Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-03-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mars 1902 14 mars 1902
Description : 1902/03/14 (N11689). 1902/03/14 (N11689).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549341g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CI NO CENTIMES le Numéro.
PARIS « DEPARTEMENTS
Ce Wurnero. CIETQ CENTIMES
AMATEUR AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Si mois Trois mois Six mois On ai
Paris 2fr. 5fr. 9fr. 18 fr.
DépartenwrltB.. 2 - 6 - 44 — 29 —»
t~ Postale. 3 - 9-46— 32 —
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
NONCES
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«M^yCk.j LA 1 RANGEt CERF & Ctt
• , M Pty e de la Bourse, 6
L ^t? f?T[Y REAUX du lOUBKAI.
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RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131 j
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure dit matin
No 11689. — Vendredi 14 Mars 1902
23 VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
NOS LEADERS
LA BBTE FBROE
Un de ces gros volumes in-octavo,
épais, compacts, et dont l'estampille de
la librairie Pion, sur leur couverture
bleu-pâle, garantit le caractère indiscu-
tablement sérieux ; cela s'appelle : « Na-
poléon et la paix », et a pour auteur M.
Arthur-Lévy. Une politesse en vaut
une autre; on a bien voulu m'envoyer
cet ouvrage; je me crois donc en quel-
que sorte. obligé de le lire ; n'étant pas,
du reste, de ceux que rebutent les cho-
ses sérieuses.
Mais mon étonnement est considéra-
ble. Ce volume, si sérieux d'aspect, ne
l'est point du tout en réalité. — Tel un
monsieur rasé de frais, cravaté de blanc,
à côtelettes de magistrat, à ventre pyri-
forme, et que l'on eût pris pour le plus
austère des membres du jury, se révèle
soudainement sous les aimables aspects
d'un farceur de société.
J'adresse mes compliments bien sin-
cères à M. Arthur-Lévy ; comme blague
« à froid j), c'est absolument réussi; tout
à fait le genre anglais.
Son livre, écoutezceci, tend à prouver
— démonstration appuyée bien entendu
sur les documents les plus authentiques
— que Napoléon Ier fut l'être le plus pa-
cifique du monde, ne fit jamais la guerre
que contraint et forcé ; et caressa toute
sa vie le rêve inexaucé de muer en socs
de charrue toutes les lames de sabre.
Il m'a paru, par la lecture que j'ai
faite du livre de M. Arthur-Lévy, que
cet humoriste distingué bâtissait sur-
tout la légende qu'il veut créer sur les
lettres et documents diplomatiques en
lesquels Napoléon — qui a exhalé, on
le sait, à peu près autant de menson-
ges qu'il a dit de paroles — a protesté
de ses intentions conciliantes et de son
amour pour la paix.
A ces protestations les faits, tous les
faits infligent de formels démentis et la
thèse ingénieuse imaginée par M. Ar-
tbur-Lévy pour les besoins de la gaîté
française ne résiste pas à l'examen.
Je remarque, d'ailleurs, que M. Ar-
thnr-Lévy a arrêté son livre en -1805 ;
j'imagine qu'il eût été fort embarrassé
de le poursuivre jusqu'en 1813 ; com-
ment se fût—il tiré de cette conversation
restée justement célèbres qui eut lieu,
après les batailles de Lutzen et de Baut-
zen, entre Napoléon et ce Metternich
dont ceux qui ne le connaissent que par
les caricatures de l'Aiglon de M. Ros-
tand, doivent avoir une si étrange
idée.
L'année précédente, Napoléon venait
de subir en Russie d'effroyables désas-
tres, coup mortel porté à son exécrcble
fortune. Une sixièmo coalition s'était
formée contre lui,composée de l'Angle-
terre, de la Russie, de la Prusse, de la
Suède et de l'Espagne. Quand Mettcr-
nich, au nom de l'Autriche qui était de-
meurée dans l'expectative, vint trouver
Napoléon pendant l'armistice de Pleis-
with,la situation était des plus critiques
pour le soldat qd, à force de crimes
entassés, s'était fait empereur.
A Lutzen et à Bautzen, il venait, il
est vrai, grâce à l'héroïsme des jeunes
troupes françaises, de desserrer un peu
l'étreinte de fer qui devait finir par le
broyer; mais ces succès étaient bien
précaires, allaient être de courte durée ;
et en même temps la sanglante défaite
de Vittoria venait de lui faire perdre
à jamais l'Espagne. Cet armistice de
Plciswith c'était un moment do répit
au milieu de l'épouvantable débâcle,
c'était un court temps d'arrêt dans la
chute.
Si Napoléon avait eu, non pas les
sentiments magnanimes et chevaleres-
ques que lui prête avec tant de généro-
sité M. Arthur-Lévy, mais simplement
des sentiments humains, il se fût em-
pressé d'accepter les propositions qui
lui étaient faites. Il n'en fit rien. La
coalition demandait, pour garanties,
l'abandon du grand-duché de Varsovie,
de l'Illyrie, des villes hanséatiques et du
protectorat de la Confédération du
Rhin; moyennant quoi, elle déposait
les armes. Cela n'avait assurément rien
d'exagéré.
Non seulement la France restait in-
tacte, mais elle conservait les conquêtes
de la République, ces conquêtes quo
Napoléon lui a fait perdre. Si Napoléon
avait eu, à quelque degré que ce fût, la
notion de ses devoirs envers la France,
il eôt souscrit à ces conditions. Mais, je
le répète, il n'avait rien d'humain ; ce
n'était qu'une bête féroce, gonflée d'or-
gueil.
Une des réponses qu'il fit à Motter-
nich est caractéristique : — « Vos sou-
verains, lui dit-il, étant nés sur le trône
ne peuvent comprendre les sentiments
qui m'animent. Ils rentrent battus dans
leur capitale et pour eux il n'en est ni
plus ni moins. Moi je suis un soldat,
j'ai besoin d'honneur et de gloire; je
no puis pas reparaître amoindri au
milieu de mon peuple; il faut que je
reste grand, glorieux, admiré. »
Ainsi à Metternich qui proposait une
paix honorable dont toute l'Europe
avait besoin, il répondait : — La guerre!
— Il criait, écumant de rage : « Pré-
parez-vous à lever des millions d'hom-
mes. à verser le sang de plusieurs géné-
rations et à venir traiter au pied des
hauteurs de Montmartre !. » Dix mois
après, les alliés étaient en effet à Mont-
martre. Ainsr l'avait voulu Napoléon.
Et comme Metternich essayait encore
de l'émouvoir en parlant de ces flots
de sang humain qui allaient être répan-
dus, ce fut alors que Napoléon vomit,
dans un paroxysme, cette parole infâme
qui fait de lui, dans l'éternité, le der-
nier des misérables : (t Un homme com-
me moi se fout pas mal de la vie d'un
million d'hommes ! »
Hélas ! il a entraîné la France dans sa
chute, et les blessures que cet effroya-
ble scélérat a faites à la patrie ne sont
pas encore cicatrisées.Mais dites,devant
cette brève évocation du vrai Napoléon,
quelle figure font les fantaisies pseudo-
historiques de M. Arthur-Lévy! Ce der-
nier, sans doute, se croit très malicieux
parce que, pour établir les sentiments
pacifiques de Napoléon, il fait remar-
quer que celui-ci a toujours rendu leur
trône aux empereurs et rois qu'il a suc-,
cessivement battus. Parbleu ! ce parvenu
a toujours fait le rêve de devenir pareil
aux souverains héréditaires; il les con-
servait pour pouvoir se faufiler au mi-
lieu d'eux ; de quel César eût-il pu
épouser la fille s'il avait renversé tous
les Césars? Mais assez discuté, ce me
semble.
Au surplus, on me demandera peut-
être pourquoi j'ai écrit tout ce qui pré-
cède, à propos d'un livre qui ne paraît
point, à coup sûr, appelé à devenir po-
pulaire. Je réponds que, républicain et
Français, j'ai surtout dtns l'âme une
haine, la haine de Napoléon ; et qu'à
chaque tentative faite pour glorifier le
monstre, l'indignation me monte du
cœur aux lèvres, en paroles ardentes
que j'essayerais vainement de contenir.
Le lendemain du jour où celui qui fut
le général Boulanger se fit sauter son
semblant de cervelle dans un cimetière
belge, j'ai dit : - Je reste antiboulan-
giote. — On me répondait : - Mais
Boulanger est mort ! - Allons donc !
Demandez aux escarpes de la Ligue de
la Patrie française si le boulangisme est
mort. Et ce boulangisme n'était qu'un
sous-produit de ce bonapartisme dontles
ordures traînent encore dans le sang de
la France.
Croyez-le : Napoléon, c'est le fléau
dévastateur qui a fait tant de ruines que
tout, après un siécle passé, n'est pas en-
core réparé, il s'en faut ! Napoléon,
c'est la maladio dont nous ne sommes
point encore guéris ; nos souvenirs de
désastres et do hontes, c'est Napoléon:
nos misères, c'est Napoléon ! A bas Na-
poléon !. Oh! crions-le, de toute la
force de nos poumons, ce cri d'exécra-
tion, ce cri de vengeance ; pour que si,
quelque jour, une autre bête féroce veut
faire revivre les traditions du bandit
corse, tous les Français, appelés par le
tocsin, prennent faulx, pioches, four-
ches, marteaux, et, comme on court sus
à un chien enragé, acculent dans un
coin et massacrent sans pitié le fauve
— ne serait-ce que pour sauver la
France d'une quatrième invasion !..
Lucien Victor-Meunier.
L
PARLONS-EN MIEUX
Vraiment, les journaux du
parti modéré ont une maniire
de raisonner qui leur est parti-
culière. Prenons un exemple :
ils observent que M. Beauchet,
professeur à la Faculté de droit
de Nancy, se présente comme
candidat nationaliste contre M. Poincaré.
— Voilà, s'écrient nos adversaires, un
argument de fait; il prouve qu'il ne faut
pas abroger la loi Falloux.
