques, !es li-
vres laïques, parce qu'il faut former des âmes
vraiment laïques ne. reconnaissant d'autre au-
torité que celle de la raison dans le domaine
de la pensée.
Il a été fait beaucoup pour l'éducation des
filles depuis 25 ans. Mais il reste beaucoup à
faire, et il y a lieu de retoucher ce qui a été
fait.
Les députés qui auront eu à souffrir des
dames quêteuses le reconnaîtront sans peine.
En sorte que par leur zèle à servir les des-
seins réactionnaires de leurs confesseurs, ces
dames ouvrent les voies aux réformes dont
nos écoles de filles ont besoin tant dans l'en-
seignement primaire que dans l'enseigne-
ment secondaire Qu'elles en soient remerciées!
— Armand Depper.
A CORBEIL
Grande manifestation républicaine
Nous recevons de toutes parts les meilleures
nouvelles du réveil de l'esprit républicain.
| j Hier, à Corbeil, une imposante manifestation
a eu lieu à l'issue de laquelle l'ordre du jour
suivant a été voté :
Les électeurs de la 1" circonscription do Corbeil
réunis le 23 mars 1902, au nombre de 600, au ban-
quet populaire offert à leur député, le citoyen Pé-
rillier, sous la présidence de M. Girault, sénateur
du Cher, assisté de MM. Charles Bos et Louis Mar-
tin, députés, Georges Fabre, maire du 4e arrondis-
sement de Paris, de conseillers d'arrondissements,
maires et conseillers municipaux,
Adressent au Président Loubet et au ministère
de défense et d'action républicaines, et en particu-
lier à M. Waldeck-Rousseau, leurs félicitations les
plus sincères pour le courage et la persévérance
avec lesquels ils défendent les institutions républi-
caines.
Ils leur envoient l'expression de leur entier dé-
vouement à la République démocratique et so-
ciale.
Le président du comité de Corbeil, GRANDIN.
PHALANSTÈRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 23 mars.
Grâce aux efforts de Mme Lilly Braun, une
sorte de phalanstère s'ouvrira prochainement
à Schlachtcnsee, dans la banlieue de Berlin.
Une société coopérative a affermé un terrain
de 35 hectares, sur lequel elle fera construire
une maison possédant 30 chambres. Il y aura
cuisine et salle à manger communes.
CUIRASSÉ SANS FUMÉE
(De notre, correspondant particulier)
Londres, 23 mars.
On a fait ces temps derniers, dans la marine,
des expériences qu'on a entourées de beaucoup
de mystère. Il s'agissait d'essayer un nouveau
moteur à l'huile sur les grands vaisseaux d'es-
cadre. Ce système a l'avantage de ne pas don-
ner de fumée. Les autorités navales cherchent,
en effet, à créer un type de grand cuirassé,
dont la machinerie ne dégagera pas de fumée,
et qui doit filer vingt nœuds à l'heure.
DANS LA MAISON DES LORDS
(De notre correspondant particulier)
Londres, 23 mars.
Une affaire singulière a occupé cette semaine
les pairs anglais. Le lord grand-chambellan
a présenté en due forme à la commission de la
Chambre des Lords, une demande au bénéfice
de la principale femme de ménage des bureaux
des Lords, tendant à obtenir pour elle un petit
logement dans le Palais du Parlement. Les de-
voirs de cette fonctionnaire, a dit l'orateur,
rendent absolument nécessaire sa présence au
palais. La commission a adopté la proposition
qui doit être ratifiée en séance plénière par la
Chambre des Lords.
LES GUELFES
(De notre correspondant varticulier)
Berlin, 23 mars.
Le parquet de Brunswick a décidé de pour-
suivre le pasteur Pétri, qui, à l'occasion do l'i-
nauguration du drapeau d'une société guelfe
a prononcé un discours contre l'annexion du
duché de Brunswick à la Prusse.
AVANT LE VOYAGE EN RUSSIE
Brest, 23 mars.
Les projets des ingénieurs du génie mariti-
me, concernant le croiseur Montcalm, pré-
voient trois salons : un réservé au Président,
un salon de réception tendu de satin cramoisi,
avec des motifs d'artillerie, et un salon diplo-
matique tendu de satin jaune, avec de gran-
des glaces.
