Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-03-16
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mars 1902 16 mars 1902
Description : 1902/03/16 (N11692). 1902/03/16 (N11692).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINO CENTIMES le Numéro; PARIS 8 DÉPARTEMENTS Le Numéro, CINQ CENTIMES
foNDATEUR; AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Ca î-:i T'o:s ïîj Si se!i bai
paris 2 fr 5 fr. 9fr. dSftï
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Poatalô. 3- 9- 4® — 32-
Rédacteur EN CHEF : CHARLES BOS
NONCES
?~ a Oh. GRANGE, CERF & ON
ace de la Bourse, 6
UR EAUX du JOURNA&
RÉDACTION: 131, rue Montmartre, 1311
ne 1 à R heures du soir et de 10 heures du toir à i heure du matin
No 11692. — Dimanche 16 Mars 1902
25 VENTOSE AN HO
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser iellres et mandais à Vadministrateur
NOS LEADERS
1I¡cssis nécessaires
le ministre de la guerre a déposé, il
y a quelque temps, un projet sur les
fortifications aux termes duquel des
améliorations sont apportées dans le
système des servitudes. Pour un certain
sombre de places fortes. le ministre,
sur les conclusions d'une commission
spéciale qui a examiné la situation
faite aux propriétés par les rigueurs des
anciennes prescriptions, apporte de
très sensibles adoucissements. Il réduit
on supprime les troisième et seconde
zones. Il y a là un progrès réel notam-
ment pour la région de l'Est où les for-
tifications imposaient à un grand nom-
bre de propriétés une gêne considérable
pour leur utilisation.
Mais ce n'est là qu'une réforme par-
tielle. Il y a, en effet, en ce qui con-
cerne nos forteresses, plus à faire qu'une
réglementation nouvelle de leurs servi-
tudes. Il y a à examiner si le système
doit subsister tel qu'il est, ou s'il n'y a
pas des modifications à y apporter.
La question a été très judicieusement
posée par mon excellent collègue et ami
Berteaux dans son très remarquable
rapport sur le budget de la guerre. Elle
avait été soulevée par M. Pelletan dans
son rapport de 1900.
« Nous sommes assurément, disait-
il au début de ses observations, le pays
- du monde le plus riche en places fortes;
du moins, pour le nombre des ouvrages
de fortifications , nous n'avons pas de
rivaux. »
Pourtant, plus des deux tiers de nos
frontières sont, sinon garantis, du
moins sérieusement défendus par la
mer, et, s'il est indispensable de proté-
ger nos côtes, il n'en est pas moins ac-
quis quo les menaces d'invasion par
mer ne sont, à aucun degré, compara-
bles à celles auxquelles nous sommes
exposés par la voie de terre.
D'autre part, les Alpes et les Pyré-
nées présentent des obstacles considéra-
bles aux agressions, enfin, la neutralité
de la Suisse et de la Belgique, sans être
une garantie formelle de sécurité, nous
assure cependant une quiétude rela-
tive.
« Nous ne semblions donc pas, disait
M. Pelletan, à première vue, prédesti-
nés à posséder plus d'ouvrages fortifiés
que toutes les autres nations du globe ;
tel est cependant notre privilège. » Et le
rapporteur du budget de la guerre éva-
luait à 93 le nombre des camps retran-
chés, places fortes, groupes de fortifica-
tions et ouvrages que nous possé-
dons.
Encore comptait-il suivant la nomen-
dature officielle, comme compris dans
une seule unité, les innombrables ou-
vrages détachés qui environnent la place
principale.
« Il n'est pas excessif de dire, avec
M. Pelletan, écrit M. Berteaux, que
nous avons constitué.. de Dunkerque à
Nice, l'équivalent de la fameuse mu-
raille que, jadis, les souverains du plus
grand Empire de l'Extrême-Orient
avaient élevée contre les invasions
Mandchoues, sans succès d'ailleurs,
puisque c'est aujourd'hui une dynastie
Mandchoue qui règne sur la Chine. »"
A l'étranger on n'a pas cru devoir
nous imiter. L'Allemagne qui a à dé-
fendre des frontières de terre deux fois
et demie pins développées que notre
frontière de l'Est, et qui a pour voisines
des puissances telles que la Russie et
l'Autriche, dispose de beaucoup moins
de fortifications.
Sur sa frontière occidentale on compte:
cinq places de premier ordre, quatre
places de second ordre, trois têtes de
pont ; sur sa frontière orientale: quatre
places de premier ordre, quatre places
de second ordre ; à l'intérieur, six pla-
ces seulement. Au total , l'Allemagne
possède vingt-six points fortifiés ; mais
elle y a concentré ses efforts, au lieu
de les disséminer sur un grand nombre
d'ouvrages.
La Russie procède de même. Le sys-
tème de défense de l'Autriche est ana-
logue.
Et M. Peiletan terminait son étude en
ces termes :
« Un tel luxe de fortifications ne peut
point nm pas coûter très cher au budget
français. On a dépensé depuis 11871 de
nombreux millions pour les établir et
les armer. On dépense pour entretenir les
fortifications et l'armement, pour sol-
der le personnel nécessaire une somme
annuelle qu'il est modéré d'évaluer à 4
ou 5 millions. Outre cela, on continue
les travaux neufs, non seulement dans
les grandes places, mais dans les forts
isolés. Peut-être est-il permis de douter
que ces dépenses soient toutes de celles
qui correspondent à un accroissement de
nos forces militaires en face de l'étran-
ger. »
C'est aussi l'avis de M. Berteaux :
« Nous nous demandons, dit-il, si, au
lieu de continuer à entretenir, réparer,
renforcer les ouvrages qui existent, tout
en créant de nouveaux ouvrages, il ne
serait pas sage de faire une sélection
entre ce qui est nécessaire et ce qui ne
t'est pas, pour ne conserver que les dé-
penses indispensables. »
Et M. Berteaux conclut excellem-
ment :
« A la veille d'une revisioo d'ensem-
ble de notre législation militaire, de
l'examen de tous nos besoins en cadres
el en effectifs il n'est pas indijîérêfl.Lde
savoir exactement si nous continuerons
à ehtretenir. sans que la nécessité en
soit absolument justifiée, les cadres en
surnombre du génie et de l'artillerie.
auxquels nous condamnent nos places
fortes et nos ouvrages actuels. »
Il faut faire cette revision de nos pla-
ces fortes Le ministre avait déposé un
projet de loi portant déclassement d'un
certain nombre de places fortes. Adopté
par la Chambre il a été retiré au Sé-
nat. Il faut qu'il soit repris et adopté.
Nous avons créé des fortifications.
Làencorenotre tempéramment économe
et conservateur s'est manifesté. Nous
avons superposé les systèmes. Au sys-
tème de Vauban. que lui-même à la fin
de sa carrière jugeait excessif, nous
avons ajouté le système do Bonaparte
et à celui-ci le système moderne,résultat
de la guerre de t870. Trois systèmes
c'est deux de trop. Pourquoi par exem-
ple autour de Paris l'ancienne ligne des
forts avec les forts avancés? Pourquoi
cette double protection en avant de
l'enceinte.
La seconde est notoirement inutile.
Elle gêne tout le monde sans profit pour
l'intérêt général. Mais on la conserve
parce qu'elle existe. C'est une absurdité
coûteuse pour le trésor, vexatoire pour
les contribuables, mais cela est et il faut
que cela soit. Encore, si on supprimait
les servitudes ! Nous espérons que le
ministre de la guerre ne s'arrêtera pas,
sur ce point aussi, dans son œuvre de
réformes, et qu'il réalisera les déclasse-
ments nécessaires à la défense et à l'in-
térêt des contribuables.
A. Gervais.
Nous publierons demain un article
de M. Lucicu Vietop-Meuniei*.
EN ESPAGNE
Vous savez comment le ca-
binet Sagasta vient de démis-
sionner : M. Urzaïz, ministre
des finances, n'était pas d'ac-
cord avec la majorité de la
Chambre sur le projet d'orga-
nisation d'une banque d'Etat.
Il semblerait donc que l'agitation, de l'au-
tre côté des Pyrénées, dût régner particu-
lièrement chez les financiers ; pas du tout :
la perturbation se manifeste principale-
ment chez les moines et chez les curés.
Ces gaillards montrent trop vite le bout
de l'oreille ; et, à les voir si remuants, sans
cause apparente, on comprend que le mi-
nistère a été renversé, bien moins à cause
de sa politique financière que de sa politi-
que religieuse.
Et pourtant le gouvernement espagnol
n'était pas bien méchant pour les congréga-
tions. Il leur demandait simplement de se
conformer à une loi sur les associations,
loi organisée spécialement pour ne pas trop
gêner les groupements cléricaux : une va-
gue déclaration à fournir, et les moines
étaient (c parcs M pour tracasser le peuple
espagnol.
Se soumettre à la loi, ne fût ce qu'en
apparence ? Les cléricaux n'ont jamais com-
pris la nécessité de le faire. Aussi, ont-ils
fait la guerre aux ministres qui osaient en-
gager les habitants des couvents à se con-
former aux dispositions légales.
Le pape avait pris fait et cause pour les
rebelles; il avait fallu changer l'ambassa-
deur. Bref, la question de la banque a
surgi, et on a profité de la circonstance
pour ajouter aux tourments du pays la gêne
qui accompagne toujours une crise gouver-
nementale.
Pour changer, on menace les Espagnols
d'un ministère tout à fait réactionnaire.
Car. ne l'oublions pas, celui qui, avant de
démissionner, avait présidé aux répressions
de Barcelone et donné au général Weyler
les pouvoirs d'un véritable dictateur, celui-
là était « libéral ». Que fera, alors, le cabi-
net conservateur, dieux justes ! — Ch. B.