Ils ajoutent, sans se départir d'un calme
bien louable :
— Si M. Beauchet est candidat nationa-
liste, cela prouve qu'il y a des nationalistes
dans l'Université ; et, si les professeurs des
établissements de l'Etat sont cléricaux, en
quoi l'enseignement qu'ils donnent est-il
préférable à celui que les jeunes gens re-
çoivent dans les écoles congréganistes ?
Ce raisonnement n'est peut-être pas
très rigoureux. Si un professeur de la
Faculté de droit de Nancy est candidat
nationaliste, cela prouve qu'il y a un pro-
fesseur nationaliste dans l'Université. C'est
un de trop, évidemment.
Mais, laissant de côté le cas de M. Beau-
chet, qui n'est pas très significatif, nous
rappellerons à nos confrères « progressis-
tes » un débat qui a occupé récemment
plusieurs séances de la Chambre, et au
cours duquel les républicains ont pro-
testé avec énergie contre l'infiltration clé-
ricale qui menace de pourrir le corps en-
seignant.
Il est trop clair que si nous tenons à nous
débarrasser de l'enseignement confession-
nel distribué dans les boites à moines,
nous ne supporterons pas que cet ensei-
gnement confessionnel soit transporté dans
les facultés et dans les lycées nationaux.
C'est le rôle d'un ministre de l'instruction
publique soucieux de son devoir, de s'op-
poser à la propagande cléricale quand elle
s'exerce dans les écoles, quand elle menace
la neutralité si nécessaire de l'éducation.
La candidature réactionnaire de M. Beau-
chet n'a donc rien qui puisse nous trou-
bler; en revanche elle semble gêner singu-
liérement les modérés, — et M. Poincaré
en particulier. Si M. Poincaré est battu
par le professeur nationaliste de Nancy, il
ne devra reprocher à personne, sauf à lui
même, un malheur dont il aura été l'arti-
san.
Quand on donne accueil à l'ennemi, il ne
faut pas s'étonner s'il vous met ensuite à la
porte. M. Poincaré n'ignore pas que Mo-
lière a écrit, sur ce sujet, cinq actes aux-
quels il sied de ne rien retrancher. -
Ch. Be)
LETTRE DU PORTUGAL
listudiantina. — Echange de compli-
ments. — Académie royale. — Au
temps de « Gil Blas ». — Excur-
sions en musique. — Visites pro-
chaines. — Deux voisins qui se
connaissent peu. — Etudiants
et diplomates.
(De noire correspondant spécial au Portugal)
- -- - Lisbonne, 10 mars.
Les étudiants espagnols de lUniversilo de
Valladolid, qui sont venus en Portugal, ont
été reçus par leurs confrères portugais avec
un magnifique enthousiasme. A Lisbonne, à
Coïmbre et Oporlo, il y a eu des concerts, des
séancos littéraires, banquets, etc., en honnour
des étudiants espagnols. Pendant qu'en Portu-
gai la jeunesse des écoles festoyait ses confrè-
ires (l'Espagne, la tuna des étudiants d'Oporto
était reçue avec un enthousiasme semblable
par les étudiants de la Galice, province d'Es-
pagne sur la frontière nord du Portugal.
A la Corogne,toute la ville s'est associée aux
fêtes en honneur des étudiants portugais.
Dans les deux pays, l'opinion publique voit
avec plaisir cet échange de compliments et les
autorités elles-mêmes se sont associées à ces
manifestations.
A Lisbonne, le roi et la famille royale ont
reçu les étudiants espagnols au Palais où un
luuch hur a été offert.
Pendant quelques jours nous avons pu voir
cotte joyeuse et bruyante jeunesse dans les
rues, dans les cafés et dans les théâtres, répan-
dant partout sa joie et l'enthousiasma chaleu-
reux de son tempérament méridional.
Moeurs d'étudiants
Los étudiants de l'Université de Valladolid
portent encore le costume en velours noir
comme au temps de Losago.
L'étudiant portugais, surtout celui de l'Uni-
versili de Coïmbre, avec-son ancien costume
noir, le manteau rejeté sur l'épaule, la tête
nue et la guitare à la main, c'est à la fois un
pou troubadour, ménestrel et bohémien.
Poète passionné et orateur pour le moins
énergique, ses opinions politiques devancent
parfois celles des p!us audacieux propagateurs
d'idéal et de liberté. Cependant, lorsqu'il
finit ses études, il change plus ou moins de po-
litique et il se mot facilement d'accord avec le
monde où il va prendro place.
Les étudiants portugais, ainsi que les espa-
gnols, lorsqu'ils font une excursion, se font
accompagner de leur tuna, l'orchestre formé
par des étudiants, qui joue parmi eux un rôlo
important.
On annonce encore d'autres excursions d'étu-
diants portugais on Espagne et. d'étudiants
ospagnols en Portugal.
Rapprochement éventuel
Le public considère cet échange de compli-
ments chez la jeunesse intellectuelle des deux
pays comme un mouvement préparatoire à un
rapprochement entre les deux nations.
L'Espagne et le Portugal, physiquement tout
proche l'une de l'autre,sont en effet plus sépa-
rés qu'on le suppose. Leurs langues, leurs
mœurs et la natuie des pays se ressemblent et
aucune chaîne do montagnes, aucun grand
flouve no dessinent naturenemont les limitas
des doux Etats. Cep3ndant le Portugal connaît
peu l'Espagne et coiie-ci connaît très peu le
Portugal.
Les journaux portugais s'occupent de ce qui
se passe en France, en Angleterre, en Italie ot
rarement ils s'occupent de l'Espagne.Les jour-
naux d'Epagne se conduisent d'une manière
identique. Ici, chez les libraircc.où se trouvent
toutes les meilleures œuvres de littérature
française, il est rare de trouver un livre espa-
gnol. Très rares aussi sont, au théâtre, las tra-
ductions des oeuvres d'auteurs espagnols. El
pourtant les Portugais, par leur tempérament,
devraient comprendre bien le sentiment de la
littérature castillane, dont la langue ressemble
beaucoup à la leur.
Ainsi donc, ces deux nations, arroséos par
les mêmes fleuves, illuminées par le même so-
leil et ayant de leur grandeur d'autrefois une
histoire commune,vivent presquo isolées l'une
de l'autre. Un grand sentiment d'indépendance
national, du côté du peuple portugais, est la
raison de cet éloignement.
Malgré les excellentes relations politiques
entre les deux pays, le peuple portugais croit
toujours voir dans l'Espagne le désir do l'union
ibérique. Cependant, dans cette attitude réser-
vée, le Portugal se réjouit des gloires de l'Es-
pagne et il regrette ses infortunes. Pour leur
part, les Espagnols sont en général affectueux
pour les Portugais.
L'œuvre des étudiants
Donc. il est très loué le mouvement de la
jeunesse des écoles tondant à rendre plus in-
times les relations de bonne amitié entre les
deux peuples. Et ainsi ce sont les étudiants,
les hommes de l'avenir, qui prennent une si
profitable initiative, et certainement ils ob-
tiennent ce que n'aurait pas obtenu la poli-
tique des plus habiles diplomates. - Maitoso
da FonFeca.
GLOIRE PACIFIQUE
Le gouvernement vient de soumettre à la
Chambre un projet de loi tendant à acccorder
à M.Savorgnan deBrazza une pension annuelle
de 10,000 francs.
Nous serions ridicules en rappelant quels im-
menses services M. de Brazza a rendus à la
France, lui assurant la possession d'immenses
territoires en Afrique.
M. de Brazza avait demandé une pension de
retraite. Rien ne semblait plus simple ; maison
s'aperçut — c'est l'exposé des motifs du projet
qui nous l'apprend — on s'aperçut que (c les
textes régissant la matière ne permettaient pas
d'accorder à l'illustre explorateur une pension
en rapport avec l'impor/ance de ses services ».
C'est donc à titre do/ récompense nationale,
bien méritée d'aillenns, que M. Savorgnan de
Brazza recovra sa pension. Sa famille, elle
aussi, est mise à l'abri de la gêne, car une
somme annuelle op 6,000 francs serait revorsi-
ble, en cas de décès du titulaire de la pension,
sur la tête de sa reuye, ou répartie entre ses
enfants jusqu'à leur majorité.
La Chambre ne pourra manquer de ratifier
le projet du gouvernement ; la Chambre et le
Sénat montraient d'ailleurs leur sentiment en
votant récemment des funérailles nationales à
l'un des compagnons de lutte de M. de Brazza,
le docteur Ballay.
On sait que le docteur Ballay accompagnait,
il y a environ vingt-cinq ans, M. Savorgnan de
Brazza dans la première sérieuse exploration
du Haut-Ogooué. Et en 1886, quand M. de
Brazza fut nommé commissaire général du
Congo et du Gabon, le docteur Ballay reçut le
titre de lieutenant général du Gabon, ainsi mis
à même de prêter le concours le plus efficace
à son compagnon d'expédition.
Savorgnan de Brazza et Ballay, explora-
teurs, administrateurs, nous ont donné le bas-
sin du Congo, qui leur fut longtemps disputé
par Stanley. Celui-ci voyait dans le Congo la
voie qui devait amener à la côle und grosso
partie du commerce africain.
Notre grande raison d'admirer Savorgnan
de Brazza, c'est que dans ses pointes hardies à
travers le continent noir, il resta toujours le
conquéraat oacinQue. Gala na l'empêcha pas
de tenir tête à son rival anglais Stanley, qui
civilisait à coups de fusil.
Héias, vous savez que les voyageurs anglais
n'",' pas gardé longtemps le monopole de
l'extermination des nègres. Nos Voulet et nos
Chanoine ont fait un épouvanlail du drapeau
tricolore, et des documents irréfutables nous
ont appris comment les indigènes avaient été
traités par les hommes do la colonne Mar-
chand.
La France doit être reconnaissante à Savor-
gnan de Brazza d'avoir su chercher la gloire
ailleurs que dans le sang.
e
LE TSAR A BUDAPEST
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 12 mars.