La salle à manger comprendra trois ta-
bles..
——————————— -
1 LA SOCIÉTÉ DE PATRONAGE
l - LAIOUE DU 1e
La fête annuelle. — Le palmarès. —
Le concert
Hier, après-midi, au Grand Orient de France,
16, rue Cadet, a eu lieu la grande fête annuelle
du patronage laïque du 2e, sous la présidence
de M. G. Mesureur, vice-président de la Cham-
bre, assisté de MM. les conseillers municipaux
du 2', de M. Vavasseur, maire ; de MM. Le-
vallois, Aron, Lavanoux, Catelain, Legrand,
Vanderhaeghe, Belot, Collin : Leroux, Prevost
père et fils, Bertrand, Carue, Berlhelemy,
Maire, Blachette, Blond, Brochard, Genlzber-
ger, Monnot, Rebeillard, Penet, etc.
M. Masureur retrace tout d'abord les pro-
grès accomplis par la Société, le but pour-
suivi et les services rendus: puis, M. Collin
prend la parole, remercie M. Mesureur de ve-
nir présider cette fête familiale, lui exprime la
reconnaissance de tous pour l'intérêt qu'il ne
cesse de prodiguer à toutes les œuvres du
2', le prie d'agréer au nom du conseil
d'administration l'expression de sa vive sym-
pathie pour le péril qu'il a couru ainsi que
sa famille, et lui offre une plaquette de M. Ra-
sumuy : l'Epreuve d'auteur.
La distribution des prix commence aussitôt :
parmi les plus cités :
MM. Heynen, Cottence, Rœder, Worhlé, Legoux,
Berthelemy, Demède, Toudouze, Penet, Gauthier,
Salesse, Estève, Mounchay, Dudit, Gérard, etc.
Un concert des plus réussis a suivi la distri-
bution des récompenses, au cours duquel on a
fortement applaudi l'estudiantina de Montmar-
tre (chef M. Belot); MM. Paul d'Arcy.Bompoix,
Bertrand, Guénard, Mausis, René, Stéphano,
Debrelles, Valtaud, Denhaut, etc.; Mmes Bois-
sier, Morhange, Baudoin, Coulon, Blanchard,
DawinskYi de l'Isle, ainsi que Iffs jeunes gens
du patronage.
LE VIN AU DETAil
Le Congrès de Reims. — Les villes
représentées. — Un programme de
défense. — La loi pour tous. —
La réception à l'Hôtel de
Ville. — Une promenade
instructive. — Agape
fraternelle.
Le congrès annuel du commerce des vins et
spiritueux en détail s'est tenu cette année à
Reims les mercredi et jeudi 19 et 20 courant.
Les délégués de Paris et des principales villes
étaient, à 10 h. du matin, reçus à la gare de
Reims par le président du syndicat de Reims.
M. David, conseiller d'arrondissement, assisté
des membres de son bureau : MM. Boucault,
Barré, Rogé, Fleury, Michel et Legros.
En corps les délégués. au nombre de 120,
se rendent à la salle de la libre-pensée où le
Congrès doit tenir ses assises.
Au bureau prennent place : MM. Gourel,
président (Paris); Girardin et Lengaigne. vice-
présidents (Paris) ; Audin, secrétaire général
(Paris); Lée, secrétaire-adjoint (Versailles);
Luche. secrétaire-adjoint (Corbeil) ; Carel, tré-
sorier (Paris).
La séance
M. Gourel déclare la séance ouverte et pro-
cède à l'appel des délégués ; répondent immé-
diatement à l'appel les délégués de Paris (5 syn-
dicats), d'Angers, Bordeaux, Belfort, Brest,
Bourges, Dunkerque, Epernay, Caen, Corbeil,
Fougères, Nantes, Saint-Quentin, Reims,Troyes,
Tours, Versailles, Abbeville, Amiens et Valen-
ciennes; un certain nombre de délégués d'au-
tres villes arriveront par les trains sui-
vants.
M. Gourel excuse M. Marguery, président
d'honneur, qui n'a pu venir à cette première
séance et donne la parole à M. David qui
souhaite la bienvenue aux congressistes.