LES CONGREGATIONS
Les jésuites prédicateurs
Nous avons dit que les abbés Forbes et Moi-
sant avaient fait opposition à l'ordonnance de
M. André qui s'était déclaré compétent pour
connaître du délit de prédication à eux repro-
ché.
Afin d'établir de nouvelles inculpations, M.
André a entendu hier les curés de Saint-Ferdi-
nand des Ternes, de Notre-Dame-des-Champs,
de Saint-Philippe-du-Roule et de Saint-Pierre-
de-Montrouge.
Toulouse, 14 mars.
Les abbés Barquisseau et Maignen, ex-pères
jésuites, prédicateurs de carême à Toulouse,
ont'recu un mandat de comparution devant le
juge d'instruction.
AUTOUR DE PANAMA
La commission isthmique
New-York, 14 mars.
Dans la commission isthmique du Sénat, M.
Morgan a eu 3 voix avec lui et 4 contre,
ce qui indique une division semblable dans le
Sénat.
La question étant ainsi ouverte montre quels
sont les avantages de part et d'autre et prend
de l'importance.
M. Morgan choisit pour déposer son rapport
le moment où la situation diplomatique favo-
rise le Nicaragua, mais la minorité de la com-
mission qui est opposée à la voie du Nicaragua
laissera les choses en suspens jusqu'à ce que le
Sénat puisse agir d'après son jugement propre
et non d'après celui de M. Morgan.
-Ob
EN CHINE
Assassinat de deux officiers français
Londres, 14 mars.
On télégraphie de Pékin au Times, le 13
mars:
Les Chinois ont reçu confirmation de l'assassi-
nat de deux officiers français sur la frontière du
-Kouaner-si el du Tenkin. o..
LETTRE DE BELGIQUE
En faveur du suffrage universel. —
Lea démonstration» populaires, -r-
Adhésions inattendues. — Un hom-
me, une voix. - Les lettres en
deuil. - Une industrie pros-
père. — Les « Avaries » au
théâtre.
(De notre correspondant particulier
en Belgtgue)
Bruxelles, 12 mars.
Le mouvement en faveur du suffrage univer-
sel acquiert de jour en jour une importance
plus considérable et le nombre do ses partisans
augmente dans de notables proportions.
Dans tout le pays des meetings sont organi-
sés par les soins du parti ouvrier auquel se
sont joints les libéraux progressistes. Mèmd
les libéraux les plus réactionnaires, ceux qui
sont Je plus inféodés aux privilèges du capital,
s'unissent aux radicaux pour renverser le pou-
voir clérical en votant la revision constitution-
nelle.
Ils renoncent enfin aux chinoiseries du vole
plural qui avantage par trop les capacitaires et
les propriétaires fonciers et ouvre la porte à
toutes les fraudes électorales. Ils abandonnent
enfin leur méfiance envers ce terrible S. V. que
ieur imagination avait créé comme l'artisan de
la destruction de nos institutions et le boule-
versement de l'ordre social.
Adhésions sensationnelles
C'est ainsi qu'il y a lieu d'enregistrer des
adhésions réellement sensationnelles telles que
celles de M. Devigno, de Gaud.et Baudouin, de
Tirlemont : et de tous côlés s'organise une im-
posante manifestation réunissant à Bruxelles
tous les groupes libéraux démocrates et socia-
listes de tout le pays dans une solennelle et
splendide entente. Cette démonstration gran-
diose et toute pacifique aura lieu lundi 17
mars.
C'est sur notre forum de la Grand-Place, au
pied do notre somptueux hôtel do ville gothi-
que, témoin de tant de démonstrations popu-,
laires, que les délégués viendront réclamer, au
nom du pays, l'extension du droit de suffrage à
tous les Belges sans distinction.
Les alliés sont également d'accord pour join-
dre la représentation proportionnelle au S. V.
Voilà donc un pacte sincèrement conclu et ca-
pable d'amener enfin la chute de la majorité
catholique qui nous gouverne depuis dix-sept
ans.
Mais cello-ci n'en lutte pas moins désespéré-
ment tout en se sentant de jour en jour perdre
du terrain. La dernière tactique des cléricaux
consiste dans un moyen réellement malhon-
nête et employé uniquement dans le but de je-
ter la discorde entre les deux partis d'opposi-
tion. On sait que les socialistes ont inscrit dans
leur programme le droit de suffrage des fem-
mes.
Les libéraux n'en veulent pas; ausssi les so-
cialistes, dans un esprit d'entente, ont mo-
mentanément renoncé à cet article de leur
programme, circonscrivant leurs revendica-
tions actuelles uniquement au droit de suf-
frage accordé à tous les citoyens belges : un
homme, une voix ; se réservant plus tard,
après que l'éducation politique de la femme
sera faite, de réclamer pour elles le droit de
vote. Du coup, tous les catholiques sont de-
venus d'ardents féministes I Un des leurs, M.
Collaort, s'est emballé à la Chambre des re-
présentants en se déclarant partisan du droit
de suffrage des femmes. Mais quand on lui a
demandé s'il voterait cette mesure, il a ré-
pondu négativement. Quoiqu'il en soit, la re-
vision s'annonce pour bientôt et il semble
qu'en haut lieu elle réunit des partisans qui
feront contre mauvaise fortune bon cœur. On
prête même au roi cette menace adressée à ses
ministres :
Vous pouvez aller aussi loin qu'il vous plaira
dans la résistance, sauf jusqu'à l'émeute; à la pre-
mière alerte révolutionnaire, je vous réclamerai
vos portefeuilles !
Une mort
La mort vient de nous ravir un homme de
bien qui fut toujours à l'avant-garde des idées
de progrès et de justice. M. Charles Potvin,
homme de lettres et poète à ses heures, est
mort au musée Wûrtz, dont il était le digne
conservateur, à l'âge de 84 ans.
Le défunt était un des démocrates qui ont
préparé le mouvement socialiste actuel. Il col-
labora en 1818 à une série de journaux répu-
blicaics ; il favorisa notre littérature française
et fut un des champions passionnés de toutes
les idées généreuses et avancées.
Helléniste distingué, il publia une foule de
poèmes, brochures, etc. ; il fonda la Revue de
Belgique et son nom restera dans les annales de
notre Belgique le synonyme de démocratie et
liberté de conscience.
Le centenaire
La manifestation grandiose organisée en
France pour fêler le centenaire de Victor Ilugo
a eu son retentissement en Belgique.
Tout ce qui esthomme de lettres, artiste, in-
tellectuel en un mot, s'est joint de cœur à cet
admirable élan en faveur d'une des plus
grandes figures du siècle passé.
Voulant racheter la honte d'avoir expulsé,
en 1870, l'illustre poète, lo gouvernement
clérical actuel s'est fait représenter à la fête
organisée, au théâtre du Parc, en l'honneur
de l'auteur des Burgraves. Une plaque com-
mémorative a été apposée sur la façade de la
maison de la Grand'Place où Victor Hugo ha-
bila pendant son exil.
L'automobile
L'industrie de l'automobile a pris en Belgi-
que une extension considérable. D'année en
année les expositions du cycle se complètent
et signalent de notables progrès sur les précé-
dentes.
La dernière qui vient de s'ouvrir dans les
immenses halles du Parc du cinquantenaire où
eut lieu notre dernière Worl fair est réelle-
ment remarquable.
La voiture à traction mécanique atteint un
grand degré de perfection tant sous le rapport
des moteurs que sous le rapport de la forme
extérieure qui est devenue plus légère et plus
élégante. Les grandes usines francaises s'al-
lient à nos grands constructeurs belges pour
réaliser des perfectionnements nouveaux et il
ne s'agit plus seulement de voitures légères des-
tinées au transport de quelques personnes.
Nous voyons des omnibus, des fardiers, voire
des locomotives capables de transporter aisé-
ment des charges considérables.
Le comité de l'Exposition a mis gracieuse-
ment à la disposition de la presse un coquet
salon dont l'originalité consiste dans un éclai-
rage électrique obtenu sans 1e secours d'aucun
moteur ni d'aucune distribution.
La force électrique est simplement produite
par une série de piles disposées méthodique-
ment dans une étagère d'une simplicité élémen-
taire. C'est là une application toute nouvelle
de la pile à l'éclairage. Par un dispositif spé-
cial, celle-ci donne une puissance de lumière
intense dont les applications nombreuses sont
déjà réalisées dans plusieurs châteaux et habi-
tations de campagne jusqu'ici tributaires de
l'horrible lampe à pétrole et aujourd'hui dotées
de lampes électriques du modèle le plus ré-
cent, distribuant à profusion une belle lumière
fixe et d'une blancheur reposante pour la vue.
Choses de théâtre
i Le théâtre du Parc vient de louer la fè98
d'Eugène Brieux - les Avaries, que votre cen-
sure a rendue célèbre.
Le public belge s'est demandé ce que vos
terribles censeurs ont bien pu trouver de ré-
préhensible dans cette œuvre éminemment mo-
rale, ne contenant aucun mot à double sens
ni aucune grivoiserie alors qu'elle autorise des
comédies telles qu'Education de Prince et le
Vieux Marcheur ou bien encore cette ineptie
qui s'appelle Le Billet de logement.
La pièce est remarquablement jouée et mon-
tée avec un soin tout particulier. M. Dumeny,
dans le rôle du docteur,a joute encore à l'œuvre
une puissance d'action et un naturel surpre-
nants.
La pièce a remporté un succès considérable.
M. Brieux assistait à la première avec le Dr
Fournier, l'éminent professeur de la Facultéde
médecine qui fut le collaborateur de l'artiste.
La salle comble tous les soirs et les applau-
dissements chaleureux qui soulignent les pas-
sages intéressants prouvent surabondamment
le succès de la pièce.
Au théâtre de la Monnaie, M. Coquelin est
venu jouer Cyrano de Bergerac avec une troupe
de quatrième ordre. Nous sommes habitués à
mieux que cela ici.
Grisélidis, le conte lyrique d'Armand Sylves-
tre mis en musique par Massenet, passera
probablement lundi prochain. Par suite d'in-
disposition, le rôle du Diable, qui devait être
tenu par M. Isnardon, sera joué par M. Bel-
homme. — Daniel Francken.
POUR AVOIR UN EMPEREUR
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 14 mars.
Ainsi que l'on sait, chaque Etat de l'empire
allemand paie une sorte de tribut qu'on ap-
pelle contribution malriculairepour l'adminis-
tration de l'empire. Cette année il est question
d'augmenter cette contribution.
Le gouvernement de Schwarzbourg-Rudols-
tadt, celui de Reuss-Groiz et quelques autres
principautés ont fait savoir qu'il leur serait
impossible do gérer les affaires de leurs pays si
leur redevance annuelle est élevée.
Le ministre,M.von Stark.s'est rendu à Berlin
pour présenter les observations de petits Etats
dont il est le maoùalaire.
LA PEUR DU MICROBE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 14 mars.
La commission hygiénique du Parlement a
décidé de soumettre à l'analyse bactériologi-
que l'air que les députés de la Chambre des
Communes respirent dans la salle des séances.
On ne dit pas si les bactériologistes qui ont
procédé la nuit dernière à une prise d'air dans
la salle des séances espèrent découvrir le mi-
crobe de l'impérialisme.
LA GtrERRI AUX rBILIrrlBS
(De notre correspondant particulier)
Now-York, 14 mars.
Une lettre particulière qu'un soldat améri-
cain vient d'envoyer de Catanouan à ses pa-
rents, apprend que les troupes américaines aux
Philippines ont reçu l'ordre de raser toutes les
villes et villages, sauf celles où se trouvent des
garnisons américaines. Les indigènes ont été
invités à gagner les places occapées" par les
troupes des Etats-Unis. Ceux qui seront ren-
contrés dans les bois et dans les montagnes
seront fusillés sans exception. Les ports des.
provinces de Tagabas et de Batangas ont été
fermés.
— ♦
tu poms
M. Aynard a sur la conscience un poids ter-
rible.
M. Drumont nous apprend en effet que : « si
de vieilles carmélites, qui ne faisaient de mal
à personne, ont été obligées d'aller mourir en
exil, c'est à lui qu'en revient toute la respon-
sabilité 1).
Versons une larme sur la tombe des vieilles
carmélites, et plaignons M. Aynard. M. Dru-
mont insinue même que le vote du vice-pré-
sident de la Chambre aurait été intéressé —
son gendre, M. Jonnart, devant être nommé
quelques jours plus tard gouverneur de l'Algé-
rie. La corruption, en effet, n'est point dou-
teuse, pour qui rogarde avec des lunettes
antisémites. M. Aynard expiera cruellement
ses fautes dans les tortures éternelles de
l'enfer.
Une autre conscience obérée, c'est celle de
M. Poincaré.
M. Poincaré, lui, est littéralement écrasé
sous le faix de ses turpitudes (c'est Rochefort
qui parle), car c'est grâce à lui que le minis-
tère WalJeck-Rousseau n'est point mort-né.
Aussi, est-il complice de toutes les infamies
du plus corrupteur des gouvernements. (Ceci,
c'est du Lemaître.)
Les nationalistes ne se font point faute de
dire toutes ces vérités à la veille des élections;
ils ajoutent que MM. Poincaré et Aynard sont
aujourd'hui bien mal venus à protester à cha-
que instant contre les atteintes portées aux
libertés religieuses, et que leur conversion
tardive no peut être attribuée qu'à la crainte
de voir leurs sièges leur échapper.
Voici, en effet, que la Patrie française a sus-
cité un concurrent à M. Poincaré dans la per-
sonne de M. Beauchet, professeur à la Faculté
de droit de Nancy, qui, dit-on, aurait quelques
chances de battre son adversaire.
La lutte, en vérité, ne sera point banale :
deux programmes identiques, sous deux éti-
quettes différentes, de chaque côté d'ardentes
récriminations contre l'abrogation de la loi
Falloux et l'impôt sur le revenu.
Malgré tout, nous faisons des vœux pour M.
Poincaré. Si ses électeurs ne lui pardonnent
point d'avoir été, fût-ce un instant, ministé-
riel, nous ne lui en voulons pas, nous, d'avoir
déserté le poste de combat. Nous ne connais-
sons ni la rancune, ni la haine. Si M. Poincaré
est puni, il le sera par ses amis. On n'est ja-
mais trahi que par les siens.- A. Armbrutter.
POUR GERMANISER LA POLOGNE
Berlin, 14 mars.
Le maire d'Ojrzanovo, une commune de la
Pologne prussienne, avait écrit au préfet pour
se plaindre de l'instituteur, qu'il accusait de
martyriser ses élèves. Le préfet envoya cette
lettre au procureur du roi qui, d'office, pour-
suivit le maire pour diffamation de l'institu-
teur prussien Kuehn.
A l'audience, l'instituteur Kuehn a déposé :
Je n'ai pas dépassé la mesure ; j'ai frappé les
enfants avec une badine sur le nez ; naturelle-
ment, ils ont saigné. J'avais 167 enfants dans mes
classes, cela explique ma nervosité, qui m'a poussé
à distribuer des coups de poing et à casser des
ardoises sur la tête de mes élèves qui m'exaspé-
raient.
Une gamine de onze ans raconte que le
maître l'a frappée un jour douze fois de suite
sur la tête ; elle a dù garder le lit pendant
deux jours.
Une autre élève a reçu des coups de poing
qui lui ont cassé deux dents.
Après ces dépositions, le tribunal a acquitté
rie maire d'Ojuziinovoe - -
CHEZ LES ARTISTES
A la galerie Georges Petit. — La So-
ciété nouvelle de peintres et de
sculpteurs. — Au jury de pein-
ture de la Société des artis-
tes français. — Les dé-
missionnaires.
Beaucoup de monde hier à l'inaugllration de
la troisième exposition de la Société nouvelle
de peintres et de sculpteurs ouverte galerie
Georges Petit jusqu'au 3 avril.
La grande salle a été divisée en trois petits
salons où chaque exposant présente ses œuvres
sur un panneau qui lui est particulier.
A la sulpture
Rodin expose, comme iuvité. un groupe
marbre : Tentation de saint Anlome. Très
beau comme mouvement et, comme toujours,
d'un groupement bien statuaire.
Saint Antoine à genoux, face contre terre,
baise ardemment la croix qu'il a dans les
mains, cependant qu'une jeune femme nue
s'étend sur son dos et se lord agitée par les
plus vifs désirs auxquels saint Antoine aura
beaucoup de peiue à résister.
M. Louis Dejean expose d'intéressantes pe-
tites statuettes et M. Jules Desbois une Jardi-
nière aux Baigneuses, bronze très réussi.
A la peinture
En entrant, à gauche, les œuvres de M.
Aman-Jean, dans un ton de décoration mat et
tranquille.
A citer particulièrement : Voulzie, La Loge,
Y Eventail et Nature morte.
Chalands sous la neige, par M. Albert
Baarlsoen, Le sourire de Germaine Ledrin, par
M. Jacques-Emile Blanche ; un profil de
jeune fille, par M. Emile Claus, devenu vio-
lent impressionniste; Soleil couchant à Quim-
perlé, par M. Charles Cottet.
Une série d'intérieurs sans personnages, très
appréciée, entr'autres : Chez Helleu, MaCham-
bre, au coin du feu, La console, Embarcadère
sur le lac de Côme, Venise, etc., par M. Walter
Gay ; Femme au miroir et plusieurs paysages
par M. Georges Griveau ;
De délicieuses danseuses d'un effet charmant
ainsi que plusieurs autres toiles, par M. Gas-
ton Latouche ; La table, Le puits. Le lilas, La
place, etc., par M. Sidaner ; trois dessus de
portes, panneaux décoratifs d'un bel effet et
d'un beau sentiment d'art, destinés au cabinet
de travail de M. M., professeur de faculté,
par M. Henri Martin, qui expose encore une
très intéressante tête de jeune femme aux che-
veux dénoués et plusieurs paysages, parmi
lesquels: La Causse, Lot, Temps gris, etc.;
Intérieur de forêt. Coucher de soleil, Effet de
pluie, pastels par M. René Ménard ; Après le
déjeuner, par M. René Prinet ; Le Beaupré,
ébauche d'une vision franche etplusieurs aqua-
relles, par M. Lucien Simon.
La Roulotte, Coin de province, Vieux pont
à Quimperlè, Jour de neige, Saules au bord
de l'Isotte, par M. Fritz Thaulow; Venise, So-
leil couchant, d'une belle impression, ainsi que
Soir d'été, Rio della Veste, Festa di San Tro-
vaso, par M. Eugène Vail; Carmen la Gitane,
par M. Ignacio Zuloaga.
A citer encore les œuvres de MM. Frank
Brangwyn, A. Charpentier, André Dauchez,
Henri Duhem, Camille Lefèvre, Constantin
Meunier, etc.
Cette exposition comprend deux cents œu-
vres environ dont le clou est encore le saint
Antoine d'Auguste Rodin.
Avant l'ouverture des Salons
Le dépôt des œuvres de peinture, pour le-
quel il est accordé jusqu'à ce soir samedi, a
commencé jeudi à la Société nationale des
Beaux-Arts.
A la Société des Artistes français, les démis-
sions envoyées parles artistes élus membres du
jury de peinture sont actuellement au nom-
bre de cinq. Ce sont celles de MM. Barrias, Ber-
nier, Le Blant, Hébert et Luc-Olivier Merson.
La démission de M.Gérôme est, en outre, pro-
bable. Certains,comme M. Chartran, qui est en
Amérique, M.Harpignies, qui est dans le Midi,
M. Benjamin-Constant, qui est couvalescent,
ont demandé à ne pas faire partie du jury
chargé de recevoir les œuvres au prochain Sa-
lon; mais ils n'ont pas renoncé à faire partie
du comité.
Quant à prendre, pour remplacer les démis-
sionnaires,les artistes qui out obtenu le plus de
voix après les élus de la réunion du 6 mars,
comme le proposent des membres de la Société,
et,comme on l'a toujours fait, le règlement du
Salon s'y oppose, paraît-il, cette année, et une
assemblée générale pourrait seule en changer
les dispositions affirment, non pas les socié-
taires, mais les membres du comité.
Est-il vraiment bien utile de convoquer
près de 1.200 votants pour procéder à de nou-
velles élections qui ruinent la société dont l'état
financier n'est pas brillant depuis quelques an-
nées?
Pourquoi ne pas se conformer à l'usage et
remplacer simplement les démissionnaires par
les candidats ayant obtenu le plus grand nom-
bre de voix après les élus ? — Ernest Jelot.
L'ASSASSINAT DE LA PETITE CHEZE
Le retour de l'agent Donzelot. — Tou-
jours l'extradition. — L'affaire con-
nexe
L'agent Donzelot, qui a arrêté Ducocq à
Bruxelles, est rentré hier à Paris, et M. Coche-
fert l'a vivement félicité. Cet agent a d'ailleurs
été nommé sous-brigadier.
Ducocq, en se rendant à Bruxelles, s'arrêta
quelques jours à Lille, où il fit la connaissance
d'une femme qu'il voulut ramener avec lui à
Paris.
On dit aussi que Ducocq, alors qu'il était au
poste de Saint-Jean Ten-Noode en compagnie
d'un inspecteur de police, Walmacque, pa-
raissait en proie à une idée fixe et s'écria tout
à coup:
— Eh bien, après tout, la fillette n'a pas été vio-
lée.
Ducocq sera-t-il extradé?
Bruxelles, 14 mars.
Malgré l'opinion première de la justice belge
au sujet de la nationalité de Ducocq, les ma-
gistrats belges, après un nouvel examen de la
question, sont très indécis.
Il se pourrait parfaitement que Ducocq soit
français.
En effet l'aïeul, Louis Ducocq, est né comme
on le sait déjà, à Bruges, en 1766. A cette
époque, la Belgique se trouvait sous la domi-
nation autrichienne. Le grand-père, Auguste,
né à Lille en 1822, a satisfait aux lois sur la
milice en Belgique; toutefois, il n'a jamais.
opté pour ce pays. Le père,Guillaume Charles,
né à Bruxelles en 1844, quoiqu'ayant tiré au
sort en Belgique, n'a jamais opté pour ce der-
nier pays.
Enfin, Hector-Guillaume Ducocq, l'assassin
présumé,n'a servi ni en Belgique ni en France.
Comme son père il n'a jamais opté pour aucun
de ces deux pays.
Il est donc établi que Ducocq n'a pas de na-
tionalité définie.
Les magistrats belges paraissent être d'avis
maintenant qu'il peut être réclamé par la jus-
tice française.
- Le gouvernement français, en présence de
cette situation, vient de réclamer l'extradi-
tion.
Autour de l'affaire
Piot et Lcsago, arrêtés à Amiens, ont été ra-
menés à Paris el interrogés hier par M.Schlum-
berger, juge d'instruction, chargé de l'affaire'
du vol commis chez M. de Noaiiles. Les deux
femmes, Blanche Thibaud et Anne Dumaine,
ont été définitivement écrouées au Dépôt.
LA BIBLIOTHÈQUE D UN USURIER
(De noire correspondant particulier, r
Londres, 14 mars.
On a vendu aux enchères le mobilier et les
livres laissés par le fameux usurier Isaac Gof"
don. La petite bibliothèque de ce Shylock mo-
derne comprenait 78 livres de prières, rédigés
en hébreu, quolques « parfaits secrétaires »
pour l'art d'écrire des lettres et un Manuel du
cc savoir-vivre u. petit guide pour les soirées
mondaines et les bals.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DEPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
AVANT LE VOYAGE EN RUSSIE
Le Président de la République a envoyé,
ainsi que nous l'avions prévu, sa réponse au
tsar Nicolas II, par laquelle il accepte l'invita-
tion à se rendre en Russie.
On mande d'autre part de Brest qu'aucun
contre-lorpillour ne fera partie de la division
navale qui escortera le Président de la Répu-
blique pour son voyage en Russie.
Hier matin, M. Albarct, directeur des cons-
tructions navales, et deux ingénieurs, se sont
rendus à bord du croiseur Guichen pour éta-
blir le plan des aménagements à y ins-
taller.
On attend à la préfecture maritime la liste
officielle des personnages qui accompagneront
le Président, afin de savoir le nombre de cham-
bres à préparer sur le Montcalm, sur lequel
à'embarquera M. Loubet.
APRÈS LE SINISTRE
M. Loubet rue Montmartre
Le Président de la République, accompagné
de son secrétaire particulier, s'est rendu hier
malin, rue Montmartre, pour visiter les im-
meubles incendiés.
Reconnu par les passants, M. Loubet a été
respectueusement salué.
Le Président est rentré à l'Elysée à pied, par
les grands boulevards.
Quelques pompiers sont encore restés en
surveillance dans les immeubles. ,
Les coffre-forts retrouvés au milieu des dé-
combres ont été ouverts. On n'a guère trouvé
qu'une somme de 3,000 francs environ dansce-
lui de M. Mesureur ; dans les autres, les pièces
d'or et d'argent ont été fondues et amalgamées
en lingots. Les billets de banque et autres pa-
piers qui s'y trouvaient ont été cousumés par
la chaleur qui se dégageait des parois.
M. Landel, commissaire de police, poursuit
toujours son enquête pour connaître les causes
du sinistre.
Il a fait déblaver l'entresol de la maison 19,
rue d'Uzès, dans lequel il semble que le feu ait
pris naissance.
Rappelons que les obsèques deMmeLemoine
auront lieu aujourd'hui.
LE CRIME DE LA LONDE
L'assassinat du colonel Nairince.-Les
déclarations de la meurtrière
Toulon, 14 mars.
Mme Nairince, qui avait fait elle-même
prévenir la gendarmerie de la petite com-
mune de la Londe du meurtre qu'elle avait
commis sur son mari, colonel de gendarmerie
en retraite, avec lequel elle était en instance
de divorce, a passé la nuit sous la surveil-
lance d'un gendarme en compagnie de sa
fille. Le cadavre a été veillé par des gendar-
mes et des gens de la campagne.
Dès que le juge d'instruction a commencé
l'interrogatoire, Mme Nairince a fait la décla-
ration suivante ;
Plaignez-moi, messieurs, et plaigrnez mes en..
fants! La vie était devenue impossible avec mon
mari. Il avait voulu quo je reprisse l'existence
commune. J'ai essayé. Ce n'a été qu'une existence
de terreur. Il m'a dit, hier matin : « Ta fille et toi,
je vous tuerai ! »
J'ai été poursuivie par cette menace. Après le
déjeuner, je suis allée vers lui. Il était sur sou
fauteuil, se chauffant devant la cheminée ; je lui
ai rappelé sa menace et ai fait fou sur lui. C'est
tout. Il est mort sans pousser un cri.
Affolée, je remontai dans ma chambre. Je dis à
ma fille Blanche ce que je venais de faire et j'ai
envoyé des serviteurs pour prévenir les autorités.
Le colonel a payé sa dette ; moi, je suis prête à
payer la mienne à la société.
Le docteur Dubrandy d'Hyères, qui a pro-
cédé à l'autopsie du cadavre, a constaté que la
balle d'un revolvêr de gros calibre avait pé-
nétré au-dessus de la colonne vertébrale et
que la mort avait été foudroyante.
Les époux Nairince ont trois enfants.L'alnée,
une fille, est mariée à M. le docteur Camail,
médecin principal des colonies, actuellement
détaché au pavillon de Flore.
MmeNairince, après avoir répondu avec dou-
ceur à toutes les questions des magistrats, est
tombée dans un état de prostration compré-
hensible.
En ces derniers temps, Mme Nairince était
résolue au divorce. Le colonel s'y opposait. De
là une surexcitation qui a abouti au doulou -
reux événement d'hier.
LIGUEUSES NATIONALISTES
A la Rochelle. — Un prêtre républicain
Un de nos amis nous envoie le filet suivant
pris dans un journal de province :
— Deux des modernes ligueuses qui ont fait
contre la République le serment d'Annibal, se
présentaient un de ces derniers matins, chez un
prêtre de La Rochelle, qui les connaissait mieux
qu'elles ne paraissaient le connaître.
Après les formules d'usage, elles exposèrent,
en termes très amphigouriques quoique onc-
tueuxetponctuéspar leurs plus gracieux souri-
res,le but intéressé de leur visite.Elles s'arrêtè-
rent à mi-chemin, attendant l'effet.
Très avisé, leur interlocuteur dit :
— Vous représentez sans doute la Société deg
Dames de la Croix-Rouge et vous recueillez des
souscriptions en son nom?
Crescendo d'embarras pour les aristocratiques
visiteuses; puis, après un temps d'hésitation :
— Oh! non, Monsieur l'abbé, nous venons pour
les élections !
— Excusez-moi,Mesdames mais je ne vous com-
prends pas du tout.
H fallut bien des réticences, nombre de cir-
conlocutions, beaucoup de sous-entendus —
un vrai régal pour l'abbé — avant de ptontm-
cer le gros mol ; nationalisme.
foNDATEUR; AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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Rédacteur EN CHEF : CHARLES BOS
NONCES
?~ a Oh. GRANGE, CERF & ON
ace de la Bourse, 6
UR EAUX du JOURNA&
RÉDACTION: 131, rue Montmartre, 1311
ne 1 à R heures du soir et de 10 heures du toir à i heure du matin
No 11692. — Dimanche 16 Mars 1902
25 VENTOSE AN HO
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser iellres et mandais à Vadministrateur
NOS LEADERS
1I¡cssis nécessaires
le ministre de la guerre a déposé, il
y a quelque temps, un projet sur les
fortifications aux termes duquel des
améliorations sont apportées dans le
système des servitudes. Pour un certain
sombre de places fortes. le ministre,
sur les conclusions d'une commission
spéciale qui a examiné la situation
faite aux propriétés par les rigueurs des
anciennes prescriptions, apporte de
très sensibles adoucissements. Il réduit
on supprime les troisième et seconde
zones. Il y a là un progrès réel notam-
ment pour la région de l'Est où les for-
tifications imposaient à un grand nom-
bre de propriétés une gêne considérable
pour leur utilisation.
Mais ce n'est là qu'une réforme par-
tielle. Il y a, en effet, en ce qui con-
cerne nos forteresses, plus à faire qu'une
réglementation nouvelle de leurs servi-
tudes. Il y a à examiner si le système
doit subsister tel qu'il est, ou s'il n'y a
pas des modifications à y apporter.
La question a été très judicieusement
posée par mon excellent collègue et ami
Berteaux dans son très remarquable
rapport sur le budget de la guerre. Elle
avait été soulevée par M. Pelletan dans
son rapport de 1900.
« Nous sommes assurément, disait-
il au début de ses observations, le pays
- du monde le plus riche en places fortes;
du moins, pour le nombre des ouvrages
de fortifications , nous n'avons pas de
rivaux. »
Pourtant, plus des deux tiers de nos
frontières sont, sinon garantis, du
moins sérieusement défendus par la
mer, et, s'il est indispensable de proté-
ger nos côtes, il n'en est pas moins ac-
quis quo les menaces d'invasion par
mer ne sont, à aucun degré, compara-
bles à celles auxquelles nous sommes
exposés par la voie de terre.
D'autre part, les Alpes et les Pyré-
nées présentent des obstacles considéra-
bles aux agressions, enfin, la neutralité
de la Suisse et de la Belgique, sans être
une garantie formelle de sécurité, nous
assure cependant une quiétude rela-
tive.
« Nous ne semblions donc pas, disait
M. Pelletan, à première vue, prédesti-
nés à posséder plus d'ouvrages fortifiés
que toutes les autres nations du globe ;
tel est cependant notre privilège. » Et le
rapporteur du budget de la guerre éva-
luait à 93 le nombre des camps retran-
chés, places fortes, groupes de fortifica-
tions et ouvrages que nous possé-
dons.
Encore comptait-il suivant la nomen-
dature officielle, comme compris dans
une seule unité, les innombrables ou-
vrages détachés qui environnent la place
principale.
« Il n'est pas excessif de dire, avec
M. Pelletan, écrit M. Berteaux, que
nous avons constitué.. de Dunkerque à
Nice, l'équivalent de la fameuse mu-
raille que, jadis, les souverains du plus
grand Empire de l'Extrême-Orient
avaient élevée contre les invasions
Mandchoues, sans succès d'ailleurs,
puisque c'est aujourd'hui une dynastie
Mandchoue qui règne sur la Chine. »"
A l'étranger on n'a pas cru devoir
nous imiter. L'Allemagne qui a à dé-
fendre des frontières de terre deux fois
et demie pins développées que notre
frontière de l'Est, et qui a pour voisines
des puissances telles que la Russie et
l'Autriche, dispose de beaucoup moins
de fortifications.
Sur sa frontière occidentale on compte:
cinq places de premier ordre, quatre
places de second ordre, trois têtes de
pont ; sur sa frontière orientale: quatre
places de premier ordre, quatre places
de second ordre ; à l'intérieur, six pla-
ces seulement. Au total , l'Allemagne
possède vingt-six points fortifiés ; mais
elle y a concentré ses efforts, au lieu
de les disséminer sur un grand nombre
d'ouvrages.
La Russie procède de même. Le sys-
tème de défense de l'Autriche est ana-
logue.
Et M. Peiletan terminait son étude en
ces termes :
« Un tel luxe de fortifications ne peut
point nm pas coûter très cher au budget
français. On a dépensé depuis 11871 de
nombreux millions pour les établir et
les armer. On dépense pour entretenir les
fortifications et l'armement, pour sol-
der le personnel nécessaire une somme
annuelle qu'il est modéré d'évaluer à 4
ou 5 millions. Outre cela, on continue
les travaux neufs, non seulement dans
les grandes places, mais dans les forts
isolés. Peut-être est-il permis de douter
que ces dépenses soient toutes de celles
qui correspondent à un accroissement de
nos forces militaires en face de l'étran-
ger. »
C'est aussi l'avis de M. Berteaux :
« Nous nous demandons, dit-il, si, au
lieu de continuer à entretenir, réparer,
renforcer les ouvrages qui existent, tout
en créant de nouveaux ouvrages, il ne
serait pas sage de faire une sélection
entre ce qui est nécessaire et ce qui ne
t'est pas, pour ne conserver que les dé-
penses indispensables. »
Et M. Berteaux conclut excellem-
ment :
« A la veille d'une revisioo d'ensem-
ble de notre législation militaire, de
l'examen de tous nos besoins en cadres
el en effectifs il n'est pas indijîérêfl.Lde
savoir exactement si nous continuerons
à ehtretenir. sans que la nécessité en
soit absolument justifiée, les cadres en
surnombre du génie et de l'artillerie.
auxquels nous condamnent nos places
fortes et nos ouvrages actuels. »
Il faut faire cette revision de nos pla-
ces fortes Le ministre avait déposé un
projet de loi portant déclassement d'un
certain nombre de places fortes. Adopté
par la Chambre il a été retiré au Sé-
nat. Il faut qu'il soit repris et adopté.
Nous avons créé des fortifications.
Làencorenotre tempéramment économe
et conservateur s'est manifesté. Nous
avons superposé les systèmes. Au sys-
tème de Vauban. que lui-même à la fin
de sa carrière jugeait excessif, nous
avons ajouté le système do Bonaparte
et à celui-ci le système moderne,résultat
de la guerre de t870. Trois systèmes
c'est deux de trop. Pourquoi par exem-
ple autour de Paris l'ancienne ligne des
forts avec les forts avancés? Pourquoi
cette double protection en avant de
l'enceinte.
La seconde est notoirement inutile.
Elle gêne tout le monde sans profit pour
l'intérêt général. Mais on la conserve
parce qu'elle existe. C'est une absurdité
coûteuse pour le trésor, vexatoire pour
les contribuables, mais cela est et il faut
que cela soit. Encore, si on supprimait
les servitudes ! Nous espérons que le
ministre de la guerre ne s'arrêtera pas,
sur ce point aussi, dans son œuvre de
réformes, et qu'il réalisera les déclasse-
ments nécessaires à la défense et à l'in-
térêt des contribuables.
A. Gervais.
Nous publierons demain un article
de M. Lucicu Vietop-Meuniei*.
EN ESPAGNE
Vous savez comment le ca-
binet Sagasta vient de démis-
sionner : M. Urzaïz, ministre
des finances, n'était pas d'ac-
cord avec la majorité de la
Chambre sur le projet d'orga-
nisation d'une banque d'Etat.
Il semblerait donc que l'agitation, de l'au-
tre côté des Pyrénées, dût régner particu-
lièrement chez les financiers ; pas du tout :
la perturbation se manifeste principale-
ment chez les moines et chez les curés.
Ces gaillards montrent trop vite le bout
de l'oreille ; et, à les voir si remuants, sans
cause apparente, on comprend que le mi-
nistère a été renversé, bien moins à cause
de sa politique financière que de sa politi-
que religieuse.
Et pourtant le gouvernement espagnol
n'était pas bien méchant pour les congréga-
tions. Il leur demandait simplement de se
conformer à une loi sur les associations,
loi organisée spécialement pour ne pas trop
gêner les groupements cléricaux : une va-
gue déclaration à fournir, et les moines
étaient (c parcs M pour tracasser le peuple
espagnol.
Se soumettre à la loi, ne fût ce qu'en
apparence ? Les cléricaux n'ont jamais com-
pris la nécessité de le faire. Aussi, ont-ils
fait la guerre aux ministres qui osaient en-
gager les habitants des couvents à se con-
former aux dispositions légales.
Le pape avait pris fait et cause pour les
rebelles; il avait fallu changer l'ambassa-
deur. Bref, la question de la banque a
surgi, et on a profité de la circonstance
pour ajouter aux tourments du pays la gêne
qui accompagne toujours une crise gouver-
nementale.
Pour changer, on menace les Espagnols
d'un ministère tout à fait réactionnaire.
Car. ne l'oublions pas, celui qui, avant de
démissionner, avait présidé aux répressions
de Barcelone et donné au général Weyler
les pouvoirs d'un véritable dictateur, celui-
là était « libéral ». Que fera, alors, le cabi-
net conservateur, dieux justes ! — Ch. B.
LES CONGREGATIONS
Les jésuites prédicateurs
Nous avons dit que les abbés Forbes et Moi-
sant avaient fait opposition à l'ordonnance de
M. André qui s'était déclaré compétent pour
connaître du délit de prédication à eux repro-
ché.
Afin d'établir de nouvelles inculpations, M.
André a entendu hier les curés de Saint-Ferdi-
nand des Ternes, de Notre-Dame-des-Champs,
de Saint-Philippe-du-Roule et de Saint-Pierre-
de-Montrouge.
Toulouse, 14 mars.
Les abbés Barquisseau et Maignen, ex-pères
jésuites, prédicateurs de carême à Toulouse,
ont'recu un mandat de comparution devant le
juge d'instruction.
AUTOUR DE PANAMA
La commission isthmique
New-York, 14 mars.
Dans la commission isthmique du Sénat, M.
Morgan a eu 3 voix avec lui et 4 contre,
ce qui indique une division semblable dans le
Sénat.
La question étant ainsi ouverte montre quels
sont les avantages de part et d'autre et prend
de l'importance.
M. Morgan choisit pour déposer son rapport
le moment où la situation diplomatique favo-
rise le Nicaragua, mais la minorité de la com-
mission qui est opposée à la voie du Nicaragua
laissera les choses en suspens jusqu'à ce que le
Sénat puisse agir d'après son jugement propre
et non d'après celui de M. Morgan.
-Ob
EN CHINE
Assassinat de deux officiers français
Londres, 14 mars.
On télégraphie de Pékin au Times, le 13
mars:
Les Chinois ont reçu confirmation de l'assassi-
nat de deux officiers français sur la frontière du
-Kouaner-si el du Tenkin. o..
LETTRE DE BELGIQUE
En faveur du suffrage universel. —
Lea démonstration» populaires, -r-
Adhésions inattendues. — Un hom-
me, une voix. - Les lettres en
deuil. - Une industrie pros-
père. — Les « Avaries » au
théâtre.
(De notre correspondant particulier
en Belgtgue)
Bruxelles, 12 mars.
Le mouvement en faveur du suffrage univer-
sel acquiert de jour en jour une importance
plus considérable et le nombre do ses partisans
augmente dans de notables proportions.
Dans tout le pays des meetings sont organi-
sés par les soins du parti ouvrier auquel se
sont joints les libéraux progressistes. Mèmd
les libéraux les plus réactionnaires, ceux qui
sont Je plus inféodés aux privilèges du capital,
s'unissent aux radicaux pour renverser le pou-
voir clérical en votant la revision constitution-
nelle.
Ils renoncent enfin aux chinoiseries du vole
plural qui avantage par trop les capacitaires et
les propriétaires fonciers et ouvre la porte à
toutes les fraudes électorales. Ils abandonnent
enfin leur méfiance envers ce terrible S. V. que
ieur imagination avait créé comme l'artisan de
la destruction de nos institutions et le boule-
versement de l'ordre social.
Adhésions sensationnelles
C'est ainsi qu'il y a lieu d'enregistrer des
adhésions réellement sensationnelles telles que
celles de M. Devigno, de Gaud.et Baudouin, de
Tirlemont : et de tous côlés s'organise une im-
posante manifestation réunissant à Bruxelles
tous les groupes libéraux démocrates et socia-
listes de tout le pays dans une solennelle et
splendide entente. Cette démonstration gran-
diose et toute pacifique aura lieu lundi 17
mars.
C'est sur notre forum de la Grand-Place, au
pied do notre somptueux hôtel do ville gothi-
que, témoin de tant de démonstrations popu-,
laires, que les délégués viendront réclamer, au
nom du pays, l'extension du droit de suffrage à
tous les Belges sans distinction.
Les alliés sont également d'accord pour join-
dre la représentation proportionnelle au S. V.
Voilà donc un pacte sincèrement conclu et ca-
pable d'amener enfin la chute de la majorité
catholique qui nous gouverne depuis dix-sept
ans.
Mais cello-ci n'en lutte pas moins désespéré-
ment tout en se sentant de jour en jour perdre
du terrain. La dernière tactique des cléricaux
consiste dans un moyen réellement malhon-
nête et employé uniquement dans le but de je-
ter la discorde entre les deux partis d'opposi-
tion. On sait que les socialistes ont inscrit dans
leur programme le droit de suffrage des fem-
mes.
Les libéraux n'en veulent pas; ausssi les so-
cialistes, dans un esprit d'entente, ont mo-
mentanément renoncé à cet article de leur
programme, circonscrivant leurs revendica-
tions actuelles uniquement au droit de suf-
frage accordé à tous les citoyens belges : un
homme, une voix ; se réservant plus tard,
après que l'éducation politique de la femme
sera faite, de réclamer pour elles le droit de
vote. Du coup, tous les catholiques sont de-
venus d'ardents féministes I Un des leurs, M.
Collaort, s'est emballé à la Chambre des re-
présentants en se déclarant partisan du droit
de suffrage des femmes. Mais quand on lui a
demandé s'il voterait cette mesure, il a ré-
pondu négativement. Quoiqu'il en soit, la re-
vision s'annonce pour bientôt et il semble
qu'en haut lieu elle réunit des partisans qui
feront contre mauvaise fortune bon cœur. On
prête même au roi cette menace adressée à ses
ministres :
Vous pouvez aller aussi loin qu'il vous plaira
dans la résistance, sauf jusqu'à l'émeute; à la pre-
mière alerte révolutionnaire, je vous réclamerai
vos portefeuilles !
Une mort
La mort vient de nous ravir un homme de
bien qui fut toujours à l'avant-garde des idées
de progrès et de justice. M. Charles Potvin,
homme de lettres et poète à ses heures, est
mort au musée Wûrtz, dont il était le digne
conservateur, à l'âge de 84 ans.
Le défunt était un des démocrates qui ont
préparé le mouvement socialiste actuel. Il col-
labora en 1818 à une série de journaux répu-
blicaics ; il favorisa notre littérature française
et fut un des champions passionnés de toutes
les idées généreuses et avancées.
Helléniste distingué, il publia une foule de
poèmes, brochures, etc. ; il fonda la Revue de
Belgique et son nom restera dans les annales de
notre Belgique le synonyme de démocratie et
liberté de conscience.
Le centenaire
La manifestation grandiose organisée en
France pour fêler le centenaire de Victor Ilugo
a eu son retentissement en Belgique.
Tout ce qui esthomme de lettres, artiste, in-
tellectuel en un mot, s'est joint de cœur à cet
admirable élan en faveur d'une des plus
grandes figures du siècle passé.
Voulant racheter la honte d'avoir expulsé,
en 1870, l'illustre poète, lo gouvernement
clérical actuel s'est fait représenter à la fête
organisée, au théâtre du Parc, en l'honneur
de l'auteur des Burgraves. Une plaque com-
mémorative a été apposée sur la façade de la
maison de la Grand'Place où Victor Hugo ha-
bila pendant son exil.
L'automobile
L'industrie de l'automobile a pris en Belgi-
que une extension considérable. D'année en
année les expositions du cycle se complètent
et signalent de notables progrès sur les précé-
dentes.
La dernière qui vient de s'ouvrir dans les
immenses halles du Parc du cinquantenaire où
eut lieu notre dernière Worl fair est réelle-
ment remarquable.
La voiture à traction mécanique atteint un
grand degré de perfection tant sous le rapport
des moteurs que sous le rapport de la forme
extérieure qui est devenue plus légère et plus
élégante. Les grandes usines francaises s'al-
lient à nos grands constructeurs belges pour
réaliser des perfectionnements nouveaux et il
ne s'agit plus seulement de voitures légères des-
tinées au transport de quelques personnes.
Nous voyons des omnibus, des fardiers, voire
des locomotives capables de transporter aisé-
ment des charges considérables.
Le comité de l'Exposition a mis gracieuse-
ment à la disposition de la presse un coquet
salon dont l'originalité consiste dans un éclai-
rage électrique obtenu sans 1e secours d'aucun
moteur ni d'aucune distribution.
La force électrique est simplement produite
par une série de piles disposées méthodique-
ment dans une étagère d'une simplicité élémen-
taire. C'est là une application toute nouvelle
de la pile à l'éclairage. Par un dispositif spé-
cial, celle-ci donne une puissance de lumière
intense dont les applications nombreuses sont
déjà réalisées dans plusieurs châteaux et habi-
tations de campagne jusqu'ici tributaires de
l'horrible lampe à pétrole et aujourd'hui dotées
de lampes électriques du modèle le plus ré-
cent, distribuant à profusion une belle lumière
fixe et d'une blancheur reposante pour la vue.
Choses de théâtre
i Le théâtre du Parc vient de louer la fè98
d'Eugène Brieux - les Avaries, que votre cen-
sure a rendue célèbre.
Le public belge s'est demandé ce que vos
terribles censeurs ont bien pu trouver de ré-
préhensible dans cette œuvre éminemment mo-
rale, ne contenant aucun mot à double sens
ni aucune grivoiserie alors qu'elle autorise des
comédies telles qu'Education de Prince et le
Vieux Marcheur ou bien encore cette ineptie
qui s'appelle Le Billet de logement.
La pièce est remarquablement jouée et mon-
tée avec un soin tout particulier. M. Dumeny,
dans le rôle du docteur,a joute encore à l'œuvre
une puissance d'action et un naturel surpre-
nants.
La pièce a remporté un succès considérable.
M. Brieux assistait à la première avec le Dr
Fournier, l'éminent professeur de la Facultéde
médecine qui fut le collaborateur de l'artiste.
La salle comble tous les soirs et les applau-
dissements chaleureux qui soulignent les pas-
sages intéressants prouvent surabondamment
le succès de la pièce.
Au théâtre de la Monnaie, M. Coquelin est
venu jouer Cyrano de Bergerac avec une troupe
de quatrième ordre. Nous sommes habitués à
mieux que cela ici.
Grisélidis, le conte lyrique d'Armand Sylves-
tre mis en musique par Massenet, passera
probablement lundi prochain. Par suite d'in-
disposition, le rôle du Diable, qui devait être
tenu par M. Isnardon, sera joué par M. Bel-
homme. — Daniel Francken.
POUR AVOIR UN EMPEREUR
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 14 mars.
Ainsi que l'on sait, chaque Etat de l'empire
allemand paie une sorte de tribut qu'on ap-
pelle contribution malriculairepour l'adminis-
tration de l'empire. Cette année il est question
d'augmenter cette contribution.
Le gouvernement de Schwarzbourg-Rudols-
tadt, celui de Reuss-Groiz et quelques autres
principautés ont fait savoir qu'il leur serait
impossible do gérer les affaires de leurs pays si
leur redevance annuelle est élevée.
Le ministre,M.von Stark.s'est rendu à Berlin
pour présenter les observations de petits Etats
dont il est le maoùalaire.
LA PEUR DU MICROBE
(De notre correspondant particulier)
Londres, 14 mars.
La commission hygiénique du Parlement a
décidé de soumettre à l'analyse bactériologi-
que l'air que les députés de la Chambre des
Communes respirent dans la salle des séances.
On ne dit pas si les bactériologistes qui ont
procédé la nuit dernière à une prise d'air dans
la salle des séances espèrent découvrir le mi-
crobe de l'impérialisme.
LA GtrERRI AUX rBILIrrlBS
(De notre correspondant particulier)
Now-York, 14 mars.
Une lettre particulière qu'un soldat améri-
cain vient d'envoyer de Catanouan à ses pa-
rents, apprend que les troupes américaines aux
Philippines ont reçu l'ordre de raser toutes les
villes et villages, sauf celles où se trouvent des
garnisons américaines. Les indigènes ont été
invités à gagner les places occapées" par les
troupes des Etats-Unis. Ceux qui seront ren-
contrés dans les bois et dans les montagnes
seront fusillés sans exception. Les ports des.
provinces de Tagabas et de Batangas ont été
fermés.
— ♦
tu poms
M. Aynard a sur la conscience un poids ter-
rible.
M. Drumont nous apprend en effet que : « si
de vieilles carmélites, qui ne faisaient de mal
à personne, ont été obligées d'aller mourir en
exil, c'est à lui qu'en revient toute la respon-
sabilité 1).
Versons une larme sur la tombe des vieilles
carmélites, et plaignons M. Aynard. M. Dru-
mont insinue même que le vote du vice-pré-
sident de la Chambre aurait été intéressé —
son gendre, M. Jonnart, devant être nommé
quelques jours plus tard gouverneur de l'Algé-
rie. La corruption, en effet, n'est point dou-
teuse, pour qui rogarde avec des lunettes
antisémites. M. Aynard expiera cruellement
ses fautes dans les tortures éternelles de
l'enfer.
Une autre conscience obérée, c'est celle de
M. Poincaré.
M. Poincaré, lui, est littéralement écrasé
sous le faix de ses turpitudes (c'est Rochefort
qui parle), car c'est grâce à lui que le minis-
tère WalJeck-Rousseau n'est point mort-né.
Aussi, est-il complice de toutes les infamies
du plus corrupteur des gouvernements. (Ceci,
c'est du Lemaître.)
Les nationalistes ne se font point faute de
dire toutes ces vérités à la veille des élections;
ils ajoutent que MM. Poincaré et Aynard sont
aujourd'hui bien mal venus à protester à cha-
que instant contre les atteintes portées aux
libertés religieuses, et que leur conversion
tardive no peut être attribuée qu'à la crainte
de voir leurs sièges leur échapper.
Voici, en effet, que la Patrie française a sus-
cité un concurrent à M. Poincaré dans la per-
sonne de M. Beauchet, professeur à la Faculté
de droit de Nancy, qui, dit-on, aurait quelques
chances de battre son adversaire.
La lutte, en vérité, ne sera point banale :
deux programmes identiques, sous deux éti-
quettes différentes, de chaque côté d'ardentes
récriminations contre l'abrogation de la loi
Falloux et l'impôt sur le revenu.
Malgré tout, nous faisons des vœux pour M.
Poincaré. Si ses électeurs ne lui pardonnent
point d'avoir été, fût-ce un instant, ministé-
riel, nous ne lui en voulons pas, nous, d'avoir
déserté le poste de combat. Nous ne connais-
sons ni la rancune, ni la haine. Si M. Poincaré
est puni, il le sera par ses amis. On n'est ja-
mais trahi que par les siens.- A. Armbrutter.
POUR GERMANISER LA POLOGNE
Berlin, 14 mars.
Le maire d'Ojrzanovo, une commune de la
Pologne prussienne, avait écrit au préfet pour
se plaindre de l'instituteur, qu'il accusait de
martyriser ses élèves. Le préfet envoya cette
lettre au procureur du roi qui, d'office, pour-
suivit le maire pour diffamation de l'institu-
teur prussien Kuehn.
A l'audience, l'instituteur Kuehn a déposé :
Je n'ai pas dépassé la mesure ; j'ai frappé les
enfants avec une badine sur le nez ; naturelle-
ment, ils ont saigné. J'avais 167 enfants dans mes
classes, cela explique ma nervosité, qui m'a poussé
à distribuer des coups de poing et à casser des
ardoises sur la tête de mes élèves qui m'exaspé-
raient.
Une gamine de onze ans raconte que le
maître l'a frappée un jour douze fois de suite
sur la tête ; elle a dù garder le lit pendant
deux jours.
Une autre élève a reçu des coups de poing
qui lui ont cassé deux dents.
Après ces dépositions, le tribunal a acquitté
rie maire d'Ojuziinovoe - -
CHEZ LES ARTISTES
A la galerie Georges Petit. — La So-
ciété nouvelle de peintres et de
sculpteurs. — Au jury de pein-
ture de la Société des artis-
tes français. — Les dé-
missionnaires.
Beaucoup de monde hier à l'inaugllration de
la troisième exposition de la Société nouvelle
de peintres et de sculpteurs ouverte galerie
Georges Petit jusqu'au 3 avril.
La grande salle a été divisée en trois petits
salons où chaque exposant présente ses œuvres
sur un panneau qui lui est particulier.
A la sulpture
Rodin expose, comme iuvité. un groupe
marbre : Tentation de saint Anlome. Très
beau comme mouvement et, comme toujours,
d'un groupement bien statuaire.
Saint Antoine à genoux, face contre terre,
baise ardemment la croix qu'il a dans les
mains, cependant qu'une jeune femme nue
s'étend sur son dos et se lord agitée par les
plus vifs désirs auxquels saint Antoine aura
beaucoup de peiue à résister.
M. Louis Dejean expose d'intéressantes pe-
tites statuettes et M. Jules Desbois une Jardi-
nière aux Baigneuses, bronze très réussi.
A la peinture
En entrant, à gauche, les œuvres de M.
Aman-Jean, dans un ton de décoration mat et
tranquille.
A citer particulièrement : Voulzie, La Loge,
Y Eventail et Nature morte.
Chalands sous la neige, par M. Albert
Baarlsoen, Le sourire de Germaine Ledrin, par
M. Jacques-Emile Blanche ; un profil de
jeune fille, par M. Emile Claus, devenu vio-
lent impressionniste; Soleil couchant à Quim-
perlé, par M. Charles Cottet.
Une série d'intérieurs sans personnages, très
appréciée, entr'autres : Chez Helleu, MaCham-
bre, au coin du feu, La console, Embarcadère
sur le lac de Côme, Venise, etc., par M. Walter
Gay ; Femme au miroir et plusieurs paysages
par M. Georges Griveau ;
De délicieuses danseuses d'un effet charmant
ainsi que plusieurs autres toiles, par M. Gas-
ton Latouche ; La table, Le puits. Le lilas, La
place, etc., par M. Sidaner ; trois dessus de
portes, panneaux décoratifs d'un bel effet et
d'un beau sentiment d'art, destinés au cabinet
de travail de M. M., professeur de faculté,
par M. Henri Martin, qui expose encore une
très intéressante tête de jeune femme aux che-
veux dénoués et plusieurs paysages, parmi
lesquels: La Causse, Lot, Temps gris, etc.;
Intérieur de forêt. Coucher de soleil, Effet de
pluie, pastels par M. René Ménard ; Après le
déjeuner, par M. René Prinet ; Le Beaupré,
ébauche d'une vision franche etplusieurs aqua-
relles, par M. Lucien Simon.
La Roulotte, Coin de province, Vieux pont
à Quimperlè, Jour de neige, Saules au bord
de l'Isotte, par M. Fritz Thaulow; Venise, So-
leil couchant, d'une belle impression, ainsi que
Soir d'été, Rio della Veste, Festa di San Tro-
vaso, par M. Eugène Vail; Carmen la Gitane,
par M. Ignacio Zuloaga.
A citer encore les œuvres de MM. Frank
Brangwyn, A. Charpentier, André Dauchez,
Henri Duhem, Camille Lefèvre, Constantin
Meunier, etc.
Cette exposition comprend deux cents œu-
vres environ dont le clou est encore le saint
Antoine d'Auguste Rodin.
Avant l'ouverture des Salons
Le dépôt des œuvres de peinture, pour le-
quel il est accordé jusqu'à ce soir samedi, a
commencé jeudi à la Société nationale des
Beaux-Arts.
A la Société des Artistes français, les démis-
sions envoyées parles artistes élus membres du
jury de peinture sont actuellement au nom-
bre de cinq. Ce sont celles de MM. Barrias, Ber-
nier, Le Blant, Hébert et Luc-Olivier Merson.