Le prince GatilsiDo, grand maréchal de !a
cour do Russie, en mission spéciale à Buda-
pest, a été reçu il y a quelques jours par l'em-
pereur-roi. On apprend aujourd'hui qu'il a été
question au cours de la réception d'une visite
du tsar Nicolas Il à Budapest.
Lo voyage n'aura lieu qu'après le retour de
Saint-Pétorsbourg de M. Loubet.
L'empereur de Russie aurait fait exprimer
son désir d'être reçu par François-Joseph dans
la capitale hongroise et non pas à Vienne. Sa
visite serait d'une grande portée politique :
elle aurait pour conséquence une réconcilia-
tion complète entre Russes et Hongrois et
l'oubli de l'invasion russe de 1849.
Déjà Nicolas II a fait un premier pas dans
co sens lorsqu'il y a quelques années il resti-
tuait au Musée national hongrois l'épéo du
prince Georges Rakoczy 1er.
——————————.———.
UN EMPRUNT JAPONAIS
(De notre correspondant particulier)
Tokio, 12 mars.
Lo comte Malsoukala, ancien ministre des
finances du Japon, partira coltJ semaine pour
une tournée en Amérique et en Europe.
Le but, non avoué, do son voyage, est de
pressentir les marchés financiers sur la possi-
bilité de contracter un gros emprunt au nom
de son gouvernement.
s. Cr ■
LA REVISION DU PROCÈS DE WBESCHEN
(De notre correspondant particulier)
Lcrnherg, 12 mars.
Los journaux polonais rapportent que le tri-
bunal d'empire à Leipzig s'est réuni aujour-
d'hui pour statuer sur la demande on révision
des condamnés do l'affaire de Wreschen. On Le
connaît pas encore l'arrêt do la cour.
UNE ÊPÉE D'HONNEUR A DELRREY
(De notre correspondant varticulierJ
Amsterdam, 12 mars.
Une souscription est ouverte dans le but
d'offrir une épée d'honneur au général Delaroy.
LE BUDGET AU SÉNAT
M. Caillaux à la commission. — Les
votes de la Chambre.
La commission sénatoriale des finances a
continué hier l'cxamen du budget des recettes
et de la loi do finances ; au cours de colle
séance qui a duré près de 5 heures, la com-
mission a donné audience à M. Caillaux, mi-
nistre des finances.
D'une manière générale la commission a
jugé trop élevées les évaluations en recettes,
par ce fait que lo minisiro s'était basé sur les
chiffres de l'année 1900.
M. Caillaux s'est efforcé de justifier ses chif-
fres, il s'est d'ailleurs mis d'accord avec la
commission au sujet do certaines évaluations ;
il a reconnu en particulier qu'il y avait une
majoration d'environ trente millions sur les
douanes; cinq millions sur les sucres et trois
millionssur les alcools et les/vins.
La commission s'est montrée hoslilo au
pourcentage pour les inslitutenrs; à la laïcisa-
t'on des écoles, ainsi qu'à l'interdiction volée
par la Chambre du cumul des indemnités des
membres du Parlement avec leurs traitements
comme fonctionnaires ; au sujet de celte der-
nièro question, M. Berthelot, au nom d'un cer-
tain nombre de ses collègues, MM. Pozzi,
Labbé, Cornit, et le général Belot, etc., et au
sien fait entendre une véhémente protestation
se déclarant prêt à abandonner son laboratoire
ei l'interdiction était maintenue,
La commission a également rejeté les dépen-
ses relatives aux distributions supplémentai-
res do vin, viande et saindoux aux troupes.
Quant c.u dégrèvement de la taxe des jour-
naux, le ministre l'a combattu, en faisant va-
loir à son appui les arguments qu'il a déjà dé-
voloppés sans succès à la Chambre ; le mi-
nistre a insisté auprès do la commission pour
le rejet de cette mesure, se déclarant prêt à
la combattre à la tribune du Sénat avec autant
d'énergie que dans l'autre assemblée, si la
commission sénatoriale ratifiait le vole des
députés.
En résumé, la majorité de la commission sé-
natoriale a estimé q-ie le chiffre des évalua-
tions en recettes étant trop élevé, il y avait
lieu de réduire le chiffre des dépenses clo façon
à rétablir l'équilibre.
« »
CAriDIDATURES MILITAIRES
oDans l'admirable mouvement de fièvre élec-
torale qui emporte la France vers les cimes
rayonnantes où se dresse la statue symbolique
de l'Espérance, il nous est agréable de noter le
rôle actif, puissant et certainement efficace
que se sont distribué spontanément les of.
ciers en retraite ou démissionnaires, désireux
eux aussi de participer à l'assaut de toutes les
forces de la nation contre le bloc des sectaires
et des internationalistes. »
On a reconnu, à la pompe du langage, au
lyrisme de l'expression, le signataire de ces
lignes, M. Gaston Poilonnais, du Gaulois, Le
style c'est l'homme.
Suit uno longue énumération des candidatu-
res militaires. C'est un vrai Boltin électoral. Il
parait que le générai Voisin, ancien gouver-
neur de Lyon, luttera contre M. de Lanessan ;
le général Collet-Meygret contre M. Pierre
Baudin, le colonel Bougon contre M. Noël, le
commandant de Sabran contre Clovis Hugues,
le capitaine Guyot de Villeneuve contre M. Ph.
Laloge, le lieutenant Lefèvre contre M. Lozé.
M. Pollonnais s'imagine que le succès est
assuré à « celte imposante cohorte d'officiers
députés qui donnera à la majorité parlemen-
taire de demain l'allure vive, ardente, française
qui assure le sort des batailles décisives ».
Cette espérance sera sans doute déçue. Ncus ne
nous soucions guère, d'ailleurs, de voir le Par-
lement envahi par les prétoriens. Les républi-
cains n'ont pas oublié les leçons de l'histoire,
et il y a encore en France quelques gens de
bon sens qui, persuadés de la vérité de ce pro-
verbe : «chacun son métier les moutonsseront
bien gardés»,ronverront lescandidats militaires
à leur caserne en leur faisant comprendre que
leur mission n'est point d'envenimer les luttes
des partis mais de préparer les combats de
demain. d. Armbrusttr. )
APRES LE SINISTRE
Rue Montmartre — Visite des-dinte-
trés chez eux. - Les obsèques de
Mme Lemoine. - M. Ballan inter-
vient.— Pour les pauvres. — Les
résultats de l'enquête. — Un
bel éloge des pompiers. —
Le fer et le bois. - Contro-
verse.
Une foule très nombreuse se presse toujours
rue Montmartre, derrière le barrage établi au
milieu de la chaussée, et protégé par un cor-
don de gardiens de la paix.
Vers 6 heures,hier malin,te feu a repris dans
une des pièces des magasins de MM. Brach et
Blum; il a été rapidement éteint par les pom-
piers restés en surveillance. Les commerçants
locataires des immeubles incendiés ont été
autorisés à visiter leurs locaux. Les coffres-
forts ont été retrouvés en assez bon état. Celui
do MM. Brach et Blum a été ouvert: les va-
leurs, l'argent et les papiers qu'il renfermait
étaient intacts.
Dans la journée, les commerçants ont fait
enlever les livres restés intacts et déménager
les marchandises épargnées par le feu.
On a apporté sur place d'énormes madriers
qui vont servir à étayer les immeubles in-
condiés.
Les réparations
De l'avis de M. Bunel, architecte do la pré-
fecture de police, qui a visité les maisons por-
tant les numéros 19 et 21 de la rue d'Uzès, il
sera impossible de conserver les étages supé-
rieurs ; ils devront être démolis.
Les pierres de taille do bonne qualité, a dit M.
Buael, n'ont été employées que jusqu'à la hauteur
du T'étarro. A parti.-de là on a construit en pier-
res des carrières de Houilles. Ces pierres sont très
tendres, sous l'action des flammes elles se sont ef-
fritées, et en partie l ausformées en chaux.
Au second, au troisième étage, la transformation
Cl chaux, surtout sur les façades postérieures don-
nant sur tes cours, atteint quinze et vingt centi-
mètres de profondeur.
Les sinistrés chez eux
Les sinistrés ont été autorisés — ceux qui le
pouvaient bien entendu — à rentrer chez
eux.
L'en d'eux, un commerçant, M. Charles
Feïs, qui habite le rez-de-chaussée, 21, rue
d'Uzès, s'est aperçu qu'une pendule, placée
sur sa cheminée, avait résisté à l'incendie.
Lo siège provisoire de la maison Brach et
Blum est transféré 17, rue des Jeûneurs, chez
le neveu de M. Brach.
Les dégâts ne sont pas encore évalués.
Parmi les sinisiôs se trouve M. Noguès, agent
d'affaircs, trésorier de plusieurs associations,
qt i a perdu des sommes importantes.
Les objets à dcmi-calcinés et les papiers qui
onl été retrouvés dans l'appartement de M.
Mesureur sont gardés sous scellés au commis-
sariat de police du Mail.
Les obsèques de la victime
La date des obsèques de Mme Lemoine, la
malheureuse victime qui a trouvé la mort dans
les circonstances que nous avons relatées, n'est
pas encore fbéa définitivement. Le permis
d'inhumer a été délivré hier malin, et les dé-
marches i-éccjsaires à l'inlumaliori ont été
commencées hier par la famille.
La santé de M. Schneider
Nous avons fait prendre à la Charité des
nouvelles de M. Paul Schneider. Son état est
ussi satisfaisant que possible. Encore quelques
jours de repos, et le jeune homme pourra quit-
ter l'hôpital.
A l'Hôtel de Ville
M. Bellan, conseiller municipal du 2e arron-
dissement, vient d'adresser à M. de Selves,
préfet de la Seine, la lettre suivante :
Monsieur le préfet, j'ai l'honneur de vous infor-
mer que je fais insérer à l'ordre du jour de ven-
dredi prochaiu une question sur l'insuffisance des
secours en cas d'incendie, à Paris, et sur la suite
donnée par vous aux précédentes délibérations du
conseil municipal, relatives au même objet.
Veuillez agréer, monsieur le préfet, etc.