M. Gourel, président, ramercie les délégués
d'avoir répondu en si grand nombre à la con-
vocation de la Fédération. Il sait que se dépla-
cer de tous les points de la France pour se
rendre au congrès est un grand sacrifice pour
les syndicats et les délégués, mais il est heu-
reux, lui, vieux lutteur, de voir qu'enfln les
intéressés ont compris qu'il y a, en ce moment,
urgence à prendre une part active aux travaux
de la fédération laquelle ne manquera pas de
traiter toutes les questions qui touchent d'une
façon toute particulière les intérêts généraux
de la corporation Il espère que les délégues ne
se sépareront qu'après avoir élaboré un pro-
gramme de défense qui ait une certaine utilité,
attendu que nous sommes à la veille des élec-
tions législatives.
La loi de décembre 1900
« Dans l'ordre du jour vous avez vu, dit M.
Gourel, ce que nous avions l'intention de faire.
Nous ne voulons pas recommencor ce qui a été
fait dans les précédents congrès; nous voulons
profiter de la circonstance pour protester con
tre la loi de décembre 1900 qui nous frappe si
durement. Nous ne ferons pas de politique car
dans nos syndicats nous ne faisons que de la
politique économique, mais il faut que nos
députés sachent (ou les candidats) qu'il existe
une Fédération forta et puissante avec laquelle
il faut compter.
a Dans notre programme nous renouvelle-
rons les vœux déjà formulés dans las précé-
dents congrès. Noas ne voulons ni privilège ni
avantage, mais le commerce libre, et surtout
pas de loi d'exception.
Une loi à reviser
a Il faut que nos syndicats répartis sur tous
les points du pays aient assez d'énergie pour
faire prévaloir nos revendications et faire ac-
cepter notre programme d'intérêt général. La
loi sur le régime des boissons doit être revisée
car elle frappe également et durement le con-
sommateur et le commerçant.
« Il faut que le gouvernement de la Répu-
blique, au succès duquel nous devons coopé-
rer de toutes nos forces, sache enfin placer lo
commerce en détail des vins sur le même pied
d'égalité que les autres genres de commerce en
détail. »
La deuxième séance
Dans la deuxième séance les questions à l'é-
tude sont : La revision de la loi du 29 décem-
bre 1900 en ce qui concerne particulièrement :
1- La suppression do l'exercice sous toutes ses
formes.
1- La suppression de la licence.
3' L'abolition du privilège des bouilleurs de cru.
4* La suppression complète des ootrois aveu le
concours de l'Etat.
5- Les coopératives, économats et toutes sociétés
agricoles seront soumis aux mômes charges que le
commerce.
6' Poursuivre auprès des autorités compétentes
la création d'une chambre consultative du régime
des boissons.
7- Examen du rapport Trannoy.
L'animation avec laquelle ces différentes
questions ont été discutées prouvait tout l'inté-
rêt qu'apportent les débitants à la défense de
leurs intérêts commerçiaux qu'ils considèrent
atteints par la loi du 29 décembre 1900.
A 9 heures du soir les délégués ont été reçus
à l'Hôtel de Ville par la municipalité républi-
caine de Reims qui les avait invités.
Réception à l'Hôtel de Ville
Cette réception a été magnifique. M. le doc-
teur Pozzi et M. Lenoir, adjoints, assistés des
membres du conseil ont fait aux congressistes
le plus cordial accueil qu'il soit possible d'ima-
giner.
La musique municipale et des chœurs
égayaiont les délégués des syndicats auxquels
s'étaient joints un grand nombre d'invités.
Le champagne coulait à flots et les discours
de M. le docteur Pozzi, premier adjoint, rem-
plaçant M. le maire ; de M. Lenoir, deuxième
adjoint, et de M. Gourel, président de la fédé-
ration, ont été longuement applaudis.
Deuxième journée
Le malin, visite de la brasserie du XX, siè-
cle, fondée par le syndicat de Reims, visite
des caves des grandes marques de champa-
gnes. A 2 heures, séance de clôture.
Cette séance très animée a été suspendue
quelques minutes par l'arrivée de M. Certeux,
délégué de M. le ministre du commerce.
