Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-03-22
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 mars 1902 22 mars 1902
Description : 1902/03/22 (N11698). 1902/03/22 (N11698).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549349s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINQ CENTIMES le Numéro. -PA" a I)epxRuà"TS c.e Numéro, CINQ CE NT r M B-S -
FoNDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS i
Ifll mois Trois mois StïMit (ta &B
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
2 6— 4 A — 20 —
f^aa Poa&te. 8 — a Io 32 —
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES
°f"pCt jjffi'T*'" hGRANGE, CERF & cfi
Mo S /f/ I 61 lace de la Bourse, 6
1 e o U'AUX BUREAUX du JOUKNâi
RÉDACTION : 131, rue Monïinarîre, iSfl,
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11698. — Samedi 22 Mars 1902
1" GERMINAL AN HO
ADMINISTRATION : 181, rue - tut
Adresser lettres et mandats à Vadministrateur
NOS LEADERS
ta Oiiestionjo Placemen,
Une des plus importantes fonctions
de l'Etat moderne, nous expliquent les
jeunes économistes, est de renseigner
l'opinion publique par la publication
des documents, des statistiques, que
l'administration est seule capable de se
procurer de façon complète. Une fonc-
tion nouvelle exige un organe nouveau,
et à un besoin que désormais on contes-
tera difficilement, est due la fondation,
relativement récente, de l'Office du tra-
vail.
Cet Office sera un des rouages les plus
importants du ministère du travail,
quand celui-ci sera créé. En attendant,
l'Office du travail, simple dépendance
des bureaux du commerce, a démontré
sa grande utilité en fournissant a la so-
ciologie des renseignements dont aucun
homme politique sérieux n'accepterait
dorénavant de se passer.
C'est ainsi que l'Office publie aujour-
d'hui une enquête sur le placement qui
apporte un encouragement à une œu-
vre démocratique dont l'accomplisse-
ment nous tient à cœur.
Une lettre adressée à M. Millerandpar
M. Arthur Fontaine, directeur du tra-
vail, ouvre la brochure dont nous nous
occupons. Le directeur rappelle que la
première enquête entreprise par l'Office
du travail, aussitôt sa création, en 1891,
a porté précisément sur le placement
des employés, ouvriers et domestiques,
et qu'elle a eu pour objet de faire con-
naître les institutions de placement, les
modes habituels d'embauchage.
L'ouvrage qui vient de paraître est-il
donc sans objet ? A-t-il simplement ré-
pété une tâche déjà menée à bien? Non
pas. Depuis dix ans, une grande quan-
tité de propositions de loi relatives au
placement ont été soumises au Parle-
ment; et, dit M. Fontaine « il a paru
utile de mettre à jour les résultats de
l'enquête de 1891, de noter les progrès
des diverses institutions, ainsi que les
modifications apportées aux règlements
auxquels elles sont soumises».
On sait que les plus neuves métho-
des d'investigation économique et so-
ciale diffèrent des anciennes, notam-
ment en ce qu'elles ne considèrent plus
les institutions pour ainsi dire au re-
pos, à l'état « statique », mais qu'elles
les examinent dans leur développement
naturel et qu'elles en suivent la marche,
les progrès, le « mouvement » avec
bAaueoun de nrécision.
Voilà pourquoi des recherches iden-
tiques doivent être périodiquement re-
prises. C'est ainsi qu'on arrive à donner
une base scientifique aux tentatives du
législateur.
En 1898, M. Moron, alors directeur
de l'Office du travail, a préparé, avec
le eoncours de M. Barrat, enquêteur
permanent, une seconde enquête.
Je cite, une fois encore, la lettre de
M. Arthur Fontaine : voici quello en
est la conclusion :
Les résultats de cette enquête, exposés dans
le présent volume, témoignent du progrès con-
tinu des institutions de placemeut gratuit :
bureaux municipaux, bourses do travail, etc.,
et de leurs opérations. Les employés et ou-
vriers de l'industrie ou du commerce ne for-
ment d'ailleurs qu'une faible partie de la
clientèle des bureaux de placement propre-
ment dits, laquelle se compose surtout de do-
mestiques attachés aux personnes ; c'est donc,
actuellement, à ces employés ou ouvriers que
les institutions de placement gratuit rendent
le plus de services.
Les résultats publiés dans le présent volume
sont do valeur inégale et souvent incomplets.
Rien n'oblige les institutions de placement
gratuit à faire connaître leur existence ; la
comptabilité des divers offices est généralement
sommaire, en sorte que les chiffres communi-
qués sont plutôt des évaluations que des rele-
vés exacts:, il y a beaucoup de lacunes et,
d'autre part, des doubles emplois inévitables :
par exemple, dans le compte des demandes et
des offres d'emploi.
Ces difficultés, inhérentes à la matière, ne
devaient pas empêcher l'Office du travail de
chercher à rassembler le plus de documents
possibles sur une question qui intéresse si vi-
vement les travailleurs. De là les deux en-
quêtes de 1891 et de 1898 et en outre la publi-
cation régulière dans le Bulletin de l'Office du
travail de renseignements périodiques sur
les placements effectués par les diverses insti-
tutions.
De ce que les essais tentés pour ame-
ner la suppression des bureaux de pla-
cement payants n'ont pas, jusqu'à pré-
sent, été couronnés de succès, il ne
faudrait pas conclure que les efforts de
la propagande, dans ce sens, aient été
perdus.
D'abord, le nombre des bureaux de
placement gratuit municipaux a plus
que doublé en quelques années. En 1891,
le nombre de ces bureaux était de 24
seulement, dont 11 fonctionnant dans
le département de la Seine et 13 desser-
vant la province. En 1899 l'existence
de 51 bureaux municipaux a été signa-
lée à l'Office du travail ; 18 sont affec-
tés à Paris et à la Seine; 33 sont répar-
tis entre 17 autres départements. Au
cours de la dernière année sur laquelle
des renseignements aient été fournis,
les 18 bureaux du département de la
Seine ont fait 50,000 placements à de-
meure, soit environ 2,800 placements
par bureau, tandis qu'en 1891, on n'a-
vait relevé que 900 placements à de-
meure par bureau. -
En province, 18 bureaux, qui ont fait
connaître les résultats de leurs opéra-
tions de 1899, ont effectué 3r500 place-
ments à demeure, soit environ 200 par
bureau ; la moyenne correspondante
était, en 1891, de 100 placements seule-
ment.
A côté des bureaux municipaux se
font remarquer les ^organisations des
bourses du travail. Le progrès, ici, est
encore plus manifeste. Et qu'on ne m'ac-
cuse pas de partialité. Je ne fais que co-
pier la publication officielle.
Dans les départements, on avait re-
levé, en 1891, l'existence de 10 bourses
du travail effectuant, dans l'année,
7.000 placements à demeure ; en 1897,
33 bourses effectuaient 35.000 place-
ments.
La Bourse de Paris, bien qu'elle ait
été fermée de 1893 à 1896, a opé-
ré, suivant l'Annuaire des Syndicats,
16.000 placements à demeure dès 1898
et 21.000 en 1899. Quels seraient les
résultats, si la Bourse du travail de
Paris n'eût pas été gênée dans sa mar-
che ascendante?
Un autre heureux résultat des criti-
ques que nous n'avons cessé de faire du
placement payant, a été d'amener un
grand nombre de municipalités à mo-
difier, conformément aux intérêts des
ouvriers, les arrêtés d'autorisation ren-
dus en faveur des établissements en
question. Paris, Vichy, Nico, Annonay
Honfleur, Aurillac, Bergerac, Valence,
Vernon, Toulouse, Nantes, Lens, Gray,
Fontainebleau,Saint-Germain-en-Laye,
Abbeville, Limoges, sont les principa-
les villes qui aient pris des mesures
contre l'intolérable exploitation des
placeurs. Le maire de Marseille, lui
aussi, avait signé, à ce sujet, un arrêté,
à la date du 28 décembre 1894, qui n'a
pas été approuvé.
Les dispositions les plus générales de
ces arrêtés sont les interdictions faites
au placeur : d'ouvrir un bureau com-
muniquant avec un débit de boissons ;
de nourrir et de loger les personnes à
placer ; do réclamer sa rétribution
avant un délai minimum de 15 jours
à partir de l'embauchage de l'ouvrier ;
de stipuler des redevances telles que
l'employé ou l'ouvrier placé soit réduit
à la famine.
Ce ne sont que des palliatifs et des
avantages que le hasard des élections,
amenant dans les hôtels de villes des
municipalités réactionnaires, peut an-
nuler. Une loi, supprimant une fois
pour toutes le placement payant,est né-
cessaire. C'est notre avis, et c'est l'avis
du ministre du commerce. Il n'en est pas
moins vrai que les résultats obtenus
jusqu'à présent sont de nature à nous
réjouir. Nous ne sommes plus loin,
certes, du jour où nous obtiendrons
complètement justice.
Hugues Destrem.
———————————— ————————————
PAROLES DE KRUGER
Krûger a parlé ; il a dit à UD
journaliste français, à un ré-
dacteur du Alatin, les raisons
qu'il avait de croire au triomphe
définitif de la cause de son peu-
ple ; ces raisons se résument
en ceci : qu'il ne doute en au
cune façon de la victoire, parce que les
burghers ont le droit pour eux. Qu'est-ce
ce que M, Chamberlain peut espérer tirer
d'un peuple qui croit que le droit est in-
tangible et qui méprise l'iniquité basée sur
la force?
Et comment fera-t-il pour aliéner l'opi-
nion universelle à un peuple qui, en pleine
guerre d'invasion, s'élève à la hauteur mo-
rale qu'indiquent ces paroles : cc Que la
brutalité se déchaîne ; que des jugements
barbares soient exécutés de façon barbare;
qu'on mette à mort les héros de la liberté ;
qu'on ait la cruauté de forcer nos amis à
assister à ces supplices ; que le droit soit
violé ; que les innocents soient opprimés :
soyons sans peur. Nos femmes et nos
enfants sont réduits à la captivité, à la pro-
fonde misère et même livrés à la mort. On
espère, de cette façon, exterminer notre
race. Soyons sans peur ; mais ne rendons
pas le mal pour le mal : si nos prisonniers
sont bannis et même exécutés, ne suivons
pas ce mauvais exemple. » ?
Et ils ont relâché lord Methuen. Et, en
vertu de ce fait qu'ils ont le droit pour eux,
ils s'écrient : « La victoire nous appartient ;
il n'en peut être autrement. ))
Ce qui précède montre, en même temps
que la beauté de la conscience des Boers,
l'énergie indomptable des combattants ;
voici pour la réalité des faits; le président
Krager dit
« On persuade à la crédulité du peuple
britannique que les autorités civiles et mi-
litaires de l'Angleterre sont maîtresses des
deux républiques, les administrent et les
gouvernent. Or, les Anglais ne sont mai
très que des emplacements où stationnent
leurstroupes. Partout ailleurs, et notrepays
est vaste, l'autorité est aux mains de nos
magistrats.
« La conquête ne progresse pas ; elle re-
cule. »
Qu'est ce que M. Chamberlain espère
d'un tel peuple? Et quel sera le réveil du
peuple anglais, le jour, le jour prochain,
où lui sera démontré le mensonge dont on
le berce ? — Ch. B.
, es ni—————
Efi ALGÉRIE
Alger, 20 mars.
Une dépêche particulière de Duveyrier à un
journal d'Algérie rapporte que la mission ma-
rocaine aurait dû rebrousser chemin jusqu'au
camp des Beni-Ounif, en présence de l'attitude
hostile de la tribu des Doui-Menia.
La dépêche ajoute que les indigènes révoltés
auraient refusé le paiement des impôts et se
seraient livrés à des violences à la suite des-
quelles un officier marocain de la mission au-
rait ou la main coupée.
Ces nouvelles sont controuvées. Si la mis-
sion est revenue chez les Beni -Ounif, c'est
parce que ses travaux subissent un temps d'ar-
rêt. conséquence des fêtes marocaines. Quant à
l'officier blessé à Aid-el-Kébir, il l'a été en dé-
L bouchan^uae IwutôUleJl y a quelques jours.
BALS MASQUES
ET TRAVESTIS
Leur origine. — Leur ancienne vogue.
La danse à la cour et chez les par-
ticuliers. — Les premiers bals
publics. — Les bals de l'O-
péra sous l'empire. -
Ceux de nos jours.
Ce genre de divertissements, dont l'institu-
tion est essentiellement française, a fait son
apparition vers la fin du XIVe siècle. Le pre-
mier bal costumé dont les chroniqueurs aient
fait mention est en effet celui qui fut donné
pendant le carnaval de 1398 à l'hôtel Saint-
Paul et dans lequel Charles VI, déguisé en
sauvage, faillit être brûlé vif.
Sous Henri IV, le bal masqué était en pleine
vogue, et il ne se passait pas d'hiver sans qu'il
y en eût plusieurs et de très brillants à la cour.
Louis XIV, qui figurait en personne dans les
ballets donnés à Versailles, préférait les danses
d'apparat aux bals proprement dits, très à la
mode sous le règne de Louis XV. A cette épo-
que, on dansait partout et à tout propos,aussi
bien à la cour que dans les salons bourgeois.
Aussi la bal cessa-t-il peu à peu d'être le plai-
sir privilégié des grands seigneurs ; chacun
voulut se livrer à co divertissement qui devint
bientôt le complément obligé de toute fête, de
toute noce, do toute réjouissance populaire.
Les bals publics
Le premier bal public masqué et travesti fut
celui de l'Opéra, inauguré le 31 décembre 1715.
Son succès fut immense et s'accrut jusqu'au
jour où certains industriels eurent l'idée d'ou-
vrir des établissements et des jardins dans
lesquels la jeunesse pouvait venir prendre ses
ébats et qu'ils exploitaient à leur profit. C'est
ainsi qu'à partir de 1766 on vit se créer suc-
cessivement : les Porcherons, le Vaux-Hall, le
Colisée, le Ranelagh, le jardin des Grands-Mar-
ronniers, la Grande-Chaumière, le Grand-Sa-
lon, la Cour tille, lIfabille, le Château-Rouge,
la Claserie des Lilas, Bullier, le Jardin de
Paris, le Moulin-Rouge, le Moulin de la Ga-
lette, etc., etc.
Nous ne parlerons que pour mémoire du
« Bal des Victimes », fantaisie macabre, insti-
tuée au lendemain de la Révolution, et auquel
ne pouvaient prendre part que ceux qui avaient
eu au moins un des leurs mort sur l'échafaud.
Les bals sous l'empire. — Terrible
incendie.
A ce divertissement d'un goût douteux
suceédèreni les bals, sous le premier empire, à
l'occasion des glorieuses campagnes de l'armée
française, mais dont l'un malheureusement se
termina par un événement tragique: le 2 juil-
let 1810, l'ambassadeur d'Autriche, le princede
Schwartzenberg, célébrait par un bal magnifi-
que le mariagede l'archiduchesse Marie-Louise
avec Napoléon, lorsqu'au moment où le bal
battait son plein, le feu se déclara dans l'un
des salons de l'ambassade. Malgré la prompti-
tude des secours, l'incendiepritdes proportions
effroyables et de nombreux invités y trouvè-
rent la mort. Parmi les victimes se trouva la
belle sœur de l'amphitryon, et ce n'est que par
un hasard providentiel qu'on put sauver l'im-
peratrice, Quant à l'empereur, il ne quitta le
lieu du sinistre que quand tout danger eut dis-
paru.
A l'Opéra
Mais revenons aux bals masqués de l'Opéra,
qui. au début, avaient lieu trois fois la se-
maine, et dont l'entrée coûtait six livres.
1res suivis, ces bals étaient surtout fréquentés
par le monde élégant qui se donnait rendez-
vous à l'Académie do musique, située à cette
époque rue de Louvois. Peu à peu, cependant,
comme l'a dit un chroniqueur, ils « s'enca-
naillèrent », et l'on vit les Altesses royales,
les marquises et les duchesses coudoyer les
simples bourgeoises et les femmes entretenues.
Louis XV, Louis XVI, Marie-Antoinette,
Napoléon 1", Joséphine se montrèrent à tour
de rôle à l'Opéra, ne craignant pas de se mâler
à la foule des masques.
Supprimés à la Révolution, les bals masqués
ne reparurent qu'à la fin du Directoire. Sous
la Restauration, les déguisements passèrent de
mode et les gens selects ne parurent plus à
l'Opéra qu'en domino et en habit noit. La mas-
carade se réfugia dans les établissements de
second ordre, aux Variétés, à la Renaissance,
à Valentino, etc.
La grande époque des bals masqués do l'Opéra
a été de 1820 à 1860. Leur splendeur, leur ani-
mation, leur popularité tinrent à deux hom-
mes extraordinaires : Musard et Chicard.
Musard était ce chef d'orchestre surnommé le
« Napoléon du galop », qui avait le talent d'é-
lectriser les danseurs et de les exciter à faire
les contorsions les plus indescriptibles. Quant
à Chicard, de son vrai nom Alexandre Lévê-
que, c'était l'âme du bal, un baute-en-train
sans égal. Il éblouissait la foule par ses costu-
mes, sa verve endiablée et ses danses fantai-
sistes. Et si Musard a trouvé dans Strauss un
sosie, Chicard, lui, n'a pas eu son pareil, car
les Pritchard, les Fumoron, les Clodoche, les
Brididi, les Pipe-en-bois, qui ont voulu l'imi-
ter, n'ont jamais eu ni l'esprit, ni le chic, ni la
science chorégraphique de leur inoubliable
prédécesseur.
De nos jours
Les bals de l'Opéra ont perdu de leur éclat et
de leur gaîté. On n'y est plus témoin de ces
farces carnavalesques qu'imaginait la jeunesse
d'autrefois et que Gavarni, un fanatique de ces
bals, illustra avec tant d'esprit et de verve.
Sauf les travestis à gages, le public se montre
froid, et l'on n'entend plus dans la foule ces
saillies spirituelles dont nous rappellerons, en
terminant, l'une des plus brillantes, et peut-
être des moins connues :
Un domino, reconnaissant Roger de Beauvoir
à la terrasse d'un café du passage de l'Opéra,
lui cria : « Bonne nuit, Roger I » Aussitôt ce-
lui-ci de tirer son portefeuille et de lui ripos-
ter par ce quatrain :
Votre souhait va bien me chagriner.
Entre nous convenez qu'il n'est pas fort honnête :
Nous n'aimons pas qu'on nous souhaite
Ce que l'on pourrait nous donner !
Alfred de Yaulabelle.
— ^ii
LE MANDAT DE SIX ANS
Le groupe sénatorial de la gauche démocra-
tique. réuni sous la présidence de M. Bonne-
foy-Sibour. vice-président, a décidé de soutenir
devant le Sénat le projet voté par la Cham-
bre et tendant à la prolongation à six ans du
mandat des députés.
Mais il s'est également prononcé pour le
renouvellement partiel de la Chambre par
moitié.
LA QUESTION DU GAZ
La vingt-deuxième commission d'intérêt lo-
cal s'est réunie bier, au Palais-Bourbon, sous
la présidence de M. ;olliard, pour examiner
le projet relatif au régime du gaz à Paris.
Le procès-verbal qu'elle communique aux
journaux est ainsi conçu :
Après une courte discussion, la commission a
décidé de se réunir à nouveau aujourd'hui pour
entendre diverses personnes, qui ont demandé à
présenter des observations.
M ComiirJl----çlÓ nommé rapporteur.
Nous compléterons ce procès-verbal en di-
sant que la commission est d'avis de faire un
rapport à la Chambre à bref délai, afin de la
mettre en état de statuer.
Aujourd'hui elle entendra M. Gilbert Bou-
cher, an nom d-'UD .gl'{)upe d'actionnaires pro-
testataires, MM. Allemane et Berthelot, dé-
putés de Paris, et les délégués et ouvriers
du gaz.
LA NOTE FRANCO-RUSSE
M. Denys Cochin, député de la Seine, a avisé
hier matin le ministre des affaires étrangères
de son intention de lui adresser une question
sur la note remise par la France et la Russie,
relativement au traité anglo-japonais.
M. Delcassé a accepté de répondre lundi à
cette question.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DEPECHES
LE CLAIRON DE COLENSO
(De notre correspondant particulier)
Londres, 20 mars.
On se rappelle le clairon Dunwe,du régimant
des fusiliers de Dublin, qui sonnait la charge
à Colenso et qui, rentré du Transvaal, fut cé-
lébré dans tous les cafés-concert de Londres.
Or, le pauvre homme vient d'être mis à la ré-
forme, sans droit à aucune retraite. Ses cama-
rades ont fêlé son départ du régiment et, à
cette occasion, ont manifesté si bruyamment
leurs sentiments que la joyeuse compagnie, y
çompris le héros do Colenso, a été conduite au
poste. Tous ont été condamnés à huit jours do
prison. On n'a pas même fait exception pour
Dunwe, malade des suites de la campagae.
——
LE COMTE JOSEPH POTOCZKY
(De notre correspondant particulier)
Varsovie, 20 mars.
Le comte Joseph Potoczky, qui perdit trois
millions de francs dans une partie de bacca-
rat au Jockey-Club de Vienne, devra proba-
blement se faire ampuler une jambe. On se
rappelle qu'il avait été victime d'un accident
de chasse et qu'il s'était fracturé le tibia do la
jambe gauche.
CHEVAUX SAUVAGES AU TRANSVAAL
(De notre correspondant particulier)
Durban, 20 mars.
Le général Plummeret lecolonel Wing.de re-
tour d'une expédition, rapportent avoir ren-
contré de nombreux troupeaux de chevaux
sauvages entre Standerton et Roberts Drift; la
plupart de ces chevaux, échappés pendant les
opérations, se sout réfugiés dans la vallée du
Vaal.
Les Anglais en ont capturé un certain nom-
bre, mais revenus, à l'état sauvage,leur dres-
sage a été impossible.
Les Mystères de la Maison Blanche
(De notre correspondant particulier)
New-York,20 mars.
Le monde politique fut, pendant quelque
temps, vivement intrigué par certaine visite
mvstérieuse faite à la Maison Blanche. Le pré-
sident Roosevelt rocevait presque tous les
matins un certain O'Brien, de Boston, avec le-
quel il s'enfermait pondant une heuré. On
vient d'apprendre que ce personnage est un
professeur en athlétisme et que tous les matins
il engage la lutte avec le chef d'Etat. On ne
dit rien du triomphateur.
■ ■■ ■.■■■ — ■■
L'AGITATION EN RUSSIE
-
(De notre correspondant particulier)
Leipzig, 20 mars.
Des délégués des organisations d'étudiants do
toute la Russie ont réussi à tenir, ces jours-
ci. un congrès secret.
Des décisions très importantes pour le mou-
vemont révolutionnaire y ont été prises.
LES DÉPUTÉS DE LA SEINE
Les députés de la Seine se sont réunis hier
pour examiner les questions qui intéressent
Paris.
Ils se sont mis d'accord sur la question des
patentes, des taxes de remplacement, ont com-
mencé à discuter la question du gaz, en pré-
sence de la délégation de l'Hôtel de Ville, et
ont renvoyé à uno séance ultérieure la conti-
nuation de la discussion.
LE SINISTRE DE LA RUE MONTMARTRE
Les Femmes de France
Nous recevons de Mme Marest, la dévouée direc-
trice du groupe du 28 arrondissement de l'Union
des Femmes de France, une lettre intéressante,
dont voici les passages essentiels :
Comme directrice du groupe du 2e arrondis-
sement de l'Union des Femmes de France,
j'ai pu obtenir du Comité directeur de notre
œuvre une somme de Cinq cents francs actuel-
lement versée à la mairie du 2" arrondisse-
ment à titre de secours aux victimes des dé-
sastres publics, et au profit des victimes de
l'incendie de la rue d'Uzès.
Si, souvent, notre œuvre sollicite pour nos
soldats, vous pouvez voir qu'à l'occasion nous
savons aussi donner, et je viens: Monsieur le
Rédacteur, vous demander si par la voie de
votre journal vous voudriez bien le faire con-
naître à l'opinion publique, ce qui serait très
intéressant pour tout le monde et ce dont je
vous remercie à l'avance.
On savait déjà que les Femmes de France n'ont
pas un dévouement étroit et exclusif, mais nous
sommes heureux d'en pouvoir fournir cette nou-
velle preuve.
————————————— e ————————————.
LA TURQUIE ET LA BULGARIE
Conslanlinople, 19 mars.
La Porte a adressé à ses représentants au-
près des grandes puissances une circulaire au
sujet des affaires de Macédoine, en les priant
de solliciter l'intervention amicale des puis-
sances auprès du gouvernement do Sofia.
LES CONGREGATIONS
En Espagne
Madrid, 20 mars.
C'est aujourd'hui qu'expire le délai fixé pour
l'application du décret relatif aux congréga-
tions religieuses. A ce propos VImparcial dit
quo le nouveau cabinot aurait dû se réunir
hier en conseil pour décider cette application
du décret.
Il ajoute que ce gouvernement est beaucoup
pins libéral que le précédent: aussi est-il
obligé de faire exécuter ce décret.
Suivant la Corresnondencia, le premier
conseil des ministres s'occupera de celte ques-
Uon.
A LA CHAMBRE
L'affichage électoral. — Votes contra-
dictoires. — Débats dénueb de sanc-
tiolb, - Tout.-à redoinmencer.
Pour une journée perdue, voilà une journée
perdue. Employer plusieurs heures à voter les
différents points d'une réglementation de l'af-
fichage électoral ; s'apercevoir, après coup, que
la loi ainsi mise au monde est infirme et ban-
cale: rejeter en bloc ce qu'on avait adopté en
détail ; finalement, renvoyer tous les amende-
ments à la commission : telle a été l'œuvre des
députés, au milieu d'une agitation aussi bruyante
qu'inutile. C'est à de si beaux résultats que
conduit une méthode de travail insuffisante et
un zèle plus fougueux que réfléchi.
Il est juste de résumer très brièvement ces
débats dénués de sanction.
La commission proposait un article 1" ainsi
conçu :
Des emplacements sont mis à la disposition de
tous les candidats dans toutes les villes de plus de
10,000 habitants. Ces cadres ou emplacements de-
vront répondre aux conditions suivantes :
1° Chaque emplacements ou cadre aura une sur-
face de deux mètres carrés : 2° leur nombre sera
strictement le même pour chaque candidat; 3- ils
seront placés exactement dans les mêmes condi-
tions d'exposition aux yeux du public, les uns à
côté des autres ; 4' les lieux réservés, en plus ou
moins grand nombre pour le groupement des em-
placements ou cadres réservés, devront être suffi-
sants pour que tous les candidats soient dans des
conditions d'égalité absolue.
M. Paul Faure a développé un amendement
destinées à étendre les effets de la loi à toutes
les communes, quelle que fût leur population.
Il a obtenu gain de cause par 308 voix con-
tre 229.
M. Gauthier de Clagny a jugé qu'il fallait
menacer d'une amende la maire qui refuserait
de désigner à un candidat les emplacements
ou les cadres auxquels il a droit. M. Gauthier
de Clagny estimait nécessaire une amende de
500 à 5,000 francs.
M. Leygues a dit que la révocation était la
sanction nécessaire et suffisante.
Les chiffres de 500 à 5,000 francs ont été
repoussés.
M. Gauthier de Clagny a demandé au
moins une petite amende de 50 à 500 francs.
On lui a accordé par 268 contre 226 cette sa-
tisfaction.
M. Galpin a décidé la Chambre à mettre à la
charge de l'Etat les frais des cadres réservés
aux candidats.
Cela a été voté par 347 voix contre 133.
Par 410 voix contre 36, les candidats ont été
munis du droit d'afficher où il leur plairait
quand le maire aurait refusé de désigner un
emplacement.
Il s'agissait de se prononcer sur l'ensemble.
C'est alors que MM. de Rohan, Bertrand, Ba-
baud-Lacroze, se sont aperçus des difficultés
d'application de la loi dans les communes ru-
rales.
M. Guyot-Dessaigne a dit très nettement:
M. Guyot-Dessaigne. — La commission
voulait que la loi ne fût applicable qu'aux commu-
nes de 10.000 habitants. La loi était morte depuis le
moment où l'on a décidé qu'elle s'appliquerait à
toutes les communes. Je voterai contre l'article
premier. (Rires et applaudissements.)
M. Malaspina a demandé que la loi ne fut
appliquée qu'aux communes de plus de 10.000
habitants.
Le principe de cet amendement semblait
généralement approuvé. Cependant, comme la
Chambre venait, suivant le mot de M. Des-
chanel « de veter le contraire », la proposi-
tion de M. Malaspina a été écartée. Lensem-
ble du projet a été repoussé par 313 voix con-
tre 199.
Divers amendements étaient déposés. Il était
lard et l'on risquait d'aboutir à un nouveau
cul-de-sac. Tout a été renvoyé à la commis-
sion.
Et de rire, et d'applaudir et do crier : « C'est
ridicule! » Sapristi, il n'y a pas là de quoi se
vanter.
Série de votes
M. Emile Chauvin, au début de la séance,
avait déposé une proposition de loi suppri-
mant sur les champs de courses le pari au
livre, et ne tolérant que le pari mutuel.