BELLAN.
En même temps, dans une seconde lettre
adressée à M. Paul Escudier, président du
conseil municipal, il prie celui-ci do lui don-
ner la parole vendredi prochain au commen-
cement do la séance pour qu'il lui soit permis
de demander au conseil de voter d'urgence des
secours aux travailleurs victimes du sinistre
du 10 mars.
Secours aux nécessiteux
M. de Selves, préfet de la Seine, a envoyé un
délégué auprès de M. Duponnois, commis-
saire de police, afin d'avoir la liste des per-
sonnes sinistrées qui auraient besoin d'être se-
courues. Parmi celles-ci se trouvent Mme de
Smedt, dont le mobilier a été complètement
détruit, et qui avait recueilli chez elle une pe-
tite fille de huil ans, dont la mère, Mme Lucie
Vandasdonk, est actuellement malade et en
traitement à l'hôpital Lariboisière.
La municipalité du 2'arrondissement a voté,
à cet offet, un crédit do 500 fr.
L'enquête
M. Landel, commissaire de police du quar-
tier du Mail a continué l'enquête relative aux
causes du sinistre ; on est de plus en plus per-
suadé que ces causes sont dues au calorifère du
restaurant Germain.
Il y a quoique temps, en effet, et à deux re-
prises, on avait dû éteindre des feux de che-
minée provenant de ce calorifère.
De son côté, M. Duponnois, commissaire de
police du quartier Bonne-Nouvelle, a reçu les
dépositions de trente témoins : les vingt-trois
employés de MM. Brach et Blum, la concierge
du 21 de la rue d'Uzès, divers locataires de
l'immeuble et des sauveteurs, comme M. Ar-
chinard, le peintreenbâtiment qui habile juste
en face des maisons incendiées. M. Duponnois
a transmis toute saprocédure à son collègue du
quartier du Mail, qui doit encore entendre
quelques témoins avant d'envoyer les résultats
de l'enquête au préfet de police.
Toute idée de malveillance, ayant été abso-
lument écartée, malgré les bruits do la pre-
miere heure, aucun juge d'instruction ne sera
commis.
Des dépositions recueillies, il résulte que le
feu a pris, entre neuf heures et neuf heures un
quart, dans la salle d'emballage des magasins
de MM. Brach et Blum, où se trouvait le
compteur d'électricité. Un court-circuit s'est-il
produit ? C'est une hypothèse qui peut-être
admise.
Pour les sauveteurs
M. Duponnois a signalé au préfet de police
une vingtaine de personnes auxquelles il pro-
pose de décerner des récompenses pour aclos
de sauvetage. Ce sont MM. Archinard, peintre
en bâtiment ; Jean Pachot, le brigadier cycliste
Gony, du 2* arrondissement, notre confrère
Sruodac, du Voltaire, et seize agents et pom-
piers.
Pour les pompiers, nous avons dit hier,
dans notre 2° édition, que le colonel avait lui-
même signalé à M. Lépine la conduite des plus
méritants,
A ce propos, citons cette réponse d'un offi-
cier de pompiers, invité par le commissaire de
police à lui signaler ceux des sapeurs qui
s'étaient le plus distingués:
- Je ne puis vous donner aucun nom : le colo-
boI verra 00 qu'il y a Hou do faire. D'habitude, il
se contente de réunir ses hommes et de les félici-
ter de leur belle conduite. Si nous nous mettions a
donner des récompenses à nos hommes chaque foit
qu'ils se dévouent, dans doux ans tout le régiment
serait ffccorê. - -
N'est-ce pas le plus bel éloge qui ait été faif
de cet admirable corps des sapeurs-pompiers
de Paris :
QUESTIONS D'INCENDIE
Le fer et le bois
L'article que nous avons publié hier ous ce ti.
tre nous a valu la très intéressante lettre qui suit,
et que nous adresse M. Ernest Pantz, maire du 13f
arrondissement :
Monsieur:
Je lis dans le dernier numéro de votre esti-
mable journal un article ayant pour titre:
Questions d'incendie : Le fer et le bois.
Dans cet article, votre honorable correspon-
dant critique l'usage du fer daus la construc-
tion ; il déclare, qu'en cas d'incendie, celui-ci
est excessivementdaugereux et qu'il présente
sur le bois des inconvénients tels qu'on devrait
en proscrire l'emploi.
Sans vouloir entamer une polémique avec
l'auteur de cet article qui plaide si bien la
cause du bois, permettez moi de répondre eu
quelques mots à ses arguments.
D'abord, il est bien évident que le bois aura
toujours sa place dans la construction : le ta-
lent de l'architecte chargé de l'édification d'uo
bâtiment ne consistant pas à exclure systéma-
tiquement certains matériaux au profit d'au-
tres, mais bien d'employer tous ceux qui sont
à sa disposition d'une manière judicieuse,c'est-
à-dire en tenant compte de leurs propriétés
respectives.
D'autre part, si le fer à été appelé à prendre
dans la construction une place qui sera dans
l'avenir, j'en suis certain, de p!us en plus im-
portante, il y a à cela plusieurs raisons qu'il
serait trop long de développer ici, et ce cou-
rant ne saurait être enray6, le développement
de la fabrication du fer et de son emploi étant
intimement lié à la marche incessante du pro-
grès moderne.
Il est bien démontré que sous l'action de la
chaleur, le fer se déforme et perd toutes ses
qualités de résistance, mais pour cela encore
faut il qu'il soit soumis, et pendant un certain
temps, à l'action d'ua foyer d'une grande in-
tensité.
Certes, dans ce cas, le désastre est aussi
grand que lorsque la construction a ses plan-
chers el sa charpente en bois. Mais le fer a au
moins sur le bois le mérite incontestable de ne
pas être un agent propagateur de l'incendie, et
il me semble que c'est déjà quelque chose.
En effet, il est Incontestable que si,dans une
construction, il ne pouvait entrer que des ma-
tériaux incombustibles, leschancos d'incendie
seraienl. complètement écartées, et le problème
serait résolu.
Mais si l'on n'a pas pu arriver jusqu'ici à
cette solution radicale, tous les efforts de l'ar-
chitecte doivent tendre vers ce but idéal.
Il est certain que s'il est utile et indispensa-
ble d'étudier les moyens d'arrêter le fléau et
d'en restreindre les effets, il est non moins
utile de chercher à le rendre de plus en plus
rare, sinon impossible, par de sages mesures
préventives.
Si l'on ajoute à cela que lo fer offre à l'ar-
chiteclo et au constructeur des ressources iné-
puisables, car il se prête à toutes les solu-
tions des problèmos multiples sa présentant
dans l'art de bâtir, on est obligé de reconnaî-
tre qu'il est impossible d'en enrayer l'emploi.
D'ailleurs, l'essor du for dans la construc-
tion date de la naissance des chemins de fer,
el de mémo que les voies ferrées sont appelées
à se développer constamment, co précioux mé-
tal a devant lui un avenir de plus en plus bril-
lant.
Veuillez agréer, etc. — E. Pantz, ingénieur-
constructeur.
LA DÉFENSE DES COTES ANGLAISES
(De noire correspondant particulier)
Londres, 12 mars.
Le War Office vient de créer un nouveau
poste: celui d'inspecteur général de la défense
des côtes. Le titulaire,qui aura pour mission de
se tenir au courant des progrès do l'art de la
défense des côtes et du matériel de l'artillerie,
sera responsable du choix des hommes et des
officiers.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS -
L'ASSASSINAT
DE LA PETITE CHÈZE
ARRESTATION DE DUCOCQ
Larmes d'assassin. » Le passé du
misérable. — Métiers improductifs.
Aux Halles. - Pauvre mère f pau-
vres enfants! — A Charonne.
Chez les parents de la victime.
On a arrêté, hier malin, à Bruxelles, Ducocq,
l'assassin présumé de la petite Angèle Chèze.
Ce sont les agents français qui ont opéré l'ar-
restation. ,
L'accusé s'était rendu à Bruxelles par Lille
et Roubaix, où sa trace avait été retrouvée.
Ducocq étant sujet belge ne sera pas extradé.
Il sera jugé à Bruxelles.
Voici le texte de la dépêche reçue de
Bruxelles.
Bruxelles, <3 mars.
Ducocq, l'assassin présumé de la petite Angèle
Chèze à Paris, vient d'être arrêté à Bruxelles, rua
de la Montagne-aux-Herbes-Potagères, par l'agent
Donzelot, qui l'avait déjà arrêté en 1898.
Ducocq, avant son départ do Paris, avait reçu
d'un ami qu'on connaît, une somme de 103 francs.
Pour se rendre en Belgique il avait passé par Lille
et Roubaix.
Ducocq a été arrêté en compagnie d'un ami
nommé Hcrsan.
On savait que Ducocq était un de ses amis, aussi
avait-on fait surveiller la maison d'Hersan. C'est
ce matin, à six heures, que les deux amis ont été
vus rentrant légèrement ivres.
Ils sont sortis à une heure et ont été immédia-
tement arrêtés et conduits au commissariat de la
rue Montagne-au-Charbon. Ducocq qui pleurait
comme un enfant a nié énergiquement être l'au-
teur de l'assassinat de la petite Chèze.
Le passé de Ducocq
Ducocq a eu une existence dos plus mouve-
mentée, il a été tour à tour cocher, pelletier,
manœuvre dans des usines de tanneries en
peaux de lapin, employé chez un fabricant de
caisses el de toiles, maquignon aussi à ses heu-
res, travaillant par intermittence tantôt chez
l'un, tantôt chez l'autre, ne pouvant se fixer
nulle part, aimant avant tout à faire la fête et
vivant la plupart du temps des libéralités de*
ses maîtresses,
En 1888, il avait 19 ans, il entre comme
cocher chez MM. Bernheim frères, fabricant
de confections, dont l'usine se trouvait à l'épo-
que 196, boulevard Voltaire, et est transférée
aujourd'hui au numéro 208.
Pendant une année, ses services ne laissl)-
rent rien à désirer, quand, un boau jour, il
onleva l'une des ouvrières qu'occupent 00
graod nombre, MM. Bornheim. <
PARIS « DEPARTEMENTS
Ce Wurnero. CIETQ CENTIMES
AMATEUR AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Si mois Trois mois Six mois On ai
Paris 2fr. 5fr. 9fr. 18 fr.
DépartenwrltB.. 2 - 6 - 44 — 29 —»
t~ Postale. 3 - 9-46— 32 —
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
NONCES
j
«M^yCk.j LA 1 RANGEt CERF & Ctt
• , M Pty e de la Bourse, 6
L ^t? f?T[Y REAUX du lOUBKAI.
?
*
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131 j
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure dit matin
No 11689. — Vendredi 14 Mars 1902
23 VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
NOS LEADERS
LA BBTE FBROE
Un de ces gros volumes in-octavo,
épais, compacts, et dont l'estampille de
la librairie Pion, sur leur couverture
bleu-pâle, garantit le caractère indiscu-
tablement sérieux ; cela s'appelle : « Na-
poléon et la paix », et a pour auteur M.
Arthur-Lévy. Une politesse en vaut
une autre; on a bien voulu m'envoyer
cet ouvrage; je me crois donc en quel-
que sorte. obligé de le lire ; n'étant pas,
du reste, de ceux que rebutent les cho-
ses sérieuses.
Mais mon étonnement est considéra-
ble. Ce volume, si sérieux d'aspect, ne
l'est point du tout en réalité. — Tel un
monsieur rasé de frais, cravaté de blanc,
à côtelettes de magistrat, à ventre pyri-
forme, et que l'on eût pris pour le plus
austère des membres du jury, se révèle
soudainement sous les aimables aspects
d'un farceur de société.
J'adresse mes compliments bien sin-
cères à M. Arthur-Lévy ; comme blague
« à froid j), c'est absolument réussi; tout
à fait le genre anglais.
Son livre, écoutezceci, tend à prouver
— démonstration appuyée bien entendu
sur les documents les plus authentiques
— que Napoléon Ier fut l'être le plus pa-
cifique du monde, ne fit jamais la guerre
que contraint et forcé ; et caressa toute
sa vie le rêve inexaucé de muer en socs
de charrue toutes les lames de sabre.
Il m'a paru, par la lecture que j'ai
faite du livre de M. Arthur-Lévy, que
cet humoriste distingué bâtissait sur-
tout la légende qu'il veut créer sur les
lettres et documents diplomatiques en
lesquels Napoléon — qui a exhalé, on
le sait, à peu près autant de menson-
ges qu'il a dit de paroles — a protesté
de ses intentions conciliantes et de son
amour pour la paix.
A ces protestations les faits, tous les
faits infligent de formels démentis et la
thèse ingénieuse imaginée par M. Ar-
tbur-Lévy pour les besoins de la gaîté
française ne résiste pas à l'examen.
Je remarque, d'ailleurs, que M. Ar-
thnr-Lévy a arrêté son livre en -1805 ;
j'imagine qu'il eût été fort embarrassé
de le poursuivre jusqu'en 1813 ; com-
ment se fût—il tiré de cette conversation
restée justement célèbres qui eut lieu,
après les batailles de Lutzen et de Baut-
zen, entre Napoléon et ce Metternich
dont ceux qui ne le connaissent que par
les caricatures de l'Aiglon de M. Ros-
tand, doivent avoir une si étrange
idée.
L'année précédente, Napoléon venait
de subir en Russie d'effroyables désas-
tres, coup mortel porté à son exécrcble
fortune. Une sixièmo coalition s'était
formée contre lui,composée de l'Angle-
terre, de la Russie, de la Prusse, de la
Suède et de l'Espagne. Quand Mettcr-
nich, au nom de l'Autriche qui était de-
meurée dans l'expectative, vint trouver
Napoléon pendant l'armistice de Pleis-
with,la situation était des plus critiques
pour le soldat qd, à force de crimes
entassés, s'était fait empereur.
A Lutzen et à Bautzen, il venait, il
est vrai, grâce à l'héroïsme des jeunes
troupes françaises, de desserrer un peu
l'étreinte de fer qui devait finir par le
broyer; mais ces succès étaient bien
précaires, allaient être de courte durée ;
et en même temps la sanglante défaite
de Vittoria venait de lui faire perdre
à jamais l'Espagne. Cet armistice de
Plciswith c'était un moment do répit
au milieu de l'épouvantable débâcle,
c'était un court temps d'arrêt dans la
chute.
Si Napoléon avait eu, non pas les
sentiments magnanimes et chevaleres-
ques que lui prête avec tant de généro-
sité M. Arthur-Lévy, mais simplement
des sentiments humains, il se fût em-
pressé d'accepter les propositions qui
lui étaient faites. Il n'en fit rien. La
coalition demandait, pour garanties,
l'abandon du grand-duché de Varsovie,
de l'Illyrie, des villes hanséatiques et du
protectorat de la Confédération du
Rhin; moyennant quoi, elle déposait
les armes. Cela n'avait assurément rien
d'exagéré.
Non seulement la France restait in-
tacte, mais elle conservait les conquêtes
de la République, ces conquêtes quo
Napoléon lui a fait perdre. Si Napoléon
avait eu, à quelque degré que ce fût, la
notion de ses devoirs envers la France,
il eôt souscrit à ces conditions. Mais, je
le répète, il n'avait rien d'humain ; ce
n'était qu'une bête féroce, gonflée d'or-
gueil.
Une des réponses qu'il fit à Motter-
nich est caractéristique : — « Vos sou-
verains, lui dit-il, étant nés sur le trône
ne peuvent comprendre les sentiments
qui m'animent. Ils rentrent battus dans
leur capitale et pour eux il n'en est ni
plus ni moins. Moi je suis un soldat,
j'ai besoin d'honneur et de gloire; je
no puis pas reparaître amoindri au
milieu de mon peuple; il faut que je
reste grand, glorieux, admiré. »
Ainsi à Metternich qui proposait une
paix honorable dont toute l'Europe
avait besoin, il répondait : — La guerre!
— Il criait, écumant de rage : « Pré-
parez-vous à lever des millions d'hom-
mes. à verser le sang de plusieurs géné-
rations et à venir traiter au pied des
hauteurs de Montmartre !. » Dix mois
après, les alliés étaient en effet à Mont-
martre. Ainsr l'avait voulu Napoléon.
Et comme Metternich essayait encore
de l'émouvoir en parlant de ces flots
de sang humain qui allaient être répan-
dus, ce fut alors que Napoléon vomit,
dans un paroxysme, cette parole infâme
qui fait de lui, dans l'éternité, le der-
nier des misérables : (t Un homme com-
me moi se fout pas mal de la vie d'un
million d'hommes ! »
Hélas ! il a entraîné la France dans sa
chute, et les blessures que cet effroya-
ble scélérat a faites à la patrie ne sont
pas encore cicatrisées.Mais dites,devant
cette brève évocation du vrai Napoléon,
quelle figure font les fantaisies pseudo-
historiques de M. Arthur-Lévy! Ce der-
nier, sans doute, se croit très malicieux
parce que, pour établir les sentiments
pacifiques de Napoléon, il fait remar-
quer que celui-ci a toujours rendu leur
trône aux empereurs et rois qu'il a suc-,
cessivement battus. Parbleu ! ce parvenu
a toujours fait le rêve de devenir pareil
aux souverains héréditaires; il les con-
servait pour pouvoir se faufiler au mi-
lieu d'eux ; de quel César eût-il pu
épouser la fille s'il avait renversé tous
les Césars? Mais assez discuté, ce me
semble.
Au surplus, on me demandera peut-
être pourquoi j'ai écrit tout ce qui pré-
cède, à propos d'un livre qui ne paraît
point, à coup sûr, appelé à devenir po-
pulaire. Je réponds que, républicain et
Français, j'ai surtout dtns l'âme une
haine, la haine de Napoléon ; et qu'à
chaque tentative faite pour glorifier le
monstre, l'indignation me monte du
cœur aux lèvres, en paroles ardentes
que j'essayerais vainement de contenir.
Le lendemain du jour où celui qui fut
le général Boulanger se fit sauter son
semblant de cervelle dans un cimetière
belge, j'ai dit : - Je reste antiboulan-
giote. — On me répondait : - Mais
Boulanger est mort ! - Allons donc !
Demandez aux escarpes de la Ligue de
la Patrie française si le boulangisme est
mort. Et ce boulangisme n'était qu'un
sous-produit de ce bonapartisme dontles
ordures traînent encore dans le sang de
la France.
Croyez-le : Napoléon, c'est le fléau
dévastateur qui a fait tant de ruines que
tout, après un siécle passé, n'est pas en-
core réparé, il s'en faut ! Napoléon,
c'est la maladio dont nous ne sommes
point encore guéris ; nos souvenirs de
désastres et do hontes, c'est Napoléon:
nos misères, c'est Napoléon ! A bas Na-
poléon !. Oh! crions-le, de toute la
force de nos poumons, ce cri d'exécra-
tion, ce cri de vengeance ; pour que si,
quelque jour, une autre bête féroce veut
faire revivre les traditions du bandit
corse, tous les Français, appelés par le
tocsin, prennent faulx, pioches, four-
ches, marteaux, et, comme on court sus
à un chien enragé, acculent dans un
coin et massacrent sans pitié le fauve
— ne serait-ce que pour sauver la
France d'une quatrième invasion !..
Lucien Victor-Meunier.
L
PARLONS-EN MIEUX
Vraiment, les journaux du
parti modéré ont une maniire
de raisonner qui leur est parti-
culière. Prenons un exemple :
ils observent que M. Beauchet,
professeur à la Faculté de droit
de Nancy, se présente comme
candidat nationaliste contre M. Poincaré.
— Voilà, s'écrient nos adversaires, un
argument de fait; il prouve qu'il ne faut
pas abroger la loi Falloux.
Ils ajoutent, sans se départir d'un calme
bien louable :
— Si M. Beauchet est candidat nationa-
liste, cela prouve qu'il y a des nationalistes
dans l'Université ; et, si les professeurs des
établissements de l'Etat sont cléricaux, en
quoi l'enseignement qu'ils donnent est-il
préférable à celui que les jeunes gens re-
çoivent dans les écoles congréganistes ?
Ce raisonnement n'est peut-être pas
très rigoureux. Si un professeur de la
Faculté de droit de Nancy est candidat
nationaliste, cela prouve qu'il y a un pro-
fesseur nationaliste dans l'Université. C'est
un de trop, évidemment.
Mais, laissant de côté le cas de M. Beau-
chet, qui n'est pas très significatif, nous
rappellerons à nos confrères « progressis-
tes » un débat qui a occupé récemment
plusieurs séances de la Chambre, et au
cours duquel les républicains ont pro-
testé avec énergie contre l'infiltration clé-
ricale qui menace de pourrir le corps en-
seignant.
Il est trop clair que si nous tenons à nous
débarrasser de l'enseignement confession-
nel distribué dans les boites à moines,
nous ne supporterons pas que cet ensei-
gnement confessionnel soit transporté dans
les facultés et dans les lycées nationaux.
C'est le rôle d'un ministre de l'instruction
publique soucieux de son devoir, de s'op-
poser à la propagande cléricale quand elle
s'exerce dans les écoles, quand elle menace
la neutralité si nécessaire de l'éducation.
La candidature réactionnaire de M. Beau-
chet n'a donc rien qui puisse nous trou-
bler; en revanche elle semble gêner singu-
liérement les modérés, — et M. Poincaré
en particulier. Si M. Poincaré est battu
par le professeur nationaliste de Nancy, il
ne devra reprocher à personne, sauf à lui
même, un malheur dont il aura été l'arti-
san.
Quand on donne accueil à l'ennemi, il ne
faut pas s'étonner s'il vous met ensuite à la
porte. M. Poincaré n'ignore pas que Mo-
lière a écrit, sur ce sujet, cinq actes aux-
quels il sied de ne rien retrancher. -
Ch. Be)
LETTRE DU PORTUGAL
listudiantina. — Echange de compli-
ments. — Académie royale. — Au
temps de « Gil Blas ». — Excur-
sions en musique. — Visites pro-
chaines. — Deux voisins qui se
connaissent peu. — Etudiants
et diplomates.
(De noire correspondant spécial au Portugal)
- -- - Lisbonne, 10 mars.
Les étudiants espagnols de lUniversilo de
Valladolid, qui sont venus en Portugal, ont
été reçus par leurs confrères portugais avec
un magnifique enthousiasme. A Lisbonne, à
Coïmbre et Oporlo, il y a eu des concerts, des
séancos littéraires, banquets, etc., en honnour
des étudiants espagnols. Pendant qu'en Portu-
gai la jeunesse des écoles festoyait ses confrè-
ires (l'Espagne, la tuna des étudiants d'Oporto
était reçue avec un enthousiasme semblable
par les étudiants de la Galice, province d'Es-
pagne sur la frontière nord du Portugal.
A la Corogne,toute la ville s'est associée aux
fêtes en honneur des étudiants portugais.
Dans les deux pays, l'opinion publique voit
avec plaisir cet échange de compliments et les
autorités elles-mêmes se sont associées à ces
manifestations.
A Lisbonne, le roi et la famille royale ont
reçu les étudiants espagnols au Palais où un
luuch hur a été offert.
Pendant quelques jours nous avons pu voir
cotte joyeuse et bruyante jeunesse dans les
rues, dans les cafés et dans les théâtres, répan-
dant partout sa joie et l'enthousiasma chaleu-
reux de son tempérament méridional.
Moeurs d'étudiants
Los étudiants de l'Université de Valladolid
portent encore le costume en velours noir
comme au temps de Losago.
L'étudiant portugais, surtout celui de l'Uni-
versili de Coïmbre, avec-son ancien costume
noir, le manteau rejeté sur l'épaule, la tête
nue et la guitare à la main, c'est à la fois un
pou troubadour, ménestrel et bohémien.
Poète passionné et orateur pour le moins
énergique, ses opinions politiques devancent
parfois celles des p!us audacieux propagateurs
d'idéal et de liberté. Cependant, lorsqu'il
finit ses études, il change plus ou moins de po-
litique et il se mot facilement d'accord avec le
monde où il va prendro place.
Les étudiants portugais, ainsi que les espa-
gnols, lorsqu'ils font une excursion, se font
accompagner de leur tuna, l'orchestre formé
par des étudiants, qui joue parmi eux un rôlo
important.
On annonce encore d'autres excursions d'étu-
diants portugais on Espagne et. d'étudiants
ospagnols en Portugal.
Rapprochement éventuel
Le public considère cet échange de compli-
ments chez la jeunesse intellectuelle des deux
pays comme un mouvement préparatoire à un
rapprochement entre les deux nations.
L'Espagne et le Portugal, physiquement tout
proche l'une de l'autre,sont en effet plus sépa-
rés qu'on le suppose. Leurs langues, leurs
mœurs et la natuie des pays se ressemblent et
aucune chaîne do montagnes, aucun grand
flouve no dessinent naturenemont les limitas
des doux Etats. Cep3ndant le Portugal connaît
peu l'Espagne et coiie-ci connaît très peu le
Portugal.
Les journaux portugais s'occupent de ce qui
se passe en France, en Angleterre, en Italie ot
rarement ils s'occupent de l'Espagne.Les jour-
naux d'Epagne se conduisent d'une manière
identique. Ici, chez les libraircc.où se trouvent
toutes les meilleures œuvres de littérature
française, il est rare de trouver un livre espa-
gnol. Très rares aussi sont, au théâtre, las tra-
ductions des oeuvres d'auteurs espagnols. El
pourtant les Portugais, par leur tempérament,
devraient comprendre bien le sentiment de la
littérature castillane, dont la langue ressemble
beaucoup à la leur.
Ainsi donc, ces deux nations, arroséos par
les mêmes fleuves, illuminées par le même so-
leil et ayant de leur grandeur d'autrefois une
histoire commune,vivent presquo isolées l'une
de l'autre. Un grand sentiment d'indépendance
national, du côté du peuple portugais, est la
raison de cet éloignement.
Malgré les excellentes relations politiques
entre les deux pays, le peuple portugais croit
toujours voir dans l'Espagne le désir do l'union
ibérique. Cependant, dans cette attitude réser-
vée, le Portugal se réjouit des gloires de l'Es-
pagne et il regrette ses infortunes. Pour leur
part, les Espagnols sont en général affectueux
pour les Portugais.
L'œuvre des étudiants
Donc. il est très loué le mouvement de la
jeunesse des écoles tondant à rendre plus in-
times les relations de bonne amitié entre les
deux peuples. Et ainsi ce sont les étudiants,
les hommes de l'avenir, qui prennent une si
profitable initiative, et certainement ils ob-
tiennent ce que n'aurait pas obtenu la poli-
tique des plus habiles diplomates. - Maitoso
da FonFeca.
GLOIRE PACIFIQUE
Le gouvernement vient de soumettre à la
Chambre un projet de loi tendant à acccorder
à M.Savorgnan deBrazza une pension annuelle
de 10,000 francs.
Nous serions ridicules en rappelant quels im-
menses services M. de Brazza a rendus à la
France, lui assurant la possession d'immenses
territoires en Afrique.
M. de Brazza avait demandé une pension de
retraite. Rien ne semblait plus simple ; maison
s'aperçut — c'est l'exposé des motifs du projet
qui nous l'apprend — on s'aperçut que (c les
textes régissant la matière ne permettaient pas
d'accorder à l'illustre explorateur une pension
en rapport avec l'impor/ance de ses services ».
C'est donc à titre do/ récompense nationale,
bien méritée d'aillenns, que M. Savorgnan de
Brazza recovra sa pension. Sa famille, elle
aussi, est mise à l'abri de la gêne, car une
somme annuelle op 6,000 francs serait revorsi-
ble, en cas de décès du titulaire de la pension,
sur la tête de sa reuye, ou répartie entre ses
enfants jusqu'à leur majorité.
La Chambre ne pourra manquer de ratifier
le projet du gouvernement ; la Chambre et le
Sénat montraient d'ailleurs leur sentiment en
votant récemment des funérailles nationales à
l'un des compagnons de lutte de M. de Brazza,
le docteur Ballay.
On sait que le docteur Ballay accompagnait,
il y a environ vingt-cinq ans, M. Savorgnan de
Brazza dans la première sérieuse exploration
du Haut-Ogooué. Et en 1886, quand M. de
Brazza fut nommé commissaire général du
Congo et du Gabon, le docteur Ballay reçut le
titre de lieutenant général du Gabon, ainsi mis
à même de prêter le concours le plus efficace
à son compagnon d'expédition.
Savorgnan de Brazza et Ballay, explora-
teurs, administrateurs, nous ont donné le bas-
sin du Congo, qui leur fut longtemps disputé
par Stanley. Celui-ci voyait dans le Congo la
voie qui devait amener à la côle und grosso
partie du commerce africain.
Notre grande raison d'admirer Savorgnan
de Brazza, c'est que dans ses pointes hardies à
travers le continent noir, il resta toujours le
conquéraat oacinQue. Gala na l'empêcha pas
de tenir tête à son rival anglais Stanley, qui
civilisait à coups de fusil.
Héias, vous savez que les voyageurs anglais
n'",' pas gardé longtemps le monopole de
l'extermination des nègres. Nos Voulet et nos
Chanoine ont fait un épouvanlail du drapeau
tricolore, et des documents irréfutables nous
ont appris comment les indigènes avaient été
traités par les hommes do la colonne Mar-
chand.
La France doit être reconnaissante à Savor-
gnan de Brazza d'avoir su chercher la gloire
ailleurs que dans le sang.
e
LE TSAR A BUDAPEST
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 12 mars.
Le prince GatilsiDo, grand maréchal de !a
cour do Russie, en mission spéciale à Buda-
pest, a été reçu il y a quelques jours par l'em-
pereur-roi. On apprend aujourd'hui qu'il a été
question au cours de la réception d'une visite
du tsar Nicolas Il à Budapest.
Lo voyage n'aura lieu qu'après le retour de
Saint-Pétorsbourg de M. Loubet.
L'empereur de Russie aurait fait exprimer
son désir d'être reçu par François-Joseph dans
la capitale hongroise et non pas à Vienne. Sa
visite serait d'une grande portée politique :
elle aurait pour conséquence une réconcilia-
tion complète entre Russes et Hongrois et
l'oubli de l'invasion russe de 1849.
Déjà Nicolas II a fait un premier pas dans
co sens lorsqu'il y a quelques années il resti-
tuait au Musée national hongrois l'épéo du
prince Georges Rakoczy 1er.
——————————.———.
UN EMPRUNT JAPONAIS
(De notre correspondant particulier)
Tokio, 12 mars.
Lo comte Malsoukala, ancien ministre des
finances du Japon, partira coltJ semaine pour
une tournée en Amérique et en Europe.
Le but, non avoué, do son voyage, est de
pressentir les marchés financiers sur la possi-
bilité de contracter un gros emprunt au nom
de son gouvernement.
s. Cr ■
LA REVISION DU PROCÈS DE WBESCHEN
(De notre correspondant particulier)
Lcrnherg, 12 mars.
Los journaux polonais rapportent que le tri-
bunal d'empire à Leipzig s'est réuni aujour-
d'hui pour statuer sur la demande on révision
des condamnés do l'affaire de Wreschen. On Le
connaît pas encore l'arrêt do la cour.
UNE ÊPÉE D'HONNEUR A DELRREY
(De notre correspondant varticulierJ
Amsterdam, 12 mars.
Une souscription est ouverte dans le but
d'offrir une épée d'honneur au général Delaroy.
LE BUDGET AU SÉNAT
M. Caillaux à la commission. — Les
votes de la Chambre.
La commission sénatoriale des finances a
continué hier l'cxamen du budget des recettes
et de la loi do finances ; au cours de colle
séance qui a duré près de 5 heures, la com-
mission a donné audience à M. Caillaux, mi-
nistre des finances.
D'une manière générale la commission a
jugé trop élevées les évaluations en recettes,
par ce fait que lo minisiro s'était basé sur les
chiffres de l'année 1900.
M. Caillaux s'est efforcé de justifier ses chif-
fres, il s'est d'ailleurs mis d'accord avec la
commission au sujet do certaines évaluations ;
il a reconnu en particulier qu'il y avait une
majoration d'environ trente millions sur les
douanes; cinq millions sur les sucres et trois
millionssur les alcools et les/vins.
La commission s'est montrée hoslilo au
pourcentage pour les inslitutenrs; à la laïcisa-
t'on des écoles, ainsi qu'à l'interdiction volée
par la Chambre du cumul des indemnités des
membres du Parlement avec leurs traitements
comme fonctionnaires ; au sujet de celte der-
nièro question, M. Berthelot, au nom d'un cer-
tain nombre de ses collègues, MM. Pozzi,
Labbé, Cornit, et le général Belot, etc., et au
sien fait entendre une véhémente protestation
se déclarant prêt à abandonner son laboratoire
ei l'interdiction était maintenue,
La commission a également rejeté les dépen-
ses relatives aux distributions supplémentai-
res do vin, viande et saindoux aux troupes.
Quant c.u dégrèvement de la taxe des jour-
naux, le ministre l'a combattu, en faisant va-
loir à son appui les arguments qu'il a déjà dé-
voloppés sans succès à la Chambre ; le mi-
nistre a insisté auprès do la commission pour
le rejet de cette mesure, se déclarant prêt à
la combattre à la tribune du Sénat avec autant
d'énergie que dans l'autre assemblée, si la
commission sénatoriale ratifiait le vole des
députés.
En résumé, la majorité de la commission sé-
natoriale a estimé q-ie le chiffre des évalua-
tions en recettes étant trop élevé, il y avait
lieu de réduire le chiffre des dépenses clo façon
à rétablir l'équilibre.
« »
CAriDIDATURES MILITAIRES
oDans l'admirable mouvement de fièvre élec-
torale qui emporte la France vers les cimes
rayonnantes où se dresse la statue symbolique
de l'Espérance, il nous est agréable de noter le
rôle actif, puissant et certainement efficace
que se sont distribué spontanément les of.
ciers en retraite ou démissionnaires, désireux
eux aussi de participer à l'assaut de toutes les
forces de la nation contre le bloc des sectaires
et des internationalistes. »
On a reconnu, à la pompe du langage, au
lyrisme de l'expression, le signataire de ces
lignes, M. Gaston Poilonnais, du Gaulois, Le
style c'est l'homme.
Suit uno longue énumération des candidatu-
res militaires. C'est un vrai Boltin électoral. Il
parait que le générai Voisin, ancien gouver-
neur de Lyon, luttera contre M. de Lanessan ;
le général Collet-Meygret contre M. Pierre
Baudin, le colonel Bougon contre M. Noël, le
commandant de Sabran contre Clovis Hugues,
le capitaine Guyot de Villeneuve contre M. Ph.
Laloge, le lieutenant Lefèvre contre M. Lozé.
M. Pollonnais s'imagine que le succès est
assuré à « celte imposante cohorte d'officiers
députés qui donnera à la majorité parlemen-
taire de demain l'allure vive, ardente, française
qui assure le sort des batailles décisives ».
Cette espérance sera sans doute déçue. Ncus ne
nous soucions guère, d'ailleurs, de voir le Par-
lement envahi par les prétoriens. Les républi-
cains n'ont pas oublié les leçons de l'histoire,
et il y a encore en France quelques gens de
bon sens qui, persuadés de la vérité de ce pro-
verbe : «chacun son métier les moutonsseront
bien gardés»,ronverront lescandidats militaires
à leur caserne en leur faisant comprendre que
leur mission n'est point d'envenimer les luttes
des partis mais de préparer les combats de
demain. d. Armbrusttr. )
APRES LE SINISTRE
Rue Montmartre — Visite des-dinte-
trés chez eux. - Les obsèques de
Mme Lemoine. - M. Ballan inter-
vient.— Pour les pauvres. — Les
résultats de l'enquête. — Un
bel éloge des pompiers. —
Le fer et le bois. - Contro-
verse.
Une foule très nombreuse se presse toujours
rue Montmartre, derrière le barrage établi au
milieu de la chaussée, et protégé par un cor-
don de gardiens de la paix.
Vers 6 heures,hier malin,te feu a repris dans
une des pièces des magasins de MM. Brach et
Blum; il a été rapidement éteint par les pom-
piers restés en surveillance. Les commerçants
locataires des immeubles incendiés ont été
autorisés à visiter leurs locaux. Les coffres-
forts ont été retrouvés en assez bon état. Celui
do MM. Brach et Blum a été ouvert: les va-
leurs, l'argent et les papiers qu'il renfermait
étaient intacts.
Dans la journée, les commerçants ont fait
enlever les livres restés intacts et déménager
les marchandises épargnées par le feu.
On a apporté sur place d'énormes madriers
qui vont servir à étayer les immeubles in-
condiés.
Les réparations
De l'avis de M. Bunel, architecte do la pré-
fecture de police, qui a visité les maisons por-
tant les numéros 19 et 21 de la rue d'Uzès, il
sera impossible de conserver les étages supé-
rieurs ; ils devront être démolis.
Les pierres de taille do bonne qualité, a dit M.
Buael, n'ont été employées que jusqu'à la hauteur
du T'étarro. A parti.-de là on a construit en pier-
res des carrières de Houilles. Ces pierres sont très
tendres, sous l'action des flammes elles se sont ef-
fritées, et en partie l ausformées en chaux.
Au second, au troisième étage, la transformation
Cl chaux, surtout sur les façades postérieures don-
nant sur tes cours, atteint quinze et vingt centi-
mètres de profondeur.
Les sinistrés chez eux
Les sinistrés ont été autorisés — ceux qui le
pouvaient bien entendu — à rentrer chez
eux.
L'en d'eux, un commerçant, M. Charles
Feïs, qui habite le rez-de-chaussée, 21, rue
d'Uzès, s'est aperçu qu'une pendule, placée
sur sa cheminée, avait résisté à l'incendie.
Lo siège provisoire de la maison Brach et
Blum est transféré 17, rue des Jeûneurs, chez
le neveu de M. Brach.
Les dégâts ne sont pas encore évalués.
Parmi les sinisiôs se trouve M. Noguès, agent
d'affaircs, trésorier de plusieurs associations,
qt i a perdu des sommes importantes.
Les objets à dcmi-calcinés et les papiers qui
onl été retrouvés dans l'appartement de M.
Mesureur sont gardés sous scellés au commis-
sariat de police du Mail.
Les obsèques de la victime
La date des obsèques de Mme Lemoine, la
malheureuse victime qui a trouvé la mort dans
les circonstances que nous avons relatées, n'est
pas encore fbéa définitivement. Le permis
d'inhumer a été délivré hier malin, et les dé-
marches i-éccjsaires à l'inlumaliori ont été
commencées hier par la famille.
La santé de M. Schneider
Nous avons fait prendre à la Charité des
nouvelles de M. Paul Schneider. Son état est
ussi satisfaisant que possible. Encore quelques
jours de repos, et le jeune homme pourra quit-
ter l'hôpital.
A l'Hôtel de Ville
M. Bellan, conseiller municipal du 2e arron-
dissement, vient d'adresser à M. de Selves,
préfet de la Seine, la lettre suivante :
Monsieur le préfet, j'ai l'honneur de vous infor-
mer que je fais insérer à l'ordre du jour de ven-
dredi prochaiu une question sur l'insuffisance des
secours en cas d'incendie, à Paris, et sur la suite
donnée par vous aux précédentes délibérations du
conseil municipal, relatives au même objet.
Veuillez agréer, monsieur le préfet, etc.
BELLAN.
En même temps, dans une seconde lettre
adressée à M. Paul Escudier, président du
conseil municipal, il prie celui-ci do lui don-
ner la parole vendredi prochain au commen-
cement do la séance pour qu'il lui soit permis
de demander au conseil de voter d'urgence des
secours aux travailleurs victimes du sinistre
du 10 mars.
Secours aux nécessiteux
M. de Selves, préfet de la Seine, a envoyé un
délégué auprès de M. Duponnois, commis-
saire de police, afin d'avoir la liste des per-
sonnes sinistrées qui auraient besoin d'être se-
courues. Parmi celles-ci se trouvent Mme de
Smedt, dont le mobilier a été complètement
détruit, et qui avait recueilli chez elle une pe-
tite fille de huil ans, dont la mère, Mme Lucie
Vandasdonk, est actuellement malade et en
traitement à l'hôpital Lariboisière.
La municipalité du 2'arrondissement a voté,
à cet offet, un crédit do 500 fr.
L'enquête
M. Landel, commissaire de police du quar-
tier du Mail a continué l'enquête relative aux
causes du sinistre ; on est de plus en plus per-
suadé que ces causes sont dues au calorifère du
restaurant Germain.
Il y a quoique temps, en effet, et à deux re-
prises, on avait dû éteindre des feux de che-
minée provenant de ce calorifère.
De son côté, M. Duponnois, commissaire de
police du quartier Bonne-Nouvelle, a reçu les
dépositions de trente témoins : les vingt-trois
employés de MM. Brach et Blum, la concierge
du 21 de la rue d'Uzès, divers locataires de
l'immeuble et des sauveteurs, comme M. Ar-
chinard, le peintreenbâtiment qui habile juste
en face des maisons incendiées. M. Duponnois
a transmis toute saprocédure à son collègue du
quartier du Mail, qui doit encore entendre
quelques témoins avant d'envoyer les résultats
de l'enquête au préfet de police.
Toute idée de malveillance, ayant été abso-
lument écartée, malgré les bruits do la pre-
miere heure, aucun juge d'instruction ne sera
commis.
Des dépositions recueillies, il résulte que le
feu a pris, entre neuf heures et neuf heures un
quart, dans la salle d'emballage des magasins
de MM. Brach et Blum, où se trouvait le
compteur d'électricité. Un court-circuit s'est-il
produit ? C'est une hypothèse qui peut-être
admise.
Pour les sauveteurs
M. Duponnois a signalé au préfet de police
une vingtaine de personnes auxquelles il pro-
pose de décerner des récompenses pour aclos
de sauvetage. Ce sont MM. Archinard, peintre
en bâtiment ; Jean Pachot, le brigadier cycliste
Gony, du 2* arrondissement, notre confrère
Sruodac, du Voltaire, et seize agents et pom-
piers.
Pour les pompiers, nous avons dit hier,
dans notre 2° édition, que le colonel avait lui-
même signalé à M. Lépine la conduite des plus
méritants,
A ce propos, citons cette réponse d'un offi-
cier de pompiers, invité par le commissaire de
police à lui signaler ceux des sapeurs qui
s'étaient le plus distingués:
- Je ne puis vous donner aucun nom : le colo-
boI verra 00 qu'il y a Hou do faire. D'habitude, il
se contente de réunir ses hommes et de les félici-
ter de leur belle conduite. Si nous nous mettions a
donner des récompenses à nos hommes chaque foit
qu'ils se dévouent, dans doux ans tout le régiment
serait ffccorê. - -
N'est-ce pas le plus bel éloge qui ait été faif
de cet admirable corps des sapeurs-pompiers
de Paris :
QUESTIONS D'INCENDIE
Le fer et le bois
L'article que nous avons publié hier ous ce ti.
tre nous a valu la très intéressante lettre qui suit,
et que nous adresse M. Ernest Pantz, maire du 13f
arrondissement :
Monsieur:
Je lis dans le dernier numéro de votre esti-
mable journal un article ayant pour titre:
Questions d'incendie : Le fer et le bois.
Dans cet article, votre honorable correspon-
dant critique l'usage du fer daus la construc-
tion ; il déclare, qu'en cas d'incendie, celui-ci
est excessivementdaugereux et qu'il présente
sur le bois des inconvénients tels qu'on devrait
en proscrire l'emploi.
Sans vouloir entamer une polémique avec
l'auteur de cet article qui plaide si bien la
cause du bois, permettez moi de répondre eu
quelques mots à ses arguments.
D'abord, il est bien évident que le bois aura
toujours sa place dans la construction : le ta-
lent de l'architecte chargé de l'édification d'uo
bâtiment ne consistant pas à exclure systéma-
tiquement certains matériaux au profit d'au-
tres, mais bien d'employer tous ceux qui sont
à sa disposition d'une manière judicieuse,c'est-
à-dire en tenant compte de leurs propriétés
respectives.
D'autre part, si le fer à été appelé à prendre
dans la construction une place qui sera dans
l'avenir, j'en suis certain, de p!us en plus im-
portante, il y a à cela plusieurs raisons qu'il
serait trop long de développer ici, et ce cou-
rant ne saurait être enray6, le développement
de la fabrication du fer et de son emploi étant
intimement lié à la marche incessante du pro-
grès moderne.
Il est bien démontré que sous l'action de la
chaleur, le fer se déforme et perd toutes ses
qualités de résistance, mais pour cela encore
faut il qu'il soit soumis, et pendant un certain
temps, à l'action d'ua foyer d'une grande in-
tensité.
Certes, dans ce cas, le désastre est aussi
grand que lorsque la construction a ses plan-
chers el sa charpente en bois. Mais le fer a au
moins sur le bois le mérite incontestable de ne
pas être un agent propagateur de l'incendie, et
il me semble que c'est déjà quelque chose.
En effet, il est Incontestable que si,dans une
construction, il ne pouvait entrer que des ma-
tériaux incombustibles, leschancos d'incendie
seraienl. complètement écartées, et le problème
serait résolu.
Mais si l'on n'a pas pu arriver jusqu'ici à
cette solution radicale, tous les efforts de l'ar-
chitecte doivent tendre vers ce but idéal.
Il est certain que s'il est utile et indispensa-
ble d'étudier les moyens d'arrêter le fléau et
d'en restreindre les effets, il est non moins
utile de chercher à le rendre de plus en plus
rare, sinon impossible, par de sages mesures
préventives.
Si l'on ajoute à cela que lo fer offre à l'ar-
chiteclo et au constructeur des ressources iné-
puisables, car il se prête à toutes les solu-
tions des problèmos multiples sa présentant
dans l'art de bâtir, on est obligé de reconnaî-
tre qu'il est impossible d'en enrayer l'emploi.
D'ailleurs, l'essor du for dans la construc-
tion date de la naissance des chemins de fer,
el de mémo que les voies ferrées sont appelées
à se développer constamment, co précioux mé-
tal a devant lui un avenir de plus en plus bril-
lant.
Veuillez agréer, etc. — E. Pantz, ingénieur-
constructeur.
LA DÉFENSE DES COTES ANGLAISES
(De noire correspondant particulier)
Londres, 12 mars.
Le War Office vient de créer un nouveau
poste: celui d'inspecteur général de la défense
des côtes. Le titulaire,qui aura pour mission de
se tenir au courant des progrès do l'art de la
défense des côtes et du matériel de l'artillerie,
sera responsable du choix des hommes et des
officiers.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS -
L'ASSASSINAT
DE LA PETITE CHÈZE
ARRESTATION DE DUCOCQ
Larmes d'assassin. » Le passé du
misérable. — Métiers improductifs.
Aux Halles. - Pauvre mère f pau-
vres enfants! — A Charonne.
Chez les parents de la victime.
On a arrêté, hier malin, à Bruxelles, Ducocq,
l'assassin présumé de la petite Angèle Chèze.
Ce sont les agents français qui ont opéré l'ar-
restation. ,
L'accusé s'était rendu à Bruxelles par Lille
et Roubaix, où sa trace avait été retrouvée.
Ducocq étant sujet belge ne sera pas extradé.
Il sera jugé à Bruxelles.
Voici le texte de la dépêche reçue de
Bruxelles.
Bruxelles, <3 mars.
Ducocq, l'assassin présumé de la petite Angèle
Chèze à Paris, vient d'être arrêté à Bruxelles, rua
de la Montagne-aux-Herbes-Potagères, par l'agent
Donzelot, qui l'avait déjà arrêté en 1898.
Ducocq, avant son départ do Paris, avait reçu
d'un ami qu'on connaît, une somme de 103 francs.
Pour se rendre en Belgique il avait passé par Lille
et Roubaix.
Ducocq a été arrêté en compagnie d'un ami
nommé Hcrsan.
On savait que Ducocq était un de ses amis, aussi
avait-on fait surveiller la maison d'Hersan. C'est
ce matin, à six heures, que les deux amis ont été
vus rentrant légèrement ivres.
Ils sont sortis à une heure et ont été immédia-
tement arrêtés et conduits au commissariat de la
rue Montagne-au-Charbon. Ducocq qui pleurait
comme un enfant a nié énergiquement être l'au-
teur de l'assassinat de la petite Chèze.
Le passé de Ducocq
Ducocq a eu une existence dos plus mouve-
mentée, il a été tour à tour cocher, pelletier,
manœuvre dans des usines de tanneries en
peaux de lapin, employé chez un fabricant de
caisses el de toiles, maquignon aussi à ses heu-
res, travaillant par intermittence tantôt chez
l'un, tantôt chez l'autre, ne pouvant se fixer
nulle part, aimant avant tout à faire la fête et
vivant la plupart du temps des libéralités de*
ses maîtresses,
En 1888, il avait 19 ans, il entre comme
cocher chez MM. Bernheim frères, fabricant
de confections, dont l'usine se trouvait à l'épo-
que 196, boulevard Voltaire, et est transférée
aujourd'hui au numéro 208.
Pendant une année, ses services ne laissl)-
rent rien à désirer, quand, un boau jour, il
onleva l'une des ouvrières qu'occupent 00
graod nombre, MM. Bornheim. <
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