Le représentant du ministre a été accueilli
par les congressistes aux cris de: « Vive la Ré-
publique 1 Vive le ministre du commerce 1 »
Avant de se séparer, le Congrès a fixé Tours,
pour les prochaines assises et a constitué son
bureau pour l'exercice 1902-1903.
Ont été élus par acclamation : Président
d'honneur, Marguery ; président, Gourel
(Paris) ; secrétaire général, Pierre Audin
(Paris) ; trésorier, Carel (Paris).
Le soir, grand banquet, présidé par le repré-
sentant du ministre du commerce, M. Certeux,
attaché de son cabinet ; de nombreux discours
ont été prononcés. Le discours du représentant
du ministre a été souligné par de nombreux
cris de : « Vive Loubet 1 Vive la République I»
4>
AU PAYS NOIR
La convention d'Arras. — La décisiMt
des directeurs des mines.
Douai, 23 mara.
Dix-neuf directeurs des charbonnages du
Nord et du Pas-de-Calais se sont réunis à
Douai. Ils oot discuté la demande adressée par ,
M. Basly au nom du Syndicat des mineurs.
tendant à voir se continuer le paiement de la
prime de 400|0ajoutée aux salairesdes ouvriers
en vertu de la convention d'Arras.
Trouvant ce supplément de salaires onéreux.
plusieurs directeurs se sont opposés à sa conli-
'ftu&tiea..Aalsune discussion longue et vive,
par 14 voix contre ala résolution suivante a été
volée ;
Les Compagnies sont d'avis qu'il y a lieu d'enta.
mordes pourparlers avec les délégués ouvriers en
vue d'arriver à une réduction amiable des salaires,
les mettant en conformité à la situation du marché
houiller Elles décident provisoirement de mainte-
nir le statu quo, à la condition qu<) la réunion des
délégués des Compagnies et des délégués ouvriers
ait lieu assez tôt pour que l'entente soit établie dans
la première quinzaine de mai.
LA MANIFESTATION DE GOAY
Les nationalistes conspués
La dépêche suivante, que nous adresse do Gray
un correspondan t spécial, est suffisamment élo-
quente dans sa concision :
MM. Milliard, Krantz, el tes représentants
nationalistes de la Haute-Saône sont venus ici
pour tenir une réunion privée, à Gray; ils ont
été sifflés à leur arrivée à la gare par 2.000
républicains qui, ensuite, dans une réunion
publique, ont chaudement acclamé MM.Gouzy,
député, Couyba, député, et Peureux, candi-
dats républicains à la députation.
LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se réuniront en conseil ce ma-
tin à onze heures, sous la présidenco de M.
Emile Loubet.
M. Waldeck-Rousseau, qui est complète-
ment rétabli, assistera à ce conseil. Dans l'a-
près-midi, il se rendra très probablement à la
séance de la Chambre.
EN HAITI
New-York, 22 mars.
On télégraphie de Port-au-Prince qu'un Fran-
çais de la Guadeloupe, nommé Léon Gabriel,
ayant été accusé de trahison, tira un coup de
revolver sur le chef de la police. Celui-ci ri-
posta et blessa son agresseur.
Gabriel fut exécuté.
M. Wiener, ministre de France, a réclamâ
son corps.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DEPECHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
- du matin
LES PRÉSIDENTS DE LA MUTUALITE
- 1
L'assemblée générale. — Hommage
au Président de la République. —
L'élection du comité
L'assemblée générale de l'Union nationale des
présidents des Sociétés de secours mutuels de
France a eu lieu avec un grandéclat hieraprès-
midi, à la mairie du 9*,rue Drouot,sons la pré-
sidence de M. Prevet, sénateur, assisté de MM.
Cavé, Mirouel, Besnard, Muller, Mancé, Du-
perron, Hurm, Cerf.
Après la lecture du rapport de M. Besnard,
vivement applaudi, on passe à la discussion
des modification apportées aux statuts.
Les paragraphes 1, 2, 3 de l'article 1er sont
votés à l'unanimité.
L'article 2 donne lieu à une très vive dis-
cussion à laquelle prennent part MM. Mirouel,
Cerf et Hurm. Après pointage la motion:
En aucun cas, l'Union ne pourra compter comme
membres actifs plus de troii membres d'une
même Société.
est repoussée.