La démission de M.Gérôme est, en outre, pro-
bable. Certains,comme M. Chartran, qui est en
Amérique, M.Harpignies, qui est dans le Midi,
M. Benjamin-Constant, qui est couvalescent,
ont demandé à ne pas faire partie du jury
chargé de recevoir les œuvres au prochain Sa-
lon; mais ils n'ont pas renoncé à faire partie
du comité.
Quant à prendre, pour remplacer les démis-
sionnaires,les artistes qui out obtenu le plus de
voix après les élus de la réunion du 6 mars,
comme le proposent des membres de la Société,
et,comme on l'a toujours fait, le règlement du
Salon s'y oppose, paraît-il, cette année, et une
assemblée générale pourrait seule en changer
les dispositions affirment, non pas les socié-
taires, mais les membres du comité.
Est-il vraiment bien utile de convoquer
près de 1.200 votants pour procéder à de nou-
velles élections qui ruinent la société dont l'état
financier n'est pas brillant depuis quelques an-
nées?
Pourquoi ne pas se conformer à l'usage et
remplacer simplement les démissionnaires par
les candidats ayant obtenu le plus grand nom-
bre de voix après les élus ? — Ernest Jelot.
L'ASSASSINAT DE LA PETITE CHEZE
Le retour de l'agent Donzelot. — Tou-
jours l'extradition. — L'affaire con-
nexe
L'agent Donzelot, qui a arrêté Ducocq à
Bruxelles, est rentré hier à Paris, et M. Coche-
fert l'a vivement félicité. Cet agent a d'ailleurs
été nommé sous-brigadier.
Ducocq, en se rendant à Bruxelles, s'arrêta
quelques jours à Lille, où il fit la connaissance
d'une femme qu'il voulut ramener avec lui à
Paris.
On dit aussi que Ducocq, alors qu'il était au
poste de Saint-Jean Ten-Noode en compagnie
d'un inspecteur de police, Walmacque, pa-
raissait en proie à une idée fixe et s'écria tout
à coup:
— Eh bien, après tout, la fillette n'a pas été vio-
lée.
Ducocq sera-t-il extradé?
Bruxelles, 14 mars.
Malgré l'opinion première de la justice belge
au sujet de la nationalité de Ducocq, les ma-
gistrats belges, après un nouvel examen de la
question, sont très indécis.
Il se pourrait parfaitement que Ducocq soit
français.
En effet l'aïeul, Louis Ducocq, est né comme
on le sait déjà, à Bruges, en 1766. A cette
époque, la Belgique se trouvait sous la domi-
nation autrichienne. Le grand-père, Auguste,
né à Lille en 1822, a satisfait aux lois sur la
milice en Belgique; toutefois, il n'a jamais.
opté pour ce pays. Le père,Guillaume Charles,
né à Bruxelles en 1844, quoiqu'ayant tiré au
sort en Belgique, n'a jamais opté pour ce der-
nier pays.
Enfin, Hector-Guillaume Ducocq, l'assassin
présumé,n'a servi ni en Belgique ni en France.
Comme son père il n'a jamais opté pour aucun
de ces deux pays.
Il est donc établi que Ducocq n'a pas de na-
tionalité définie.
Les magistrats belges paraissent être d'avis
maintenant qu'il peut être réclamé par la jus-
tice française.
- Le gouvernement français, en présence de
cette situation, vient de réclamer l'extradi-
tion.
Autour de l'affaire
Piot et Lcsago, arrêtés à Amiens, ont été ra-
menés à Paris el interrogés hier par M.Schlum-
berger, juge d'instruction, chargé de l'affaire'
du vol commis chez M. de Noaiiles. Les deux
femmes, Blanche Thibaud et Anne Dumaine,
ont été définitivement écrouées au Dépôt.
LA BIBLIOTHÈQUE D UN USURIER
(De noire correspondant particulier, r
Londres, 14 mars.
On a vendu aux enchères le mobilier et les
livres laissés par le fameux usurier Isaac Gof"
don. La petite bibliothèque de ce Shylock mo-
derne comprenait 78 livres de prières, rédigés
en hébreu, quolques « parfaits secrétaires »
pour l'art d'écrire des lettres et un Manuel du
cc savoir-vivre u. petit guide pour les soirées
mondaines et les bals.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DEPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
AVANT LE VOYAGE EN RUSSIE
Le Président de la République a envoyé,
ainsi que nous l'avions prévu, sa réponse au
tsar Nicolas II, par laquelle il accepte l'invita-
tion à se rendre en Russie.
On mande d'autre part de Brest qu'aucun
contre-lorpillour ne fera partie de la division
navale qui escortera le Président de la Répu-
blique pour son voyage en Russie.
Hier matin, M. Albarct, directeur des cons-
tructions navales, et deux ingénieurs, se sont
rendus à bord du croiseur Guichen pour éta-
blir le plan des aménagements à y ins-
taller.
On attend à la préfecture maritime la liste
officielle des personnages qui accompagneront
le Président, afin de savoir le nombre de cham-
bres à préparer sur le Montcalm, sur lequel
à'embarquera M. Loubet.
APRÈS LE SINISTRE
M. Loubet rue Montmartre
Le Président de la République, accompagné
de son secrétaire particulier, s'est rendu hier
malin, rue Montmartre, pour visiter les im-
meubles incendiés.
Reconnu par les passants, M. Loubet a été
respectueusement salué.
Le Président est rentré à l'Elysée à pied, par
les grands boulevards.
Quelques pompiers sont encore restés en
surveillance dans les immeubles. ,
Les coffre-forts retrouvés au milieu des dé-
combres ont été ouverts. On n'a guère trouvé
qu'une somme de 3,000 francs environ dansce-
lui de M. Mesureur ; dans les autres, les pièces
d'or et d'argent ont été fondues et amalgamées
en lingots. Les billets de banque et autres pa-
piers qui s'y trouvaient ont été cousumés par
la chaleur qui se dégageait des parois.
M. Landel, commissaire de police, poursuit
toujours son enquête pour connaître les causes
du sinistre.
Il a fait déblaver l'entresol de la maison 19,
rue d'Uzès, dans lequel il semble que le feu ait
pris naissance.
Rappelons que les obsèques deMmeLemoine
auront lieu aujourd'hui.
LE CRIME DE LA LONDE
L'assassinat du colonel Nairince.-Les
déclarations de la meurtrière
Toulon, 14 mars.
Mme Nairince, qui avait fait elle-même
prévenir la gendarmerie de la petite com-
mune de la Londe du meurtre qu'elle avait
commis sur son mari, colonel de gendarmerie
en retraite, avec lequel elle était en instance
de divorce, a passé la nuit sous la surveil-
lance d'un gendarme en compagnie de sa
fille. Le cadavre a été veillé par des gendar-
mes et des gens de la campagne.
Dès que le juge d'instruction a commencé
l'interrogatoire, Mme Nairince a fait la décla-
ration suivante ;
Plaignez-moi, messieurs, et plaigrnez mes en..
fants! La vie était devenue impossible avec mon
mari. Il avait voulu quo je reprisse l'existence
commune. J'ai essayé. Ce n'a été qu'une existence
de terreur. Il m'a dit, hier matin : « Ta fille et toi,
je vous tuerai ! »
J'ai été poursuivie par cette menace. Après le
déjeuner, je suis allée vers lui. Il était sur sou
fauteuil, se chauffant devant la cheminée ; je lui
ai rappelé sa menace et ai fait fou sur lui. C'est
tout. Il est mort sans pousser un cri.
Affolée, je remontai dans ma chambre. Je dis à
ma fille Blanche ce que je venais de faire et j'ai
envoyé des serviteurs pour prévenir les autorités.
Le colonel a payé sa dette ; moi, je suis prête à
payer la mienne à la société.
Le docteur Dubrandy d'Hyères, qui a pro-
cédé à l'autopsie du cadavre, a constaté que la
balle d'un revolvêr de gros calibre avait pé-
nétré au-dessus de la colonne vertébrale et
que la mort avait été foudroyante.
Les époux Nairince ont trois enfants.L'alnée,
une fille, est mariée à M. le docteur Camail,
médecin principal des colonies, actuellement
détaché au pavillon de Flore.
MmeNairince, après avoir répondu avec dou-
ceur à toutes les questions des magistrats, est
tombée dans un état de prostration compré-
hensible.
En ces derniers temps, Mme Nairince était
résolue au divorce. Le colonel s'y opposait. De
là une surexcitation qui a abouti au doulou -
reux événement d'hier.
LIGUEUSES NATIONALISTES
A la Rochelle. — Un prêtre républicain
Un de nos amis nous envoie le filet suivant
pris dans un journal de province :
— Deux des modernes ligueuses qui ont fait
contre la République le serment d'Annibal, se
présentaient un de ces derniers matins, chez un
prêtre de La Rochelle, qui les connaissait mieux
qu'elles ne paraissaient le connaître.
Après les formules d'usage, elles exposèrent,
en termes très amphigouriques quoique onc-
tueuxetponctuéspar leurs plus gracieux souri-
res,le but intéressé de leur visite.Elles s'arrêtè-
rent à mi-chemin, attendant l'effet.
Très avisé, leur interlocuteur dit :
— Vous représentez sans doute la Société deg
Dames de la Croix-Rouge et vous recueillez des
souscriptions en son nom?
Crescendo d'embarras pour les aristocratiques
visiteuses; puis, après un temps d'hésitation :
— Oh! non, Monsieur l'abbé, nous venons pour
les élections !
— Excusez-moi,Mesdames mais je ne vous com-
prends pas du tout.
H fallut bien des réticences, nombre de cir-
conlocutions, beaucoup de sous-entendus —
un vrai régal pour l'abbé — avant de ptontm-
cer le gros mol ; nationalisme.
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