L'urgence a été prononcée, et la proposition
a été renvoyée à la commission de législation
fiscale.
Diverses lois d'affaires ou d'intérêt local ont
ensuite été adoptées.
Puis, on a discuté une interpellation de
M. Théodore Denis sur les inconvénients du
décret sur la tuberculose bovine.
Cette discussion a été marquée par une dis-
sertation assez comique de M. de Mcntebello
sur les « vaches tuberculosées, le bétail officiel
et le bétail d'opposiiion ».
En deux mois, M. Jean Dupuy a indiqué
qu'il ne prenait pas au sérieux de telles fan-
taisies.
Et, en dépit des efforts de M. de Montebello,
l'ordre du jour pur et simple a réuni 329 voix
contre 224.
A noter, pour finir, le vote de la proposition
de loi de M. Ferdinand Rabier, ayant pour
objet d'ajouler à l'article 103 du Code de com-
merce un paragraphe pour maintenir dans les
tarifs spéciaux des compagnies do chemins de
fer la responsabilité prévue par cet article.
B. D.
AU SÉNAT
Le budget. — L'alliance russe. — Dis-
cours du ministre des affaires
étrangères.
Suite de la discussion générale. M. de La-
marzelle, en bon réactionnaire, accuse la dé-
mocratie d'être un régime coûteux. On entend
ce dialogue :
Bref, nous vivons sur notre fortune acquise, sur
notre bas de laine, comme le disait récemment M.
Witte, le ministre des finances de Russie.
Le ministre des finances. — Les propos
auxquels vous faites allusion viennent d'être dé-
mentis par un communiqué officieux du Journal
de Saint-Pélersbourg.
M de Lamarzelle, — Je m'en doutais.
Ainsi, M. de Lamarzelle apportait à la tri-
bune des renseignements qu'il soupçonnait
d'être démentis. Mais il faut bien dire quelque
chose quand on est le porte-parole de l'oppo-,
sition.
Quelques sénateurs posent au gouvernement
diverses questions sur sa politique étrangère.
M. Delcassé a trouvé 1 occasion de pronon-
cer un grand discours qui a forcé ses adver-
saires eux-mêmos à l'applaudir.
La France et l'Italie
J'ai vu avec plaisir, dit-il, que le rapporteur se
félicitait des sentiments de cordiale conliance qui
existent entre la France et l'Italie. Nous nous ef-
forçons de faire disparaître les malentendus et le
mémo effort est fait du côte de l'Italie. Aucune
cause gT.ve n'exige que la France et l'Italie vivent
en état d'hostilités.
Cette constatation a été faite des deux côtés des
Alpes pour assurer à nos relations nouvelles un
long avenir. Il faut mettre notre politique générale
de plus en plus en harmonie avec l'esprit qui a pré-
sidé à ce rapprochement.
L'Angleterre et le Japon
Nous ne pouvons qu'exprimer notre satisfaction
des principes proclamés dans l'accord aaglo-japo-
&&!&. -
A la suite de cet accord sont tombées les dernières
résistances à la politique des alliances.
Il est reconnu aujourd'hui par tous qu'il est
nécessaire de contracter des alliances. Si à la com-
munauté d'intérêts on ajoute Ir. communauté de
sentiments, on tonde l'alliance la plus solide qu'il
soit.
L'alliance russe
C'est là le secret de la force de notre alliance avec
la Russie. L'alliance doit durer parce qu'elle réunil
les conditions de durée.
C'est ce qu'a signifié la seconde visite de l'em-
pereur de Russie; c'est ce que signifiera le pro-
chain voyage de M. le Président de la Républi-
que apportant à notre alliée le salut cordial de la
France.
Au Transvaal
M. Halgan réclame en faveur des Boers, ei
M. Le Provost de Launay en faveur des volon-
taires trauçais tombés aux mains des An-
glais.
M. Delcassé répond:
M. Delcassé. -Parmi les personnalités dont
il s'agit, il y en a qui ont été prises les armes à la
main et pour lesquelles aucune contestation n'est
possible. D'autres étaient à Johannesburg en vertu
de permis de séjour après avoir fait serment de
neutralité.
Ces personnes ont été cependant arrêtées sotrs
prétexte de manœuvres auxquelles elles se sont
livrées.
Nous estimons qu'un prisonnier ne peut être fait
que sur le champ de bataille. L'Angleterre ne re-
connaît pas l'exactitude de cette thèse. Cependant
deux de ces prisonniers ont été mis en liberté.
D'autres sont eu liberté sur parole; il n'en reste
plus qu'un seul pour lequel une solution n'est pas
encore intervenue, mais nous y employons tous
nos efforts.
En ce qui concerné les camps de concentration,
le gouvernement anglais m'a avisé qu'il donnait
toutes facilités pour le passage de vivres et d'objets
demandés par le comité français.
C'est un adversaire, M. Le Provost de Lau-
nay, qui se sent forcé, en toute loyauté,de ren-
dre justice à M. Delcassé :
M. Le Provost de Launay. — Je ne dé-
poserai pas d'ordre du joui, mais je constate l'ap-
probation unanime donnée par leSénat aux paroles
que j'ai prononcées et à la réponse si pleine de
bon sens et si patriotique que vient de me faire le
ministre.
Le Sénat adopte les chapitres des budgets
des postes et télégraphes et des travaux pu-
blics et s'ajourne à aujourd'hui. — H. D.
AVANT LE VOYAGE EN RUSSIE
Remise de la lettre autographe de
M. Loubet. — Une attention déli-
cate. — Les préparatifs
Saint-Pétersbourg, 20 mars.
Le marquis de Montebello, ambassadeur de
France, a été reçu mardi par le tsar, à qui il a
ramis la lettre autographe de M. Loubet tou-
chant le prochain voyage du Président de la
République en Russie.
Le tsar a exprimé, en termes très aimables,
à l'ambassadeur, toute la satisfaction qu'il
éprouvera de revoir le Président de la Répu-
blique.
Bruyère fleurie
Brest, 20 mars.
Le ministre de la mirine viendra à Brest
dans le courant d'avril pour visiter les amé-
nagements effectués à bord des navires de l'es-
corte présidentielle.
Le Guichen commencera mardi ses essais de
machines. On ne prévoit aucun mécompte, les
machines étant eu très bon état.
En raison de U faveur quo la tsarine accorde
à la bruyère, ordre a été donné de réunir une
certaine quantité de plants de bruyère fleurie
qui seront mis à bord du Montcalm.
LA SANTE DE M. WALDECK-ROUSSEAU
L'état de santé du président du conseil est
de plus en plu& satisfaisant. Le docteur Poirier
a enlevé hier matin lu bandage qui recouvrait
les plaies de la lêle. Ces plaies sont maintenant
presque complètement cicatrisées.
Le rétablissement du président du conseil
sera complet à la fin de la semaine et l'on
pense quo M. Waldeck Rousseau pourra par-
ticiper aux travaux parlementaires à partir
de lundi prochain.
TROiS EHFItNTS CKRBOKIStS
Incendie d'une ferme. — Secours im-
possibles. — Danb les flammes.
Privas, 20 mars.
Un incendie d'une violence iooule a détruit
une ferme située dans la commune de Roche-
paule.
Le fermier et sa femme étant occupés aux
champs avaient laissé à la maison leurs trois
enfants âgés respectivement de 4 bU. 2 ans,
et 7 mois. Le feu prit, penddut leut absence,
dans la cuisine et eu peu d'instants toute la
maison était en flammes.
Quand le fermiet et sa femme aperçurent
l'incendie. i: était trop tard pour qu'ils pussent
porter secours aux troib pauvres petits enfer-
més dans la maison.
Les malheureux parents durent assister,
impuissants, à la terrible mort de leurs en-
fants.
La ferme, étant éloignée de toute habitation,
ce ne fut que trè9 longtemps après que les po-
pulations de:) environs purent arriver sur le
lieu du sinistre.
Dans les décombres, on retrouva les corps
presque complètement carbonisés des trois pe-
tits enfants.
CHEZ LES ARTISTES
Jury de la Société des artistes français
La Société des artistes français a constitué,
hier, ainsi qu'il suit, son jury de peinture pour
le prochain Salon :
Président du jury : M. Jean-Paul Laurens.
M. Adam, Bonnat, Humbert, Tattegrain, Jules
Lefebvre, V. Gilbert, Rochegrosse, Bail, Roybet,
Busson, Petitjeau, Glaize" R. Collin, Zuber, Julien
Dupré, Boutiguy, Wencker, Schommer, Gervais,
Tbirion.
Le jury du prochain Salon
Le jury de peinture de la Société nationale
des Beaux-Arts a été constitué définitivement
hier malin, et il a fonctionné immédiatement,
pour la réception des toiles.
Voici comment il est composé:
Président, Lhermitte ; vice-président, Courtois ;
secrétaires, Bastien-Lepage et Alaux ; membres :
Courant, J. Blanche, La Gandara, J. Tissot, Da-
moye, G. Colin, Firmin Girard, Grivot.Durst, Louis
Picard, La Touche, Carolus Duran. Besnard, Jeab
Béraud, Dubufe et Mme Madeleine Lemaire.
A l'école des Beaux-Arts
Le jugement du premier concours de 190S
organisé par le comité des dames de l'Union
centrale des arts décoratifs, entre les dames et
jeunes filles des écoles de dessin, a donné les
résultats suivants :
Sujet: Dessin d'un fichu Marie-Antoinette.
1" prix : Mlle Marguerite Aynard.; 2* prix, ex-
œquo : Mlles Dessaux et Girod ; y prix, Mlle Char-
lote Camperos.
1'" mentions, ex-cçquo ; Mlles Lucy Marchan.
dise, Jeanne Cartier, Jeanne Piogé, Jeanne Fermey;
2' mentions, e.t.œqt¡o : Mme Bethmont, Mlles Alice
Blondé, Henriette Delillier ; 3' mention : Mlle Gear-
gette Roy.
L'eiposition publique des projets ssça ou*
FoNDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS i
Ifll mois Trois mois StïMit (ta &B
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
2 6— 4 A — 20 —
f^aa Poa&te. 8 — a Io 32 —
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES
°f"pCt jjffi'T*'" hGRANGE, CERF & cfi
Mo S /f/ I 61 lace de la Bourse, 6
1 e o U'AUX BUREAUX du JOUKNâi
RÉDACTION : 131, rue Monïinarîre, iSfl,
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11698. — Samedi 22 Mars 1902
1" GERMINAL AN HO
ADMINISTRATION : 181, rue - tut
Adresser lettres et mandats à Vadministrateur
NOS LEADERS
ta Oiiestionjo Placemen,
Une des plus importantes fonctions
de l'Etat moderne, nous expliquent les
jeunes économistes, est de renseigner
l'opinion publique par la publication
des documents, des statistiques, que
l'administration est seule capable de se
procurer de façon complète. Une fonc-
tion nouvelle exige un organe nouveau,
et à un besoin que désormais on contes-
tera difficilement, est due la fondation,
relativement récente, de l'Office du tra-
vail.
Cet Office sera un des rouages les plus
importants du ministère du travail,
quand celui-ci sera créé. En attendant,
l'Office du travail, simple dépendance
des bureaux du commerce, a démontré
sa grande utilité en fournissant a la so-
ciologie des renseignements dont aucun
homme politique sérieux n'accepterait
dorénavant de se passer.
C'est ainsi que l'Office publie aujour-
d'hui une enquête sur le placement qui
apporte un encouragement à une œu-
vre démocratique dont l'accomplisse-
ment nous tient à cœur.
Une lettre adressée à M. Millerandpar
M. Arthur Fontaine, directeur du tra-
vail, ouvre la brochure dont nous nous
occupons. Le directeur rappelle que la
première enquête entreprise par l'Office
du travail, aussitôt sa création, en 1891,
a porté précisément sur le placement
des employés, ouvriers et domestiques,
et qu'elle a eu pour objet de faire con-
naître les institutions de placement, les
modes habituels d'embauchage.
L'ouvrage qui vient de paraître est-il
donc sans objet ? A-t-il simplement ré-
pété une tâche déjà menée à bien? Non
pas. Depuis dix ans, une grande quan-
tité de propositions de loi relatives au
placement ont été soumises au Parle-
ment; et, dit M. Fontaine « il a paru
utile de mettre à jour les résultats de
l'enquête de 1891, de noter les progrès
des diverses institutions, ainsi que les
modifications apportées aux règlements
auxquels elles sont soumises».
On sait que les plus neuves métho-
des d'investigation économique et so-
ciale diffèrent des anciennes, notam-
ment en ce qu'elles ne considèrent plus
les institutions pour ainsi dire au re-
pos, à l'état « statique », mais qu'elles
les examinent dans leur développement
naturel et qu'elles en suivent la marche,
les progrès, le « mouvement » avec
bAaueoun de nrécision.
Voilà pourquoi des recherches iden-
tiques doivent être périodiquement re-
prises. C'est ainsi qu'on arrive à donner
une base scientifique aux tentatives du
législateur.
En 1898, M. Moron, alors directeur
de l'Office du travail, a préparé, avec
le eoncours de M. Barrat, enquêteur
permanent, une seconde enquête.
Je cite, une fois encore, la lettre de
M. Arthur Fontaine : voici quello en
est la conclusion :
Les résultats de cette enquête, exposés dans
le présent volume, témoignent du progrès con-
tinu des institutions de placemeut gratuit :
bureaux municipaux, bourses do travail, etc.,
et de leurs opérations. Les employés et ou-
vriers de l'industrie ou du commerce ne for-
ment d'ailleurs qu'une faible partie de la
clientèle des bureaux de placement propre-
ment dits, laquelle se compose surtout de do-
mestiques attachés aux personnes ; c'est donc,
actuellement, à ces employés ou ouvriers que
les institutions de placement gratuit rendent
le plus de services.
Les résultats publiés dans le présent volume
sont do valeur inégale et souvent incomplets.
Rien n'oblige les institutions de placement
gratuit à faire connaître leur existence ; la
comptabilité des divers offices est généralement
sommaire, en sorte que les chiffres communi-
qués sont plutôt des évaluations que des rele-
vés exacts:, il y a beaucoup de lacunes et,
d'autre part, des doubles emplois inévitables :
par exemple, dans le compte des demandes et
des offres d'emploi.
Ces difficultés, inhérentes à la matière, ne
devaient pas empêcher l'Office du travail de
chercher à rassembler le plus de documents
possibles sur une question qui intéresse si vi-
vement les travailleurs. De là les deux en-
quêtes de 1891 et de 1898 et en outre la publi-
cation régulière dans le Bulletin de l'Office du
travail de renseignements périodiques sur
les placements effectués par les diverses insti-
tutions.
De ce que les essais tentés pour ame-
ner la suppression des bureaux de pla-
cement payants n'ont pas, jusqu'à pré-
sent, été couronnés de succès, il ne
faudrait pas conclure que les efforts de
la propagande, dans ce sens, aient été
perdus.
D'abord, le nombre des bureaux de
placement gratuit municipaux a plus
que doublé en quelques années. En 1891,
le nombre de ces bureaux était de 24
seulement, dont 11 fonctionnant dans
le département de la Seine et 13 desser-
vant la province. En 1899 l'existence
de 51 bureaux municipaux a été signa-
lée à l'Office du travail ; 18 sont affec-
tés à Paris et à la Seine; 33 sont répar-
tis entre 17 autres départements. Au
cours de la dernière année sur laquelle
des renseignements aient été fournis,
les 18 bureaux du département de la
Seine ont fait 50,000 placements à de-
meure, soit environ 2,800 placements
par bureau, tandis qu'en 1891, on n'a-
vait relevé que 900 placements à de-
meure par bureau. -
En province, 18 bureaux, qui ont fait
connaître les résultats de leurs opéra-
tions de 1899, ont effectué 3r500 place-
ments à demeure, soit environ 200 par
bureau ; la moyenne correspondante
était, en 1891, de 100 placements seule-
ment.
A côté des bureaux municipaux se
font remarquer les ^organisations des
bourses du travail. Le progrès, ici, est
encore plus manifeste. Et qu'on ne m'ac-
cuse pas de partialité. Je ne fais que co-
pier la publication officielle.
Dans les départements, on avait re-
levé, en 1891, l'existence de 10 bourses
du travail effectuant, dans l'année,
7.000 placements à demeure ; en 1897,
33 bourses effectuaient 35.000 place-
ments.
La Bourse de Paris, bien qu'elle ait
été fermée de 1893 à 1896, a opé-
ré, suivant l'Annuaire des Syndicats,
16.000 placements à demeure dès 1898
et 21.000 en 1899. Quels seraient les
résultats, si la Bourse du travail de
Paris n'eût pas été gênée dans sa mar-
che ascendante?
Un autre heureux résultat des criti-
ques que nous n'avons cessé de faire du
placement payant, a été d'amener un
grand nombre de municipalités à mo-
difier, conformément aux intérêts des
ouvriers, les arrêtés d'autorisation ren-
dus en faveur des établissements en
question. Paris, Vichy, Nico, Annonay
Honfleur, Aurillac, Bergerac, Valence,
Vernon, Toulouse, Nantes, Lens, Gray,
Fontainebleau,Saint-Germain-en-Laye,
Abbeville, Limoges, sont les principa-
les villes qui aient pris des mesures
contre l'intolérable exploitation des
placeurs. Le maire de Marseille, lui
aussi, avait signé, à ce sujet, un arrêté,
à la date du 28 décembre 1894, qui n'a
pas été approuvé.
Les dispositions les plus générales de
ces arrêtés sont les interdictions faites
au placeur : d'ouvrir un bureau com-
muniquant avec un débit de boissons ;
de nourrir et de loger les personnes à
placer ; do réclamer sa rétribution
avant un délai minimum de 15 jours
à partir de l'embauchage de l'ouvrier ;
de stipuler des redevances telles que
l'employé ou l'ouvrier placé soit réduit
à la famine.
Ce ne sont que des palliatifs et des
avantages que le hasard des élections,
amenant dans les hôtels de villes des
municipalités réactionnaires, peut an-
nuler. Une loi, supprimant une fois
pour toutes le placement payant,est né-
cessaire. C'est notre avis, et c'est l'avis
du ministre du commerce. Il n'en est pas
moins vrai que les résultats obtenus
jusqu'à présent sont de nature à nous
réjouir. Nous ne sommes plus loin,
certes, du jour où nous obtiendrons
complètement justice.
Hugues Destrem.
———————————— ————————————
PAROLES DE KRUGER
Krûger a parlé ; il a dit à UD
journaliste français, à un ré-
dacteur du Alatin, les raisons
qu'il avait de croire au triomphe
définitif de la cause de son peu-
ple ; ces raisons se résument
en ceci : qu'il ne doute en au
cune façon de la victoire, parce que les
burghers ont le droit pour eux. Qu'est-ce
ce que M, Chamberlain peut espérer tirer
d'un peuple qui croit que le droit est in-
tangible et qui méprise l'iniquité basée sur
la force?
Et comment fera-t-il pour aliéner l'opi-
nion universelle à un peuple qui, en pleine
guerre d'invasion, s'élève à la hauteur mo-
rale qu'indiquent ces paroles : cc Que la
brutalité se déchaîne ; que des jugements
barbares soient exécutés de façon barbare;
qu'on mette à mort les héros de la liberté ;
qu'on ait la cruauté de forcer nos amis à
assister à ces supplices ; que le droit soit
violé ; que les innocents soient opprimés :
soyons sans peur. Nos femmes et nos
enfants sont réduits à la captivité, à la pro-
fonde misère et même livrés à la mort. On
espère, de cette façon, exterminer notre
race. Soyons sans peur ; mais ne rendons
pas le mal pour le mal : si nos prisonniers
sont bannis et même exécutés, ne suivons
pas ce mauvais exemple. » ?
Et ils ont relâché lord Methuen. Et, en
vertu de ce fait qu'ils ont le droit pour eux,
ils s'écrient : « La victoire nous appartient ;
il n'en peut être autrement. ))
Ce qui précède montre, en même temps
que la beauté de la conscience des Boers,
l'énergie indomptable des combattants ;
voici pour la réalité des faits; le président
Krager dit
« On persuade à la crédulité du peuple
britannique que les autorités civiles et mi-
litaires de l'Angleterre sont maîtresses des
deux républiques, les administrent et les
gouvernent. Or, les Anglais ne sont mai
très que des emplacements où stationnent
leurstroupes. Partout ailleurs, et notrepays
est vaste, l'autorité est aux mains de nos
magistrats.
« La conquête ne progresse pas ; elle re-
cule. »
Qu'est ce que M. Chamberlain espère
d'un tel peuple? Et quel sera le réveil du
peuple anglais, le jour, le jour prochain,
où lui sera démontré le mensonge dont on
le berce ? — Ch. B.
, es ni—————
Efi ALGÉRIE
Alger, 20 mars.
Une dépêche particulière de Duveyrier à un
journal d'Algérie rapporte que la mission ma-
rocaine aurait dû rebrousser chemin jusqu'au
camp des Beni-Ounif, en présence de l'attitude
hostile de la tribu des Doui-Menia.
La dépêche ajoute que les indigènes révoltés
auraient refusé le paiement des impôts et se
seraient livrés à des violences à la suite des-
quelles un officier marocain de la mission au-
rait ou la main coupée.
Ces nouvelles sont controuvées. Si la mis-
sion est revenue chez les Beni -Ounif, c'est
parce que ses travaux subissent un temps d'ar-
rêt. conséquence des fêtes marocaines. Quant à
l'officier blessé à Aid-el-Kébir, il l'a été en dé-
L bouchan^uae IwutôUleJl y a quelques jours.
BALS MASQUES
ET TRAVESTIS
Leur origine. — Leur ancienne vogue.
La danse à la cour et chez les par-
ticuliers. — Les premiers bals
publics. — Les bals de l'O-
péra sous l'empire. -
Ceux de nos jours.
Ce genre de divertissements, dont l'institu-
tion est essentiellement française, a fait son
apparition vers la fin du XIVe siècle. Le pre-
mier bal costumé dont les chroniqueurs aient
fait mention est en effet celui qui fut donné
pendant le carnaval de 1398 à l'hôtel Saint-
Paul et dans lequel Charles VI, déguisé en
sauvage, faillit être brûlé vif.
Sous Henri IV, le bal masqué était en pleine
vogue, et il ne se passait pas d'hiver sans qu'il
y en eût plusieurs et de très brillants à la cour.
Louis XIV, qui figurait en personne dans les
ballets donnés à Versailles, préférait les danses
d'apparat aux bals proprement dits, très à la
mode sous le règne de Louis XV. A cette épo-
que, on dansait partout et à tout propos,aussi
bien à la cour que dans les salons bourgeois.
Aussi la bal cessa-t-il peu à peu d'être le plai-
sir privilégié des grands seigneurs ; chacun
voulut se livrer à co divertissement qui devint
bientôt le complément obligé de toute fête, de
toute noce, do toute réjouissance populaire.
Les bals publics
Le premier bal public masqué et travesti fut
celui de l'Opéra, inauguré le 31 décembre 1715.
Son succès fut immense et s'accrut jusqu'au
jour où certains industriels eurent l'idée d'ou-
vrir des établissements et des jardins dans
lesquels la jeunesse pouvait venir prendre ses
ébats et qu'ils exploitaient à leur profit. C'est
ainsi qu'à partir de 1766 on vit se créer suc-
cessivement : les Porcherons, le Vaux-Hall, le
Colisée, le Ranelagh, le jardin des Grands-Mar-
ronniers, la Grande-Chaumière, le Grand-Sa-
lon, la Cour tille, lIfabille, le Château-Rouge,
la Claserie des Lilas, Bullier, le Jardin de
Paris, le Moulin-Rouge, le Moulin de la Ga-
lette, etc., etc.
Nous ne parlerons que pour mémoire du
« Bal des Victimes », fantaisie macabre, insti-
tuée au lendemain de la Révolution, et auquel
ne pouvaient prendre part que ceux qui avaient
eu au moins un des leurs mort sur l'échafaud.
Les bals sous l'empire. — Terrible
incendie.
A ce divertissement d'un goût douteux
suceédèreni les bals, sous le premier empire, à
l'occasion des glorieuses campagnes de l'armée
française, mais dont l'un malheureusement se
termina par un événement tragique: le 2 juil-
let 1810, l'ambassadeur d'Autriche, le princede
Schwartzenberg, célébrait par un bal magnifi-
que le mariagede l'archiduchesse Marie-Louise
avec Napoléon, lorsqu'au moment où le bal
battait son plein, le feu se déclara dans l'un
des salons de l'ambassade. Malgré la prompti-
tude des secours, l'incendiepritdes proportions
effroyables et de nombreux invités y trouvè-
rent la mort. Parmi les victimes se trouva la
belle sœur de l'amphitryon, et ce n'est que par
un hasard providentiel qu'on put sauver l'im-
peratrice, Quant à l'empereur, il ne quitta le
lieu du sinistre que quand tout danger eut dis-
paru.
A l'Opéra
Mais revenons aux bals masqués de l'Opéra,
qui. au début, avaient lieu trois fois la se-
maine, et dont l'entrée coûtait six livres.
1res suivis, ces bals étaient surtout fréquentés
par le monde élégant qui se donnait rendez-
vous à l'Académie do musique, située à cette
époque rue de Louvois. Peu à peu, cependant,
comme l'a dit un chroniqueur, ils « s'enca-
naillèrent », et l'on vit les Altesses royales,
les marquises et les duchesses coudoyer les
simples bourgeoises et les femmes entretenues.
Louis XV, Louis XVI, Marie-Antoinette,
Napoléon 1", Joséphine se montrèrent à tour
de rôle à l'Opéra, ne craignant pas de se mâler
à la foule des masques.
Supprimés à la Révolution, les bals masqués
ne reparurent qu'à la fin du Directoire. Sous
la Restauration, les déguisements passèrent de
mode et les gens selects ne parurent plus à
l'Opéra qu'en domino et en habit noit. La mas-
carade se réfugia dans les établissements de
second ordre, aux Variétés, à la Renaissance,
à Valentino, etc.
La grande époque des bals masqués do l'Opéra
a été de 1820 à 1860. Leur splendeur, leur ani-
mation, leur popularité tinrent à deux hom-
mes extraordinaires : Musard et Chicard.
Musard était ce chef d'orchestre surnommé le
« Napoléon du galop », qui avait le talent d'é-
lectriser les danseurs et de les exciter à faire
les contorsions les plus indescriptibles. Quant
à Chicard, de son vrai nom Alexandre Lévê-
que, c'était l'âme du bal, un baute-en-train
sans égal. Il éblouissait la foule par ses costu-
mes, sa verve endiablée et ses danses fantai-
sistes. Et si Musard a trouvé dans Strauss un
sosie, Chicard, lui, n'a pas eu son pareil, car
les Pritchard, les Fumoron, les Clodoche, les
Brididi, les Pipe-en-bois, qui ont voulu l'imi-
ter, n'ont jamais eu ni l'esprit, ni le chic, ni la
science chorégraphique de leur inoubliable
prédécesseur.
De nos jours
Les bals de l'Opéra ont perdu de leur éclat et
de leur gaîté. On n'y est plus témoin de ces
farces carnavalesques qu'imaginait la jeunesse
d'autrefois et que Gavarni, un fanatique de ces
bals, illustra avec tant d'esprit et de verve.
Sauf les travestis à gages, le public se montre
froid, et l'on n'entend plus dans la foule ces
saillies spirituelles dont nous rappellerons, en
terminant, l'une des plus brillantes, et peut-
être des moins connues :
Un domino, reconnaissant Roger de Beauvoir
à la terrasse d'un café du passage de l'Opéra,
lui cria : « Bonne nuit, Roger I » Aussitôt ce-
lui-ci de tirer son portefeuille et de lui ripos-
ter par ce quatrain :
Votre souhait va bien me chagriner.
Entre nous convenez qu'il n'est pas fort honnête :
Nous n'aimons pas qu'on nous souhaite
Ce que l'on pourrait nous donner !
Alfred de Yaulabelle.
— ^ii
LE MANDAT DE SIX ANS
Le groupe sénatorial de la gauche démocra-
tique. réuni sous la présidence de M. Bonne-
foy-Sibour. vice-président, a décidé de soutenir
devant le Sénat le projet voté par la Cham-
bre et tendant à la prolongation à six ans du
mandat des députés.
Mais il s'est également prononcé pour le
renouvellement partiel de la Chambre par
moitié.
LA QUESTION DU GAZ
La vingt-deuxième commission d'intérêt lo-
cal s'est réunie bier, au Palais-Bourbon, sous
la présidence de M. ;olliard, pour examiner
le projet relatif au régime du gaz à Paris.
Le procès-verbal qu'elle communique aux
journaux est ainsi conçu :
Après une courte discussion, la commission a
décidé de se réunir à nouveau aujourd'hui pour
entendre diverses personnes, qui ont demandé à
présenter des observations.
M ComiirJl----çlÓ nommé rapporteur.
Nous compléterons ce procès-verbal en di-
sant que la commission est d'avis de faire un
rapport à la Chambre à bref délai, afin de la
mettre en état de statuer.
Aujourd'hui elle entendra M. Gilbert Bou-
cher, an nom d-'UD .gl'{)upe d'actionnaires pro-
testataires, MM. Allemane et Berthelot, dé-
putés de Paris, et les délégués et ouvriers
du gaz.
LA NOTE FRANCO-RUSSE
M. Denys Cochin, député de la Seine, a avisé
hier matin le ministre des affaires étrangères
de son intention de lui adresser une question
sur la note remise par la France et la Russie,
relativement au traité anglo-japonais.
M. Delcassé a accepté de répondre lundi à
cette question.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DEPECHES
LE CLAIRON DE COLENSO
(De notre correspondant particulier)
Londres, 20 mars.
On se rappelle le clairon Dunwe,du régimant
des fusiliers de Dublin, qui sonnait la charge
à Colenso et qui, rentré du Transvaal, fut cé-
lébré dans tous les cafés-concert de Londres.
Or, le pauvre homme vient d'être mis à la ré-
forme, sans droit à aucune retraite. Ses cama-
rades ont fêlé son départ du régiment et, à
cette occasion, ont manifesté si bruyamment
leurs sentiments que la joyeuse compagnie, y
çompris le héros do Colenso, a été conduite au
poste. Tous ont été condamnés à huit jours do
prison. On n'a pas même fait exception pour
Dunwe, malade des suites de la campagae.
——
LE COMTE JOSEPH POTOCZKY
(De notre correspondant particulier)
Varsovie, 20 mars.
Le comte Joseph Potoczky, qui perdit trois
millions de francs dans une partie de bacca-
rat au Jockey-Club de Vienne, devra proba-
blement se faire ampuler une jambe. On se
rappelle qu'il avait été victime d'un accident
de chasse et qu'il s'était fracturé le tibia do la
jambe gauche.
CHEVAUX SAUVAGES AU TRANSVAAL
(De notre correspondant particulier)
Durban, 20 mars.
Le général Plummeret lecolonel Wing.de re-
tour d'une expédition, rapportent avoir ren-
contré de nombreux troupeaux de chevaux
sauvages entre Standerton et Roberts Drift; la
plupart de ces chevaux, échappés pendant les
opérations, se sout réfugiés dans la vallée du
Vaal.
Les Anglais en ont capturé un certain nom-
bre, mais revenus, à l'état sauvage,leur dres-
sage a été impossible.
Les Mystères de la Maison Blanche
(De notre correspondant particulier)
New-York,20 mars.
Le monde politique fut, pendant quelque
temps, vivement intrigué par certaine visite
mvstérieuse faite à la Maison Blanche. Le pré-
sident Roosevelt rocevait presque tous les
matins un certain O'Brien, de Boston, avec le-
quel il s'enfermait pondant une heuré. On
vient d'apprendre que ce personnage est un
professeur en athlétisme et que tous les matins
il engage la lutte avec le chef d'Etat. On ne
dit rien du triomphateur.
■ ■■ ■.■■■ — ■■
L'AGITATION EN RUSSIE
-
(De notre correspondant particulier)
Leipzig, 20 mars.
Des délégués des organisations d'étudiants do
toute la Russie ont réussi à tenir, ces jours-
ci. un congrès secret.
Des décisions très importantes pour le mou-
vemont révolutionnaire y ont été prises.
LES DÉPUTÉS DE LA SEINE
Les députés de la Seine se sont réunis hier
pour examiner les questions qui intéressent
Paris.
Ils se sont mis d'accord sur la question des
patentes, des taxes de remplacement, ont com-
mencé à discuter la question du gaz, en pré-
sence de la délégation de l'Hôtel de Ville, et
ont renvoyé à uno séance ultérieure la conti-
nuation de la discussion.
LE SINISTRE DE LA RUE MONTMARTRE
Les Femmes de France
Nous recevons de Mme Marest, la dévouée direc-
trice du groupe du 28 arrondissement de l'Union
des Femmes de France, une lettre intéressante,
dont voici les passages essentiels :
Comme directrice du groupe du 2e arrondis-
sement de l'Union des Femmes de France,
j'ai pu obtenir du Comité directeur de notre
œuvre une somme de Cinq cents francs actuel-
lement versée à la mairie du 2" arrondisse-
ment à titre de secours aux victimes des dé-
sastres publics, et au profit des victimes de
l'incendie de la rue d'Uzès.
Si, souvent, notre œuvre sollicite pour nos
soldats, vous pouvez voir qu'à l'occasion nous
savons aussi donner, et je viens: Monsieur le
Rédacteur, vous demander si par la voie de
votre journal vous voudriez bien le faire con-
naître à l'opinion publique, ce qui serait très
intéressant pour tout le monde et ce dont je
vous remercie à l'avance.
On savait déjà que les Femmes de France n'ont
pas un dévouement étroit et exclusif, mais nous
sommes heureux d'en pouvoir fournir cette nou-
velle preuve.
————————————— e ————————————.
LA TURQUIE ET LA BULGARIE
Conslanlinople, 19 mars.
La Porte a adressé à ses représentants au-
près des grandes puissances une circulaire au
sujet des affaires de Macédoine, en les priant
de solliciter l'intervention amicale des puis-
sances auprès du gouvernement do Sofia.
LES CONGREGATIONS
En Espagne
Madrid, 20 mars.
C'est aujourd'hui qu'expire le délai fixé pour
l'application du décret relatif aux congréga-
tions religieuses. A ce propos VImparcial dit
quo le nouveau cabinot aurait dû se réunir
hier en conseil pour décider cette application
du décret.
Il ajoute que ce gouvernement est beaucoup
pins libéral que le précédent: aussi est-il
obligé de faire exécuter ce décret.
Suivant la Corresnondencia, le premier
conseil des ministres s'occupera de celte ques-
Uon.
A LA CHAMBRE
L'affichage électoral. — Votes contra-
dictoires. — Débats dénueb de sanc-
tiolb, - Tout.-à redoinmencer.
Pour une journée perdue, voilà une journée
perdue. Employer plusieurs heures à voter les
différents points d'une réglementation de l'af-
fichage électoral ; s'apercevoir, après coup, que
la loi ainsi mise au monde est infirme et ban-
cale: rejeter en bloc ce qu'on avait adopté en
détail ; finalement, renvoyer tous les amende-
ments à la commission : telle a été l'œuvre des
députés, au milieu d'une agitation aussi bruyante
qu'inutile. C'est à de si beaux résultats que
conduit une méthode de travail insuffisante et
un zèle plus fougueux que réfléchi.
Il est juste de résumer très brièvement ces
débats dénués de sanction.
La commission proposait un article 1" ainsi
conçu :
Des emplacements sont mis à la disposition de
tous les candidats dans toutes les villes de plus de
10,000 habitants. Ces cadres ou emplacements de-
vront répondre aux conditions suivantes :
1° Chaque emplacements ou cadre aura une sur-
face de deux mètres carrés : 2° leur nombre sera
strictement le même pour chaque candidat; 3- ils
seront placés exactement dans les mêmes condi-
tions d'exposition aux yeux du public, les uns à
côté des autres ; 4' les lieux réservés, en plus ou
moins grand nombre pour le groupement des em-
placements ou cadres réservés, devront être suffi-
sants pour que tous les candidats soient dans des
conditions d'égalité absolue.
M. Paul Faure a développé un amendement
destinées à étendre les effets de la loi à toutes
les communes, quelle que fût leur population.
Il a obtenu gain de cause par 308 voix con-
tre 229.
M. Gauthier de Clagny a jugé qu'il fallait
menacer d'une amende la maire qui refuserait
de désigner à un candidat les emplacements
ou les cadres auxquels il a droit. M. Gauthier
de Clagny estimait nécessaire une amende de
500 à 5,000 francs.
M. Leygues a dit que la révocation était la
sanction nécessaire et suffisante.
Les chiffres de 500 à 5,000 francs ont été
repoussés.
M. Gauthier de Clagny a demandé au
moins une petite amende de 50 à 500 francs.
On lui a accordé par 268 contre 226 cette sa-
tisfaction.
M. Galpin a décidé la Chambre à mettre à la
charge de l'Etat les frais des cadres réservés
aux candidats.
Cela a été voté par 347 voix contre 133.
Par 410 voix contre 36, les candidats ont été
munis du droit d'afficher où il leur plairait
quand le maire aurait refusé de désigner un
emplacement.
Il s'agissait de se prononcer sur l'ensemble.
C'est alors que MM. de Rohan, Bertrand, Ba-
baud-Lacroze, se sont aperçus des difficultés
d'application de la loi dans les communes ru-
rales.
M. Guyot-Dessaigne a dit très nettement:
M. Guyot-Dessaigne. — La commission
voulait que la loi ne fût applicable qu'aux commu-
nes de 10.000 habitants. La loi était morte depuis le
moment où l'on a décidé qu'elle s'appliquerait à
toutes les communes. Je voterai contre l'article
premier. (Rires et applaudissements.)
M. Malaspina a demandé que la loi ne fut
appliquée qu'aux communes de plus de 10.000
habitants.
Le principe de cet amendement semblait
généralement approuvé. Cependant, comme la
Chambre venait, suivant le mot de M. Des-
chanel « de veter le contraire », la proposi-
tion de M. Malaspina a été écartée. Lensem-
ble du projet a été repoussé par 313 voix con-
tre 199.
Divers amendements étaient déposés. Il était
lard et l'on risquait d'aboutir à un nouveau
cul-de-sac. Tout a été renvoyé à la commis-
sion.
Et de rire, et d'applaudir et do crier : « C'est
ridicule! » Sapristi, il n'y a pas là de quoi se
vanter.
Série de votes
M. Emile Chauvin, au début de la séance,
avait déposé une proposition de loi suppri-
mant sur les champs de courses le pari au
livre, et ne tolérant que le pari mutuel.
L'urgence a été prononcée, et la proposition
a été renvoyée à la commission de législation
fiscale.
Diverses lois d'affaires ou d'intérêt local ont
ensuite été adoptées.
Puis, on a discuté une interpellation de
M. Théodore Denis sur les inconvénients du
décret sur la tuberculose bovine.
Cette discussion a été marquée par une dis-
sertation assez comique de M. de Mcntebello
sur les « vaches tuberculosées, le bétail officiel
et le bétail d'opposiiion ».
En deux mois, M. Jean Dupuy a indiqué
qu'il ne prenait pas au sérieux de telles fan-
taisies.
Et, en dépit des efforts de M. de Montebello,
l'ordre du jour pur et simple a réuni 329 voix
contre 224.
A noter, pour finir, le vote de la proposition
de loi de M. Ferdinand Rabier, ayant pour
objet d'ajouler à l'article 103 du Code de com-
merce un paragraphe pour maintenir dans les
tarifs spéciaux des compagnies do chemins de
fer la responsabilité prévue par cet article.
B. D.
AU SÉNAT
Le budget. — L'alliance russe. — Dis-
cours du ministre des affaires
étrangères.
Suite de la discussion générale. M. de La-
marzelle, en bon réactionnaire, accuse la dé-
mocratie d'être un régime coûteux. On entend
ce dialogue :
Bref, nous vivons sur notre fortune acquise, sur
notre bas de laine, comme le disait récemment M.
Witte, le ministre des finances de Russie.
Le ministre des finances. — Les propos
auxquels vous faites allusion viennent d'être dé-
mentis par un communiqué officieux du Journal
de Saint-Pélersbourg.
M de Lamarzelle, — Je m'en doutais.
Ainsi, M. de Lamarzelle apportait à la tri-
bune des renseignements qu'il soupçonnait
d'être démentis. Mais il faut bien dire quelque
chose quand on est le porte-parole de l'oppo-,
sition.
Quelques sénateurs posent au gouvernement
diverses questions sur sa politique étrangère.
M. Delcassé a trouvé 1 occasion de pronon-
cer un grand discours qui a forcé ses adver-
saires eux-mêmos à l'applaudir.
La France et l'Italie
J'ai vu avec plaisir, dit-il, que le rapporteur se
félicitait des sentiments de cordiale conliance qui
existent entre la France et l'Italie. Nous nous ef-
forçons de faire disparaître les malentendus et le
mémo effort est fait du côte de l'Italie. Aucune
cause gT.ve n'exige que la France et l'Italie vivent
en état d'hostilités.
Cette constatation a été faite des deux côtés des
Alpes pour assurer à nos relations nouvelles un
long avenir. Il faut mettre notre politique générale
de plus en plus en harmonie avec l'esprit qui a pré-
sidé à ce rapprochement.
L'Angleterre et le Japon
Nous ne pouvons qu'exprimer notre satisfaction
des principes proclamés dans l'accord aaglo-japo-
&&!&. -
A la suite de cet accord sont tombées les dernières
résistances à la politique des alliances.
Il est reconnu aujourd'hui par tous qu'il est
nécessaire de contracter des alliances. Si à la com-
munauté d'intérêts on ajoute Ir. communauté de
sentiments, on tonde l'alliance la plus solide qu'il
soit.
L'alliance russe
C'est là le secret de la force de notre alliance avec
la Russie. L'alliance doit durer parce qu'elle réunil
les conditions de durée.
C'est ce qu'a signifié la seconde visite de l'em-
pereur de Russie; c'est ce que signifiera le pro-
chain voyage de M. le Président de la Républi-
que apportant à notre alliée le salut cordial de la
France.
Au Transvaal
M. Halgan réclame en faveur des Boers, ei
M. Le Provost de Launay en faveur des volon-
taires trauçais tombés aux mains des An-
glais.
M. Delcassé répond:
M. Delcassé. -Parmi les personnalités dont
il s'agit, il y en a qui ont été prises les armes à la
main et pour lesquelles aucune contestation n'est
possible. D'autres étaient à Johannesburg en vertu
de permis de séjour après avoir fait serment de
neutralité.
Ces personnes ont été cependant arrêtées sotrs
prétexte de manœuvres auxquelles elles se sont
livrées.
Nous estimons qu'un prisonnier ne peut être fait
que sur le champ de bataille. L'Angleterre ne re-
connaît pas l'exactitude de cette thèse. Cependant
deux de ces prisonniers ont été mis en liberté.
D'autres sont eu liberté sur parole; il n'en reste
plus qu'un seul pour lequel une solution n'est pas
encore intervenue, mais nous y employons tous
nos efforts.
En ce qui concerné les camps de concentration,
le gouvernement anglais m'a avisé qu'il donnait
toutes facilités pour le passage de vivres et d'objets
demandés par le comité français.
C'est un adversaire, M. Le Provost de Lau-
nay, qui se sent forcé, en toute loyauté,de ren-
dre justice à M. Delcassé :
M. Le Provost de Launay. — Je ne dé-
poserai pas d'ordre du joui, mais je constate l'ap-
probation unanime donnée par leSénat aux paroles
que j'ai prononcées et à la réponse si pleine de
bon sens et si patriotique que vient de me faire le
ministre.
Le Sénat adopte les chapitres des budgets
des postes et télégraphes et des travaux pu-
blics et s'ajourne à aujourd'hui. — H. D.
AVANT LE VOYAGE EN RUSSIE
Remise de la lettre autographe de
M. Loubet. — Une attention déli-
cate. — Les préparatifs
Saint-Pétersbourg, 20 mars.
Le marquis de Montebello, ambassadeur de
France, a été reçu mardi par le tsar, à qui il a
ramis la lettre autographe de M. Loubet tou-
chant le prochain voyage du Président de la
République en Russie.
Le tsar a exprimé, en termes très aimables,
à l'ambassadeur, toute la satisfaction qu'il
éprouvera de revoir le Président de la Répu-
blique.
Bruyère fleurie
Brest, 20 mars.
Le ministre de la mirine viendra à Brest
dans le courant d'avril pour visiter les amé-
nagements effectués à bord des navires de l'es-
corte présidentielle.
Le Guichen commencera mardi ses essais de
machines. On ne prévoit aucun mécompte, les
machines étant eu très bon état.
En raison de U faveur quo la tsarine accorde
à la bruyère, ordre a été donné de réunir une
certaine quantité de plants de bruyère fleurie
qui seront mis à bord du Montcalm.
LA SANTE DE M. WALDECK-ROUSSEAU
L'état de santé du président du conseil est
de plus en plu& satisfaisant. Le docteur Poirier
a enlevé hier matin lu bandage qui recouvrait
les plaies de la lêle. Ces plaies sont maintenant
presque complètement cicatrisées.
Le rétablissement du président du conseil
sera complet à la fin de la semaine et l'on
pense quo M. Waldeck Rousseau pourra par-
ticiper aux travaux parlementaires à partir
de lundi prochain.
TROiS EHFItNTS CKRBOKIStS
Incendie d'une ferme. — Secours im-
possibles. — Danb les flammes.
Privas, 20 mars.
Un incendie d'une violence iooule a détruit
une ferme située dans la commune de Roche-
paule.
Le fermier et sa femme étant occupés aux
champs avaient laissé à la maison leurs trois
enfants âgés respectivement de 4 bU. 2 ans,
et 7 mois. Le feu prit, penddut leut absence,
dans la cuisine et eu peu d'instants toute la
maison était en flammes.
Quand le fermiet et sa femme aperçurent
l'incendie. i: était trop tard pour qu'ils pussent
porter secours aux troib pauvres petits enfer-
més dans la maison.
Les malheureux parents durent assister,
impuissants, à la terrible mort de leurs en-
fants.
La ferme, étant éloignée de toute habitation,
ce ne fut que trè9 longtemps après que les po-
pulations de:) environs purent arriver sur le
lieu du sinistre.
Dans les décombres, on retrouva les corps
presque complètement carbonisés des trois pe-
tits enfants.
CHEZ LES ARTISTES
Jury de la Société des artistes français
La Société des artistes français a constitué,
hier, ainsi qu'il suit, son jury de peinture pour
le prochain Salon :
Président du jury : M. Jean-Paul Laurens.
M. Adam, Bonnat, Humbert, Tattegrain, Jules
Lefebvre, V. Gilbert, Rochegrosse, Bail, Roybet,
Busson, Petitjeau, Glaize" R. Collin, Zuber, Julien
Dupré, Boutiguy, Wencker, Schommer, Gervais,
Tbirion.
Le jury du prochain Salon
Le jury de peinture de la Société nationale
des Beaux-Arts a été constitué définitivement
hier malin, et il a fonctionné immédiatement,
pour la réception des toiles.
Voici comment il est composé:
Président, Lhermitte ; vice-président, Courtois ;
secrétaires, Bastien-Lepage et Alaux ; membres :
Courant, J. Blanche, La Gandara, J. Tissot, Da-
moye, G. Colin, Firmin Girard, Grivot.Durst, Louis
Picard, La Touche, Carolus Duran. Besnard, Jeab
Béraud, Dubufe et Mme Madeleine Lemaire.
A l'école des Beaux-Arts
Le jugement du premier concours de 190S
organisé par le comité des dames de l'Union
centrale des arts décoratifs, entre les dames et
jeunes filles des écoles de dessin, a donné les
résultats suivants :
Sujet: Dessin d'un fichu Marie-Antoinette.
1" prix : Mlle Marguerite Aynard.; 2* prix, ex-
œquo : Mlles Dessaux et Girod ; y prix, Mlle Char-
lote Camperos.
1'" mentions, ex-cçquo ; Mlles Lucy Marchan.
dise, Jeanne Cartier, Jeanne Piogé, Jeanne Fermey;
2' mentions, e.t.œqt¡o : Mme Bethmont, Mlles Alice
Blondé, Henriette Delillier ; 3' mention : Mlle Gear-
gette Roy.
L'eiposition publique des projets ssça ou*
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