Les articles III et IV sont adoptés.
L'article V est ainsi modifié :
L'Union élit dans son sein un Président pour
cinq ans et un Comité permanent pour trois ans,
renouvelable par tiers.
Les articles VI, VII sont adoptés ; l'article
VIII, après une longue discussion est voté à
l'unanimité :
Afin de couvrir les frais de correspondance,
poste, imprimés, etc., ainsi que la publication du
bulletin, chaque membre actif est tenu de verser
une cotisation annuelle qui est fixée à dix francs.
Les articles 9, 10, 11 sont adoptés.
Le capital collectif
Vient ensuite la discussion d'un vœu de la
section de Bayon, tendant en remplacer le ca-
pital commun par le capital particulier, après
avoir entendu MM. Cerf et Cavé, l'assemblée
vote à l'unanimité le maintien du capital col-
lectif, seule force de la mutualité.
Puis, l'un des membres regrette de ne pas
être plus en contact avec le comité directeur do
la mutualité, et exprime le vœu que l'on puisse
se servir de la loi du 23 avril 1898, en rempla-
çant la caisse des retraites de la vieillesse qui
ne donne que 3 112 010 par celle des dépôts et
consignations qui procure un revenu de 4 112
pour cent.
Après avoir entendu M. Mirouol en ses ex-
plications et le résultat des démarches qu'il a
faites à ce sujet, l'assemblés décide d'adresser
une notice aux pouvoirs publics, afin que l'on
puisse se servir de la loi de 1898 sans aucune
frais pour les mutualités.
Des remerciements sont votés au journal la
Mutualité pour les services qu'il rend jour-
nellement à la cause mutualiste.
Le vote par correspondance est admis pour
l'assemblée générale.
Hommage à M. Loubet
Enfin M. Prevet donne lecture d'un vœn de
M. Voisin engageant les présidents de sociétés
de mutualité à demander à leurs sociétaires
une cotisation de deux sous, dans le but de
présenter à M. le Président de la République,
le !ivre d'or de la Mutualité en France et de
lui remettre en outre la somme ainsi obtenue,
persuadé que M Loubet, le premier mutualiste
de France, devant cet hommage spontané,
créera avec cette somme une œuvre de mutua-
lité qui portera son nom, donnant ainsi un
précieux encouragement à toutes les sociétés.
Après de vifs applaudissements à l'adresse
de M. Voisin, ce vœu a été admis à l'unalli-
mité.
Le comité permanent
La séance s'est terminée par l'élection des
memb;es du comité permanent ; voici les ré-
sultats :
Pour Paris. — MM. BesDard, Bing, Boutet, Cavé,
Charles Cerf, Clergeot, Collin, Colombet, Dapéron,
Georges, Houdion, Hurm, Le Bouder, Lefèvre Fer-
nand, Lesseur, Lucas, Mabilleau. Mansais, Mi-
rouël, Pugin, Raison, Reinspacb, Roty, Sagobin,
Tricot.
Pour les départements. — MM. Apy (Bouches-do
Rhône), Bajolet (Seine), Baraud-Chateauneuf (Cha-
rente),Billard (Seine) ,Coumes (Meurthe-et-Moselle),
Debrouwer (Nord),Degas (Seine-et-Marne) Duquaire
(Rhône), Duquenne (Nord,. Fabre (Seine), Lance,
(Isère), Lacroix (Gironde), Legrand (Seine-Intérieu
re), Marquis (Gard), Menesson (Marne), Morcrette-
Ledieu (Nord), Muller (Seine-et-Marne), Nautré
(Ardennes), Nicolas (Meurthe-et-Moselle), Pimou
(Eure), Porgeron (Seine-et-Marne), Poussineau (Sei-
ne-et-Marne), Roche (Nord), de Saint-Léger (AisoeK
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.46%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.46%.
- Collections numériques similaires Aigrefeuille D' Aigrefeuille D' /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Aigrefeuille D' "Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres " Alain D' Alain D' /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Alain D' " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
- Auteurs similaires Aigrefeuille D' Aigrefeuille D' /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Aigrefeuille D' "Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres " Alain D' Alain D' /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Alain D' " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75493528/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75493528/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75493528/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75493528/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75493528
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75493528
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75493528/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest